Le sort de Rome est décidé sans doute au troisième acte ; mais est-ce donc le sort de Rome qui nous a uniquement et principalement intéressés dans la pièce ? […] La disposition des trois premiers actes est un chef-d’œuvre de l’art, propre à servir de modèle à nos jeunes élèves de Melpomène. […] Fontenelle a pris plaisir à développer l’artifice merveilleux de son oncle, et l’on a lieu de se plaindre que Voltaire, son commentateur, n’ait pas insisté davantage sur l’admirable économie de ces trois actes. […] Le grand Corneille réduit à deux actes et quelques scènes ! […] Je crois, en effet, que si on rouait vif un homme sur la scène, on frémirait encore plus qu’au cinquième acte de Rodogune.
Tout modeste aveu du peu que nous sommes, toute soumission devant les supériorités éternelles, tout acte de foi sincère agrandit le cœur en même temps que l’esprit se développe. […] Dans ce monde des chefs-d’œuvre, il assiste de près au témoignage sublime de Polyeucte, il tressaille d’amour filial avec Antigone ou Rodrigue, d’amour fraternel avec Electre ; il apprend la pitié par l’infortune de Philoctète ; le dévouement de l’Orestie et le cinquième acte de Cinna lui enseignent l’oubli des injures ; l’amour des faibles dans la nature lui est inspiré par Virgile et Lafontaine, ces grands génies aimants.
La mort, qui ne veut pas être violentée, l’avait saisi dès le second acte ; quand M. […] C’était d’ailleurs la première comédie en un acte qui fût ainsi dégagée des grossières et plaisantes bouffonneries dont se composaient alors ces petites pièces sans façon. Du Sicilien datent tous ces ingénieux petits actes auxquels personne n’avait pensé, avant Molière. […] car c’était là une difficulté très grande : ajouter cinq actes à une comédie de Molière, à son chef-d’œuvre ! […] Cette scène de l’huissier qui signifie l’exploit à Philinte est tout à fait la scène de Tartuffe, c’est l’huissier Loyal de Molière ; seulement Molière, ce grand maître, a fait venir l’huissier Loyal à la dernière scène du dernier acte ; Fabre d’Églantine introduit son huissier au quatrième acte ; mais l’admirable péripétie de l’acte précédent a été si grande qu’on ne s’aperçoit pas de ces lenteurs.
L’acte propre de L’intelligence est l’idée. […] En effet, il est bien vrai que l’habitude est d’autant plus forte que l’acte a été plus souvent répété ; mais un acte seul produit l’habitude ; après une seule production de cet acte, le moi a une tendance à le reproduire. […] L’habitude est donc à la fois la faculté qui conserve en nous les actes passés, et la force qui tend à reproduire ces mêmes actes. […] Celui-ci part de cet acte de foi, que nos facultés sont véraces. […] Alors, pour apprécier la bonté d’un acte, voici ce qu’il faut faire.
En effet, y a-t-il rien de plus beau que le premier acte du Bourgeois gentilhomme ? […] Au cinquième acte, Alceste subit un injuste procès intenté par un homme dont il a franchement dénigré les mauvais vers. […] Au deuxième acte, il le propose à Marianne. […] Au troisième acte paraît Tartuffe ; il parle à son valet Laurent : Laurent, serrez ma haire avec ma discipline, Et priez que toujours le ciel vous illumine. […] C’est ainsi que l’auteur prépare d’une manière admirable la scène iv du cinquième acte, dans laquelle la jeune fille déclarera naïvement qu’elle a été frappée de ce contraste.
« Il n’est pas un des sentiments, pas une des pensées, pas un des actes de l’homme, sur lesquels la doctrine acceptée ne retentisse, à l’insu même de l’homme ; « Comme il n’est pas une seule des réactions chimiques d’un corps, sur laquelle ne rejaillisse sa simplicité ou sa dualité de composition. « Introduisez votre doctrine dans la loi, interdisez aux juges la recherche du principe des actes, et à l’instant même où l’intention s’évanouit, où il ne reste plus que l’organisme du fait, toute moralité s’évanouit avec elle, et l’homicide par imprudence devient l’égal du meurtre avec préméditation. Introduisez dans les mœurs votre abstention de la recherche des causes, et bientôt, des deux éléments prédestinés de tout acte humain, l’intention morale et l’action, le droit et le fait, il ne reste plus que le fait. […] Il est partout où sa logique s’est emparée des choses humaines, partout où la vie chrétienne a pénétré, c’est-à-dire dans tous les actes chrétiens. […] Ce principe, ce demi-dieu créateur de nos pensées et de nos actes, dont mon corps est le temple, dont ma conscience est le sanctuaire, je ne l’aperçois pas seulement en conclusion logique, je le sens en moi de si près et dans une intimité si absolue avec moi-même, que je le reconnais pour être ce moi lui-même qui sent, qui comprend, qui veut et qui parle en ce moment.
Toute interprétation de l’image visuelle était exclue de l’acte de vision : l’intelligence était maintenue sur le plan des images visuelles. […] La plupart des actes de rappel comprennent à la fois une descente du schéma vers l’image et une promenade parmi les images elles-mêmes. Mais cela revient à dire, comme nous l’indiquions au début de cette étude, qu’un acte de mémoire renferme d’ordinaire une part d’effort et une part d’automatisme. […] L’acte d’intellection s’accomplissant sans cesse, il est difficile de dire ici où commence et où finit l’effort intellectuel. […] L’intellection du premier genre est celle qui consiste, étant donné une perception plus ou moins complexe, à y répondre automatiquement par un acte approprié.
Une maladie, un déménagement, un pèlerinage, un acte de charité imprudente et candide, voilà donc toute l’action ; mais de quelle adorable façon se révèle l’innocence du bon curé ! […] On a dit que sa passion du pouvoir n’avait guère les allures d’une passion ecclésiastique ; qu’elle était trop fougueuse, imprudente et emportée ; qu’il n’est pas vraisemblable qu’un vicaire général laisse dehors, la nuit, devant la porte fermée de la cathédrale, sous le vent et la pluie, le cercueil d’un évêque : l’esprit de corps est si puissant dans le clergé qu’il est infiniment rare que les haines particulières s’y manifestent par des actes capables de compromettre le clergé tout entier, de scandaliser les fidèles et de réjouir les impies ; et comme ici la publicité de la vengeance s’aggrave d’une sorte de sacrilège, on peut hardiment contester la vérité de cet épisode si lugubrement dramatique. […] L’ensemble d’idées et de sentiments que suppose leur profession agit toujours en eux, fût-ce à leur insu ; c’est un élément secret dont il faut toujours tenir compte dans l’appréciation de leurs actes, car il y est toujours présent, même quand ils agissent en apparence comme les autres hommes. […] Le jour où l’évêque Jourfier prononce l’oraison funèbre de son grand-père, le conventionnel régicide et déiste, il fait acte d’honnête homme, mais de mauvais prêtre.
L’Encyclopédie n’est pas un livre, c’est un acte. […] C’est à l’histoire générale qu’il appartient de juger cette entreprise, grande idée au dire des uns, selon d’autres grande présomption, qui, sous l’apparence d’un inventaire des connaissances humaines, faisait au passé tout entier le procès que Perrault et Lamotte avaient fait à Homère ; œuvre si contradictoire et si anarchique qu’au temps même où elle fut exécutée, des esprits qui la favorisaient comme acte la désavouaient comme ouvrage d’esprit, et la qualifiaient de Babel. […] Cette fidélité de l’ouvrier à l’œuvre, meilleure que l’œuvre elle-même, prouve que Diderot croyait plutôt fonder que détruire, et qu’il a plus pensé au bien qui devait sortir de l’acte corrigé par le temps, qu’au mal fait par le livre à tous les intérêts qu’il attaquait. […] Sa fidélité à l’antique monarchie, chevaleresque par les déclarations, très peu par les actes, a été, pour ses deux derniers rois, un embarras et un péril, et nous avons vu le champion de la descendance de Robert le Fort porté sur le pavois populaire par ceux qui l’avaient chassée.