Necker et ses amis rêvaient pour la France. […] Mais il y a une heure pour tout dans la vie des peuples, c’était en France l’heure de l’Angleterre. […] Le retour à main armée de l’île d’Elbe était incontestablement le plus grand attentat de Napoléon contre la conscience publique, contre la paix du monde, et contre la fortune de la France. […] Ce jeune homme que nous avons connu après la mort de sa mère, aspirait à un rôle politique en France. […] « Elle était déjà dangereusement malade, dit madame Necker, lorsque le manuscrit venu de Sainte-Hélène causa en France une si vive sensation.
Dès le lendemain de la guerre et dans les années suivantes, un apophtegme paradoxal a régné en France. […] Il lui semble que la guerre est « l’état naturel » de la France. […] » Il avait senti la France s’ennuyer ; il lui offrit le jeu dont elle était privée. […] Édouard Schuré célèbre comme un renouveau de la France, je ne crois pas que les livres de MM. […] « Rêver dans le passé, — surtout dans le passé de la France !
Il voudrait nous faire croire qu’à la première Restauration, il aurait été d’avis qu’on gardât la cocarde tricolore : c’est un mensonge : « Qu’entend-on en France depuis six mois, écrivait-il en 1814, sinon ces paroles : Les Bourbons y sont-ils ? […] Ce qu’il voulait alors, c’était le gouvernement de la France par les royalistes purs, par ceux qui n’avaient trempé à aucun degré dans les régimes précédents, par ceux qui étaient tout à Dieu et au roi (et Dieu sait ce qu’on entendait alors sous cette formule !) […] Vous en faut-il un si grand nombre pour sauver la France ? […] La France pourra les rappeler, quand leurs talents, lassés d’être inutiles, seront sincèrement convertis à la religion et à la légitimité. […] Persuadé que le génie militaire n’est autre que le génie de la France, et se flattant d’avoir réconcilié avec lui la Restauration, M. de Chateaubriand considéra cette guerre d’Espagne comme le plus grand service qu’il pût rendre à la monarchie.
Subitement, il prend la résolution de retourner en France. […] Il est rentré en France. […] La France n’en pouvait plus. […] Il fallait bien tenir compte de la France des vingt-cinq dernières années. […] Il est, aux yeux de la France, le patriarche des lettres.
Bergson, est avec les nouveaux venus qui reconstruisent la France de demain sur un type si différent de la France d’hier. […] Dix ans auparavant, la Terreur ensanglantait la France. […] J’eusse veu la France et l’Espagne, en mesme temps. […] M. Anatole France dans la série de ses livres dont M. […] Ne s’est-il pas imaginé que la France ne marcherait pas ?
J’ai dit qu’envoyé en Espagne par le duc de Mayenne pour sonder les véritables intentions de Philippe II et faisant ce voyage dans une médiocre espérance, il arriva à reconnaître dès les premières audiences que Philippe II, en s’intéressant aux affaires de la Ligue, ne voulait autre chose que la part du lion, la couronne de France pour l’infante sa fille. […] La déclaration de l’infante comme reine propriétaire du royaume de France fut encore mise en avant par ces derniers, et le président Jeannin, sans refus formel, sans élever d’objections sur le fond, y opposa le même genre de difficultés et de délais, insistant toujours sur le subside avant tout, et s’en remettant pour la suite à la future assemblée des États, qui voteraient ce qu’on aurait résolu. […] La France était lasse décidément et voulait en finir ; on s’aperçut comme soudainement alors que la raison était de son côté, « tant la justice et le droit ont de puissance sur les hommes, selon la remarque judicieuse de Villeroi, spécialement après que les maux les ont faits sages ». […] Une pareille supposition calomnie le président, attaché de tout temps à l’intégrité de la France. […] Pourquoi ne pas supposer que ces hommes sages et, ce me semblea, exempts de passion, avaient à cœur en effet de maintenir en France la religion de nos pères, et qu’ils estimaient le rétablissement en question un contrepoids utile à cette confédération formée et à cette petite république protestante qui subsistait au sein de l’État ?
En groupant toutes ces têtes de femmes autour du beau visage du cardinal Jules, en l’entourant de cette guirlande de fleurs humaines, il nous a éclairé d’un reflet velouté qui nous les achève les traits charmants de ce ministre de la souplesse, de la grâce insinuante et de la flatterie, qui régna sur la France par une femme, et dont la politique fut la force dans la douceur. […] Le Mazarin qui est ici n’est pas celui de l’île des Faisans et du traité de Munster, le pacificateur de la France, qui recula devant ses ennemis jusqu’à la fuite derrière la frontière, mais qui revint, a dit un grand peintre dans un seul trait, « ramené par l’amour fidèle d’une femme et tenant Louis XIV par la main ». […] Mais c’est l’un et l’autre de ces Mazarins, avec quelque chose de plus essentiellement lui-même… avec ce quelque chose d’inexpliqué jusqu’ici, mais non d’inexplicable, qui fait que l’Histoire, malgré la gravité de son langage et les immenses services rendus par le cardinal à la France, ne peut s’empêcher de l’appeler, d’une façon un peu méprisante : le Mazarin ! […] Pendant de longues années il donna à la France, qui n’y comprenait rien, le spectacle d’un mariage à l’italienne. […] Il fut l’héritier des grands biens et des charges de son père : « Pour tout cela, cet heureux homme n’eut que la peine d’épouser la plus belle femme de France. » Il l’épousa en 1661.
Préface Les essais qui forment ce livre sont consacrés à six écrivains de nationalités diverses, introduits, accueillis et devenus célèbres en France pendant ces cinquante dernières années et qui marquent ainsi un des traits particuliers de l’histoire de notre littérature : l’influence qu’y ont exercée des auteurs étrangers de race, de langue, de tournure d’esprit à tout ce que l’on considère comme le propre du génie gallo-latin. […] Ainsi il y aurait, entre les esprits, des liens électifs plus libres et plus vivaces que cette longue communauté du sang, du sol, de l’idiome, de l’histoire, des mœurs qui paraît former et départager les peuples ; ceux-ci ne seraient pas divisés par d’irréductibles particularités comme l’école historique moderne s’est appliquée à le faire admettre ; la France, l’Allemagne plus encore, dont la littérature est grecque et cosmopolite, aurait conservé intacte une sorte d’humanité générale et large, toute à tous, sensible à l’ensemble des manifestations spirituelles de l’espèce, payant cet excès de réceptivité par quelque défaut de production originale, le compensant en universelle intelligibilité, réduite à emprunter souvent et à ouvrer pour ainsi dire à façon, mais travaillait pour le monde, plutôt foyer de réflexion, de convergence et de rayonnement que flambeau proprement et solitairement éclatant. […] Considérant ensuite l’œuvre de chacun d’eux comme compréhensible et admirable seulement pour des esprits dont elle exprime les penchants et qui se trouvent être ainsi dans une certaine mesure, les pareils moralement de son auteur, nous saurons à la fois et ce qu’ont de particulier les écrivains que nous sommes allés adopter à l’étranger, et ce que signifient les adhésions qu’ils ont recueillies eux et les artistes qui les imitent en France ou qui leur ressemblent.
La France peut se ranger d’un autre parti que moi. La France, c’est la France ! […] La France littéraire, pervertie par l’esprit de parti et distraite par ses orages, avait besoin de vous. […] Il vécut assez pour entrevoir l’aurore de jours meilleurs, et pour espérer en l’avenir politique de la France. […] Quand je rentrai en France, vous étiez redevenu vous-même.