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1366. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires d’outre-tombe, par M. de Chateaubriand. » pp. 432-452

L’année dernière, pendant un séjour que j’ai fait hors de France dans un pays hospitalier, je me suis posé à loisir cette question par rapport non pas seulement aux Mémoires, mais à M. de Chateaubriand lui-même. […] Dans ce livre elle ne nommait pas M. de Chateaubriand, par la raison très simple que M. de  Chateaubriand était alors parfaitement inconnu et qu’il n’avait rien publié en France à cette date, Atala ne devant paraître qu’en 1801, et le Génie du christianisme en 1802. […] Un jour, se souvenant que son poème des Martyrs avait été critiqué au point de vue de l’orthodoxie, il lui est échappé, dans un accès d’amour-propre, de dire des chrétiens ce qu’il a dit si souvent des rois : « Et ne voilà-t-il pas que les chrétiens de France, à qui j’avais rendu de si grands services en relevant leurs autels, s’avisèrent bêtement de se scandaliser !

1367. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Mme du Châtelet. Suite de Voltaire à Cirey. » pp. 266-285

La mission de Voltaire, à ce moment, était de naturaliser en France les idées anglaises, les principes philosophiques qu’il avait puisés dans la lecture de Locke, dans la société de Bolingbroke ; mais surtout, ayant apprécié la solidité et l’immensité de la découverte de Newton, et rougissant de voir la France encore amusée à de vains systèmes, tandis que la pleine lumière régnait ailleurs, il s’attacha à propager la vraie doctrine de la connaissance du monde, à laquelle il mêlait des idées de déisme philosophique. […] Je vous avoue que je suis outrée… C’est là une plainte d’amante qui est dans son droit ; mais, au même moment, elle l’aime ; elle l’appelle « une créature si aimable de tout point » ; elle ne voit que lui dans l’univers, et le proclame sans trop de prévention « le plus bel ornement de la France ».

1368. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Charles Perrault. (Les Contes des fées, édition illustrée.) » pp. 255-274

Les Institutes sont un livre excellent et le seul que je voudrais que l’on conservât du droit romain : car, hors ce livre qui est très bon pour fortifier le sens commun, hors les ordonnances et les coutumes qu’il serait utile de réduire à une seule pour toute la France, si cela se pouvait, de même que les poids et les mesures, je crois qu’il faudrait brûler tous les autres livres de jurisprudence, Digestes, Codes avec leurs commentaires, et particulièrement tous les livres d’arrêts, n’y ayant point de meilleur moyen au monde pour diminuer le nombre des procès. […] Ainsi, à propos de ces gratifications et pensions distribuées à si grand fracas au nom de Louis XIV parmi tous les illustres de France et d’Europe, voici ce que nous apprend Perrault : Il alla de ces pensions en Italie, en Allemagne, en Danemark, en Suède et aux dernières extrémités du Nord : elles y allaient par lettres de change. […] Quelques mois avant cette publication aimable et ce cadeau pour l’enfance, il donnait (1696) le premier tome in-folio intitulé : Les Hommes illustres qui ont paru en France pendant ce siècle, avec de magnifiques portraits gravés : le second tome, qui parut en 1700, complétait l’ouvrage et le nombre de cent, auquel Perrault s’était fixé pour ces portraits.

1369. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « De la poésie et des poètes en 1852. » pp. 380-400

Des poètes sérieux, consciencieux, élevés, y travaillent, et, si le public n’est pas familiarisé avec leurs noms, c’est qu’en France ce n’est que par le sentiment et la passion dramatique, et aussi par un coin d’esprit qu’on y mêle, que le public peut accepter, j’ai presque dit, peut pardonner la poésie : à l’état pur, elle n’existe guère que pour les poètes entre eux. […] Sous le tranquille azur du plus doux des climats, Une humble maisonnette aux bords de la Dumas ; Une humble maisonnette aux persiennes blanches, Sous un réseau fleuri de liane et de branches, Où je puisse, à midi, rêvant au bruit des eaux, Mêler ma poésie aux rimes des oiseaux ; À droite, une rizière où le bengali chante ; D’un vieil arbre à mon seuil l’attitude penchante, Où, tous les ans, viendront les martins au bec d’or Suspendre leurs doux nids et couver leur trésor ; Un jardin clos d’un mur où rampe la raquette ; Une ruche, et des fleurs dont l’oiseau vert becquette La poudreuse étamine et l’odorant émail ; Des buissons d’orangine aux perles de corail ; Un parterre où toujours j’aurai de préférence Des roses du Bengale et des muguets de France ; Une verte tonnelle à l’ombre des lilas, Dont la fleur m’est si douce et meurt si vite, hélas ! […] — Je me rappelle qu’un jour, comme je mettais en avant le nom de M. de Laprade pour la chaire de poésie latine au Collège de France, M. 

1370. (1889) Émile Augier (dossier nécrologique du Gaulois) pp. 1-2

Aux anciens Grecs, Apollon disait : « Rien de trop. » Ce dieu-là fut l’inspirateur du grand poète qui a été l’honneur de la France. […] Celui-là n’est pas mort : il vivra dans le livre et sur la scène aussi longtemps que nous aurons, en France, des rayons pour nos bouquins et des portants pour nos théâtres. […] [Lytton] J’apprends avec la plus grande douleur la mort de cet illustre écrivain et vrai poète, qui a doté le théâtre français de tant de chefs-d’œuvre, et dont le souvenir sera conservé en Angleterre aussi fidèlement qu’en France.

1371. (1908) Promenades philosophiques. Deuxième série

Il faut dire aussi que les livres de Boscovich sont des plus rares en France. […] Il est aussi une des gloires de la France. […] Il fut détenu dans un asile, en France, puis en Angleterre, pendant quatre ans. […] Léon Blum n’est pas très bien placé pour observer la jeune fille de France. […] Un Voyage en France (M. 

1372. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Paté, Lucien (1845-1939) »

Lucien Paté vient de faire paraître un livre plein de beaux vers et de hautes pensées ; ce sont, pour la plupart, des pièces où il chante la France et ses gloires qui composent un volume dont je voudrais citer bien des morceaux… Parmi les pièces les plus émouvantes de ce recueil de belles inspirations, je signalerai, entre bien d’autres : Le Berceau, la Mort de Démosthène.

1373. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Souza, Robert de (1865-1946) »

Thomas Braun Naïve, archaïque, enluminée, cette gaucherie d’écriture nous charme lorsqu’elle interprète les chansons de gestes de telles Histoires de France, — elle ne suffit pas à nous lasser d’autres légendes ou récits comme la Huche, l’Embaumeur et les Accordailles dont les trouvailles charmantes et les images délicieuses relèvent l’intérêt ; mais elle devient insupportable dans les descriptions d’une nature sentimentale ou même philosophique.

1374. (1882) Qu’est-ce qu’une nation ? « [Préface] »

Les grandes agglomérations d’hommes à la façon de la Chine, de l’Égypte, de la plus ancienne Babylonie ; — la tribu à la façon des Hébreux, des Arabes ; — la cité à la façon d’Athènes et de Sparte ; — les réunions de pays divers à la manière de l’Empire carlovingien ; — les communautés sans patrie, maintenues par le lien religieux, comme sont celles des israélites, des parsis ; — les nations comme la France, l’Angleterre et la plupart des modernes autonomies européennes ; — les confédérations à la façon de la Suisse, de l’Amérique ; — des parentés comme celles que la race, ou plutôt la langue, établit entre les différentes branches de Germains, les différentes branches de Slaves ; — voilà des modes de groupements qui tous existent, ou bien ont existé, et qu’on ne saurait confondre les uns avec les autres sans les plus sérieux inconvénients.

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