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250. (1910) Victor-Marie, comte Hugo pp. 4-265

Elle suit le fil de l’événement, le sens de l’événement, le fil de la race. […] L’événement. Et encore au fond l’événement était toujours le même. […] — L’événement était toujours le même. […] L’événement même est pur dans une tragédie de Corneille, dans les tragédies de Corneille ; l’événement même est saint, l’événement même est heureux, l’événement même est plein de grâce.

251. (1892) Sur Goethe : études critiques de littérature allemande

Il jette sur les événements de ce monde et sur le rôle qu’il lui convient d’y jouer une vue plus ferme et plus nette ; aucun péril n’est désormais au-dessus de son courage, aucune idée vraiment humaine au-dessus de son intelligence. […] Et, d’autre part, s’il se jette dans le tourbillon des événements, que deviendront ces images de félicité et de vertus patriarcales que nous retrace le poème de Goethe ? […] Goethe l’atteste dans ses Mémoires, et Kestner confirme de son témoignage les paroles de Goethe. « Cet événement, dit-il, a produit sur tout le monde une impression extraordinaire. […] Quel état que celui d’un peuple qui se serait endormi confiant dans un rêve de religion vaine et que la secousse imprévue des événements réveillerait tout à coup athée ! […] Mais dans la vie unie des pauvres habitants d’Ostrau, cette caisse est l’événement de chaque année ; elle est l’attache mystérieuse qui les relie au reste du monde.

252. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers, Tome xix. (L’île d’Elbe, — L’acte additionnel. — Le champ de mai.) » pp. 275-284

Ce second Empire, qui fut si court et comme étranglé par les événements, avait toujours été d’une extrême importance historique à étudier ; mais la renaissance et le rétablissement de l’Empire, il y a dix ans, lui a rendu un intérêt d’à-propos et de vie, puisqu’il reparaissait en quelque sorte sous les yeux comme un problème actuel et toujours pendant. […] Chateaubriaud a fait le sien ; il faut l’entendre, dans ses Mémoires, nous décrire ce prodigieux événement et s’efforcer d’en exprimer le grandiose à force d’images, il veut nous montrer Napoléon en marche, qui s’avance sans rencontrer d’obstacle : « Dans le vide qui se forme, dit-il, autour de son ombre gigantesque, s’il entre quelques soldats, ils sont invinciblement entraînés par l’attraction de ses aigles.

253. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XIV. Vaublanc. Mémoires et Souvenirs » pp. 311-322

I Dans cette poussière que font les événements qui passent et les choses qui tombent, il est de ces visages rayonnants qu’on voit distinctement toujours, — qui, à tout moment, percent la nuée ou sont plus hauts qu’elle. […] Mais il n’a ni la colère, ni les dépits, ni les ressentiments des esprits absolus trompés, ni aucune des passions plus ou moins impuissantes, mais aussi plus ou moins éloquentes, des hommes de parti, vaincus par la sottise humaine ou la force des événements.

254. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Le docteur Revelière » pp. 381-394

Il a peut-être aussi, comme Saint-Simon, écrit son livre jour par jour, page par page, le condensant, le cristallisant au souffle de chaque événement ; mais il n’y a pas dégorgé de passion personnelle. […] Il l’a postjugée comme Mallet-Dupan l’avait préjugée, mais il l’a jugée, après coup, avec une telle puissance, qu’on peut dire qu’il lui a fallu autant de sagacité pour tirer de l’histoire du passé des conclusions éternelles, que pour prévoir l’avenir et en deviner les événements.

255. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — L’arbitrage et l’élite »

Ce sera celle d’étudier et d’élucider les questions de droit international dont les événements actuels rendront la solution nécessaire. […] Aucun événement ne pourrait démontrer plus pleinement combien profonde est la solidarité des élites, c’est-à-dire l’alliance intime et vivace des éléments supérieurs de chaque groupe humain.

256. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre deuxième. Les images — Chapitre premier. Nature et réducteurs de l’image » pp. 75-128

C’est une demi-résurrection de mon expérience ; on pourra employer divers termes pour l’exprimer, dire qu’elle est un arrière-goût, un écho, un simulacre, un fantôme, une image de la sensation primitive : peu importe : toutes ces comparaisons signifient qu’après une sensation provoquée par le dehors et non spontanée, nous trouvons en nous un second événement correspondant, non provoqué par le dehors, spontané, semblable, à cette même sensation quoique moins fort, accompagné des mêmes émotions, agréable ou déplaisant à un degré moindre, suivi des mêmes jugements, et non de tous. […] Je le vois sourire, parler, prêcher ; je note même jusqu’à ses gestes habituels… L’image est vaporeuse et d’une autre nature que la sensation objective… mais délimitée, colorée », et, sauf cette distinction de nature, pourvue de tous les caractères qui appartiennent à la personne réelle, ou, plus exactement, de tous les caractères qui appartiennent à la sensation éprouvée en présence de la personne réelle. — On peut donc affirmer avec certitude que l’événement intérieur que nous appelons sensation et qui se produit en nous lorsque nos nerfs et, par suite, notre cerveau, reçoivent une impression du dehors, se reproduit en nous sans impression du dehors, dans la plupart des cas partiellement, faiblement, vaguement, dans beaucoup de cas avec une netteté et une énergie très grandes, en certains cas avec un détail et une précision presque égaux à ceux de la sensation. […] Un voyageur vit en Abyssinie16 un de ses hommes déchiré par un lion ; plusieurs années après, quand il pensait à cet événement, il entendait en lui-même les cris du malheureux, « et il éprouvait la sensation d’un fer aigu qui lui entrait dans l’oreille ». […] Des images d’un certain genre constituent les souvenirs, c’est-à-dire la connaissance des événements passés. […] Des images d’un certain genre et associées d’une certaine façon constituent les prévisions, c’est-à-dire la connaissance des événements futurs. — De même que la connaissance des qualités générales n’est possible que par la substitution des signes aux perceptions et aux images, de même la connaissance soit des événements futurs ou passés, soit des propriétés groupées qui composent chaque objet individuel extérieur, n’est possible que par la substitution des images aux sensations. — Dans les deux cas, la nature emploie le même procédé pour aboutir au même effet, et la psychologie répète ici la physiologie.

257. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre troisième »

Enfin, à toutes les époques, les caractères reçoivent, du temps et des événements, des nuances qui rajeunissent les mêmes types, et la galerie de la Bruyère pouvait s’enrichir de quelques portraits de plus. […] Il tient pour téméraire, et en certains cas pour puéril, de vouloir développer les âmes des personnages qu’on n’a pas connus, et de regarder les événements comme des caractères avec lesquels on peut lire sûrement dans le fond des cœurs. […] Les événements qu’il suscite sont à son image. Comparés à ces grands changements que prépare de longue main la nature des choses et qu’accomplissent les vrais grands hommes, ces événements semblent des effets sans cause. […] Ils ont la fortune et les disgrâces des événements romanesques ; trop étonnants pour instruire, il leur manque l’attrait des faits historiques, et une seule lecture en épuise l’intérêt.

258. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — III. (Suite et fin.) » pp. 454-472

Après les événements d’avril 1814, il se retira à la campagne et vécut dans la retraite pendant la première Restauration. […] Les navigateurs qui ne se lancèrent point sur l’Océan ne furent plus que des marins timides… Les réflexions morales et politiques, les bonnes maximes d’expérience qui naissent du spectacle des événements, et que d’autres historiens affectent, ne sont point jetées par M.  […] Lui-même il a résumé, mieux que je ne pourrais le faire, toute sa vie considérée selon cet ordre littéraire continu, et dans laquelle la politique, vue en arrière, ne lui paraissait presque plus avoir été qu’un accident : J’ai trouvé, disait-il, dans l’étude des lettres, au bout d’une vie déjà longue et traversée par bien des événements, un grand charme, une grande utilité, souvent de grandes consolations.

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