Ils disent tous la même phrase sur chaque événement ou chaque personnage. […] Il suffit, pense-t-il, pour l’accueillir de n’avoir jamais été mêlé aux affaires publiques : « J’ai vécu avec des gens de lettres qui ont écrit l’histoire sans se mêler aux affaires, et avec des hommes politiques qui ne se sont jamais occupés qu’à produire les événements sans songer à les décrire. […] Je hais pour ma part ces systèmes absolus qui font dépendre tous les événements de l’histoire de grandes causes premières se liant les unes aux autres par une chaîne fatale et qui suppriment pour ainsi dire les hommes de l’histoire du genre humain… Je crois, n’en déplaise aux écrivains qui ont inventé ces sublimes théories pour nourrir leur vanité et faciliter leur travail, que beaucoup de faits historiques importants ne sauraient être expliqués que par des circonstances accidentelles et que beaucoup d’autres restent inexplicables, qu’enfin le hasard entre pour beaucoup dans ce que nous voyons dans le théâtre du monde. […] Il voit des causes générales, il en voit de particulières, il voit des accidents, c’est-à-dire des faits qui, à cause des circonstances au milieu desquelles ils se produisent, du moment où ils se présentent, portent des conséquences beaucoup plus grandes qu’eux ; il voit d’autres accidents qui s’appellent des hommes, qui auraient pu ne pas être, qui ont été, qui sont devenus, de par leur génie, des causes immenses à conséquences inouïes, et qui, par conséquent, ont produit des séries d’événements qui pouvaient ne pas être et n’ont tenu qu’au hasard, incontestable celui-là, d’une naissance ; en un mot il voit dans l’histoire du nécessaire, du probable, de l’imprévu, de l’imprévisible et de l’accidentel, choses avec quoi construire une philosophie de l’histoire est aventureux ; et il s’est toujours refusé à Cette aventure.
Et, d’autre part, les événements auxquels nous assistons ont perdu, aussi grands qu’ils soient, le privilège d’imprimer à notre âme l’ébranlement qui pourrait la faire vibrer. […] Je ne sais rien, en vérité, qui donne mieux le sentiment de la tranquillité provinciale que les romans d’André Theuriet, tranquillité qui n’est pas si monotone qu’on veut bien le dire, car toute chose y prend un prix précisément parce que les événements y sont rares. […] Son début, la Ciguë, représentée en 1844, fut presque un événement et grava d’emblée son nom dans toutes les mémoires lettrées.
Je pensais aux petits hasards curieux qui produisent de grands événements.
Elle traduit l’écriture à nos esprits ou la dicte à nos doigts sous l’impulsion de la pensée ; elle répète comme un écho les paroles que nous avons entendues ou bien elle souffle à nos organes vocaux des paroles nouvelles ; quand nous contemplons, quand nous nous remémorons les événements passés, quand nous méditons à mesure que nos pensées surgissent à notre conscience, elle les accompagne et les exprime.
Supposer une épopée contemporaine des événements, c’est se méprendre encore sur la psychologie populaire, sur l’imagination qui n’embellit qu’à distance, par une lente élaboration de légendes4.
Il changea néanmoins le cours des événements, et il introduisit dans l’action de nouvelles figures. […] Il faut, sans frapper la vue, constituer la fable de telle façon que, au récit des faits qui s’accomplissent, l’auditeur soit saisi de terreur ou de pitié par suite des événements ; c’est ce que l’on éprouvera en écoutant la fable d’Œdipe.
En déchiffrant ces dépêches, dont le style a une si belle aisance et une si grande allure, il apercevait les traditions qui ont régi, pendant plusieurs siècles, la politique française et qui, à travers la complication des événements, guidaient notre nation dans des voies inflexibles et conquérantes. […] C’est la plus forte apologie qu’on puisse faire des grandes existences, que de laisser entrevoir le fourmillement des petits événements et des petites difficultés qui les ont embarrassées, sans les détourner.
Ouvrons encore Victor Hugo : Mirabeau était pape, en ce sens qu’il menait les esprits ; il était dieu, en ce sens qu’il menait les événements. […] La force de l’âme qui l’inspire est d’usage dans tous les temps : elle met toujours la vertu au-dessus des événements, et ne consiste pas à se battre, mais à ne rien craindre.
Ne voulant point intervertir l’ordre des événements, nous nous bornons en ce moment à donner cette date, qui ne nous sera pas inutile pour réfuter plus tard une épouvantable calomnie. […] Aussi, quoique les moindres événements, l’exhibition d’un géant au Pont-Neuf, d’une baleine à Chaillot, les actes les plus insignifiants de la cour, tout, même la mort de Gogo-Souris, chienne favorite de Mademoiselle, fussent minutieusement enregistrés dans ces feuilles, aucune des deux ne dit mot du début au Louvre de la troupe nouvelle. […] Les sentiments et les rôles de ces divers personnages devaient bientôt changer de nature ; mais n’anticipons pas sur les événements.