Cependant, quand j’ai vu qu’après de vains efforts vos apôtres n’avaient pu faire chanceler sur leurs bases les statues de nos grands hommes, quand j’ai vu que des étrangers vraiment patriotes venaient nous demander si les écrivains qui avilissaient des noms immortels, qui reniaient les gloires de leur pays étaient Français…8, je me suis rassuré sur les attaques répétées de ces mauvais citoyens, et j’ai commencé à douter de leur succès à venir. […] Afin d’éviter le sort qui m’était préparé, et sur l’avis secret du ministre de l’intérieur, qui prenait à moi beaucoup d’intérêt, je passai promptement à l’étranger, où une année d’exil me punit beaucoup trop du tort d’avoir fait un ouvrage moral, intéressant, et qui, selon toutes les probabilités, en faisant la fortune du théâtre, devait augmenter la mienne. […] Les théâtres, vrais thermomètres de la prospérité publique, sont tout à la fois le soutien des lettres et des beaux-arts ; en entretenant un certain luxe, ils encouragent le commerce, appellent l’or de l’étranger, amusent les oisifs, instruisent le peuple, et rendent au vieillard les charmes des illusions du jeune âge. […] Ces entrées, dont chaque élève jouirait à son tour sans le distraire de ses travaux, lui donneraient quelques connaissances dans un genre de littérature auquel il ne faut pas être étranger : là il prendrait les formes aimables d’une bonne éducation, qui comprend tout à la fois une politesse aisée, la pureté du langage et l’élégance du débit. […] Pourquoi donc vouloir nous imposer une littérature étrangère, à nous qui, sans le vouloir, avons imposé la nôtre à toute l’Europe ?
On n’en saurait imaginer qui soit plus étrangère au vulgaire, plus éloignée de lui. […] À cet étranger, M. […] Nous ne parlerons point des coq-à-l’âne qu’ils mettent dans la bouche d’étrangers qui baragouinent le français. […] Que n’aurions-nous pu d’ailleurs encore citer… tant entre les anciens qu’entre les modernes, des étrangers comme des nôtres. […] Entre leurs créations se découvrent toutes les analogies et les parentés que peuvent admettre des œuvres appartenant à des domaines aussi étrangers l’un à l’autre que le sont la peinture et la poésie.
Quintilien rapporte de Théophraste, cet homme d’ailleurs si disert, que, comme il affectait un certain mot, une vieille d’Athènes ne balança pas à dire qu’il était étranger. — Et à quoi reconnaissez-vous cela ? […] Töpffer nous paraît à ceci une contradiction heureuse, d’autant plus heureuse que ce n’est pas un romancier simplement issu de Genève et qui se soit exercé sur des sujets étrangers, mais un romancier du cru et qui a vraiment racine dans le sol. […] Pourtant Genève a cela de particulier, ce me semble, de s’assimiler très-vite et cordialement l’étranger qui s’y naturalise ; c’est un petit foyer très-fort et qui opère de près sa fusion. […] Au milieu des étrangers, ce bâton n’est-il pas un peu votre ami ; au sein des solitudes, votre compagnie ? […] nous autres Français qui, en France et chez nous, distinguons si parfaitement les Gascons et croyons leur fixer leur part, une fois à l’étranger, nous faisons tous un peu l’effet de l’être.
Souvenez-vous des Dante, des Pétrarque, des Médicis, des Capponi, des Strozzi, des Guicciardini, des Michel-Ange, des Mirabeau, des Bonaparte ; poètes, artistes, écrivains, hommes de tribune, hommes d’État, hommes de guerre et de tyrannie, la Toscane est une mère féconde ; Florence a du sang étranger dans les veines. […] Le roi de France Louis XII fit cinq fautes en Italie : il y ruina les puissances faibles, il y accrut la puissance d’un prince puissant, il y introduisit un prince étranger très fort, il n’y vint pas résider, et il n’y établit pas la domination française. » Ces cinq fautes reprochées par Machiavel à Louis XII ne semblent-elles pas prophétiquement s’appliquer à la politique de la France d’hier relativement à l’Italie ? […] Quant à Machiavel, il ne fut point coupable de cette inconséquence de tant de grandes âmes italiennes ; il ne conseille ni ne conspire jamais l’asservissement de sa patrie à des maîtres étrangers ; en cela, seul entre tous, son patriotisme au moins lui servit de vertu. […] Des chefs de bandes, enrôleurs de troupes mercenaires, la plupart étrangères, passent, selon le poids de l’or qu’on leur paye, du service d’un prince au service d’une république. […] Une république étrangère d’origine représente seule l’indépendance de l’Italie sur un groupe de soixante îlots dans les lagunes de l’Adriatique : c’est Venise, phénomène maritime abrité par les flots, et grandissant pendant que tout se rapetisse autour d’elle sur le continent italien.
L’hérédité ne peut expliquer ni la littérature allemande dont les principaux représentants, Lessing, Gœthe, Heine, Freiligrath, etc., ont des facultés entièrement différentes de celles que l’on s’accorde à attribuer à leur race ; ni la littérature française qui est constamment, à partir du XVIe siècle, d’importation étrangère ou classique ; ni même entièrement la littérature anglaise dont elle ne peut motiver les manifestations récentes, l’esthéticisme et le préraphaélitisme. […] Par contre, certains de nos peintres, comme Gustave Doré, sont estimés à l’étranger seulement ; nos musiciens sont, pour la plupart, mieux appréciés en Allemagne qu’à Paris. […] Aucun motif tiré soit de l’hérédité, soit de l’ascendant du milieu, ne peut faire que dans une nation restée politiquement et socialement intacte, un artiste ou plusieurs en viennent à essayer d’imiter les productions d’artistes étrangers. […] Ni la race, ni le milieu, hostiles ou tout au plus indifférents à ces importations, n’ont pu pousser les artistes latins ou français à choisir à l’étranger des modèles, qu’ils ont altérés ou dépassés, mais dont l’influence est restée prépondérante. […] De même, en Angleterre et en Allemagne, au XVIIIe siècle, toute l’influence d’un milieu national restée absolument intacte et vivace, ne put empêcher l’aristocratie, les cours et les arts, de subir la mode étrangère.
Songes-y : quelle horrible situation pour nous si, après ta mort, il nous faut mendier le pain de l’étranger et dévorer l’aumône avec des chiens affamés ! […] L’ermite était absent ; sa fille adoptive, la belle Sacountala, sort à la voix de l’étranger ; elle reconnaît le roi. […] Honorable étranger, daignez au moins vous reposer à l’ombre sur ce siège recouvert de gazon, d’une admirable fraîcheur, et où vous ne tarderez pas à oublier votre lassitude. […] Depuis que mes yeux se sont portés sur cet étranger, j’éprouve une émotion tout à fait contraire au calme parfait que devrait seule inspirer cette sainte retraite ! […] Ma chère, quel peut donc être cet étranger qui, tant par ses traits profondément empreints d’une majesté calme, que par ses discours où règne la politesse la plus aimable, se montre digne d’occuper le plus haut rang ?
Voyez la femelle du cokila : avant de prendre son vol libre et vagabond dans les airs, ne dépose-t-elle pas ses œufs dans un nid étranger, laissant à d’autres oiseaux le soin de faire éclore et d’élever ses petits ? […] Ainsi l’homme vertueux et maître de ses passions doit détourner avec soin, comme je le fais, ses regards de la femme étrangère ! […] Sacountala, avertie par les nourrices des interrogations de l’étranger et des transports du héros qui presse son fils dans ses bras, paraît. […] Ma mère, cet étranger me commande comme si j’étais son fils ! […] Ma mère, quel est donc cet étranger ?
, du plaisir vulgaire de vanter mon pays aux étrangers, j’essayerois de mettre dans un jour avantageux quelques-uns de nos Poëmes épiques. […] La Henriade de M. de Voltaire est peut-être le seul de nos Poëmes épiques qui ait réussi dans les pays étrangers, & qui ait eu un grand succès en France. […] Le Télémaque, lu avec délices en France, le fut avec transport par les étrangers. […] On trouve dans ces piéces des morceaux très-piquans ; mais ils ne tiennent pas assez au sujet, & lui sont quelquefois absolument étrangers. […] Les étrangers, dit M. de V.
Biot s’y refusa, motivant son abstention sur ce qu’un Corps purement savant devait, selon lui, rester étranger à tout acte politique ;, et il cita à ce propos les vers de Voltaire : Moi, j’attends dans un coin que l’imprimeur du Roi, M’apprenne pour dix sous mon devoir et ma loi. […] C’est, on le devine, même quand M. l’abbé Moigno ne nous l’aurait pas appris (n° du Cosmos du 7 février 1862), c’est que le vieillard avait changé, c’est qu’il avait remis depuis des années sa conscience en des mains pieuses, mais en des mains étrangères ; c’est que le Père de Ravignan ou le Père de Pontlevoy, cités avec éloge à un endroit du travail, avaient passé par là, et qu’il y a un petit souffle imperceptible venu du Vatican ou du voisinage, qu’on ne voit pas, mais qu’on sent, et qui, dans ce compte rendu du procès de Galilée, est bien capable à la fin d’irriter les âmes non patelines et grossièrement généreuses14. […] Biot « de mettre volontiers en œuvre, à l’occasion de chaque question, toutes les ressources dont dispose la science, en employant parfois les plus étrangères aux savants dont il abordait la spécialité. » Ainsi, dans le cas présent, il apportait aux chimistes le secours de l’optique pour, démêler certaines qualités distinctives des molécules dans les produits organisés.