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693. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Histoire des ducs de Normandie avant la conquête de l’Angleterre »

Sans être un poète de cette envergure et de cette hauteur, sans même avoir des facultés relativement supérieures, si Labutte avait eu seulement en lui cette poésie d’écho que les grands spectacles éveillent dans tout homme passablement organisé, il eût parlé autrement d’une époque dont Schiller disait : « Le Moyen Âge a sur nous l’avantage de la vertu poétique, — de l’enthousiasme du cœur, — de l’élan des idées, — de la force du caractère. […] La butte juge cette grande époque d’après quelques faits exceptionnels et isolés, — comme si, dans trois cents ans, on jugeait le xixe  siècle d’après la Gazette des Tribunaux.

694. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « J.-K. Huysmans »

Huysmans — et les héros des romans que nous écrivons sont toujours un peu nous-mêmes — est un malade comme tous les héros de roman de cette époque malade. […] Les bibelotiers de cette époque de décadence, les soi-disant raffinés, ces artificiels niaisement épris de toutes les chinoiseries des civilisations matérielles, les pervertis de l’ennui à qui la simple beauté des choses ne suffit plus, le liraient seuls.

695. (1868) Curiosités esthétiques « III. Le musée classique du bazar Bonne-Nouvelle » pp. 199-209

Ce dessin gras, invisible et sournois, qui serpente sous la couleur, est, surtout si l’on considère l’époque, un légitime sujet d’étonnement. — De longtemps, les artistes n’auront pas l’âme assez bien trempée pour attaquer les jouissances amères de David et de Girodet. […] Ingres étale fièrement dans un salon spécial onze tableaux, c’est-à-dire sa vie entière, ou du moins des échantillons de chaque époque, — bref, toute la Genèse de son génie.

696. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre II. Des éloges religieux, ou des hymnes. »

La première hymne qui fut chantée dans cette solitude du monde, fut une grande époque pour le genre humain. […] On voit aisément que dans ces trois époques, les éloges religieux ont dû être faibles et froids.

697. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XI. Des éloges funèbres sous les empereurs, et de quelques éloges de particuliers. »

Après cette époque, nous ne trouvons, jusqu’à Titus, aucune trace d’éloge qui ait été prononcé dans Rome. […] Depuis cette époque, on ne trouve guère plus d’éloges d’empereurs prononcés par des empereurs.

698. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre V. Du gouvernement de la famille, ou économie, dans les âges poétiques » pp. 174-185

Admirons la Providence d’avoir permis qu’avant cette époque les hommes fussent des géants : il leur fallait, dans leur vie vagabonde, une complexion robuste pour supporter l’inclémence de l’air et l’intempérie des saisons ; il leur fallait des forces extraordinaires pour pénétrer la grande forêt qui couvrait la terre, et qui devait être si épaisse dans les temps voisins du déluge.... […] Mais à cette époque où les hommes avaient encore tout l’orgueil farouche de la liberté bestiale, cette simplicité grossière où ils se contentaient des productions spontanées de la nature pour aliments, de l’eau des fontaines pour boisson, et des cavernes pour abri pendant leur sommeil ; dans cette égalité naturelle où tous les pères étaient souverains de leur famille, on ne peut comprendre comment la fraude ou la force eussent assujéti tous les hommes à un seul.

699. (1901) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Deuxième série

On pourrait croire qu’un congrès de critiques, je veux dire de tailleurs, de modistes, de chapeliers, décide, à certaines époques, quelles nouveautés on lancera. […] parce que, ayant eu du génie ou un grand talent, ils ont écrit et parlé à une époque où la langue avait achevé de mûrir et n’avait pas commencé de se corrompre. […] » L’argot des peintres appliqué aux choses de la littérature n’est donc pas une invention de l’époque romantique. […] Félix Weisse, fournisseur principal du théâtre de Leipzig, fut très célèbre à l’époque où vivait Lessing. […] L’appui de la société précieuse, joint à la parfaite conformité de l’œuvre avec le mauvais goût de l’époque, est toute l’explication du succès extraordinaire de Timocrate.

700. (1900) Molière pp. -283

Il n’eut pas, en un mot, ce succès presque de scandale qui ne lui a jamais manqué à une autre époque ; il ne pouvait pas l’avoir. […] Quand on se figure le règne de Louis XIV, on se le peint comme un règne uniforme, comme une époque de gloire, d’engouement et d’élégance. […] Ce seul fait a modifié et transformé le sentiment fraternel aux deux époques ; il ne se ressemble plus du tout. […] Remarquez que, dans cette querelle, il ne s’agit pas d’un de ces faits violents qui sont, encore une fois, de toutes les époques ; à toutes les époques vous trouvez des rivalités, des querelles, des haines, des procès entre frères et sœurs. […] Ayant devant elle un champ plus vaste et plus libre, elle est obligée à moins de détours et de déguisements pour s’accommoder au goût de chaque époque, et l’époque s’y montre naïvement ce qu’elle est.

701. (1938) Réflexions sur le roman pp. 9-257

Le grand roman de l’époque, Le Rouge et le Noir, est le roman de la volonté. […] Ensuite il nous présente un fidèle miroir de son époque, ou plutôt de l’idéal que se formait cette époque. […] Mot aussi consubstantiel à la littérature de cette époque que les mots de « méditation » ou d’« élévation » à la poésie romantique. […] Le livre de M. de Miomandre, paraissant à l’époque des lettres anonymes de Tulle, bénéficie d’une certaine actualité. […] À des époques précises et autour de deux genres seulement, à savoir le discours et le poème dramatique.

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