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637. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Lundberg » pp. 169-170

Il ne s’avise point de chicaner, il ne dit point : cet œil est trop petit, trop grand ; ce muscle est exagéré, ces formes ne sont pas justes ; cette paupière est trop saillante, ces os orbiculaires sont trop élevés : il fait abstraction de ce que la connaissance du beau a introduit dans la copie.

638. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 20, de la difference des moeurs et des inclinations du même peuple en des siecles differens » pp. 313-319

Avant le protestantisme il s’étoit élevé en France plusieurs contestations en matiere de religion, mais si l’on excepte les guerres contre les albigeois, il n’étoit pas arrivé que ces disputes eussent fait verser aux françois le sang de leurs freres, parce que la même acreté ne s’étoit pas encore trouvée dans les humeurs, ni la même irritation dans les esprits.

639. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Femmes de l’Évangile » pp. 89-93

Trop élevé, trop pratique, trop acte, en un mot, pour tomber sous le regard d’une critique purement littéraire, le livre du P. 

640. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre troisième. Découverte du véritable Homère — Chapitre VII » pp. 278-283

Le caractère individuel d’Homère, disparaissant ainsi dans la foule des peuples grecs, il se trouve justifié de tous les reproches que lui ont faits les critiques, et particulièrement de la bassesse des pensées, de la grossièreté des mœurs, de ses comparaisons sauvages, des idiotismes, des licences de versification, de la variété des dialectes qu’il emploie ; enfin d’avoir élevé les hommes à la grandeur des dieux, et fait descendre les dieux au caractère d’hommes.

641. (1864) Corneille, Shakespeare et Goethe : étude sur l’influence anglo-germanique en France au XIXe siècle pp. -311

Quelque carrière que vous embrassiez, proposez-vous un but élevé, et mettez à son service une constance inébranlable. […] Ce n’était que peu à peu qu’il s’était élevé jusqu’à devenir l’organe politique du doctrinarisme. […] Peu à peu il s’était étendu et élevé jusqu’à prendre la forme d’un haut enseignement, dans le Télémaque de Fénelon. […] Il fallait peindre des caractères primitifs, et découvrir cependant dans ces âmes étroites des sentiments tendres et élevés, des ruses naïves et touchantes, ou des vices de cœur sans corruption. […] George Sand après s’y être arrêtée avec succès pendant quelque temps, s’est hâtée de remonter à des régions plus élevées, à des types plus intéressants pour elle et pour nous.

642. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite et fin.) »

Je suis franc, le côté faible d’Horace en critique d’art s’y trahit : « Je ne connais pas, dit-il, l’histoire de ce grand artiste ; mais, à juger de sa vie privée par ses œuvres, il ne devait pas avoir les goûts fort élevés. […] Quant aux femmes je ne dis pas qu’elles aient dû et qu’elles puissent inspirer des têtes de Vierges, comme on pourrait en trouer en d’autres pays ; elles sont trop brunes, le regard trop brillant pour cela ; mais elles ont une fermeté d’expression, une démarche si distinguée, une taille si souple, qu’il devait suffire de comprendre la nature dans ce qu’elle a d’élevé pour la traduire en peinture, de manière à laisser dans la pensée du regard quelque chose de noble et de généreux. […] Il sentait lui-même qu’il avait eu tort de se décourager un moment, et dans des lettres d’un accent pénétré, d’une intention élevée et soutenue, il s’attachait bientôt, au contraire, à remonter le moral de son gendre et ami Paul Delaroche.

643. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Bruyère »

Cela veut-il dire qu’il y fut simplement élevé ou qu’il y fut engagé quelque temps ? […] « En vérité, je ne doute point, s’écrie La Bruyère avec un « accent d’orgueil auquel l’outrage a forcé sa modestie, que « le public ne soit enfin étourdi et fatigué d’entendre depuis « quelques années de vieux corbeaux croasser autour de ceux « qui, d’un vol libre et d’une plume légère, se sont élevés à « quelque gloire par leurs écrits. » Quel est ce corbeau qui croassa, ce Théobalde qui bâilla si fort et si haut à la harangue de La Bruyère, et qui, avec quelques académiciens, faux confrères, ameuta les coteries et le Mercure Galant, lequel se vengeait (c’est tout simple) d’avoir été mis immédiatement au-dessous de rien 150 ? […] M. de Barante, dans quelques pages élevées où il juge l’Éloge de La Bruyère par Fabre (Mélanges littéraires, tome II), a contesté cet artifice extrême du moraliste écrivain, que Fabro aussi avait présenté un peu fortement.

644. (1911) Enquête sur la question du latin (Les Marges)

Leur démocratie ne souffre pas d’élites, elle ne souffre même pas une culture élevée ; elle arrête tout par le bas. […] Si elle prenait corps, nous verrions se confirmer solidement cette vérité (dont, pour ma part, je suis déjà convaincu), que les études les plus élevées sont en même temps les plus pratiques. […] Confiés à des « remplaçantes », ces nourrissons de l’enseignement moderne seront à la merci de toutes les aventures qui guettent ceux élevés physiologiquement ainsi.

645. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 457-512

La magie des Grands Maîtres a toujours consisté dans ces puissans ressorts ; c'est en les maniant avec habileté, qu'ils se sont élevés au dessus de la sphere des Esprits ordinaires, & ont donné à leurs Ouvrages ce germe d'immortalité qui les rend précieux à tous les Peuples & à tous les Siecles. […] Car, après tout, ces Pygmées n’en paroissent que plus Pygmées sur le haut piédestal où il les a élevés. […] Si les Bossuet, les Fénélon, les Corneille, les Racine, les Despréaux, n'ont eu jusqu'ici d'autres monumens élevés à leur gloire, que les fruits de leur génie, plus durables que le marbre & l'airain : il faut qu'on se défie bien du génie de M. de Voltaire, puisqu'on a cherché à subjuguer la Postérité par les hommages du Siecle présent.

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