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717. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 381-387

MOTHE, [Antoine Houdart de la] de l’Académie Françoise, né à Paris en 1672, mort dans la même ville en 1731 ; Bel-Esprit agréable, Ecrivain élégant, bon Poëte à certains égards, on trouveroit dans la diversité de ses Ouvrages de quoi former cinq ou six réputations préférables à celle d’un grand nombre de nos Littérateurs actuels, quoiqu’en embrassant trop de genres, il se soit montré foible dans presque tous, pour avoir méconnu ses talens. […] Ses Discours académiques, son Eloge funebre de Louis le Grand, sont d’un Ecrivain élégant, d’un Moraliste profond, d’un Philosophe raisonnable.

718. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 51-56

D’ailleurs, quelque vivante que soit notre Langue pour la plupart de nos mauvais Ecrivains, le grand usage qu’ils sont à portée d’en avoir a-t-il pu les garantir des vices du style & de la médiocrité qui caractérise toutes leurs Productions ? […] Cet Ecrivain laborieux travailloit alternativement sur des sujets littéraires & sur des sujets de Religion ; ce qui faisoit dire à l’Abbé de la Chambre, que ce Jésuite servoit Dieu & le monde par semestre.

719. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Étienne Dolet, et François Floridus. » pp. 114-119

Mais, outre ce mérite qu’il partageoit avec la plupart des écrivains de son temps, il avoit un talent particulier, celui d’écrire encore mieux dans sa propre langue. […] « A le voir seulement, dit Angeodonus, on démêloit un étourdi, un fou, un insensé, un furieux, un enragé, un glorieux, un impertinent, un menteur, un débauché, un méchant, un quérelleur, un impie, un écrivain sans dieu, sans foi, sans religion quelconque ; & l’on voyoit si bien tout cela, que, ni le bronze ni la toile n’eussent jamais pu être, comme son visage, l’image d’un monstre.

720. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Le père Bouhours, et Barbier d’Aucour. » pp. 290-296

Bouhours est, aux grands écrivains du siècle de Louis XIV, ce qu’est aux excellens peintres d’histoire un bon peintre en miniature. […] Commire, lui conseilla de ne pas répondre à d’Aucour, & de le regarder comme un écrivain qu’on honoreroit en le réfutant : Bouhours, ne rougis point de garder le silence.

721. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Introduction » pp. 5-10

Il n’y avait pas lieu de tomber dans cette erreur qui fait appeler « jeunes » des écrivains illustres et âgés de plus de cinquante ans. […] Ce soin néanmoins ne nous a pas fait négliger la gloire des jeunes maîtres ou des écrivains déjà notoires.

722. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Law »

Le Law 2 de Cochut, écrivain de revue, et qui semble en porter la marque dans toutes ses productions, est un travail de revue beaucoup plus qu’un ouvrage sui generis, ayant sa vie propre et son originalité. […] Il y a là de la tenue d’écrivain, de l’élégance, de la netteté, et souvent une fine ironie, toutes choses excellentes, mais qu’il faudrait utiliser dans une composition plus vaste qu’une simple et courte monographie.

723. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — I »

Oui, qu’il étudie la littérature anglaise, la civilisation italienne, quelques écrivains français contemporains, la société parisienne ou la révolution, son souci constant est d’appliquer et de vérifier une certaine méthode.‌ […] Quelques critiques ingénieux prétendirent donner une explication dans le caractère même de l’écrivain : ils supposèrent que la vieillesse l’avait rendu timoré.

724. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIIIe entretien. Cicéron (2e partie) » pp. 161-256

Mais ces discours sont trop nombreux pour que nous les parcourions même rapidement dans ce coup d’œil sur cet écrivain monumental. […] Ce que nous voulons surtout vous faire admirer aujourd’hui, c’est l’homme, c’est l’esprit transcendant, c’est le lettré, c’est l’écrivain, c’est le philosophe. […] Ces écrits sur l’art de penser et d’écrire sont les commentaires du parfait orateur et du parfait écrivain. […] Mais laissons un moment Cicéron orateur et critique, et voyons Cicéron écrivain et philosophe. […] Il se justifie victorieusement de cette tentative par des exemples d’autres écrivains romains : « Quant à moi, dit-il, qui, au milieu des soucis, des travaux, des orages, des discussions publiques, crois n’avoir jamais déserté le poste que le peuple romain m’avait confié, je crois devoir aussi, dans la mesure de mes forces, éclairer l’âme de mes concitoyens par mes travaux, mes études, mes veilles d’écrivain.

725. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre dixième. Le style, comme moyen d’expression et instrument de sympathie. »

L’écrivain, comme le musicien, reconnaît du premier coup dans la confusion de ses pensées ce qui est mélodieux, ce qui sonne juste et bien : le poète saisit tout d’abord dans une phrase un bout de vers, un hémistiche harmonieux. […] Le bon écrivain scientifique doit surtout employer ce procédé de Darwin qui, se sentant perdu dans des phrases tortueuses, s’arrêtait brusquement d’écrire pour se parler ainsi à lui-même : « Enfin, que veuxtu dire ?  […] Le meilleur écrivain est celui qui traite un grand sujet et s’oublie lui-même pour laisser parler le sujet. » Et plus loin : « Ecrivain, certes, il l’était, et écrivain excellent, car il ne pensa jamais à l’être. Il eut la première qualité de l’écrivain, qui est de ne pas songer à écrire. […] Pour éveiller la sympathie chez le lecteur au gré de l’écrivain la phrase doit être vivante ; or, un être vivant n’est pas une suite d’éléments juxtaposés, c’est un ensemble fait de parties dissemblables et unies par une mutuelle dépendance ; la phrase est donc un organisme.

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