/ 2647
483. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Chefs-d’œuvre de la littérature française (Collection Didot). Hamilton. » pp. 92-107

Pourtant ce n’est qu’à partir d’une certaine époque plus également éclairée, que cette netteté devint habituelle et, on peut le dire, universelle chez tous les bons écrivains, et qu’elle a tout à fait passé dans l’usage. […] Antoine Hamilton, un des écrivains les plus attiques de notre littérature, n’est ni plus ni moins qu’un Anglais, de race écossaise. […] Louis XIV donnait à Charles II des subsides, il lui donna aussi une maîtresse : l’émigration de Jacques II le rendit à Louis XIV en lui donnant un grand guerrier, Berwick, et, ce qui est plus rare, un charmant écrivain, le chroniqueur léger des élégances. […] Je crois saisir dans ce portrait-là comme un reflet d’Hamilton en personne ; mais c’est surtout quand il nous peint sa sœur, la belle Mlle d’Hamilton qui épousa Grammont, c’est dans cette page heureuse entre tant d’autres qu’il lui échappe des traits que je lui renvoie à lui-même, et que j’applique non pas à sa muse (ce sont des noms solennels qui ne lui vont pas), mais à sa grâce d’écrivain : Elle avait, dit-il, le front ouvert, blanc et uni, les cheveux bien plantés, et dociles pour cet arrangement naturel qui coûte tant à trouver. […] J’ai sous les yeux la magnifique édition exécutée à Londres en 1792, avec les nombreux portraits gravés ; je vois défiler ces beautés diverses, l’escadron des filles d’honneur de la duchesse d’York et de la reine ; je relis le texte en regard, et je trouve que c’est encore l’écrivain avec sa plume qui est le plus peintre : Cette dame, dit-il d’une Mme de Wetenhall, était ce qu’on appelle proprement une beauté tout anglaise ; pétrie de lis et de roses, de neige et de lait quant aux couleurs ; faite de cire à l’égard des bras et des mains, de la gorge et des pieds ; mais tout cela sans âme et sans air.

484. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre I. Des poëtes anciens. » pp. 2-93

D’autres Ecrivains parurent dans cette dispute ; mais ce fut pour se mocquer des deux partis. […] Le même Ecrivain nous donna Bion & Maschus avec aussi peu de succès. […] Plus de vingt Ecrivains ont traduit ou travesti Horace. […] Plusieurs Ecrivains ont mis les fables de Phedre en françois. […] Martial, Ecrivain épigrammatique, prouva par son style combien le goût du vrai beau en Littérature, avoit déjà dégénéré de son tems.

485. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre III. La Déformation de l’Idéal classique (1720-1801) » pp. 278-387

Deschamps, Marivaux dans la collection des Grands Écrivains français, Paris, 1897. […] Bertrand, D’Alembert, dans la collection des Grands Écrivains français, Paris, 1889. […] 2º L’Homme et l’Écrivain. […] Hallays, Beaumarchais, dans la collection des Grands Écrivains français, Paris, 1897. […] — Qu’en tout cas il y en a deux phrases que l’on interprète mal, et presque à contresens : « Le style est l’homme même » ; — par où Buffon a voulu dire que les idées étant à tout le monde, — l’expression est le seul moyen que nous ayons de nous les approprier ; — et la phrase où il recommande à l’écrivain de n’user que des « termes les plus généraux ». — Les termes les plus généraux ne sont pas du tout en effet les termes vagues ou abstraits, mais les termes « non techniques » ; — et de dire, avec Buffon, que la manière d’écrire est ce qu’il y a de plus personnel à tout écrivain, — ce n’est pas du tout dire que l’écrivain soit tout entier dans son style. — Il y a des écrivains dont le caractère a différé de celui de leur style ; — et nous en avons cité plus d’un exemple.

486. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la loi sur la presse »

Ce moment (1818-1819) fut celui d’une bonne loi sur la presse ; mais on ne tarda pas à la rétracter à l’heure de la réaction, en 1822, et toutes ces précautions, cette guerre à la pensée, ces poursuites des écrivains ne sauvèrent rien. […] Ce n’est qu’en appel, six mois après, le 22 janvier 1828, devant la Cour royale, que le noble, l’intègre écrivain, sur la défense éloquente de Me Berville, fut renvoyé de la plainte. — Mais de quoi vous plaignez-vous vous-même, me dira-t-on, puisque cet accusé a été finalement acquitté ? […] Avec les écrivains, on n’aura jamais à se repentir d’avoir pratiqué la justice, surtout sous la forme de l’humanité. […] Mais on ne fera pas de procès aux écrivains modérés et honorables ? […] Or c’est là méconnaître le tempérament particulier aux écrivains, c’est le provoquer à l’endroit sensible que de le traiter d’avance en suspect.

487. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVe entretien. Chateaubriand, (suite) »

Le plus parfait des écrivains devait être le plus parfait des voyageurs. […] Moi-même, très-indigne que mon nom soit prononcé après de pareils noms, moi qui n’oserais pas me comparer comme écrivain en prose à M. de Chateaubriand, je lisais, il y a peu de jours, dans un critique célèbre de mon temps, quelques lignes où mes vers avaient l’avantage sur sa prose, et j’en étais non pas convaincu, mais frappé. […] Moins grand cependant que s’il eût été toujours honnête, vrai, juste, et que sa grandeur eût été aussi honnête, aussi vraie, aussi juste dans le sens qu’il fut magnifique dans l’expression ; mais il eut du génie ; il en eut même plus qu’aucun écrivain de son pays et de son temps. […] Le mystère qui donne à l’écrivain le droit de dire : Je chante, lui manqua ; il ne fit jamais que parler et écrire, le chant inspiré faillit sur ses lèvres. […] Il fut et il restera le plus grand écrivain de la France dans un siècle où tout était muet, mais où tout allait renaître.

488. (1892) Boileau « Chapitre V. La critique de Boileau (Suite). Les théories de l’« Art poétique » (Fin) » pp. 121-155

Jusqu’ici l’on a examiné ce que l’écrivain doit mettre dans son ouvrage, et quelle nature il doit imiter. […] Mais il a voulu enseigner aux écrivains qu’en poésie la forme seule peut donner un prix infini aux choses : avis à ceux qui croient que le sujet est tout. […] Ni par l’exécution : on ne peut reprocher à l’écrivain ni fantaisie extravagante, ni emphase, ni préciosité. […] Nos grands écrivains n’ont pu s’élever au-dessus de ce goût, qui était autour d’eux et en eux, qu’en s’y conformant d’abord, et s’ils voulaient exprimer la nature basse ou brutale, ils devaient non pas l’atténuer, mais en rendre la bassesse élégante et la brutalité noble. […] Tandis que les beaux esprits s’amusaient à décorer la nature et poursuivaient l’ingénieux ou l’étonnant, nos grands écrivains trouvaient le juste point où le naturel est élégamment exquis et l’intense vérité se déploie avec grandeur.

489. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’avenir du naturalisme »

Un groupe de très jeunes écrivains qui se sont rapidement groupés autour de l’étendard du « naturisme », vient de manifester son culte enthousiaste pour le romancier fameux, que la génération néo-idéaliste ne cessa d’accabler de son indifférence et de son mépris. […] Saint-Georges de Bouhélier, parler du « sublime grand homme », qu’il considère comme notre écrivain national : « Son œuvre est égale au monde même. […] Et Zola, qui n’en poursuit pas moins gravement son œuvre, est donc une deuxième fois accablé d’injures et de moqueries par le groupe idéaliste et symboliste, comme il l’avait été par les écrivains « moraux » au début de sa carrière.‌ […] Tel m’est apparu l’homme qui, après avoir détruit tous les obstacles devant lui, a craint de s’élancer au grand air libre, ce grand air dont il redoute l’ivresse et dont il ordonne à l’écrivain de se détourner. […] Voilà pourquoi je trouve que les jeunes écrivains dont j’ai parlé au début de cette étude font une œuvre de justice en réhabilitant Zola vis-à-vis des irréalistes de toutes nuances.

490. (1773) Discours sur l’origine, les progrès et le genre des romans pp. -

Un autre Ecrivain, non moins bel esprit que le précédent, mit dans ses productions peut-être encore plus de véritable esprit. […] L’écrivain qui charme d’abord la multitude est rarement un homme supérieur. […] L’ouvrage dont nous parlons maintenant suffiroit seul pour établir la réputation d’un Ecrivain. […] Ce ne peut être que l’effet d’une rencontre ; mais elle est malheureuse pour l’Ecrivain qu’on a prévenu. […] Quelques Ecrivains de nos jours, la plupart même encore jeunes, ont produit des Romans très bien accueillis du Public.

491. (1857) Réalisme, numéros 3-6 pp. 33-88

Où sont les écrivains sincères de notre siècle ? […] Viennet lui-même. — Ces écrivains sont subtils et dangereux. […] Je m’aperçois aujourd’hui d’une grave erreur, qu’on commet vis-à-vis de ce genre d’écrivains. […] Babou fait de la médecine ; encore un concurrent au propagateur homéopathique, un écrivain à seringue ! […] Elle aurait pu porter une signature quelconque sans qu’on aperçût la différence de vous à un autre écrivain.

/ 2647