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440. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « J.-J. Ampère ; A. Regnault ; Édouard Salvador »

Ampère, est un écrivain qui n’avait pas besoin, du reste, de s’en aller en Amérique pour en revenir avec un livre et se faire lire du public français. […] Salvador, que nous ne connaissons pas et que nous croyons un jeune homme, n’est pas un écrivain de métier, comme il y en a tant, qui badigeonne plus ou moins proprement sa pensée. C’est un écrivain véritable, qui a le don de la goutte de lumière tombant de la plume, et chez qui l’on peut constater deux qualités qui semblent s’exclure et qui peuvent faire un jour d’un homme un des maîtres de l’expression : la concentration et la transparence. […] Malheureusement, s’il est toujours écrivain et peintre, Édouard Salvador est aussi presque toujours un penseur plus ingénieux que solide, qui touche de l’Histoire en artiste, au profit d’intérêts et d’idées que nous ne pouvons accepter dans l’éclat de leur prétention.

441. (1891) Enquête sur l’évolution littéraire

C’est l’amour de la vie qui forme les écrivains. […] « Un romancier ne compte comme écrivain qu’autant qu’il vaut comme homme, grand écrivain s’il a de grands sentiments — petit écrivain, s’il a de petits sentiments, — nul, s’il n’en a pas. […] Tous les tempéraments d’écrivains peuvent aller avec lui. […] Tous ces écrivains sont connus et reconnus. […] » Un écrivain qui raisonne ainsi n’est plus qu’un marchand de lignes.

442. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Clément Marot, et deux poëtes décriés, Sagon & La Huéterie. » pp. 105-113

L’espoir de lui succéder dans sa réputation d’écrivain inimitable, ou plutôt dans les bonnes graces du prince, fit qu’ils se tournèrent contre lui. […] On y voit son valet, rendant cette justice à son maître, d’être estimé des bons écrivains, & de n’avoir pour ennemis,         Qu’un tas de jeunes veaux, Un tas de rimasseurs nouveaux, Qui cuident eslever leur nom Blasmant les hommes de renom ; Et leur semble qu’en ce faisant, Par la ville on ira disant : Puisqu’à Marot ceux-cy s’attachent, Il n’est possible qu’ilz n’en sçachent. […] Les écrivains, que son exil n’avoit point détachés de sa personne, le secondoient, l’animoient.

443. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Gabriel Ferry »

Cette trempe qui étonne et qu’on admire comme un luxe dans un écrivain, Ferry l’avait comme ses héros, et voilà ce qu’une critique qui voit plus que l’épiderme de la pensée doit noter. […] Il n’en est pas de même pour l’écrivain. L’écrivain futur est au fond de ce style solide, rapide et ferme, lequel n’a pas, il est vrai, le coup de lime définitif qui donne au fer l’éclat de l’acier, mais qui brille de force à plus d’un endroit et semble mépriser toutes les petites gentillesses littéraires de ce temps d’énervation et de prétention intellectuelle pour aller au fait, l’appréhender et le rendre avec un relief vigoureux.

444. (1858) Du roman et du théâtre contemporains et de leur influence sur les mœurs (2e éd.)

Les écrivains, au lieu d’être les interprètes sérieux et les guides de l’opinion, devinrent ses complaisants et ses vils flatteurs. […] Il arrive ainsi que l’écrivain, après avoir subi l’action de son temps, exerce aussi sur son temps une réaction plus ou moins profonde. […] Ce grief que vient d’énoncer Jacques, un autre écrivain l’a développé dans cette page du Juif errant. […] Et c’est entre ces deux moitiés de la société que l’écrivain ose proclamer une guerre impie ! […] Un des écrivains qui, de nos jours, ont le plus exploité ce lieu commun, a été M. de Balzac.

445. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers » pp. 81-176

Il faut d’abord, pour écrire, être écrivain, non pas écrivain de génie comme Tacite, ou Machiavel, ou Thucydide, mais écrivain suffisant pour que votre pensée se transmette, sinon avec relief, couleur et vie, dans la pensée de vos lecteurs, du moins avec cette clarté, cette netteté, ce bon ordre de composition et de faits qui représentent sincèrement les hommes et les choses dont vous parlez à l’avenir. […] Le sens moral des faits est dans la moralité historique de l’écrivain. […] Des vues politiques droites, étendues et justes, sont une des qualités indispensables de l’écrivain. […] C’est un écrivain complice de la fortune ; il ne reconnaît le tort que quand le tort est puni par le revers. […] C’est là la magie de la vérité dans l’écrivain qui sait la retirer vivante des documents compulsés par la patience.

446. (1863) Causeries parisiennes. Première série pp. -419

aurait-on pu lui dire, cet écrivain que vous déclarez illustre entre tous ne siège pas déjà parmi vous ! […] Si un jour, un seul jour, un écrivain a pensé sérieusement, il a dû penser à cette chose-là. […] N’est-il pas fâcheux de voir un écrivain connu, estimé, honorable à tous égards, comme M.  […] About, deux écrivains qui, à des titres différents, ont toujours eu le privilège de se faire remarquer. […] l’indépendance de l’écrivain !

447. (1925) Proses datées

Alphonse Allais fut un humoriste de génie et un écrivain de la plus savoureuse originalité. […] C’est le cas de certains écrivains, ce n’est pas celui de Lamartine. […] Dargaud ne fut certes pas un grand écrivain, ni un penseur très original. […] Nul écrivain moins que lui n’eût du être considéré comme un écrivain de décadence. […] Viaud n’est point un grand écrivain, comme Pierre Loti.

448. (1924) Souvenirs de la vie littéraire. Nouvelle édition augmentée d’une préface-réponse

« Sur les écrivains qu’il a fréquentés, fait remarquer M.  […] C’est en cela qu’il m’apparaît parfois comme le plus grand écrivain de notre temps. […] Aucun écrivain ne fut plus sincèrement admiré ni plus fidèlement aimé. […] » — « Je fais, reprit l’écrivain, un mariage qui sera peut-être très critiqué. […] Causeur aimable, écrivain vivant, bel évocateur d’humanité et de paysages, M. 

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