Cependant que parmi cette explosion dernière de poésie vibrante d’insouciance géniale, des mots amers et des vers plus sobres étaient écrits : et en haine d’elle et de ne trouver autre chose, Vigny et Leconte de Lisle, avec calme hautain, parfois parlaient doucement ou fortement de désespoir et de néant. […] Ce fut le temps du vers parfait pour lui-même, sans suite d’idée, mais où par quelques très purs et subtils poètes passe de plus en plus en l’intellect l’immédiate sensation avant eux immédiatement écrite. […] Stéphane Mallarmé ; en effet, a conçu une œuvre, en maints volumes) de laquelle pas un livre encore n’est écrit. […] Ces Théories qui couvaient dès en mon premier livre de vers, d’essai, de même que le plan de mon Œuvre se dessinait en l’avant-propos de ce livre écrit à vingt-deux ans. […] Une Revue, les Écrits pour l’Art, qui continue son œuvre de droite et artistique propagande, dès 1887 se fondait par le dévouement ami de M.
On écrit de telles choses pour transmettre aux autres la théorie de l’univers qu’on porte en soi. La /orme de Souvenirs m’a paru commode pour exprimer certaines nuances de pensée, que mes autres écrits ne rendaient pas. […] Bien des choses ont été mises afin qu’on sourie ; si l’usage l’eût permis, j’aurais dû écrire plus d’une fois à la marge : cum grano salis. […] On ne doit jamais écrire que de ce qu’on aime. […] Descartes serait transporté de joie s’il pouvait lire quelque chétif traité de physique et de cosmographie écrit de nos jours.
Thomas Carlyle a écrit l’Histoire de la Révolution française, et nous en faisions une autre alors pour les Carlyle futurs, s’il y en a qui veulent l’écrire. […] Guizot, qui donnait le ton à cette époque, écrivait des livres raides et froids comme lui ; Guizot, le petit homme gris de style dans l’Histoire, comme dirait Carlyle lui-même, — mais qui ne disait pas : Moi, je m’en ris ! […] Un autre petit homme dans l’Histoire avait, comme Carlyle, écrit précisément celle de la Révolution française, n’ayant souci de rien que de se montrer révolutionnaire dans cette histoire, — le long de laquelle il passa à travers toutes les opinions, comme le singe de la Fable à travers son cerceau, avec les souplesses d’un esprit que le scepticisme rend plus souple encore ; — Thiers, qui grimpe sur toutes les idées comme il en dégringole, avec la même facilité, n’est que l’écureuil de la Politique et de l’Histoire ; mais quelle que soit l’alacrité des mouvements de l’écureuil, son genre historique, sobre de couleur, n’en a pas moins la gravité, il faut bien dire le mot, d’un homme qui est souvent un Prud’homme littéraire. […] IV Je viens d’écrire, je crois, qu’il était, avant tout, un moraliste, mais je ne l’ai pas dit assez. […] Ne l’écrivez pas, comme cela se voit dans beaucoup de dictionnaires : Jambon !
Charles d’Héricault a enfin abordé l’histoire politique, et ce livre atteste des facultés si sûres d’elles-mêmes, si gouvernées, si réfléchies, que le troublant et passionnant sujet d’histoire qu’il a choisi pour le traiter — La Révolution de Thermidor — ne l’a entraîné ni dominé une seule minute, et qu’il nous a donné l’exemple d’une fermeté d’esprit inconnue à tous les historiens, dans une mesure quelconque, de la Révolution française, — de cette Révolution dont la bouleversante influence ne s’arrête pas à ceux qui l’ont faite, mais va jusqu’à ceux qui l’écrivent… Car elle va jusque-là. […] Je ne parle pas de Thiers, le premier historien de la Révolution dans l’ordre des temps, trop sceptique pour n’être pas la toupie, très peu ronflante, du reste, de l’histoire qu’il écrivit à l’époque de sa jeunesse, ni de Michelet, cette Tricoteuse nymphomane, — mais le pur, le noble Lamartine, écrivit Les Girondins, et ce fut la démence de son génie. […] Il a mieux aimé faire de la science, et il a écrit une histoire plus profondément psychologique que toutes celles qui ont été publiées avant la sienne sur la Terreur et sur Robespierre, ces deux vaincus de Thermidor. […] Je ne sache pas de livre meilleur que le sien pour jeter la goutte d’eau glacée sur les fronts échauffés par le bonnet rouge, — pour rasseoir et paralyser l’enthousiasme imbécilement ou épileptiquement révolutionnaire… Peu de temps avant sa mort, est-ce que Victor Hugo — un égaré aussi par l’histoire de la Révolution française — n’écrivait pas cette phrase, chargée, croyait-il, d’une prophétie : « Le dix Août est à la Révolution ce qu’aujourd’hui est à demain… » ? […] On le trouva, à l’Hôtel de Ville, la mâchoire brisée, son habit violet déchiré, ses culottes nankin avalées, ses bas de coton sur ses talons, souillé, sanglant, vautré sur une table où il venait d’écrire, et après l’avoir un peu lavé, un peu pansé, tout en l’insultant, on le jeta, ce reste vivant d’homme, au bourreau, qui coupa comme il put cette tête fracassée, et telles furent, en mourant, la grâce et la décence de ce magnifique gladiateur de l’Égalité !
Paulin et Littré, ses éditeurs, n’ont songé qu’à la fin de 1857 à réunir en un corps d’ouvrage les écrits dispersés du célèbre rédacteur du National. […] Nous serions même étonné de la médiocrité foncière de ce talent, qu’on a cru énorme, et du peu d’intérêt de ces écrits, qui ont eu la vie, si nous ne savions pas que, par son essence, le journalisme est condamné à ces effroyables déchets. […] Comme les anciens rois persans, ce républicain avait un prestige tout le temps qu’il était invisible, c’est-à-dire qu’on ne lisait pas ses écrits et qu’on oubliait sa vie. […] Relisez ses écrits, et voyez s’il n’a pas toujours l’air de coucher son épée sous sa signature, comme il disait. […] C’est lui qui écrivait d’Espagne qu’il avait passé les Pyrénées, et qu’il ne se sentait pas d’aise d’avoir pu contempler ces monts fameux, traversés autrefois par Annibal pour aller livrer la bataille de Pharsale.
Il écrivit ses Contes et il réussit. […] Les Contes inconnus que Champfleury a traduits et mis en lumière, sont assurément les plus mauvais qu’ait jamais écrits cette fée de cabaret que l’on appelle la fantaisie d’Hoffmann. […] Supprimez Goethe et Diderot et leurs contre-coups, et Hoffmann ne sera plus qu’un mince dessinateur et un musicien… Il est vrai que Champfleury pose Hoffmann, qui a beaucoup écrit en musique, comme un musicien très considérable, mais nous n’avons pas à examiner la valeur de cette prétention. […] À ses yeux, le mérite d’Hoffmann, la preuve de son génie, c’est ce qu’il y a d’inexprimé et d’inexprimable dans ses écrits. […] La première partie seule du chapitre sur Edgar Poe avait été écrite avant ceci.
C’est de l’histoire, et de l’histoire sacrée ; car c’est la vie d’un saint, — d’un saint qui vivait hier encore, — écrite par un homme qui l’a assisté en ses travaux apostoliques, et racontée avec un détail infini. […] Il ne pouvait pas être uniquement le pur imagier des temps convaincus, et il a écrit son histoire comme on écrit l’histoire en nos époques de critique et de décadence, où la grandeur religieuse devient de plus en plus incompréhensible. S’il avait écrit pour le peuple, c’eût été différent ; mais à quoi bon ? […] Est-ce qu’ils se sont jamais plaints, par exemple, de la longueur et du détail, même bête, de la biographie du docteur Johnson, ce lourd pédant anglais attaqué d’éléphantiasis, cet insupportable méchant homme, et quoiqu’elle ait été écrite par cet imbécile de Boswell ? […] Mais l’abbé Monnin, qui écrit pour les lettrés et ne leur marchande pas les longueurs de son histoire, n’a pas manqué de donner des exemples foudroyants de cette expression surnaturelle, et il les a donnés avec une profusion qui étonne, quand on songe que ces inspirations, qui forment des pages si nombreuses dans son livre (de la page 413 à la page 485 du second volume), ont été saisies à la volée, et quand on se demande quelle dut être leur beauté première pour avoir résisté si bien à la pâle dictée du souvenir !
Mais où commence la différence entre ces deux inconnus faits pour ne pas l’être, le voici : L’auteur des Ruines de la Monarchie française est mort dédaigneux de la publication de son livre, qu’il savait, de conception et de sujet, impopulaire, l’ayant gardé fermé sous son coude après l’avoir écrit, et achevé ainsi de vivre, la tête qui l’avait pensé dans sa main, ne demandant rien à son siècle… L’auteur des Philosophes et la Philosophie n’a pas eu, lui, cette indifférence, qui est une impertinence sublime ! […] Qu’y a-t-il de plus beau, en effet, que d’écrire bravement ce qu’on croit être la vérité, et de l’écrire pour soi et pour elle, sans se préoccuper de ce que les autres en penseront ? […] » Il faut bien le reconnaître, malgré la tradition badaude des Écoles, malgré les phrases des pédants, dupes de celles qu’ils écrivent, malgré la popularité facile des idées abjectes, qui réussissent toujours, au fond, ce sont de pauvres hommes intellectuels dans l’ordre philosophique que Bacon, — grand de loin, petit quand on s’approche, — Locke, Condillac, Destutt de Tracy, Laromiguière, Cabanis lui-même et Broussais, — tombé de son propre matérialisme à lui dans le matérialisme fantoche de Gall et de ses bosses ! […] Aux systèmes des philosophes dont il écrit la triste chronique, il oppose le sien, qui n’est pas un système, mais une vue générale et planant sur l’esprit humain… Le Dr Athanase Renard n’a point le bon sens étranglé de Reid, l’Écossais, étroit en philosophie comme en religion (le presbytérianisme), mais il a le bon sens dilaté d’un Gaulois, agrandi par l’idée catholique… La race vit et pense dans le Dr Athanase Renard, et c’est pour cela que je l’aime et que je l’estimé, moi qui crois à la race, et qu’en toute chose nous ne valons pas nos pères ! […] Le livre du Dr Athanase Renard a été pensé pendant des années, et finalement écrit contre cela.
lord Byron n’était qu’un dandy quand il jetait dans son écritoire la plume sublime avec laquelle il avait écrit Le Giaour. […] Les Destinées portent pour épigraphe la devise turque : C’était écrit ! […] Il est vrai que, crispée par un scepticisme tardif, cette main n’a pu s’essuyer entièrement de ce Christianisme dans lequel elle a été si longtemps plongée : Notre mot éternel est-il : C’était écrit ? […] Mais sur le sien, à lui, le poète a écrit sans horreur le mot fataliste dans sa brièveté impérieuse et avec son fil de sabre turc, comme si c’était, après tout, le dernier mot de sa pensée, qui ne doute plus. […] et qu’il peut écrire leur histoire : C’est en vain que d’eux tous le sang m’a fait descendre ; Si j’écris leur histoire, ils descendront de moi.