Avertir des défauts qui lui échappent un Peintre habile, entre les mains de qui on voit un pinceau capable de tout, c’est se montrer jaloux de sa gloire & non de son merite ; c’est lui indiquer les routes de la perfection, & concourir foiblement à la vérité, mais toujours concourir aux chef-d’œuvres que le Public a droit d’attendre de ses talens.
S'il s'est échappé quelquefois, on doit plutôt attribuer ses écarts à de certaines séductions momentanées, qui agissent plus sur le cœur que sur l'esprit.
Au lieu d’observer directement notre état présent, interrogeons nos souvenirs ; ce mode d’observation, qui échappe à l’objection précédente142, nous donnera un résultat tout différent : toutes les fois que je me suis remémoré mes paroles intérieures les plus récentes, je les ai trouvées pures de tout élément tactile. […] Notre attention le néglige en effet ; mais, s’il avait la moindre force, il n’échapperait pas pour cela au souvenir immédiat ; l’élément tactile de la parole extérieure est remémoré, en dépit des dédains de l’attention, parce qu’il est un état fort. Si l’image tactile échappe au souvenir, c’est qu’elle est non seulement délaissée par l’attention, mais encore très faible par elle-même, trop faible pour être remémorée ; c’est qu’elle ne possède qu’un degré de conscience infinitésimal. […] Ainsi se constitue dans notre esprit la classe des états qui échappent à la perception externe ; ainsi se forment et l’idée du moi ou du mien et l’association de cette idée avec celle d’une série successive d’états faibles. […] D’après la théorie qui précède, nous devrions reconnaître chaque mot pris part ; les ensembles qu’ils forment, les phrases, échapperaient au jugement de reconnaissance.
Il se réfugie en Dieu pour échapper à une société qu’il juge odieuse et intolérable.
Un mot échappé à Voltaire, dans sa Correspondance, montre avec quelle vérité historique, et dans quelle intention, il écrivait cet Essai : « J’ai pris les deux hémisphères en ridicule ; c’est un coup sûr. » An 1754, Corresp. gén.
« L’intention des chefs est qu’alors la gaieté des enfants soit sans entraves, et je n’ai pas de peine à croire que dans ces moments la discipline soit oubliée, qu’il se fasse mille espiègleries, qu’il y ait quelque dégât, que les gouverneurs soient inquiétés et tourmentés, qu’à la première issue qui se présente les élèves ne s’échappent de leurs yeux et ne se livrent à toutes leurs fantaisies.
C’est que le choix du moment est vicieux ; il fallait prendre celui où cette femme altière déterminée à tromper l’orgueil romain qui la destinait à orner un triomphe, se découvre la gorge, sourit au serpent, mais de ce souris dédaigneux qui retombe sur le vainqueur auquel elle va échapper et se fait mordre le sein.
J’entrevoyais bien que la belle visiteuse, tout en ayant l’air de se retirer modestement devant un nouveau venu, n’était pas fâchée d’être contemplée à loisir par un admirateur de plus, dont l’enchantement ne pouvait lui échapper tout entier, malgré la discrétion de mon attitude et la distraction affectée de mon coup d’œil. […] C’est l’heure et le lieu des confidences, des silences ou des soupirs échappés du cœur ; ce n’est pas l’heure des vaniteuses improvisations de l’esprit. […] Madame Lenormant, confidente discrète de la famille, laisse échapper à ce sujet une phrase qui n’aurait point de sens si elle n’était pas destinée à indiquer et à voiler à la fois on ne sait quel sous-entendu dans cette union ; la jeune fille était elle-même, dit-on, un sous-entendu de la nature : elle pouvait être épouse, elle ne pouvait être mère. […] Ils se congratulaient sur la place de l’échafaud, les uns d’y avoir échappé, les autres de l’avoir abattu ; ils étaient empressés de trouver dans un salon de Paris, autour de la plus belle des femmes de l’époque, un terrain neutre, un Élysée où les uns savouraient l’oubli, les autres la patrie. […] Je vis clairement que le roi aspirait à échapper aux ministres de 1830 pour s’entourer de serviteurs nés de la royauté de ses pères.
Angélique, exposée à d’autres dangers que ceux auxquels elle vient d’échapper, aperçoit heureusement au doigt de Roger l’anneau enchanté qui lui a été ravi jadis à elle-même. […] « Ils étaient ensemble sur les remparts à regarder, en soupirant, le ciel de leurs yeux chargés de sommeil ; Médor, dans toutes les paroles qui lui échappaient, ne pouvait s’empêcher de se rappeler sans cesse son maître et son seigneur Dardinel d’Almonte, et de pleurer en pensant que ses restes allaient rester sans sépulture sur la terre. […] L’Arioste, dans cette stance digne de Pétrarque ou du poète de Françoise de Rimini, laisse échapper de son cœur un cri de pitié ou d’envie qui révèle toute une âme amoureuse de Virgile : « Cloridan était parvenu jusqu’à la tente où le duc d’Albret dormait dans les bras de sa femme, tellement rapprochés l’un de l’autre que l’air lui-même n’aurait pas pu passer entre eux. […] « Une main glacée lui serre le cœur, son désespoir muet ne peut s’échapper ni en paroles, ni en cris : comme un vase à large circonférence et au cou étroit, quand on le renverse de sa base à son orifice, ne peut laisser écouler son contenu, car la liqueur pressée de sortir se hâte vers l’ouverture, et, se faisant obstacle à elle-même, ne peut s’écouler que goutte à goutte sous son propre poids. » Enfin il arrive, espérant encore, jusqu’à la cabane du berger. […] … Ainsi la jeune martyre de l’amour, de la chasteté et de la religion avait échappé à la fois à l’infidélité, à la profanation et au suicide en se faisant immoler par son tyran.