/ 3036
851. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome I

Le luxe et la mollesse peuvent s’allier avec le courage ; souvent une âme noble et fière se cache sous les ornements les plus frivoles. […] Pourquoi ce qui dégrade et flétrit l’âme aurait-il le droit exclusif de toucher et d’émouvoir les cœurs ? […] Ces deux âmes paraissent faites l’une pour l’autre : Corneille a puisé dans l’histoire celle de César ; mais, rival de la nature, il a fait lui-même, à l’image de César, l’âme de Cornélie. […] L’admiration n’émeut guère l’âme ? […] Est-il bon, est-il convenable de troubler si souvent les âmes ?

852. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIIIe entretien. Fior d’Aliza » pp. 177-256

On éprouve alors comme une convalescence de l’âme, qui n’est ni le trouble de l’adolescence, ni la paix de l’âge mur, ni la pleine santé, ni la maladie ; état mixte, et, pour ainsi dire, neutre et passif, pendant lequel les blessures de l’âme se cicatrisent pour nous laisser vivre de nouveau, malgré tout le sang que nous avons perdu. […] Je n’aspirais pas au génie, l’âme me suffisait ; tous mes pauvres vers n’étaient que des soupirs. […] Il croyait de son devoir de les favoriser de toute sa complicité, pensant ainsi contribuer au salut d’une âme qui serait perdue, si le mariage ne la sauvait pas. […] Il joignait à ces dons renfermés de son âme une bonté exquise qui le faisait adorer de ses subordonnés. […] Sa note sensible s’empare de l’âme comme une harmonica céleste.

853. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 mai 1885. »

Eh bien, mon âme, à moi, — comprends-tu, cher camarade ? — mon âme est toute vibrante d’accents d’une magie nouvelle, pressentie par ces hommes, — et dont il se trouve que, seul, je puis proférer les musicales merveilles. […] Et cette dureté de l’enveloppe, n’était ce point à entretenir dans une paix inébranlée l’exclusive et profonde vision d’une grande âme ? […] Telle était l’âme, en Beethoven ; telle l’enveloppe ; que l’on songe maintenant, comment il pouvait regarder les choses, autour de lui ! […] Maintenant, il jette un regard sur l’Apparence extérieure, qui, illuminée par sa Lumière intime, se mêle à la vision de son Âme, dans un réflexe merveilleux.

854. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre neuvième. Les idées philosophiques et sociales dans la poésie (suite). Les successeurs d’Hugo »

Il vit : quelle en est l’âme ? […] Il eût fallu continuer de la même manière, faire passer sous nos yeux les systèmes vivants, comme des idées devenues des âmes. […] Ils se suivent, muets, comme il convient aux âmes, Et mon cœur se contracte et saigne en les nommant. […] Et vous, vers qui montaient mes désirs éperdus, Chères âmes, parlez, je vous ai tant aimées ! […] Besoin inassouvi de notre âme impuissante, Du monde où nous vivons la justice est absente.

855. (1857) Cours familier de littérature. III « XIVe entretien. Racine. — Athalie (suite) » pp. 81-159

Le jour de cette représentation royale d’Athalie fut pour moi une de ces commotions de l’âme qui se répercutent sur toute une vie. […] J’ai voyagé, puis je suis rentré dans la maison paternelle à la campagne, où l’ennui et l’oisiveté me rongent, et où j’essaye d’évaporer en poésie cet ennui de mon âme. […] Les regards, dépaysés par l’illusion, transportaient l’âme au milieu des pompes religieuses de Sion. […] Vaincu par lui, j’entrai dans une autre carrière, Et mon âme à la cour s’attacha tout entière. […] Heureux qui pour Sion d’une sainte ferveur         Sentira son âme embrasée !

856. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Académie française — Réception de M. Ponsard » pp. 301-305

ne répond-elle pas à une faculté et à une disposition permanente de l’âme et de l’admiration humaine ? […] Ponsard a prouvé, une fois de plus, dans ce discours académique, que là, comme au théâtre, il y a des cordes qu’il sait faire vibrer, et que, sans trop d’art ni de raffinement, sans trop demander à l’expression, et en disant directement les choses comme il les pense et comme il les sent, son talent a en soi une force qui vient de l’âme et qui parle aux âmes.

857. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Pottecher, Maurice (1867-1960) »

Franz, donc, est un sorcier qui évoque l’âme des roses et va se promener avec elle dans les azurs, à travers les sphères. […] Un être qui patauge entre Anthousia, âme des roses, et Lydia, bohémienne devenue cocotte. […] Depuis, la tendresse de cette âme de poète s’est élargie en un sentiment de sympathie et de sollicitude sociale.

858. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Sainte-Beuve, Charles-Augustin (1804-1869) »

Vous avez donné à certains épanchements de l’âme un accent nouveau. […] la maladie n’est-elle pas un état de l’âme pour lequel Dieu devait créer sa poésie et sen poète ? Sainte-Beuve fut ce poète de la nostalgie de l’âme sur la terre.

859. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIIe entretien. Sur le caractère et les œuvres de Béranger » pp. 253-364

La liberté dont on jouissait depuis la chute de l’Empire réveillait les âmes. […]     Combien mon âme est attendrie ! […] Depuis que la politique avait tour à tour accompli ou trompé ses espérances, il avait replié son âme, pour ainsi dire, dans la bienfaisance. […] Il avait trop de goût pour être impie ; il avait trop d’âme pour être sans conversation dans la langue des soupirs avec le pays des âmes. […] Il a fait plus, il a fait exemple ; il a fait plus encore, il a fait l’âme d’un peuple !

/ 3036