Nous aimerions mieux des folies ! […] Depuis Oswald, qui, dans Mme de Staël, ne sait plus celle qu’il aime de Corinne ou de Lucile, jusqu’à la femme de Leone Leoni, qui retombe toujours à son vil coquin d’amant, comme Maurice Berthaud (le héros de M.
Je ne sais si je me trompe, mais il me semble que quelques lignes que madame de Sévigné a jetées au hasard dans ses lettres, sans soin, sans apprêt, et avec l’abandon d’une âme sensible, font encore plus aimer M. de Turenne, et donnent une plus grande idée de sa perte. […] « Monseigneur, si vous êtes honnête homme, vous m’aimerez ; si vous ne l’êtes pas, vous me haïrez, et je m’en consolerai. » Plusieurs personnes ont lu cette fameuse lettre qu’il écrivit au même prince, et qu’on ne saurait, trop citer.
À ce tableau il oppose celui de l’officier français : « Idolâtre de son honneur et de celui de son souverain ; bravant de sang-froid la mort, avec toutes les raisons d’aimer la vie ; quittant gaiement les délices de la société pour des fatigues qui font frémir la nature ; humain, généreux, compatissant, tandis que la barbarie étincelle de rage autour de lui ; né pour les douceurs de la société comme pour les dangers de la guerre ; aussi poli que fier ; orné souvent par la culture des lettres, et plus encore par les grâces de l’esprit. » Il parcourt ensuite rapidement nos victoires, nos exploits et nos pertes ; il célèbre cette brave noblesse qui partout a versé son sang pour l’État76. […] Toute la fin respire le charme de l’amitié, et porte l’impression de cette mélancolie douce et tendre, qui quelquefois accompagne le génie, et qu’on retrouve en soi-même avec plaisir, soit dans ces moments, qui ne sont que trop communs, où l’on a à se plaindre de l’injustice des hommes ; soit lorsque blessée dans l’intérêt le plus cher, celui de l’amitié ou de l’amour, l’âme fuit dans la solitude pour aller vivre et converser avec elle-même ; soit quand la maladie et la langueur attaquant des organes faibles et délicats, mettent une espèce de voile entre nous et la nature ; ou lorsqu’après avoir perdu des personnes que l’on aimait, plein de la tendre émotion de sa douleur, on jette un regard languissant sur le monde, qui nous paraît alors désert, parce que, pour l’âme sensible, il n’y a d’êtres vivants que ceux qui lui répondent.
Le jeune Saint-Simon fut donc élevé auprès d’une mère, personne de mérite, et d’un père qui aimait à se souvenir du passé et à raconter mainte anecdote de la vieille Cour : de bonne heure il dut lui sembler qu’il n’y avait rien de plus beau que de se ressouvenir. […] Les tentations ne sont jamais pour les hommes que dans le sens de leurs passions : on n’est pas tenté de ce qu'on n’aime pas. […] Saint-Simon, après avoir échappé à bien des crocs-en-jambe, à bien des noirceurs et des scélératesses calomnieuses qui avaient failli par moments lui faire quitter de dégoût la partie et abandonner Versailles, s’était assez bien remis dans l’esprit du roi ; la duchesse de Saint-Simon, aimée et honorée de tous, était dame d’honneur de la duchesse de Berry, et lui-même s’avançait chaque jour par de sérieux entretiens en tête à tête, sur les matières d’État et sur les personnes, dans la confiance solide du nouveau dauphin. […] Et enfin cela était-il d’accord avec le génie de la nation, avec le génie de cette noblesse même qui aimait à sa manière à être un peuple, un peuple de gentilshommes ? […] » Elle dit encore à un autre endroit (2 décembre) : Les Mémoires de Saint-Simon m’amusent toujours, et comme j’aime à les lire en compagnie, cette lecture durera longtemps ; elle vous amuserait, quoique le style en soit abominable, les portraits mal faits ; l’auteur n’était point un homme d’esprit ; mais comme il était au fait de tout, les choses qu’il raconte sont curieuses et intéressantes ; je voudrais bien pouvoir vous procurer cette lecture.
j’ai trop aimé ; dans mon cœur épuisé, Le sentiment ne peut renaître. […] En lisant ces vers, nous sentons s’éveiller et murmurer au dedans de nous cet écho du Vallon : J’ai trop vu, trop senti, trop aimé dans ma vie… On peut dire qu’en général l’élégie de Lamartine commence là où celle de Parny se termine, à la douleur, à la séparation, au désespoir ; mais le poëte moderne a su rajeunir, revivifier tout cela par les espérances d’immortalité et par l’essor aux sphères supérieures : ainsi les plus beaux sonnets de Pétrarque sont ceux qui naissent après la mort de Laure. […] J’ai hâte de sortir de cette triste période et de cette critique ingrate pour retrouver le Parny que nous avons droit d’aimer. […] A ces sorties trop rares, on sentait que le poëte en-lui aimait à se retirer au dedans, mais qu’il n’avait pas péri. […] C’est dans une élégie des secondes Méditations : Aimons-nous, ô ma bien-aimée… La moitié de leurs jours, hélas !
Nous disons neutralité apparente à l’extérieur, parce qu’en le lisant dans ses douze volumes et en l’étudiant impartialement dans sa vie, on reconnaît avec bonheur qu’il n’était nullement neutre, encore moins pervers ; qu’il aimait l’honnête, qu’il le pratiquait pour lui-même, et que son tort est d’avoir eu l’intelligence du mal, mais non le goût. […] Léon X en fit son profit ; il aimait Machiavel ; il regretta d’être privé de la présence de l’oracle politique de Florence, aussi propre à devenir l’oracle politique de Rome. […] Et cependant il s’amusait toujours à aimer et à chanter entre deux détresses. […] Quiconque, dans une souveraineté nouvelle, jugera qu’il lui est nécessaire de se garantir de ses ennemis, de se faire des amis, de réussir par force ou par ruse, de se faire aimer ou craindre des peuples, suivre et respecter par les soldats, de détruire ceux qui peuvent lui nuire, de remplacer les anciennes institutions par de nouvelles, d’être à la fois sévère et gracieux, magnanime et libéral ; celui-là, dis-je, ne peut trouver des exemples plus récents que ceux de César Borgia. » Était-ce là, aux yeux de Machiavel, de l’histoire ou des principes ? […] C’est en partant de ce fait, et non de ce principe de la corruption générale, qu’il dit ailleurs à son prince : « Il vaut mieux dans un pareil monde être aimé, mais il est plus sûr d’être craint.
Il a l’âme tendre, au contraire, la sensibilité vive : dans quelques écrits somme dans les Méditations et les Élévations, dans quelques lettres, il s’est livré, et l’on a pu voir de quelle ardeur il aimait et son Dieu, et les hommes, et quelques-uns parmi les hommes. […] Il aime à élargir en symboles les personnages et les actions de l’Écriture, et il y verse toute la richesse, il y réalise toute la généralité de sa pensée. […] Il a même fait effort pour être bien informé : il n’est pas de ceux qui craignent de savoir, de peur de ne pouvoir plus admirer ou aimer. […] Aussi les plus belles sont-elles celles où il parle des gens qu’il a connus et aimés, de Madame ou du prince de Condé. […] Comme catholique il est attaché à la tradition : il aimera donc en chaque pays les formes anciennes de gouvernement.
Dans l’Anneau du Nibelung on sent une variété plus étrange, une composition plus achevée dans Parsifal : mais Tristan est l’œuvre aimée des psychologues et réalistes. […] » Or, qu’on nous permette de le dire avec la certitude que notre opinion sera un jour commune à tous ceux qui aiment profondément le théâtre : les effets dramatiques produits par l’intime hymen du vers et de la mélodie sont tels dans l’œuvre de Richard Wagner, que, inférieur comme poète à Goethe, égalé, en tant que musicien, par Beethoven, il n’est, comme créateur dramatique, comparable qu’au divin Shakespeare. […] Naïf comme ces pâtres de Norvège qui se plaisaient jadis à entendre autour de la flamme du pin résineux le récit des Scaldes inspirés, il laisse aux histoires primitives leur charme d’enfance ingénue ; mais, penseur et critique, il sait, sans nuire à sa propre émotion ni à celle des autres, montrer la loi nécessaire des événements dans la suite en apparence désordonnée des circonstances, et il contraint l’humanité vieillie à s’aimer, à se haïr, à se plaindre, à se reconnaître en un mot, dans les contes qui l’ont bercée. […] Le vieux poète en aime la nouveauté et il convie le chanteur à poursuivre. […] La jeune fille s’approche de lui doucement, et, sous couleur de lui parler chaussure, s’informe, l’adorable rouée, du sort de celui qu’elle aime, je ne sais pas de plus piquant et poétique dialogue, plus naturel d’accent et soutenu par une instrumentation plus pénétrante et plus nocturne.
Il nous reste à faire un appel à nos ennemis mêmes, à ceux qui aiment la liberté et qui doivent avoir quelques regrets devant leur victoire, devant l’interdiction de notre pièce par mesure administrative. […] Nous n’aimons pas voir sa robe s’accrocher au clou du lupanar, et toute débraillée, titubant à travers les ruisseaux, voir la Muse, le stigmate de l’impudeur au front, s’en aller, psalmodiant des rapsodies sans nom, parmi lesquelles rien ne transpire, ni vérité, ni style, ni inspiration ! […] » — Ma foi, non, nous aimons mieux siffler ! […] Il se passait un an, dix-huit mois, au bout desquels il lui arrivait un accident de voiture, dans le voisinage du château de celle qu’il aimait. […] Une autre pièce a un certain intérêt pour les gens qui sont curieux de l’histoire littéraire des auteurs qu’ils aiment.
Nous aimions à flétrir les hommes politiques et, en général, l’ensemble de la société. […] Il aime l’esprit pour ce qu’il contient de pensée, et la pensée si elle emprunte à l’esprit, pour s’élever, des ailes légères. […] Mais elle aime mieux ça que de rentrer à l’atelier ; et, auprès de ses anciennes camarades, quand elle va les revoir, elle se vante des émotions de la vie de théâtre et de la gloire de la rampe. […] Mais ce commis de magasin, cet employé de ministère qu’elle n’aime pas, qu’elle n’aimera jamais !
Celui-ci l’aime d’un véritable amour ; il a adopté sa vision délicate de la vie réelle et du monde mystique ; il porte un peu, à son chapeau, la cocarde du maître.
Voyez, dans sa Mort du Juif-Errant, qui est un curieux poème philosophique, comme il décrit et le personnage et les premiers moments de l’entrevue qu’il suppose avoir eue avec lui… N’est-ce pas la forme même teintée d’un léger archaïsme qu’André Chénier aimait si fort, et jusqu’à la périphrase d’un tour un peu trop élégant, n’est-elle pas celle dont André Chénier avait le culte un peu superstitieux ?
Dans la première partie : Une aimée et Jours mauvais, M.
Il aime à conglomérer des vers d’égale quantité, qui marquent le rythme fondamental, puis, à en rompre soudain l’harmonie par des crescendo ou des decrescendo inquiétants, à tromper l’oreille, délicieuse torture, par la continuelle surprise de notes inattendues et inappariées.
Nous aimons à féliciter l’auteur de ne s’être pas borné à une plaquette de quelques sonnets plus ou moins harmonieusement groupés, mais de nous avoir donné un vrai poème.
La caducité de l’âge n’eut pas le pouvoir d’amortir les saillies de sa Muse, ni d’altérer ses goûts ; il aima toujours les plaisirs, & les chanta jusqu’à la fin de sa vie.
Ils aiment les entretiens, les récits d’aventures. […] Il est privé, ou, si vous l’aimez mieux, il est exempt de ces soudaines demi-visions, qui, secouant l’homme, lui ouvrent en un instant les grandes profondeurs et les lointaines perspectives. […] Quand le renard s’approche du corbeau pour lui voler son fromage, il débute en papelard, pieusement et avec précaution, en suivant les généalogies ; il lui nomme « son bon père, don Rohart qui si bien chantait » ; il loue sa voix qui est « si claire et si épurge. » Au mieux du monde chantissiez, si vous vous gardissiez des noix. » Renard est un Scapin, un artiste en inventions, non pas un simple gourmand ; il aime la fourberie pour elle-même ; il jouit de sa supériorité, il prolonge la moquerie. […] Le Normand, qui raille les rois saxons, qui déterre les saints saxons et les jette hors des portes de l’église, n’aime que les idées et les vers français. […] Si jamais un homme en un pays fut populaire, c’est celui-là. « C’est lui, dit un vieil historien, que le bas peuple aime tant à fêter par des jeux et des comédies, et dont l’histoire chantée par des ménétriers l’intéresse, plus qu’aucune autre. » Au seizième siècle, il avait encore son jour de fête, chômé par tous les gens des petites villes et des campagnes.
Épictète, et elle ne s’est pas enfermée en une doctrine immuable, mais au cours des saisons et des heures — les saisons et les heures de toute une jeunesse — elle a chanté son émotion immédiate, tout en demeurant maîtresse absolue de sa volonté en présence du monde ; elle sait qu’une âme humaine, dans la fiction qu’elle se crée des êtres et des formes, est la principale collaboratrice, et que le véritable mystère est en elle, non dans les choses… Si elle se laisse attrister par les présages de mort épars dans les bois et dans le ciel d’automne, c’est qu’elle y aura consenti, et elle ne sera point l’esclave même du Beau, ayant écrit ce vers doré : Tâche d’aimer le Beau sans être son amant.
Ceux qui aiment les « Vers d’un Philosophe » de Guyau et les strophes d’Alfred de Vigny se plairont à lire ce livre, où, malgré quelques prosaïsmes, telles pages, les dernières, par exemple, sont empreintes d’une sobre beauté.
Gustave Larroumet Ce poète a regardé la nature française et italienne avec cette sorte de mélancolie que donne l’étude de l’histoire ; à vivre avec les morts, on aime d’autant plus les vivants, mais on contracte comme une tristesse reconnaissante qui, dans les choses du présent, fait toujours leur part à ceux qui y ont laissé-leur trace, en y imprimant une beauté matérielle ou morale dont ils ne jouissaient plus… Vous trouverez encore dans ces vers de lettré et d’artiste de curieux essais métriques.
Dans l’Automne du cœur et le Livre d’heures du souvenir qui révélaient l’âme tendre du poète, nous avions aimé une mélancolie douce que paraît la délicatesse du verbe.
J’aime mieux ses Baigneuses.
Oui, j’aimerais mieux perdre un doigt que de contrister d’honnêtes gens qui se sont épuisés de fatigues, pour nous plaire.
J’aime mieux que l’oiseau ce petit massif de fleurs, de verdure et d’arbustes, placé sur le fond, quoique ce ne soit pas merveille.
Nous connoissons les défauts du Cid encore mieux que vous, lui dirions-nous, mais vous ne pouvez pas sentir aussi-bien que nous les beautez qui nous le font aimer avec ses défauts.
Je suis à la maison pour quelques amis, dont vous êtes, le Mardi soir ; mais j’aimerais vous voir auparavant une fois seul. […] Tout ce que j’ai saisi, dans ce marécage, c’est que les Décadents aiment les majuscules. […] -je l’ai connu à Paris, oui, et longtemps… — Alors, dites-moi, aime-t-il l’Orient ? […] — Alors, il nous aime ? […] Je les aime, qu’ils viennent me dire leurs pensées, leurs desseins.
Comme tous les élégiaques du temps, il est placé au point de vue purement individuel : ce sont des souvenirs d’enfance, des regrets du premier amour, des plaintes sans amertume sur une condition obscure et gênée, des vers harmonieux aux châteaux, aux bois, aux amis qu’il aime ; des vœux de loisir et de rêverie, des confidences de ses goûts qui révèlent une nature aimante et mélancolique.
Il aime les rivages délaissés ; il a ramené de l’oubli les dépouilles opulentes de Rousseau le Pindarique, et il a rendu tributaire jusqu’à notre Lebrun.
Nous nous sommes aimés des lèvres et des yeux ; J’ai voulu qu’un désir t’accompagne en ta vie.
On ne peut, en puisant dans de pareilles sources, que former péniblement un tissu de faits décharnés, & propres à fatiguer le Lecteur, qui aime à trouver dans un Historien, l'homme instruit & capable de suppléer, par sa sagacité, aux obscurités que les Faiseurs de Mémoires ont répandues sur certains événemens.
Moi qui aime à mettre les choses en place, je le transporte d’imagination dans un des appartements du château de Postdam.
Qu’il y avait loin de cette commotion révolutionnaire de trois mois où nous nous étions rencontrés, et j’oserai dire aimés pour la première fois, au branle de la roue du temps ! […] Il en eut un fils auquel il donna le nom de Nicomaque, et qu’il aima tendrement comme il avait aimé la mère. […] Nous aimons à nous figurer qu’à des époques aussi reculées et dans des pays aussi barbares, la politique n’était qu’un vague instinct de la société humaine, sans morale, sans règle, sans définition, sans dénomination, sans tendance, agitant confusément l’humanité au gré de la force et de la ruse, tel, par exemple, que Machiavel dans le Prince l’entendait deux mille ans après. […] Aristophane, dans sa discussion sur l’amour, dit précisément que la passion, quand elle est violente, nous donne le désir de fondre notre existence dans celle de l’objet aimé, et de ne faire qu’un seul et même être avec lui. […] L’amour de soi, que chacun de nous possède, n’est point un sentiment répréhensible ; c’est un sentiment tout à fait naturel ; ce qui n’empêche pas qu’on blâme à bon droit l’égoïsme, qui n’est plus ce sentiment lui-même et qui n’en est qu’un coupable excès ; comme on blâme l’avarice, quoiqu’il soit naturel, on peut dire, à tous les hommes d’aimer l’argent.
Je suis heureux d’avoir obtenu, pour les idées que j’aime, l’assentiment d’un public nombreux et grave dans cette ville d’intelligence et de liberté. […] Parfois il parle et dit : Je suis belle et j’ordonne Que pour l’amour de moi vous n’aimiez que le beau. […] Il importe assez peu, en définitive, que nous vivions quelques années de plus ou de moins, avec un peu plus ou un peu moins de plaisir ou de souffrance ; ce qui importe, c’est d’accomplir notre destinée, c’est d’aimer et de penser, c’est de rendre un grand témoignage de notre humanité. […] Ainsi les vérités qu’obscurcit la décadence de Rome, les vérités du dogme chrétien en suffisante correspondance avec les dogmes bouddhiques, viendront fortifier la doctrine d’une Religion catholique de l’Humanité, quand le temps aura fait son œuvre bienfaisante, quand l’enseignement reconstitué aura préparé des générations capables de concevoir l’idéal humain et de l’aimer pour sa pure vérité. […] Descends alors sur l’œuvre bonne, ô Mort aimée, Mort amoureuse, avec le soir religieux, Et désigne au regard des pasteurs d’Idumée L’étoile du phare ou l’écueil prestigieux : Descends alors sur l’œuvre bonne, ô Mort aimée.
On sait combien les petits garçons aiment à se battre. […] Sans doute, à regarder du dehors ces allées et venues, on ne voit que l’antagonisme des deux tendances, les vaines tentatives de l’une pour contrarier le progrès de l’autre, l’échec final de celle-ci et la revanche de la première : l’humanité aime le drame ; volontiers elle cueille dans l’ensemble d’une histoire plus ou moins longue les traits qui lui impriment la forme d’une lutte entre deux partis, ou deux sociétés, ou deux principes ; chacun d’eux, tour à tour, aurait remporté la victoire. […] J’apprécie un bon plat de viande : tel végétarien, qui l’aimait jadis autant que moi, ne peut aujourd’hui regarder de la viande sans être pris de dégoût. […] Ici encore la science a son mot à dire, et elle le dira un jour si nettement qu’il faudra bien l’écouter : il n’y aura plus de plaisir à tant aimer le plaisir. […] Cette croyance est incompatible avec le mysticisme vrai, je veux dire avec le sentiment qu’ont certaines âmes d’être les instruments d’un Dieu qui aime tous les hommes d’un égal amour, et qui leur demande de s’aimer entre eux.
C’étaient souvent des saillies d’imagination philosophique, non pas sur un tel point spécial et borné, mais sur l’ensemble des choses et leur harmonie, sur la destinée future, le rôle des planètes dans l’ascension des âmes, et l’espérance de rejoindre en ces Élysées supérieurs les devanciers illustres qu’on aura le plus aimés, Platon ou Montaigne. […] Le public, qui aime à faire le moins de frais possible en renommée, et qui est dur à accepter des noms nouveaux, voyant le Globe surgir, tenta d’en expliquer le succès, et presque le talent, par l’influence invisible et suprême de quelques personnages souvent cités. […] L’exposition serait lente, spacieuse, aérée, comme celles de l’Américain dont l’auteur a tant aimé la prairie et les mers115. […] Nous l’avions connu et aimé homme distingué, nous l’abandonnons révélateur et prophète.
Combien qui aiment plus la vérité en spéculatifs que pour l’application, plus comme une conformité avec leur nature intellectuelle, qui flatte leur vanité, comme une règle de conduite immédiate qui les oblige ! […] Outre cette complaisance de l’esprit de doute par laquelle Montaigne se fait tant d’amis, surtout dans notre France, un attrait plus innocent peut-être nous le fait aimer : c’est que chacun de nous s’y reconnaît. […] Tous les esprits cultivés aiment, cet heureux don d’exprimer des choses sensées par un tour piquant qui est proprement l’esprit, si national dans notre pays. […] Jugement admirable sous la plume d’un homme qui aimait Lucain « pour sa valeur propre et la vérité de ses opinions. » 152.
. — C’est à peu près comme si l’on disait : Il n’y a plus de roses ; le printemps a rendu l’âme : le soleil a perdu l’habitude de se lever ; parcourez tous les prés de la terre, vous n’y trouverez pas un papillon ; il n’y a plus de clair de lune et le rossignol ne chante plus, le lion ne rugit plus, l’aigle ne plane plus ; les Alpes et les Pyrénées s’en sont allées ; il n’y a plus de belles jeunes filles et de beaux jeunes hommes ; personne ne songe plus aux tombes ; la mère n’aime plus son enfant ; le ciel est éteint ; le cœur humain est mort. » Le fait est que l’imagination est en l’homme une faculté non moins essentielle et immortelle que la raison ; et c’est pourquoi la poésie non seulement garde à côté et au-delà de la science son royaume inviolable, mais aussi sait puiser dans la science-même des éléments de vie et d’inspiration. […] J’aime mieux, je l’avoue, ce que nous fait entrevoir la science actuelle : les tumultueux bouillonnements de la vie à la surface de notre planète ; la formation lente du végétal et de l’animal dans la vase épaissie et solidifiée ; puis l’homme, ce nain intelligent, perdu d’abord au milieu de ces monstres dont les débris gigantesques nous épouvantent encore, l’homme errant, muet et sombre, parmi ces terribles compagnons, disparaissant dans l’épaisseur des prairies comme la fourmi qui chemine dans les hautes herbes d’aujourd’hui, rencontrant tout autour de lui une nature hostile, des forêts inextricables où le jour pénétrait à peine, des torrents grondants aux eaux fangeuses et au lit changeant, des marais énormes et grouillant de reptiles, séjour de la fièvre et de la mort, des montagnes abruptes cachant dans la nue leur tète neigeuse ou vomissant leurs entrailles en feu. […] Saint-Lambert, le médiocre auteur des Saisons, a dit ce mot profond : « Les anciens aimaient et chantaient la campagne ; nous chantons et aimons la nature. » Et qu’est-ce que la nature ?
On sait que les détracteurs de Wagner aiment à insinuer que son Leitmotif ne lui appartient pas. […] En regard des innombrables métamorphoses par où passe le Leitmotif chez Wagner, je me bornerai à indiquer, parmi les modifications si originales de ce thème de l’« Idée fixe » de Berlioz, la fin du premier mouvement, fortissimo et en accords syncopés, haletants, dominés par la petite flûte aiguë d’un caractère sauvagement désespéré et diaboliquement triomphal, — et encore, et surtout, le fameux épisode du final, en mouvement dansant de 6/8 où la « Mélodie aimée », confiée à la petite clarinette en mi doublée de la petite flûte si vulgairement criarde, est travestie selon la remarque même de Berlioz, en « un air de guinguette triviale, ignoble et grotesque. » On connaît la pensée secrète de Berlioz et le sous-entendu vengeur de cette ironie sanglante à l’adresse de la belle miss Smithson57 az. […] Les critiques autorisés aiment lui rendre justice, le nommant le père de la symphonie. […] Qu’on lise tels airs de Richard cœur de Lion, « Je crains de lui parler la nuit … » « La danse n’est pas ce que j’aime … » les notes y ont la précision merveilleuse de mots ; et puis c’est un âge délicat et léger qui s’épand, tandis que sont inquiètement dandinées les phrases douces.
Un amant qui fait entrer l’incertitude de réussir auprès d’une autre femme, dans les raisons d’être fidèle à celle qu’il aime, ne peut intéresser vivement ; et Plautine qui renonce généreusement à Othon, ne réchauffe pas l’intérêt en lui offrant le dédommagement d’un amour au-dessus des sens. […] Ce récit des acteurs, interposé entre les chants du chœur, étant distribué en plusieurs morceaux différents, on peut le considérer comme un seul épisode composé de plusieurs parties ; à moins qu’on n’aime mieux donner à chacune de ses parties le nom d’épisode. […] Les mauvais poètes tombaient dans ce défaut par ignorance, et les bons par leur complaisance pour quelques acteurs aimés du public, à qui l’on voulait donner des rôles, sans que la contexture de la pièce l’exigeât ou le permît. […] La douleur, le désir de faire passer cette douleur chez les autres, la juste indignation contre les auteurs du désastre dont ils viennent d’être témoins, l’envie d’exciter à les en punir, et les divers sentiments qui peuvent naître des différentes raisons de leur attachement à ceux dont ils déplorent la perte : toutes ces raisons agissent en eux, en même temps, indistinctement, sans qu’ils le sachent eux-mêmes, et les mettent dans une situation à peu près pareille à celle où Longin nous fait remarquer qu’est Sapho, qui, racontant ce qui se passe dans son âme à la vue de l’infidélité de celui qu’elle aime, présente en elle, non une passion unique, mais un concours de passions.
Villemain a vécu… et probablement a mieux aimé vivre, car il nous a offert, pendant un demi-siècle, le spectacle de la plus inaltérable et de la plus curieuse prospérité littéraire. […] Mais, du moins, dans le style de Janin on sent un écrivain qui aime la langue avec ses entrailles. […] aimées de Rousseau le rhéteur, mais qui, au moins, lui, avait quelque chose par-dessous sa rhétorique. […] En France, ce pays positif, vous ne savez pas à quel point on l’aime !
Le National du 3 mai est très-opposé à la philosophie universitaire ; ce n’est pas que le National aime le moins du monde le clergé comme bien vous pouvez croire ; c’est que le rédacteur Armand Marrast est un disciple de Condillac et de Laromiguière, et dèslors un vieil adversaire de l’éclectisme.
Mais il aimait férocement les lettres, et aujourd’hui nous sommes encombrés de jolis et souples écrivains tout prêts à vendre la muse pour le champ du potier.
Charles Baudelaire Gustave Le Vavasseur a toujours aimé passionnément les tours de force.
On l’aime.
J’aime à croire que si Richelieu avait poursuivi ses Mémoires jusqu’à l’année de la mort de Sully, laquelle ne précéda que de peu la sienne, il aurait trouvé d’autres paroles pour rendre justice à un si méritant prédécesseur, et que la pensée morale et humaine exprimée par lui, et qui redouble de valeur sous sa plume, n’aurait pas étouffé les autres considérations d’équitable et haute louange que le nom de Sully rappelle. […] L’Académie française, habile à profiter des vogues nouvelles et à les favoriser, mit au concours l’Éloge de Sully pour lequel Thomas fut couronné (1763) : ce discours de Thomas, « plein de vérités utiles et hardies », comme on les aimait alors, eut un grand succès. […] Quand Tallemant des Réaux, par exemple, s’appuyant du manuscrit d’un ancien secrétaire de Du Plessis-Mornay, c’est-à-dire d’un témoignage ennemi, s’amuse à nous conter que tous les soirs, à l’Arsenal, jusqu’à la mort de Henri IV, Sully, déjà arrivé à la cinquantaine, continuait d’aimer si fort la danse « qu’il dansait tout seul avec je ne sais quel bonnet extravagant en tête, qu’il avait d’ordinaire quand il était dans son cabinet », une telle anecdote, qui n’a aucun rapport prochain ni éloigné avec les actes publics de Sully et qui ne saurait être contrôlée, est indigne d’être recueillie par un historien et n’est propre (fût-elle exacte à quelque degré) qu’à déjouer et à dérouter le jugement général, bien loin d’y rien apporter de nouveau.
» La calme intelligence de ton regard aimé (béni soit l’art qui a pu l’immortaliser et ravir au temps le droit de l’éteindre) brille ici sur moi toujours la même. […] — Mais non, ce qu’ici nous nommons la vie est chose si peu digne d’être aimée, et toi, ma mère, tu m’es si aimable que ce serait te payer bien mal que de contraindre ton esprit délivré à reprendre ses fers… La mort de sa mère livra le jeune enfant aux mains des étrangers ; son père, homme estimable, n’eut point pour ce fils délicat et timide les attentions qu’il aurait fallu. […] Les passions ne semblent pas l’avoir fortement agité ; il aima une de ses cousines germaines qui le paya de retour, mais le père de la jeune lille s’opposa au mariage, et Cowper ne paraît pas en avoir beaucoup souffert.
Quand on ne songe qu’à l’idéal de l’agrément, à la fleur de fine raillerie et d’urbanité, on se plaît à se figurer Voltaire dans cette demi-retraite, dans ces jouissances de société qu’il rêva bien souvent, qu’il traversa quelquefois, mais d’où il s’échappait toujours. « Mon Dieu, mon cher Cideville, écrivait-il à l’un de ses amis du bon temps, que ce serait une vie délicieuse de se trouver logés ensemble trois ou quatre gens de lettres avec des talents et point de jalousie, de s’aimer, de vivre doucement, de cultiver son art, d’en parler, de s’éclairer mutuellement ! […] Dites à Thieriot que je veux absolument qu’il m’aime, ou quand je serai mort, ou quand je serai heureux ; jusque-là, je lui pardonne son indifférence. […] Du Bois Reymond me fait l’honneur de m’écrire à ce sujet, dans une lettre du 11 avril 1868 : « Je crois que les travaux scientifiques auxquels Voltaire s’est livré avec tant d’ardeur pendant son séjour à Cirey, ont fait plus que lui fournir seulement le sujet de quelques beaux vers ; qu’ils ont eu sur son esprit une influence marquée et que c’est à eux, ou, si l’on aime mieux, à la tournure d’esprit qui seule l’en rendait capable, mais que par contre-coup ils tendaient à développer, qu’on doit rapporter ce positivisme qui forme le trait caractérislique de Voltaire.
Il a mieux aimé mettre vaguement son don Diègue en quête par les rues et cherchant son fils presque à tâtons. […] On aime incomparablement mieux ce récit que celui de Théramène ; la rhétorique y paraît moins ou plutôt elle n’y paraît pas, et il y a de plus vraies beautés. […] Si jamais je t’aimai, cher Rodrigue, en revanche Défends-toi maintenant pour m’ôter à Don Sanche.
Il est vrai que le bras de Dieu, qui vous a soutenus dans les guerres passées, n’est pas encore raccourci ; mais si vous faites réflexion qu’un puissant roi s’est joint aux forces de votre prince, que les provisions, les officiers et l’union vous manquent, et que même vos obstinations vous feront abandonner de tous les princes et des États protestants…, vous ne pouvez pas espérer que la Providence divine, qui n’agit pas miraculeusement comme autrefois parmi les Israélites, veuille faire de vos ennemis ce qu’elle fit de Sennacherib ; et la parole de Dieu vous apprend que de se jeter dans les dangers sans prévoir humainement aucun moyen d’en sortir, c’est tenter Dieu qui laisse périr ceux qui aiment témérairement le danger… » On peut se figurer l’effet que dut produire la lecture d’une telle épître sur un auditoire mêlé de personnes timides, de vieillards, de femmes et d’enfants. […] On aime à croire que lorsque Catinat, sur la fin de sa vie, se promenait à Saint-Gratien en philosophe et sans épée, il se disait qu’il avait parfois employé cette noble épée à une œuvre plus qu’équivoque, et qu’il en avait un léger remords comme sage ou même comme chrétien. […] Cette vérité qu’il a aimée et pratiquée lui tourne à bien et à honneur dans presque tous les cas : là où elle lui est, par exception, défavorable et dure, il est juste qu’il la subisse tout entière.
En attendant, il aimait la musique, il faisait sa partie de flûte dans les concerts de la Société philharmonique de Saint-Malo. Il se livrait ardemment à l’exercice de l’escrime, et, sans y être de la force d’un Aimé Martin, célébré encore tout récemment par Lamartine106, il passait pour une bonne lame. […] Confiné à La Chesnaie, il craint plus que tout, dit-il, le déplacement et les aller et venir ; il se figure qu’il est fait pour se tenir coi dans un petit coin : « Je n’aime guère à changer de place, et, à quelques petits tours près dans le jardin, mes jours comme mes nuits se passent dans la salle.
Depuis lors le jeune siècle, comme on disait autrefois, s’est fait de plus en plus mûr, ou, si l’on aime mieux, de moins en moins jeune. […] Tandis que, sous la Restauration, on aimait surtout dans Talma finissant et grandissant un novateur, une espèce d’auteur et de poëte dramatique (et non, certes, le moindre), qui rendait ou prêtait aux rôles un peu conventionnels et refroidis de la scène française une vie historique, une réalité à demi shakspearienne, — il arrive que ce qu’on a surtout aimé dans notre jeune et grande actrice, ç’a été un retour à l’antique, à la pose majestueuse, à la diction pure, à la passion décente et à la nature ennoblie, à ce genre de beauté enfin qui rappelle les lignes de la statuaire.
Il est très vrai qu’il a aimé Montaigne, il est très vrai qu’il l’a plagié. […] Le problème longtemps débattu du scepticisme de Charron fait le principal intérêt de son œuvre : s’il dit d’excellentes choses, j’aime mieux les lire dans Montaigne et dans Du Vair. […] Il aima trop le jeu, la table, tous les plaisirs, et la pauvreté l’affola toute sa vie, parce que ses vices étaient plus forts que ses protecteurs et ses pensions.
Mais il aimera toujours à disserter, sans rire, avec érudition sur des matières scabreuses ; il aura plaisir, dans l’Esprit des Lois, à noter les lois et les coutumes qui blessent le plus nos idées de la morale et de la pudeur, à relever toutes les convenances physiques ou politiques qui peuvent les justifier. […] On n’aime pas alors l’histoire pour elle-même ; et il n’est personne, dans ces études, qui ne recherche les remèdes des maux dont souffre la monarchie française. […] Au point de vue politique, notre démocratie échappe de plus en plus à ses cadres et à ses formules, et le réduit à n’être que le théoricien d’un passé médiocrement aimé.
Paris aime ses spectacles. […] À la porte du Grand Café, tout l’été, stationne une foule avide de saisir les notes aigrelettes d’approximatives tziganes ; — en face du passage des Panoramas, un autre groupe approuve chaque soir la succession d’annonces d’un transparent ; — place du Théâtre-Français, à minuit, une haie respectueuse admire la sortie des sociétaires ; — dans la rue, un cheval glisse, deux cochers se querellent, un agent paraît : c’est assez pour retenir les passants amusés… D’abord, on aime les spectacles et leur cuisine (à preuve, dans les journaux obséquieux, le développement de la rédaction théâtrale : critiques, soireux, échotiers, indiscrétionistes) : au besoin, on se contente du spectacle de tout ce qui se laisse écouter ou regarder. […] Cela suffira pour que, dans des reprises de Patrie ou de Durand et Durand, les vieillards puissent aimer le souvenir de leur jeunesse.
Paris aime ses spectacles. […] À la porte du Grand Café, tout l’été, stationne une foule avide de saisir les notes aigrelettes d’approximatifs tziganes ; — en face du passage des Panoramas, un autre groupe approuve chaque soir la succession d’annonces d’un transparent ; — place du Théâtre-Français, à minuit, une haie respectueuse admire la sortie des sociétaires ; — dans la rue, un cheval glisse, deux cochers se querellent, un agent paraît : c’est assez pour retenir les passants amusés… D’abord, on aime les spectacles et leur cuisine (à preuve, dans les journaux obséquieux, le développement de la rédaction théâtrale : critiques, soireux, échotiers, indiscrétionistes) : au besoin, on se contente du spectacle de tout ce qui se laisse écouter ou regarder. […] Cela suffira pour que, dans des reprises de Patrie ou de Monsieur chasse, les vieillards puissent aimer le souvenir de leur jeunesse.
Et pourtant leur orgueil inconscient aboutissait à dire au public : — Ce qui est bon, c’est ce que j’aime. — Si on leur eût demandé quel garant ils avaient de la justesse de leurs arrêts (car forcément ils en rendaient quand même, et souvent de très durs), ils n’auraient pu que répondre comme la Médée de Corneille : Moi, Moi, dis-je, et c’est assez. […] En vain serait-il convaincu qu’il n’arrivera jamais à éliminer absolument cette cause d’erreur que Sainte-Beuve a signalée en disant : « C’est toujours soi qu’on aime, même dans ceux qu’on admire », il doit travailler à réduire au minimum cet élément subjectif, ou, pour emprunter une expression au langage de la science, ce cœfficient personnel. […] La vie ne se vérifie pas ; elle se fait sentir, aimer, admirer. » L’éminent philosophe me paraît s’être laissé entraîner ici à quelque exagération de pensée ou de langage, et la présente étude a eu précisément pour objet de montrer que le sentiment peut être efficacement aidé, guidé, contrôlé.
Le Chesterfield que nous aimons surtout à étudier est donc l’homme d’esprit et d’expérience qui n’a passé par les affaires et n’a essayé tous les rôles de la vie politique et publique que pour en savoir les moindres ressorts, et nous en dire le dernier mot ; c’est celui qui, dès sa jeunesse, fut l’ami de Pope et de Bolingbroke, l’introducteur en Angleterre de Montesquieu et de Voltaire, le correspondant de Fontenelle et de Mme de Tencin, celui que l’Académie des inscriptions adopta parmi ses membres, qui unissait l’esprit des deux nations, et qui, dans plus d’un essai spirituel, mais particulièrement dans ses Lettres à son fils, se montre à nous moraliste aimable autant que consommé, et l’un des maîtres de la vie. […] Il est à présent à l’école ; mais comme ici on ne songe pas à former les mœurs ou les manières des jeunes gens, et qu’ils sont presque tous nigauds, gauches et impolis, enfin tels que vous les voyez quand ils viennent à Paris à l’âge de vingt ou vingt et un ans, je ne veux pas que mon garçon reste assez ici pour prendre ce mauvais pli ; c’est pourquoi, quand il aura quatorze ans, je compte de l’envoyer à Paris… Comme j’aime infiniment cet enfant, et que je me pique d’en faire quelque chose de bon, puisque je crois que l’étoffe y est, mon idée est de réunir en sa personne ce que jusqu’ici je n’ai jamais trouvé en la même personne, je veux dire ce qu’il y a de meilleur dans les deux nations. […] Sur la religion, il dira, en répondant à quelques opinions tranchantes qu’avait exprimées son fils : « La raison de chaque homme est et doit être son guide ; et j’aurais autant de droit d’exiger que tous les hommes fussent de ma taille et de mon tempérament, que de vouloir qu’ils raisonnassent absolument comme moi. » En toutes choses, il est d’avis de connaître et d’aimer le bien et le mieux, mais de ne pas s’en faire le champion envers et contre tous.
Mallet du Pan, évidemment, était par vocation un observateur, et de ceux qui aiment à faire part de leurs observations à tous. […] « Autant que j’ai pu vous connaître en vous lisant, lui écrivait Joseph de Maistre (homme pourtant d’une autre ligne), il me paraît que vous aimez faire justice. […] Elle développe cet amour de la domination qui forme le second instinct de l’homme ; rendez-lui aujourd’hui l’indépendance, demain il l’aimera comme moyen d’autorité, et, une fois soustrait à la puissance des lois, son premier besoin sera de l’usurper.
Raynouard, auteur d’ailleurs fort estimable et d’un grand talent, nous le représente comme un homme froid, impassible ami de la justice, qui n’a aucune raison d’aimer ou de haïr les Templiers, qui tremble devant un inquisiteur et qui ne semble demander que pour la forme aux Templiers un acte de soumission et de respect. […] Il en était fort content, et aimait à raconter comment il l’avait trouvé : « Eh ! […] On souriait du bonhomme Raynouard, mais on sentait la nature énergique en lui, on le reconnaissait pour maître et on l’aimait.
Il dira dans la même ode, et toujours dans le même sentiment : Vivant, nous blessons le grand homme ; Mort, nous tombons à ses genoux : On n’aime que la gloire absente ; La mémoire est reconnaissante, Les yeux sont ingrats et jaloux. […] Quand on a lu ce plan de poésie ministérielle, adressé « au poète vertueux que j’admire et que j’aime », c’est-à-dire à Le Brun, on trouve que celui-ci l’a exécuté presque avec indépendance, bien qu’il n’ait pu s’empêcher de comparer M. de Calonne à l’aigle : Le hibou peut-il voir de son regard timide Ce que l’aigle et Calonne ont vu d’un œil rapide ? […] Comme tant de poètes vieillissants, il aimait à parler de lui-même et s’y renfermait.
Ce sont les accidents extraordinaires qui lui font considérer ce qu’il en retire ordinairement d’utilité, et que, sans le commandement, il serait lui-même la proie du plus fort, il ne trouverait dans le monde ni justice, ni raison, ni assurance pour ce qu’il possède, ni ressource pour ce qu’il avait perdu ; et c’est par là qu’il vient à aimer l’obéissance, autant qu’il aime sa propre vie et sa propre tranquillité. […] La forme de son esprit est d’être judicieux et raisonneur : c’est un esprit positif, qui aime les affaires, qui y trouve de l’agrément par l’utilité, et qui tient compte des faits dans le plus grand détail.
Nisard aime, admire, juge en perfection, et qui néanmoins se concilient très-difficilement avec son principe de la discipline et du sens commun. […] Enfin il est possible que le génie impérieux de Louis XIV ait passé jusqu’à un certain point dans le génie dominateur de Bossuet ; mais ce n’est pas ce que j’aime le mieux ni de l’un ni de l’autre. […] Lorsque je vois Boileau s’échauffer contre les mauvais ouvrages, comme si c’étaient de mauvaises actions, louer et célébrer avec foi et passion et avec une admiration désintéressée Racine et Molière, lorsque j’entends sa voix mâle et émue demander au poëte l’honnêteté, la dignité, la fierté du cœur, je l’aime et je l’admire avec M.
J’aime ses cheveux crépus et j’en suis content, sans compter qu’il a du caractère, et qu’il est on ne saurait plus vigoureusement colorié, trop peut-être, ainsi que l’enfant. […] Vous aimez encore mieux, me direz-vous, l’extravagant que le plat ; et moi aussi ; mais il y a un milieu entre l’un et l’autre, qui nous convient à tous les deux davantage. […] Ce dont il aime surtout à s’entendre louer, c’est de son faire, qui n’est d’aucun attelier moderne.
Les violettes se cachent sous l’herbe : les petits de l’aigle aiment le soleil. […] Elle servit les siens dès son retour ; on aimait à faire réparation aux Napoléon en cette belle personne ; mais elle sut très bien distinguer le degré, le point juste, où la gratitude la mieux sentie pouvait aller ; et en sachant gré des bons offices envers les présents, elle n’avait garde d’oublier ceux qui restaient captifs ou dans l’exil.
J’aime mieux essayer de les faire sentir que de repasser sèchement toutes les grandes batailles où il fut un des vigoureux artisans, Austerlitz, Auerstaedt, Eylau, Eckmuhl, Wagram, Smolensk, la Moskowa : — une intrépidité de premier ordre, cela va sans dire ; — l’affection de ses troupes qui lui permettait de tirer d’elles de merveilleux surcroîts de fatigue et des combats acharnés au sortir des marches les plus rudes : — « Cet homme me fera toujours des siennes », disait l’empereur, en apprenant une de ces marches sans exemple à la veille d’Austerlitz ; — l’habileté des manœuvres et le coup d’œil sur le terrain, le tact qui lui faisait sentir l’instant décisif, ce talent pratique qui est du tacticien et du capitaine, et qui montre l’homme né pour son art (cela se voit surtout dans sa conduite à Auerstaedt, à Eckmuhl) ; — oser prendre, au besoin, la responsabilité de ses mouvements dans les circonstances critiques, sans se tenir à la stricte exécution des ordres ; et, quand il se bornait à les exécuter, une activité sans trêve. […] Ceux qui ont servi sous le général Friant, questionnés sur ses mérites et qualités, nous ont donné de lui une idée que le colonel Michel, un d’entre eux, a résumée heureusement dans ce vivant portrait : Le général Friant, par son bon naturel, son excellent cœur, ses sentiments généreux, l’humanité qui le dominait, aimait ses soldats, les soignait comme ses propres enfants, vivant de leur vie, se mêlant avec eux, tout en conservant sa dignité ; il en était chéri et estimé au point que pas un d’eux n’eût balancé à sacrifier sa vie pour sauver celui qu’ils appelaient : Notre bon, notre brave père. — (Tombant mortellement blessé près de lui à la Moskowa, un voltigeur lui disait : « Mon général, voilà quatorze ans que je suis sous vos ordres ; votre main, et je meurs content
Béranger tient au terroir ; la nature qu’il peint à la dérobée et qu’il aime, ce sont nos cantons fleuris, notre joli paysage entrecoupé, des vignes, des bois, de petites maisons blanches, Passy, même Surène. […] Quant au dieu de Béranger, c’est un dieu indulgent, facile, laissant beaucoup dire, souriant aux treilles de l’abbaye de Thélème , n’excommuniant pas l’abbé Mathurin Regnier, pardonnant à l’auteur de Joconde, même avant son cilice ; c’est un dieu comme Franklin est venu s’en faire un en France, comme Voltaire le rêvait en ses meilleurs moments, lorsque, d’une âme émue, il écrivait : Si vous voulez que j’aime encore… Théologie, sensibilité, peinture extérieure, on voit donc que chez Béranger tout est vraiment marqué au coin gaulois : qu’on ajoute à cela un bon sens aussi net, aussi sûr, mais plus délié que dans Boileau, et l’on sentira quel poëte de pure race nous possédons, dans un temps où nos plus beaux génies ont inévitablement, ce semble, quelque teinte germanique ou espagnole, quelque réminiscence byronienne ou dantesque.
Ce n’était pas à beaucoup près un travailleur opiniâtre ni un érudit que La Fontaine, ni encore moins un investigateur de manuscrits, comme on l’a récemment avancé196, et il employait ses nuits à tout autre chose qu’à feuilleter de poudreux auteurs, ou à pâlir sur Platon et Plutarque, que d’ailleurs il aimait fort à lire durant le jour. […] D’Urfé, Colletet, mademoiselle de Gournay, mademoiselle de Scudery et beaucoup d’autres illustres de cet âge, aimaient notre ancienne littérature, tout en lui préférant la leur.
C’était un système honorable, spécieux, surtout bien rédigé, et l’on aime tant les bonnes rédactions en France ! […] Messieurs, vous aimez ardemment la patrie : si vous voulez la sauver, embrassez nos belles doctrines.
Nous, nous disons : Il n’y a qu’une cause que nous connaissons directement, c’est celle que nous sentons penser et agir, comprendre et pouvoir en nous, sentir, aimer, vivre en un mot ; vivre de la vie complète, profonde et intime, non-seulement de la vie nette et claire de la conscience réfléchie et de l’acte voulu, mais de la vie multiple et convergente qui nous afflue de tous les points de notre être ; que nous sentons parfois de la sensation la plus irrécusable, couler dans notre sang, frissonner dans notre moelle, frémir dans notre chair, se dresser dans nos cheveux, gémir en nos entrailles, sourdre et murmurer au sein des tissus ; de la vie une, insécable, qui dans sa réalité physiologique embrasse en nous depuis le mouvement le plus obscur jusqu’à la volonté la mieux déclarée, qui tient tout l’homme et l’étreint, fonctions et organes, dans le réseau d’une irradiation sympathique ; qui, dans les organes les plus élémentaires et les plus simples, ne peut se concevoir sans esprit, pas plus que, dans les fonctions les plus hautes et les plus perfectionnées, elle ne peut se concevoir sans matière ; de la vie qui ne conçoit et ne connaît qu’elle, mais qui ne se contient pas en elle et qui aspire sans cesse, et par la connaissance et par l’action, par l’amour en un mot ou le désir, à se lier à la vie du non-moi, à la vie de l’humanité et de la nature, et en définitive, à la vie universelle, à Dieu, dont elle se sent faire partie ; car à ce point de vue elle ne conçoit Dieu que comme elle-même élevée aux proportions de l’infini ; elle ne se sent elle-même que comme Dieu fini et localisé en l’homme, et elle tend perpétuellement sous le triple aspect de l’intelligence, de l’activité et de l’amour, à s’éclairer, à produire, à grandir en Dieu par un côté ou par un autre, et à monter du fini à l’infini dans un progrès infatigable et éternel. […] La puissance encore indomptée de la nature accablait à chaque instant son activité gauche, inégale, sans cesse refoulée sur elle-même ; la férocité des monstres sauvages, l’inclémence des éléments, les déluges, apportaient de tous les points de l’horizon l’effroi et la haine à cet être qui était fait pour aimer.
Un épisode romanesque vient rompre le sanglant récit : Andry, étant encore au séminaire de Kiew, a eu occasion de voir une belle jeune fille, une Polonaise, la fille d’un vaïvode, il l’aime ; or, elle est dans la place avec son père ; elle a reconnu Andry du haut du parapet, elle le lui fait dire. […] La petite histoire intitulée un Ménage d’autrefois, et qui peint la vie monotone et heureuse de deux époux dans la Petite-Russie, est pourtant d’un contraste heureux avec les scènes dures et sauvages de Boulba : rien de plus calme, de plus reposé, de plus uni ; on ne se figure pas d’ordinaire que la Russie renferme de telles idylles à la Philémon et Baucis, de ces existences qui semblent réaliser l’idéal du home anglais et où le feeling respire dans toute sa douceur continue : Charles Lamb aurait pu écrire ce charmant et minutieux récit ; mais vers la fin, lorsque le vieillard a perdu son inséparable compagne, lorsque le voyageur, qui l’a quitté cinq années auparavant, le revoit veuf, infirme, paralytique et presque tombé en enfance, lorsqu’à un certain moment du repas un mets favori de friandise rappelle au pauvre homme la défunte et le fait éclater en sanglots, l’auteur retrouve cette profondeur d’accent dont il a déjà fait preuve dans Boulba, et il y a là des pages que j’aimerais à citer encore, s’il ne fallait se borner dans une analyse, et laisser au lecteur quelque chose à désirer. — En homme, le nom de M.
« Mais, convenons-en, sans manquer de respect à Tacite, la philosophie de l’histoire a eu souvent de bien meilleures inspirations que celle-ci, et il ne faut pas faire des prodiges d’esprit pour apercevoir que, si les hommes n’aimaient pas le pouvoir, ils ne se disputeraient pas pour le pouvoir. […] Et cependant il y a de tels hasards dans les talents, il y a de tels ressorts dans ces imaginations de poëtes, que j’aurais aimé, chez l’éminent critique, à trouver, au milieu des sévérités que j’embrasse, un mot d’exception en faveur de quelques passages du IXe livre, et notamment des discours de Labiénus et de Caton, quand il s’agit de consulter ou de ne pas consulter l’oracle de Jupiter Ammon sur l’issue des choses, sur les destinées de César et de la patrie.
. — Tu dis qu’elle t’aime ? […] — Arrête et ne jure plus ; j’aime mieux te croire sur parole. » Arlequin fait encore une infinité de facéties.
Que vous appreniez comment Hermann, prince régent d’Alfanie de par l’abdication provisoire de son père le vieux roi Christian, et son frère Otto sont tués dans la même nuit, en chapitre final, le premier par sa femme Wilhelmine, le second par un garde-chasse, cela nous intéressera moins que le tragique fait-divers dont l’histoire d’une des grandes monarchies de l’Europe centrale a été éclaboussée l’autre année ; et j’aime mieux les imaginations successives qui m’expliquent, suivant le gré de l’heure, ce drame princier que l’affabulation de livraison populaire qu’y a, dans une préface qui est tout le roman, ajustée M. […] Lentement, on n’a pas de hâte dans ce pays de paresse, ils découvrent qu’ils s’aiment et ni le devoir, ni les vains scrupules n’arrêtent Clotilde, mais seulement l’effroi physique instinctif, le recul au dernier moment devant un homme admirable, mais dont les lèvres ne sont point faites comme les nôtres, ni sans doute le cerveau.
Les moralistes ne peuvent nier ces conflits ; mais ils n’aiment pas à y attacher leur pensée. […] Chez presque tous ses représentants, elle glorifie la sincérité, la noble franchise, compagne de la force ; le courage qui aime et recherche la responsabilité individuelle, qui ne s’abrite pas derrière autrui.
J’aime beaucoup l’ethnographie ; c’est une science d’un rare intérêt ; mais, comme je la veux libre, je la veux sans application politique. […] Ne peut-on pas avoir les mêmes sentiments et les mêmes pensées, aimer les mêmes choses en des langages différents ?
Jésus aimait cette maison et y demeurait habituellement 422. […] Jésus, qui aimait à jouer sur les mots, disait parfois qu’il ferait d’eux des pêcheurs d’hommes 425.
Afin de parfaire 1 000 francs pour se faire aimer par F… » Et Janin éclate de rire. […] Julie… elle a changé de religion, elle aime les hommes à présent !
Vous remplissez cette jeune tête d’un fracas de nombres et de figures qui ne lui représentent rien du tout ; vous l’accoutumez à se satisfaire d’une somme donnée, à ne marcher qu’à l’aide d’une théorie, à ne faire jamais usage de ses forces, à soulager sa mémoire et sa pensée par des opérations artificielles, à ne connaître, et finalement à n’aimer que ces principes rigoureux et ces vérités absolues qui bouleversent la société. […] N’aime-t-on pas autant l’ignorance de Platon, qui appelle cette même nature une poésie mystérieuse ?
Sans contredit, j’aime mieux voir la croupe, la gorge et les beaux bras de Venus que le triangle mystérieux ; mais où est là-dedans le sujet tragique que je cherche ? […] N’est-il pas vrai que vous l’aimez mieux incertain et perplexe, et que vous vous en mettez bien plus aisément à sa place ?
C’est l’histoire d’un pauvre diable d’artiste qui nourrit de son travail un lapin qu’il aime beaucoup et une maîtresse qu’il adore. […] les choux et la salade tant aimés étalaient jusque sous la fenêtre leurs vives couleurs appétissantes.
Elle n’est guère connue que de l’Académie, qui lui a mis sa palme jaunâtre… L’Académie, cette Compagnie de vieillards qui aiment les femmes et qui les couronnent, ne pouvant faire mieux… ou pis, a décerné déjà deux prix à Mlle Clarisse Bader ; mais, en les lui donnant, l’Académie, qui est pour tant de lauréats et surtout tant de lauréates, une succursale du bureau de bienfaisance, n’a nullement fait une aumône à Mme Bader, courageuse fille, qui a bien et dûment gagné ses prix à la sueur de son front… et du nôtre ; car elle n’est pas très facile et très voluptueuse à lire, Mlle Clarisse Bader. […] Cette bonne piocheuse d’Académie qui pourrait recommencer de traduire l’Iliade ; cette Dacier, à plusieurs pans, qui pourrait aussi traduire les Védas, ou le Talmud, ou les Poëmes scandinaves, ou tout autre livre de provenance étrangère et lointaine, est une de ces polyglottes dont Rivarol disait qu’elles ont quatre mots contre une idée… J’aimerais mieux l’idée !
Comme il veut l’éducation de tout le monde, en trois temps il transporte le Petit Journal dans la littérature, le Petit Journal, aimé des portiers et des cochers, et qui est leur catéchisme, sans bon Dieu. […] Il y a, j’aime à le répéter, en Barot une virtualité littéraire ; mais la démocratie, la démocratie radicale, matérialiste, positiviste, la vraie démocratie « de nos abominables jours », comme dirait le vieux Malherbe, l’a saisi et a rapetissé, en l’étreignant, son intelligence, comme lui, en l’étreignant, a rapetissé l’histoire… La démocratie lui a imposé ses besognes.
Il y avait encore cette disposition contradictoire et indisciplinée de l’esprit d’une nation qui aime à se moquer de tout pouvoir établi, et qui fait de la France le pays de la terre le plus facilement anarchique. […] on tombe rudement de haut, quand on tombe de ces maréchaux et de la fonction dont ils étaient investis par le Roi à l’intervention, sans caractère public et obscurément paternelle, de témoins choisis par les combattants qui se fient à eux ; mais, il faut bien le dire, c’est encore le meilleur moyen de moraliser le duel et d’en prévenir les conséquences désastreuses… Pour mon compte, à moi, j’aime à voir refaire la seule législation qui soit possible sur le duel au xixe siècle, libéral et républicain, avec les miettes de la législation brisée de ce despote de Louis XIV, comme on fait une petite maison avec les débris d’un palais… Mirabeau disait un jour, à propos d’un duel qu’il avait refusé : « J’ai refusé mieux !
Si l’espace dont je dispose le permettait, j’aimerais, par exemple, à citer un aperçu sur la comédie que ne pouvait écrire Shakespeare en Angleterre, et que Molière a pu écrire en France, qui me paraît une de ces pages crevant d’idées où il y a certainement plus de choses qu’il n’y a de mots. […] Guizot l’a touchée, cette question, avec cette hauteur impassible de langage qui peut toucher hardiment à tout et voudrait bien l’amener à la lumière, mais il la laisse bientôt retomber dans les ténèbres qui l’enveloppent, — et ceux qui aiment Shakespeare restent épouvantés, ou du moins inquiets, en face de ces Sonnets, d’un sentiment et d’une expression tellement androgynes qu’on se demande si le génie qui parle ainsi est le génie de l’amour ou le génie de l’amitié… Tel est pourtant l’incomplet de cette histoire et de cette critique que nous a donné Guizot dans cette œuvre, trop courte d’ailleurs, intitulée la Vie de Shakespeare.
Il a l’indifférence de l’homme qui n’aime que ses rêves, et qui ne s’intéresse qu’à mademoiselle sa fantaisie. […] Et vous avez eu ce livre inattendu et piquant et qu’on aime, mais comme une belle fille en qui, hélas !
Il prend des airs très fats… « J’ai fait ce roman — dit-il — pour ceux qui aiment à rire (et on sait ce que le mot de ce siècle : “histoire de rire”, peut signifier !) […] que sous le ciel bleu de la Grèce, chez un peuple qui aima la lumière, il se rencontrât une tête indigne de cet azur, — une tête grecque que Phidias n’aurait pas sculptée, car il l’eût faite plus intelligente, — qui allât s’enfouir dans la crasse et dans la poussière des plus noires bibliothèques allemandes, pour en rapporter le détritus de chroniques ignares et menteuses !
Franchement, au point de vue de la grandeur et de la poésie, j’aime mieux Pascal. Je le trouve plus fort… Matérialiste raffiné, qui raffine parce qu’il a l’anxiété de ne pas faire son chemin dans le monde ou de n’être pas tranquille une fois qu’il l’a fait, qui sans cela ne raffinerait point et serait matérialiste sans hypocrisie, Gœthe prise peu la dialectique et n’aime que l’étude de l’objet.
Il chasse de ce Montalembert catholique et devenu libéral, qui tenait au Saint-Siège, mais encore plus à son siège au Parlement ; qui aimait l’Église, mais encore plus la liberté parlementaire. […] Il a vu, en effet, avec un bon sens que sa préoccupation de tolérance n’a pas toujours égaré, que la nation française était encore, à cette époque, catholique jusque dans le fond de ses entrailles, et que le Protestantisme, qui éteint tout, était essentiellement antipathique à l’esprit français, qui n’aime que ce qui est brillant.
qu’on aimerait mieux un peu de passion franche, et, comme disait Shelley, l’athée, « que le serpent, une bonne fois, se dressât sur sa queue et sifflât tous ses sifflements ». Au lieu de ces longueurs indécises, de ces toiles d’araignée philosophiques, de cette mosaïque de filandreuses dissertations qui se lèvent par plaques, sous les pieds de l’esprit, et qui en retardent la marche, qu’on aimerait mieux quelques lignes de conclusions, nettes et courageuses, les articles (enfin arrêtés) du Symbole de la Philosophie, de ce Symbole qu’on nous jetterait à la tête, à nous les arriérés !
droitement enfilés par cette plume froide, déliée et coupante, et que je ne puis m’empêcher d’aimer quand elle me tue un philosophe. […] moins développée), que j’aime mieux respirer, car elle sent son homme, d’esprit : c’est la partie des sophistes contemporains, qui, malheureusement, n’y sont que deux, comme autrefois les députés de Vaugirard n’étaient qu’un.
Tout le drame d’un cœur vierge qu’il nous retrace a pour théâtre l’étroit espace que nous avons mesuré tous, entre notre berceau, couronné des visages aimés qui s’y penchèrent, et la disparition de ces chers visages, les astres et les étoiles de notre vie, descendus derrière l’horizon quand il nous faut achever si longtemps de vivre sans les avoir là pour nous orienter ! […] Or, supposez pour un moment qu’à ces facultés et ces qualités de talent qui tiennent à une âme où le sentiment surabonde et pourrait devenir si aisément de la foi, l’auteur de la Famille eût réuni le catholicisme d’idées, de préoccupation, d’admiration, le catholicisme doctrinal qui maîtrise si bien la vie et l’esprit de ceux qui y croient et qui l’aiment, ce livre éloquent serait devenu un chef-d’œuvre.
La science, d’ordinaire sobre et mordante à force de précision, ne décrit que ce qu’elle a observé ; mais l’auteur de la Création aime surtout à peindre ce qu’il n’a pas vu. « J’aimais — dit-il — à voir et à entendre l’ancêtre des chiens, l’amphycion, hurler au carrefour de la création des mammifères tertiaires.
C’est Lemierre, Delille ou Palissot De Cygne de la mer Égée, il devient une fourmi d’érudit et de travailleur, tirant perpétuellement et péniblement son petit brin de paille, et c’est à navrer le cœur de tous ceux qui aiment les poètes, cela ! […] Justement, les faiseurs et les poursuivants de biographie, tous ces gens qui veulent attacher des notices aux talons des poètes, ces rêveurs qui nous font rêver et qui se révèlent par leurs chants, avaient cru reconnaître les femmes que l’ardent élégiaque a aimées dans ses vers et en avaient écrit les noms.
les éditeurs ont bien mérité des lettres et de ceux qui les aiment. […] Henri IV, que, dans son histoire, il diminue pour rester vrai, l’aimait au point de vouloir le faire servir à ses vices et employer à ses amours, sachant que les femmes qui résistaient au roi ne résisteraient pas au poète, et qu’il les lui prendrait comme les forteresses… Mais il était trop fier faucon pour de telles chasses, et il resta ce que le pur et délicieux Joinville lui-même serait resté, si, par impossible, Saint Louis eût été Henri IV !
Laid de couverture comme un livre utilitaire et tiré à cent exemplaires, pour que le gros public, le Jocrisse aux trois cent mille têtes, s’en torchât le bec, comme dit l’expression populaire avec une insolence qu’ici j’aime. […] les cinquante originaux, si même ils y sont, qui aiment encore le beau dans un temps qui préfère le laid… probablement par fatuité.
Et cependant ce roman n’a rien de ce qui distingue les ouvrages aimés et recherchés, pour l’heure, par ce gros capricieux qu’on nomme le Public. […] Franchement, j’eusse mieux aimé une croix.
Il se serait contenté d’être un conteur, comme Diderot ou comme tout autre conteur de ce xviiie siècle qu’il aime tant. […] j’aimerais mieux qu’il fût moins La Rochefoucauld et moins Chamfort, et que le sentiment chrétien, antipathique à Chamfort et presque inconnu à La Rochefoucauld, éclairât davantage son livre, qu’il rendrait certainement plus beau.
Nous aimons les Aristarques du génie. […] D’un autre côté, la Revue des Deux-Mondes, cette Marianne parlementaire, cet arsenal académique de mécontents où les poltrons conspirent, n’a pas pu faire l’apologie d’un homme qui se souciait peu des académies, qui aimait le pouvoir et qui glorifiait Napoléon.
Écrit sur le peuple et pour le peuple, ce roman ne saurait passer inaperçu aux yeux d’une Critique qui aime à trouver la moralité et le bonheur du peuple dans toutes les préoccupations du Pouvoir. […] Mais qu’importe à cet esprit sincère qui aime la vérité ; toujours prêt à la servir avec la hardiesse insoucieuse d’un homme qui sait que la vie est un passage, — et qui n’a pas peur de mourir, sous la main des Anges, à l’hôpital !
Mérimée, comme tous les faibles qui courent cette grande aventure d’aimer les forts, a été la victime de Stendhal. […] Il aime la clarté et la concision, la ligne la plus courte d’un point à un autre ; il a enfin ce que j’appellerais volontiers les facultés militaires de l’esprit, qui ne sont nullement les grandes facultés artistiques !
Il avait un ami qu’il aimait tendrement, il lui fait élever une statue, et grave au bas une imprécation contre ceux qui abattraient la statue de son ami. […] Pour moi, vivant, je veux être aimé ; et loué, quand je ne serai plus. » Celui qui parlait ainsi méritait de vaincre en disputant le trône.
Jules Barbey d’Aurevilly Nous aimons à louer, avec ferveur et sympathie, un talent très réel, très ému, très naturel et aussi très cultivé, mais il faut bien reconnaître que M. de Châtillon, triple artiste, peintre, sculpteur et poète, qui n’est pas un jeune homme sans expérience, et dont le début pour le public n’est pas un début pour la muse, n’a pas su préserver un talent d’une inexprimable délicatesse, des épaisseurs et des grossièretés de l’art de son temps.
Hippolyte Babou Il est impossible de ne pas estimer et de ne pas aimer Chênedollé : c’est un esprit élevé, une imagination enthousiaste et sympathique, une conscience pure, une âme céleste.
Elles ont ceci de précieux pour moi, qu’elles sont bien réellement le cri, et, malgré l’artifice ici et là, le jaillissement spontané de votre jeunesse, l’expression naïve quelquefois à force d’être insolemment jeune, de vos rêves — et de nos rêves — d’adolescent. elles ont le trouble fiévreux, la violence de possession, le charme impur, et c’est ce qu’il faut, des pubertés qui s’éveillent et qui dans une seule et multiple étreinte voudraient conquérir tout l’amour… en elles, et c’est par là que je les aime, je me revois parmi les images de ma jeunesse, paysages, figures, rêves, de très vieilles choses, déjà un peu effacées aujourd’hui…, impuretés, désespoirs, négations et blasphèmes, tout cela si candide !
Hippolyte Babou Tonin Désaugiers n’est qu’un Boufflers d’arrière-boutique, un épicurien de comptoir ou de bureau, qui, de ses voyages en Amérique, n’a pas rapporté de plus belle découverte que la suivante : J’ai, par terre et sur l’onde, Visité l’étranger, Dans tous les coins du monde Où j’ai pu voyager J’ai vu boire et manger, qui, de son contact avec les événements et les hommes, n’a retiré, pour règle de sa vie, que cette maxime de philosophie et de morale : Aimons bien, buvons bien, mangeons bien.
Maxime du Camp, avec moins de fini, se rattache par le côté de Théophile Gautier à l’école de Victor Hugo ; il aime et cultive la description pour elle-même, il la cherche ; un de ses premiers soins a été de visiter cet Orient que le maître n’avait chanté que de loin et sur la foi du rêve… Il y a de beaux vers, surtout des poussées éloquentes.
Fuster, je dirai qu’elle se passe pendant la dernière guerre ; que deux fiancés, Louise et Pierre, recueille et, soignent un blessé, lequel se prend d’amour pour la jeune fille ; mais le malade, rendu à la santé, retourne parmi les siens ; Louise revient peu à peu à celui qui n’a cessé de l’aimer et oublie ce mirage d’un instant qui avait trompé son cœur.
Il aime les vieux parcs, les hautes charmilles, les allées en berceau, les quinconces déserts.
Maurice Magre est-il tel qu’il sera aimé surtout par ceux qui ont gardé le goût de l’éloquence latine et des amples développements lyriques sur des thèmes éternels.
Et l’on sent à travers tout le volume, malgré, certaines fois, de la monotonie et trop peu de liberté, une imagination délicate, un goût très sûr, un talent souple, qui vous font aimer le poète discret et tendre qu’est M.
Maurice Barrès J’aimerais relire certaine préface que M.
Enfin, en comparant ceci à ce qui fut écrit plus haut, j’aimerais à terminer par cette affirmation : Le rythme nous avertit de la vie en sa marche incessante vers le but ignoré ; l’harmonie, qui en procède, est le signe de notre Prédestination.
Fénelon lui-même n’a pas pu me faire aimer l’esprit de chimère, quoique chez lui le rêve de la perfection vienne du cœur plutôt que de la tête, et que sa vie ait été aussi pure que son idéal.
Jamais homme n’aima plus l’étude : il est vrai qu’il n’a pas toujours fait un bon usage de son savoir.
parce que les uns et les autres haïssaient ce qu’ils avaient et aimaient ce qu’ils n’avaient pas : c’est l’histoire de tous les hommes.
M. de Balzac aime par-dessus tout à passer pour gagner considérablement d’argent. […] Karr passe et aime à passer pour un original. […] Paris est une ville où l’on aime et où l’on comprend l’esprit, et M. […] Chez nous on aime beaucoup M. […] J’aime mieux croire ce qui me flatte !
Elle mourrait, comme Sigrun, sur le cadavre de celui qu’elle a uniquement aimé, si par un breuvage magique on ne lui faisait perdre la mémoire. […] Je pense à mourir au côté de mon seigneur, près de cet homme que j’ai tant aimé… Il tint sa parole, la parole qu’il avait donnée à son chef, au distributeur des trésors, lui promettant qu’ils reviendraient ensemble à la ville, sains et saufs dans leurs maisons, ou que tous les deux ils tomberaient dans l’armée, à l’endroit du carnage, expirant de leurs blessures. […] À cause de cela, elle n’aime rien, excepté toi. […] Comme en Germanie, parmi les tristesses du tempérament mélancolique et les rudesses de la vie barbare, on ne voit dominer et agir que les plus tragiques facultés de l’homme, la profonde puissance d’aimer et la grande puissance de vouloir.C’est pour cela que le héros, ici comme en Germanie, est véritablement héroïque. […] Il n’a point trop de tous les détails d’une peinture complète ; il aime à voir les objets, il s’attarde autour d’eux, il jouit de leur beauté, il les pare de surnoms splendides ; il ressemble à ces filles grecques qui se trouveraient laides si elles ne faisaient ruisseler sur leurs bras et sur leurs épaules toutes les pièces d’or de leur bourse et tous les trésors de leur écrin ; ses larges vers cadencés ondoient et se déploient comme une robe de pourpre aux rayons du soleil ionien.
Comme il l’a aimé, ce poète, qu’il a célébré à l’égal d’un demi-dieu ! Comme il a eu raison de l’aimer ! […] Réjouissez-vous si vous m’aimez, je suis entré dans l’Éternel. […] Je t’aime au-delà de tout l’amour dont j’eusse couvert un simple fils des hommes sorti de mes entrailles. […] Elle n’a jamais vu le libérateur des Indes, mais elle l’a toujours aimé.
Il aime l’art et la liberté ; les causes désespérées l’attirent… Le livre est le reflet de l’homme ; on trouve dans ses vers les mêmes qualités d’élévation et de générosité ; la pensée n’y est jamais étroite ou banale ; les strophes s’élancent fièrement vers l’idéal et peignent bien cette vaillante nature de poète polémiste et de penseur.
Il nous faut avouer que les divers degrés de notre scepticisme sont d’aussi médiocres stations ; nous aimerions vivre et voir vivre activement ; mais pourquoi ?
J’aime mieux une main un peu ardente, que celle qui est engourdie, & qui paroît toujours avoir la crampe aux doigts.
Nous aimons mieux croire que, par une prudence peu ordinaire dans ce Siecle, il préfere l’avantage solide de cultiver, dans le silence de l’étude, les heureuses dispositions qu’il a reçues de la Nature, à l’éclat subit & passager d’une réputation trop prompte.
Chimeres pour chimeres, j’aime mieux, disoit-il, celles qui ont deux mille ans.
Ils aiment mieux plaire quelques instans, se faire applaudir aux dépens du goût & de la raison, que de s'assujettir aux regles qu'exige la véritable Comédie.
Quant à nous, nous aimons mieux croire que l'amour-propre de M. de Saint-Lambert est trop robuste pour s'être laissé aller à une pareille foiblesse.
Les lecteurs aimeront peut-être à s’égarer sur Oreb et Sinaï, sur les sommets de l’Ida et du Taygète, parmi les fils de Jacob et de Priam, au milieu des dieux et des bergers.
« Ce que j’aime encore, c’est que sur un corps robuste ils ne porteront pas une tête rétrécie par le préjugé ; ils n’en avaient point lorsqu’ils sont entrés dans le Corps et ils n’y en recevront point.
J’aimerais mieux avoir croqué ces figures-là où l’on ne discerne presque rien encore que leur action avec l’ordonnance générale, que de m’être épuisé après ce mauvais Milon de Crotone.
Les anges jouent en haut ; le Christ et l’ange s’entretiennent au milieu ; les apôtres dorment en bas ; mais n’allez pas couper cette toile en trois morceaux, j’aime encore moins trois mauvais tableaux qu’un.
Le général Bonaparte controversait volontiers sur les questions philosophiques et religieuses avec Monge, Lagrange, Laplace, savants qu’il honorait et qu’il aimait, et les embarrassait souvent, dans leur incrédulité, par la netteté, la vigueur originale de ses arguments. […] L’homme du 18 brumaire ne pouvait ni estimer politiquement ni aimer M. […] C’est une distinction que celle-là, et assez ridiculement inventée, car on ne porte pas un fusil ou un sabre d’honneur à sa poitrine, et en ce genre les hommes aiment ce qui s’aperçoit de loin. » Le premier Consul avait observé un fait singulier, et il le faisait volontiers remarquer à ceux avec lesquels il avait l’habitude de s’entretenir. […] Le peuple n’est pas de leur avis : il aime ces cordons de toutes couleurs, comme il aime les pompes religieuses.
Il faut être conséquent : si faire son salut est la seule chose nécessaire, on se prêtera à tout le reste comme à un hors-d’œuvre, on n’y sera point à son aise ; si on y met trop de goût, on se le reprochera comme une faiblesse, on ne sera profane qu’à demi, on fera comme saint Augustin et Alcuin, qui s’accusent de trop aimer Virgile. […] Cela démonte fort les petits esprits, qui n’aiment que des formules de deux ou trois lignes, afin de les apprendre par cœur. […] J’aime et j’admire le grand scepticisme désespérant, dont l’expression a enrichi la littérature moderne de tant d’œuvres admirables. […] Nous croyons à tout ce qui est vrai ; nous aimons tout ce qui est beau 47 ; et vous, les yeux fermés sur les charmes infinis des choses, vous traversez ce beau monde sans avoir pour lui un sourire. […] Au lieu de la réalité, vous aimez une abstraction.
Ces sages auront beau se cacher loin de la foule des pervers, ils seront connus des dieux et des hommes qui aiment la vertu. […] Il était âgé d’environ quarante ans, sage, prudent et valétudinaire ; il était marié, il avait des enfants, il aimait sa femme, il en était aimé ; il jouissait de l’estime et du respect de sa famille, de ses amis et de ses concitoyens ; sentiment qu’on n’accorde pas aussi unanimement à un hypocrite de vertu. […] Celui qui dîne et soupe du mensonge n’aime pas celui qui prêche la vérité. […] si le vieux philosophe en était tendrement aimé ? […] J’aime la franchise de ce dernier : « Mon livre, dit-il (Essais, liv.
Ils aiment mieux faire cinq lieues dans la neige que de se rendre en vingt minutes à l’église d’une commune voisine, mais étrangère. […] Mais, dans Chateaubriand, lorsqu’on lit tout, comment ne pas être conquis par les beautés que l’on aima toujours, et peut-être encore plus par les nouveaux mérites qu’on découvre ? […] Giraud, lorsqu’il s’agit de tel de ceux qu’il aime, je ne dis pas une couleur de partialité, mais un reflet d’involontaire et secrète faveur. […] Il nous apparaît à demi subjugué par l’esthétique de Gustave Kahn, esprit original, j’aime à le reconnaître, et poète doué d’une aptitude singulière à évoquer, à faire affluer les images. […] Il aime les mystiques : il a pour l’Espagnole d’Avila, sainte Thérèse, une prédilection ; il ne se lasse pas de méditer sa vie.
Aujourd’hui, mieux regardée et mieux comprise, c’est l’œuvre entière que j’aime en sa beauté diverse et savante, en la haute signification de son ensemble.
Il sait ce qu’il aime et ce qu’il déteste ; son patron, s’il en avait un, serait Saint Barbey d’Aurévilly.
Avec un sentiment plus juste, plus raisonnable de sa vocation, il n’eût pas causé à ceux qui l’ont connu et aimé — c’est presque un pléonasme — le chagrin de le voir, malgré une somme considérable d’efforts, de savoir-faire et de mérite, placé, en fin de compte, au-dessous d’écrivains qui, nés avec moins d’ambition et dans des circonstances plus propices, ont su, quoique très moins doués sous beaucoup de rapports, acquérir des titres plus réels, plus durables à l’estime de la postérité.
Son Ovide Chrétien est dans le même goût ; tout y change de face : les Héroïdes sont des Lettres pieuses ; les Fastes, les six jours de la création ; les Tristes, les Lamentations de Jérémie ; un Poëme sur l’amour de Dieu, remplace celui de l’Art d’aimer, l’Histoire de quelques Conversions tient lieu des Métamorphoses.
Cet agréable badinage sera toujours distingué parmi les Productions originales, qui font aimer aux Etrangers la gaieté Françoise, sans leur donner une mauvaise idée de nos mœurs.
Quel charme a pour vous le danger, Que vous aimiez tant à le suivre ?
Antoine Thomas, qui aime passionnément la langue française et qui l’a suivie jusqu’en ses plus mystérieuses métamorphoses.
J’aime mieux l’ancien médaillon ; il y a plus d’élégance, plus de noblesse, plus de finesse et plus de vie.
Je suis persuadé que son ouvrage rencontrera le succès auquel il a droit : les spécialistes, comme je l’indiquais à l’instant, y trouveront matière à compléter leurs connaissances et sans doute à découvrir des aperçus nouveaux ; la masse du public, elle aussi, voudra lire ce livre et ceux qui le suivront, car, aujourd’hui comme au temps de La Fontaine, nous aimons tous et toujours à nous faire conter l’histoire de Peau d’Ane ; notre plaisir se double même d’une piquante sensation de curiosité lorsque c’est un nègre qui nous la conte, pourvu que ce nègre ait trouvé un interprète aussi averti que l’est M.
En effet c’est une propriété innée de l’âme humaine d’aimer l’uniformité ; lorsqu’elle est encore incapable de trouver par l’abstraction des expressions générales, elle y supplée par l’imagination ; elle choisit certaines images, certains modèles, auxquels elle rapporte toutes les espèces particulières qui appartiennent à chaque genre ; ce sont pour emprunter le langage de l’école, des universaux poétiques.
Je ne sais pas, dans le moderne, de plus frappant désaccord entre la tradition ou, si l’on aime mieux, la légende littéraire et poétique et la vérité historique, de plus éclatant démenti donné par celle-ci à l’autre que l’histoire de don Carlos, fils de Philippe II. […] Il aime à être vêtu avec pompe… Tout en lui dénote qu’il sera d’un orgueil sans égal : car il ne pouvait souffrir de rester longtemps en présence de son père ni de son aïeul, le bonnet à la main. […] Il n’aime personne, qu’on sache ; mais il y a beaucoup de gens qu’il hait à mort.
Je sens toute la générosité de tes soins, la pureté de tes vœux, et plus je les apprécie, plus j’aime ma captivité présente. […] Quiconque sait aimer comme nous porte avec soi le principe des plus grandes et des meilleures actions, le prix des sacrifices les plus pénibles, le dédommagement de tous les maux. » Enfin, dans une dernière lettre du 7 juillet, elle se livre à quelques pensées d’avenir et d’espérance. […] J’aime les extraits et, en les rassemblant, je tâche de faire en sorte que le lecteur tire librement sa conclusion et qu’il la dégage des textes mêmes qui lui sont offerts et soumis.
Jomini était de la suite de l’Empereur à son entrée triomphale à Berlin, le 28 octobre de cette année (1806), et il aimait à rappeler ce souvenir, non par vanterie, mais par manière de leçon, et en présence surtout des anniversaires et des contrastes étonnants auxquels il lui fut donné d’assister dans sa longue vie. […] “Point d’observations, me répondit le maréchal, je ne les aime pas.” […] Je mets l’entretien tel qu’il est dans le livre du colonel Lecomte, et tel que Jomini lui-même aimait à le raconter.
On se lasse, et si l’on aime véritablement les lettres, si une instruction solide n’a cessé de s’accroître et de se raffiner au milieu et au moyen même des épreuves, on est en mesure alors d’aborder ce que j’appelle, en un sens très-général, la critique, c’est-à-dire quelque branche de l’histoire littéraire ou de l’appréciation des œuvres. […] Gabriel Naudé nous dit là son goût de penseur hardi et sceptique, il nous trahit son gibier favori et ce qu’il aime, sans préjudice des autres pièces : philosophe vorace, il lit tout, il y attrape des milliasses de pensées, et les enveloppe à son tour dans quelqu’un de ces écrits indigestes et copieux, vrai farrago, mais qui font encore aujourd’hui les délices de qui sait en tirer le suc et l’esprit. […] Magnin est écrivain, qu’il en a les qualités, le goût, un peu l’entraînement ; il aime à étudier, à connaître, mais pour écrire, pour déduire ce qu’il sait, pour le mettre en belle et juste lumière.
Les philosophes sautent à pieds joints et aiment mieux inventer. […] En France, d’ailleurs, on aime assez que les idées, comme les vins, nous reviennent de l’étranger. […] Comme goût, même dans ce genre spécial, j’aimerais parfois un peu moins de luxe d’érudition en certaines parenthèses, qui font trop souvenir l’irrévérencieux lecteur de ce joli mot de Bonaventure Des Periers : « Que, comme les ans ne sont que pour payer les rentes, aussi les noms ne sont que pour faire débattre les hommes. » Enfin on se passerait très-bien çà et là de quelques petits mouvements comme oratoires, qui sortent de l’excellent ton critique, et qui semblent dire avec Scipion : Montons au Capitole !
Son père, qui continuait à le surveiller de fort près, l’arrache à la société des petits-maîtres : « Ils feront de mon fils un joueur et un libertin. » Il n’aimait pas la femme à qui on l’avait marié. […] Pourtant le cardinal l’appréciait et l’aimait. […] Qu’elle l’ait été par Condé ou par Gassion, cela m’est assez égal, car j’aime autant l’un que l’autre.
Rien n’est annoncé d’avance ; il aime mieux, pour l’efficacité de la leçon, surprendre nos consciences tandis qu’elles sont occupées des autres, et les faire revenir par comparaison sur elles-mêmes, que de les attaquer dogmatiquement, au risque de les trouver en défense derrière des préjugés ou des intérêts auxquels se brisent la vérité impérieuse de La Rochefoucauld et la vérité impitoyable de Pascal. […] Cette morale prend toutes les formes : elle analyse, elle décrit, elle discute ; elle dogmatise aussi, mais plus rarement, car elle craint d’ennuyer ; elle aime mieux captiver l’esprit qu’attaquer la conscience. […] Suard s’en doute bien un peu ; mais, dans le pieux désir de ménager une gloire si populaire, il aime mieux faire tort aux pensées de leur vulgarité qu’à l’auteur. « La justesse d’une pensée, dit-il, la rend triviale. » C’est une excuse d’apologiste, et non une vérité.
L’homme ne communique avec les choses que par le savoir et par l’amour : sans la science il n’aime que des chimères. […] Cela a une clarté analytique et séduisante comme l’aimait le XVIIIe siècle. […] Le règne non contrôlé de l’absolu en politique comme en philosophie est sans doute celui qui procure le plus de repos, et les grands seigneurs qui se trouvent bien du repos doivent aimer un tel régime.
Il aime, en revanche, toutes les expressions qui sont capables d’enjoliver et d’adoucir la pensée. […] « Si je parlais (dit-il à une… vipère qu’il voit pour la première fois), il pourrait m’échapper des traits d’une incivilité qui vous déplairait et que mon respect vous épargne. » Il aime mieux se taire que blasphémer. […] Quand je vois encore Racine transformer un Hippolyte ou un Bajazet en petit-maître ou en amoureux élégiaque, digne de figurer dans les galeries de Versailles, je retrouve le monde là où j’aimerais mieux ne pas le rencontrer.
J’ai, à mes risques, fondé la Revue Wagnérienne, je l’ai soutenue par beaucoup de sacrifices peu soupçonnés, sacrifices de temps, d’argent et autres (et cela malgré le secours à jamais admirable de quelques honnêtes gens épris d’art wagnérien), je l’ai conduite pure radicalement de toute concession et indéniablement vierge de compromis quels qu’ils soient avec l’argent ou la puissance : j’aimerais mieux qu’elle pérît plutôt que de déshonorer ces trois années de dévotion à un idéal d’art très vénéré, plutôt que d’en faire hommage à quelqu’un (même fût-il wagnérien) plutôt que de trahir la religion de mon maître Richard Wagner — celui qui ne craignit pas de faire la guerre aux grands… Et la Revue Wagnérienne, fière de son titre et d’avoir avant tout et constamment été une « revue wagnérienne » aura dit pourquoi, en 1887, après tant de luttes nobles et courageuses, le wagnérisme aura honteusement succombé à Paris. […] — Mon art, c’est ma prière : et, croyez-moi, nul véritable artiste ne chante que ce qu’il croit, ne parle que de ce qu’il aime, n’écrit que ce qu’il pense ; car ceux-là, qui mentent, se trahissent, en leur œuvre dès lors stérile et de peu de valeur, nul ne pouvant accomplir œuvre d’Art-véritable sans désintéressement, sans sincérité. […] Et ce monde que je n’ai jamais aimé fait que je me retire toujours plus en moi-même et dans le petit centre de ceux qui pensent comme moi, par la façon dont il juge cette amitié.
La Branche surtout se flatte d’être rentré dans la bonne voie ; il sert un jeune homme appelé Damis : « C’est un aimable garçon, dit-il : il aime le jeu, le vin, les femmes, c’est un homme universel. […] Lesage était un philosophe pratique ; de bonne heure il aima mieux suivre son inclination et obéir à ses goûts que de se contraindre. […] Il aimait mieux hanter les cafés que les salons
L’abbé Genest était auprès des princes ce qu’ils ont aimé de tout temps (même du nôtre), un mélange du poète et du bouffon. […] On la comparait aux plus grandes reines qui avaient aimé les sciences, à la reine Christine, à la princesse Palatine Élisabeth, l’amie de Descartes, et on lui décernait la primauté. […] C’est une âme prédestinée ; elle aimera la comédie jusqu’au dernier moment, et quand elle sera malade, je vous conseille de lui administrer quelque belle pièce au lieu de l’extrême-onction.
Marmont s’est trouvé en face d’événements plus forts que les hommes ; tout s’arrangera ; il nous reviendra avant peu. » Dans tout ce que je dis ici sur Napoléon, je sens combien la lutte est inégale entre lui et Marmont, et je ne prétends nullement l’établir : mais j’aime à recueillir les bonnes paroles, celles qui tendaient à réparer. Marmont, aux heures habituelles, aimait à résumer ainsi le sens de toute sa conduite avec Napoléon : « Tant qu’il a dit : Tout pour la France, je l’ai servi avec enthousiasme ; quand il a dit : La France et moi, je l’ai servi avec zèle ; quand il a dit : Moi et la France, je l’ai servi avec dévouement. […] Tel, on le voit, tel vivait le duc de Raguse pendant la seconde moitié de la Restauration, oubliant peu à peu ses disgrâces, très aimé de ses amis, absous et plus qu’absous de tous ceux qui rapprochaient, et qui lisaient à nu dans cette nature vive, mobile, sincère, intelligente, bien française, un peu glorieuse, mais pleine de générosité et même de candeur (le mot est d’un bon juge, et je le reproduis) ; piquant d’ailleurs de parole, pénétrant dans ses jugements, parlant des hommes avec moquerie ou enthousiasme, des choses avec intérêt, avec feu et imagination, parfaitement séduisant en un mot, comme quelqu’un qui n’est pas toujours froidement raisonnable.
Il est désormais plus humble, plus circonspect ; il se méfie de ce désir de savoir et de ce besoin de croire, lesquels, combinés dans la jeunesse avec le besoin d’aimer, peuvent se prendre à des idoles et à de faux prophètes : et Rousseau, selon lui, a été un faux prophète. […] Volney, content de ne pas mourir et s’enfonçant dans son fauteuil, s’appliquait aussi le mot de Franklin, qui disait en les voyant, Cabanis et lui, tous deux jeunes alors et pleins d’ardeur : « À cet âge, l’âme est en dehors ; au mien elle est en dedans, elle regarde par la fenêtre le bruit des passants sans prendre part à leurs querelles. » Volney, qui n’était point orateur et qui avait l’organe assez faible, causait bien dans un salon ; il parlait comme il écrivait, avec la même netteté, et cela coulait de source ; on aimait à l’écouter. — Son honneur durable, si on le dégage de tout ce qui a mérité de périr en lui, sera d’avoir été un excellent voyageur, d’avoir bien vu tout ce qu’il a vu, de l’avoir souvent rendu avec une exactitude si parfaite que l’art d’écrire ne se distingue pas chez lui de l’art d’observer, et une fois au moins, dans son tableau de la Syrie, d’avoir le premier offert un modèle de la manière dont chaque partie de la terre devrait être étudiée et décrite. […] I, p. 302) une de ces impressions de lecture comme je les aime et qui ont pour moi du prix : Je viens de lire le nouvel ouvrage de Volney (Tableau du climat et du sol des États-Unis d’Amérique).
* * * Nous tentons de reconstruire avec la lettre autographe, figure à figure, un siècle que nous aimons. […] Ils montrent une femme, une femme du xviiie siècle aimant la vie, l’amusement, la distraction, ainsi que l’aime, ainsi que l’a toujours aimée la jeunesse de la beauté, une femme un peu vive, un peu folâtre, un peu moqueuse, un peu étourdie, mais une femme honnête, mais une femme pure, qui n’a jamais eu, selon l’expression du prince de Ligne, « qu’une coquetterie de Reine pour plaire à tout le monde ».
C’est parce que les images de Télémaque sont devenues des clichés que nous ne pouvons plus les aimer ; mais si elles étaient restées en leur état original, nous ne les comprendrions peut-être plus et nous n’aurions même pas l’idée d’entr’ouvrir le livre pour nous réjouir à des visions énigmatiques. […] Cette méthode est difficile à concilier avec la sensibilité esthétique, et nul, qui aime l’art, ne peut répondre qu’il n’en déviera jamais, l’ayant adoptée : on en laisse le choix aux volontés, selon leurs tendances. […] Il faut les aimer et les craindre : on peut toujours les sous-entendre ; elles sont le filigrane du papier où l’on écrit, quand on sait écrire.
En admirant Élisabeth, l’Angleterre aime son miroir. […] Il aime et loue la France ; il l’appelle « le soldat de Dieu ». […] Il y a en lui de ce Montaigne qu’il aimait.
Pour rendre amatus fui, il faut que nous disions, j’ai été aimé. […] Il y a plus de ces syllabes sonores dans compagnon que dans collegue, et l’un de nos meilleurs poëtes et en même temps, c’est ce qui fait ici, l’un de nos meilleurs constructeurs de vers, a mieux aimé se servir du mot de compagnon que de celui de collegue en une phrase où collegue étoit le mot propre. […] Cette phrase françoise le pere aime son fils, ne sçauroit être écrite que dans l’ordre où je viens de l’écrire : il faut y suivre cet arrangement de mots.
Si l’on aime une femme saine, la nature ne connaît pas encore d’autre mode d’épanouissement de cet amour, que de l’aimer physiquement. […] Le désir d’indépendance et la perspective des mille tracas de la vie de famille ont été sans doute pour beaucoup dans leur stoïque résolution d’aimer uniquement l’abstrait.
que j’aime bien mieux ma joie et mon plaisir, Et toute ma famille, avec tout mon loisir, Que la gloire ingrate et frivole, Dussent mes vers, troublés de ces cris familiers, S’enfuir, comme devant un essaim d’écoliers, Une troupe d’oiseaux s’envole ! […] J’en aimais le péril ; mais la colère de l’Océan n’a pas laissé dans mon âme l’impression que me fait ta grandeur. […] J’aime à le dire aujourd’hui : Lamartine, Victor Hugo, disputent aux cieux de la Havane, à la lumière de l’Andalousie, l’honneur d’avoir éveillé cette vive imagination et suscité une seconde gloire digne de la leur.
Je disais que j’aurais aimé à mettre en regard des poésies si senties mais si funèbres de Leopardi, et qui serrent le cœur, quelques poésies naturelles et également vraies qui le dilatent et le consolent.
Il n’était pas de ceux qui n’aimaient dans la conquête d’Afrique qu’une distraction périlleuse et brillante, une occasion d’avancement, ou la satisfaction détournée d’une idée politique à l’intérieur.
Et ce n’est pas seulement à l’école ou au lycée, quand on fait ses devoirs par obligation, qu’on ne trouve rien à dire : plus tard, dans le inonde, on aime à causer, on veut écrire à de chers amis, on fait le projet de noter ses impressions dans un journal intime.
Il comprend cent soixante-dix sonnets développant tout un roman d’amour qui commence par la floraison des aveux et des premières tendresses, se continue au bord des flots bleus, dans les monts, s’attriste d’une querelle, se poursuit en rêveries, devant la mélancolie des vagues grises, se termine enfin par le sacrifice, le deuil et l’acceptation virile qui n’est pas l’oubli… C’est bien l’histoire commune et éternelle des cœurs… C’est un véritable écrin que l’Amie perdue, un écrin plein de colliers et de bracelets pour l’adorée, et aussi de pleurs s’égrenant en rosaire harmonieux… C’est un des plus nobles livres d’amour que j’aie lus, parce qu’il est plein d’adorations et exempt de bassesses, parce que la joie et la douleur y sont chantées sur un mode toujours élevé, entre ciel et terre, comme le vol des cygnes qui ne s’abaisse pas même quand leur aile s’ensanglante d’une blessure… Je vous assure qu’il est là tel sonnet que les amants de tous les âges à venir, même le plus lointains, aimeront à relire, où ils retrouveront leur propre pensée et leur propre rêve, comme le doux André Chénier souhaitait qu’il en fût de ses vers d’amour… [Le Journal (26 juillet 1896).]
On ajoutera, pour être vrai, qu’il avait, comme Jean des Figues, la main fine et l’âme fière, et l’on gravera une cigale sur son tombeau, de goût presque antique, afin d’exprimer qu’il était naturellement poète et qu’il aimait le soleil.
D’où, pour moi, le poète sui generis et général en lui, le poète par excellence et de préférence, le poète pur et simple, si vous aimez mieux.
Hugues Rebell est un esprit délicat et avisé dont je n’aime presque jamais les conclusions, mais dont toutes les manifestations m’intéressent.
De tels Ecrivains doivent être regardés comme d’adroits Legislateurs, qui se servent des passions pour les combattre ou les diriger vers le bein public, qui, par le sentiment, menent à la vertu, & nous font aimer nos devoirs.
Comment, par exemple, a t-on choisi une telle Piece pour la représenter dans le jour solennel, où le fils de Louis le bien aimé épousa la fille de cette Marie-Thérese, dont les fideles Hongrois ont dit : Rex noster ?
L’amitié des deux frères ne fut nullement altérée ; leur amitié fraternelle s’enrichit au contraire de l’affection de la femme aimée d’Alexandre. […] Puisse le destin, que notre affection implore en tremblant pour toi, t’accorder toujours la même faveur, toutes les fois que l’autre hémisphère attirera tes pas ; puisse-t-il te ramener toujours heureusement aux rivages de ta patrie, le front ceint d’une nouvelle couronne… Pour moi, dans le sein de l’amitié, je ne demande qu’une maison tranquille, où ton nom réveille dans mon fils le désir d’atteindre ta renommée, une tombe qui me recouvre, un jour, avec ses frères… Allez maintenant, mes vers, allez dire à celui que j’aime que ces chants vont timidement à lui, des collines d’Albano ; d’autres porteront plus haut sa gloire, sur les ailes de la poésie… » Pendant qu’Alexandre de Humboldt, faisant collaborer à son œuvre tous les savants français, par un concours de travaux spéciaux dont il leur donnait les sujets, et dont il payait les frais de sa fortune, formait une œuvre sur les régions équinoxiales, dont le prix dépassait déjà 5 ou 6 mille francs l’exemplaire, monument plus digne d’une nation que d’un particulier, Guillaume, chassé de Rome par Bonaparte, rentrait attristé dans sa patrie. […] Il ne voulait pas abandonner son frère tête à tête avec la mort, il aimait sa belle-sœur. […] Guillaume mourut, heureux de mourir pour rejoindre ce qu’il avait aimé.
Jusque-là il n’avait point aimé ; une femme qu’il avait épousée et perdue dans sa jeunesse lui avait laissé, si l’on en juge par quelques expressions de ses lettres, un souvenir amer du mariage. […] Mais avant de s’élever sur les traces de Vittoria Colonna jusqu’à la hauteur mystique des célestes amours qu’elle lui révéla, Michel-Ange avait aimé dans sa jeunesse. […] « En sorte que mille ans après notre départ d’ici-bas, on comprenne combien tu fus belle et combien je t’aimai, et combien la nature rendait impossible de ne pas t’aimer !
Le, défaut de Courier, c’est qu’on sent trop cet art, et l’effort de l’écrivain : nous aimerions un peu plus d’abandon ; et pourtant, en son genre, il fut un vrai artiste, et tout à fait original. […] J’aurais aimé à présenter cet admirable Hyde de Neuville, si héroïque, si dévoué et, ce qui est plus rare, si clairvoyant dans son dévouement aux Bourbons687 : mais il ne fut pas orateur. […] Il était peuple par un côté : il aimait les soldats, les uniformes, le tapage des tambours, l’idée des charges furieuses et des héroïques carnages ; toute la poésie de son âme se ramassait dans ces émotions belliqueuses : il aima la guerre d’Algérie pour son scénario d’épopée militaire, encore plus que pour les résultats.
Ici l’on sent l’effet malencontreux du mot « interminables » placé entre « plages » et « voyages », en revanche j’aime à faire observer l’heureuse disposition, aux derniers vers, des mots âges, arbres, pâles ; celui-ci, dernier écho du son prépondérant de toute la strophe, s’unit par une allitération à la rime, qu’une homophonie annonce elle-même et vient soutenir à la césure. […] En ce bel hymne, œuvre la plus parfaite je crois au point de vue de la forme, se trouvent des passages mélodieux comme celui-ci : Je t’aimai d’un amour de musique Au luth enguirlandé de jasmin, D’un amour de fidèle et de prêtre Qui s’éperd en cantique Dès hier jusqu’en demain ; Et tant je t’ai doucement nommée Que d’un amour un autre vint à naître, Que mon amour et toi n’étiez qu’un être Et la chanson d’amour se fit l’aimée ; J’ai péché pour t’avoir trop doucement nommée… Il s’accumule en nos mémoires mornes Trop de verbeuses, vaines chansons mortes : Nous avons lu la route à trop de bornes, Demandé le chemin à trop de portes ; Je veux la rose, ô Reine dont tu t’ornes, Je veux le lys, que dans ta main tu portes. […] Printanière, dans l’aube éternelle du rêve Et dans l’aurore assise, Elle tisse en rêvant Des choses qu’Elle sait, et sourit ; et, devant Elle, au gré de sa main agile, court sans trêve La navette laborieuse, et le doux vent D’avril emmêle ses cheveux qu’Elle soulève Et rejette sur son épaule ; et, relevant La tête, Elle fredonne un air qu’Elle n’achève… De l’ombre, Elle apparaît, comme en un cadre d’or : Derrière Elle l’azur et des plaines qu’arrose Un fleuve ; et, sur sa tête, un rameau de laurose Étend ses fleurs contre l’azur clair ; — et l’effort Du métier, comme un chant monotone et morose Se plaint très doucement : — on envierait le sort De celui qui baiserait la main qu’Elle pose Négligemment, parfois, et lasse de l’effort… Mais moi, la voyant rire en rappelant sans doute Quelque doux jour mort de sa joie un soir de mai, Je songeai que, peut-être, pour avoir aimé Son rire, d’autres ont repris la lente route Tristes d’un souvenir et le cœur affamé D’un mets où nulle lèvre impunément ne goûte.
Mais, au lieu d’être une flamme légère et brillante, il a mieux aimé rester bloc. […] Appelleront-ils cette histoire, toute en faits, qui les ramasse dans un sac énorme et qui le vide sous leur nez, puisqu’ils n’aiment que cela ! […] Ils le vantaient à lui faire lever les épaules, à lui qui est fier, d’une fierté que j’aime, et qui, quand on lui rend justice, ne songe même pas à dire « merci » ! […] Par une incroyable possession de soi, l’auteur des Origines de la France contemporaine n’a rien laissé transpirer de ce qu’il aime et de ce qu’il pense.
Lorsque les hommes ignorent les causes naturelles des phénomènes, et qu’ils ne peuvent les expliquer par des analogies, ils leur attribuent leur propre nature ; par exemple, le vulgaire dit que l’aimant aime le fer. […] L’esprit humain aime naturellement l’uniforme. […] Les hommes sentent d’abord le nécessaire, puis font attention à l’utile, puis cherchent la commodité ; plus tard aiment le plaisir, s’abandonnent au luxe, et en viennent enfin à tourmenter leurs richesses 28. […] Les hommes aiment d’abord à sortir de sujétion et désirent l’égalité ; voilà les plébéiens dans les républiques aristocratiques, qui finissent par devenir des gouvernements populaires.
S’il croit découvrir, en effet, « mille motifs nouveaux de haïr l’ancien régime », il trouve, en revanche, « peu de raisons nouvelles pour aimer la Révolution ». […] Le comte Louis de Kergorlay, l’un des plus distingués du petit cercle choisi (cela ressort pour ceux-mêmes qui ne le connaîtraient que par la correspondance présente), est un de ces heureux qui méritent de l’être, et qui ont mieux aimé faire le bien en agissant qu’en écrivant.
J’aimerais à les citer, et pourtant je passe. […] André Lefèvre est un poëte élevé, sévère, savant, avec lequel il faudrait compter de près et qu’on aimerait à pouvoir suivre pas à pas.
C’est que la durée de deux phénomènes identiques est la même ; ou, si l’on aime mieux, que les mêmes causes mettent le même temps à produire les mêmes effets. […] Mais pour justifier une définition aussi fondamentale, j’aimerais mieux un autre garant.
J’aimais à lui rendre visite. […] En 1904, un autre manuscrit de Germain Nouveau : Savoir aimer fut publié, à son insu, sous les auspices de la Société des poètes français.
C’est un fait d’expérience journalière que nous venons à aimer une personne à qui nous avons fait du bien fréquemment. […] Tel est le cas du père qui, ignorant l’infidélité de sa femme, aime le fils d’un autre, comme s’il était son fils.
Henri IV, qui aimait et considérait particulièrement Pisani, l’avait chargé de négociations importantes ; ensuite il lui avait confié la surveillance de l’éducation de Henri, prince de Condé. […] Henri aimait passionnément mademoiselle de Montmorency.
Le seul plaisir qu’elle se soit permis, a été celui qu’on goûte à voir ses Adversaires se décrier eux-mêmes, justifier, par leurs excès, les censures portées contre leurs Ecrits ; & si elle eût aimé à se flatter, elle eût pensé, comme tous les honnêtes gens, que la preuve la plus certaine de la bonté de notre Ouvrage étoit l’acharnement qu’on témoignoit contre lui. […] Elle apprendra de plus en plus à se défier des lumieres qui égarent l’esprit & alterent le sentiment ; à réprouver une morale où tout s’évapore en maximes, & livre l’ame à ses passions ; à distinguer ceux qui l’aiment & la servent, de ceux qui la dégradent & la jouent.
Ces nobles cœurs font plaisir à voir, et on aime leurs écrits malgré la singularité de leurs pensées. […] Il a une vraie admiration pour les institutions anglaises, et, sans être, comme on l’a dit récemment, un libéral, il aime à faire remarquer dans l’ancienne constitution de la France les éléments de résistance qu’elle opposait au pouvoir absolu.
De ce que j’ai écrit des articles de critique, il ne s’ensuit pas que j’aie les qualités nécessaires à ce travail, et encore moins que j’aime beaucoup ce genre de littérature. […] Exiger du critique qu’il sache le latin et le grec, c’est peut-être un pédantisme ; passons-lui ce point, s’il peut, sans posséder leur langue, assez connaître les anciens pour les respecter et les aimer.
Les hommes qui aiment le plus la plaisanterie y sont allés, non pour y rire, non pour y siffler… même avec une flûte, mais sérieusement ! […] Il ne s’agit nullement de faire aux femmes, qui aiment tant à être victimes, parce qu’elles savent que c’est la meilleure manière d’être bourreau, le plaisir de leur refuser tout ; mais simplement de reconnaître exactement, — en le déterminant, — ce qu’elles ont, et ce qu’on ne veut pas, certes !
Toutes ces inventions de ragoût pour rendre plus piquant un récit de voyage, pour augmenter l’établissement du lecteur, cette large fleur bête de la flatterie étonnée que les voyageurs aiment à cueillir à leur retour, toutes ces misères de l’esprit ou de l’amour-propre, qu’elles soient des duperies ou qu’elles soient des combinaisons, ne se rencontrent point dans cette relation colorée et nuancée comme la vie, mais pas davantage ! […] Quoique la main sévère et positive de Huc aime à toucher le fond des choses, à sonder l’artère, il a su la promener aussi sur les superficies, sur l’épiderme, et, s’il nous a cassé un peu notre vieille Chine de porcelaine, il nous en a, du moins, rapporté un bon morceau.
J’aime cette audace, et elle a parfois réussi à des esprits perçants et robustes. […] Il est un de ces maigres que n’aimait pas César, parce qu’il était maigre lui-même, et qu’il sentait que là où est la maigreur, il peut y avoir l’action, — l’action formidable… Les Césars actuels le voudraient-ils plus gras ?
Son livre actuel résume son enseignement, et c’est son enseignement que je n’aime pas ; ce n’est pas la manière dont il enseigne. […] Ainsi que les femmes, les esclaves, qui étaient de l’Orient en grand nombre, aimaient les religions orientales, qui leur rappelaient la patrie.
L’auteur des Sociétés humaines a mieux aimé envoyer devant lui ses premiers bagages. […] Mitraud, qu’il ne faudrait pas cependant dilater au point de le perdre, ce christianisme de l’Utopie, que la Philosophie aime à embusquer partout dans l’intérêt de son service et qui, sur les débris des institutions monarchiques, ferait volontiers descendre, — et toujours sous la forme d’une colombe, — un Saint-Esprit par trop désarmé !
« J’aimerais mieux — écrivait dernièrement à un critique de profession un de ces esprits systématiquement gendarmés contre la Critique — faire un petit roman payé mille francs que de la Critique à dix mille francs par an dans vos journaux », et si cette phrase exprimait plus qu’un goût personnel, c’est-à-dire une insignifiance, c’était tout simplement une sottise ! […] Que surtout l’auteur de Monsieur de Cupidon ferme à la clef son xviiie siècle, et qu’il se désinfecte des parfums aigris que tout homme qui a aimé ce siècle funeste emporte fatalement dans sa pensée comme la punition d’un goût dépravé.
Il en a les qualités les plus brillantes : l’amour de l’image, du rhythme, de la langue, qu’il aime un peu comme une courtisane amoureuse et… stérile. […] Les amis et les admirateurs de Banville (car il y en a), les puritains passionnés du style pour le style, les haïsseurs de la cheville, les sacrificateurs à la rime sévère, tous les hommes qui aiment la langue comme un beau vase, dût-on ne mettre rien dedans, trouveront ici leur théorie de la forme et du travail volontaire un peu compromise.
Nous la délivrerons : et redevenue maîtresse d’elle-même, ce n’est ni en amante lointaine, ni en étrangère, ni en exilée qu’elle nous apparaîtra, mais en amie de tous les jours, heureuse d’être aimée au gré de notre désir. […] Laissant là cette abstraite terminologie, nous aimons mieux abandonner aux compétents le soin de juger son œuvre.
Le présent seulement, ou, si l’on aime mieux, la simultanéité. […] Mais au lieu d’en conclure que la durée réelle est hétérogène, ce qui, en éclaircissant cette seconde difficulté, eût appelé son attention sur la première, Kant a mieux aimé placer la liberté en dehors du temps, et élever une barrière infranchissable entre le monde des phénomènes, qu’il livre tout entier à notre entendement, et celui des choses en soi, dont il nous interdit l’entrée.
. — Voici ce passage : « Moi aussi, j’aimerais de grand cœur à croire à un XVIIe siècle futur plutôt qu’à un Du Bartas, mais il n’est pas en nous que cela finisse de telle ou telle manière.
Fontainas j’aime le prestigieux technicien, le poète visionnaire, et un autre qui serait mélancolique un peu comme le cor dont les dernières notes s’étouffent.
Il aime à répandre sur ses vers une teinte plate à la Puvis de Chavannes, uniformément lumineuse et dont les ombres mêmes sont pâles.
Louis Payen aime à évoquer les mythes familiers à tant de lyres surannées.
Ceux de ses héros qu’il donne, en exemple s’asservissent à ce qu’ils pensent leur devoir, et ils aiment à formuler, en des alexandrins abstraits, des maximes morales.
Est-ce par des antitheses pénibles, des phrases sententieuses, des détails apprêtés, des tableaux enluminés, des apostrophes de commande, qu’on fera rougir le vice, aimer la vertu, & respecter les vérités de la Religion ?
Peu m’importe, disoit Scaliger, de savoir si Montagne aime le vin blanc, ou le vin clairet.
De toutes parts s’élevèrent des couvents, où se retirèrent des malheureux trompés par le monde, et des âmes qui aimaient mieux ignorer certains sentiments de la vie, que de s’exposer à les voir cruellement trahis.
Ici, ce sont les Germains : peuples où la corruption des grands n’a jamais influé sur les petits, où l’indifférence des premiers pour la patrie n’empêche point les seconds de l’aimer ; peuples où l’esprit de révolte et de fidélité, d’esclavage et d’indépendance, ne s’est jamais démenti depuis les jours de Tacite.
Je rencontre sur mon chemin une femme belle comme un ange ; je veux coucher avec elle, j’y couche ; j’en ai quatre enfants, et me voilà forcé d’abandonner les mathématiques que j’aimais, Homère et Virgile que je portais toujours dans ma poche, le théâtre pour lequel j’avais du goût ; trop heureux d’entreprendre l’ encyclopédie à laquelle j’aurai sacrifié vingt-cinq ans de ma vie.
Un prince de quarante ans qu’on nous répresente au désespoir et dans la disposition d’attenter sur lui-même, parce que sa gloire et ses interêts l’obligent à se separer d’une femme dont il est amoureux et aimé depuis douze ans, ne nous rend gueres compatissant à son malheur.
Que ceux qui ne voudroient pas faire le choix du sujet d’un poëme épique, tel que je le propose, alleguent donc leur veritable excuse : c’est que le secours de la poësie des anciens leur étant necessaire, pour rendre leur verve feconde, ils aiment mieux traiter les mêmes sujets que les poëtes grecs et les poëtes latins ont traitez, que des sujets modernes où ils ne pourroient pas s’aider aussi facilement de la poësie du stile et de l’invention des premiers.
Au début du combat, l’un de vous que je sais, un membre de la famille de Diâdié, un de ceux que vous aimez le plus de vos concitoyens, décochera la flèche au milieu des ennemis.
Depuis l’ami de l’homme, le chien, avec lequel nous avons passé une partie essentielle de l’espace de temps qui nous a été assigné dans la vie, et dont aucune pensée ne nous est mystère, jusqu’au chat mélancolique qui s’attache à la femme et qui meurt quand elle meurt, jusqu’à la cigogne dont le père, la mère et les petits semblent descendre du ciel pour nous donner l’idée et le modèle des trois amours de la vie de famille, jusqu’à l’innocente brebis, ce champ ambulant et fertile qui nous livre avec son lait la tiède toison qui nous abrite l’hiver, jusqu’à l’éléphant, militaire et politique, qui combat pour nous et qui se soumet aux lois volontaires de la discipline pour honorer les rois ou les chefs armés des nations, nous aurions passé en revue ce monde animé et inférieur créé pour nous aimer et nous aider ; nous aurions cherché et trouvé dans leurs instincts les plus secrets les mystères de leurs mœurs, et, disons le mot, de leurs vertus. […] On voit que son traducteur, qui aimerait à le suivre au septième ciel, souffre, tout en l’excusant, de cette philosophie un peu trop terrestre. […] C’est parce que l’homme aime la loi morale à laquelle il doit obéir, qu’il aime tous ceux, qui de plus près ou de plus loin la pratiquent avec lui, dans la mesure où il nous est donné de pouvoir la pratiquer. […] Une loi suppose de toute nécessité un législateur qui l’a faite ; l’obéissance suppose nécessairement l’empire ; et la raison n’a pas de route plus assurée, si elle en a de plus profondes, pour arriver à Dieu, le connaître et l’aimer.
Il y était aimé et considéré. […] Je lui témoignai aussi que si son discours me semblait très fondé en ce qui regardait l’envoi d’un cardinal, je ne pouvais cependant pas tomber d’accord avec lui sur le choix de ma personne ; que je faisais volontiers abstraction de mon manque de talents et de qualités nécessaires ; mais qu’il existait un autre obstacle majeur qui m’empêcherait d’être désigné pour cette mission ; que si le proverbe si vis mittere, mitte gratum , si vous voulez envoyer, envoyez qui sera agréable, était vrai (comme il l’est du reste), je n’étais pas aimé, et cela apparaissait bien dans les lettres adressées de Paris et dans les conversations que tenaient les amis de la France à Rome. […] Puis, ajouta Cobenzel, j’aime à penser que votre désir de donner la paix à l’Europe, comme vous me l’avez souvent promis, vous décidera à renoncer à cette détermination de ne souffrir aucune addition, aucun retranchement à cet article, d’autant plus que c’est vraiment une calamité de consommer une aussi regrettable rupture pour un seul article, quand on a combiné tout le reste à l’amiable. […] Il enjoignit à son plénipotentiaire de me communiquer la lettre qu’il lui écrivait de sa main, — ce qui fut fait. — En parlant de moi dans cette lettre, il termine ainsi : “Dites au cardinal Consalvi de ma part que, s’il aime son pays, il n’a qu’une de ces deux choses à faire : ou obéir à tout ce que je veux, ou bien laisser le ministère.” […] Ce dernier parlait en notre faveur, parce que la distinction des rouges et des noirs lui déplaisait au suprême degré, les seconds étant beaucoup plus aimés et respectés que les premiers.
J’aimerais autant appeler décrépitude et stérilité les secousses que donne au sein de sa mère féconde le fruit qu’elle va enfanter et qui demande à naître. […] Moi qui l’ai habitée si longtemps, qui l’aime comme une mère, qui lui dois le peu de poésie dont son ciel, ses mers, ses paysages, ses ruines, ont imbibé mon imagination, il m’est impossible de ne pas sentir battre dans ses membres encore enchaînés le pouls immortel de son génie, le génie initiateur de l’Europe. […] XXV Et comment n’aurais-je pas aimé l’Italie ? […] C’est le son de voix d’une personne aimée, inséparable de l’enchantement produit sur nous par la personne elle-même. […] Une impatience juvénile de vivre, de voir, de sentir, de me plonger dans une mer d’impressions tout à la fois redoutées et attrayantes, était le fond de mon caractère d’alors : du feu qui couvait encore, qui craignait et qui aspirait le vent ; un cœur de jeune fille entre l’âge où l’on rêve et l’âge où l’on aime.
Tout le monde aime ou croit aimer, tout le monde a peur, tout le monde est plus ou moins syphilitique. […] A la différence d’Aragon dans Le Traité du style, Crevel aime les vrais voyageurs, ceux qui « partent pour partir ». […] Il aime les voyages comme il aime les femmes, l’alcool certains soirs.
On se prit à aimer pour l’amour d’aimer, à pleurer pour la douceur des larmes. […] Elles comprennent des aptitudes acquises et communes à tout un groupe d’individus : une méthode particulière de penser, une façon spéciale de sentir et de s’exalter, de jouir, d’aimer, de goûter la vie ; et ce qui domine toutes ces ressemblances, c’est le souvenir émouvant des mêmes périls et des mêmes triomphes, des mêmes grandes choses accomplies ensemble. […] Sa conception toute patriarcale de la famille et de l’État, ses instincts autoritaires, son goût pour la pompe et les magnificences décoratives de l’histoire annoncent le chef de clan et, comme il aimait à s’en flatter, le haut baron féodal. […] Nous n’employons pas ce mot dans le sens de Nietzsche, dont nous n’aimons d’ailleurs ni la philosophie ni la littérature.
Il avoue toutefois qu’il l’a aimée avec fureur cette femme ! […] Gautier m’accroche le bras sur le boulevard, s’appuie lourdement dessus, et nous fumons en causant : « Voilà comme j’aime le théâtre… dehors. […] Et comme nous lui avouons notre complète infirmité, notre surdité musicale, nous qui n’aimons tout au plus que la musique militaire : « Eh bien ! […] Se tournant vers Claudin qui vient de s’asseoir à sa table : « Toi tu aimes cela… tu es un civilisé. […] La causerie arrive au xviiie siècle. « C’est le temps que j’aime le mieux, s’écrie Sainte-Beuve.
Mais, s’il ne nous dit que des paroles bonnes et sensées, alors, bien loin d’être troublés par sa venue, nous lui rendrons amitié pour amitié, nous aimerons sa présence et nous respecterons sa voix175. […] Enfin, si, comme il est vraisemblable, Platon a rendu plus fidèlement que Xénophon certains côtés du caractère de Socrate, celui-ci a dû souvent évoquer en souriant le signe divin et le mêler par ironie à des événements sans importance205 ; il a pu quelquefois présenter à ses amis les conseils réfléchis de sa prudence comme des avis mystérieux de la sagesse divine, afin d’éviter une discussion qui, malgré toute son habileté, eût risqué d’être moins persuasive206 ; sans doute aussi, il y avait une part d’ironie dans les rapprochements qu’il aimait à faire entre les grossiers procédés de divination de ses contemporains et le subtil oracle qu’il savait si bien interpréter. […] Enfin la satisfaction morale répandue sur toute sa vie n’a jamais pris la forme d’un sentiment distinct ; on la trouve seulement parmi les raisons qui expliquent à ses yeux le privilège singulier dont il est l’objet : apparemment, il est aimé des dieux, puisqu’ils prennent soin de le garantir de toute erreur. […] [Les stances du poème « A Ninon » commencent effectivement par ces deux vers : « Si je vous le disais pourtant, que je vous aime, / Qui sait, brune aux yeux bleus, ce que vous en diriez ? […] Dans cette nouvelle, un jeune homme, Gilbert, commence à s’intéresser à la jeune comtesse Emmeline qui ne semble pas très heureuse dans son mariage avec M. de Marsan, et après la scène citée par Egger où songeant à elle, il heurte un passant au carrefour Bussy « à qui il venait de dire tout haut : ‘Si je vous le disais, pourtant, que je vous aime ?’
On pourrait, je crois, en dire presque autant de la belle langue attique chez les Grecs, laquelle était certainement quelque chose d’un peu artificiel, bien que se rapportant de préférence au ton et au goût du peuple d’Athènes, tout comme en Italie la belle langue aime à se réclamer du peuple de Florence.
« Je n’ai que trente-cinq ans et pas un cheveu blanc » disait un homme amoureux à une femme trop aimée. « Vous avez l’air d’en avoir », lui répondit-elle.
C’est dans ce mode, sans une fausse note, à ce qu’il me semble, sans broncher une fois sur le fond, ni sur le ton, qu’il nous déduit les aventures des bonnes et des méchantes fées, du diable au moulin, des bons saints et des bonnes bêtes qui les aiment et qui les suivent jusqu’en paradis.
— Le Jour qu’on aime (1898). — Instants de ville (1898).
On a mieux aimé compter sur cette indulgence que de pratiquer des suppressions qui eussent changé le caractère de petites pièces marquées au coin d’une inspiration toute spontanée.
Villemain la comprit, l’aima, la dépeignit en traits immortels.
Ceux qui aiment l’esprit, les graces la finesse & la gaieté, trouveront ces heureuses qualités éminemment reconnues dans presque toutes les Productions de cet Académicien.
Nos amateurs sont des gens à breloques ; ils aiment mieux garnir leurs cabinets de vingt morceaux médiocres que d’en avoir un seul et beau.
Les rapports ont un attrait si picquant, qu’on ne sçauroit se défendre d’aimer à les entendre ; et en des matieres pareilles à celles dont il s’agit ici, il n’est ni mal honnête, ni dangereux de contenter la curiosité des personnes interessées.
C’est un hasard, ajoute-t-il, qui lui a fait faire du théâtre, qu’il n’en fera sans doute plus, et qu’alors il aime mieux ne pas être joué, que d’être joué avec une interprétation, qui n’est pas dans ses vues. […] Nous n’aimons pas l’imaginé du livre, le suicide de la femme, mais nous trouvons bien, très bien toute la reproduction de la réalité, que Rosny a rencontrée dans la vie, et nous le reconnaissons comme un grand et puissant analyste de la souffrance humaine. […] mais chez nous, quand l’âme est prise si violemment, se peut-il que la chair s’absente d’un concert, où tout chante le désir d’aimer ! […] Ce soir, je tombe au cirque, à mon spectacle aimé des tours de force, au vrai spectacle, et me voilà, avant le commencement de la représentation, me promenant avec une certaine jouissance dans les antichambres et les écuries de ce lieu, que j’ai un peu immortalisé dans Les Frères Zemganno. […] La fenêtre qui, dans le démansardage des chambres formant le Grenier, a pris la profondeur de ces fenêtres du moyen âge, où de chaque côté se trouve un petit banc de pierre, est devenue, en cette baie retraitée, qui a du jour jusqu’à la nuit, le lieu d’étalage des gravures et des dessins aimés.
Le premier aime les descriptions accentuées, burinées, individuelles ; il aime qu’un fait soit distinct d’un autre fait ; il tranche les différences, les rend saillantes, les met en relief, comme un physiologiste qui fait gonfler un vaisseau invisible pour le rendre visible. […] Il les dessine, il les grave, il les calque, il aime le trait cru et tranché, il aime enfin les monographies. […] Il aime l’embryogénie de la race humaine ; M. Taine en aime la physiologie et surtout la pathologie. […] Caro fût fait ; mais, maintenant qu’il est fait, j’aimerais assez qu’on s’occupât d’autre chose que de critiquer les opinions d’autrui.
si vous m’aimez il faut toujours dormir ! […] Dans ton âme lorsqu’elle s’aime ? […] Il ne faut pas dire : Juliette voit Roméo, elle l’aime et elle « brûle » intérieurement. […] Mais : Juliette voit Roméo, elle « brûle » et elle connaît qu’elle aime. […] La critique est autorisée à aimer, plus que ne le fait le public, les écrivains qui l’aident dans cette tâche, qui se placent bien dans ses séries, qui lui fournissent de la belle pierre pour sa construction.
Comment donc et pourquoi le succès en a-t-il été si vif en son temps, si considérable, européen autant que français ; et nous-mêmes, qu’en aimons-nous ou qu’en admirons-nous encore ? […] On aimerait parler longuement et à loisir d’André Chénier. […] Païen comme Ronsard, aussi profondément païen dans ses Idylles que l’auteur des Hymnes et des Sonnets à Cassandre, c’est comme lui, Ronsard, qu’il a aimé, qu’il a senti, qu’il a conçu la nature. […] Règne en tyran cruel ; aime à la voir souffrir. […] La meilleure édition des Œuvres, très imparfaite et très insuffisante, est celle d’Aimé Martin, en 12 vol. in-8º, Paris, 1826, Dupont, à laquelle il faut joindre une Correspondance, très incomplète aussi, en 4 vol., Paris, 1826, Ladvocat.
Vous avez dit ce qui était à dire : il aimait l’esprit et il en avait ; il avait un grand sens, — ce bon sens qui se trouve au fond de tout bonheur : il y mêlait, comme vous l’observez très bien, quelque légèreté (mot qui étonne à première vue) et de l’inconstance.
Jeune homme, qui vous destinez aux lettres et qui en attendez douceur et honneur, écoutez de la bouche de quelqu’un qui les connaît bien et qui les a pratiquées et aimées depuis près de cinquante ans, — écoutez et retenez en votre cœur ces conseils et cette moralité : Soyez appliqué dès votre tendre enfance aux livres et aux études ; passez votre tendre jeunesse dans l’etude encore et dans la mélancolie de rêves à demi-étouffés ; adonnez-vous dans la solitude à exprimer naïvement et hardiment ce que vous ressentez, et ambitionnez, au prix de votre douleur, de doter, s’il se peut, la poésie de votre pays de quelque veine intime, encore inexplorée ; — recherchez les plus nobles amitiés, et portez-y la bienveillance et la sincérité d’une âme ouverte et désireuse avant tout d’admirer ; versez dans la critique, émule et sœur de votre poésie, vos effusions, votre sympathie et le plus pur de votre substance ; louez, servez de votre parole, déjà écoutée, les talents nouveaux, d’abord si combattus, et ne commencez à vous retirer d’eux que du jour où eux-mêmes se retirent de la droite voie et manquent à leurs promesses ; restez alors modéré et réservé envers eux ; mettez une distance convenable, respectueuse, des années entières de réflexion et d’intervalle entre vos jeunes espérances et vos derniers regrets ; — variez sans cesse vos études, cultivez en tous sens votre intelligence, ne la cantonnez ni dans un parti, ni dans une école, ni dans une seule idée ; ouvrez-lui des jours sur tous les horizons ; portez-vous avec une sorte d’inquiétude amicale et généreuse vers tout ce qui est moins connu, vers tout ce qui mérite de l’être, et consacrez-y une curiosité exacte et en même temps émue ; — ayez de la conscience et du sérieux en tout ; évitez la vanterie et jusqu’à l’ombre du charlatanisme ; — devant les grands amours-propres tyranniques et dévorants qui croient que tout leur est dû, gardez constamment la seconde ligne : maintenez votre indépendance et votre humble dignité ; prêtez-vous pour un temps, s’il le faut, mais ne vous aliénez pas ; — n’approchez des personnages le plus en renom et le plus en crédit de votre temps, de ceux qui ont en main le pouvoir, qu’avec une modestie décente et digne ; acceptez peu, ne demandez rien ; tenez-vous à votre place, content d’observer ; mais payez quelquefois par les bonnes grâces de l’esprit ce que la fortune injuste vous a refusé de rendre sous une autre forme plus commode et moins délicate ; — voyez la société et ce qu’on appelle le monde pour en faire profiter les lettres ; cultivez les lettres en vue du monde, et en tâchant de leur donner le tour et l’agrément sans lequel elles ne vivent pas ; cédez parfois, si le cœur vous en dit, si une douce violence vous y oblige, à une complaisance aimable et de bon goût, jamais à l’intérêt ni au grossier trafic des amours-propres ; restez judicieux et clairvoyant jusque dans vos faiblesses, et si vous ne dites pas tout le vrai, n’écrivez jamais le faux ; — que la fatigue n’aille à aucun moment vous saisir ; ne vous croyez jamais arrivé ; à l’âge où d’autres se reposent, redoublez de courage et d’ardeur ; recommencez comme un débutant, courez une seconde et une troisième carrière, renouvelez-vous ; donnez au public, jour par jour, le résultat clair et manifeste de vos lectures, de vos comparaisons amassées, de vos jugements plus mûris et plus vrais ; faites que la vérité elle-même profite de la perte de vos illusions ; ne craignez pas de vous prodiguer ainsi et de livrer la mesure de votre force aux confrères du même métier qui savent le poids continu d’une œuvre fréquente, en apparence si légère… Et tout cela pour qu’approchant du terme, du but final où l’estime publique est la seule couronne, les jours où l’on parlera de vous avec le moins de passion et de haine, et où l’on se croira très clément et indulgent, dans une feuille tirée à des milliers d’exemplaires et qui s’adresse à tout un peuple de lecteurs qui ne vous ont pas lu, qui ne vous liront jamais, qui ne vous connaissent que de nom, vous serviez à défrayer les gaietés et, pour dire le mot, les gamineries d’un loustic libéral appelé Taxile Delord.
Dans les campagnes nues ou dans les cathédrales fleuries, qu’il regarde la mélancolie de l’Escaut jaune et gris ou la sérénité des vieux vitraux couleur de mer, qu’il aime les douces Flamandes aux bras nus ou Marie-aux-cloches, Marie-aux-îles, Marie-de-beaux-navires, Max Elskamp est le poète de la Flandre heureuse.
Vivez longtemps pour la science, pour ceux qui vous aiment ; vivez pour notre chère patrie, qui se console de bien des défaillances en montrant au monde quelques enfants tels que vous.
Plus on regarde ces deux petits tableaux, plus on les aime, parce qu’il y a de la simplicité et du naturel.
Excepté une certaine aristocratie de forme que nous aimons à retrouver dans leur livre, il n’y a rien, du moins pour nous, dans leur histoire, qui indique l’énergie d’une pensée arrêtée et approfondie et l’enthousiasme ou la fermeté d’une conviction.
Souvent un maître n’aime pas la vérité, craint les raisons, & aime mieux un compliment délicat que de grands traits. […] J’aime ce peuple, dit-il dans son Misopogon, parce qu’il est serieux & severe comme moi. […] On a vû des souverains qui ayant une gloire réelle, ont encore aimé la vaine gloire, en recherchant trop les loüanges, en aimant trop l’appareil de la représentation. […] J’aime mieux ces forêts altieres Que ces jardins plantés par l’art. […] Daniel a beau prétendre que les premiers tems de la France sont plus intéressans que ceux de Rome : il ne s’apperçoit pas que les commencemens d’un si vaste empire sont d’autant plus intéressans qu’ils sont plus foibles, & qu’on aime à voir la petite source d’un torrent qui a inondé la moitié de la terre.
Les parents apprennent aux enfants bien portants à manger de tout, et, s’ils n’aiment pas le veau ou les haricots, quelques suppressions de dessert et quelques claques les conduisent à faire tout comme s’ils les aimaient. Les mêmes parents apprennent aux enfants malades à ne pas manger de tout ce qu’ils aiment, et à se priver de ce que le médecin interdit. […] Elle n’est guère exercée que par des professeurs, qui aiment discuter entre eux, mais qui n’aiment guère être discutés du dehors. […] « Aristophane, écrit-il ailleurs, aimait Eschyle par cette loi d’affinité qui fait que Marivaux aime Racine. […] N’oublions pas le dernier point, et aimons-le comme Voltaire.
Je suis au Japon, j’aime le Japon, je parle le japonais et, comme on dit dans les vieux drames : « Profitez, usez de moi… » Docteur Michaut. […] Mais, à côté de la méchante femme, il y a un bon ménage qui aimait ce moineau, et le mari et la femme s’en vont criant dans les champs et les bois : « Qui a vu le moineau à la langue coupée ? […] Il est donc convenu que la mère laissera la porte du jardin ouverte, la nuit ; et, dans l’ambition de ce puissant mariage, elle arrive à décider sa fille, qui n’aime pas du tout ce jeune homme, à le recevoir. […] Il est aussi de mode de dessiner les yeux ainsi (et ce sont des dessins d’yeux avec un point noir au milieu), mais je n’aime pas plus ces yeux que les nez. […] Houki, Kaivasaki, Masouda ; mais le Japonais n’aime pas la publicité autour de ce qu’il possède, et le catalogue de l’œuvre d’un peintre est très difficile à établir en ce pays artistique.
On se passionne, on l’aime ou on ne l’aime pas, personne ne reste indifférent. […] J’ai eu faim et j’ai pleuré devant lui ; et, devant lui, j’ai aimé, j’ai eu mes plus grands bonheurs. […] Il aime mieux son ballon que ses filles, et il sacrifie ses filles. […] Paul Alexis, est un de mes vieux amis, un garçon de grand talent que j’aime beaucoup. […] Aimons la vérité, et nous vaincrons.
Il est mort entouré de ceux qu’il aimait, et, sauf le sentiment de leur tristesse, n’emportant de ce monde ni doutes, ni craintes, ni regrets. […] Ils aiment le pouvoir et la gloire, non par besoin d’orgueil, mais par amour de la beauté. […] Ses deux facultés primordiales sont celles de connaître et d’aimer ; il existe en elle une région intellectuelle et une région affective : l’esprit et le cœur. […] C’est pourquoi l’art est chargé d’exprimer seulement la beauté des choses afin de nous faire aimer le monde divin que cette beauté représente. […] Mais c’est moins par l’horreur du mal que par la sympathie naturelle pour le beau que la poésie nous gouverne ; si son langage nous fait aimer la nature parce qu’il nous montre Dieu au fond, il nous fait aimer l’homme parce qu’il nous fait deviner à travers ses misères et ses faiblesses un être créé à l’image de Dieu et destiné à s’unir à lui.
Aimé Martin.
. — Sans doute, et les femmes doivent en convenir ; il est assez doux de plaire et d’exercer ainsi sur tout ce qui vous entoure une puissance due à soi seule, une puissance qui n’obtient que des hommages volontaires, une puissance qui ne se fait obéir que parce qu’on l’aime, et disposant des autres contre leur intérêt même, n’obtient rien que de l’abandon, et ne peut se défier du calcul ; mais qu’a de commun le jeu piquant de la coquetterie et le sentiment de l’amour ?
Vous pouvez aimer votre vieux jardinier, sans être capable d’écrire ces simples mots : « Maître Paul vient de mourir ; notre jardin en est tout triste ».
Des poètes qui, comme lui, ont déjà conquis la renommée, on aimerait quelque effort nouveau.
Gregh est un poète heureusement doué ; c’est un travailleur qui aime son art ; c’est un ouvrier habile.
Charles Guérin est un désenchanté ; il appartient à cette génération saturée de science qui ne sait plus croire, qui ne peut plus aimer, et qui exhale en chants amers le regret de son impuissance.
Il aime le crime pour ce qu’il a de pittoresque.
À triompher dans les rôles de Phèdre et d’Andromaque, elle nous fera aimer Racine qu’elle a sorti de l’exil où l’avait confiné l’anathème romantique et sèmera ainsi les germes d’une future renaissance classique.
Chacun des trois volumes des précédentes éditions représentait la manière de l’auteur à trois moments, et pour ainsi dire à trois âges différents ; car, sa méthode consistant à amender son esprit plutôt qu’à retravailler ses livres, et, comme il l’a dit ailleurs, à corriger un ouvrage dans un autre ouvrage, on conçoit que chacun des écrits qu’il publie peut, et c’est là sans doute leur seul mérite, offrir une physionomie particulière à ceux qui ont du goût pour certaines études de langue et de style, et qui aiment à relever, dans les œuvres d’un écrivain, les dates de sa pensée.
On aime encore à lire la profession de foi de l’illustre chancelier d’Angleterre, et la prière qu’il avait coutume de dire avant de se mettre au travail.
J’aimerais mieux n’avoir pas à répéter cette chose déjà dite, mais j’y suis d’autant plus forcé, que dans ce premier volume des Poètes au xixe siècle, il y a des absences, comme celles de M. de Lamartine, d’Alfred de Musset et de Béranger, qui ne sont pas des omissions !
XII Cette sœur du Tasse, Cornélia, objet, comme on l’a vu, de tant de sollicitude de son père et de son frère, avait été mariée malgré eux, par ses oncles avides, à un gentilhomme de Sorrente, nommé Mazio Sersale, qui l’aimait, à condition qu’il ne réclamerait jamais la fortune de sa femme dans la dot de leur sœur Porcia, femme de Bernardo Tasso. […] Y a-t-il une preuve plus évidente qu’Alphonse ne punissait pas dans le Tasse l’audace d’aimer sa sœur Léonora ? […] J’aurais mieux aimé, reprit-il, devoir cette faveur à votre volonté qu’à la fortune ; mais enfin, quoiqu’il en soit, j’aurai le plaisir de vous donner l’hospitalité. […] Celui-ci cessa aussitôt ses questions, et dit : Quel qu’il soit, il est le bienvenu dans une maison où l’on aime à honorer et à secourir les étrangers.
Il n’adressa jamais la parole à son chambellan ; son esprit tout sensuel ne s’élevait pas à la hauteur d’une idée, il n’aimait de la royauté que ses vices, une réforme aurait dégradé le trône à ses yeux. […] Madame de Pompadour elle-même sacrifia Voltaire qu’elle aimait à l’antipathie du roi. […] XV La cour de Berlin ressemblait à celle de Denys de Sicile : un roi jeune, vainqueur, absolu, très-élevé par le génie et par l’instruction au-dessus de son peuple, aimable quand il avait intérêt à être aimé, terrible quand il fallait être craint, prince grec au milieu des Teutons demi-barbares, joignant aux élégances d’Athènes les mœurs suspectes de la Grèce, philosophe par mépris des hommes, poëte par contraste avec son rang, réunissait autour de lui une société nomade d’aventuriers d’esprit, fuyant leur patrie et cherchant fortune. […] Entends, Dieu que j’implore, entends du haut des cieux Une voix plaintive et sincère ; Mon incrédulité ne doit pas te déplaire, Mon cœur est ouvert à tes yeux ; L’insensé te blasphème et moi je te révère ; Je ne suis pas chrétien, mais c’est pour t’aimer mieux.
» Même observation pour la scène où Valère représente à Harpagon qu’il aurait tort de marier sa fille à un homme qu’elle n’aime pas. « Sans dot ! […] Qu’un autre homme, par douceur de caractère, égoïsme ou dédain, aime mieux dire aux gens ce qui les flatte, ce n’est que de la vie encore ; il n’y a rien là pour nous faire rire. […] Par un instinct naturel, et parce qu’on aime mieux, en imagination au moins, être dupeur que dupé, c’est du côté des fourbes que se met le spectateur. […] Quelquefois la phrase banale, sous le couvert de laquelle l’absurdité passe, est un peu plus difficile à apercevoir. « Je n’aime pas à travailler entre mes repas », a dit un paresseux.
« Les gens sérieux », dit-il, « par un remords un peu tardif, n’aimeront peut-être pas cet amusement qui ne m’a pas coûté plus de sept ou huit jours. » Et, pour s’excuser, il allègue les exemples notables d’avocats et de magistrats qui se sont déridés aux Lettres. […] Si vous les avez, vous êtes bien heureux ; si vous ne les avez pas, vous le serez : elle est inimitable ; de rien elle fait quelque chose, et quelquefois de quelque chose rien ; mais c’est un rien que l’on aime mieux que tout. Ce sont des lettres à sa fille, où il y a plus d’amour que les amants n’en ont dit depuis que l’on a commencé d’aimer ; enfin j’en suis enchanté et je ne finirais point mes louanges, si je les louais comme il faut.
Les circonstances récentes ont fait apparaître dans notre Parlement, en matière d’affaires étrangères, deux partis extrêmes, également dangereux : l’un qui rêve de conquêtes et aime la guerre, soit pour elle-même, soit pour les révolutions qu’elle peut faire naître ; l’autre qui a pour la paix un amour que je ne craindrai pas d’appeler déshonnête, car il a pour unique principe non l’intérêt public, mais le goût du bien-être matériel et la mollesse du cœur. […] Henry Reeve : « Cet ouvrage est, en définitive, écrit principalement pour la France ou, si vous aimez mieux, en jargon moderne, au point de vue français… » Je vous demande un peu où est, en cela, le jargon. […] Vous êtes du nombre de ceux que le public aime à voir devant lui, pour lui tracer la route d’opinion qu’il doit suivre.
Mais j’eusse mieux aimé un livre plus historique, plus suivi, plus astreint à son sujet, moins conjectural en inductions sur le caractère des poëtes, moins plein de préoccupations très-modernes. […] Nisard ; mais je remarque ce genre d’inspiration, et j’en eusse mieux aimé une autre : la sienne annonce sans doute un esprit qui a plus de tenue, et qui est plus en garde contre l’engouement et la faiblesse. […] Dans cette Thebaide même si peu attrayante, au livre A, j’aimerais, par exemple, à détacher l’épisode de Dymas et Hopleus, ces deux jeunes amis pieux, surpris et succombant lorsqu’ils vont rendre de nuit sur le champ de bataille les devoirs funèbres au corps de leur roi, et auxquels le poëte promet quelque chose de l’immortalité d’Euryale et de Nisus : Vos quoque saerati, quamvis mea carmina-surgant Inferiore lyra, memores superabitis annos.
Ces productions de jeunesse que nous possédons attestent un sentiment vrai sous l’inexpérience extrême et la faiblesse de l’expression et de la couleur ; avec un peu d’attention, on y démêle en quelques endroits comme un écho lointain, comme un prélude confus des chœurs mélodieux d’Esther : Je vois ce cloître vénérable, Ces beaux lieux du Ciel bien aimés, Qui de cent temples animés Cachent la richesse adorable. […] A y regarder de près, ce sont, entre les traditions contradictoires, des efforts de conciliation ingénieux, mais peu faits pour éclairer : Racine admet d’une part la version de Plutarque, qui suppose que Thésée, au lieu de descendre aux enfers, avait été simplement retenu prisonnier par un roi d’Épire dont il avait voulu ravir la femme pour son ami Pirithoüs, et d’autre part il fait dire à Phèdre, sur la foi de la rumeur fabuleuse : Je l’aime, non point tel que l’ont vu les Enfers… Dans Euripide, Vénus apparaît en personne et se venge ; dans Racine, Vénus tout entière à sa proie attachée n’est qu’une admirable métaphore. […] Vivez, aimez, c’est la sagesse : Hors le plaisir et la tendresse, Tout est mensonge et vanité.
J’aimerais à le voir quelquefois, à l’entendre établir et revendiquer ici quelques-uns des principes de la société nouvelle, dût-on l’écouter en frémissant… Mais ce n’est point de cela qu’il s’agit en ce moment ; j’aimerais, dis-je, que le prince Napoléon fût présent, car ce serait à lui plus qu’à personne qu’il appartiendrait de venger le grand écrivain, le grand peintre, la femme cordiale et bienfaisante dont il est l’ami. […] Messieurs, vous qui êtes des politiques, veuillez encore vous dire ceci : L’Empire, que nous aimons tous et que nous maintenons, n’a aucun intérêt à pencher tout d’un côté.
Si près de la dispersion et de l’été, j’aime, ces refuges que je dois oublier, les fixer (d’accord, ils ne sont pas à notre gré) : et que ne se fasse, sans une équivalence pour quelques-uns et moi, le mental adieu. […] Je ne repousse pas cette coutume, elle crée, contre — j’aimerais que ce fût pour — la Littérature, une exception qui convient. […] Tant de bienveillance comme une invite à parler sur ce que j’aime ; aussi la considérable appréhension d’une attente étrangère, me ramènent on ne sait quel ancien souhait maintes fois dénié par la solitude, quelque soir prodigieusement de me rendre compte à fond et haut de la crise idéale qui, autant qu’une autre, sociale, éprouve certains : ou, tout de suite, malgré ce qu’une telle question devant un auditoire voué aux élégances scripturales a de soudain, poursuivre : — Quelque chose comme les Lettres existe-t-il ; autre (une convention fut, aux époques classiques, cela) que l’affinement, vers leur expression burinée, des notions, en tout domaine.
Par nature, par instinct et par vocation il n’était nullement un homme politique : il aimait avant tout la retraite, l’étude, la méditation, une société d’amis intimes, une tendre et amoureuse rêverie. […] Que si quelque événement public venait à éclater et à faire vibrer les âmes, il y prenait part avec ardeur, avec élévation ; mais il aimait à rentrer aussitôt après dans ses studieux sentiers, du côté où était sa « ruche », toute remplie, comme il dit, d’un « poétique miel ». […] Car il aime, il revit, il espère ; il va chanter comme autrefois, et la source d’harmonie va de nouveau abonder dans son cœur et sur ses lèvres.
Il se fit aimer d’elle, l’emmena plus tard à Paris et en fit publiquement sa maîtresse. […] Il emprunte son épigraphe à Montesquieu, dont on le croirait l’élève, et dont il affecte un peu la concision et le décousu dans de fréquents et sentencieux chapitres : Je n’ai rien à dire de ce faible essai, écrit-il modestement dans son avant-propos ; je prie qu’on le juge comme si l’on n’était ni Français ni Européen ; mais, qui que vous soyez, puissiez-vous, en le lisant, aimer le cœur de son auteur ! […] » Il aime et affecte ces métaphores de foudre, de coups de tonnerre : « La Révolution est comme un coup de foudre, il faut frapper. » C’est ainsi encore qu’il dira en paroles d’airain, que l’Histoire cependant ne peut s’empêcher de graver, car elles apportaient avec elles leurs actes terribles : Que le cours rapide de votre politique entraîne toutes les intrigues de l’étranger.
Allons, nous voilà dans les mains un outil d’immortalisation pour ce que nous aimons, pour le xviiie siècle, et nous roulons projets sur projets de livres à figures, popularisant par l’estampe les hommes et les choses de ce temps : d’abord une série sur les artistes par fascicules et dont la première livraison, Les Saint-Aubin, s’imprime dans ce moment chez Perrin de Lyon ; puis un Paris au xviiie siècle, donnant les tableaux et les dessins inédits ; enfin les personnages célèbres peints au pastel par La Tour, les masques et les têtes reproduites dans leur grandeur nature. […] * * * — Si j’étais tout à fait riche, j’aurais aimé à faire une collection de toutes les saletés des gens célèbres sans talent, payant au poids de l’or le plus mauvais tableau, la plus mauvaise statue de celui-ci et de celui-là. […] Il se plaint de sa non-compréhension, de son bavardage vide… Dans le temps où il imaginait dans sa tête des caricatures fantastiques, il avait eu l’idée de celle-ci : Un homme aimé.
Le défenseur du Nord vous sera mon garant : Je vais citer un prince aimé de la Victoire. […] La seconde, c’est que, en effet, il n’a pas, pour les enfants, la morale que tout naturellement, instinctivement, ils aiment à trouver et qu’il est bon de leur apprendre. […] si c’est ainsi que cela commence pour la première fable, si je suis forcée de rectifier dans le sens moral toutes les fables de La Fontaine successivement, j’aime mieux y renoncer et donner à l’enfant des fables plus à sa portée ».
Dégénérés de leur ancien génie et de leurs propres lois, ils aimèrent, en apprenant la langue et les sciences des Grecs, à y reconnaître la trace d’eux-mêmes et l’altération continue de leur ancienne histoire. […] À cette expression de la paix et de l’allégresse des âmes, à cette sérénité naïve qui va si bien aux accents de la poésie chantante, le Psalmiste mêle souvent une élévation paisible qui nous rappelle ce que la Grèce a montré, ce qu’elle a aimé et ce qu’elle désigne par ce nom d’Olympien réservé pour un de ses orateurs : le calme dans la force, la majesté imposante avec grâce. […] Si donc, lecteur qui parcourez ces pages par une étude de spéculation et de goût, vous ne voulez jamais oublier le côté sérieux des arts, ce qui touche à l’énergie de l’âme, à la passion du devoir et du sacrifice, à la liberté morale, même pour bien juger les grâces et la puissance du lyrisme hellénique, vous aimerez à réfléchir sur une beauté plus sévère : vous contemplerez cette originalité plus étrangère, plus lointaine pour nous, et cependant incorporée dans notre culte religieux et partout présente, que nous apporte la poésie des prophètes hébreux, de ces prophètes nommés par le Christ à côté de la loi, dont ils étaient, en effet, l’interprétation éclatante et figurée.
Sully, qui aime assez peu ces deux personnages (car il aime peu de gens), et qui leur garde un fonds de rancune de royaliste contre ligueur, les soupçonne à tort et injustement en une circonstance particulière.
Goumy, une personnification du xviiie siècle, « une image fidèle en qui son siècle se reconnut et s’aima ». […] je le vois, mon cher, vous avez le préjugé du style. » J’aurais aimé à savoir ce que le digne abbé pensait de La Bruyère, et s’il lui en voulut un peu.
Dans tout pays où la science serait apprécie pour elle-même, où le caractère des hommes serait honoré pour ce qu’il vaut, où l’on aimerait mieux entrer en controverse, s’il y avait lieu, avec l’homme de mérite que de l’apostropher et de l’injurier, où l’on ne procéderait point en idées comme en tout par accès et par fougues, par sauts et par bonds, il n’y aurait pas eu tout ce bruit, et nous irions entendre M. […] Et puis, nous dit-il encore : « Si j’étais né pour être chef d’école, j’aurais eu un travers singulier : je n’aurais aimé que ceux de mes disciples qui se seraient détachés de moi. » L’enseignement philosophique, en effet, s’il n’est pas la démonstration obligée d’une sorte de catéchisme philosophique dont les articles, posés à l’avance, sont réputés irréfutables, ne saurait être qu’une provocation et une excitation à une recherche incessante, qui, dès lors, amène avec elle ce qu’elle peut et n’exclut rien de ce qu’elle trouve.
On a fort discuté sur ce que pouvait être cette préparation appliquée à une statue ; sans prétendre l’assimiler exactement à l’office et aux soins d’éditeur, j’aime à croire, sur la foi de toute l’antiquité, qu’Homère également, si on pouvait l’interroger, répondrait : « De toutes mes Iliades, il en est une que je préfère, c’est celle à laquelle Aristarque a mis la main. » A moins de redevenir grammairien, c’est bien à elle, en effet, que l’homme de goût peut se confier et se tenir. […] En se ressouvenant de ces pages immortelles qu’ils ont toujours aimé à citer, ne leur ont-ils rien dû de cette énergie presque antique qu’ils ont portée en leurs entreprises ?
Comme j’ai les yeux dans un état misérable, et que les docteurs inclinent de plus en plus vers un temps de repos complet et récréatif, j’espère les amener à m’ordonner de faire une pointe en Angleterre et un séjour à Paris que je n’ai pas revu depuis 1820 et que j’aimerais revoir de la même façon, c’est-à-dire perdu, flâneur, et, dans toute cette population entassée, connaissant seulement trois personnes choisies. […] Qui n’aimerait chez lui, par exemple, l’âne qui chardonne , le gai voyageur qui tyrolise aux échos ?
Vous l’avez tous aimé naguère, et non sans motif : quel motif vous empêche donc de le pleurer ? […] On a cédé à une liaison naturelle des choses, et de fil en aiguille on est arrivé à dire ce qu’on n’avait pas besoin de dire encore : plus tard, quand le moment est venu de placer l’idée, quand on ne peut plus s’en passer, pour ne pas avoir à défaire l’ouvrage fait et à tout recommencer, par paresse, on aime mieux la répéter que de la retirer de l’endroit où elle s’était glissée à tort.
Est-ce que vraiment il croit avoir jamais aimé et cultivé autre chose ? […] Pourquoi détester chez un poète ce qu’il est permis d’aimer chez une femme : la coquetterie, le désir de plaire se traduisant soit par les petits airs de tête, soit par les indexions de voix câlines et à demi fausses, soit par l’arrangement symétrique et compliqué de petits objets, chiffons, rubans, oripeaux ?
Il ne lui manque que la puissance ; il a le droit d’aimer, de hair ; il a vû tout ce qui blessoit cet ordre, la maladie des Empires, la contradiction des Loix, la Force égorgeant l’Equité ; il a frémi à la fois d’un mouvement de tendresse & d’indignation ; il a voulu terminer les débats antiques de l’horrible oppresseur, & du foible opprimé ; & si dans l’excès de son zèle, il s’est égaré dans ses vûes sublimes, du moins les succès du crime ne lui en ont point imposé, & n’ont point fatigué sa constante vertu. […] Je te méditerai comme Platon inimitable, La Fontaine, toi dont la naïveté cachoit tant de profondeur, j’aimerai à reconnoître l’empreinte de ce cœur sans fiel, de cette ame si simple, mais si noble qui défendit Fouquet, & ne connut jamais le moindre détour.
« Dès sa jeunesse, dit Brantôme, elle aimait fort à voir jouer des comédies et même celles des Zanni et des Pantalon, et y riait tout son saoul comme une autre. » Une troupe, dirigée par un nommé Ganasse ou Ganassa, était venue à Paris en 1570 et avait donné un certain nombre de représentations publiques. […] Nous nous aimâmes à la muette, tellement qu’elle allait me donner un fils.
Il aime une jeune fille qui, prise en Chypre, est emmenée en captivité. […] Chrisoforo s’avise de persuader au vieillard que son fils est amoureux d’une courtisane, laquelle est aimée en même temps du capitaine Fracassa.
Les fins dérivées ou intermédiaires qui consistent à rechercher et à aimer pour soi-même, ce qui ne fut d’abord qu’un moyen. […] Il plaira à ceux qui aiment les faits, qui pensent qu’ils sont la substance même d’une science expérimentale, qu’elle ne vit que par eux, que toute généralisation est vide et vaine, sans une ample collection de phénomènes qui lui serve de point de départ et de vérification.
Elle sentait d’avance que fixer les regards d’un roi aimable et aimé des français, d’un roi amant de la gloire, gage de leurs respects et de leur admiration, ce serait trouver lotis les bonheurs en un seul. […] Voulant être distinguée du roi, lui être agréable, parce qu’elle l’aimait, mais voulant son estime et conserver le respect d’elle-même, pouvait-elle employer des moyens à l’usage des femmes ordinaires, mettre en pratique cet art de plaire, cet art de la cour, qui comprend l’art de nuire à tout ce qui n’est pas soi ; à intriguer contre une favorite a qui et le doit sa place ; à lui tendre des pièges, à lui opposer d’autres femmes dont elle pourra avoir bon marché, à rechercher les occasions de s’introduire près du maître, de surprendre ses regards, de les attirer par des soins et des parures qui déguisent son âge ; à se faire vanter, célébrer par des prôneurs ; à se distinguer tantôt par la finesse de la louange, tantôt par son enthousiasme, toujours par l’à-propos ; à rappeler d’une dis tract ion, à faire revenir d’un caprice par des bouderies, par des querelles, par des minauderies ; en un mot, à pratiquer le manège d’une coquetterie subalterne ?
Cette illusion fut promptement détruite ; mais j’aime encore à en conserver le souvenir, et c’est le dernier sentiment doux que j’aie éprouvé dans le cours de cette campagne. […] Voltaire et Vauvenargues en ont parlé, mais trop oratoirement, et l’on aimerait mieux des faits précis.
Cazalès n’a songé qu’à glorifier, devant Dieu et devant ceux qui l’aiment, une de ces âmes, rares parmi les Saints eux-mêmes, et comme on en peut compter une cinquantaine au plus, parmi ces milliers de Saints, nés au giron fécond de l’Église catholique, depuis dix-huit cent soixante-dix-sept ans ! […] Mais elle a cela de commun avec son divin Maître, qu’elle a tant aimé et qui serait plus incompréhensible s’il était homme qu’il ne l’est certainement étant Dieu, — c’est que si, elle, l’extatique de Dulhmen, fut visitée de Dieu et éclairée d’en haut, elle est bien moins étonnante, bien moins phénoménale que si elle n’est qu’une vile maladie humaine, — une lèpre, — un pian, — un tétanos !
Il ne leur imposait point l’obligation d’admirer ou de croire ; il les laissait libres, et cependant les guidait avec une bonté si complaisante et par des sentiers si unis, qu’on ne pouvait s’empêcher de le suivre et de l’aimer. […] On y aime avant tout la facilité abondante et le naturel heureux.
Pouvant être préfet du palais, c’est-à-dire avoir une des premières places de la cour, il aima mieux rester orateur et homme de lettres. […] On lui a reproché aussi de l’obscurité ; il faut en convenir, ce n’est pas celle de quelques grands écrivains comme Tacite, qui voyant à une grande profondeur, ou rassemblant beaucoup d’idées en peu d’espace, fatiguent la faiblesse des hommes ordinaires, et que la médiocrité calomnie, parce qu’elle aime mieux blâmer les forces dans un autre, que de s’avouer l’insuffisance des siennes.
Les Italiens modernes, quoiqu’ils descendent presque tous de Gaulois, d’Africains, de Germains, de Goths, de Lombards, d’Allemands et de Français, bien plus que des anciens Romains, aiment toujours la langue qu’on parlait autrefois au Capitole : elle leur rappelle qu’ils ont été les maîtres du monde. […] Les esprits et les âmes, par la grande communication, y prennent la même couleur, et tout s’y décide par certaines impressions rapides auxquelles on aime à se livrer.
., qu’on ne pourrait citer ici, dans une Revue2, mais qu’on aime fort à trouver dans un livre sous le couvert de l’érudition.
Chœur des Français Jamais leur passion n’y voit rien de blâmable, Et dans l’objet aimé tout leur devient aimable.
Mais c’est que toutes les facultés de ce rare talent se font équilibre et se tiennent d’une étroite manière ; et, même à l’occasion de ces feuilles légères des Memoranda, c’est ce talent tout entier qu’il convient d’évoquer… Quoi qu’il en soit des causes dont ces habitudes ont été l’effet visible, il est certain que, pareil à ce lord Byron qu’il aime tant, M. d’Aurevilly aura vécu dans notre dix-neuvième siècle à l’état de révolte permanente et de protestation continue… M. d’Aurevilly est, au plus beau et au plus exact sens de ce mot, un poète, — un créateur ; même sa poésie est aussi voisine de celle des Anglais que sa Normandie est voisine de l’Angleterre.
On aime et on boit largement dans ces chansons rustiques.
Jules Lemaître Ce Louis Bouilhet, c’était pourtant un très brave homme, et que Flaubert aimait de tout son cœur.
J’aimerais mieux la voir jouer dans la même baraque, par les mêmes acteurs à la tête vermillonnée, avec le seau, la pendule, l’armoire à glace, le lit, tout le mobilier habituel de ce théâtre.
C’est que le poète Kami est l’un des plus aimés parmi les poètes japonais, et l’on eut été navré si le succès n’avait pas épousé la Belle Saïnara.
Remy de Gourmont Puisqu’il ne nous laissa que de trop brèves pages, l’œuvre seulement de quelques années ; puisqu’il est mort à l’âge où plus d’un beau génie dormait encore, parfum inconnu, dans le calice fermé de la fleur, Mikhaël ne devrait pas être jugé, mais seulement aimé… Parallèlement à ses poèmes, Mikhaël avait écrit des contes en prose ; ils tiennent dans le petit volume des Œuvres, juste autant, juste aussi peu de place que les vers… Il suffit d’avoir écrit ce peu de vers et ce peu de prose : la postérité n’en demanderait pas davantage, s’il y avait encore place pour les préférés des dieux dans le-musée que nous enrichissons vainement pour elle et que les barbares futurs n’auront peut-être jamais la curiosité d’ouvrir.
Sa Maison d’exil est celle où l’on voudrait vivre, où on aimerait s’isoler avec ses espoirs, ses souvenirs, réalisés dans l’éternelle fiancée.
Pierre Quillard est fortement nourri des belles-lettres antiques, aussi a-t-il droit plus que tout autre d’intituler ainsi son livre ; mais il aime et connaît l’antiquité assez pour ne pas la réduire à des pastiches, à la façon littérale de cette bonne École Romane.
Une connoissance profonde des hommes, des pensées neuves, des caracteres bien saisis, des peintures vraies, des réflexions justes, en font aimer la lecture à ceux qui ne sont pas révoltés par un certain pédantisme qui ne devroit pas se trouver au milieu des belles qualités que nous venons d’y reconnoître.
Il fait aimer le premier, par l'adresse avec laquelle il présente, d'un côté, la douceur & la politesse ingénieuse de ses mœurs, & de l'autre, les divers agrémens de son style ; il fait admirer Montesquieu, en le représentant sous les traits précieux qui caractérisent l'Homme bienfaisant, le Moraliste profond, le Philosophe conséquent, & le Législateur des Nations.
Ce ton d’emportement ne plaît pas même aux malins, qui aiment les plaisanteries satyriques & non les sarcasmes grossiers.
Il aime le plaisir, le faste et la parure ; c’est presque un petit-maître.
Si vous aimez mieux des incidens plus simples, plus communs et moins grands, envoyez le bûcheron à la forêt, embusquez le chasseur, ramenez les animaux sauvages des campagnes vers leurs demeures, arrêtez-les à l’entrée de la forêt, qu’ils retournent la tête vers les champs dont l’approche du jour les chasse à regret ; conduisez à la ville le paysan avec son cheval chargé de denrées, faites tomber l’animal surchargé, occupez autour le paysan et sa femme à le relever.
Mais, dira-t-on, Phédre viole volontairement les loix les plus saintes du droit naturel, elle aime le fils de son mari, elle lui parle de sa passion, elle tente tout pour le seduire, enfin ce qui fait le caractere le mieux marqué d’un scelerat, elle accuse l’innocent du crime qu’elle même a commis.
On s’aimait.
Vers 1895 j’étais nettement positiviste, déterministe, et, par une conséquence dont la logique m’apparut plus tard, je n’aimais plus la France, n’ayant eu pour elle qu’une affection purement littéraire.
Mais avant que de traiter un sujet si important, je dois prévenir les lecteurs désintéressés que cet article pourra choquer quelques personnes, quoique ce ne soit pas mon intention : je n’ai pas plus de sujet de haïr ceux dont je vais parler, que de les craindre ; il en est même plusieurs que j’estime, et quelques-uns que j’aime et que je respecte. […] En France, on sait peu de gré à quelqu’un de remplir les devoirs de son état ; on aime mieux qu’il soit frivole. […] Il y a quelquefois de l’arbitraire dans le choix des racines : par exemple, amour et aimer peuvent être pris pour racines indifféremment. J’aimerais mieux cependant prendre aimer pour racine, parce qu’aimer a bien plus de dérivés qu’amour ; tous ces dérivés sont les différents temps du verbe aimer. […] En vain objecterait-on que plusieurs écrivains ont eu l’art d’inspirer, par leurs ouvrages, l’amour des vertus qu’ils n’avaient pas : je réponds que le sentiment qui fait aimer la vertu, les remplissait au moment qu’ils en écrivaient ; c’était en eux, dans ce moment, un sentiment très pénétrant et très vif, mais malheureusement passager.
que Chateaubriand aimerait mieux avoir vingt-cinq ans ou même cinquante, et souffleter les impertinents qui le loueraient ainsi.
Plus d’une m’a remis la clef d’or de son âme ; Plus d’une m’a nommé son maître et son vainqueur ; J'aime, et parfois un ange avec un corps de femme Le soir descend du ciel pour dormir sur mon cœur.
Je ne me suis pas dit cela de prime abord ; j’ai commencé par admirer pleinement, naïvement, ceux que j’aimais surtout à contempler et à pénétrer, et qui se déployaient d’eux-mêmes sous mon regard ; ma curiosité se mêlait d’émotion à mesure que j’entrais plus avant dans chaque talent digne d’être étudié et connu.
Il est pénible de venir tout d’abord récuser le témoignage de Mme Récamier ; son raisonnement, qui est bien celui d’une femme, revient à dire : « Benjamin Constant m’a aimée, donc il était sensible. » Mais, en vérité, de ce qu’un homme a été amoureux d’une femme et l’a désirée ardemment, de ce qu’il lui a écrit mille choses vives, spirituelles et en apparence passionnées, pour tâcher de l’attendrir et de la posséder, qu’est-ce qu’on en peut raisonnablement conclure pour la sensibilité véritable de cet homme ?
Gustave Geffroy Le débutant qui écrit les Amoureuses, et bientôt, après, la Double Conversion, a lu en artiste les poètes du xvie siècle, a compris du premier coup le joli français résumatoire de La Fontaine, a aimé l’accent nerveux et passionné de Musset.
Sainte-Beuve aime cette Sainte-Périne de professeurs qu’on appelle l’Académie, et il y va tous les jours de séance, pour y pédantiser un peu… et pour y chercher provision de commérages et de petits scandales qu’il saura distiller plus tard.
L’un et l’autre aiment la nature, la contemplent du même œil et l’idéalisent en la copiant.
Personne n’a plus que lui réuni l’abondance des idées & des raisonnemens, la plénitude du savoir & de la raison, aux richesses de l’expression à la variété des tours, & sur-tout à ce sentiment intime qui sait mettre la justice & la vérité dans tout leur jour, les faire aimer même de ceux qu’il combat.
Nous aimons mieux croire qu’il les devoit à son mérite & à ses manieres, que d’aller chercher dans le fond de son cœur un vice qui déprécieroit tous ses talens.
Nul ne peut consentir, qui aime la langue française, à écrire fam, ten, cor, om, pour femme, temps, corps, homme.
Il se faisoit, dit-on, aimer ou haïr avec une sorte de fureur ; traitoit de préjugés absurdes tous les principes de religion & de probité ; ne connoissoit de divinités que la présomption, la haine & la vengeance.
Agamemnon déclare brutalement qu’il aime autant Briséis que son épouse, parce qu’elle fait d’aussi beaux ouvrages.
Le principe de nos amitiés n’est point dans ce monde : deux êtres qui s’aiment ici-bas sont seulement dans la route du Ciel, où ils arriveront ensemble, si la vertu les dirige ; de manière que cette forte expression des poètes, exhaler son âme dans celle de son ami, est littéralement vraie pour deux chrétiens.
Les Muses aiment à rêver dans ces monastères remplis des ombres d’Antoine, de Pacôme, de Benoît, de Basile.
Il aime à dire : J’étais là, le roi me dit… J’appris du prince… Je conseillai, je prévis le bien, le mal.
Celui que j’aime entre toutes, est la Jeune Innocente qui arrose son pot de fleurs.
Un jour viendra, nous aimons à l’espérer, où l’abbé Noirot aura groupé autour de lui une véritable école philosophique, et alors il sera obligé de donner aux hommes que les hautes recherches de la philosophie intéressent un exposé agrandi et approfondi de sa doctrine.
Et nous le remercions, parce qu’il nous a appris, grâce à cette méthode et grâce à son enthousiasme contagieux, à aimer toutes les formes de l’intelligence humaine.
Et comme j’ai toujours été un peu grasse, j’aimais mieux rester dans un bon fauteuil, ou sur un canapé, les jambes allongées, avec des gens qui restaient assis et qui causaient. » * * * — L’Exposition universelle, le dernier coup au passé : l’américanisation de la France, l’industrie primant l’art, la batteuse à vapeur rognant la place du tableau, les pots de chambre à couvert et les statues à l’air : en un mot la Fédération de la Matière. […] Je ne sais pourquoi, j’aime cette bonne enfance de la répression. […] Elle nous dit, heureuse de nous montrer toutes ses chambres d’amis, qu’elle n’a qu’un plaisir, c’est d’avoir du monde, c’est de vivre au milieu de gens qui lui sont sympathiques et qu’elle aime, qu’elle aurait bien pu, si elle avait voulu, faire des choses extraordinaires, des monuments, des palais de financiers, mais qu’elle aime bien mieux sa perse avec de vieux amis assis dessus. […] 17 décembre Nous aimons ces changements d’existence, ces triomphes de l’animalité au retour de la chasse, ces coups de fouet de fatigue, ces griseries des fonctions physiques, où le boire, le manger, le dormir, deviennent comme des félicités divines de bêtes. […] Elle a pensé à mettre, pour notre retour, une toilette que nous lui aimons.
C’est ce qu’on aimerait savoir, avant de leur répondre. […] Je l’aime mieux, comme homme, dans ce rôle, où il a le mérite au moins d’être plus franc, et je le préfère, comme écrivain, dans l’autre. […] Assurément cela est « d’une personne étrangère à l’esprit philosophique. » J’aime d’ailleurs à penser que, dans les « questions scientifiques », M. […] Dieu aime les pacifiques, et la gloire de la paix a la préférence sur celle des armes, quoique saintes et religieuses ». […] à prendre, pour ainsi dire, sur soi le fardeau du crime ou du vice, de la faiblesse ou de l’insouciance d’un être aimé ?
Les Grecs pensaient ainsi ; les Romains aimaient tant le beau style qu’ils finirent par écrire très mal, voulant écrire trop bien. […] Il y a trop peu d’écrivains obscurs en français ; ainsi nous nous habituons lâchement à n’aimer que des écritures aisées, et bientôt primaires. […] Parmi les autres dieux vicinaux, l’un des plus aimés était Silvanus. […] Il s’aime, parce qu’il s’est vu ; on se voit dans un miroir, dans des yeux, dans le lac de la pensée extérieure. […] Aimer, c’est donner ; s’aimer, c’est se donner : ainsi par le raisonnement le plus simple on identifie, à l’infini, l’amour et l’égoïsme, le moi et le non-moi, dans la conscience de se sentir indéterminé : l’égoïsme pense l’amour, et, pensé l’amour, se vivifie et s’épand en ondes sur le monde.
Enchaîne ce malfaiteur aux roches escarpées… Châtie-le d’avoir outragé les dieux… Qu’il apprenne à respecter la tyrannie (Τυραννίδα) de Zeus, et à ne plus tant aimer les hommes. » — L’atroce vice-dieu cherche même à exciter bassement Héphestos contre le captif : — « Ne t’a-t-il pas volé ta fleur ? […] » — Elles lui reprochent cette amitié comme une mésalliance ; elles ne peuvent comprendre ce mystère d’un dieu se sacrifiant pour les hommes. — « Tu les as aidés plus qu’il ne convenait… Tu as trop aimé les mortels. […] C’est Io, la fille d’Inachos, la vierge aimée de Zeus, changée en génisse par Héra jalouse, confiée par elle à Argos, le pâtre aux cent yeux ; puis, lorsque le subtil Hermès eut endormi le monstre au son de la flûte, et coupé sa tête, frappée par la déesse de folie furieuse, et courant, effarée, à travers le monde, sous la piqûre du taon collé à son flanc. […] Ô Dieu qui aimes la jeunesse, reçois avec bonté ces dons d’un éphèbe ami de la règle et du devoir ! […] J’aime mieux être le captif de ce rocher que le serviteur de ton maître. » Chaque injure du dieu suscite une réplique qui l’écrase.
À ces trois titres, j’ose donc parler ici de ces trois grands hommes ; à un autre titre encore, j’aime à parler de statues. […] » V Soit par cet instinct amoureux de la beauté des formes, soit par cet autre instinct d’éterniser ce qui est beau, soit par un goût plus physique et plus grossier pour le marbre, soit encore par cette espèce d’attrait irréfléchi et mécanique qui porte l’homme rêveur à s’asseoir auprès des ouvriers qui bâtissent un mur ou qui taillent la pierre, à rester en silence des heures entières à les regarder, et à écouter avec un ravissement indolent les coups du marteau cadencé sur la pierre musicale, l’atelier d’un sculpteur qui s’appelle Phidias, Michel-Ange, Canova, Pradier, David, Jouffroy, Préault, Salomon, n’importe ; l’atelier, dis-je, d’un sculpteur a toujours été pour moi un lieu de repos, d’attrait, de pensée ; Socrate, le plus spiritualiste des hommes, avait le même goût : il aimait à causer des choses invisibles, assis sur un bloc encore fruste de marbre pentélique, dans l’atelier de Phidias ; la poussière du marbre l’enivrait d’immortalité, la sonorité du bloc accompagnait mélodieusement ses entretiens. […] Pie VII ne se réservait que le sanctuaire ; le pape temporel, c’était son ami Consalvi ; il m’aimait, et je le rends bien à sa mémoire. […] Je me repens d’avoir trop aimé ma patrie !
Parfois il eût vraiment mieux aimé être en prison avec les gendarmes, et que les choses ne se fussent point passées ainsi ; cela l’eût moins agité. […] Vous avez aimé les Bourbons quand ils rentraient, très innocents de la campagne d’Espagne, de la déroute de Russie, de l’invasion du monde coalisé en 1814, pour disputer la France au partage de la Pologne ; n’en rougissez pas plus que moi ! […] Cependant j’aurais mieux aimé que tout ceci n’arrivât pas. […] Nous n’aimons pas davantage ces chicanes à la victoire, qui rapetissent les vainqueurs en rapetissant les vaincus.
Platon remerciait les dieux de ce qu’il était né du temps de Socrate ; et moi je rends grâces à Dieu de ce qu’il m’a fait naître dans le gouvernement où je vis, et de ce qu’il a voulu que j’obéisse à ceux qu’il m’a fait aimer. […] « Si je pouvais faire en sorte que tout le monde eût de nouvelles raisons pour aimer ses devoirs, son prince, sa patrie, ses lois, qu’on pût mieux sentir son bonheur dans chaque pays et dans chaque gouvernement, dans chaque poste où l’on se trouve, je me croirais le plus heureux des mortels. […] « Ne pourrait-il pas se faire que les missionnaires auraient été trompés par une apparence d’ordre ; qu’ils auraient été frappés de cet exercice continuel de la volonté d’un seul par lequel ils sont gouvernés eux-mêmes, et qu’ils aiment tant à trouver dans les cours des rois des Indes, parce que, n’y allant que pour y faire de grands changements, il leur est plus aisé de convaincre les princes qu’ils peuvent tout faire, que de persuader aux peuples qu’ils peuvent tout souffrir ? […] « Dans les climats du Nord, à peine le physique de l’amour a-t-il la force de se rendre bien sensible ; dans les climats tempérés, l’amour, accompagné de mille accessoires, se rend agréable par des choses qui d’abord semblent être lui-même et ne sont pas encore lui : dans les climats plus chauds, on aime l’amour pour lui-même, et il est la cause unique du bonheur, il est la vie.
Comment enfin, à côté des vues les plus pures, les plus justes, les plus vraiment évangéliques, ces taches où l’on aime à voir des interpolations d’un ardent sectaire ? […] Il aime à rapporter certains mots de Jésus en syro-chaldaïque 61. […] Rien ne s’oppose à ce que ce témoin oculaire, qui évidemment avait suivi Jésus, qui l’avait aimé et regardé de très près, qui en avait conservé une vive image, ne soit l’apôtre Pierre lui-même, comme le veut Papias. […] La mort perfectionne l’homme le plus parfait ; elle le rend sans défaut pour ceux qui l’ont aimé.
Pécheur, j’ai aimé la pécheresse ; j’ai succombé à la tentation. […] « L’œuvre du génie véritable est à supprimer son égoïsme par la Science du Réel : nous méprisons, seulement, ce que nous ne comprenons pas : comprenant pleinement une chose, nous la sentons une partie de nous, et nous l’aimons : comprendre, et aimer, sera l’unique tâche du Génie dans l’Avenir. » (p. 68). […] Cette phrase, nullement ironique : « Les jeunes hommes comprenaient le Seigneur exactement aussi peu qu’un chien fidèle comprend son maître ; mais ils l’aimaient, l’écoutaient — sans le comprendre — et ils ont fondé une nouvelle Religion. » (p. 118).
« Le solitaire succombe, il aime la divinité cachée sous les traits de la danseuse céleste ; une fille est née de cette union ; l’Apsara, en remontant au ciel, la laisse endormie à la porte de l’antre, sur un lit de mousse et de fleurs. » Canoua, en allant se baigner dans le fleuve, aperçoit l’enfant endormi sur la rive ; mille oiseaux de la forêt volaient et tourbillonnaient sur sa tête, agitant leurs ailes pour rafraîchir et ombrager le front de la divine enfant. […] Le héros s’afflige en vers de la disparition de celle qu’il aime. […] « Croyez-vous donc être aimé ? […] La seconde scène est une longue et poétique complainte amoureuse du héros, qui déplore la maladie de celle qu’il aime et la force indomptable de son penchant pour elle.
Sur quoi tu t’écrias en souriant : « Il est donc bien vrai qu’on ne se fie qu’à ceux qu’on aime, et tous deux vous êtes habitants des mêmes bois ! […] Je ne sais, mais je soupçonne que cet anneau a, dans l’instant même, rappelé à son souvenir quelque objet tendrement aimé ; car, à peine l’eut-il considéré, que notre souverain, naturellement si profond et si calme, a trahi dans tous ses traits le trouble de son âme. […] Mânes de mes ancêtres, prophètes et sages, vous tous que j’ai aimés et honorés, vous tous qui avez eu pour Rama des égards et de l’amitié, flamme céleste, terre protectrice et mère des hommes, vers qui, parmi vous, puis-je élever la voix ? […] Malheur à celui qui aime à nourrir une affliction secrète !
Le moment où les croisés s’abandonnent, où la cupidité particulière les gagne, où la soif du butin l’emporte chez la plupart, et où les honorables chefs ne peuvent les contenir, même par les plus rigoureux exemples, est signalé avec douleur par Villehardouin : Les convoiteux, dit-il, commencèrent à retenir les choses, et Notre-Seigneur commença à les en moins aimer qu’il n’avait fait. […] le combat a plus d’une chance, les choses humaines sont au hasard d’un coup de dé, et la victoire aime à changer de drapeaux : on ne dit pas qu’Alexandre lui-même ait toujours réussi en tout, ni que la fortune de César ait été de tout point infaillible.
Il est évident que, dans cette affaire délicate, on aime mieux que ce jeune homme sensé, clairvoyant et, pour tout dire, plus considéré que ce qui l’entoure, n’ait pas à s’expliquer hautement en justice et devant le public, comme il l’eût fait s’il avait été obligé de se défendre. […] quels âges de la vie pastorale et quels lieux aimés des troupeaux ne me rappellerait-elle pas ?
Or, sachez que ce meilleur cheval de Montluc, qu’il eût donné de tout son cœur pour avoir l’hymne des dames siennoises en l’honneur de la France, était un cheval turc dont il a dit « qu’il l’aimait, après ses enfants, plus que chose du monde, car il lui avait sauvé la vie ou la prison trois fois. » Je n’ai pas à entrer dans le détail du siège ; il me suffit d’en avoir signalé le caractère et de donner envie aux curieux de rechercher les pages qui y sont consacrées14. […] Pour rester dans les règles toutefois, il était convenable que le gouverneur stipulât directement, et en son nom, sa capitulation avec le marquis de Marignan ; mais au premier mot qui lui en fut dit de la part de ce dernier, il s’enflamma et parut se révolter, déclarant qu’il aimerait mieux perdre mille vies, et que le nom de Montluc ne se trouverait jamais en capitulation.
Dis-moi qui t’admire et qui t’aime, et je te dirai qui tu es. […] et Joseph de Maistre ou Montalembert à aimer Voltaire ?
Je suis si pénétré de cela, que si l’on me proposait aujourd’hui d’opérer pour moi une chose impossible, j’aimerais mieux m’être trouvé à cette prodigieuse affaire, que de me trouver à présent guéri de mes blessures sans y avoir pris part. […] J’aime à suivre pour guide, dans ce résumé de la Vie de Cervantes, Ticknor, cet exact et judicieux historien de la littérature espagnole.
Il suivit de près son maître et se mit en route pour Dresde le 5 février 1810 : « Il quittait, après un séjour de près de quatre ans, nous dit-il, cette France, pays privilégié du Ciel, à tant de titres, où la civilisation, plus ancienne et plus complète qu’ailleurs, a donné aux lois de l’honneur et de la probité cette fixité d’axiomes qui, sans les faire peut-être observer davantage, ne laisse en problème ni en discussion rien de ce qui appartient aux bases des rapports sociaux et du commerce des hommes entre eux ; pays où le langage a une valeur mieux déterminée, où tous les ressorts de la vie sociale ont un jeu lus aisé, ce qui en fait, non comme ailleurs un combat, mais une source de jouissance. » J’aime de temps en temps ces définitions de la France par un étranger ; elles sont un peu solennelles sans doute et ne sont pas assurément celles que nous trouverions nous-mêmes ; nous vivons trop près de nous et trop avec nous pour nous voir sous cet aspect ; le jugement d’un étranger homme d’esprit, qui prend son point de vue du dehors, nous rafraîchit et nous renouvelle à nos propres yeux : cela nous oblige à rentrer en nous-mêmes et nous fait dire après un instant de réflexion : « Sommes-nous donc ainsi ? […] Singulier mélange, en effet, que cet abbé de Pradt, instruit de tant de choses et qui croyait s’entendre à toutes ; homme d’Église qui l’était si peu, qui savait à fond la théologie, et qui avait à apprendre son catéchisme ; publiciste fécond, fertile en idées, en vues politiques d’avenir, ayant par moments des airs de prophète ; écrivain né des circonstances, romantique et pittoresque s’il en fut ; le roi des brochuriers, toujours le nez au vent, à l’affût de l’à-propos dans les deux mondes, le premier à fulminer contre tout congrès de la vieille Europe ou à préconiser les jeunes républiques à la Bolivar ; alliant bien des feux follets à de vraies lumières ; d’un talent qui n’allait jamais jusqu’au livre, mais qui avait partout des pages ; habile à rendre le jeu des scènes dans les tragi-comédies historiques où il avait assisté, à reproduire l’accent et la physionomie des acteurs, les entretiens rapides, originaux, à saisir au vol les paroles animées sans les amortir, à en trouver lui-même, à créer des alliances de mots qui couraient désormais le monde et qui ne se perdaient plus ; et avec cela oublieux, inconséquent, disparate, et semblant par moments sans mémoire ; sans tact certainement et sans goût ; orateur de salon, jaseur infatigable, abusant de sa verve jusqu’à l’ennui ; s’emparant des gens et ne les lâchant plus, les endoctrinant sur ce qu’ils savaient le mieux ; homme à entreprendre Ouvrard sur les finances, Jomini sur la stratégie, tenant tout un soir, chez Mme de Staël, le duc de Wellington sur la tactique militaire et la lui enseignant ; dérogeant à tout instant à sa dignité, à son caractère ecclésiastique, avec lequel la plupart de ses défauts ou, si l’on aime mieux, de ses qualités se trouvaient dans un désaccord criant ; un vrai Mirabeau-Scapin, pour parler comme lui, un archevêque Turpin et Turlupin.
On cherche dans le passé les noms des quelques hommes qui ont assez aimé la science et la société en elles-mêmes pour s’y vouer avec cette ardeur. […] Le bon abbé de Saint-Pierre fut certainement un des premiers qui aimèrent l’humanité pour elle-même et jusqu’à la folie.
Racine fils, en effet, si utile et si abondant, n’a pas apporté en bien des points l’entière exactitude qu’on recherche et qu’on aime aujourd’hui. […] Racine et vous aimez M. de Moramber, et vous daignez avoir mille bontés pour moi.
Ceux qui ne l’aimaient pas, ceux qui prétendaient qu’il avait tourné trop tôt casaque au régime qu’il avait servi, et qu’il faisait trop aisément bon marché de cette sorte de pusillanimité plus en vue chez lui que chez d’autres, allaient jusqu’à dire que « c’était l’âme d’Arlequin dans le corps d’Alcide (ou d’Achille). » Je remarquerai simplement que M. […] Il faut croire aussi que, malgré sa laboriosité (mot qu’il aime), malgré ses talents et aussi sa souplesse, il n’était pas incapable, dans le détail de la conduite, de quelque gaucherie et de quelque maladresse.
Personne ne peut les suivre avec plus de désir de remplir exactement vos intentions que moi, parce que personne ne vous aime, Monsieur le maréchal, plus tendrement que L. […] Il avait pour lui, comme on disait, « tous les gens qui aiment le bien. » Le parti philosophique, qui le comptait pour adversaire, n’était pas fâché de lui couper l’herbe sous le pied.
Pantalon, gouverneur de la ville où l’action se passe, a une fille nommée Aurelia ; le Docteur, juge de la même ville, a un fils nommé Ottavio ; les deux vieillards ont projeté d’unir leurs enfants, Aurelia en est au désespoir ; elle fait avertir Valerio qu’elle aime et promet de fuir avec lui. […] Dominique, qui était homme d’esprit et de savoir, connaissant le génie de la nation française, qui aime l’esprit partout où elle le trouve, s’avisa de faire usage des pointes et des saillies convenables à l’Arlequin.
Je sais par les textes aimés que le poète est haut et sûr. […] Mais tout de même ils les comprennent, les aiment, les estiment. — Nous chérissons entre les poètes mûris un Heredia, épris de toutes histoires et de toutes écritures, entre les critiques un Céard, savant compréhensif, entre les romanciers un Hennique, artiste de souplesse, ennobli d’érudition.
En général, il n’aimait pas les Juifs. […] Si le gouverneur acquitte cet homme, c’est qu’il n’aime pas l’empereur.
Musset et ses imitateurs ont déifié la passion ; ils ont répété avec enthousiasme : Rien n’est bon que d’aimer, n’est vrai que de souffrir. Ce que l’homme ici-bas appelle le génie, C’est le besoin d’aimer… Les Parnassiens, qui leur succèdent dans la faveur publique, se piquent d’être impassibles et impersonnels.
Vous verrez de quelle manière se tournera cette amitié. » Le 28 juin, « Vous jugez très bien de Quantova (madame de Montespan) ; si elle peut ne point reprendre ses vieilles brisées, elle poussera sa grandeur au-delà des nues ; mais il faudrait qu’elle se mît en état d’être aimée toute l’année sans scrupule111 ; en attendant, sa maison est pleine de toute la cour ; les visites se font alternativement, et la considération est sans bornes. » Une autre lettre, du 3 juillet, porte : « Ah ! […] On aime fort ce bois. » 111.
Elle aimait, si l’on peut dire, à se donner le plaisir de cet oubli, et à ne se rappeler tout à coup ce qu’elle était que pour répandre les bonnes grâces autour d’elle. […] Elle pouvait aimer comme elle faisait la liberté des entretiens et des jeux, la familiarité des intérieurs ; elle pouvait jouer à la vie de bergère ou de femme à la mode, il lui suffisait de se lever, de reprendre en un rien son air de tête : elle était reine.
D’ailleurs, Despréaux est un garçon d’esprit & de mérite, que j’aime fort ». […] Mais il s’en faut bien qu’on trouve dans leurs productions cette gaité, cette imagination douce & brillante, cette fleur de poësie qu’on aime dans les ouvrages des Chaulieu, des Saint-Aulaire, des Gresset, &c.
D’où vient enfin ne cherchent-ils pas à toucher le cœur plutôt qu’à frapper l’esprit , selon la réflexion d’une princesse pieuse, qui vouloit qu’on lui fît aimer davantage la religion, & qu’on la lui prouvât moins. […] Il suppose toujours les principes, ou les établit en deux mots, & se jette sur la morale : il préfère le sentiment à tout : il remplit l’ame de cette émotion vive & salutaire, qui nous fait aimer la vertu.
parce que le grand, ce serait d’avoir, par-delà les lumières de cette intelligence, de cette pénétration universelle, qui, plus elle s’étend, plus elle rend malaisé d’aimer et de croire, conservé l’énergie d’aimer malgré tout et le feu de croire quand même. […] J’aime Balzac presque autant que Sainte-Beuve le hait. […] Les deux premiers ont été plus aimés de la foule ; le troisième, de l’élite délicate. […] J’aime mieux ce Tristan devenu lointain. […] Il aimait ce qu’aime tout honnête homme, mais plus puissamment que la plupart.
J’aime plus d’une pièce de votre volume, ces Tristesses de la lune, par exemple, délicieux sonnet qui semble de quelque poète anglais contemporain de la jeunesse de Shakespeare.
Lucrèce a réussi, et Judith assez peu, ou, si l’on aime mieux, Lucrèce a eu un succès franc, et Judith un succès contesté.
. — autres candidats : m. casimir bonjour, m. aimé martin, m. onésime leroy. — corruption et vice de la littérature.
Chez le barbier du coin, Un Français, un Gascon (la graine en va très-loin), Moi j’aimais à m’asseoir, guettant chaque figure : Molière ainsi souvent observa la nature.
N’est-ce point, en effet, l’antique Aveugle qui a dit : « La Muse qui l’aima entre tous lui partagea le bien et le mal : elle le priva des yeux, mais lui donna une voix harmonieuse. » Cette compensation céleste s’est bien des fois vérifiée depuis.
Il aurait aimé le Centaure.
Augier, qui est de son temps et qui l’aime, fait la comédie de son temps : les caractères, les mœurs, l’intrigue y ont leur part mesurée et infusée dans un mélange savoureux et piquant.
Et je persiste à être gêné par une imitation incessante de vers que j’aime, qui furent toujours étrangers à toute instrumentation, et que je retrouve ici déformés, vidés de leur intime raison d’être, sans la moindre compensation musicale… [La Revue indépendante, 1re série (1887).]
Mais on sent bien qu’il les aime en chansons et que son amour, comme on dit, ne leur fait pas de mal.
Établis dans la capitale, ils se lièrent avec Molière, valet de chambre du roi, fort aimé de ce prince, et dispensé de faire la cour aux dames.
Nous faisons volontiers le geste qui indique l’abrupt sentier et nous aimons fraternellement les rares esprits montés assez haut pour nous comprendre.
Colletet lui-même l’a apprécié à sa juste valeur, en disant dans une Epître à Ménage : J’aime mieux, sans comparaison, Ménage, tirer à la rame, Que d’aller chercher la Raison Dans les replis d’un Anagramme.
Raffaëlli, dominé d’une sympathie humaine qui est belle en soi et qui vivifie son grand talent, voudrait borner cet art à nous donner de notre race et de nos contemporains, une série d’effigies caractéristiques, propre à nous les faire connaître intimement et par conséquent aimer, admirer, ou haïr et ridiculiser.
Mercure alors supplia Jupiter de transformer les autres étoiles en autant de dames qui avaient aimé ces chevaliers.
Ici le christianisme va plus loin que la nature, et par conséquent est plus d’accord avec la belle poésie, qui agrandit les objets et aime un peu l’exagération.
Nous voyons chaque jour se passer sous nos yeux des choses extraordinaires sans y prendre aucun intérêt ; mais nous aimons à entendre raconter des faits obscurs qui sont déjà loin de nous.
Seulement j’aimerais mieux que son attention n’eût pas suspendu son travail.
Je répondrois que le précepte d’aimer ses ennemis n’étant point contesté par Rome ni par Geneve, il s’ensuit que ceux qui prenoient parti pour l’une ou pour l’autre cause de bonne foi, devoient avoir horreur d’un assassinat.
Si la douleur est un fait normal, c’est à condition de n’être pas aimée ; si le crime est normal, c’est à condition d’être haï1.
En gardant cette forme biographique, que nous aimons, du reste, parce qu’elle rend l’idée plus personnelle et plus humaine, est-ce que Gérard de Nerval pouvait se dispenser de toucher quelque part dans son livre la question de l’illuminisme, au double point de vue psychologique et physiologique ?
Quand on a parlé du livre retrouvé de Balzac sur la vie élégante5, comment ne pas penser à un esprit charmant qui a écrit aussi autrefois une Théorie de l’élégance, véritable travail de fée que n’ont point oublié ceux qui aiment toute cette dentelle métaphysique ?
C’est un observateur sans vertige, et, quoique le rabelaisien soit dans le tonde son œuvre, il ne fausse pas les faits parce qu’il aime à gausser et à rire, et, s’il peint des grotesques, il ne les invente pas.
Nous savons bien qu’il devait haïr les choses désordonnées, ce puissant naturaliste, qui acceptait et aimait les lois de la nature.
Lors de sa vieillesse, ils aimaient déjà le luxe d’Alcinoüs, les délices de Calypso, les voluptés de Circé, les chants des Sirènes et les amusements des amants de Pénélope.
J’aime à me les rappeler et à revivre avec eux, comme si toutes les années qui se sont écoulées entre ces moments et ceux où j’écris ressuscitaient tout à coup pour eux et pour moi, et nous replaçaient dans les mêmes rapports. […] Je le remerciai et je refusai, ne voulant pas m’enchaîner par un intérêt quelconque au gouvernement que cependant j’aimais. « Je suis fâché, lui répondis-je, de vous voir entrer dans cette voie, et je crains que cette Étoile ne soit jamais l’astre de votre fortune et de votre bonheur. » Elle ne le fut pas, en effet, mais la réunion de ces deux journaux dans sa main le rendit pendant longtemps l’organe le plus puissant de la politique de M. de Villèle et de l’opinion royaliste. […] Il pourra peut-être, par quelque emploi près de lui, donner une miette de pain à l’orphelin de ceux qui ont tant aimé sa famille.
Elle n’est point un procédé pour nous empêcher de sentir, d’aimer, de croire et d’agir, mais plutôt pour éprouver nos impressions, nos pensées et nos volontés. […] Encore n’aiment-ils pas que, dans cette dernière opération on les suive de trop près. […] Mais elle nous apprend aussi à aimer ou à estimer dans les valeurs inférieures ou négatives ce que nous admirons dans les plus hautes.
Nous aimons donc à croire que M. […] Il agonise au milieu des plus effroyables supplices, et Salammbô, à la vue de ce malheureux qui n’est plus qu’une longue forme rouge , Salammbô, qui s’est donnée à lui par fanatisme, sent tout à coup qu’elle l’aime. […] Celui-là seul qui aime et respecte l’humanité est assuré de vivre dans la mémoire des siècles.
Jeudi 8 février Le bon à tirer de la feuille d’un livre, en lequel on croit, le lâchage définitif d’une prose aimée, c’est dur à s’arracher. […] Il y a des moments où l’on aimerait en finir, et où l’on appelle presque la cruelle certitude. […] Tourguéneff soutient, lui, que ça n’est pas… Il prétend que l’amour est un sentiment qui a une couleur toute particulière, et que Zola fera fausse route, s’il ne veut pas admettre cette couleur, cette chose qualitative… Il affirme que l’amour produit chez l’homme, un effet que ne produit aucun autre sentiment… que c’est chez l’être véritablement amoureux, comme si on retranchait sa personne… Il parle d’une pesanteur au cœur qui n’a rien d’humain… Il parle des yeux de la première femme qu’il a aimée comme d’une chose tout à fait immatérielle… et qui n’a rien à faire avec la matérialité.
Si j’étais homme, par ta foi, Aimerais-je moins le carnage ? […] La Fontaine n’a pas beaucoup aimé le chien ; en général, il lui donne un rôle de serviteur zélé, un peu servile, un peu courtisan et pas trop sympathique ; mais la tendresse de La Fontaine pour les animaux s’est étendue, en quelque sorte, et a dépassé les limites qu’il observait lui-même, et peut-être que Lamartine, malgré tout son génie et tout son cœur, n’aurait pas fait, sans La Fontaine, ces admirables vers sur le chien, compagnon et seul ami de l’homme : Ô mon pauvre Fido, quand, mes yeux sur les tiens, Le silence comprend nos muets entretiens. […] Une machine qui aime, une machine qui hait, une machine qui a de la rancune, une machine qui est jalouse ?
Mais nous qui nous portons bien, laissons là ces insanités… Contes pour contes, rêves pour rêves, j’aime mieux les Contes d’Hoffmann. […] Comme tous les esprits énervés par de vieilles civilisations, et qui, au lieu d’agir, aiment à se regarder passionnément l’ombilic, Marc-Aurèle, chez qui le philosophe étouffait l’empereur, facile du reste à étouffer, avait son petit livre bleu comme les jeunes filles de ce temps-ci, qui y écrivent ce qui leur passe par la tête, et c’est là ce qui a ravi M. […] — Nous aimons que l’homme vertueux dise de temps à autre : “Vertu, tu n’es qu’un mot !
Dans la solitude où cet ascète de la science s’est retiré, comme enveloppé d’une nuée de miséricorde, quelque chose lui dit-il tout bas que l’obéissance est plus auguste que la science qu’il aime et lui met-il le doigt, quand il ouvre sa Bible, — aux heures de la méditation et de la prière, — sur le mot de Samuel : « Obéir vaut mieux que sacrifier » ? […] Elle qui aime la force et qui tient à sa gloire, entrevoit-elle les conséquences terrestres, les conséquences politiques qu’entraînerait, dans ce moment et plus tard, sa triomphante rentrée au sein de l’unité catholique ? […] l’Angleterre n’est guère aimée à cette heure.
Une grande inégalité se marqua dans le mouvement d’étude et de savoir qui suivit la conquête macédonienne, et qui fut la seule grandeur-morale laissée à l’homme déchu désormais de cette noble liberté, de cette souveraineté de soi-même, qu’avait tant aimée la Grèce. […] Tels sont en particulier ces hymnes mis sous le nom d’Orphée, fabrication ancienne, puisque Platon en cite quelques vers, mais évidemment reprise et accrue plusieurs fois, à l’époque des trois premiers Ptolémées, et dans cette ville d’Alexandrie, où Clément et saint Justin martyr les recueillirent plus tard comme un germe antique de la foi naturelle, qu’on aimait alors à rapprocher des vérités de la foi révélée. […] ou aimes-tu trop le sommeil ?
Cependant comme ce qu’on méprise le plus, n’est pas toûjours ce qu’on aime le moins, on a vû le tems où ils ne manquoient ni de lecteurs ni de Mecenes. […] Phedre apprend de la bouche de Thesée, qu’Hippolyte aime Aricie. […] Non, tu ne m’aimes pas. […] On m’enleve ce que j’aime, dit-il à son ami, & tu me défends les larmes ! […] Cette vertu, c’est d’aimer les hommes ; ce talent, c’est de les placer.
Le premier théorique ou, si l’on aime mieux, intellectuel est essentiel : un art qui ne tend pas vers l’absolu se nie. […] Il connaît les hommes et les aime. […] Il admire surtout Shakespeare, il le sent et il l’aime, et non en théoricien, mais en ami. […] J’aime infiniment mieux Bernstein, je vous l’avoue. […] On aimera ou l’on n’aimera pas un dépouillement si complet.
Letronne, qui aime à les faire négatives ou dubitatives à l’égard surtout des choses réputées saintes : elle souleva de nombreuses réclamations.
Le peuple d’Athènes, comme je l’ai déjà dit, était extrêmement susceptible d’enthousiasme ; mais il n’en aimait pas moins la satire qui insultait aux hommes supérieurs.
J’ai aimé certains passages qui me rappelaient des vers — plus arrêtés et plus nets — de nos poètes à nous, de Baudelaire très souvent, quelquefois de Sully Prudhomme.
J’aime ainsi ces jeunes… Cette nuit encore, je leur ai parlé de Baudelaire… C’est leur prototype… Albert Giraud, entre autres, y croit comme un nègre du Sénégal à son manitou.
On les aima quelquefois pour la douceur berceuse de leurs inflexions, on les écouta à cause de l’apaisement que cela donnait, à cause des beaux vers dont la musique imprécise charmait.
ou qui aima-t-il ?
» Il n’aimait pas non plus Sénèque.
On voit encore dans les ouvrages de saint Jérôme et de saint Athanase61 des descriptions de la nature, qui prouvent qu’ils savaient observer, et faire aimer ce qu’ils peignaient.
Où est le temps où mes lèvres suivaient sur la gorge de celle que j’aimais, ces traces légères qui partaient des côtés d’une touffe de lis, et qui allaient se perdre vers un bouton de rose ?
Sans un pareil motif l’homme, qui n’aime pas le jeu, plaindra seulement le joüeur d’avoir contracté l’habitude dangereuse de mettre à la disposition des cartes ou des dez la douceur de son humeur et la tranquillité de sa vie ; c’est parmi ceux qui sont tourmentez de maux pareils aux nôtres que l’instinct nous fait chercher des gens qui partagent nos peines, et qui nous consolent en s’affligeant avec nous.
ma foi non, c’est trop bête, à la fin, ce que je dis… J’aime encore mieux la manière de Champfleury : en un mot, ça y est-il ?
Elle éclate dans leur prose, c’est là que nous avons appris à l’aimer, et c’est précisément ce genre d’originalité que nous recommandons.
Il aime donc mieux adopter l’illusion commune. […] Nul n’aima la vérité d’un plus ardent amour. […] Ravaisson aimait le monde. […] Ravaisson aimait à citer. […] Duruy aima mieux s’adresser à M.
Au fond c’était le besoin d’aimer dont son âme était remplie. […] « Lohengrin cherchait la femme qui crut en lui : qui ne lui demandât pas qui il était, ni d’où il venait, mais qui l’aimât comme il était, et parce qu’il était tel qu’il lui paraissait. […] Pour cela, il fallait qu’il cachât la supériorité de sa nature, ou pour parler plus exactement, la supériorité à laquelle elle était parvenue ; car là était pour lui la seule garantie, qu’il n’était point un objet de surprise et d’admiration, un être auquel on rend hommage et qu’on adore parce qu’on ne le comprend pas, mais qu’il avait obtenu la seule chose qui pût le délivrer de son isolement : qu’il était aimé et compris par amour. […] En effet, il conçut Lohengrin au moment même, où, après avoir cruellement souffert de n’être pas aimé, de n’être pas compris, il se rendit compte qu’il en était ainsi, parce que ses œuvres étaient nouvelles, parce qu’elles ne rentraient pas dans la catégorie des opéras, et que le public, les y plaçant bon gré mal gré, y cherchait des airs, des duos, des trios, au lieu de se laisser aller aux impressions qui lui eût certainement fait éprouver la fusion intime de la musique et de la poésie si une idée préconçue ne s’y fût opposée.
Le plus grand peintre (nous ne disons pas le plus vrai) est celui qui aime ou qui hait le plus ses modèles. […] Ce que nous aimons le mieux des grands écrivains, ce ne sont pas leurs ouvrages, c’est eux-mêmes ; les œuvres où ils ont mis le plus d’eux-mêmes sont donc pour nous les meilleures. […] Tant de nuances concourent à former cette atmosphère qu’il est impossible à l’homme qui la sent de la décomposer ; il aime ou il n’aime pas, voilà toute son analyse ; le jugement n’est qu’une impression aussi rapide qu’un instinct, et aussi infaillible en nous que l’impression que nous ressentons en plongeant la main dans une eau brûlante, tiède ou froide.
Ils aimaient, dans la ferveur de leurs cantiques, à ne point séparer de l’hommage au Très-Haut la sévère justesse de langage qu’avait prescrite le concile de Nicée, et que rendaient plus précieuse et plus inviolable la haine des dissidents et les persécutions tour à tour infligées ou souffertes. […] garde-la-moi saine et sauve, sans maladie, sans affliction, toujours aimée, toujours unie à moi de cœur, mon épouse toujours avouée, ne sachant pas avoir avec moi de furtives amours ! […] Il appartient à l’art, en quelque sorte, plus qu’à la religion ; et cependant cet art, qu’il aimait, et auquel les épreuves et les émotions de sa vie le ramenaient sans cesse, ne nous a laissé que des chants religieux : ni les maux de sa patrie ni ses douleurs privées ne se retrouvent dans ses vers. […] « Ô très glorieux et très aimé !
Il était remarquablement lucide, mais cette lucidité et ce grand jour qu’il aimait ne faisaient souvent vers la fin qu’éclairer les cadres spacieux qu’il ne remplissait pas. […] Cousin allait à l’École normale présider une conférence, voulant exprimer le goût qu’il a pour cette formation et cette manipulation des esprits, il disait de ce ton légèrement exagéré où le vrai et le comique se confondent : « Je suis un pédagogue, j’aime la pédagogie ; j’ai fait quelques ouvrages, mais ce que j’ai peut-être fait de mieux, c’est encore Jouffroy, qui est presque un homme. » Ces paroles sont de toute exactitude. — Quant à M.
C’est ce côté aussi que j’aimerais chez lui à mettre en lumière, en m’appuyant et m’en rapportant, pour ce qui est de la science, ce qu’a dit M. […] Il aimait tendrement ce fils, en qui il ne voyait qu’un facile successeur.
Necker, auteur de L’Importance des opinions religieuses : « Ce M. de Saint-Pierre, dit-elle, était son concurrent : je n’aime pas mieux son livre. » Voilà qui abrège. […] Il est vrai que le moment d’après on riait de soi et des autres, et on ne s’en aimait que mieux.
Si ce n’était faire tort à un écrit si solide que d’en présenter des extraits de pages, je détacherais celle qui marque le caractère de Montesquieu dans son livre de la grandeur et de la décadence des Romains… Je la donnerai pourtant, parce que nous sommes Français et que nous aimons les morceaux, mais je n’en donnerai que le commencement ; tout lecteur sérieux voudra lire la suite : Dans ce livre, il (Montesquieu) oublie presque les finesses de style, le soin de se faire valoir, la prétention de mettre en mots spirituels des idées profondes, de cacher des vérités claires sous des paradoxes apparents, d’être aussi bel esprit que grand homme. […] Il a été piquant sans remords, il a eu par instants une sorte de raillerie amère, celle des esprits vigoureux et sévères : vigueur et amertume, les anciens ont toujours aimé à rapprocher ces deux qualités parentes.
J’aime à croire que non, car le fond de mon opinion est le même ; mais j’aime tout ce qui est de l’homme quand l’homme est distingué et supérieur ; je me laisse et me laisserai toujours prendre à la curiosité de la vie, et à ce chef-d’œuvre de la vie, — un grand et puissant esprit ; avant de la juger, je ne pense qu’à la comprendre et qu’à en jouir quand je suis en présence d’une haute et brillante personnalité.
Flaubert très-vivant, que nous l’aimons et qu’il nous aime, qu’il est cordial, généreux, bon, une des meilleures et des plus droites natures qui existent, je dis hardiment : Il y a là un défaut de goût et un vice d’école.
Entendant son respectable et très aimé oncle Delécluze louer et recommander en toute rencontre les procédés de l’art et de l’architecture classique, il devait être tenté aussi de vérifier ces assertions, et peut-être de les contredire un peu. Filiation et contradiction, ce sont deux éléments qu’aime volontiers à associer la jeunesse et qu’elle s’entend très bien à mêler et à combiner.
Elle avait une liberté de langage qui n’était pas toujours tournée contre la France et contre son glorieux chef ; elle disait un jour à notre ambassadeur, à la date d’avril 1803 : « Assurément, il me serait pardonnable de ne pas aimer Bonaparte ; eh bien ! […] Si, pour sa nouvelle existence à Berlin, il vous est possible de lui donner des renseignements ou de faire quelque chose pour lui, je vous en serai bien reconnaissant ; même en dehors de ces bons offices que vous pouvez lui rendre, il attache le plus grand prix à faire votre connaissance ; jusqu’à présent il vous aime, vous apprécie et vous admire un peu sur parole ; je suis d’autant plus charmé que votre vue le confirme dans ses sentiments. » Gœthe répondit par un mot de remerciement à M.
« Si les natures viles achèvent de se perdre et de se dégrader dans l’infortune, elle est la trempe la plus résistante des natures élevées. » On aimerait pourtant une confession un peu plus simple, plus circonstanciée, plus naïve : quoi qu’il en soit, dans le récit tout moral qu’il a donné, je distingue quelques degrés et des acheminements. […] Le poëte se compare tout d’abord à cet ange de Klopstock, Abbadona, entraîné dans la révolte de Lucifer et qui était resté, jusque dans l’Enfer, triste et malade du regret des cieux : Sire, quand Lucifer, le prince de lumière, Se lassant de marcher dans sa gloire première, Ivre d’orgueil, osa, contre celle de Dieu, Déployer dans le ciel sa bannière de feu, Parmi les révoltés de la sombre phalange Un esprit se trouvait, doux et sensible archange, Qui, découvrant soudain dans le camp des élus Un ami qu’il aimait et qu’il ne verrait plus, Pencha son front, brisé d’un désespoir sublime, Et s’en alla pleurer dans un coin de l’abîme.
Je vous aime et vous respecte de tout mon cœur. » Quand l’armée dut évacuer Neuss, ce qui eut lieu le surlendemain de la défaite, il était hors d’état d’être transporté. […] J’aimerais que, dans les explications qu’on donne de Virgile, on fit désormais ce rapprochement, qu’on rattachât ces noms fraternels de l’histoire et de la poésie ; qu’on liât entre eux ces deux mémoires pour en faire une plus vivante immortalité.
Il y a dans Bajazet un passage, entre autres, fort admiré de Voltaire : Acomat explique à Osmin comment, malgré les défenses rigoureuses du sérail, Roxane et Bajazet ont pu se voir et s’aimer : Peut-être il te souvient qu’un récit peu fidèle De la more d’Amurat fit courir la nouvelle. […] J’aime bien mieux sa prose que ses vers.
Il aime et admire Regnier, mais il le range après Malherbe, et trouve qu’il ne lui a manqué que le bonheur de naître sous le règne de Louis le Grand. […] Le comte du Luc, son patron, tombe malade ; Rousseau en est touché ; il veut le lui dire et lui souhaiter une prompte convalescence, rien de mieux ; c’était matière à des vers sentis et touchants ; mais Rousseau aime bien mieux déterrer dans Pindare une ode à Hiéron, roi de Syracuse, qui, vainqueur aux jeux Pythiques par son coursier Phérénicus, n’a pu recevoir le prix en personne pour cause de maladie.
Ils les aimaient, ils leur étaient fidèles, ils leur rendaient un culte ; ils pouvaient éprouver quelque sensibilité par l’amour. […] La félicité de l’homme s’accrut de toute l’indépendance qu’obtint l’objet de sa tendresse ; il put se croire aimé ; un être libre le choisit ; un être libre obéit à ses désirs.
La nature, les arbres, les eaux, le clair soleil, lui donnaient du plaisir, et sous ses grandes phrases on sent la sincérité de la jouissance : il a vraiment aimé la campagne, il l’a préférée à la société. […] Ainsi, dans l’amour : « lorsque cette connaissance est vraie, c’est-à-dire que les choses qu’elle nous porte à aimer sont véritablement bonnes, l’amour ne saurait être trop grande, et elle ne manque jamais de produire la joie.
Jean de Gourmont Je ne crois pas que l’Académie ait jamais beaucoup aimé les vrais littérateurs ; elle n’en choisit quelques-uns qu’avec une sorte de crainte, encore leur demande-t-elle de mettre une feuille de vigne à leurs idées. […] Pensez-donc : ils sont quarante, et trente-cinq au moins — il y a toujours des morts — aiment la grisaille.
Béatrix, qu’il aima, est immortelle comme Laure, et peut-être la destinée de ces deux femmes est-elle digne d’observation ; mortes toutes deux à la fleur de leur âge, et toutes deux chantées par les plus grands poëtes de leur siècle. […] Les violences scandaleuses des papes, les disgrâces et la fin de la maison de Souabe, les crimes de Mainfroi, les cruautés de Charles d’Anjou, les funestes croisades de saint Louis et sa fin déplorable ; la terreur des armes musulmanes ; plus encore les calamités de l’Italie désolée par les guerres civiles et les barbaries des tyrans ; enfin les alarmes religieuses, l’ignorance et le faible de tous les esprits qui aimaient à se consterner pour des prédictions d’astrologie : voilà les traits qui donnent à ces temps une physionomie qui les distingue.
J’aime à traverser des abîmes, à franchir des précipices… Je ne sais à quel degré de talent je pourrai m’élever dans mes ouvrages ; mais, si la nature m’a donné une façon particulière de la voir et de la sentir, je tâcherai de la manifester franchement, sans autre poétique que celle de la nature, avec une douceur d’enfant ou une violence de tourbillon. […] Ô Poésie française, me suis-je dit bien des fois en lisant Ducis, que tu es femme du monde, volontiers capricieuse et infidèle, et que tu sais aisément trahir ceux qui t’aiment !
L’auteur, sans contredit, parle très-noblement de la philosophie, et il ajoute qu’il aime beaucoup les philosophes. Je lui répondrai que, pour ma part, j’aime infiniment les savants ; mais enfin il faut reconnaître que, tout en s’aimant beaucoup, philosophes et savants sont assez disposés à prendre leurs avantages un peu aux dépens les uns des autres.
Oublions que plus d’une lectrice, jeune ou vieille, n’a d’autre critérium, pour apprécier un caractère, que celui qui consiste à se demander, si elle est jeune : « L’aimerais-je ? », si elle est vieille : « L’aurais-je aimé ?
On le sait, ce génie, dès qu’il se tourna vers les arts, aima l’Italie, en étudia, en imita la poésie. […] Il aima et soigna tendrement sa mère et deux sœurs de sa mère, et passa près de trente années dans une chambre des bâtiments de l’université de Cambridge, d’abord à Peter-House, puis dans un autre collège de la même corporation.
Bien vieux, dans sa retraite de Mâçon, séparé à regret de ses confrères de l’Académie, il aimait à correspondre avec eux par lettres ; il suivait leurs travaux, il s’intéressait à tout.
Il aime bien mieux, dans sa naïve jactance pour la gloire de son maître, ne nous faire grâce en rien de ces confessions et communions dérisoires, dont le seigneur de Ferney donnait le spectacle aux grands jours dans son église paroissiale, et de celles, plus dérisoires encore, pendant lesquelles, couché sur un lit de mort supposé, il jouait la solennité de l’agonie tête à tête avec un capucin effrayé, et, par une inexplicable débauche d’imagination, se plaisait à célébrer le scandale avec mystère.
Mais il a si clairement vu, si profondément senti, si passionnément aimé ce qu’il avait entrepris de faire, que la pensée a, cette fois, emporté la forme et que, même aux endroits où cette forme reste un peu courte et où se trahit le défaut d’invention verbale, une âme intérieure la soutient et communique à ces vers un frisson plus grand qu’eux.
Mais on le crut, et comme nous sommes un pays qui aime, quoi qu’on en dise, à être mené, on applaudit à ce jeune maître qui semblait avoir caché une férule sous le manteau de Melpomène et qui débutait traîtreusement dans le drame par une imitation de
À côté des collaborateurs attitrés, Albert Mérat, Eugène Ledrain, Narcisse Quellien, Théodore Maurer, Izambard, Jean Bourguignon, Cazals, Charles Houin, Jean Court, Léon Frapié, Paul Sébillot, Lucien Hubert, Léon Riotor, Paul Fleurot, Léon Maillard, Charles Saunier, Poinsot, figurent les signatures de Rachilde, Francis Jammes, Charles Morice, Lionel des Rieux, Moréas, Maurice du Plessys ; Gustave Kahn… C’est là que furent publiées les Joyeusetés d’Aimé Passereau.
Mais le jour viendra où la séparation portera ses fruits, où le domaine des choses de l’esprit cessera de s’appeler un « pouvoir » pour s’appeler une « liberté. » Sorti de la conscience d’un homme du peuple, éclos devant le peuple, aimé et admiré d’abord du peuple, le christianisme fut empreint d’un caractère originel qui ne s’effacera jamais.
Elle fut fort aimée du duc de Saint-Aignan, et sa correspondance avec Bussy-Rabutin la placée au rang des bons épistolaires de ce temps-là.
Ce que je sais bien, c’est que, lorsque j’ai eu à m’occuper d’Hégésippe Moreau, je me suis enquis avec attention et intérêt de tout ce qui pouvait le faire aimer, estimer ; je me suis adressé aux amis de son enfance, à la fermière, à la personne qui le connut dans la petite imprimerie proprette où il passa quelques jours heureux.
Enfin un bon poëte sçait disposer de maniere les peintures qu’il fait des vices et des passions, que ses lecteurs en aiment davantage la sagesse et la vertu.
L’impulsion de la nature à laquelle on ne resiste gueres, ne fait-elle pas aimer encore aujourd’hui les exercices qui fortifient le corps à ceux à qui elle a donné une santé capable de les soutenir ?
Léon Blum, dont j’aime, d’ailleurs, le talent très clair, est du nombre de ces critiques qui font vraiment trop d’honneur à mon invention.
Ce style, où il ne manque que des nerfs, du sang, du mouvement et de la lumière, ce style dur, mais épousseté et propre, lisse comme un parchemin qui joue la vie… pour des myopes, ne peut être admiré ou aimé sincèrement de personne.
Nul sourire de ceux qui, jadis, auraient aimé gouailler.
Est-ce uniquement parce qu’il aimait surtout à être le poète des vaincus, et non celui des vainqueurs ?
Ce fut là tout son art, toute sa préoccupation ; elle était grande : « Ma vie s’écriait-elle, est comme celle du chrétien, un combat perpétuel. » La petite maréchale de Mirepoix lui disait : « C’est votre escalier que le roi aime, il est habitué à le monter et à le descendre ; mais s’il trouvait une autre femme à qui il parlerait de sa chasse et de ses affaires, cela lui serait égal au « bout de trois jours. » Aussi, quand l’éclat de ses charmes baissa et que l’âge commença de les glacer, quand on en fut réduit aux pauvres expédients, au chocolat à triple vanille et au régime du docteur Quesnay, quand enfin il fallut opter entre des rivales ou des suppléantes, la noble amante n’hésita pas : sa tendresse désintéressée n’en voulait qu’au cœur du roi ; en le conservant, elle lui remit tout le reste ; elle fit mieux, et, dans son abnégation platonique, elle ne dédaigna pas de condescendre aux soins les plus prévoyants et les plus intimes.
madame, quand l’illustre Sévigné, que vous aimez tant, écrivait des riens, elle les adressait à sa fille en lettre close, et puis en ce temps-là qu’y avait-il de plus sérieux à dire ?
La république, pour lui, c’est une égalité d’aisance et de bonheur, c’est une Athènes nouvelle, une république de cocagne ; que d’autres revendiquent le manteau sale et troué de Diogène, il aime bien mieux le manteau d’écarlate d’Alcibiade ; s’il est besoin de voiler la statue de la liberté, que ce soit, selon lui, non pas avec un drap mortuaire, mais avec une gaze transparente ; qu’un autel à la miséricorde s’élève à côté de l’autel de la patrie, et qu’un comité de clémence tempère l’inexorable aréopage.
Dupin s’est terminé par un avertissement aux gens de lettres et aux artistes de tout espérer d’un prince qui n’a cherché, dans l’exil, d’autre ressource que celle de devenir un modeste professeur ; d’un prince qui sait toutes les langues de l’Europe, et qui pourrait parler à chaque ambassadeur la sienne, s’il n’aimait mieux parler français à tous.
Lebrun l’aimait tant, qu’il n’a pas fait une seule épigramme contre lui.
Confiance superbe, orgueil louable d’un jeune homme qui ne s’éperd pas en de vaines lamentations, mais aime la vie parce qu’il se sent de force à l’incarner toute un jour.
Il ne s’agit pas pour lui de dire ce qu’il aime ou ce qu’il déteste.
Napoléon l’aime et l’admire pour des raisons analogues, et quand il fait jouer ses pièces à Erfurth, devant un parterre de rois, il s’écrie avec conviction.
N’est-ce pas aimer à plaisanter aux dépens du jugement, que de confondre ainsi les traits du génie avec les saillies d’une imagination légere & vagabonde ?
Si le poète s’égarait dans les vallées du Taygète, au bord du Sperchius, sur le Ménale aimé d’Orphée, ou dans les campagnes d’Élore, malgré la douceur de ces dénominations, il ne rencontrait que des faunes, il n’entendait que des dryades : Priape était là sur un tronc d’olivier, et Vertumme avec les Zéphyrs menait des danses éternelles.
Ces échevins ne sont que des sacs de laine ; ou des colosses ridicules de crème fouettée ; ou si vous l’aimez mieux, c’est comme si l’artiste avoit laissé une nuit d’hyver sa toile exposée dans sa cour, et qu’il eût neigé dessus toute cette composition.
Il aime à dire, à laisser dire qu’il reconnaît Dieu le père : c’est pour mieux étrangler le Fils.
Que j’aime à voir, dans des écrits qui ont trois siècles, la tradition des grands principes littéraires exposée en termes si vifs par des esprits neufs à la découverte et à la possession de la vérité ! […] Il descendit du trépied de Delphes ; il cessa de pindariser95 ; il daigna aimer moins haut. […] C’est à bâtir ce monstrueux édifice, qui devait crouler après lui, que Ronsard passa une assez longue vie, au milieu de la faveur universelle, richement doté, sauf la difficulté de toucher ses rentes dans ces temps de guerres civiles ; aime des princes, qui comparaient leur couronne à la sienne ; qualifié de prodige de la nature et de miroir de l’art ; admiré par Montaigne et consulté par le Tasse, qui lui lut les premiers chants de la Jérusalem délivrée ; respecté, dans ses vers, par les protestants qui l’attaquaient dans ses moeurs, et remercié officiellement par le pape, pour s’être donné la peine de leur répondre ; pour comble de fortune, mourant avant que Malherbe, qui avait alors trente ans, eût songé à être poète.
Il aime les petits, non pour en faire les grands dans un état social imaginaire, mais pour les avoir vus de près, dévoués et contents, remplissant, à la place où Dieu les a mis, le beau rôle qui leur a été donné de soutiens, de défenseurs, de nourriciers des sociétés humaines. […] Elle parle plus volontiers de ses plaisirs que de ses dégoûts ; elle tient plus à nous faire aimer les beautés des livres, qu’à nous rendre trop délicats sur les défauts des écrivains. […] Ses premiers vers avaient annoncé un poète ; ses dernières pièces promettaient un maître de la scène ; il a mieux aimé conter, et le public charmé l’a appelé le plus grand amuseur de son temps.
Défense d’aimer, compte-rendu d’une première représentation d’opéra ; 3. […] Nouvelles On sait que le théâtre de Bayreuth restera fermé cette aimée ; il sera réouvert, pendant l’été de 1886, pour les représentations de fête de Parsifal et de Tristan et Isolde : Parsifal n’est joué nulle part ailleurs qu’à Bayreuth, Tristan y sera monté pour la première fois. […] Ennemi de Berlioz, Verdi et Wagner, il aimait s’attaquer à la musique de l’avenir.
Il a voulu l’envelopper aussi d’une grande tendresse humaine, car, sous le bruissement harmonieux des cordes, la clarinette redit le motif mélancolique des Wœlsungen, comme si l’âme de Sieglinde errait à l’entour de son fils très aimé. […] Eschyle s’est aidé des symboles religieux de son temps, des mythes souvent obscurs, et monstrueux parfois, que révérait le peuple Grec : a-t-il cessé d’être le créateur de Prométhée, de Prométhée tel que nous continuons de le comprendre et de l’aimer ? […] Ennemi de Berlioz, Verdi et Wagner, il aimait s’attaquer à la musique de l’avenir.
L’instruction obligatoire a fait du français, dans les bas-fonds de Paris, une langue morte, une langue de parade que le peuple ne parle jamais et qu’il finira par ne plus comprendre ; il aime l’argot qu’il a appris tout seul, en liberté ; il hait le français qui n’est plus pour lui que la langue de ses maîtres et de ses oppresseurs. […] Voilà une série de déformations sur laquelle on aurait aimé que s’exerçât l’autorité de M. […] Aujourd’hui, il est impossible de créer un verbe français qui ne se conjuge sur aimer.
C’est plus encore, c’est la France elle-même incarnée avec toutes ses misères, ses imperfections, ses vices et ses qualités d’esprit dans un seul homme ; en sorte que notre goût, ou si l’on veut notre faiblesse pour la nature diverse, sensée, raisonnable, universelle de notre pays, se trouve satisfait et flatté dans ce Protée moderne, et que notre admiration pour ce résumé vivant, spirituel, multiple de la France est une espèce de patriotisme de notre esprit, qui contemple et qui aime sa patrie intellectuelle dans ce représentant presque universel de la nation littéraire. […] D’ailleurs, nous n’aimons pas qu’on donne de si petites causes aux grands effets : c’est toujours une erreur, quand ce n’est pas un paradoxe. […] Plus on aime la révolution plus on doit flétrir la Convention.
Il allait chercher dit-il « de la gloire pour se faire aimer ». […] L’idéologie a dû être mangée et digérée, non sans résistance, car le mouton comprend mal qu’on l’aime comme gigot. […] Il aime la vie, son siècle, les hommes de son temps, et, bien entendu, les femmes de son temps. […] Il a aimé, goûté, évoqué la campagne, par des vers jaillis de l’intérieur, comme La Fontaine. […] Il avait toujours aimé écrire, et comme Joseph Prudhomme n’admirait rien tant que la lettre moulée.
Il aimait ceux qui lui apportaient la nourriture. […] Ni les dieux n’aimaient l’homme, ni l’homme n’aimait ses dieux. […] Il faut l’aimer comme on aime une religion, luiobéir comme on obéit à Dieu. […] Il faut l’aimer dans ses bienfaits et l’aimer encore dans ses rigueurs. […] Il faut l’aimer, comme Abraham aimait son Dieu, jusqu’à lui sacrifier son fils.
C’est alors que, pour le rassurer et l’encourager, Posthumianus lui dit : « Parle celtique, ou si tu l’aimes mieux « parle gaulois, pourvu que tu parles de Martin. » ( Ti vero… vel celtice, aut si mavis, gallice loquere, dummodo jam Martinum loquaris. […] En général, Génin, dans ces questions de langue et d’érudition, aimait à prendre quelqu’un à partie, cela l’animait : finge tibi adversarium quemdam. […] Il aime à constater les ressemblances entre le provençal, le français, l’italien, l’espagnol, les tendances connexes de ces quatre langues. […] Puis, votre article devant un jour ou l’autre être réimprimé au grand profit de ceux qui aiment l’érudition curieuse unie à une fine critique, je m’encourage par cet espoir à vous signaler un passage où la première main (je la connais, cette première main, mais à quoi bon la nommer ?)
Par instinct, le Français aime à se trouver en compagnie, et la raison en est qu’il fait bien et sans peine toutes les actions que comporte la société. […] Comme on s’est pris sans s’aimer, on se sépare sans se haïr, et l’on retire au moins du faible goût qu’on s’est inspiré l’avantage d’être toujours prêts à s’obliger249. » — D’ailleurs les apparences sont gardées ; un étranger non averti n’y démêlerait rien de suspect. « Il faut, dit Horace Walpole250, une curiosité extrême ou une très grande habitude pour découvrir ici la moindre liaison entre les deux sexes. […] Il faut entendre à ce sujet les héros de l’époque, leur ton leste, dégagé, est inimitable, et les peint aussi bien que leurs actions. « J’étais, dit le duc de Lauzun, d’une manière fort honnête et même recherchée avec Mme de Lauzun ; j’avais très publiquement Mme de Cambis, dont je me souciais fort peu ; j’entretenais la petite Eugénie, que j’aimais beaucoup ; je jouais gros jeu, je faisais ma cour au roi, et je chassais très exactement avec lui251. » Du reste, il avait pour autrui l’indulgence dont il avait besoin lui-même. « On lui demandait ce qu’il répondrait à sa femme (qu’il n’avait pas vue depuis dix ans), si elle lui écrivait : Je viens de découvrir que je suis grosse. […] Mais elles aiment mieux l’appartement que le grand air ; en ce temps-là le vrai soleil, c’est la clarté des bougies, et le plus beau ciel est un plafond peint ; y en a-t-il un moins sujet aux intempéries, plus commode pour causer, badiner On cause donc et l’on badine, en paroles avec les amis présents, par lettres avec les amis absents.
Il y a là, entre le modeste demi-jour du nouveau possesseur et la célébrité du dépossédé, un contraste qu’on n’aime pas à subir pour soi ni pour ses enfants. […] à Voltaire ou à Jean-Jacques Rousseau ; mais demandez aux possesseurs de Ferney ou des Charmettes s’ils n’aimeraient pas mille fois mieux avoir succédé, dans ce château ou dans cette chaumière, à des hôtes sans nom, que d’être assiégés à chaque heure de l’année, au seuil de ces demeures, par ces pèlerins importuns du génie ou de la célébrité. […] Les exemples du prince, selon ses principes, sont le premier et le plus puissant ressort de l’autorité ; plus il sera bon fils, bon père, bon époux, bon frère, bon parent, bon citoyen et bon ami, moins il aura besoin de commander pour être obéi ; et plus il respectera les vieillards, honorera ses officiers, fera cas de la vertu et s’attendrira sur les malheureux, plus il sera respecté, honoré, estimé et aimé lui-même. […] Je n’avais élevé Na-la-che au rang d’impératrice que parce que ce rang lui était dû préférablement à mes autres femmes ; ce n’est pas qu’elle fût plus belle ou que je l’aimasse plus que les autres.
J’ai toujours aimé à me figurer que Léopold et Aurèle Robert étaient sortis de ce nid dans les herbes dont le hasard m’avait fait partager quelques jours la paix. […] Les instincts de Léopold répugnaient à cette profession d’un honnête et laborieux égoïsme ; il avait trop d’imagination pour aimer le chiffre, qui n’exprime que des quantités et qui résume toute une vie d’homme dans un seul mot : l’épargne. […] Raphaël ou Titien eux-mêmes n’avaient pas plus aimé cette patrie. […] En vain il copie le délicat et naïf visage de Thérésina elle-même : elle est trop simple pour simuler d’autre inspiration que celle de son cœur ; elle est trop timide pour lever au ciel ces regards de sibylle qui sont un défi au soleil ; elle ne regarde que celui qu’elle aime, elle ne voit le monde que dans ses yeux.
John Charpentier33, que nous avons aimé citer un « Jeune », poète et de claire valeur critique, toutes qualités qui la rendent précieuse : « Depuis assez longtemps déjà, parmi la majorité des poètes une tendance scientifique s’accuse, qui tous les ans s’accentue davantage »… Il entendait ici non seulement la technique, mais plus encore, ma volonté philosophique. […] Il a aimé et traduit et étudié les poètes Symbolistes, en même temps qu’il s’est trouvé devant la doctrine poétique-Scientifique, elle qui s’accorda à son esprit dont l’évolution gravement méditative le devait naturellement mener à proclamer que la poésie doit savoir et penser pour en dire nouvellement son émotion et son lyrisme, et à œuvrer ainsi selon son énergique personnalité. […] Nous aimerons, à propos, rappeler de notre doctrine de Poésie scientifique d’autres précurseurs au cours des siècles, et sans remonter à l’Inde, en une tradition à rares représentants qui, sans en prendre conscience pour la généraliser, sortirent de l’égotisme comme mesure habituelle de leur émotion inspiratrice en s’élevant à du concept philosophique Nous avons dit Lucrèce, du Bartas, Hugo de la Légende des siècles, Goethe, Shelley, Leconte de Lisle, Sully-Prudhomme se reprochant de « croupir dans la poésie personnelle ». […] « les esprits paresseux et routiniers aiment à entendre ce qu’ils entendaient hier, a écrit Alfred de Vigny mêmes idées, mêmes expressions, mêmes sons : tout ce qui est nouveau leur semble ridicule, tout ce qui est inusité, barbare. » 10.
Ou si vous l’aimez mieux, imaginez, dans un pais où il y auroit une loi absurde qui défendroit d’écrire sur la finance, au bout d’un pont, un charlatan ayant derrière lui, au bout d’une perche, une pancarte où on liroit, de par le roi et Mr le controlleur général et devant lui une petite table avec des gobelets entre deux flambeaux tandis qu’un grand nombre de spectateurs s’amusent à lui voir faire ses tours, il soufle les bougies, et au même instant tous les spectateurs mettent leurs mains sur leurs poches. […] J’aurois mieux aimé qu’elles fussent inclinées sur leur tige, et commençassent à se faner. […] Et chienne de bête, si tu n’as point d’idées, que n’en vas-tu chercher chez ceux qui en ont, qui t’aiment, qui estiment ton talent et qui t’en soufleroient. […] Cependant je l’aimais bien.
Ceux qui auront assez de loisir pour lire plus avant, verront que j’aime la réputation de cet auteur ; que je fais valoir quelques-unes de ses opinions, et que je respecte toutes les autres. […] [NdA] Le peu qu’on sait sur l’auteur de ce livre est dû à Gui Patin, dans une de ses lettres à Spon (17 août 1643) : « Des Considérations sur la sagesse de Charron, dit-il, le vrai auteur, qui n’aime pas d’être connu, est M.
Au nom de Dieu, ayez soin qu’une personne qui ne respire que votre service ne voie point la réputation des armes du roi flétrie en un lieu où, jusqu’à présent, il les a maintenues glorieuses ; car j’aimerais mieux être mort en ma maladie que de voir cela. […] Habile capitaine plutôt que grand général, sa mesure à cet égard est difficile à prendre, et j’aimerais assez à entendre là-dessus des gens du métier : à le traduire à la moderne, ce qui est toujours hasardeux, vu l’extrême différence des moyens en usage aux différents siècles, il me fait l’effet d’être ou d’avoir pu être, comme militaire, quelque chose entre Gouvion Saint-Cyr et Macdonald, et plus près du premier à cause des pensées.
mon cher frère, vous dites que vous m’aimez, et vous me plongez le poignard dans le cœur. […] Pensez plutôt, pensez-le et persuadez-vous-le bien, que sans vous il n’est plus de bonheur pour moi dans la vie, que de vos jours dépendent les miens, et qu’il dépend de vous d’abréger ou de prolonger ma carrière… Si vous m’aimez, donnez-moi quelques espérances de votre rétablissement.
Je parle, outre cela, espagnol, et je suis sûre d’ailleurs que ce choix plairait à toute la nation de laquelle je puis me vanter d’avoir toujours été aimée et estimée. […] On doit aimer à tenir les cartes quand on sait si bien le jeu.
— parce qu’enfin, comme Édith au col de cygne, s’il avait fallu choisir et reconnaître parmi les morts de la bataille le corps du roi vaincu qu’elle avait aimé, les moines eux-mêmes se seraient adressés à elle pour les aider dans leur pieuse recherche. […] Il me disait seulement, en riant, que j’étais une orgueilleuse Écossaise qui n’aimait rien que les rois et les princes.
Il connaît Pilate de réputation : « Pilate aime les gens hardis et rusés ; je serai son homme », se dit Judas. […] Paris sur ce sujet, non sans un assaisonnement de polémique, qui aime et qu’on pourrait lui rendre ; car, sauf respect estime, il prête flanc sur bien des points.
Mais M. de Richelieu avait commis la faute de prendre pour ministre de l’intérieur, sans le connaître, un ancien préfet de l’Empire, devenu singulièrement cher aux royalistes, M. de Vaublanc, esprit léger, présomptueux, ne doutant de rien, tranchant de l’homme d’État, se payant de paroles creuses, — « une outre gonflée de vent », comme on l’appelait, ou encore « une cymbale retentissante », — disant à qui voulait l’entendre : « J’aime les difficultés, je les cherche, j’en ai besoin, c’est mon fort. » Il se flattait en effet de résoudre toutes les difficultés par des moyens à lui et qu’il n’a jamais révélés. […] J’ai dit qu’il était journaliste jusqu’au bout des ongles ; il aimait les périls et les difficultés du métier ; une de ses maximes était : « On ne dit bien que ce qui est difficile à dire. » — Quand on lui présentait et qu’on lui lisait un article, ce qu’il fallait regarder pour savoir son avis, ce n’était pas son visage, c’était sa tabatière.
Un étranger qui nous aime peu, dit-on, mais homme d’infiniment d’esprit et qui nous connaît bien, sir Henry Bulwer, écrivait de Madrid, le lendemain de la Révolution de Février et en lisant les belles improvisations qui coulaient des lèvres de M. de Lamartine : « Vous avez eu une invasion de barbares dirigée par Orphée. » Eh bien ! […] Et par exemple, pour ne prendre qu’un trait du caractère national, nous sommes un peuple qui se plaît ou s’est beaucoup plu à la guerre, qui aime le clairon et le pompon ; cela diminue sans doute, mais peut-on agir et raisonner absolument comme si cela n’était plus, comme si cette forme de notre imagination et tout notre tempérament étaient changés subitement, du soir au matin, comme si le tempérament et les intérêts des nations rivales ou jalouses avaient changé aussi ?
Il a en lui certainement un principe de foi ; il a sucé dès l’enfance une croyance, il ne s’en est jamais complètement sevré ou guéri ; il y revient avec bonheur, et il aime, comme Royer-Collard, à rentrer plus strictement dans l’ordre et dans la règle en vieillissant. […] Cet esprit vigoureux et net aime l’ordre en tout, il le veut, il le fait ; il désire l’accommoder avec une certaine liberté sans doute, mais avec une liberté limitée.
Rome ou l’État, tel est l’intitulé de ce troisième chapitre ; il aime ainsi, dans un sous-titre, à indiquer l’idée dominante. […] Martha, fruit d’une étude lente, approfondie et délicate, est animé partout d’un souffle pur et respire comme une paisible sérénité : Marc-Aurèle y est traité comme il aurait aimé à l’être, dans un esprit de conciliation et de mansuétude.
Il aimait les belles-lettres : il fit son droit avec quelque succès, tout en y mêlant quelques essais de poésie. […] Ma jeunesse rêveuse aimait autrefois à y chercher un avant-goût de ces biographies intimes, de ces romans vrais, dont j’essayais d’accréditer le genre87.
Il y a dans sa conduite d’alors et dans sa tendance d’aujourd’hui cette véritable, cette seule ressemblance, à savoir qu’il ne s’est jamais borné et même qu’il n’a guère jamais aimé à envisager le christianisme, comme tant de grands saints l’ont fait, par le côté purement intérieur et individuel, par le point de vue du salut de l’âme et des âmes prises une à une, mais qui l’a embrassé toujours de préférence (et en exceptant, si l’on veut, son Commentaire sur l’Imitation et sa traduction de Louis de Blois) par le côté social, par son influence sur la masse et sur l’organisation de la société ; et c’est ainsi qu’il se portait avant tout pour la défense des grands papes et des institutions catholiques. « Jésus-Christ, disait-il en 1826, ne changea ni la religion, ni les droits, ni les devoirs ; mais, en développant la loi primitive, en l’accomplissant, il éleva la société religieuse à l’état public, il la constitua extérieurement par l’institution d’une merveilleuse police, etc. » Toutefois les moyens que M. de La Mennais proposait et exaltait jusqu’à la veille de juillet 1830 étaient, il faut le dire, séparés du temps actuel et de sa manière de penser présente par un abîme. […] C’est alors que nous l’avons connu et aimé.
Il avait d’ailleurs, sur une note assez désinvolte, répondu à ce sujet au Dr Cabanès en 1891 : … Je n’ai fait aucune étude médicale suivie, j’ai lu beaucoup de livres de médecine, de physiologie et de biologie : Le dictionnaire de Robin et de Littré, le livre de Broca, avec préface de Pozzi, la clinique de Charcot, l’anthropologie de Bossu, mais tout cela bien décousu et bien incohérent. » Il termine finement : « … Je ne crois pas beaucoup à la médecine, ce qui me permet d’aimer beaucoup les médecins, n’ayant plus rien à redouter d’eux. […] Sans doute, il y en a chez lesquels la mémoire et toutes les facultés sont tellement abolies qu’ils ne peuvent plus reconnaître même les personnes qu’ils ont le mieux connues et le mieux aimés, ce sont les déments.
Je mets à part ce qui n’est dans sa bouche que saillie d’amour-propre, et hauteur des Rabutin : ainsi lorsqu’il menace de « couper le nez » au satirique, ou qu’au contraire il daigne le déclarer « un garçon d’esprit qu’il aime fort ». […] Nous aimons qu’on nous parle de l’homme, qu’on note ses humeurs, qu’on règle sa conduite.
L’affaire La Blache venait en appel devant le Parlement Maupeou (1773) : le rapporteur était le conseiller Goëzman, mari d’une assez jolie femme qui aimait les cadeaux. […] Elle eut avec Voltaire, qui redoutait son esprit, et dont elle aimait l’esprit, une très intéressante correspondance. — Éditions : Correspondance complète de Mme la marquise du Deffand avec ses amis, pub. p.
Enfin, il a rendu à la critique l’essentiel service de lui donner l’exemple de la sympathie : personne n’a enseigné plus hautement, plus constamment à aimer l’homme, l’effort vers le vrai et vers le bien, même dans les formes qui répugnent le plus à notre particulière nature. […] J’aimerais mieux, à vrai dire, qu’il nous ait laissé le soin de le constater ; et dans ses exquis Souvenirs de jeunesse, l’optimiste contentement de soi, enveloppé d’une douceur un peu dédaigneuse, contriste par endroits les plus amicaux lecteurs.
Le Roy que je veux défendre la Science pour la Science ; c’est peut-être ce qu’il condamne, mais c’est ce qu’il cultive, puisqu’il aime et recherche la vérité et qu’il ne saurait vivre sans elle. […] On s’est étonné de cette formule : la Science pour la Science ; et pourtant cela vaut bien la vie pour la vie, si la vie n’est que misère ; et même le bonheur pour le bonheur, si l’on ne croit pas que tous les plaisirs sont de même qualité, si l’on ne veut pas admettre que le but de la civilisation soit de fournir de l’alcool aux gens qui aiment à boire.
Des époques se sont éprises de jardins réguliers et géométriques, peuplés de statues et d’arbres qu’on taillait en pyramides, en cônes, en éventails, c’est-à-dire qu’elles ont aimé la nature parée, pomponnée, civilisée, humanisée, artialisée, comme eût dit notre vieux Montaigne. […] J’oserai ajouter qu’il existe un accord curieux, très explicable d’ailleurs, entre ce qu’on aime dans le monde extérieur et ce qu’on préfère dans le monde intérieur.
Pariset avait aussi entrepris une traduction de la Retraite des Dix Mille de Xénophon ; et cela, nous dit-il, pour plaire au père de sa femme, lequel aimait le grec ou la guerre apparemment. […] Corvisart a grand besoin de la place, mais il refuse et aime mieux garder ses cheveux.
Et de quoi n’aurais-je point été capable, de quoi ne le serais-je point, si Votre Majesté avait mieux aimé, si elle aimait mieux encore me corriger que me perdre ?
à dessiner comme un profil de lui-même, et à nous retracer avec amour l’idéal de l’homme auquel il aurait le mieux aimé ressembler. […] Il était sobre, et il n’aimait de la vie large que ce qu’il faut pour donner à l’homme tout son ressort et toute son activité.
M. de Tocqueville est un observateur, mais ce n’est pas un statisticien : il n’aime pas le fait pour le fait, il n’y voit que le signe des idées. […] Il aimait passionnément les idées générales, mais il les dissimulait si bien, qu’un Anglais, auteur d’un livre intéressant sur les États-Unis, lui disait : « Ce que j’admire particulièrement, c’est qu’en traitant un si grand sujet, vous ayez si complètement évité les idées générales. » Il ne les évitait pas, loin de là ; mais il cherchait autant que possible à les incorporer dans les faits.
Cette austérité des habitudes républicaines, cette aridité du régime constitutionnel, sont peu à notre usage : nous aimons à pouvoir nous occuper de la chose publique, comme de tout, et en nous jouant, si j’ose parler ainsi ; car tout ce qui nous intéresse, tout ce qui fait le sujet de nos études ou de nos méditations, nous aimons à en parler, le, soir, dans la chambre des dames, comme disaient nos anciens chevaliers sur le champ de bataille ou sur la brèche d’une forteresse ouverte par leur vaillance.
Il aimait trop pour cela les idées générales. […] Rappelez-vous la Psychologie sociale des nouveaux peuples, et, vous qui avez aimé Chasles, attristez-vous !
Baudelaire veut parler ici, sans doute, de ses souffrances en amour ; c’est agréable pour les femmes qui l’ont aimé. […] Eugène Cressot ce recueil de Poésies dont chaque vers semble l’écho attendri d’une chanson aimée, ou le fugitif reflet d’une vision disparue. […] Elle a toute la saveur et tout le parfum d’une pomme verte mais ces messieurs de l’orchestre, s’il faut les en croire, n’aiment pas les pommes vertes. […] Nous vivons si bien dans un milieu de lutte et de guerre spirituelle, qu’il faut, à tout prix, se dresser à cette escrime de la parole écrite, — fût-ce aux dépens de ceux qu’on aime. […] J’aime mieux l’allure résolue de M.
Au reste, ce ne sont pas des conseils ici que je viens lui adresser : j’ai voulu surtout donner avis au public qui aime la poésie, et lui dire : Il y a un poète dans ce volume, un poète à demi enchaîné ; aidez-le à prendre l’essor. — Béranger et M. de Lamartine, chacun de leur côté, et cette fois sans qu’on puisse y soupçonner de la complaisance, ont déjà donné à l’auteur ce brevet de poète : je ne fais qu’ajouter après eux mon apostille bien sincère.
L’habile et flexible Dumouriez, l’agent de la diplomatie occulte sous Louis XV, le courtisan rompu aux mystères de la vieille monarchie, le républicain au demi-sourire, y prend par degrés la physionomie austère du citoyen le plus dévoué et du sujet le plus loyal ; à force d’abstractions, il est devenu le type épuré du royalisme constitutionnel ; ou, si l’on aime mieux, du constitutionnel royaliste.
Maurice Barrès J’aime beaucoup Moréas et je fais grand cas de son talent ; c’est un artiste qui joint aux préoccupations du symbole le plus grand souci de la forme de la langue qu’il voudrait renouveler et, en cela, il prolonge les parnassiens.
Pour celui qui déploya de pareils rêves, voilures gonflées vers l’infini, la vie quotidienne n’existait que très peu : il ne fut ni pauvre, ni malade, ni dédaigné ; mais royalement riche, comme Axël, jeune et fort comme Axël, et comme Axël aimé de Sara, l’énigmatique princesse.
Il faut aimer la liberté. » La liberté, nous l’avions alors : c’était pour nous, de prendre possession de tout ce qui nous entourait, de rouler sur l’herbe, de moissonner les fleurs, de faire jouer les serrures verrouillées, et c’était pour moi, souvent, de m’entretenir en silence avec les peintures des galeries et les grandes ombres du clair de lune, car déjà j’avais la tête farcie de romans dévorés en cachette.
Ensuite, on oublie qu’entre génie et talent il y a différence de degré, non de nature ; ou, si l’on aime mieux une formule plus claire, qu’à toute époque l’originalité, la faculté d’innover, le don de créer sont répartis à doses inégales parmi beaucoup de personnes, au lieu d’être concentrés en deux ou trois seulement.
Il pourrait pousser le détail de ces explications beaucoup plus loin, et examiner une à une avec la critique toutes les pièces de la charpente de son ouvrage ; mais il a plus de plaisir à remercier la critique qu’à la contredire ; et, après tout, les réponses qu’il pourrait faire aux objections de la critique, il aime mieux que le lecteur les trouve dans le drame, si elles y sont, que dans la préface.
Ainsi ceux qui aiment la vérité ne peuvent s’empêcher d’acheter un ouvrage, où on l’a dite avec autant de sincérité que d’exactitude.
Le peintre et le poëte ne nous affligent qu’autant que nous le voulons, ils ne nous font aimer leurs heros et leurs heroïnes qu’autant qu’il nous plaît, au lieu que nous ne serions pas les maîtres de la mesure de nos sentimens ; nous ne serions pas les maîtres de leur vivacité comme de leur durée, si nous avions été frappez par les objets mêmes que ces habiles artisans ont imitez.
Les françois sont vantez de toutes les nations pour respecter naturellement leurs princes : ils font même davantage, ils les aiment.
J’aime ces contrastes. […] Là-dessus Flaubert s’exclame que c’est l’homme dans la peau duquel il aimerait le mieux être […] Elles ont une tenue pareille, la même toilette, des enfants qu’elles promènent en ayant l’air de les aimer — et à la fin de la saison, elles arrivent à se faire à elles-mêmes l’effet d’être mariées. […] Qu’on lui dise : — « Mirabeau a trahi. — Oui, mais il aimait tant Sophie ! […] Et cependant, si je venais à l’aimer tout à fait, je comprends, à la rigueur avec elle, un amour sans la possession corporelle, mais avec la possession absolue de tout ce qui me charme en elle, de tout ce qu’elle a d’immatériel, — une possession de son cœur, de sa tête, de son imagination.
Ils n’aiment pas non plus la recherche du style. […] (défroques du romantisme sans doute), représentent l’allégorie, c’est-à-dire que tous ces personnages des basses classes sont ceux que l’artiste aime à peindre, en s’inspirant de la misère des misérables. […] Cette femme pourrait être un modèle d’atelier ; cependant, comme c’est un paysage qui est sur le chevalet, j’aime mieux voir en elle l’image du réalisme, d’autant plus qu’elle répond assez bien à l’image que je m’en fais. […] Chaque homme dans ce rôle de public apporte forcément ses préoccupations spéciales, ou, si vous aimez mieux, son idéal personnel. […] Les uns aiment les costumes d’une époque, les autres d’une autre ; mais la majorité se prononce en faveur du costume Louis treize.
Il prêcha sur l’Évangile de demain, qui est de la femme à qui il fut beaucoup pardonné, parce qu’elle avait aimé beaucoup.
Cousin n’aime pas M. de La Rochefoucauld ; il se pique d’être lui-même d’une philosophie morale spiritualiste très supérieure ; il se réjouit, en cette occasion particulièrement, de surprendre le défenseur de la théorie de l’amour-propre en flagrant délit de vanité littéraire.
Béranger qui aurait autant aimé qu’on n’admirât pas si fort André Chénier (c’est une petite faiblesse chez un grand poëte), se faisait volontiers sous cape l’écho de ces inventions très-flatteuses pour l’éditeur.
Andrieux professa au collège de France, comme, depuis plusieurs années déjà, il professait à l’intérieur de l’École Polytechnique, et ses cours publics, fort suivis et fort aimés de la jeunesse, devinrent son occupation favorite, son bonheur et toute sa vie.
Je l’ai dit ailleurs : « malgré tout, Atala garde non pas son charme (c’est un mot trop doux et que j’aime mieux laisser à Virginie), mais son ascendant troublant ; au milieu de toutes les réserves qu’une saine critique oppose, la flamme divine y a passé par les lèvres de Chactas ou de l’auteur, qu’importe ?
Aucun ouvrier n’en a jamais voulu à tel écrivain démagogue d’être riche, de mener une vie élégante et de mépriser au fond le peuple, tout en l’aimant peut-être comme on aime l’instrument de sa réputation et de sa fortune.
On songe qu’il doit éprouver, dans sa besogne libératrice, une sorte d’exaltation austère ; qu’il doit, à sa façon, « aimer le sang »… On se dit que le plus grand bienfait qu’un homme puisse attendre d’un autre homme, c’est le chirurgien qui le dispense.
Henri IV, qui aimait à se divertir des parades comiques qui commençaient à faire la réputation de l’acteur français, le faisait appeler quelquefois.
On retrouve dans son livre l’influence de Newton et du xviie siècle qui aimait tant à procéder more geometrico.
C’en était un que cette Lamia, reine de Libye, et aimée de Zeus, à qui le dieu avait donné le pouvoir bizarre d’ôter ses yeux de leurs cavités, pendant son sommeil, et de les remettre ensuite à leur place.
Un auteur gâte tout quand il veut trop bien faire ; Non qu’il faille bannir certains traits délicats : Vous les aimez ces traits, et je ne les hais pas.
On admire plus l’un, on aime plus l’autre ; le premier a des douleurs trop royales, le second parle davantage à tous les rangs de la société.
Sans cesse occupé du tombeau, et comme penché sur les gouffres d’une autre vie, Bossuet aime à laisser tomber de sa bouche ces grands mots de temps et de mort, qui retentissent dans les abîmes silencieux de l’éternité.
Ceux qui nient les pressentiments, ne connaîtront jamais les routes secrètes par où deux cœurs qui s’aiment communiquent d’un bout du monde à l’autre.
Il écrit, dans la dédicace de l’Étang de Berre (1915) : « Ce petit livre — dit — la ville et la province — épanouies — dans le royaume — pour les progrès — du genre humain » ; dans la préface de Quand les Français ne s’aimaient pas (1916), mettant en lumière « les services rendus à la beauté et à la vérité par les hommes de sang français », il spécifie que cela doit être considéré « sans perdre un seul instant de vue que la raison et l’art ont pour objet l’universel ».
Mon fantôme s’appelait Corambé et ce nom lui resta… Je voulais l’aimer comme un ami, comme une sœur, en même temps que le révérer comme un Dieu. […] Nous souffrons de leur souffrance, nous nous épouvantons de leurs terreurs, nous aimons de leurs amours. […] Il faut qu’il nous présente une œuvre vivante et passionnée, qui frappe l’imagination en touchant le cœur ; il n’y réussira pas, s’il est lui-même rebelle à l’émotion et incapable d’aimer. […] L’émotion, directement exprimée, n’a en soi aucune valeur poétique. « J’aime ! […] Les manuscrits des poètes, ceux surtout qu’ils n’aiment pas à montrer, la feuille de travail, le brouillon, en feraient foi.
Plutôt que d’en demeurer d’accord on a mieux aimé adopter les subtilités les plus chimériques ; eh ! […] Elle nous fait trahir nos sentimens, pour ne pas blesser le parti le plus nombreux ; on aime mieux paroître judicieux que de l’être en effet ; et pour ne pas lutter contre le torrent, on s’y abandonne. […] Je n’ai pas choisi à beaucoup près le plus bizarre, j’ai mieux aimé le choisir court ; le voici. […] J’avoüe que ces discours délassent un peu l’esprit de la longueur et de l’uniformité des combats, et qu’on aime encore mieux les entendre que la description anatomique des blessures. […] L’imagination embrasse avec plaisir deux objets à la fois ; elle aime à augmenter elle-même les rapports imparfaits qu’elle y trouve, et elle ne chicane point, pourvû qu’on ne l’égare pas trop sensiblement.
J’aime mieux laisser le temps faire son affaire que de perdre le mien à vous expliquer toutes les mesquineries de ce pauvre genre. […] Quand un chanteur met la main sur son cœur, cela veut dire d’ordinaire : je l’aimerai toujours ! […] Bien des gens, partisans de la ligne courbe en matière d’éreintage, et qui n’aiment pas mieux que moi M. […] Lottier, au lieu de chercher le gris et la brume des climats chauds, aime à en accuser la crudité et le papillotage ardent. […] Sa peinture respire une grande mélancolie : Il aime les natures bleuâtres, les crépuscules, les couchers de soleil singuliers et trempés d’eau, les gros ombrages où circulent les brises, les grands jeux d’ombres et de lumière.
La mouche, parmi ses titres de gloire, annonce qu’elle se campe sur la tête des belles, et baise leur beau sein, quand elle veut. »70 Acaste, « qui est fort aimé du beau sexe », parle plus discrètement, mais au fond insinue qu’il a le même privilège. « Les coeurs de haut prix » ne lui manquent pas ; encore faut-il qu’ils fassent « la moitié des avances. » Le gentilhomme avec son caquetage et la mouche avec son bourdonnement ont la même légèreté, la même fatuité, le même brillant et la même fin. […] Il a les façons conquérantes d’un homme du bel air qui ne se trouve pas fait « pour aimer à crédit et faire tous les frais. » Disant ces mots, il fait connaissance avec elle. […] Le rat est maintenant « son cher ami. » Il l’a seul « choyé » entre tous ceux de son espèce, et « à bon droit » ; il l’a chéri « d’une amour singulière », il l’a aimé « comme ses propres yeux. » Je n’en ai pas regret, et j’en rends grâce aux dieux. […] Nous savons leurs conditions, leurs caractères, leur langage ; nous voyons leurs habits, leurs demeures ; nous entendons les inflexions de leurs voix ; nous suivons les mouvements de leurs âmes ; nous les connaissons, nous nous intéressons à eux ; j’étais tout à l’heure involontairement plein d’irritation, de mépris, de pitié, de gaieté ; j’aimais ou je haïssais ; La Fontaine nous menait à Versailles ; nous apercevions par une échappée Louis XIV en manteau royal, les seigneurs pliés en deux dans les antichambres, les courtisans accrochant une pension ou une survivance, les bourgeois à leur comptoir et dans leur hôtel-de-ville, le curé expédiant sa messe, le paysan au travail, las et roidi dans sa souquenille trouée. […] Aimé Seilière.
Au Théâtre-Français, parce que n’ayant plus de grands acteurs tragiques, il ne peut espérer de vogue que par l’attrait d’un genre et d’un système de pièces entièrement neufs sur notre scène ; au public, parce que lassé de tant de pâles contre-épreuves de nos chefs-d’œuvre, lassé de la mesquine représentation de nos chefs-d’œuvre eux-mêmes ; il aime mieux les relire vingt fois avec délices et attendre pour revenir au théâtre que quelque chose y réponde à ce vague besoin de nouveauté qui le tourmente ; à l’art enfin, parce que faute de point de comparaison il serait à craindre que ce besoin se satisfît aveuglément avec des ouvrages prétendus romantiques, faits sans inspiration et sans étude, qui n’auraient que les formes extérieures des drames de Shakespeare, et dont toute la nouveauté consisterait à briser les unités de temps et de lieu, auxquelles personne ne songe, et à mêler des lazzis du boulevard au langage cérémonieux de notre vieille tragédie. […] Rien ; à moins qu’il ne dise avec Voltaire : « Qui n’aime pas les vers a l’esprit sec et lourd, « Je ne veux pas chanter aux oreilles d’un sourd. » C’est une bien grande erreur aussi de croire que tels versificateurs font mieux les vers que tels poètes. […] Il nous est impossible encore de ne pas dire que la plupart de nos prétendus classiques ne connaissent ni l’antique, ni le moderne ; qu’ils n’aiment ni la Bible, ni Homère, ni Eschyle, ni Horace, ni Shakespeare, ni le Dante, etc., etc., qu’ils ne se délectent pas beaucoup avec Corneille, et pas du tout avec André Chénier ; toutes choses fort désagréables pour les deux ou trois hommes de génie qu’ils ont adoptés, probablement à cause de ce qu’ils ont de moins bon.
D’un goût perverti à force de recherche, — on peut l’accorder, — ils agirent avec ce goût blasé comme avec leur sang lymphatique et croupi, dont ils aiguillonnaient l’ardeur sous les morsures de ce dévorant caviar qu’ils aimaient. […] Il a toutes les confiances… et cette fougue qui est une espérance et qui, le jour qu’elle se contiendra, sera une force… Mais, comme beaucoup d’artistes plastiques, il se fie un peu trop à la matière, à la matière qui trahit souvent ceux qui l’aiment le plus ! […] Il rit, mais comme quelqu’un qui aime.
je n’aime pas également tous les endroits, si souvent cités, de Mme de Sévigné à son sujet ; elle abuse quelquefois, en parlant de lui, de ces folâtreries de style et de cette belle humeur d’expression qui font contraste avec les choses graves. […] C’est en effet l’impression que donne la savante disposition de son discours, cette forme de dialectique morale et de démonstration ferme qui s’avance d’abord sur deux ou trois lignes de front, et qui aime encore à se subdiviser dans le détail par groupes de trois ou quatre arguments.
Les anecdotes où Chapelle figure avec celui-ci et avec Molière sont devenues une sorte de légende ; on aimerait à savoir quelques-uns des mots gais, piquants, naïfs, qui composaient le sel de Chapelle et le faisaient tant estimer des illustres, comme étant lui-même une manière de génie. […] Car des quatre grands hommes, c’était Molière surtout qui aimait à le consulter non seulement dans ses ennuis de cœur, mais dans ses embarras de directeur de théâtre (deux sortes de peines qui se mêlaient en lui volontiers) : il avait dans sa troupe trois principales actrices entre lesquelles il s’agissait de distribuer les rôles et dont il importait de mener à bien les rivalités ; et Chapelle, de la campagne, lui écrivait : Il faut être à Paris pour en résoudre ensemble, et, tâchant de faire réussir l’application de vos rôles à leur caractère, remédier à ce démêlé qui vous donne tant de peine.
J’aimerai à rendre justice à tout le talent, et à discuter quelques-unes des idées. […] Aussi aimerais-je que, lorsqu’on écrit sur un auteur (et j’entends surtout parler d’un poète ou d’un artiste, d’un auteur de sentiment ou d’imagination), on se le figurât présent et écoutant ce que nous en disons.
Psyché a désobéi à l’Amour, elle a cédé aux conseils perfides de ses deux méchantes sœurs jalouses ; elle a voulu voir de ses yeux le monstre qui était son époux ; elle l’a vu, elle l’aime de ce moment plus que jamais, mais au même instant elle l’éveille par la goutte d’huile brûlante qui tombe de sa lampe, et elle le perd. […] Ceux qui aiment les genres tranchés ne le rencontrent pas et font semblant parfois de ne pas le voir.
Car, quoiqu’il fût très fier de sentiments et de langage, Charles-Quint, outre qu’il aimait « la vérité dans sa simplicité », avait cela du vrai politique de ne point pousser les choses à l’extrême et de ne pas substituer avant tout l’orgueil à l’intérêt. […] Ses livres préférés, c’était Commynes, c’était Thucydide ; et si, à l’article de la mort, la pensée du jugement dernier n’avait tant préoccupé et offusqué son imagination espagnole et sombre ; s’il avait pu, lui aussi, rêver son rêve de Champs Élysées, c’est avec ces politiques consommés et parfaits qu’il eût aimé à se figurer la rencontre et les entretiens d’au-delà.
La France a perdu, le 17 janvier 1863, un de ses grands peintres, un de ses talents supérieurs et populaires comme elle les a aimés de tous temps, comme elle les préfère toujours, un grand talent naturel et facile. […] Horace avait des dispositions autres encore que pour la peinture : il aimait d’un amour presque égal le métier de soldat.
Allez, volez de vos propres ailes. » A force d’aimer cette langue qu’il possède si bien et d’en parler avec tendresse et une sorte d’enchantement, il en vient à deviner et à décrire ce qu’elle sera lorsqu’un génie approprié l’aura mise en œuvre. Dessinant toujours son programme, et voulant donner idée de ce qu’un homme éloquent aurait pu faire et dire en sa place dans cette Rhétorique supérieure qu’il décrit : « Il eut encore fait voir, dit-il, qu’il n’y a jamais eu de langue où l’on ait écrit plus purement et plus” nettement qu’en la nôtre ; qui soit plus ennemie des équivoques et de toute sorte d’obscurité ; plus grave et plus douce tout ensemble, plus propre pour toutes sortes de styles ; plus chaste en ses locutions, plus judicieuse en ses figures ; qui aime plus l’élégance et l’ornement, mais qui craigne plus l’affectation.
Celui qui n’a pas l’œil fait pour observer toutes ces choses, et qui ne peut d’un seul regard distinguer chaque nuance et chaque teinte dans sa variété, sera d’autant insuffisant par là même dans une des plus essentielles qualités du poète. » Pope n’est certes pas dénué de pittoresque ; il sentait la nature, il l’a aimée et décrite dans sa forêt de Windsor ; condamné par sa santé à une vie sédentaire et ne pouvant voyager vers les grands sites, il avait le goût de la nature champêtre, telle qu’elle s’offrait riante et fraîche autour de lui : il dessinait même et peignait le paysage, il avait pris des leçons, pendant une année et demie, de son ami Jervas ; et comme on lui demandait un jour : « Lequel des deux arts vous donne le plus de plaisir, la poésie ou la peinture ? […] Il y en a qui aiment la vie à l’ombre, au point de croire que c’est une même chose d’être à la lumière ou dans le tourbillon.
« Si jamais, leur dit-il dans la dernière strophe, si jamais parmi les mortels quelque voyageur malheureux aborde ici et qu’il vous dise : — Jeunes filles, quel est le plus inspiré des chantres qui visitent votre île, et lequel aimez-vous le mieux ? […] Son père adoptif l’aimait à cause de sa mère et aussi à cause de lui.
Il a tout vu, tout senti, tout sondé, tout pesé, tout aimé, tout haï, tout peint, tout conclu. […] Les troupes corrompues aiment leurs corrupteurs.
Joignons-y Molière, quoiqu’il semble devoir plus à sa droiture d’instinct et de génie qu’à l’imitation des anciens : il les connaissait pourtant, il les étudiait, il les aimait, même ce robuste Plaute qui répugnait à la délicatesse de son temps. […] Il y a un sentiment fin et juste de la couleur, si l’on peut dire, des expressions et des langues dans la démonstration que Boileau entreprend ; mais la gaucherie de la forme est plus sensible que la vérité du fond, et l’on ne peut s’empêcher de sourire, quand on voit Boileau alléguer Thalès, Empédocle et Lucrèce, pour faire valoir la dignité de l’eau dans l’antiquité, quand il ne veut pas qu’Homère ait parlé du « boudin » : un « ventre de truie », à la bonne heure, voilà qui est noble ; ou quand enfin il aime mieux mettre aux pieds de Télémaque une « magnifique chaussure » que de « beaux souliers », et maintient obstinément qu’il ne faut pas appeler « cochons » ou « pourceaux » les animaux de nom « fort noble », en grec, dont avait soin le « sage vieillard » Eumée, qui n’était pas un « porcher ».
Prenons une comparaison célèbre qui s’y trouve : Ô bienheureux mille fois L’enfant que le Seigneur aime, Qui de bonne heure entend sa voix, Et que ce dieu daigne instruire lui-même ! […] Hugo veut caractériser la variété qu’il aime à trouver dans les productions d’un artiste, et qu’il désirerait voir dans ses propres ouvrages.
Ceux qui aiment l’uniformité trouveront quelque satisfaction dans l’avènement d’un vaste régime social unitaire : ceux qui se complaisent dans la diversité en souffriront. […] Car il aime trop à raisonner, à épiloguer sur l’existence de Putois.
Pour être disciple de Jésus, il ne fallait signer aucun formulaire, ni prononcer aucune profession de foi ; il ne fallait qu’une seule chose, s’attacher à lui, l’aimer. […] Jésus semble les avoir particulièrement aimées.
Un jour, Louis XI, qui n’aimait guère la contradiction, envoya à son Parlement certaine ordonnance à enregistrer, laquelle, n’étant point juste, y rencontra plusieurs refus. […] À peine investi par la confiance de Henri III de la charge d’avocat général du roi en la Cour des comptes, il en usa pour s’opposer à certain enregistrement d’édit qu’il croyait inique ; et, comme il arriva qu’une grande princesse qu’il vit peu après lui fit part du mécontentement du roi, si bien disposé pour lui auparavant, Pasquier répondit, en se ressouvenant de son ancienne courtoisie galante et de sa poésie de jeunesse pour corriger la sévérité de son procédé, que ce n’étaient là que brouilleries et querelles d’amant et maîtresse ; que « l’issue de ceci serait telle que d’un amoureux, lequel, ayant été éconduit par sa dame, s’en va infiniment mal content, mais qui, revenant peu après à soi, l’aime, respecte et honore davantage » ; et qu’ainsi le roi l’en regarderait bientôt de meilleur œil que devant. — C’est dans ce haut esprit de dévouement que Pasquier ne craignit pas de s’opposer à Henri IV lui-même pour l’enregistrement d’un édit qui allait à démembrer la Cour des comptes, et cela pendant le séjour du Parlement à Tours, c’est-à-dire pendant que les magistrats loyaux partageaient les fortunes diverses du Béarnais et son exil de Paris.
Il y a une manière plus poétique, plus généreuse peut-être, plus magnifique, qui consisterait à voiler les défauts, à faire ressortir les belles et grandes qualités, à l’en envelopper et à l’en couvrir, à l’accepter selon l’attitude si chevaleresque et si fière dans laquelle il aimait à se présenter à tous, à ses amis, au public, aux adversaires, et dans laquelle la mort l’a saisi. […] Cette aune, reprochée ainsi publiquement, lui resta longtemps sur le cœur ; pourtant la phrase de début du général d’Albignac : « C’est dommage que vous ne soyez pas né vingt-cinq ans plus tôt », réparait un peu l’impression en lui ; l’à-propos de sa propre réponse était fait aussi pour le réconcilier avec ce souvenir, et il aimait plus tard à raconter l’anecdote à ses heures de bonne humeur et de gaieté, en imitant le ton de voix et les gestes du général11.
Nous venons de voir que les sentiments analogues, par exemple les sentiments tendres, les sentiments douloureux, s’évoquent mutuellement : l’espérance excite la joie, elle rend bienveillant, elle porte à aimer ; l’inquiétude, la tristesse, l’humeur chagrine, la misanthropie vont de pair. […] La douleur de la haine est amère ; la joie d’aimer est douce ; la tristesse est sombre ; le souci est noir ; le regret est cuisant.
Il nous fait le tableau d’une matinée, où Morny lui avait commandé une chanson, une cocasserie madécasse, dans le genre de « bonne négresse aimer bon nègre, bonne négresse aimer bon gigot. » La chose fabriquée et apportée par Daudet, dans l’enthousiasme de la première audition, on oublie dans l’antichambre Persigny et Boitelle.
Au temps de la Vogue et de la Revue indépendante, pour le vrai lecteur (minorité que nous aimions nous figurer une élite), la littérature nouvelle commençait à Goncourt, égrégé du naturalisme, passait par Villiers de l’Isle-Adam, et nous englobait tous, nous autres du moins sur les confins, disait-on métaphoriquement. […] Lemaître distinguaient mieux, ce qui leur permettait de nous aimer moins.
Nos malheurs nous ont rendus, sinon plus sensés, du moins plus sérieux ; nos âmes, longtemps froissées par le choc des événements extérieurs, aiment davantage à rentrer, en elles-mêmes, pour y trouver quelque repos ; la religion a repris tout son empire, et la morale tous ses droits, ou du moins on n’outrage plus impunément l’une ni l’autre. […] Parce que l’imagination aime à achever les tableaux qu’on lui présente, faut-il que des descriptions poétiques ressemblent à ces figures indécises et changeantes que les nuages offrent à nos yeux ?
Il avait été enfanté à la métaphysique et à la théologie par le fameux et excellent abbé Noirot, l’adroit et subtil accoucheur d’esprits, un abbé Socrate qui a toujours mieux aimé, disait le professeur Cousin, faire des hommes que des livres, et Saint-Bonnet fut son meilleur ouvrage, l’ouvrage qu’on se permet une fois, et qu’on ne recommence jamais ! […] Dans ce livre métaphysico-théologique, la beauté du style qu’il s’y permet est adéquate à la beauté de la pensée, et le tout tremble d’une émotion adorable, que ceux qui n’aiment pas Dieu comme cette âme privilégiée comprendront, s’ils sont capables d’un autre amour.
Je l’ai dit déjà, là où je l’aime le mieux, c’est dans ses Gueux des Champs. […] J’ai mieux aimé les séparer, et puisque ma fonction, dans ce livre, est de faire de la littérature, j’en ai fait.
Il écrit a son père : « Je pense que vous ne serez pas mécontent de votre fils qui vous aime et a cherché à vous imiter. » Le Conseil de guerre l’acquitte, mais il est mis en non-activité. […] Prie donc bien pour que je sois à la hauteur et que je donne l’exemple ; et, ensuite, tu prieras pour que, si c’est la volonté de Dieu, nous puissions nous revoir et nous aimer longtemps encore… » Toutes ses lettres ont cet accent de foi ardente et raisonnée.
. ; je dis que cette susceptibilité si vive est le fait de personnes qui aiment le convenu et qui répugnent à la vérité.
Mais, contre ce qu’on croyait prévu, la première édition, non épuisée, du premier volume a continué de se débiter de préférence à la seconde, qui n’a été mise qu’incomplètement en circulation, et que l’auteur signale aux gens du métier, parce que c’est en définitive sur elle que, pour ces débuts critiques, il aimerait à être jugé. »
On le sentait bien, et la France, qui s’était accoutumée à voir dans ce dernier frère de Napoléon un survivant permanent d’une autre époque, aimait à le savoir là toujours.
Mais elle s’en est supérieurement tirée, et nous a répondu franchement que les prédicateurs devaient prêcher la morale et point le dogme ; que l’esclavage avilissait l’homme jusqu’à s’en faire aimer ; que Louis XIV devait plus aux grands génies de son temps que Racine et Pascal ne devaient à Louis XIV, et que, d’ailleurs, Bonaparte était fils de la liberté, et qu’il avait tué sa mère.
J’ai aimé à voir s’épanouir, dans ce royal couvent, ces orgueilleuses et charmantes fleurs de notre race.
On disait qu’il n’avait pas été un fils tendre ; qu’il aimait la guerre pour elle-même ; que son idéal de vie ne dépassait point celui des chefs militaires du haut moyen âge, et que nous devions nous féliciter que le chancelier fût là pour le contenir.
Je crois que, finalement, l’argent se fait encore plus aimer par sa masse que par le besoin qu’on en a.
Je n’aimerais pas à y demeurer.
. — Le Petit Art d’aimer (1897). — La Sculpture au Salon (1897). — Tristan de Lionois, 3 actes, 7 tableaux, en vers (1897). — Belles histoires d’amour (1898). — Les Contes de l’Archer (1898). — Histoires gauloises (1898). — Le Nu au Salon (1898). — La Sculpture aux Salons (1898). — Les Tendresses, poésies (1898).
Sully Prudhomme, son ami : « Vous avez mérité la sympathie et la reconnaissance de tous ceux qui lurent vos vers dans leur jeunesse : vous les avez aidés à aimer. » M.
En retour de l’immense bienfait de la cessation des guerres, la domination romaine, d’abord si dure, fut bien vite aimée.
L’inclination naturelle de la reine la portait à la galanterie ; elle aimait les fêtes propres à l’exalter.
Il aima mieux se la donner, que de tomber entre les mains d’Antipater.
Virgile, d’un seul trait, les peignit* : Si Bavius te plaît, aime aussi Mœvius.
Il aima surtout la tragédie & le poëme héroïque.
Ils se respectèrent & se craignirent encore plus qu’ils ne s’aimèrent.
Voiture surtout aime l’esprit & les concetti, s’épuise à dire de jolies choses.
Je l’aime mieux pour lui, pour moi, pour tous ceux qui l’environneront, avec une belle âme, qu’avec un beau génie.
Finette, Finette, vous ne m’avez jamais aimé.
Puisque Didot, qui est écrivain et dont la plume expérimentée a des qualités de correction, de clarté et parfois d’élégance que nous aimons à reconnaître, trouvait utile de publier, en dehors du cadre de son dictionnaire, un Essai sur la Typographie, il devait vouloir assurer par tous les moyens dont un auteur dispose le succès possible de cet essai.
— de ce patois qui fut la première langue de sa jeunesse ; car nous autres, gens de province, la première langue que nous ayons entendue a été un patois… Dans ces Récits de la Luçotte, nous n’avons affaire qu’à la première fileuse venue de la Bretagne, rhapsodisant, en tournant son rouet, ses vieilles histoires, et c’est pour cela que, brusquement et de plain-pied, elle est entrée dans ses Récits, sans explication, sans théorie et sans préface, et comme si toute la terre devait aimer le piché qu’elle nous verse et qui va nous griser, pour sûr !
Les nations seraient-elles comme les individus, n’aimeraient-elles pas les aristocraties ? […] Le ministre ne le laisse pas finir, lui dit : « Mon cher enfant, vous savez combien je vous aime ! […] Ai-je touché à la vie libre et occupée de ce que j’aime ? […] Les personnes qui me sont le plus sympathiques, je ne suis plus sûr de les aimer ; quant aux choses, elles ont perdu pour moi leur attractivité. […] Un joli mot de Saint-Victor à propos de l’éducation universelle : « F… pour moi, j’aime mieux un homme élevé par une ballade que par la prose de Timothée Trimm !
Il y a une justice pour elle ; il ne lui est pas loisible de s’abandonner, de négliger sa vocation ; il est évident que la Providence l’aime ; car elle la châtie. […] Il était supérieur en un sens à la majorité du Pays ; il aimait le bien ; il avait un goût réel peu éclairé sans doute, cependant, de la noble culture de l’humanité. […] L’antipathie qu’elle témoigne contre Paris n’est pas seulement la juste indignation contre les attentats d’une minorité factieuse ; ce n’est pas seulement le Paris révolutionnaire, c’est le Paris gouvernant que la France n’aime pas. […] Elle consiste à se corriger de ses défauts, et parmi ses défauts à se corriger justement de ceux qu’on aime, de ce défaut favori qui est presque toujours le fond même de notre nature, le principe secret de nos actions. […] Hyacinthe, si un mouvement de réforme, dis-je, entraînant le mariage des prêtres de campagne et le remplacement du bréviaire par un enseignement presque quotidien, était possible, il faudrait l’accueillir avec empressement ; mais je crains que l’Ëglise catholique ne se roidisse et n’aime mieux tomber que de se modifier.
Il dit aux jésuites, arrivés les premiers : « Assurément, mes pères, vous devez être contens de moi ; car je n’aime pas les oratoriens » : &, demi-heure après, aux oratoriens : « Assurément, mes pères, vous devez être contens de moi ; car je n’aime pas les jésuites ». […] La leur est une des premières qui aient cultivé les sciences & les arts : ils aiment surtout les mathématiques. […] Les néophites protestent qu’ils aiment mieux rester damnés, que de se confesser soit, à lui, soit à des dominicains. […] Comme ils n’aiment point les procès, ils ont abandonné celui-là. […] Aimé des papistes, Estimé des protestans.
Il contait à Drummond qu’il était demeuré une nuit entière, « s’imaginant qu’il voyait les Carthaginois et les Romains combattre sur son orteil110. » Non que de fond il soit mélancolique ; au contraire, il aime à sortir de lui-même par la large et bruyante gaieté débridée, par la conversation abondante et variée, avec l’aide du bon vin des Canaries, dont il s’abreuve, et qui a fini par devenir pour lui une nécessité ; ces gros corps de bouchers flegmatiques ont besoin de la généreuse liqueur qui leur rend du ton, et leur tient lieu du soleil qui leur manque. […] Et demain matin Je vous enverrai un parfum pour amollir Et faire transpirer ; puis je vous préparerai un bain Pour éclaircir et nettoyer l’épiderme ; en attendant Je composerai un nouveau fard excellent Qui résistera au soleil, au vent, à la pluie, Que vous pourrez appliquer avec l’haleine ou avec de l’huile, Comme vous l’aimerez mieux, et qui durera environ quatorze heures127. […] On lit la formule de convocation, et le conseil note les noms de ceux qui manquent à l’appel ; puis il fait son rapport et annonce que César « confère à l’homme qu’il aime, au très-honoré Séjan » la dignité et la puissance tribunitienne. […] Morose est un vieillard maniaque qui a horreur du bruit, et aime à parler.
Messieurs, leur dis-je alors, les fils des empereurs et des rois ont en eux quelque chose de majestueux et de divin ; cependant, si vous demandez à un humble paysan lesquels il aime davantage des fils des rois ou des siens, il dira que ce sont les siens. […] Elle aimait les arts et les artistes autant que son royal amant les favorisait. […] Le roi, étonné, se tourne vers le roi de Navarre et les cardinaux de Lorraine et de Ferrare, et leur dit : Benvenuto est vraiment un homme admirable et digne de se faire aimer et désirer de tous ceux qui le connaissent ! […] La plus jeune d’entre elles, mariée et mère de famille à Florence, le logeait, le nourrissait, l’aimait et lui faisait goûter l’affection de ses nièces.
L’ami embrassa encore tendrement ceux qu’il aimait. […] Si vous aimez à vivre, descendez vite de ma barque sur le rivage. […] Les trois nobles rois se levèrent aussi de table ; ils auraient aimé séparer les combattants, avant que de plus grands malheurs n’arrivassent. […] Je ne puis vous raconter ce qui arriva depuis, si ce n’est qu’on voyait chevaliers, femmes et nobles varlets pleurer la mort de ceux qu’ils avaient aimés.
Que la route soit longue ou brève, qu’on aime, qu’on chasse ou qu’on écrive, celui qui reste en arrière a tort, et celui-là a raison qui arrive. » — Pouvait-on répondre plus spirituellement et plus victorieusement à une accusation de plagiat ? […] Ces emprunts ne prouvent nullement, comme certains aimeraient à le croire, une pauvreté d’invention chez D’Annunzio ; on pourrait tout au plus trouver que leur nombre, et la façon très « habile » dont ils sont utilisés, révèlent une certaine indélicatesse morale. […] Il faut citer une fois de plus, d’une façon plus complète qu’on ne le fait d’ordinaire, ce fragment d’une lettre à Louise Colet : « Il y a en moi littérairement parlant deux bonshommes distincts, un qui est épris de gueulades, de lyrisme, de grands vols d’aigle, de toutes les sonorités de la phrase et des sommets de l’idée ; un autre qui creuse et qui fouille le vrai tant qu’il peut, qui aime à accuser le petit fait aussi puissamment que le grand, qui voudrait vous faire sentir presque matériellement les choses qu’il reproduit. Celui-là aime à rire et se plaît dans les animalités de l’homme.
Mais il aimait trop les généralités, pour s’occuper avec goût de la pratique du droit. […] la première barbarie était de nature, la seconde est de réflexion ; celle-là était féroce, mais généreuse ; un ennemi pouvait fuir ou se défendre ; celle-ci, non moins cruelle, est lâche et perfide ; c’est en embrassant qu’elle aime à frapper. […] Dans cette position pénible, il faisait toute sa consolation du soin d’élever ses deux filles, qu’il aimait beaucoup, et dont l’aînée réussit dans la poésie italienne. […] Il aimait aussi à observer le soin avec lequel les jurisconsultes pèsent les termes des lois qu’ils expliquent.
Pour mon compte, c’est des livres que j’aime à tirer mes connaissances, et je ne demande à la société que des égards polis et des manières faciles5. […] En voyant les excès qui déshonoraient une cause qui aurait pu être si belle, en considérant le champ illimité d’anarchie et d’aventures dans lequel on se lançait à l’aveugle, il en revint à aimer cette Constitution anglaise pour laquelle il s’était toujours senti assez tiède ; il redevint fier de ce qu’il appelait le bon sens de sa nation et de ce qu’elle avait conscience des bienfaits dont elle jouissait : Les Français, écrivait-il à lord Sheffield (1790), répandent tant de mensonges sur les sentiments de la nation anglaise, que je souhaiterais que les hommes les plus considérables de tout parti et de toute classe se réunissent dans quelque acte public pour déclarer qu’ils sont eux-mêmes satisfaits de notre Constitution actuelle et résolus à la maintenir.
Elle aimait sans doute en lui le fils d’un des contemporains et des adorateurs de sa jeunesse ; mais si ce fils n’avait pas eu du bon sens et de la solidité sous ses airs légers, s’il n’avait pas eu du fonds, elle ne lui aurait point été une si invariable amie et protectrice. […] Il y a peu d’exemples de ce qui m’arrive, et que l’on perde dans la même semaine son petit-fils, sa petite-belle-fille et leur fils, tous de très grande espérance et très tendrement aimés.
L’abbé Le Dieu s’y élève au-dessus de lui-même et de sa manière ; il y entre dans des particularités telles qu’on les aime sur les grands hommes et dans un détail sans trivialité ni bassesse. […] Je reviens en arrière et je trouve une description minutieuse mêlée d’inventaire, une photographie, telle que nous les aimons à cette heure, des salons de l’archevêché de Paris ; c’est le récit d’une visite que fait Le Dieu au cardinal de Noailles, chez qui il est envoyé un jour par Bossuet pour lui porter un de ses écrits en réfutation de Richard Simon : Ce mardi 19 (décembre 1702), j’ai porté au cardinal un exemplaire du livre en état d’être lu, au milieu de son audience remplie d’évêques, de grands seigneurs et de grandes dames, tout le monde debout, et les évêques même, aussi bien que les dames, comme chez le roi ; tout le monde dans un grand respect, et plus que chez le roi ; le silence même était très grand dès les antichambres, où les pauvres prêtres attendaient, le chapeau sous le bras, les cheveux fon courts et la tonsure faite, en posture de suppliants ou de séminaristes qui vont à l’examen pour les ordres ; leur extérieur était beaucoup plus composé qu’à l’église et à l’autel.
Il aimait peu à vivre avec ses égaux. […] Je suis aussi hasardeux qu’un autre dans un projet de bataille… » Et tout ce qui suit ; il n’y en a pas un mot chez Frédéric. « Mais nos Parisiens aimeront cela », se dit La Beaumelle.
Car en France, notez-le bien, on ne veut pas surtout s’amuser et se plaire à un ouvrage d’art ou d’esprit, ou en être touché, on veut savoir si l’on a eu droit de s’amuser et d’applaudir, et d’être ému ; on a peur de s’être compromis, d’avoir fait une chose ridicule ; on se retourne, on interroge son voisin ; on aime à rencontrer une autorité, à avoir quelqu’un à qui l’on puisse s’adresser dans son doute, un homme ou un corps. […] J’aime à le voir, appliqué à un de nos bons auteurs, et tel que l’ont traité Chamfort dans son Éloge de La Fontaine, M.
Son but est complexe ; c’est à nous, lecteurs et raisonneurs, qu’il laisse le soin de le dégager ; il se contente de le résumer de la manière la plus générale, lorsqu’il dit à celui de ses amis auquel il adresse le Journal de ses impressions : « Admets seulement que j’aime passionnément le bleu, et qu’il y a deux choses que je brûle de revoir : le ciel sans nuages, au-dessus du désert sans ombre. » Parti de Médéah dans la direction du sud, il va traverser le pâté de montagnes qui le sépare du désert, et il ne nous laisse rien perdre, chemin faisant, de la physionomie du paysage. […] Il aime, dit-il, en arrivant dans une ville arabe, à choisir, pour bien voir, le point de vue le plus élevé, le pied d’une tour, ce qu’on appellerait en Grèce l’acropole ; et là, montant dès le matin, il passe en contemplation et en rêverie des heures entières.
L’Empereur, qui aimait assez à affubler chacun d’une spécialité, à le coiffer d’un sobriquet une fois pour toutes ; — et par exemple, à dire à Garat en chaque rencontre : Comment va l’idéologie ? […] Mais la volonté absolue, qui allait se briser contre la nature du Nord, n’aimait pas qu’on lui représentât ce qui en était, ni qu’on l’avertît trop de ce qui contrariait ses desseins.
Je dis que cela est touchant, parce que cela est désintéressé ; et c’est l’honneur éternel des lettres, de ce que les Anciens appelaient studia, d’entretenir en ceux qui les aiment de ces piétés qu’on appellera, si l’on veut, des manies : les hommes qui ne visent qu’au présent et à user à leur profit des circonstances sont incapables, je l’avoue, de telles illusions, qui supposent le rêve d’immortalité, et c’est pourquoi, avec toute sorte de considération pour ces hommes utiles, je préfère les autres. […] Quelques mots épars, quelques indices recueillis par M. de Cayrol, semblent indiquer que les jouissances de cœur ne manquèrent pas à Gresset dans ces années mondaines ; mais la discrétion du poëte n’a rien laissé percer sur l’objet aimé, et, dans un monde où tout s’affichait, il sut couvrir d’un voile mystérieux le nom de sa Glycére.
On aimait jadis à peindre la grâce de certains défauts, la niaiserie des qualités estimables ; mais ce qui est désirable aujourd’hui, c’est de consacrer l’esprit à tout rétablir dans le sens vrai de la nature, à montrer réunis ensemble le vice et la stupidité, le génie et la vertu. […] On ne croirait pas, dans la réalité, à la douleur d’un homme qui pourrait exprimer en vers ses regrets pour la mort d’un être qu’il aurait beaucoup aimé.
J’aime à y appliquer, de même qu’aux Poèmes anciens et romanesques, ce que je disais de la suggestion même : elles sont en leurs strophes variées comme un ensemble de lignes qui, sans atteindre le point précis de leur jonction, le révèlent au moins par leur unanime tendance, projetant ainsi dans l’espace le signe de leur raison d’être et de leur unité. […] Aime : Honte ou Gloire, qu’importe À toi dont voici le tour ?
« Dis-moi qui tu aimes et je te dirai qui tu es. » La préférence qui reporte une société vers tel ou tel moment de son existence antérieure est révélatrice de son goût dominant. […] Aussi, curieux effet de cette lenteur dans la propagation des idées, la France, en 1870, aimait et croyait encore vivante la grande Allemagne de Kant et de Gœthe.
Il aime à se rendre compte de tout par écrit. […] Il faut citer cette page heureuse par laquelle il prend place entre Vauvenargues et André Chénier, ses frères naturels, morts au même âge, qu’on aime à lui associer pour le talent et pour le cœur comme pour la destinée.
Mme Necker écrivait à Diderot : « Je continue à m’amuser infiniment de la lecture de votre Salon : je n’aime la peinture qu’en poésie ; et c’est ainsi que vous avez su nous traduire tous les ouvrages, même les plus communs, de nos peintres modernes. » Voilà bien l’éloge, et qui, selon quelques gens de goût, est la plus grande critique. […] En analysant ce tableau et aussi les autres tableaux de Greuze, Diderot, notez-le, se plaît à y remarquer ou à y introduire une légère veine de sensuel à travers le moral, une veine qui s’y trouve peut-être, mais que certainement il aime à suivre, à indiquer du doigt, et que, plutôt que de l’omettre, il est tenté de grossir et d’exagérer.
Il faisait un retour sur lui-même eu parlant ainsi, et il aimait à imputer en partie aux obstacles le défaut qui avait été essentiellement en lui. […] Un des meilleurs témoins de ce temps-là, Mme Du Deffand, dont M. et Mme Necker firent la connaissance. en 1773, nous les a peints, la femme et le mari, et surtout le dernier, d’une façon vraie et qui ne laisse rien à désirer au point de vue de la société : « Ils ont voulu me connaître, dit-elle, parce qu’on m’a donné auprès d’eux la réputation d’un bel esprit qui n’aime point les beaux esprits ; cela leur paraît une rareté digne de curiosité. » Elle se reproche d’abord d’avoir cédé à leur désir, puis bientôt, quand elle a connu M.
Comment Platon, qui blâme dans le pathétique de la tragédie grecque une peinture de douleurs ou de crimes mauvaise pour les âmes, n’aurait-il pas eu quelque louange d’exception ou quelque regret marqué pour le poëte dont il aime d’ailleurs la gravité religieuse, et qu’il n’avait pas banni comme Homère de sa république idéale ? […] « Était-ce ainsi qu’autrefois Darius fut pour les citoyens un chef irréprochable, un chef aimé de Suse ?
La littérature de Patin est classique, excellente, bien digérée : il aime le délicat, mais il ne hait pas le faible.
C’est trop de soin vraiment : je crois qu’aucun de ces deux génies, pour trouver sa pensée, ou son expression, n’avait besoin de l’autre, et j’aime mieux m’en remettre à l’adage vulgaire : les beaux génies se rencontrent.
J’aurais aimé voir les brouillons des autres lettres antérieures de date et plus décisives.
On l’avait vu quelquefois, malgré sa timidité un peu gauche, accorder sa confiance à des dames de la cour, telles que mesdemoiselles de Hautefort et de La Fayette ; ces intimités n’étonnaient pas dans un prince chaste et dévot, car on savait que la sagesse du roi égalait quasi celle des dames les plus modestes ; et ces intrigues, non moins innocentes que frivoles, ne ressemblaient pas mal aux platoniques tendresses des romans de Scudéry, ou, si l’on aime mieux, à des chuchotages entre les novices d’un couvent.
si doucement mais elles voudront être aimées, non consolées ; et puis elles ne comprendront pas qu’il en console trois en même temps.
Gustave Kahn, j’aime le Livre d’images comme celui par quoi s’est le plus complètement imposé à l’admiration le talent neuf et nombreux de visions qui originalise son auteur parmi les premiers des poètes qui se révélèrent aux environs de 1884.
À moins de légitimer la paresse qui nous fait négliger les choses lentes à connaître, et davantage aimer, pour l’économie d’un peu d’attention, les pages brèves que les livres pleins.
La supériorité intellectuelle et morale se résumait à peu près en ceci : « Mépriser la politique et aimer le théâtre. — Connaître au moins de vue et de nom les personnages de “la fête” à Paris. — N’aller déjeuner et dîner que dans les restaurants connus. — Faire semblant d’avoir tout lu. — Savoir tous les potins. — Couper les livres des auteurs qui dînent chez vous. — Dîner beaucoup en ville et aller à la messe. — Retenir d’une exposition les tableaux des gens qu’on rencontre dans le monde. — Éviter le solennel et prendre la vie à la blague. » * * * Étrange société où connaître les gens qui font « la fête » suffit pour conférer un titre d’excellence.
On aimait en lui l’expression vraie de la façon de sentir d’une classe de la société et le naïf effort du demi-lettré pour créer un instrument à sa pensée.
Cela est sans contredit juste et parfaitement écrit ; mais à la suite, quand Agnès déclare à son tuteur qu’un jeune homme, malgré tous les obstacles, a trouvé le moyen de s’introduire près d’elle et de lui plaire, le tuteur se plaint d’avoir perdu tous les soins qu’il a pris pour lui plaire lui-même ; Agnès lui répond : Vraiment, il en sait donc là-dessus plus que vous, Car à se faire aimer il n’a pas eu de peine.
Reconnoît-on la sublime substance Qui se souvient, compare, aime, choisit ?
J’aime profondément Paludes.
Tous les jeux, tous les sports sont devenus d’une inélégance verbale qui doit les faire entièrement mépriser de quiconque aime la langue française.
Il aime le soleil.
« J’aime mieux, leur répondit-il, être le premier des poëtes Toscans, que de me voir dans un rang inférieur entre les poëtes Latins. » C’est ce que pensa de bonne heure notre célèbre Racine, qui, dit-on, eût pu effacer, s’il avoit voulu, les Rapin & les Commire ; & c’est aussi ce qu’auroit dû se dire le fameux cardinal de Polignac.
La seconde aime à s’étendre en paroles, et répète souvent dans les mêmes phrases ce qu’elle vient déjà de dire.
Chaque âge écrit et lit à sa manière : la jeunesse aime les événements ; la vieillesse, les réflexions.
J’aime mieux la belle femme des anciens que la belle femme des modernes, parce qu’elle est plus femme.
Avec nos esthètes nous ne le savons pas, nous ne sommes pas admis à le savoir, on repousse toute définition, on aime mieux nous prêter des phrases de Bouvard et Pécuchet.
Je suis, au contraire, de ceux qu’elles n’effrayent pas, et j’aime mieux voir la plume de Chateaubriand « faire feu » dans les Mémoires que somnoler dans les Natchez.
Déclaration solennelle, dont nous aimons à prendre acte et qui équivaut à celle-ci : c’est qu’après la religion catholique, de l’aveu même de la philosophie, il n’y a plus de religion possible pour les hommes, et que toutes les têtes des philosophes se mettraient-elles, bout à bout, les unes sur les autres, et feraient-elles toute une pyramide de cerveaux, elles ne parviendraient pas à en construire péniblement la queue d’une seule, en dehors de cette circonférence du catholicisme qui étreint l’Univers et la Pensée !
Ce que nous aimons avec respect, dans ses premiers épanchements, c’est la force de sa curiosité intellectuelle et sa puissance d’enivrement cérébral.
Ce prince qui, au milieu d’une vie agitée, et occupé sans cesse de législation et de conquêtes, trouvait encore du temps pour aimer les arts, fit rassembler tous ces ouvrages, et les fit traduire en vers dans la langue des anciens Romains.
Quel cœur peut s’empêcher de les aimer, et quelle intelligence peut en prévoir toutes les applications ? […] Sans doute ils aiment le danger ; « une probabilité d’avoir des coups de fusil est trop précieuse pour qu’on la néglige540. » Mais il s’agit en outre d’affranchir des opprimés ; « c’est comme paladins, dit l’un d’eux, que nous nous montrions philosophes541 » et l’esprit chevaleresque se met au service de la liberté D’autres services, plus sédentaires et moins brillants, ne les trouvent pas moins zélés. […] Très probablement, il est, après Turgot, l’homme de son temps qui a le plus aimé le peuple Au-dessous de lui, ses délégués se conforment à ses vues ; j’ai lu quantité de lettres d’intendants qui tâchent d’être de petits Turgots. « Tel construit un hôpital, un autre fonde des prix pour les laboureurs ; celui-ci admet des artisans à sa table555 » ; celui-là entreprend le défrichement d’un marais.
Voilà notre civilisation : la vôtre broute, la nôtre aime ; choisissez ! […] Le peuple aime ainsi à concentrer la fortune de la famille dans une seule branche, plus solide, plus durable, qui sert à relever celles qui fléchissent, à donner asile et secours aux autres enfants quand les vicissitudes de la vie viennent à les réduire à la misère et à la honte. […] Toutes les tyrannies aiment à diminuer les éminences locales, parce que rien ne résiste là où rien n’a de prestige local ou d’autorité traditionnelle sur les populations.
Depuis ces jours, j’ai aimé ces deux génies précurseurs qui m’apparurent, qui me consolèrent à mon entrée dans la vie, Staël et Châteaubriand ; ces deux noms remplissent bien du vide, éclairent bien de l’ombre ! […] C’est aussi cette voix intérieure qui lui parle à tous les âges, qui aime, chante, prie ou pleure avec elle à toutes les phases de son pèlerinage séculaire ici-bas. […] Elles auront été le soupir modulé de mon âme en traversant cette vallée d’exil et de larmes, ma prière chantée au grand être ; et aussi quelquefois l’hymne de mon enthousiasme, de mon amitié ou de mon amour pour ce que j’ai vu, connu, admiré ou aimé de bon et de beau parmi les hommes.
Il faudrait pour cela aimer la musique expressivement mélodique, la seule chose que la Revue wagnérienne soit dans l’impossibilité de vous accorder. […] existe-t-il encore des gens assez emperruqués pour aimer, après Wagner, l’art de Mozart, de Weber, de Rossini et de Beethoven ? […] Wagner entame la question de Tannhaeuser à l’Opéra, et, loin de se plaindre de sa mésaventure, de déplorer la catastrophe, se demande, l’ironie et l’amertume aux lèvres, s’il ne vaut pas mieux, après tout, que les choses se soient ainsi passées, « car, dit-il, d’un grand succès, s’il eût été possible, en vérité je n’aurais su que faire. » C’est l’histoire de ce joueur qui, ne gagnant pas, aime mieux perdre.
… Non, Monsieur, je le dirai encore, je ne croirai jamais que votre Lettre soit l'expression de vos vrais sentimens ; vous sentez trop que la foiblesse ne conduit jamais à cette paix, dont vous paroissez si jaloux, encore moins quand on lui sacrifie des Amis, qui vous respectent & vous aiment véritablement, pour d'autres prétendus Amis, qui n'ont que l'odieux mérite de se faire craindre. […] Vous aimez, Sire, les Lettres ; vous les aimez, non seulement en Prince, mais en Littérateur éclairé, capable de saisir avec justesse les beautés de l’Art, &, ce qui est bien supérieur, en Sage qui en fait sentir les abus & les détester.
Le genre du comique larmoyant étoit comparé à celui du pastel inventé vers ce même temps, & non moins critiqué ; mais toujours aimé, toujours recherché du public, toujours s’établissant par l’envie & la persécution. […] Les catholiques, au contraire, ont toujours beaucoup aimé la comédie. […] « Ils sont assez avancés, ou, si l’on aime mieux, assez pervertis, pour pouvoir entendre Brutus & Rome sauvée, sans avoir à craindre d’en devenir pires. » Lequel croire de M. d’Alembert ou d’un citoyen qui veut sauver sa patrie de la corruption ; qui ne lui présage qu’abomination & que malheurs, si l’on ne l’écoute ; qui eût pu s’appuyer de la raison que donne Cornelius Nepos pour marquer la différence des mœurs des Grecs & des Romains : C’est que les comédiens étoient estimés des premiers, & qu’ils étoient déshonorés chez les autres.
Romulus Coucou souscrira de son cœur d’homme, parce qu’il aime, il souscrira des mille douleurs dont un nègre, dans une société d’esclavage peut endurer le déchirement. […] Billyaz n’aime pas non plus le « genre Vanderem », et M. des Gachouba, qui glose à Femina, où M. […] La belle œuvre d’un écrivain qui sait également comprendre, sentir et aimer.
Il faut les mener à la vertu avec plus d’adresse ; & ils n’aiment guéres les livres qui les ennuyent pour les rendre sages. […] Dion Cassius fut aimé & honoré de plusieurs Empereurs, dont l’estime étoit assez peu de chose, si l’on en excepte Pertinax & Alexandre. […] On crut que Mezeray y avoit eu part ; mais cet historien n’avoit point ce style touchant qui fait aimer le Prince dont il écrit la vie. […] Cet ouvrage a été beaucoup lu & l’est encore par ceux qui aiment le détail des combats & des expéditions maritimes. […] Florence a eu pour historien le fameux Machiavel ; on lui reproche d’aimer trop à faire des réfléxions politiques.
Ils aiment les travestissements, mettent une robe solennelle aux idées comiques, une casaque d’arlequin aux idées graves. — Un autre trait de l’humour est l’oubli du public. […] Ils ont rendu sensibles des thèses morales, des périodes historiques ; ils ont fabriqué et appliqué des esthétiques ; ils n’ont point eu de naïveté, ou ils ont fait de leur naïveté un usage réfléchi ; ils n’ont point aimé leurs personnages pour eux-mêmes ; ils ont fini par les transformer en symboles ; leurs idées philosophiques ont débordé à chaque instant hors du moule poétique où ils voulaient les enfermer ; ils ont été tous des critiques1421, occupés à construire ou à reconstruire, possesseurs d’érudition et de méthodes, conduits vers l’imagination par l’art et l’étude, incapables de créer des êtres vivants, sinon par science et par artifice, véritables systématiques qui, pour exprimer leurs conceptions abstraites, ont employé, au lieu de formules, les actions des personnages et la musique des vers. […] Toute religion est venue ici pour nous rappeler plus ou moins bien ce que nous savons déjà plus ou moins bien, à savoir qu’il y a une différence absolument infinie entre un homme de bien et un homme méchant, pour nous ordonner d’aimer l’un, infiniment, d’abhorrer et d’éviter l’autre infiniment, de nous efforcer infiniment d’être l’un et de n’être point l’autre1445. » — « Toute religion qui n’aboutit pas à l’action, au travail, peut s’en aller et habiter parmi les brahmanes, les antinomiens, les derviches tourneurs, partout où elle voudra ; chez moi, elle n’a pas de place1446. » Chez vous, fort bien, mais elle en trouve ailleurs. […] Un écrit, quel qu’il soit, ne fait que manifester une âme ; si cette âme est sérieuse, si elle est intimement et habituellement ébranlée par les graves pensées qui doivent préoccuper une âme, si elle aime le bien, si elle est dévouée, si elle s’attache de tous ses efforts, sans arrière-pensée d’intérêt ou d’amour-propre, à publier la vérité qui la frappe, elle a touché le but : nous n’avons que faire du talent ; nous n’avons pas besoin d’être flattés par de belles formes ; notre unique objet est de nous trouver face à face avec le sublime ; toute la destinée de l’homme est de sentir l’héroïsme ; la poésie et les arts n’ont pas d’autre emploi ni d’autre mérite. Vous voyez à quel degré et avec quel excès Carlyle a le sentiment germanique, pourquoi il aime les mystiques, les humoristes, les prophètes, les écrivains illettrés et hommes d’action, les poëtes primesautiers, tous ceux qui violentent la beauté régulière par ignorance, par brutalité, par folie ou de parti pris.
Petits esprits, je n’aime pas qu’on dise cela des autres, surtout quand ces autres composent toute une classe et un groupe naturel : c’est une manière trop abrégée et trop commode d’indiquer qu’on est soi-même d’un groupe différent. […] Bayle, qui parle de lui en cent endroits, a dit dans une lettre à un ami, et corrigeant à l’avance le jugement de Voltaire : « J’ai pris assez de plaisir, moi qui aime ces sortes de personnalités, et qui travaille ex professo à ces recherches, à parcourir les lettres de Gui Patin qui nous sont venues de Genève. » C’est que Bayle était avant tout de cette famille des curieux.
Il lui envie cette puissance et cette fermeté de talent qu’il n’avait pas, mais il se sent d’une région plus noble et plus élevée : « Rousseau, dit-il, frappait plus bas que moi. » Il diffère de lui surtout en ce qu’il croit essentiellement à un Dieu qu’on ne salue pas seulement, qu’on ne se borne pas à proclamer, mais qu’on aime et qu’on prie : « À force de dire, Notre Père, espérons que nous entendrons un jour dire, Mon fils. » Voilà ce que l’orgueil de Rousseau eût repoussé. […] Mais ce que je désirerais vivement, c’est que le manuscrit que j’ai sous les yeux, Mon portrait historique et philosophique, qui n’a été imprimé que tronqué et très incomplet, s’imprimât dans toute sa suite (à part huit ou dix pensées qu’il faudrait absolument retrancher comme étant de trop mauvais goût) ; on aurait alors un Saint-Martin à l’usage de tout le monde, à l’usage de ceux qui hantent Gui Patin comme de ceux qui lisent Platon ; un peu singulier, un peu naïf, agréable, touchant, élevé, communicatif, parfois bien crédule, nullement dangereux : on aurait enfin ce qui plaît toujours dans un auteur et ce qu’on aime à y rencontrer, un homme et un homme simple.
Vous, mon cher ami, vous êtes onctueux et indulgent. » Cette onction de M. de Meilhan de loin nous échappe, mais les auteurs contemporains ont ainsi, pour les personnes qui les connaissent et qui les aiment, toutes sortes de vertus et de supériorités singulières qui s’évanouissent à distance. […] La conclusion du président, dans cette espèce de liquidation d’une grande bibliothèque, qu’il montre si réduite si l’on en ôtait tout ce qui est devenu inutile, fastidieux ou indifférent, semblera peu en rapport avec nos goûts d’aujourd’hui, à nous qui aimons toutes les sortes de curiosités et d’éruditions, et qui y recherchons, jusqu’à la minutie, les images et la reproduction du passé ; elle a pourtant sa vérité incontestable et philosophique, plus certaine que les vogues et les retours d’un moment : Tous ces livres, dit-il en achevant son énumération, ne seront pas plus recherchés un jour que les factums relatifs à des affaires qui dans leur temps fixaient l’attention générale.
L’abbé de Pons avait sur les langues une théorie qu’il développera ailleurs ; il aimait à les concevoir philosophiquement, dans leur annotation finale, abstraite, exacte, dans leur tendance rationnelle à devenir une algèbre ; il oubliait qu’elles avaient été primordialement une musique et une peinture. […] L’abbé de Pons ne songe même pas aux langues étrangères vivantes, et il en laisse passer le vrai moment : il n’a jamais observé l’enfant à cet âge où il aime à répéter tous les sons, et où tous les ramages ne demandent qu’à se poser sur ses lèvres et à entrer sans effort dans sa jeune mémoire.
Et nous tous qui aimons, qui aimions avant tout en notre jeunesse à être papillons ou abeilles, demandons-nous quelquefois combien il faut de ces hommes-là dans une société pour que d’autres puissent sans inconvénient se livrer à toutes leurs fantaisies, à leurs rêveries aimables (je ne parle que de celles-là) et à leurs poétiques caprices.
Quand on le voit ensuite se remettre d’arrache-pied à ses toiles, on comprend que sa peinture aime le grand air et ne sente en rien le renfermé. […] Il fallait aussi, pour de tels succès, un empereur fait exprès et qui aimât à jouer en grand aux soldats.
Tantôt : « Je n’aime rien à côté de ce pli. » D’autres fois : « Prends garde tout autour. […] ils ont aimé l’uniformité, la régularité en tout temps et en tout lieu ; eux aussi, ils auraient pu dire, comme un illustre préfet moderne : « Il entre toujours les trois quarts au moins d’administration dans ce qu’on appelle architecture », quoiqu’encore dans leurs villas, leurs thermes, leurs basiliques, ces mêmes Romains aient songé principalement, et largement pourvu à la destination, à la commodité présente et à l’usage.
Pour ma part j’aime à le rapprocher, malgré les différences du ton, de la Lettre de Fénelon à l’Académie française. […] Anatole de Montaiglon, a pu dire : « Le Roman de la Rose, qui n’était d’abord qu’une glose le l’Art d’aimer d’Ovide, vint apporter un élément nouveau, un nouveau contingent dans la poésie française : l’allégorie philosophique.
Pourtant, à chaque reprise de tentative, c’est pour tous ceux qui aiment encore profondément les lettres le moment de veiller. […] « Certes, si la France exerce une prépondérance si incontestable et si transcendante en Europe, elle le doit à dix ou douze hommes éminents, hommes d’art, d’intelligence, de poésie et de cœur…, parmi lesquels je suis. » Voilà le début nouveau de toute complainte : c’est à son de trompe qu’on entonne désormais sa pétition ; j’aimais mieux le flageolet de Marot.
Guizot n’aimait pas avant tout à raconter ; on l’a dit mieux que nous ne le pourrions redire13, l’exposition qui abrége en généralisant avait pour lui plus d’attraits ; bien des faits sous sa plume étaient resserrés en de savants résumés qui eussent pu aussi se dérouler autrement et prendre couleur. […] Il est des moments, rares, il est vrai, mais indiqués, où l’historien intervient à bon droit dans le fait et le prend en main ; et, quand le lecteur sent qu’il a affaire à une pensée ferme et sûre, il aime cela.
Cette étude même paraissait une faveur, car on a l’air d’aimer ce qu’on regarde trop avec une curiosité complaisante. […] C’est un enseignement propre à fausser le jugement de ce peuple et non à le moraliser ; c’est un mensonge à la postérité, qui a droit à aimer ou à abhorrer selon les œuvres ; c’est une offense à Dieu, dont vous faites mentir la justice dans votre bouche ; c’est un crime contre la conscience, dont vous étouffez la voix par un chant de triomphe, au lieu de lui livrer les justes à récompenser, les criminels à punir.
Totalement dépourvu de tendresse, incapable d’effusion et d’épanchement, il n’aime pas la nature qu’il rend : il y a de l’indifférence dans la fidélité consciencieuse de son imitation. […] Il aimait la campagne cependant, il s’y plaisait, quand parfois il faisait un séjour chez son neveu Dongois à Hautile, sur les bords de la Seine, ou à Bâville, dans ces bois, près de cette fontaine de Polycrène que Sainte-Beuve a chantés après lui.
Triste encore, mais d’une tristesse plus tendre, est le premier des trois Contes que Flaubert donna en 1877 : cette histoire d’un cœur simple — il s’agit d’une pauvre servante de province — est d’une sobriété puissante et d’un art raffiné ; dans l’insignifiance des faits, dans l’absolue pauvreté intellectuelle du sujet, dans la bizarrerie ou la niaiserie de ses manifestations sentimentales, transparaît constamment l’essentielle bonté d’un cœur qui ne sait qu’aimer et se donner ; quelque chose de grand et de touchant se révèle à nous par des effets toujours mesquins ou ridicules ; et ces deux sentiments qui s’accompagnent en nous, donnent une saveur très particulière à l’ouvrage. […] Il a trop d’adresse et de malice pour donner l’illusion de la réalité : c’est un conteur délicieux, et ce sont ses gestes, sa voix, son sourire, sa fantaisie, que l’on aime dans ses histoires.
De ce qu’elle est « vécue », c’est-à-dire de ce que nous l’aimons et que nous croyons en elle ? Les alchimistes avaient des recettes pour faire de l’or, ils les aimaient et avaient foi en elles, et pourtant ce sont nos recettes qui sont les bonnes, bien que notre foi soit moins vive, parce qu’elles réussissent.
Il n’y a guère que ce rêveur de La Fontaine, cet ancien maître des eaux et forêts, qui sache apprécier et ose nommer veau, vache, cochon, couvée, qui plaigne d’un cœur fraternel l’arbre dépouillé de ses rameaux par l’ingratitude de l’homme, qui aime jusqu’à la solitude et lui trouve une douceur secrète. […] Boileau adresse aux poètes ce conseil : Aimez donc la raison ; que toujours vos écrits Empruntent d’elle seule et leur lustre et leur prix.
Il aimait les silentiaires et les taciturnes. — Prométhée se tait, pendant que la Puissance et la Force le clouent sur le sommet du Caucase. […] Il déchire hardiment le voile corporel qui recouvre leur essence première, et les montre, comme à leur naissance, indivisibles des éléments, qu’ils personnifient. — « Le Ciel pur », disait Aphrodite dans ses Danaïdes, « aime à pénétrer la Terre, et l’Amour la prend pour épouse.
L’Empereur aurait assez aimé sans doute à compter un de Broglie dans ses armées, à pouvoir citer ce nom historique dans ses bulletins, et il se peut qu’il le lui ait fait entendre ; mais M. de Broglie fut de bonne heure de ceux qui ont l’oreille sourde à la séduction, de ceux qui suivent leur idée et ne se laissent pas dévoyer de leur vocation intérieure. […] Il a l’esprit naturellement tourné au droit, à la jurisprudence ; en même temps qu’il aime à remonter aux principes, il excelle à suivre et à distinguer les applications et les conséquences, à raisonner sur les cas divers et les espèces, à y pourvoir en détail ; il a le goût du droit.
Non que j’aime une justice trop expéditive : vous savez que j’ai donné des signes de mécontentement lors de l’ascension de Foulon et de Bertier ; j’ai cassé deux fois le fatal lacet. […] Camille s’était marié le 29 décembre 1790, avec cette jeune Lucile qu’il aimait.
Il est des expressions moins marquées et plus douces, et qu’elle place d’une manière charmante : « Faites, écrit-elle à son fils, que vos études coulent dans vos mœurs, et que tout le profit de vos lectures se tourne en vertu… » — « Parmi le tumulte du monde, ayez, mon fils, lui dit-elle encore, quelque ami sûr qui fasse couler dans votre âme les paroles de la vérité. » Et enfin (car elle affectionne cette expression), dans son petit Traité de l’amitié : « Que les heures sont légères, s’écrie-t-elle, qu’elles sont coulantes avec ce qu’on aime ! […] Son défaut le plus sensible à la longue est d’affecter continuellement l’analyse, d’aimer les phrases à plusieurs membres et à compartiments, qui forcent l’esprit à saisir des rapports complexes.
Il ne se dissimulait pas que ce talent brillant qu’il portait avec lui, qu’il déployait avec complaisance dans les cercles, et dont jouissait le monde, lui attirait aussi bien des envies et des inimitiés : « L’homme qui porte son talent avec lui, pensait-il, afflige sans cesse les amours propres : on aimerait encore mieux le lire, quand même son style serait inférieur à sa conversation. » Mais Rivarol, en causant, obéissait à un instinct méridional irrésistible. […] Or, l’esprit est le côté partiel de l’homme ; le cœur est tout… Aussi la religion, même la plus mal conçue, est-elle infiniment plus favorable à l’ordre politique, et plus conforme à la nature humaine en général, que la philosophie, parce qu’elle ne dit pas à l’homme d’aimer Dieu de tout son esprit, mais de tout son cœur : elle nous prend par ce côté sensible et vaste qui est à peu près le même dans tous les individus, et non par le côté raisonneur, inégal et borné, qu’on appelle esprit.
Cette première surprise fut suivie presque aussitôt d’une si grande abondance de larmes, que je fus persuadé qu’elle aimait sincèrement ce prince ; mais, peu après, elle m’épargna toutes les paroles que je cherchais pour la consoler, et entra en conversation sur des choses indifférentes avec autant de tranquillité que s’il ne se fût rien passé dans son âme. […] Un autre jour Cosnac avait affaire au secrétaire d’État Le Tellier qui ne l’aimait pas et qui se plaignait que Cosnac eût pris le pas à Valence, comme évêque, sur M. de Lesdiguières, gouverneur de la province.
Aujourd’hui, après tout ce qu’on a écrit déjà sur Bernardin de Saint-Pierre et ce que j’en ai écrit autrefois moi-même, j’aimerais à revoir d’un peu près cette double part qu’il faut faire en lui, et à le montrer en réalité et au naturel ce qu’il était. […] Né au Havre le 19 janvier 1737, d’une famille originaire de Lorraine, qui aurait aimé à descendre de l’Eustache de Saint-Pierre de Calais, et qui, en tout, avait plus de prétentions que de preuves, Bernardin de Saint-Pierre reçut une éducation très libre et irrégulière, très coupée, mais où la nature, l’Océan et la campagne tinrent du premier jour beaucoup de place.
Une pauvre rue se cotisant pour qu’un vieux de cette rue, un vieux que tout le monde aime, ait une consultation de Charcot et faisant cent francs, que le mieux habillé de la rue va porter à l’illustre médecin. […] » Jeudi 24 novembre Dans ce moment-ci, j’aimerais passer une huitaine, dans une campagne lointaine, lointaine, où facteur ne viendrait jamais, et où je pourrais toute la journée tirer des lapins.
Le génie est une puissance d’aimer qui, comme tout amour véritable, tend énergiquement à la fécondité et à la création de la vie4. » Le principe de la vie « la plus intense et la plus sociale » se retrouve donc partout. […] Nous avons vu que, selon lui, nous devons sympathiser avec l’œuvre d’art comme avec les œuvres de la nature, « car la pensée humaine, comme l’individualité même d’un être, a besoin d’être aimée pour être comprise ; » jusque dans la lecture d’un simple livre soyons donc de bonne volonté : « l’affection éclaire » ; et il ajoute ces belles paroles, qu’on peut appliquer à son propre ouvrage sur l’art : « Le livre ami est comme un œil ouvert que la mort même ne ferme pas, et où se fait toujours visible, en un rayon de lumière, la pensée la plus profonde d’un être humain. » Alfred Fouillée 1.
dit-il dans le Nouveau printemps ; et en effet, à chaque page de Heine, ce sont des jeunes filles que l’on rencontre, rieuses ou méchantes, pudiques ou perverses, aimantes ou aimées. […] Sa mélancolie et son ironie ont frémi en tous les jeunes gens de ce siècle qui ont joint l’amertume de souffrir à la curiosité de se connaître, qui se sont aimés et haïs et qui ont fini par rire de l’injustice de la vie, de leur indignité à ce qu’elle ne le soit pas.
Je n’aime pas Ovide, ce proscrit lâche, ce lécheur de mains sanglantes, ce chien couchant de l’exil, ce flatteur lointain et dédaigné du tyran, et je hais le bel esprit dont Ovide est plein ; mais je ne confonds pas ce bel esprit avec la puissante antithèse de Shakespeare. […] Nous aimons mieux pas assez que trop.
Les hommes aiment tellement le pouvoir arbitraire, qu’ils sont toujours tentés de le supposer partout : ils l’imaginent dans la force vitale lorsqu’ils lui attribuent la faculté de troubler et d’embrouiller les phénomènes par son activité désordonnée ; ils le supposent dans l’homme lorsqu’ils imaginent un libre arbitre absolument indifférent entre le oui et le non, et décidant entre les deux sans savoir pourquoi. […] La vérité est qu’il y a dans l’homme deux domaines intimement unis sans doute, mais essentiellement différents : le domaine du subjectif et celui de l’objectif, pour employer une distinction si aimée des Allemands et par elle-même si importante.
C’est, si vous l’aimez mieux, Lucrèce et Virgile. […] Il me semble, maître Vien, qu’appuié contre le pié d’estal, les yeux attachés sur Alexandre et pleins d’admiration et de regrets ; ou, si vous l’aimez mieux, la tête penchée, humiliée, pensive, et les bras admiratifs, il eût mieux dit ce qu’il avoit à dire.
On n’aime pas de la même façon, — c’est un moraliste qui en fait la remarque54, — une petite cité et une grande patrie. On ne s’aime pas de la même façon, suivant M.
Nous recommandons plus particulièrement à ceux que la pensée politique préoccupe, et qui aiment à voir le talent des artistes s’en faire l’auxiliaire et l’organe, cette troisième partie où sous le nom de Salvator, le génie mécontent, sinistre et découragé, est repris, remontré par l’homme du peuple en ces termes magnanimes : Du peuple il faut toujours, poëte, qu’on espère, Car le peuple, après tout, c’est de la bonne terre, La terre de haut prix, la terre de labour ; C’est ce sillon doré qui fume au point du jour, Et qui, empli do séve et fort de toute chose, Enfante incessamment et jamais ne repose.
Elle reste pour nous un échantillon piquant du goût d’alors ; la péroraison est tout entière empruntée au monde d’Ossian, que Napoléon aimait, que Girodet traduisait aux yeux ; car Victorin Fabre croyait à Ossian, c’était là son romantisme à lui ; que voulez-vous ?
Thiers ; je croirais plutôt qu’en les rencontrant sous sa plume l’écrivain a dédaigné de les éviter, et que, dans sa vigueur de composition, il a mieux aimé sciemment forcer la tournure de sa phrase que gêner l’allure de sa pensée.
Cette fois, ils pourraient rencontrer la gloire et mériter la reconnaissance du public : car, il ne faut pas s’y tromper, malgré ses goûts positifs et ses dédains apparents, le public a besoin et surtout avant peu de temps aura besoin de poésie ; rassasié de réalités historiques, il reviendra à l’idéal avec passion ; las de ses excursions éternelles à travers tous les siècles et tous les pays, il aimera à se reposer, quelques instants du moins, pour reprendre haleine, dans la région aujourd’hui délaissée des rêves, et à s’asseoir en voyageur aux fêtes où le conviera l’imagination.
Si l’imprimerie avait existé, les lumières et l’opinion publique acquérant chaque jour plus de force, le caractère des Romains se serait conservé, et avec lui la nation et la république ; on n’aurait pas vu disparaître de la terre ce peuple qui aimait la liberté sans insubordination, et la gloire sans jalousie ; ce peuple qui, loin d’exiger qu’on se dégradât pour lui plaire, s’était élevé lui-même jusqu’à la juste appréciation des vertus et des talents pour les honorer par son estime ; ce peuple dont l’admiration était dirigée par les lumières, et que les lumières cependant n’ont jamais blasé sur l’admiration.
Les hommes qui composent ces premières classes, disposant de toutes les faveurs de l’état, exercent nécessairement un grand empire sur l’opinion publique ; car à l’exception de quelques circonstances très rares, la puissance est de bon goût, le crédit a de la grâce, et les heureux sont aimés.
Ils en aimaient donc la pureté, ils en respectaient la propriété : mais ils le sentaient pauvre et maigre, et où il défaillait, ils tâchaient de le refaire et compléter.
Un exemple encore, car c’est là ce qu’il importe le plus de faire bien ressortir : dans un canevas fréquemment joué au temps de Molière, Le Case svaligiate (les Maisons dévalisées), Scapin faisait remarquer à Flaminia, qui était aimée de Pantalon, le diamant que celui-ci avait au doigt.
Tout solitaire qu’il est, il s’associe du fond du coeur à la foule qui aime et salue ces beaux talents, honneur de la reprise actuelle de Marion de Lorme, MM.
Mais en général, peut-on conseiller la lecture de ce Dictionnaire à tout homme qui aime la Religion ?
Si je vois une verte prairie, de l’herbe tendre et molle, un ruisseau qui l’arrose, un coin de forêt écarté qui me promette du silence, de la fraîcheur et du secret, mon âme s’attendrira ; je me rappellerai celle que j’aime : où est-elle, m’écrierai-je ; pourquoi suis-je seul ici ?
Racine pour nous faire frémir d’horreur lors qu’Iphigenie sera conduite à l’autel fatal, nous la peint vertueuse, aimable et chérie d’un amant qu’elle aime.
tu oseras… Tu as bien osé m’aimer !
J’aimais les romans à vingt ans, Aujourd’hui je n’ai plus le temps ; Le bien perdu rend l’homme avare ; J’y veux voir moins loin mais plus clair : Je me console de Werther, Avec la reine de Navarre.
Esprit essentiellement moderne, sensible, ouvert, trop ouvert, facile à tous les entraînements, depuis les dévergondages d’une générosité sans raison jusqu’à ce fait d’une défection qui n’a épouvanté ni son esprit ni sa conscience, le duc de Raguse a cru qu’en s’y prenant adroitement et de loin il ferait aisément illusion à un temps éclectique en toutes choses, qui aime à se payer de phrases, et pour qui le manque d’étendue est le fond de toute sévérité, fit que disons-nous ?
où souffle le vent d’un principe, une ligne où l’on sente que l’auteur a en lui ce point fixe des notions premières qui sont comme les gonds de la vie et sur lesquels elle tourne, mais sans jamais s’en détacher… Eh bien, à part cette nécessité d’être moraliste pour être vraiment supérieur dans un livre comme Les Réfractaires, y a-t-il même dans le coup de pinceau de Vallès, qui est énergique, autre chose que de la force qui fait montre de ses biceps, comme messieurs ces Hercules qu’il aime ?
Ai-je donc pu aimer cela ?
Je sais qu’il aime la couleur et qu’il est capable d’en broyer.
Nous pensions qu’en une certaine mesure l’instinct politique ne manquait pas à un homme que Mazarin, qui aimait les heureux, aurait employé pour cette raison-là, et nous n’avions pas prévu cette nouvelle physionomie qu’il vient de prendre.
Car son regard, ainsi qu’un voile de lumière Sur ses yeux, fait ployer et frémir ma paupière ; Car l’auréole flambe à son front innocent ; Car elle m’apparaît, toujours transfigurée ; Car elle est moins aimée encore qu’adorée, Et je voudrais pouvoir l’empourprer de mon sang !
et ce que j’aime et veux vous montrer, c’est le Monselet nouveau, le Monselet inconnu tendre et chaste, et de cette nuance de mélancolie qui est le velouté de l’âme des poètes et que rien de la vie qu’ils ont menée ne détruit, quand une fois ils l’ont.
Je ne veux pas être une pensée mutilée, fragmentaire, dans l’universelle raison, un être isolé dans la communauté des hommes : j’entends servir la société et non point par goût des louanges, ni par désir d’être aimé, ni par sympathie pour mes contemporains, mais parce que le monde est un et que je veux me conformer à ses lois, qui sont d’ailleurs harmonieuses avec ma raison.
Que l’intérêt et la crainte prodiguent l’éloge, c’est le contrat éternel du faible avec le puissant ; mais la postérité, sans espérance comme sans crainte, doit être plus libre ; elle peut aimer ou haïr, approuver ou flétrir d’après la justice et son cœur.
Examinons le trait sublime que Longin admire dans l’ode de Sapho, traduite par Catulle : le poète exprime par une comparaison les transports qu’inspire la présence de l’objet aimé, Ille mi par esse deo videtur, Celui-là est pour moi égal en bonheur aux dieux même....
Ils ont mieux aimé ne parler que d’une surprise des Basques, dont l’impunité, causée par leur dispersion dans leurs montagnes, n’infligeait pas à l’honneur franc une aussi sensible humiliation. […] Mais ici se place un de ces « malentendus féconds » dont aimait à parler Renan. […] La morale qui se dégage de la forme religieuse donnée à notre légende est une de celles que le Moyen Âge a le plus aimées, et il l’a souvent, comme ici, appliquée à des histoires auxquelles elle était d’abord tout à fait étrangère. […] On en a proposé une explication fort ingénieuse : χάρτα φίλος signifie en grec « très cher, bien-aimé », et sous ce nom il faudrait simplement reconnaître le disciple « que Jésus aimait ». […] (v. 189 à 190) « Qui aime bien mieux les écus qu’il ne galanterie », 250.
Son élève, qui, on aime à le croire, eût fait le bonheur de la France, fut durant sa vie mal accueilli de son aïeul. […] Au lieu de ce tableau, l’imagination aime à s’en tracer un autre, et à se représenter Voltaire tel qu’il aurait dû être. […] On aime à voir la poésie prêter son charme à des impressions réelles. […] Nous aimons surtout à rappeler le morceau sur l’assemblée constituante, parce qu’il nous paraît avoir déjà toute l’impartialité de l’histoire. […] Turgot et moi qui aimions le peuple », disait Louis XVI, et il renvoyait M.
Certaines inclinations altruistes présentent le même caractère ; il arrive souvent que nous aimons autrui pour autrui et non pas pour nous. […] Ce qu’aimait le siècle de Louis XIV, c’était en tout une exacte proportion ; ce que nous aimons dans les choses de l’art, ce sont la richesse et la complexité. […] Le réel n’est désiré par nous que comme ressemblant à l’idéal que nous aimons. […] On fait son devoir parce qu’on l’aime. […] Les syllogismes « hypothétiques » sont ceux où la majeure conditionnelle contient la conclusion : S’il y a un Dieu, il faut l’aimer ; Or, il y a un Dieu ; Donc, il faut l’aimer.
Ces choses-là sont de celles où il ne faut pas insister : il y a assez d’autres parties à aimer dans Molière, et je viens à son œuvre. […] Est-ce le jargon des paysans et des servantes, des Suisses et des provinciaux, que La Bruyère n’aime pas ? […] La femme n’est pas pour lui ce petit animal instinctif, illogique, et déconcertant, que nos contemporains aiment à représenter.
Goethec refait les tragiques grecs ; j’aime mieux les tragiques grecs. […] J’aime mieux la chrysalide se développant dans le tombeau qu’elle s’est filé elle-même, préparant ses ailes brillantes dans sa vieille peau, et paraissant cadavre au moment où elle va s’élancer dans les airs, éclatante merveille de sa propre création ; j’aime mieux cela qu’une pensée mélancolique, une pensée de mort et de renaissance, une pensée de ruine et de construction nouvelle, qui va se loger dans les vieux débris du passé, dans les tours des seigneurs du Moyen-Âge ou dans les églises gothiques, et qui dit : — Voilà mes palais, j’ai retrouvé mon héritage ; — et qui ment en disant cela, puisqu’elle se lamente en elle-même amèrement, et qu’elle désire autre chose d’un désir brûlant qui la dévore.
J’aime l’Alhambra et Brocéliande dans leur vérité ; je me ris du romantique qui croit, en combinant ces mots, faire une œuvre belle. […] J’aime mieux la Fête de Bellébat ou la Pucelle que la Mort de César ou le Poème de Fontenoy. […] Sainte-Beuve, nous n’aimons en France à sortir de l’horizon hellénique qu’à bon escient. » À la bonne heure ; mais, devant des méthodes offrant toutes les garanties, pourquoi ces défiances incurables ?
Ces hommes qui mettaient tant de temps, tant de pesanteur à discuter la déclaration des droits, à compter, peser les syllabes, dès qu’on fit appel à leur désintéressement, répondirent sans hésitation ; ils mirent l’argent sous les pieds, les droits honorifiques, qu’ils aimaient plus que l’argent. […] En tout ce qui concerne l’ordre des choses morales, l’esprit allemand se complaît dans la réalité, aime la tradition, cède facilement à l’empire des faits accomplis. […] Pour aimer l’action, pour s’y mettre tout entier, l’homme a besoin de croire à un résultat de cette action ; il entend faire une œuvre efficace dans la mesure de ses facultés et de ses forces ; il lui répugne d’imiter ces moines du désert qui, travaillant pour obéir à la règle, arrosaient tout le jour un bâton planté dans le sable.
Cyrus, parvenu à la virilité, était le plus robuste de ceux de son âge, et le plus aimé. […] Un homme peut épouser plusieurs femmes, et quand il vient à mourir, il s’élève entre elles de grands démêlés, soutenus avec chaleur par leurs amis, pour décider laquelle a été le plus tendrement aimée du défunt. […] Anaxandride avait épousé une fille de son frère, mais, quoiqu’il l’aimât tendrement, comme il n’en avait point eu d’enfant, les éphores l’avaient appelé et lui en avaient fait des reproches en ces termes : « Puisque vous n’y veillez pas vous-même, c’est à nous de veiller pour vous à ce que la race d’Eurysthène ne s’éteigne pas. […] J’aime mieux le Fiat lux de Moïse que tout le sens commun d’Hérodote ; mais Hérodote sert à prouver aussi que le sens commun est très-vieux.
Je revois, avec une émotion attendrie, les êtres aimés et le milieu de mes habitudes de préférence : cette salle à manger et ce cabinet de travail. […] Il conte que ce dernier était très aimé du baron d’Ivry, qui avait été le compagnon de plaisir du marquis, et quand arriva la vente de ce dernier, avant la mise aux enchères de la collection, les filles du baron voulurent absolument lui offrir un objet, un objet important de la vente, dont elles lui donnèrent le choix. « Eh bien, puisque c’est votre désir, s’écria Wallace, je ne veux que ce petit tableau, et uniquement ce petit tableau…. […] Et au milieu de ces sentiments, comme un monument s’élevant dans leur cœur, fait d’un tas d’illusions de leur passé, — de leur passé à distance, — en sorte que des femmes, qui ont été peu heureuses dans leur ménage, se figurent avoir aimé leur tyran, et en chantent l’éloge. […] je ne vous le cache pas, je n’ai pas aimé votre discours à l’Académie, et je l’ai dit bien haut….
On peut ne pas se rendre compte entièrement de soi à soi-même, mais on aime à comprendre et à ramener à l’unité les actions ou les pensées d’un personnage représenté dans une œuvre d’art ; et de fait tous les grands types dramatiques, en dehors de quelques bizarreries voulues chez Hamlet, sont des caractères bien arrêtés, de véritables doctrines vivantes. […] La caractéristique des époques dites classiques (surtout au siècle de Louis XIV), c’est qu’on y craignait le trivial encore plus qu’on n’y aimait le réel ; or il faut aimer le réel assez pour le transfigurer et le dégager du trivial. […] Bientôt elle répandit dans les bois ce grand secret de mélancolie, qu’elle aime à raconter aux vieux chênes et aux rivages antiques des mers » (Atala).
Et comme l’acquisition de ces souvenirs par la répétition du même effort ressemble au processus déjà connu de l’habitude, on aime mieux pousser ce genre de souvenir au premier plan, l’ériger en souvenir modèle, et ne plus voir dans le souvenir spontané que ce même phénomène à l’état naissant, le commencement d’une leçon apprise par cœur. […] Partout ailleurs, nous aimons mieux construire un mécanisme qui nous permette, au besoin, de dessiner à nouveau l’image, parce que nous sentons bien que nous ne pouvons pas compter sur sa réapparition. […] Image pour image, nous aimerions mieux comparer le travail élémentaire de l’attention à celui du télégraphiste qui, en recevant une dépêche importante, la réexpédie mot pour mot au lieu d’origine pour en contrôler l’exactitude. […] Mais nous aimons mieux nous attacher aux impressions de Poule, et plus spécialement à l’audition du langage articulé, parce que cet exemple est le plus compréhensif de tous.
Il aime à redonner à un mot son sens primitif, qui souvent s’est oublié et perdu de vue dans l’acception figurée, et à lui rendre tous les sens qu’il avait en passant de la langue latine dans la nôtre, et que nos vieux écrivains lui avaient conservés.
Sainte-Beuve a aimé parfois à en imaginer, — cet autre portrait d’un savant, d’un philosophe « austère et solitaire », qu’il a peint lui-même, trente-deux ans plus tard (en 1864), dans un article à propos des Méditations sur l’essence de la religion chrétienne, par M.
Les Grecs vivaient dans l’avenir, et les Romains aimaient déjà, comme nous, à porter leurs regards sur le passé.
Les hommes sont là pour craindre, s’ils ne sont pas là pour aimer ; la terreur qu’on inspire, flatte et rassure, isole et enivre, et avilissant les victimes, semble absoudre leur tyran.
Il peut m’arriver, en lisant les vers ou la prose d’un Grec ou d’un Latin, d’être ému d’autant de tendresse ou d’admiration que lorsque je lis mes plus aimés contemporains ; mais jamais, au grand jamais, d’éclater de rire.
Il embrassa le parti de Mazarin qu’il méprisait, mais en qui il voyait cette autorité ; se brouilla avec le prince de Condé et sa sœur qu’il aimait, mais en qui il voyait des rebelles.
Pour moi, j’aimerais mieux ce haillon loin que près. » Le 4 septembre, elle raconte à sa fille cette anecdote : « Un homme de la cour disait l’autre jour à madame de Ludres : Madame, vous êtes, ma foi, plus belle que jamais. — Tout de bon, dit-elle ; j’en suis bien aise, c’est un ridicule de moins. « J’ai trouvé cela plaisant. » Le 6 septembre, elle écrivait de Vichy : « Madame disait l’autre jour à madame de Ludres, en badinant avec un compas : Il faut que je crève ces yeux-là, qui font tant de mal. — Crevez-les, madame, puisqu’ils n’ont pas fait tout ce que je voulais. » On voit dans les mémoires de Madame, que madame de Ludres finit par se retirer dans un couvent à Nancy, où elle vécut jusqu’à un âge fort avancé.
Il seroit aisé de pousser plus loin les citations ; mais c’est plus qu’il n’en faut pour faire dire de Lafontaine, qu’en qualité de Philosophe il connut la vraie sagesse & l’art de la faire aimer, comme on a dit de lui, en qualité de Poëte : Il peignit la Nature, & garda les pinceaux.
Aimez qu’on vous censure, & non pas qu’on vous loue.
C’est pourquoi j’aime Fécondité.
Tous ceux qui aiment les vers de La Fontaine, le savent presque par cœur.
Toute ardeur terrestre s’éteint et est remplacée par une tendresse divine : l’âme échauffée se replie autour de l’objet aimé, et spiritualise jusqu’aux termes grossiers dont elle est obligée de se servir pour exprimer sa flamme.
Il n’aimera ni les rouges éclatants, ni les grands blancs.
C’est en se montrant peu à peu que la lumière se fait sentir et aimer ; c’est en avançant par degrés insensibles, qu’elle en fait désirer une plus grande.
nous avions rétrogradé jusqu’à Évreux. » Encore une fois, nous aimons qu’on rappelle ces détails et qu’ils soient signés par un homme de bien, témoin et dans l’action, pour qu’on les croie.
On a mieux aimé admettre la France passive et pétrie par la main d’un artiste en domination, que vivante et se plaçant d’elle-même dans le milieu où elle pût le plus spontanément agir, sous la main sympathique et ferme d’un grand homme qui l’eût devinée.
elle en a peut-être d’autant plus qu’elle tranche davantage sur notre plaisanterie française, et qu’en France on aime l’accent, le ton, l’air étranger… Acéré d’ailleurs, et acéré avant tout, aiguisé sur les quatre côtés de sa lame, dès les premiers mots qu’écrivit le talent vibrant de Rochefort, quand il débuta dans la Chronique, on reconnut le petit sifflement de l’acier ou de la cravache dans la main qui les prend et qui sait s’en servir.
Il s’agit d’être aimable, il s’agit d’être aimé, et de rapporter à la maison, de ses articles, un paquet de réclames pour son livre prochain.
Huysmans aime toutes les décadences en littérature.
Il ne faut donc pas s’étonner si les premiers peuples du monde, qui étaient presque tous des peuples pasteurs, et surtout les Orientaux qui, habitant un plus beau climat, doivent plus aimer et sentir la nature, ont donné à leurs éloges religieux un caractère que l’on ne trouve point parmi nous.
Sénèque, qui alors était exilé en Corse, et qui aurait mieux aimé faire admirer ses talents dans l’opulente et voluptueuse Rome, sous prétexte de consoler cet esclave, mendie lâchement sa faveur par des éloges.
Son seul mérite était d’aimer la guerre, et d’y réussir.
Rien de la nature ne lui répugne ; et il en aime toutes les manifestations, sans en excepter les plus grossières ou les plus humiliantes, qui ne semblent éveiller en lui que l’idée de leur cause. […] L’examen des Poésies et des Lettres confirme cette interprétation ; — si les Poésies de Marguerite sont généralement des poésies pieuses ; — « Elle aimait fort à composer des chansons spirituelles, dit Brantôme, car elle avait le cœur fort adonné à Dieu » ; — et ses Lettres, quand elles ne sont pas des lettres d’affaires ou des lettres politiques, sont des lettres « mystiques ». — De l’attitude de Marguerite à l’égard du protestantisme. — L’affaire du Miroir de l’âme pécheresse. — Les dernières années de Marguerite, et sa mort. […] J. de Maistre, Soirées de Saint-Pétersbourg, 2e Entretien ; et Egger, L’Hellénisme en France, leçons 10 et 11]. — Les étymologies d’Henri Estienne. — Abondance de ses digressions et comment elles reviennent presque toutes à sa haine de l’italianisme ; — à son protestantisme ; — et à sa haine des Valois. — Il n’en aime que plus passionnément sa langue nationale. — Pourquoi, si l’importance de la Précellence ne consistait que dans son titre, elle serait encore considérable. […] 2º Le Pamphlet ; — et qu’il n’en faut exagérer ni le mérite, qui est tout à fait secondaire, ni la hardiesse, ni les conséquences. — La Satire n’a point « donné la France à Henri IV », puisqu’elle a paru en 1594, et que la guerre civile n’a été pacifiée qu’en 1598 ; — il n’y a point de hardiesse : 1º à se mettre cinq pour écrire un livre, et nous savons assez que la division des risques est le principe même de l’assurance ; — il n’y en a pas non plus : 2º à garder l’anonyme ; — et 3º à avoir publié un pamphlet de cette nature neuf mois après la conversion, et trois mois après la rentrée d’Henri IV à Paris. — Toute la bravoure des auteurs ne consiste donc qu’à avoir royalement injurié des gens à terre et que d’ailleurs ils n’avaient pas eux-mêmes renversés. — Les auteurs de la Ménippée : Pierre le Roy, Gillot, Nicolas Rapin, Jean Passerat, Florent Crestien et Pierre Pithou : — et qu’ils n’ont pas fait preuve en se coalisant d’un talent qu’aucun d’eux ne possédait personnellement. — Il y a d’ailleurs dans quelques passages de la Satire une certaine verve de caricature ; — de satire même ; — et presque d’éloquence [Cf. la Harangue, souvent citée, du lieutenant civil Dreux d’Aubray]. — Mais on n’y trouve pas ombre d’élévation ni de noblesse ; — ce sont des bourgeois furieux d’être gênés dans leurs plaisirs ; — ce sont aussi de grands ennemis des Jésuites ; — et ils ont sans doute aimé leur patrie ; — mais la Satire Ménippée n’en est pas moins à rayer du nombre des « grands monuments de l’esprit français ». […] Bazin, Histoire de France sous le règne de Louis XIII]. — Il n’a pas non plus laissé de trace bien profonde dans l’histoire de l’Église ; — n’ayant été fait évêque de Lisieux qu’à plus de soixante ans ; — mais il a beaucoup aimé les lettres ; — et nul avant lui n’a fait faire plus de progrès à l’éloquence française ; — par ses traductions d’Eschine, de Démosthène, de Cicéron [Pour et Contre Ctésiphon et Pour Milon] ; — par la collection de ses Arrêts rendus en robe rouge ; — et par le sentiment très délicat de ce qui manquait encore à la langue [Cf. son Traité de l’éloquence française, et des raisons pourquoi elle est demeurée si basse].
Là vous entendez l’ombre d’Achille, détrompé de ses illusions dans les enfers, s’écrier qu’il aimerait mieux être encore le dernier des pâtres sur la terre, que le souverain des mânes chez Pluton. […] « Ton bras, avant d’oser frapper l’arbre que j’aime, « De ce fer assassin me percera moi-même.” […] « Va, lui crie Hélion, va, mais sans t’approcher « De l’orbite où la terre aime en paix à marcher. […] J’aime, au contraire, à vous prouver que la poésie et l’éloquence, en leurs plus nobles genres, n’ont servi qu’à nous enthousiasmer de l’amour du bien, et que les hommes qui ont le mieux usé de l’art d’écrire ont été les plus rigoureux censeurs du mal. […] « Achille déplairait, moins bouillant et moins prompt : « J’aime à lui voir verser des pleurs pour un affront.
Je suis le ténébreux, — le veuf, — l’inconsolé, le prince d’Aquitaine à la tour abolie, ma seule « étoile » est morte, et mon luth constellé porte le « soleil noir » de la mélancolie… la poésie populaire de tous les pays, et même du nôtre, aime le non-sens. […] Comme j’aurais aimé recevoir des confidences sur l’obscur état lyrique de nos prodigieux artistes du feu dans le plein de leur enfantement ! […] Je l’aurais aimé et redouté à la fois, nos artistes ne pouvant incliner à ces confidences sans le secours d’un langage qui n’est pas le leur. […] Après ces justes phrases que je viens de lire sous sa signature : le contrôle humain me paraît nécessaire pour goûter ce que l’œuvre d’art peut offrir de divin… le mystère pur, « et recherché systématiquement à l’exclusion de tout détail terrestre », nous oriente vers des régions défendues…, il tombe dans cette singulière interprétation extra picturale : j’aime que Picasso se dépeigne lui-même le mètre à la main, mesurant les objets les plus vulgaires : moulure, verre ou pied de table. […] Ce que l’on aime poétiquement dans un poème, ce n’est pas précisément « le son et l’image synthétique » ; beaucoup moins encore l’image, car celle-ci n’est pas, comme le son, indispensable à la poésie.
Des auditions plus variées, plus fréquentes, de fragments Wagnériens, quelques correspondances « transrhénanes » (des échos de Représentations Solennelles dans la ville de Bayreuth, de Cycles Wagnériens à Munich, à Vienne, à Berlin) découvrirent, ensuite, un génie musical, acceptable… Des insultes de Wagner à la France, on sut ce qu’il fallait penser : et, quant à cette fameuse haine contre la France, nul n’en trouva la marque, ni dans les livres, ni dans les lettres, ni dans les paroles de Richard Wagner ; Richard Wagner avait combattu, dans ses écrits, l’influence de l’esprit français ; mais c’était là tout une autre affaire ; et quiconque avait lu ses lettres et ses livres, quiconque l’avait entendu causer, rapportait aux Parisiens ébahis, que Wagner aimait la France, et Paris, et ses vieux souvenirs de 1842, et ceux, aussi, de 1860, ses amis Français, les compagnies qu’il avait traversées, les rues, les maisons même, où s’était traînée sa misère ; et l’on connut, dans le cœur du rude Ennemi, de délicieuses tendresses, pour le pays qui l’avait bafoué. […] — Elle brava le Forceur-des-tempêtes : — quand, le plus dûrement, soi même, il se forçait, — ce que lui, le Maître du combat, — désirait faire, — mais s’interdisait, — se violentant, — elle, pourtant, confiante, — elle osa, la présomptueuse, — l’accomplir pour soi, — Brünnhilde, en le brûlant combat. — Le Père-de-la guerre — a puni la Vierge ; — en son œil il imprima le Sommeil ; — sur un rocher elle dort, fortement ; — elle s’éveillera, — la Consacrée, seulement, — pour aimer un homme, en femme. — La questionner me servirait-il ? […] Ce premier volume comprend les chapitres suivants : Avant-propos ; introduction (esthétique) ; 1° Education anarchique ; 2° Wagner devient artiste (les Fées, la Défense d’aimer) ; 3° Wagner chef d’orchestre en province (Rienzi) ; 4° Paris — lutte pour l’existence ; — 5° Révolte — Wagner critique ; 6° le Vaisseau Fantôme — Manfred ou Tànnhaeuser ; 7° Wagner chef d’orchestre à Dresde — Tannhaeuser ; 8° Première idée des Maîtres Chanteurs — Lohengrin ; 9° Dernière crise — Projet de réforme du théâtre ; 10° Dernier conflit — Formation de l’idéal ; 11° Forme du drame de Wagner — Révolution et exil, la Mort de Siegfried.
le drame musical existe en Allemagne, et nous laisserions tout entière à un pays que nous aimons peu une gloire où nous pouvons avoir part ? […] Le Wagnériste. — On voit que vous aimez à rire. […] Celui qui réalisera une telle œuvre sera grand et nous l’aimerons ; car, tout en empruntant à l’Allemagne un système qu’il aura d’ailleurs modifié, il sera demeuré Français par l’inspiration.
Poquelin avait un grand-père qui aimait la comédie, et qui le menait quelquefois à l’hôtel de Bourgogne. […] À l’égard de son caractère, il était doux, complaisant, généreux ; il aimait fort à haranguer ; et quand il lisait ses pièces aux comédiens, il voulait qu’ils y amenassent leurs enfants, pour tirer des conjectures de leur mouvement naturel. […] Il eut un grand succès sur ce théâtre irrégulier ; on ne se révolta point contre le monstrueux assemblage de bouffonnerie et de religion, de plaisanterie et d’horreur, ni contre les prodiges extravagants qui font le sujet de cette pièce : une statue qui marche et qui parle, et les flammes de l’enfer qui engloutissent un débauché sur le théâtre d’Arlequin, ne soulevèrent point les esprits : soit qu’en effet il y ait dans cette pièce quelque intérêt, soit que le jeu des comédiens l’embellit ; soit plutôt que le peuple, à qui Le Festin de Pierre plaît beaucoup plus qu’aux honnêtes gens, aime cette espèce de merveilleux.
il y a des gens qui aiment à se faire valoir en toute démarche et à se broder sur toutes les coutures. […] Cette lettre écrite à une heure décisive lui était restée très présente, et, bien vieux, il aimait à en rappeler textuellement les dernières paroles : Peut-on servir sans plaire ?
En prononçant ce cruel adieu, mon cœur est oppressé ; il me semble que j’aime plus que jamais le petit nombre d’amis que je laisse en France… » Il laissait des amis non seulement dans le civil, tels que celui à qui il écrivait, mais aussi dans le militaire, et de vraiment intimes : je ne citerai que le général Guilleminot. […] Blucher aima mieux rester indépendant, et, au lieu de se réunir dans le Sud à la grande armée des souverains, il préféra de s’avancer par le Nord, en liant ses mouvements à ceux de Bernadotte.
Quand une nation acquiert chaque jour de nouvelles lumières, elle aime les grands hommes, comme ses précurseurs dans la route qu’elle doit parcourir ; mais lorsqu’elle se sent rétrograder, le petit nombre d’esprits supérieurs qui échappent à sa décadence, lui semble, pour ainsi dire, enrichi de ses dépouilles. […] S’il aime la liberté, si ce nom de république, si puissant sur les âmes fières, se réunit dans sa pensée à l’image de toutes les vertus, quelques Vies de Plutarque, une Lettre de Brutus à Cicéron, des paroles de Caton d’Utique dans la langue d’Addison, des réflexions que la haine de la tyrannie inspirait à Tacite, les sentiments recueillis ou supposés par les historiens et par les poètes, relèvent l’âme, que flétrissaient les événements contemporains.
« L’influence et les richesses que Côme avait acquises l’avaient, depuis longtemps, rendu l’égal des plus puissants princes de l’Italie, avec lesquels il aurait pu contracter des alliances par le mariage de ses enfants ; mais, craignant qu’une pareille conduite ne le fît soupçonner d’avoir des projets contraires à la liberté de l’État, il aima mieux étendre son crédit parmi les citoyens de Florence par l’établissement de ses enfants dans les familles les plus distinguées de cette ville. […] Entraîné par cette illusion, je me mis à considérer combien était cruelle la destinée de ceux qui l’avaient aimée ; ensuite j’examinai s’il y avait dans cette ville quelque autre dame qui méritât tant d’honneurs et de louanges, et je pensai à la félicité dont jouirait un mortel assez heureux pour rencontrer un objet si digne de ses vers.
Mais aussi ceux qui les aiment y trouvent un plaisir d’autant plus grand qu’il leur paraît plus méritoire. […] Les amoureux aiment jusqu’à la folie, jusqu’au meurtre ou au suicide : voyez Pancol, Eran, Félice l’hospitalière.
Les légendes irlandaises aiment à opposer Ossian, chantant les héros, les guerres, les chasses magnifiques, etc., à saint Patrice et à son troupeau psalmodiant. […] J’aurais aimé cet homme-là.
Et je soutiens qu’un être humain qui aime d’une manière désintéressée et constante ses semblables et tout ce qui tient à leur bien ; qui hait d’une haine vigoureuse ce qui tend à leur mal et agit en conséquence, est naturellement, nécessairement et raisonnablement un objet d’amour, d’admiration, de sympathie, qu’il est chéri et encouragé par le genre humain » ; que celui qui a des tendances contraires, est un objet naturel et légitime d’aversion ; et cela soit qu’ils jouissent l’un et l’autre de leur liberté ou non. […] Mais quand ce sentiment est une fois formé, il a exactement la force d’un sentiment primitif : l’argent est aimé pour lui-même.
L’histoire qualifie ainsi Basile II : « Il aima trop la gloire » (Delandine). […] La princesse Sanguzko est en larmes ; elle présente, prosternée, une supplique à Nicolas ; elle demande grâce pour son mari, elle conjure le maître d’épargner à Sanguzko (polonais coupable d’aimer la Pologne) l’épouvantable voyage de Sibérie ; Nicolas, muet, écoute, prend la supplique, et écrit au bas : A pied.
Mais Raphaël aimait les gros bras, il fallait avant tout obéir et plaire au maître. […] Delacroix, et qui fait de lui le peintre aimé des poëtes, c’est qu’il est essentiellement littéraire.
Aime-t-il la gloire, lorsque, pour une injure particulière, il accuse les dieux et les hommes, se plaint à Jupiter de son rang élevé, rappelle ses soldats de l’armée alliée, et que, ne rougissant point de se réjouir avec Patrocle de l’affreux carnage que fait Hector de ses compatriotes, il forme le souhait impie que tous les Troyens et tous les Grecs périssent dans cette guerre, et que Patrocle et lui survivent seuls à leur ruine ? Annonce-t-il le noble amour de l’immortalité, lorsqu’aux enfers, interrogé par Ulysse s’il est satisfait de ce séjour, il répond qu’il aimerait mieux vivre encore, et être le dernier des esclaves ?
J’y trouvai (c’est Duclos qui parle) Maupertuis, Saurin, Nicole, tous trois de l’Académie des sciences, Melon, auteur du premier traité sur le commerce, et beaucoup d’autres qui cultivaient ou aimaient les lettres.
Ce n’est pas qu’entre nous il soit en état de commander une compagnie de grenadiers ; mais sa présence fera beaucoup ; le peuple aime son roi par habitude, et il sera enchanté de lui voir faire une démarche qui lui aura été soufflée.
Nous aimons à le voir, au milieu de ses collègues, conciliateur empressé autant qu’habile, corriger l’âpreté de Rewbell, relever le moral de Barras, faire appel au patriotisme de Carnot.
Ce que j’aime chez M.
Chaque flèche qu’il décochait de la sorte portait en même temps un message à notre louange ; nous devons aimer en lui un de nos alliés les plus compromis et les plus fervents.
« J’aimerais autant qu’on me dît que je me suis servi de mots anciens ; et comme si les mêmes pensées ne formaient pas un autre corps de discours par une disposition différente, aussi bien que les mêmes mots forment d’autres pensées par leur différente disposition. » Ainsi pensait Pascal, et tout son siècle avec lui.
Même aujourd’hui, l’art qu’on aime est un art si simple, si naturel, si éloigné d’être un artifice ou une tricherie, qu’il ne peut convenir qu’à un public exercé à dégager lui-même ses sensations esthétiques de la matière brute : si les journaux ont contribué à nous amener là, leur action cette fois a été bienfaisante.
Avec ses palais et sa population hétéroclites, ses noubas, ses aimées, ses danses nègres, ses derviches tourneurs et ses cortèges javanais, elle nous rend l’image du monde en raccourci.
Cette route était en général évitée par les pèlerins juifs, qui aimaient mieux dans leurs voyages faire le long détour de la Pérée que de s’exposer aux avanies des Samaritains ou de leur demander quelque chose.
On trouvait ridicule qu’un amant dît à sa maîtresse : Je ne fais des vers qu’en rêvant, mais je vous aime avec étude et de tout mon sens.
Nous aimerions presque autant discuter pour savoir si c’est l’homme qui a inventé la pensée, c’est-à-dire si c’est l’homme qui s’est créé lui-même ; car il nous est aussi impossible de concevoir la pensée sans la parole qui lui donne conscience d’elle-même, que de concevoir la parole sans la pensée qui la constitue.
J’aime beaucoup cette figure ; elle imprime le respect ; on lui voit neuf pieds de haut.
Je t’aimais inconstant ; qu’aurais-je fait fidèle ?
Il a mieux aimé exploiter un malentendu fécond en plaisanteries faciles, et dont le public, il faut l’avouer, n’a pas été dupe.
Est-ce une présomption par trop forte, de la part de quelques esprits qui aiment la vérité, que de vouloir la dire à tout le monde sur les choses de la littérature, délaissées depuis longtemps parce que l’esprit de vérité ne les anime plus ?
Malgré l’attrait de tout noir et de toute estompe, j’aurais cependant mieux aimé un autre titre, et même une autre distribution.
C’est le magot qui s’est toujours imperturbablement dessiné sur tous les horizons de sa rêverie, comme le profil aimé se dessine sur l’horizon des amoureux… Le bohème qu’elle se dit être à un ordre très étonnant pour un bohème et une prudente sagesse de bonne ménagère qu’on ne s’attendait pas à trouver dans cette ignorante, — qui n’a jamais su faire la plus petite addition, nous dit-elle, mais qui savait pourtant le prix de l’argent comme si elle l’avait exactement compté, — dans cette inconsciente en chiffres comme en littérature, et si phénoménalement positive dans tous les deux !
Ozanam, le catholique Ozanam, a voulu dire à la Renaissance, et j’aime cette idée : « Tu es une insolente avec ton nom de Renaissance.
Théophile Gautier est un poète reconnu maintenant par toutes les opinions, un poète incontestable et incontesté de ceux-là mêmes qui n’aiment ni son inspiration, ni sa manière.
Bourgeois, le maire de Poitiers, — ni les deux autres espions, Degranges et Méhu, — ni les personnages historiques, qu’il fallait d’autant plus intensément peindre qu’on ne les nommait pas et que leur visage devait crever le masque d’incognito que l’auteur leur attache, — ni le jeune frère de Rochereuil, — ni sa mère, — ni la femme aimée de Rochereuil, profonde comme une grisette, fusain à peine indiqué de fille facile, — rien de tout ce monde ne sort, ne se détache, mais tout reste blafard, exsangue, indécis et inanimé, sous la plume la plus mâle, la plus appuyée, la plus énergique et la plus amoureuse d’énergie.
Il les juge un peu à la vapeur, mais aussi bien qu’un esprit attentif puisse faire dans ce lancé de locomotive ou de steamer que l’on appelle maintenant voyager, et en attendant la découverte d’un moyen d’observation supérieure en rapport avec la rapidité des voyages ; car la vapeur, qui nous donne la vitesse des aigles, ne nous en donne pas le regard… Quoi qu’il en soit, des notions exactes en bien des choses, mêlées à des souvenirs classiques dont nous aimerons toujours l’écho, un style animé, qui a quelquefois, il est vrai, comme une éruption d’épithètes, — mais certaines marques ne nuisent pas à certains visages expressifs, — telles sont tes qualités d’un livre sans prétentions et dont l’auteur, d’un goût parfait, ne s’exagère pas d’ailleurs la portée : « J’ai vu — dit-il — Athènes avec bonheur, Constantinople avec étonnement, le Caire avec une vive curiosité.
Mais la sagesse divine n’a pas besoin de la force des lois ; elle aime mieux nous conduire par les coutumes que nous observons librement, puisque les suivre, c’est suivre notre nature.
Sachons aimer, défendre ou plaindre tout ce qui est de notre pays. […] Le même chant, si fertile en incidences nécessaires, offre, dans une succession graduelle de scènes de fureur et de carnage, le destin du jeune Corèbe, dont la mort ajoute au pathétique de celle de la prêtresse Cassandre, qu’il aime et qu’il voit arracher du sanctuaire au seuil duquel il l’a vainement défendue au prix de sa vie. […] « ………………………………………………… « Le riche et l’indigent sont égaux à ses yeux, « Il leur dit : Aimez-vous, cessez d’injustes guerres ; « Enfants du même auteur, hommes, vous êtes frères. […] que j’aime bien mieux cet auteur plein d’adresse, « Qui, sans faire d’abord de si haute promesse, « Me dit d’un ton aisé, doux, simple, harmonieux, etc. […] C’est alors, par la variété des coupes, qu’il vous peint à la fois sa terreur et le secours qu’elle reçoit de l’influence du dieu qui l’aime.
Elle ne produirait pas toujours des hallucinations complotes ; parfois, c’est seulement l’idée de la mort d’une personne aimée qui surgit tout d’un coup dans l’esprit, sans aucune apparition sensible de cette personne. […] Gurney explique la chose par ce fait que le mourant a lui-même l’idée de sa propre mort, et que la sympathie à distance fait se reproduire cette idée dans le cerveau de la personne qui l’aime. […] Deux frères qui s’aimaient beaucoup habitaient l’un l’Amérique, l’autre l’Angleterre. […] Les malades qui aiment à changer de médecin ou de régime se félicitent pendant quelque temps, après chaque changement, du bien-être qu’ils éprouvent.
Il aime mieux moins d’habileté et plus de franchise. […] Ce n’est pas avec la permission d’Aristote, mais avec celle de l’histoire, que l’auteur a groupé ainsi son drame ; et parce que, à intérêt égal, il aime mieux un sujet concentré qu’un sujet éparpillé. […] Le travail qu’il perdrait à effacer les imperfections de ses livres, il aime mieux l’employer à dépouiller son esprit de ses défauts. […] Quant à lui, il préfère des raisons à des autorités ; il a toujours mieux aimé des armes que des armoiries.
Le vœu ici est le même que dans la VIIIe idylle de Théocrite, quand le berger Daphnis chante ce couplet qu’on ne saurait oublier, et où il ne souhaite ni la terre de Pélops, ni les richesses, ni la gloire, mais de tenir entre ses bras l’objet aimé, en contemplant la mer de Sicile.
Alexandre Dumas est un auteur aimé du public, et l’on a applaudi de bon cœur sa spirituelle et vive comédie.
Le mot célèbre de Goethe pourrait servir d’épigraphe à tout libellé de jugement : « J’aime mieux commettre une injustice que supporter un désordre. » Le juge voulût-il donner satisfaction au sentiment de justice des individus, cette tâche dépasserait ses forces.
J’y déplorai la mort d’un familier, d’un probe écrivain qui n’a pas eu le temps de donner sa mesure pleine, mais que j’aimais : Léon Dequillebec, ancien secrétaire de rédaction de la Plume, et mon éminent ami Laurent Tailhade avait dû subir une cruelle épreuve, l’ablation de l’œil droit.
Aime-t-il à opposer ses interlocuteurs comme deux combattants qui engagent un duel de paroles ?
Nous ne parlerons point des Auteurs qui n’ont cultivé que les Sciences : l’Ouvrage eût été trop volumineux ; d’ailleurs nous n’aimons à parler que de ce que nous entendons.
Si on ose nous répéter encore qu’il manquoit de sentiment, nous dirons qu’il aima mieux le mettre dans ses actions que dans ses Ouvrages, & qu’il n’en est que plus estimable.
Oui, vraiment, cette écritoire, ce petit objet de la vie usuelle, a été fabriqué par un vassal du prince Akao, par un de ces quarante-sept héros qui se vouèrent à la mort pour venger leur seigneur et maître, par un de ces hommes dont la mémoire est devenue une sorte de religion au Japon, en ce pays, adorateur du sublime, et qui, au dire d’Hayashi, n’accueille et n’aime de toute notre littérature européenne que les drames de Shakespeare et la tragédie du CID, de Corneille.
Ils s’étoient estimés, aimés & consultés pendant longtemps : ils avoient embrassé la même doctrine ; bien d’autres liens, par lesquels ils devoient être unis en apparence jusqu’au tombeau, ne firent que rendre leur rupture plus éclatante : on vit combien peu la rivalité connoît peu la modération.
Ce Prince qui l’estimait, et qui alors n’aimait rien tant que la Comédie, le reçut avec des marques de bonté très obligeantes, donna des appointements à sa Troupe, et l’engagea à son service, tant auprès de sa personne, que pour les États de Languedoc.
La plûpart, comme Pigmalion, deviennent amoureux de leurs productions informes ou languissantes, et ils ne les retouchent plus : car qui dit amoureux, dit aveugle sur les défauts de ce qu’il aime.
Lorsqu’il les écrivait de ce style ferme, clair et sensé, que nous aimons à retrouver sous sa plume comme la preuve de la solidité du génie occidental que les mœurs stupéfiantes de l’hypertrophique Orient n’ont pu émousser, il se constituait à l’avance, puisqu’il pensait à écrire l’histoire, une grande autorité comme historien.
nous ne les méprisons pas ; ils aimèrent les lettres et travaillèrent chacun comme il put et par son bout à cette trame de la langue française, plus avancée par un homme de génie, dans son inspiration solitaire et puissante, que par tous les travaux de fourmi et collectifs des académies.
Quelle est cette ironie fatale, qui se mêle jusqu’à ses tendresses, car il rit de la femme qu’il aime et, grâce amère de la vie !
Mais ce que je sais bien, c’est qu’il n’était pas de ces tempéraments qui en restent fatalement imprégnés ; ce que je sais bien, c’est que, depuis qu’il a atteint toute la supériorité de ses facultés, il a aimé à ramasser son regard pour y voir plus clair, il a senti qu’en histoire, comme ailleurs, se circonscrire, se concentrer, était la puissance.
C’est un Colisée historique, dans lequel ceux qui aiment l’histoire et la gloire de leur pays se promèneront avec mélancolie.
Nous les lui disons avec regret, mais nous les lui disons avec d’autant plus de sincérité et d’insistance que ce livre n’est que le premier volume d’un ouvrage qui doit en avoir plusieurs, et que tout à l’heure il aura dans les mains à brasser toute la petite Presse de la Révolution française, un bourbier ou une légion de bisons, qui aiment pourtant le bourbier, périrait.
Moraliste, il est vrai, dont la morale a cela de supérieur, selon lui, — et d’inférieur, selon nous, — à la morale chinoise, qu’il n’aime point le bambou, et que la Chine a toujours joué de ce gracieux bâton à nœuds avec l’alacrité, la vigueur et la prestesse d’un bâtonniste.
Nous le disons avec franchise : ce que nous aimons, ce qui nous attire dans les idées de F.
Quoi qu’il y écrive vers la fin le mot de conclusion, il n’y en a pas pourtant de rigoureusement affirmée par ce royaliste contre la royauté qu’il aime encore malgré ses fautes, et ce sont les événements seuls qu’il laisse conclure… Il est évident cependant que l’état général des rois en proie à l’entrainement révolutionnaire a pu être d’un exemple contagieux pour celui qui devra s’appeler Henri V, et c’est par les expériences et les aveux de la papauté elle-même que Bonald constate cet état lamentable.
que j’aurais mieux aimé le poinçon mordant de Chamfort, — et même ensanglanté.
Ce monument est celui d’une femme qui aima mieux mourir que trahir des citoyens qui voulaient rendre la liberté à l’État.
Il aimait ce dernier genre d’exercice. […] J’aurais aimé à trouver dans son Introduction d’Hippocrate quelque page vivante, animée, se détachant aisément, flottante et immortelle, une page décidément de grand écrivain et à la Buffon, comme il était certes capable de l’écrire, où fut restauré, sans un trait faux, mais éclairé de toutes les lumières probables, ce personnage d’Hippocrate, du vieillard divin, dans sa ligne idéale, tenant en main le sceptre de son art, ce sceptre enroulé du mystérieux serpent d’Épidaure ; un Hippocrate environné de disciples, au lit du malade, le front grave, au tact divinateur, au pronostic sûr et presque infaillible ; juge unique de l’ensemble des phénomènes, en saisissant le lien, embrassant d’un coup d’œil la marche du mal, l’équilibre instable de la vie, prédisant les crises ; maître dans tous les dehors de l’observation médicale, qu’il possédait comme pas un ne l’a fait depuis. […] Les choses purement littéraires, s’il les traite par ce procédé, peuvent quelquefois souffrir d’être prises et serrées comme dans un étau ; j’aimerais mieux, par moments, un ignorant sagace ou un sceptique allant à l’aventure en chaque étude, s’y éveillant chaque jour d’une vue matinale, recommençant et rafraîchissant chaque fois son expérience, comme s’il n’avait pas de parti pris.
. — Je crois avoir déjà dit son nom ; mais, plus que jamais cher à mon cœur, j’aime à le répéter encore. — Quel plaisir pour moi de m’égarer le long de ses rivages sinueux et couverts de rochers ! […] Ces pewees aiment si particulièrement à accrocher leurs nids contre la paroi des roches caverneuses, que le nom qui leur conviendrait le mieux serait celui de gobe-mouches des rochers. […] Il aime à plonger ses serres dans le sang ; le carnage fait ses délices, alors même qu’il n’a pas besoin d’une proie à dévorer.
Nous crûmes qu’on venait redemander Crimoïna. « Je ne combattrai point, dit Connan à l’âme faible, que je ne sache si cette étrangère aime notre race. […] pourquoi t’ai-je si tendrement aimé ? […] J’aimerais autant à penser que l’Iliade ou la Bible sont des rapsodies, qu’Hébé et Jupiter, que Jéhovah et les prophètes sont des parodies.
Changement de couleurs aussi dans les tentures : on n’aime plus que les nuances tendres : le mauve, le vert d’eau, le jaune soufre, le rose passé plaisent aux regards raffinés par la délicatesse de leurs teintes. […] § 5. — De même qu’il est utile à l’historien de chercher le goût d’une époque dans les objets dont l’homme aime à s’entourer, de même il lui importe de connaître les types de femmes qui ont été tour à tour à la mode. […] On aime tant la Grèce, qu’on s’habille ou plutôt se déshabille à la grecque.
Que nous importe que certaines peuplades celtiques se soient plues à se présenter Tristan sous les traits d’un porcher que son maître envoie chercher la belle bergère, que, lui, il aime ? […] (Kann nicht weinen). « Les larmes, dit Schopenhauer, nous apparaissent comme signe de pitié et de bonté » parce que nous sentons que celui qui peut encore pleurer, peut aussi nécessairement aimer, être capable de pitié pour lui-même et les autres : Liebe ist Mitleid (die Welt als Wille, 443). […] » En allemand, ce sont en tout huit mots. « La fidélité » est celle à son roi ; « l’audace » qui a fait son malheur est d’avoir osé chercher pour son roi la femme que lui il aimait.
Et cependant, c’est tout un passé qui se prolonge et retentit en elle : le battement de son cœur est la continuation du battement de cœur universel ; la rougeur de ses joues est le signe visible d’une infinité d’émotions intérieures où se résument les émotions de toute une race ; ce n’est pas elle seulement qui aime, c’est l’humanité et même la nature entière qui aime en elle. […] En général, la sensation, comme telle, cause du plaisir ; nous aimons à sentir pour sentir, comme à voir pour voir ; c’est que toute sensation provoque une réaction à la fois intellectuelle et volontaire ; elle est un accroissement du champ de la conscience et de son intensité, du champ de l’activité volontaire et de son intensité.
Controleur général des bâtimens sous Colbert, aimé & considéré de ce ministre, il employa sa faveur auprès de lui pour faire récompenser les gens de mérite. […] Ceux qui aiment les tableaux pleins de feu & d’imagination, & qui ne sont que heurtés, se détermineront pour les grands traits de l’Iliade ; mais ceux qui n’estiment que les peintures finies & léchées, mettront au-dessus de tout les beaux endroits de l’Énéide. […] Il dit que le plus anciens de tous fut celui qui parut au milieu de ce siècle, sous le titre de Philoména, ou la bien aimée.
III Madame Hugo n’aimait pas Napoléon, elle choisissait pour amis ses ennemis ; après la défaite de Waterloo, afin de fouler aux pieds la couleur de l’Empire, elle se chaussa de bottines vertes, ce simple fait caractérise la nature violente de ses sentiments9. […] Il aimait trop ses rentes et les antithèses pour désirer l’égalité des biens qui du coup lui eût enlevé ses millions et dérobé les plus faciles et les plus brillants contrastes de sa poétique. […] La bourgeoisie, souveraine maîtresse du pouvoir social, voulut avoir une littérature qui reproduisit ses idées et ses sentiments et parlât la langue qu’elle aimait : la littérature classique élaborée pour plaire à l’aristocratie, ne pouvait lui convenir.
Pour les poésies en l’air, je n’en fais aucun cas. » Les Regrets de Du Bellay ne sont plus des poésies en l’air, et c’est ce qu’on en aime. […] Ceux qui aiment les rapprochements ne seront pas fâchés qu’à côté des sonnets de Du Bellay sur Paul IV ou sur Marcel II, on leur présente des vers de Casimir Delavigne, écrits pendant un séjour à Rome et qui doivent se rapporter à Léon XII ou peut-être à Pie VIII.
L’homme a laissé les Sept tirant au sort les portes où chacun d’eux conduira sa troupe : — « Choisis donc les meilleurs guerriers, dit-il au jeune roi, et place les promptement aux avenues de la ville. » C’est alors que le Chœur des femmes entonne sa longue plainte par des litanies de dieux protecteurs appelés à l’aide : Arès d’abord, patron de la guerre : — « Antique enfant de cette terre, regarde cette ville que tu as tant aimée autrefois. » — Puis Zeus « Père » universel ». […] Aussi Étéocle oppose-t-il à ces mécréants des guerriers pieux et modestes : Mélanipos « qui hait les paroles impudentes », Polyphontès aimé d’Artémis, Actor « qui méprise la jactance, mais qui sait agir ».
Les dictionnaires donnent du mot chèvrefeuille cette plaisante interprétation : ainsi appelé parce que les chèvres aiment à brouter ses feuilles. Comme si les chèvres n’aimaient pas à brouter tout ce qui est vert !
S’il est permis de comparer le sacré au profane, et les mystiques l’ont fait souvent, celui qui croit à la fidélité de la femme aimée n’y croit pas sur un fondement scientifique ; non, sans doute : il croit, et tout est dit. […] Toutefois, précisément parce que cet esprit aime les situations tranchées, il comprendra que les philosophes n’acceptent pas aussi volontiers pour la philosophie l’humiliation qu’il lui impose, et qu’eux-mêmes, à leur tour, avec respect, mais avec fermeté, lui demandent librement : Quelle lumière nous proposez-vous ?
LE principal avantage qu’a l’Histoire sacrée sur toutes les autres histoires, c’est qu’elle nous éleve à Dieu, & nous fait connoître sa Providence & aimer sa justice. […] Quoique cet ouvrage soit bon & assez bien fait, on aime mieux lire l’Abrégé de l’histoire & de la morale de l’ancien Testament par M.
Autant Zola avait aimé la vie, autant ils la bafouaient comme une broyeuse d’idéal. […] « Littérature d’embaumement, — art réactionnaire d’aristocratie et de révélation… Je comprends, ajoute-t-il, que vous ne vouliez pas être confondus avec un homme qui aime les halles, les gares, les grandes villes modernes, les foules qui les peuplent, la vie qui s’y décuple, dans l’évolution des sociétés actuelles.
Elle nous montre que la vie de l’âme ou, si vous aimez mieux, la vie de la conscience, est liée à la vie du corps, qu’il y a solidarité entre elles, rien de plus. […] Mais le métaphysicien ne descend pas facilement des hauteurs où il aime à se tenir.
Quelles que soient les lois générales qui dominent avec plus ou moins de force les évolutions individuelles, il y a d’homme à homme des différences dont on aimerait savoir les causes profondes. […] Sully Prudhomme l’a dit : Et je suis traité d’infidèle Par la plus belle d’ici-bas, Parce que j’aime son modèle Où mes lèvres n’atteignent pas.
C’est qu’il a senti combien devant l’impuissance humaine, il valait mieux encore se résigner que se débattre : là où il a désespéré d’être excellent, il a mieux aimé rester un peu faible, en voilant sa faiblesse d’une molle et noble douceur, que de s’épuiser en vains efforts pour retomber de plus haut.
Vous êtes du nombre de ceux que le public aime à voir devant lui, pour lui tracer la route d’opinion qu’il doit suivre.
Il était seul parmi des traîtres… Qu’avait-il fait pourtant, pour être ainsi haï de tous, lui qui ne haïssait personne, qui plutôt aimait tout le monde ?
Le culte du roi est la forme du sentiment national : on aime le roi par ce qu’il assure de prospérité, de grandeur, de gloire à la France.
Le peuple n’aime pas les sages et les savants.
Mais les quatre narrateurs de la vie de Jésus sont unanimes pour vanter ses miracles ; l’un d’eux, Marc, interprète de l’apôtre Pierre 762, insiste tellement sur ce point que, si l’on traçait le caractère du Christ uniquement d’après son évangile, on se le représenterait comme un exorciste en possession de charmes d’une rare efficacité, comme un sorcier très puissant, qui fait peur et dont on aime à se débarrasser 763.
Jésus (toujours dans l’hypothèse ci-dessus énoncée) désira voir encore une fois celui qu’il avait aimé, et, la pierre ayant été écartée, Lazare sortit avec ses bandelettes et la tête entourée d’un suaire.
« Elle aime toujours son cher Philadelphe ; il est vrai qu’afin de faire vie qui dure, ils ne se voient pas si souvent : au lieu de douze heures, par exemple, il n’en passe plus chez elle que sept ou huit.
Les satrapes le dénoncent au roi, qui veut le sauver ; mais ils lui disent : « — Sache, ô roi, que la loi des Perses est qu’aucun arrêt rendu par le roi ne puisse être ni révoqué, ni changé. » Darius, qui aimait Daniel, se désole : il n’en fait pas moins jeter aux lions le prophète, et il scelle de son anneau la dalle de la fosse.
Quand on ne l’aime pas, on peut écrire en prose.
Deux pigeons s’aimaient d’amour tendre : Cette fable est célèbre et au-dessus de tout éloge.
La princesse Oghérof, en dehors de ces détails russes dont Mme Henry Gréville aime à poudrer le fond de ses romans, est une histoire d’amour qui serait vulgaire sans le renoncement des deux amoureux, l’un à l’autre, et par là, l’échappement à l’adultère, — l’éternel adultère de tous les romans contemporains !
Louis XIV, qui n’aimait pas la province, on sait pourquoi, l’insultait par ses écrivains ; mais MM. de Goncourt, dont le nom semble révéler une vieille origine provinciale, n’ont-ils jamais su, ou les traditions de la famille ne leur ont-elles jamais appris, que la province — et surtout la province d’avant la Révolution — gardait dans ses châteaux et dans ses grandes villes un exemplaire plus pur que Paris lui-même de ce qu’on appelait la société française, de ce mélange heureux et si admirablement réussi de lumière, d’élégance, d’amabilité et presque de vertus, qui faisait de la France l’aimant du monde ?
Otez les fragments des dépêches de Lionne, qui ont leur intérêt, mais qu’on aimerait mieux intégrales que coupées, quelle que soit l’intelligence des ciseaux, et vous n’avez plus rien que les quelques petits verres d’eau de réflexions dont Valfrey les arrose !
I Nous aimons ces sortes d’essais ou d’études sur un grand esprit ou sur une grande œuvre.
Marié deux fois, il fut aimé jusque de son fils, qui rendit le grand nom de son père un nom funeste !
profonde inaptitude politique, en contraste avec des qualités d’intelligence que nous aimons à reconnaître, et qui prouve une fois de plus qu’en matière historique, comme en toutes choses, les connaissances les plus étendues ne peuvent suppléer à l’instinct !
Mais a-t-il compris au même degré la conséquence redoutable qu’on peut tirer de sa publication contre la Royauté elle-même, la Royauté que ceux qui l’aiment voudraient irréprochable, comme elle est immortelle ?
il nous en a assez coûté pour découronner cette Aimée au teint de topaze du poétique bandeau que l’imagination roule autour de sa tête avec les plis du cachemire… Les choses pittoresques et aimées du regard, les choses lointaines et naturelles ont tant de force et de prestige !
Il aime et il invoque la métaphysique.
Il y a véritablement dans Henri Cantel une fleur de poésie que nous aimerions à sauver ; car elle est en péril.
On conçoit qu’il n’aime pas à se regarder dans ces imitations et à se trouver trop soi dans ces glaces dont il a fourni l’étamage, — ce qui est trop cher ; mais les hugolâtres s’excommuniant eux-mêmes de leur hugolâtrie, et se mettant à la porte de l’imitation hugotine qui est toute leur Église, et hors de laquelle il n’y a pour eux ni vie ni salut, cela réellement ne se comprend plus !
Voici un Rancé, sans la foi, qui a coupé la tête à l’idole matérielle de sa vie ; qui, comme Caligula, a cherché dedans ce qu’il aimait et qui crie du néant de tout, en la regardant !
… Il n’y a ici que le jeune homme d’avant le poète, le Prince des Ténèbres qu’il est encore avant d’être le Prince de la Lumière, qu’il doit devenir ; Je suis celui qu’on aime et qu’on ne connaît pas !
… Si Fabre n’avait pas eu celles que je lui reproche, Dieu sait ce que son livre que j’aime, et que je voudrais un chef-d’œuvre, y aurait gagné !
La guerre vient de nous apprendre que nos cœurs parfois contractés, irrités, possédaient chacun la faculté d’aimer, de comprendre, d’aider les cœurs et les esprits qu’ils croyaient adversaires.
La vieillesse de Louis XIV et les fléaux de la guerre achevaient son éducation commencée par la vertu : Si Dieu me donne la vie, disait-il, c’est à me faire aimer que j’emploierai tous mes soins.
L’homme, esclave pour le présent, est du moins libre pour le passé ; il peut aimer ou haïr, approuver ou flétrir d’après les lois et son cœur.
J’aimais M. […] Jeunes gens, qui vous proposent de fréquenter ces leçons, aimez encore, aimez toujours tout ce qui est bon, tout ce qui est beau, tout ce qui est honnête. […] Si vous aimez la nature humaine, il faut l’accepter tout entière. […] J’aime et j’honore assurément le dernier des Brutus, mais il représentait l’esprit ancien, et l’esprit nouveau était du côté de César ; cette longue lutte des patriciens et des plébéiens, qui remplit l’histoire romaine, cette lutte de plusieurs siècles finit à Pharsale. […] Il faut donc aimer la gloire, parce que c’est aimer les grandes choses, les longs travaux, les services effectifs rendus à la patrie et à l’humanité en tout genre ; et il faut dédaigner la réputation, les succès d’un jour et les petits moyens qui y conduisent ; il faut songer à faire, à beaucoup faire, à bien faire, à être et non à paraître ; car, règle infaillible, tout ce qui paraît sans être, bientôt disparaît ; mais tout ce qui est, par la vertu de sa nature, paraît tôt ou tard.
À plus forte raison rentraient-ils facilement dans ce joyeux oubli de tout grand débat où Élisabeth aimait à les entretenir. […] Dès que les personnages sont connus, dès que la situation est développée, on a fait son choix ; on sait ce qu’on désire, ce qu’on craint, qui l’on hait et qui l’on aime. […] La mère de Hamlet n’a gardé, dans son incestueux amour, aucune mesure ; elle connaît son crime et le commet ; sa situation est celle d’une effrontée coupable ; son âme est celle d’une femme qui pourrait aimer la pudeur et se trouver heureuse dans les liens du devoir. […] Ces spectateurs, si peu exigeants sur la décoration du théâtre, l’étaient beaucoup quant au mouvement matériel de la scène ; indulgents pour l’insuffisance et la grossièreté des imitations théâtrales, ils en aimaient la variété, et à peine en apercevaient-ils les inconvenances. […] De même, entre deux événements évidemment séparés par un intervalle assez long pour que nous n’aimions pas à le voir disparaître sans y prendre quelque part, Shakespeare place une scène qui peut appartenir également à la première ou à la seconde époque, et il nous fait passer de l’une à l’autre sans nous choquer par son intime connexion avec ce qui la précède ou ce qui la suit.
Quoique l’homme soit né pour connoître & pour aimer la vérité ; l’erreur, l’illusion & le mensonge assiégent son berceau. […] Il fut le Dieu tutélaire des Savans, qu’il aima, qu’il encouragea, & qu’il protégea toujours. […] Si l’on aime dans l’autre l’art d’orner & d’embellir le compas d’Uranie ; si l’on applaudit à la touche ingénieuse & savante de ses Oracles, à la finesse de ses Dialogues, à l’agréable Philosophie de ses Mondes, au tour inimitable de ses Eloges, on est, malgré soi, dégoûté du jargon fade & précieux de ses Idylles & de ses Eglogues, si éloignées du naturel & de l’élégante simplicité de Théocrite & de Virgile. […] Que tout y respire les bonnes mœurs, la raison & le goût ; anoblissons nos travaux & nos veilles, en les consacrant à l’instruction de nos semblables ; si nous sommes plus éclairés qu’eux, n’abusons point de nos lumières, ni de leur foiblesse, pour les corrompre, les tromper ou les égarer ; servons-nous, de notre Philosophie pour faire respecter la Religion, les Loix & les Usages reçus ; que la vérité, la sagesse & la vertu brillent dans tous nos ouvrages ; qu’ils les inspirent & les fassent aimer ; qu’ils ne soient point souillés par cette licence effrenée qui ose tout ; bannissons-en cet égoïsme superbe, qui n’a jamais été & ne sera jamais le ton de la modestie & de l’honnêteté ; qu’on y découvre les sentimens de notre ame, non par un vain & pompeux étalage de mots, mais par une simplicité noble, modeste, intéressante, & par des principes solidement établis ; en un mot, en cherchant à instruire ou à plaire, rappelons-nous toujours que rien n’est beau que le vrai.
Ceux que nous aimerions entendre n’écrivaient pas, ni en latin ni en roman. […] On peut ne pas aimer le xviie siècle ; il faut l’admirer ; c’est un des plus grands siècles de l’histoire. […] Or, rire était bien dans son tempérament ; il a au plus haut degré ce don du comique, où la réalité et la fantaisie, le déjà vu et l’imprévu vous soulèvent dans une saine gaîté, dans une allégresse absolue de l’esprit ; mais il a autre chose encore : il a la compréhension des douleurs humaines, la vision très nette de nos conflits avec la société, avec nous-mêmes, de nos pauvres illusions, de la jeunesse qui fuit, de la raison qui s’écroule aux pieds de l’amour… ; et Molière, le grand comique, aurait écrit les drames les plus poignants, si son époque avait aimé le drame et s’il n’eût pas dû être un amuseur… Il a frôlé le drame dans Tartufe, dans Le Misanthrope, dans Le Bourgeois gentilhomme, dans Le Malade imaginaire, ailleurs encore ; ce drame, il l’a vu, mais n’a voulu montrer que la comédie. […] Mais à revivre ces œuvres par la sympathie qui devine, comme l’apôtre Jean, autant que par la science qui demande à toucher, comme Thomas, on y découvre une beauté nouvelle, et l’on revoit le poète, penché sur l’œuvre aimée qu’il sait incomplète et dont il dit lui-même : Quand je vous livre mon poème, Mon cœur ne le reconnaît plus : Le meilleur demeure en moi-même, Mes vrais vers ne seront pas lus.
Oui, il y eut et il dut y avoir de ces commencements de querelle — et chez les Grecs au moment de leur maturité déjà déclinante et la plus fleurie, au lendemain d’Alexandre, lorsque, regardant en arrière, ils se jugeaient à la fois riches par héritage et pouvant encore ajouter à la gloire des ancêtres — ; et chez les Romains surtout, à cette époque dominante de l’empire, au sein de cette unité puissante qui avait engendré des esprits universels comme elle-même, au temps des Sénèque, des Pline, et je dirais des Tacite si ce dernier n’était si pessimiste et morose : mais les plus belles paroles qui aient été prononcées sur cette question des anciens et des modernes, c’est peut-être encore ce grand et si ingénieux écrivain Sénèque qui les a dites, et on ne peut rien faire de mieux aujourd’hui que de les répéter : J’honore donc, disait-il à son jeune ami Lucilius, j’honore les découvertes de la sagesse et leurs auteurs ; j’aime à y entrer comme dans un héritage laissé à tous.
J’aime infiniment mieux M.
Thiers l’a rêvé aussi, ce rôle idéal ; il s’en fait l’interprète pour tous, et de même que dans les chants du chœur antique, dans ces vœux, ces prières, ces conseils jetés au milieu de l’action sans la hâter ni la ralentir, le spectateur aimait à entendre le cri de la nature humaine et à reconnaître ses propres impressions, de même, en lisant l’historien, on éprouve une vive et continuelle jouissance à retrouver partout l’accent simple et vrai d’une émotion qu’on partage et à sentir un cœur d’homme palpiter sous ces attachants récits.
De même que les expressions générales, ils aiment les sentences générales165.
Premièrement, il veut se faire aimer d’une petite comédienne, Mélanie Guilbert, qu’il appelle plus souvent Louason.
Le nom de pédantisme, qui, si on ne le définit nettement, peut être si mal appliqué, et qui pour les esprits légers est à peu près synonyme de toute recherche sérieuse et savante, est ainsi devenu un épouvantail pour les esprits fins et délicats, qui ont souvent mieux aimé rester superficiels que de donner prise à cette attaque, la plus sensible pour nous.
Mille fois plus vivant, mille fois plus aimé depuis ta mort que durant les jours de ton passage ici-bas, tu deviendras à tel point la pierre angulaire de l’humanité qu’arracher ton nom de ce monde serait l’ébranler jusqu’aux fondements.
Elle apprend, en un mot, à respecter la Religion, à écouter la voix de la belle Nature, à aimer son pere, sa patrie, à être citoyen, ami, malheureux, esclave même, si le sort le veut.
On n’aime plus sa traduction de Tacite, surnommée la belle infidelle.
Quel centre plus naturel d’union que cette antique Église dont nous sommes sortis, et qu’aiment toujours du fond du cœur ceux qui en sont le plus séparés ?
Tout ce que je sais, c’est que j’ai bien fait de me méfier de mon jugement ; c’est que Virgile a tout gâté lorsqu’il a traduit cet endroit par ces vers où il ne reste presque pas le moindre vestige de la poésie et des images d’Homère : parva metu primo, … etc. j’aime mieux le plat latin du juif helléniste, qui a dit de l’ange exterminateur des premiers-nés de l’égypte : stans replevit omnia… etc. ah !
Pour mon compte, j’aime mieux la famille de Laferronnais et Mme Craven l’a mieux racontée.
L’histoire de l’Église, à cette époque, qu’il a su écrire, a des pages qui feraient pleurer ceux qui l’aiment.
Seulement, Rabelais caricaturise, d’un bout à l’autre de ses œuvres, les hommes, les choses, les mœurs et l’esprit humain de son temps, en des compositions étranges qui sont des Épopées comiques, des Iliades et des Odyssées d’un Homère ivre, ou plutôt d’un Bacchus aimé des Muses et traîné par des tigres ; car les plaisanteries de Rabelais sont d’assez fières tigresses !
Tout en admirant André Chénier, il a signalé, avec la justesse d’un homme qui voit le faible de ce qu’il aime et qui en convient pour s’en affliger, la raison qui doit séparer André Chénier, dans l’estime des hommes, des grands journalistes que je viens plus haut de citer, et qui, comme lui, ne furent pas au xixe siècle que des journalistes éclatants.
L’hagiographie, cette peinture byzantine littéraire, avec son inspiration macérée, avec ses nimbes mystérieux et rayonnants, ne touche guères que les cœurs qui les voient, ces nimbes, sans qu’on ait besoin de les leur montrer, et c’est pourquoi l’abbé Maynard a mieux aimé faire de l’histoire, — de la vaste et forte peinture d’histoire, — avec tout le ragoût de critique et de renseignement qu’une civilisation très avancée et très difficile exige maintenant de l’historien.
Je sais trop de quoi il est fait pour annoncer qu’il vient de naître un homme de génie de plus à la littérature française, et pourtant il est vrai de dire que le Poème humain de Gustave Rousselot, malgré les énormes défauts que j’y signalerai tout à l’heure, a plusieurs des qualités fortes qui constituent le génie poétique, et je suis d’autant moins suspect lorsque j’affirme qu’il les a, que le poème en question, avec son titre que je n’aime pas, est écrit tout entier dans une inspiration que je déteste.
Je n’aime point ces titres gouailleurs.
Aimons donc à le dire : dans la religion, dans la science, dans les arts, dans la vertu politique enfin, ce dernier but de la société civile, il reste encore, il se reproduira sans cesse un levain précieux d’enthousiasme.
S’ils aiment la nature, c’est avec transport et jusqu’à l’adoration. […] Questions vraiment irritantes, car nous n’aimons pas à sentir que notre propre pensée nous échappe : nous nous prêterions plus volontiers à ce jeu, si nous y voyions un peu plus clair. […] Est-ce le souvenir de la femme aimée, ou son âme, ou l’amour humain exalté et transposé en amour divin, ou l’aspiration vers l’idéal, ou la théologie ? […] Ce que l’on appelle notre idéal de beauté est donc simplement un goût pour certaines formes, qui nous fait aimer ces formes, mais ne nous les fait pas imaginer. […] Mais ceux qui aiment la peinture savent tout le charme qu’on trouve dans certaines esquisses que la pensée achève et complète, et où le spectateur se prend à voir un monde de choses qui flottent au gré de son imagination !
De toutes les fleurs écloses au soleil du Midi sous la main des deux grands paganismes, il cueillait librement les plus parfumées et les plus exquises, mais sans se tacher à la boue qui les entourait. « Je prends Dieu à témoin, écrivait-il plus tard, que dans tous ces endroits où il y a tant de licence, j’ai vécu pur et exempt de toute espèce de vice et d’infamie, portant continuellement dans mon esprit cette pensée, que si je pouvais échapper aux regards des hommes, je ne pouvais pas échapper à ceux de Dieu434. » Au milieu des galanteries licencieuses et des sonnets vides, tels que les sigisbés et les académiciens les prodiguaient, il avait gardé sa sublime idée de la poésie ; il songeait à choisir un sujet héroïque dans l’ancienne histoire d’Angleterre, et se confirmait dans l’opinion435 « que celui qui veut bien écrire sur des choses louables, doit, pour ne pas être frustré de son espérance, être lui-même un vrai poëme, c’est-à-dire un ensemble et un modèle des choses les plus honorables et les meilleures ; n’ayant pas la présomption de chanter les hautes louanges des hommes héroïques ou des cités fameuses, sans avoir en lui-même l’expérience et la pratique de tout ce qui est digne de louange436. » Entre tous il aimait Dante et Pétrarque à cause de leur pureté, se disant à lui-même « que si l’impudicité dans la femme que saint Paul appelle la gloire de l’homme est un si grand scandale et un si grand déshonneur, certainement dans l’homme, qui est à la fois l’image et la gloire de Dieu, elle doit être, quoique communément on ne pense pas ainsi, un vice bien plus déshonorant et bien plus infâme437. » Il pensa « que toute âme noble et libre doit être de naissance et sans serment un chevalier », pour la pratique et la défense de la chasteté, et garda sa virginité jusqu’à son mariage438. […] Nul n’a plus aimé, pratiqué et loué l’usage libre et hardi de la raison. […] Il me semble la voir comme un aigle qui revêt son héroïque jeunesse, qui allume ses yeux inéblouis dans le plein rayon du soleil, qui arrache les écailles de ses paupières, qui baigne sa vue longtemps abusée à la source même de la splendeur céleste, pendant que tout le ramas des oiseaux craintifs et criards, et aussi ceux qui aiment le crépuscule, voltigent à l’entour, étonnés de ce qu’il veut faire, et, dans leurs croassements envieux, tâchent de prédire une année de sectes et de schismes467. » C’est Milton qui parle, et, sans le savoir, c’est Milton qu’il décrit. […] Pour délivrer la dame enchantée, on appelle Sabrina, la naïade bienfaisante, qui, « assise sous la froide vague cristalline, noue avec des tresses de lis les boucles de sa chevelure d’ambre. » Elle s’élève légèrement de son lit de corail, et son char de turquoise et d’émeraude « la pose sur les joncs de la rive, entre les osiers humides et les roseaux. » Touchée par cette main froide et chaste, la dame sort du siége maudit qui la tenait enchaînée ; les frères avec la sœur règnent paisiblement dans le palais de leur père, et l’Esprit qui a tout conduit prononce cette ode où la poésie conduit à la philosophie, où la voluptueuse lumière d’une légende orientale vient baigner l’Élysée des sages, où toutes les magnificences de la nature s’assemblent pour ajouter une séduction à la vertu : Je revole maintenant vers l’Océan — et les climats heureux qui s’étendent — là où le jour ne ferme jamais les yeux, — là-haut, dans les larges champs du ciel. — Là je respire l’air limpide — au milieu des riches jardins — d’Hespérus et de ses trois filles — qui chantent autour de l’arbre d’or. — Parmi les ombrages frissonnants et les bois, — folâtre le Printemps joyeux et paré ; — les Grâces et les Heures au sein rose — apportent ici toutes leurs largesses ; — l’Été immortel y habite, — et les vents d’ouest, de leur aile parfumée, — jettent le long des allées de cèdres — la senteur odorante du nard et de la myrrhe. — Là Iris de son arc humide — arrose les rives embaumées où germent — des fleurs de teintes plus mêlées — que n’en peut montrer son écharpe brodée, — et humecte d’une rosée élyséenne — les lits d’hyacinthes et de roses où souvent repose le jeune Adonis — guéri de sa profonde blessure — dans un doux sommeil, pendant qu’à terre — reste assise et triste la reine assyrienne. — Bien au-dessus d’eux, dans une lumière rayonnante, — le divin Amour, son glorieux fils, s’élève — tenant sa chère Psyché ravie en une douce extase. — Mortels qui voulez me suivre, — aimez la vertu, elle seule est libre, — elle seule peut vous apprendre à monter — plus haut que l’harmonie des sphères. — Ou si la vertu était faible, — le ciel lui-même s’inclinerait pour l’aider504. […] Une jolie femme dira en revanche : « Je n’aime pas un homme qui porte sa tête comme un saint sacrement. » 443.
C’est la puissance de l’inconnu, c’est l’attrait de l’énigme pour les hommes, qui aiment à deviner. […] Elle aimait dans M. de Talleyrand tout à la fois l’aristocratie réhabilitée par la république, le talent remis à sa place par la liberté, le charme personnel de la grâce des mœurs et de la politesse d’esprit réinstallé dans la société par ce débris si jeune encore de l’ancien régime, recueilli et relevé par son influence. […] LII Six jours avant, j’avais dîné chez lui, pour la seconde fois, presque en famille, dernier convive de ceux qu’il aimait à réunir toutes les semaines à sa table.
Nous allons voir, en effet, qu’elle se réduit ici à une certaine qualité ou nuance dont se colore une masse plus ou moins considérable d’états psychiques, ou, si l’on aime mieux, au plus ou moins grand nombre d’états simples qui pénètrent l’émotion fondamentale. […] Mais cette représentation toute dynamique répugne à la conscience réfléchie, parce qu’elle aime les distinctions tranchées, qui s’expriment sans peine par des mots, et les choses aux contours bien définis, comme celles qu’on aperçoit dans l’espace. […] C’est ce progrès qualitatif que nous interprétons dans le sens d’un changement de grandeur, parce que nous aimons les choses simples, et que notre langage est mal fait pour rendre les subtilités de l’analyse psychologique.
Nous ne nous en prenions pas à vous, tant nous vous aimions, mais à ceux que vous employez et qui savent mieux faire leurs affaires que les vôtres. […] C’est un grand fléau que toute cette maltôte-là, et, pour s’en sauver, on aime mieux laisser les terres en friche… Débarrassez-nous d’abord des maltôtiers et des gabelous ; nous souffrons beaucoup de toutes ces inventions-là ; voici le moment de les changer ; tant que nous les aurons, nous ne serons jamais heureux.
« On peut tolérer, en les méprisant, les excuses de ceux qui aiment mieux perdre les autres que de s’exposer eux-mêmes ; mais toi, l’exil de ton père, le partage de ses biens entre ses créanciers, ta jeunesse, encore inhabile aux fonctions publiques, assuraient ta sécurité. […] Il aimait Poppée, et il voulait à tout prix l’épouser, contre les vues d’Agrippine, sa mère.
Cette royauté des expiations étant impossible à rétablir, la royauté des conspirations étant impossible pour moi à aimer et à servir, cette coalition immorale et déloyale dans le parlement étant impossible à honorer, incapable de fonder, capable seulement de détruire, je n’avais plus de devoir et de lien qu’avec la politique abstraite, idéale, personnelle qui pouvait seule à un jour donné recruter, au profit des principes sainement et honnêtement progressifs, les opinions d’un peuple prêt à retomber dans l’anarchie. […] Je pense qu’il n’aimait pas à reporter la pensée de ses paroissiens sur sa qualité de prêtre assermenté et constitutionnel dans sa jeunesse, et qu’il était plus importuné qu’empressé d’être cité en témoignage sur ces événements qui lui rappelaient une faute d’orthodoxie sacerdotale, expiée depuis par sa rétractation.
Faire l’histoire comme j’aime à la lire, voilà tout mon système d’écrivain. […] On l’aimait familièrement au pied de la tribune.
Louis de Gonzague Frick Je suis parisien comme Mademoiselle Mistinguett, par exemple, mais j’aime trop Marseille pour oser écrire dans Les Marges et même ailleurs, qu’aucun des grands poètes de notre langue n’est du midi de la France. […] Mais, cette fois, homme du Nord, passionnément épris de toute poésie, je perçois une occasion de rendre hommage au Midi, que j’aime, aux Méridionaux que j’admire.
Victor Hugo aime à revenir. […] Victor Hugo ¡atteint, au plus bas de sa profondeur, en concevant parfois des âmes géminées, partagées en deux moitiés distinctes et généralement contradictoires, par une absolue Assure, Marie Tudor, reine, est irritée contre son amant, puis se remet à l’aimer, puis commande qu’on le tue, puis le gracie.
Ferrari et qui aime le plus les idées extrêmes, parce qu’elles balaient toujours très bien les entre-deux, peut-elle laisser passer, comme une vérité sans conteste, cette abstraction d’une inflexible mathématique dans l’histoire, — fût-ce pour le bon motif d’étouffer la raison d’État des politiques et d’en finir avec ce vieux sophisme retiré qui règne toujours, quoique aplati, au fond du système des habiles et du doctrinarisme des constitutions ? […] Ferrari, à ne voir que son livre actuel, et malgré ses erreurs nombreuses, est un des hommes les plus richement doués de tous ceux-là qui, dans les sciences ou dans les lettres, aiment à porter ce nom si sec d’esprits positifs, et ne s’occupent que de l’objet de leur recherche, disant du reste, le : Cela ne me regarde pas, qu’autrefois écrivait Descartes, et cependant voilà que ce positif, qui ne voit que les faits dans le monde, et qui ne se soucie même pas de leur raison d’exister, finit en chimérique un livre où les faits seuls devaient se montrer glorifiés.
J’aime la vérité assurément et la réalité franche, je le répète assez souvent ; je sais même surmonter un dégoût pour arriver au plus profond des choses, au plus vrai de la nature humaine ; mais je m’arrête là où l’inutilité saute aux yeux et où la puérilité commence.
Le héros, fils d’un ennemi mortel, fils d’un prince, garde le plus qu’il peut l’incognito ; pour sauver celle qu’il aime et le vieillard que des félons veulent perdre, il ne voit rien de mieux que d’aller par monts et par vaux attaquer dans son antre un monstre effroyable, et de lui ravir les preuves d’une machination odieuse, qui, retirées des mains où elles sont tombées, pourront démasquer les traîtres.
En général, moins les rencontres entre poètes qui s’aiment ont de but littéraire, plus elles donnent de vrai bonheur et laissent d’agréables pensées.
Comme sir Walter aime à la folie les comparaisons, il me permettra d’en faire une, et de trouver que sa manière de comprendre notre Révolution ressemble exactement à la manière dont le matérialiste Lamettrie comprenait l’homme physiologique, par des poids, des leviers, des soupapes et tout le gros attirail d’une mécanique vulgaire.
Une jeune fille sentimentale, exaltée, élevée dans la pratique chrétienne et d’une nature un peu mystique, Claire, est aimée d’un jeune homme éloquent et enthousiaste qui a embrassé le saint-simonisme, et dont l’amour l’entraîne à sa secte sans la convaincre ; le malheur qui les frappe tous les deux semble à l’auteur provoquer une moralité favorable au christianisme.
Le public, qui ne jouit pas d’ailleurs d’une extrême liberté, aime à entendre réciter des sentiments généreux exprimés en beaux vers.
Une fois qu’on a dit : je suis joyeux, ou triste, ou irrité, j’aime ou je hais, il semble que vraiment on n’ait plus rien à dire, et de fait on voit souvent des écrivains, de fort grands, se tirer de là par la simple rhétorique, par les périphrases et les comparaisons, par le développement à la Sénèque, qui consiste à inventer cent formes de la même pensée.
Elle se mettait à aimer la vie : elle rêvait la vie comme une fête et comme une œuvre d’art, bonne et belle, elle y réintégrait la bienfaisante douceur de ces biens naturels que l’antiquité avait tant adorés, la lumière, l’espace, les ombrages, les eaux, les fleurs ; elle y jetait toutes les commodités, toutes les splendeurs de la richesse et du luxe, tous les agréments de la société.
Elle aime les idées de Diderot, de Voltaire, leur esprit, leur style.
Oui, la nature est là, qui t’invite et qui t’aime !
On sait que les vues a priori de Maxwell ont attendu vingt ans une confirmation expérimentale ; ou si vous aimez mieux, Maxwell a devancé de vingt ans l’expérience.
C’est bien à présent, madame, que vous auriez à me reprocher de l’aimer avec excès. » Peu après le retour d’Anvers, les nouveaux princes furent enfin reçus chez la reine ; alors on les établit, avec leur gouvernante, à Versailles.
Mais madame de Maintenon marchera autrement vers un but plus élevé que ceux de la galanterie : elle veut être aimée, préférée, et respectée, tâche impossible à une femme galante.
Durant le trajet, Myrtilos tenta de faire violence à Hippodamie ; l’aurige aimait, cette « dompteuse de chevaux » : c’est le sens grec de son nom.
Il aime alors à procéder par sous-entendus, par allusions.
Cela dura quelques secondes, où quelqu’un fut en moi qui aimait cette femme, la voulait, y aspirait comme à cueillir une étoile.
Comme dans toute œuvre, si sombre qu’elle soit, il faut un rayon de lumière, c’est-à-dire un rayon d’amour, il pensa encore que ce n’était point assez de crayonner le contraste des pères et des enfants, la lutte des burgraves et de l’empereur, la rencontre de la fatalité et de la Providence ; qu’il fallait peindre aussi et surtout deux cœurs qui s’aiment ; et qu’un couple chaste et dévoué, pur et touchant, placé au centre de l’œuvre, et rayonnant à travers le drame entier, devrait être l’âme de toute cette action.
Quelle époque de corruption que celle où un homme d’honneur se croit perdu s’il laisse éclater son amour pour l’épouse qu’il a promis d’aimer !
Quand nous sommes éloignés de la patrie, nous nous rappelons toujours avec délices les jours où nous vivions sous les arbres qui ombragèrent notre berceau ; nous aimons à retracer à notre mémoire et la prairie et le ruisseau et la forêt qui étaient près du toit paternel : nous visitons mille contrées fameuses ; nous admirons les aspects les plus variés d’une nature tantôt belle, tantôt agreste et sauvage ; mais nulle part il ne sort de la terre que nous foulons sous nos pieds des souvenirs animés ; nulle part nous ne reconnaissons et le vent et la lumière et les ombres.
Je pourrais, sans doute, aujourd’hui reproduire ces objections, afin de les discuter : ce serait une occasion que j’aimerais à saisir de rendre hommage à la mémoire d’un homme qui eût pu laisser un nom s’il eût voulu se mettre en rapport avec le public, et dont d’inexprimables chagrins ont causé la mort prématurée ; mais il faudrait discuter de nouveau les grandes et immenses questions relatives à l’institution du langage, à la formation des sociétés, aux traditions, aux castes : au point où j’en suis, je dois abandonner à ma pensée le soin de se compléter elle-même, et ensuite de se défendre.
Je ne la connais pas personnellement ; et, d’ailleurs, on peut douter de tout, quand on pense que Mme de Sévigné n’aimait sa fille que dans l’absence et qu’elle n’était rien de plus qu’une grande artiste en sentiment maternel… Grande artiste, Mme André Léo ne l’est d’aucune manière ; mais elle n’en a pas moins l’accent maternel, bien plus que Mme Sand, qui a un autre accent moins pur… Mme André Léo, qui a failli (j’en ai vu l’heure) détrôner Mme Sand dans l’opinion, qui l’a sacrée la première femme de son temps, est un bas-bleu foncé, trop conglutiné dans son indigo, pour être jamais la créature, enflammée et inspirée, qu’on appelle une grande artiste.
Il y a déjà quelques années, on publia sur la Chine et sur les Chinois un petit livre, avec des dessins lithographies à deux teintes par Cicéri (je crois), et dont l’auteur était un artiste, un monsieur Auguste Borget, qui, au lieu de voyager à Paris dans les grammaires chinoises, avait pris le parti d’aller voir chez eux les Chinois, assis sur leurs propres tapis, et de leur demander, sans trop de cérémonie, une tasse de thé… Balzac, notre grand romancier, qui aimait la Chine comme un roman à écrire, rendit compte de cet ouvrage dans un journal, — une des lucioles du temps à présent éteinte.
Tout ce qui l’exalte, tout ce qui la raconte, tout ce qui nous apprend à l’aimer, tout ce qui nous fera mettre notre main dans sa main, notre cœur sur son cœur, est, littérature à part, digne d’applaudissement, d’encouragement, de popularité.
En France, on n’aime pas longtemps ce qui ennuie, et voilà le mot accablant, mais vrai, que la Critique est obligée de prononcer.
Si, avec son observation large et fine et son dédain railleur de tout ce qui n’est pas la réalité, Champagny a, comme nous le pensons, l’esprit naturellement politique, quelle préoccupation ou quel emploi exclusif d’une de ses facultés a fait tort à son coup d’œil naturel, et diminué en lui et dans son œuvre ce que nous aimerions le plus à y rencontrer ?
Sans précisément interdire ces détails, nous aimerions mieux la recherche des causes morales qui font les grands hommes que toutes ces notions inférieures qui ne sont que l’histoire de la bête humaine.
Auteur déjà d’un petit livre intitulé : Études sur les grands Hommes, il a montré cet esprit positif et net qui aime à saisir les plus brillantes écorces dans sa main et en exprimer strictement tout ce qu’elles contiennent.
Elle y serait aidée encore par les opinions du jeune marquis, qui veut se faire médecin et qui est l’homme de ce temps de transition, l’homme crépusculaire, s’il n’aimait pas une de ses cousines germaines, sans fortune.
» Ce nom, d’une sonorité d’or, et que la Gloire avait encore cette raison d’harmonie pour aimer, portait peut-être dans plus d’esprits à la fois que ceux de Cuvier, de Geoffroy Saint-Hilaire et d’Ampère, et si on y réfléchit, on le conçoit.
Elle doit lui plaire, par son apparente simplicité de point de vue et de déduction, et la faire trembler, par les connaissances terribles qu’elle exige… Or la pensée publique, en France surtout, ressemble aux femmes, qui doivent toujours un peu trembler pour bien nous aimer.
» Ce nom, d’une sonorité d’or, et que la Gloire avait encore cette raison d’harmonie pour aimer, portait peut-être dans plus d’esprits à la fois que ceux de Cuvier, de Geoffroy Saint-Hilaire et d’Ampère, et si on y réfléchit, on le conçoit.
Il a aimé mieux prendre l’homme tout entier, dans le multiple ensemble de sa vie et à sa place dans tous les événements de son temps, et il a écrit un ouvrage qui n’a pas pour titre unique le nom d’Anselme et qui est aussi le tableau de la vie monastique et politique, au onzième siècle.
» — Raymond Brucker, qui n’a jamais bénéficié de rien, et pour lequel l’Église, dont il fut le serviteur fidèle et héroïque jusqu’au dernier moment, n’a rien fait, et qu’elle a laissé mourir de faim ou à peu près ; Raymond Brucker, dont les grands hommes littéraires du temps où il fut littéraire comme eux, avec autant de talent qu’eux, diraient peut-être, s’ils vivaient encore : « Je ne connais pas cet homme-là », comme saint Pierre l’a dit de Jésus-Christ, aura-t-il, à propos de ses Docteurs du jour, ce bonheur d’outre-tombe, qui ne sera un bonheur que pour nous qui l’avons aimé, de quelques rumeurs flatteuses autour de son tombeau ?
Mais les gens qui reviennent du Schopenhauer sont comme les gens qui reviennent des Grandes-Indes, et qui se mettent à les raconter… Or, comme on disait autrefois, parmi les romantiques, quand les classiques racontaient les choses les plus intéressantes de leurs tragédies, — par exemple, la mort d’Hippolyte ou les empoisonnements, de Locuste : — on aimerait mieux voir.
Nous sommes supérieurs à ce Dieu détruit, d’une supériorité incomparable, puisque nous connaissons, voulons, aimons.
La mère mourante, et forte de sa mort prochaine, arrache à son fils la promesse qu’il n’épousera pas celle qu’il aime.
Quant au Crispin rival de son maître, un laquais encore, inventé par cet homme qui aime les laquais et qui est cher aux laquais !
Exemple, la scène incroyablement nouvelle et d’une bouffonnerie si déchirante, dans laquelle une pauvre femme, contrefaite et méprisée, s’attelle elle-même à une petite voiture de pâtissier, pour charrier à un bal, où elle n’entrera pas, l’homme qu’elle aime sans espoir et qui n’a pas de quoi payer une voiture, par un abominable temps de pluie.
j’aimerais mieux dire que c’est le comique dans l’enterrement.
Heureux si, averti par ces cheveux blancs, du compte que je dois rendre de mon administration, je réserve au troupeau que je dois nourrir de la parole de vie les restes d’une voix qui tombe, et d’une ardeur qui s’éteint. » Dans cette péroraison touchante, on aime à voir l’orateur paraître, et se mêler lui-même sur la scène.
Cette clef devint une pièce maîtresse dans ce trousseau de fer d’une maison bien tenue que les Bonaparte aimèrent exhiber à leur ceinture. […] Dans trente ans les exclus de l’école unique mèneront peut-être la vie dure aux inclus : à l’aristocratie des concours ne sera-t-il pas plus difficile de se faire aimer qu’à l’aristocratie de la fortune, et qu’à l’aristocratie de naissance ? […] Il a séduit ceux de ses chefs qui aiment le risque, mais les gros bataillons d’un parti prolétarien sont faits de ceux qui ont peu ou qui croient avoir peu à risquer, plutôt que de ceux qui aiment risquer. […] Barrès n’aimait pas du tout qu’on l’appelât M. de Chateaubriand. […] L’Anglais a réussi sa vie politique et sociale aussi bien et même mieux que le Français, en mettant les compromis du quoique presque partout où le Français aime voir la logique du parce que.
Tel était mécontent à force de ne rien faire, tel autre parce qu’il sentait qu’on ne l’aimait pas. […] Qu’alors une mélodie aimée, souvent une mélodie oubliée, ou quelque harmonie douce frappe nos oreilles, soudain, nous serons pour ainsi dire consolés et nous retrouverons l’équilibre perdu de notre Moi. […] Qu’on aime ou qu’on n’aime pas ses sujets, qu’on approuve ou qu’on rejette ses tendances et ses théories, qu’on lui dénie les facultés que l’on voudra, la seule chose que jamais aucun critique n’a pu lui reprocher, c’est, comme le fait Tolstoï, de manquer d’unité et de cohésion. […] Nous sommes perdus, mes amis, si l’on se remet à aimer les belles mélodies ! […] Il y a trop peu de personnalité, trop peu de foyer dans Brahms ; c’est ce que comprennent les impersonnels, les périphériques ; ils l’aiment pour cela.
Il aime les caricatures, il charge les traits des visages, il met en scène des grotesques473, il les promène en tous sens comme des marionnettes, il n’est jamais las de les reprendre et de les faire danser sous de nouveaux costumes ; au plus fort de sa philosophie, de sa propagande et de sa polémique, il installe en plein vent son théâtre de poche, ses fantoches, un bachelier, un moine, un inquisiteur, Maupertuis, Pompignan, Nonotte, Fréron, le roi David, et tant d’autres qui viennent devant nous pirouetter et gesticuler en habit de scaramouche et d’arlequin. — Quand le talent de la farce s’ajoute ainsi au besoin de la vérité, la plaisanterie devient toute-puissante ; car elle donne satisfaction à des instincts universels et profonds de la nature humaine, à la curiosité maligne, à l’esprit de dénigrement, à l’aversion pour la gêne, à ce fonds de mauvaise humeur que laissent en nous la convention, l’étiquette et l’obligation sociale de porter le lourd manteau de la décence et du respect ; il y a des moments dans la vie où le plus sage n’est pas fâché de le rejeter à demi et même tout à fait […] Un soir, au moment de partir pour le bal de l’Opéra, elle trouve sur la toilette la Nouvelle Héloïse 486, je ne m’étonne point si elle fait attendre d’heure en heure ses chevaux et ses gens, si, à quatre heures du matin, elle ordonne de dételer, si elle passe le reste de la nuit à lire, si elle est étouffée par ses larmes ; pour la première fois, elle vient de voir un homme qui aime Pareillement, si vous voulez comprendre le succès de l’Émile, rappelez-vous les enfants que nous avons décrits, de petits Messieurs brodés, dorés, pomponnés, poudrés à blanc, garnis d’une épée à nœud, le chapeau sous le bras, faisant la révérence, offrant la main, étudiant devant la glace les attitudes charmantes, répétant des compliments appris, jolis mannequins en qui tout est l’œuvre du tailleur, du coiffeur, du précepteur et du maître à danser ; à côté d’eux, de petites Madames de six ans, encore plus factices, serrées dans un corps de baleine, enharnachées d’un lourd panier rempli de crin et cerclé de fer, affublées d’une coiffure haute de deux pieds, véritables poupées auxquelles on met du rouge et dont chaque matin la mère s’amuse un quart d’heure pour les laisser toute la journée aux femmes de chambre487.
Une seule âme qui aime, un seul accent qui plaint, compensent la haine et l’injure de tout un peuple : elle était la pitié visible et présente à côté du supplice. […] Je n’aime pas le sang des rois vaincus.
Je l’aime mieux dans ce second rôle : il est plus sincère. […] Il y a des intérêts généraux et des sentiments publics, des intérêts privés et des passions personnelles : voilà les réalités qu’il aimait et sur lesquelles il opère.
Le fidèle vassal avait pour son roi demandé celle qu’il ne voulait pas s’avouer aimer, Isolde, qui, fiancée de son maître, le suivait, parce qu’impuissante elle devait suivre le demandeur. […] Elle se sait chérie de Sachs : — Ce motif caractérise l’espoir d’obtenir Eva : « Serait-ce un jour de noce », dit Sachs à David qui apporte des fleurs ; autre part, c’est sur ce motif que Sachs reconnaît que Walther est aimé, et c’est encore pendant qu’il sonne magnifiquement à l’orchestre qu’il lui recommande de s’habiller de façon à faire honneur à Eva.
Aimez-les toujours comme elles vous aimeront. » X.
Il aime son ivresse en se la rappelant, mais son ivresse est triste à faire peur. […] Voici un Rancé, sans la foi, qui a coupé la tête à l’idole matérielle de sa vie ; qui, comme Caligula, a cherché dedans ce qu’il aimait et qui crie du néant de tout, en la regardant !
Je vous aimerai dans la charité chrétienne, mais universelle, et comme vous serez dans une condition fort commune, je serai aussi pour vous dans une affection fort ordinaire.