Fourier, loin de la bannir, en tire profit. […] Lui-même ne pouvait tirer de ses idées aucun résultat pratique. […] On y tire le canon, à peu près tous les jours. […] Chacun s’en tire comme il peut, et généralement assez mai. […] Soyons certains que Léopardi a tiré de son ennui de rares satisfactions intellectuelles.
Il semble vraiment qu’à moins de se résigner au rôle de pur et simple annaliste, il faille tirer les conséquences de cet événement. […] Mais là où l’on erre prodigieusement, c’est lorsqu’on tire les conséquences de cette primauté particulière. […] Voilà donc comment j’interprète l’argument tiré de la supériorité de culture des peuples : à rebours de l’explication coutumière. […] Tirer du vieil être, remis au creuset, un être nouveau, avec des capacités physiques, des idées et des sentiments nouveaux. […] D’autres mains sauront faire l’œuvre qu’elle néglige et tirer parti des magnifiques avantages dont la nature la combla.
Racine les y a donc aperçues, avec le moyen de les en tirer, pour les mettre en valeur ! […] Que cela est différent d’Andromaque et d’Iphigénie, où rien n’est tiré du dehors ! […] Rafle, au lieu de n’en faire que de mauvaises plaisanteries, il en avait tiré ce qu’elle contient de drame ! […] C’est précisément, au lieu d’être tirés du fond du sujet, de ne l’être, comme vous le savez, que d’une reconnaissance. […] Je rompis mon épée pour m’en servir à creuser, mais j’en tirai moins de secours que de mes mains.
C’est là son rôle exact, et c’est de là qu’il tire, comme nous allons le voir, sa raison d’être et sa morale. […] Souvent j’ai dit que nous n’avions pas à tirer une conclusion de nos œuvres, et cela signifie que nos œuvres portent leur conclusion en elles. […] La vérité n’égare personne : Si on l’épargne aux enfants, elle est faite pour les hommes, et quiconque l’approche en tire un profit certain. […] Imaginez que vous causez avec un sourd et que vous ne puissiez tirer de lui une parole s’appliquant à ce que vous dites. […] J’ai personnellement à le remercier des efforts qu’il fait pour me tirer hors de cause, dans son massacre des romanciers naturalistes.
Le sujet de cette pièce est d’une extrême simplicité ; mais le poète a su en tirer un excellent parti. […] Il a tiré de la parole tout ce que la parole contenait ; s’il ne veut pas se survivre, il est temps qu’il appelle à son aide les idées qu’il a jusqu’ici négligées. […] Hugo un travail sans profit ; mais, pour être vrai, nous devons déclarer qu’il n’a pas tiré de ce travail tout le profit que nous pouvions espérer. […] Hugo veut tirer tout de lui-même, il sera bientôt condamné à subir le dédain public. […] Il a tiré de son sujet tout le parti qu’on pouvait souhaiter ; il l’a fécondé sans l’épuiser.
À la fatigue, pour filer un câble, pour tirer un cabestan, Jean Valjean valait quatre hommes. […] Les flots déchirés et déchiquetés par le vent l’environnent hideusement, les roulis de l’abîme l’emportent, tous les haillons de l’eau s’agitent autour de sa tête, une populace de vagues crache sur lui, de confuses ouvertures le dévorent à demi ; chaque fois qu’il enfonce, il entrevoit des précipices pleins de nuit ; d’affreuses végétations inconnues le saisissent, lui nouent les pieds, le tirent à elles ; il sent qu’il devient abîme, il fait partie de l’écume, les flots se le jettent de l’un à l’autre, il boit l’amertume, l’océan lâche s’acharne à le noyer, l’énormité joue avec son agonie. […] Cela donne lieu à des scènes peu vraisemblables, tirées par les cheveux, mais dramatiques et dignes d’un grand maître de larmes, par le pathétique des situations et par la naïveté des amours qui en sont la suite. […] Le général, c’était Cambronne, ne répond pas, et son geste dit : Tirez !
Elle tire sa valeur surtout de son style qui est d’une qualité rare, et du tact avec lequel Corneille a déterminé quelques-unes des conditions du genre : il fixe la comédie dans son juste ton, entre le bouffon et le tragique ; il marque le mouvement du dialogue, vif, naturel et agissant ; et, bien qu’il n’ait pas précisément dessiné de caractères, il place dans la forme morale du personnage principal la source des effets d’où jaillit le rire. […] De sa vie intérieure comme de sa vie extérieure, de ses chagrins et de ses passions comme de ses courses et de ses luttes, il tira de l’expérience une large connaissance des travers, des faiblesses, des vices de la commune humanité. […] Le comique et la vérité se tirent du même fonds, c’est-à-dire de l’observation des types humains. […] Son sujet posé, il en tire tout ce qu’il contient de rire, avec une logique extravagance, sans aucun souci de la réalité ni de la vraisemblance.
Jamais les romantiques n’abusèrent de ce vers : ils le mêlèrent discrètement à l’alexandrin classique, pour le diversifier ; ils le ménagèrent précisément en raison des effets qu’on en peut tirer. […] C’étaient des pétards qu’on tirait pour effarer les classiques et les bourgeois. […] Il y aurait trouvé même ses chefs-d’œuvre, si la grande souffrance de sa vie n’avait tiré de lui les Nuits : Musset est un grand poète dans l’élégie lyrique. […] Il s’y était essayé dans la Mort de Socrate (1823), récit platonicien, parfois incohérent, souvent admirable, et dans le Dernier Chant de Childe-Barold (1825), où il a tiré le héros révolté de Byron vers sa propre ressemblance.
Mais tirer de la vue des forêts et des montagnes une inspiration créatrice, donner à l’habitation où les hommes se réunissent pour adorer le Dieu infini quelque chose de l’aspect de ces sublimes montagnes, et élever des temples qui s’harmonisent avec nos grands végétaux comme les petits temples de la Grèce s’harmonisaient avec les lentisques et les orangers, voilà l’art. […] Quelle est la conclusion à tirer de ces considérations sur l’art, que nous aurions voulu supprimer, mais que rendait indispensable le dévergondage d’idées qui règne aujourd’hui sur ces questions ? […] Certes, je ne chercherai pas si l’objet qui est représenté est beau ou laid, je ne ferai pas de sophisme pour soutenir qu’il y a de la beauté jusque dans la laideur ; je ne demanderai pas si on peut tirer directement de cet ouvrage une conclusion morale : non, mais j’écouterai l’impression qu’il fera sur ma vie. […] Ils n’ont pu trouver un sol où leur Christianisme prît racine, et d’où il tirât des sucs assez nourriciers pour couvrir ensuite la terre de son ombrage.
C’est comme une équation partielle tirée par une hypothèse spéciale d’une équation plus générale. […] L’esprit philosophique sait tirer philosophie de toute chose. […] Les choses ne valent que par ce qu’y voit l’humanité, par les sentiments qu’elle y a attachés, par les symboles qu’elle en a tirés. […] L’anatomie comparée tire bien plus de résultats de l’observation des animaux inférieurs que de l’observation des espèces supérieures.
En comparant les faits accumulés par l’expérience, elles ont pu éliminer les accidents, dégager ce qui est fixe et permanent et en tirer des lois, c’est-à-dire arriver à la connaissance précise et « à ce caractère essentiel de la science qui est de prévoir. » Quant à l’indépendance des sciences qui sont sorties déjà ou tendent à sortir de la philosophie, nous l’avons vue se produire naturellement, par un travail continu et inconscient, et la scission résulter de la nature même des choses. […] Mais le danger presque inévitable de cette méthode, c’est de personnifier les causes, de les ériger en entités distinctes et indépendantes : on oublie que ce ne sont que des abstraits, des formules commodes pour l’exposition de la science, qui n’ont de valeur que si on les ramène aux concrets d’où elles sont tirées ; que c’est là qu’est toute leur valeur, toute leur réalité. […] La psychologie expérimentale, fondée sur l’observation, constate des faits d’où elle tire des lois et « constitue la partie universelle ou abstraite de la philosophie de la nature humaine. » La psychologie déductive, qui constitue l’éthologie ou science du caractère, suppose la précédente. […] Ce sont les physiologistes qui ont tiré de la curieuse histoire de Laura Bridgmann les conclusions qu’elle comportait : conclusions totalement contraires à la doctrine de la sensation transformée et qui, fondées sur les faits, n’avaient point le caractère vague des arguments ordinaires.
Il tira des archives de divers Monastères, des fables puériles, des contes de vieille, & les publia à Lyon sous le titre de Vie des plus célébres & anciens Poëtes provençaux 1515., in-12. […] La plûpart de nos anciens rimailleurs n’ont tiré de la trompette héroïque que des sons discordans. […] l’ait trouvé trop peu varié, il faut avouer que l’auteur a tiré tout le parti possible de son sujet. […] Ses moralités sont quelquefois tirées de trop loin ; & il insinue d’autres fois des maximes, dont la conséquence seroit dangereuse pour la jeunesse.
. — Le roi dîna à son petit couvert et alla tirer… » — Les soirs il y a comédie ou appartement, jeux avant et après souper. […] Il va encore à la chasse quand il peut, il s’amuse à tirer, ou à voir tailler ses arbres ; mais le soir, même quand il y a appartement, il s’accoutume à n’y point aller.
Feydeau, à quelqu’un de ses amis romanciers ou dramaturges qui insistait sur la disparité des genres, aura dit : « Et pourquoi n’appliquerais-je pas la même faculté d’analyse et de plastique à l’étude, à la reconstitution d’un sentiment unique, d’une situation simple, et n’en tirerais-je pas des effets d’art ? […] Si l’on voulait, à toute force, tirer une leçon du livre, rien ne serait plus aisé : les moralistes chrétiens ont parlé souvent en termes généraux, mais avec une grande vérité, des misères de la passion et de l’enfer des jalousies ; on en a ici un exemple à nu, on a un damné qui sort de son gouffre et de son cercle dantesque pour nous faire sa confession atroce et d’une énergie truculente.
Souvenirs et correspondance tirés des papiers de Mme Récamier61 Lundi, 23 novembre 1859. […] Enfin ces Mémoires de Mme Récamier (comme diraient les Anglais, qui excellent à ces sortes de livres) sont aussi fidèlement et habilement construits qu’on le peut désirer, et ce n’est pas être indiscret que d’en nommer ici l’auteur et rédacteur, la nièce de Mme Récamier et sa fille adoptive, Mme Lenormant : on doit la remercier d’avoir su tirer un aussi heureux et aussi ingénieux parti de tout ce qu’elle avait entre les mains.
J’en ai ici 4000 venant d’Angers et de Bretagne, en chapeaux ronds, sans gibernes, mais ayant de bons fusils : j’en ai tiré bon parti. — Il n’y a pas d’argent, continuez-vous. Et d’où espérez-vous tirer de l’argent ?
Rivet (23 octobre 1853), les travaux préparatoires dont je vous ai parlé… Il s’agit de savoir s’il y a maintenant quelque chose à tirer de ces matériaux qui ne sont qu’un fumier inutile si par leur moyen on ne fait pas pousser quelque plante nouvelle. […] C’est alors que je me recommande à vos prières ; car alors seulement se posera et se débattra au-dedans de moi cette redoutable question de savoir si je puis, oui ou non, tirer désormais parti de ma vie.
Ses belles qualités elles-mêmes, son honnêteté, sa droiture, sa candeur, la chaleur et la pureté de son civisme donnaient prise sur lui, donnaient envie et moyen aux principaux chefs des partis de le tirer à eux sous le prétexte du bien public. […] Saint-Cyr insista une dernière fois sur la possibilité d’une retraite à travers l’Apennin, indiquant avec précision les moyens, les positions à occuper : Cette proposition, ajoute-t-il (et lui seul a l’autorité suffisante pour faire accepter de telles paroles), ne put tirer Joubert de l’état d’incertitude où il était plongé ; il en était si affecté, qu’on peut dire qu’il en avait honte.
Le premier livre qui le tira de ce pêle-mêle, en lui donnant un terme de comparaison, et qui l’initia à la littérature classique, ce fut Gil Blas, qu’il vit entre les mains d’un ami ; le livre, à peine lu, le dégoûta à l’instant « de la faconde moderne, du roman d’intrigue, du roman de thèse, du roman de passion, et de tout cet absurde et de toute cette emphase qu’il avait tant aimés. » Ce prompt effet du naturel et du simple sur un esprit ferme et né pour le bon style est rendu à merveille. […] Grosses outres gonflées de fourberies et d’usure, je saurai tirer de vous quelque chose qui pourra suppléer au remords !
Il était déjà dénoncé ; il écrivait de son côté au ministre et demandait : premièrement, un congé temporaire « pour se tirer des griffes de ses ennemis » ; en second lieu, « une autre place où il pût verser jusqu’à la dernière goutte de son sang pour le service de la République, pourvu qu’il n’y eut ni Fabre ni Gaston. […] Elle donna presque une entière satisfaction au vieux général qui, dans une saillie d’orgueil peu ordinaire aux accusés, osait réclamer d’elle, non seulement réintégration, mais récompense, et qui lui demandait dans le style emphatique, mais sincère, du temps, « de le tirer du séjour des Mânes, en déclarant qu’il avait bien mérité de la patrie.
Quant aux plaisirs qui restent, ceux du toucher, on tremble ; mais elle s’en tire assez adroitement, avec assez de délicatesse, et ne fait que glisser. […] Louis Paris, dans son analyse, a tiré parti de cet endroit le plus remarquable du vieux Mystère et l’a mis dans tout son jour.
Il appartenait à cette bourgeoisie laborieuse et influente d’où nos rois aimaient à tirer des serviteurs dociles et dévoués. […] Dans le temps qu’il était à Montauban, il envoya à Colbert, grand amateur aussi en matière de collections, des actes et manuscrits curieux, tirés de l’abbaye de Moissac ; il y trouva notamment il y découvrit sinon de ses yeux, du moins par ceux d’un docte abbé qu’il y employa, un ouvrage qu’on croyait perdu sur les Persécuteurs, De Mortibus Persecutorum.
Comment tirer de là le genre humain ? […] Il fallait bien, en effet, tout cela, tout ce sacrifice, toutes ces vertus, toutes ces croyances, pour que des pauvres et des souffrants trouvassent en eux la force d’entreprendre une telle œuvre que celle de sauver, de tirer des duretés et des cruautés, d’affranchir de l’esclavage, de régénérer enfin le monde, et pour faire faire à la masse de l’humanité un si grand pas que celui qui l’éleva de la morale du paganisme à la morale chrétienne.
La nature étudiée, attaquée par tous les points, poursuivie dans ses détails, embrassée dans ses ensembles, décrite, dépeinte, admirée, connue ; — ce qui reste de barbarie cerné de toutes parts ; — les antiques civilisations rendues de jour en jour plus intelligibles, plus accessibles ; — le contact des religions considérables amenant l’estime, l’explication et jusqu’à un certain point la justification du passé, et tendant à amortir, à neutraliser dorénavant les fanatismes ; — une tolérance vraie, non plus la tolérance qui supporte en méprisant et qui se contente de ne plus condamner au feu, mais celle qui se rend compte véritablement, qui ménage et qui respecte ; — au dedans, au sein de notre civilisation européenne et française, un adoucissement sensible dans les rapports des classes entre elles, un désarmement des méfiances et des colères ; un souci, une entente croissante des questions économiques et des intérêts, ou, ce qui revient au même, des droits de chacun ; le prolétaire en voie de s’affranchir par degrés et sans trop de secousse, la femme trouvant d’éloquents avocats pour sa faiblesse comme pour sa capacité et ses mérites divers ; les sentiments affectueux, généreux, se réfléchissant et se traduisant dans des essais d’art populaire ou dans des chants d’une musique universelle : — tous ces grands et bons résultats en partie obtenus, en partie entrevus, les transportent ; ils croient pouvoir tirer de cet ordre actuel ou prochain, de cette conquête pacifique future, un idéal qui, pour ne pas ressembler à l’ancien, n’en sera ni moins inspirant, ni moins fécond. […] Mille écluses maîtriseraient et distribueraient l’inondation sur toutes les parties du territoire ; les huit ou dix milliards de toises cubes d’eau qui se perdent chaque année dans la mer, seraient réparties dans toutes les parties basses du désert, dans le lac Mœris, le lac Maréotis et le Fleuve sans eau, jusqu’aux Oasis et beaucoup plus loin du côté de l’ouest, — du côté de l’est, dans les Lacs Amers et toutes les parties basses de l’Isthme de Suez et des déserts entre la mer Rouge et le Nil ; un grand nombre de pompes à feu, de moulins à vent, élèveraient les eaux dans des châteaux d’eau, d’où elles seraient tirées pour l’arrosage ; de nombreuses émigrations, arrivées du fond de l’Afrique, de l’Arabie, de la Syrie, de la Grèce, de la France, de l’Italie, de la Pologne, de l’Allemagne, quadrupleraient sa population ; le commerce des Indes aurait repris son ancienne route par la force irrésistible du niveau… » Le mot de civilisation ne s’est pas rencontré encore ; il n’échappe qu’à la fin et aux dernières lignes, comme le résumé de tout le tableau ; il introduit avec lui et implique l’idée morale, qui a pu paraître jusque-là assez absente : « Après cinquante ans de possession, la civilisation se serait répandue dans l’intérieur de l’Afrique par le Sennaar, l’Abyssinie, le Darfour, le Fezzan ; plusieurs grandes nations seraient appelées à jouir des bienfaits des arts, des sciences, de la religion du vrai Dieu ; car c’est par l’Égypte que les peuples du centre de l’Afrique doivent recevoir la lumière et le bonheur !
Après être remonté jusqu’à l’aïeul et bisaïeul du coté de père et de mère, il a suivi Racine pas à pas dès sa naissance, dès son enfance, l’a accompagné dans le cours de ses études, l’a épié et surpris dans ses premiers divertissements, a insisté (et même avec surcroît) sur ses moindres relations de cousinage, les premières occasions prochaines de sa dissipation, et n’a rien laissé passer de vague ni d’indécis, pas plus dans sa vie de famille que dans sa carrière poétique : il a tiré à clair les amours de théâtre et les querelles littéraires. […] » On est fâché d’y voir mêlé le nom de Racine. — (Tiré d’un Recueil manuscrit des plus anciens vaudevilles, provenant de la venue de M.
Le président Hénault fut fort surpris que son voisin parût savoir mieux que lui pour qui il était ; mais, au même moment, le secrétaire perpétuel Mirabaud tirait de sa poche et lisait la lettre du comte de Clermont par laquelle Son Altesse remerciait la Compagnie d’avoir songé à elle. […] Le prince dans l’embarras s’en tira par un demi-parti et un expédient qui lui fut suggéré, dit-on, par sa sœur Mlle de Charolais : il éluda la séance de réception et fit son entrée à la sourdine.
Déjà, en 1848, lorsque je fis à Liège mon cours sur Chateaubriand, j’avais pu citer quelques pensées inédites, tirées de ce morceau, qui m’avaient été transcrites par Mlle de Sénancour ; mais aujourd’hui que cette respectable dame, solitairement vouée à la mémoire de son père, a bien voulu mettre sous mes yeux le morceau même en son entier, je ne craindrai pas de l’insérer ici. […] « Si licet magnis obscura componere… Quelqu’un de puissant alors (un prince) eut de son propre mouvement une intention dont je n’aurais presque sûrement voulu tirer aucun autre avantage que celui de recevoir par cette voie une de ces sortes de places que les gouvernements donnent, et qui, laissant l’indépendance, ne sont qu’un prétexte pour y joindre un revenu qui prolonge cette indépendance.
Ainsi de La Fontaine, qu’il fallut tirer de ses dizains et de ses contes où il se complaisait si aisément, pour l’appliquer à ses fables et lui faire porter ses plus beaux fruits. […] Mais indépendamment des circonstances particulières qui favorisèrent le premier succès, et sur lesquelles nous reviendrons, il faut reconnaître que Racine a su tirer d’un sujet si simple une pièce d’un intérêt durable, puisque toutes les fois, dit Voltaire, qu’il s’est rencontré un acteur et une actrice dignes de ces rôles de Titus et de Bérénice, le public a retrouvé les applaudissements et les larmes.
C’est, selon nous, bien mal le comprendre et tirer trop de parti d’un trait avant tout spirituel. […] Il est un degré d’expérience et de connaissance du fond, passé lequel il n’y a plus d’intérêt à rien, pas même au souvenir ; il faut se hâter, à cet endroit-là, de tirer la barre, et fermer à jamais le rideau.
De l’Italie, et de l’antiquité, même de l’antiquité grecque qu’il eut le rare talent de percevoir à travers les insuffisantes traductions, il a tiré son goût délicat, et ce sens de la forme, ce besoin d’une perfection difficile, qui ont réglé l’emploi de ses facultés poétiques : c’est par là qu’il est devenu un artiste, et qu’il a travaillé sa matière en œuvre d’art. […] Au reste, il n’y a pas à nier que la morale qu’on peut tirer des Fables, tant des moralités que des récits, est une morale épicurienne.
Loret, dans La Muse historique, raconte ou invente, sous la date du 14 février 1654, l’anecdote suivante dont le docteur Lolli et le Pantalon Turi sont les héros : Baloardo, comédien, Lequel encor qu’Italien N’est qu’un auteur mélancolique, L’autre jour, en place publique, Vivement attaquer osa Le Pantalon Bisognoza, Qui pour repousser l’incartade, Mit soudain la main à l’espade, Et se chatouillèrent longtemps Devant quantité d’assistants ; Qui, croyant leur combat tragique N’être que fiction comique, Laissèrent leurs grands coups tirer Sans nullement les séparer. […] Plus tard, il tira un coup de pistolet sur un de ses compagnons Ottavio, aventure qui mit fin à sa carrière théâtrale.
Peut-être marche-t-on à la découverte d’un monde nouveau ; peut-être aussi les laborieuses investigations auxquelles on se livre n’amèneront-elles d’autre résultat que de savoir qu’il n’y a rien à en tirer. […] Chacun s’attelle au siècle pour le tirer dans sa direction ; une fois le mouvement donné, il ne reste que le fait accompli.
Un d’eux (Pierre, selon des témoins oculaires 1098 tira l’épée et blessa à l’oreille un des serviteurs du grand-prêtre nommé Malek. […] On tirait malgré lui toutes les conséquences de sa doctrine ; on le transformait en disciple de Juda le Gaulonite ; on prétendait qu’il défendait de payer le tribut à César 1130.
Mais derrière ces premiers articles, qui sont d’affiche et de montre, arrivent les autres plus essentiels, à savoir qu’en la tendresse de l’âge du jeune roi, le parlement de Paris présentera pour le gouvernement de l’État des personnes illustres, tirées des ordres du clergé, de la noblesse et de la magistrature, qui seront, après les princes du sang, les conseillers naturels et les ministres de la régence. […] Il était trop aisé d’en tirer parti contre lui à la Cour et de le présenter comme traître et relaps, au moment même où il ne faisait qu’employer les moyens à son usage pour un but caché qui valait mieux.
Pascal, tout d’abord, commence par rejeter les preuves de l’existence de Dieu tirées de la nature : « J’admire, dit-il ironiquement, avec quelle hardiesse ces personnes entreprennent de parler de Dieu, en adressant leurs discours aux impies. […] De tous les corps et esprits, on n’en saurait tirer un mouvement de vraie charité ; cela est impossible, et d’un autre ordre, surnaturel.
Il excelle, à un tournant de sa fabulation, à un moment psychologique de ses personnages à montrer cette évolution et cette transformation par un fait brutal, net, dont la conclusion est laissée à tirer au lecteur. […] Il sait l’adroit et caressant coup de main que donne une jeune fille sur la jupe de sa voisine, « l’allée et la venue d’un petit pied bête » d’une femme hésitant à dire une idée embarrassante et saugrenue, le rapide gigottement du coude d’une actrice éclatant d’un fou rire, et le geste de colère avec lequel, désespérant de trouver une intonation, elle tire les pointes de son corsage.
Toutes ces ressources, dit-il, si étudiées, & qu’on tire avec tant de peine de l’art, font le poison le plus dangereux qu’un prédicateur puisse offrir à ceux qui l’écoutent. […] quelle progression éloquente d’idées dans ce génie créateur, qui tira l’art de prêcher du chaos !
Ces écoles sont pour les enfants de la noblesse et des citoyens aisés du tiers état ; le peuple n’y envoie pas ses enfants, parce que, dès qu’ils savent lire et écrire, il en tire déjà parti, chacun dans sa profession et dans son ménage. […] Il est donc bon de les établir dans des villes qui ne soient ni capitales, ni résidences, ni port, parce que la présence du souverain absorbe tout, parce que le trop grand mouvement et le bruit ne causent que des distractions, parce qu’il est bon que l’université soit tout dans les endroits où elle est établie, et que l’habitant regarde l’étudiant avec quelque considération, ce qui arrivera toutes les fois que la ville tirera un profit sensible du séjour de la jeunesse.
Considérations préliminaires Je ne prétends m’ériger ni en censeur des gouvernements, ni en précepteur des peuples ; ma tâche, est, en quelque sorte, celle d’un historien sans affection et sans haine, comme s’exprime Tacite : je laisse aux habiles un soin qui est au-dessus de mes forces, celui de tirer les conséquences et de déduire les préceptes pratiques. […] D’ailleurs c’est une chose assez naturelle que, sur la limite de deux ères, l’une qui commence et l’autre qui finit, il se trouve des hommes pourvus, comme le Janus de la fable, de deux faces, l’une pour regarder ce qui a été, et en tirer les derniers enseignements, l’autre pour considérer ce qui s’avance, et en prévoir les résultats.
Royer-Collard le tira bientôt du sensualisme ; il connut M. de Biran, étudia les Écossais, lut Kant. […] Il est créateur, et tire de lui-même tous ces bluets qu’il produit ; car c’est lui-même qui devient chacun d’eux.
Il vaudrait mieux s’en consoler ; mais chacun tire de ses méditations le fruit qu’il peut ; et cela dépend de l’arbre sur lequel elles sont greffées. […] Je tirerai d’une lettre d’Hermès Visconti à Fauriel un curieux passage qui prouve l’exactitude de cette assertion ; je traduis textuellement : « (Milan, 10 août 1823.) […] Or, lui qui tire si heureusement parti d’un fragment, d’un vestige de poésies populaires, il n’applique pas également ici cet esprit de divination au grand homme ; les chroniqueurs pourtant ne nous ont transmis de lui que des traits secs et nus, qu’il s’agirait aussi de révivifier. […] Fauriel crut pouvoir tirer directement parti, à cet effet, du roman dramatique de Dorothée, dans lequel il était convaincu que le poëte espagnol avait consigné à très-peu près sa propre histoire. […] Fauriel ne fit que produire ce qu’il avait de tout temps amassé sur Homère, sur Dante, sur la formation des langues modernes, sur les poésies primitives ; ainsi fait-il encore dans les articles qu’il tirait de là.
Il n’est libertin et débauché que pour en tirer une vanité de plus, car il les a toutes. […] Maurice Barrès, il le tire de l’œuvre même du poète. […] A son retour en France, il chercha à tirer parti de ce qu’il avait appris d’anglais au cours de ses pérégrinations londoniennes. […] Il ne vidait ni leurs poches, ni leur coffre, et ce qu’il en tirait ne lui venait que de la bonne volonté publique. […] Le fait est qu’un soir où il était en train de dîner en famille un coup de fusil fut tiré du dehors sur les convives.
Les conséquences que tire madame de Staël d’un fait qui n’existe pas, ont la même singularité. […] Je sais bien qu’on en tire une preuve frappante de l’authenticité de ces poèmes. […] quel fruit peut en tirer la pensée ? […] C’est alors qu’il commence à faire un grand abus des termes abstraits et des comparaisons tirées de la mécanique. […] Ces pages sont tirées du second article sur le Cours de Littérature de La Harpe.
Je parus ; deux pages in-8 ; il s’agissait de tirer parti de ce succès. […] Il travaillait beaucoup et avait une peine infinie à tirer un parti pratique d’une production acharnée. […] Poictevin se tire presque toujours de ces complexes difficultés. […] Il tendra à découvrir une loi non entrevue, au moins à perfectionner une découverte, à tirer d’un fait connu des corollaires nouveaux et imprévus. […] Il s’est agi pour l’auteur de tirer des feux d’artifice d’images.
Il s’en est tiré cette fois, comme toujours, par un admirable talent, par un talent qui grandit plutôt sous les attaques, et il s’est élevé, au dire de tous, surtout dans son second discours, à la plus haute et à la plus ferme éloquence.
Mais tout cela n’est que ridicule ; et il y a pis que du ridicule dans ce déplorable délire du talent, qui trouve des enthousiastes, même des imitateurs, et qui se fait tirer à dix éditions et traduire en onze langues.
Si vous rapprochez des tableaux ignobles de personnages héroïques, il est à craindre qu’il ne vous soit difficile de faire renaître l’illusion théâtrale : elle est d’une nature extrêmement délicate ; et la plus légère circonstance peut tirer les spectateurs de leur enchantement.
Une Exposition (et l’Exposition, ce sera tout Paris, de la Porte Saint-Martin au Bois de Boulogne) est essentiellement un endroit où les étrangers et les provinciaux viennent tirer des bordées.
Adolphe Retté Ces deux poèmes : Bateau ivre et les Premières Communions, donnent, avec quelques pages tirées du fatras des Illuminations et particulièrement avec une Saison en enfer, la dominante de la symphonie terrible que se joua Rimbaud.
Colletet lui-même l’a apprécié à sa juste valeur, en disant dans une Epître à Ménage : J’aime mieux, sans comparaison, Ménage, tirer à la rame, Que d’aller chercher la Raison Dans les replis d’un Anagramme.
Voilà donc un nouveau moyen de situations poétiques, que cette religion si dénigrée a fourni aux auteurs mêmes qui l’insultent : on peut voir, dans une foule de romans, les beautés qu’on a tirées de cette passion demi-chrétienne.
Il n’y a pas jusqu’à cet œil effroyable dont Théocrite n’ait su tirer un trait touchant : tant est vraie la remarque d’Aristote, si bien rendue par ce Despréaux, qui eut du génie à force d’avoir de la raison : D’un pinceau délicat l’artifice agréable Du plus affreux objet fait un objet aimable.
Le torrent des siècles qui entraîne tous les siècles, coule devant ses yeux, et il voit avec indignation de faibles mortels emportés par ce cours rapide l’insulter en passant. » L’exemple de la vanité des choses humaines, tiré du siècle de Louis XIV, qui venait de finir (et cité peut-être devant des vieillards qui en avaient vu la gloire), est bien pathétique !
C’est le Combat de Diomede et d’Enée, sujet tiré du cinquième livre de l’Iliade d’Homere.
On ne sçauroit donc contrefaire le génie des grands hommes, mais on réussit quelquefois à contrefaire leur main, c’est-à-dire, leur maniere de coucher la couleur et de tirer les traits, les airs de tête qu’ils repetoient et ce qui pouvoit être de vicieux dans leur pratique.
Le public tire peu à peu le procès d’entre leurs mains, et l’examinant lui-même, il rend à chacun la justice qui lui est dûe.
Par la suite il lui confia une colonne à commander car Daouda avait prouvé, aux dépens même du roi, qu’il était brave et qu’il tirait adroitement de l’arc.
Troublé comme tous les philosophes, qui ont altéré ou ruiné la grande notion de la famille chrétienne, il ne sait plus que faire de la femme qu’il a tirée de la fonction sublime entre le père et l’enfant pour la voir sur la place publique et, que sais-je ?
Les sources d’où sont tirées les notes d’Édouard Fournier sont moins connues que les sources dans lesquelles a puisé le nouvel éditeur des Caractères.
Tel était son tempérament : nous souffrons de ses limites, mais tout de même acceptons avec reconnaissance une manière de voir dont il a tiré une méthode si propre à nous former.
. — La première est celle des auspices de Jupiter, auspices tirés de la foudre qui avait décidé les géants à les observer.
Sans doute, il pensait s’en tirer par un simulacre inoffensif de corruption et de méchanceté. […] Sardou a su tirer un drame. […] Henry Bataille, — de cette réalité plutôt vulgaire, il a surtout tiré du rêve. […] Mais une invention surtout, que je n’ai pas encore dite, tire le drame de M. […] Sa conscience est épouvantée du profit qu’il a tiré, malgré lui, de son repentir.
Tant il est vrai, monsieur Faguet, que les paroles sont des actes et tirent toute leur force des circonstances ! […] Lévy-Bing, tira de sa tête un gros volume qu’il intitula Linguistique dévoilée. […] Le roi, ayant tiré son épée, frappa trois coups sur son bouclier. […] J’en voudrais tirer quelques lignes pour l’édification des jeunes écrivains encore inconnus. […] Et il tira de dessous son manteau une tête de mort.
Ce génie lui seul est capable d’exciter un enthousiasme égal à celui dont Longin cite un exemple tiré du théâtre d’Euripide ; fragment qu’a traduit Boileau, en vers tels qu’il les savait faire. […] Elle tire de la peinture des mœurs les circonstances qui déterminent les faits. […] Qu’on n’induise pas de ces remarques l’impossibilité de transmettre au théâtre français des ouvrages purement tirés du théâtre grec. […] (A) Vous ne tirerez pas de semblables exemples d’Euripide. […] Corneille se loue d’avoir tiré d’un pareil fonds de l’absurde les belles scènes de ses tragédies les plus merveilleuses.
Prenons garde de tirer Catulle trop à nous et d’en faire tout à fait un moderne. […] « Défense de tirer, vous savez, camarade, C’est à la baïonnette, et ça se mange à part ! […] Voici par quel subterfuge le poète s’est tiré de peine. […] Les autres dictionnaires prennent un mot, définissent ses divers sens en commençant par le plus usuel, et citent à l’appui de leurs définitions quelques exemples tirés des écrivains les plus autorisés. […] Cette signification originelle de larigot étant admise, à tire-larigot s’explique aisément : c’est boire à tire cou, à cou tendu, allongé.
Comment l’auteur se tirera-t-il de ce pas ? […] Il saisit une chaise et en tire des sons de violoncelle. […] Et cela est surtout vrai des pièces qui ont été tirées d’un roman. […] Mais Martril l’a devancé et tire l’homme par la manche. […] — Je m’en irai. — Si tu fais ça, je te tire dessus !
Herckenrath cite de lui est tiré d’un livre intitulé Dialogues japonais. […] À chacun il savait parler juste le langage qu’il fallait, et de chacun il savait tout de suite exactement tout ce qu’il pourrait tirer et la manière dont il fallait s’y prendre pour en tirer tout ce qu’il contenait. […] Il tire au mur. […] Mais on doit tirer de sa vie une grande leçon. […] Bernadotte, du reste, était assez Gascon pour laisser voir cela et se tirer d’affaires par un mot drôle.
Alors, à quelque cent mètres des chasseurs, sur la lisière du village, une ligne de tirailleurs vêtus de gris se développe, s’allonge derrière les meules, se défile adroitement, tire et, par bonheur, tire mal. […] La formidable artillerie allemande les accable ; ils ne cessent pas de tirer cependant, de tous leurs fusils : « Nous avons l’air de chasseurs qui tirent sur des lapins, avec des lions dans le dos ! […] Mais Benoît ne s’en tire qu’avec une blessure à la jambe. […] À deux reprises, nous sommes tirés de nos chamailleries et les affaires du dehors s’imposent à nous. […] Ils l’expulsent hors des bénéfices qu’un peuple tire du fameux principe des nationalités.
Une autre règle pratique qu’il suivait dans ses doutes sur la langue et qu’il pose en principe général, c’est qu’en pareil cas « il vaut mieux d’ordinaire consulter les femmes et ceux qui n’ont point étudié que ceux qui sont bien savants en la langue grecque et en la latine. » Ces derniers, en effet, quand on les interroge sur un cas douteux qui ne peut être éclairci que par l’usage, compliquent à l’instant leur réponse, et en troublent, pour ainsi dire, la sincérité par le flot même de leurs doctes souvenirs, oubliant trop « qu’il n’y a point de conséquence à tirer d’une langue à l’autre. » Ainsi Erreur est masculin en latin, et féminin en français ; Fleur, de même ; c’est l’inverse pour Arbre. […] L’orateur Calvus, chez les anciens, nous est représenté comme atteint de cette superstition qui le faisait ressembler à un malade imaginaire : pour trop craindre d’amasser du mauvais sang, on se tire des veines le plus pur et le meilleur. — Il compare encore ces écrivains uniquement élégants, qui prennent tant de peine aux mots, aux nombres, et si peu à la pensée, à ceux « qui s’amusent à cribler de la terre avec un grand soin pour n’y mettre ensuite que des tulipes et des anémones » ; belles fleurs, il est vrai, agréables à la vue, mais de peu de durée et de nul rapport. […] Mais, dans toute cette réponse, d’ailleurs, le bon sens se présente de plus en plus habillé de termes étranges et de souvenirs bizarres, tirés pêle-mêle de tous les tiroirs à la fois.
J’y joindrai les deux passages suivants, tirés également des lettres à M. de Latour : ils seront désormais inséparables du nom de Mme Tastu ; le souvenir auquel elle a droit dans la série des femmes poètes et son médaillon définitif nous y sont donnés en quelques mots : « Lyon, 7 février 1837. […] J’ai déchiffré ces vers inachevés dans ses cahiers de brouillons, et je les en tire tels que je les y ai trouvés, en lambeaux comme le sujet même. […] Des pères de famille égorgés au milieu de leurs enfants, parce que des malfaiteurs avaient tiré à leur insu de dessus leur toit ; des rues entières saccagées ; du sang et des morts, voilà tout ce qui reste : du deuil, des larmes, et la ruine d’un grand nombre de familles… « Mon cher enfant, jette-toi avec ardeur dans les arts ou dans les sciences : avec eux, jamais de remords… » (L’honnête homme qui parlait ainsi n’est autre que M.
Ce serait un pauvre spectacle, aux yeux de cette adorable Divinité, de qui tout émane et à qui tout aboutit, de cette âme universelle qui n’est qu’âme, c’est-à-dire intelligence, volonté, force et perfection, que le spectacle de populations plus ou moins nombreuses broutant la terre dans un ordre plus ou moins régulier, comme celui du troupeau devant le chien, sans autre fin que de se partager plus ou moins équitablement l’herbe qui nourrit leur race, jusqu’au jour où leurs cadavres iront engraisser à leur tour le fumier vivant tiré du fumier mort, et destiné à devenir à son tour un autre fumier ! […] XI Devoir d’adoration envers le Créateur, qui a daigné tirer l’être du néant pour sa gloire ; devoir qui oblige l’homme à se conformer en tout aux volontés du souverain législateur, volontés manifestées à l’homme par ses instincts ; organe de la véritable souveraineté de la nature ; devoir facile, satisfait par son accomplissement, même quand il est douloureux aux sens ; devoir qui donne à l’homme obéissant à son souverain Maître cette joie lyrique de la vie et de la conscience, joie de la vie et de la conscience qui éclate dans tout être vivant comme un cantique de la terre, et que tous les êtres vivants, depuis l’insecte, l’oiseau, jusqu’à l’homme, entonnent en chœur au soleil levant comme une respiration en Dieu ! […] Sayous, il tira la doctrine supérieure et conciliatrice de sa profession de foi du Vicaire savoyard.
Mon extérieur distingué et ma figure agréable, quoique mélancolique, n’y gâtaient rien ; on parlait de moi comme d’un jeune homme bien né et bien pensant, venu à Paris avec les jeunes gentilshommes de sa province pour servir le roi, mais que les dons de Dieu, dont il paraissait comblé, ne tarderaient pas, malgré sa modestie, à tirer de l’obscurité et à faire éclater au grand jour. […] Né à Grenoble, d’une honorable famille qui tenait une petite auberge où l’on vendait de la bière aux jeunes gens du pays, sa mère, femme pieuse et intelligente, lui avait fait donner par les ecclésiastiques de Grenoble une éducation lettrée, dont elle espérait un jour tirer parti pour son avancement dans le monde. […] Quand nous fûmes assis ; il tira de sa poche un petit rouleau de papier écrit en très-mince caractère et me dit: « J’ai confiance en vous, voici un ouvrage manuscrit de moi qui, dans l’état actuel des affaires, pourrait produire une émotion dangereuse dans le peuple, et renverser peut-être ce misérable gouvernement.
Seulement des mêmes passions, de la même situation, du même moyen, l’un tire du comique, et l’autre du tragique : chacun suit la loi du genre qu’il traite. […] Je ne sais pas au reste s’il est jamais arrivé que l’objet d’une grande passion, au roman et au théâtre, fût peint d’une manière satisfaisante, et parût autre chose qu’un ressort qui met la passion en branle, ou bien une cible où elle tire. […] Remarquons bien une différence entre nos deux grands tragiques dans le choix des sujets : depuis le Cid, Corneille n’a pas tiré une tragédie de la poésie ancienne, sauf Pompée, qui vient de Lucain, un historien rhéteur plutôt qu’un poète, et sauf OEdipe, dont il a fait ce que vous savez, du Sophocle habillé à la Quinault.
D’autre part, dans cet entassement de mots tirés de tant de sources diverses, ils ont fait un choix. […] Ronsard ayant à choisir entre le grec et le latin pour en tirer ses doctes obscurités, avait préféré au mot âme le mot entéléchie comme plus savant, et parce qu’aucune analogie ni ressemblance quelconque avec notre langue ne l’exposait à être compris de la foule. […] Quant à la langue des vers, il fit voir où en était la véritable noblesse, en la transportant des mots d’où Ronsard la voulait tirer, aux choses d’où elle se communique naturellement aux mots.
Les ressources que Charron veut tirer de notre nature pour résister à ses imperfections, saint François de Sales les tire de la foi. […] Il a le sens de ces secrètes relations qui unissent l’homme au lieu qu’il habite, et tantôt il égaye sa piété par mille ressouvenirs de la vie des champs, des troupeaux, des abeilles, des vignes plantées parmi les oliviers, « des oiseaux qui nous provoquent aux louanges de Dieu », tantôt il la rend familière ou spirituelle, comme une conversation délicate entre mondains par des images tirées des travers ou des vices de la société.
Quand le roi de Danemark vint en voyage à Paris (décembre 1768), Chamfort en tirait occasion de faire une épigramme bien connue contre le duc de Duras qu’on avait chargé d’amuser le monarque ; mais il savait très bien louer ce dernier, et c’est de lui que sont ces vers qu’on récitait en plein théâtre, et dont voici le trait final : Un roi qu’on aime et qu’on révère A des sujets en tous climats : Il a beau parcourir la terre, Il est toujours dans ses États. […] Il était de ceux qui excellent à tirer de tout l’amertume, et qui justifieraient ce vers : La rose a des poisons qu’on finit par trouver. […] Oui, il est très vrai, monsieur, qu’à un certain jour j’ai pu m’assurer que le public et le peuple ne font qu’un, et sont parfois une personne ou plutôt une chose aveugle, brutale et déraisonnable ; il est très vrai que… Mais un ami me tire par l’oreille et m’avertit : « Que vous êtes bon de répondre avec autant de sérieux à un républicain pour rire !
J’ai eu sous les yeux quantité de réflexion de lui sur la musique, des airs notés de sa main, et ce qu’il appelait le « Catalogue de ma petite musique », c’est-à-dire de toutes les ariettes, ambigus ou romances tirées des opéras-comiques en vogue, et qu’il s’était procurées : on voit même une liste de celles qu’il désirait acquérir. […] Celle-ci en effet fut toujours en défaveur auprès de cet esprit absolu qui visait à tout tirer de la raison. […] Rien n’empêche d’admettre en gros cette anecdote, sans pour cela qu’on soit obligé d’en tirer la même conséquence.
C’est un Italien, au passé inconnu, vivant autrefois à Londres où il tirait de connaissances, à peu près tous les jours, de quoi risquer quelques schellings dans les maisons de jeu de la populace. […] Un homme rempli d’histoires qu’il tire comme de tiroirs, et qu’il raconte sans chaleur et avec le même accent, ainsi qu’il lirait un procès-verbal. […] Dans la visite des chambres, il entend un frôlement de robe, aperçoit un pied sous un lit, tire à lui un bas de soie noire, au bout duquel il y a une jolie femme, et encore un autre pied et une autre jolie femme.
Né avec des aptitudes pour l’histoire dont il n’a pas tiré le grand parti qu’on pouvait attendre, élevé d’horizon, mais superficiel ; d’un coup d’œil pressé comme l’est le coup d’œil d’un homme du xixe siècle, d’un de ces hommes chauffés à la vapeur de leur temps, qui manquent le fini dans les arts et, dans l’histoire, brusquent l’exactitude et atteignent rarement la profondeur, M. […] la petite monnaie de son ancien talent d’historien, c’est toujours, ou à peu près, la même manière de tirer de sa poche la bonbonnière où elle est peinte sur ivoire, cette coqueluche de roi, avec tous les détails de sa toilette biographique, et de vous dire, la perle d’une larme à l’œil : « Elle était bien charmante, et ils l’ont bien calomniée ! […] Pour tirer Mme Du Barry du mépris où elle est plongée, malgré la pitié que sa mort inspire, M.
Le livre en question, s’il continue d’être ce qu’il est dans le premier volume, s’engloutira un jour tout doucement dans les œuvres complètes de l’auteur, et ne sera plus tiré par personne du rayon protecteur où les ouvrages qu’on ne lit plus se livrent à des somnolences éternelles. […] Si donc on veut de cette femme un ensemble, si on la tire du demi-jour des mémoires et du profil fuyant qu’elle y découpe, c’est apparemment dans un intérêt, sinon d’histoire, au moins d’imagination et de nature humaine ; c’est pour lui faire tomber la lumière d’aplomb et de face sur la tête et sur le visage, et il faut alors que le peintre crée, par sa peinture, l’intérêt que son modèle n’a pas ! […] Quand nos vertus ne nous font point obstacle, quand nos scrupules ne nous tirent jamais en arrière dans la voie où nous sommes engagés, nous sommes obligés de réussir, ou notre coquinerie est bien déshonorée ; et c’est ce qui arriva à celle de Mme de Chevreuse.
Seulement, par exception, par grande exception à l’usage sur le flot coulant de cette pensée en détrempe surnagent, çà et là, de ces énormités comme les bons sophistes des sociétés en décadence en lâchent quelquefois au nez des peuples blasés, et ennuyés auxquels ils ont affaire, pour les tirer de leur engourdissement… L’auteur des Dialogues philosophiques d’ordinaire, le courage de la sottise et la bravoure de la folie impudente. […] Renan tire tant sur celles qu’il porte, qu’il les fait grimacer et les rend ridicules et grotesques… Jusqu’alors, M. […] Renan et ne sent jamais le grand, parce que le grand ne se sent qu’avec l’âme, l’écrivain n’est jamais, dans son Antechrist, au niveau des choses horriblement grandioses qu’il avait à raconter, et qu’il n’avait pas à diminuer puisque ce ne sont pas des choses chrétiennes… Le Néron que je cherchais dans cet Antechrist, qui est Néron et qui le fût aux yeux des chrétiens de son temps, lesquels avaient plus d’imagination que le détracteur qui leur prend ce nom pour en tirer un livre, Néron est moins terrible, moins extraordinaire et moins frappant sous les phrases trop modernes que M.
Sur le point d’être pincée, au deuxième acte, elle se tire d’affaire en feignant de congédier son galant avec indignation. […] Il finit, entre deux prises de tabac, par tirer l’oreille à la maréchale, comme à un grognard. […] Elle se tire de ce mauvais pas. […] Comment se tirer de là ? […] Les dames avaient tiré leur mouchoir, s’essuyaient les yeux, la face droite, en s’honorant de leur émotion.
Il avait autrefois occupé un emploi dont il tirait plus d’un profit peu légitime, et maintenant il se trouvait sous le poids d’un jugement. […] Un matin qu’elle traversait la cour portant délicatement un mantelet de dentelles de sa maîtresse, tout à coup elle se sentit tirer par le coude. […] Le matin, selon son habitude, elle avait tiré les cartes, et avait réuni du premier coup, dans son jeu, quatre valets ; excellent augure ! […] Tout à coup il lui sembla qu’on le tirait par le bord de son vêtement. […] Il arriva précipitamment, commença par faire brûler des plumes pour tirer la veuve de son évanouissement, puis, dès qu’il la vit ouvrir les yeux, il lui présenta sur un plateau d’argent le remède qu’il employait si souvent.
Les autres ne l’intéressent pas : qu’ils fassent leurs folies, cela ne tire pas à conséquence. […] Le succès lui semblait aussi vain que les autres vanités humaines ; pourtant, il voulut tirer parti de son talent. […] On peut ainsi tirer la résultante des forces qui l’ont poussé en des sens divers, et l’on a quelque chance de découvrir son orientation véritable. […] Renan, et les idées qu’il tirait de son propre fonds. […] Que ce Dieu, s’il existe, garde son secret, qu’il se cache dans son éternité, derrière son ciel impénétrable ; quant à nous, tirons le meilleur parti possible de ce domaine terrestre qu’il ne peut pas nous reprendre et qu’il nous a fait payer si cher… » L’humanité poursuit son raisonnement, et les corollaires qu’elle en tire inquiètent M.
Pareillement on ne nie point la réalité d’un Attila, ni celle d’un Jodelet ou d’un dom Japhet d’Arménie, — quoique d’ailleurs on le pourrait, si l’on le voulait, — mais on estime que ce qu’il y a d’extraordinaire en eux les excepte et les tire hors de la nature et de l’humanité. […] La Préface elle-même nous signale les mots de Falbala, Fichu, Battant l’œil, Ratafia, Sabler ; et on le voit tout de suite, ce sont des termes populaires ou des termes concrets, tirés de l’usage de la vie commune. […] On tire de ces choses des comparaisons, puis des figures, des métaphores nouvelles. […] — Liaisons de La Bruyère avec Bossuet ; — et avec Boileau. — Du prétendu « roman » de La Bruyère ; — et que l’histoire littéraire n’en a rien à tirer. — Si La Bruyère, en formant le dessein de son livre, s’est inspiré de la Galerie de Portraits de Mlle de Montpensier ? […] C’est d’une de ces nouvelles que Racine a tiré le sujet de son Bajazet.
C’est bien dommage que cela n’ait pas paru plus tôt ; j’en aurais tiré bon parti. […] Quelle quantité l’étranger en tire-t-il ? […] Quelle est la quantité de chevaux tirés de l’étranger, année commune ? […] Quelle quantité d’huile tirée de l’étranger, année commune ? […] Tirez-moi de là sans blesser personne.
C'est des diverses pièces de ce plaisant débat qu’il vient de composer un volume aussi instructif qu’amusant, et dont il tire pour moralité qu’il faut en toute question préférer la meilleure critique à la méthode fantastique.
De la foule des matériaux accumulés, on tire quelques idées maîtresses, qui sont comme la solide charpente de l’ouvrage ; puis, s’attachant à chacune d’elles successivement, on en fait le centre autour duquel on groupe une série d’idées moins essentielles et plus particulières.
Celui qui exploiterait le vocabulaire comme on exploite une carrière pour en tirer des pierres, qui prendrait les mots comme des blocs d’invariable dimension, de poids immuable, inaltérables et résistants, qu’on n’a qu’à poser côte à côte et par assises successives, n’écrirait jamais que sèchement, lourdement et sans justesse.