Par république il entendait, non seulement la chose publique, mais la politique tout entière, c’est-à-dire l’étude de cet admirable et divin mécanisme moral par lequel les hommes s’organisent en société, se maintiennent en ordre, grandissent en prospérité, se perpétuent en durée, en influence et en gloire. On conçoit que, de tous les hommes qui écrivirent jamais sur de pareilles matières, Cicéron fut à la fois le plus compétent, le plus éloquent et le plus moral. Compétent, parce qu’il avait manié la plus grande politique de l’univers pendant les temps les plus orageux de Rome, et qu’il avait vu tomber la république malgré ses efforts sous les factions populaires, puis la liberté sous la soldatesque, puis César sous le poignard d’une impuissante réaction d’honnêtes gens ; Éloquent, parce qu’il était Cicéron ; Moral, parce qu’il était le plus honnête des Romains. […] Sa maxime est la maxime contraire : « La morale est la même pour la vie publique que pour la vie privée, seulement la morale politique est plus grande ; mais il n’y a pas deux morales, une pour l’homme, une pour le citoyen, parce qu’il n’y a pas deux consciences. » De là découle pour le citoyen, selon Cicéron, le devoir d’un patriotisme à tout prix, dont il fut lui-même le plus bel exemple.
Ce sont là des œuvres de maturité de Dickens, et quand les descriptions n’y sont pas ainsi écourtées et rendues en impressions morales nécessairement vagues, elles sont réduites encore à de sèches énumérations de lieux assez semblables aux indications d’un commissaire-priseur. […] Et comme l’auteur a soin d’ajouter à cette précise caractérisation conversationnelle quelque mention sans cesse répétée d’une particularité physique ou morale facile à retenir, comme il ne néglige guère, quand son émotion déborde, de prendre la parole lui-même pour dire ce qu’il faut penser des gens qu’il produit, leur aspect moral se trouve excellemment défini et se grave forcément dans la mémoire. […] Dickens n’est supérieur que quand il reste, comme le lui commande son talent, tout de premier jet et d’emportement, l’artiste caricatural et partial qui déforme violemment tout ce qu’il entreprend de décrire, et qui sait nous montrer les choses et les gens, mais les montrer comiques, haïssables, monstrueux, mystérieux, humoristiques, dignes de pitié ; qui, essentiellement subjectif et passionné, ne peut évoquer ni une scène ni un personnage sans les figurer de telle sorte qu’on les connaisse moins qu’on n’apprend à les juger L’art de Dickens est en effet un art moral, et c’est en vertu de règles précises, d’une vue arrêtée sur le monde, qu’il délivre le blâme et l’éloge. […] Les préceptes religieux qui sont généralement de cet ordre ont pu prendre l’imagination, modifier nos spéculations, inspirer même des actes antinaturels ; ils n’ont jamais dicté de conduite ni réformé de peuple, et la permanence des grands traits de la nature humaine, dans tous les âges et dans toutes les contrées, est garante de cette impuissance des morales édictées.
C’est le plaisir en tout genre (et puisque nous ne parlons ici que de littérature), c’est le plaisir littéraire qui est chargé de rendre à l’esprit cette élasticité, cette gaieté de notre ressort moral, nécessaire à l’homme de toute condition pour faire, comme disait Mirabeau, son métier gaiement. […] L’amitié solide, l’amour respectueux, la liberté d’esprit, la grâce de l’entretien, l’oisiveté d’habitude, le travail par amusement, la plaisanterie sans malice, la poésie sans prétention, la recherche du plaisir décent comme but d’une vie où rien n’est certain que la mort, le doute nonchalant sur les vérités morales, la philosophie des sens en un mot assaisonnée seulement des délicatesses du bon goût, prolongèrent jusqu’à quatre-vingt-dix ans les années toujours saines et l’esprit toujours productif du philosophe français. […] Il faut reconnaître de plus que l’absence de ces trois conditions qui n’ont pas empêché la Fontaine d’être ce qu’on appelle immortel, mais qui l’ont empêché d’être moral, il faut reconnaître, disons-nous, que l’absence totale de ces trois conditions de l’homme a porté un préjudice immense au poète ; il faut reconnaître que l’absence de ces trois qualités donne à l’ensemble des œuvres de Musset quelque chose de vide, de creux, de léger dans la main, d’incohérent, de sardonique, d’éternellement jeune, et par conséquent de souvent puéril et de quelquefois licencieux qui ne satisfait pas la raison, qui ne vivifie pas le cœur autant que ses œuvres séduisent et caressent l’esprit. […] Comment bien espérer de ton âme, quand la législation de ton enseignement national décrète elle-même la suppression facultative de l’étude des lettres humaines qui font l’homme moral, au profit exclusif de l’enseignement mathématique qui fait l’homme machine ?
Qui a jamais fait de ces anatomies morales pour lesquelles l’aide d’un scalpel n’existe pas ? […] Les fautes de Poe, les désordres de cet esprit curieux et superbe, son mutisme moral, le pessimisme et j’oserais dire plutôt le satanisme de sa pensée, sa notion titubante et enragée de Dieu, tout cela n’y est pas qui devrait y être, qui devrait y appeler les plus accablantes condamnations ! En présence d’un oubli pareil, on se demande si le mutisme moral du poète a passé dans l’âme de son traducteur. […] Il y est caché au fond du grand poète. — Et parce qu’il y est faute de sujets moraux et grands, faute d’idées, faute de grandes croyances, faute d’imposantes certitudes, on peut dire hardiment que c’est le Bohème qui l’y a mis !
À cette époque, le nouveau chef du gouvernement, en réorganisant l’Institut, en exclut la classe des sciences morales. […] Frayssinous dut conformer son enseignement à l’état intellectuel et moral de son auditoire. […] Aucun autre fait n’est aussi propre que celui-ci à révéler les misères morales de cette époque. […] Influences morales et politiques ; leur action sur la littérature. […] Les premières poésies de M. de Lamartine furent le reflet de cet état moral.
81. » Il mêlait aux éloges, aux beaux noms de La Bruyère et de Théophraste qu’il ne craignait pas d’appliquer à notre auteur, quelques réserves et quelques censures morales, en priant son nouveau confrère de les lui passer et de les mettre sur le compte du ministère saint dont il était chargé. […] Il est si rare d’inventer, de découvrir quelque chose dans ce monde moral si exploré !
Je n’ai point à prononcer là-dessus ; mais si Duclos définit avec précision et rectitude l’état de la société vers le milieu du siècle, s’il nous donne, comme on l’a dit, le code des mœurs à ce moment, M. de Meilhan exprime avec non moins de netteté et, je le crois, avec plus d’étendue, l’état moral de cette même société dans les dernières années de Louis XVI ; il refait le même portrait, mais à l’extrême saison et au déclin. […] Sans faire entrer dans son analyse de l’homme d’autres éléments que les besoins physiques et, au moral, le mobile de l’ambition ou de la vanité, il a pourtant compris que cette bonne compagnie, définie comme on l’entendait alors, et devenue le plus tiède et le plus tempéré des climats, était mortelle au génie, à la grandeur, à la force naturelle en toutes choses : Ne cherchez pas le génie, dit-il, l’esprit, un caractère marqué dans ce qu’on appelle la bonne compagnie.
Un remarquable mémoire, du Rôle de la Famille dans l’Éducation (1857), couronné par l’Académie des sciences morales et politiques, termine cette suite de noviciats et d’épreuves sans fatigue, que récompensait chaque fois le succès. […] Pour moi, je ne concevrai jamais que, par aversion d’un état de choses présent, quand cet état n’est pas intolérable, on s’allie et on se coalise avec des hommes avec qui on aurait à se couper la gorge (je parle au moral) le lendemain de la victoire
Il n’existe pas de circonstances atténuantes, et l’on n’est pas admis à dire d’un pareil être : « Il fera mieux une autre fois. » C’est sur les pensées, sur les occupations historiques et morales du grand captif qu’il faut se rejeter pour n’avoir pas le cœur trop serré par ce supplice et cette lente agonie de près de six années à Sainte-Hélène. […] Qu’on veuille songer à ce qu’on doit de reconnaissance à celui qui, dans une publication continue de vingt années, nous a initiés à ce degré, tous tant que nous sommes, à l’esprit et au détail politique, administratif, militaire, de la plus grande époque et la plus invoquée dans les entretiens de chaque jour ; qui, sans que nous soyons hommes d’État ni politiques de métier, nous a fait assister, par le dépouillement des pièces les plus secrètes et les plus sûres, aux conseils et aux débats diplomatiques d’où sont sorties les destinées de l’Europe et de la France pendant l’ère la plus mémorable ; qui, sans que nous soyons financiers, nous permet, avec un peu d’attention, de nous rendre compte des belles et simples créations modernes en ce genre ; sans que nous soyons administrateurs, nous montre par le dedans ce que c’est que le mécanisme et les rouages de tout cet ordre civil et social où nous vivons ; sans que nous soyons militaires, nous fait comprendre la série des mouvements les mieux combinés, et par où ils ont réussi, et par où ils ont échoué en venant se briser à des causes morales et générales plus fortes.
On peut dire que le jour où un tel discours fut proféré du haut d’une colline de la Galilée, il s’était produit et révélé quelque chose de nouveau et d’imprévu dans l’enseignement moral de l’homme. […] Mais du jour où, dans une province de Judée éloignée de Jérusalem, sur une colline verdoyante, non loin de la mer de Galilée, au milieu d’une population de pauvres, de pêcheurs, de femmes et d’enfants, le Nazaréen, âgé de trente ans environ, simple particulier, sans autorité visible, nullement conducteur de nation, ne puisant qu’en lui-même le sentiment de la mission divine dont il se faisait l’organe inspiré comme un fils l’est par son père, se mit à parler en cette sorte, de cette manière pleine à la fois de douceur et de force, de tendresse et de hardiesse, « d’innocence et de vaillance », un nouvel âge moral commençait.
Aller en Grèce dès 1824, c’était, pour bien des âmes lassées et rassasiées de tout, le réveil moral, la guérison des passions factices, des vagues ennuis ; — pour le vieux soldat des grandes guerres, c’était retrouver un digne emploi de son épée non rouillée encore ; — pour le jeune homme en proie aux lâches oisivetés et aux inoccupations rongeantes, c’était la réalisation inespérée d’un beau rêve, cette fois saisissable et palpable ; c’était le baptême et la consécration pour une grande cause. […] Je reçois des Études littéraires et morales sur Homère, par M.
« Si les natures viles achèvent de se perdre et de se dégrader dans l’infortune, elle est la trempe la plus résistante des natures élevées. » On aimerait pourtant une confession un peu plus simple, plus circonstanciée, plus naïve : quoi qu’il en soit, dans le récit tout moral qu’il a donné, je distingue quelques degrés et des acheminements. […] Celui qui devait être l’héroïque soldat de Novarre, qui lui-même avait trop bien connu les vicissitudes morales, les conflits cruels et les déchirements qu’amène toute conversion, ne pouvait refuser une grâce ainsi demandée ; l’éloquence et la poésie avaient trouvé le chemin de son cœur.
On en pourrait détacher quelques paroles éloquentes et tristes sur l’état moral de la France à cette époque, état moral agité et fébrile, suspendu entre des fautes et des excès contraires, donnant d’un extrême à l’autre sans trêve ni raison, et que nous avons vu se renouveler tant de fois depuis : un mal à désespérer les sensés et les clairvoyants, à faire douter de l’avenir et du bon génie de la France, et qui est devenu proprement le mal français périodique.
Au reste, nous demandons peut-être là quelque chose de contraire à la construction habituelle de ce genre de comédie, qui, à l’aide de personnages calqués à distance sur la vie et plus ou moins artificiellement découpés, tient surtout à produire des effets de réflexion, des développements moraux, des observations spirituelles ou de nobles leçons exprimées en beaux vers. […] Mais, je le répète, ce n’est là que la formalité de clôture, en quelque sorte, dans un thème donné : l’essentiel et le fond, c’est cet ensemble de réflexions morales provoquées chemin faisant, c’est le sentiment judicieux, généreux, sincère, qui ressort de tout l’ouvrage, qui déclare l’honneur supérieur à toutes les opinions de parti, qui le fait voir toujours possible au sein même de ces opinions contraires, comme dans la belle scène finale entre sir Gilbert et Mortins qui mouille les yeux de larmes.
Quoique Mahomet fût un grand homme, ses prodigieux succès tinrent aux dispositions morales de son temps ; toutefois, sa religion n’étant destinée qu’aux peuples du Midi, elle eut pour unique but de relever l’esprit militaire, en offrant les plaisirs pour récompense des exploits. […] Dans les siècles corrompus de l’empire romain, la licence la plus effrénée avait arraché les femmes à la servitude par la dégradation ; mais c’est le christianisme qui, du moins dans les rapports moraux et religieux, leur a accordé l’égalité.
Elle tient de plus près aux idées morales ; elle en est presque toujours l’emblème ou l’allégorie. Mais le merveilleux arabe attache davantage la curiosité ; l’un semble le rêve de l’effroi, l’autre la comparaison heureuse de l’ordre moral avec l’ordre physique Les Espagnols devaient avoir une littérature plus remarquable que celle des Italiens ; ils devaient réunir l’imagination du Nord et celle du Midi, la grandeur chevaleresque et la grandeur orientale, l’esprit militaire que des guerres continuelles avaient exalté, et la poésie qu’inspire la beauté du sol et du climat.
L’être moral n’est de rien dans la bataille, et voilà pourquoi les soldats ont plus de constance dans leur attachement pour leurs généraux, que les citoyens dans leur reconnaissance pour leurs administrateurs. […] Par une sorte d’abstraction métaphysique, on dit souvent que la gloire vaut mieux que le bonheur ; mais cette assertion ne peut s’entendre que par les idées accessoires qu’on y attache ; on met alors en opposition les jouissances de la vie privée avec l’éclat d’une grande existence ; mais donner à quelque chose la préférence sur le bonheur, serait un contresens moral absolu.
Il avait encore une certaine grossièreté de sentiment moral et des instincts de mauvais sujet qui lui appartenaient bien en propre et à quoi correspondait, dans son style, un goût marqué pour les grossièretés de langage. […] Depuis, nous sommes revenus à une grossièreté de sens moral qui rappelle le XVIIe siècle et même la vieillesse de ce siècle, plus brutal et plus cru avec Dancourt, Le Sage et même Regnard, qu’il ne l’avait été en sa verdeur avec Molière et La Fontaine.
Seule et sans conseil, aux prises avec les seigneurs et avec la noblesse comme avaient été ses aïeux, Marie Stuart, prompte, mobile, sujette à ses prédilections ou à ses antipathies, était déjà insuffisante : qu’était-ce donc lorsqu’elle se trouvait de plus en face d’un parti religieux, né et grandi durant les années récentes, en face d’un parti « raisonneur et sombre, moral et audacieux », discutant rationnellement et la Bible en main le droit des rois, et poussant la logique sous la prière ? […] Quant aux autres fautes, aux fautes morales de la pauvre Marie Stuart, elles sont bien connues et aussi démontrées aujourd’hui que fautes de ce genre peuvent l’être.
J’aurais grand besoin cette fois qu’un moraliste fin, discret, adroit et prudent, un Addison, me prêtât son pinceau sans mollesse et sans amertume : car c’est d’un mal moral que je voudrais traiter, et d’un mal présent ; j’ai en vue de décrire la maladie d’une partie notable de la société française (de la fleur et non pas du fond de cette société), et, en la décrivant au naturel, de faire sentir à de belles et fines intelligences qu’elles ont tort de loger et d’entretenir si soigneusement en elles un hôte malin qui, à la longue, est de nature à porter atteinte à la santé même de l’esprit. […] En effet, le pouvoir, considéré au point de vue moral, et sous sa forme la plus générale, consiste à ne pas s’appartenir un seul moment, à faire de grandes choses peut-être, mais à être envahi aussi par les petites, à n’avoir pas une minute à soi dès le réveil : tel est le plaisir.
On conçoit bien cette prédilection de Franklin pour le monde lettré d’Édimbourg ; il a en lui de cette philosophie à la fois pénétrante et circonspecte, subtile et pratique, de cette observation industrieuse et élevée ; comme auteur d’essais moraux, et aussi comme expérimentateur et physicien, comme expositeur si clair et si naturel de ses procédés et de ses résultats, il semble que l’Écosse soit bien sa patrie intellectuelle. […] Franklin, là aussi, a essayé d’appliquer sa méthode : prenant le livre des Prières communes à l’usage des protestants, il a voulu le rendre plus raisonnable selon lui, et de plus en plus moral ; et pour cela il en a retranché et corrigé plus d’une partie ; il a touché aux Psaumes, il a abrégé David.
Grâce à ces progrès des sciences morales, notre travail d’interprétation et d’explication doit aboutir à la connaissance complète de l’esprit dont on aura analysé les manifestations et pénétré les parties. […] Morel en 1857 dans son Traité des dégénérescences physiques, intellectuelles et morales.
Dès qu’un journal, par exemple, ou un magazine, ou une revue, se déclare respectueux de la morale, ou qu’on a des raisons de le supposer tel, quelques-uns de ses abonnés ne manquent pas de s’en prévaloir, et d’exiger du directeur, non pas des romans moraux, ce qui est leur droit, mais des romans pour jeunes filles. […] S’il y a, en effet, une sorte d’incompatibilité et de disconvenance entre l’esprit de la jeunesse et le caractère moral du roman, il me semble qu’on peut en dire autant lorsque l’on considère le roman, non plus comme une œuvre morale, mais comme une œuvre d’art.
Pourquoi ne pas croire que c’est le physique qui donne la loi au moral ?
On a chaud de toute cette bonne et grasse couleur qu’Hebel étend sur la nature et les choses visibles ; on est encore tout attendri du sentiment moral qui spiritualise et poétise cette couleur d’école hollandaise appliquée sur des sujets allemands, et voilà que de ces fomentations délicieuses pour l’imagination et pour le cœur on entre dans le froid de la nudité et de la pauvreté réunies, — pauvreté d’idées, nudité de style, toutes les indigences à la fois !
Le livre de La Salle respire, malgré ses prétentions morales très affichées, l’amour de la vie facile. […] Il n’a connu ni la raison ni la volonté ; il est demeuré le plus souvent au seuil du monde moral. […] En revanche, rien n’est plus édifiant ni plus moral. […] Les réalistes positivistes en ont inventé une troisième : Elles ne sont si grossières que pour être morales. […] Le réalisme russe, au contraire, s’il ne peut aller aussi haut que l’idéalisme dans le monde moral, y trouve cependant les vraies sources de son intérêt.
Le désappointement moral, la fatigue de dissimuler, des fonctions pénibles et rebutantes, la disette de livres, un isolement absolu, et, pourquoi ne pas l’avouer ? […] De même que, dans ce monde matinal, on voit de loin un objet qui s’avance, de même, dans le monde moral, on voit de loin celui qui doit les modifier. […] « Pétrarque, ce grand maître dans la science du cœur et dans le mystère de l’amour, a dit au commencement de son Traité sur la Vie solitaire : « Je crois qu’une belle âme n’a de repos ici-bas à espérer qu’en Dieu, qui est notre fin dernière ; qu’en elle-même et en son travail intérieur ; et qu’en une âme amie, qui soit sa sœur par la ressemblance. » C’est aussi la pensée et le résumé du petit livre que voici : « Lorsque, par un effet des circonstances dures où elle est placée, ou par le développement d’un germe fatal déposé en elle, une âme jeune, ardente, tournée à la rêverie et à la tendresse, subit une de ces profondes maladies morales qui décident de sa destinée ; si elle y survit et en triomphe ; si, la crise passée, la liberté humaine reprend le dessus et recueille ses forces éparses, alors le premier sentiment est celui d’un bien-être intime, délicieux, vivifiant, comme après une angoisse ou une défaillance. […] « En ce temps-ci, où par bonheur on est las de l’impiété systématique, et où le génie d’un maître célèbre22 a réconcilié la philosophie avec les plus nobles facultés de la nature humaine, il se rencontre dans les rangs distingués de la société une certaine classe d’esprits sérieux, moraux, rationnels ; vaquant aux études, aux idées, aux discussions ; dignes de tout comprendre, peu passionnés, et capables seulement d’un enthousiasme d’intelligence qui témoigne de leur amour ardent pour la vérité. […] Ce livre alors serait, par rapport au précédent, ce qu’est dans une spirale le cercle supérieur au cercle qui est au-dessous ; il y aurait eu chez moi progrès poétique dans la même mesure qu’il y a eu progrès moral.
Cet homme, qui passe pour avoir été le poète par excellence des grandeurs morales, subit de bonne heure la fascination des grandeurs matérielles. […] « Je ne m’attarderai pas à relever les invraisemblances morales dont fourmille la pièce. […] Il raconte ses souffrances, ses tortures morales… Le monde, tel qu’il est, prouve si peu l’existence de Dieu ! […] Regretterai-je enfin l’optimisme moral du dénouement ? […] Et les effets moraux de ces souvenirs si opposés sont sensiblement analogues.
Mais, avec le temps, j’ai trouvé pour toutes ces choses des justifications morales. […] Sera-ce un traité moral ? […] C’est la dure loi qui lie indissolublement l’amour à la mort, tant dans le monde physique que dans le monde moral. […] Sensibilité extrême et manque d’équilibre moral, voilà, à mes yeux, le caractère de l’état présent de la littérature. […] N’est-ce que la curiosité intellectuelle qui me mène à sonder les profondeurs du monde moral ?
Il est le représentant des idées morales, ou tout au moins de la convenance, loin d’aider à la tourner. […] C’est qu’en tant que personnes morales, et même en tant que personnes tout simplement, nous sommes condamnés à l’hypocrisie. […] C’est de Proust au moral, tel que je l’ai connu ou tel que j’ai cru le voir, que je voudrais vous tracer maintenant une esquisse. […] Son organisme moral n’était pas fait pour la concentration, l’affirmation et la conquête. […] Comme il a bien su entraîner vers la plus délicate abstraction tous ces impédiments sensibles dont son organisme moral était tout encombré.
il n’y avait pas de trace de Ménage ni de Cotin, au moral du moins et pour le caractère, chez Fléchier.
Mais chez Laprade le symbole moral perce à demi transparent et donne à cette poésie gracieuse un sens intime et toute une âme.
Par un juste instinct, la violence s’attaqua d’abord à ce qu’il y avait de plus moral et de plus intellectuel.
Ainsi rien de plus étranger en apparence sous le rapport historique que l’homme de l’empire et les Hellènes ; et si le côté moral ou poétique semble plus fécond, il faut convenir que, sans l’appui de quelques faits, des pensées brillantes, mais nécessairement un peu vagues, ne suffiraient pas à un livre.
Sous prétexte que toucher ou convaincre son lecteur, c’est sacrifier l’art en le subordonnant à une autre fin que lui-même, on vide son discours de toute vérité, que la raison, la conscience ou le cœur pourraient saisir : on poursuit une beauté toute matérielle et physique, que nul mélange du vrai, du bien, du beau moral même ne vient corrompre, et l’on travaille son style pour l’œil et l’oreille du public : on se fait ciseleur, coloriste ; on sculpte des phrases marmoréennes, on exécute d’étourdissantes variations ; on a une riche palette, un clavier étendu.
Les premiers hommes rapportèrent à diverses parties du corps toutes nos facultés intellectuelles et morales.
C’est pour cela que j’appelle de mes vœux un grand penseur, ou plusieurs, qui, comme la plupart de ceux que je viens d’étudier, se posent toujours en même temps le problème moral et le problème politique et s’efforcent sans cesse d’éclaircir l’un aux lumières de l’autre. […] Stendhal a résumé les études morales sur le sujet qui lui était le plus cher dans un petit volume intitulé de l’Amour, qui ne manque pas de mérite. […] Ambition, volonté et haine, dans une complète absence de sens moral. […] Il y a au moins des chances pour qu’il pousse généralement à des actes assez moraux, et si je veux bien convenir qu’il n’est pas impossible qu’il ait ses dangers, je ne puis nullement comprendre qu’on le considère comme l’élément essentiellement corrupteur du cœur humain. […] Son cas, au point de vue intellectuel, comme au point de vue moral, est un dilettantisme inquiet.
Il était membre de l’Académie des sciences morales et politiques : M. de Talleyrand se dit que c’était pour lui l’occasion toute naturelle d’un dernier acte public, et, sous couleur de payer une dette d’amitié, il se disposa à faire ses adieux au monde. […] Et puis, n’oublions pas que c’est à l’Académie des sciences morales et politiques que M. de Talleyrand, à son retour en Europe et rentrant en scène, avait voulu débuter en l’an V par des mémoires fort appréciés : c’est par cette même Académie que, quarante ans après, il voulait finir. […] Mignet à l’Académie des sciences morales payèrent leur tribut.
Nous disons qu’il a eu tort pour sa gloire, mais c’est un rare mérite moral que de faire ainsi ; toute sagesse ici-bas est plus ou moins une contrition. […] Il commençait donc à parler ; il parlait du Beau, ou du Bien moral, ou de l’immortalité de l’âme ; ces jours-là, son teint plus affaibli, sa joue légèrement creusée, le bleu plus profond de son regard, ajoutaient dans les esprits aux réminiscences idéales du Phédon. […] Il n’a publié d’original que la préface en tête des Esquisses morales de Stewart, et ses articles, la plupart recueillis dans les Mélanges : l’introduction promise des œuvres de Reid n’a pas paru.
Du bas en haut de l’échelle, les pouvoirs légaux ou moraux qui devraient représenter la nation ne représentent qu’eux-mêmes, et chacun d’eux s’emploie pour soi au détriment de la nation À défaut du droit de s’assembler et de voter, la noblesse a son influence, et, pour savoir comment elle en use, il suffit de lire les édits de l’almanach. […] On trouve encore l’ordre matériel ; on ne trouve plus l’ordre moral. […] (Ib., DXIX, carton 6.) — Tableau moral du clergé de France (1789), 2.
Ce qu’il faut alors au lecteur, ce n’est pas le portrait, c’est le jugement historique et moral sur le rôle héroïque ou odieux de cet homme, c’est l’épitaphe lapidaire de son nom. […] On suit le personnage, on le pressent, on le devine, on se passionne pour ou contre lui, selon qu’on participe soi-même par l’admiration ou par l’horreur à l’héroïsme, au fanatisme, au crime ou à la vertu de l’homme historique ; on vit de sa vie ou l’on meurt de sa mort par l’imagination émue pour ou contre lui ; il disparaît, et l’historien alors reparaît lui ; et, semblable au chœur antique, cet historien prend la parole, prononce un jugement moral, court, nerveux, impartial, favorable ou implacable sur le personnage qu’il vient de représenter à vos yeux. […] La chute n’est majestueuse que quand on tombe avec sa vertu. » VIII Lisez son portrait politique à la suite de son portrait physique et moral ; l’homme personnifie immédiatement en lui non-seulement la pensée, mais, hélas !
Cette étude ne se composera pas seulement de l’examen critique et analytique de leurs ouvrages : elle comprendra encore sur leurs personnes des détails biographiques, et des aperçus moraux sur les temps où ils ont vécu. […] Cette définition ne nous satisfait point complètement ; et pourtant le mot goût a été emprunté à l’un de nos sens, pour indiquer que le goût au moral devait être le résultat d’un sentiment intime de notre esprit, comme il l’est, au physique, de la sensation que reçoit notre palais. […] Nos sentiments étant plus ou moins vifs, d’après notre nature, et notre raison plus ou moins développée, selon notre éducation, il s’ensuit que chez les hommes le goût est plus ou moins juste, plus ou moins pur, plus ou moins éclairé ; il s’ensuit encore, d’après la grande loi de la nature humaine, qui veut que toutes nos qualités morales et physiques se perfectionnent par l’exercice, que notre goût, comme toutes nos autres facultés, est susceptible de culture et de progrès.
* * * — Rien que cela pour le portrait moral d’un bourgeois. […] Nous lui prêchions une grande illustration de Paris, une série de dessins représentant la Morgue, Mabille, un salle d’hôpital, un cabaret de la Halle, etc. ; enfin un tableau pris dans le Plaisir ou la Douleur, à tous les étages et dans tous les quartiers, mais cela fait rigoureusement d’après nature et non de chic, et pouvant servir de document historique pour plus tard — nous plaignant de ce que les siècles futurs n’auraient pas de renseignements de visu authentiques sur le « Paris moral » de ce temps. […] Après quelques entraînements et quelques ardeurs, un immense mal de cœur moral nous envahit et nous donne comme le vomissement de l’orgie de la veille.
Maret, maintenant duc de Bassano ; et il fut reconnu par les premiers personnages qui gouvernaient l’État, que ma pièce, dont le but était très moral, ne pouvait blesser aucun des partis qui troublaient encore la France. […] Afin d’éviter le sort qui m’était préparé, et sur l’avis secret du ministre de l’intérieur, qui prenait à moi beaucoup d’intérêt, je passai promptement à l’étranger, où une année d’exil me punit beaucoup trop du tort d’avoir fait un ouvrage moral, intéressant, et qui, selon toutes les probabilités, en faisant la fortune du théâtre, devait augmenter la mienne. […] Si les jeunes pages et les officiers de la maison du roi avaient pris, dans l’habitude de fréquenter le théâtre, des formes aimables et un genre d’esprit qui avait la couleur de la littérature de ce temps, nos jeunes gens, déjà éclairés sur leurs droits par une première éducation, achèveraient, par des représentations de pièces fortes, morales et constitutionnelles, d’acquérir les nobles qualités qui font l’honnête homme, et le grand citoyen.
Homme est une abstraction qui comprend génériquement le corps et toutes ses parties, l’intelligence et toutes les facultés intellectuelles, le cœur et toutes les habitudes morales. […] On peut conjecturer qu’il fut chef du parti du peuple, lorsque Athènes était gouvernée par l’aristocratie, et que ce conseil fameux qu’il donnait à ses concitoyens (connaissez-vous vous-mêmes), avait un sens politique plutôt que moral, et était destiné à leur rappeler l’égalité de leurs droits. […] On lui attribua ensuite beaucoup de fables morales, et il devint le premier moraliste, de la même manière que Solon était devenu le législateur de la république d’Athènes.
C’est l’utilité sociale qui détermine pour lui non seulement la nature ou la valeur des lois, mais le bien ou le mal moral, mais la vérité même ; et ne lui est-il pas échappé d’écrire que, du mauvais principe de la négation de l’immortalité de l’âme, « les stoïciens avaient tiré des conséquences, non pas justes, mais admirables pour la société » ? […] De « psychologique et de moral » devenu d’abord « social » ; et de social « scientifique » ; l’objet de la littérature, sous l’influence de Bacon et de Locke, va désormais devenir purement pratique. […] Combien d’autres différences ne pourrait-on pas, ne devrait-on pas signaler, de morales ou de philosophiques, et même de politiques, s’il ne fallait craindre que, dans une histoire de la littérature, l’indication n’en parût un peu hors de son lieu ! […] Barni, Histoire des idées morales et politiques en France au xviiie siècle, Paris, 1865 ; — P. […] De l’esprit, Discours II, chap. 15] ; — que les questions morales ne sont que des questions sociales, — « puisque les vices d’un peuple sont toujours cachés au fond de sa législation » (Cf.
Il lui eût prêté toutes les délicatesses et toutes les pudeurs morales, et d’adorables silences. […] Ibsen étudie surtout des crises de conscience, des révolutions morales. […] Il paraît que j’avais été trop moral. […] Scholl est, si je puis dire, à base de nihilisme moral. […] Je ne trouve pas qu’il ait choisi, dans la vie des couples Yves-Jeanne et Kadik-Elisabeth, l’heure la plus pleine de faits moraux intéressants.
Aujourd’hui, nous l’avons ramené à un minimum ; nous avons supprimé jusqu’aux derniers vestiges de l’erreur primitive ; nous ne croyons plus qu’il y ait dans les corps bruts des attractions, des répulsions, des efforts taillés sur le patron des états moraux que chez nous nous désignons par ces mots quand nous parlons ainsi, nous savons que c’est par à peu près et par métaphore. […] Mais la théorie, aidée de cette addition, nous conduit beaucoup plus loin et nous permet de compléter les vues que nous avons présentées sur les rapports du physique et du moral. […] Auquel cas le mouvement le plus simple, tel que nous l’attribuons à un point mobile, serait précisément la série la plus simple de ces événements moraux élémentaires dont nous avons vu les formes dégradées se prolonger, en se dégradant davantage encore, sous les événements moraux composés, sensations et images, dont nous avons conscience.
Telle est l’impression qui reste de la Théorie de la Terre, le premier ouvrage français où l’éloquence, comme on l’entendait au dix-septième siècle, c’est-à-dire l’art de persuader la vérité, a passé des lettres dans la science, et mis au service des vérités de l’ordre physique la grande langue employée jusqu’alors à l’expression des vérités de l’ordre moral. […] « Si tu lis mes aventures, fait-il dire par Gil Blas au lecteur25, sans prendre garde aux instructions morales qu’elles renferment, tu ne retireras aucun fruit de cet ouvrage. […] Aimer Gil Blas médiocrement n’est pas possible ; mais on peut lui préférer les livres où l’on trouve à la fois l’agrément et le ressort moral. […] Dans ces pages, où les mêmes choses servent à l’instruction et à l’éducation, toutes les raisons littéraires sont par quelque côté des vérités morales.
Ils ont cet instinct moral, ce bon sens pratique et sans grande profondeur d’analyse, mais populaire et facile, qui fait le génie des religions, joint à ce don prophétique qui souvent sait parler de Dieu plus éloquemment et surtout plus abondamment que la science et le rationalisme. […] Ces deux phases dans la création légendaire correspondent aux deux âges de toute religion : l’âge primitif, où elle sort belle et pure de la conscience humaine, comme le rayon de soleil, âge de foi simple et naïve, sans retour, sans objection, ni réfutation ; et l’âge réfléchi, où l’objection et l’apologétique se sont produites ; âge subtil, où la réflexion devient exigeante, sans pouvoir se satisfaire ; où le merveilleux, autrefois si facile, si bien imaginé, si suavement conçu, reflet si pur des instincts moraux de l’humanité, devient timide, mesquin, parfois immoral, surnaturel au petit pied, miracles de coterie et de confréries, etc. Tout se resserre et se rapetisse ; les pratiques perdent leur sens et se matérialisent ; la prière devient un mécanisme, le culte une cérémonie, les formules une sorte de cabalisme, où les mots opèrent, non plus comme autrefois par leur sens moral, mais par leur son et leur articulation ; les prescriptions légales, à l’origine empreintes d’une si profonde moralité, deviennent de pures prohibitions incommodes que l’on cherche à éluder, jusqu’au jour où l’on trouvera une subtilité pour s’en débarrasser 145. […] Or, que l’on mette en face l’Évangile et le recueil des apophtegmes moraux des rabbins contemporains de Jésus, le Pirké Aboth, et que l’on compare l’impression morale qui résulte de ces deux livres !
Nous exposerons ce qu’il y a de vrai et ce qu’il y a aussi d’incomplet dans les explications empruntées à la doctrine de la sélection naturelle : nous rechercherons la portée et les limites de ces explications ; puis nous montrerons les conséquences morales ou métaphysiques auxquelles aboutit l’étude des rapports du plaisir et de la douleur avec la vie. […] L’indépendance possible de la sensibilité par rapport au besoin et à la douleur, déjà manifeste pour les sens les plus élevés, est plus remarquable encore pour les plaisirs intellectuels, esthétiques et moraux dont parlent Platon et Aristote. […] Grote, Schneider, Stephen Leslie, chez bien d’autres psychologues qui n’en ont pas toujours tiré les conséquences morales, métaphysiques ou religieuses. […] Mental and moral Science, p. 217.
Il avait manifesté, depuis, sa manière de sentir et de voir sur tout sujet dans l’ouvrage qu’il avait publié à Londres en 1797, l’Essai historique, politique et moral sur les révolutions, et dont quelques-uns de ses amis, les gens de lettres de Paris, avaient eu connaissance. […] Je vous avais mal cité le titre de l’ouvrage, le voici : Des beautés poétiques et morales de la religion chrétienne, et de sa supériorité sur tous les autres cultes de la terre.
Montluc réplique à M. de Saint-Pol par de nouvelles raisons et assez bien fondées : il montre que le moral de l’armée de Piémont est excellent ; que, dans toutes les précédentes occasions et rencontres, l’avantage lui est demeuré sur l’ennemi ; qu’il ne s’agit que de pousser outre et d’achever : « Regardez donc, nous qui sommes en cœur et eux en peur, nous qui sommes vainqueurs et eux vaincus, nous qui les désestimons cependant qu’ils nous craignent, quelle différence il y a d’eux à nous ! […] Montluc ne perd pas cette occasion d’exposer toute sa doctrine de stimulation militaire et ses moyens habituels d’agir sur le moral du soldat : « Ô capitaines, mes compagnons, combien et combien de fois, voyant les soldats las et recrus, ai-je mis pied à terre afin de cheminer avec eux, pour leur faire faire quelque grande traite ; combien de fois ai-je bu de l’eau avec eux, afin de leur montrer exemple pour pâtir !
— Voilà ce qu’un païen très sage a dit très sagement… Ces raisons, en partie morales, en partie politiques, et dont les adversaires ne laissaient pas dans leurs réponses et réfutations d’indiquer le point faible40, étaient pourtant bien reçues au lendemain des révolutions et quand un souffle plus doux circulait déjà ; elles aidaient auprès de beaucoup d’esprits à l’œuvre d’apaisement et de pacification, qui était celle de Henri IV. […] Il ne s’en est pas tenu à Montaigne : en ce qui est des passions et affections particulièrement, il avertit qu’il n’a vu personne « qui les dépeigne plus naïvement et richement que le sieur du Vair en ses petits livrets moraux. » Il reconnaît donc qu’il s’en est fort servi.
Un des mots qu’employait le plus habituellement le spirituel et naïf Joinville, s’entretenant avec son royal maître saint Louis, c’est le mot de prud’homie : ce même mot dans un sens purement moral et philosophique est aussi celui de Charron. […] Dans tout cet ordre moral et pratique, Charron, à son heure, est un instituteur utile et l’un des artisans éclairés qui préparent l’esprit de la société moderne.
L’un des courts écrits qui font le mieux connaître la personne et le moral de Henri IV, ce sont les mémoires du premier président de Normandie, Claude Groulard, de tout temps fidèle à ce prince, et qui nous a conservé un récit naïf des fréquents voyages et des séjours qu’il eut à faire auprès de lui. […] Haag, une notice biographique très bien étudiée, mais construite comme un acte d’accusation au point de vue moral, religieux, politique.
« Ce sont les mœurs, a-t-elle dit, qui font les malheurs, et non pas la vieillesse… Préparez-vous, ma fille, une vieillesse heureuse par une jeunesse innocente. » Et avec le conseil moral, la consolation religieuse vient à la suite comme une dernière auxiliaire. […] Arrêté sur la hauteur d’où le pays se montre plus étendu et plus riche, il suit le cours des eaux qu’il a su maîtriser, il reconnaît ses ombrages, ses abris de prédilection, les champs fécondés par ses sueurs, des glands semés par lui devenus chênes ; le même soleil éclaire encore de ses rayons obliques et toujours amis la longue route qu’il a suivie, et les sentiers mystérieux par lesquels la bonne Providence l’a doucement conduit à elle… » Ce qui suit, et qu’il faut lire, sur les infirmités et l’usage moral qu’on en peut faire est fort beau, Dans ces termes adoucis, je cesse de contredire, et je m’efforcerais plutôt de m’associer aux affectueuses espérances de l’auteur.
Il est bien vrai que ces poèmes sont le produit d’un état moral et primitif dans lequel, avant tout, il est besoin de se replacer pour bien se rendre compte, sinon de leur charme qui se sent de lui-même, dit moins de leur mérite ; autrement on est sujet à leur prêter, après coup, quantité d’intentions et de beautés réfléchies qui ne sont, à vrai dire, que des reflets de notre propre esprit, des projections de nous-mêmes, de pures illusions de perspective. […] Études littéraires et morales sur Homère ; première partie, l’Illiade, par M.
Son milieu de famille fut simple, moral, affectueux, d’une culture modeste et saine. […] Au point de vue moral complet et de l’expérience, ce qui peut sembler surtout avoir fait défaut à ces existences si méritantes, si austères, et ce qui, par son absence, a nui un peu à l’équilibre, ç’a été de toutes les sociétés la plus douce, celle qui fait perdre le plus de temps et le plus agréablement du monde, la société des femmes, cette sorte d’idéal plus ou moins romanesque qu’on caresse avec lenteur et qui nous le rend en mille grâces insensibles : ces laborieux, ces éloquents et ces empressés dévoreurs de livres n’ont pas été à même de cultiver de bonne heure cet art de plaire et de s’insinuer qui apprend aussi plus d’un secret utile pour la pratique et la philosophie de la vie.
Si Bossuet a hautement défini au moral l’esprit public des Romains dans les beaux temps de la République, M. […] Comme médecin moral, comme directeur et conseiller des âmes, il n’était que le plus humble, le plus doux et le mieux morigéné des mortels : l’humanité, pour se guérir, voulait un Dieu.
. — Elle peut réveiller bien d’autres images, celles de toutes les particularités mécaniques, physiques, chimiques, anatomiques, vitales, morales, qu’un naturaliste ou un moraliste peut remarquer dans l’espèce des chats ; elle les rassemble sous elle en même temps que les noms par lesquels on les désigne ; elle est le substitut de toute cette troupe. […] Le lecteur voit tout de suite qu’au lieu du nom de chat on pourrait mettre celui de chien, singe, crabe, et d’un animal quelconque, ou d’une plante quelconque, et aussi d’un groupe quelconque, animal ou végétal, aussi large ou aussi étroit qu’on voudra, et, en général, d’un groupe quelconque, moral ou physique ; l’opération serait pareille ; tous les noms généraux se remplissent de la même façon. — Ordonnés les uns par rapport aux autres, chacun avec son escorte de tendances, ils composent l’ameublement principal d’une tête pensante.
Les souvenirs politiques, les habitudes morales, les relations sociales étaient tout opposées entre ces Mazarins et tout ce qui avait eu quelque rapport avec la maison de Rambouillet, dont il n’existait plus personne, lorsque les sociétés de Nevers et de ses parentes étaient florissantes. […] La Champmeslé y aurait fait mal au cœur. » Si Voltaire avait eu le loisir de lire madame de Sévigné, avec l’application qu’on est en droit d’exiger d’écrivains moins occupés qui parlent d’elle, il aurait vu que les préventions de cette femme illustre, préventions qui n’ont pas été jusqu’à méconnaître le mérite de Racine et à lui préférer Pradon, tenaient à un principe moral d’une nature fort supérieure aux préceptes du goût en littérature.
Il faut beaucoup d’art pour tirer de ces lectures tout le parti moral possible, un art honnête et loyal, qui porte dans les esprits la conviction de son entière impartialité. […] Quand la majeure partie d’une population en est là, et que les violents sont avertis peu à peu de s’isoler de la masse et de s’en séparer, je dis que la masse s’améliore, et c’est le moment pour les politiques prévoyants d’agir sur elle par des moyens honnêtes, moraux, sympathiques.
Bienfaisance, réforme, espérance, l’amour du bien, un optimisme brillant et assez aimable, ce sont les caractères moraux qui le distinguent, et le tout se traduit volontiers dans un style élégant, un peu mou et trop adouci. […] Chez Pariset, l’anatomie trop souvent fait défaut, même l’anatomie au moral : en peignant ses personnages, il n’a pas et ne rend pas assez le sentiment de la réalité.
Il n’a pas assez de louanges pour célébrer les petites pièces du théâtre de société ou d’éducation que Mme de Genlis composait à cette époque et faisait jouer à ses propres filles : c’étaient de petites comédies morales où il n’entrait jamais ni rôle d’homme, ni intrigue d’amour. […] Ajoutez un dernier inconvénient qui affecte l’ensemble de cette éducation tout à la moderne et sans contrepoids : le sentiment de l’Antiquité, le génie moral et littéraire qui en fait l’honneur, l’idéal élevé qu’il suppose, y est tout à fait absent, et n’y semble même pas soupçonné.
Guizot, depuis deux ans, n’a cessé, indépendamment de ses écrits historiques, de recueillir et de publier, en les revoyant, d’anciens morceaux très distingués15, qui vont former toute une bibliothèque morale et littéraire : Méditations et études morales ; — Études sur les beaux-arts en général ; — Shakespeare et son temps ; — Corneille et son temps. […] Nous osons rappeler, au milieu des portions florissantes et triomphantes de la nation industrielle et militaire, qu’il y a aussi un pays moral, littéraire ; et, sans trop imaginer les moyens de le rétablir et de le réconforter, nous désirons que de plus habiles que nous y songent.
On peut discuter dans la pratique sur le plus ou moins d’opportunité de cette liberté, sur les conditions plus ou moins larges qui lui seront faites ; mais, dans l’ordre spéculatif, philosophique et moral, qui oserait nier que le principe de la liberté politique ne soit au nombre des quatre ou cinq plus grandes idées de l’esprit humain ? […] Or, ce souci moral, cette passion forcée de la vertu, qui était peut-être le sentiment douloureux de son impuissance morale, est encore chez lui quelque chose d’original dans un siècle où nul, excepté Vauvenargues, n’a éprouvé cette sorte de souci.
Ils ne sont pas venus devant elle avec le désir ardent de la surprendre dans sa directe et complète réalité, mais bien avec l’intention de lui faire exprimer des idées morales. […] Alors qu’en divers pays, quelques artistes de génie en qui vibrait le souffle de l’esprit nouveau, s’épanouissaient au grand air et à la lumière, refusant d’admettre pour l’art un soleil spécial, d’une autre nature que celui qui nous éclaire, et une atmosphère sans rapport avec celle qui nous nourrit, alors que l’art se replongeait à nouveau dans la vie, les néo-Primitifs s’étouffaient sous mille préjugés moraux, abîmés dans la rêverie, dépourvus de toute saine notion d’ensemble et de nature, fermaient les yeux à tout ce que leur présentait le monde, et croyaient « sublimer » la réalité en la trahissant sans relâche.
Enfin, et surtout, les rapports de l’évolution littéraire avec les conditions sociales et politiques apparaîtront avec une évidence telle, que les faits littéraires seront en quelque sorte le graphique du développement des nations, et le témoignage le plus sûr des crises et des renaissances morales de l’humanité. […] Chaque ère est dominée par un grand principe (politique, moral, social) qui en fait l’unité et dont les phases successives caractérisent les périodes : les débuts lyriques, la création épique, la désagrégation dramatique. — Je dénomme les ères d’après leur principe, en renonçant absolument aux termes vagues qui sont hélas en usage ; nous parlons d’histoire ancienne (qui comprend les Pharaons, la république d’Athènes et l’empire romain !)
Nous croyons le scepticisme à jamais invincible, parce que nous regardons le scepticisme comme le dernier mot de la raison sur elle-même. » Ses amis m’ont raconté qu’une fois, ayant entrepris de prouver la spiritualité de l’âme, il passa involontairement trois mois à décrire les nerfs, le cerveau, les effets moraux des blessures et des contusions cérébrales, à décomposer les actions de l’esprit, à comparer les deux ordres de faits, et qu’enfin, obligé de conclure, il déclara que la science n’était pas assez avancée et qu’on ne pouvait rien dire. […] Priez un grammairien d’examiner ces mots : Faits moraux de la nature humaine, capacité sensible, personnalité qui ne gouverne plus, pouvoir qui garde la vertu de faire ; il n’y trouvera que des monstres.
Ailleurs il déduisait de ses théories morales le gouvernement constitutionnel et la charte : tactique excellente, qui faisait du système un parti, reportait sur lui la faveur et l’intérêt mérités par les opinions libérales, et devait au jour du triomphe le changer en philosophie de l’État. […] Rapport du physique et du moral, p. 157.
Et (admirez une fois de plus l’harmonie du développement moral de Jocelyn), de même qu’il était entré au séminaire par un acte de charité humaine, c’est par un acte d’humaine charité que le jeune clerc consent à recevoir l’onction sacerdotale. […] Si j’insiste, c’est que l’épisode qui a été le plus blâmé par tous les critiques sans exception est justement le plus indispensable à l’intelligence du poème, et comme le nœud de ce merveilleux drame moral. […] Et je dis, moi, que c’est là un anachronisme admirable, tout plein du plus beau sens moral, et plus vrai que la réalité même et que l’histoire. […] Même, les chevaux de fiacre suffiraient à ruiner les raisonnements de l’optimisme Et enfin, que dirons-nous de l’énorme portion du mal moral que l’épreuve du mal physique ne suffit pas à transmuer en bien ? […] Il n’avait point à y insister davantage, puisque ce rêve moral est le fond même et comme la trame ininterrompue de la série d’épopées que devaient former les Visions, et puisque Jocelyn n’est que la dernière incarnation de Cédar, lentement purifié et sanctifié.
Et c’est cette poésie scrofuleuse, écœurante, que la Revue des Deux-Mondes nous offre comme l’expression de certaines défaillances, de certaines douleurs morales, particulières à notre temps ! […] Oui, certes, notre époque abonde en défaillances, en souffrances morales de toute sorte ; et il n’en saurait être autrement. […] Baudelaire lui-même n’a rien de commun, — quant à l’état de son âme, — avec les tortures morales qu’on prétend qu’il veut nous peindre. […] — Quel admirable cours d’anatomie et de philosophie morales offert, sous couleur de nouvelle ou de roman, à la société moderne ! […] Elle donna le signal d’une réaction contre la corruption et l’aplatissement moral de la nation germanique ; elle agrandit et redressa l’âme allemande, et devint, aux mains de la jeunesse d’alors, un drapeau d’opposition contre les tendances matérialistes de cette époque.
On examina les phénomènes moraux, parce qu’ils sont évidemment les seuls éléments de la science, et parce que tout ce qui se passe au-dehors ne nous est connu que par la conscience de ce qui se passe en nous. […] Aussi n’obtint-il jamais autant de succès que par ses Contes moraux, qui retracent avec un grand charme des événements et des sentiments pris dans l’ordre habituel des choses. […] Il avait été moral par harmonie avec l’ordre établi, il retrouve toute sa force en entrant dans la carrière du mal. […] L’avenir apprendra quelles mœurs, quelles opinions politiques ou morales pourront naître au milieu de tous les éléments, que cette nouvelle composition n’a pas encore combinés entièrement. […] Il y a quelque chose de plus utile et de plus moral que cette érudition implacable.
On y trouvait les gazettes de France, de Hollande et d’Angleterre ; on y causait des affaires, on y lisait des extraits d’ouvrages ou des mémoires ; c’était un café d’honnêtes gens, comme dit M. d’Argenson ; en d’autres termes, c’était un essai spontané d’une Académie des sciences morales et politiques.
Malaise moral.
Vous prévoyez quelles tortures morales attendent les deux époux, et que l’enfant lui-même ne saurait être que malheureux dans ces conditions.
C’est dire que les idées égalitaires, parce qu’elles affirment la valeur des hommes, sont, parmi les idées « pratiques », des idées proprement « morales ». — Déclarer les hommes égaux c’est édicter une façon de les traiter : jugement de droit, non jugement de fait, prescription, non constatation.
La Révolution Française n’a pas seulement été une révolution politique, elle a été aussi une révolution dans l’ordre moral : elle ne peut se terminer que par une réorganisation morale. […] un seul soleil éclaire tous les hommes, et, leur donnant une même lumière, harmonise leurs mouvements ; mais où est aujourd’hui, je vous le demande, le soleil moral qui luit pour toutes nos consciences ? […] N’est-il pas vrai que c’est également un joli et moral axiome, dans le sens où on l’entend communément, que celui-ci : Il faut une religion aux femmes. […] Vainement ces penseurs démontrent que quand le mal moral se répand sur la terre, c’est par la femme, et que c’est d’elle que vient principalement la ruine des empires : il ne s’ensuit pas la condamnation de la femme comme ils l’entendent. […] La science amasse une immense érudition de faits, découvre d’importantes vérités ; mais la science, absorbée dans les détails et privée de la vue de l’ensemble, devient la plus aveugle des cécités, et la science sans la charité produit tous les doutes et toutes les misères morales.
C’est uniquement sous son aspect moral, psychique, que nous envisageons la moitié occidentale de l’Europe, telle que l’ont enfantée les circonstances historiques et les milieux. […] Leur complexité mentale — quoique en réalité restreinte à une élite — prouve leur affaiblissement physique et moral. […] Pour le Français de sang pur et que n’ont pas « corrompu » les contacts étrangers, Paris est, sans nul contredit possible, le centre moral et intellectuel du globe. […] Pour édifier un monde moral et un monde mental nouveaux, il faut avant tout des corps capables de les supporter. […] Ce serait là, nous le répétons, comme une simple mesure prophylactique au point de vue moral et mental, exécutée sans phrases et sans animosité.
Ou bien encore des maximes morales très touchantes, qui ne les sauvent pas du tout, comme Pierrot, quand Dom Juan vient de lui prendre Charlotte : il le menace de le battre, tout uniment. […] Mais si Molière procède ainsi pour des souffrances morales que d’ordinaire on n’aime guère à avouer en public, que fera-t-il donc pour des souffrances d’esprit plus faciles à avouer et surtout pour des infirmités physiques où l’honneur propre n’est pas engagé ? […] La mort en effet et la maladie engendrent dans les âmes des faiblesses, des travers, des infirmités morales qui peuvent être du domaine de la comédie. […] Ceux-là même, parmi les successeurs de Molière, dont la destinée fut en apparence plus heureuse, n’ont acheté le génie comique et l’expérience amère qu’il suppose qu’au prix de bien des souffrances morales ! […] La Rochefoucauld, Réflexions ou sentences et Maximes morales.
Ces réserves morales qu’on fait sur le caractère de M.
Il eut le courage bien rare de ralentir alors son propre essor, et de vouloir mûrir et fortifier une éducation qui n’était complète qu’au moral et à laquelle bien des secours avaient manqué.
Napoléon est un homme à la façon de César en effet, et qu’on doit louer comme tel ; mais il n’est pas comme Charlemagne, il ne cherche pas à éveiller le genre humain, à le rendre libre, juste, moral dans la belle acception du mot.
Il se fait d’abord une division des seigneurs et des vilains : l’aristocratie féodale, guerrière et brutale d’abord, se raffinant peu à peu, et se faisant un idéal plus délicat, sinon plus moral, a sa littérature qui l’exprime fidèlement.
de première classe), vous aurez maintes occasions d’être secourables aux pauvres gens, de faire payer pour eux les riches, de réparer ainsi, dans une petite mesure, l’inégalité des conditions et d’appliquer pour votre compte l’impôt progressif sur le revenu Notaires (car il y en a ici qui seront notaires), vous pourrez être, un peu, les directeurs de conscience de vos clients et insinuer quelque souci du juste dans les contrats dont vous aurez le dépôt Avocats ou avoués, vous pourrez souvent par des interprétations d’une généreuse habileté, substituer les commandements de l’équité naturelle, ou même de la pitié, aux prescriptions littérales de la loi, qui est impersonnelle, et qui ne prévoit pas les exceptions Professeurs, vous formerez les cœurs autant que les esprits ; vous… enfin vous ferez comme vous avez vu faire dans cette maison Artistes ou écrivains, vous vous rappellerez le mot de La Bruyère, que « l’homme de lettres est trivial (vous savez dans quel sens il l’entend) comme la borne au coin des places » ; vous ne fermerez pas sur vous la porte de votre « tour d’ivoire », et vous songerez aussi que tout ce que vous exprimez, soit par des moyens plastiques, soit par le discours, a son retentissement, bon ou mauvais, chez d’autres hommes et que vous en êtes responsables Hommes de négoce ou de finance, vous serez exactement probes ; vous ne penserez pas qu’il y ait deux morales, ni qu’il vous soit permis de subordonner votre probité à des hasards, de jouer avec ce que vous n’avez pas, d’être honnête à pile ou face Industriels, vous pardonnerez beaucoup à l’aveuglement, aux illusions brutales des souffrants ; vous ne fuirez pas leur contact, vous les contraindrez de croire à votre bonne volonté, tant vos actes la feront éclater à leurs yeux ; vous vous résignerez à mettre trente ou quarante ans à faire fortune et à ne pas la faire si grosse : car c’est là qu’il en faudra venir Hommes politiques, j’allais dire que vous ferez à peu près le contraire de presque tous vos prédécesseurs, mais ce serait une épigramme trop aisée.
Tout en présentant au prolétariat un idéal qui ne saurait être atteint que par le sacrifice volontaire et le progrès moral de chacun et de tous, ils n’exigent point de leurs clients ce perfectionnement intérieur et, bien entendu, ne s’y obligent point eux-mêmes.
En rapprochant, sur la foi d’une hypothèse d’ailleurs, la vibration nerveuse de la sensation, il pose les premières bases d’une explication nouvelle du rapport physique et du moral, qui consiste à tout réduire, en dernière analyse, à l’association d’un état de conscience et d’un mouvement ; nous la verrons se produire dans la deuxième période de notre Ecole.
Mais cette signification naturelle disparut vite, en Grèce, sous un sens moral.