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1048. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre premier. » pp. 15-203

(Lettre CVIII.) […] je vois qu’il ne lui manque rien. » (Lettre LXII.) […] (Lettre XLIX.) […] Voyez ce qu’il en dit, Lettre CVIII ; à l’égard de Socion, lisez la Lettre XLIX. Il cite encore, dans la Lettre LXXII, une belle comparaison d’Attale.

1049. (1864) Histoire anecdotique de l’ancien théâtre en France. Tome I pp. 3-343

Voilà une grande lettre qu’il vient de m’écrire à ce sujet. […] Toutes les scènes commencent par chacune des lettres de ces cinq mots : Sainte Reine, priez pour nous. […] On ne reprochait à l’auteur d’Acis et Galathée qu’une négligence un peu forte à répondre aux lettres. […] L’auteur de ces œuvres dramatiques et comiques ne se borna pas au théâtre ; il publia plusieurs romans fort bien écrits, et une série de lettres pleines d’esprit, sous le nom de Lettres à Babet. […] Invité un jour à dîner pour midi chez M. du Tillet avec des gens de lettres, il n’y arriva qu’à quatre heures du soir.

1050. (1903) La vie et les livres. Sixième série pp. 1-297

On a conservé, de lui, des lettres qui révèlent assez l’état de ses sentiments. […] Il lui écrivait des lettres de tourlourou sentimental. […] Depuis six semaines, point de lettres de toi, de ma sœur, de personne. […] En France, toutes les fois que la politique semble distraite ou absente, les Lettres, les « bonnes Lettres », les « douces et puissantes consolatrices » se chargent de l’intérim. […] Les lettres de créance furent remises.

1051. (1910) Variations sur la vie et les livres pp. 5-314

Il aimait les lettres, et il avait inventé un français turbulent comme le latin macaronique. […] Il lui écrivit force lettres, et le plus délicatement du monde. […] Je possède la dernière lettre, je crois, que Théodore de Banville ait écrite. […] Elle pleure et sanglote ; elle écrit vingt lettres à Francueil, puis les déchire. […] Le Moyen Âge s’est prolongé à travers la Renaissance dans les lettres anglaises.

1052. (1889) Ægri somnia : pensées et caractères

Une lettre qu’il attend avec une impatience douloureuse court après son frère, qui est en voyage. […] Serait-ce un nom dans les lettres ? […] Thiers, en dépit de l’attrait, et quoique à mon début dans les lettres il m’eût été bienveillant. […] En tout cas, ce sont des lettres à écrire, et ces lettres ne sont pas au bout de la plume. […] Je quittais ma chaire pour des fonctions où je pouvais plus utilement servir les lettres et l’Université.

1053. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome II

Quelle est la lettre exacte de ce mysticisme et sa valeur ? […] En plein milieu du second Empire, ils étaient l’un et l’autre des hommes de lettres de 1880. […] Les frères de Goncourt, eux non plus, ne furent pas des hommes de lettres de la première heure. […] « Quand nous composions », avoue une lettre de M.  […] Ils ont été des hommes de lettres accomplis.

1054. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1863 » pp. 77-169

Quand on brûle de vieilles lettres d’amour, il s’élève dans la flamme des souvenirs noircis qui ressemblent à cette ronde. […] Saint-Victor. — Est-ce curieux, elle écrit sur du papier à lettres ! […] Elle ne peut s’asseoir dans une pièce, sans qu’il surgisse des plumes, de l’encre bleue, du papier à cigarettes, du tabac turc, et du papier à lettres rayé. […] Il y a dans le corridor une boîte qui a deux compartiments : l’un est destiné aux lettres pour la poste, l’autre aux lettres pour la maison. […] C’est la lettre d’une fille d’une maison de prostitution, offrant toutes les ordures de ses tendresses à un souteneur.

1055. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1892 » pp. 3-94

Dans cette très gracieuse lettre, Magnard m’offre la succession de Wolf, le gouvernement de l’art, avec toute l’indépendance, toute la liberté que je puis désirer. […] Puis un volume manuscrit de pièces sur les prisonniers du donjon de Vincennes, et c’est avec une véritable émotion, que je lis la lettre d’incarcération de Diderot, et la lettre qui lui donne la clef des champs. […] Aujourd’hui, je regarde la couverture du catalogue, avec attention, et j’y lis : Vente après décès de M. de Lescure, homme de lettres. […] Il y a une immense lettre de mon frère, datée d’Alger. De moi, c’est une lettre, après les journées de juin 1848, assez noire, et assez prophétique, des lettres sur l’arrestation de mon oncle, en décembre 1851, et d’autres lettres qu’il sera amusant d’examiner à loisir.

1056. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre IV. Des Livres nécessaires pour l’étude de l’Histoire. » pp. 87-211

A son génie pour les lettres, il joignit la qualité de bon Capitaine. […] Histoire de François Ier., Roi de France, dit le grand Roi & le pere des Lettres, par M. […] L’historien a également bien parlé dans son ouvrage de la politique, de la guerre & des lettres. […] Les Lettres qu’on a jointes aux mémoires renferment beaucoup de particularités ; mais les connoissances qu’on peut puiser dans ce recueil sont trop achetées par la quantité de lettres inutiles qu’on y trouve. […] Ce projet, long-tems interrompu, fut repris en 1676. par un Ministre que son zéle pour les lettres a immortalisé.

1057. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Vacquerie, Auguste (1819-1895) »

Lisant beaucoup, connaissant tout, lettré jusqu’aux ongles, Vacquerie était, en même temps qu’un curieux d’art et un passionné de lettres, un travailleur infatigable, admirable… Toute cette existence fut un exemple… Les lettres françaises garderont, en leur histoire, une place glorieuse à ce disciple qui fut un maître, à ce poète qui, pour avoir marché dans le sillon du grand remueur de mots, de formes et de rythmes de ce siècle et de tous les siècles, n’en a pas moins fait sa gerbe, lui aussi !

1058. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre troisième. Découverte du véritable Homère — Chapitre VI. Observations philologiques, qui serviront à la découverte de véritable Homère » pp. 274-277

Ce qui achève de prouver qu’Homère est antérieur à l’usage de l’écriture, c’est qu’il ne fait mention nulle part des lettres de l’alphabet. La lettre écrite par Prétus pour perdre Bellérophon, le fut, dit-il, par des signes, σήματα. — 7.

1059. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIIe entretien. Littérature cosmopolite. Les voyageurs »

Elles sont en lettres d’or. […] Son interprète marchait à sa gauche, portant la lettre du grand-duc dans un sac de velours cacheté. […] On mit sur le tapis les lettres qu’il avait présentées et le mémoire de ses demandes, et on lui demanda ce qu’il offrait en échange des exemptions de droits et des autres grâces qu’il prétendait. […] En même temps, le nazir prit des mains du premier ministre la réponse du roi à la lettre du grand-duc, et la mit dans celles de l’ambassadeur. […] Cette lettre était enfermée dans un sac de brocart d’or fort épais, long d’un pied et demi, large comme la main, avec le sceau apposé à des cordons d’or dont le sac était lié.

1060. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1867 » pp. 99-182

Trois mois, sans presque une visite, sans presque une lettre, sans presque une rencontre de connaissances, en nos promenades de onze heures du soir. […] C’est dans le monde actuel des lettres, et dans le plus haut, un aplatissement des jugements, un écroulement des opinions et des consciences. […] Une curieuse lettre, est une lettre adressée à son fils âgé de six ans, où il lui raconte, sur le ton de la plaisanterie, sa promenade de pékin dans tout ça, escorté de son trompette prussien : on ferait quelque chose de charmant de la guerre, ainsi contée par un père à son enfant. […] La littérature chez les hommes de lettres que je vois, ne me semble plus qu’un moyen de mettre le gratis dans beaucoup de choses de la vie. […] Toujours et partout, ces fenêtres et ces portes encadrées de noir, ainsi que des lettres de faire-part mortuaires.

1061. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Hommes et dieux, études d’histoire et de littérature, par M. Paul De Saint-Victor. »

La politique et le souffle enflammé des passions régnantes l’enlevèrent trop tôt à ce culte exclusif des lettres ; mais dans la dernière partie de sa vie il avait cherché une consolation dans l’amour des arts proprement dits, et il était devenu un connaisseur fin en peinture. […] M. de Saint-Victor est un homme de foi et de conviction dans l’art et dans les lettres : il perpétue en lui une race d’esprits qui diminue de jour en jour. […] Lisez ses lettres à Pope, à Bolingbroke, et celles qu’il recevait d’eux : ce sont des trésors, à mon sens, d’expérience, d’agrément rassis et de sagesse.

1062. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « F.-A. Cazals » pp. 150-164

Elles marquent une époque curieuse dans l’histoire des lettres depuis le moment où tout Saint-Denis, révolutionné, se mettait aux fenêtres pour voir passer les « décadents » jusqu’au moment où le vagabond Verlaine recevait, dans un galetas du quartier Saint-Jacques, au milieu de l’élite de la Jeunesse, par l’organe du comte Robert de Montesquiou-Fézensac, les hommages de la Noblesse de France. […] Le facteur entre et jette un paquet de lettres portant la suscription : « Léon Deschamps » ; cruelle ironie, témoignage de la fragilité des choses que ces lettres écrites d’hier et qui arrivent trop tard.

1063. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Japonisme » pp. 261-283

Le seul parti qu’il eût à prendre, était de lui donner une lettre de divorce, et de l’envoyer avec ses plus jeunes enfants chez son père, lequel comprendrait, il en était certain, la véritable raison qui le poussait à agir ainsi et donnerait à la pauvre femme consolation et conseil. […] Je vous donnerai une lettre de divorce et vous aurez à retourner chez votre père. […] Et je me mis à fouiller mes albums, et je trouvai le recueil qui porte pour titre : Sei tû Guishi deu (Les Chevaliers du devoir et du dévouement), ou le peintre Kouniyoshi nous représente les ronins dans l’action de l’attaque du yashki de Kotsuké : l’un portant une bouteille d’alcool « pour panser les blessures et faire de grandes flammes afin d’épouvanter l’ennemi », l’autre « tenant deux chandelles et deux épingles de bambou pour servir de chandeliers », celui-ci éteignant avec de l’eau les lampes et les braseros, celui-là ayant aux lèvres le sifflet « dont les trois coups prolongés » doivent annoncer la découverte de Kotsuké ; et presque tous dans des poses de violence et d’élancement, brandissant à deux mains des sabres et des lances, et tous enveloppés d’un morceau d’étoffe de soie bleue, avec leurs lettres distinctives sur leurs uniformes, leurs armes, leurs objets d’équipement, et tous ayant sur eux un yatate, écritoire de poche, et dans leur manche un papier expliquant la raison de l’attaque57.

1064. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préfaces des « Odes et Ballades » (1822-1853) — Préface de 1824 »

L’ordre renaît de toutes parts dans les institutions ; il renaît également dans les lettres. […] Mais quand on considère les immenses services rendus à la langue et aux lettres par nos premiers grands poëtes, on s’humilie devant leur génie, et on ne se sent pas la force de leur reprocher un défaut de goût. […] Aux premières attaques des novateurs, la religion et la morale se fussent réfugiées dans le sanctuaire des lettres, sous la garde de tant de grands hommes.

1065. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Seconde Partie. De l’Éloquence. — Éloquence en général. » pp. 177-192

Dans une lettre de vingt-sept pages, publiée en 1727, il donna son apologie, avec le portrait peu ressemblant de Rollin, qu’il y avoit mis. […] Parmi celles de Pourchot, & qui lui firent le plus d’honneur, il faut distinguer la Lettre d’un juriste à l’auteur du livre de la véritable éloquence. […] Ce monarque, qu’on a dit avoir été dédommagé de la qualité de roi, par l’amour qu’il a pour les arts & les lettres, manda ces propres mots à ce rhéteur : Des hommes tels que vous marchent à côté des souverains.

1066. (1799) Jugements sur Rousseau [posth.]

J’entends dire que toutes les lettres sont du même ton, et que c’est toujours l’auteur qui parle et non pas les personnages : je n’ai point senti ce défaut ; les lettres de l’amant sont pleines de chaleur et de force, celles de Julie de tendresse et de raison. […] À l’égard des lettres de Claire, de Wolmar et d’Édouard, je ne conçois pas comment on peut les trouver du même ton que celles des deux personnages principaux.

1067. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Deux diplomates »

Ils auraient été peut-être capables de jouer la grande partie contre la Révolution dont ils parlent à chaque page de leurs lettres, et qu’ils conseillèrent, mais en vain, de jouer, à leurs gouvernements. […] Pour Donoso Cortès, l’auteur de l’Essai sur le socialisme, qui s’est écrit en toutes lettres ineffaçables dans ce livre éclatant, allumé sur sa mémoire comme un phare sur un tombeau, ce n’est pas bien sur ; mais pour Raczynski, cela est certain. […] Dans ces lettres, vous ne trouvez rien d’absolu, de péremptoire, de dominateur.

1068. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Lenient » pp. 287-299

L’Université en a donné plusieurs qui ont jeté de l’éclat dans les lettres ; mais M.  […] L’homme de lettres, on le cherche en vain, on ne le trouve pas ; et le critique, qui est au-dessus de l’homme de lettres, naturellement encore moins.

1069. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « LEOPARDI. » pp. 363-422

Mai n’avait pas encore publié les lettres exhumées de Fronton à Marc-Aurèle. […] Le même savant prélat tint compte aussi pour son Denys d’Halicarnasse d’une lettre critique à ce sujet, que Leopardi adressa en 1817 à son ami Giordani. […] Ce savant et actif investigateur venait de retrouver la République de Cicéron après les Lettres de Fronton : on se demandait où s’arrêteraient de telles découvertes. […] du moins, lors de la grande renaissance des lettres, la ruine de l’Italie n’était pas consommée ; l’étincelle du génie circulait dans l’air au moindre souffle. […] Leopardi parle d’ailleurs avec dégoût, dans l’une de ses lettres, de la infame gelosia de bibliotecarii, insuperabile a chi non sia interessato a combatterla personalmente.

1070. (1888) La vie littéraire. Première série pp. 1-363

Il lui écrivit des lettres où l’on sent la flamme. […] En cela, il est à peu près unique, du moins dans les lettres. […] Il écrivit aussi aux Cortès espagnoles une lettre politique qui fut saisie. […] (Voir sur ce point la lettre du 23 décembre 1809, page 132.) […] (Lettre du 8 juillet 1809.)

1071. (1853) Propos de ville et propos de théâtre

D… est un homme du monde qui s’est fait homme de lettres amateur, et se livre particulièrement au pastiche. […] — Pardon, lui dit le joueur, qui avait gagné la lettre acceptée comme enjeu, payera-t-on à vue ? […] B… Et il écrivit au dos de la lettre : « Passé à l’ordre de M. le baron R. de G…  » On peut voir cette singulière lettre de change sur la cheminée de mademoiselle J***, qui l’a scrupuleusement acquittée. […] Il est bien vêtu, et recherche la société des hommes de lettres avec autant de soin que les dames aux camélias en mettent à les éviter. […] Pour une lettre retournée, le Charançon exigerait volontiers qu’on recommençât le tirage du numéro.

1072. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Malherbe et son école. Mémoire sur la vie de Malherbe et sur ses œuvres par M. de Gournay, de l’Académie de Caen (1852.) » pp. 67-87

Son genre d’esprit et de génie avait besoin d’ailleurs d’un régime fixe, régulier ; l’ordre public rétabli par Henri IV devait naturellement appuyer et précéder cet ordre tout nouveau à établir également dans les lettres et dans les rimes. […] En même temps, André Chénier touche à un défaut trop réel chez Malherbe, la stérilité d’invention et d’idées : Au lieu, dit-il, de cet insupportable amas de fastidieuse galanterie dont il assassine cette pauvre reine, un poète fécond et véritablement lyrique, en parlant à une princesse du nom de Médicis, n’aurait pas oublié de s’étendre sur les louanges de cette famille illustre qui a ressuscité les lettres et les arts en Italie, et de là en Europe. […] On a le recueil des Lettres de Maynard qui nous racontent en style fleuri ses occupations, ses tracas, ses inquiétudes. […] [NdA] La harangue de remerciement que Racan adressa à l’Académie française pour sa réception est du 9 juillet 1635 ; si la date qui résulte des lettres manuscrites de Chapelain est exacte, il s’ensuit qu’il faisait partie de la compagnie et qu’il assistait aux séances dès l’année précédente. — Et en effet, on voit dans l’Histoire de l’Académie de Pellisson, qu’il y eut, à partir de janvier 1635, une suite de discours, un chaque semaine, jusqu’au nombre de vingt, prononcés par les académiciens, chacun à son tour, selon l’ordre indiqué par le sort. […] [NdA] Page 156 des Lettres biographiques sur François Maynard, par M. de Labouïsse-Rochefort (Toulouse, 1846) : M. de Labouïsse se prononce pour Toulouse.

1073. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. De Pontmartin. Causeries littéraires, causeries du samedi, les semaines littéraires, etc. »

Enfin, après une vague et partiale peinture de l’état des Lettres sous les divers régimes qui se sont succédé depuis cinquante ans, et encore sous le coup de la Révolution de Février, qui le préoccupe extraordinairement, et qui n’a été, après tout, qu’une révolution plus ou moins comme une autre, il en vient à établir son principe et à proclamer son spécifique littéraire, — le mot peut paraître assez naïvement choisi : « Il fallait, s’écrie-t-il, il fallait (au lendemain de cette Révolution) proclamer le spiritualisme chrétien dans l’art, comme le seul spécifique assez puissant pour le guérir (pour guérir l’art, entendons-nous bien), comme la seule piscine assez profonde pour le laver de ses souillures. » Remarquez-vous comme ces esprits chastes, sitôt qu’ils se mêlent de critique, sont continuellement préoccupés et remplis d’immondices et de souillures ? […] . » Et avec cette antithèse de bon ange et de mauvais génie, avec cette métaphore qu’il paraît prendre tout à fait au pied de la lettre, le magistrat brise le rêve de bonheur des deux jeunes gens ; et la jeune fille, acceptant à l’instant cette solution extrême et s’y résignant, ne pense plus qu’à aller au plus vite chercher son père, qui vit retiré depuis des années dans une terre en Dauphiné, et qu’elle se reproche d’avoir méconnu jusque-là dans son ingratitude, comme si, ignorant tout, elle était en rien coupable. […] Et ce père, de la part de qui le magistrat lui remet une lettre cachetée et de très ancienne date, qui était en dépôt chez lui, une lettre à grandes phrases et passablement déclamatoire, est-il naturel qu’il en ait voulu pendant dix ans à sa fille (car il a beau dire, il lui en veut), pour un mouvement d’enfant qui, entre les deux, lui a fait choisir sa mère ; que, pendant dix ans, il ne lui donne aucun signe d’affection et qu’il la mette, quand elle reviendra à lui, dans cette alternative cruelle de tout ou rien ? […] Que M. de Pontmartin est faible dans les Lettres anciennes, et qu’il est même médiocrement familier avec Horace.

1074. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre V. Transition vers la littérature classique — Chapitre I. La littérature sous Henri IV »

. — A consulter : Lettres de Mme de Chantai, 2 vol. […] Ses Lettres (authentiques) sont nerveuses et sèches avec quelques fusées d’imagination ; il faut se défier des apocryphes qui sont parfois les plus charmantes ; ses harangues sont vives, fermes ; la bonté et l’autorité y sont très attentivement combinées. Éditions : Lettres missives de Henri IV (Doc. inéd. sur l’Hist. de France), 1843-1876, 9 vol. in-4 ; Dussieux, Lettres intimes de Henri IV, in-8. 1876. — A consulter : Guadet, Henri IV, sa vie, son œuvre et ses écrits, 2e éd., Paris, 1882. […] Thierry, Lettres sur l’Histoire de France et Dix Ans d’études historiques.

1075. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Jasmin. (Troisième volume de ses Poésies.) (1851.) » pp. 309-329

Pendant une de ces tournées qu’il fait depuis déjà seize ans dans le Midi, et qui sont une suite de récitations et d’ovations continuelles, un poète du département de l’Hérault, un poète en patois, appelé Peyrottes, potier de son état, et qui s’est fait une certaine réputation bien après Jasmin, lui envoya, par lettre, un défi. […] Et un post-scriptum de la lettre provocatrice disait : Je vous préviens, monsieur, que je fais distribuer, dès à présent, copie de cette lettre à diverses personnes de Montpellier. […] C’est une lettre de Jacques ; il est retrouvé, il est libre, il arrive le dimanche suivant. […] Peyrottes m’a écrit pour réclamer contre cette bien légère épigramme ; il me dit que L’Écho du Midi, qui a imprimé sa lettre, a fait ici une bévue dont il n’est pas coupable, et qu’il avait mis ces autres mots : « J’ose dans ma timidité qui est bien près de l’audace… » Je lui donne acte de son Errata, sans que cela ôte rien au piquant de l’épisode où il figure, et à la moralité littéraire que j’en veux tirer.

1076. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Montesquieu. — II. (Fin.) » pp. 63-82

Montesquieu (si l’on excepte les Lettres persanes) a toujours eu pour le christianisme de belles paroles, et, en avançant, il en a de plus en plus accepté et comme épousé les bienfaits en tout ce qui est de la civilisation et de l’humanité. […] Dans L’Esprit des lois, Montesquieu paraît trop oublier que les hommes, les Français restent tels qu’il les a vus et peints dans les Lettres persanes, et, bien qu’il parle continuellement, et avec une conviction vertueuse, de gouvernement modéré, il ne se dit pas assez tout bas que cette modération n’est pas de ces qualités qui se transplantent. […] Et encore (ceci est pour Mme Geoffrin) : « Je n’ai pas été fâché de passer pour distrait ; cela m’a fait hasarder bien des négligences qui m’auraient embarrassé. » Cet esprit supérieur et qui, sans le vouloir, a donné naissance ou prétexte à cette quantité de demi-Montesquieu qui sont si tranchants d’ordinaire et si suffisants, était, lui, la modestie même : Hommes modestes, s’écriait-il dans les Lettres persanes, venez, que je vous embrasse ! […] Ce qu’on sait moins, c’est que son convoi funéraire se fit sans presque personne ; Diderot (au rapport de Grimm) est, de tous les gens de lettres, le seul qui s’y soit trouvé. […] Dupin n’était pas l’auteur de cette réfutation, et qu’il la devait à un homme de lettres du temps.

1077. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Monsieur Arnault, de l’Institut. » pp. 496-517

Cette sincérité d’attache distingue Arnault entre les hommes de lettres de son temps. […] Facile aux liaisons, camarade de bien des gens de lettres et de beaucoup de militaires, il dut à l’amitié du général Leclerc de faire son premier voyage d’Italie et d’être présenté à Bonaparte, général en chef, à Milan, au printemps de 1797. […] Mais Arnault, qui n’était qu’un gouvernant et un diplomate de circonstance, et un homme de lettres au fond, n’avait pas jugé à propos d’interpréter ses instructions dans ce sens étendu. […] Est-il téméraire de conjecturer d’après cela que Bonaparte, tout en comptant désormais avec raison Arnault parmi les gens de lettres qui lui étaient dévoués et qu’il préférait, ne lui reconnut point cette ardeur et cette trempe qu’il voulait dans les grands instruments de son Empire, et qu’il rencontra en d’autres hommes qui avaient également débuté par les lettres, dans les Maret, dans les Daru ?

1078. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre I. Shakespeare — Sa vie »

Ces encouragements aux lettres n’appauvrissaient pas Louis XIV au point de le priver du plaisir de donner, par exemple, en une seule fois, deux cent mille livres à Lavardin et deux cent mille livres à d’Épernon ; deux cent mille livres, plus le régiment de France, au comte de Médavid ; quatre cent mille livres à l’évêque de Noyon, parce que cet évêque était Clermont-Tonnerre, qui est une maison qui a deux brevets de comte et pair de France, un pour Clermont et un pour Tonnerre ; cinq cent mille livres au duc de Vivonne et sept cent mille livres au duc de Quintin-Lorges, plus huit cent mille livres à monseigneur Clément de Bavière, prince-evêque de Liège. […] Vers la fin du siècle, il était assez riche pour que le 8 octobre 1598 un nommé Ryc-Quiney lui demandât un secours dans une lettre dont la suscription porte : à mon aimable ami et compatriote William Shakespeare. Il refusa le secours, à ce qu’il paraît, et renvoya la lettre, trouvée depuis dans les papiers de Fletcher, et sur le revers de laquelle ce même Ryc-Quiney avait écrit : histrio ! […] Garrick a perdu de même, c’est mademoiselle Violetti, sa femme, qui le raconte, le manuscrit de Forbes, avec ses lettres en latin. […] Elle n’en est pas moins qualifiée historiquement protectrice des arts et des lettres, etc.

1079. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre II : La littérature — Chapitre II : La littérature du xviie  siècle »

Or, je crois que l’on peut contester l’influence de Louis XIV sur les lettres françaises, et, dans les limites où elle a pu s’exercer, le bienfait de cette influence. […] C’est le vieux bourgeois de Paris, non le bourgeois badaud comme l’Étoile, notant jour par jour ce qui se passe dans la rue ; non le bourgeois railleur et frondeur comme Gui Patin, qui se dédommage dans les lettres familières du décorum des fonctions officielles ; non le bourgeois pédant et esprit fort comme Naudé, qui fait le politique parce qu’il a été le secrétaire d’un cardinal italien ; non le bourgeois naïf et licencieux, comme la Fontaine, qui flâne en rêvant ; — c’est le bourgeois parlementaire, né près du palais de justice, ayant jeté aux orties le froc de la basoche, mais ayant conservé le goût des mœurs solides et des sérieuses pensées, le bourgeois demi-janséniste, quoique dévoué au roi, aimant Paris, peu sensible à la campagne, détestant les mauvais poètes et les fausses élégances des ruelles et des salons, peu mondain, indifférent aux femmes, et par cela même un peu gauche, un peu lourd, mais franc du collier. […] Horace à la vérité a fait aussi un art poétique ; mais ce sont les rhéteurs qui l’ont baptisé ainsi : pour lui, ce n’était qu’une lettre aux Pisons, lettre familière à des jeunes gens auxquels il donne des conseils en se jouant dans le langage de la plus libre et de la plus aimable conversation. […] Ce n’est pas qu’il faille dédaigner l’Art poétique de Boileau ; les conditions saines et solides de toute poésie y sont vivement exprimées ; mais j’ai besoin, après l’avoir lu, et pour ne pas oublier que la poésie est chose divine et légère, de relire la Lettre à l’Académie française de Fénelon.

1080. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre II. La vie de salon. »

Lord Chesterfield, dans ses lettres, ne se lasse point de le répéter à son fils, et de le pousser dans ces salons qui lui ôteront « sa rouille de Cambridge ». […] Un parlementaire, comme un seigneur, doit se faire honneur de sa fortune ; voyez dans les lettres du président de Brosses la société de Dijon ; elle fait penser à l’abbaye de Thélème ; puis mettez en regard la même ville aujourd’hui279. […] Lettre de Beaumarchais (24 décembre 1764). — Voyage de Mme d’Aulnoy, et Lettres de Mme de Villars […] Foisset, Le président de Brosses, 65, 69, 70, 346. — Lettres du président de Brosses (Éd.

1081. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VIII »

.) ; et ses difficultés pécuniaires étaient inextricables (voir, par exemple, les lettres à Krittl du 21 mars 1847 et du 4 janvier 1848, catalogues Liepmanssohn de 1886 et 1887). […] Dans la lettre à. […] Wagner, dans des lettres parues dans la Deutsche Rundschau de février-mars 1887, dit, le 28 septembre 1865, qu’il a terminé les Nibelungen et commencé un Parsifal. […] Voir les articles de Heintz et de Belart dans la Allgemeine Musikzeitung de 1885 et 1887 ; les mémoires de Madame Wille, Deutsche Rundschau, 1887, V et VI ; de nombreuses lettres publiées et non publiées, etc. etc. […] Il s’agit des lettres à Mathilde Wesendonck (1828-1902), épouse d’Otto Wesendonck.

1082. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1869 » pp. 253-317

.), nous, qui avons toutes les haines de purs lettrés pour ce gouvernement, ennemi et envieux des lettres, et nous qui n’avons, dans cette pétaudière d’un Empire ramolli, d’autre amitié que l’amitié de la princesse, et encore une amitié en dispute et en lutte sur toute idée et toute chose, c’est nous, dont on veut tuer près du public le talent avec la calomnie du mot « courtisans », et d’où cela part-il ? […] Le soir, nous espérions, pour nous remettre, nous rasséréner, nous fortifier dans le découragement de la santé et la lassitude de l’effort à vivre, quelques paroles aimables, quelques banalités complimenteuses qui pansent les hommes de lettres. […] Au-dessous du Christ, là-bas au fond, le président, à la voix d’un vieux père noble édenté, dans le silence d’émotion de la salle, ânonne une lettre d’amour, dont il souligne chaque mot pour les jurés, avec une malignité de vieux juge, une sorte de bégayement sinistre, particulier aux gens de justice. […] Il nous répondait dans une lettre, où il remplaçait le chers amis par chers messieurs, lettre entortillée, et où il semblait dire, à mots couverts, que sa position actuelle vis-à-vis de la princesse, l’empêchait de faire les articles promis. […] 1er mai Quel heureux métier, le métier de peintre comparé au métier de l’homme de lettres !

1083. (1902) La formation du style par l’assimilation des auteurs

La lettre eut le plus grand succès. […] Il se demanda un moment s’il n’avait pas écrit cette lettre. […] Voici une lettre à la Bossuet, où le don de M.  […] La lettre de Pline était connue. […] (Diderot, Lettre à J.

1084. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1882 » pp. 174-231

J’ai reçu de Huysmans une lettre très admirative. […] Dimanche 29 janvier Je reçois une lettre de Mme Daudet, une lettre qui contient un paragraphe curieux. […] N’est-ce pas ironique, cela au moment où la Colombine du Gil-Blas, peint mon facteur, accablé sous les lettres de femmes, qui m’arrivent à toutes les heures de la journée. […] Le cartonnier de rigueur dans un coin, supportant un échafaudage branlant de boîtes de papier à lettres et d’enveloppes. […] Voilà le duc de Broglie, qui aujourd’hui, dans une préface, célèbre comme une nouveauté, l’utilité de la lettre autographe, au point de vue historique.

1085. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Les Chants modernes, par M. Maxime du Camp. Paris, Michel Lévy, in-8°, avec cette épigraphe. « Ni regret du passé, ni peur de l’avenir. » » pp. 3-19

Cet esprit, le plus contraire à celui de la grande et intelligente poésie, produit des jugements systématiques, engouement et anathème, mais le tout se passant le plus souvent entre soi, entre artistes et gens du métier : le public même celui qui s’occupe volontiers des lettres sérieuses, reste indifférent et regarde ailleurs. […] Les arts rampaient péniblement dans l’ornière « d’une tradition à jamais usée… » Mais est-il donc nécessaire de rappeler que si MM. de Lamartine, Hugo, de Vigny, ont débuté dans les lettres vers 1820, à une époque où la France était encore voisine de 1815, c’est-à-dire du deuil de l’invasion, M.  […] Toute la diatribe contre l’Académie est de ce ton-là : « Aussi nous l’avouons sans pâlir, dit l’auteur en parlant de quelques académiciens qu’il désigne sans les nommer, nous les haïssons de toute la force de notre amour pour les lettres et de notre respect pour les grandeurs de l’esprit humain. » Non, tout cela n’est pas juste, et M. du Camp, qui, malgré ses violences de parole, a de la générosité dans le talent et dans le cœur, ne saurait nourrir de ces haines contre des gens qu’il ne connaît pas. […] [NdA] Voir la lettre publiée dans Le Journal des débats du 2 juillet 1855.

1086. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers (tome xviie ) » pp. 338-354

J’ai eu d’immenses avantages sur eux, et des avantages tels qu’une carrière militaire de vingt années et de quelque illustration n’en présente pas de pareils. » Et trois jours après, mécontent d’Augereau qui, chargé d’organiser un corps d’armée à Lyon et d’opérer une diversion qui aurait pu être décisive, trouvait des difficultés à tout, Napoléon lui écrivait cette lettre mémorable, où sous la sobriété et la sévérité impériale il perce quelque chose de l’accent familier du général d’autrefois, qui fait appel à son vieux compagnon d’armes de 1796 : Nogent-sur-Seine, 21 février 1814. Le ministre de la guerre m’a mis sous les yeux la lettre que vous lui avez écrite le 16. Cette lettre m’a vivement peiné. […] — Je vous ordonne de partir douze heures après la réception de la présente lettre pour vous mettre en campagne.

1087. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Souvenirs d’un diplomate. La Pologne (1811-1813), par le baron Bignon. »

M. de Senfft, à qui Lamennais adressait quantité de lettres, publiées également dans ces dernières années, était familier avec la France où il avait assez longtemps résidé en qualité de ministre de Saxe ; il est, avec M.  […] Une lettre interceptée du baron de Stein, alors ministre dirigeant de Prusse, vint découvrir et déceler avant l’heure les haines nationales qui déjà fermentaient et s’accumulaient partout en Allemagne. […] Pendant que M. de Senfft, à la veille de l’éclatant démenti de l’histoire, se montre ainsi à nous un peu la dupe des confidences de Fouché qui, évidemment (comme l’abbé de Pradt, et avec plus de malice), était entré dans ses vues, avait médit du pouvoir qu’il servait et ne s’était pas fait faute de gémir sur les folies du maître, il m’a paru curieux de citer une lettre de Napoléon adressée, vers ce temps, à son ministre de la police, et qui, dans sa sévérité encore indulgente, va droit au défaut de l’homme, rabat fort de cette haute idée trop complaisante et remet à son vrai point ce prétendu génie du duc d’Otrante, un génie avant tout d’ingérence audacieuse et d’intrigue. […] « Monsieur Fouché, je reçois votre lettre du 9 juillet.

1088. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. BRIZEUX (Les Ternaires, livre lyrique.) » pp. 256-275

La Lettre à un Chanteur de Trèguier, écrite sur le chemin de Rome, est une des excellentes pièces du volume. […] Mais notre poëte, qui est au fond très-civilisé et très-probablement de la postérité de Callimaque et d’Horace, ayant appris le méfait, s’en fâcha, et écrivit de belle encre cette charmante lettre au chanteur du cru, pour le féliciter à la fois et le tancer, pour le remettre au pas et lui donner des conseils. Je ne puis que citer la pièce tout entière, parfaite de style, de ton et de pensée : LETTRE A UN CHANTEUR DE TRÉGUIER. Comme je voyageais sur le chemin de Rome, lannic Côz, une lettre arrivait jusqu’à moi ; On y parle de vous, brave homme, Des chanteurs de Tréguier vous le chef et le roi.

1089. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIX. Cause et loi essentielles des variations du gout littéraire » pp. 484-497

Un seul de nous pourrait-il dire à la lettre : je suis aujourd’hui ce que j’étais hier ? […] Il opère ou tente une quadruple révolution : une révolution économique, liée aux découvertes maritimes qui transportent du bassin de la Méditerranée aux bords de l’Atlantique le siège du grand commerce, qui ouvrent d’immenses débouchés à l’Europe soit aux Indes soit en Amérique, qui accélèrent la substitution de la richesse mobilière à la richesse terrienne, base du régime féodal ; une révolution intellectuelle qu’on a baptisée la Renaissance et qui n’est pas seulement la résurrection de l’antiquité classique, qui est aussi le réveil de l’esprit d’examen, l’essor de la pensée moderne, le point de départ d’une activité féconde dans les sciences, les lettres, la philosophie ; une révolution religieuse qu’on appelle la Réformation et qui, séparant l’Europe occidentale en deux confessions rivales, cause les guerres les plus atroces dont la différence de croyance ait jamais ensanglanté le monde ; enfin une révolution politique, conséquence des trois autres, qui ébranle les bases de la royauté, suscite des théories libérales et républicaines, des soulèvements populaires et même des appels au régicide. […] Lettre du 7 juin 1675. […] Voir aussi Lettre à Lamartine.

1090. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Monsieur Walckenaer. » pp. 165-181

Je le tire des Lettres sur les contes de fées (1826), adressées à une femme dont l’auteur avait été l’ami d’enfance. […] Voici la seconde Lettre tout entière : Vous insistez encore, Amélie ; peut-être uniquement parce que je résiste. […] Cette lettre, je le répète, est un assez joli et assez naturel échantillon du style élégant comme on le concevait dans les premières années du siècle, avant l’effort de régénération de la langue à ses vraies sources : mais entre cette élégance et celle de Louis XIV, on conviendra qu’il y a tout un monde. […] Mais ce qu’il était surtout, c’était la droiture, l’antique probité, la candeur et la conscience même, une bonhomie éclairée pourtant de finesse ; laborieux jusqu’à la fin et infatigable ; aimant les lettres, aimant la jeunesse et ce qui le chassait peu à peu et allait lui succéder ; prenant intérêt à ces recherches curieuses et innocentes qui dénotent la simplicité du cœur et l’intégrité conservée de l’esprit.

1091. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Despréaux, avec le plus grand nombre des écrivains de son temps. » pp. 307-333

Il conserve ce ton avantageux jusques dans ses lettres à Louis XIV. […] Despréaux & lui s’écrivirent des lettres pleines de témoignages d’estime & d’amitié ; mais cela n’empêcha point que le satyrique, en parlant des dangers d’épouser une femme coquette, ne lâchât ce vers : Me mettre au rang des saints qu’a célébrés Bussi. […] Il fatigua, tout ce temps-là, Louis XIV, par des lettres fréquentes qui décélent, si ce n’est une ame fausse, une ame au moins petite & foible : mais le roi fut inflexible. […] Ses Lettres à Babet ne sont plus lues aujourd’hui ; mais son Ésope est resté au théâtre.

1092. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Essai, sur, les études en Russie » pp. 419-428

Lorsqu’on jette les yeux sur les progrès de l’esprit humain depuis l’invention de l’imprimerie, après cette longue suite de siècles où il est resté enseveli dans les plus profondes ténèbres, on remarque d’abord, qu’après la renaissance des lettres en Italie, la bonne culture, les meilleures écoles se sont établies dans les pays protestants, de préférence aux pays qui ont conservé la religion romaine, et qu’elles y ont fait jusqu’à ce jour les progrès les plus sensibles. Sans m’attacher à prouver cette assertion, il me suffira d’observer que l’esprit du clergé catholique, qui s’est emparé de tout temps de l’instruction publique, est entièrement opposé aux progrès des lumières et de là raison que tout favorise dans les pays protestants, et qu’il ne s’agit pas dans cette question d’examiner s’il n’a pas existé dans les pays catholiques de très-grands hommes depuis la renaissance des lettres ; mais si le grand nombre, si le corps de la nation est devenu plus éclairé et plus sensé : car le privilège du petit nombre de grandes têtes consiste à ne pas ressembler à leur siècle, et rien de leur part ne peut faire loi. […] On conçoit qu’un certain nombre de livres élémentaires, faits avec clarté et avec précision, est une des choses les plus désirables pour l’avancement des sciences et des lettres. […] A mesure que les peuples se civiliseront, le nombre des langues essentielles augmentera ; car ce qu’il y a de moins douteux, c’est que les arts, les sciences et les lettres voyagent, et qu’il est impossible de les fixer.

1093. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXIII. Des éloges ou panégyriques adressés à Louis XIV. Jugement sur ce prince. »

On sait qu’il mourut l’année suivante ; et tandis que le peuple, toujours extrême, était loin de témoigner, pour sa cendre, le respect qu’il lui devait, et comme à son souverain, et comme à un homme qui avait fait de grandes choses pour la France, les orateurs sacrés et les gens de lettres portèrent leurs derniers hommages sur sa tombe. […] C’est à elle que Louis XIV dut les principales qualités de son âme ; cette droiture, ennemie de la dissimulation, et qui ne sut presque jamais s’abaisser à un déguisement ; cet amour de la gloire qui, en élevant ses sentiments, lui donnait de la dignité à ses propres yeux, et lui faisait toujours sentir le besoin de s’estimer ; cette application qui, dans sa jeunesse même, fut toujours prête à immoler le plaisir au travail ; cette volonté qui savait donner une impulsion forte à toutes les volontés, et qui entraînait tout ; cette dignité du commandement qui, sans qu’on sache trop pourquoi, met tant de distance entre un homme et un homme, et au lieu d’une obéissance raisonnée, produit une obéissance d’instinct, vingt fois plus forte que celle de réflexion ; ce désir de supériorité qu’il étendait de lui à sa nation, parce qu’il regardait sa nation comme partie de lui-même, et qui le portait à tout perfectionner ; le goût des arts et des lettres, parce que les lettres et les arts servaient, pour ainsi dire, de décoration à tout cet édifice de grandeur ; enfin, la constance et la fermeté intrépide dans le malheur, qui, ne pouvant diriger les événements, en triomphait du moins, et prouva à l’Europe qu’il avait dans son âme une partie de la grandeur qu’on avait cru jusqu’alors n’être qu’autour de lui. […] Tous deux protégèrent les lettres ; mais Auguste, en honorant de sa familiarité Virgile, Horace et Tite-Live, honorait des hommes nés tous citoyens comme lui : les proscriptions seules avaient décidé s’ils auraient un maître.

1094. (1901) Figures et caractères

Il est le « Victor Hugo, Océan » de la lettre de Dumas. […] Ce sont les lettres d’un homme à des hommes. […] On trouve, adressée à Charles Nodier, une lettre bien curieuse. […] D’autres lettres le précèdent, de dates diverses. […] Elle est visible dans ces lettres, ingénieuse, souple, variée.

1095. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Appendice. — [Baudelaire.] » pp. 528-529

Quoi qu’il en soit, il y eut procès, condamnation même, et c’est à la veille de cette plaidoirie plus que littéraire que j’adressai à l’auteur la lettre suivante, dans la pensée de venir en aide à la défense et de ramener la question à ce qu’elle était en soi, c’est-à-dire à une simple affaire de goût relevant de la seule critique. Cette lettre a été publiée depuis peu par les éditeurs des Œuvres de Baudelaire, mais avec des fautes d’impression selon l’usage ; j’ai tenu à les corriger.

1096. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXXXI » pp. 323-327

 — lettres de louis xviii. — portrait de louis xvi et de louis xviii par m. de barante. — opinion de royer-collard sur louis xviii. — lord brougham et guillaume schlegel écrivant en français. — le pitt de m. de viel-castel. — un morceau de m. de saint-priest sur l’inde. […] — On vient de publier un volume de Lettres adressées par Louis XVIII au comte de Saint-Priest, qui fut ministre du prétendant pendant l’émigration.

1097. (1875) Premiers lundis. Tome III « Lafon-Labatut : Poésies »

L’extrait de lettre que cite M.  […] Pellissier, de donner ici cette lettre, cette humble et touchante préface, et qui a sa fierté aussi : Bugue, le 27 juillet 1845.

1098. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 348-354

Il a eu beau dire que le goût & la gloire des Lettres étoient intéressés à cette sévérité ; que les défauts des Auteurs célebres sont beaucoup plus dangereux que ceux des Auteurs médiocres, qu’on n’est jamais tenté de prendre pour modeles ; qu’il est essentiel d’arrêter les usurpations des Tyrans littéraires, qui abusent de leur réputation pour renverser les Loix & faire respecter jusqu’à leurs écarts : de pareilles raisons ne sauroient justifier ces attentats toujours impardonnables, si on fait attention aux génies qu’ils attaquent. […] il auroit pu alors impunément attaquer les Grands Hommes, donner des Brevets d’honneur aux petits, en obtenir un pour lui-même, & espérer de figurer, après sa mort, dans le Calendrier des véritables Gens de Lettres.

1099. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 139-145

Linguet, nous dirons que cet Ecrivain, à qui l’on ne peut contester, malgré ses défauts, les qualités qui caractérisent le génie, auroit dû s’attendre, à cause de ces qualités mêmes, à plus d’égards de la part de quelques Gens de Lettres, qui n’ont pas senti combien il en méritoit. […] Il n’est point de François qui n’ait été révolté de sa Lettre à M. le Comte de V** ; Diatribe d’autant plus inexcusable, que ce Ministre n’étoit point l’Auteur de ses disgraces.

1100. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Préface »

Replacer les tragédies et les comédies grecques dans le milieu qui les a produites, éclaircir et élargir leur étude en l’étendant sur monde antique, par les aperçus qui s’y rattachent et les rapprochements qu’elle suggère, soulever le masque de chaque dieu et de chaque personnage entrant sur la scène pour décrire sa physionomie religieuse ou son caractère légendaire ; commenter les quatre grands poètes d’Athènes, non point seulement par la lettre, mais par l’esprit de leurs œuvres et par le génie de leur temps ; tel est le plan que je me suis tracé et que j’ai tâché de remplir. […] Quant aux noms des héros et des personnages historiques qui ne diffèrent, le plus souvent, de l’orthographe hellénique, que par la forme des lettres ou par le son de la désinence, j’ai maintenu leurs équivalents vulgarisés par l’usage.

1101. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « De la peinture. A propos d’une lettre de M. J.-F. Raffaëlli » pp. 230-235

De la peinture A propos d’une lettre de M.  […] Que dirait-on d’un critique littéraire qui placerait Dostoieski en première ligne du mouvement des lettres contemporaines ?

1102. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre troisième. Suite de la Poésie dans ses rapports avec les hommes. Passions. — Chapitre VI. Amour champêtre. — Le Cyclope et Galatée. »

La lettre A ayant été découverte la première, comme étant la première émission naturelle de la voix, les hommes, alors pasteurs, l’ont employée dans les mots qui composaient le simple dictionnaire de leur vie. […] Enfin, la nature fait entendre cette lettre rurale dans ses bruits, et une oreille attentive peut la reconnaître diversement accentuée, dans les murmures de certains ombrages, comme dans celui du tremble et du lierre, dans la première voix, ou dans la finale du bêlement des troupeaux, et, la nuit, dans les aboiements du chien rustique.

1103. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIIe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (1re partie). Littérature scientifique » pp. 221-288

Malgré ses quatre-vingt-un ans, il travaille encore sans relâche dans les heures de liberté que lui laisse son existence à la cour ; il est vif et ponctuel dans son énorme correspondance, et répond avec la plus aimable modestie aux lettres du savant le plus obscur. […] À cette époque, il ne se levait plus qu’à huit heures et demie du matin, lisait, en faisant un frugal déjeuner, les lettres qu’il avait reçues, et s’occupait de faire les réponses les plus pressantes. […] Voici la lettre que ce savant écrivit à l’instant à M. de Humboldt pour écarter de son nom ces suspicions offensantes. […] (Lettre écrite en français.) […] J’ai reçu, mon cher ami, avec bonheur ton aimable lettre.

1104. (1788) Les entretiens du Jardin des Thuileries de Paris pp. 2-212

Affiche pour ce mois-ci tes talens en lettres d’or, tu auras tout à crédit ; si par la suite tu ne peux payer, eh qu’importe. […] me répondit-il, ma gaieté m’abandonne depuis que M. de…. a été enlevé par une lettre de cachet. […] On les appelloit autrefois lettres closes, lettres de petit cachet, ou du petit signe du roi. […] monsieur, ne sont-ce pas là des faits qui auroient dû pour jamais anéantir les lettres de cachet…. […] Les lettres de l’alphabet bien ou mal mêlées, font la différence d’un bon & mauvais livre.

1105. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre III »

Lucas de Montigny, Lettre du marquis de Mirabeau du 23 mars 1783. […] Lettre de Mme de Staël (août 1786). […] Geffroy, Gustave III et la cour de France, « Paris, avec son esprit républicain, applaudit ordinairement ce qui est tombé à Fontainebleau. » (Lettre de Mme de Staël, du 17 septembre 1786.) […] Ce ne sont ni les impôts, ni les lettres de cachet, ni tous les autres abus de l’autorité, ce ne sont point les vexations des intendants et les longueurs ruineuses de la justice qui ont le plus irrité la nation : c’est le préjugé de la noblesse pour lequel elle a manifesté plus de haine. Ce qui le prouve évidemment, c’est que ce sont les bourgeois, les gens de lettres, les gens de finances, enfin tous ceux qui jalousaient la noblesse, qui ont soulevé contre elle le petit peuple dans les villes et les paysans dans les campagnes. » (Rivarol, Mémoires.

1106. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 457-512

Les ressorts de ses Pieces sont communément foibles, mesquin, & peu dignes de Melpomene : des Lettres sans adresse, des Quiproquo, des Enfans inconnus, des Reconnoissances, des Oracles, des Prodiges ; tels sont les agens perpétuels de sa Muse, toujours timide, embrouillée, chancelante, pour peu qu'elle soit abandonnée à elle-même. […] De là, ces transports d'estime & ces haines implacables contre tant d'Hommes de Lettres, qui, tour à tour, ont été comblés de ses éloges ou accablés de ses sarcasmes, selon le cas qu'ils ont paru faire de son mérite, ou selon l'opinion du Public sur le leur. […] Dans les Lettres, dans la Philosophie, dans l'Histoire, lorsqu'il est désintéressé, le vrai échappe rarement à sa vue ; mais le plus petit intérêt l'obscurcit, l'altere, le dénature, dans son esprit. […] Les Jeunes gens apprendront à son école à secouer le joug du devoir, à répéter des blasphêmes, à triompher de leurs déréglemens : les Gens de Lettres, à peu respecter les modeles, à déguiser leurs larcins, à violer les regles, à oublier les bienséances, à se déchirer sans égard : les Nations à abandonner leurs principes, leurs loix, leur caractere, pour se repaître d'idées frivoles, de vûes chimériques, de goûts fantasques & passagers ; à préférer à leur intérêt, à leur gloire, à leur repos, l'attrait du plaisir, les honneurs du persiflage, & les charmes de la constance. […] Mais la Postérité juge les Auteurs & les Siecles : elle réduira, d'un côté, l'Ecrivain à sa juste valeur : de l'autre, elle saura que son Apothéose n'a pas été l'ouvrage de la Nation, mais l'effet des intrigues de quelques Gens de Lettres, qui, pour lors, seront vraisemblablement inconnus.

1107. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Du docteur Pusey et de son influence en Angleterre »

Il est bien évident que, pour nous qui sommes restés fidèles à la vérité, de pareilles assertions peuvent être discutées et poussées, les unes après les autres, dans l’abîme tourbillonnant de l’inconséquence ; mais, quoi qu’il en soit, on n’en reconnaît pas moins, sous ces affirmations plus faciles à articuler qu’à prouver, les racines à moitié arrachées du catholicisme, le germe oublié que rien n’a pu étouffer, la trace de ces idées traditionnelles mal effacées d’abord et qui finiront par reparaître, lettre par lettre, comme les merveilleux caractères de quelque palimpseste divin. […] Une lettre, digne des premières plumes théologiques de tous les temps et de tous les pays, avait été écrite par lui à l’évêque de Londres, et cette lettre était un manifeste en faveur des doctrines et des interprétations de l’éloquent auteur de l’Idéal. […] L’auteur, Peter Maurice, membre de l’Université d’Oxford et de l’Église établie, savant dans la connaissance des textes sacrés, mais un de ces esprits ardents et courts qui périssent dans la lettre comme un soldat dans sa consigne, attaqua fougueusement le nouveau parti qui s’élevait dans Oxford, et qui menaçait la Grande-Bretagne du règne prochain de l’antéchrist. […] V. la Lettre de Mgr Wiseman, évêque de Melipotame, aux évêques de France, publiée en 1846.

1108. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XIII. »

Toutefois, à part l’interrègne élégant de Démétrius de Phalère, terminé par la licencieuse apothéose de son homonyme, la Grèce, avec sa colonie indépendante de Sicile, ses villes asservies du Péloponèse, son émigration conquérante en Asie, ses royautés de Macédoine, d’Alexandrie, de Séleucie, demeurait, au milieu des crimes de cour qui composent la sanglante et monotone histoire des successeurs d’Alexandre, le pays des sciences et des lettres, l’école et le modèle du monde. […] Ce que les trois Ptolémées, Ptolémée Lagus, le lieutenant et l’historien d’Alexandre, Ptolémée Philadelphe, et Ptolémée le Bienfaisant, firent pour l’encouragement des lettres étonnerait même notre politesse moderne. […] Mais là paraissait bien cette vérité tant de fois éprouvée : qu’il faut aux lettres une âme bien plus qu’une protection, et que nul loisir, nulle faveur, ne vaut pour elles l’agitation d’un temps libre et glorieux. […] Mais, retenu dans Alexandrie, comme dans sa patrie de prédilection, il vécut, sous Ptolémée Philadelphe et sous son fils Évergète, jusque vers la 125e olympiade ; il enseigna les lettres dans des cours publics ouverts au bourg d’Éleusis, quartier d’Alexandrie. […] Nul doute que, sans les lacunes faites par la barbarie dans l’héritage des lettres grecques, les traces même purement littéraires de la colonie juive d’Alexandrie ne fussent visibles dans bien des monuments de l’époque Lagide, dans cette foule d’hymnes, de chants religieux et moraux, de poëmes descriptifs qui signalèrent l’imagination laborieuse de ce temps.

1109. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre IV. Des femmes qui cultivent les lettres » pp. 463-479

Des femmes qui cultivent les lettres « Le malheur est comme la montagne noire de Bember, aux extrémités du royaume brûlant de Lahor. […] Je commence d’abord par examiner quel est le sort des femmes qui cultivent les lettres dans les monarchies, et quel est aussi leur sort dans les républiques. […] L’esprit de chevalerie qui subsistait encore s’opposait, sous quelques rapports, à ce que les hommes même cultivassent trop assidûment les lettres.

1110. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre I. Les origines du dix-huitième siècle — Chapitre II. Précurseurs et initiateurs du xviiie  siècle »

Ceux-ci non plus, avec leurs railleries légères et décousues, leurs conversations de coin du feu, leurs lettres piquantes, dont ils se divertissent entre gens convertis d’avance, ne sont pas bien redoutables. […] A l’école de son oncle Thomas, il apprit à écrire facilement et médiocrement dans tous les genres : il fit des vers, une tragédie, des opéras, des pastorales, des lettres galantes ; il avait une sécheresse glacée et spirituelle, une pointe aiguë de style, aucun naturel, aucune spontanéité. […] J’ai été heureusement délivré de plusieurs occupations qui ne m’étaient guère agréables ; et j’ai eu le plus grand et le plus charmant loisir qu’un homme de lettres puisse avoir. » (Préface du Dictionnaire.)

1111. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Le comte de Fersen et la cour de France »

Dans ses notes comme dans ses lettres, à part quelques mots de mépris (comment, du mépris, n’en aurait-il pas eu ? […] Le joueur qui avait été obligé d’engager la partie avec de telles cartes et de tels partners ne pouvait pas croire la gagner… Et c’est cela particulièrement qui donne aux lettres de cet homme, qui fit entrer dans son dévouement à la Reine jusqu’au calme qui voile le désespoir, je ne dis pas un accent, mais une profondeur soupçonnée, malgré l’accent qu’il n’a pas voulu leur donner. […] Il y a des notes, je crois, à partir de 1783 ; des lettres écrites par Fersen à son père ; il y a l’épisode de la guerre d’Amérique, qu’il fit comme officier français.

1112. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Ronsard »

Poète-phénomène que ce Ronsard, dont la poésie jaillit avant que la langue, qui se forme lentement, fût formée, et qui, avant la lettre, créa la lettre, — la lettre de cette langue qu’à la distance d’une seule génération parla Mathurin Régnier, plus correcte alors et plus ferme, mais bien moins juvénilement inspirée !

1113. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Jules Janin » pp. 159-171

Il n’était plus qu’un gros chanoine de la cathédrale des lettres, si les lettres avaient une cathédrale, mais les drôlesses croient à peine en Dieu ! […] Certes, après un pareil livre, auquel on s’attendait si peu et qui clôt (ou qui ne clôt pas) cette vie dévouée aux lettres, sans infidélité, qui fut toujours la vie de M. 

1114. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXVII. Des panégyriques ou éloges adressés à Louis XIII, au cardinal de Richelieu, et au cardinal Mazarin. »

Son caractère, comme son règne, offrent une foule de contradictions ; il eut un enchaînement de victoires, et leur éclat lui fut, pour ainsi dire, étranger ; il eut des talents militaires, et à peine aujourd’hui ces talents sont connus ; il eut de l’agrément dans l’esprit et montra la plus grande indifférence pour les lettres ; la nature lui avait donné du courage, et même celui qui affronte la mort, et il n’eut jamais celui de commander. […] Ils ont loué enfin cet amour des lettres et des arts, qui, au milieu des agitations de l’Europe qu’il ébranlait, lui fit fonder l’Académie française, dont il fut le chef ; amour des lettres qu’il avait par goût, et qu’il fit naître, dit-on, par politique, qui substitua, chez les Français, l’ambition des talents à celle des cabales, et une activité plus douce, à cette activité féroce, nourrie de factions et de crimes.

1115. (1884) La légende du Parnasse contemporain

Et qu’est-ce que ce Vaudron dont vous avez une lettre ? […] Puis vous êtes homme de lettres aussi. […] Je vais vous lire cette lettre. […] Que fit la République des Lettres ? […] Scribe était homme de lettres et il fut riche ! 

1116. (1923) Critique et conférences (Œuvres posthumes II)

La sincérité, et, à ses fins, l’impression du moment, suivie à la lettre, sont ma règle préférée aujourd’hui. […] Esprit d’homme de lettres, idées moyennes, sensations cordiales bourgeoises — nul plus mauvais « chantre » de l’amour. […] Quant à ses ennemis de lettres, il ne saurait en avoir que de sots ou d’ignorants. […] But his Lettres sur les choses du jour are really extreme, and I was astonished when I read the signature. […] Il est question également, dans celle diatribe, de ma « facilité » à écrire des lettres de félicitations à qui veut.

1117. (1905) Études et portraits. Portraits d’écrivains‌ et notes d’esthétique‌. Tome I.

Ce furent les quelques sacs soigneusement fermés où l’homme de lettres mettait à l’abri ses notes les plus précieuses. […] Il a beau s’insurger contre les Lettres, elles l’ont saisi, et il est leur œuvre. […] Il y a une question à se poser devant chaque existence consacrée aux lettres : quelle sorte de volupté l’écrivain leur a-t-il demandée, à ces lettres complaisantes ? […] Il y a dans une lettre de Stendhal à Balzac une phrase significative et qu’il faut citer sans cesse. […] Il était, par naissance, un homme de lettres parmi des savants et des praticiens.

1118. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Notes et pensées » pp. 441-535

Je crois aussi que, si ma critique n’avait été que du marivaudage, M. de Lamennais n’aurait point paru si piqué ; j’ai reçu mainte lettre de lui où il me faisait l’honneur de parler de ma critique tout autrement. […] Si le maître est astucieux et déloyal, le disciple est capable contre vous de toutes mauvaises menées et calomnies sourdes, et lettres anonymes. […] Pasquier lui répond une lettre bien sentie et telle qu’en appelle un tel procédé. […] Autrefois un homme de lettres était vain, il pouvait l’être jusqu’à la folie. […] — Mais, en retournant la feuille du journal, je vis en grosses lettres aux annonces la mise en vente de La Comédie humaine de M. de Balzac, etc.

1119. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Étienne de La Boétie. L’ami de Montaigne. » pp. 140-161

La Boétie mérite donc l’intérêt non seulement des érudits, mais de tous ceux qui s’occupent des lettres au point de vue de la morale et des sentiments les plus chers à l’homme. […] Montaigne, dans une lettre à son père, a raconté en détail les principales circonstances de cette mort à la fois stoïque et chrétienne : surtout il nous a tracé, dans son chapitre sur l’amitié, un admirable portrait de sa liaison avec celui qu’il appelait presque dès le premier jour du nom de frère. […] Sénèque, dans sa lettre 9e à Lucilius, a dit : « Sans doute l’amour ressemble à l’amitié, il en est pour ainsi dire la folie. » Ici, dans le cas des amis de La Fontaine, l’amitié aussi a sa douce folie et son délire. […] Joubert pour Mme de Beaumont, affection qui est consacrée par des lettres touchantes43. […] Il faudrait maintenant consulter le Discours sur la renaissance des lettres à Bordeaux au xvie  siècle, de M. 

1120. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — III » pp. 132-153

Ainsi, lui qui a écrit une si belle lettre sur ce champ de bataille où il est arrivé vers la fin, il n’a pas eu de près les honneurs de son attitude et du rôle où l’histoire aime de loin à le présenter. […] Il débuta par les Lettres persanes, il avança par ce livre-ci, et il a couronné l’œuvre par L’Esprit des lois. […] D’Argenson n’avait plus rien dans sa retraite ni de l’ancien ministre ni même de l’homme qui tient à un rang quelconque : c’était un homme de lettres amateur. […] M. de Paulmy, ce noble amateur de livres, dont aucun homme de lettres ne doit parler qu’avec estime et respect, avait des qualités assez différentes de celles de son père : spirituel, sage, discret, insinuant, avec une nuance de douceur que le père, dans sa rudesse, appelait doucereuse. […] [NdA] Son opinion sur Mme de Maintenon, d’après une lecture des mémoires et lettres donnés par La Beaumelle (1756), vient encore à l’appui du reste.

1121. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite.) »

Ses lettres vont nous aider à le mieux comprendre encore. Les lettres d’Horace Vernet ont cela de précieux qu’elles sont sa pensée même et sa personne. […] Il se met en marche pour Constantine ; il n’a plus le temps d’écrire, occupé qu’il est à voir et à peindre ; mais à bord du bâtiment qui le ramenait, et encore plein des sensations du voyage, il les a racontées à Mme Vernet dans une lettre courante et animée, où il fait voir que, sous une impression vive, il savait tenir autre chose encore que le pinceau. […] « Pour en revenir au but de mon voyage, disait Horace Vernet en terminant sa lettre, j’ai dessiné d’une part et recueilli de l’autre tout ce dont j’aurai besoin pour mon grand tableau. […] Cette soirée a été d’ailleurs délicieuse de tout point. » — Et dans une autre lettre du 31 mars 1831 : « Tu veux que je te donne des nouvelles d’Horace Vernet ; c’est assurément là un thème plus gai que Miçkiewicz.

1122. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Entretiens sur l’architecture par M. Viollet-Le-Duc (suite et fin.) »

Lettres sur la Sicile. — Lettres écrites d’Allemagne. […] C’est l’esprit et la manière de raisonner des anciens architectes, non la lettre et la forme qu’il faut prendre. […] Ses Lettres sur la Sicile, insérées dans le Moniteur à l’époque de l’expédition de Garibaldi et pendant cette expédition même, précédaient, pour ainsi dire, les événements, et elles ont montré sa sagacité comme observateur. […] On peut voir dans les Lettres adressées d’Allemagne à M. 

1123. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le Général Franceschi-Delonne : Souvenirs militaires, par le général baron de Saint-Joseph. »

On lit dans une lettre de Napoléon au roi Joseph, datée de Benavente, 31 décembre 1808 : « Le maréchal Soult a battu 3,000 hommes de La Romana à Mansilla, en a pris 4,500 et deux drapeaux. […] Le capitaine de Saint-Joseph, beau-frère du maréchal Suchet, fut plus heureux : « Le 26 du mois de septembre (1809), dans l’après-midi, nous étions à table, nous raconte-t-il, lorsque le gouverneur de l’Alhambra, qui rarement était venu nous voir, suivi de l’adjudant et de l’officier de garde, entra dans noire appartement, et me montrant une lettre : « Vous partez pour être échangé », me dit-il. — « Nous partons ! » m’écriai-je aussitôt en me jetant au cou du général et lui remettant, sans l’ouvrir, une lettre de ma sœur (Mme la maréchale Suchet), dont j’avais reconnu l’écriture. — « Vous partez seul », me dit le général en me la rendant. Ces mots brisèrent mon âme, ma joie disparut ; il me sembla que je ne partais plus, et je n’éprouvai d’autre émotion de plaisir, en lisant la lettre de ma sœur, écrite de Saragosse, que celle d’avoir des nouvelles de ma famille et d’apprendre qu’elles étaient satisfaisantes, J’essayerais en vain de décrire les combats continuels qui, pendant les deux jours que je restai encore dans l’Alhambra, s’élevaient dans mon cœur. […] (Voir dans la Correspondance de Napoléon sa lettre à M. de Melzi, du 25 décembre 1813.)

1124. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LES JOURNAUX CHEZ LES ROMAINS PAR M. JOSEPH-VICTOR LE CLERC. » pp. 442-469

On a dix-sept lettres de Célius à Cicéron, alors proconsul en Cilicie, et qui lui demandait de le tenir au courant ; Célius fait ramasser de toutes mains des nouvelles, il paye des gens pour cela, et Cicéron n’est pas trop content toujours des sots propos qui s’y mêlent. Mais ce serait se faire un trop bel idéal, je le crois, des journaux de Rome que de se les représenter par les lettres de Célius ; c’est précisément parce que les journaux, qui y sont à peine indiqués en passant, ne disent pas l’indispensable, qu’il y supplée si activement près de Cicéron. […] Quand on lit cette suite de lettres, on en reçoit une impression qui dément plutôt l’idée d’un service officiel et régulier par les journaux. […] Le véritable Moniteur des Romains se doit chercher dans les innombrables pages de marbre et de bronze où ils ont gravé leurs lois et leurs victoires ; les journaux littéraires du temps de César sont dans les lettres de Cicéron, et les petits journaux dans les épigrammes de Catulle : ce n’était pas trop mal pour commencer. […] Il y aurait danger, si l’on n’y faisait attention, de demeurer attardé dans les préparatifs de l’entreprise et perdu dans les notes : je sais un estimable érudit qu’on trouva de la sorte dans son cabinet, assis par terre, à la lettre, et tout en pleurs, au milieu de mille petits papiers entre lesquels il se sentait plus indécis que le héros de Buridan : Sedet æternumque sedebit infelix Theseus.

1125. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DE BARANTE. » pp. 31-61

Prosper Brugière de Barante est né à Riom en juin 1782, d’une famille ancienne et considérée, qui, sur la fin du xviie  siècle, ne fut pas sans payer son premier tribut aux lettres. […] Il vit son père arrêté, il l’allait visiter en bonnet tricolore dans la prison de Thiers, il salua sa délivrance inespérée avec bonheur : la leçon des choses prit le pas dans son esprit sur la lettre des livres ; et, quand son père, profitant d’un premier instant de calme, le conduisit à Paris vers la fin de 95 pour y achever des études commencées surtout par la conversation et dans la famille, le jeune homme avait déjà beaucoup appris. […] De bonne heure il avait pu voir la vie sous ses différents aspects ; il savait déjà le monde, et dans les lettres, dès qu’il y appliquerait son regard, il devait chercher de l’étendue et un libre horizon. […] Que la lettre ait été interceptée ou non, il fut rappelé peu après et nommé sous-préfet à Bressuire. […] Quant à lui, dans ses retours et ses séjours en France, il maintient ce rôle honorable et affectueux qui fait oublier le politique et qui sied à l’ami des lettres.

1126. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE PONTIVY » pp. 492-514

» dit-elle, et elle montra du doigt une lettre qu’elle venait de recevoir, et qui était restée entrouverte sur le banc du berceau. […] Une lettre encore de l’époux arrivait à de certains intervalles, et ramenait, au sein de leur certitude habituelle, une crainte, un point noir à l’horizon, que Mme de Pontivy écartait vite de sa passion, comme un soleil d’été repousse les brouillards, mais que lui, moins ardent quoique aussi sensible, ne perdait jamais entièrement de vue. […] Les lettres de Mme de Pontivy étaient plus rares, plus abattues ; tous les souvenirs attiédissants s’accumulaient en elle de préférence, et lui devenaient son principal aliment. […] Quant à M. de Murçay pourtant, son sentiment, un peu éclipsé durant le règne enflammé de l’autre, recommençait à briller dans sa nuance la plus douce, et cette saison solitaire lui était d’un attendrissement inexprimable, dont les plaintes n’arrivaient qu’imparfaites dans ses lettres à Mme de Pontivy. […] Il y avait des moments plus sombres et comme désespérés, quand le silence de Mme de Pontivy, après une lettre tendre qu’il avait écrite, se prolongeait trop longtemps.

1127. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre douzième. »

Celui-ci, qui, selon le témoignage de Fontenelle, « fournissait ordinairement aux princes les gens de mérite dans les lettres dont ils avaient besoin », fit entrer La Bruyère chez le prince de Condé pour y achever l’éducation du jeune duc de Bourbon commencée chez les jésuites. […] Ce moment dura près de quarante années, les plus belles peut-être de l’histoire de notre nation, non seulement par la gloire des lettres et des arts, mais par l’emploi le plus complet de toutes ses facultés : au dedans, par les conquêtes pacifiques de l’unité sur les restes des institutions et des habitudes féodales ; au dehors, par des guerres glorieuses qui réunissaient au corps de la France des provinces qui en étaient comme les membres naturels. […] Suard dit avec raison « qu’en lisant avec attention les Caractères de La Bruyère, il semble qu’on est moins frappé des pensées que du style, et que les tournures et les expressions paraissent avoir quelque chose de plus brillant, de plus fin, de plus inattendu, que le fond des choses mêmes. » Mais il a tort d’ajouter que c’est moins « l’homme de génie qu’on admire alors que le grand écrivain. » Qu’est-ce donc dans les lettres qu’un grand écrivain qui n’est pas un homme de génie ? […] Lettre à Racine. […] Lettre à Racine.

1128. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre IX. La littérature et le droit » pp. 231-249

C’est le début d’une campagne que le poète poursuivra durant sa vie entière dans ses vers, dans ses pamphlets, dans ses discours, dans ses lettres. […] Cela s’est trouvé vérifié presque à la lettre. […] Quand Malesherbes fut chargé de cette fonction, les lettres bénéficièrent d’une large tolérance. […] Je ne cite que pour mémoire cette littérature judiciaire, et de même les hommes que la magistrature et le barreau ont prêtés à l’histoire, à la sociologie, à la tribune parlementaire, aux lettres. […] La plupart du temps, une certaine hostilité se trahit dans les opinions des gens de lettres à l’égard de la magistrature.

1129. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XI. La littérature et la vie mondaine » pp. 273-292

On a tellement peur des savants et des pédants — deux espèces voisines que l’on confond volontiers — qu’on essaie de rendre les mystères de l’orthographe accessibles à tout le monde ; on propose de supprimer les lettres parasites, inutiles, de rapprocher l’écriture de la prononciation, « afin, dit un projet du temps, que les femmes puissent écrire aussi correctement et assurément les hommes ». […] On terminera une lettre avec toute l’exubérance de la politesse méridionale en se proclamant « le très passionné serviteur » du destinataire. […] Sans parler des écrivains qui causent leurs livres avant de les écrire, ainsi que faisaient, par exemple, Mme de Staël et Alphonse Daudet, n’est-ce pas là qu’on apprend à tourner vivement cette conversation écrite que l’on appelle une lettre ? […] Mais Balzac et Voiture sont là pour témoigner du vide de ces lettres, ampoulées ou badines, qui sont de purs exercices de rhétorique. […] Alphonse Daudet prétend quelque part105 que le « vrai salon littéraire, le salon où des gens de lettres ou se croyant tels s’assemblent une fois par semaine pour dire de petits vers, en trempant des petits gâteaux secs dans un petit thé, ce salon a bien définitivement disparu. » Je ne suis pas aussi sûr qu’il l’était de cette disparition ; je croirais plutôt à une transformation ; mais il est bien certain que telle brasserie, comme celle qu’il nous décrit dans le même livre106, ou comme celle qui fut, suivant Champfleury107, le temple où officièrent les pontifes du réalisme naissant, a eu sa part dans le développement de certaines écoles et de certains talents.

1130. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « L’abbé Maury. Essai sur l’éloquence de la chaire. (Collection Lefèvre.) » pp. 263-286

Une lettre familière, adressée à Dureau de La Malle, et qu’on peut lire à la Bibliothèque nationale, donnerait assez l’idée du ton qu’il avait en écrivant dans l’intimité. […] La lettre est écrite de Paris à Dureau de La Malle qui était pour lors en Anjou (9 décembre 1778). […] Buchez et Roux, le discours avec les circonstances indiquées des interruptions, il est impossible, si l’on n’est pas déjà averti et si l’on prend le tout au pied de la lettre, de saisir l’esprit du drame. […] J’ai appris l’italien comme on apprend sa langue, en écoutant : je conversais avec tout le monde, je prêchais même hardiment dans mon diocèse ; mais je ne serais pas en état d’écrire une lettre. […] Dans les Documents inédits relatifs aux affaires religieuses de la France (1790-1800), extraits des Archives secrètes du Vatican et publiés par Theiner, il se trouve plusieurs lettres et billets de l’abbé Maury.

1131. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires de Marmontel. » pp. 515-538

Logé chez Mme Geoffrin, il était de tous les dîners d’artistes, de tous ceux des gens de lettres, et même des petits soupers mystérieux où, assis entre la belle comtesse de Brionne, la belle marquise de Duras et la jolie comtesse d’Egmont, il lisait ses Contes moraux dans leur primeur. […] Qu’était-ce, je vous prie, qu’un homme de lettres alors, s’il n’avait pas eu les honneurs de la Bastille ? […] Dans les lettres que lui écrit Voltaire, le maître semble condescendre à ces dispositions du disciple, lorsqu’après s’être raillé des diverses cabales, des factions théologiques et autres, il ajoute : « Les chefs de ma faction sont Horace, Virgile et Cicéron. » Il lui écrit encore, comme en voulant correspondre de tout point à ses goûts : « J’entends dire que dans Paris tout est faction, frivolité et méchanceté. […] En jugeant les hommes de lettres et les philosophes de son temps, il les dépouille de cette aigreur et de ce fanatisme dont ils étaient loin d’être exempts sur certains sujets ; il leur prête un peu de sa douceur et de sa propre bonhomie : Ô mes enfants ! […] Membre de l’Académie française depuis 1763 et secrétaire perpétuel depuis 1783, historiographe de France, historiographe des Bâtiments, ayant droit à des logements au Louvre et à Versailles, ayant des pensions sur le Mercure et encore ailleurs, il jouissait, dans les années qui précédèrent la Révolution, de l’existence d’homme de lettres la plus complète qu’on pût souhaiter.

1132. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Rivarol. » pp. 62-84

Rivarol lui adressa deux Lettres pleines de hardiesse et de pensée, dans lesquelles il le harcèle sur son déisme. Dans ces Lettres où il cite souvent Pascal et où il prouve qu’il l’a bien pénétré, Rivarol se place à un point de vue d’épicuréisme élevé qu’il aura à modifier bientôt, quand la Révolution, en éclatant, lui aura démontré l’importance politique des religions. […] ce ne sont ni les impôts, ni les lettres de cachet, ni tous les autres abus de l’autorité, ce ne sont point les vexations des intendants et les longueurs ruineuses de la justice, qui ont le plus irrité la nation, c’est le préjugé de la noblesse pour lequel elle a manifesté le plus de haine : ce qui prouve évidemment que ce sont les bourgeois, les gens de lettres, les gens de finances, et enfin tous ceux qui jalousaient la noblesse, qui ont soulevé contre elle le petit peuple dans les villes, et les paysans dans les campagnes. […] Necker, on avait accusé le rédacteur d’être vendu au ministère : Si cela est, s’écriait Rivarol, nous sommes vendu et non payé, ce qui doit être quand l’acheteur n’existe pas ; et, en effet, il n’y a point de ministère en ce moment… Les cours, à la vérité, ajoute-t-il en se redressant, se recommandent quelquefois aux gens de lettres comme les impies invoquent les saints dans le péril, mais tout aussi inutilement : la sottise mérite toujours ses malheurs.

1133. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Volney. Étude sur sa vie et sur ses œuvres, par M. Eugène Berger. 1852. — II. (Fin.) » pp. 411-433

Volney, que ce délit des Ruines avait déjà fait noter en Corse comme entaché d’hérésie, répondit à Priestley par une lettre écrite de ce ton modéré et sage qui nous revient assez naturellement dès que nous sommes accusés. […] Il est clair (en prenant pour exactes au pied de la lettre les paroles d’Hérodote) que, si l’on pouvait fixer avec précision par l’astronomie la date de cette éclipse, on aurait un point fixe pour classer bien des événements de l’empire des Mèdes. […] Volney, dans une lettre écrite de sa campagne de Sarcelles-sous-Écouen (10 octobre 1809), s’inquiète un peu de l’effet de cet envoi qui tombait au milieu de si grandes choses50. […] Son compatriote Bodin, qui, au tome II de ses Recherches sur l’Anjou, l’a jugé au moral bien sévèrement, cite de lui des lettres de vieillard assez agréables et assez souriantes. […] [NdA] La lettre de Volney se trouve à la page 670 du recueil Le Spectateur militaire, deuxième série, t. 

1134. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXVIII. Des obstacles qui avaient retardé l’éloquence parmi nous ; de sa renaissance, de sa marche et de ses progrès. »

Cette analogie ou ce rapport dut augmenter à la renaissance des lettres. […] Enfin, Balzac la créa parmi nous ; Balzac qui eut longtemps la plus grande réputation, et qu’on n’estime point assez aujourd’hui dont les lettres sans doute sont peu intéressantes et quelquefois ridicules, mais qui, dans ses ouvrages, et surtout dans son Aristippe et dans son Prince, à travers des fautes de goût, a semé une foule de vérités de tous les pays et de tous les temps, et où l’on retrouve l’âme d’un citoyen et la hauteur de la vertu, relevées quelquefois par l’expression de Tacite. […] Un bourgeois de Paris, qui écrivait des lettres à un autre bourgeois, ou à un homme de la cour, voulait intéresser comme Cicéron écrivant à Atticus sur César et Pompée, ou comme Pline qui consultait Trajan. […] Cicéron contre Catilina et contre Antoine, s’abandonnait à son génie ; et les expressions, les tours, les mouvements, venaient le chercher en foule, et se précipitaient au-devant de lui : ce même orateur, quand César régna dans Rome, voulut lui adresser une espèce de discours en forme de lettre, où il conciliât ce qu’il se devait à lui-même, et ce qu’il fallait accorder au nouveau maître que lui avait donné Pharsale ; il recommença six fois, et n’en put venir à bout ; et il y eut, dans l’éloquence même, quelque chose d’impossible à Cicéron. […] Depuis François Ier, époque de la renaissance des lettres, l’esprit national s’avança peu à peu vers ce terme.

1135. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — Post-scriptum » pp. 154-156

Post-scriptum Ces articles sur le marquis d’Argenson m’ont valu des réponses, lettres et dissertations de toutes sortes de la part de M.  […] Il semble vraiment, à lire sa lettre, qu’il faille une licence de lui pour s’occuper de son arrière-grand-oncle.

1136. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre premier. Du rapport des idées et des mots »

Et par quelle merveille trois lettres lui feront-elles voir un âne, et cinq lettres un chien ?

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