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469. (1861) Cours familier de littérature. XI « Atlas Dufour, publié par Armand Le Chevalier. » pp. 489-512

Sera-ce cette petite Macédoine moderne, qu’on appelle le Piémont, auquel vous livrez si aveuglément aujourd’hui l’Italie ; le Piémont, puissance radicalement disproportionnée à son ambition ; monarchie de complaisance, à qui vous faites un rôle plus grand que sa taille dans le drame géographique de l’Europe ; puissance trop faible pour constituer l’Italie et pour la défendre, si vous consentez à lui annexer monarchiquement toute cette péninsule ; puissance trop forte, si vous la laissez former contre vous un bloc de trente millions d’habitants sur votre frontière du midi et de l’est ; excroissance ou chimérique ou périlleuse qui change complétement la situation défensive de la France en changeant la géographie des puissances contiguës ? […] Les anciens gravaient les distances pour les voyageurs sur les bornes milliaires qui bordaient les voies romaines, du Capitole aux extrémités de l’empire ; combien le voyage eût été plus instructif et plus intéressant, si chaque borne milliaire, en vous disant la distance, vous eût raconté en même temps tout ce qui s’était passé avant vous sur chacun de ces espaces circonscrit entre ces deux pierres, et s’il avait reproduit ainsi tous les faits et tous les acteurs, en même temps qu’il reproduisait le lieu de la scène de tous ces grands drames de l’humanité !

470. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Cours de littérature dramatique, par M. Saint-Marc Girardin. (2 vol.) Essais de littérature et de morale, par le même. (2 vol.) » pp. 7-19

Les deux volumes de son Cours, qui traitent De l’usage des passions dans le drame, se composent d’une suite de chapitres plus curieux et plus variés les uns que les autres. […] C’est ainsi que, prenant un à un les différents sentiments, les différentes passions qui peuvent servir de ressorts au drame, il nous en fait l’histoire chez les Grecs, chez les Latins, chez les modernes, avant et après le christianisme : « Chaque sentiment, dit-il, a son histoire, et cette histoire est curieuse, parce qu’elle est, pour ainsi dire, un abrégé de l’histoire de l’humanité. » M. de Chateaubriand avait, le premier chez nous, donné l’exemple de cette forme de critique ; dans son Génie du Christianisme, qui est si loin d’être un bon ouvrage, mais qui a ouvert tant de vues, il choisit les sentiments principaux du cœur humain, les caractères de père, de mère, d’époux et d’épouse, et il en suit l’expression chez les anciens et chez les modernes, en s’attachant à démontrer la qualité morale supérieure que le christianisme y a introduite, et qui doit profiter, selon lui, à la poésie.

471. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Charles Monselet »

, pouvait subsister et respirer tout aussi bien sous une forme didactique ou logique que sous la forme d’un roman, d’un poème ou d’un drame. […] L’écrivain qui a enlevé d’une main si sûre et si habile ce petit chef-d’œuvre de récit et de drame : Un beau brin de fille, n’a pas besoin de collationner de vieilles histoires pour nous intéresser et nous émouvoir.

472. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’architecture nouvelle »

Nous avons entendu les fidèle à de Rossini accueillir les drames lyriques de Wagner par cette phrase caractéristique : « Cela n’est pas de la musique » ; qui niera cependant que Wagner ait enrichi le domaine de l’expression musicale ? […] Renouveler l’ensemble est la marque du grand artiste, et je ne puis m’empêcher ici de songer à Richard Wagner qui, tout en fondant le drame musical, entendait réformer, suivant son tempérament propre, tous les arts qui s’y rattachent, animés du même souffle que l’œuvre principale, incomplète sans eux.

473. (1889) Les artistes littéraires : études sur le XIXe siècle

Il portait en lui, dès le sein de sa mère, le germe de cette maladie du siècle qui a servi de point de départ à tant de romans, drames ou poèmes. […] N’ayant écrit ni grands drames ni épopées romanesques, ce fut dans ses courts poèmes qu’il eut à condenser ses oppositions. […] Quiconque possède la force et la liberté d’esprit indispensables pour composer un poème, un roman ou un drame, aura, pour le moins, cessé de sentir ce qu’il dépeint, et ne l’éprouvera plus que par souvenir. […] Des combats sans pitié, des tortures atroces, un siège aux assauts farouches, les amours sensuellement effrénées d’un chef de bandes, les dévastations et les massacres forment les péripéties successives du drame. […] Ils diffèrent aussi profondément entre eux que les drames ou comédies de Shakespeare se distinguent des puissants traités géométriques où Spinoza étudiait et commentait les passions.

474. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome II

Toutes ces comédies aboutissent à un enseignement évident et direct, de même que toutes sont fondées sur un drame de la vie morale. […] Imaginer un dialogue, c’est donc imaginer deux personnages au moins en action, et le drame naît, le drame qui est action, comme l’étymologie seule l’indique. […] Le drame, l’étymologie l’indique, c’est de l’action, et l’action n’est jamais un très bon signe des mœurs. […] Cependant, sur des scènes inférieures, devant des publics populaires, la fille a joué un rôle de drame ou de comédie. […] Elle est couronnée une des reines du drame, ancien ou moderne.

475. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « IX » pp. 33-36

Dans un article sur mademoiselle Bertin (Revue des Deux Mondes du 15 janvier 1842), je disais à la fin que c’était par le drame que la réforme encore pouvait venir, que l’original serait qu’elle vînt de là. — Voici ce passage : « Moi aussi, j’aimerais de grand cœur à croire à un XVIIe siècle futur plutôt qu’à un Du Bartas, mais il n’est pas en nous que cela finisse de telle ou telle manière.

476. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXXIV » pp. 141-143

— Au Théâtre-Français, hier samedi 4, on a eu la première représentation du drame d’Ève, de M.

477. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — K — Klingsor, Tristan (1874-1966) »

Henri de Régnier Poésie singulière, à la fois galante et funèbre, attifée et naïve, qui sent la marjolaine et le cyprès, mêlée de froissements de soie et de cliquetis d’ossements, chansons qui voltigent sur des drames latents, chansons parfumées d’amour et de mort, charmant et délicieux livre que ces Squelettes fleuris où M. 

478. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » pp. 7-11

Quoique ces deux Pieces soient bien éloignées de ressembler à nos Drames langoureux & romanesques, les sentimens particuliers que ce Poëte a fait connoître en plusieurs occasions, doivent le rendre sensible au reproche d’avoir contribué, par ses talens, à accréditer un genre que ses lumieres réprouvent.

479. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXe entretien. Dante. Deuxième partie » pp. 81-160

Électre, Énée, Hector, César aux yeux d’oiseau de proie, Penthésilée, Lavinie, le premier Brutus, Lucrèce, Saladin, Aristote, Socrate, Platon et cent autres ombres apparaissent et disparaissent sans intérêt pour le drame. […] Ce drame avait rempli l’Italie de bruit, de pitié, de larmes. […] Il y a des scènes et point de drame. […] La sainteté de l’âme béatifiée, le ressentiment amoureux de la femme, la honte silencieuse de l’amant infidèle, la foi du chrétien repentant, la joie du poète qui retrouve sa jeunesse, son innocence et sa vertu dans la première créature qu’il a aimée, y sont fondus dans une telle harmonie de couleurs, de sentiments, de remords, de joie, de larmes, d’adoration, qu’ils rendent à la fois le drame aussi divin qu’humain dans l’âme des deux amants sur les confins des deux mondes. […] » XXV En effet, jusqu’à la fin du dernier chant, son poème, sans action, sans drame, et par conséquent sans dénouement, n’est plus qu’un éblouissement d’étincelles, de feux, de flammes, de lueurs, d’ailes, de fleurs volantes, de trinités lumineuses, resplendissantes dans une seule étoile, de visages rayonnants d’auréoles, de cercles inférieurs se fondant dans d’autres cercles supérieurs, comme les plans superposés de bienheureux échelonnés par tous les peintres d’apothéoses dans les dômes des cathédrales ; saint Bernard, la Vierge Marie, Rachel, Sara, Rebecca, Judith, saint Jean, saint Benoît, saint Augustin, saint Pierre, sainte Anne, Ésaü, Jacob, Moïse, sainte Lucie, patronne de Palerme, y chantent des Hosanna éternels.

480. (1905) Études et portraits. Portraits d’écrivains‌ et notes d’esthétique‌. Tome I.

La révélation est faite, et il y aurait une puérilité à paraître ignorer ce qui fut le drame physique, si l’on peut dire, de ce malheureux homme. […] Seriez-vous bien loin de penser que les symptômes d’une disparition semblable menacent aussi la comédie et le drame en vers ? […] Considérez les drames de ce poète sous le point de vue psychologique ou simplement scénique, leur unité vous semble absolue. […] Shakespeare avait composé des drames d’une poésie supérieure employant des procédés de tous points contraires à ceux d’après lesquels Racine avait écrit ses tragédies. Drames et tragédies n’avaient-ils pas un droit égal à l’admiration ?‌

481. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — A — Autran, Joseph (1813-1877) »

Armand de Pontmartin On commençait à être las des drames de M. 

482. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Dorchain, Auguste (1857-1930) »

. — Maître Ambos, drame en vers, en collaboration avec François Coppée (1886)

483. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gourmont, Remy de (1858-1915) »

Marcel Schwob De petites pages comme frottées de ciguë, entre lesquelles ont séché des brins d’ancolie, semées de mots suraigus et blêmes ; des phrases aux contours rapides, semblables à de simples coups de pinceau qui suggèrent tous les gestes de la vie par une ligne grasse ; des perversités promptes et acérées, et qui entrent en agonie dès qu’elles ont été conçues ; un monde minuscule de drames brefs, haletants, qui tournoient follement ainsi que des petites toupies dans leurs derniers circuits ; des sentiments éphémères comme les renouveaux lassés des fins de passion.

484. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 104-107

Laus de Boissy a fait huit ou dix Comedies, dont aucune n’a été jugée digne des honneurs de la représentation ; des Drames, des Proverbes, des Opuscules, des Opéra-comiques, des Contes moraux, & d’autres Ouvrages qui n’eussent jamais vu le jour, s’il ne les eût fait imprimer à ses frais, & qui n’ont servi qu’à le couvrir de ridicule aux yeux de tous ceux qui ont eu la patiente curiosité de les parcourir.

485. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Molière »

Vrai poète de drame, ses ouvrages sont en scène, en action ; il ne les écrit pas, pour ainsi dire, il les joue. […] J’ai cherché à soutenir ailleurs que chaque esprit sensible, délicat et attentif, peut faire avec soi-même, et moyennant le souvenir choisi et réfléchi de ses propres situations, un bon roman, mais un seul ; j’en dirai presque autant du drame. On peut faire jusqu’à un certain point une bonne comédie, un bon drame, en sa vie ; témoin Gresset et Piron. […] L’ingénieux critique allemand Tieck a essayé de discerner la personne de Shakspeare dans quelques profils secondaires de ses drames, dans les Horatio ; les Antonio, aimables et heureuses figures. […] C’est ce qui est arrivé à notre célèbre contemporain en ses drames.

486. (1837) Lettres sur les écrivains français pp. -167

Souvestre passait, dans le monde littéraire, pour n’être pas étranger au drame d’Antony, qui a valu tant de gloire à M.  […] Mlle Ida eut le principal rôle de ce drame, et s’y fit remarquer pour la première fois, d’obscure qu’elle avait été jusque-là au théâtre. […] Scribe ; il ne fait plus de drames, mais des vaudevilles, des livrets d’opéras-comiques, des remaniements de pièces. […] Félix Pyat un drame fort bien écrit, joué à la Porte Saint-Martin, sous le titre de : Le Brigand et le Philosophe. […] Vous savez que ce drame (qui, à part l’idée première attribuée à M. 

487. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Soulary, Joséphin (1815-1891) »

Le plus souvent, ce sont de petits drames, de petites compositions achevées qui sont parvenues, on ne sait comment, à se loger dans cette fiole à étroite encolure.

488. (1888) La critique scientifique « Avant-propos »

Tandis que les écrits de la première sorte s’attachent, en effet, à critiquer, à juger, à prononcer catégoriquement sur la valeur de tel ou tel ouvrage, livre, drame, tableau, symphonie, ceux de la seconde poursuivent, comme on sait, un tout autre but, tendent à déduire des caractères particuliers de l’œuvre, soit certains principes d’esthétique, soit l’existence chez son auteur d’un certain mécanisme cérébral, soit une condition définie de l’ensemble social dans lequel elle est née, à expliquer par des lois organiques ou historiques les émotions qu’elle suscite et les idées qu’elle exprime.

489. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préfaces de « Han d’Islande » (1823-1833) — Préface de 1833 »

Dans toute œuvre de la pensée, drame, poëme ou roman, il entre trois ingrédients : ce que l’auteur a senti, ce que l’auteur a observé, ce que l’auteur a deviné.

490. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre premier. Beaux-arts. — Chapitre II. Du Chant grégorien. »

Le récitatif de l’historien, les cris de la populace juive, la noblesse des réponses de Jésus, forment un drame pathétique.

491. (1921) Esquisses critiques. Première série

Ce sont trois drames de la conscience religieuse. […] Maeterlinck, aujourd’hui un drame de M.  […] Que nous montrent-ils volontiers comme drames sentimentaux ? […] Voilà le drame !… Eh bien non, il fallait que le drame fût tout autre chose.

492. (1856) Réalisme, numéros 1-2 pp. 1-32

Mais, tout en disant cela, il faisait des drames, il faisait des livres qui rarrangeaient la nature, et il travaillait en faux d’une autre manière, mais tout autant que ceux qu’il attaquait. […] Le drame et le vaudeville ont seuls essayé de cette voie. […] Mais, du drame et du vaudeville, qu’est-il advenu ? Le drame s’est sensibilisé outre mesure, il n’a compté qu’avec les passions extrêmes de la foule, il a pris la tête des spectateurs pour une enclume dont il était le marteau. […] Bouilhet doit se trouver flatté de la haute position que nous lui avons faite en nous occupant aujourd’hui exclusivement de son drame.

493. (1898) Ceux qu’on lit : 1896 pp. 3-361

On verra, aux extraits que nous en donnons plus bas, l’intérêt tout particulier qui ressort de certaines lettres avec lesquelles chacun essaiera de reconstituer un drame dont on ne peut connaître que quelques scènes. […] S’il en était une dans ce livre, elle traiterait de l’amitié ; en effet, malgré le rôle qu’y joue l’amour, c’est elle qui y domine, qui conduit tout le drame, la tragédie, car en dépit du titre que lui a donné l’auteur, l’idylle y entre pour peu de chose. […] Le dénouement de ce drame fiévreux se produit par l’apaisement des âmes — je devrais dire des sens — par la guérison d’une horrible maladie morale. […] Une trentaine de nouvelles composent ce volume, qui contient, résumés en une forme claire, avec une verve toujours rajeunie, les sujets de très amusants vaudevilles, de fines comédies et de drames émouvants. […] Les uns, ceux de la guerre d’Espagne, sont une sorte de roman d’une émotion palpitante ; les autres, ceux de la campagne de Russie, constituent un véritable drame aux épisodes terribles.

494. (1902) La poésie nouvelle

Le livre de vers apparaît donc comme « un drame se passant dans une conscience avec un personnage principal, se multipliant en une foule de personnages qui ne sont que facettes de ses idées avec l’évocation du reflet sur sa conscience des personnages qu’il évoque comme interlocuteurs56. » ‌ De cette conception d’un vaste ouvrage, tel que les Palais Nomades, résulte son heureuse variété. […] Et la synthèse est merveilleusement complexe ; elle embrasse dans son unité supérieure toutes les pensées et sensibilités diverses dont se constitue une âme collective et des êtres nombreux apparaissent là qui, sans être différenciés tout à fait les uns des autres comme les personnages d’un drame, y sont plutôt les éléments d’une ample symphonie. […] Le poème prend ici la forme du drame : des forces déchaînées s’y heurtent. Drame sombre et d’incertaine conclusion, beau dans son obscurité même, qui semble l’obscurité persistante des aubes difficiles où les premières lueurs de réveil s’élèvent parmi des brumes et des fumées. […] …‌ C’est encore une idée morale qui anime le drame du Cloître83 , si poignant et d’une telle force de tragique intérieur.

495. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ALFRED DE MUSSET. » pp. 218-221

De la passion et de l’esprit, voilà donc son double lot dans ses charmants contes, dans ses petits drames pétillants et colorés.

496. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre I. Du comique en général »

Détachez-vous maintenant, assistez à la vie en spectateur indifférent : bien des drames tourneront à la comédie. […] Là paraît précisément résider, — comme nous essaierons de le montrer en détail dans la dernière partie de cette étude, — la différence essentielle entre la comédie et le drame. Un drame, même quand il nous peint des passions ou des vices qui portent un nom, les incorpore si bien au personnage que leurs noms s’oublient, que leurs caractères généraux s’effacent, et que nous ne pensons plus du tout à eux, mais à la personne qui les absorbe ; c’est pourquoi le titre d’un drame ne peut guère être qu’un nom propre.

497. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. EUGÈNE SUE (Jean Cavalier). » pp. 87-117

Ils n’existent que dans le drame moderne ou dans le roman. » Je ne nie pas qu’il n’y ait mainte fois de la charge et du cumul dans l’expression ; mais, pour prendre le meilleur selon moi, le plus habile et le plus raffiné des romans de mœurs de M. […] Je me rappelle avoir été témoin, certain soir et dans un hôtel de la meilleure compagnie, d’un drame domestique réel très-imprévu, et qui justifiait tous ceux de Dumas. […] Avec toute autre époque on peut, je m’imagine, éluder jusqu’à un certain point ; on emprunte quelque appareil de ce temps-là, quelques locutions qui sentent leur saveur locale ; on se déguise, on jette du drame à travers, et l’on paraît s’en tirer.

498. (1868) Alexandre Pouchkine pp. 1-34

Parmi des refrains de Bohême, les hurlements de l’ours et le cliquetis incessant de sa chaîne ; partout des haillons aux couleurs criardes : ici des enfants et des vieillards à demi nus, là des chiens qui hurlent et aboient ; le violon ronfle, les roues grincent sur le sable, tout est sauvage, misérable, désordonné… » Sous le titre de Boris Godounov, Pouchkine a composé un drame historique dans la forme de ceux de Shakespeare, avec l’aventure du premier des faux Démétrius. […] Le drame se terminant à la mort de la veuve et du fils de Boris, Pouchkine n’a pas traité une autre situation, qui me paraît digne de sa plume. […] Un de mes amis possède le manuscrit du drame de Boris Godounov, annoté au crayon par l’empereur, qui s’est borné à quelques critiques littéraires, la plupart fort justes.

499. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre II. Des poëtes étrangers. » pp. 94-141

Le seul Dom Pedro Calderon de la Barca a imprimé neuf volumes de Comédies, & six de ses Drames saints que l’on représente en certains tems de l’année, & particuliérement à la Fête-Dieu. […] Ses Drames sont monstrueux pour la forme, sans unité dans le dessein, sans moralité dans l’action, sans bienséance dans les détails. […] Ce Drame est entremêlé de Chants, placés dans les endroits où il s’agit d’exprimer quelque grand mouvement de l’ame.

500. (1899) Le roman populaire pp. 77-112

Il a compris admirablement les conditions que réclame non pas le grand public, mais l’immense public auquel un roman peut aller, et, si le livre est déparé par d’énormes défauts, il a néanmoins la simplicité, l’ampleur et, par endroits, la haute moralité qui doivent marquer un drame destiné à passionner et à élever l’esprit du peuple. […] Et plus loin, lorsque sur le champ de bataille, à huit heures du soir, la Garde de l’Empereur s’ébranle, n’a-t-on pas, toutes les imaginations humaines n’ont-elles pas la vision du drame, dans ces lignes de Victor Hugo : « Quand les hauts bonnets des grenadiers de la Garde, avec la plaque à l’aigle, apparurent, symétriques, alignés, tranquilles, superbes, dans la brume de cette mêlée, l’ennemi sentit le respect de la France ; on crut voir vingt victoires entrer sur le champ de bataille, ailes éployées, et ceux qui étaient vainqueurs, s’estimant vaincus, reculèrent, mais Wellington cria : “Debout, gardes, et visez juste !” […] Quelques romans récents, comme le Désastre, ont élargi les cadres ordinaires et indiquent une sorte d’aspiration vers le drame national et l’épopée.

501. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre IV. — Molière. Chœur des Français » pp. 178-183

Représentation des mœurs sociales dans le cercle de la vie privée249, le drame comique a pour condition l’observation250.

502. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Blémont, Émile (1839-1927) »

. — Roger de Naples, drame en 5 actes et en vers (1888). — La Raison du moins fort (1889). — Les Pommiers fleuris (1891). — Alphabet symbolique (1895). — La Belle Aventure, vers d’amourette et d’amour (1895). — A. 

503. (1923) Les dates et les œuvres. Symbolisme et poésie scientifique

Un Drame devait-il venir ainsi qu’en couronnement synthétique ? […] Le Vers était le mode élocutoire de l’individu pensant, de l’Homme : les idées du drame s’énonçaient par lui. […] Evidemment, la Figure centrale du drame Mallarméen, l’Homme, c’est le prêtre responsable du Divin, et opérant avec le Divin l’union de la Multitude. […] Mais nous n’avons là qu’une description incomplète, morcelée, grandiose par endroits, de l’extériorité seule du Drame. […] Il nous a dit les acteurs permanents de son drame, et non ce qu’ils devaient exprimer.

504. (1896) Les idées en marche pp. 1-385

Il se joue en lui un de ces drames intimes auprès desquels Ibsen paraît pâle. […] Même fondu sentimental, même poursuite du drame intérieur unique auquel tout concorde et conduit. […] Ce drame caractérise la manière de M.  […] Cette autre enfin tressaille de drames et de comédies. […] C’est le plus terrible des drames.

505. (1876) Romanciers contemporains

Comme Madame Bovary, Fromont jeune et Risler ainé est le drame de l’adultère ; mais nous allons toucher du doigt les différences. […] L’exposition est heureuse en ce qu’elle fait de suite pénétrer au cœur même du drame. […] Une nouvelle génuflexion le plia ; il se signa à haute voix, joignit les mains devant la poitrine, commença le grand drame divin, d’une face toute pâle de foi et d’amour. […] Sans le devoir, il n’y a plus d’obstacles ; sans la passion, il n’y a plus de drame. […] Le Drame de la jeunesse, ce sont les mémoires personnels de M. 

506. (1868) Curiosités esthétiques « V. Salon de 1859 » pp. 245-358

Dès lors, le tableau, privé d’unité, ressemble à ces mauvais drames où une surcharge d’incidents parasites empêche d’apercevoir l’idée mère, la conception génératrice. […] Il compose admirablement, groupe avec esprit, colore avec ardeur, et jette une flamme amusante dans tous ses drames ; drames, car il a la composition dramatique et quelque chose qui ressemble au génie de l’opéra. […] Enfin, quel que soit le moyen le plus visiblement employé par l’artiste, que cet artiste soit Holbein, David, Velasquez ou Lawrence, un bon portrait m’apparaît toujours comme une biographie dramatisée, ou plutôt comme le drame naturel inhérent à tout homme. […] (je ne prends pas pour marines des drames militaires qui se jouent sur l’eau), mais aussi un genre que j’appellerais volontiers le paysage des grandes villes, c’est-à-dire la collection des grandeurs et des beautés qui résultent d’une puissante agglomération d’hommes et de monuments, le charme profond et compliqué d’une capitale âgée et vieillie dans les gloires et les tribulations de la vie. […] En vérité, de tels sujets ne sont pas dignes d’un talent aussi mûr, et le jury s’est bien conduit en repoussant ce vilain drame.

507. (1927) André Gide pp. 8-126

André Gide a écrit aussi des drames : Saül, Le Roi Candaule, etc… Ne pouvant être complet, je vous recommanderai particulièrement ses deux volumes de critique : Prétextes et Nouveaux prétextes. […] Bethsabé, autre petit drame, nous ramène à la poésie de la Bible, dont M.  […] Le fils aîné du pasteur, Jacques, étudiant en théologie, s’éprend de Gertrude, et le drame se complique d’un conflit de doctrine. […] Un drame de Shakespeare, une tragédie de Corneille ou de Racine, ressemble à tout ce qui se faisait à l’époque, et le Panthéon à tous les temples grecs. […] Car « la manière dont le monde des apparences s’impose à nous et dont nous tentons d’imposer au monde extérieur notre interprétation particulière fait le drame de notre vie ».

508. (1882) Types littéraires et fantaisies esthétiques pp. 3-340

Le trésor de ces drames héroïques et mystiques n’a pas grossi le patrimoine moral du genre humain. […] Il existe un drame de Calderon que nous n’avons jamais pu lire sans frissonner. […] Le drame s’appelle La Dévotion à la Croix. […] Qu’est-ce qui est saisissant et poétique dans ce drame ? […] Quel drame !

509. (1892) Un Hollandais à Paris en 1891 pp. -305

Ce divertissement interrompt tout à coup, avec des chocs et des éclairs d’armes blanches, le cours paisible du drame littéraire. […] Byvanck, à qui suffit la comédie humaine, ne va guère entendre des drames. […] Telle est l’exposition du drame. […] D’ailleurs, le drame vous empoigne par la vérité psychologique de ses situations. […] « Et voilà bien le sujet du drame moderne dont nous parlait Barrès.

510. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gautier, Judith (1845-1917) »

La pièce de Mme Judith Gautier est imitée de plusieurs drames japonais, habilement fondus en une action unique… J’ai indiqué rapidement les lignes principales de cette œuvre saisissante, où l’églogue et l’élégie se mêlent à l’épopée.

511. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — T — Theuriet, André (1833-1907) »

André Theuriet l’a compris, et ses délicieux paysages des bois, tout imprégnés de la senteur forestière, sont animés d’un sentiment profond qui s’élève parfois jusqu’au pathétique ; quelques-unes de ses églogues sont de véritables petits drames dont la concision augmente le tragique effet.

512. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préface des « Voix intérieures » (1837) »

Ce résultat, quoique l’auteur de ce livre soit bien peu de chose pour une fonction si haute, il continuera d’y tendre par toutes les voies ouvertes à sa pensée, par le théâtre comme par le livre, par le roman comme par le drame, par l’histoire comme par la poésie.

513. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre troisième. Suite de la Poésie dans ses rapports avec les hommes. Passions. — Chapitre premier. Que le Christianisme a changé les rapports des passions en changeant les bases du vice et de la vertu. »

S’il existait une religion qui s’occupât sans cesse de mettre un frein aux passions de l’homme, cette religion augmenterait nécessairement le jeu des passions dans le drame et dans l’Épopée ; elle serait plus favorable à la peinture des sentiments que toute institution religieuse qui, ne connaissant point des délits du cœur, n’agirait sur nous que par des scènes extérieures.

514. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIVe entretien. Alfred de Vigny (1re partie) » pp. 225-319

Le drame, qu’on a accusé de ne pas se rapprocher assez de l’exactitude de l’histoire dans les scènes secondaires, n’a qu’un défaut : c’est celui du genre, c’est celui de Walter Scott lui-même. […] Il écrivit le drame révolutionnaire ou plutôt socialiste de Chatterton. […]   * * * « Voilà le sentiment et le vœu qui m’a fait écrire ce drame ; je ne descendrai pas de cette question à celle de la forme d’art que j’ai créée. […] avec elle périrait un plaidoyer en faveur de quelques infortunés inconnus ; mais je crois trop pour craindre beaucoup. — Je crois surtout à l’avenir et au besoin universel de choses sérieuses ; maintenant que l’amusement des yeux par des surprises enfantines fait sourire tout le monde au milieu même de ses grandes aventures, c’est, ce me semble, le temps du DRAME DE LA PENSÉE. […] Il n’y a pas un plus habile début de drame dans Molière lui-même.

515. (1911) Visages d’hier et d’aujourd’hui

Et le drame n’y gagne pas ce que la science a perdu. […] Car Maurice Donnay, avec ses façons un peu nonchalantes d’abord, mène bientôt sa comédie au drame, vigoureusement ; à un drame pathétique où se mêlent, se heurtent des idées, des sentiments, des intérêts, où s’affrontent des individualités ; à un drame parfois si rude qu’il laisse une impression d’angoisse. […] Plutôt, il laisse le drame venir. […] … Tel est le drame. Or, le drame tient dans le quatrième et dernier acte, dans une partie du quatrième et dernier acte.

516. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre III. Ben Jonson. » pp. 98-162

Ses drames. —  Catilina et Séjan. —  Pourquoi il a pu peindre les personnages et les passions de la corruption romaine. […] Ainsi, dans les drames qu’on vient de citer, le poëte parfois atteint au sommet de son art, rencontre un personnage complet, un éclat de passion sublime ; puis il retombe, tâtonne parmi les demi-réussites, les figures ébauchées, les imitations affaiblies, et enfin se réfugie dans les procédés du métier. […] De retour en Angleterre, âgé de dix-neuf ans, il monta sur les planches pour gagner sa vie, et se mit aussi à remanier des drames. […] Les personnages se meuvent en lui, presque sans son concours ; il attend qu’ils parlent, il demeure immobile, écoutant leurs voix, tout recueilli, de peur de déranger le drame intérieur qu’ils vont jouer dans son âme. […] Joignez-y encore sa noblesse morale, son âpreté, sa puissante colère grondante, exaspérée et acharnée contre les vices, sa volonté roidie par l’orgueil et la conscience, « sa main armée et résolue à dépouiller, à mettre nues, comme au jour de leur naissance, les folies débraillées de son siècle, à imprimer sur leurs flancs éhontés les sillons de son fouet d’acier122  » ; par-dessus tout le dédain des basses complaisances, le mépris affiché « pour les esprits éreintés qui trottent d’un pied écloppé aux gages du vulgaire », l’enthousiasme, l’amour profond « de la Muse bienheureuse, âme de la science et reine des âmes, qui, portée sur les ailes de son immortelle pensée, repousse la terre d’un pied dédaigneux, et va heurter la porte du ciel123. » Voilà les forces qu’il a portées dans le drame et dans la comédie ; elles étaient assez grandes pour lui faire une grande place et une place à part.

517. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers (3e partie) » pp. 249-336

Thiers raconte ce divorce, jette l’intérêt d’un drame de famille au milieu du drame militaire qui embrase l’Europe. […] Les désastres et l’évacuation de l’Espagne ; la campagne de Saxe, dernière étreinte des bras qui veulent retenir en vain le monde tout entier quand chacune de ses conquêtes lui échappe ; les faux retours de gloire à Dresde, à Lützen, à Bautzen ; les négociations de mauvaise foi avec l’Autriche, négociations aussi exigeantes après les revers qu’après les victoires ; le tombeau de la dernière armée française à Leipsick ; la retraite sur le Rhin ; le second retour de Napoléon sans armée à Paris, pour demander le dernier soldat à la terre qui lui a donné en trois ans trois armées de six cent mille soldats à jouer et à perdre, sont les dernières scènes de ce magnifique drame entre un homme et l’univers. […] À ce drame universel il fallait un écrivain universel. […] Mais de chaque scène de ce grand drame il ne sort de la bouche de l’historien qu’un léger blâme pour ce héros emporté trop loin par son génie, et toujours ce mot de génie appliqué aux plus ruineuses folies du monde, et toujours ce mot de gloire jeté comme une amnistie de la justice sur les plus lugubres catastrophes de l’humanité !

518. (1899) Les industriels du roman populaire, suivi de : L’état actuel du roman populaire (enquête) [articles de la Revue des Revues] pp. 1-403

Les maîtres du drame et du roman s’appliquent souvent à concentrer là toute leur puissance. […] Les ficelles du drame étaient usées… jusqu’à la mèche. […] Il signera d’une main généreuse des romans, des drames, des mélodrames, qui l’enrichiront et le rendront célèbre, sans qu’il ait à peine besoin d’y penser. […] Le drame doit se produire naturellement par le choc des caractères et des passions et non par des événements de pure imagination, plus ou moins invraisemblables et qui, par cela même, n’ont aucune portée, aucune valeur. […] Pour ne rien laisser perdre de l’intérêt de ce drame réel, dans le supplément du dimanche, des images en couleurs exagèrent l’atrocité de la scène, les convulsions de la victime, le geste de l’égorgeur.

519. (1910) Variations sur la vie et les livres pp. 5-314

Les drames originaux de Chatterton et de la Maréchale l’Ancre se soutiennent avec noblesse. […] La tragédie de La Fosse est tirée du drame d’Otway qui en avait pris le sujet dans la Conjuration célèbre et admirable de l’abbé de Saint-Réal. […] La tragédie de La Fosse est médiocre, et le drame boursouflé d’Otway ne vaut guère mieux. […] Par contre, le drame shakespearien est imparfait et brouillé dans sa forme, assujetti sans doute aux procédés de l’époque. […] Un drame satirique perdu d’Euripide portait le titre d’Autolycus.

520. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIe entretien. Molière et Shakespeare »

Ce fut par ce théâtre-là que Shakespeare entra dans le drame. […] VI Examinons ce qui justifie cet engouement devenu immortalité dans le nom et dans l’œuvre de Shakespeare ; prenons le point culminant de cette œuvre ; selon moi, c’est le drame de Macbeth. […] Le drame s’ouvre par un conciliabule de sorcières ou de fées du moyen âge, pendant une tempête, sur une bruyère montagneuse, aride et désolée. […] Que vous êtes heureux, vous, d’avoir échappé par la mort à ce drame lugubre de votre ami !

521. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — II. (Suite.) » pp. 463-478

La Guerre d’Alsace pendant le grand schisme d’Occident, terminée par la mort du vaillant comte Hugues, surnommé le soldat de saint Pierre, drame historique en prose, sans nom d’auteur, imprimé à Bâle en 1780, et qui paraît n’avoir eu aucun écho en France, fut la dernière tentative de Ramond dans l’ordre de la littérature proprement dite et de l’imagination. […] On a là toute une matière de drame, la suite et le mouvement des scènes ; les principaux caractères même sont assez bien esquissés, et il y a un personnage d’Othilie qui a de la grâce et de l’idéal.

522. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Sur la reprise de Bérénice au Théâtre-Français »

Après les drames compliqués qui ont mis en œuvre tant de machines, l’extrême simplicité retrouve des chances de plaire ; après la Tour de Nesle et les Mystères de Paris (je les range parmi les drames à machines), c’est bien le moins qu’on essaie d’Ariane et de Bérénice.

523. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre V. La Fontaine »

Les Fables : ce qu’il a fait du genre : drame et lyrisme. — 3. […] Chaque récit est composé comme un drame, avec son exposition, ses péripéties, son dénouement.

524. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre II. Le mouvement romantique »

Un seul doit nous arrêter : Désiré Nisard730, qui donna, en 1833, son violent manifeste contre la littérature facile, où il prenait à partie la brutalité convenue des romans, et le pittoresque plaqué des drames. […] Nodier,Faust, drame en trois actes. 1828.

525. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Le symbolisme ésotérique » pp. 91-110

Cette aventure, tragique à la fois et ridicule, offre les éléments d’un drame shakespearien, d’un roman échappé à l’imagination d’un Balzac. […] * *   * Dans le Serpent de la Genèse, œuvre divisée en trois septaines, Stanislas de Guaita étudie le drame de la chute originelle.

526. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « VII » pp. 25-29

Les loges étaient des mieux occupées ; ce parterre d’étudiants intelligents et tapageurs faisait diversion et ajoutait à l’intérêt du drame.

527. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXXIV » pp. 294-298

Saint-Marc Girardin avait pour titre principal de son admission à l’Académie un ouvrage sur l’usage des passions dans le drame, où M.

528. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXXXI » pp. 323-327

Mais ayant voulu étudier plus à fond la philosophie et les ouvrages d’Abélard, il a laissé son drame de côté et l’a condamné à l’oubli.

529. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bouchor, Maurice (1855-1929) »

. — Dieu le veut, drame en cinq actes et six tableaux (1888). — Les Symboles, poèmes (1888). — Tobie, légende biblique en vers et cinq tableaux (1889). — Noël ou le Mystère de la Nativité, en vers (1890). — Trois mystères : Tobie, Noël, Sainte-Cécile (1899). — Les Mystères d’Éleusis, pièce en quatre tableaux, en vers (1894). — Les Symboles, nouvelle série (1895). — Les Chansons de Shakespeare (1896). — Conte de Noël, un acte, en vers (1897). — Chants populaires pour les écoles (1897). — Aux femmes d’Alsace (1897). — Lectures et récitations (1898). — La Chanson de Roland, traduction en vers (1898). — Vers la pensée et vers l’action (1899).

530. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Ghil, René (1862-1925) »

De même que tous les volumes se relient les uns aux autres, se font suite et se pénètrent par l’idée générale et les motifs musicaux, comme les instants d’un drame lyrique, de même tous les poèmes sont solidaires et se complètent, voix multiples pour un dire unique.

531. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » pp. 493-499

Mais sans parler de Térence, où nous trouverions des scènes aussi touchantes & aussi pathétiques que dans les Pieces de M. de la Chaussée, on ne peut pas nier que les Poëtes qui ont précédé Corneille & Moliere n’aient composé une infinité de Drames de cette espece, qui ont toujours trouvé des contradicteurs parmi les gens de goût.

532. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Préface »

Les dieux reviennent presque à chaque page, dans ces études sur des drames qui étaient avant tout des fêtes religieuses.

533. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Mercier » pp. 1-6

dans les cent actes d’un drame sublime.

534. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Furetière »

Peintre de mœurs dans un cadre étroit et qu’il n’a pas dépassé, il a créé des types auprès desquels les types de la comédie en qui nous croyons le plus, les Chrysale, les Dandin, les Vadius, les Jourdain, les Chicaneau, ne sont que de véritables maigreurs dramatiques ; car le drame ne permet pas de faire le tour d’un type comme le roman, dans lequel un personnage plus grand que nature ne cesse pas pour cela d’être nature.

535. (1856) Le réalisme : discussions esthétiques pp. 3-105

On n’admet pas que la vie habituelle puisse fournir un drame complet. […] Un drame réel ne commence pas par une action saillante ; quelquefois il ne se dénoue pas, de même que l’horizon que nous apercevons n’est pas la fin du monde. […] C’est un gentilhomme amateur qui écrit de pareilles misères ; vos drames de campagne sont entachés de réalisme. […] Champfleury « à cause de la pensée qui y est enfermée, à cause du drame complet et humain, où le grotesque, les larmes, l’indifférence, sont traités en grand maître ». […] Si le panégyriste était obligé d’analyser pièce à pièce ce drame complet et humain, s’il était obligé de nous dire quelle est, en somme, la pensée qui y est contenue, peut-être serait-il un peu gêné dans le transport de son enthousiasme.

536. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Werther. Correspondance de Goethe et de Kestner, traduite par M. L. Poley » pp. 289-315

En effet, s’il le médita et le couva dès auparavant, il ne dut point commencer à l’écrire avant le mois de septembre 1773, c’est-à-dire un an après son départ de Wetzlar, et lorsqu’il eut publié son drame de Götz n. […] Cependant la grande consolation intérieure, l’occupation poétique dure et augmente : il publie son Götz de Berlichingen ; il écrit des drames, des romans, dit-il, et autres choses de ce genre (juin 1773) ; et en septembre il commence sa confidence couverte de Werther aux jeunes époux désormais installés à Hanovre : « Je fais de ma situation le sujet d’un drame que j’écris en dépit de Dieu et des hommes.

537. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire (suite et fin). »

Un jour qu’un lecteur s’étonnait, devant un célèbre auteur de romans et de drames, que ceux qui répandent des choses si touchantes dans leurs écrits parussent souvent en mettre si peu dans leur vie : « Qu’y a-t-il d’étonnant à cela ? […] C’est un rude drame que celui où le peuple joue le tyran. Mon ami, ce drame-là ne peut se dénouer qu’aux Enfers.

538. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (4e partie) » pp. 81-143

Ce romanesque, qui sort des événements arbitrairement inventés pour les besoins du drame, est la partie faible du roman. […] Du ridicule au sublime il n’y a qu’un pas, dit Napoléon ; Victor Hugo ne le franchit jamais, mais dans cette partie du drame il le côtoie sans cesse. […] Mais Goethe a exagéré la note ; Chateaubriand y mêle trop de lamentations mélancoliques ; Bernardin de Saint-Pierre, quoique parfait et modeste, a été obligé d’aller chercher la source des larmes dans les îles de l’océan Indien, et d’emprunter leur émotion aux plus grandes tragédies de la nature : les tonnerres, les tempêtes, les naufrages, agents de ce drame qui n’avait eu jusqu’à lui aucun modèle dans l’antiquité.

539. (1863) Le réalisme épique dans le roman pp. 840-860

Schiller s’appelait idéaliste parce que son point de départ était une idée abstraite et qu’il chargeait cette idée de créer les personnages de ses drames ; Goethe se disait réaliste parce que son point de départ était la réalité, la nature, la vie, observées dans leurs phénomènes innombrables. […] Sous le coup de la honte qu’elle vient de subir, — car la honte de Judith est nécessaire dans le drame de M.  […] Je cherche vainement parmi les acteurs du drame un concitoyen de Regulus, et quant au Grec Spendius, on a vu quelles qualités de l’esprit hellénique représente ce personnage avili.

540. (1913) Les livres du Temps. Première série pp. -406

La rupture s’opère sans drame, sans larmes, comme une chose naturelle et prévue. […] Ses drames sont des poèmes symboliques, faits surtout pour la lecture et la méditation dans la solitude. […] Tête d’Or est le premier de ces drames de M.  […] Et ce drame rappelle les pittoresques et diaboliques récits de Barbey d’Aurevilly. […] J’ai créé toutes les fêtes, tous les triomphes, tous les drames.

541. (1769) Les deux âges du goût et du génie français sous Louis XIV et sous Louis XV pp. -532

Ses Drames sont de grands tableaux qu’il faut voir dans l’éloignement. […] Un Drame trop compliqué manque son objet. Un Drame trop simple ne le remplit que foiblement. […] Tout dans ses Drames tourne au profit de l’humanité. […] On a aussi distingué le coloris des Drames de MM.

542. (1892) Sur Goethe : études critiques de littérature allemande

Ils veulent tout devoir à l’Angleterre et rien aux Français, si ce n’est de plates tragédies et des drames larmoyants dont nous ne revendiquons nullement la créance. […] C’est alors que deux personnages nouveaux interviennent activement dans ce drame. […] Quelques-uns de nos lecteurs ont sans doute remarqué l’effet singulier que produit Gœtz de Berlichingen, le premier drame de Goethe. […] Freytag qu’au drame de Goethe ; la même variété de scènes y aboutit à la même unité d’impression. […] Freytag, et c’est celui qui est peint des couleurs les plus vives : là est la comédie, là est le drame.

543. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Laprade, Victor de (1812-1883) »

Ils ont vu l’auteur de Psyché et d’Hermia devenir délicieusement chrétien dans les Poèmes évangéliques, s’enflammer jusqu’à la satire pour la défense de sa foi et de ses convictions, unir dans Pernette le drame à l’idylle, trouver, pendant les désastres de l’invasion allemande, des accents inoubliables de douleur et de patriotisme, répandre enfin, dans le Livre d’un père, les mâles et charmantes tendresses de son cœur.

544. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Madame de La Fayette ; Frédéric Soulié »

Les Mémoires en question, les autres romans de l’auteur, ces drames de toute forme, très intrigués et dans lesquels les événements semblent des nœuds gordiens impliqués les uns dans les autres, frappèrent à poing fermé sur l’imagination d’une époque qui avait ressenti les étincelantes secousses du Romantisme.

545. (1854) Causeries littéraires pp. 1-353

On commençait à être las des drames de M.  […] Georges est intéressant et vrai, mais ce n’est pas un caractère, ou du moins c’est un caractère de drame plutôt que de comédie. […] Ponsard de ne pas l’avoir développée ; sa vieille fille ne fait que passer dans le drame ; elle dit quelques mots et disparaît. […] — À l’époque dont je vous parle, tout le monde était en train d’inventer quelque chose, drame ou roman, chronique ou dialogue, élégie ou ode, tableau ou statue, religion ou orthographe. […] Duviquet, le chef d’emploi, devint électeur ; il alla voter, et, pendant ce temps, Jules Janin rendit compte d’un drame, intitulé le Nègre, dont l’auteur, M. 

546. (1891) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Quatrième série

Drames en prose et drames en vers, tragédies et tragi-comédies, drames historiques et drames légendaires, sujets pieux, sujets païens, pastorales mythologiques ou bergeries amoureuses, on dirait au théâtre, comme un peu partout, d’ailleurs, le triomphe, non pas de la liberté, mais de l’indiscipline et du dérèglement. […] On veut maintenant de l’action dans le drame. Pour satisfaire à cette condition qu’on exige de lui, le drame tente sur lui-même une épreuve nouvelle. […] Si le drame sait qu’il doit être une action, il cou fond malheureusement encore l’action avec l’agitation. […] Il ne forma certes point le projet de substituer la liberté du drame espagnol à la régularité commençante des tragédies de Garnier.

547. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre VI. La parole intérieure et la pensée. — Second problème leurs différences aux points de vue de l’essence et de l’intensité »

Et ce n’est pas sans raison que cette maxime est invoquée par Horace à propos du drame : aux époques primitives, quand les hommes se contentaient pour la vie pratique du langage audible, l’épopée, poème purement audible, était aussi la seule poésie ; dès qu’on l’a pu, l’écriture idéographique et les arts du dessin furent inventés, puis, bientôt après, le drame, sorte d’épopée visible et vivante qui est au poème épique ce qu’un dessin explicatif est à la parole ; comme il répond à un besoin réel et spécial de l’âme humaine, le drame remplit mal sa mission si, par des récits trop longs et trop fréquents, il retourne aux formes de l’épopée279 ; telle est spécialement l’idée qu’Horace voulait exprimer ; mais sa maxime avait une portée plus haute : le drame sans action, comme l’écriture en train de devenir phonétique, est un mode d’expression détourné de son but et qui perd sa raison d’être originelle. […] , p. 212 : le contexte exact est une discussion sur le drame et ce qu’il convient ou non de représenter sur scène ou d’écarter des yeux du spectateur par le simple récit d’un témoin : « Ou l’action se passe sur la scène, ou on la raconte quand elle est accomplie (v. 179). […] A plus forte raison s’il est considéré par son auteur lui-même comme impropre à la représentation ; un drame sans action, destiné à la lecture publique ou privée, n’est qu’une épopée dialoguée. Tel est le terme de l’évolution régressive du drame.

548. (1880) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Première série pp. 1-336

mais le Mystère de la Passion, d’Arnould Gréban, sans doute voilà le drame, le drame image de la vie, le drame tiré des entrailles de l’histoire et de la réalité. […] Ils sont nés chez nous, — comme le drame chez les Grecs, — à l’ombre de l’autel et pour ainsi dire sur le parvis du temple. […] Aux jours solennels, il se faisait donc une interruption de l’office divin, et le drame liturgique s’essayait entre deux hymnes. […] Puis, un jour, le drame sortit du sanctuaire, et le latin vulgaire commença d’envahir sur le latin d’Église. […] Par malheur, ils ne croient pas sans doute que des considérants aussi sévères motivent une condamnation ; ils en appellent de leur propre jugement ; et là-dessus, de se lamenter que la renaissance païenne soit venue brusquement comme écraser dans l’œuf le drame, le drame national et chrétien, qui ne demandait qu’à naître.

549. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Edgar Poe »

La manière d’agir sur l’esprit du lecteur ne tient pas, chez Edgar Poe, à la partie extérieure des choses, à la mise en scène de son drame ou à la poignante expression qui double la force de la pensée. […] Or, comme le talent, ne nous lassons point de le répéter, est toujours moulé par la vie et la réverbère, Edgar Poe, l’isolé, exploita pendant toute la sienne les abominables drames de l’isolement. […] de la même série excentrique, Poe fait son drame avec presque rien, et c’est tout. Mais pour le faire, ce drame, pour grossir cet atome en le décomposant, il se sert d’une analyse inouïe et qu’il pousse à la fatigue suprême, à l’aide d’on ne sait quel prodigieux microscope, sur la pulpe même du cerveau.

550. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « La Divine Comédie de Dante. traduite par M. Mesnard, premier vice-président du Sénat et président à la Cour de cassation. » pp. 198-214

Il semble toujours que cette étrange et magnifique épopée, qui résume toutes les conceptions du Moyen Âge, où tout est mêlé, la fable et la théologie, les guerres civiles et la philosophie, le vieil Olympe et le ciel chrétien, n’a pas encore trouvé d’interprète d’un esprit assez patient ou assez flexible pour se prêter aux formes si variées d’un drame qui touche tout, d’une poésie qui chante sur tous les tons. […] Ce n’était point précisément l’aspect bizarre qui effrayait Népomucène Lemercier lorsqu’il appréciait, avec instinct et sens toutefois, le poème de Dante dans quelques pages de son Cours analytique de littérature, et lorsqu’il faisait précéder plus tard son étrange drame de la Panhypocrisiade d’une épître dédicatoire À Dante Alighieri.

551. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Halévy, secrétaire perpétuel. »

Cousin, de tout temps poëte par l’imagination, entendant le dramatique à merveille, et qui alors aimait assez le théâtre, refaisait volontiers, en conversation du moins, les pièces qu’il avait vues, et ce jour-là au dessert, se sentant plus en verve encore que de coutume, il s’écria (je ne réponds que du sens et non des paroles) : « Je veux faire un drame, un opéra, j’en inventerai l’action, j’en tracerai le plan : toi (s’adressant à l’un des convives), tu l’écriras en vers ; vous, mon cher (se tournant vers un autre convive), vous en composerez la musique, vous en ferez les chœurs et les chants ; et quand l’ouvrage sera fini, nous le donnerons à Feydeau ou au Grand-Opéra. » Le poëte ainsi désigné, c’était Loyson ; le musicien, c’était Halévy ; le sujet de la pièce eût même été, dit-on, tiré d’un conte de Marmontel, les Quatre Flacons. […] Il les disposait à la manière d’un petit drame scénique ou d’un opéra ; il faisait venir avec adresse un épisode, une description, ce qu’on appelle un air de bravoure, et presque toujours il enlevait par là les applaudissements, comme fait une cantatrice.

552. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire des cabinets de l’Europe pendant le Consulat et l’Empire, par M. Armand Lefebvre. »

Il se résigna à cette inactivité et s’en accommoda même, en se consacrant dès lors tout entier dans le silence et la retraite à l’étude approfondie, passionnée et à la fois philosophique, du drame émouvant « qui commence dans les plaines de Marengo et finit sur le rocher de Sainte-Hélène. » En 1848, à la suite de l’effondrement général qu’occasionna la Révolution de février, le personnel de la diplomatie se trouva désorganisé, les rangs furent soudainement éclaircis. […] Armand Lefebvre le comprit ; il ne visa point à une concurrence impossible avec l’historien national et populaire ; seulement, par provision, pour sauvegarder son droit et réserver l’originalité de ses vues, il se hâta de publier les trois volumes qu’il avait tout prêts, et qui parurent de 1845 à 1847 ; ces volumes comprenaient les événements politiques et diplomatiques accomplis depuis 1800 jusque dans l’été de 1808, c’est-à-dire depuis les premiers jours du Consulat jusqu’au drame espagnol de Bayonne.

553. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Alphonse Daudet  »

Au petit drame touchant se mêlent les jolis détails d’un paradis d’enfant de chœur, de petit clerc de la manécanterie de Saint-Nizier : « Mes yeux et mon cœur l’ont aussi reconnu, ce petit chérubin vêtu de mousseline, à ceinture d’azur, qui agite dans l’air, de toutes les forces de ses petits bras dodus et roses, une bannière à fleurs d’or aussi grande que lui ; c’est ma sœur, ma petite sœur Anna, que j’ai tant pleurée. » Surtout il y a dans ce rêve bien humain une tendresse profonde, un don de faire monter aux yeux de petites larmes chaudes, don précieux que M.  […] Alphonse Daudet a beaucoup d’esprit et qu’il est toujours à l’affût, il s’arrête et s’intéresse à des détails qui nous échapperaient ou que nous remarquerions à peine ; il nous fait trouver curieuses par la façon dont il nous les présente des choses tout ordinaires et qui nous auraient sans doute faiblement frappés ; il a, si j’ose dire, un merveilleux flair des petits drames obscurs dont fourmille la réalité.

554. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Mme de Graffigny, ou Voltaire à Cirey. » pp. 208-225

On peut être tranquille, je ne viens parler ici ni du drame de Cénie, ni même des Lettres péruviennes, de ces ouvrages plus ou moins agréables à leur moment, et aujourd’hui tout à fait passés. […] Deux succès surtout la mirent, quelques années après, en évidence : les Lettres d’une Péruvienne, publiées en 1747, et le drame de Cénie, représenté en juin 1750.

555. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre III. Le Bovarysme des individus »

Avec ce calcul voici Tartufe personnage de transition entre le drame et la comédie. […] On a indiqué déjà, à l’occasion de Mme Bovary elle-même, que la comédie fait place au drame sitôt que le phénomène a pour théâtre l’âme d’un personnage pourvu d’une énergie violente.

556. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — I. La métaphysique spiritualiste au xixe  siècle — Chapitre I : Principe de la métaphysique spiritualiste »

Comment pourrais-je même passer de l’un à l’autre sans interruption, sans solution de continuité, s’il n’y avait pas en moi, outre la conscience de cette pluralité phénoménale, la conscience d’une unité continue, qui est la trame de toute ma vie, et qui en fait même l’intérêt, comme dans un drame l’unité d’action est l’âme et la vie du drame ?

557. (1860) Ceci n’est pas un livre « Une croisade universitaire » pp. 107-146

… Seules, les naïades de la Seine ont assisté — dans leurs stalles rembourrées de varechs — au dénouement de ce drame lamentable ! […] Bouilhet l’avait déjà retenue pour son drame prochain.

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