On voit successivement s’ouvrir une fenêtre, puis une autre, comme pour entendre ces bruits et pour respirer cet air matinal embaumé par la nuit ; on aperçoit, entre les rideaux blancs des fenêtres flottant au souffle des bois, quelques charmantes têtes de jeunes filles, ou de beaux enfants qui regardent les pigeons fuyards ou les hirondelles voleter autour des corniches, dans les rayons transparents du jour.
En disant ces mots, elle aperçoit Anicétus, suivi du commandant de trirème Herculéius et du centurion de marine Oloaritus. — Si tu viens pour me voir, lui dit-elle, retourne et dis à mon fils que je suis rétablie ; si c’est pour accomplir un forfait.… Mais non !
Je n’hésitai plus à choisir ce drame moderne à ce point central et culminant de la Révolution, où l’on voit encore la beauté des principes et où l’on aperçoit déjà l’horreur des excès.
Je changeai le mot dès que je m’aperçus de sa mauvaise interprétation à la seconde édition ; mais il était trop tard pour la susceptibilité des royalistes du parti de la reine.
On jouit du ciel quand on veut ; la nuit même, de sur mon chevet, j’aperçois, par la fente d’un contrevent, une petite étoile qui s’encadre là vers les onze heures et me rayonne assez longtemps pour que je m’endorme avant qu’elle soit passée ; je l’appelle aussi l’étoile du sommeil, et je l’aime.
Je n’ai fait que l’apercevoir ; mais l’âme reste dans l’âme. » Le 25 août.
En ce temps-là, dès qu’on avait franchi la porte Montmartre, on se trouvait en pleine campagne, au milieu des courtilles et des jardins, devant le paysage que Regnard apercevait de ses fenêtres : … Les yeux satisfaits S’y promènent au loin sur de vastes marais ; C’est là qu’en mille endroits laissant errer ma vue, Je vois croître à plaisir l’oseille et la laitue ; C’est là que dans son temps des moissons d’artichauts Du jardinier actif secondent les travaux, Et que de champignons une couche voisine Ne fait, quand il me plaît, qu’un saut dans ma cuisine.
Tandis que votre désir bat de l’aile contre la cloison de la réalité, il ne s’aperçoit point que ce qu’il place par-delà cette cloison, c’est encore et toujours ce qui est en deçà.
Cette étude ne se composera pas seulement de l’examen critique et analytique de leurs ouvrages : elle comprendra encore sur leurs personnes des détails biographiques, et des aperçus moraux sur les temps où ils ont vécu.
… D’un coup d’œil il mesure l’abîme et il aperçoit la branche de salut.
M. de Cayolle ne s’aperçoit pas qu’il renforce, au lieu de le réfuter, l’argument de son adversaire.
Il peut subsister au sein de la conscience des actions et passions latentes, des états confus de plaisir ou de peine, des appétitions plus ou moins vagues, enfin des représentations obscures et confondues dans la masse ; quand tout cet ensemble se trouve réaliser actuellement un ensemble analogue à tel état passé de l’esprit et à telle aperception passée, la même idée doit renaître en vertu des mêmes conditions à la fois mentales et physiques, comme la même illumination de la mer sous les mêmes rayons solaires, et elle est de nouveau aperçue ; mais nous ne croyons pas que l’idée, comme acte intellectuel, comme pensée, puisse subsister d’une manière inconsciente.
Memorandum Sous la dénomination provisoire de Traité du Verbe, deux Essais exposant la théorie de « l’Instrumentation verbale », et donnant seulement des aperçus du « Principe de philosophie évolutive », avaient été donnés, en 1886 et 87.
C’est amusant, le moment, où on leur prend sur le dos, le vêtement qu’elles étalent et font valoir, de les apercevoir défiler devant vous, sautillantes, à la façon de femmes dévêtues, et qui courraient avec des babouches sans talon.
Suite de l’aperçu préliminaire sur la prétendue décadence de la littérature française I Nous avons vu, dans les deux entretiens précédents, comment la littérature française née tardivement, longtemps indécise entre l’originalité gauloise et l’imitation classique, s’était d’abord vouée tout entière à l’imitation ; comment cette littérature avait perdu son originalité native dans cette servile imitation des anciens ; comment cependant cette imitation servile lui avait profité pour construire une langue littéraire plus régulière et plus lucide que la langue un peu puérile de son enfance ; comment, après avoir beaucoup copié, les écrivains et les poètes du siècle de Louis XIV avaient fini par créer eux-mêmes une littérature composite, moitié latine, moitié française ; comment chacun de ces grands écrivains, depuis Corneille jusqu’à madame de Sévigné, avaient apporté à la littérature et à la langue de la France une des qualités de leur génie divers ; comment enfin, de toutes ces alluvions des génies particuliers de chacun de ces écrivains, la France, grâce à l’imitation d’un côté, grâce à l’originalité de l’autre, s’était façonné une langue littéraire, propre à tous les usages de son universelle intelligence, depuis la chaire sacrée jusqu’à la tribune, depuis la tragédie jusqu’à la familiarité du style épistolaire.
Quand il s’en aperçut, il continua ainsi : « Ai-je calmé vos esprits ?
Ils devaient bien s’apercevoir qu’on les conduisait à leur perte ; que leurs prétendus succès n’étaient point légitimement obtenus ; que leurs recettes n’étaient que fictives ; que leur salle n’était remplie que par des billets vendus à vil prix, et qu’enfin cette apparence de richesse ne tournait qu’au profit de l’agiotage, du décorateur et du costumier.
— Oui, il pouvait se trouver parmi nous quelques royalistes d’opinion, il pouvait s’y trouver quelques hommes qui, méditant dans le silence du cabinet sur notre Constitution nouvelle, croyaient y apercevoir quelques imperfections, qui soupçonnaient qu’un pouvoir exécutif, placé dans les mains d’un seul homme, pourrait acquérir plus d’activité, plus de dignité, plus de cette force morale qui économise la force politique, et qu’une telle réforme, loin de saper la liberté, la posait sur ses vrais fondements. […] Dans la disgrâce évidente où elle était, elle se voyait comme une pestiférée dont on craignait de s’approcher, et en effet elle eut à s’apercevoir trop visiblement de plus d’une de ces peurs subites, déguisées en mal de poitrine.
Fléchier, dans l’aperçu qu’il donne des mêmes circonstances et des mêmes scènes, est plus véridique ou plus complet.
J’ai besoin de le répéter, parce que je viens de le relire : vous avez vraiment créé une critique haute qui vous appartient en propre, et votre manière de passer de l’homme à l’œuvre et de chercher dans ses entrailles le germe de ses productions est une source intarissable d’aperçus nouveaux et de vues profondes.
Son attitude (sur le char) était noble et modeste ; on apercevait bien qu’elle était contente d’être admirée, mais un sentiment de timidité se mêlait à sa joie et semblait demander grâce pour son triomphe ; l’expression de sa physionomie, de ses yeux, de son sourire, intéressait pour elle, et le premier regard fit de lord Nelvil son ami, avant même qu’une impression plus vive le subjuguât.
Cette pensée est d’une rare valeur : on ne tarda pas à s’en apercevoir, et la chronique de Commynes fut traduite en latin, en italien, en anglais, en allemand, en espagnol, en portugais, en danois, non pour l’amusement des lettrés, mais pour l’instruction des hommes d’État.
nous en avons ici un tout pareil : Mais j’aperçois venir madame la comtesse De Pimbesche43.
Voilà vingt ans que l’on sert la même pièce aux fanatiques de spectacle ; ils ne s’en aperçoivent pas.
Il transportait, sans s’en apercevoir, l’opéra sur la scène tragique. « Olympie s’élance sur le bûcher aux yeux de ses amis épouvantés et des prêtres, qui tous ensemble sont dans une attitude douloureuse, empressée, égarée, qu’annonce une marche précipitée (quel luxe de pantomime !)
Même motif 60 quand Beckmesser aperçoit le feuillet de Walther et qu’il croit que Sachs concourra.
Somaise dit dans sa préface, que tâchant de bien parler, elles disent quelquefois des mois nouveaux sans s’en apercevoir, et qu’elles les font passer avec toute la légèreté et la délicatesse imaginables.
Delacroix sautent aux yeux : le premier venu peut apercevoir dans sa peinture des audaces, des négligences, la laideur des visages ; mais il a fallu vingt ans pour faire comprendre sa tonalité savante et l’intensité de ses compositions.
Je me suis aperçu très vite qu’il était précisément de ces auteurs qui ont besoin qu’on fasse leur biographie pour les faire comprendre.
Il aurait pu très bien nous donner un autre genre de roman, — un roman, par exemple, de sentiment ou de passion, car Balzac, qui se lève et qu’on aperçoit à tous les horizons des mœurs modernes, n’a pas embrassé et ne pouvait pas embrasser toute l’âme humaine comme il a embrassé toute une société.
Et Balzac le sait si bien que, dans son livre, il évoque l’image de Brummell, et met sous l’autorité de son nom bien des aperçus et bien des axiomes, — ce qui, pour le dire en passant, change l’erreur en contradiction.
(Apercevoir le monde social dans sa réalité) 16.
C’est donc là, c’est sur le terrain de la morale particulière et usuelle que nous avons à chercher maintenant la confirmation de nos premiers aperçus. […] … » « Les lois ont été faites par des vieillards ; les femmes s’en aperçoivent J’étais un être auparavant, et je suis maintenant une chose 88. » Et, comme pour tirer la conclusion morale qui sort de ces prémisses, l’auteur met dans la bouche d’une de ses héroïnes cette aspiration au plaisir, le seul Dieu qu’elles semblent adorer : « Oh ! […] Ne dirait-on pas qu’il y a des temps où, à défaut de la conscience devenue muette, le sentiment même de leur propre conservation n’avertit plus les sociétés humaines, et où leur vue troublée n’aperçoit plus l’abîme ? […] Mais sans aller chercher dans un monde exceptionnel les traces du mal que nous étudions, ne suffit-il pas, quelque part qu’on se trouve, de jeter les yeux autour de soi pour en apercevoir les signes manifestes ?
On aperçoit dans leur voisinage les doctrines de Bossuet et de Descartes ; la réflexion aide en eux la conscience ; l’habitude du monde y joint le tact et la finesse. […] Voici que cette conception complexe et imitative se décolore et se décompose ; l’homme n’aperçoit plus les choses d’un jet, mais par détails ; il tourne autour d’elles pas à pas, portant sa lampe tour à tour sur toutes leurs parties.
Enfin, les voilà, nos dieux ; nous ne les travestissons plus, comme nos ancêtres, en idoles ou en personnes ; nous les apercevons tels qu’ils sont en eux-mêmes, et nous n’avons pas besoin pour cela de renoncer à la poésie, ni de rompre avec le passé. […] L’eau coulante, qui chez Goëthe va se modelant sur toutes les formes du terrain, et qu’on aperçoit dans le lointain sinueux et lumineux sous le brouillard doré qu’elle exhale, s’est prise tout d’un coup chez Byron en une masse de glace, et ne fait plus qu’un bloc rigide de cristal.
L’homme qui a une blessure mal cicatrisée peut se livrer aux actes de la vie ordinaire sans qu’on s’aperçoive de son infirmité ; mais tout exercice violent lui est interdit ; à la première fatigue sa blessure se rouvre, et il tombe. […] Ces sortes d’aperçus doivent être pris d’une façon très large ; on peut dire cependant que ce qui reste encore d’esprit militaire dans le monde est un fait germanique.
La vraie couronne de Mme de Longueville en ces années, celle qu’il faut d’autant plus révérer en elle qu’elle ne l’apercevait pas, qu’elle la couvrait comme de ses deux mains, qu’elle l’abaissait et la cachait contre le parvis, c’est la couronne d’humilité.
Dans le costume d’un simple voyageur, je chevauchais entre Novare et Verceil, commençant à m’apercevoir que le jour baissait, et que des nuages chargés de pluie s’abattaient des montagnes sur la plaine.
Mais, depuis qu’on entrevoit la nature que les anciens ne voyaient pas du tout, depuis qu’on s’est aperçu que tout est organisé, que tout a son germe, depuis qu’on a bien vu qu’un champignon est l’ouvrage d’une sagesse infinie aussi bien que tous les mondes, alors ceux qui pensent ont adoré ; là où leurs devanciers avaient blasphémé, les physiciens sont devenus les héraults de la Providence : un cathéchiste annonce Dieu à des enfants, et un Newton le démontre aux sages !
On a peine d’abord à débrouiller cette incohérence ; cependant des courants se laissent distinguer dans ces tumultueuses ondulations ; l’on s’aperçoit qu’en dépit de tout, l’instinct classique du temps l’emporte, et organise peu à peu la littérature à son image.
De la hauteur où de si rares beautés transportent l’esprit ébloui et charmé, il n’aperçoit pas les fautes.
Tout est si bien tempéré, dans ces Éloges, que le lecteur ne s’aperçoit pas où finit sa compétence, et qu’il n’est pas tenté de fermer le livre, par la crainte de ne pas tout entendre.
On ne la reprendra point pour assurer l’ordre de la pensée, (après deux siècles et bientôt deux siècles et demi on a fini par s’apercevoir que les lois de l’attraction et de la gravitation universelle étaient généralement applicables et parfaitement calculables mais que l’hypothèse même de l’attraction à distance et de la gravitation à distance était parfaitement impensable, c’est-à-dire enfin que Newton est métaphysiquement impensable).
Les littérateurs, par exemple, aperçurent que les mots, en outre de leur signification notionnelle précise, avaient revêtu, pour l’oreille, des sonorités spéciales, et que les syllabes étaient devenues des notes musicales, et aussi les rythmes de la phrase.
Il est aperçu par des pirates qui louvoyaient le long du rivage. — Quelle riche proie que ce bel éphèbe, fils de roi, sans doute, sorti d’un palais plein d’airain et d’or !
Il est aisé de s’en apercevoir si l’on parcourt les derniers parus parmi les principaux romans d’histoire qui sont presque tous sortis d’une inspiration patriotique et du culte pour les résurrections légendaires.
Moi, le dos tourné, et le nez dans un carton d’images, j’aperçois, du coin de l’œil, six estampes en couleur, six Janinet avant la lettre, des estampes fraîches, comme si on les apportait du tirage.
. — Enfin, entre les vieux dogmes que l’on prétend renverser et l’idéal nouveau que l’on n’aperçoit pas encore, il y a pour beaucoup d’âmes un état de crise vraiment pathétique dont un poète contemporain a su tirer un brillant parti pour son inspiration et l’occasion d’un grand succès, montrant par son exemple que la rénovation de la poésie est possible, à quelles conditions de talent, à quel prix de passion et de science3.
— écrivant un livre tardif où je n’aperçois, au bout de quatre cents pages, poindre ni caractère original, ni beauté d’âme, ni intérêt profond de trame humaine, se livrer à des besognes inférieures de pédant et de faiseur de dictionnaire, et atteler son vigoureux génie au haquet des plus lourdes dissertations ?
Donc, quant à lui, il n’a pas cessé d’être ; c’est pour nous qu’il est mort ; la France a perdu le plus hautain et le plus magnifique rêveur de la seconde moitié de notre âge ; à vrai dire, occupée d’autres soins, attentive à de plus aimables talents ou à de plus accessibles génies, elle n’avait point paru connaître l’honneur qu’était pour elle l’œuvre de Villiers de l’Isle-Adam ; elle commence de s’en apercevoir. […] Sans doute il ne pouvait pas, étant vivant, s’abstraire de la vie ; il s’est aperçu des événements politiques, des écoles littéraires, des désastres, des renommées, de toutes les réalités voisines ; mais, ce qui existait, il le voyait à travers le reflet de sa propre lueur, et rien ne pouvait arriver jusqu’à lui qui ne fût presque devenu lui-même ; de là l’originalité prodigieuse de son œuvre. […] Elle ne s’aperçoit point, dirait-on, de ses richesses, de ses splendeurs, de toutes ses beautés ; elle n’y prend point garde ; elle ne les dispose pas de façon à les faire valoir, à s’en faire valoir. […] Je me souviens que l’un de nous, — tandis qu’on descendait la bière dans la fosse, — aperçut, vêtue de deuil, derrière une stèle, une jeune femme qui se tenait à l’écart, très voilée, comme si elle n’avait pas eu le droit d’être là, de pleurer comme les autres. Celui qui l’aperçut ne la connaissait pas.
J’allais ajouter Marchangy, qui est aussi connu comme magistrat servile que comme écrivain ridicule ; mais je m’aperçois qu’il a été omis dans le répertoire, bien qu’il figure dans la belle scène de la réhabilitation de César Birotteau17. […] Il est probable que, quand on est vraiment vieux, on ne s’en aperçoit pas. […] Mais bientôt on s’aperçoit combien l’imagination est impuissante à restaurer ces chefs-d’œuvre de l’art antique. […] On ne s’aperçoit par aucune secousse des changements de théâtre et de personnages ; car l’historien, toujours rapide, n’est jamais brusque.
Maeterlinck aperçoit cette aurore, parce qu’il regarde en lui-même et qu’il est lui-même une aurore, mais s’il regardait l’humanité extérieure, il ne verrait que l’immonde appétit socialiste des auges et des étables. […] c’est tiré des singulières Poésies : « Les perturbations, les anxiétés, les dépravations, la mort, les exceptions dans l’ordre physique ou moral, l’esprit de négation, les abrutissements, les hallucinations servies par la volonté, les tourments, la destruction, les renversements, les larmes, les insatiabilités, les asservissements, les imaginations creusantes, les romans, ce qui est inattendu, ce qu’il ne faut pas faire, les singularités chimiques du vautour mystérieux qui guette la charogne de quelque illusion morte, les expériences précoces et avortées, les obscurités à carapace de punaise, la monomanie terrible de l’orgueil, l’inoculation des stupeurs profondes, les oraisons funèbres, les envies, les trahisons, les tyrannies, les impiétés, les irritations, les acrimonies, les incartades agressives, la démence, le spleen, les épouvantements raisonnés, les inquiétudes étranges, que le lecteur préférerait ne pas éprouver, les grimaces, les névroses, les filières sanglantes par lesquelles on fait passer la logique aux abois, les exagérations, l’absence de sincérité, les scies, les platitudes, le sombre, le lugubre, les enfantements pires que les meurtres, les passions, le clan des romanciers de cour d’assises, les tragédies, les odes, les mélodrames, les extrêmes présentés à perpétuité, la raison impunément sifflée, les odeurs de poule mouillée, les affadissements, les grenouilles, les poulpes, les requins, le simoun des déserts, ce qui est somnambule, louche, nocturne, somnifère, noctambule, visqueux, phoque parlant, équivoque, poitrinaire, spasmodique, aphrodisiaque, anémique, borgne, hermaphrodite, bâtard, albinos, pédéraste, phénomène d’aquarium et femme à barbe, les heures soûles du découragement taciturne, les fantaisies, les âcretés, les monstres, les syllogismes démoralisateurs, les ordures, ce qui ne réfléchit pas comme l’enfant, la désolation, ce mancenillier intellectuel, les chancres parfumés, les cuisses des camélias, la culpabilité d’un écrivain qui roule sur la pente du néant et se méprise lui-même avec des cris joyeux, les remords, les hypocrisies, les perspectives vagues qui vous broient dans leurs engrenages imperceptibles, les crachats sérieux sur les axiomes sacrés, la vermine et ses chatouillements insinuants, les préfaces insensées comme celles de Cromwell, de Mademoiselle de Maupin et de Dumas fils, les caducités, les impuissances, les blasphèmes, les asphyxies, les étouffements, les rages, — devant ces charniers immondes, que je rougis de nommer, il est temps de réagir enfin contre ce qui nous choque et nous courbe souverainement. » Maldoror (ou Lautréamont) semble s’être jugé lui-même en se faisant apostropher ainsi par son énigmatique Crapaud : « Ton esprit est tellement malade qu’il ne s’en aperçoit pas, et que tu crois être dans ton naturel chaque fois qu’il sort de ta bouche des paroles insensées, quoique pleines d’une infernale grandeur. » Tristan Corbière Laforgue, au courant d’une lecture, crayonna sur Corbière des notes qui, non rédigées, sont tout de même définitives ; parmi : « Bohème de l’Océan — picaresque et falot — cassant, concis, cinglant le vers à la cravache — strident comme le cri des mouettes et comme elles jamais las — sans esthétisme — pas de la poésie et pas du vers, à peine de la littérature — sensuel, il ne montre jamais la chair — voyou et byronien — toujours le mot net — il n’est un autre artiste en vers plus dégagé que lui du langage poétique — il a un métier sans intérêt plastique — l’intérêt, l’effet est dans le cinglé, la pointe-sèche, le calembour, la fringance, le haché romantique — il veut être indéfinissable, incatalogable, pas être aimé, pas être haï ; bref, déclassé detoutes les latitudes, de toutes les mœurs, en deçà et au-delà des Pyrénées. » Ceci est sans doute la vérité : Corbière fut toute sa vie dominé et mené par le démon de la contradiction.
Il aperçoit une grande division du monde. […] Et quand il travaille, et quand il produit, on ne s’aperçoit pas qu’il a des théories. […] (Et par là encore on aperçoit la liaison profonde, la triple liaison profonde de la liberté avec la grâce et avec la vie. […] On s’en est bien aperçu depuis. […] Quand on a ses principaux amis, monseigneur, comme je les ai, chez les protestants et chez les juifs, on s’aperçoit bientôt, on sait qu’ils ne peuvent pas se représenter ce que c’est qu’un catholique.
Et voici comment ce Jaulnay, l’auteur de L’Enfer burlesque, s’irritait de voir rendre hommage à l’auteur de Tartuffe : J’aperçus parmi les bouffons Le plus ridicule spectacle Qu’on pût voir en cet habitacle : C’était un homme décharné Comme un farceur enfariné, Assis la tête un peu baissée, Dessus une chaise percée, Faisant cent tours de harlequins, Tant de ses pieds que de ses mains. […] En parlant de La Fontaine, il l’appelle, en passant, « un poète à dentelle et à grands cheveux », et ne croit-on pas apercevoir La Fontaine ? […] Il avait les yeux collés sur trois ou quatre personnes de qualité qui marchandaient des dentelles ; il paraissait attentif à leurs discours et il semblait, par le mouvement de ses yeux, qu’il regardait jusqu’au fond de leurs âmes pour y voir ce qu’elles ne disaient pas ; je crois même qu’il avait des tablettes et qu’à la faveur de son manteau, il a écrit, sans être aperçu, ce qu’elles ont dit de plus remarquable. » Est-il possible d’oublier ces yeux collés, ce regard qui va jusqu’au fond des âmes ?
Je ne suis pas orateur, vous allez vous en apercevoir, je suis tout au plus un lecteur médiocre et, qui plus est, pour le moment, enrhumé. […] Je ne fis qu’apercevoir Salford, qui forme la moitié de la rivale de Liverpool, et ma visite, comme à Oxford, ne dura que vingt-quatre heures. […] En eussé-je eu le temps, j’aurais tenté d’apercevoir un grand tableau que l’on remarqua justement au Salon de 1872.
Tout à coup, à travers une de ces déchirures de la brume, j’aperçus comme au-dessus d’un vaste piédestal de nuées, entre ciel et terre, un édifice carré de marbre blanc sur lequel le soleil de l’Attique se répercutait éblouissant, mais mat comme le soleil d’une autre terre ; il laissait lire sans éblouissement les lignes nettes, pures, rectangles de l’édifice ; on aurait compté les colonnes et recomposé les figures et les groupes des frontons.
Il se mit à marcher en toute hâte dans les champs, prenant les chemins et les sentiers qui se présentaient, sans s’apercevoir qu’il revenait à chaque instant sur ses pas.
Lady Macbeth s’en aperçoit et révèle aux convives une prétendue maladie de son mari ; lui-même l’avoue pour s’excuser, puis il retombe dans ses transes nerveuses.
Avoir défendu la vérité, la nature, avoir combattu, Lionni tout ce qui s’en éloignait ou la corrompait, et s’apercevoir que, si un homme porte en lui cette vérité, et l’offre aux autres, la société ne pourra le supporter, le meurtrira, le rejettera, que la société, en réalité, repose sur un ensemble de mensonges et de ronventions qui masquent la nature : la découverte a de quoi mettre un accent irrité dans la parole d’Alceste.
On peut bien en croire Geoffroy, le maréchal, l’auteur de cet ouvrage, qui à son escient n’y a rien mis de contraire à la vérité, comme il appartenait à celui qui fut de tous les conseils : jamais on ne vit si grande flotte ; une flotte à conquérir le monde, ce semble ; car, tant que la vue pouvait s’étendre, on n’apercevait que voiles de nefs et de vaisseaux, si bien que le coeur de chacun en ressentait une forte joie. » 2.
Nul ne s’aperçut qu’il se fût mis à la place de l’usage pour frapper ses contradicteurs, ni qu’en enregistrant quelque décision de l’usage qui leur était défavorable, il parût prendre plaisir à exécuter contre eux un arrêt public.
Mais on aime bien mieux ne pas apercevoir les conflits permanents qui les opposent les uns aux autres.
Il y a eu un peuple d’aristocrates, un public tout entier composé de connaisseurs, une démocratie qui a saisi des nuances d’art tellement fines que nos raffinés les aperçoivent à peine.
L’école de Jean est celle dont on aperçoit le mieux la suite durant le IIe siècle ; or, cette école ne s’explique pas si l’on ne place le quatrième évangile à son berceau même.
XI : Le Drame Allemand : — Le style idéal de Bayreuth exige, pour sa manifestation, cet endroit unique, exclusif, consacré ; mais on peut espérer que ce qui existe là comme la sphère même de l’Idéal, soit de loin aperçu comme un horizon vers lequel tendent des aspirations artistiques très différentes.
Les progrès des sciences physiques et naturelles, de la linguistique et de l’histoire ont révélé des faits inattendus, suggéré des aperçus tout nouveaux, à ceux du moins qui n’ont point de goût pour une psychologie immobile et scolastique : études sur le mécanisme des sensations, sur les conditions de la mémoire, sur les effets de l’imagination et de l’association des idées, sur les rêves, le somnambulisme, l’extase, l’hallucination, la folie et l’idiotie, recherches jusqu’ici inconnues sur les rapports du physique et du moral, conception nouvelle de la nature morale (psychologique), de l’humanité résultant de l’étude approfondie de l’histoire et des races, les langues nous offrant comme une psychologie pétrifiée.
Aujourd’hui on peut consulter les prix de vente de leurs tableaux, et l’on s’apercevra avant peu de la révolution qu’aura amenée dans les esprits, l’exposition des Beaux-Arts de ces jours-ci.
Atala a été élevée à leur école, elle se protège elle-même : « Je n’apercevais autour de moi, dit-elle en faisant la moue, que des hommes indignes de recevoir ma main »… even to flirt with, aurait-elle ajouté, si elle se fût exprimée en anglais.
Ces mêmes circonstances seraient lentement devenues de moins en moins favorables, que nous ne nous en fussions certainement pas aperçus ; et cependant, ce Cheval aujourd’hui fossile, se serait montré de plus en plus rare et finalement se serait éteint, cédant sa place dans la nature à quelque compétiteur plus heureux.
Nous apercevons pourquoi il existe un parallélisme frappant entre la distribution des êtres organisés dans l’espace et leur succession géologique dans le temps, car, dans l’un et l’autre cas, les êtres sont demeurés liés par le fil d’une génération régulière, et les moyens de modifications ont été les mêmes pour tous.
Il est vrai que quelques-uns de nos poëtes et surtout de nos romanciers ont abordé en maîtres la grande psychologie, la haute analyse des passions, des mœurs et des caractères ; mais en y regardant de près, on s’aperçoit que, dans ces brillantes et fortes peintures, l’éloquence, la logique, le sentiment de l’idéal ont encore plus de part que la représentation exacte et minutieuse de la réalité.
Alors, derrière l’exhibition toute superficielle et toute dramatique de la scène extérieure, se laisse apercevoir au fond du théâtre une action moins animée, moins brillante, moins intéressante pour un simple public de spectateurs, mais bien plus propre à fixer les regards de l’observateur curieux de savoir le mystère des choses.
C’était lui que les gardes nationaux avaient aperçu et qu’ils avaient pris pour un insurgé les guettant.
La force de caractère du malade était si grande que, tandis que l’instrument opérait sur sa tête, des dames qui causaient près de la cheminée à l’autre bout de la chambre ne s’en aperçurent pas.
Nulle part comme dans la Princesse de Clèves, les contradictions et les duplicités délicates de l’amour n’ont été si naturellement exprimées : « Mme de Clèves avoit d’abord été fâchée que M. de Nemours eût eu lieu de croire que c’étoit lui qui l’avoit empêchée d’aller chez le maréchal de Saint-André ; mais, ensuite, elle sentit quelque espèce de chagrin que sa mère lui en eût entièrement ôté l’opinion… » — « Mme de Clèves s’étoit bien doutée que ce prince s’étoit aperçu de la sensibilité qu’elle avoit eue pour lui ; et ses paroles lui firent voir qu’elle ne s’étoit pas trompée.
Celles du prince de Soubise et celles du duc de Bouillon sont les plus grandes de France, et tous les signes que j’ai aperçus de leur grandeur sont des bruyères, des landes, des déserts, des fougeraies.
« À son attitude, à ses paroles, à son visage, à ses vêtements, à cette tendre compassion pour moi mêlée dans ses yeux à sa propre douleur, j’aurais bien dû me dire, si je m’étais aperçu de tous ces signes de la mort : Celui-ci est le dernier des jours heureux de tes douces années !
Louis XIV élevait quelquefois Racine, Molière et Boileau à sa présence, mais jamais à sa familiarité ; il avait la grandeur d’Auguste, il n’avait pas son esprit ; il laissait toujours la majesté du trône entre le génie et lui ; il semblait craindre que, s’il descendait de sa hauteur, on s’aperçût que le niveau était changé entre ces grands hommes et lui.
Des étoiles que l’on n’aperçoit point d’ici-bas parurent à mes regards, et la grandeur des corps célestes se dévoila à mes yeux.
Mais on ne tarda pas à s’apercevoir que la langue se transformait dans le temps même où l’on proclamait l’éternité de certaines formes passagères.
Les malheureux, ils ne se sont pas aperçus à l’heure qu’il est que tout l’impressionnisme est né de la contemplation et de l’imitation des impressions claires du Japon.
Il y joint une conscience scrupuleuse jusqu’à en être timorée, si bien qu’elle a fini par faire de la pensée du poète une timide ; — une timide vraiment, car elle n’ose parfois se porter en avant plutôt qu’en arrière ; pour chercher le bonheur, pour chercher l’idéal, elle s’arrête hésitante entre le passé lointain — incompris peut-être — et l’avenir indéterminé ; elle s’oublie volontiers dans l’un et se perd dans l’autre à la recherche de « l’étoile suprême », De celle qu’on n’aperçoit pas, Mais dont la lumière voyage Et doit venir jusqu’ici-bas Enchanter les yeux d’un autre âge.
Ce fut à une de ces lectures que Racine et Boileau s’aperçurent, pour la première fois, du déclin de l’une et de l’ascendant de l’autre.
Mademoiselle Duchesnois s’en aperçut.
Nous l’aperçûmes à cette époque une ou deux fois nonchalamment étendu dans l’ombre, le coude sur un coussin, la tête supportée par sa main sur un divan du salon obscur de Nodier.
Si la méthode de sélection consistait seulement à séparer quelque variété bien distincte pour la faire se reproduire, le principe serait d’une telle évidence qu’il ne vaudrait pas la peine de le discuter ; mais son importance consiste surtout dans le grand effet produit par l’accumulation dans une direction déterminée, et pendant un grand nombre de générations successives, de différences absolument inappréciables pour des yeux non exercés, différences que j’ai moi-même tenté en vain d’apercevoir.
Le Misanthrope en est plein ; c’est une peinture continuelle, mais une peinture de ces ridicules que les yeux vulgaires n’aperçoivent pas.
A peine entré, il s’aperçoit qu’un de mes tableaux penche ; il le redresse. […] Sa famille personnelle et sa famille universitaire s’apercevaient que le vaillant lutteur avait sa récompense, et que la science venait de faire une conquête de plus. […] Quant aux cathédrales, on n’en aperçoit que le haut des tours qui fuient à l’horizon.
L’habitude ne lui fera-t-elle pas discerner d’un coup d’oeil mille convenances, que le premier n’apercevra qu’àprès avoir essuié plus d’une fois le ridicule de s’y méprendre ? […] La pureté consiste aujourd’hui à n’user que de ces irrégularités passées en usage ; et à n’en gueres hasarder de nouvelles, ou à le faire si adroitement qu’on ne l’aperçoive presque pas. […] En cherchant la raison de la langueur de la scene, j’ai été surpris de l’apercevoir dans les précautions mêmes que j’avois prises pour la prévenir.