Lourdement, minutieusement, prolixement, mais enfin avec puissance et profondeur, il nous décrit des âmes, des états d’âmes, des formations et des transformations d’âmes ; ce que peut donner dans une âme contemporaine la situation d’Hamlet (André Cornélis), ce que peut être l’amour d’une femme du inonde ou l’amour d’une coquine dans notre société contemporaine (Mensonges), ce que peut produire telle doctrine philosophique dans une âme résolue à conformer sa pratique à son idée (le Disciple), etc. […] Nulle psychologie, du reste, dans les bonshommes qui peuplent ses tableaux : quelques états de sensibilité, les siens, aspirations vagues et douloureuses, désirs de l’impossible, regrets de l’écoulé, nostalgies, désespérances, toutes les nuances enfin de cette disposition élémentaire qu’on peut appeler l’égoïsme sentimental.
Je sens son œuvre toute pleine de tout ce qui l’a précédée ; j’y découvre, avec les traits qui constituent son caractère et son tempérament particulier, le dernier état d’esprit, le plus récent état de conscience où l’humanité soit parvenue. […] L’action, que j’abrège fort, est simple, grande et poignante, et les principaux états d’esprit qu’a dû engendrer la rencontre des deux religions y sont tous représentés.
Il faut partir de l’état où est notre être, & connoître quels sont ses plaisirs pour parvenir à mesurer ses plaisirs, & même quelquefois à sentir ses plaisirs. […] Si nos oreilles avoient été faites comme celles de certains animaux, il auroit fallu réformer bien de nos instrumens de Musique : je sais bien que les rapports que les choses ont entre elles auroient subsiste ; mais le rapport qu’elles ont avec nous ayant changé, les choses qui dans l’état présent font un certain effet sur nous, ne le feroient plus ; & comme la perfection des Arts est de nous présenter les choses telles qu’elles nous fassent le plus de plaisir qu’il est possible, il faudroit qu’il y eût du changement dans les Arts, puisqu’il y en auroit dans la maniere la plus propre à nous donner du plaisir.
Dans quels états généraux la France a-t-elle voté qu’il lui fallait une épopée ? […] Le Discours sur la modération nous invite à nous ménager dans les plaisirs pour être en état de recommencer.
Pareto, à préférer un état où la prospérité du groupe serait moindre mais où tous pâtiraient également à un état plus prospère, mais où lui, individu, serait personnellement défavorisé.
C’est ainsi également que, hors d’état de choisir, mais forcé de choisir, on jette en l’air une pièce de monnaie pour tirer à pile ou face. […] Une relation géométrique peut remplacer avantageusement une relation qui, considérée à l’état brut, devrait être regardée comme mécanique, elle peut en remplacer une autre qui devrait être regardée comme optique, etc.
C’était chose convenue qu’à l’état actuel des choses humaines, on ne pouvait, sans folie et témérité, opposer un état idéal, considéré comme désirable et possible.
Cependant, pour ne laisser aucun doute dès l’abord sur ce reproche d’obscurité qui reviendrait souvent, je citerai tout de suite, dans un genre opposé, ce couplet de L’Épée de Damoclès, où le poète s’attaque à Louis XVIII dans la personne de Denys le Tyran : Tu crois du Pinde avoir conquis la gloire, Quand ses lauriers, de ta foudre encor chauds Vont à prix d’or te cacher à l’histoire, Ou balayer la fange des cachots… Ce couplet reste à l’état de pur logogriphe. — Je reprends la série des premières chansons. […] M. de Pontmartin, qui se croit des principes, est dans le rôle et dans la coterie jusqu’au cou ; il est légitimiste par état, comme d’autres sont orléanistes ; il est homme de ce beau monde qui se pique d’être moral sans pratiquer les mœurs, et de professer la religion sans aller toujours à confesse.
Qu’on se représente l’état des esprits au moment où parut Le Diable boiteux, cette vieillesse chagrine, ennuyée, calamiteuse de Louis XIV, cette dévotion de commande qui pesait sur tous, le décorum devenu une gêne et une contrainte. […] Il sait que l’humanité, en changeant d’état, ne fera que changer de forme de sottise.
Diderot nous a conservé dans ses lettres à Mlle Volland quelques-uns des bons contes de l’abbé, celui du porco sacro, l’apologue du grand et gros moine en malle-poste, le conte de l’archevêque contrefaisant une duchesse au lit devant un cardinal qui la visite, et les coliques de la fausse duchesse et ce qui s’ensuit, enfin mille folies intraduisibles, et qui, sous la plume de Diderot lui-même, sont restées à l’état de simple canevas : cela se parle, cela se joue et s’improvise, mais cela ne s’écrit pas. […] Parmi les poètes et écrivains célèbres en ce patois, on retrouverait, j’imagine, plus d’un type de Galiani resté à l’état pur et non taillé à la française.
Parmi les précepteurs qu’avaient eu le duc du Maine, il y avait un M. de Malezieu, homme instruit, sachant des mathématiques, de la littérature, du grec, du latin, improvisant des vers, imaginant des spectacles, entendant même les affaires, et « rassemblant dans son état servile, a dit Lemontey, les avantages d’une médiocrité universelle ». […] Tout examen est impossible à sa légèreté, et le doute est un état que ne peut supporter sa faiblesse.
L’idée de Turgot et de Condorcet, et qui d’ailleurs, dans ses termes les plus généraux, ne leur est point particulière, est celle-ci : l’humanité, considérée dans son ensemble et depuis ses origines, peut se comparer à un homme qui a passé successivement par un état d’enfance, puis par un état de jeunesse et de virilité.
Dans tous les états où il parut successivement, on le vit d’ailleurs porter le même esprit de légèreté, de grâce, d’étourderie spirituelle. […] Un jour, à l’Opéra, il se trouvait dans la loge du jeune Dauphin, fils de Louis XIV, quand M. de Montausier entra : « J’étais à la joie de mon cœur, dit-il ; Rabat-Joie arriva. » Le chancelier de L’Hôpital en personne, voyant en cet état son indigne descendant, n’aurait pas ressenti plus de mépris : Madame ou mademoiselle, car je ne sais comment vous appeler, lui dit M. de Montausier en le saluant ironiquement, J’avoue que vous êtes belle, mais, en vérité, n’avez-vous point de honte de porter un pareil habillement, et de faire la femme, puisque vous êtes assez heureux pour ne l’être pas ?
Comment se fait-il, dit Horace dans sa première Satire, que personne ne soit content de son sort ni de son état, et qu’on porte toujours envie à celui du voisin ? L’effet de la chanson de chaque métier doit être, au contraire, de faire que chacun, tandis qu’il la chante, se sente intérieurement fier, orgueilleux même de son état, et le préfère décidément aux autres professions, sans mépris toutefois, sans insulte et sans amertume.
Obligée, par mon état de femme, de captiver les esprits, j’ignorais toutes les nuances de l’amour-propre, et je le révoltais quand je croyais le flatter. […] Un moraliste physiologiste a dit : « De même que, lorsqu’on s’est trop appliqué le soir à un travail, on a mille idées pénibles, tiraillées, fatigantes, qui reviennent avant le sommeil ; mais, au matin, tout s’éclaircit, et l’on se réveille avec de nouvelles idées faciles et vives, qui sont dues pourtant à cet effort du soir précédent : de même, d’une génération à l’autre, les formes d’idées qui, chez Mme Necker, sont à l’état de préparation laborieuse et compliquée, et presque de cauchemar, se réveillent chez Mme de Staël, jeunes, brillantes et légères. »
Le lendemain de son blâme par le Parlement et de son triomphe devant l’opinion, Beaumarchais me paraît être entré dans un léger état d’ivresse et d’exaltation dont il ne sortira plus, et qui se conciliera très bien toujours avec beaucoup d’habileté et de présence d’esprit dans le détail. […] Quand on veut pourtant bien apprécier les qualités propres du talent de Beaumarchais, et ses limites du côté de la poésie et de l’idéal, il convient de lire, après ces scènes de la comtesse et de Chérubin, celles du premier chant du Don Juan de Byron, où ce jeune Don Juan à l’état de Chérubin engage sa première aventure avec l’amie de sa mère et la femme de Don Alfonso, avec Doña Julia.
Je ne me sens pas de corps, et ma cervelle me semble à l’état de gaz. […] » Et l’épouvante du diable se grossissant, au point de vue casuistique, de toutes les messes qu’il avait dites, en état de péché mortel, l’épouvante était si grande, qu’elle gagna le jeune prêtre, qui se mit à se cacher la figure dans les matelas.
Mais ce n’est point dans les livres quelle inspire, que le lettré cherchera le tableau de la nouvelle littérature dont le caractère le plus apparent est une sorte d’inquiétude, un état de crainte permanente, de regrets, une tendance à revenir en arrière. […] C’est par cet état seul de la littérature actuelle qu’il faut expliquer le succès qui accueille les femmes de plus en plus nombreuses et qui écrivent.
C’est un grand don de la Providence, selon la remarque judicieuse d’un philosophe, de pouvoir communiquer ses pensées, par la parole, & d’être en état d’exprimer ces paroles par certaines figures fixes. […] C’est l’exposition, l’analyse, & la discussion de ces caractères qui font l’objet de son livre ; c’est l’histoire de l’état actuel de la langue écrite qu’il y présente.
Pour mieux montrer que la Révolution ne fut point la fille de la philosophie du xviiie siècle, Cassagnac publie un exposé de l’organisation de la censure, un état de la librairie et un relevé d’arrêts du Parlement qui démontrent, avec la netteté d’une statistique, que les livres des philosophes n’avaient été lus au xviiie siècle que dans les hauteurs de la société, et qu’ils n’étaient jamais descendus assez dans les masses pour s’y propager et les incendier. […] Et, à ce propos, comme il faut qu’il soit toujours l’homme des renseignements inattendus, Cassagnac nous déploie une longue liste de tous les révolutionnaires, depuis Barrère jusqu’à Voyer-d’Argenson, depuis Marat et Danton jusqu’à Hérault de Séchelles et Fouquier-Tinville, avec l’état des charges publiques dont ils étaient investis sous ce gouvernement qui les sustentait et les honorait, et qui, pour sa peine, devait en mourir !
L’effort qui a été fait par de généreux idéalistes pour mettre tous les Français en état de lire et de comprendre une page imprimée donnera des résultats bons ou mauvais : cela dépend de tous ceux qui tiennent une plume. […] Voilà ce qu’on lit entre les lignes de ce livre allemand, qui vient à point pour rappeler à ceux qui ont l’honneur de tenir une plume les devoirs de leur état. […] L’état des sciences historiques est essentiellement variable. […] L’état d’officier était plus commode ; les devoirs du commandement étaient moins compliqués. […] Apprendre un état en échange d’un morceau de pain, telle est leur devise.
Quittez votre robe magistrale, ou sachez renoncer au repos : votre état est un état de guerre ; vous n’avez pas seulement affaire aux erreurs et aux vices, mais encore aux aveugles et aux vicieux ; votre unique souci, c’est d’avoir raison. […] Les animaux ont-ils le sentiment de leur état ? […] « Que l’homme connaît peu la misère de son état, s’il ne regarde pas la mort comme la plus belle invention de la nature ! […] Il y montre une grande connaissance du cœur de l’homme, et des différents états de la société. […] Ajoutez, si vous voulez, pourquoi ces possessions au-delà des mers, ces biens immenses dont vous n’avez pas même l’état ?
Victorin Fabre se donna le change à lui-même, et il interrompit bientôt ses leçons en se disant et en disant à ceux qui lui en parlaient qu’il s’était aperçu du danger que pouvaient avoir, dans l’état des circonstances politiques, certaines doctrines incomplétement expliquées et légèrement comprises.
Comme l’état de la France se dessine de plus en plus nettement, et que d’ailleurs les souvenirs abondent, les erreurs matérielles y sont moins capitales que dans les premières parties de l’ouvrage, et elles se simplifient, en quelque sorte, avec le cours des événements.
Les théologiens philosophes, qui ont analysé et décrit psychologiquement les divers états de la grâce.
Un certain degré d’émotion peut animer le talent ; mais la peine longue et pesante étouffe le génie de l’expression ; et quand la souffrance est devenue l’état habituel de l’âme, l’imagination perd jusqu’au besoin de peindre ce qu’elle éprouve.
L’archaïsme et le latinisme s’effacent à la fois et se fondent dans l’aisance spontanée de la phrase française : si bien qu’à vrai dire les vestiges de la vieille langue passent à l’état de licences bizarres, et les formes latines tendent à devenir une question de style plutôt que de grammaire.
La Motte ne peut assez s’étonner « du ridicule des hommes qui ont inventé un art exprès pour se mettre hors d’état d’exprimer exactement ce qu’ils voudraient dire ».
Je vois que c’est le peuple le plus rapace et le plus égoïste du monde ; celui où le partage des biens est le plus effroyablement inégal, et dont l’état social est le plus éloigné de l’esprit de l’Évangile, de cet Évangile qu’il professe si haut ; celui chez qui l’abîme est le plus profond entre la foi et les actes ; le peuple protestant par excellence, c’est-à-dire le plus entêté de ce mensonge de mettre de la raison dans les choses qui n’en comportent pas… Nous sommes, certes, un peuple bien malade ; mais, tout compte fait, nous avons infiniment moins d’hypocrisie dans notre catholicisme ou dans notre incroyance, dans nos mœurs, dans nos institutions, même dans notre cabotinage ou dans nos folies révolutionnaires.
… Claude se méfie bien encore un peu, étant psychologue de son état ; mais il continue à se demander : « Qui sait ?
Il s’en servit pour révéler une préoccupation de l’esprit, un état de l’âme, un sentiment, une passion ; pour faire éclater un caractère du premier mot et du premier geste.
Quant à apprécier le mouvement des croyances, la crue ou le décours de la foi, ce n’est point dans de courts espaces ni d’une génération à l’autre que cela se mesure : ces changements se marquent par siècles, et les divers états d’incrédulité et de croyance, à divers degrés, coexistent à la fois ; il n’est pas toujours aisé de les bien démêler.
Mais il y a une chose sûre, c’est que, dans tous les états sociaux que vous pourrez traverser, il y aura du bien à faire, du vrai à chercher, une patrie à servir et à aimer.
Au dehors, çà et là, sur la face de l’Europe, des peuples tout entiers qu’on assassine, qu’on déporte en masse ou qu’on met aux fers, l’Irlande dont on fait un cimetière, l’Italie dont on fait un bagne, la Sibérie qu’on peuple avec la Pologne ; partout d’ailleurs, dans les états même les plus paisibles, quelque chose de vermoulu qui se disloque, et, pour les oreilles attentives, le bruit sourd que font les révolutions, encore enfouies dans la sape, en poussant sous tous les royaumes de l’Europe leurs galeries souterraines, ramifications de la grande révolution centrale dont le cratère est Paris.
Accoutumé depuis long-temps à braver toutes les bienséances ; à mettre au théâtre des faits connus, des actions vraies, avec les noms, les habits, les gestes, & même les visages des citoyens par des masques très-ressemblans ; à n’épargner personne ; à ridiculiser les premiers de l’état, les généraux d’armée & les juges de l’aréopage ; il ne crut pas devoir respecter beaucoup un sage qui s’oublioit lui même, & qu’il accusoit de n’avoir que l’apparence de grand homme.
Cet Avis aux réfugiés leur fut donné dans le temps qu’ils invectivoient le plus contre la France, qu’ils se flattoient même d’être rappellés, de voir le gouvernement s’empresser à guérir la plaie faite à l’état, à réparer la perte de tant de milliers d’hommes qui portèrent dans les pays étrangers, avec leurs biens & avec nos arts, une haine implacable contre leur patrie.
Néanmoins les philosophes ont précisément la faiblesse d’aimer les questions qui sont encore à l’état de nébuleuses ; ils aiment ces problèmes où il y a du pour et du contre, comme donnant plus à faire à l’activité propre de l’esprit ; je soupçonne même qu’on les contrarierait, si des démonstrations irrésistibles les privaient du plaisir de la controverse et de la dispute.
De là des milliers de corrections, des intercalations de feuillets manuscrits, un dénouement entièrement nouveau, tous les pétards que ce Ruggieri tirait sur ses épreuves, toutes les bombes que l’homme, sans cesse en état de défense, lançait sur les marges pour protéger une œuvre qu’il ne jugeait pas suffisamment défendue.
La maniere dont M. de Bremond, mort à la fleur de son âge, avoit commencé à publier les Transactions philosophiques, les auroit mis en état de figurer à côté des Mémoires précédens.
C’est l’instant du jour, la saison, le climat, le site, l’état du ciel, le lieu de la lumière qui en rendent le ton général fort ou faible, triste ou piquant.
On reproche à ce visage son sérieux et sa gravité : mais n’est-ce pas là le caractère d’une femme grosse qui sent la dignité, le péril et l’importance de son état ?
Secondement, l’air de la plaine de Rome, qui s’étend jusqu’à douze lieuës dans les endroits où l’Appennin se recule le plus de cette ville, réduit durant les trois mois de la grande chaleur les naturels mêmes du païs qui doivent y être accoutumez dès l’enfance, en un état de langueur incroïable à ceux qui ne l’ont pas vû.
— de l’état moral d’une société où de tels faits se produisent impudemment sans que l’opinion en soit indignée.
Proudhon, nous l’avons dit, croit ou feint de croire à la ruine de ce que l’histoire du monde appelle la politique, et à laquelle il substitue un ordre économique, impossible, il est vrai, à concevoir avec l’état actuel de la tête humaine.
Outre que j’avais le goût de comprendre tous les états d’âme, j’avais trop de sens esthétique pour flétrir ceux qui jouissent.
Une foule de tyrans, ou étrangers, ou domestiques, déchiraient ce beau pays pour le partager ; les papes excommuniaient, combattaient et négociaient pour se faire un état.
Admirons en tout ceci la Providence divine qui, nous ayant donné comme pour la garde de notre corps des sens, à la vérité bien inférieurs à ceux des brutes, voulut qu’à l’époque où l’homme était tombé dans un état de brutalité, il eût pour sa conservation les sens les plus actifs et les plus subtils, et qu’ensuite ces sens s’affaiblissent, lorsque viendrait l’âge de la réflexion, et que cette faculté prévoyante protégerait le corps à son tour.
Le rêve d’humanité primitive qui y est exprimé est lui-même le résultat d’un état de civilisation très avancé. […] Mais voyez en quel état peut le plonger la lecture des livres de l’un d’eux. « Au moment où je tourne la dernière page, je me sens parfaitement ivre. […] Villemain, aidé de Cousin et de Guizot, introduisit l’histoire dans la critique Il est désormais entendu que l’œuvre littéraire soutient d’étroites relations avec l’état social, avec l’état politique, avec les actions et les influences du dehors. […] Il s’informa exactement de l’état de leurs âmes et des courants d’idées qui les sollicitaient. […] Ceux qui l’ont approché dans sa cellule assurent que son information est assez complète sur l’état présent des esprits.
J’ai pris le parti de faire mettre à terre un matelas, et là-dessus couché, je demeure dans un état d’engourdissement ensommeillé, qui ne perçoit que très vaguement la canonnade et la mort. […] La vie se vit, ces jours-ci, dans un état extraordinaire d’absence de l’esprit et de fatigue du corps. […] Et je suis dans d’horribles transes que Nadar ne s’en aperçoive, que Nadar ne découvre l’état du malheureux. […] Je le retrouve avec sa mélancolie sereine, faisant le triste tableau du triste état de l’Officiel d’à présent. […] Il demande à être officiellement déclaré un individu sans conséquence, et de jouir de toutes les immunités attachées à cet état.
Je hais comme la mort l’état de plagiaire ; Mon verre n’est pas grand, mais je bois dans mon verre. […] Il n’est pas dans un état inquiétant, mais il est fort triste de voir languir et souffrotter une personne qu’on aime et qui est ordinairement si bonne et si gaie. […] En sa qualité de médecin, il jugea que cet état d’exaltation chronique, qui n’empêchait pas Musset d’être amoureux — au contraire, — ne valait rien pour un homme relevant à peine d’une fièvre cérébrale. […] Que je t’aie inspiré de l’amour ou de l’amitié, que j’aie été heureuse ou malheureuse avec toi, tout cela ne change rien à l’état de mon âme à présent. […] Son humeur procédait par soubresauts, selon qu’il traversait l’un ou l’autre des états d’esprit définis par M.
Les chapitres sur la flânerie qui ouvrent la Bibliothèque de mon Oncle sont, comme il le dit agréablement, l’histoire fidèle des plus grands travaux de son adolescence : « Oui, la flânerie est chose nécessaire au moins une fois dans la vie, mais surtout à dix-huit ans au sortir des écoles… Aussi, un été entier passé dans cet état ne me paraît pas trop dans une éducation soignée. […] Une telle polémique, morale par l’intention, mais où il entre pour le détail beaucoup d’inexactitudes, tend à prolonger un état de roideur et de secte, un système de défensive qui ne me paraît point du tout favorable à ce que je désire le plus avec M. […] La plupart des hommes célèbres en France, s’ils n’y prennent garde, meurent au moral, dans un véritable état de dilapidation, j’allais dire pis.
Aussi, quand on eut l’éveil, quand les conjectures malicieuses et peut-être aussi, nous assure-t-on, l’état de la jeune personne, amenèrent les parents d’Éléonore à presser le chevalier de Parny de s’expliquer ou de rompre, celui-ci sollicita en vain de son père la permission d’épouser. […] Mais on avait devant soi des adversaires mieux en état de riposter qu’en l’an VII. […] Désiré Laverdant) qui s’est sérieusement occupé de Madagascar, et qui a pris la peine de recueillir quelques chansons malegaches authentiques, nous confirme d’ailleurs dans notre doute, et nous assure que les Chansons madecasses de Parny sont tout à fait impossibles : « Il a inventé, nous dit-on, les nuances de sentiment, les caractères qu’il prête à cet état de société, et jusqu’aux noms propres ; c’est du Parny enfin, du sauvage très-agréablement embelli. » La comparaison de quelques pièces du vrai cru avec celles de Parny, et les considérations piquantes que pourrait suggérer ce rapprochement, nous mèneraient ici trop loin ; nous espérons en tirer matière un jour à un petit chapitre supplémentaire.
Cet état le fatiguait. […] « Cet état de son âme que nous avons tenté d’analyser était-il aussi parfaitement clair pour Jean Valjean que nous avons essayé de le rendre pour ceux qui nous lisent ? […] « Toutes ces choses, réalités pleines de spectres, fantasmagories pleines de réalités, avaient fini par lui créer une sorte d’état intérieur presque inexprimable.
Le quiétisme est une erreur de certains mystiques qui prétendent s’élever à un état de perfection indéfectible, dans lequel leur âme, unie à Dieu, ne fait plus d’actes distincts de foi ou d’amour, ne connaît plus les dogmes définis, n’emploie plus les prières formelles, ne désire plus le salut éternel, s’abandonne passivement à la volonté divine, à toutes les inspirations et suggestions de cette volonté : le pur amour des quiétistes aboutit, en théologie à l’indifférence aux dogmes, en discipline au mépris des autorités ecclésiastiques, en morale à l’abandon de tout l’esprit et de toute la chair aux suggestions de l’instinct intérieur. […] Mais dans sa haute et généreuse intelligence, ce service s’élargit, de façon que son état de prêtre ne lui crée jamais une dispense, lui impose souvent une aggravation de peine et d’effort. […] Malgré tout, par-dessus le prédicateur et par-dessus l’évêque, surnage toujours le galant homme, l’homme du monde, qui « ne se pique de rien », qui fait les devoirs de son état en perfection, sans tapage et sans pose, sans gravité trop sérieuse aussi, avec un coin de sourire aux lèvres, et un air exquis de finesse un peu railleuse.
J’y ai pris une sorte d’habitude de voir sous terre et de discerner des bruits que d’autres oreilles n’entendent pas, L’essence de la critique est de savoir comprendre des états très différents de celui où nous vivons. […] Il était toujours par voies et par chemins, passant ses jours et ses nuits dans les cabarets ; avec cela, bon et honnête ; mais il fut impossible de lui donner un état. […] en quel état je les ai vus réduits !
Mardi 21 février Cette grippe, ça vous met dans un état de faiblesse et de paresse du vouloir tout à fait particulier. […] c’est terrible cette pensée — et de la terreur vient à ses yeux. — Il y a des nuits, où je saute tout à coup sur mes deux pieds, au bas de mon lit, et je reste, une seconde, dans un état d’épouvante indicible ». […] Dimanche 1er octobre L’amour du mari chez l’Américaine diffère de celui de la femme française : « L’Américaine préfère toujours son mari à son enfant, la Française, toujours son enfant à son mari. » Jeudi 12 octobre Je revois Daudet, dans une espèce d’allégresse, de bonheur exalté produit par le travail, et qui ressemble à de la griserie : un état très particulier et que je n’ai constaté que chez lui.
Protégé quelquefois par les Empereurs, il tâcha de se maintenir dans cet état de médiocrité jusqu’à la chûte de l’Empire. […] Il prêcha toute sa vie, non pas dans les chaires, où son état ne lui permettoit pas de monter, mais par écrit ; & ce qui paroîtra peut-être plus étonnant, il prêcha solidement. […] D’ailleurs le livre du Pere Houdry renferme vingt-deux gros volumes in-4°., & il y a bien peu de gens, sur-tout parmi les Curés de la campagne, qui soient en état de se le procurer ; cela emporteroit une année du revenu de leur Cure.
Tel était à la fin de la Restauration l’état de la littérature ; état critique, qui n’était pas encore la maladie, mais n’était déjà plus la santé ; état d’anarchie et d’agitation inquiète qui allait recevoir d’une nouvelle secousse politique une aggravation soudaine. […] Mais l’esprit qui a inspiré ce livre se retrouve dans plusieurs des romans du même écrivain ; non plus sous ces formes pédantesques et cyniques, mais à l’état de maximes pratiques et de morale usuelle70. […] Consacré par la loi humaine, le mariage, à l’entendre, est repoussé par la loi divine ; engendré par cet état de société factice et faux qu’on appelle la civilisation, il est en opposition violente avec le vœu de la nature ; il doit disparaître dans une société meilleure. […] Il croit fermement toute amélioration humanitaire impossible tant qu’un état, démocratiquement organisé, ne s’emparera pas des jeunes citoyens, à l’heure même où les soins de la femme leur sont devenus inutiles, pour les élever en commun et chacun selon la direction indiquée par l’ensemble de ses facultés cérébrales. […] Mais la révolte ne s’y montre encore qu’à l’état de déclamation lyrique, de poétique anathème.
Rien de sublime ni de chimérique dans le but qu’il nous propose ; tout y est pratique, c’est-à-dire bourgeois et sensé ; il s’agit « d’être à l’aise ici-bas, et heureux plus tard916. » To be easy, mot intraduisible, tout anglais, qui signifie l’état confortable de l’âme, état moyen de satisfaction calme, d’action approuvée et de conscience sereine. […] La pédanterie d’Adam et ses prédications de ménage lui semblent convenir au pur état d’innocence. […] Il dresse la liste des gens morts ou malades d’amour, et des causes ridicules qui les ont mis dans ce triste état. « William Simple, frappé à l’Opéra par un regard adressé à un autre. — Sir Christopher Crazy, baronnet, blessé par le frôlement d’un jupon de baleine. — M.
l’homme le plus riche n’est pas plus heureux que celui qui vit au jour le jour, si le sort ne lui laisse pas terminer sa carrière dans cet état de prospérité ; on voit même des hommes avec de grandes richesses être malheureux, tandis que beaucoup d’autres dans la médiocrité sont parfaitement heureux. […] L’un peut, à la vérité, remplir tous ses désirs, et réparer promptement une perte ou un dommage qu’il éprouve ; mais l’autre, s’il n’a pas la même facilité, est déjà (dans l’état de bonheur où nous le supposons) à l’abri de ces désirs ou de ces pertes. […] Elle leur répondit qu’elle était, elle-même, hors d’état de distinguer l’aîné, quoique peut-être elle sût parfaitement la vérité ; mais elle la taisait, parce qu’elle désirait que ses deux enfants fussent reconnus pour rois. […] Cependant, après tant d’attaques, les barbares, persuadés que les Grecs, en si petit nombre, devaient nécessairement être tous blessés et hors d’état de se servir de leurs bras, en tentèrent encore une le jour suivant ; mais elle n’eut pas un plus heureux succès que les autres.
Deux ou trois paysages de l’île Bourbon, deux ou trois états du ciel : rien de plus, et cela suffit.
Et enfin, il n’est pas déraisonnable de penser que l’état d’humiliation où la première jeunesse du roi fut tenue par sa déraisonnable mère, lui rendait impossible cette confiance en lui-même et dans les autres, qui est le premier véhicule de l’amour ; qu’il ne voyait dans Anne d’Autriche qu’une femme attachée à lui par le devoir ; qu’il avait besoin d’être relevé de cette dépression par la tendresse de personnes désintéressées.
Bossuet n’étoit jamais plus en état de donner un libre essor à son éloquence, qu’après s’être nourri de la substance des Livres saints, & s’être animé par la lecture des plus beaux morceaux des anciens Orateurs.
Colbert, que ce Ministre lui envoya 100 louis de la part du Monarque, & peu après le mit sur l’état du Roi pour une pension de 600 livres.
Et nous n’avons pas à souffrir, à nous accroître, à nous meurtrir, à faire constamment pénitence, afin de perdre l’indignité de notre état.
D’un art autrement délicat et difficile, est la notation, des paysages, des musiques et des états d’âmes un peu subtils.
Il en prit possession : mais l’état de curé lui convenoit encore moins que celui de jésuite.
Couvrons-nous, de peur qu’on ne nous voie dans cet état.
L’explosion faite, il retombe dans son état naturel, le silence.
Il étoit reservé à ces peuples que la misere feroit sortir un jour de dessous les neiges du nord, de croire que le meilleur champion devoit être necessairement le plus honnête homme, et qu’une societé où l’honneur obligeroit les citoïens à vanger eux-mêmes à main armée leurs injures, ou vraïes ou prétendues, pouvoit mériter le nom d’état.
Depuis Pascal et madame de Sévigné, il fut encore des succès faciles et des livres dont on peut expliquer la tranquille possession d’état parmi les œuvres qu’on ne discute plus, sans avoir recours au phénomène du génie.
Lisez son livre, et voyez si déjà, dans ce jeune homme d’hier, il n’y a pas assez de pénétration, assez de profondeur prématurée, assez de mépris admirablement exprimé, pour arriver très vite à cet état de l’âme dont les hommes ont fait une fatalité, — la misanthropie.
Nous l’avions appelé un de Maistre à l’état d’enveloppement, qui n’était pas sorti, mais qui peut-être sortirait.
C’est l’état d’une âme que M.
En 1788, il s’était trouvé chez son oncle Claude Perier, à Vizille, pendant la tenue des états du Dauphiné, de cette assemblée « d’où partit le premier cri de rénovation qui devait retentir sitôt et se prolonger si longtemps dans le monde110. » Il avait pu dès lors sympathiser avec Mounier, à qui plus tard une amitié étroite l’attacha. […] Les raisons politiques, tirées de l’état présent des esprits, ne manquaient pas à l’argumentation de Camille Jordan : il les développait pleinement et les mettait en lumière ; mais elles étaient vraies alors et avouées, ces raisons de prudence sociale et de sagesse, partout autre part qu’au sein des corps officiels, pour qui l’intérêt personnel et l’instinct de conservation offusquaient le droit, et qui, sans cesse sur la défensive et se sentant menacés, n’avaient de prochain salut et de ressource que dans une crise violente. […] J’espère cependant être en état de partir jeudi prochain, mais je meurs de peur que le climat du Nord ne convienne pas à ce pauvre enfant. […] Pourquoi vous peindre, cher Matthieu, un si misérable état ? […] « Ce 20 août (1816), Coppet. » Le retour à Paris annoncé comme prochain fut retardé par l’état de santé de M. de Rocca, et c’est de Coppet encore que, sur la nouvelle de son élection, Mme de Staël écrivait à Camille en l’exhortant vivement de reprendre la vie politique comme elle l’avait précédemment convié à la gloire littéraire « Coppet, ce 12 septembre 1816.
Washington répond : « Il est impossible, mon cher marquis, de désirer plus ardemment que je ne fais, de terminer cette campagne par un coup heureux ; mais nous devons plutôt consulter nos moyens que nos désirs, et ne pas essayer d’améliorer l’état de nos affaires par des tentatives dont le mauvais succès les ferait empirer. […] Quand on lui fait d’abord demander quelques conseils sur l’état des choses en France, il se contente de répondre que le roi de Prusse est bien impertinent. […] Les remèdes qu’il proposerait sont modestes, de simples palliatifs, les seuls qu’il croie proportionnés, dit-il encore, à l’état présent de l’estomac national. […] C’est cet homme qui jugeait si nettement l’état de la société en 1799, qui, dans son admirable lettre à M. de Maubourg, désormais acquise à l’histoire89, après un vigoureux tracé des partis, continuait ainsi : « Voilà, mon cher ami, le margouillis national au milieu duquel il faut pêcher la liberté dont personne ne s’embarrasse, parce qu’on n’y croit pas plus qu’à la pierre philosophale….. », et qui ajoutait : « Je suis persuadé que, s’il se fait en France quelque chose d’heureux, nous en serons….. […] C’est un des inconvénients des gouvernements démocratiques, que le peuple, qui ne juge pas toujours et se trompe fréquemment, est souvent obligé de subir une expérience, avant d’être en état de prendre un bon parti.
Le malheureux pasteur qui regardait l’état de joie comme obligatoire pour un chrétien, en est bientôt rudement précipité dans l’affreuse détresse. […] Elle n’obtient non plus la fusion que l’analyse : les éléments en restent à l’état brut. » Les Goncourt accusaient au contraire leur grand ami d’avoir « une trop belle syntaxe ». […] En l’espèce, je préfère la République, parce qu’elle est le régime adapté à l’état de haute civilisation où la France me semble parvenue, et celui qui assure le mieux, ou le seul qui assure la liberté de penser. […] Il est vrai qu’on peut concevoir, et même réaliser le roman à l’état pur. […] C’est bien là où il tend et ce qu’il désire… Tenez, je crois que j’appelle lyrisme l’état de l’homme qui se laisse vaincre par Dieu… » C’est où l’on voit les affinités de M.
Un autre jour il a une vision terrible ; pendant la fièvre, il se repent ; il ouvre la Bible, il y trouve des paroles qui conviennent à son état : « Invoque-moi dans tes jours d’angoisses, et je te délivrerai. » La prière alors vient à ses lèvres, la vraie prière, qui est l’entretien du cœur avec un Dieu qui répond et qu’on écoute. […] À force de travail intérieur, il obtient « de son esprit non-seulement la résignation à la volonté de Dieu, mais encore la gratitude sincère1034. » — « Je lui rendis d’humbles et ferventes actions de grâces pour avoir bien voulu me faire comprendre qu’il pouvait pleinement compenser les inconvénients de mon état solitaire et le manque de toute société humaine par sa présence, et par les communications de sa grâce à mon âme, me soutenant, me réconfortant, m’encourageant à me reposer ici-bas sur sa providence et à espérer sa présence éternelle pour le temps d’après1035. » Dans cette disposition d’esprit, il n’est rien qu’on ne puisse supporter ni faire ; le cœur et la tête viennent aider les bras ; la religion consacre le travail, la piété alimente la patience, et l’homme, appuyé d’un côté sur ses instincts, de l’autre sur ses croyances, se trouve capable de défricher, peupler, organiser et civiliser des continents. […] Il « s’efforce de se lever sur sa paille, mais la force lui manque, et il n’est capable que de s’appuyer contre le mur, soutenu d’un côté par son fils et de l’autre par sa femme. » En cet état, il parle, et son sermon, qui fait contraste avec son état, n’en est que plus émouvant. […] Il déclare que « l’esprit whig est la négation de tout principe », que « le premier whig a été le diable », que « la couronne n’a pas assez de pouvoir », que « le genre humain ne peut être heureux que dans un état d’inégalité et de subordination. » Pour nous, Français du temps, admirateurs du Contrat social, nous sentons bien vite que nous ne sommes plus en France.
À peine quatre mois s’étaient écoulés depuis son départ: inconnu, sans argent, sans amis, sans protection, il avait traversé la France, la Hollande, l’Allemagne, la Prusse, la Russie, et tout à coup il se trouvait établi à Moscou, ayant un état, des amis, du crédit et un protecteur. […] Cependant on avait mis Paul, qui commençait à reprendre ses sens, dans une maison voisine, jusqu’à ce qu’il fût en état d’être transporté à son habitation. […] La nature s’étant ainsi soulagée dans ces trois infortunés, un long assoupissement succéda à l’état convulsif de leur douleur, et leur procura un repos léthargique, semblable, à la vérité, à celui de la mort. […] Au bout de trois semaines, Paul fut en état de marcher ; mais son chagrin paraissait augmenter à mesure que son corps reprenait des forces. […] Les éditions avouées par l’auteur furent moins nombreuses ; mais elles suffirent pour le mettre en état d’acheter une petite maison avec un jardin, située rue de la Reine-Blanche, à l’extrémité du faubourg Saint-Marceau: véritable chartreuse, dont aucun bruit, aucun voisin ne troublait la solitude.
Une vue générale nous découvre que ce genre est consacré à perpétuer dans le souvenir, par le merveilleux idéal, les actions des dieux, les hauts faits des héros, les fondations des états, les subversions des cités, les belliqueuses entreprises, les grandes découvertes sur les continents ou sur les mers. […] Origine des états de la Grèce. […] Les institutions déjà formées leur apprenaient de jour en jour que la valeur devait être la vertu fondamentale de l’état, puisqu’elle seule les garantissait des incursions de leurs voisins, et qu’elle protégeait les droits de l’indépendance et de la justice. […] Les déchirements d’un vaste état, déjà maître sur les trois anciens continents, réglant seul les affaires de tous les peuples et de tous les rois, et disputé par les plus expérimentés de ses propres chefs consulaires, présentaient à la méditation un exemple d’une utilité éternelle. […] Les factions politiques n’ont pas de haines plus acharnées que les sectes religieuses : jamais la rage qui anime dans les états les oppresseurs et les opprimés alla-t-elle plus loin que celle des catholiques et des protestants ?
Hors d’état de parler, elle indiquait par des gestes les secours qu’elle croyait encore possible de lui donner. […] C’est ce que personne n’est en état de deviner. […] La matière n’a pas, à l’état gazeux, moins d’énergie qu’à l’état solide. […] Bientôt, cet homme inoffensif, victime d’une odieuse et folle suspicion, fut mis en état d’arrestation et conduit à la Bourbe. […] Il représentait, quand il parut, l’état de la science.
D’ailleurs, il n’est pas probable que cet état de frayeur dure longtemps. […] Quelques dizaines de personnes, en Europe, sont en état de le comprendre tout à fait3. […] La conscience de son état, le pressentiment d’une fin prochaine ont attristé profondément cette intelligence qui est restée jusqu’au bout en possession d’elle-même. […] Il faudrait aller loin pour trouver un morceau du passé dans un état de conservation aussi parfait. […] Vous vous figurerez à grand-peine l’état d’abrutissement, d’ignorance et de stupidité naturelle de cette malheureuse Bretagne.
Mais Le Misanthrope et Les Femmes savantes sont dans un triste état depuis 1730 jusqu’à 1800. […] qu’il est quelque chose comme le roi de l’univers : « Quel état, mon fils, que celui d’un homme qui, d’un trait de plume, se fait obéir d’un bout de l’univers à l’autre ! […] Mais ne voyez-vous pas que c’est surtout une marque singulière de l’état général des esprits et des âmes ? […] À cet égard, les innovations de Lecouvreur, puis de Clairon, furent énergiquement soutenues par lui ; mais il garda cette idée, à l’état de dogme, qu’il fallait bien se garder de dire les vers comme la prose. […] Mais l’Odéon était à l’état d’enfance souffreteuse.
L’art n’est pas une province dans un état, mais un état qui a commerce avec d’autres, et qui, de ce commerce, tire plusieurs éléments de sa prospérité ; du moins n’a-t-il pas à payer tribut. […] Ce qui les tente davantage, c’est la diversité de l’âme humaine, chacun de leurs sujets : un état de l’âme humaine, qu’ils étudient pour le seul plaisir de le connaître. […] En revanche, l’histoire est aujourd’hui dans l’état de plein épanouissement où l’on vit le roman naguère. […] Ils indiquent un état de l’âme, un état de l’esprit, sans doute, mais en outre un état physique, un état musculaire et nerveux. […] Mais il est vrai que survient une jeunesse ardente, prompte, et à laquelle ses devanciers ne lèguent pas une demeure en bon état et habitable pour elle.
La corruption était si bien dans les mœurs publiques et dans l’état politique qu’après la chute de Walpole, lord Bute, qui l’avait dénoncée, fut obligé de la pratiquer et de l’accroître. […] Un Anglais, dit Chesterfield, se croit en état de battre trois Français. […] Dans un pareil état, « toutes les passions étant libres856, la haine, l’envie, la jalousie, l’ardeur de s’enrichir et de se distinguer, paraissent dans toute leur étendue. » Jugez de la force, et de la séve avec lesquelles l’éloquence doit s’y implanter et végéter. […] Il a beau avouer tout haut qu’en l’état où il est, son ennemi « désarmerait une rancune privée » ; il redouble. « Pour ma part, je ne prétends point comprendre ces prudentes formes du décorum, ces douces règles de discrétion que certaines gens essayent de concilier avec la conduite des plus grandes et des plus hasardeuses affaires. […] C’est l’exposé de toute une administration, c’est l’histoire entière de l’Inde anglaise, c’est la théorie complète des révolutions et de l’état politique qui arrive comme un vaste fleuve débordant pour choquer, de son effort incessant et de sa masse accumulée, quelque crime qu’on veut absoudre ou quelque injustice qu’on veut consacrer.
Fénéon a pris trop à cœur son état de fidèle de « l’église silencieuse » dont parle Gœthe, et que, nous autres, nous fréquentons trop peu. […] Il les reçoit à l’état de boutures plus souvent qu’à l’état de graines : mais comme le terreau est excellent, elles reprennent, elles verdoient, elles fructifient. […] Aussi quand il se crut mis en demeure de choisir entre ses idées et son état, il choisit de garder ses idées, sans se demander si l’abandon de son état n’allait pas diminuer l’intérêt même de ses idées. […] Taine son art de philosopher sur de menus faits ; l’autre a trouvé dans le même héritage le goût de comparer aujourd’hui avec hier, et la force de comprendre que le dernier état social d’un peuple, s’il n’est pas le meilleur, n’est pas non plus le pire de tous les états possibles. […] La personnalité d’Aurier n’y est pas encore bien nette ; son esprit ne s’y affirme qu’à l’état de collaborateur, ― collaborateur de Scarron et de Théophile Gautier, de Balzac et même de certains petits naturalistes qui tentèrent d’être goguenards.
Il avait embrassé l’état ecclésiastique et il fut aumônier de Henri II encore Dauphin. […] Il dit qu’Œdipe prodigue des antithèses au lieu de se livrer à sa douleur, et à l’horreur de son état. Sa douleur, je le veux bien, mais l’horreur de son état ! […] Allons, je l’avoue, il y a lieu de dire en quelque manière : l’horreur de son état. […] Son état tenait de l’imbécillité, et cet état ne changea point jusqu’au dix-septième jour de sa maladie, qui fut celui de sa mort.
De même qu’un dégustateur habile arrive à dire le crû et l’année du vin qu’on lui donne à apprécier, de même le critique doit être en état de démêler à première vue la saveur particulière de l’écrit qu’on lui soumet. […] Il fut pour beaucoup d’entre eux à la fois un révélateur et un propagateur de certains états d’âme. […] Ai-je la prétention de lui apprendre qu’il a tracé un tableau incomplet des états d’âme de la génération dont il fait partie ? […] Il ne voit pas les phénomènes à l’état isolé ! […] Qu’il soit ou se croie en possession de la vérité, le résultat est le même pour son état mental.
Mais, au fond, cette corruption ne fait pas sur notre état social une tache si grande ; le voile d’innocence, la blanche mousseline d’une première communiante qui passe suffit pour le faire oublier. […] … Es-tu en état de me faire dîner au Palais-Royal ? […] Ce médecin retroussait sa manche, plongeait la main dans la terrine et en tirait une peau de femme, bien complète ; après avoir constaté l’état de la préparation, il la replongeait dans le bain, en disant : “Voici le carnaval, elles ne seront pas rares cette année.” […] Mais ils étaient vis-à-vis l’un de l’autre à l’état de puissances ; ils ressemblaient aux souverains que leur dignité empêche de se rendre visite. […] Il était calme, profondément triste, et déplorait le malheureux état où il laissait la France.