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1131. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Lapaire, Hugues (1869-1967) »

Il n’y a là pas un mot, pas une image que ne puisse comprendre le plus simple de ces laboureurs berrichons à qui M. 

1132. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Margueritte, Victor (1866-1942) »

Dans La Belle au bois dormant, le poète récrit en fort jolis vers le vieux conte féerique allégorisant sous ces personnages de fiction naïve l’amour et la vie dans leur beauté simple.

1133. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mauclair, Camille (1872-1945) »

Des mélodies, des ballades, des complaintes, des litanies, des hymnes et des prières, simples, douces, susurrées au crépuscule automnal par un jeune poète, avec je ne sais quoi de troublant, d’imprécis, de mystérieux, et surtout d’étrangement mélancolique mais résigné.

1134. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Rouquès, Amédée (1873-1935) »

Regrets et espérance, c’est tout le cœur de l’adolescent, et c’est tout ce livre, où s’avoue avec une ingénuité qui fait penser à Verlaine, en hésitant, mais avec de beaux éclats soudains, une âme à la fois simple et romanesque, mélancolique et ardente.

1135. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 252-254

Composition simple & fiere, tableaux vrais & touchans, diction noble & facile, qui dédaigne ce vain luxe de métaphores, & ces tours apprêtés qui ne séduisent que les esprits sans goût.

1136. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 275-277

Bergier, avec un style simple & naturel, est parvenu à réduire en poudre cet amas d’objections, qui ne prouvent que la mauvaise foi de ceux qui les enfantent ; de détruire ces systêmes captieux, qui n’ont rien d’évident que la foiblesse des fondemens ruineux qui les appuient ; de donner aux dogmes de la Religion cette force & cette consistance qui les met à l’épreuve de la critique, & décide les hommages de la Raison, lorsqu’elle n’est pas tout-à-fait corrompue.

1137. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — J. — article » pp. 531-533

Rien de si ingénieux & de si simple que le plan de ce Poëme.

1138. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — N. — article » pp. 408-410

Tout est digne d’éloge dans cet Ouvrage, plan habilement dessiné, distribution des matieres rangées avec méthode, principes établis avec clarté, raisonnemens déduits avec justesse & fortement enchaînés, style simple, lumineux & toujours soutenu.

1139. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 42-44

Nous parlerons encore de son Histoire de Turenne, moins pour en approuver l’ordonnance, que pour y rendre justice à des paralleles ingénieux, aux portraits bien dessinés, à la narration simple, noble & aisée, qui rendent cet Ouvrage supérieur aux Productions de nos Biographes modernes, sans en excepter l’Histoire de Louis XI, par M. 

1140. (1913) Le bovarysme « Deuxième partie : Le Bovarysme de la vérité — III »

Elle n’est pas figée dans le fait de l’existence pure et simple.

1141. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre cinquième. La Bible et Homère. — Chapitre premier. De l’Écriture et de son excellence. »

Ne dirait-on pas que tout est grand et simple dans Moïse, comme cette création du monde, et cette innocence des hommes primitifs, qu’il nous peint ; et que tout est terrible et hors de la nature dans le dernier prophète, comme ces sociétés corrompues, et cette fin du monde, qu’il nous représente ?

1142. (1761) Salon de 1761 « Peinture —  Dumont le Romain  » pp. 115-116

La figure symbolique de la ville est simple, bien drapée, bien noble, d’un beau caractère, bien disposée ; mais elle est du siècle de Jules Caesar ou de Julien.

1143. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Cromwell » (1827) »

À la vérité, plusieurs des principaux champions des « saines doctrines littéraires » lui ont fait l’honneur de lui jeter le gant, jusque dans sa profonde obscurité, à lui, simple et imperceptible spectateur de cette curieuse mêlée. […] Dans cette société, tout est simple, tout est épique. […] C’est que le beau, à parler humainement, n’est que la forme considérée dans son rapport le plus simple, dans sa symétrie la plus absolue, dans son harmonie la plus intime avec notre organisation. […] Mais si ce miroir est un miroir ordinaire, une surface plane et unie, il ne renverra des objets qu’une image terne et sans relief, fidèle, mais décolorée ; on sait ce que la couleur et la lumière perdent à la réflexion simple. […] Presque tous se sont bornés à reproduire sur des dimensions plus étendues le simple et sinistre profil qu’en a tracé Bossuet, de son point de vue monarchique et catholique, de sa chaire d’évêque appuyée au trône de Louis XIV.

1144. (1888) Épidémie naturaliste ; suivi de : Émile Zola et la science : discours prononcé au profit d’une société pour l’enseignement en 1880 pp. 4-93

Il lança l’Assommoir comme simple ballon d’essai. […] Cette langue française si claire, si simple, si concise dans sa construction, ils la surchargent, la dérangent, la rendent parfois prétentieuse et inintelligible. […] Un simple littérateur, un lettré, en ce qui concerne le style quant au reste, c’est un observateur amateur ; tout le monde peut l’être. […] Il ne s’agit pas seulement de la transmission simple des caractères, par voie de filiation, mais de leur accroissement et de leur augmentation en intensité en raison de l’espace de temps parcouru. […] Sur une simple observation, l’idée plus rapide que l’expérience, qui ne vient toujours qu’après pour réviser, a ouvert des champs sans limite aux investigations humaines.

1145. (1891) Essais sur l’histoire de la littérature française pp. -384

Géruzez n’honore même pas d’une simple mention, sont diaboliques de génie ! […] Poitou, Balzac ne s’est pas borné à de simples excursions dans le monde des forçats et des filles de joie. […] Les Faux Bonshommes et les Fleurs du Mal y prendront place à titre d’explication indispensable ou de simple complément. […] Mais la bête avide et avare ne saurait faire cette réflexion bien simple que, pour un père de sa sorte, marier une fille sans dot est une bonne fortune inespérée. […] Mais des idées simples sortent les conceptions larges.

1146. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LII » pp. 203-205

Les purs universitaires sont sérieusement blessés ; ils voulaient et ils veulent la domination pure et simple, et l’autre jour, par l’organe de M.

1147. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Pichat, Laurent = Laurent-Pichat, Léon (1823-1886) »

Poète de combat, il l’est dans ses romans et ses nouvelles de haut goût et de psychologie supérieure, où il traduit sans phrases ni sermon, par la simple analyse des âmes et des choses, l’incessante préoccupation de son esprit généreux.

1148. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Soulié, Frédéric (1800-1847) »

Une simple pièce de vers, une élégie, un sonnet, faisaient remarquer l’auteur, et il était admis partout.

1149. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre VI. L’antinomie religieuse » pp. 131-133

Institution sociale d’abord, elle est devenue par la suite un simple fait de conscience individuelle ; un état d’âme, une idée et un sentiment intérieurs ; elle s’est individualisée de plus en plus57.

1150. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VI. La littérature et le milieu social. Décomposition de ce milieu » p. 155

Elle groupe les faits dans un ordre, qui s’efforce d’être simple, naturel et logique, puisqu’il va des plus matériels aux plus spirituels, des plus éloignés aux plus rapprochés de la littérature.

1151. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » pp. 484-486

Il avoit, outre cela, un esprit naïf & judicieux, un style simple, quelquefois énergique, & sur-tout une manière de concevoir & de présenter les choses, qui en fait un Auteur original.

1152. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 416-419

Son style est, en général, pur, naturel, simple, sans exclure l’élégance, & a le mérite d’être toujours proportionné aux divers objets qui se présentent à traiter.

1153. (1763) Salon de 1763 « [À mon ami Monsieur Grimm. » pp. 171-182

Toutes les sortes de goût, un cœur sensible à tous les charmes, une âme susceptible d’une infinité d’enthousiasmes différents, une variété de style qui répondît à la variété des pinceaux ; pouvoir être grand ou voluptueux avec Deshays, simple et vrai avec Chardin, délicat avec Vien, pathétique avec Greuze, produire toutes les illusions possibles avec Vernet.

1154. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Henriette d’Angleterre » pp. 7-9

Mais le charme simple de sa manière communique des grâces inconnues à l’histoire, et un genre de pathétique, naïf et réprimé en même temps, d’une incomparable noblesse.

1155. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. BALLANCHE. » pp. 1-51

Damiron, comme au fond sa pensée, nourrie d’histoire et de psychologie, exercée à de fortes études, n’en est plus à la simple foi, mais à la conception systématique, il faut, pour qu’il puisse l’accommoder aux formes de la poésie, qu’il la ramène par artifice à une inspiration qui n’est point naïve…. […] Il avait naturellement l’âme musicale et sensible jusqu’à la chimère, et cela était poussé au point que dans un temps il ne pouvait prononcer le simple nom de Cymodocée sans répandre des larmes. […] Il croyait que la Restauration pouvait et devait être l’incarnation politique et civile du Christianisme ; l’instrument bourbonien lui paraissait nécessaire à son idée, bien qu’il le sentît rebelle ; simple erreur de moyen et de circonstance ! […] Son visage avait été défiguré par une opération, mais n’était point du tout laid pour cela ; ses yeux étaient brillants, larges et intelligents ; la joue était enflée d’un côté comme par une fluxion ; l’aspect général était simple, peut-être un peu trop ; mais la plus remarquable bienveillance dans toute sa personne, sa voix et ses manières, donnaient la plus agréable impression à tous ceux qui avaient quelque discernement. […] Ses habitudes étaient simples, et il semblait aussi heureux que jamais, même au bord de sa ruine. » Un de nos amis, de modeste et douce mémoire, feu d’Ortigues, a dit un beau mot sur Ballanche : « C’était un innocent, mais parfois un innocent sublime. » — Et un mot de M. de Barante : « Il vivait dans un nuage, mais le nuage s’entr’ouvrait quelquefois. » 1.

1156. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre III. Services locaux que doivent les privilégiés. »

J’ai vu de mon temps cette habitude cesser partout et à bon droit… Les seigneurs ne leur sont plus bons à rien ; il est tout simple qu’ils en soient oubliés comme ils les oublient… Personne ne connaissant plus le seigneur dans ses terres, tout le monde le pille, et c’est bien fait52. » Partout, sauf en des coins écartés, l’affection, l’union des deux classes a disparu ; le berger s’est séparé du troupeau, et les pasteurs du peuple ont fini par être considérés comme ses parasites. […] Dans le diocèse d’Auxerre, pendant l’été de 1789, les Bernardins de Rigny « se sont dépouillés, en faveur des habitants des villages voisins, de tout ce qu’ils possédaient : pain, grains, argent et autres secours, tout a été prodigué envers douze cents personnes qui, pendant plus de six semaines, n’ont cessé de venir se présenter chaque jour à leur porte… Emprunts, avances prises sur les fermiers, crédit chez les fournisseurs de la maison, tout a concouru à leur faciliter les moyens de soulager le peuple ». — J’omets beaucoup d’autres traits aussi forts ; on voit que les seigneurs ecclésiastiques ou laïques ne sont point de simples égoïstes quand ils résident. […] Comment, étant besogneux, ne seraient-ils pas exigeants   Les voilà donc, vis-à-vis du paysan, à l’état de simples créanciers ; c’est à cela qu’aboutit le régime féodal transformé par la monarchie. […] C’est le bon villageois, doux, humble, reconnaissant, simple de cœur et droit d’esprit, facile à conduire, conçu d’après Rousseau et les idylles qui se jouent en ce moment même sur tous les théâtres de société86. […] Près de là, l’abbé de la Croix-Leufroy, « gros décimateur, et l’abbé de Bernay, qui touche cinquante-sept mille livres de son bénéfice et ne réside pas, gardent tout et donnent à peine à leurs curés desservants de quoi vivre ». — « J’ai dans ma paroisse, dit un curé du Berry88, six bénéfices simples dont les titulaires sont toujours absents, et ils jouissent ensemble de neuf mille livres de revenu ; je leur ai fait par écrit les plus touchantes invitations dans la calamité de l’année dernière ; je n’ai reçu que deux louis d’un seul, et la plupart ne m’ont pas même répondu. » — À plus forte raison faut-il compter qu’en temps ordinaire ils ne feront point remise de leurs droits.

1157. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers (2e partie) » pp. 177-248

Il est bien plus commode, en effet, à un chef d’État, dans un temps d’oscillation des croyances, de régir un seul culte que d’en régir plusieurs ; il est plus simple aussi de faire alliance avec un seul pontife et avec un seul clergé, pour lui emprunter et pour lui prêter force, que de flotter sur plusieurs religions qui, toutes occupées de lutter entre elles, ne présentent aucun point d’appui solide à une royauté ou à une dictature. […] » Remarquez que l’historien ne dit pas une religion vraie ou une religion divine ; il dégrade hardiment dans cette expression la religion (institution divine ou rien) jusqu’au rang de simple institution nationale. […] Si elle ne décelait pas le goût pur, la foi simple et solide des écrivains du siècle de Louis XIV, elle peignait avec charme les vieilles mœurs religieuses qui n’étaient plus. […] Mais ce soldat, dans sa position naturelle et simple de premier magistrat de la République française, n’avait point d’égal sur la terre, même sur les trônes les plus élevés. […] Mais il restait cette entrevue de nuit à la Madeleine, dans laquelle Moreau, Pichegru, Georges s’étaient trouvés ensemble, circonstance inconciliable avec un simple projet de ramener Pichegru en France.

1158. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre neuvième »

Le tour d’esprit de ce grand homme le portait un peu à la déclamation, et il paraissait d’abord plus touché du grandiose que du simple. […] Du couvent, il l’a placée dans une maison hors de la ville, où elle vit enfermée, sous la garde de deux domestiques aussi simples qu’elle. […] Au retour d’Arnolphe, la simple Agnès est amoureuse ; ses honnêtes gardiens ont déjà reçu de l’argent du galant. […] Célimène est charmante ; elle est veuve, elle est jeune : il est tout simple que les galants y abondent. […] A tout ce que le bel esprit donne de ridicules à une femme, ou ajoute à ses autres travers, il oppose tantôt le simple bon sens d’un bourgeois honnête homme, tantôt le naturel d’une jeune fille dont le cœur est pur et dont l’esprit n’est point gâté par la mode.

1159. (1840) Kant et sa philosophie. Revue des Deux Mondes

Klopstock, homme de province, simple et grave, chrétien et Allemand au xviiie  siècle, trouva dans son âme des chants inspirés qui, d’un bout de l’Allemagne à l’autre, furent accueillis comme l’aurore d’une poésie vraiment nationale. […] Galilée et d’autres conçurent l’idée de ne plus s’en tenir à la simple observation, aux classifications superficielles et aux lois empiriques qui en résultent. […] Si l’on veut bien se rappeler la marche des sciences et réduire le principe de leurs progrès à sa plus simple expression, on trouve qu’elles avancent à condition de négliger la partie extérieure et variable des choses sur lesquelles elles travaillent, et d’en considérer exclusivement la partie invariable et constante, c’est-à-dire la partie que l’esprit humain met dans toutes ses connaissances. […] Nous proclamons hautement notre entière adhésion à ces vues simples et fécondes qui dérivent de la méthode d’observation bien entendue. […] Ce qu’il entreprend est un simple essai, une esquisse d’une telle philosophie. — Il reste à faire, dit-il, un novum organum qui ne serait ni celui d’Aristote, ni celui de Bacon, et qui serait l’organum de la raison pure.

1160. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre I : Variations des espèces à l’état domestique »

Les expériences de Geoffroy Saint-Hilaire ont démontré que le traitement contre nature de l’embryon cause les monstruosités ; et les monstruosités ne peuvent être distinguées par aucune ligne de démarcation fixe des simples déviations de type. […] Ce qui donne toute évidence à cette règle, c’est qu’il n’y a presque point de races domestiques, soit parmi les animaux, soit parmi les plantes, qui n’aient été considérées, par des juges compétents, comme les descendants d’autant d’espèces originelles distinctes, et par d’autres, non moins capables, comme de simples variétés. […] Les choses semblent donc assez simples jusque-là ; mais lorsque ces métis sont croisés à leur tour les uns avec les autres pendant plusieurs générations, rarement il se trouve deux sujets qui soient semblables ; et c’est alors qu’apparaît l’extrême difficulté, ou plutôt l’entière impossibilité de la tâche. […] L’explication de ce fait me paraît simple. […] Mais si l’on compare le Cheval de trait et le Cheval de course, le Dromadaire et le Chameau, les diverses races de Moutons, adaptées, soit aux plaines cultivées, soit aux pâturages de montagnes, avec une laine propre à différents usages selon les races, puis les nombreuses races de Chiens, dont chacune est utile à l’homme d’une manière différente ; si l’on compare le Coq de combat (game Cock), si obstiné à la bataille, avec d’autres espèces si peu querelleuses, avec les pondeuses perpétuelles (everlasting layers) qui ne demandent jamais à couver, ou avec le Coq Bantam, si petit et si élégant ; si enfin l’on considère les hordes de nos plantes fleuristes et culinaires ou les arbres fruitiers de nos jardins, de nos vergers et de nos champs, tous utiles à l’homme en différentes saisons et pour divers usages, ou seulement agréables à ses yeux, il faut bien y voir quelque chose de plus qu’un simple effet de la variabilité.

1161. (1868) Curiosités esthétiques « I. Salon de 1845 » pp. 1-76

Nul, à moins de la voir, ne peut imaginer ce que l’artiste a mis de poésie intime, mystérieuse et romantique dans cette simple tête. […] La difficulté est double, — modeler avec un seul ton, c’est modeler avec une estompe, la difficulté est simple ; — modeler avec de la couleur, c’est dans un travail subit, spontané, compliqué, trouver d’abord la logique des ombres et de la lumière, ensuite la justesse et l’harmonie du ton ; autrement dit, c’est, si l’ombre est verte et une lumière rouge, trouver du premier coup une harmonie de vert et de rouge, l’un obscur, l’autre lumineux, qui rendent l’effet d’un objet monochrome et tournant. […] Chasseriau trouve son bien dans Delacroix, c’est tout simple ; mais que, malgré tout son talent et l’expérience précoce qu’il a acquise, il le laisse si bien voir, là est le mal. […] Janmot, c’est une femme assise avec des fleurs sur les genoux. — Cette simple figure, sérieuse et mélancolique, et dont le dessin fin et la couleur un peu crue rappellent les anciens maîtres allemands, ce gracieux Albert Durer, nous avait donné une excessive curiosité de trouver le reste. […] Flandrin, une simple tête qui nous a rappelé ses bons ouvrages.

1162. (1739) Vie de Molière

Mais aussi les connaisseurs admirèrent avec quelle adresse Molière avait su attacher et plaire pendant cinq actes, par la seule confidence d’Horace au vieillard, et par de simples récits. […] L’Amphitryon de Molière réussit pleinement et sans contradiction ; aussi est-ce une pièce faite pour plaire aux plus simples et aux plus grossiers, comme aux plus délicats. […] On comprit alors qu’il peut y avoir de fort bonnes comédies en prose, et qu’il y a peut-être plus de difficulté à réussir dans ce style ordinaire où l’esprit seul soutient l’auteur, que dans la versification, qui par la rime, la cadence et la mesure, prête des ornements à des idées simples que la prose n’embellirait pas. […] On ne songeait pas que si une tragédie est belle et intéressante, les entractes de musique doivent en devenir froids ; et que si les intermèdes sont brillants, l’oreille a peine à revenir tout d’un coup du charme de la musique à la simple déclamation. […] C’est une farce, mais toute de caractères, qui est une peinture naïve, peut-être en quelques endroits trop simple, des ridicules de la province ; ridicules dont on s’est beaucoup corrigé à mesure que le goût de la société, et la politesse aisée qui règne en France, se sont répandus de proche en proche.

1163. (1894) La vie et les livres. Première série pp. -348

Il y a, dans le Banni, d’Erckmann-Chatrian, des pages très simples et très belles. […] Les simples indications de son livret militaire (si toutefois les héros ont des livrets) équivalaient à une épopée. […] Elle est simple et droite, et, devant certaines incertitudes qui la torturent, ses yeux purs, si transparents, se sont voilés d’épouvante anxieuse. […] Il confond parfois les mystificateurs avec les mystiques ou, si vous aimez mieux, les fumistes avec les simples mystes. […] Il y a loin de l’âme composite d’un boulevardier de 1894 aux âmes simples qui habitent les roselières du Lob-Nor.

1164. (1886) Le naturalisme

Tel est le drame simple et terrible, pris dans la réalité, qui immortalise Flaubert. […] Grâce à cette méthode habile et très difficile à force d’être simple, il réussit à nous donner l’illusion que nous voyons penser ses héros. […] Il n’est cependant pas permis, pour cela, de dire que les descriptions de Zola se réduisent à de simples inventaires. […] On ne considère pas le roman comme un simple passe-temps, comme un simple plaisir esthétique, c’est une institution, le cinquième pouvoir de l’État, et comme l’a dit en public le romancier Trollope, les romans sont les sermons de l’époque actuelle. […] Pereda trace avec amour les silhouettes des paysans, des laboureurs et des hobereaux des villages, gens simples, aimant ce qu’ils connaissent depuis longtemps, routiniers et ayant peu de replis psychiques.

1165. (1769) Les deux âges du goût et du génie français sous Louis XIV et sous Louis XV pp. -532

C’étaient de simples lueurs ; mais elles présageaient un beau jour. […] Dites plus simples, ajouta le Poëte Normand ; comme votre traduction de l’Enéide est beaucoup plus simple que l’original, sans, pour cela, être aussi naturelle. […] Mais son génie ne se bornait pas à de simples disputes. […] Elle eut été simple & entiere. […] Un Drame trop simple ne le remplit que foiblement.

1166. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Troisième série

Ou des sceptiques, ou des positivistes, ou de simples observateurs. […] Ce n’est pas un simple caprice de la mode ; ce n’est pas un simple chapitre de l’histoire de l’engouement. […] Il vécut, au moins, de la vie la plus simple, la plus naturelle, et la plus rapprochée qu’il put de cet idéal rustique. […] Mais ceci n’est qu’un sentiment, louable peut-être, naturel sans doute ; mais un simple sentiment. […] Dès lors, simple enregistreur des résultats de la concurrence, il ne sert à rien et devrait laisser la concurrence fixer la valeur elle-même.

1167. (1920) Impressions de théâtre. Onzième série

Brunetière estime que c’est une simple précaution, et qui était tout à fait nécessaire ; et cela est très possible. […] — C’est bien simple : Votre femme est jalouse ; elle a cru que c’était vous que j’attendais ; elle est venue pour nous surprendre. […] Et les personnages sont très simples, parfois très grands. […] Je ne sais ; je ne la puis donner sur une simple lecture et une réflexion trop hâtive. […] Elle y a montré une susceptibilité assez simple et naturelle.

1168. (1916) Les idées et les hommes. Troisième série pp. 1-315

— Dans leur courage, simple et lucide. […] Par amour de la simple vérité, M.  […] Jacques Bainville nous a présenté, si simple, si net. […] Une histoire extrêmement simple et toute dépourvue d’incidents. […] L’homme ordinaire, le simple voyageur de la vie : mais le philosophe ?

1169. (1890) Les romanciers d’aujourd’hui pp. -357

Ces lignes-là, si simples, sont uniques. […] La leçon qu’il en tire est bien simple, c’est qu’il faut aimer, et puis aimer encore. […] En toute chose, le simple et l’humain sont ce qui frappe et ce qu’on voit le moins. […] La plupart de ces livres sont, au reste, de simples recueils de nouvelles. […] « Le sujet est très simple, dit M. 

1170. (1902) Le critique mort jeune

De même encore, bien qu’il aime la critique des mœurs autant que celle des livres, il ne songerait seulement point à la très simple fable de Thomas Graindorge. […] Système très simple comme on voit. Si simple qu’il n’a jamais été appliqué et que M.  […] Bourget, qui scrute le tréfonds des sensibilités et qui, dans tous nos actes, attribue toujours un large rôle à l’inconscient, n’a d’ailleurs jamais professé que la nature fût simple. […] Francis Jammes qui met, lui, son affectation à être simple et sa recherche à être naturel et qui y réussit avec une singulière outrance.

1171. (1848) Études sur la littérature française au XIXe siècle. Tome III. Sainte-Beuve, Edgar Quinet, Michelet, etc.

Sainte-Beuve, disait-il, a de l’intimité ; il connaît le fort et le faible de la vie, et la poésie des choses communes ; il pourrait moduler des chants pour les âmes simples, mais il n’a pas pris encore assez de leçons de l’Ami des simples. […] Car c’est une erreur de s’imaginer qu’à cette époque de sa vie, Sainte-Beuve touchât à tout, essayât de tout, par simple curiosité ou dilettantisme. […] Vinet, pour l’entendre — une pauvre classe de collège toute nue, avec de simples murs blanchis et des pupitres de bois. […] Et la société s’en venge d’une manière bien simple, en refusant de comprendre celui qui ne parle pas comme elle. […] L’auteur ne va pas même jusqu’à cette question si simple.

1172. (1892) Essais sur la littérature contemporaine

La raison n’en est-elle pas bien évidente et bien simple ? […] D’une manière si simple qu’elle en parut ce soir-là puérile, ou écolière. […] c’est des syllabes qu’il faut dire, c’est une simple combinaison de consonnes et de voyelles. […] Mais, en revanche, leurs idées sont simples, peu nombreuses et courtes. Leur syntaxe est plus simple encore, plus logique ou plus analogique, et, comme telle, moins savante que la nôtre.

1173. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Avant-propos »

Avant-propos D’aucuns, à l’heure actuelle, peuvent contester l’utilité pratique du dernier échelon menant au doctorat, en signaler l’artificiel, et comment il se réduit souvent à un simple problème de typographie courante : extraire d’un nombre minimum de pages manuscrites une somme maxima de feuillets imprimés.

1174. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre XII. Dernière et nécessaire opération, qui consiste à corriger ce que l’on a écrit »

Et pour l’expression, quelque attention qu’on ait donnée à choisir les termes propres, expressifs, simples, il restera toujours quelque chose à rhabiller, a éclaircir, à préciser, à détendre, à fortifier, à raccourcir.

1175. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — F — Fleury, Albert (1875-1911) »

De ses Évocations, souvent hautaines, il a passé aux simples chants de son bonheur.

1176. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Redonnel, Paul (1860-1935) »

Dans les autres, conscient du centre de lui-même, il se dessine d’une ligne nette et simple.

1177. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Soumet, Alexandre (1788-1845) »

Alexandre Soumet eut le tort de ne pas se faire ces objections si simples, de prendre pour mesure de sa capacité je ne dirai pas la présomption, le mot est trop dur, mais le trop de confiance de son caractère.

1178. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — T — Tisseur (Les frères Barthélémy, Jean, Alexandre et Clair) »

On y respire un parfum de sympathie et je ne sais quoi de doux, de simple, de pur qui ne se sent pas dans les biographies des personnages illustres.

1179. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » pp. 421-423

Cailhava, & donne de lui les plus grandes espérances : les scenes y sont filées avec art, la versification en est simple & facile ; l’on y remarque, comme dans le Tuteur dupé, le ton de la bonne Comédie.

1180. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 472-474

Voici ce qu’un simple Mortel y a répondu dans un* Ouvrage édifiant.

1181. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 459-462

Sauveur, plusieurs autres, & de nos jours un simple Berger, ont rendu ce phénomene moins étonnant.

1182. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 480-482

Aignan, & plusieurs autres Seigneurs de la Cour, allerent le voir dans sa prison, dès les premiers instans où il eut permission de recevoir des visites : tant il est vrai que les qualités de l’ame font le véritable prix des talens, qui sans elles ne font que de simples Auteurs, & souvent des hommes très-peu estimables !

1183. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 419-421

Peut-être a-t-on eu raison de lui reprocher trop de penchant à la critique, trop d'affectation à combattre certaines traditions accréditées par la multitude & le poids des témoignages, trop de facilité à tourner les textes à l'appui de ses idées, trop de complaisance dans les tableaux qu'il trace des abus qui lui déplaisent, trop d'amertume dans les censures ; mais en convenant de quelques-uns de ces défauts, il n'en est pas moins vrai, que si une plus longue carriere lui eût permis d'exécuter l'Ouvrage en entier, il auroit eu la gloire de nous avoir laissé une Histoire aussi estimable par la recherche des faits, leur ordonnance & leur variété, que par le mérite du style, qui est simple, aisé, naturel, & piquant, sans jamais s'éloigner de l'élégance & de la pureté, qui sont le partage d'un excellent Ecrivain.

1184. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — XI. Le plus brave des trois. »

Est-ce Missa qui a osé s’attaquer au morhoméné ouâra, armé d’un simple sabre ?

1185. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre quatrième. Du cours que suit l’histoire des nations — Chapitre II. Trois espèces de langues et de caractères » pp. 296-298

Les lettres remplacèrent aussi les hiéroglyphes d’une manière plus simple et plus générale ; à cent vingt mille caractères hiéroglyphiques, que les Chinois emploient encore aujourd’hui, on substitua les lettres si peu nombreuses de l’alphabet.

1186. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — III » pp. 81-102

Dès le premier jour, il fit remarquer, dans une lettre au roi, qu’au milieu de tous les compliments de l’électeur il n’y avait aucune différence à table pour le cérémonial entre lui maréchal de Villars, commandant les armées de Sa Majesté, et les autres convives : « ni chaise distinguée, ni pour laver, ni gens pour me servir ; c’étaient de simples valets de pied, comme pour tout le reste ». […] Parlant des derniers rebelles qu’on réduisit, Villars laisse échapper un mot qui est bien d’un noble soldat : « Ravanel, dit-il, mourut de ses blessures dans une caverne ; La Rose, Salomon, La Valette, Masson, Brue, Joanni, Fidel, de La Salle, noms dont je ne devrais pas me souvenir, se soumirent, et je leur fis grâce, quoiqu’il y eût parmi eux des scélérats qui n’en méritaient aucune. » On sent, à ce simple mot de regret d’avoir pu loger de tels noms dans sa mémoire, le guerrier fait pour des luttes, plus généreuses et pour la gloire des héros, celui qui a hâte de jouer la partie en face des Marlborough et des Eugène. […] Bien préparé, bien fixé sur le poste à prendre, et s’attendant d’un jour à l’autre à avoir affaire à Marlborough, il tient à savoir les intentions du roi touchant une bataille ; ce n’est pas un batailleur à tout prix que l’audacieux Villars : « Il y a des occasions, écrit-il à Chamillart, où c’est prudence de la chercher, quand même on la donnerait avec désavantage : il y en a d’autres où, paraissant toujours chercher le combat, il faut cependant manquer plutôt une occasion que de ne se la pas donner la plus favorable qu’il est possible. » Dans le cas présent, si l’ennemi prête flanc par quelque fausse démarche, il en profitera, c’est tout simple ; mais à chances égales, là où il n’y aurait ni avantage ni désavantage évident à l’attaque, il tient à savoir l’intention du roi.

1187. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Souvenirs militaires et intimes du général vicomte de Pelleport, publiés par son fils. » pp. 324-345

Le général Pelleport, mort à Bordeaux le 15 décembre 1855, avait pensé, quinze ans auparavant et dans la retraite au sein de sa famille, à retracer la suite de ses services militaires et civiques, et notamment à donner l’historique de la 18e demi-brigade, devenue le 18e régiment, dans laquelle, entré comme simple soldat, il avait gagné tous ses grades jusqu’à celui de colonel. […] Je laisse aux physiologistes à expliquer cette espèce de projection et de réflexion visible de la pensée interne à l’état de mirage : une seule remarque à faire quand on est simple académicien, c’est que la dame ou la fée parlait cette nuit-là un français un peu risqué. […] C’est une vie une, simple et droite, utile au pays, une vie-modèle de courage, d’intégrité, de rectitude.

1188. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La femme au XVIIIe siècle, par MM. Edmond et Jules de Goncourt. » pp. 2-30

Ses flatteries sont d’autant plus enivrantes qu’elles sont plus simples ; on dirait qu’elles lui échappent sans qu’elle y pense, et que c’est son cœur qui s’épanche, uniquement parce qu’il est trop rempli. […] La marquise de Rambouillet, Mme de La Fayette, Mme de Maintenon, Mme de Caylus, Mme de Luxembourg, c’est le même monde avec de simples variantes ; mais il n’y avait nulle décadence, et peut-être même, à quelques égards, le dernier de ces salons était le plus parfait. […] J’explique la chose, je la commente ; mais le simple mot, répondu sec et net devant une Cour maligne qui aurait joui d’un léger embarras et d’une réplique indécise, était heureux et parfait.

1189. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite.) »

Il avait peur avant tout de paraître penser comme le peuple et d’être pris pour un simple passant. […] Restez-vous parfaitement uni, naturel et simple : vous voilà prosaïque et vulgaire. […] Il me rappelle toujours ce mot de Saint-Arnaud, un homme du même jet et de la même sève : « Ma pauvre compagnie, si belle il y a deux mois, s’écriait le maréchal encore simple capitaine, cent dix brillantes baïonnettes bien pointues, bien agiles !

1190. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite.) »

Si notre armée, par comparaison, a l’air d’une bande de galériens, sous nos simples habits bat une fameuse âme. […] Dans le journal l’Illustration, numéros des 5 et 12 avril 1850. — Les lettres sont données comme de simples fragments communiqués à l’Illustration par M.  […] Je me sais bon gré de ma retenue pendant mon voyage et de n’avoir pas tout dit, car véritablement, d’après ce qui se fait ici par ordre supérieur, je crois que notre bon roi a voulu se ficher de moi en me chargeant de belles paroles ; car je ne puis douter que, d’un autre coté, il n’agisse autrement… » Évidemment, de part et d’autre, on l’avait chargé de simples politesses ; on ne l’avait pas pris très au sérieux comme ambassadeur.

1191. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [I] »

Par ce simple aperçu, que je ne me flatte pas d’avoir su rendre complet, j’ai tenu à bien montrer du moins l’ensemble du mouvement qui s’est produit, depuis une trentaine d’années, autour de cette famille particulière de vieux poètes. […] Or il n’y a rien de plus simple et de plus décisif, pour montrer avec netteté l’état des choses à la veille de la seconde moitié du siècle et pour faire comprendre l’esprit de conquête et d’innovation qui animait à cette heure les jeunes intelligences, que de dérouler de nouveau le manifeste publié par Joachim Du Bellay, ce brillant programme qu’il a daté de Paris, du 15 février 1549. […] Au lieu de cela, faute d’un grand poète comme Homère ou comme le puissant rhapsode qui de loin nous donne l’idée d’un Homère, faute d’un poète supérieur qui pût, sinon fixer la langue, du moins la montrer et l’attester à jamais par une œuvre vivante, et solenniser ce noble et simple genre en l’attachant dans la mémoire des hommes avec des clous d’airain et de diamant, on alla à la dérive, selon le cours des temps et la dégénérescence des choses ; on en vint par degrés au dégoût et au mépris pour un genre usé qui tombait dans un romanesque affadissant ; puis l’oubli arriva.

1192. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LOYSON. — POLONIUS. — DE LOY. » pp. 276-306

Il en est de la poésie amoureuse comme de Vénus quand elle se montre aux yeux d’Énée, naufragé près de Carthage et à la veille de voir Didon : elle prend les traits d’une mortelle, d’une simple chasseresse ; elle ressemble à une jeune fille de Sparte, et s’exprime sans art d’abord, avec un naturel parfait. C’est bien ; mais à un certain moment, le naturel trop simple s’oublie, un tour de tête imprévu a dénoué la chevelure, l’ambroisie se révèle, Ambrosiæque comæ divinum vertice odorem Spiravere ; pedes vestis defluxit ad imos, Et vera incessu patuit Dea…… Je veux voir, même au milieu des langueurs élégiaques, ce pedes vestis defluxit ad imos, cette beauté soudaine du vers qui s’enlève, et ces larges plis déroulés. […] Voici de bien simples stances qui achèveront de plaider pour lui : LES REGRETS.

1193. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. J. J. AMPÈRE. » pp. 358-386

Il est l’un des premiers en France qui aient à ce point voyagé dans un simple but de littérature et pour aller étudier sur place, sous toutes les zones, les diverses productions de la pensée. […] Qu’on ouvre les livres du Père Garasse, ceux de Pierre Mathieu, si étrangement réhabilité de nos jours ; la pensée n’y va qu’à travers toutes sortes d’allusions érudites et sous une marqueterie de métaphores, toutes plus raffinées les unes que les autres, et qui ne permettent presque jamais de saisir le fil direct et simple. […] Il ajoute dans l’explication de ces doctrines quelque chose aux simples et hautes traductions philosophiques qu’en avait posées ce grand devancier.

1194. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Pierre Corneille »

Lorsqu’on ne commence à connaître un grand homme que dans le fort de sa gloire, on ne s’imagine pas qu’il ait jamais pu s’en passer, et la chose nous paraît si simple, que souvent on ne s’inquiète pas le moins du monde de s’expliquer comment cela est advenu ; de même que, lorsqu’on le connaît dès l’abord et avant son éclat, on ne soupçonne pas d’ordinaire ce qu’il devra être un jour : on vit auprès de lui sans songer à le regarder, et l’on néglige sur son compte ce qu’il importerait le plus d’en savoir. […] Simple, candide, embarrassé et timide en paroles ; assez gauche, mais fort sincère et respectueux en amour, Corneille adore une femme auprès de laquelle il échoue, et qui, après lui avoir donné quelque espoir, en épouse un autre. […] Aveugle et rapide en son instinct, il porte du premier coup la main au sublime, au glorieux, au pathétique, comme à des choses familières, et les produit en un langage superbe et simple que tout le monde comprend, et qui n’appartient qu’à lui16.

1195. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXIe Entretien. Chateaubriand »

Ce n’est pas ainsi que la simple nature écrit et parle. […] Il allait y avoir un salon unique qui ressaisirait la fine fleur de l’ancien grand monde revenu de l’émigration, le salon de la princesse de Poix ; si aristocratique qu’il fût, c’était pourtant le plus simple, le plus naturel à beaucoup près de tous ceux que j’ai nommés : on y revenait à la simplicité de ton par l’extrême bon goût. […] « L’habitant de la cabane et celui des palais, tout souffre, tout gémit ici-bas ; les reines ont été vues pleurant comme de simples femmes, et l’on s’est étonné de la quantité de larmes que contiennent les yeux des rois ! 

1196. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre III. L’Histoire »

Très proche encore des chansons de geste, il en a le ton, les formules, la couleur : mais, à l’exemple des traducteurs du faux Turpin, il allège le genre du poids inutile des rimes, simple embarras quand elles ne sont pas moyen d’art et forme de poésie ; d’autre part, suivant les premiers narrateurs des croisades, et plus rigoureux qu’eux encore, il saisit les événements avant toute déformation, tels que ses yeux, et non son imagination, les lui donnent : enfin, de la même épopée qui achevait en ce temps-là de dégénérer en roman, il dégage définitivement l’histoire. […] Il y a ici un accent, une note que ne donnent ni l’intérêt politique, ni la conviction personnelle, ni le simple esprit guerrier : il y a ici du sentiment qui mène Yvain à la fontaine merveilleuse. […] Après tout, ces rudes et simples âmes de barons sont des âmes humaines, et comme telles, en dépit de l’apparence, souples, et riches, et complexes.

1197. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 7761-7767

L’ame aime la variété, mais elle ne l’aime, avons-nous dit, que parce qu’elle est faite pour connoitre & pour voir. il faut donc qu’elle puisse voir, & que la variété le lui permette, c’est-à-dire, il faut qu’une chose soit assez simple pour être apperçûe, & assez variée pour être apperçûe avec plaisir. […] Comme il faut que l’objet que l’on doit voir d’un coup-d’oeil soit simple, il faut qu’il soit unique, & que les parties se rapportent toutes à l’objet principal ; c’est pour cela encore qu’on aime la symmétrie, elle fait un tout ensemble. […] Pour le faire voir, il faut que vous ne le voyiez pas vous-même, & que les autres, à qui d’ailleurs quelque chose de naïf & de simple en vous ne promettoit rien de cela, soient doucement surpris de s’en appercevoir.

1198. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre douzième. »

L’autre (les Maximes  ), qui est la production d’un esprit instruit par le commerce du monde, et dont la délicatesse était égale à la pénétration, observant que l’amour-propre est dans l’homme la cause de tous ses faibles, l’attaque sans relâche, quelque part où il se trouve ; et cette unique pensée, comme multipliée en mille autres, a toujours, par le choix des mots et la variété de l’expression, la grâce de la nouveauté. » La Bruyère se caractérise ensuite lui-même : « L’on ne suit aucune de ces routes dans l’ouvrage qui est joint à la traduction des Caractères (de Théophraste) ; il est tout différent des deux autres que je viens de toucher : moins sublime que le premier et moins délicat que le second, il ne tend qu’à rendre l’homme raisonnable, mais par des voies simples et communes. » Aucun auteur n’a mieux défini la nature ni marqué plus nettement le but de ses écrits. […] En 1688, il n’avait voulu que « les rendre raisonnables, par des voies simples et communes. » D’où vient la différence ? […] La Bruyère ne serait pas le seul exemple d’un homme simple ayant de la prétention comme écrivain.

1199. (1911) La valeur de la science « Troisième partie : La valeur objective de la science — Chapitre X. La Science est-elle artificielle ? »

Parce que la relation de A et B était compliquée, mais différait peu de celle de A′ et B′ qui est simple : de sorte que cette relation compliquée peut être remplacée par la relation simple entre A′ et B′, et par deux autres relations qui nous font connaître que les différences entre A et A′ d’une part, entre B et B′ d’autre part sont très petites. […] Les lois des déplacements relatifs de ces figures A′ et B′ seront très simples ; ce seront celles de la géométrie.

1200. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « V »

Lamoureux, sûr apparemment de terrifier la Revue Wagnérienne, m’affirma que de toute sa puissance il combattrait la Revue et par tous les moyens ; enfin à ses engagements personnels (dont hélas, je n’avais pas pris la simple précaution de demander un écrit) il répondait, ne les niant pas, par cet authentique mot : « je me mets en faillite avec vous37… » Ce qui, d’ailleurs, paraît n’infirmer aucunement « la probité bien connue », etc. […] Tout artiste les gêne, les bouscule, les soufflète, par le seul fait de son existence, et cela quel qu’il soit, jeune ou vieux, simple ou complexe, romantique ou réaliste, Barbey d’Aurevilly ou Zola, Manet, Roll ou Rodin, Hector Berlioz ou Richard Wagner. […] Le nom de Dieu, prononcé par ce traître, non seulement ne signifie pour personne ce qu’il semble énoncer, mais, comme c’est un mot, c’est-à-dire un être, même ainsi usurpé, il porte, en sa profanation suprême, le simple mensonge de celui qui le proféra.

1201. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — CHAPITRE VII »

C’est une surprise émouvante que cette rencontre subite, et la simple antithèse qu’elle met en scène produit l’effet d’un coup de théâtre. […] » La courtisane s’agenouille, mais elle relève vers Paul son visage en pleurs, et lui répond par cette simple date : « Le 3 septembre !  […] Le théâtre n’est pas un laboratoire : le fracas d’un isthme percé, d’un tunnel creusant l’Océan, d’un aérostat fendant l’air, y produirait moins d’effet que le simple battement d’un cœur amoureux.

1202. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Madame de La Vallière. » pp. 451-473

La modestie, la grâce, une grâce simple et ingénue, un air de pudeur qui gagnait l’estime, inspiraient et disposaient à ravir tous ses mouvements. […] Mais elle était trop simple et trop naturellement droite pour savoir dissimuler longtemps : le roi s’aperçut qu’elle lui cachait quelque chose, et il entra dans une grande colère. […] Faites-en de même, chrétiens… C’est en ces termes simples et qui coupaient court à toute curiosité vaine et étrangère, que Bossuet aborde son sujet et qu’il s’attache à définir et à décrire les deux amours, le profane et le divin, « l’amour de soi-même poussé jusqu’au mépris de Dieu », et « l’amour de Dieu poussé jusqu’au mépris de soi-même ».

1203. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mirabeau et Sophie. — II. (Lettres écrites du donjon de Vincennes.) » pp. 29-50

Je voudrais ne forcer en rien les tons et ne point pour cela les affaiblir, ne pas faire fléchir, la morale et ne la faire intervenir que très simple et très sincère, ne toucher en passant que les aperçus et pourtant atteindre aux points essentiels : en un mot, je voudrais être vrai, convenable et juste dans un sujet très fécond, très mélangé, à travers lequel il serait beaucoup plus commode assurément de donner tout d’un trait et de parti pris. […] On ne saurait assez déplorer cette publication de Manuel ; car de cette même masse de papiers, tombant en de dignes mains, au lieu de quatre volumes compromis et souillés, on aurait pu tirer, sans infidélité et moyennant de simples suppressions, deux ou trois volumes touchants, graves, éloquents, « un ouvrage à la fois attrayant et à peu près irréprochable, plein de piquants sujets d’études psychologiques et d’exemples de style, dont aucune impureté ne souillerait la grâce, dont aucun danger ne ferait condamner l’agrément ». […] Et ce même homme, vers ce même moment, après des mois de captivité, sentant la belle saison qui renaissait et qui le faisait, lui aussi, renaître en même temps que souffrir, jouissant enfin de quelque adoucissement qui consistait à se promener chaque jour depuis huit heures du matin jusqu’à neuf, écrivait à Sophie : « C’est bien court, mais je quitte sans regret le jardin, en pensant que je fais place à quelque malheureux compagnon de mon sort. » Ne sentez-vous pas dans cette parole simple l’homme humain et qui sait compatir, l’homme de Virgile et celui de Térence ?

1204. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Correspondance entre Mirabeau et le comte de La Marck (1789-1791), recueillie, mise en ordre et publiée par M. Ad. de Bacourt, ancien ambassadeur. » pp. 97-120

M. de La Marck, à ce dîner, eut un mérite : il se sentit aussitôt un vif attrait pour Mirabeau, un attrait non pas fugitif et de simple curiosité, mais réel et qui devait aboutir à l’amitié la plus solide et la plus sérieuse. […] M. de Bacourt, chargé, par la dernière volonté du prince d’Arenberg, du soin délicat de cette publication, s’en est acquitté en esprit élevé et simple, qui comprend, explique, ordonne toute chose, qui met en lumière de tout point le précieux dépôt dont il est chargé, et qui a la modestie de s’effacer devant les personnages principaux dont il éclaire et fait valoir les figures. […] Pour être complètement homme politique et homme d’État en restant simple conseiller intime et mystérieux, Mirabeau avait à modérer et à sacrifier ses instincts et ses appétits d’orateur éloquent et populaire, et il ne pouvait toujours s’y résoudre.

1205. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « L’abbé Maury. Essai sur l’éloquence de la chaire. (Collection Lefèvre.) » pp. 263-286

C’est autant de peine de moins et de loisir de plus pour composer, au lieu de me donner une peine inutile en me dévouant à un simple travail de mémoire. […] Mais il est certainement dans le bon sens, lorsque dans la séance du soir du 19 juin (1790), une suite de motions étourdies s’étant succédé coup sur coup contre la statue de Louis XIV de la place des Victoires, contre les titres de noblesse et les simples noms de terres, et tout cela de la part des Noailles, des Montmorency, de tous ceux qui en feront depuis leur mea culpa solennel, lui, l’abbé Maury, monte à la tribune, venge ingénieusement Louis XIV, et répond à toute cette noblesse ambitieuse de s’abolir, par ce mot d’un ancien à un philosophe orgueilleux : « Tu foules à tes pieds le faste, mais avec plus de faste encore. […] » on l’a vu, averti par un simple mot du sujet en question, traverser la salle, monter à la tribune, et y remporter un de ses triomphes.

1206. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — II. (Suite.) » pp. 220-241

Le fond du Barbier est bien simple et pouvait sembler presque usé : une pupille ingénue et fine, un vieux tuteur amoureux et jaloux, un bel et noble amoureux au-dehors, un valet rusé, rompu aux stratagèmes, et qui introduit son maître dans la place, quoi de plus ordinaire au théâtre ? […] Ici il ne s’agissait plus, comme dans Le Barbier, d’un simple imbroglio gai, piquant, amusant ; il y avait dans Le Mariage une Fronde armée, tout ce que le public, depuis que la pièce était défendue, avait cru y voir et y avait mis, tout ce que l’auteur lui-même cette fois avait songé bien réellement à y mettre. […] Ce n’est plus un Gil Blas tout simple et naturel, se laissant aller au cours des événements et au fil de la vie pour en tirer ensuite une expérience non amère.

1207. (1899) Esthétique de la langue française « Le cliché  »

Un homme est doué à un bon degré de la mémoire visuelle et de la mémoire verbale simple ; s’il décrit un paysage, même imaginaire, même fantastique, même irréel, c’est qu’il le voit. […] Trois ou quatre émotions particulièrement chères à l’homme se peuvent dire avec les mots les plus simples, les plus frustes, avec des locutions qui, proférées une fois, sont devenues définitives et comme pareilles à ces roses fées qu’on n’effeuillait pas sans punition. […] Il est bien meilleur que son titre, en ce sens qu’il soulève toutes sortes de questions de psychologie linguistique, alors qu’on aurait pu s’attendre à un simple manuel scolaire.

1208. (1889) L’art au point de vue sociologique « Introduction »

Selon Guyau, le moyen, pour l’art, d’échapper à ce qu’il y a de fugitif dans toute convention, c’est la spontanéité du sentiment individuel qui fournit ses inspirations au génie. « Le grand artiste, simple jusqu’en ses profondeurs, est celui qui garde en face du monde une certaine nouveauté de cœur et comme une éternelle fraîcheur de sensation. […] Hugo, et le mot a toujours servi ; de là l’impossibilité d’exprimer l’émotion. » — « Eh bien non, répond Guyau, et c’est là ce qu’il y a de désolant pour le poète, l’émotion la plus personnelle n’est pas si neuve ; au moins a-t-elle un fond éternel ; notre cœur même a déjà servi à la nature, comme son soleil, ses arbres ses eaux et ses parfums ; les amours de nos vierges ont trois cent mille ans, et la plus grande jeunesse que nous puissions espérer pour nous ou pour nos fils est semblable à celle du matin, à celle de la joyeuse aurore, dont le sourire est encadré dans le cercle sombre de la nuit : nuit et mort, ce sont les deux ressources de la nature pour se rajeunir à jamais. » La masse des sensations humaines et des sentiments simples est sensiblement la même à travers la durée et l’espace, mais ce qui s’accroît constamment et se modifie pour la société humaine, c’est la masse des idées et des connaissances, qui elles-mêmes réagissent sur les sentiments. « L’intelligence peut seule exprimer dans une œuvre extérieure le suc de la vie, faire servir notre passage ici-bas à quelque chose, nous assigner une fonction, un rôle, une œuvre très minime dont le résultat a pourtant chance de survivre à l’instant qui passe. […] Nous avons vu que, selon lui, nous devons sympathiser avec l’œuvre d’art comme avec les œuvres de la nature, « car la pensée humaine, comme l’individualité même d’un être, a besoin d’être aimée pour être comprise ;  » jusque dans la lecture d’un simple livre soyons donc de bonne volonté : « l’affection éclaire » ; et il ajoute ces belles paroles, qu’on peut appliquer à son propre ouvrage sur l’art : « Le livre ami est comme un œil ouvert que la mort même ne ferme pas, et où se fait toujours visible, en un rayon de lumière, la pensée la plus profonde d’un être humain. » Alfred Fouillée 1.

1209. (1888) La critique scientifique « La critique et l’histoire »

Le fait par lequel un grand écrivain, parti d’on ne sait quelles origines impossibles à dégager, ayant senti en lui un monde nouveau l’émouvoir, faisant appel à des dispositions, à des pensées, aune sensibilité intacte jusque-là et dormantes, groupe autour de lui eu cercles concentriques toujours plus étendus, ses congénères intellectuels, dégage de la masse humaine confondue, la classe d’êtres qui possèdent en eux un organisme consonnant au sien, vibratileei sous les impulsions mêmes qui sont en lui puissantes au point de l’avoir contraint à leur trouver l’expression et à les extérioriser ainsi généralement intelligibles et efficaces — ce phénomène est le semblable de celui par lequel, dans un autre ordre, l’ordre des actes et non plus des émotions, un homme ayant connu une entreprise, portant en lui cet ensemble d’images préalables de réussite, de gloire, de fortune qui constituent une impulsion, ces visions d’effet à réaliser, de moyens, de détails, d’acheminements, de dispositifs, qui constituent un but, parvient par persuasion, par des ordres, par simple communication, à les faire passer rudimentairement, vaguement, clairement, dans l’âme des milliers de suivants que forment ses lieutenants, une armée, des alliés ; que forment encore des ouvriers, des ingénieurs, des collaborateurs ; ou un public, des courtiers, des banquiers, des associés ; ou simplement le peuple, des agents électoraux, des députés, des ministres. […] Que cette analogie soit simplement celle qui existe entre tous les êtres animés comme pour certaines notions expérimentales rudimentaires, qu’elle soit celle de tous les êtres humains, comme pour certaines lois très simples de morale, qu’elle unisse la race, la cité, la nation, ou qu’infiniment plus marquée, elle associe un groupe d’individus pris au hasard, dans une admiration ou dans une tâche commune, c’est elle qui établit entre fauteur et les exécuteurs d’un dessein, entre fauteur et les partisans d’une œuvre, le lien qui fait participer à la réussite de l’un comme de l’autre, celui qui le conçut, mais fut impuissant à l’exécuter, et ceux qui exécutèrent, mais ne l’auraient imaginé, — celui qui la forma mais n’aurait pu faire revivre cette forme muette dans de chaudes âmes humaines, et ceux qui la prirent, l’adoptèrent, la couvèrent, la reproduisirent dans leur esprit, mais n’eussent pu la concevoir et l’exprimer. […] Les gens simples pleurent au théâtre comme devant de véritables infortunes ; les chants guerriers soulèvent les masses ; et fort souvent cette émotion factice suffit à ceux qui l’éprouvent et leur ôte l’envie d’en éprouver de vraies de même ordre.

1210. (1694) Des ouvrages de l’esprit

Combien de siècles se sont écoulés avant que les hommes dans les sciences et dans les arts aient pu revenir au goût des anciens, et reprendre enfin le simple et le naturel. […] Un bon auteur, et qui écrit avec soin, éprouve souvent que l’expression qu’il cherchait depuis longtemps sans la connaître, et qu’il a enfin trouvée, est celle qui était la plus simple, la plus naturelle, qui semblait devoir se présenter d’abord et sans effort. […] Ils ont tous deux connu la nature, avec cette différence que le premier d’un style plein et uniforme, montre tout à la fois ce qu’elle a de plus beau et de plus noble, de plus naïf et de plus simple ; il en fait la peinture ou l’histoire.

1211. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre I. La critique » pp. 45-80

Réduire le critique à n’être plus que le conseiller dogmatique, ou que le prophète enthousiaste, ou que le libelliste, ou même que le simple metteur en pages de documents, c’est, nous semble-t-il, comprendre imparfaitement ce rôle de critique. […] Il est regrettable qu’il ne continue point à écrire d’autres pages rapides, intelligentes, brillantes, simples comme celles des Notes sur la Russie, des Bonshommes de Paris et de la Poésie Nouvelle. […] « Soyons simples, soyons clairs, ne raffinons ni notre esprit ni notre sensibilité ; ne nous appliquons jamais à éprouver ce que les autres n’éprouvent point, car nos ouvrages échapperaient à la compréhension, et une œuvre d’art est destinée à être saisie pour être aimée.

1212. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Notes et éclaircissements. [Œuvres complètes, tome XII] »

Les moralités qu’on trouve dans Homère sont presque toujours indépendantes de l’action céleste ; c’est une simple réflexion que le poète fait sur l’événement qu’il raconte, ou la catastrophe qu’il décrit. […] Accours, jeune Chromis, je t’aime, et je suis belle, Blanche comme Diane, et légère comme elle, Comme elle grande et fière ; et les bergers, le soir, Lorsque, les yeux baissés, je passe sans les voir, Doutent si je me suis qu’une simple mortelle,. […] Le discours de l’Apôtre est simple, mais ses pensées sont toutes divines.

1213. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Vien » pp. 74-89

Cette tête est ferme, tranquille, simple, noble, douce, d’un caractère un peu rustique et vraiement apostolique. […] De belles têtes, un dessein correct, de beaux piés, de belles mains, des draperies bien jetées, des expressions simples et naturelles ; rien de tourmenté, rien de recherché soit dans les détails soit dans l’ordonnance. […] Il est certain que la figure est on ne peut plus naturelle et simple de position et d’expression ; cependant un peu fade.

1214. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXVIII. Des obstacles qui avaient retardé l’éloquence parmi nous ; de sa renaissance, de sa marche et de ses progrès. »

De là l’emphase et les grands mots, et les citations des anciens, et la magnificence du style portée dans des affaires pour lesquelles, sous peine d’être ridicule, il fallait le style du monde le plus simple. […] La pensée du sauvage est simple comme ses mœurs, et son expression simple est pure comme sa pensée : il n’y entre point d’alliage ; mais le peuple déjà corrompu par les vices nécessaires de la société, et qui faisant des efforts pour s’instruire et secouer la barbarie, n’a pas encore eu le temps de parvenir à ce point qu’on nomme le goût, où le peuple qui, par une pente non moins nécessaire, après l’avoir trouvé, s’en éloigne, ne veut pas seulement peindre ses sentiments et ses idées, veut encore étonner et surprendre : il joint toujours quelque chose d’étranger à la chose même.

1215. (1892) La vie littéraire. Quatrième série pp. -362

On ne vit jamais au monde un homme plus simple, moins ébloui de sa fortune. […] Madame Ackermann était capable d’une sorte d’amitié droite et simple. […] D’autres y diagnostiquent une simple vanité. […] À peine un petit cercle rappelait le simple tonsuré. […] Ayons le cœur simple et soyons des hommes de bonne volonté.

1216. (1903) Propos de théâtre. Première série

Ce n’est pas simple préjugé de famille de sa part. […] La diction simple ne semble pas l’idéal cherché par l’auteur. […] … » Simple style traditionnel, direz-vous. — Non pas seulement cela. […] Il apporte Esther, une simple histoire, où le sujet n’est rien, où l’intrigue est insignifiante, où le style est admirable. […] Son théâtre était fait d’observation morale très pénétrante, d’action très simple et de style très pur.

1217. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome IV pp. -328

Sur leur simple rapport, il manda les principaux supérieurs de l’oratoire. […] Le stile de l’un est sérieux & magnifique ; celui de l’autre est simple & badin. […] Une simple querelle littéraire devint alors un procès criminel. […] Sa critique de la lettre d’Eusèbe étoit un simple dialogue entre un missionnaire & un néophite. […] Ce n’est pas la pénitence d’un simple particulier que celle de l’abbé de Prades.

1218. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome II

Cette définition si simple est très profonde. […] La simple pitié s’est-elle émoussée en lui par l’habitude ? […] Et une scène a lieu entre eux, si simple, si brève, si poignante. […] Leur raisonnement est simple. […] Je dirai plus : il diffère essentiellement du devoir du simple patriote.

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