/ 2077
1265. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIVe entretien. Madame de Staël. Suite »

Certes, ils auraient fait une déplorable découverte ceux qui auraient détrôné notre âme, condamné l’esprit à s’immoler lui-même, en employant ses facultés à démontrer que les lois communes à tout ce qui est physique lui conviennent ; mais, grâce à Dieu, et cette expression est ici bien placée, grâce à Dieu, dis-je, ce système est tout à fait faux dans son principe, et le parti qu’en ont tiré ceux qui soutenaient la cause de l’immortalité est une preuve de plus des erreurs qu’il renferme. […] Il ne pouvait sortir d’un tel effort qu’une constitution imitée et caduque, une royauté enchaînée, une chambre des pairs héréditaire, une chambre des communes ombrageuse, une anarchie à trois pouvoirs, placées en face les unes des autres, pour se condamner à la lutte ou à l’immobilité.

1266. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIe Entretien. Marie Stuart, (Reine d’Écosse). (Suite et fin.) »

Je vous recommande ceste personne, pour sa simple sincerité et honnesteté, à ce qu’elle puisse estre placée en quelque bon lieu. […] Ces lots, elle les plaça dans autant de bourses pour le lendemain. » Elle demanda ensuite de l’eau ; elle se fit laver les pieds par ses filles d’honneur.

1267. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre II. Attardés et égarés »

De là les fortes parties des Tragiques : cette sorte de psaume où le croyant appelle son Dieu, et crie vers lui pour qu’il se montre et se venge ; ces chants de triomphe en l’honneur des martyrs qui ont vaincu l’iniquité, les tourments et la mort ; ces scènes d’épopée lyrique qui placent d’Aubigné entre Dante et Milton, celle où la Justice et la Paix portent leurs plaintes à Dieu, celle surtout qu’a dictée à la fin le désespoir de l’irrémédiable défaite, quand, à la trompette de l’Ange, les morts s’éveillent, les éléments de la nature viennent témoigner de l’infâme abus qui a tourné entre les mains des hommes les excellentes oeuvres de Dieu en instruments d’injustice ; et Dieu, appelant les élus, qui ont souffert pour lui, aux délices éternelles, envoie les maudits aux gouffres ténébreux d’où il ne sort Que l’éternelle soif de l’impossible mort. […] C’est le point de vue où il faut se placer pour comprendre non seulement la vie de cette époque, mais aussi la littérature précieuse.

1268. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre III. Pascal »

Quand on joue à la paume, c’est une même balle dont on joue l’un et l’autre ; mais l’un la place mieux. » Pascal excelle à placer la balle. […] Pascal est un grand poète chrétien, à placer entre sainte Thérèse et l’auteur inconnu de l’Imitation ; tant il a rendu avec force la poésie de la religion : non la poésie extérieure, mais la poésie intime, personnelle, qui coule de l’âme croyante et unie à son Dieu.

1269. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre deuxième »

Placé comme un arbitre impartial entre ses facultés, le même homme qui était parvenu à penser sans l’aide de ce qu’on avait pensé avant lui, tenait comme éloignés de lui, et sous une sorte de surveillance jalouse, son imagination et ses sens, afin de se préserver de leurs erreurs, et de se réduire à sa seule raison. […] Qu’est-ce que le monde où il m’a placé ?

1270. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 novembre 1886. »

Au premier étage, ce face de la scène, efflanquée de deux cariatides, la loge royale éclairée d’un petit lustre ; au-dessus du rideau de la scène, à la place des armes ou emblèmes usités chez nous, une horloge indiquant parfaitement l’heure ; enfin le chef d’orchestre était placé au centre de son orchestre, au lieu d’être auprès de la rampe, et dirigeait debout. […] Le dessinateur hollandais d’Armand Gerbens dans le dernier de ses quatre fusains pour ce cycle de poèmes de Chamisso, a interprété à sa manière la pensée de Schumann, en entourant la veuve du même cadre de paysage, jardin, arbres, banc, où il avait placé la jeune amante dans le premier dessin.

1271. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Lettres de m. l’Abbé Sabatier de Castres ; relatives aux trois siecles de la littérature françoise.ABCD » pp. -641

J’adopte volontiers ce témoignage ; mais, après tout, a-t-il pu paroître étonnant, à ceux qui prennent sa défense, que son Essai sur l’Apocalypse qu’ils conviennent avoir été désavoué avec repentir par son Auteur ; que ses Explications de plusieurs passages de la Genese, de quelques Chapitres de Daniel, du Nouveau Testament ; & d’autres Ecrits insérés dans l’Edition de ses Œuvres (deux volumes in-8°. à Londres 1771), Ouvrages où le Mystere de la Trinité & la Divinité de Jésus-Christ sont attaqués d’une maniere insidieuse ; a-t-il pu paroître étonnant, dis-je, que ces Ouvrages, rejetés même par la Censure de Geneve, m’aient autorisé à placer, parmi les Ecrivains ennemis du Christianisme, un Homme que je ne pouvois juger que par ses Livres ? […] Rousseau, dans la Tragédie, la Comédie, l'Opéra, la Poésie lyrique ; M. de Voltaire, dis-je, ne sera jamais placé au rang des Hommes de génie, que par l'enthousiasme ou la mauvaise foi.

1272. (1908) Dix années de roman français. Revue des deux mondes pp. 159-190

Et jusqu’à présent, quand des femmes faisaient des romans, elles se plaçaient au même point de vue puisqu’elles imitaient l’homme : c’est, notamment, le cas de George Sand. Au contraire, dans la Nouvelle Espérance, on a vu, pour la première fois, une femme se placer à son point de vue de femme : dans ce roman, c’est l’homme qui devient l’objet esthétique.

1273. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre II. La poésie lyrique » pp. 81-134

Ernest Raynaud ont placé l’auteur de ces recueils parmi les meilleurs31. […] Désormais, elles se placent au point de vue de la femme.

1274. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Victor Hugo »

C’est que, au fond, le Quatre vingt-treize de la Révolution et de la Convention est bien moins la visée du livre de Victor Hugo que le Quatre-vingt-treize de la Vendée et de la Chouannerie, placées toutes deux sous ce titre charlatanesque de Quatre-vingt-treize tout court, par un auteur qui n’ose pas rompre, du premier coup, avec les siens ! […] Je n’ai pas voulu descendre, dans l’examen de ce livre, jusqu’aux chicanes d’une critique de détail avec un homme qui, comme l’auteur, est assez haut placé pour qu’on lui fasse l’honneur d’une critique qui relève plus de la synthèse que de l’analyse.

1275. (1856) Mémoires du duc de Saint-Simon pp. 5-63

Avant de l’ouvrir, nous étions au parterre, à distance, placés comme il fallait pour admirer et admirer toujours. […] De là une échelle immense, le roi au sommet, dans une gloire surhumaine, sorte de dieu foudroyant, si haut placé, et séparé du peuple par une si longue suite de si larges intervalles, qu’il n’y avait plus rien de commun entre lui et les vermisseaux prosternés dans la poussière, au-dessous des pieds de ses derniers valets.

1276. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Variétés littéraires, morales et historiques, par M. S. de Sacy, de l’Académie française. » pp. 179-194

On sourit en commençant à lire ; peu à peu la verve et la sincérité du narrateur nous gagnent, et l’on finit, au milieu de tant de soucis plus pressants, de tant d’intérêts du jour qui nous tirent et nous sollicitent, par se laisser aller de bonne foi, jusqu’à concevoir avec lui des doutes sur la parfaite convenance des deux portraits de Nestor et de Philoctète, placés à travers l’action et venant interrompre ou retarder le combat d’Adraste et de Phalante.

1277. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Mémoires de l’impératrice Catherine II. Écrits par elle-même, (suite.) »

— Le style, non pas étranger, mais un peu vieux, en est encore plus gaulois que français : « Du reste, mon parti était pris, et je regardais mon renvoi ou non-renvoi d’un œil très-philosophique ; je ne me serais trouvée, dans telle situation qu’il aurait plu à la Providence de me placer, jamais sans ces ressources que l’esprit et le talent donnent à chacun selon ses facultés naturelles, et je me sentais le courage de monter ou descendre, sans que par là mon cœur et mon âme en ressentissent de l’élévation ou ostentation, ou, en sens contraire, ni rabaissement, ni humiliation.

1278. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Ernest Renan »

Placé dans une école de sa ville natale, un petit collège tenu par des ecclésiastiques, il y fit avec succès ses études jusqu’à l’âge de seize ans : les maîtres de ce collège étaient des prêtres du pays, de la vieille roche, graves, instruits, enseignant les belles-lettres avec solidité et bon sens, et antérieurs à toute invasion de ce qu’on peut appeler le romantisme clérical ou le néo-catholicisme.

1279. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « LA REVUE EN 1845. » pp. 257-274

Que la balance ait toujours été tenue dans l’exacte mesure, qu’il n’y ait eu aucun soubresaut, aucune irrégularité, nous ne nous en vanterons certes pas, et, si nous l’osions faire, ceux-là seuls nous croiraient qui ne sauraient pas les difficultés inhérentes à tout recueil de cette nature, à toute publication collective paraissant à jour fixe, et dans laquelle un directeur véritable est toujours placé entre le reproche qu’on lui fait de trop imposer, et l’inconvénient, non moins grave, de trop permettre.

1280. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « HOMÈRE. (L’Iliade, traduite par M. Eugène Bareste, et illustrée par M.e Lemud.) —  second article  » pp. 342-358

Il fait souvent remarquer dans des notes placées au bas des pages, le soin qu’il prend de rendre en détail ce que ses devanciers ont simplifié ou omis.

1281. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Le Brun »

Une note, placée en tête de la première publication du Vengeur, nous avertit, comme motif d’excuse ou cas singulier, que le poëte a composé cette ode, de soixante-dix vers environ, en très-peu de jours et presque d’un seul jet.

1282. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. Rodolphe Topffer »

Appuyé sur les deux bras de son fauteuil, un petit chevalet placé devant lui, il peignait avec ardeur, avec un bonheur qui fut le dernier de sa vie ; c’était la première fois, depuis un ou deux essais tentés à l’âge de dix-huit ans, qu’il lui arrivait de peindre à l’huile.

1283. (1874) Premiers lundis. Tome II « Jouffroy. Cours de philosophie moderne — II »

Jouffroy au reste ne se pose pas la question dans ce sens ; il entend surtout par destinée de l’individu, la fin pour laquelle le moi a été placé sur la terre, eu égard à ce qu’il était avant cette vie et à ce qu’il deviendra après la mort.

1284. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre VIII. De l’éloquence » pp. 563-585

Les pensées philosophiques vous placent naturellement à cette élévation où l’expression de la vérité devient si facile, où l’image, où la parole énergique qui peut la peindre se présentent aisément à l’esprit animé du feu le plus pur.

1285. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre V. Subordination et proportion des parties. — Choix et succession des idées »

On a cédé à une liaison naturelle des choses, et de fil en aiguille on est arrivé à dire ce qu’on n’avait pas besoin de dire encore : plus tard, quand le moment est venu de placer l’idée, quand on ne peut plus s’en passer, pour ne pas avoir à défaire l’ouvrage fait et à tout recommencer, par paresse, on aime mieux la répéter que de la retirer de l’endroit où elle s’était glissée à tort.

1286. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre II. Diderot »

Pendant qu’il a l’air d’écouter, il a pris le point de départ ou l’a placé l’auteur, et il voyage pour son compte : quand vous avez fini, il vous dit le livre qu’il aurait fait à votre place, et c’est sa façon d’entendre la critique.

1287. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre II. La critique »

Il s’est placé devant ce vaste sujet « comme un naturaliste devant la métamorphose d’un insecte ».

1288. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « « L’amour » selon Michelet » pp. 47-66

C’est placer hors de soi, dans un autre être, sa raison de vivre, mais de vivre totalement, de développer son être propre en se dévouant à lui.

1289. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Verlaine, Paul (1844-1896) »

Edmond Pilon La bonne Vierge-Vénus et la Vénus-Marie Se penchent, se désolent, sanglotent et prient Sur ton tombeau plus blanc que celui des colombes, De l’Olympe, du Pélion, du Paradis, Des anges, des satyres et des séraphins prient Pour le pauvre homme bon et le poète parti Vers les églises d’encens et les riches prairies Où la harpe entremêle à la flûte fleurie Des rythmes de prière à des chansons d’orgie ; Ta vie toute pareille à celle du pèlerin, Dont la violente jeunesse grisée d’amour et de vin Avance peu à peu vers la prière des anges, Aboutit — ô Verlaine — à ce tombeau étrange Bâti des impuretés de ta jeunesse ardente Et des strophes liliales de tes poèmes chrétiens ; Te voici, à présent, couché dans la prairie ; Mais la rouge passiflore à la fleur de Marie Enlace, malgré tout, sa passion orgueilleuse Aux tiges de la pensée et des fleurs religieuses Que placeront des amis, que sèmeront des fidèles Et que planteront de beaux anges avec leurs ailes… La couronne d’épines et la couronne de roses, Le bâton de Tannhauser et la houlette des fêtes Que Watteau dessina, pour toi, voici deux siècles, S’emmêlent sur ton ombre tourmentée et posent Leur symbolique trophée au bord de ton silence… Verlaine, ton tombeau est un tombeau étrange Que veillent à la fois les amours et les anges… [La Vogue (15 juin 1900).]

1290. (1766) Le bonheur des gens de lettres : discours [graphies originales] « Le Bonheur des gens de lettres. — Premiere partie. » pp. 12-34

Ce sera lui qui étendra les idées des autres hommes, qui sous la forme du sentiment, développera les pensées qui reposoient au fond de leurs cœurs, & qui placera sur leurs lévres cette expression juste & facile dont il leur aura donné l’exemple.

1291. (1766) Le bonheur des gens de lettres : discours [graphies originales] « Le Bonheur des gens de lettres. — Seconde partie. » pp. 35-56

Que ne puis-je placer ici les noms de ces Ecrivains non moins distingués par leurs vertus que par leurs talens ?

1292. (1863) Molière et la comédie italienne « Textes et documents » pp. 353-376

Un certain nombre d’autres pièces sont indiquées par Louis Riccoboni, dans la liste qu’il a placée en tête du Nouveau Théâtre italien, comme étant « très anciennes ».

1293. (1890) L’avenir de la science « XXI »

Il se peut qu’un jour il apparaisse encore de ces natures étranges, placées sur la limite de l’homme et ouvertes à d’autres combinaisons.

1294. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre VIII. Jésus à Capharnahum. »

À Césarée, il vit la célèbre grotte du Panium, où l’on plaçait la source du Jourdain, et que la croyance populaire entourait d’étranges légendes 413 ; il put admirer le temple de marbre qu’Hérode fit élever près de là en l’honneur d’Auguste 414 ; il s’arrêta probablement devant les nombreuses statues votives à Pan, aux Nymphes, à l’Écho de la grotte, que la piété entassait déjà en ce bel endroit 415.

1295. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XV. Commencement de la légende de Jésus  Idée qu’il a lui-même de son rôle surnaturel. »

Une sorte de besoin amenait cette théologie, pour corriger l’extrême rigueur du vieux monothéisme, à placer auprès de Dieu un assesseur, auquel le Père éternel est censé déléguer le gouvernement de l’univers.

1296. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — I. La métaphysique spiritualiste au xixe  siècle — Chapitre II : Partie critique du spiritualisme »

Il réfute à la vérité cet argument et le réfute bien ; mais c’est que dès l’origine il s’est placé en dehors de la vraie notion du sujet, telle que Biran l’a déterminée.

1297. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre V : La religion — Chapitre I : Philosophie religieuse de M. Guizot »

L’un lui dicta ses mémoires, l’autre l’engagea dans la lutte religieuse, si ardente aujourd’hui, et où il s’est placé au premier rang.

1298. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre VI : Règles relatives à l’administration de la preuve »

Il est donc possible, pour reprendre le même exemple, que ce retour du traditionalisme que l’on observe au début de chaque histoire soit dû non à ce fait qu’un recul du même phénomène ne peut jamais être que transitoire, mais aux conditions spéciales où se trouve placée toute société qui commence.

1299. (1761) Apologie de l’étude

Vos regards allaient se perdre sur des objets placés trop loin de vous : ramenez-les sur tant de merveilles qui vous environnent, et que vous n’avez pas voulu voir ; et l’esprit humain vous étonnera également par son étendue et par ses bornes.

1300. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame Récamier »

Madame Lenormant était mieux placée que personne pour nous le donner, mais pour cela il fallait une main inspirée !

1301. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre V. Les figures de lumière »

Considérons la position de l’appareil qui correspond au moment où B est venu se placer en B₁.

1302. (1915) La philosophie française « I »

* *   * Entre la philosophie biologique et la philosophie sociale, dont la création est due pour une si large part, au génie français, vient se placer un ordre de recherches qui, lui aussi, appartient surtout au XIXe siècle : nous voulons parler de la psychologie.

1303. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VI. »

Puis, en avant des roues, elle a placé d’autres Amours aux ailes et à la ceinture dorées, conduisant le char et agitant des torches élevées. » La louange des époux se mêlait à ces gracieuses images.

1304. (1936) Histoire de la littérature française de 1789 à nos jours pp. -564

Les histoires collectives ont placé la littérature française sous l’influence, ou, comme on dit, sous le signe de ces ateliers faits d’abord pour l’érudition. […] Placer le donateur au coin le plus lumineux de l’immense tableau d’autel (qui triomphait) dans l’église neuve du Concordat, quelle trouvaille ! […] Il a détaché une bonne partie des tableaux du voyage d’Amérique pour les placer dans l’Essai sur les Révolutions, les Natchez, Atala, René, le Génie. […] Victor Hugo, ne sachant où placer le Satyre dans la Légende des siècles, se décida au dernier moment à lui donner ce titre de hasard Seizième Siècle, Renaissance. […] Écrit peut-être dans les Pyrénées, il dit l’homme en méditation sur la montagne, et l’on remarquera l’intention de le placer en tête des Poèmes antiques et modernes, comme l’Isolement était placé en tête des Méditations.

1305. (1887) Études littéraires : dix-neuvième siècle

Il a des métaphores usées, la lyre qui vibre, la flèche qui vole, le char de l’aurore, qu’il répète à satiété (surtout dans les Harmonies) ; ou des images neuves, qu’une fois trouvées, il reproduit sans cesse : depuis le Lac il a placé dix fois l’océan des âges. […]  » Il reste un pas encore, que le pessimiste peut faire, s’il n’est pas méchant ; qu’il n’aime point à faire parce que, même s’il n’a point de méchanceté, il a toujours de l’amertume ; que La Rochefoucauld (voir son Portrait par lui-même) se défend d’avoir fait ; qui est pourtant le plus haut degré moral où le pessimisme puisse atteindre et son terme naturel s’il agit dans un cœur généreux du reste et bien placé : c’est un mouvement de pitié pour ces êtres que l’on voit les malheureux jouets d’une injuste et impitoyable rigueur Pitié sombre et sans larmes, mais énergique et passionnée, qui est comme la forme généreuse et le bon côté de la colère Quand l’indignation contre l’oppresseur n’a point sa source dans la pitié pour l’opprimé, il se peut qu’elle la fasse naître.

1306. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Deuxième série

Pour cela il suffira d’observer avec soin le penchant dominant du tout jeune enfant et de le placer dans la profession pour laquelle il aura marqué son aptitude. — Il faut ensuite faire du travail une passion. […] Ils ont peur, une fois ébranlés dans leur créance, et ne partageant pas encore celle de leur interlocuteur, une fois placés entre deux doctrines, l’une, la leur, exténuée, l’autre mal connue d’eux encore et où ils ne seront pas entrés pleinement, d’être dans cet état de doute qu’ils sentent à l’avance qui leur sera insupportable. — Ils ont peur, ajouterai-je, que la discussion de demain s’ajoutant à la discussion d’aujourd’hui, ils ne finissent par être placés, non entre deux doctrines, mais entre cent, ce qui leur paraît un état d’angoisse mortelle ; ils ont peur que la recherche ne conduise qu’à la recherche, ce qui n’est pas loin d’être probable, et l’examen à l’examen, et le tout à l’incertitude, ce dont ils ne veulent absolument point. […] Il est dans leur nature qu’ils le soient quelquefois ; il est bon qu’à un moment donné ils le soient ; l’Église, encore un coup quoiqu’elle soit autre chose, étant, d’essence première et de rôle primitif, une borne placée devant les empiétements de l’État sur les libertés personnelles. […] On peut en effet trouver tout cela dans Vico sans le trahir ; et Ballanche, chrétien de foi, mais très enclin à l’idée de progrès, dut trouver en Vico une occasion et une autorité confusément souhaitée pour s’écarter de « l’immobile Bossuet », et s’attacher à un providentialisme sérieux, mais large et aisé, et à un christianisme sincère, mais susceptible d’évolution et de renouvellement. — Car Vico, comme Bossuet, a prétendu donner « une démonstration historique » de la Providence ; mais Vico est un Bossuet essentiellement laïque, qui semble placer la Providence au centre et au sein de l’humanité, au lieu de la placer, impérieuse, bien au-dessus d’elle ; d’où il suit que sa Providence paraît suivre l’humanité dans ses démarches plutôt que les diriger. […] C’est l’instinct religieux qui crée les sociétés : « Si vous ne placez quelque divin instinct dans le cœur des peuples au berceau, tout demeure inexplicable.

1307. (1881) Le roman expérimental

Ils sont mieux placés que nous pour juger les grands courants de notre littérature, car ils nous voient à distance et ils se trouvent en dehors de nos luttes quotidiennes. […] Dans les anciennes rhétoriques, le roman était placé tout au bout, entre la fable et les poésies légères. […] n’a été mieux placé. […] C’est pourquoi nous nous plaçons au point de vue scientifique, à ce point de vue de l’observation et de l’expérimentation, qui nous donne à l’heure actuelle les plus grandes certitudes possibles. […] Je veux bien ne pas nous mettre sur le terrain philosophique qui n’a pas de solidité ; mais plaçons-nous sur le terrain scientifique.

1308. (1859) Moralistes des seizième et dix-septième siècles

Ici, il ne se dégage pas tant de l’observation, qu’il est placé au-dessus de la sphère de l’observation. […] Il serait contradictoire de placer une idée de devoir dans l’obéissance à des penchants dont la répression constitue le devoir même. […] Avant d’y arriver, le peuple est successivement placé dans une foule de circonstances propres à avancer son éducation ; Dieu lui est révélé de toutes sortes de manières. […] D’après notre point de vue, un écrivain politique a droit à être placé parmi les moralistes. […] C’est l’échelle de proportion placée au bas d’une carte de géographie.

1309. (1828) Introduction à l’histoire de la philosophie

C’est là seulement que l’humanité se connaît elle-même pleinement avec tous ses éléments, portés pour ainsi dire à leur plus haute puissante, et placés dans leur jour le plus vrai. […] C’est l’âge d’or, c’est l’Éden que la poésie et la religion placent au début de l’histoire : image vive et sacrée de l’état de la raison dans son énergie native et spontanée avant le travail, les conquêtes et les égarements de la réflexion74. […] J’en conclus que des lieux divers représentent des idées diverses, et que par conséquent si nous voulons chercher dans ce vaste univers le théâtre des trois grandes époques dans lesquelles nous avons divisé le développement de l’humanité, nous ne pourrons placer dans un même lieu et sous le même climat ces trois époques si dissemblables. […]placerons-nous la première ? […] Je vous demande si vous placerez cette époque dans un vaste continent, enceint d’un Océan immense qui, au lieu d’attirer l’homme, le décourage parce que derrière ces abîmes il n’aperçoit rien, n’espère rien, et que nul vestige d’homme ne se montre : placerez-vous cette époque sur un sol très compacte, formant une masse ou il y aura peu de fleuves, peu de lacs, aucune mer intérieure, ou seront de vastes déserts, des chaînes de hautes montagnes qui sépareront les populations, et exigeront de es deº longues années et de grands efforts avant qu’elles puissent se donner la main ?

1310. (1874) Histoire du romantisme pp. -399

Quant à nous, comme nous l’avons dit, placé à l’Y du carrefour, nous hésitions entre les deux routes, c’est-à-dire entre la poésie et la peinture, également abominables aux familles. […] Ainsi placée sous la lumière, elle a vraiment une physionomie de bonté, de candeur et de sympathie. — Elle est d’un ami cher à nous deux, du brave Bouchardy. […] Ce mot Remember au bas de la lettre était placé d’une façon impérative et mystérieuse. […] On peut encore le comparer à une de ces nébuleuses gouttes de lait sur le sein bleu du ciel, qui brillent moins que les autres étoiles parce qu’elles sont placées plus haut et plus loin. […] Qu’on nous permette de placer ici un souvenir personnel.

1311. (1891) La bataille littéraire. Quatrième série (1887-1888) pp. 1-398

On dînait chez un commun ami ; le romancier et l’orateur se trouvèrent placés l’un à côté de l’autre. […]   Parmi ceux-là plaçons M.  […] Les fatalités d’une vie de misère le placent dans cette alternative de commettre ou un assassinat ou une bassesse. […] Donner bienfaisamment, ce n’est point placer noblement un peu ou beaucoup de son superflu, ni prêter à Dieu pour qu’il tienne un grand livre d’aumônes : donner, c’est se priver. […] Stéphane Mallarmé ; un portrait et un fleuron d’Édouard Manet sont placés au commencement de ce livre très bien présenté par l’éditeur.

1312. (1901) L’imagination de l’artiste pp. 1-286

Parfois il fera jouer aux êtres qu’il met en scène un rôle étrange, comme au dauphin de cette fontaine ; ou bien il les placera dans une situation paradoxale, comme les chevaux qui piaffent et se cabrent là-haut, dans les combles de cet édifice. […] Plaçons-nous au point de vue de l’artiste qui l’exécute. […] Sur un haut piédestal nous placerons le buste de l’artiste. […] La mode elle aussi s’en mêle, pour décider que la femme devra avoir la taille longue ou courte, les épaules carrées ou tombantes, la gorge placée comme ceci ou comme cela ; et ces variations mondaines de l’idéal féminin ont leur contrecoup dans l’art. […] Ils ne réduisent que les images faites pour être regardées de très près, n’amplifient que celles qui risqueraient de paraître mesquines, étant placées à une distance ou une élévation anormales.

1313. (1892) Portraits d’écrivains. Première série pp. -328

C’est encore à ce point de vue d’une morale à répandre, qu’il faut se placer pour comprendre certaines théories dramatiques de M.  […] Mais pour certains esprits, une seule chose est impossible, c’est de se placer au juste point de vue. — C’est justement l’inattaquable mérite de M.  […] Les figures accessoires ne sont pas moins bien indiquées ; c’est un coin de la vie grouillante des faubourgs, placé dans son vrai cadre. […] En tout cas, nulle part il n’eût été mieux placé que dans ce Paris, ville des intérêts matériels et du plaisir grossier, mais aussi ville mystique. […] Plus tard, quand le temps aura fait justice de réputations trop haut placées, alors que des voix plus bruyantes n’auront pas laissé même d’écho, qui sait ?

1314. (1898) Émile Zola devant les jeunes (articles de La Plume) pp. 106-203

Admirablement placés pour juger le talent ou le métier d’un auteur, elles ne le sont nullement pour reconnaître à ses traits extraordinaires la présence du génie. […] Leur farouche grandeur s’exagère encore dans le sec, exact et véridique décor réel où le romancier les a placés. […] Et je touche un des points à mon avis essentiels, pour démontrer l’inaptitude de la foule à comprendre vraiment, à se placer sous l’angle voulu d’où se révélera la plénitude des fresques.

1315. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1895 » pp. 297-383

Il conte les écrasements qu’il a subis : ces conversations où l’on est placé entre deux personnes, qui se renouvellent toutes les cinq minutes : des conversations qui durent deux ou trois heures. […] Ce sont ces deux fameux robinets d’eau froide et d’eau chaude, dans une cuvette d’un coin de la chambre, qu’on est dans l’impossibilité de déplacer, et qui est de la plus grande incommodité, pour se laver ; et c’est cet éclairage au gaz, placé au milieu de la pièce, qui ne vous permet pas de lire au lit, près duquel il n’y a ni bougeoir, ni allumettes ; et c’est le service des domestiques, qui ne brossent jamais les habits. […] » Jeudi 21 novembre Le notaire d’un de mes amis, lui disait ces jours-ci, qu’en présence des lois financières qui se préparaient, la plus grande partie des gens qui avaient de l’argent, le plaçaient à l’étranger, et qu’il regardait de son devoir d’avertir ses clients de l’effroi du capital français, devant l’avenir que lui préparait le gouvernement.

1316. (1911) Visages d’hier et d’aujourd’hui

Mais il n’alla point à droite ni à gauche ; et il travailla où, premièrement, il s’était placé. […] Elles étaient à son chevet, quand il est mort, — et aussi la maman malheureuse dont l’adorable visage est pieusement tracé dans la Mère et l’enfant, — et aussi les tendres amis qui avaient placé en Charles-Louis Philippe une splendide espérance. […] Seulement il a placé, au milieu d’ornements naturels et des parures que font, aux éclaircies des parcs, les flexibles rameaux des arbres variés, de jeunes femmes en qui fleurit la gracieuse beauté de ce monde sans joie. […] Cet âne fut placé entre deux bottes de foin tout à fait pareilles, également fraîches et appétissantes. […] Les peintres de verrières et les sculpteurs de portails l’ont placé, dans nos cathédrales, entre Ézéchiel et la Sibylle.

1317. (1921) Esquisses critiques. Première série

Notoire sans être illustre, on ne voit point qu’il se trouve placé sur le premier rang — mais la plupart de ceux qui s’y rencontrent l’occupent à tort et le perdront quand les jugements littéraires se trouveront révisés. […] Il sait admirablement gonfler un exorde, construire des périodes, les cadencer même et leur donner du nombre, les varier d’incidentes et puis au bout du compte faire retentir une péroraison ou placer un épiphonème. […] Bataille, que Marcel Schwob plaçait côte à côte, avaient persévéré dans cette voie délicieuse, peut-être eussent-ils laissé une empreinte ineffaçable sur la littérature de leur temps. […] Montfort se serait assurément placé au tout premier rang de ceux qui font profession de l’être s’il en avait eu l’ambition et que d’autres soins ne l’eussent requis. […] C’est dans cette famille d’auteurs et non dans la première qu’il conviendrait de placer M. 

1318. (1716) Réflexions sur la critique pp. 1-296

Voilà un zêle fort loüable, s’il étoit bien placé ; mais qu’est-ce au fond que ce secret que je révele ? […] Pourquoi n’aurois-je pas dit, par exemple, que la description des jeux célébrez aux funérailles de Patrocle est mal placée au 23e liv de l’iliade ? […] J’ai pris pour des discours mal placez, ceux que les héros se tiennent dans la chaleur du combat ; ceux qu’ils adressent aux morts, et enfin les harangues qu’ils font à leurs chevaux. […] J’ai remarqué dans les discours bien placez, des circonstances froides, inutiles, basses, ou contraires à la passion dominante. […] C’est pourquoi j’ai bien plus songé à corriger les actions, et à en porter de bons jugemens, qu’à conserver des sentences ou triviales ou mal placées ; et afin que les injustices mêmes des dieux perdissent leur autorité, j’ai dit d’eux dans le conseil qu’ils tiennent au ive  livre.

1319. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 5482-9849

Bienheureux Scuderi, dont la fertile plume ; le mot fertile est-là bien placé, parce que cette plume s’exerçoit, se répandoit sur toutes sortes de sujets. […] Bouhours : c’est un terme hasardé, mais placé, qui exprime l’énergie & la force des pensées & du style. […] Nous avons élevé des temples à des hommes simplement vertueux qui seroient la plûpart ignorés sur la terre, s’ils n’étoient placés dans le ciel. […] On en avoit placé d’abord sept dans les sept planettes, parmi lesquelles on comptoit le soleil ; mais depuis, la demeure ordinaire de tous les dieux fut l’étendue du ciel. […] Pour placer la fuite en Egypte immédiatement après l’adoration des Mages, reculera-t-on celle-ci jusqu’après la purification, lorsque Jesus ni sa famille n’étoient plus à Bethléem ?

1320. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. RODOLPHE TÖPFFER » pp. 211-255

Quoi qu’il en soit, voilà une idylle véritable, née du pays, fille du Salève, et digne de se placer modestement à la suite de toutes celles qui ont fleuri, depuis Nausicaa, la première de toutes et la plus divine, jusqu’à Hermann et Dorothée. […] Charles, une fois à Genève, placé dans la maison de M. le pasteur Dervey, où il poursuit ses études, correspond avec Louise, avec M.

1321. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIe entretien. Phidias, par Louis de Ronchaud (2e partie) » pp. 241-331

Celui du pape Clément XIV plaça Canova dans un style bien différent, mais presque au niveau de Michel-Ange. […] Devant nous grandissait et se détachait du tertre gris où il est placé, le temple de Thésée, isolé, découvert de toutes parts, debout tout entier sur son piédestal de rochers ; ce temple, après le Parthénon, le plus beau selon la science que la Grèce ait élevé à ses dieux ou à ses héros.

1322. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (3e partie) » pp. 5-79

« L’enfant effaré le regarda, puis commença à trembler de la tête aux pieds, et, après quelques secondes de stupeur, il se mit à fuir en courant de toutes ses forces sans oser tourner le cou ni jeter un cri. » Il faut avouer que l’évêque avait bien placé son trésor. […] Sur le seuil d’une auberge de campagne, deux petites filles, l’une de deux ans, l’autre de dix-huit mois, se balancent aux rayons du soleil couchant sur une escarpolette d’anneaux de fer placés sous une charrette ; l’aubergiste, assis sur sa porte, les berce avec une ficelle attachée à sa main, et les fait crier de joie à chaque gémissement métallique de l’escarpolette improvisée.

1323. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre II. Prière sur l’Acropole. — Saint-Renan. — Mon oncle Pierre. — Le Bonhomme Système et la Petite Noémi (1876) »

Or voici qu’à côté du miracle juif venait se placer pour moi le miracle grec, une chose qui n’a existé qu’une fois, qui ne s’était jamais vue, qui ne se reverra plus, mais dont l’effet durera éternellement, je veux dire un type de beauté éternelle, sans nulle tache locale ou nationale. […] Il avait fait la traite des nègres…   Un peuple noble, bon seulement pour servir des nobles, en harmonie d’idées avec eux, est, de notre temps, un peuple placé à l’antipode de ce qu’on appelle la saine économie politique et destiné à mourir de faim.

1324. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 14 mars 1885. »

Si, depuis Rienzi, il lui a plu de placer ses personnages dans des milieux légendaires, c’est que dans la légende, en effet, la passion dégagée des contingences accidentelles de l’histoire, de ce qu’on appelle la couleur locale, s’affirme plus nettement, se montre, pour ainsi dire, toute nue. […] Trois d’entre eux sont dessinés de main de maître : placés au premier plan, Beckmesser, Pogner et Kothner ont pris une physionomie inoubliable.

1325. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « Introduction »

L’imagination populaire d’ailleurs confond volontiers le philosophe avec l’alchimiste ; elle le plaçait au milieu des livres, des fourneaux et des cornues dans un de ces réduits obscurs qu’a peints Rembrandt. […] Supposons les mathématiques cultivées par les philosophes, non à titre de science spéciale, mais comme faisant partie de la philosophie ; voici ce qui arriverait : comme le propre des esprits philosophiques, c’est de placer avant tout les questions de principes, ils commenceront par examiner les axiomes, discuter la légitimité de la méthode, rechercher ce que c’est que la quantité, la mesure, le temps, l’espace, au risque de ne se croire jamais assez sûrs pour commencer.

1326. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XII : Distribution géographique (suite) »

En partant du principe que toutes les espèces d’un même genre descendent d’un ancêtre unique, quoiqu’elles soient aujourd’hui distribuées dans les contrées du monde les plus distantes, nous devons pouvoir constater, et nous constatons généralement, en effet, qu’au moins quelques-uns de ces oiseaux ont une très grande extension, car il est indispensable que la forme non modifiée soit très répandue, afin que, se modifiant pendant sa diffusion, elle se trouve placée sous diverses conditions de vie favorables à la transformation de sa postérité, d’abord en variétés, puis ensuite en espèces distinctes. […] Alph. de Candolle a confirmée en ce qui concerne les plantes, c’est que, plus un groupe d’organisme est placé bas dans l’échelle de la nature, et plus il est susceptible d’acquérir une grande extension.

1327. (1829) Tableau de la littérature du moyen âge pp. 1-332

Depuis cette mort, un saint homme descendit en esprit aux enfers, et aperçut le susdit comte, placé sur le degré le plus haut d’une échelle. […] Il en est un cependant dont le voyage fut célèbre, tellement que le moine des Îles d’Or, historien des troubadours, l’a placé en tête de tous les autres. […] On peut s’étonner que le Tasse n’ait pas songé à placer un troubadour dans sa Jérusalem. […] C’est ainsi que nous avons dû naturellement y placer l’Angleterre. […] Cette influence a été si puissante, que bien qu’elle n’ait pu déraciner les vieux mots, elle a placé dans ces vieux mots d’autres idées.

1328. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Vicq d’Azyr. — II. (Fin.) » pp. 296-311

Ainsi, dans ce même Éloge de Gaubius, montrant ce médecin qui se prodigue avec dévouement dans une épidémie à Amsterdam et qui échappe cependant au danger, il ajoute : C’est une sorte de miracle que de voir les médecins placés dans le foyer de la contagion, tout couverts, pénétrés même de ses miasmes, échapper souvent à ses coups.

1329. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Mémoires et journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guettée. — II » pp. 263-279

Je sais des hommes d’étude et de lecture approfondie qui placent Fleury très haut, plus haut qu’on n’est accoutumé à le faire aujourd’hui, qui le mettent en tête du second 265 rang ; ils disent « que ce n’est sans doute qu’un écrivain estimable et du second ordre, mais que c’est un esprit de première qualité ; que ses Mœurs des israélites et des chrétiens sont un livre à peu près classique ; que son Traité du choix et de la méthode des études, dans un cadre resserré, est plein de vues originales, et très supérieur en cela à l’ouvrage plus volumineux de Rollin ; que son Histoire du droit français, son traité du Droit public de France, renferment tout ce qu’on sait de certain sur les origines féodales, et à peu près tout ce qu’il y a de vrai dans certains chapitres des plus célèbres historiens modernes, qui n’y ont mis en sus que leurs systèmes et se sont bien gardés de le citer ; que Fleury est un des écrivains français qui ont le mieux connu le Moyen Âge, bien que peut être, par amour de l’Antiquité, il l’ait un peu trop déprécié ; que cet ensemble d’écrits marqués au coin du bon sens et où tout est bien distribué, bien présenté, d’un style pur et irréprochable, sans une trace de mauvais goût, sans un seul paradoxe, atteste bien aussi la supériorité de celui qui les a conçus. » Pour moi, c’est plutôt la preuve d’un esprit très sain.

1330. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Souvenirs et correspondance tirés des papiers de Mme Récamier » pp. 303-319

Si elle intervenait, c’était discrètement, pour glisser une remarque fine, pour placer une anecdote choisie et dont le trait d’ordinaire amenait un sourire.

1331. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) «  Œuvres et correspondance inédites de M. de Tocqueville — II » pp. 107-121

Dans quelques rangs que vous vous placiez, vous n’en serez pas moins pour moi un parent que j’aime et honore, l’un des esprits les plus élevés et des talents les plus rares que notre époque ait produits.

1332. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Le général Joubert. Extraits de sa correspondance inédite. — Étude sur sa vie, par M. Edmond Chevrier. — I » pp. 146-160

Capitaine toujours placé à l’avant-garde, puis chef de bataillon, envoyé à Toulon pour diriger un embarquement de troupes qui ne se fit pas, il est retenu pendant quelques mois à l’hôpital par une maladie grave.

1333. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mélanges religieux, historiques, politiques et littéraires. par M. Louis Veuillot. » pp. 44-63

Veuillot ne tarda pas à renoncer aux journaux du gouvernement à la tête desquels son talent, apprécié déjà, l’allait placer ; il entra dans les journaux religieux (1842) et bientôt devint à l’Univers le rédacteur principal et le seul en vue, le champion qui, pendant près de dix-huit ans, porta le poids des discussions, des attaques et des colères.

1334. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mélanges religieux, historiques, politiques et littéraires. par M. Louis Veuillot. » pp. 64-81

Serve de la pensée, La phrase saine et souple, en son ordre placée, Vit, commande déjà : le poète aux abois Poursuit encor la rime à travers champs et bois.

1335. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français (suite et fin.) »

Les spectateurs d’alors se contentaient à moins. » Quand des érudits des plus compétents parlent avec cette modestie et cette bonne foi de l’objet de leurs études, on se sent d’autant plus porté à leur accorder ce qui est juste, et on est tout prêt à placer avec eux leur vieux Mystère à son rang dans la série des anneaux intermédiaires qui permettent de mesurer les lents efforts, en tout genre, de l’esprit humain.

1336. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Souvenirs d’un diplomate. La Pologne (1811-1813), par le baron Bignon. (Suite et fin.) »

Je ne sais rien de plus significatif à cet égard qu’une lettre du roi de Westphalie Jérôme, à son frère, écrite à la date du 5 décembre 1811, et qui exprime, qui résume la situation vraie, telle qu’elle se dessinait aux yeux d’un frère dévoué de l’Empereur, placé au cœur même de la difficulté, au centre du péril : « Sire, écrivait le roi Jérôme, établi dans une position qui me rend la sentinelle avancée de la France, porté par inclination et par devoir à surveiller tout ce qui peut donner atteinte aux intérêts de Votre Majesté, je pense qu’il est convenable et nécessaire que je l’informe avec franchise de tout ce que j’aperçois autour de moi.

1337. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. (Suite et fin.) »

C’était donc, à tous égards, une résolution inexplicable que celle qui, après dix ans d’une pareille oisiveté, le plaçait pour la première fois à la tête d’une armée et dans des conditions aussi critiques que celles d’alors.

1338. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Sur la reprise de Bérénice au Théâtre-Français »

Mais surtout la tradition a conservé un vif souvenir du triomphe de mademoiselle Gaussin en novembre 1752 : telle fut sa magie d’expression dans le personnage de cette reine attendrissante, que le factionnaire même, placé sur la scène, laissa, dit-on, tomber son arme et pleura30.

1339. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XVII. De la littérature allemande » pp. 339-365

Comme ils sont naturellement penseurs et méditatifs, ils placent leurs idées abstraites, et les développements et les définitions dont leurs têtes sont occupées, dans les scènes les plus passionnées ; et les héros, et les femmes, et les anciens, et les modernes tiennent tous quelquefois le langage, d’un philosophe allemand.

1340. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre V. La Fontaine »

Entre les deux groupes se placent onze livres de Fables, où l’individualité absorbe et domine toutes les influences du milieu et du moment.

1341. (1894) Propos de littérature « Chapitre III » pp. 50-68

Si nous supposons deux peintres maîtres de leur art, usant de la même technique — car il ne s’agit pas ici de la « manière » — et placés devant le même site ou devant le même groupe de personnages, ils en restitueront également les proportions et dans leurs tableaux les rapports des tons lumineux, les « valeurs » seront identiques ; mais les deux œuvres différeront par les qualités du trait et par le coloris.

1342. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 15 janvier 1887. »

César Franck a un opéra en portefeuille, Hulda ; par malheur, je n’en connais que des fragments, d’ailleurs superbes, trop courts pour permettre d’établir une opinion raisonnée, assez longs pour qu’on puisse placer cet ouvrage, sans crainte de se tromper, fort au-dessus de presque tous ceux qui se jouent quotidiennement à Paris.

1343. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXII » pp. 355-377

La femme de son ami solide (la reine) lui fait des visites, et la famille tour à tour ; elle passe nettement devant toutes les duchesses ; et celle qu’elle a placée (madame de Richelieu) témoigne tous les jours sa reconnaissance par les pas qu’elle fait faire112.

1344. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Raphaël, pages de la vingtième année, par M. de Lamartine. » pp. 63-78

Et pour moi… je descendrais de l’élévation où vous m’avez placée !

1345. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le cardinal de Retz. (Mémoires, édition Champollion.) » pp. 238-254

Placé entre un prince de cette nature et le Parlement, cette autre machine compliquée et non moins désespérante à mouvoir, primé dans le parti par le prince de Condé, son ennemi alors et dont il ne peut vouloir le triomphe, Retz se consume durant deux années dans les pourparlers, les expédients, les tentatives perpétuelles d’un tiers parti impuissant à naître et toujours avorté.

1346. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Pensées de Pascal. Édition nouvelle avec notes et commentaires, par M. E. Havet. » pp. 523-539

C’est déjà un honneur pour l’homme que d’avoir de tels désespoirs placés en de si hauts objets.

1347. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre troisième. L’idée-force du moi et son influence »

Un être qui, après s’être fait mordre d’un ennemi, l’oublierait aussitôt et recommencerait à se placer sous sa dent, serait finalement déchiré.

1348. (1876) Du patriotisme littéraire pp. 1-25

Néanmoins, pour rendre à notre pays un hommage fort bien placé dans la solennité qui nous réunit, et comme préparation à mon enseignement annuel de littérature française, je vais tenter de replacer devant vos yeux une revue de ces richesses intellectuelles de notre patrie.

1349. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 16, des pantomimes ou des acteurs qui joüoient sans parler » pp. 265-295

D’ailleurs, nous voïons que ceux qui ne sont pas initiez aux mysteres de ce spectacle, n’entendent gueres ce que les pantomimes veulent dire, à moins que celui auprès de qui ils sont placez ne le leur explique.

1350. (1759) Observations sur l’art de traduire en général, et sur cet essai de traduction en particulier

Cependant, en accordant aux écrivains créateurs le premier rang qu’ils méritent, il semble qu’un excellent traducteur doit être placé immédiatement après, au-dessus des écrivains qui ont aussi bien écrit qu’on le peut faire sans génie.

1351. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Première partie — Chapitre III. Les explications anthropologique, idéologique, sociologique »

Placez des cerveaux semblables dans des milieux différents : un même processus cérébral pourra servir à des fins différentes.

1352. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VI : M. Cousin philosophe »

Quoique les bluets qui le manifestent se succèdent dans le temps et soient placés dans l’espace, il est, comme le triangle abstrait et comme les vérités géométriques, en dehors du temps et de l’espace.

/ 2077