On y découvrit une saveur originale.
Il y a une impératrice, la plus inquiète des femmes, dont la principale ambition est d’être une parfaite écuyère, qui vit si complètement à sa guise et de façon si fantasque que, si elle était une bourgeoise de Paris, nous ne verrions en elle qu’une très sympathique et très originale « névrosée ».
Le snob ne s’aperçoit pas que, d’être aveuglément pour l’art et la littérature de demain, cela est à la portée même des sots ; qu’il est aussi peu original de suivre de parti pris toute nouveauté que de s’attacher de parti pris à toute tradition, et que l’un ne demande pas plus d’effort que l’autre ; car, comme le dit La Bruyère, « deux choses contraires nous préviennent également, l’habitude et la nouveauté. » C’est par ce contraste entre sa banalité réelle et sa prétention à l’originalité que le snob prête à sourire.
Il en est résulté une œuvre originale, complexe, très solide, mais très mélancolique.
On lui a reproché de n’avoir pas été assez réservé dans ses caracteres, d’avoir trop copié ses Originaux, & d’avoir fourni matiere à plusieurs applications malignes.
Préface de l’édition originale Janvier 1829.
A quatorze, il donna quelque morceaux traduits de Stace & d’Ovide, qu’ils mettent au dessus des originaux.
Combien de copies détestables a fait un tel original ?
C’est ainsi que la sociologie, à mesure qu’elle se spécialisera, fournira des matériaux plus originaux à la réflexion philosophique.
Pascal fut un profond mathématicien, un physicien original, avant d’être un philosophe.
Tout de même mon esprit n’est point la raison primitive, la vérité universelle et immuable, il est seulement l’organe par où passe cette lumière originale, et qui en est éclairé… » — Chap. […] L’image infinie de l’infini51 n’aura-t-elle ni original sur lequel elle soit faite, ni cause réelle qui l’ait produite ? […] De là une œuvre originale et propre à l’homme, une œuvre d’art. […] Là, même en imitant, il est original, et il laisse les anciens bien loin derrière lui. […] Ainsi que Racine, il est épris de la beauté antique, et il l’imite ; mais, comme Racine, il reste toujours original..
Je me reposais de la composition d’un bouquin, par la composition originale d’une collection particulière, d’un meuble, d’une reliure. […] Je reparcours, ce soir, La Confession d’un enfant du siècle, dont j’ai trouvé l’édition originale. J’ai déjà l’édition originale de Volupté ; Je voudrais avoir celles de Mademoiselle de Maupin et de Lélia. […] Et petit à petit, se lève pour moi, de son récit, de la mémoire de la journée, un paysage tout original et tout charmant, pour un roman de guerre. […] Il y aurait peut-être une forme originale pour ce livre.
Je ne méconnais pas ce qui s’y trouve d’original et d’inattendu, ce qui en fait de vrais romans d’aventures. […] Si, entre ces textes, l’un est original, ce serait, semble-t-il, celui qui correspond au terme de féminisme. […] Bourget dans Le Disciple, qui fut en son temps une tentative originale. […] Giraudoux a une vision originale des choses et surtout des rapports entre les choses. […] Estaunié particulière et originale.
Il a le droit d’être original. […] Il est impossible de créer de toutes pièces des types vivants et originaux. […] Il s’aperçoit que sa copie ne ressemble guère à l’original. […] Il faudra qu’il s’en fasse d’originaux. […] Manifestement l’art traverse de nos jours une période de crise ; il multiplie les essais ; il veut être original à tout prix.
Regardez les paysages, les intérieurs elles animaux de Decamps, et, à côté de lui, ceux de tant d’autres ; à mon gré, cette branche de l’art est la plus vivace et la plus originale de notre temps. […] Ce caquet est vite rabattu par l’étude des documents originaux ; ils sont en grand ce que sont en petit de bonnes requêtes d’avoué, de bons rapports auprès d’un conseil d’administration. […] Chose unique dans l’histoire littéraire, plusieurs de ces pastiches, l’Occasion, la Périchole, valent des originaux. — Nulle part la saillie des caractères n’est si nette et si forte que dans ses comédies. […] Après lui, avec l’aide de son livre, et aussi d’après mes impressions personnelles, je voudrais retracer cette physionomie originale, douce, fière et pensive. […] Dès sa première jeunesse il avait longuement étudié le droit public, l’économie politique et l’histoire, non pas en écolier ou en amateur, mais en penseur original et en critique indépendant.
S’il en fallait croire Corneille lui-même, ces comédies n’auraient eu « de modèle avant lui, dans aucune langue » ; — et, selon son habitude, il exagère, mais ce qui est certain, c’est qu’elles brillent déjà de mérites rares et originaux. […] Racine l’a fait, dans cette même Andromaque, dont il nous reste maintenant à voir les qualités originales et uniques sortir, en quelque façon, et se composer du mélange de tous ces éléments, renouvelés et transfigurés par son génie de poète. […] — Les originaux de Tartufe. — L’intention de Molière. — III. […] Voilà le marquis de La Tribaudière en propre original, et voici maintenant M. […] Aussitôt que Voltaire sera mort, beaucoup de gens trouveront Crébillon moins grand, moins original, moins tragique.
Le sujet de cette petite guerre polémique avait peu d’importance : il s’agissait seulement de savoir si Adrien méritait le nom de vainqueur des Parthes ; mais la tournure piquante du style donnait un air malin aux citations les plus graves : les deux champions avaient du savoir, et, ce qui vaut peut-être mieux encore, de l’esprit et de la gaîté, et surtout l’art de présenter aux gens du monde une étude historique sous une forme à la fois amusante et originale. […] Mais l’ensemble du style est chaud, ferme, plein d’une sève vigoureuse, d’un naturel franc et original. […] IV 31 mars 1812 Il s’éleva jadis une dispute, dont l’objet était de savoir quel était l’auteur original d’Héraclius ; on balançait entre don Pedro Calderon de la Barca et le grand Corneille. […] Ce qui les confirmait surtout dans cette opinion, c’est cette phrase mystérieuse qu’on trouve dans l’Examen de l’Héraclius de Corneille : C’est , dit-il, un original dont il s’est fait d’assez belles copies. […] Toute cette conception est vigoureuse, originale ; elle montre plus qu’aucune autre la force et la fécondité du génie de Corneille.
Vendredi 3 janvier C’est curieux comme le contact intime avec la cuisine d’un art, est pour un littérateur, la révélation de choses nouvelles et originales à apporter dans son métier. […] Nom de Dieu, ça vous fait mépriser l’originalité de quelques-uns de nos peintres originaux d’aujourd’hui. […] Le second acte, le clou de la pièce, et dont la connaissance qu’il a du Palais, m’a fait adresser à lui, Ajalbert, à la fois un littérateur et un avocat, commence au moment, où le Président dit : « Maître un tel, vous avez la parole… » C’est donc dans une plaidoirie et une défense d’accusée, qu’est toute l’exposition de la vie de la femme — et ceci est pour moi une trouvaille originale — puis la condamnation à mort, comme elle l’est à peu près dans mon livre. […] Une composition très originale, la grande toile esquissée pour Gallimard, et représentant le paradis du théâtre de Belleville : cette grande toile faisant le fond de l’atelier, et où les personnages s’arrangent admirablement dans le croisement des courbes hémicyclaires de la salle.
Croce s’étend d’ailleurs au-delà des monts ; je lui connais des lecteurs enthousiastes en plus d’une ville d’Allemagne, et à Paris, et à Zurich ; c’est qu’il joint à une grande science quelques qualités trop rares chez les savants : une pensée toujours originale, libérée de toutes les vieilles formules, le bon sens lumineux, la compréhension de l’art et surtout le respect des individualités. […] Ayant découvert de nombreuses sources chez certains auteurs qu’on croyait « originaux », elle a prétendu que la valeur artistique de ces auteurs s’en trouvait diminuée ; à la vérité, elle n’a pas encore osé le prétendre de Molière, ni de La Fontaine, ni de Shakespeare ; mais elle s’en est prise à Desportes, puis à Du Bellay, à Chateaubriand, à Victor Hugo, à D’Annunzio, à bien d’autres encore, et sans se demander jamais comment le poète a utilisé ses sources. […] En science, nous avons l’obligation d’indiquer nos sources, de mettre les citations entre guillemets ; c’est une affaire de méthode et de loyauté, ce qui n’empêche ni les réminiscences inconscientes ni les combinaisons nouvelles et originales. […] Que le poète révèle ou ne révèle pas ses sources, la question essentielle, la seule question est de savoir comment il les a utilisées, s’il en a fait un centon ou une œuvre originale par l’unité d’inspiration.
Sur ces parties accessoires il sera nécessairement surpassé un jour par ceux qui étudieront ces peuples dévastateurs en eux-mêmes, et remonteront plus haut vers leurs racines et leurs sources asiatiques : là où il reste original, c’est dans l’exposé des derniers grands règnes romains ou byzantins, quand il parle de Dioclétien, de Constantin, de Théodose, de ces âmes héroïques et venues trop tard comme Majorien ; c’est quand il parle de Justinien et de Bélisaire. […] Ce ne serait pas être juste, avant de quitter l’Histoire de ce dernier, que de n’y pas signaler encore quelques endroits tout littéraires et d’une heureuse richesse, où l’auteur est bien dans l’application de sa nature et dans l’emploi de son talent : par exemple, un passage soigné sur les écoles de philosophie grecque au moment où l’édit de Justinien les supprime ; et, tout à la fin de l’ouvrage, les considérations sur la Renaissance en Italie, sur l’arrivée des lettrés de Constantinople, sur les regrets de Pétrarque en recevant un Homère qu’il ne sait pas lire dans l’original, et sur le bonheur de Boccace, plus docte en ceci et plus favorisé.
Mais, après ce poème excellent, il n’entreprit plus rien d’original qui fût de longue haleine. […] William Hughes, comme pour quelques-uns des autres morceaux. — Mes amis et moi, dans cette étude déjà ancienne de Cowper, à laquelle j’aurais pu donner bien plus de développement, nous avons cherché à lutter d’exactitude et de fidélité de ton en présence de l’original 25.
Il y a plus, et, indépendamment des questions de dates, on arriverait, rien qu’avec les lettres qu’on publie et dont j’ai les originaux sous les yeux, à être assuré que les prétendus mémoires ne sont, à aucune degré, de la marquise de Créqui elle-même. […] Potier, quai Malaquais, 9. — Les originaux de ces lettres appartiennent aux héritiers de M.
Pour ne pas faire tort à ce caractère original et ne pas se prendre exclusivement à quelques contradictions et quelques ridicules, il importe de bien se rappeler ce que fut le marquis de Mirabeau dans l’ensemble de sa carrière. […] Serré de près dans ses retranchements, Vauvenargues répond et ne peut dissimuler quelques-unes des idées que nous lui savons sur et contre la littérature : Je n’ignore pas les avantages que donnent les bons commerces ; je les ai toujours fort souhaités, et je ne m’en cache point ; mais j’accorde moins que vous aux gens de lettres : je ne juge que sur leurs ouvrages, car j’avoue que je n’en connais point ; mais je vous dirai franchement, qu’ôtez quelques grands génies et quelques hommes originaux dont je respecte les noms, le reste ne m’impose pas.
Il n’avait point d’ailleurs dans le talent des ressources infinies ; il avait une variété d’aptitudes, mais il n’était fécond ni original en rien. […] Feuillet de Conches m’a fait voir de mes yeux les originaux des lettres, des mêmes lettres non pas transcrites, mais sophistiquées par La Beaumelle, et de celles qu’il n’a pas eu le temps d’arranger.
Béranger restait aussi tout à fait en dehors ; mais il le pouvait, grâce à la maturité originale de son génie, au caractère expressément politique de sa mission, à la spécialité unique de son genre. […] Mérimée, et pour mieux distinguer un talent contemporain qu’on n’a pas eu encore l’occasion d’analyser avec plus de détail, on citera ici un passage du Globe (janvier 1831) ; il y faut faire la part de la phraséologie légèrement saint-simonienne : « En relisant le Théâtre de Clara Gazul, toutes les autres productions de l’auteur me sont revenues à l’esprit, et je me suis confirmé dans l’idée que c’était l’un des artistes les plus originaux et les plus caractéristiques de cette époque souverainement individuelle.
Dans cette voie si périlleuse de la biographie contemporaine, il a su éviter les écueils de plus d’un genre, et atteindre le but qu’il s’était proposé : de la loyauté, de l’indépendance, aucune passion dénigrante, de bonnes informations, la vie publique racontée avec intelligence et avec bon sens, la vie privée touchée avec tact, ce sont là des mérites dont il a eu l’occasion de faire preuve bien des fois en les appliquant à une si grande variété de noms célèbres tant en France qu’à l’étranger ; cela compense ce que sa manière laisse à désirer peut-être au point de vue purement littéraire, et ce qui doit manquer aussi à ses jugements en qualité originale, car l’étendue même de son cadre lui impose un éclectisme mitigé. […] Par moments il lui venait bien quelques petits scrupules de tout ce manège compliqué, dans lequel il pouvait sembler jouer un rôle si peu digne et de son esprit et même de son cœur ; un jour donc, il écrivit à madame de Charrière une lettre dont je n’ai gardé que l’extrait suivant, l’original est aux mains de M.Gaullieur : « Ce 26 fructidor (probablement 1795).
Sa pensée n’est pas originale, elle est sincère. […] Il a une singulière netteté de vision, et rend avec une puissance, un relief, une vie extraordinaires les physionomies, les attitudes, les propos des originaux qu’il a rencontrés.
Et je ne m’en plains pas, car ce souci d’un bon cœur n’est point incompatible avec l’art ni avec l’observation ; il implique de la cordialité, de la simplicité, de la gravité ; puis, la littérature d’aujourd’hui nous a tant déshabitués des « récits moraux et instructifs » que, lorsqu’il s’en présente un par hasard, on est tout prêt à trouver cela original, on est charmé, on est ému et on s’en sait bon gré ; on se dit comme le Blandinet de Labiche : « Mon Dieu ! […] Par contre, c’est parmi ceux qui ne savent pas lire que l’artiste a le plus de chance de trouver des paysans originaux et de grande allure, et c’est moins dans la Touraine ou l’Ile-de-France que dans les provinces reculées, mieux défendues contre les « bienfaits de la civilisation » Et pourtant il faut bien qu’une sélection se fasse, que les classes dites supérieures soient entretenues et rajeunies par celles d’en bas.
Il y avait alors à Paris une lady Sarah Bunbury, des plus grandes dames de son pays, des plus originales et des plus agréables. […] Elle s’en cachait comme d’une affection coupable, et que son mari a toujours ignorée… Elle était grande, bien faite, extrêmement fraîche ; mais de gros yeux qui n’y voyaient pas, et où il était impossible de démêler tout ce qu’elle avait de mérite et d’esprit, la déparaient un peu… Mme de Biron, pure, délicate, extrêmement timide, d’un caractère doux et sage, ne laissait voir que dans l’intimité un esprit aussi élevé qu’original.
M. de Bonald est un des écrivains dont il y aurait ainsi le plus de grandes ou spirituelles pensées à extraire ; on ferait un petit livre qu’on pourrait intituler Esprit ou même Génie de M. de Bonald, et qui serait très substantiel et très original. […] Publiciste, malgré ses hautes parties, je ne lui trouve pas les vrais signes du génie, qui sont l’ouverture d’instinct, le renouvellement de vue, la prescience et la découverte de vérités nouvelles : il n’a fait que rédiger et reconstruire, sous forme originale, idéale, et parfois bizarre, les doctrines du passé, sans admettre ni concevoir aucune des transactions et des transformations par où elles pouvaient se lier à l’avenir.
Cette Notice, lue dans la dernière séance publique de l’Académie des inscriptions, a ramené l’attention sur un homme respectable et excellent, original de mœurs et de caractère, bon de nature, fin pourtant, rude et brusque d’accent et de ton, qui a eu, au début de l’Empire, le plus grand succès tragique d’alors (Les Templiers), qui, depuis, a créé toute une érudition (l’étude du provençal classique et de ce qui en dépend), l’a établie et organisée d’une manière féconde, et s’est véritablement illustré par ce vaste et sagace labeur. […] « C’est un Provençal original et surtout indépendant », il faut encore s’en tenir à cette définition que Fontanes donnait de lui à l’Empereur3.
Mais il y a loin de ces travaux d’embellissement, qui l’engagèrent plus qu’il n’aurait voulu d’abord, au laborieux tableau tracé par La Bruyère ; et j’aime à penser que, si l’observateur moraliste avait songé à Gourville, ç’aurait été plutôt pour peindre ce personnage naturel et original, par les côtés vraiment singuliers et caractéristiques qui en font un individu-modèle dans son espèce. […] Louis XIV le remit au pas ; l’excellent esprit de Gourville qui, de tout temps, serait allé de pair avec les plus fins, devint digne d’une époque où les honnêtes gens avaient le dessus ; il y tient son coin original et distingué.
Dans le dialogue original et vif qu’on supposerait de l’un à l’autre, ils ne seraient d’accord que sur le Jupiter Olympien et contre Napoléon ; tous deux hommes d’humeur et ne voyant qu’un côté des choses ; mais Quatremère de Quincy plus élevé, et, au nom même de l’art antique et de la religion du goût, faisant honte à Courier de sa popularité politique, de mettre ainsi un talent d’Athénien au service des gens de La Minerve, et d’avoir pu dire sérieusement, dans une lettre adressée au Drapeau blanc : « Le peuple m’aime ; et savez-vous, monsieur, ce que vaut cette amitié ? […] Sa traduction peut paraître très exacte, et fidèlement calquée sur l’original, mais par cela même que c’est si exact, et en ce style vieilli après coup, il s’y répand et il y règne un air de parodie.
Les deux parties des Mémoires qu’on possède sont, d’ailleurs, bien suffisantes pour nous donner tout l’homme, et pour faire une des lectures les plus originales et les plus fructueuses qui se puissent procurer dans ce genre familier et tout moderne. […] Moitié souvenir, moitié invention, il essayait ensuite de traiter à sa manière quelques-uns des mêmes sujets ; puis, en comparant avec l’original, il corrigeait ses fautes, et il lui semblait même quelquefois que, sur des points de détail, il n’était pas toujours battu.
la grande et belle voix, la voix unique, s’écriait-il, toujours égale, toujours fraîche, brillante et légère, qui, par son talent, a appris à sa nation qu’on pouvait chanter en français, et qui, avec la même hardiesse, a osé donner une expression originale à la musique italienne. » Il ne sortait jamais de l’entendre « sans avoir la tête exaltée, sans être dans cette disposition qui fait qu’on se sent capable de dire ou de faire de belles et de grandes choses ». […] C’est son esprit qui en a dicté les principales parties, et il n’est pas difficile d’y suivre une pensée originale, qui ne ressemble ni à celle de La Harpe, ni à celle de Marmontel ; qui est d’un tout autre ordre, et qui ne craint pas le parallèle, en ses bons moments, avec celle de Voltaire.
Tourguénef (j’excepte les Nouvelles traduites par Mérimée, où le style précis de ce lettré altère l’original), l’on est tenté de nier qu’il y ait là de l’art, mot qui, chez nous, touche aux idées d’artifice et de raffinement. […] Ses femmes passent par toutes les dégradations variables de leur nature, et chacune, de la jeune fille à l’aïeule, possède quelque particularité originale et illogique, quelque trait réellement vivant, qu’aucune classification ne peut saisir, M.
Nisard à concevoir l’histoire de la littérature française d’une manière originale et féconde, et lui a inspiré une idée qui est comme la trame de tout son livre et qui lui assure une valeur philosophique. […] Au lieu de les considérer comme des imitateurs, fidèles à un type convenu, je voudrais qu’on les montrât surtout comme des inventeurs qui n’avaient pas eu de modèles, si originaux qu’on n’a pu les imiter, et qu’ils ont emporté avec eux non-seulement leur génie, mais la forme même dans laquelle ils l’avaient exprimé.
Il n’a laissé que des modèles de discussions, des fragments d’analyse, des conseils de méthode, des exemples d’invention originale. […] Cousin, habitué à l’empire, s’étonna de rencontrer un esprit si original et si libre ; quoique un peu choqué, il l’estima et ne tenta point de le convertir.
Œuvres complètes publiées d’après les imprimés et les manuscrits originaux, par M.
M. d’Hunolstein m’a, deux ou trois fois, proposé de voir ses originaux.
C’est à cette manière si naïve de voir et de peindre qu’on doit tant de figures originales, piquantes ou, pour mieux dire, effrayantes de contrastes, et jusqu’ici envisagées trop absolument d’un seul côté : Danton, Desmoulins, Chaumette, Clootz, Saint-Just, Robespierre lui-même : un roman de Walter Scott n’offre pas des personnages plus vivants.
Shéridan a composé en anglais quelques comédies où l’esprit le plus brillant et le plus original se montre presque à chaque scène ; mais outre qu’une exception ne changerait rien aux considérations générales, il faut encore distinguer la gaieté de l’esprit, du talent dont Molière est le modèle.
On dirait que sa sécheresse la conserve. « La mort n’y mord. » Et, quand nous relisons ces ouvrages d’une aussi harmonieuse pureté, nous sommes étonnés de tout ce qu’ils contiennent sans en avoir l’air ; nous sommes ravis de cette exacte et précise traduction des choses, où rien d’essentiel n’a été omis, où n’a été admis rien de superflu ; nous en développons la richesse secrète ; nous nous apercevons que dans ces nouvelles, dont quelques-unes ont été composées voilà cinquante ou soixante ans, se trouvent déjà tous les sentiments, toutes les façons de voir et de concevoir le monde qui ont paru depuis et qui paraissent encore le plus originales.
La femme, en elle, fut originale et bonne ; et, quant à son œuvre, une partie en sera belle éternellement, et l’autre est restée des plus intéressantes pour l’historien des esprits.
Il paraît que j’ai commis d’énormes oublis, et que l’année littéraire a été bien meilleure et plus fertile en œuvres originales que je n’avais cru.
Renan reste absolument original.
Des variations shakespeariennes forment à telles œuvres du grand dramaturge un commentaire sagace et original.
Ils savent combien la forme de Mallarmé le traduit fidèlement, simplement, qu’il est modèle de pensée libre, hardie, harmonieuse, d’expression originale, non professeur d’un procédé.
— Un original garçon que l’ami qui nous était tombé du bout de notre famille, un mois avant la publication d’En 18..
Car le roman de la Rose n’est qu’une imitation de l’art d’aimer : mais une imitation libre, & telle qu’on y trouve souvent un génie original.
On vit briller, dans cette attaque générale, Feramus, un des plus élégans & des plus agréables latinistes de son temps ; Sarrasin, ce père de l’enjouement & de la bonne plaisanterie, à qui les vers ne coûtoient aucune peine ; toujours intéressant, quelque sujet qu’il traite, également recherché de son vivant des femmes, des gens de lettres & de cour ; Charles Vion d’Alibrai dont les poësies ont un tour original & naïf.
Cela fut discuté, en France, avec cette chaleur qu’on peut attendre d’une nation passionnée pour sa langue, & glorieuse de la voir se perfectionner chaque jour par la plume de tant d’écrivains originaux.
Il faudrait se souvenir que Boileau lisait toujours dans l’original et que Racine savait par cœur le Sophocle et l’Euripide grecs.
Toutes les opinions sur les âmes des morts, qui me touchent ou qui me flattent, je les embrasse ; et il me semble, dans ce moment, que je vois l’ombre de notre cher La Grange errer autour de votre lampe, tandis que vos nuits se passent soit à compléter ou éclaircir son ouvrage, soit à rapprocher en cent endroits sa traduction du vrai sens de l’original.
Une bonne copie en émail est presque regardée comme un original ; et cette sorte de peinture est particulièrement destinée à copier.
Il faut partager une nation en trois classes : le gros de la nation qui forme les mœurs et le goût national ; ceux qui s’élèvent au-dessus sont appellés des fous, des hommes bizarres, des originaux ; ceux qui descendent au-dessous sont des plats, des espèces.
Il entremêle son récit de détails sur la vie des habitants, sur leurs habitudes, sur les mouvements d’âme de ces infirmes, sur les originaux de l’endroit, des détails enfin, avec lesquels un romancier ferait un original et neuf début d’une existence. […] Pour que la campagne nous parle, nous tente à la reproduire, il faut qu’elle se montre à nous sous de grands aspects, avec d’originales beautés, qu’elle soit dramatisée par un orage, par un coucher ou un lever de soleil.
C’est parodies que de copier, d’après quelque poëte connu, un ou plusieurs vers ; soit en n’y changeant rien ou en y faisant quelque léger changement, mais toujours en les présentant de manière qu’il en résulte un tout autre sens que celui de l’original. […] C’est qu’on n’a que faire de théâtre, pendant que le monde en est un assez grand lui-même, & rempli de toutes sortes d’originaux. […] « Seroit-ce que pour devenir tempérant & sage ; il faut commencer par être furieux & fou. » Il voit plutôt le contraire : il voit que la peinture qu’on fait d’elles les rend préférables à la vertu ; que les plus grands scélérats jouent sur le théâtre le plus beau rôle ; qu’ils y paroissent avec tous les avantages & tout le coloris des exploits des héros ; que les Mahomet y éclipsent les Zopire, & les Catilina les Cicéron ; que de semblables portraits ne sont propres qu’à faire revivre les originaux.
Ici elle n’est pas très originale. […] De là son ironie dans le désespoir amoureux, ce qui est son trait caractéristique, tout à fait original, et rare, et extrêmement captivant. […] On ne trouve pas Léon XIII très original. […] Il n’y a peut-être pas dans la génération nouvelle un homme semblable à cet original. […] Je doute qu’il soit aussi bien écrit dans l’original que dans la traduction.
Souvent il ajoute à l’original des traits charmants… » Ainsi s’exprime M. […] même quand Diderot se trompe, il n’est pas original. […] Parce que Diderot les a proclamées originales. […] Et ce n’était que justice, car ce poète est bien une des figures les plus originales de ce siècle. […] Telle qu’elle est, cette longue fillette vivace nous promet une actrice sincère et originale.
Ceux de plus tard sont d’une beauté autrement originale. […] L’admiration que m’inspirent ces aventures originales est décuplée par l’écriture d’une élégance riche. […] De son vivant, eut de la finesse, une certaine grâce canaille, une élégance en dehors des règles et des habitudes, faite de hardiesse et de nonchaloir : fut un charme original. […] Pourtant je connais peu d’œuvres aussi puissamment originales que la Vérité sur le Christ. […] Antonio Ennès, minuscule imitateur de tous nos romantiques, lui apparaît un grand génie original, et elle vante Un Divorce, gros mélo quelconque, comme un rare chef-d’œuvre.
Le moment, l’à propos frappent l’expression & la rendent plus originale, & plus concise. […] On rencontre quelquefois de ces hommes inattendus qui étonnent d’autant plus, qu’ils ont l’esprit naturel & vraiment original. […] Je l’appelle fantasque, parce que ce portrait tel qu’il l’a tracé, n’a point d’original dans la nature. […] C’est là aussi que les Livres originaux sont plus rares. […] Il est vrai que l’on congédie le personnage original du tableau ; mais la copie n’en trouve pas moins accès & domicile chez le curieux.
Dans cette foule, deux hommes ont paru, d’un talent supérieur, original et contraire, populaires au même titre, serviteurs de la même cause, moralistes dans la comédie et dans le drame, défenseurs des sentiments naturels contre les institutions sociales, et qui, par la précision de leurs peintures, par la profondeur de leurs observations, par la suite et l’âpreté de leurs attaques, ont ranimé, avec d’autres vues et un autre style, l’ancien esprit militant de Swift et de Fielding. […] Comptez les détails de mœurs, de géographie, de chronologie, de cuisine, la désignation mathématique de chaque objet, de chaque personne et de chaque geste, la lucidité d’imagination, la profusion de vérités locales ; vous comprendrez pourquoi sa moquerie vous frappe d’une impression si originale et si poignante, et vous y retrouverez le même degré d’étude et la même énergie d’attention que dans les ironies et dans les exagérations précédentes : son enjouement est aussi réfléchi et aussi fort que sa haine ; il a changé d’attitude, il n’a point changé de faculté. […] Entre tous ces romans altérés paraîtra un roman véritable, élevé, touchant, simple, original, l’histoire de Henry Esmond. […] Thackeray a dû remonter au sens primitif des mots, retrouver des tours oubliés, recomposer un état d’intelligence effacé et une espèce d’idées perdue, pour rapprocher si fort la copie de l’original. […] Nous voyons un héros, mais original et nouveau, Anglais par sa volonté froide, moderne par la délicatesse et la sensibilité de son cœur.
Je prenais congé de la gracieuse femme, au moment où elle me disait qu’elle me porterait un jour un volume d’histoires, racontées par sa petite fille à l’âge de cinq ans, pendant qu’elle était à sa toilette : histoires d’un caractère très original, inventées par l’enfant, au moment où elle ne savait ni lire ni écrire et qu’elle a fait copier dans un volume par un homme de ce temps, qui a l’écriture de Jarry. […] Mardi 16 juin Toutes les fois que j’ai été au Jardin des Plantes, j’ai été frappé de la rencontre, qu’on y fait de femmes, bizarres, originales, excentriques, exotiques, inclassables, et que le contact avec l’animalité de l’endroit semble disposer aux aventures de l’amour physique. […] Et quant à la peinture, c’est de la blague : le sentiment, l’esprit, l’ingénuité, l’honnêteté, toutes ces qualités inventées par les Thiers, les Guizot, les Taine, tous ces professeurs de peinture qui n’auraient pas été foutus de reconnaître la plus ignoble copie d’un original. […] Une pièce originale : le cabinet de toilette, au tub fait d’un immense plateau persan, ayant à côté de lui la plus gigantesque bouilloire en cuivre martelé et repoussé de l’Orient : le tout enfermé dans des portières en bâtonnets de verre de couleur. […] Quant à sa conversation, sauf un peu de maniérisme dans l’expression, elle est pleine d’observations aiguës, de remarques délicates, d’aperçus originaux, de trouvailles de jolies phrases, et que souvent il termine, il achève par des sourires de l’œil, par des gestes nerveux du bout des doigts.
Mercredi 2 mars Causerie sur un bal original, qui a eu lieu hier chez Mme Lemaire : un bal, où s’est faite l’inauguration de costumes en papier, costumes plus riches, plus brillants, plus claquants que les costumes de soie et de satin, et qui me rappelaient le costume en papier, que s’était peint, je ne sais quel peintre flamand du xve siècle, et qui éclipsa tous les brocards de la fête. […] Tout en peignant, sa parole originale saute d’un sujet à un autre. […] Daudet confessait, qu’après le four de Lise Tavernier à l’Ambigu, il avait été drôle comme tout, à un souper distingué, original, qu’avait donné son beau-père, mais après, quand il s’était trouvé tête à tête avec sa femme, il avait été pris d’une crise de nerfs, et, ma foi, qu’il avait pleuré, pleuré comme un enfant. […] La belle maison seigneuriale du xviiie siècle, avec son immense salle à manger, décorée de grandes natures mortes, d’espèces de fruiteries tenues par des gorgiases flamandes, aux blondes chairs, et qui étaient bien certainement des Jordaens ; la belle maison seigneuriale, avec ses trois salons aux boiseries tourmentées, avec son grand jardin à la française, où s’élevaient deux petits temples à l’Amour, et avec son potager aux treilles à l’italienne, farouchement gardé par le vieux jardinier Germain, qui vous jetait son râteau dans les reins, quand il vous surprenait à voler des raisins ; et avec son petit parc, et au bout du parc, son bois ombreux d’arbres verts, où étaient enterrés le père et la mère de ma tante, et encore avec des dédales de communs et d’écuries, au fond d’une desquelles, on trouvait un original de la famille, occupé à fabriquer une voiture à trois roues, et qui devait, un jour, aller toute seule. […] Mercredi 21 septembre On parlait, ce soir, du père Césarin, un mendiant original de Bar-le-Duc.
« A la bonne heure, me disais-je, voilà un enfant qui sera peut-être original ! […] Il est évident aussi, d’une façon plus générale, qu’il songe à tout auteur original, capricieux et à saillies. […] » Humour, au dix-huitième siècle, en Angleterre, a donc le sens d’homme qui a l’esprit original ou plutôt d’homme original qui a de l’esprit. […] Coquelin le Cadet est très divertissant et, vraiment, assez original dans le personnage du bon et rudoyant Antoine. […] Il paraît que c’était une fantaisie très spirituelle et très originale.
Mais quand il s’agit de faire entendre une langue étrangère, on doit alors traduire litéralement, afin de faire comprendre le tour original de cette langue. […] Les noms de plusieurs animaux sont tirés de leurs cris, surtout dans les langues originales. […] Dans le nouveau testament même il y a plusieurs passages qui ne sauroient être entendus, sans la conoissance des idiotismes, c’est-à-dire, des façons de parler des auteurs originaux. […] On a la liberté d’ajouter ou de retrancher ce qui est nécessaire au dessein qu’on se propose ; mais on doit conserver autant de mots qu’il est nécessaire pour rapeler le souvenir de l’original dont on emprunte les paroles. L’idée de cet original et l’aplication qu’on en fait à un sujet d’un ordre moins sérieux, forment dans l’imagination un contraste qui la surprend, et c’est en cela que consiste la plaisanterie de la parodie.
À l’artiste employé à créer une œuvre présente, au journaliste occupé à jouir du moment actuel et à en dessiner la figure originale, cette sympathie désintéressée avec toute la durée d’une littérature ne dit à peu près rien, et elle n’a en effet pas grand’chose à leur dire : elle dérangerait les conditions et le climat favorables à leur réussite. […] Malgré les Réflexions sur Térence, l’Éloge de Richardson et la Correspondance, l’œuvre critique originale de Diderot reste un livre de critique d’art, les Salons. […] Si nous découvrons ou reconnaissons une création en critique, il faudra que ce soit une création propre à la critique, une création où la critique prenne conscience d’elle-même en tant que puissance créatrice originale et irréductible. […] Et puis, si originales que soient les œuvres de génie, elles sont faites par des hommes, et pour des hommes ; nous vibrons avec elles dans la mesure où elles sont chargées d’humanité, et le sentiment par lequel nous en épousons la beauté ne diffère pas en nature du sentiment qui les a créées. […] On a trouvé parfois que les parodies du Virgile travesti mettaient pittoresquement en lumière quelques faiblesses de l’original.
Francis Poictevin fut, en effet, un « goncourtiste » fervent, et ce que Goncourt appelait « l’écriture artiste » eut en Poictevin son adepte le plus original et le plus subtil. […] Le russe, l’anglais, l’allemand lui étaient familiers et le français était pour lui un moyen d’expression dont il savait user avec aisance, mais sans en faire un emploi original. […] Pour l’écrire, Verhaeren s’est créé une langue originale par la variété de son vocabulaire qui ne proscrit ni le néologisme ni le terme technique, par les hardiesses de sa syntaxe qui ose des virtuosités singulièrement expressives. […] Pourquoi tant de pages spirituelles, amusantes, de la verve la plus subtile et la plus rare, si originales et si attachantes, ne lui ont-elles pas valu un succès mérité ? […] Jacquesson de la Chevreuse usait d’un procédé économique et original.
Mais il a le mérite d’avoir senti et signalé, l’un des premiers, ce qui devait corrompre le goût léger, vif et spirituel, et la gaieté originale de notre nation. […] Un jour le pape lui fit cadeau de toutes sortes de titres et de pièces originales concernant l’église d’Albi, en y joignant un bref où il le comblait de marques d’honneur et de témoignages de tendresse.
Il est lui-même un original achevé, non pas un témoin d’histoire, mais une médaille de mœurs. […] Mais, tout en paraissant un grand original, il n’est pas seul de son espèce ; il n’est qu’un exemple plus saillant et plus en relief d’une inconséquence bourgeoise et de classe moyenne, qui est curieuse à étudier en lui.
Voilà les deux figures originales et, pour nous, les deux acteurs du roman. […] M. de Meilhan avait traduit Tacite : il a fait là une vignette à Tacite, vignette moderne, originale, et d’une vérité poignante.
Mme de Coigny n’aime pas assez Shakespeare ; l’original lui donne trop de peine, et elle déteste les traductions impossibles… Je raconte à Mme de Coigny mes lectures anglaises, et elle dit que ces lectures (aidées de Dieu) m’ont donné un esprit original et sain. » Mme de Coigny avait raison ; ces lectures croisées sont un excellent régime et fortifient une jeune nature.
Son Henri IV est très original, très instructif, et cependant il ressemble fidèlement à l’ancien, tel que se le figuraient nos pères, tel que Voltaire l’a célébré ; il sort du même fonds. […] Poirson, soit dans les auteurs originaux qu’il indique) le récit des années qui précédèrent l’entrée de Henri IV dans Paris, on a bien le sentiment des différents temps de la crise et du degré de danger pour la conjuration duquel il fallut un prince aussi vaillant, aussi habile et aussi heureux.
De cette sorte, et si l’on s’en tenait à cette règle, la connaissance des faits irait s’accroissant en réalité ; on entendrait successivement bien des témoins, mais des témoins toujours utiles ; on ne recommencerait pas sans cesse d’éternels récits qui n’ont de prix que chez les narrateurs vraiment originaux et compétents, en attendant qu’ils aient rencontré l’artiste définitif et suprême. […] Le récit de Pelleport est intéressant par un cachet de simplicité et de naïveté même, auquel rien n’est préférable dans ces narrés d’auteurs originaux.
Ce personnage original et unique, en un temps où il y en a si peu de parfaitement entiers, était, comme on sait, sorti de souche janséniste ou plutôt d’une famille imbue des principes et des maximes de Port-Royal, ce qui est, à mes yeux, un peu différent ; c’était, en un mot, de la sévérité morale chrétienne plutôt encore que de la théologie qui l’avait environné et nourri dès l’enfance, et il n’avait eu sous les yeux que l’exemple des justes dans son petit pays de Sompuis en Champagne, où, par hasard, la bonne et forte semence du pur Port-Royal était allée tomber. […] C’était, disait-il, un original qui restait lui-même partout.
On a imprimé en partie les lettres qu’il écrivait de là sans prétention aucune, et à la diable16 ; j’ai sous les yeux les originaux : l’impression est assez exacte, sauf quelques interversions de dates et des mots trop familiers qu’on n’a osé risquer et qui ont été remplacés un peu arbitrairement. […] On a sa Correspondance de ce temps, c’est-à-dire du second voyage, qui a été imprimée en partie, comme celle d’Orient, dans un journal23 ; j’en ai également les originaux sous les yeux : elle mériterait d’être revue et donnée avec soin.
La première est dans l’original espagnol, et l’autre est tirée sur ce modèle. […] Dans l’original espagnol, don Diègue, à bout d’une première épreuve, en veut tenter immédiatement une autre ; il appelle successivement ses trois fils, il leur serre les mains l’un après l’autre, ainsi qu’on l’a vu dans les romances, et, faisant crier de douleur les deux premiers comme des femmes, il les chasse de sa présence : « Ah !
La quantité de notions plus précises qu’on a pu acquérir depuis par la publication de papiers originaux, le jour qui s’est fait sur bien des événements controversés, toutes ces révélations, comme on dit, sont plus que compensées, selon moi, par la fausseté et l’énormité de certains systèmes et sophismes historiques qui ont plus ou moins prévalu, qui pèsent désormais sur l’esprit des générations nouvelles et y font nuage à leur tour, — qui font empêchement et obstacle dans un autre sens à une vue nette de la vérité. […] Il en est que Jomini raconte d’original et qu’il doit à son expérience personnelle, comme par exemple, au chapitre des Guerres nationales, les deux faits qui se rapportent au temps où il était chef d’état-major de Ney en Espagne, et qui prouvent que les conditions habituelles de la guerre sont tout à fait changées et les précautions ordinaires en défaut, quand on a tout un pays contre soi69.
Arthur se compose d’une première partie toute en mémoires, en lettres et en récit, et d’une seconde partie presque toute en citations, en extraits de lectures, et qui n’est pas la moins intéressante ni la moins originale, tant le malade attendri a su animer, commenter naïvement, mouiller de ses pleurs, reproduire et continuer dans ses accents les pages choisies dont il s’environne. […] Le côté le plus curieux et le plus original d’Ulric Guttinguer, si l’on creusait un peu à fond, serait assurément sa relation avec Alfred de Musset.
Tout ce qu’on a introduit dans cette édition du Lépreux perfectionné se trouve compris, par manière d’indication, entre crochets, absolument comme dans les histoires de l’excellent Tillemont, qui craint tout au contraire de confondre rien de lui (le scrupuleux véridique) avec la pureté des textes originaux. […] Les auteurs du Lépreux corrigé ont méconnu l’une des plus précieuses qualités du récit original, qui est dans l’absence de toute réflexion commune ou prétentieuse.
Le fait principal de ces premières années de la vie de Corneille est sans contredit sa passion, et le caractère original de l’homme s’y révèle déjà. […] Fauriel, dans une leçon, comparant les deux Cids, remarquait, comme différence, l’abrégé fréquent, rapide, que Corneille avait fait des scènes plus développées de l’original : « Chez Corneille, ajoutait-il, on dirait que tous les personnages travaillent à l’heure, tant ils sont pressés de faire le plus de choses dans le moins de temps !
Lui qui avait besoin, pour déployer ses ailes, qu’il fit beau dans la société autour de lui, il trouvait à sa portée d’heureux espaces ; et j’aime à le considérer comme le type le plus élevé de ces connaisseurs encore répandus alors dans un monde qu’ils charmaient, comme le plus original de ces gens de goût finissants, et parmi ces conseillers et ces juges comme le plus inspirateur. […] « Voltaire l’avait, les anciens ne l’avaient pas. » Le style de son temps, du xviiie siècle, ne lui paraît pas l’unique dans la vraie beauté française : « Aujourd’hui le style a plus de fermeté, mais il a moins de grâce ; on s’exprime plus nettement et moins agréablement ; on articule trop distinctement, pour ainsi dire. » Il se souvient du xvie , du xviie siècle et de la Grèce ; il ajoute avec un sentiment attique des idiotismes : « Il y a, dans la langue française, de petits mots dont presque personne ne sait rien faire. » Ce Gil Blas, que Fontanes lui citait, n’était son fait qu’à demi : « On peut dire des romans de Le Sage, qu’ils ont l’air d’avoir été écrits dans un café, par un joueur de dominos, en sortant de la comédie. » Il disait de La Harpe : « La facilité et l’abondance avec lesquelles La Harpe parle le langage de la critique lui donnent l’air habile, mais il l’est peu. » Il disait d’Anacharsis : « Anacharsis donne l’idée d’un beau livre et ne l’est pas. » Maintenant on voit, ce me semble, apparaître, se dresser dans sa hauteur et son peu d’alignement cette rare et originale nature.
Voulons que le précis du présent privilège Soit écrit à la fin du livre qu’il protège ; Que l’on y fasse foi comme à l’original, Et que les gens de bien n’en disent point de mal. […] Mais ce nous est un vif regret que l’auteur, eût-il dû courir sur certains intervalles, n’ait pu mener son œuvre jusqu’à travers le xviiie siècle ; nul n’était plus désigné que lui pour retracer la suite et l’ensemble politique de ce temps encore neuf à peindre par cet aspect ; il s’y fût montré original en restant lui-même.
Renseignements intimes, lettres originales, rien ne lui aura manqué, surtout pour la portion religieuse. […] Il y a lieu pourtant de trouver que c’est bien dommage, car le talent de Mme de Krüdner, à l’heure dont nous parlons, s’était dégagé des vagues déclamations de sa première jeunesse, et devenait un composé original d’élévation et de grâce.
C’est un bon homme, dont la réelle élévation d’âme, le désintéressement, la bonté, la loyauté s’enveloppent de formes un peu âpres et brusques : économe, soigneux de son bien, un peu sensuel du côté de la table, aimant les bons dîners, les bons vins, les bons compagnons, rieur et railleur, éclatant en originales et plaisantes saillies, peu dévot et toujours prêt à se gausser des gens d’Église, très indépendant d’esprit et très soumis à l’autorité : le plus doux des hommes avec sa mine de satirique. […] De ces impressions de Parisien sont faites les satires III et VI, une bonne partie du Lutrin, les plus forts endroits de la satire X : et le vrai Boileau, le Boileau original et qui compte en art, est là.
Voltaire ramasse un faisceau de pièces originales, d’où l’innocence de la victime ressort (1762) ; il reçoit chez lui les restes de la malheureuse famille ; il fait reviser le jugement ; pendant trois ans c’est sa principale affaire, et il finit par arracher la réhabilitation de Galas. […] Si l’on voulait se représenter ce que notre vieille littérature, purement française, aurait pu donner sans la Renaissance, à quelle perfection originale elle aurait pu parvenir sans le secours et les modèles de l’art antique, je crois que le xviiie siècle peut nous le montrer, et, dans le xviiie siècle, Voltaire.
La pièce italienne intitulée Le Gelosie fortunate del prencipe Rodrigo (les heureuses jalousies du prince Rodrigue) est du poète florentin Giacinto-Andrea Cicognini ; celui-ci aurait lui-même, pour cette pièce comme pour la plupart de ses nombreux ouvrages, suivi un original espagnol. […] Mais l’œuvre originale est peut-être plus vive et plus attachante.