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940. (1905) Propos littéraires. Troisième série

Ç’a été son moyen d’échapper à la conscription aux dernières années de l’Empire. […] Sa largeur moyenne est d’un kilomètre. […] Tout leur était connu ou pouvait l’être, excepté l’humanité moyenne. […] L’humanité moyenne est à peu près telle. […] Ces moyens, je cherche de tous côtés, et je n’en découvre qu’un.

941. (1891) Impressions de théâtre. Cinquième série

La loi russe laisse pourtant à Osip un moyen de délivrer Anna : c’est de se faire moine. […] Gérard », comme si ce n’était pas le plus sûr moyen de jeter la petite femme dans ses bras ! […] Cela était impossible, du moins par les moyens dont dispose le théâtre. […] Il déclare à la reine que le seul moyen qu’elle ait de sauver son amant, c’est d’abdiquer. […] » Arrive Mme de Rohan, qui a obtenu de Cambacérès les moyens de pénétrer dans le château.

942. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome I

Ce fut après un examen qui lui fournit les moyens de développer l’étendue de son savoir et de ses connaissances variées, que Geoffroy l’emporta sur tous ses compétiteurs. […] Le résultat fut une guerre qui eût été longue et meurtrière, si l’on n’eût trouvé le moyen de la terminer sur-le-champ par un combat singulier qui épargna bien du sang. […] En attendant des exploits plus sérieux, il commence par déclarer la guerre aux femmes, et délibère avec son valet Cliton sur les meilleurs moyens d’attaquer cette espèce d’ennemis. […] On pourrait lui répondre que Cléopâtre aura du moins l’avantage d’être délivrée de son ennemie, et pourra imaginer quelque autre moyen de se conserver le trône. […] Il est clair que ce n’est qu’un moyen dont elle se sert pour écarter l’orage qui la menace, en mettant les princes entre elle et leur mère.

943. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 260-264

N’attaquer que les désordres extérieurs, passagers, n’est pas toujours un moyen sûr d’intéresser l’Auditeur, & de réprimer la corruption publique.

944. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 516-521

Vous rendez par cet Atlas un service essentiel à tous ceux qui désireront avoir une idée juste de la constitution de l'Allemagne, & les notions élémentaires que vous en donnez faciliteront les moyens d'en faire une étude suivie, en remontant aux sources où vous avez puisé.

945. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre V. Caractère du vrai Dieu. »

Où prendrons-nous le parallèle, et la poésie chrétienne a-t-elle assez de moyens pour s’élever à ces beautés ?

946. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXVIe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (2e partie) » pp. 417-487

Sa première loi est de veiller à sa propre conservation ; ses premiers soins sont ceux qu’il se doit à lui-même ; et sitôt qu’il est en âge de raison, lui seul, étant juge des moyens propres à se conserver, devient par cela seul son propre maître !  […] Mais, répondrons-nous aux sophistes, indépendamment de ce que cette volonté, supposée unanime, n’est jamais unanime, qu’il y a toujours majorité et minorité, et que la supposition d’une volonté unanime, là où il y a majorité et minorité, est toujours la tyrannie de la volonté la plus nombreuse sur la volonté la moins nombreuse ; Indépendamment encore de ce que le moyen de constater cette majorité n’existe pas, ou n’existe que fictivement ; Indépendamment enfin de ce que le droit de vouloir, en cette matière si ardue et si métaphysique de législation, suppose la capacité réelle de vouloir et même de comprendre, capacité qui n’existe pas au même degré dans les citoyens ; Indépendamment de ce que ce droit de vouloir, juste en matière sociale, suppose un désintéressement égal à la capacité dans le législateur, et que ce désintéressement n’existe pas dans celui dont la volonté intéressée va faire la loi ; Indépendamment de tout cela, disons-nous, si la souveraineté n’était que la volonté générale, cette volonté générale, modifiée tous les jours et à toute heure par les nouveaux venus à la vie et par les partants pour la mort, nécessiterait donc tous les jours et à toute seconde de leur existence une nouvelle constatation de la volonté générale, tellement que cette souveraineté, à peine proclamée, cesserait aussitôt d’être ; que la souveraineté recommencerait et cesserait d’être en même temps, à tous les clignements d’yeux des hommes associés, et qu’en étant toujours en problème la souveraineté cesserait toujours d’être en réalité ? […] Les gouvernements sont la souveraineté en action, le mécanisme social par lequel cette souveraineté, divine dans son essence, humaine dans ses moyens, s’exerce sur les groupes plus ou moins nombreux dont les sociétés se composent : familles d’abord, tribus après, peuplades ensuite, confédérations ou monarchies de même origine enfin. […] L’équité est un sens composé de deux poids égaux que Dieu a mis, pour ainsi dire, dans chaque main de l’homme ; poids au moyen desquels l’homme pèse forcément en lui-même si tel de ces poids est égal à l’autre, et si l’équilibre moral est établi ou rompu entre les choses.

947. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre quatrième. Éléments sensitifs et appétitifs des opérations intellectuelles — Chapitre premier. Sensation et pensée »

Tels moyens de sentir, telles « mesures », telles connaissances. […] La connaissance n’est, qu’un moyen, dont nous avons fait artificiellement une fin, en la détachant comme un tout du processus sensitif, émotionnel et moteur, du circulus vivant dont elle n’est naturellement qu’une partie. […] Cet état transitif d’opposition de forces devient un moyen de dissociation et d’association tout ensemble entre les états opposés : il les réunit en les divisant et sert de pont entre les deux. […] Pour cela nous n’avons qu’un moyen : agir et nous mouvoir selon notre idée, afin de voir si elle est une force capable de conséquences pratiques dans le monde réel.

948. (1920) Action, n° 3, avril 1920, Extraits

Un élan vers la satisfaction de tous les désirs physiques et aucun moyen de construction, d’organisation. […] Un individu est retombé en enfance, cela veut simplement dire qu’il a perdu tous ses moyens de contrôle, toutes ses possibilités d’organisation et de construction. […] Une logique parfaite dirige les moyens de réclame. […] La fièvre de l’époque désaxe des tempéraments inquiets, souvent doués mais qui n’ont pas de moyens de contrôle pour construire ce qu’ils voudraient.

949. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Edmond et Jules de Goncourt »

Tout au plus l’a-t-il achevé, a-t-il donné la dernière main à l’importance de cette précieuse créature des classes moyennes, dont il a fini, le pauvre Louis-Philippe, très prince de nature mais qui aurait voulu s’embourgeoiser lui-même, par désespérer ! […] D’aucuns prétendaient que les premiers naturalistes, qui parurent comme des météores, impatients de leur ignorance, payaient généreusement pour se documenter ; et pour savoir, par exemple, comment on servait sur table dans les bonnes maisons et comme on lavait les voitures, ils versaient de nombreux bocks et quantité de petits verres aux domestiques et aux cochers, et c’est ainsi qu’on s’instruisait… Mais le moyen de se faire renseigner sûrement sur les premiers troubles des toutes petites filles, sur les premières rougeurs de ces aurores ? […] Mais, en d’autres termes, moins gais que ceux d’une si bouffonne préface, un tel procédé, c’est la mort même, la mort déshonorante de toute littérature créatrice, qui se déclare incapable de vivre par elle-même, impuissante et finie ; c’est le moyen le plus honteux employé pour la faire durer un peu encore, si cela s’appelle durer que traîner sa paralysie hébétée et son cul-de-jattisme final sur les béquilles d’emprunt du document humain, et, pour parler avec l’élégance de M. de Goncourt, qui se plaint qu’on le blague, c’est vraiment une chose assez triste pour qu’il n’y ait plus à blaguer ! […] C’est la comédienne comme il y en a tant, la comédienne de la classe moyenne des comédiennes.

950. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — II. (Suite.) » pp. 346-370

. — Le Directoire exécutif, tel que le projet l’annonce, est un berceau, qu’on nous passe ce mot, un nid de factions ennemies ; et sa destinée serait de ressembler bientôt à tous les conseils de gouvernement que nous avons vus en France depuis trois ans, où Roland et Pache, Robespierre et Billaud se sont tour à tour arraché la puissance… Je n’entre pas dans le détail des voies et moyens, des remèdes plus ou moins efficaces qu’il proposait ; je ne fais qu’indiquer la ligne générale de Roederer en ces années. […] » Roederer, qui, sans être proprement un idéologue, était très au fait et assez imbu des doctrines philosophiques courantes, rappela alors au général plusieurs points, d’ailleurs incontestables : que les signes des idées abstraites et des modes mixtes sont nécessaires pour les arrêter, pour les enregistrer dans notre tête et pour nous donner les moyens de les comparer, etc., etc. […] Quand Bonaparte me demanda si je ne voyais pas de grandes difficultés à ce que la chose se fît, je répondis : « Ce que je crois difficile, même impossible, c’est qu’elle ne se fasse pas ; car elle est aux trois quarts faite. » Les moyens de l’exécution importaient beaucoup.

951. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le marquis de Lassay, ou Un figurant du Grand Siècle. — II. (Fin.) » pp. 180-203

Il lui représentait avec force et douceur les inconvénients de cette versatilité, et il faisait tout pour l’en guérir : « Une honnête personne qui a tant fait que d’aimer et de le dire, ne doit pas imaginer qu’elle puisse jamais cesser d’aimer ; vous ne m’aimez point assez, et, à mesure que mon goût augmente pour vous, il me semble que le vôtre diminue. » Mlle de Châteaubriant paraît avoir été une personne romanesque qui voyait avant tout dans la passion la difficulté à vaincre, et dont la pensée était toujours ailleurs, en avant : Présentement que cet obstacle est levé, lui disait Lassay, vous en imaginerez d’autres… Vous n’aimez qu’à penser et à imaginer… Notre plus grand ennemi est votre esprit… — Il y a, lui disait-il encore en lui faisant voir son caractère à elle comme dans un miroir, il y a une bizarrerie dans votre humeur, à laquelle il est impossible de résister ; je comptais de passer des jours heureux avec une personne qui m’aimait, et que j’aimais plus que ma vie : vous me forcez à perdre cette espérance ; je ne sais plus comme vous êtes faite, mais je sais bien que vous trouvez moyen de faire que c’est un malheur d’aimer et d’être aimé de la personne du monde la plus aimable ; il y a bien de l’art à cela. […] Toutes les charges de sa maison sont vacantes ; il n’y a plus ni grandeur ni dignité ; son avarice et son incertitude en sont cause ; il n’est magnifique qu’en secrétaires dont il a dix-huit ou vingt : il est tout le jour enfermé, sous je ne sais combien de verrous, avec quelqu’un de ses secrétaires ; et ceux qui ont affaire à lui, après avoir cherché longtemps, trouvent à peine dans une garde-robe quelque malheureux valet de chambre, qui souvent n’oserait les annoncer ; si bien qu’ils sont des deux et trois mois sans lui pouvoir parler ; sa femme et ses enfants n’oseraient pas même entrer dans sa chambre qu’il ne leur mande… Tout est mystère à l’hôtel de Condé, et rien n’y est secret… Il a des biens immenses et Chantilly, c’est-à-dire la plus belle demeure du monde ; il trouve le moyen de ne jouir de rien de tout cela et d’empêcher que personne n’en jouisse… Il aime mieux y vivre sans aucune considération que d’assembler le monde et les plaisirs dans des lieux enchantés où il serait avec dignité. […] Et le plaisant, c’est qu’il trouve moyen d’arriver à cette conclusion d’un air de modestie.

952. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Chateaubriand, Vie de Rancé »

« Comme il avait étudié les sciences occultes, il essaya les moyens en usage pour faire revenir les morts. […] Les pieux biographes de Rancé sont extrêmement sobres de détails à cet endroit ; tout au plus s’ils se hasardent à dire à mots couverts que tantôt une cause ou une autre, tantôt la mort de quelques personnes de considération du nombre de ses meilleurs amis, le frappaient et le rappelaient à Dieu ; mais ils se plaisent à raconter au long, d’après lui, la simple aventure suivante, comme un des moyens dont Dieu se servait pour l’attirer doucement : « Il m’arriva un jour (c’est Rancé qui parle) de joindre un berger qui conduisoit son troupeau dans la campagne, et par un temps qui l’avoit obligé de se retirer à l’abri d’un grand arbre pour se mettre à couvert de la pluie et de l’orage. […] Un jour qu’il se promenait avec son ami l’évêque de Comminges (Gilbert de Choiseul), dans le diocèse de ce dernier et à un endroit fort solitaire, d’où l’on découvrait d’assez près les hautes montagnes des Pyrénées, l’évêque, remarquant l’attention avec laquelle Rancé considérait ces lieux sauvages, y soupçonna du mystère : « Apparemment, monsieur, lui dit-il, vous cherchez quelque lieu propre à vous faire un ermitage. » Rancé se prit à rougir et n’en disconvint pas. — « Si cela est, repartit l’évêque, vous ne pouvez mieux faire que de vous adresser à moi ; je connois ces montagnes, j’y ai passé souvent en faisant mes visites : j’y sais des endroits si affreux et si éloignés de tout commerce, que, quelque difficile que vous puissiez être, vous aurez lieu d’en être content. » Rancé, avec sa vivacité naturelle, prenant cette parole à la lettre, pressait déjà M. de Comminges de les lui montrer : « Je m’en garderai bien, lui répondit le prélat en souriant, ces endroits sont si tentants, que, si vous y étiez une fois, il n’y auroit plus moyen de vous en arracher. »  C’était en vain que cet évêque aimable et d’autres amis conseillaient à Rancé, jusque dans son repentir, « cette juste médiocrité qui fut toujours le caractère de la véritable vertu. » Cette médiocrité était précisément ce qu’il y avait de plus contraire à son humeur et de plus insupportable à ses pensées.

953. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — L'abbé de Lamennais en 1832 »

Ses maîtres à l’école ne savaient comment le maintenir tranquille sur son banc, et on ne trouva un jour d’autre moyen que de lui attacher avec une corde à la ceinture un poids de tournebroche. […] L’auteur, dès ce temps, n’espère rien que d’un nouveau clergé ; il propose des synodes provinciaux, des conférences fréquentes, de libres communautés entre les prêtres de chaque paroisse, en un mot l’association sous diverses formes et tous les moyens de renaissance. […] Ce serait bien pis, si je n’avais qu’un petit pamphlet de quatre cent quatre-vingts pages in-8° ; il n’y aurait pas moyen de se tirer d’affaire.

954. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE BALZAC (La Recherche de l’Absolu.) » pp. 327-357

Et certes, si en parlant du lyrique Malherbe et surtout de l’autre Balzac, solennel pourtant, et si savant en beaux mots, le bon Tallemant a trouvé moyen d’amasser tant de traits piquants de caractère, d’enregistrer tant d’indiscrétions de langage, tant de superstitions fastueuses d’auteur et de jactances naïves, que n’aurait-il pas à moissonner d’abondant autour de chacun des nôtres ! […] Mais, bien que l’économie des moyens doive compter, l’essentiel après tout, c’est d’arriver à un résultat, et M. de Balzac en mainte occasion est et demeure victorieux. […] Il commence si bien chaque récit, il nous circonvient si vivement, qu’il n’y a pas moyen de résister et de dire non à ses promesses ; il nous prend les mains, il nous introduit de gré ou de force dans chaque aventure.

955. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « M. MIGNET. » pp. 225-256

A propos des similitudes frappantes et presque des symétries d’accidents qui sautent aux yeux entre l’avénement de la seconde race et celui de la troisième, il disait : « Cette analogie de causes et d’effets est remarquable, et prouve combien les choses agissent avec suite, s’accomplissent de nécessité, et se servent des hommes comme moyens, et des événements comme occasions. » Après avoir montré dans saint Louis le principal fondateur du système monarchique, il suivait les progrès de l’œuvre sous les plus habiles successeurs, et faisait voir avec le temps la royauté de plus en plus puissante et sans contrôle, roulant à la fin sur un terrain uni où elle n’éprouva pas d’obstacle, mais où elle manqua de soutien ; si bien qu’un jour « elle se trouva seule en face de la Révolution, c’est-à-dire d’un grand peuple qui n’était pas à sa place et qui voulait s’y mettre, et elle ne résista pas. […] Bolingbroke, parlant d’un écrit de Pope (son Essai sur l’Homme, je crois) et du bien qui pouvait en résulter pour le genre humain, écrivait à Swift (6 mai 1730) : « J’ai pensé quelquefois que si les prédicateurs, les bourreaux et les auteurs qui écrivent sur la morale, arrêtent ou même retardent un peu les progrès du vice, ils font tout ce dont la nature humaine est capable ; une réformation réelle ne saurait être produite par des moyens ordinaires : elle en exige qui puissent servir à la fois de châtiments et de leçons ; c’est par des calamités nationales qu’une corruption nationale doit se guérir. » Voilà encore une de ces paroles qui serviraient bien d’épigraphe et de devise à une histoire de la Révolution française. […] Sous air de publier un simple recueil de dépêches, il a trouvé moyen de dresser toute une histoire politique du grand règne.

956. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre I. Les mondains : La Rochefoucauld, Retz, Madame de Sévigné »

Rien ne le retient : religion, piété, intérêt public, probité, ce ne sont pour lui que des moyens. […] Il convient de faire une place au roi354, qui dans ses Mémoires et dans ses Lettres, se montre à son avantage, avec son sens droit et ferme, son application soutenue aux affaires, sa science délicate du commandement : une intelligence solide et moyenne, sans hauteur philosophique, sans puissance poétique, beaucoup de sérieux, de dignité, de simplicité, une exquise mesure de ton et une exacte justesse de langage, voilà les qualités par lesquelles Louis XIV a pesé sur la littérature, et salutairement pesé. […] Il y dessine divers types de la vie ordinaire et des classes moyennes : un procureur et sa femme, un avocat, un plaideur, une coquette de la bourgeoisie, un homme de lettres.

957. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre II. La jeunesse de Voltaire, (1694-1755) »

Il n’y a pas pour lui moyen de vivre sans cela. […] Il l’embrassa surtout comme un moyen d’atteindre la religion et comme un moyen d’accroître le bien-être.

958. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Appendice »

J’en étais effrayé ; j’eusse voulu arrêter cette marche fatale, trop rapide à mon sens ; mais la nécessité me poussait en avant, et il n’y avait plus moyen de reculer. […] J’aurais pu mettre dans la classification que je faisais tout à l’heure une catégorie de plus : ceux qui ne voient rien au-dessus de l’action et prennent le christianisme comme un moyen d’action, esprits communs, si on les compare au penseur. […] Il a eu cependant de grandes difficultés pour s’y faire admettre et ne s’en est tiré qu’en produisant un certificat d’études domestiques, malgré la répugnance que lui inspirait ce moyen obreptice.

959. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — Y. — article » pp. 529-575

Le plus sûr moyen d'y parvenir, est de dévoiler leur charlatanisme, & les ressorts qu'ils ont mis en œuvre, pour séduire les esprits ; de faire connoître leurs usurpations, leurs injustices, leur mauvaise foi, l'absurdité de leurs principes, les dangers de leur doctrine, & la fausseté de leurs raisonnemens ; de prouver, en un mot, à la multitude qui les admire, qu'ils ont corrompu le goût, perverti les genres, dénaturé les sentimens, dégradé les ames, & rendu les hommes plus malheureux. […] Quels sont ses moyens ? […] Les écouter n'étoit pas le moyen de sortir de mon incertitude.

960. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre Premier »

. — « Ce qui vous fait peine, Stagyre, — lui écrit le saint, — c’est de voir que beaucoup d’hommes qui étaient tourmentés par le démon de la tristesse, quand ils vivaient dans les plaisirs, s’en sont trouvés tout à fait guéris, une fois qu’ils ont été mariés et qu’ils ont eu des enfants, tandis que vous, ni vos veilles, ni vos jeûnes, ni toutes les austérités du monastère n’ont pu soulager votre mal. » Et il ajoute ce mot profond : « Le meilleur moyen de se délivrer de la tristesse, c’est de ne point l’aimer. » Le christianisme, en sanctifiant cette tristesse, ouvrit un refuge aux désabusés du vieux monde. […] Tout au moins entend-il se faire payer sa retraite, et il menace Clorinde de tuer Fabrice, en trois temps, au moyen d’une botte infaillible, si elle l’empêche de réclamer, en son nom, le pot-de-vin du départ. […] C’est une réplique, un moyen, un agencement d’intrigue, rien de plus.

961. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre III : Examen de la doctrine de Tocqueville »

Sans doute, c’est une grande présomption en faveur de la justice d’une révolution, que de la voir grandir et se développer à travers les temps et les lieux, sans rencontrer jamais d’obstacles invincibles, et tournant au contraire les obstacles en moyens. […] Et comme on a vu une révolution réussir par l’abolition immédiate des privilèges aristocratiques, les imitateurs sans génie ne trouveront-ils pas tout simple de proposer le même moyen, et d’appeler le prolétariat à la nuit du 4 août de la propriété ? […] Il est très-vrai sans doute que la démocratie, en détruisant les pouvoirs moyens, les privilèges locaux, les corporations, les titres personnels, a laissé l’individu seul et désarmé en face de l’État ; mais en même temps qu’elle le prive des points d’appui, des forces artificielles de l’ancien régime, elle le protège à son tour par des libertés générales, qui, à la vérité, ne s’appliquent pas à tel individu en particulier, mais à tous.

962. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre III. La complication des sociétés »

La réunion de différentes fins dans ma personne ne peut se concilier que d’une façon avec la division des moyens par lesquels, dans la société, ces fins se réalisent : il faut que je m’inscrive sur plusieurs listes à la fois et adhère à plusieurs « sociétés ». […] C’était, semblait-il, le moyen le plus propre à affaiblir l’esprit aristocratique : « Si l’on veut fonder la démocratie, dit Aristote 152, on fera, ce que fit Clisthène chez les Athéniens : on, établira de nouvelles tribus et de nouvelles phratries ; aux sacrifices héréditaires des familles on substituera des sacrifices où tous les hommes seront admis ; on confondra autant que possible les relations des hommes entre eux, en ayant soin, de briser toutes les associations antérieures. » Et en effet, au nom des fins politiques, militaires ou économiques, prenant comme principes de classement, l’origine ou le métier, l’habitation ou la richesse, les réformateurs des cités antiques y manièrent et remanièrent sans trêve la matière sociale, de telle sorte que les rapports de ses éléments ne pouvaient manquer de se compliquer. […] L’état économique de nos sociétés, par exemple, trouve ici un nouveau moyen de servir les idées égalitaires.

963. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Étude sur la vie et les écrits de l’abbé de Saint-Pierre, par M. Édouard Goumy. L’abbé de Saint-Pierre, sa vie et ses œuvres, par M. de Molinari. — I » pp. 246-260

Il y en avait qui étaient réformateurs en avant et par les moyens propres aux sociétés modernes, discussion, liberté d’examen, suffrage éclairé, lumières graduées et intérêt bien entendu, progrès dans l’égalité, le bien-être et la morale civile. […] Tant que d’autres esprits puissants et vigoureux, mais déjà en partie formés, imbus d’une forte éducation antérieure, nourris de la tradition et de la moelle des siècles passés, avaient pris du cartésianisme avec sobriété, à petites doses, en le combinant avec les autres éléments reçus, on n’avait eu que de ces résultats moyens, agréables, sans paradoxe, sans scandale, tels qu’on les rencontre chez Arnauld, chez Bossuet, chez Despréaux, chez La Bruyère ; mais quand le cartésianisme, je veux dire la méthode cartésienne, toute autorité étant mise de côté, présida dès l’origne à la formation et à la direction entière d’un esprit, on fut étonné du chemin qu’elle faisait faire en peu de temps sur toutes les routes.

964. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Frochot, Préfet de la Seine, histoire administrative, par M. Louis Passy. »

eh bien, à moi seul en France, peut-être, il serait permis de ne pas détester sa mémoire, puisqu’il sut m’estimer assez pour ne me rendre ni le confident ni le complice d’un si détestable projet4. » L’existence de Frochot, au sortir de l’Assemblée constituante, nous représente en moyenne celle de beaucoup de ses collègues : il rentra dans ses foyers, dans le bourg d’Aignay, où il comptait reprendre sa vie ordinaire. […] Passy, dans l’étude consciencieuse qu’il a faite, s’attache à montrer ce que fut, au sortir de là, le préfet de la Seine sous le Consulat et l’Empire ; quelles ressources et quels obstacles il rencontrait pour l’accomplissement de sa tâche dans les lois nouvelles, dans la nature du gouvernement et dans le caractère du maître : « C’est le seul moyen, dit-il, de rendre une équitable justice à l’homme qui, avec du labeur, du bon sens, de l’honnêteté, sut faire des qualités supérieures. » Il y eut plus d’un moment distinct et plus d’une étape durant ces douze années d’administration : le Conseil général, composé de vingt-quatre membres nommés par Napoléon, n’eut pas tout à fait le rôle qu’on semblait lui destiner d’abord.

965. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre II. Diderot »

Le scrupule, la délicatesse sur les moyens sont des grimaces absurdes, quand on est assuré de son intention, et qu’on la sait bonne : voyez le curieux dialogue, Est-il bon ? […] Les moyens de la peinture et de la statuaire étaient un langage par lequel on s’adressait à l’intelligence.

966. (1863) Molière et la comédie italienne « Textes et documents » pp. 353-376

La dernière scène du Vecchio geloso revient sur l’aventure dont Pantalon a été la victime, et en tire le dénouement par un moyen des plus singuliers et des plus hardis : « Pasqualina fuggendo da Gratiano il quai la vuole abbracciare, Burattino si pone in mezzo ; Pasqualina racconta come Gratiano gli ha tolto l’honore per forza ; Gratiano si scusa con dir’ d’esser stato tradito e che non puo parlare per all’hora, ma che ne fara vendetta. […] En voici le sujet en quelques mots : Chrisoforo (Epidicus de Plaute), valet de Polipo (Strattippoclès), jeune soldat, fils d’un père opulent, a été chargé par son maître, qui est allé au siège de Nicosie, en l’île de Chypre, d’acquérir par tous moyens Flavia, esclave d’un marchand d’esclaves nommé Arpago.

967. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre XIII. Conclusions » pp. 271-291

Il est certain que si l’individualisme antisocial ne gagne pas en étendue (car l’esprit grégaire est toujours très puissant dans les masses médiocres et moyennes), il gagne du moins en profondeur, en intensité et en lucidité. […] Il représente, dans l’ordre intellectuel, un effort vers la plus grande science, dans l’ordre esthétique, un effort vers la plus grande beauté, dans l’ordre économique un effort vers la plus grande richesse considérée elle-même comme un moyen pour la plus grande puissance ; dans l’ordre politique, un effort vers la plus grande initiative et la plus grande responsabilité chez les maîtres et les créateurs de valeurs ; dans l’ordre moral, un effort vers une affirmation plus intense de la vie, de la grandeur humaine et de l’orgueil humain.

968. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre VI. Jean-Baptiste  Voyage de Jésus vers Jean et son séjour au désert de Judée  Il adopte le baptême de Jean. »

La pénitence, dont le baptême était la figure, l’aumône, l’amendement des mœurs 304, étaient pour Jean les grands moyens de préparation aux événements prochains. […] Il voulait seulement grandir à son ombre, et se croyait obligé, pour gagner la foule, d’employer les moyens extérieurs qui avaient valu à Jean de si étonnants succès.

969. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre VIII. Jésus à Capharnahum. »

Ce fut là une des grandes forces de Jésus et le moyen le plus habituel qu’il employa pour fonder son enseignement doctrinal 395. […] Dans ce pays, où la végétation était autrefois si brillante que Josèphe y voyait une sorte de miracle  la nature, suivant lui, s’étant plu à rapprocher ici côte à côte les plantes des pays froids, les productions des zones brûlantes, les arbres des climats moyens, chargés toute l’année de fleurs et de fruits 403   dans ce pays, dis-je, on calcule maintenant un jour d’avance l’endroit où l’on trouvera le lendemain un peu d’ombre pour son repas.

970. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre I : Des sens, des appétits et des instincts. »

. — La force qui anime l’organisme humain et entretient les courants du cerveau, a son origine dans la grande source première de force vivifiante, le soleil159. » Si nos moyens d’observation et de mesure étaient parfaits, nous pourrions voir comment se consomme la nourriture dans l’être humain, en attribuer une partie à la chaleur animale, une autre à l’action des viscères, une autre à l’activité du cerveau, et ainsi de suite. […] La volonté, au contraire, connaît le but et les moyens ; elle ne se dépense pas au hasard.

971. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre IV : La Volonté »

Les fins dérivées ou intermédiaires qui consistent à rechercher et à aimer pour soi-même, ce qui ne fut d’abord qu’un moyen. […] Considéré comme moyen de conduire à des résultats plus élevés, l’ouvrage de M. 

972. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires touchant la vie et les écrits de Mme de Sévigné, par M. le baron Walckenaer. (4 vol.) » pp. 49-62

Ajoutez le parfum d’honnêteté antique qui circule à travers ces pages et qui trouve moyen de se mêler jusqu’au milieu de la chronique scandaleuse à laquelle elles sont souvent consacrées, un profond et naïf amour des lettres et de tout ce qu’elles amènent de délicat avec elles, une bonhomie parfaite qui épouse son sujet tout entier avec tendresse et réussit, après un peu de résistance, à nous le faire aimer et embrasser jusque dans ses replis. […] Dans cet embarras, dont je ne savais par où sortir, je m’avisai un jour heureusement que j’avais des moyens sûrs pour cette persuasion, et que ce qu’elle m’avait écrit était si beau et si parfait qu’il ne fallait que le montrer pour persuader mieux que ce que je pouvais dire.

973. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface du « Roi s’amuse » (1832) »

Or, le théâtre n’est qu’un moyen de publication comme la presse, comme la gravure, comme la lithographie. […] C’est un artiste dévoué à l’art, qui n’a jamais cherché le succès par de pauvres moyens, qui s’est habitué toute sa vie a regarder le public fixement et en face.

974. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — I. La métaphysique spiritualiste au xixe  siècle — Chapitre II : Partie critique du spiritualisme »

C’est surtout par sa méthode hardie et libre, par son principe de l’examen et du doute, que Descartes a bien mérité de la personne humaine ; mais ce n’est là pour lui qu’un moyen de recherche, ce n’est pas sa philosophie même. […] pourquoi ne peut-il pas être pour nous un moyen, au même titre que les choses extérieures ?

975. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « De la tragédie chez les Anciens. » pp. 2-20

Par ce moyen, la poésie procure deux avantages considérables à l’humanité : l’un, d’adoucir les mœurs des hommes comme l’ont fait Orphée, Linus et Homère ; l’autre, de rendre leur sensibilité raisonnable et de la renfermer dans de justes bornes, comme l’ont pratiqué les poètes tragiques de la Grèce. […] S’il n’a voulu instruire, il a prétendu plaire : et pouvait-il imaginer deux moyens plus efficaces pour y parvenir ?

976. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Nièces de Mazarin » pp. 137-156

« Les visites fréquentes du roi à sa femme — dit Renée — le jetèrent dans une inquiétude extrême, et il n’imagina pas d’autre moyen d’échapper aux dangers qu’il entrevoyait que de tenir la belle Hortense dans un état de locomotion perpétuelle. […] IV Nous voudrions nous résumer sur ce livre d’un historien qui s’est amusé à l’écrire, et qui trouve encore le moyen de nous instruire en s’amusant.

977. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XV. M. Dargaud » pp. 323-339

Dargaud, et qui sentaient que leur pouvoir politique allait tomber avec le pouvoir religieux, s’ils ne défendaient pas ce pouvoir religieux comme un commandant de place, sa forteresse ; mais qu’importent au catholicisme les moyens de défense qu’on employait pour le défendre ! Ces moyens étaient immoraux ou sanglants.

978. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXI » pp. 87-90

A moins d’être ce talent même, on ne voit guère pour lui le moyen d’en triompher.

979. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « APPENDICE. — M. SCRIBE, page 118. » pp. 494-496

Scribe, en flattant par là les instincts de la classe moyenne et les préventions démocratiques, méconnaît les qualités les plus essentielles d’un monde qui disparaît graduellement et qui n’aura plus sa revanche, même à la scène.

980. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires de mademoiselle Bertin sur la reine Marie-Antoinette »

On a trouvé moyen d’y insérer un écrit de M. 

981. (1875) Premiers lundis. Tome III « M. de Latena : Étude de l’homme »

L’ouvrage de M. de Latena, avec plus d’élévation, appartient à cette branche d’écrits estimables et qui laissent après eux un bon témoignage de l’art moyen d’une société.

982. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XXII. L’affichage moderne » pp. 283-287

La grosseur des caractères n’est pas un moyen suffisant ni sûr.

983. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre VII. Objections à l’étude scientifique d’une œuvre littéraire » pp. 81-83

Avons-nous quelque moyen d’interroger leur cerveau, de connaître leur famille ?

984. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 303-308

L’Auteur y est Observateur éclairé, profond Politique, Dissertateur plein de sagacité, toutes les fois qu’il s’agit de remonter aux principes des troubles, d’en faire connoître les dangers, & d’indiquer les moyens de les empêcher de renaître.

985. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 293-297

« J'ai vu, dit-il dans l'Exorde, que les Philosophes s'enorgueillissoient sur-tout de la prétendue supériorité de leurs talens ; qu'en accréditant cette opinion, ils se servoient du moyen le plus sûr pour grossir leur Secte, & tendoient le piége le plus dangereux à la crédule ignorance.

986. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Homère, et le grammairien Thestorides. » pp. 2-6

Homère s’étoit rendu à Phocée, après avoir parcouru la plus grande partie de la Grèce, récitant de ville en ville ses ouvrages, & trouvant, selon quelques-uns, par ce moyen, celui de subsister.

987. (1761) Salon de 1761 « Peinture — Vien » pp. 131-133

Ce serait un moyen d’éclairer ce morceau d’une manière bien piquante.

988. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre premier »

C’est le moyen de connaître la vie intérieure de chacun de nos soldats, le secret du ressort héroïque de la France.‌

989. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre cinquième. Retour des mêmes révolutions lorsque les sociétés détruites se relèvent de leurs ruines — Chapitre I. Objet de ce livre. — Retour de l’âge divin » pp. 357-361

Partout avaient recommencé les violences, les rapines, les meurtres, et comme la religion est le seul moyen de contenir des hommes affranchis du joug des lois humaines (axiome 31), les hommes moins barbares qui craignaient l’oppression se réfugiaient chez les évêques, chez les abbés, et se mettaient sous leur protection, eux, leur famille et leurs biens ; c’est le besoin de cette protection qui motive la plupart des constitutions de fiefs.

990. (1882) Essais de critique et d’histoire (4e éd.)

Après ce danger et cet outrage, Cyrus cherche le moyen de n’être plus soumis à son frère, et, s’il peut, de régner à sa place. […] Il n’y avait point d’action qui ne fut un moyen d’honneur pour les uns, de mortification pour les autres. […] Ainsi fait Saint-Simon ; à chaque volume il trouve le moyen de sauver l’État. […] L’avarice, la débauche, l’ambition, étaient ses dieux ; la perfidie, la flatterie, les servages, ses moyens ; l’impiété parfaite, son repos. […] Je découvre un moyen excellent, l’emploi de l’histoire.

991. (1900) Quarante ans de théâtre. [II]. Molière et la comédie classique pp. 3-392

Il n’y a pas moyen. […] Ce moyen, il l’a trouvé, car il ne songe guère à autre chose. […] Le moyen qu’a trouvé ce visionnaire est des plus singuliers. […] C’eût été pour lui, homme d’âge, le seul moyen de se faire aimer. […] Il lit le sonnet avec conviction, il n’y a pas moyen de faire autrement.

992. (1892) Impressions de théâtre. Sixième série

… Tu as vraiment trouvé un moyen bien ingénieux de ne jamais mourir : c’est de persuader à ta femme, quelle qu’elle soit, de mourir à ta place ! […] Le poète qui fournissait la pièce recevait en moyenne cinq ou six cents francs (2, 500 ou 3, 000 sesterces), et il était tenu de réussir. […] Cela posé, le meilleur moyen de prouver que la pièce d’Ibsen est intelligible, c’est de la raconter. […] Le moyen de s’intéresser aux faits et gestes de cette sotte ? […] Jugez par quels moyens il a pu amasser ces quatre millions.

993. (1883) Essais sur la littérature anglaise pp. 1-364

Le radical le plus obstiné, le plus ardent pour les intérêts des classes moyennes, ne songe pas à détrôner l’aristocratie, au moins de ses postes officiels de représentation extérieure. […] Notez en outre que, dans toutes les affaires où ils étaient engagés, les Écossais, par l’effet de l’irritabilité du sang celtique, trouvaient moyen de doubler et de tripler le scandale. […] Shakespeare s’inquiète moins de faire un drame que de rendre sa conception par tous les moyens possibles et avec toute la puissance vitale qu’il sent remuer en lui. […] On croit communément que la représentation de ses incomparables tragédies est un moyen de le grandir ; c’est, au contraire, le moyen le plus infaillible de le diminuer. […] Cependant la calomnie ne s’est pas contentée de la prise énorme que lui donnait la conduite de Sterne, et elle a trouvé moyen d’exagérer encore ses torts.

994. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome I

Les œuvres de littérature et d’art sont le plus puissant moyen de transmission de cet héritage psychologique. […] Pour ce dernier, les idées étaient un moyen de voir et de montrer la réalité. […] Nous sommes bien les fils d’une contrée mixte, d’un paysage habituellement moyen, d’une civilisation clémente et modérée. […] « L’art », a-t-il écrit, « ayant sa propre raison en lui-même, ne doit pas être considéré comme un moyen. […] — ont renouvelé notre vue théorique de l’univers et multiplié nos moyens d’action sur les forces naturelles.

995. (1905) Études et portraits. Sociologie et littérature. Tome 3.

Elle suffit à démontrer que les Sciences, si elles ont des moyens communs d’investigation, doivent en avoir de particuliers. […] L’expérience se rencontre sur ce point avec la métaphysique qui ramène tous les rapports possibles entre les êtres à ces trois expressions : cause, moyen, effet.‌ […] La moyenne du Code et surtout la moyenne des vertus familiales sont encore hautes chez elle. […] Néanmoins, il a trouvé le moyen — à quel prix ! […] Balzac n’a ignoré ni ce danger, ni ce moyen d’y parer.

996. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Notes et pensées » pp. 441-535

Je laisse ses compétitions politiques et universitaires : il n’y supportait pas d’opposition et s’y aidait, dans la lutte, par tous les moyens : il aurait fallu entendre là dessus M. de Salvandy. […] Le docteur Swift disait de Prior, qui causait trop et qui avait le ton dominant dans la conversation : « Le moyen de vivre avec M.  […] Cousin se fût privée d’un tel moyen ; mais en pareil cas l’audacieux personnage n’y regardait pas de si près. […] Mais le voilà qui vit, qui survit ; après 1830, incertain, craignant, n’osant ni donner de l’avant comme M. de Broglie, ni se tenir dans la nuance Mortemart, embarrassé de ce qu’il dirait, il accepte la présidence de la Chambre des pairs comme moyen de ne pas parler, comme expédient. […] C’est souvent au moyen d’injustices particulières qu’elle va à son but, c’est sur des débris qu’elle se fonde.

997. (1930) Les livres du Temps. Troisième série pp. 1-288

Qu’à l’avenir il fasse donc revoir ses épreuves par un humaniste de moyenne force ! […] Je ne lui demande que de m’instruire de ses moyens. […] Le côté dit pratique de la vie leur échappe, ou n’est pour eux tout au plus qu’un moyen. […] Balzac s’est implicitement désigné lui-même parmi ceux qui ne la considéraient que comme un moyen : entendez un moyen de réaction et de conservation sociale. […] Avouons pourtant qu’il y avait un moyen de le soutenir.

998. (1895) La comédie littéraire. Notes et impressions de littérature pp. 3-379

Nadaud avait toutes les qualités et tous les défauts propres à séduire les classes moyennes. […] Charles Fuster consent à s’enfermer dans l’expression des passions moyennes il est tout à fait supérieur. […] Pierre Loti s’est bien gardé de recourir à ces moyens grossiers. […] Elle appartient à l’humanité moyenne. […] Depuis longtemps, il cherchait le moyen de gagner ses vingt mille francs sans même venir au bureau.

999. (1922) Le stupide XIXe siècle, exposé des insanités meurtrières qui se sont abattues sur la France depuis 130 ans, 1789-1919

Inutile d’insister sur le mécanisme par lequel il annihile toute originalité de pensée, puisqu’il ne table jamais que sur des moyennes. […] Le scepticisme contradictoire de Renan, fort limité à côté de celui de Montaigne par exemple, apparaît surtout comme un moyen de fuir la grandeur. […] La foule, livrée à elle-même, va naturellement à l’erreur et à la laideur, comme à une moyenne plus répandue et plus accessible que la vérité et que la beauté. […] Par eux, ces misères, lourdes de sang, descendirent dans la bourgeoisie haute et moyenne et, de là, dans les rangs, encore peu nombreux, des artisans. […] L’état industriel va à la guerre, par une sorte de sombre nécessité, car il abonde en machines destructrices, en moyens de transport et en transformations de forces rapides ; machines, moyens et forces que l’homme emploie aussitôt à ce qui lui est le plus cher, et qui est la domination.

1000. (1878) Nos gens de lettres : leur caractère et leurs œuvres pp. -316

n’y aurait-il pas insuffisance plutôt, manque de moyens, comme dit Veuillot ? […] La musique est le moyen préféré de M.  […] Là, être naïf, c’était le seul moyen d’être habile. […] le moyen de refuser ? […] Mais par quels moyens ?

1001. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXXVII » pp. 153-157

. — Eh bien, il fait de même dans ses exposés politiques, et, quand il arrive à la portion positive, organique, à l’indication précise des voies et moyens, il met des points et passe outre.

1002. (1874) Premiers lundis. Tome I « Ch.-V. de Bonstetten : L’homme du midi et l’homme du nord, ou l’influence du climat »

Mais dans notre état social, qui est un état de conquête sur la nature, l’homme tâche de s’affranchir du climat : il fait mieux encore ; par des moyens indirects, tels que la culture, les plantations, l’écoulement des eaux, il le change et le perfectionne sans cesse ; et celui-ci modifié réagit incessamment sur l’homme.

1003. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires de madame de Genlis sur le dix-huitième siècle et la Révolution française, depuis 1756 jusqu’à nos jours — II »

Elle, habile et rusée, ne se livrait pas ; comme le comte de Guines jouait l’inconstance, elle jouait l’abandon, en Ariane délaissée et mourante ; elle n’entretenait le duc que de son sentiment pour l’ingrat de Guines, et le poursuivant de son rival trouvait moyen de l’attendrir.

1004. (1875) Premiers lundis. Tome III « Sur une pétition de directeurs de théâtres contre les auteurs, compositeurs et éditeurs de musique »

Mais, en accueillant la plainte avec attention, en lui donnant déjà une certaine satisfaction par la publicité de ses rapports, il lui est le plus souvent impossible d’entrer dans les moyens et les expédients qu’on lui propose.

1005. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Pailleron, Édouard (1834-1899) »

Dans un, le poète s’écrie : Tu n’as qu’un seul moyen d’avoir raison : soit mort.

1006. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XX » pp. 215-219

Le roi, très irrité, demanda à Vardes, qu’il traitait avec faveur, de qui pouvait venir cette méchanceté ; et il conjectura que la duchesse de Navailles, femme scrupuleuse, pourrait bien avoir imaginé ce moyen de rétablir la fidélité conjugale.

1007. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » pp. 527-532

S’appliquer de bonne heure à la lecture des Historiens & des Philosophes, pour apprendre des premiers l’origine & l’usage des loix, des seconds, la maniere de penser & de raisonner ; tels furent les moyens qu’il jugea propres à le mettre en état de fournir une carriere où l’esprit ne sauroit se soutenir lui seul.

1008. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 223-229

Rabelais, & l’Auteur du Moyen de parvenir, en fournissent de fréquens exemples.

1009. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 109-114

Quand bien même la Nature seroit vicieuse, la Société nous offre des moyens, la Religion nous fournit des secours, qui réduiront toujours le méchant à n'imputer qu'à lui seul le juste blâme de sa perversité.

1010. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Chœur. » pp. 21-24

L’intrigue d’une pièce intéressante exige d’ordinaire que les principaux acteurs aient des secrets à se confier et le moyen de dire son secret à tout un peuple ?

1011. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Cromwell » (1827) »

D’un autre côté, notes et préfaces sont quelquefois un moyen commode d’augmenter le poids d’un livre et d’accroître, en apparence du moins, l’importance d’un travail ; c’est une tactique semblable à celle de ces généraux d’armée, qui, pour rendre plus imposant leur front de bataille, mettent en ligne jusqu’à leurs bagages. […] Elle se demandera si la raison étroite et relative de l’artiste doit avoir gain de cause sur la raison infinie, absolue, du créateur ; si c’est à l’homme à rectifier Dieu ; si une nature mutilée en sera plus belle ; si l’art a le droit de dédoubler, pour ainsi dire, l’homme, la vie, la création ; si chaque chose marchera mieux quand on lui aura ôté son muscle et son ressort ; si, enfin, c’est le moyen d’être harmonieux que d’être incomplet. […] Nous dirons seulement ici que, comme objectif auprès du sublime, comme moyen de contraste, le grotesque est, selon nous, la plus riche source que la nature puisse ouvrir à l’art. […] Il a, pour ses créations les plus capricieuses, des formes, des moyens d’exécution, tout un matériel à remuer. […] Ce n’est pas cependant qu’elles lui eussent fait faute. — « Si le poëte établit des choses impossibles selon les règles de son art, il commet une faute sans contredit ; mais elle cesse d’être faute, lorsque par ce moyen il arrive à la fin qu’il s’est proposée ; car il a trouvé ce qu’il cherchait. » — « Ils prennent pour galimatias tout ce que la faiblesse de leurs lumières ne leur permet pas de comprendre.

1012. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE CHARRIÈRE » pp. 411-457

C’est un moyen quelquefois, au sein d’une Revue grave, de continuer peut-être l’élégie interrompue. […] Je me perds dans ce vaste Tout si étonnant, je ne dirai pas si sage, je suis trop ignorante ; j’ignore les fins, je ne connais ni les moyens, ni le but, je ne sais pas pourquoi tant de moucherons sont donnés à manger à cette vorace araignée ; mais je regarde, et des heures se passent sans que j’aie pensé à moi, ni à mes puérils chagrins. » Depuis que le panthéisme est devenu chez nous un lieu commun, une thèse romanesque et littéraire, je doute qu’il ait produit quelque chose de plus senti que ces simples mots d’aperçu comme échappés à la rêverie d’une jeune femme227. […] Émilie est une émigrée de seize ans ; elle a perdu ses parents, ses derniers moyens d’existence, et l’espoir d’en retrouver aucun. […] Vive, aimable, sensible, irréprochable dans sa conduite, Mme de Vaucourt ne cherche de jouissance que dans l’emploi généreux et bienfaisant d’une grande fortune : mais cette fortune, que lui ont laissée ses parents, est un peu mal acquise, elle le sait ; et, comme elle n’a aucun moyen de retrouver ceux aux dépens de qui ils l’ont faite, elle se contente de la bien dépenser. […] Que le pauvre ne s’aperçoive pas de votre tort, de votre souillure survenue envers vous-même ; c’est le moyen, d’ailleurs, qu’elle disparaisse, qu’elle s’efface un peu.

1013. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 octobre 1885. »

Jésus approuve et admire votre croyance ; mais il vous offre le moyen de vivre heureux, et votre croyance n’importe pas à ce qu’il vous offre. […] Elle nous fournit, uniquement, un moyen rationnel d’améliorer notre vie par nos propres forces (p. 124). […] Et nous retrouvons encore, ici, avec la différence des moyens proposés, l’identité des objets voulus. […] L’Art est mauvais s’il reste seulement un Art ; l’Art est sacré, s’il est un moyen à nous faire chercher notre bonheur. […] Et la Bienfaisance, encore, n’est-elle point le moyen de nous arracher à la conscience mauvaise de notre moi égoïste ?

1014. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 juin 1886. »

Cette représentation, qui se fera pendant l’été de 1873, aura lieu à Bayreuth, Dans ce but un théâtre spécial doit être exigé ; les arrangements intérieurs répondront à mes buts spéciaux, la solidité et l’extérieur seront selon les moyens qui auront été mis à ma disposition. […] Et le moyen, vraiment, qu’il y ait de l’art ailleurs, si l’art est ici ? […] L’Art recrée la vie par le moyen de Signes, liés dans l’âme à d’autres idées, les y évoquant. […] C’est deux arts, ayant les mêmes moyens : deux littératures tout différentes, mais également précieuses pour la destination commune de tous les arts. […] Les légendes et les mythes peuvent reparaître, dans un art pías parfait mais elles n’y sont plus que des symboles, et servent à recréer — faute d’un moyen plus direct— tels modes très-subtils de la vie.

1015. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre quatrième. Éléments sensitifs et appétitifs des opérations intellectuelles — Chapitre deuxième. Les opérations intellectuelles. — Leur rapport à l’appétition et à la motion. »

La véritable utilité de la conscience, dans l’inspiration, c’est de poser, par le désir, le but et l’effet final à atteindre : les moyens se présentent ensuite d’eux-mêmes en vue de la fin. […] Il photographie sur la même plaque une série de portraits, en ayant soin de ne laisser agir la lumière sur chacun d’eux que pendant un temps très court, et il obtient une photographie qui est la moyenne ou la résultante des divers portraits. […] En d’autres termes, chaque représentation que je puis concevoir est bien particulière en soi, mais elle devient pour la pensée un moyen de mouvement et non de repos, elle acquiert une valeur générale. […] Elle est aussi le grand moyen d’adaptation au temps. […] L’imagination, au lieu de se représenter directement un objet, peut se le représenter indirectement au moyen d’un objet plus ou moins analogue.

1016. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1890 » pp. 115-193

» me parle d’un Constable, d’un Constable qui tue toute la peinture française de 1830, acheté 340 francs dans un Mont-de-piété à Londres, et d’autres, d’autres acquisitions… et de deux Péronneau, deux Péronneau, achetés à quatre ou cinq heures de Bordeaux… achetés dans une propriété à laquelle on n’arrivait qu’au moyen d’une mauvaise carriole… Et le marché conclu, et M.  […] À ce sujet, il raconte qu’à Port-Saïd, il a vu, caché, la toilette d’une colonie de femmes indiennes, embarquée pour je ne sais où, et dont l’adhésion des vêtements au corps, obtenue comme au moyen d’épingles, était faite absolument par l’art du drapement, et cet art de fermeture sans épingles, sans boutons, sans nœuds de cordon s’étend jusqu’aux pantalons des hommes, ces pantalons simplement drapés, que le prince Louis retrouvait encore ces temps-ci au Japon. […] Et dire que ce sentiment fraternel qui la remplit, présenté d’une manière si délicate, si émotionnante, dire que ce moyen d’action sur les cœurs, cette chose absolument neuve au théâtre, et remplaçant le bête d’amour de toutes les pièces, aucun critique n’en a signalé l’originalité. […] On sent dans ces lettres, qu’en ce pays de chaleur torride sans air, en ce pays d’anémie et d’épidémie, en ce pays au mois d’octobre meurtrier, en ce pays, où un Européen ne peut guère vivre que trois ans, et encore avec des séjours dans la montagne ; on sent que contre le voisinage de cette mort, c’est au moyen du champagne, du bal, du flirtage, d’une vie mondaine enragée, que ces hommes et ces femmes en chassent la pensée. […] » Vendredi 1er août J’ai, de temps en temps, une fatigue à continuer ce journal, mais les jours lâches, où cette fatigue se produit, je me dis : « Il faut avoir l’énergie de ceux qui écrivent mourants dans les glaces ou sous les tropiques, car cette histoire de la vie littéraire de la fin du xixe  siècle, sera vraiment curieuse pour les autres siècles. » Lundi 4 août En pensant aux choses magiques trouvées par ce siècle comme le phonographe, etc., etc., je me demande si les autres siècles ne trouveront pas encore des choses plus surnaturelles, et si à propos des livres perdus de l’antiquité, on ne trouvera pas le moyen, par une cuisine scientifique dans une boîte crânienne d’une momie d’Égypte ou d’un autre mort antique, de faire revivre la mémoire des livres lus par le possesseur de cette boîte crânienne.

1017. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre IV. De la pluralité des temps »

Mais nous n’y pourrons plus rien loger, ni des êtres ni des choses ; et il faudra chercher un autre moyen de ne pas vieillir. […] Les signaux optiques au moyen desquels il règle ses horloges les unes sur les autres font alors le même trajet à l’aller et au retour. […] J’ai ainsi deux moyens de reconnaître ici la simultanéité : l’un intuitif, en embrassant dans un acte de vision instantanée ce qui se passe en O′ et en A′, l’autre dérivé, en consultant les horloges ; et les deux résultats sont concordants. […] S’il avait des moyens de communication instantanée, il annoncerait à l’habitant du lieu P ce qui va se passer en ce point, l’ayant vu en P′. […] Il n’en était pas moins nécessaire que ces physiciens fantasmatiques fussent évoqués ; et la théorie de la Relativité, en fournissant au physicien réel le moyen de se trouver d’accord avec eux, aura fait faire à la science un grand pas en avant.

1018. (1884) Propos d’un entrepreneur de démolitions pp. -294

Je n’ai pas trouvé le moyen d’être plus insensé que cela. […] Il eut à fonder une presse religieuse et des moyens extraordinaires lui en furent donnés. […] Mais, ici, il n’y a pas moyen d’y échapper. […] Les cimetières et leurs habitants sont des non-valeurs dans une société pouilleuse qui n’a pas le moyen d’en supporter. […] Rollinat trouve le moyen d’être absolument original avec cette poussière.

1019. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (5e partie) » pp. 145-224

Mais elle se dit qu’il devait avoir reçu sa lettre, qu’il savait où elle était, et qu’il avait tant d’esprit, qu’il trouverait moyen d’arriver jusqu’à elle. — Et cela certainement aujourd’hui, et peut-être ce matin même. — Il faisait grand jour, mais le rayon de lumière était très horizontal ; elle pensa qu’il était de très bonne heure, qu’il fallait se lever pourtant pour recevoir Marius. […] N’est-ce pas misère que d’être classé d’avance dans telle ou telle catégorie supérieure, moyenne ou subalterne, parmi cette horde humaine jetée dans un monde tout fait, où les uns s’appellent grands, les autres petits, sans qu’aucune égalité y soit possible, si ce n’est l’égalité du cercueil qui n’a que six pieds pour les uns comme pour les autres ? […] « L’idéal moderne a son type dans l’art, et son moyen dans la science. […] La jouissance : un peu plus de chair, un peu plus d’appétits, un peu plus de moyens d’y satisfaire ; un peu plus de vie, on ne sait pas comment : car, si nous vivions indéfiniment sans maladie et sans mort, que deviendraient les innombrables générations qui demandent à Dieu de naître à leur tour, et qui, trouvant la place prise, rentreraient dans le néant avant d’être nées ?

1020. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre III. La poésie romantique »

Puis tout se règle, et la transposition de la langue continue de s’opérer régulièrement, par le moyen surtout des deux tempéraments les plus livrés à la sensation : V. […] Il est très réel que dans la poésie contemporaine, les mots abstraits sont devenus un des moyens les plus puissants de représentation des formes de la vie737 : on s’en est servi pour des effets larges, mais précis, d’une puissance singulière. […] En un mot, la mesure de Béranger, c’est cette moyenne assez vulgaire de l’esprit français qu’on appelle l’esprit bourgeois : esprit positif, jouisseur, gausseur. […] Si l’on se rappelle l’étude que nous avons faite du moyen âge, on comprendra à quelle puissante tradition se rattache Béranger ; l’on s’expliquera ainsi la merveilleuse adaptation de cette œuvre assez basse à notre moyen esprit, et pourquoi, seule peut-être en notre siècle, elle a été véritablement populaire.

1021. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 mars 1886. »

Pourtant je crois qu’en art comme en politique, chacun se doit à tous ; c’est au public de choisir dans le contingent d’idées qui lui sont apportées, de faire une moyenne et de juger en dernier ressort. […] Il faut donner aux chercheurs, aux curieux, le moyen de se reporter aux textes originaux. […] Carvalho ce moyen de se tirer d’affaire : dégermaniser le nom de l’auteur et le titre de l’opéra ; l’affiche serait ainsi rédigée :   Lonengrin NO   Tragédie lyrique en cinq actes par Ricardo Wagnero   La Gazette de France du 17 : feuilleton de M.  […] Par le souvenir de cette histoire douloureuse, Albert Wolff rappelle à Carvalho qu’il n’a pas les moyens de renouveler cette mauvaise expérience qui risquerait cette fois d’être d’autant plus violente que la menace prend un tour politique que n’avait pas « l’affaire Van Zandt ».

1022. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre X : De la succession géologique des êtres organisés »

Parmi les membres d’une même classe, la moyenne des variations effectuées pendant des périodes égales et d’une grande longueur est peut-être à peu près la même ; mais, comme la formation des dépôts fossilifères, assez puissants pour résister aux dégradations ultérieures, dépend de la quantité de sédiment qui s’accumule sur des aires en voie d’affaissement, ces dépôts doivent nécessairement s’être formés à intervalles très irrégulièrement intermittents. […] Celles-ci doivent avoir encore plus de moyens que les souches dont elles sortent, de l’emporter dans la grande bataille de la vie et de pouvoir se conserver et se perpétuer. […] Si beaucoup de formes éteintes venaient à être découvertes au-dessus de l’une des lignes horizontales moyennes qui indiquent les diverses formations géologiques, au-dessus de la ligne n° VI, par exemple, mais qu’on n’en trouvât aucune au-dessous de cette même ligne, alors les deux familles de gauche seulement, c’est-à-dire a14, etc., et b14, etc., seraient fondues en une seule ; tandis que les deux autres familles, c’est-dire a14 à f14, comprenant actuellement cinq genres, et o14 à m14, resteraient encore distinctes. […] Les formes éteintes présentent rarement des caractères exactement intermédiaires entre les formes vivantes ; car elles sont intermédiaires seulement au moyen d’un circuit généalogique plus ou moins long et plus ou moins tortueux, à travers beaucoup d’autres formes éteintes différentes, et le plus souvent inconnues.

1023. (1855) Préface des Chants modernes pp. 1-39

On la remplacerait par des lexicographes, des poëtes, des étymologistes, des romanciers, des historiens, des philosophes et des savants qui recevraient la mission de faire un vrai dictionnaire, d’écrire les origines de la langue française, d’encourager toute tentative nouvelle et sérieuse, de veiller à la liberté du théâtre, de rédiger le Code encore attendu de la propriété littéraire, de préserver partout les intérêts de l’esprit humain, de signaler toute découverte, de faire l’Encyclopédie moderne, d’envoyer des missionnaires à la recherche de toutes les belles choses encore inconnues dans le monde, de traduire incessamment les chefs-d’œuvre des langues étrangères, de formuler la foi la plus haute, de combattre les erreurs et les préjugés qui subsistent encore, de rééditer nos grands poëtes et nos grands prosateurs, enfin de chercher le beau, le vrai et le bien par tous les moyens possibles. […] Il y a trop longtemps que le diable sert à diriger les consciences faibles et douteuses ; entre les mains de l’Église, c’est un moyen de gouvernement, et voilà tout. […] Elle doit chercher la vérité par tous les moyens mis en son pouvoir. […] Délaissé par ses maîtres pour qui la littérature ne fut qu’un moyen et jamais un but, l’art littéraire a fait fausse route ; il est revenu aux vieux errements du passé.

1024. (1870) La science et la conscience « Chapitre III : L’histoire »

Machiavel est peut-être l’historien qui a poussé le plus loin la confiance dans les ressources du génie humain, lui qui enseigne si bien l’art de réussir à tout prix et par l’emploi des plus détestables moyens. […] Fustel de Coulanges trouve moyen d’enfermer dans une formule unique, le culte des morts, tout le système des institutions religieuses, domestiques, civiles qui constituent la cité antique32. […] Le moraliste qui voit par quels moyens un roi comme Louis XI travaille à l’établissement de la monarchie et à la constitution de la patrie française ne peut être que saisi d’horreur et de dégoût. […] L’ordre, l’ordre moral s’entend, est la parfaite harmonie des moyens et de la fin.

1025. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — III » pp. 90-104

Il les harangue en son meilleur italien, et, dans cette occasion comme dans toute autre, il montre assez quelle importance il attache à savoir bien parler la langue des divers pays où il sert, et à joindre une certaine éloquence aux autres moyens solides : « Je crois que c’est une très belle partie à un capitaine que de bien dire. » Il remonte donc par ses paroles le moral ébranlé des Siennois, leur rend toute confiance, et l’on se promet, citoyens d’une part, colonels et capitaines de l’autre, de ne point séparer sa cause et de combattre jusqu’à la mort pour sauver la souveraineté, l’honneur et la liberté. […] Il n’était sorte de moyens ni de stratagèmes qu’il n’imaginât pour soutenir l’espoir et prolonger l’illusion courageuse des assiégés.

1026. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Lettres sur l’éducation des filles, par Mme de Maintenon » pp. 105-120

Cela bien entendu, elle veut le vrai dans l’éducation dès le bas âge : « Point de contes aux enfants, point en faire accroire ; leur donner les choses pour ce qu’elles sont. » — « Ne leur faire jamais d’histoires dont il faille les désabuser quand elles ont de la raison, mais leur donner le vrai comme vrai, le faux comme faux. » — « Il faut parler à une fille de sept ans aussi raisonnablement qu’à une de vingt ans. » — « Il faut entrer dans les divertissements des enfants, mais il ne faut jamais s’accommoder à eux par un langage enfantin, ni par des manières puériles ; on doit, au contraire, les élever à soi en leur parlant toujours raisonnablement ; en un mot, on ne peut être ni trop ni trop tôt raisonnable. » — « Il n’y a que les moyens raisonnables qui réussissent. » — Elle le redit en cent façons : « Il ne leur faut donner que ce qui leur sera toujours bon, religion, raison, vérité. » Dans un siècle où sa jeunesse pauvre et souriante avait vu se jouer tant de folies, tant de passions et d’aventures, suivies d’éclatants désastres et de repentirs ; où les romans des Scudéry avaient occupé tous les loisirs et raffiné les sentiments, où les héros chevaleresques de Corneille avaient monté bien des têtes ; où les plus ravissantes beautés avaient fait leur idéal des guerres civiles, et où les plus sages rêvaient un parfait amour ; dans cet âge des Longueville, des La Vallière et des La Fayette (celle-ci, la plus raisonnable de toutes, créant sa Princesse de Clèves), Mme de Maintenon avait constamment résisté à ces embellissements de la vérité et à ces enchantements de la vie ; elle avait gardé son cœur net, sa raison saine, ou elle l’avait aussitôt purgée des influences passagères : il ne s’était point logé dans cette tête excellente un coin de roman. « Il faut leur apprendre à aimer raisonnablement, disait-elle de ses filles adoptives, comme on leur apprend autre chose. » Et de plus, cette ancienne amie de Ninon savait le mal et la corruption facile de la nature ; elle avait vu de bien près, dans un temps, ce qu’elle n’avait point partagé ; ou si elle avait été effleurée un moment, peu nous importe, elle n’en était restée que mieux avertie et plus sévère. […] L’austérité, au reste, y est plutôt pour les maîtresses dont la vie se passe dans la vigilance, dans les précautions continuelles, et qui deviennent dès lors de vraies religieuses régulières par la solennité et la perpétuité des vœux : quant aux élèves et demoiselles, lors même qu’elles ont été guéries ou préservées, dans ce second et plus sûr régime, des dissipations d’esprit et des goûts d’émancipation trop mondaine, Mme de Maintenon a toujours lieu de dire : « Je ne crois pourtant pas qu’il y ait de jeunesse ensemble qui se divertisse plus que la nôtre, ni d’éducation plus gaie. » Les craintes qu’avait fait naître à un moment l’invasion du bel esprit étant passées, et le correctif ayant réussi, on revint à Saint-Cyr à une voie moyenne, et où le bon langage eut sa part d’attention et de culture.

1027. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Mémoires et journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guettée. — II » pp. 263-279

Il est bien celui, en un mot, duquel Saint-Simon a dit que « ses grands travaux faisaient encore honte, dans une vieillesse si avancée, à l’âge moyen et robuste des évêques, des docteurs et des savants les plus instruits et les plus laborieux ». […] Bossuet, à qui l’on dissimula le plus longtemps possible la nature de son mal, et qui tâchait de se le dissimuler à lui-même, ne fut pas à l’épreuve de ce premier effroi, quand il n’eut plus moyen de douter : la fièvre avec un léger trouble de tête l’agita durant les jours et les nuits qui suivirent.

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