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1226. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome III pp. 5-336

Ajouterai-je que la contemplation des grands maîtres a cet avantage de nous porter à l’enthousiasme, quand celles des poètes du second ordre ne nous incline qu’à la critique ? […] Les amateurs de la belle musique jouissent à entendre toujours répéter celle des grands maîtres. […] Obligé de choisir entre lui et ces grands maîtres, je me range de leur côté, je l’avoue, et je crois que c’est en cela seulement qu’on peut courir au parti le plus fort. […] Mes intimes liaisons avec le maître et le disciple m’inspirent un agréable pressentiment du succès de ce nouveau travail. […] Horace et Boileau, moins diserts que tous nos maîtres, ont encore dit le plus et le mieux.

1227. (1861) Questions d’art et de morale pp. 1-449

J’en excepte un petit nombre de maîtres, et par-dessus tous le plus grand musicien de notre langue, Lamartine. […] Jamais tout homme de lettres ne se tint si fort pour affranchi de la routine, pour maître et souverain de son esprit. […] Rien ne nous est laissé à dire après un tel éloge émané d’un poète délicat et profond, resté le maître de la critique moderne. […] Tout jeune homme, alors, qui n’était maître ni de sa raison, ni de son cœur, fut autorisé à porter le nom d’artiste. […] et qui oserait refuser le nom de poète à Chateaubriand, le père et le maître de toute la poésie nouvelle ?

1228. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Appendice — I. Sur M. Viennet »

Mais certain bref ou certaine encyclique, lancée, il n’y a pas deux ans, contre la Franc-Maçonnerie dont il est un des chefs et des grands maîtres, lui fit monter la rougeur à la joue, à lui déiste sincère et qui abhorre les doctrines athées.

1229. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Schwob, Marcel (1867-1905) »

Marcel Schwob est, dès aujourd’hui, un maître dans l’art de soulever tous les fantômes de la peur et de donner à qui l’écoute un frisson nouveau.

1230. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « Préface »

Du reste, quoique ces trois poètes qui, à tort ou à raison, ont passionné l’imagination de leur temps, ne soient pas personnellement pris à partie dans cette première fournée des Poètes du xixe  siècle, ils y sont pourtant à bien des pages où les imitateurs qu’on y juge font des repoussoirs à leurs maîtres et les grandissent de leur petitesse, à eux.

1231. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la liberté de l’enseignement »

J’ai eu l’honneur d’être autrefois un élève de cette Faculté de médecine si attaquée en ce moment dans la personne de ses plus excellents maîtres. […] Sée, professeur de thérapeutique, qui a succédé au docteur Trousseau, et qui, pour cette nomination, quoiqu’il ne fût point agrégé, était appuyé par ce maître respecté et certes au-dessus de tout soupçon, M.  […] De savants hommes toutefois, et qui ne font pas si bon marché de la métaphysique64, soutiennent que là même le jeune auteur, à la suite de ses maîtres, abuse dans les conséquences qu’il prétend tirer. […] Étudiez, travaillez, messieurs, travaillez à guérir un jour nos malades de corps et d’esprit. — Vous avez des maîtres excellents : évitez surtout de donner à vos ennemis aucune prise sur vous. »

1232. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIIe entretien. Socrate et Platon. Philosophie grecque. Deuxième partie. » pp. 225-303

« Je me retourne, et lui demande où est son maître. […] — Tais-toi, mon cher, répondit-il, j’ai quitté l’amour avec joie comme on quitte un maître furieux et intraitable. — Je jugeai dès lors qu’il avait raison de parler de la sorte, et le temps ne m’a pas fait changer de sentiment. […] Nous savons bien que l’éloquent commentateur français de Platon proteste par son bon sens contre l’exagération de son maître et proclame la famille sainte, la propriété bonne et sacrée. […] Socrate en fut la victime ; mais Platon, ce saint Paul du spiritualisme grec, mêla à la sublime doctrine de son maître tant de sophismes, tant de puérilités, tant de chimères et tant de dépravations d’idées, de lois, de mœurs, que cette pure philosophie socratique en fut viciée presque dans sa source, et qu’en se sanctifiant avec Socrate, on craint toujours de se corrompre avec Platon.

1233. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre III. Pascal »

Héros de la volonté, par le perpétuel effort de leur conduite, maîtres de la raison, par les infatigables argumentations de leurs livres, à ce double titre ils dominèrent leur siècle ; et ainsi s’est fait que tout ce qui n’était pas épicurien ou jésuite, a relevé d’eux plus ou moins. […] Toutes les remarques portent, et il n’y en a point qui ne donnent à penser longuement, quand il explique le mécanisme de l’amour-propre, ou qu’il montre l’imagination et les nerfs plus maîtres de nous que notre raison, quand il nous promène à travers le monde cherchant une morale fixe, des lois communes, quand il sonde l’institution sociale, le principe monarchique, pour ne trouver au fond, à l’origine, que la force, et qu’il autorise si superbement le respect traditionnel des lois, de la hiérarchie, de l’hérédité dynastique. […] Il n’était ni fou ni malade ; il n’a jamais été plus lui-même, plus maître de sa raison et conscient de ses actes, que lorsqu’il a semblé envahi de la folie religieuse349. […] L’avocat Arnauld, qui plaida à la fin du xvie s. contre les jésuites, eut 22 enfants, parmi lesquels une fille fut la mère des trois Le Maître, 2 autres furent les mères Angélique et Agnès, abbesses de Port-Royal, et 5 autres y furent religieuses.

1234. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre II. La poésie lyrique » pp. 81-134

Ils ne le disent pas, mais on sent qu’ils ont conscience de continuer la vraie pensée de ces deux maîtres. […] Bientôt cependant par-delà le maître des Chants du crépuscule et de la Légende des siècles, M.  […] Sa santé cependant résiste à ces maîtres. […] Il semble avoir dérobé à chaque maître son secret pour en composer de longues laisses de vers d’une harmonieuse souplesse sans monotonie.

1235. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre II. Le comique de situation et le comique de mots »

Il n’est pas rare alors que le premier groupe comprenne les maîtres, et le second les domestiques. Les domestiques viendront répéter dans un autre ton, transposée en style moins noble, une scène déjà jouée par les maîtres. […] Dans une amusante petite comédie de Benedix, Der Eigensinn, l’ordre est inverse ; ce sont les maîtres qui reproduisent une scène d’obstination dont les domestiques leur ont donné l’exemple. […] C’est ainsi qu’on fera répéter par les valets, en langage moins noble, une scène déjà jouée par les maîtres.

1236. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure »

« Poète, mauvais métier qui fait mourir de faim son maître ou le fait pendre », c’est encore un mot de Marais. […] Malherbe et Voiture pensèrent le gâter, il le dit lui-même ; mais, à la fin, il vit le faux des brillants, il trouva la nature au gîte et la prit, et elle ne l’a point quitté depuis. » Du moment qu’il s’agit des Fables, il ne plaisante plus, et parlant de celles de La Motte, il devient même trop sévère et trop méprisant quand il dit : « Il vient de faire des Fables à l’envi de La Fontaine, et a montré qu’il ne peut écrire que pour les cafés, et qu’il n’est pas permis de travailler après les grands hommes qui ont emporté la palme en certain genre. » Marais ne veut pas (et c’est là sa limite) qu’on essaye de rouvrir la carrière après les maîtres. […] Newton est de main de maître. » C’était moins le mathématicien que le philosophe qui était supérieur chez Fontenelle, et de l’ordre le plus élevé.

1237. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres inédites de F. de la Mennais (suite et fin.)  »

Il vaut encore mieux cependant que ce qui l’entoure. » Il a conscience dès lors de son incompatibilité, s’il fonde quelque chose, et du rôle qu’il doit tenir et qui ne peut être celui d’auxiliaire et de second : « Si nous faisons un ouvrage périodique, je suis convaincu qu’il faut que nous en soyons absolument les maîtres, et par conséquent les seuls rédacteurs. » On voit donc qu’avec des idées toutes contraires il a déjà le même caractère qu’il conservera jusqu’à la fin : c’est qu’on peut changer ses opinions et les retourner du tout au tout, on ne change pas son caractère. […] Mais honte, confusion, humiliation profonde, au misérable qui si longtemps a fui devant son divin maître, et avec une si horrible obstination s’est refusé au bonheur de le servir ! […] Tout ce qui me le rappelle de près ou de loin me cause une émotion que je ne suis pas le maître de modérer. » De telles lettres publiées deviennent des pièces biographiques ineffaçables ; une page comme celle du 25 juin représente la pierre angulaire de toute une vie.

1238. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. VINET. » pp. 1-32

Vinet est un des maîtres les plus éclairés de la diction, parce que, si j’osais exprimer toute ma pensée, je dirais qu’après M. […] Dès qu’on en vient là, il hésite un peu, il parle des maîtres de la lyre et s’y replie scrupuleusement. […] Le cours de littérature qu’il professe à Lausanne avec éclat lui a fait d’abord passer en revue toute l’époque moderne, l’Empire, la Restauration ; des portions considérables du cours ont été lithographiées, et sont mieux que des promesses ; il en sortira bientôt un livre qui achèvera de consacrer parmi nous l’autorité du maître.)

1239. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. EUGÈNE SUE (Jean Cavalier). » pp. 87-117

Mais est-ce une raison de méconnaître ses qualités et sa grandeur, un sens naturel et droit, un haut sentiment d’honneur et de majesté souveraine, l’ordonnance de son règne si bien comprise, le discernement des hommes, de ceux qui ornent et de ceux qui servent, la part faite à chacun des principaux et assez librement laissée, l’art du maître, le caractère royal enfin, indélébile chez lui, et l’immuabilité dans l’infortune60 ? […] La contre-partie du paradoxe l’a conduit, dans sa spirituelle fantaisie de Létorières, à faire de Louis XV à diverses reprises le plus adorable maître et à ne l’appeler que cet excellent prince. […] Bossuet, le chancelier Le Tellier et tous les autres, en effet, n’eurent qu’un avis, qu’un concert d’acclamations pour célébrer la sagesse et la piété du maître quand il révoqua l’Édit.

1240. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « UNE RUELLE POÉTIQUE SOUS LOUIS XIV » pp. 358-381

S’ils vous sont inconnus, vous manque-t-il un maître ? […] Dans ses vers pourtant, elle s’est ressentie des préceptes généraux du maître. […] De bonne heure, le maître habile qu’elle eut (comme Mme Des Houlières, Hesnault), et qui n’était autre que Fontanes, la détourna des graves poëmes et lui indiqua son sentier : Aimer, toujours aimer, voilà ton énergie.

1241. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Discours préliminaire » pp. 25-70

Si nous assistions en foule aux premières représentations d’une tragédie digne de Racine ; si nous lisions Rousseau, si nous écoutions Cicéron se faisant entendre pour la première fois au milieu de nous, l’intérêt de la surprise et de la curiosité fixerait l’attention sur des vérités délaissées ; et le talent commandant en maître à tous les esprits, rendrait à la morale un peu de ce qu’il a reçu d’elle ; il rétablirait le culte auquel il doit son inspiration. […] Les géomètres, les physiciens, les peintres et les poètes recevraient des encouragements sous le règne de rois tout-puissants, tandis que la philosophie politique et religieuse paraîtrait à de tels maîtres la plus redoutable des insurrections. […] Malgré cela, je suis persuadé qu’on peut être clair, même dans la pauvreté de notre langue, non pas en donnant toujours les mêmes acceptions aux mêmes mots, mais en faisant en sorte, autant de fois qu’on emploie chaque mot, que l’acception qu’on lui donne soit suffisamment déterminée par les idées qui s’y rapportent, et que chaque période où ce mot se trouve, lui serve, pour ainsi dire, de définition. » Après avoir cité cette opinion d’un grand maître contre les définitions, je dirai que je ne donne jamais au mot philosophie, dans le cours de cet ouvrage, le sens que ses détracteurs ont voulu lui donner de nos jours, soit en opposant la philosophie aux idées religieuses, soit en appelant philosophiques des systèmes purement sophistiques.

1242. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIIe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis »

C’est pour cela qu’il avait consacré en Grèce et en Italie ses réserves commerciales, à faire arriver en masse à Rome, à Florence, à Venise les débris du naufrage intellectuel de l’Ionie, et les maîtres dépaysés du génie homérique et platonique : il était à lui seul la Renaissance, il avait affrété la monarchie de l’esprit humain. […] Sans jalousie pour son frère Julien, jeune homme de dix-sept ans, très-distingué et déjà très-populaire par son goût pour les arts et pour les lettres, il lui donna les maîtres les plus éminents pour achever son éducation. […] Bandini, plus résolu, se jeta sur lui avec son poignard encore dégouttant du sang de Julien ; mais il rencontra François Nori, un des familiers des Médicis, accouru au secours de son maître, qui le fit tomber mort à ses pieds.

1243. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre IV. La fin de l’âge classique — Chapitre II. La Bruyère et Fénelon »

Mais le duc d’Enghien, son fils, était « le fléau de son plus intime domestique » ; et son petit fils le duc de Bourbon, violent, hautain, avare, injuste, était un maître détestable et détesté : il était brutalement mystificateur, et prenait pour plastron les gens de son entourage. […] Avec l’antithèse, il prodigue l’ironie où il est maître : il se plaît à dérouter le lecteur par l’exposition flegmatique de la pensée contraire à celle qu’il veut enfoncer, jusqu’à ce qu’un mot, un tout petit mot parfois, tout à la fin du morceau, donne la clef du reste, et nous découvre qu’il faut renverser tous les termes. […] Il se donnait pour un écolier, qui n’aurait d’autre doctrine que celle de son maître.

1244. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre IV. Le théâtre romantique »

Pendant une quinzaine d’années (1829-1843) le romantisme est maître de la scène : trois hommes l’y ont établi et l’y soutiennent : Dumas, Vigny, Hugo. […] Shakespeare était le maître qu’invoquaient les romantiques : en réalité Byron leur fournit plus que Shakespeare. […] Le métier, la technique sont tout à ses yeux ; et il y est maître.

1245. (1895) La musique et les lettres pp. 1-84

Une objection, elle est fausse, le lecteur achetant plus cher, les maîtres y perdront, en popularité (non : sur le gain marchand qui ne fut strict jusqu’ici, doit, autant, peser le léger impôt). […] Le charme, et la certitude, de l’entreprise, étaient répandus, dès cet instant : aussi, attribué-je, à un égard rétrospectif pour ce maître, l’intérêt saluant la démarche que, le lendemain, je devais en personne. […] Renouer la tradition à des souhaits précurseurs, comme une hantise m’aura valu de me retrouver peu dépaysé, ici ; devant cette assemblée de maîtres illustres et d’une jeune élite.

1246. (1868) Alexandre Pouchkine pp. 1-34

Comme ses maîtres, il est gai, gracieux, élégamment ironique. […] Comme son maître, il a étudié la nature orientale ; il a visité le Caucase, cette Algérie de la Russie, siège d’une guerre acharnée dont il n’était pas destiné à voir la fin. […] S’il s’agissait d’un tableau, je dirais qu’il a été commencé dans la seconde manière du maître, et achevé dans la dernière, c’est-à-dire à l’apogée de son talent.

1247. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre troisième »

Car où le stoïcisme faisait voir un maître et un esclave rapprochés par une sorte de condescendance volontaire du premier pour le second, le christianisme a montré deux êtres de la même valeur aux yeux de Dieu, dont le plus grand selon le monde doit effacer par la charité la distance qui le sépare du plus petit. […] Quoique Calvin pût laisser voir, dès ce temps-là, par quelques marques, la dureté qu’on devait lui reprocher un jour, les éloges que firent tous ses maîtres successivement, de son assiduité au travail et de sa docilité, ne permettent pas de douter que Wolmar ne l’entendit d’une certaine souplesse d’esprit, qui ne regarde pas le moral. Le maître décida son élève à se livrer tout entier à la théologie.

1248. (1890) L’avenir de la science « XVIII »

Ce qu’il a écrit s’accomplira, sans révolte et par les maîtres eux-mêmes. […] L’affranchissement des noirs n’a été ni conquis ni mérité par les noirs, mais par les progrès de la civilisation de leurs maîtres. […] Le nôtre serait supérieur à son maître, parce qu’il sentirait mieux le divin et échapperait par l’amour à l’affreuse réalité.

1249. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Discours préliminaire, au lecteur citoyen. » pp. 55-106

Un autre Prophete qui auroit ajouté : « Et alors, les mots signifieront chose contraire à ce qu’ils avoient signifié auparavant ; les actions produiront un effet opposé à celui qu’elles doivent produire ; quand on prêchera la licence, on croira qu’il s’agit de subordination ; quand on armera le fort contre le foible, le fripon contre l’honnête homme, le valet contre son maître, on criera vive la justice ; quand on bouleversera tout, qu’on encouragera tous les vices, qu’on brisera tous les liens de la Société, chacun s’écriera, voilà le rétablissement de l’ordre, tous les hommes vont être heureux ». […] On peut en juger par ce passage horrible : Des milliers d’hommes dépouillés de tout par la dureté de leurs Maîtres, enhardis par le sentiment de la liberté, & encouragés par le vrai droit naturel, oseront enfin un jour réclamer hautement leurs droits. […] L’Analyse de Bayle, où ce qu’il y a de plus licencieux dans cet Ecrivain se trouve réuni ; l’Histoire des Querelles Littéraires, où l’on avance sans preuve, que Bossuet & Fénélon avoient, sur la Religion, des sentimens bien différens de ceux qu’ils ont professés ; l’Histoire Politique & Philosophique des établissemens des Européens dans les deux Indes, où l’on prétend que les Peuples seront plus heureux, lorsqu’ils n’auront ni Prêtres, ni Maîtres : ces trois Ouvrages, & beaucoup d’autres non moins licencieux, sont universellement attribués à des Ecclésiastiques de nos jours, qui ne les ont pas désavoués.

1250. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — Y. — article » pp. 529-575

D’après leurs prédications, l’Univers reconnoît un seul Maître : le monde n’est plus qu’une figure qui passe, ses biens qu’une vapeur qui se dissipe ; la vie qu’un passage à un autre plus durable, & dont l’usage de la premiere fixera le sort : l’Homme, cet être auparavant si foible, triomphe de ce que le monde a de plus flatteur & de plus redoutable : les combats qu’il est contraint de livrer à ses passions, sont la source de son repos & de celui de ses semblables ; le mariage est rappelé à son institution primitive : les Loix qui n’arrêtoient que la main, agissent sur le cœur : la bienséance devient un devoir général, même à l’égard des ennemis : le disciple d’Epicure embrasse cette morale mortifiante & austere : on ne reconnoît plus l’Homme dans l’Homme, comme l’a dit Bossuet ; mais dans cette étonnante révolution, on reconnoît le doigt de Dieu. […] Il y a donc plus de bassesse & d’humiliation à se soumettre aux idées altieres & désordonnées de ces Maîtres fastueux, de ces tyranniques Dominateurs des esprits, qu’à écouter les leçons d’une sagesse supérieure qui fait taire l’Homme devant l’Homme ? […] Par elle seule, le Maître peut s’assurer de la fidélité de ses Serviteurs ; le mari, de celle de sa femme ; le pere, du respect de ses enfans ; le Commerçant, de la probité de ses Commis ; le Client, de l’intégrité de son Juge ; & tous les subordonnés, de la justice de leurs supérieurs.

1251. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XIV, l’Orestie. — Agamemnon. »

Au coucher des Pléiades, il s’est élancé ; le lion affamé a sauté par-dessus les murs, et il s’est abreuvé dans le sang royal. » Ce n’est point seulement un vainqueur, c’est aussi un maître qui rentre, prêt à remédier aux maux de l’État, s’il a souffert pendant son absence. […] » Avec une sorte de jalousie féroce où n’entre aucun reste de l’ancien amour, elle accouple dans son insulte la captive tuée au maître égorgé. — « Et la voici, la Devineresse, compagne de sa couche, venue sur son navire avec lui ! […] Égisthe, furieux, éclate en menaces, il promulgue la terreur qui va régner sur Argos : le tyran annonce son avènement par des bruits de chaînes et des appareils de supplices. — « Les fers et la faim sont de rudes maîtres.

1252. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XV »

Sachez donc que mistress Clarkson, quoique plus blanche que la blanche hermine, est une femme de couleur, fille d’une esclave qu’a remarquée son maître, « née de cette remarque », et vendue par son tendre père au marché de la Nouvelle-Orléans. […] Évadée d’abord, libérée ensuite par la Guerre de l’Abolition, elle est retournée dans la plantation où elle a rendu fous d’amour les deux fils de son ancien maître, à ce point que l’un a poignardé l’autre ; sur quoi sa sœur naturelle l’a dénoncé et fait pendre. […] Cette femme s’est laissée follement prendre dans une lugubre aventure, elle est entraînée vers le mal par un homme qu’elle déteste et méprise au fond, et elle suit, avec un sombre égarement, ce morne esclave qui va bientôt devenir son maître.

1253. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre VI. Le Bovarysme essentiel de l’humanité »

Sans parler des maîtres de la philosophie officielle, dont l’enseignement, donné sous forme spiritualiste ou kantienne, fonde la morale sur cette croyance, un penseur comme Amiel en vient à ce compromis de formuler que si l’homme n’est pas libre absolument, du moins il y a du jeu dans le mécanisme de nécessité qui le contraint. […] Voici donc l’homme : rigoureusement déterminé quant à la qualité, quant au degré de sa force — physique, intellectuelle et morale — par des causes situées dans le passé et intangibles, façonné par des circonstances dont il n’est pas maître, qui surgissent ou ne surgissent pas, et qui décident quel parti sera tiré de l’élasticité rigoureusement limitée elle-même de ses instincts hérités, cet homme dont la faculté de s’efforcer, de réagir, de se résoudre, sort de l’inconnu, cet homme se croit libre. […] Ce n’est pas non plus pour jeter sur cette tentative quelque discrédit ; l’homme, à vrai dire, ne possède réellement que ce qui est réduit en images en son cerveau, ce qui ne dépend pas de l’extérieur, ce dont il est maître de jouir à tout moment, qu’il peut évoquer à son gré, et dont il se fortifie et se défend : des images auxquelles il ajoute foi.

1254. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1879 » pp. 55-96

Et comme il aurait été amusant, au nom de Raphaël, à propos de tel tableau qu’on admire, d’indiquer ce que les restaurateurs ont laissé juste de peinture, même de dessin du maître, mais c’était un travail immense de recherches, de courses, de conversations avec les gens techniques, et il ne fallait ni erreurs, ni exagérations. […] * * * — On parlait à Jean-d’Heurs, du maître d’un château voisin, qui, avant de donner une chambre à un invité, l’habitait un mois, afin de la faire toute bonne, toute habitable. […] Un pensionnat, où il mourut de faim et de froid, une seule année, soixante élèves, et dont le maître et la maîtresse de pension faillirent être pendus.

1255. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre II. Des poëtes étrangers. » pp. 94-141

L’Abbé Metastasio, éleve du fameux Gravina, a su joindre à la justesse d’esprit & à l’érudition de son maître, un génie délicat & une douceur de caractère que celui-ci n’avoit pas. […] Maur, Maître des Comptes & depuis l’un des quarante de l’Académie françoise. […] C’est une satyre ingénieuse sur les coquettes & les petits maîtres, en quatre Chants, & dans le goût de la Boucle enlevée de Pope.

1256. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre IX. Eugénie de Guérin »

À Bouvines, il rangea les troupes en bataille et les anima à bien faire. » En 1206, la famille de Guérin donna à l’Ordre de Saint-Jean de Jérusalem un grand-maître qui se signala à la prise de Damiette, et en 1240 un autre grand maître au même Ordre, — puis deux cardinaux à l’Église, dont l’un en 1450. […] On tremble pour sa grâce native, quand on rapporte que, dans son enfance, elle voulut apprendre le latin sous le même maître que ses frères et l’on n’est rassuré qu’en lisant l’humble réflexion de sa sœur : « Elle ne faisait cela que dans des vues de piété et pour mieux comprendre les offices de l’Église », écrivait dernièrement cette sœur, avec l’accent du plus naïf des légendaires. […] » La servante de Jésus-Christ s’embaumait de la douceur et de la pitié de son Maître, quand il adressait presque le même adieu voilé et tendre à ceux qui l’avaient suivi sur la terre.

1257. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre vi »

Ils viennent d’affirmer devant nous, tout en se battant, leur internationalisme et leur pacifisme ; mais tout de même les événements sont de grands maîtres, et, pour échapper au joug intolérable du kaiser, ces révolutionnaires soldats ont dû consentir de sérieuses retouches à leur conception de la vie. […] S’il s’agit de vertu, c’est un maître. […] » Vous savez quels soucis ils nous ont créés, quelle peine nous nous sommes donnée, à l’Instituteur français, organe antisyndicaliste, pour ramener au simple bon sens et à la plus élémentaire prudence ces enfants terribles de la grande famille primaire, que rien n’arrêtait, ni leur propre sécurité, ni le tort qu’ils faisaient à l’École et à ses maîtres, natures ardentes, mais, à la vérité, généreuses, ne pouvant supporter d’aucune façon l’arbitraire et l’injustice.‌

1258. (1899) Le roman populaire pp. 77-112

Une foule d’écrivains s’y essayent ; plusieurs y gagnent une fortune, une réputation, on pourrait dire une gloire d’une espèce particulière ; ils voient leur nom et leurs œuvres pénétrer dans des milieux où n’ont jamais pénétré ceux des maîtres de la littérature française ; ils intéressent, ils font pleurer, ils égayent, ils ennuient un peuple entier ; ils sont les vrais créateurs et les vrais soutiens d’une certaine presse, investis d’une puissance plus immédiate sur ses destinées que tous les écrivains politiques, les économistes, les critiques, les reporters et les correspondants de la rédaction, et je me rappelle que l’administrateur général d’un des plus importants petits journaux de Paris me disait que, dans la première semaine après le commencement d’un feuilleton, le tirage du journal montait ou s’abaissait de cinquante mille, de quatre-vingt mille exemplaires par jour, selon que le feuilleton plaisait ou ne plaisait pas. […] Renseignez-vous, dans le moindre bureau de tabac, dans le moindre dépôt de journaux, et demandez le nombre de romans illustrés ; le nombre de livraisons dites de luxe qui contiennent les œuvres des prétendus « maîtres du roman » ; le nombre de feuilles quotidiennes à triple feuilleton, qui s’écoulent dans une semaine. […] Ils la connaissaient sous ses divers aspects, égalité de nature, égalité dans la souffrance et dans le mérite, égalité devant la mort, égalité dans la destinée immortelle, et, s’ils étaient tentés de l’oublier, un grand fait venait la leur rappeler, et c’était, aux mêmes fêtes chrétiennes qui les réunissaient, la participation de tous aux mêmes sacrements, la même dignité morale reconnue aux maîtres et aux serviteurs, aux riches et aux pauvres, égalité, en somme, la plus parfaite, puisqu’elle s’opère par la commune grandeur des hommes.

1259. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — II. (Suite.) » pp. 147-161

Choisir Paris pour le lieu de la tenue des États était donc un coup de maître ; c’était choisir un milieu relativement modéré, empêcher l’assemblée de se trop émanciper si elle en avait envie, et si elle était tentée de faire une royauté irréconciliable et non nationale ; c’était empêcher une armée étrangère de s’emparer du lieu où les États siégeaient et de les tenir en sujétion ; c’était à la fois brider Paris, en y étant présent, et pouvoir aviser à tout. […] Nous verrons le président dans son ambassade de Hollande se prononcer bien noblement au nom de son maître pour la cause de la tolérance et d’une juste liberté religieuse, et le continuateur de De Thou l’a grandement loué à ce sujet, comme l’eût fait de Thou lui-même s’il eût poussé jusque-là son Histoire.

1260. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Variétés littéraires, morales et historiques, par M. S. de Sacy, de l’Académie française. » pp. 179-194

Après avoir assisté pendant des heures à ces débats, souvent aussi éloquents que confus, sans prendre une note, mais aussi sans se dissiper en paroles, il rentrait chez lui tout plein de ce qu’il avait entendu, et il le jetait sur le papier avec feu et avec netteté dans un travail de soirée et de nuit, où sa plume, si hâtée qu’elle fût, ne rencontrait jamais un mot douteux ni une locution louche : il ne pouvait parler ni écrire d’autre langue que celle de sa famille et de sa maison, celle qu’il tenait de son illustre père, et de ses premiers maîtres, de ses premières lectures d’enfance. […] Il ne s’en ennuie pas, c’est son goût et son mérite ; et chaque fois que l’occasion s’en présente, il y rentre avec ardeur et verve ; il redit ce qu’il ne rougit pas de penser avec tous les maîtres ses prédécesseurs, mais il le redit bien comme le pensant lui-même et comme venant de se retremper vivement au bouillon de la source.

1261. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Mélanges de critique religieuse, par M. Edmond Scherer » pp. 53-66

L’homme qui a écrit le chapitre de Joseph de Maistre n’a plus besoin qu’on lui donne de conseils : c’est un maître de qui nous pouvons plutôt nous-même en recevoir. […] Scherer a raison de dire que « Lamennais est, avec Chateaubriand, le plus grand maître d’invective que nous offre la langue française ».

1262. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Mémoires de l’impératrice Catherine II. Écrits par elle-même, (suite.) »

Il avait, d’ailleurs, des amours publiques avec des femmes de la Cour, et il finit par entretenir une liaison affichée avec une des frailes ou dames d’honneur (Élisabeth Woronzoff), qui prit sur lui un empire absolu, et qui le poussait au divorce dès qu’il serait le maître. […] Si j’avais compris, dès le commencement, qu’aimer un mari qui n’était pas aimable, ni ne se donnait aucune peine pour l’être, était une chose difficile, sinon impossible, au moins lui avais-je, et à ses intérêts, voué l’attachement le plus sincère qu’un ami, et même un serviteur, peut vouer à son ami et son maître ; mes conseils avaient toujours été les meilleurs dont j’avais pu m’aviser pour son bien ; s’il ne les suivait pas, ce n’était pas ma faute, mais celle de son jugement qui n’était ni sain ni juste.

1263. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Bossuet. Œuvres complètes publiées d’après les imprimés et les manuscrits originaux, par M. Lachat »

Il suit ses cours de philosophie à la maison de Navarre, que dirigeait alors Nicolas Cornet, maître ferme et prudent ; il y achève toutes ses études ecclésiastiques. […] Bossuet dit en français tout ce qu’il veut dire, et il invente au besoin l’expression, mais en la tenant toujours dans le sens de l’analogie et de la racine dont il est maître.

1264. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. Rodolphe Topffer »

Si l’étude réfléchie s’y mêla un peu plus peut-être, s’il surveilla un peu plus du coin de l’œil ce qui avait d’abord ressemblé à de pures distractions, on ne s’en aperçut pas auprès de lui : il demeura l’homme du foyer, de l’institution domestique, le maître et l’ami de ses élèves. […] Si l’auteur a voulu montrer dans ce ministre (et il l’a voulu en effet) combien avec un esprit juste, avec un cœur pur et droit, exercé par la pratique chrétienne, guidé par les inspirations de l’Écriture, et muni d’une vigilance et d’une observation continuelles, on peut se trouver en fin de compte plus avisé que les malicieux, plus habile que les habiles, et véritablement un maître prudent et consommé dans les traverses les plus délicates de la vie comme dans les choses du cœur, il a complètement réussi.

1265. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre II. De l’ambition. »

Quelques hommes ont conservés, jusques à la fin de la vie, le pouvoir qu’ils avaient acquis, mais pour le retenir, il leur en a coûté tous les efforts qu’il faut pour arriver, toutes les peines que causent la perte ; l’un est condamné à suivre le même système de dissimulation qui l’a conduit au poste qu’il occupe, et plus tremblant que ceux qui le prient, le secret de lui-même pèse sur toute sa personne ; l’autre se courbe sans cesse devant le maître quelconque, peuple ou roi, dont il tient sa puissance. […] Cromwell est resté usurpateur, parce que le principe des troubles qu’il avait fait naître était la religion, qui soulève sans déchaîner, était un sentiment superstitieux, qui portait à changer de maître, mais non à détester tous les jougs.

1266. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Verlaine, Paul (1844-1896) »

Verlaine ; mais d’assez grandes parties restent compréhensibles ; et puisque les ahuris du symbolisme le considèrent comme un maître et un initiateur, peut-être qu’en écoutant celles de ses chansons qui offrent encore un sens à l’esprit, nous aurons quelque soupçon de ce que prétendent faire ces adolescents ténébreux et doux… M.  […] Celui qui les a écrits est un maître, un père de notre art, et je l’aime comme je l’admire.

1267. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre XIII. Conclusions » pp. 271-291

Ceux-là sont les individus supérieurs, les maîtres, les surhommes. […] Il représente, dans l’ordre intellectuel, un effort vers la plus grande science, dans l’ordre esthétique, un effort vers la plus grande beauté, dans l’ordre économique un effort vers la plus grande richesse considérée elle-même comme un moyen pour la plus grande puissance ; dans l’ordre politique, un effort vers la plus grande initiative et la plus grande responsabilité chez les maîtres et les créateurs de valeurs ; dans l’ordre moral, un effort vers une affirmation plus intense de la vie, de la grandeur humaine et de l’orgueil humain.

1268. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface du « Roi s’amuse » (1832) »

mes maîtres ! […] Certes, si nous daignions descendre encore un instant à accepter pour une minute cette fiction ridicule, que dans cette occasion c’est le soin de la morale publique qui émeut nos maîtres, et que, scandalisés de l’état de licence où certains théâtres sont tombés depuis deux ans, ils ont voulu a la fin, poussés à bout, faire, à travers toutes les lois et tous les droits, un exemple sur un ouvrage et sur un écrivain, certes, le choix de l’ouvrage serait singulier, il faut en convenir, mais le choix de l’écrivain ne le serait pas moins.

1269. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Ce que tout le monde sait sur l’expression, et quelque chose que tout le monde ne sait pas » pp. 39-53

Il est le maître dans sa forêt. […] Surtout ne la prenez point pour celle de l’acteur ou du maître à danser.

1270. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXVI. La sœur Emmerich »

Brentano, l’ardent et hautain Brentano n’avait jamais beaucoup plié ; mais ici il alla jusqu’à effacer sa rebelle personnalité, jusqu’à n’être plus que le secrétaire qui écrit sous la dictée d’un maître difficile à comprendre, et il fit bien plus que d’écrire cette dictée fidèlement, il la transposa, sans y rien changer, et la mit ainsi à la portée de ceux qui, à cette élévation, ne l’eussent jamais entendue. […] Mais elle a cela de commun avec son divin Maître, qu’elle a tant aimé et qui serait plus incompréhensible s’il était homme qu’il ne l’est certainement étant Dieu, — c’est que si, elle, l’extatique de Dulhmen, fut visitée de Dieu et éclairée d’en haut, elle est bien moins étonnante, bien moins phénoménale que si elle n’est qu’une vile maladie humaine, — une lèpre, — un pian, — un tétanos !

1271. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Nièces de Mazarin » pp. 137-156

N’était-ce pas lui qui avait inventé la maxime : « Lorsqu’on est le maître, on ne salue jamais trop bas. » Étudiez-le avec attention ! […] Le moment n’est pas venu où il doit imposer, à la société dont il sera le maître, le ton de convenance superbe et de décence majestueuse qui nous fait d’ici baisser les yeux.

1272. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVII. Des éloges en Italie, en Espagne, en Angleterre, en Allemagne, en Russie. »

Les Italiens modernes, quoiqu’ils descendent presque tous de Gaulois, d’Africains, de Germains, de Goths, de Lombards, d’Allemands et de Français, bien plus que des anciens Romains, aiment toujours la langue qu’on parlait autrefois au Capitole : elle leur rappelle qu’ils ont été les maîtres du monde. […] Ce Waller, après avoir combattu et signalé son zèle pour Charles Ier, après avoir souffert, pour la cause des rois, la prison, l’exil, la perte d’une partie de ses biens, et sauvé à peine sa tête de l’échafaud, eut la bassesse de faire solliciter sa grâce auprès de son tyran, et la bassesse plus grande encore de louer publiquement son oppresseur et le bourreau de son maître : Milton, du moins, montra plus de courage ; lui qui avait servi Cromwell de son épée et de sa plume, après le rétablissement de Charles II, garda le silence, et resta pauvre et malheureux, sans flatter ni prier.

1273. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VI. »

Elle était une république ; elle avait des institutions libres, des partis politiques, des guerres civiles ; et, quand elle fut lasse de tant d’épreuves, elle eut pour maîtres, d’abord un sage, puis, longtemps après, le peuple athénien, qui, dans sa victoire, l’admit au partage de ses lois généralement humaines et modérées, et lui rendit plus, en exemples de grandeur, en amour du travail et de la gloire, qu’il ne lui ôtait en stérile indépendance. […] L’ayant achetée de son maître, il l’aurait follement épousée, malgré les éloquents et poétiques reproches dont Sapho avait flétri cette faiblesse, qu’elle se promettait sans doute alors de ne pas imiter.

1274. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XVII » pp. 70-73

Le talent de Laprade me semble une sorte de composé d’André Chénier, de De Vigny et de Ballanche : combiner trois maîtres, c’est une façon encore d’être original. — Vous voyez que je baguenaude et mâche à vide.

1275. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Appendice — Une discussion dans les bureaux du Constitutionnel »

Nous ne demandons qu’à rester dans le rôle obscur et d’observateur malgré nous, qui nous a été fait par huit années de secrétariat, ne cherchant pas à nous exhausser sur la tombe du maître, mais ne négligeant rien non plus, cependant, quand l’occasion s’en présente, de ce qui peut servir à éclairer, par quelque point important et lumineux, la biographie de celui qui nous fit son éditeur posthume, son légataire universel, et nous mit en son lieu et place pour la correction et la publication de ses dernières œuvres.

1276. (1875) Premiers lundis. Tome III « Viollet-Le-Duc »

Le lien qui unit la forme lyrique de notre temps à celle du XVIe siècle, et moyennant lequel le style poétique de plus d’un de nos contemporains s’apparente réellement à celui de Regnier et des vieux maîtres, a été suffisamment indiqué et démontré en mainte occasion.

1277. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Blémont, Émile (1839-1927) »

Problème obtenu, résolu, donnant une sorte de Maître !

1278. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bouilhet, Louis (1821-1869) »

Il lui fit l’aumône d’un second plan dans sa notoriété ; les maîtres traînent à travers les siècles une suite de comparses qui encombrent la littérature ; rien d’odieux comme le pyladisme envahissant de ces gens, qui nécessitera bientôt une chambre de justice des réputations.

1279. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Guerne, André de (1853-1912) »

Très tardivement et très modestement aussi, au moment où il est de rite de ne parler de cet autre dieu mort qu’avec un léger sourire, il s’avoue l’un des épigones d’Hugo le Père, par qui, tout jeune, enfermé dans un collège de l’Île-de-France, ou mieux, comme il dit, « dans la cage de Loyola », il eut, impérieuse et inoubliable, la révélation de la poésie lyrique : Et soudain c’était dans nos ombres Un éblouissement pareil À celui des prisonniers sombre Qui remontent vers le soleil, Quand, frémissants, malgré le maître, Les pensums et ses quos ego.

1280. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mikhaël, Éphraïm (1866-1890) »

Leconte de Lisle et pour tous nos maîtres une déférence louable.

1281. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XVI. Consultation pour un apprenti romancier » pp. 196-200

À la vérité, mon maître et ami Oscar Méténier méprise le baccalauréat, mais ne sentez-vous pas une pointe de mélancolie dans son irrespect ?

1282. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XXII. L’affichage moderne » pp. 283-287

Dudley-Hardy, voilà le vrai maître de la nouvelle affiche.

1283. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 202-207

« Quand je dîne à Versailles, disoit-il à ses amis, il me semble que je mange à l’office : on croit voir des Valets qui ne s’entretiennent que de ce que font leurs Maîtres ».

1284. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 220-226

Cet Historien vint à Paris avec la Reine Marguerite, qui le fit depuis Maître des Requêtes de son Hôtel.

1285. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 303-308

On ne doit pas négliger de parler de son Traité du choix & de la méthode des Etudes, où il décrit la marche convenable à chaque Science en particulier ; ni de son Livre des Devoirs des Maîtres & des Domestiques, où une philosophie chrétienne prescrit aux un des regles de conduite conformes à l’ordre & à l’humanité, & aux autres des leçons propres à régler leur dépendance & à rendre leur sort plus heureux.

1286. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 293-297

De tromper les Peuples sur cet objet, me suis-je dit à moi-même, c'est enlever à la Philosophie la base de cette admiration qu'on a pour elle ; c'est montrer qu'elle n'est pas seule, comme elle le dit, dépositaire de la raison & du Génie ; c'est ouvrir les yeux à une jeunesse inconsidérée, qui, séduite par le ton imposant de ces Maîtres superbes, croit qu'ils sont aussi infaillibles en matiere de foi qu'en matiere de goût.

1287. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » pp. 387-391

Il est vrai qu’il eût dû être plus modéré ; mais il faut distinguer les égaremens du goût, de ceux des sentimens : M. de Fontenelle fut toujours son ami, après avoir été son maître.

1288. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Préface »

Ces mouvements d’agrégation des masses autour de l’homme qui sait se révéler leur maître ont lieu sans acception de frontière, brisent le moral des nations et suscitent souvent au héros d’une race des sectateurs d’une autre.

1289. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre VII. Le Fils. — Gusman. »

Le bonheur m’aveugla, la mort m’a détrompé ; Je pardonne à la main par qui Dieu m’a frappé : J’étois maître en ces lieux, seul j’y commande encore, Seul je puis faire grâce, et la fais à Zamore.

1290. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre premier. Beaux-arts. — Chapitre III. Partie historique de la Peinture chez les Modernes. »

L’école chrétienne a cherché un autre maître ; elle le reconnaît dans cet Artiste qui, pétrissant un peu de limon entre ses mains puissantes, prononça ces paroles : Faisons l’homme à notre image.

1291. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre second. Philosophie. — Chapitre V. Moralistes. — La Bruyère. »

De plus, les littérateurs se divisent, pour ainsi dire, en partis qui suivent tel ou tel maître, telle ou telle école.

1292. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre quatrième. Éloquence. — Chapitre premier. Du Christianisme dans l’éloquence. »

Vous atteindrez au comble de vos vœux, vous jouirez de tous vos désirs, vous deviendrez roi, empereur, maître de la terre : un moment encore, et la mort effacera ces néants avec votre néant. » Ce genre de méditations, si grave, si solennel, si naturellement porté au sublime, fut totalement inconnu des orateurs de l’antiquité.

1293. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 6, de la nature des sujets que les peintres et les poëtes traitent. Qu’ils ne sçauroient les choisir trop interressans par eux-mêmes » pp. 51-56

C’est ainsi qu’en ont usé le Poussin, Rubens et d’autres grands maîtres qui ne se sont pas contentez de mettre dans leurs païsages un homme qui passe son chemin, ou bien une femme qui porte des fruits au marché.

1294. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Paul Nibelle »

L’ombre de la statue des Maîtres n’est pas froide aux fronts de ceux qui les admirent et qui veulent les imiter.

1295. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Lettre-préface à Henri Morf et Joseph Bédier » pp. -

À Berlin comme à Paris, vous êtes mieux que des savants ; vous êtes des maîtres, qui travaillez à la vérité par amour du bien.

1296. (1896) Les époques du théâtre français (1636-1850) (2e éd.)

Mais c’est tout simplement que l’on n’était pas maître encore des moyens de son art. […] Sous la protection d’un tel maître, Molière peut marcher désormais. […] Frontin réussira-t-il à dépouiller son maître ? […] Les comédiens, vous ne l’ignorez pas, étaient alors un peu les maîtres des auteurs, et Voltaire même, Voltaire, chargé de gloire et d’années, n’en fera pas tout ce qu’il voudra. […] Nous avons de lui de fort belles Satires, et mon maître l’aimait beaucoup, lui et tous les honnêtes gens de son temps, comme Virgile, Néron, Plutarque, Ulysse et Diogène.

1297. (1890) Le réalisme et le naturalisme dans la littérature et dans l’art pp. -399

Comme il est naturel, on peut suivre chez eux les deux grandes tendances qu’on a déjà saisies chez leurs maîtres. […] Plus d’un devenait forcément son propre maître ; il façonnait selon son génie individuel le chapiteau, la corniche, le pinacle, la gargouille, la stalle, le tympan qu’on lui avait confié. […] Fouquet, le maître miniateur et le grand portraitiste d’alors, prend volontiers pour sujet les menus soins du ménage. […] Le confident a repris sa dignité, il est animé de ses sentiments propres ; il devient l’antagoniste de son ancien maître, et même parfois l’ennemi des intérêts qu’on lui confiait jadis. […] Ruskin et ses amis ont considéré Raphaël comme le premier apostat de la vérité et, par suite, de la morale et de la religion ; ils ont remonté jusqu’à ses prédécesseurs pour trouver des maîtres.

1298. (1895) Hommes et livres

C’est un des trois ou quatre maîtres de la critique en notre siècle ; et l’on ne vit jamais plus de curiosité d’esprit, plus de souplesse, de pointe et de finesse. […] Je n’ai pas besoin de dire que ce n’est ni un rustre ni un lourdaud ; mais ce n’est pas le maître fourbe qu’on pourrait croire. […] Mais, de plus, il est sujet du duc de Parme, et sa pauvreté personnelle s’accroît de la princière misère de son glorieux maître. […] Qu’on ne lui parle pas d’un carrosse de louage : il ne déshonorera pas son maître. […] Molière est le génie révéré, le maître qu’on adore, mais on regarde comme indignes de lui les deux tiers de son œuvre.

1299. (1863) Histoire de la vie et des ouvrages de Molière pp. -252

Ce n’est pas Rohault qu’il avait en vue en composant le rôle du maître de philosophie. […] Le célèbre antagoniste de Descartes admit à ce cours le jeune Bernier, Poquelin et Hesnaut : ils se montrèrent dignes d’un tel maître. […] C’étaient Les Trois Docteurs rivaux et Le Maître d’école, dont il ne nous reste que les titres. […] Le grand maître de l’artillerie était fils du maréchal duc de La Meilleraye. […] Il avait contracté ce tic en s’efforçant de se rendre maître d’une excessive volubilité de prononciation.

1300. (1890) Dramaturges et romanciers

Hoffmann, le maître du genre, était un réaliste dans la bonne et juste acception du mot, et le dernier poète qui ait manié le fantastique en maître, l’Américain Edgar Poë, est un pur matérialiste, en dépit de ses affectations métaphysiques et de son jargon sentimental. […] Maître reconnu dans les arts du pastel et de l’aquarelle, on ne savait s’il pourrait jamais réussir dans la grande peinture. […] Il a montré depuis longtemps qu’il était maître souverain dans le domaine de la grâce, de la délicatesse, des sentiments aimables et subtils. […] Ce style est vraiment un peu trop maître de son visage, car il a gardé le même aspect depuis la première page du livre jusqu’à la dernière. […] Droz s’est montré passé maître dans l’art d’accorder son instrument avec justesse au ton de l’air qu’il voulait jouer.

1301. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Notes et pensées » pp. 441-535

. — Si vous vous brouillez avec le maître, garez-vous du disciple ! […] Si le maître est astucieux et déloyal, le disciple est capable contre vous de toutes mauvaises menées et calomnies sourdes, et lettres anonymes. Si le maître est honnête (comme M. de Lamennais), le disciple avec qui vous étiez au mieux la veille se contente de passer devant vous en rougissant jusqu’aux oreilles, et sans vous saluer. […] Mais qu’importe le nom de son maître ? […] Cousin, il est à côté : il déplace la question, et il ne prouve rien en disant qu’il n’a eu qu’à se louer du maître : lui, en effet, ne lui faisait pas concurrence, il était plus ou moins son disciple.

1302. (1835) Critique littéraire pp. 3-118

Je demande grâce pour nos vieux maîtres, pour nos inimitables devanciers ; mais grâce aussi pour le progrès, pour la liberté de l’intelligence ; grâce pour ses créations, pour ses découvertes, pour ses conquêtes ! […] Sainte-Beuve, sont presque toujours détournés péniblement de leur sens naturel et primitif ; ils jouent les rôles que leur distribue le maître, en dépit de leur destinée. […] Chacun de ces domestiques est armé ; les deux premiers, ceux du cheval, courent à côté de leur maître, la carabine au poing, quand il lui plaît de galoper ; et ils font avec lui, en suivant toutes ses allures, de six à sept lieues par jour. […] Ces vastes contrées sont fermées à la curiosité des Européens par la jalousie assez logique de leurs maîtres. […] Un des domestiques de Victor Jacquemont fut atteint, et les soins de son maître ne purent le sauver.

1303. (1868) Curiosités esthétiques « V. Salon de 1859 » pp. 245-358

Comme elles sont splendides, toutes ces femmes avec leurs compagnons, ces maîtres peintres qui se connaissent en beauté, s’engouffrant dans ce repaire de la joie pour célébrer leur patron ! […] Leys a été, je crois, le maître de son ami, et que c’est aussi Pollux qui voulut céder à son frère la moitié de son immortalité. […] Tous les élèves n’ont pas strictement et humblement suivi les préceptes du maître. […] Elèves de maîtres divers, ils peignent tous fort bien, et presque tous oublient qu’un site naturel n’a de valeur que le sentiment actuel que l’artiste y sait mettre. […] Comme les maîtres qu’il affectionne, il possède l’énergie et l’esprit.

1304. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Première série

Ils manquent de gaîté, les sonnets optimistes du maître. […] Tout ce qu’on peut dire, c’est que l’art étant plus savant chez les maîtres, les écoliers s’en sont quelque peu ressentis. […] Il se rencontre chez les mieux doués des passages heureux, assez souvent une adroite imitation des maîtres. […] Certains morceaux pourraient aussi bien avoir été peints par ces maîtres. […] M. de Maupassant domine merveilleusement la sienne, et c’est par là qu’il est un maître.

1305. (1864) Histoire anecdotique de l’ancien théâtre en France. Tome I pp. 3-343

Rotrou, comme les maîtres qui vinrent après lui, Corneille, Racine, Molière, puisa aux sources pures des Grecs et des Romains. […] Autant pour complaire au maître que pour sa propre satisfaction, l’abbé composa et fit jouer une vingtaine de pièces de divers genres, assez médiocres en général. […] Jusqu’à cette époque, il était d’usage que les comédiens achetassent des auteurs, à prix débattu, leurs compositions dramatiques et restassent maîtres de la recette entière. […] Elle possédait beaucoup de tableaux de grands maîtres, mais il y en avait un dont elle ne pouvait parvenir à comprendre le sujet. […] Il chercha à imiter Racine, son maître, et s’il est loin de lui pour les beautés de détail et la versification, il s’en approche du moins pour la conduite des pièces.

1306. (1904) En lisant Nietzsche pp. 1-362

Ou bien comme un flatteur et un lâche qui a peur de son maître. […] Il ne veut pas être appelé, lui qui est le maître des vertus ! […] Maintenant je comprends ce que jadis on cherchait avant tout, lorsque l’on cherchait des maîtres de la vertu. […] Il tient au fond beaucoup plus de la bête féroce, et il pratique la discipline ascétique pour rester maître. […] Ainsi naîtra la race des maîtres, d’où pourra sortir la race des surhommes.

1307. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Jean-Jacques Ampère »

Dès qu’il se sentait un peu maître d’une étude et qu’il l’avait pénétrée par l’esprit, il passait à une autre, croyant pouvoir chasser plus d’un lièvre à la fois. […] Auguste Trognon, qui renfermait et limitait ses innovations et ses hardiesses d’un moment dans le cadre de notre histoire nationale ; l’intègre et laborieux Damiron, qui n’eut de tout temps d’autre défaut que de rester un esprit disciple, trop soumis à ses aînés et à ceux qu’il considérait comme ses maîtres. […] Un ou deux passages, une Nuit sur le Cattegat par exemple, cette traversée d’un bras de la mer du Nord près du Sund, se ressentait du contact habituel de Chateaubriand écrivain, et avait un air de grandeur qui devait appeler l’applaudissement du maître : c’était le morceau soigné, solennel, Varia di bravura. […] Comment un écrivain qui n’avait cessé depuis le commencement de ce régime de remplir des fonctions au nom de l’État, soit comme suppléant à la Faculté, soit comme maître de conférences à l’École normale, qui était professeur en titre au Collège de France, qui avait eu du ministre de l’instruction publique une mission pour son voyage d’Égypte, comment un tel académicien se serait-il dérobé à la visite d’usage et de pure forme, la présentation au roi ? […] C’était là proprement son domaine et le champ neuf où il était tout à fait maître et sur son terrain.

1308. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre V. Swift. » pp. 2-82

Vous saluerez dans vos maîtres l’habit doré dont ils s’affublent, et vous ne songerez jamais à sonder les souillures qui sont cachées par la broderie. […] Jusque dans son journal à Stella, il y a une sorte d’austérité impérieuse ; ses complaisances sont celles d’un maître pour un enfant. —  Ni la grâce ni le bonheur d’une jeune fille de seize ans ne l’amollissent986. […] Même lorsqu’il arrive à la charmante Vanessa, sa veine coule semblable : pour la louer enfant, il la pose en petite fille modèle au tableau d’honneur, à la façon d’un maître d’école990 […] Jamais d’épithètes ; il laisse sa pensée telle qu’elle est, l’estimant pour elle-même et pour elle seule, n’ayant besoin ni d’ornements, ni de préparation, ni d’allongements ; élevé au-dessus des procédés de métier, des conventions d’école, de la vanité de rimailleur, des difficultés de l’art, maître de son sujet et de lui-même. […] Un ministre est un entremetteur qui, ayant prostitué sa femme ou clabaudé pour le bien public, s’est rendu maître de toutes les places, et qui, pour mieux voler l’argent de la nation, achète les députés avec l’argent de la nation.

1309. (1880) Goethe et Diderot « Diderot »

… Mais les hommes à la suite de tout homme arrivé — et Sainte-Beuve est arrivé à se faire prendre pour un maître de la critique — trouvèrent peut-être que c’eût été un grand honneur pour Diderot de vivre avec Sainte-Beuve, quoiqu’ils n’eussent pu rester ensemble seulement deux jours. […] L’imitation, cette gâteuse, y est tellement visible, que Naigeon, qui aime Diderot comme le chien aime son maître, Naigeon, le Laridon de ce César, n’ose pas la nier… C’est du Sterne, mais quelle patte à la place de cette main ! […] De tous les vers qu’il a rimés, du reste, les quatre suivants sont les seuls qui ont surnagé dans la mémoire des hommes : La nature n’a fait ni serviteurs ni maîtres. […] Il aurait pu, par exemple, écouter Villemain, le maître, à tous, de ces professeurs qui se croient la fleur des pois de la littérature, et dont l’enseignement les a tous marqués sur la cervelle. […] Génin, ni à ceux de Villemain, son maître.

1310. (1896) Les Jeunes, études et portraits

Art Roë et l’un de ses « maîtres à penser ». Je n’ai garde de reprocher au disciple le choix d’un tel maître. […] Mallarmé, pour maître et pour émule M.  […] Il relève directement de l’école de Delille, mais il dépasse son maître. […] Ils méritèrent par là de devenir des maîtres.

1311. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXXXIII » pp. 332-336

Plus d’une m’a remis la clef d’or de son âme ; Plus d’une m’a nommé son maître et son vainqueur ; J'aime, et parfois un ange avec un corps de femme Le soir descend du ciel pour dormir sur mon cœur.

1312. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Louis XIV et le duc de Bourgogne, par M. Michelet. (suite et fin.) »

C’est qu’il n’est pas, lui, un homme d’antiquité ; il nous l’a raconté quelque part en des pages touchantes et poignantes : enfant, il s’est formé rudement, presque tout seul, sans loisir et sans maître ; il a peiné de bonne heure.

1313. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — N — Nerval, Gérard de (1808-1855) »

Car c’est bien ainsi qu’il nous apparaît avec ces Cydalises, pour lesquelles le maître écrivain a écrit une préface.

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