Messieurs, si l’on pouvait faire abstraction des remarquables discours en sens divers qui ont rempli les dernières séances, et si l’on s’en tenait uniquement à l’impression produite par le sage et prudent rapport qui a précédé, on voterait la loi présente sans trop d’observations, comme un progrès relatif, très-modéré, et l’on oublierait trop aisément les circonstances dans lesquelles cette loi a surgi, les incidents qui en ont accompagné la présentation, la discussion première, ce qu’elle promettait, ce qu’elle est devenue. […] Je ne saurais dire l’impression que j’ai ressentie comme ami du Gouvernement, ce que j’ai pensé et souffert d’une pareille maladresse. […] Les hommes de ma génération qui sont au pouvoir, et qui furent des libéraux de ce temps-là, ont trop oublié, selon moi, les impressions de leur jeunesse.
Il n’y a rien en nous que l’écho présent d’une impression distante ; pourtant, ce que nous affirmons, ce n’est pas l’écho, c’est l’impression comme distante, et, par une rencontre admirable, nous l’affirmons avec vérité. […] Lorsque le paysage, la figure agissante, le geste et la voix du personnage commencent à surgir et à se préciser, on attend, on retient son souffle ; quelquefois alors, tout apparaît tout d’un coup ; d’autres fois, c’est lentement, après des intervalles de sécheresse. — Mais, dans les deux cas, ce qui apparaît est attendu, voulu, ou du moins compris dans le cercle lâche des images attendues et voulues, puis tout de suite employé, mis à profit par la main qui écrit et note, partant suivi à l’instant de sensations répressives, en tout cas marqué dès sa naissance d’un caractère particulier qui est la propriété d’éclore par un effort personnel, dans une direction prévue, après une recherche préalable, comme un effet du dedans et non comme une impression du dehors ; de sorte que, après un éclair et un éblouissement, les sensations habituelles, tactiles, musculaires ou visuelles, peuvent sans difficulté reprendre leur ascendant normal, et, jointes à la file des souvenirs positifs, refouler le fantôme affaibli dans le monde imaginaire. — Une suite d’hallucinations très courtes qui, étant voulues, peuvent être et sont effectivement rompues et niées à chaque instant par la perception plus ou moins vague du monde réel, voilà la vision pittoresque ou poétique, très différente, comme le dit M.
On n’a qu’à feuilleter n’importe quelle tragédie de Racine, et des impressions analogues surgiront en foule. […] Ariane, ma sœur, etc… La fille de Minos et de Pasiphaé… Moi-même, il m’enferma dans des cavernes sombres, Lieux profonds, et voisins de l’empire des ombres… Et tant d’autres vers, qui font que la tragédie s’élargit avec l’imagination du public, et devient apte à recevoir toutes les impressions que notre éducation archéologique et esthétique nous fait rechercher dans la représentation de l’antiquité. […] Lemaître, Impressions de théâtre, t.
En face de lui, nous avons eu nettement l’impression qu’il serait difficile de convaincre les pouvoirs publics et le parlement, et que nous trouverions de ce côté de grands préjugés à combattre. […] Nos nerfs trop susceptibles, nos émotions trop raffinées, la richesse excessive de nos impressions, contrarient cet effort vers le style, qui persiste cependant au fond de nous-mêmes. […] Ils prennent l’impression pour la beauté définitive, préfèrent l’abondance au choix, la vivacité des sensations à la sûreté du goût.
Il feint que l’auteur lui est inconnu ; que, voulant l’aller remercier du grand profit qu’il a fait à l’impression et au débit de l’ouvrage, « auquel, dit-il, on a couru comme au feu », il s’est longtemps enquis de sa demeure. […] Des vérités substituées aux idées, aux impressions, et, parmi ces vérités celles-là surtout qui servent, à la conduite de la vie. […] Seulement, ce qu’il y a de sérieux dans celui de Charron, et par là même d’inconséquent, est la cause de l’impression équivoque que nous recevons de la lecture de son traité.
Lohengrin, cette figure qui lui était déjà apparue à Paris en même temps que celle de Tannhaeuser, mais qui ne lui avait laissé qu’une « impression presque désagréable » (IV, 353), s’empara de nouveau de sa fantaisie. […] Il en résulte, au point de vue harmonique, un trouble apporté à nos habitudes d’oreille ; de là aussi cette impression de vague, d’indéfini, qu’on ressent généralement à la première audition d’une œuvre wagnérienne. […] Par l’enchevêtrement des parties, par la complication des dessins, par la variété surprenante des timbres, l’oreille est sollicitée de telle sorte qu’elle reçoit désormais une impression d’ensemble, une résultante de tous les bruits, et goûte d’autant moins la pureté des principes qu’elle est moins à même de les discerner.
Schuré qui, sous l’impression immédiate des représentations de Munich, avait fait de ce drame une analyse qui est restée célèbre et dans laquelle il n’est nullement question de philosophie2, M. […] Le lendemain de la représentation10, j’avais besoin de me reposer de cinq heures de musique savante dont l’impression tourbillonnait encore dans ma tête à mon réveil. […] L’auteur, au contraire, a voulu donner à la fois l’impression de l’homme énergique et intraitable qui sut réaliser victorieusement l’œuvre de Bayreuth, et du poète incomparable à qui nous devons Tristan et Parsifal Le difficile était de fondre en une seule physionomie ces traits si différents et pourtant si réels de la figure du maître : M. de Egusquiza y a évidemment réussi en perfection.
Ce qui a contribué à induire Condillac en erreur, c’est cette opinion commune que les idées ne sont que des impressions affaiblies, des copies de sensations. […] Il supprime l’esprit comme entité, et le réduit à une série d’impressions, ou, comme dirait la psychologie moderne, à une série d’états de conscience. […] Si l’on remarque que les centres sensitifs sont diversement affectés par les mêmes stimulus, qu’un courant électrique cause des sensations sapides au goût, odorantes à l’odorat, auditives au nerf acoustique, lumineuses au nerf optique, tactiles au nerf du tact ; si l’on remarque que des narcotiques, introduits dans le sang, causent des effets analogues ; de ces faits, et de bien d’autres, on conclura que la sensation dépend des centres et non des stimulus externes ; que l’impression doit devenir sensation.
Les malices couvertes qu’elle recelait ne sortirent qu’au grand jour de l’impression. […] M. de Latouche fut des premiers ; il fit plus, il composa en secret un petit roman qu’il fit paraître sous le titre d’Olivier (1826), sans nom d’auteur, et dans une forme d’impression exactement la même que celle des autres romans de Mme de Duras. […] Ô poète, que n’avez-vous continué plus longtemps dans cet ordre d’impressions naturelles !
refaisant, raturant, savetant, ajoutant de nouvelles impressions aux anciennes, à ses notes d’autres notes, fourmi de travail entassant fétus sur fétus, grains de poussière sur grains de poussière… Cela peut être intéressant à voir faire, mais assurément ce n’est pas là de la Critique, cette grande chose de mesure et de poids, de principes et de certitude. […] C’était un descripteur et un analyseur et un disséqueur, à loupe, à pincettes et à scalpel, — et qui mettait au bout de sa description, de son analyse, de sa dissection, sa petite impression personnelle et la couleur de son esprit. […] Ces qualités, c’est la vivacité d’impression, l’imagination coloriante, la sensibilité nerveuse, la subtilité de l’analyse, la finesse déliée jusqu’à ce qu’elle arrive au rien, la science corrompue des décadences, que, d’ailleurs, même le critique le plus pur est obligé d’avoir dans les siècles de décadence, et enfin et surtout l’anecdote, l’amusette, la bagatelle de la porte, le cancan cher à mon joli siècle, voilà ce qui l’a fait proclamer si facilement et si universellement un grand critique par ceux qui ne se doutent pas de quelle pureté, de quelle fermeté et de quelle profondeur de marbre la notion de la critique est faite.
Un simple fellow du collège d’Oriel semblait seul contrebalancer, à force de génie et de caractère, l’impression de respect que produisait dans ce monde si officiel d’une université anglaise, le savant professeur d’hébreu. […] Comme nous l’avons dit, il participa avec Newman à la célèbre publication des Tracts for the times, dont le neuvième fit un si grand éclat, et le quatre-vingt-dixième une impression si profonde. […] Elle voulut se payer l’impression terrible que lui avait causée l’éclatante conversion — Newman n’avait pas encore fait la sienne — de Sibthorp, fellow du collège de Sainte-Madeleine, le courageux défenseur des Tracts 11 !
Leur œil est fait de telle façon, leur sensibilité est exercée de telle sorte qu’ils voient uniquement certains faits, qu’ils reçoivent uniquement certaines impressions, et j’accorderai volontiers qu’ils sont parfaitement sincères et qu’il ne dépend pas d’eux de considérer autrement et le monde, et la vie ; ils imaginent de la meilleure foi possible que la nature est exactement telle qu’elle leur apparaît et que rien n’existe en dehors de ce qu’ils aperçoivent. […] Quoi que l’on assure, l’artiste ne sera jamais un instrument passif, semblable à l’appareil du photographe qui, mis une fois en face du monde, en reproduit l’image servile : il a beau vouloir abdiquer son individualité, son intelligence, cette intelligence et cette individualité persistent malgré ses efforts ; aucune impression ne pénètre dans un cerveau humain qui n’y soit aussitôt déviée et transformée par ce cerveau même, et le plus tyrannique de tous les systèmes est peut-être de se persuader qu’on n’obéit à aucun système. […] Sont-ce leurs attaches et leurs mouvements que j’y viens étudier ; ou bien est-ce une impression de beauté et d’harmonie, ou la représentation puissante de quelque grand drame de l’histoire que je suis venu demander à l’œuvre d’art et que je lui suis reconnaissant de m’avoir donnée ?
C’est cette vie une et variée, émanation de l’âme à travers les écrits, et qui ne circulait pas moins à l’entour et dans les circonstances de leur composition, que nous voudrions essayer d’évoquer, de concentrer par endroits, pour rendre aux autres l’impression sensible que nous nous en sommes formée. […] » Le premier article du Mercure est terminé par ce post-scriptum mémorable : « Quand cet article allait à l’impression, le hasard a fait tomber entre nos mains un ouvrage qui n’est pas encore publié, et qui a pour titre : des Beautés morales et poétiques de la Religion chrétienne. […] , à Acosta, terre de Mme de Castellane ; elle surveillait de là l’impression de Corinne. […] Le livre de l’Allemagne, qui n’a paru qu’en 1813 à Londres, était à la veille d’être publié à Paris en 1810 ; l’impression soumise aux censeurs impériaux, Esménard et autres, s’achevait, lorsqu’un brusque revirement de police mit les feuilles au pilon et anéantit le tout. […] Son hostilité contre l’Empire, son absence de France, sa fréquentation des souverains alliés et des sociétés étrangères, la fatigue extrême de l’âme qui rejette la pensée aux impressions moins hardies, tout contribua chez elle à cette métamorphose.
Tous les amis de Barçoukof, en s’asseyant là, avaient la même agréable impression. […] Quelle impression cela te fait-il d’être dans l’attente de ton jugement ? […] — Sur mes impressions, comme à nos deux précédentes excursions. […] Soit par l’impression de sa physionomie, soit par la timidité de son maintien, le fait est qu’elle lui plaisait. […] À cet aspect, le postillon avait ressenti une impression d’effroi et s’était retiré.
En second lieu, s’efforcer à saisir l’insaisissable, et, dans une impression fugitive réussir à démêler, une par une, les impressions élémentaires qui concourent à former et produire l’impression totale. […] L’impression d’un feu flambant clair après une marche au grand froid, voilà, par exemple, une sensation que tout le monde aura quelque chance d’avoir éprouvée. […] comme au plus léger contact de la plus légère impression, vous la sentez qui vibre tout entière ! […] Elle-même ne voyait claire en elle qu’autant qu’elle pouvait ramener ses rêves à des impressions physiques antérieurement reçues […] Chaque coup d’œil, chaque coup de pinceau : la correspondance est entière entre l’impression du sens et la fidélité du rendu.
Notez bien que je ne le blâme pas d’avoir omis, d’avoir laissé de côté ce qui ne pourrait, dans aucun cas, souffrir l’impression ; mais je lui reproche (puisqu’il veut que je m’adresse directement à lui) d’avoir, là où il faisait porter son choix, modifié arbitrairement et dénaturé le ton.
Ponsard chez la duchesse de Grammont, n’a pas su contenir son impression d’humeur, et, comme on lui offrait de le lui présenter, elle a refusé.
Je connais peu de livres, parmi tous ceux de notre temps et de notre âge, qui donnent, autant que celui-ci, l’impression d’une âme géniale, et je crois bien, en effet, que, parmi tous les jeunes artistes de sa génération, Laforgue seul a eu du génie.
Il a su synthétiser ses impressions et aboutir à un art d’éternité.
Dans les Eloges de Fontenelle, tous les genres de savoir se réunissent, & sont traités d’une maniere [Omission] « également mis sur les rangs pour m’injurier ; & c’est dans une Lettre théologique de près de cent pages d’impression, qu’il m’a lâché sa bordée.
Gavarni, en effet, fut toujours très écrivassier de ses impressions, de ses sensations, de ses aventures psychologiques, et, sauf les dernières années de sa vieillesse, où le philosophe ne formule plus sur ses journaux que des pensées, — toute sa vie, il l’a écrite.
Le sot livre impose, étant très souvent goûté par une multitude de gens dont le nombre fait impression sur vous, et l’on ne sait pas le discuter avec la pleine liberté d’esprit que suppose Montaigne, ce qui est la seule condition à laquelle il deviendrait de profit.
J’ai peur que l’impression n’ait été trop forte pour toi. — Qu’est-ce qui te le fait croire ? […] Il me reste à vous dire l’impression que ce drame m’a laissée et ce que j’ai pu y comprendre. […] C’est d’une monotonie dans l’emphatique et dans le violent, qui donne peu à peu une impression d’énormité. […] Sans cette première impression d’artifice, qui ne se dissipe que peu à peu, je trouverais la piece charmante, comme elle l’est en effet. […] Tout cela sec, concis, rapide et donnant d’ailleurs une impression de vérité.
Essayer d’analyser ce drame ou l’impression qu’il produit sur l’âme, c’est une véritable impertinence. […] Je donne mon impression finale telle qu’elle est. […] Le principal caractère de son jeu… c’est le jet inattendu et toujours brûlant de ses impressions. […] C’est dans cet article qu’on voit l’impression aiguë que Mme Dorval a dû produire sur ses contemporains. […] On sait que cette impression était celle que donnait souvent, mais avec discrétion, Théodore de Banville.
La « relativité » des impressions changeantes explique tout et répond à tout. […] « Faut-il essayer de vous rendre l’impression que j’ai éprouvée en lisant le deuxième volume de l’Histoire du peuple d’Israël ? […] de nous donner pour des « impressions » des jugements que l’on entend bien, dans le fond de son cœur, qui soient pris comme tels ? […] Aussi, quand nous les relisons, quelque effort que nous fassions sur ou contre nous-mêmes, nous avons nos idées préconçues, et notre impression se mélange ou s’altère du ressouvenir des impressions d’autrefois. […] Hennique savent-ils, eux, l’impression que le public remporte d’Amour ou de Ménages d’artistes ?
Il a fait remarquer la connexion intime qui existe entre l’impression et l’écriture. Aussi longtemps que cette dernière fut bonne, les imprimeurs eurent un modèle vivant à suivre, mais quand elle se gâta, l’impression se gâta aussi. […] En outre, ils sont sous l’impression constante que l’artiste se moque d’eux. […] A moins qu’il n’y ait là, ainsi que nous l’espérons, une faute d’impression. […] Le Bureau Scolaire ne lui ferait peut-être pas beaucoup d’impression, et notre course à la richesse ne le frapperait point d’admiration.
Il se dégage, de cette richesse, une impression de vie, de spontanéité, bien plus grande que de la tragédie. […] » Chacun d’eux a décrit les hommes de son temps, en s’efforçant de ramener le type à l’universel, et Corneille y a peut-être moins bien réussi que Racine ; d’où chez celui-ci une impression de vérité plus générale, et, chez celui-là, de vérité plus rare. […] On sauverait ainsi l’unité d’impression lyrique ; et, ne sortant pas du rêve, de la féérie, on rendrait en même temps les états d’âme dramatiques. […] D’où rupture de l’unité d’impression. […] Pour le théâtre je donne la date des représentations et non de l’impression.
Nous pouvons apprécier désormais, jusque dans la camaraderie du bivouac, cet homme de sentiment, d’impression, de ressort, d’élan, abattu vingt fois et se relevant toujours, se relevant en un clin d’œil comme le coursier généreux au son du clairon. […] je le sers de bien loin, mais je voudrais le voir grand et puissant ; pour cela, il ne faut pas qu’il soit mené par de petites gens et de petits esprits. » Il allait à l’extrémité de sa pensée ou plutôt de son impression, lorsqu’il écrivait encore (novembre 1840) : « Il faut que le gouvernement soit bien aveugle pour ne pas voir qu’avec la marche qu’il suit, il se perd infailliblement. […] Elle a dit le Je crois… à envoyer toute la salle à confesse en sortant. » Tel est l’homme, dans sa variété et sa mobilité complexe d’impressions. — Sa santé se refait vite, et surtout sa mine. […] Tout compte fait, et malgré les chances de guerre en Europe, il aime mieux l’Afrique pour le quart d’heure, bien assuré que, si l’on se bat en Europe, tout le monde en sera : « Ici, je sers mon pays, et je m’éloigne des mauvaises passions. » Le maréchal Bugeaud, rappelé dès ce temps-là à des commandements importants et consulté par le prince président de la République, dut lui donner les premières impressions avantageuses sur Saint-Arnaud comme officier général de grand avenir et comme homme de nerf à employer dans l’occasion : sa mort soudaine arrache à Saint-Arnaud des témoignages bien dus de regret et de profonde douleur.
C’était un mince petit volume d’une magnifique impression, édité à cinq ou six cents exemplaires, et qui paraissait plus fait pour être offert par un auteur timide à un petit nombre d’amis d’élite et de femmes de goût, qu’à être lancé à grand nombre dans le rapide courant de la publicité anonyme ; je n’avais pas même permis à M. de Genoude et au duc de Rohan, mes amis, qui s’en occupaient à mon défaut, d’y mettre mon nom. « Si cela réussit, leur disais-je, on saura bien le découvrir, et si cela échoue, l’insaisissable anonyme ne donnera qu’une ombre sans corps à saisir à la critique. » III Le volume ne fut mis en vente que la veille de mon départ de Paris. […] C’était comme un lai des sirventes, comme une légende du moyen âge, dont les seuls événements étaient ses impressions et ses amours, ses songes dans les différentes terres et dans les différentes mers qu’il avait parcourues. […] La mienne en avait été incendiée, et c’est une de ces impressions que l’âge, les revers, les vicissitudes prosaïques de l’existence n’ont pas affaiblies en moi. […] Le genre même de l’ouvrage peut rendre raison d’une pareille dissemblance : ce cinquième chant est, en effet, une continuation de l’œuvre d’un autre poète, œuvre où cet autre poète célébrait son propre caractère et ses impressions les plus intimes ; sorte de composition où l’auteur doit, plus que tout autre, se dépouiller de lui-même et se perdre dans sa fiction.
Alors, comme j’aurai lieu de redouter que la furie de leur enthousiasme — qui sera sans exemple dans les fastes de notre espèce, — ne nuise à l’intensité de l’impression qu’avant tout doit laisser Ma Mu-sique, je pousserai l’impudence jusqu’à DÉFENDRE D’APPLAUDIR ! […] Or, nous savons que, parmi toutes, les œuvres de l’Opéra touchaient le moins Beethoven, tandis que les impressions les plus intimes lui venaient de la musique religieuse de son temps. […] Dans le même temps s’accroît ce pouvoir de donner une forme à l’Insaisissable, à l’Invisible, à l’Inabordable ; toutes ces choses arrivent, ici, à être saisies immédiatement, avec l’impression la plus exacte. […] Aucun Art, jamais, n’a produit une impression plus sereine que les deux symphonies en la et en fa majeur, ainsi que les autres compositions du Maître — si intimement liées à celles là — écrites durant cette période divine de sa complète surdité.
* * * — Une délicate impression de femme. […] Quelque temps après, sur le nom de Xavier Aubryet prononcé par quelqu’un, il reprend : « La dernière fois que j’ai donné le bras à Aubryet, lorsqu’il n’était plus qu’une agitation nerveuse, semblable au mouvement du doigt d’un homme qui joue autour de la gâchette du pistolet, avec lequel il va se brûler la cervelle, la dernière fois que je lui ai donné le bras, j’ai eu l’impression de donner le bras à un homme, dont une chemise calcaire tomberait du dos, et dont tous les membres se remueraient dans l’appareil de plâtre, dont on entoure un membre cassé. » Lundi 8 mars Je vais voir, cet après-midi, ce pauvre Robert Caze. […] Un hôtel étrange, un hôtel donnant l’impression d’une localité, choisie par Poë pour un assassinat, et au fond de cet hôtel, une chambre, où parmi les meubles traînaient des vers écrits sur des feuilles à en-tête de décès, et dans cette chambre une maîtresse bizarre, et un chien rendu fou, parce qu’on le battait, quand il se conduisait en chien raisonnable, et qu’on lui donnait du sucre, quand il commettait quelque méfait, — enfin le locataire fumant une pipe Gamba, à tête de mort. […] Mauvaise impression produite dans la salle, sans que je m’en doute trop, par la scène châtrée de Bourjot, que Céard supprime, sur la crainte, exprimée par Zola, que la scène ne soit accrochée.
La ferme du père Rouault, au début de Madame Bovary, puis le chemin creux par où passe la noce aux notes égrenées d’un ménétrier un canal urbain, un champs que l’on fauche dans Bouvard et Pécuchet, sont décrits, en quelques traits uniques accidentels et frappants, sans phrase générale qui désigne l’impression vague et entière de ces scènes. […] Masqué par une esthétique qui consiste à montrer de la vie une image et non pas une impression, l’écrivain garde en lui ses opinions et ses haines, ne fournissant qu’à l’analyse de légers mais suffisants indices. […] Les impressions principales que nous parurent produire les œuvres ainsi édifiées, furent la vérité, la beauté, le mystère, le symbolisme, effets que coordonne en série un pessimisme violent ou ironique. […] Ces données mettent en présence deux séries de faits contradictoires ; d’une part, l’amour des mots précis, des phrases autonomes et statiques, des descriptions exactes, de la psychologie analytique, l’abondance des faits dans la contexture de l’œuvre, le recours constant à l’observation et à l’érudition, l’impression de vérité que donnent les livres de Flaubert ; d’autre part, son excellence à rendre la beauté pure, le mystère, le général, sa haine et sa souffrance du réel, ses échappées vers le roman historique et vers l’allégorie, la splendeur de son style, l’harmonie de ses périodes, la magnificence diffuse ou précise de ses mots.
Voilà en quels termes je dépeignis alors moi-même mes impressions. […] « Les deux plus fortes impressions littéraires de ce genre furent produites en moi par la lecture de ces pages mystérieuses de l’Inde, vraisemblablement déchirées de quelques livres surhumains, et emportées par le vent des siècles du sommet de l’Himalaya jusqu’à nous. […] J’éprouvai un de ces instincts d’acte extérieur que l’homme sincère avec soi-même éprouve rarement quand il est seul, et que rien de théâtral ne se mêle à la candide simplicité de ses impressions. […] Je ne pleurai pas, parce que j’ai les larmes rares à l’enthousiasme comme à la douleur, mais je remerciai Dieu à haute voix, en me relevant, d’appartenir à une race de créatures capables de concevoir de si claires notions de sa divinité, et de les exprimer dans une si divine expression. » Si le poète inconnu qui avait écrit ces lignes quelques milliers d’années avant ma naissance, assistait, comme je n’en doute pas, du fond de sa béatitude glorieuse, à cette lecture et à cette impression de sa parole écrite, prolongée de si loin et de si haut à travers les âges, que ne devait-il pas penser en voyant ce jeune homme ignorant et inconnu dans une tourelle en ruine, au milieu des forêts de la Gaule, s’éveillant, s’agenouillant, et s’enivrant, à quatre mille ans de distance, de ce Verbe éternel et répercuté qui vit autant que l’âme, et qui d’un mot soulève les autres âmes de la terre au ciel !
Je suis de ceux qui assistaient à ces petits cours intimes, à ces leçons que Jouffroy faisait à quinze ou vingt auditeurs dans sa petite chambre de la rue du Four-Saint-Honoré, et qui nous ont laissé une impression si vive. […] Cette comparaison, qui vise à l’applaudissement, est très fausse, et l’impression que laissaient les leçons de M.
Biot, esprit plus fin, plus littéraire jusqu’au milieu de la science, raconte en ces termes les impressions qu’il ressentait durant ces mois de veilles, d’observation inquiète et d’attente : Combien de fois, assis au pied de notre cabane, les yeux fixés sur la mer, n’avons-nous pas réfléchi sur notre situation et rassemblé les chances qui pouvaient nous être favorables ou contraires ! […] Aujourd’hui que l’auteur n’est plus, rien n’empêche de dire quelle fut l’impression universelle, ou plutôt il suffit de l’indiquer et de la rappeler à tous les témoins qui l’éprouvèrent si péniblement.
Je ne l’ai vue qu’une fois, mais il m’en est resté une grande impression. […] Fénelon, comme tous les vrais chrétiens, trouverait cette façon d’atteindre à la sagesse et au bonheur bien morne et bien insuffisante ; ce n’est point en se réfugiant et en se retranchant dans le moi qu’il croit possible de trouver la paix : car en nous, pense-t-il, et dans notre nature sont les racines de tous nos maux ; tant que nous restons renfermés dans nous-mêmes, nous offrons prise sous le souffle du dehors à toutes les impressions sensibles et douloureuses : Notre humeur nous expose à celle d’autrui ; nos passions s’entrechoquent avec celles de nos voisins ; nos désirs sont autant d’endroits par où nous donnons prise à tous les traits du reste des hommes ; notre orgueil, qui est incompatible avec l’orgueil du prochain, s’élève comme les flots de la mer irritée : tout nous combat, tout nous repousse, tout nous attaque ; nous sommes ouverts de toutes parts par la sensibilité de nos passions et par la jalousie de notre orgueil.
Jugé digne de succéder à Buffon pour son fauteuil à l’Académie française, choisi pour son médecin par la reine Marie-Antoinette, Vicq d’Azyr embrasse dans sa courte et brillante carrière tout l’espace qui fut accordé à ce règne de Louis XVI depuis Turgot jusqu’au 21 janvier : après en avoir partagé et secondé dans sa mesure toutes les réformes et les espérances, il survit peu à cette ruine, à celle des académies dont il était membre, et de la société savante dont il était l’âme ; il périt comme une victime morale, sous une impression visible de deuil et de terreur. […] Quoiqu’il eût de la fermeté dans le caractère, il s’y mêlait quelque faiblesse : aimant les louanges, il paraissait les négliger ; sensible aux contrariétés, il avait l’art de se contraindre, mais sa rougeur le trahissait, et les impressions étaient durables.
La jeunesse, bannie de son pays, ne l’a point quitté sans douleur ; elle a trouvé un ciel plus beau, une terre plus fertile, mais ce n’était pas le sol natal ; ce n’était plus ce ciel dont la lumière avait d’abord frappé sa vue, ce n’était plus cette terre où bon avait commencé à vivre, cette terre témoin des soins paternels, des jeux de l’enfance, où l’on avait reçu les premières impressions du plaisir et du bonheur. […] Voltaire, qui se sentait ainsi conduit et promené d’hypothèse en hypothèse, résistait en plaisantant ; il avait dès l’abord écrit à Bailly : J’étais toujours persuadé que le pays des belles nuits était le seul où l’astronomie avait pu naître ; l’idée que notre pauvre globe avait été autrefois plus chaud qu’il n’est, et qu’il s’était refroidi par degrés, me faisait peu d’impression.
Le livre de Bussy donne bien cette impression mélangée. […] C’est ici un point sur lequel je ne puis partager l’impression du très spirituel annotateur, M.
Molé sans garanties suffisantes), à mes impressions personnelles, à l’insistance du roi, à l’urgence de la situation, et aussi à une disposition de ma nature qui est d’avoir trop de facilite à accepter ce qui coupe court aux difficultés du moment, trop peu d’exigence quant aux moyens et trop de confiance dans le succès. » Il est curieux, en le lisant, de remarquer comme ces formes de phrases se reproduisent involontairement sous sa plume : « J’ai la confiance de croire, etc. […] « Pour celui qui parle et même pour ceux qui écoutent, dit-il quelque part, les impressions de la tribune sont si vives qu’on est tenté de les croire décisives.
Mais il est plus probable que Catherine écrivait ces pages, destinées à rester secrètes et confidentielles, pour se rendre compte à elle-même de ses années de jeunesse, de souffrance et de plaisir, pour revenir sur les impressions mélangées, mais si vives, qu’elle y trouvait en y repassant. […] Il est vrai que l’impression croissante et totale, la conclusion irrésistible résultant de la quantité de détails accumulés chemin faisant, est qu’il était impossible que Pierre III régnât, et bien difficile que Catherine, au contraire, ne devint point Impératrice de son chef ; ce qui avait été sa première pensée en mettant le pied en Russie et n’avait cessé d’être son secret désir.
Il nous initie à toutes ses impressions d’enfance ; il nous fait assister aux grands événements publics : Étienne y était, nous dit l’auteur, Étienne en fut témoin ; et à l’instant nous voilà satisfaits de la satisfaction d’Étienne ou émus de son émotion. […] Si l’on peut trouver qu’il insiste un peu trop sur quelques élèves, dont les noms sont restés parfaitement inconnus, par exemple sur Gautherot « à la dartre vive », il résulte de cette suite de croquis d’après nature une impression totale pleine de vie et de mouvement.
Il aimait à raconter ses aventures, j’aimais à les entendre, ce qui avait un grand charme pour lui ; car je soupçonne que ce que j’entendais pour la première fois, les gens de sa Cour l’entendaient pour la centième… « Je me souviens de l’impression que me firent les récits du prince ; j’étais étonné de l’entendre parler sans fiel de ses ennemis, et sans reconnaissance pour ses amis : c’était un vrai Stuart. […] Ilm’en était resté dans les yeux et en même temps dans le cœur une première impression très-agréable ; des yeux très-noirs (Bonstetten avait dit seulement bleu foncé, mais Alfieri dut y regarder de plus près) et pleins d’une douce flamme, joints, chose rare !
A vrai dire, si j’oublie tout ce que la critique a fait de raisonnements et de théories à ce sujet, si je me laisse tout simplement aller à l’impression de ma lecture, je n’aperçois rien de si mystérieux ni de si profond. […] Mais la critique philosophique, l’esthétique allemande ou génevoise n’a pu s’en tenir à l’impression légère et riante qui résulte de Don Quichotte, et elle a cherché à y voir tout autre chose encore.
Cambouliu était sous l’impression des dernières productions de Jasmin. […] Il en a donné tout un volume in-8°, magnifiquement imprimé, en 1851 ; la Révolution de février ne fit qu’en interrompre et en retarder l’impression.
Vuillart, revenant sur les paroles de Racine qu’il a rapportées, en assure l’exactitude : « Je vous rapporte, monsieur, mot pour mot, les termes du petit testament de mort106, sans y ajouter ni diminuer le moins du monde : ils ont fait une telle impression sur ma mémoire que je crois qu’ils n’en sortiront jamais. » Le testament publié par Racine fils confirme la fidélité de cette relation de M. […] Despréaux est droit d’esprit et de cœur, plein d’équité, généreux ami ; mais la nécessité de pardonner une injure, où est un chrétien qui veut être digne de son nom, ne semble pas avoir encore fait assez d’impression sur son esprit ni sur son cœur.
En définitive, il laissa la meilleure impression après lui. […] Ce qui s’oppose le plus à l’impression poétique en présence des personnages trop voisins de nous, c’est la moquerie, l’ironie, ce grand dissolvant des temps modernes, comme on l’a appelé.
A cela près pourtant, tout était bien et aurait continué de l’être, si, le moment de ferveur passé, le poëte, revenant à ses goûts secrets, avait quitté une arène où il ne s’était jeté que par élan ; si, rentrant en quelque sorte dans la vie privée, il avait osé redevenir lyrique, comme il l’avait été d’abord, avec ses impressions personnelles, affections douces, mystérieuses, pudiques, écloses et nourries sous un ciel idéal, dans le calme des bocages sacrés, ou parmi les danses des guerriers et des vierges. […] Si peu d’œuvres modernes laissent sur une impression semblable, que c’est un éloge tout particulier qu’on doit d’abord à M.
Les aperçus de l’esprit, les nuances senties par le cœur se multiplièrent avec les idées et les impressions de ces âmes nouvelles, qui s’essayaient à l’existence morale, après avoir longtemps langui dans la vie. […] L’homme y est considéré comme devant recevoir une impression profonde par la douleur de l’homme.
S’il décrit un paysage, les détails seront choisis pour faire tous la même impression ; ils seront ordonnés pour faire tour à tour une impression plus grande ; ils seront ordonnés et choisis pour laisser dans l’âme un même sentiment sans cesse accru.
Je ne le rencontre jamais sans me rappeler l’impression qu’il produisit sur moi ce jour-là ; depuis cette époque, il a marié sa charmante fille avec le fils de Raigecourt. […] Sa correspondance avec madame Récamier, que nous avons lue, laisse peu de doute à cet égard ; elle laisse même une impression pénible à la franchise d’un homme de bien amoureux, elle ressemble trop à un sermon perpétuel où le prédicateur prêche plus pour lui-même que pour Dieu.
Il n’a point de respect pour elles, n’y voyant que le reflet mental des impressions physiques ; et sans s’arrêter à en mesurer la qualité, la délicatesse, à noter la grâce de leurs frissons ou la majesté de leurs ondes, il les traite comme de brutales impulsions de l’instinct, qui se classent selon leur conformité à la raison et aux « jugements fermes et déterminés touchant la connaissance du bien et du mal » que la raison fournit. […] C’est que tous les deux sont de la même génération, et leur pensée travaille sur des impressions identiques que la même réalité leur a fournies.
D’autres fois on s’applique à ébouriffer ses contemporains ; on contredit brusquement, sans crier gare, le sens commun et les impressions les plus naturelles. […] Une femme dont presque toute la vie se passe dans le monde, en réceptions et en conversations, une femme entourée et courtisée et dont la présence seule met les vanités en éveil et aussi les désirs et les tendresses, ne doit-elle pas, avec son intelligence plus rapide et sa sensibilité plus délicate, recueillir dans la comédie mondaine de plus fines impressions que nous, mieux saisir certaines faiblesses ou certains ridicules, démêler en elle et autour d’elle, de plus rares complications ou de plus subtiles nuances de sentiments ?
A la place, on a eu je ne sais quelle tristesse morne, sèche, accablante, l’impression singulière qui se dégage des livres de M. […] Alphonse Daudet ; mais il faut ajouter qu’une autre marque et plus particulière de son talent, c’est sans doute cette aisance avec laquelle il passe et nous fait passer d’une impression à l’autre et ébranle à la fois toutes les cordes de la lyre intérieure.
I Tous ceux qui ont lu les Essais de Hume se rappellent que ce philosophe explique tout par trois choses : l’impression, l’idée et la liaison des idées21. Le phénomène primitif est l’impression, ou, comme on dit d’ordinaire, la sensation ; l’idée en est une copie affaiblie ; puis les idées s’associent, s’unissent, et il en résulte des phénomènes complexes ou agrégats.
Quoique le génie n’attende pas des époques pour éclore, supposons cependant que, dans un siècle effrayé par tant de catastrophes, et dans le pays même théâtre de tant de discordes, il se rencontre un homme de génie, qui, s’élevant au milieu des orages, parvienne au gouvernement de sa patrie ; qu’ensuite, exilé par des citoyens ingrats, il soit réduit à traîner une vie errante, et à mendier les secours de quelques petits souverains : il est évident que les malheurs de son siècle et ses propres infortunes feront sur lui des impressions profondes, et le disposeront à des conceptions mélancoliques ou terribles. […] Enfin, du mélange de ses beautés et de ses défauts, il résulte un poëme qui ne ressemble à rien de ce qu’on a vu, et qui laisse dans l’âme une impression durable.
Voilà mon impression toute crue sur un des bons et solides feuilletons de ce critique qui en a tant fait de vifs et de jolis. […] L’émotion que causèrent ces dernières scènes fut vive dans le public, et il en est resté sur cet institut de l’Enfance une impression du genre de celles qui s’attachent aux touchantes et tragiques infortunes.
En 1830, de même ; quand elle eut rejoint la famille royale à Rambouillet, après les fautes commises, sa première impression, comme en 1815 à Bordeaux, eût été de combattre et de résister. […] Ce n’est que le premier jour du procès de Louis XVI, quand elle le voit emmené pour être interrogé à la barre de la Convention, ce n’est que ce jour-là que Marie-Antoinette succombe à son inquiétude et qu’elle rompt son silence généreux : « Ma mère avait tout tenté auprès des municipaux qui la gardaient pour apprendre ce qui se passait ; c’était la première fois qu’elle daignait les questionner. » Dans ce récit tout simple et que nul ne lira sans larmes, il y a des traits qui font une impression profonde, et dont la plume qui écrit ne se doute pas.
La mort de Thomas, survenue à l’improviste au moment où son ami venait de guérir, arrêta l’impression de ridicule et remit aux choses un cachet de gravité. […] Je vous assure que mon âme, autrefois si avide d’impressions, actuellement s’y dérobe par faiblesse, et ne peut supporter ce qui l’émeut trop et ce qui l’agite.
Surtout, c’est en lisant qu’on peut relire, et ce n’est qu’en relisant qu’on peut bien juger, non seulement du style, mais de la composition, de la disposition des parties et du fond même, j’entends de l’impression totale que l’auteur a voulu produire sur nous et de la question s’il l’a produite en effet ou non, ou seulement à demi. […] Beaucoup de pièces réussissent pleinement au théâtre ; l’impression est l’écueil.
Il y en a très peu qui se soient proposé, délibérément, de laisser à ceux qui les lisent une impression finale contraire à la morale. […] Toute son ambition de peintre, d’ailleurs très haute et très périlleuse, tend à éveiller dans une autre âme l’impression qu’a produite sur lui-même le spectacle de la forêt, — sur lui-même, observons-le bien, qui ne cherchait que la beauté, et appliquait à cette contemplation ses sens et son esprit.
Il est impossible de ne pas éprouver une impression profonde et presque solennelle en présence de cette argumentation, quand on ne se dit que c’est là peut-être la première fois que, dans la Grèce au moins, l’esprit humain a tenté de se rendre compte de sa foi et de convertir ses croyances en théories. […] Mais un souffle intérieur emporte toutes ces phrases ; la pensée est noble, l’impression grande, et le morceau, dans ses défauts et dans ses mérites, rassemble assez bien les mérites et les défauts de M.
Partout où règne le Croissant, Loti a ressenti la même impression d’apaisement. […] Je ne la gravis pas sans quelque trouble, mais je n’eus guère le temps de m’attarder à cette impression. […] C’est en ces voyages que Lorrain nous invite à le suivre et dont, d’outre-tombe, il nous confie les pittoresques et vivantes impressions. […] Elle est le reflet et l’écho immédiats de la vie ; elle nous en rend l’impression à peine transposée, l’émotion directe. […] A l’intérieur des turbés, de belles faïences murales procurent aux yeux une impression de fraîcheur.
Lacretelle qui traitent des différentes époques de la Révolution ont l’intérêt de mémoires ; elles rendent les impressions d’un honnête homme, sympathique, mobile, toujours sincère, et dont la plume conserve la vivacité et le coulant de la parole.
Vous cédez injustement à une première impression physique.
[Impressions de théâtre (1890).]
[Impressions de théâtre (10 janvier 1887).]
Nous avons vu la corruption des mœurs générales se répandre de la cour de François Ier sur la nation entière1, et le spectacle de la société infectée de ces mœurs nous a laissé de pénibles impressions.
Le monde « existerait là, dehors, tout réel objectivement et sans notre concours ; puis il arriverait à pénétrer, par une simple impression sur les sens, dans notre tête, où, comme là dehors, il se mettrait à exister une seconde fois ».
On dirait, en le lisant, qu’il a vécu parfaitement en dehors du monde d’impressions littéraires qui font l’éducation des poètes de ce temps.
Presque tous communièrent, officiers, soldats pêle-mêle, le général Reymond à leur tête, à qui je devais fermer les yeux le lendemain même, frappé de trois balles. » (Impressions de guerre de prêtres soldats, recueillies par Léonce de Grandmaison.)
c’était là que les Grecs apprenaient à vaincre les Perses ; là ils apprenaient à mesurer le danger, à le prévoir, à user tour à tour de force ou d’adresse, à terrasser, à se relever, à lancer des poids énormes, à franchir des barrières, à parcourir rapidement de vastes espaces, à supporter les impressions de l’air, l’ardeur du soleil, les longs travaux, à voir couler leur sueur avec leur sang ; enfin à préférer la fatigue à la mollesse, et l’honneur à la vie.
Rien de plus triste, de plus morne, qui donne davantage l’impression d’une chute dans le néant. […] Pierre Loti n’a jamais publié en réalité que des impressions de voyage. […] Il conte avec infiniment de charme et de fraîcheur ses impressions d’écolier à Nouvion-en-Thiérache. […] Inébranlable pessimiste, il a voulu nous laisser une impression lugubre. […] Et c’est Verlaine qu’il nous rappelle le plus souvent, par la naïveté de ses impressions et la fluidité de sa musique.
Si nous-mêmes nous avons été témoins et que nous puissions comparer nos premières impressions sincères avec l’idole usurpatrice, le dégoût nous prend, et l’on se rejette plus que jamais vers le naturel et le réel, vers ce qui fait qu’on cause et qu’on ne déclame pas. […] Cette impression si vive, cette émotion presque passionnée qu’il est assez rare d’éprouver en entrant dans une classe de philosophie, il l’a rendue plus tard en quelque manière dans la personne de son Abélard204 entrant pour la première fois dans l’école du cloître ; mais Abélard, du premier jour, y entrait en conquérant, pour détrôner Guillaume de Champeaux, et lui il resta d’abord, et encore assez longtemps après, le disciple fervent et condillacien de cette première école. […] Nous ne prétendons pas compter dans cette riche et fine organisation toutes les impressions et les influences ; mais nous tenons évidemment les principales, celles qui, en se croisant, ont formé la trame subtile, très imbris torti radios… Toutes les idées et les vues que lui suggéra la lecture du livre de Mme de Staël, il les écrivit pour lui seul d’abord ; mais, un jour, dans l’été de 1818, se trouvant à la campagne206, il remit le morceau à M. de Barante, qui le questionnait sur ses études. […] En revenant sur un sujet si bien connu de lui, M. de Rémusat retrouverait ses jeunes impressions, ses premières flammes, et il les saurait tempérer de cette lumière plus adoucie qui naît de la perspective. […] Royer-Collard lui-même avait reçu une vive impression de cet ouvrage posthume de Mme de Staël ; jusque-là il avait toujours eu contre elle d’assez fortes préventions ; mais en lisant ces Considérations si hautes, si viriles et à la fois si prudentes, sur la Révolution française, il rendit les armes et s’avoua vaincu.
Il y a chez eux des choses qui peuvent d’abord vous choquer, et l’impression que vous en recevez risque de vous donner un air de contrainte. […] Que, dans un moment de détresse sentimentale, les chevaux noirs et les cuivres imposants des Folies-Bergère l’aient fait songer à la mort ; que, dans une autre heure mélancolique, la symétrie des deux flagrants délits lui ait paru vaguement providentielle et l’ait rendu vaguement spiritualiste… c’est saugrenu, mais plausible ; nous connaissons cela ; c’est, après tout, d’impressions analogues que sont sorties les Nuits et l’Espoir en Dieu ; et il y a donc, dans Paul Costard, un Musset qui s’ignore ; un Musset « loufoque », pour parler sa langue. […] C’est du moins mon impression. […] Je veux simplement dire qu’il y a des peintures qui ne me touchent plus à l’âge que j’ai, qui me paraissent inutiles ou qui même me dégoûtent… On emporte de ces cinq actes une impression de basse humanité vraiment accablante. […] Au reste, je ne reçois de lui, je l’avoue, que des impressions incohérentes et mêlées, et, quoique je l’essaie ici pour la seconde fois, je vois bien que je n’ai pas réussi à le définir.
Plus synthétiquement, si vous voulez, une pensée morale, une impression psychologique qui, réunies, s’appellent conscience, palpitent dans un vers. […] Or, l’impression subie par la rétine demeurerait inefficace, si elle n’était élaborée par l’esprit qui la transforme en images. […] Nous le voyons dans les Serres Chaudes entasser à dessein les images pour mieux nous faire pénétrer son impression subtile. […] Pour communier la joie des choses, ce vaste continu animé qu’est l’univers, il faut se façonner une âme ductile, une sensibilité affinée, se créer un art souple qui ne momifie pas l’impression, mais qui soit cette impression même et dont les rythmes expriment la mobilité. […] Les contours en sont trop nets, les couleurs trop éclatantes, l’impression trop définitive93 ».
Le plus modeste, le plus humble des hommes, il offrait en lui cette union si rare d’une expérience clairvoyante et précise, et d’une naïveté d’impressions, d’une sorte d’enfance merveilleusement conservée ; cela donnait à sa personne, à sa conversation, un grand charme, que sa parole écrite ne rendait pas.
L’impression fut profonde parmi les troupes.
Il y a dans les impressions éprouvées par M.
Arrivant à parler de lui-même et de l’éloquence de barreau et de tribune, l’orateur, que la froideur de l’auditoire semblait de plus en plus gagner, s’est retrouvé un moment : il caractérisait l’improvisation, il la montrait inégale, incorrecte peut-être, mais indispensable, irrésistible dans les luttes publiques, toujours sur la brèche, le glaive acéré et nu : « L’orateur, s’est-il écrié alors, n’a pas un cahier à la main, il ne lit pas, son œil ne suit pas des lignes, son geste n’y est pas enchaîné ; mais il vit, il regarde, il s’anime de l’impression universelle, etc., etc. » Et, tout en parlant ainsi, son doigt froissait le papier, son regard le dédaignait, et, l’oubliant durant quelques minutes, il s’est mis à lancer de rapides étincelles que le public lui a rendues en longs applaudissements.
Gustave Geffroy La critique qui devait si bien, plus tard, songer à Baudelaire, aurait dû signaler la part d’imitation de Mme Sand, et, surtout, dire la sincérité de ces impressions, la profondeur d’action de cette poésie de terroir.
Edmond Pilon La Daphné d’André Chénier me laissa l’impression d’une douce bucolique à la joie innocente, mais la Daphné de M.
L’impression première est que M. de Goncourt n’obtint pas la gloire égale à son mérite.
Au premier abord, on dirait qu’il est chimérique de vouloir extraire quoi que ce soit de certain de l’infinie variété des opinions et impressions individuelles que suscite un roman, une pièce de théâtre, un poème, un discours, etc.
M. l’Abbé Genay, Avocat en Parlement, Littérateur estimable, à qui nous aurions consacré avec plaisir un article dans cet Ouvrage, si sa modestie ne l’avoit empêché jusqu’à présent de livrer au grand jour de l’impression plusieurs excellens morceaux de Littérature, qui ne sont connus que de ses amis.
Soit que l’on commence à s’accoutumer à l’idée de ces tourments, soit qu’ils n’aient rien en eux-mêmes qui produise le terrible, parce qu’ils se mesurent sur des fatigues connues dans la vie, il est certain qu’ils font peu d’impression sur l’esprit.
Je n’ai personne avec qui je puisse échanger une idée générale, ou même quelque impression désintéressée.
Magnin, qu’il avait peut-être fallu un peu enhardir et pousser d’abord, demeura ensuite fidèle aux impressions de cette forme de drame où l’imagination et la fantaisie jouaient un si grand rôle et s’accordaient plus d’exagérations en tous sens que la fibre française, hélas ! […] J’ai sous les yeux et je viens de parcourir la plupart de ses articles au National : l’impression que j’en reçois est bien mélangée. […] Magnin, tel que je l’ai connu avant que la maladie fût venue l’affaiblir et attrister ses dernières années ; j’ai besoin de rassembler en quelques mots les impressions que m’a laissées sa personne en des saisons meilleures, et de fixer aux yeux de tous comme aux miens l’idée de sa vie, de ses mœurs, de son habitude studieuse, réfléchie, une sensible et parlante image qui ne puisse se confondre avec nulle autre.