D’un côté, des hommes politiques vieux et jeunes, des hommes d’État aux cheveux gris, se pressaient autour du foyer et causaient avec animation ; de l’autre, on remarquait un groupe de jeunes gens et de jeunes dames, dont les œillades et les gracieux murmures échangés à voix basse formaient un triste contraste avec les gémissements suprêmes du mourant. » La bibliothèque, dont la porte donnait dans la chambre mortuaire, était remplie également des gens de la maison et de domestiques aux aguets : de temps en temps la portière s’entrouvrait, une tête s’avançait à la découverte, et l’on aurait pu entendre chuchoter ces mots : « Voyons, a-t-il signé ?
La gloire historique, qui, d’après l’exemple d’Augustin Thierry, le tente noblement, et qui est en effet le seul vœu d’agrandissement légitime qu’il ait à former, lui suggéra ce sujet et ces travaux, d’où il retira incidemment tant de profit pour sa critique littéraire.
Au contraire, il y marquait l’initiative à la civilisation chrétienne, et le devoir d’agir à chacun de ses membres ; il y disait avec plainte : « Comment aurions-nous des hommes politiques, des hommes d’État, quand les questions dont la solution réfléchie peut seule les former ne sont pas même poses, pas même soupçonnées de ceux qui sont assis au gouvernail ; quand, au lieu de regarder à l’horizon, ils regardent à leurs pieds ; quand, au lieu d’étudier l’avenir du monde, et dans cet avenir celui de l’Europe, et dans celui de l’Europe la mission de leur pays, ils ne s’inquiètent, ils ne s’occupent que des détails du ménage national ?
Aussi les habitants des campagnes, qui dépendent de la ville et sont compris dans ses rôles, sont traités avec une rigueur dont il serait difficile de se former une idée… Le crédit des villes repousse sans cesse sur eux le fardeau dont elles cherchent à se soulager, et les citoyens les plus riches de la cité payent moins de taille que le colon le plus malheureux706. » C’est pourquoi « l’effroi de la taille dépeuple les campagnes, concentre dans les villes tous les talents et tous les capitaux707 ».
L’air, la terre, les eaux, les plantes, les êtres animés ne forment qu’un concert dont la note universelle est la joie de vivre.
Il y vit aimé, indépendant, studieux, dans ce délicieux loisir des jeunes années, repos d’une union formée par le cœur, lune de miel prolongée de l’existence, où la destinée bien rare verse du jour sans ombre, des joies sans lie et des douceurs sans mélange d’amertume à ses favoris.
« Néron s’avance jusque sur la grève, à la rencontre de sa mère qui venait d’Antium, la prend par la main, la serre dans ses bras, et la conduit à Baules ; c’est le nom de la maison de délices qui s’élève entre le promontoire de Misène et le golfe de Baïes, formé par une inflexion de la mer.
Une Convention nationale, formée de tous les partis extrêmes, est appelée à leur place par le tocsin du 10 août ; des tribuns forcenés de la commune de Paris veulent les intimider par les massacres de septembre.
Formée d’hommes obscurs, pauvres et inconnus, elle aspirait à conquérir tout ce qui lui manquait.
Ses rayons, qui attirent et qui enflamment les vapeurs humides de la nuit, forment un nimbe orageux, confus, éclatant, au-dessus des oliviers, autour de la tête de l’agonisant.
quelle douleur de voir s’égarer de si belles intelligences, de si nobles créatures, des êtres formés avec tant de faveur, où Dieu semble avoir mis toutes ses complaisances comme en des fils bien-aimés, les mieux faits à son image !
Sous chacune des arcades de ce cloître qui entourait la cour, s’ouvrait une large fenêtre, en forme de lucarne demi-cintrée par en haut, plate par en bas, grillée de bas en haut et de côté à côté, par des barres de fer qui s’encastraient les unes dans les autres chaque fois qu’elles se rencontraient de haut en bas ou de gauche à droite, de façon qu’elles formaient comme un treillis de petits carrés à travers lesquels on pouvait passer les mains, mais non la tête.
Decalandre, c’est à vous entendre, la nature rebelle, la vie âpre qui forment les poètes.
C’étaient de belles fêtes pour l’esprit que ces leçons où l’exposition la plus lucide mettait sous nos yeux les quatre systèmes élémentaires nés des premières réflexions de l’homme sur lui-même, sensualisme, idéalisme, scepticisme, mysticisme ; où la dialectique la plus pénétrante démêlait le vrai d’avec le faux dans chaque système, et combattait les erreurs de l’un par les vérités de l’autre ; où l’éloquence, inspirée du seul intérêt de ces hautes matières, nous rendait quelque chose de l’ampleur de Descartes et de l’éclat de Malebranche ; où, charmés et persuadés, nous sentions notre nature morale s’élever et s’améliorer par les mêmes plaisirs d’esprit qui formaient notre goût.
Flaubert est fou quand se produit une répétition de mots, quand certains verbes qui forment l’armature de la phrase française, faire, être, avoir, se rencontrent trop souvent sous sa plume ; les qui et les que, qui permettent à une pensée de se développer dans toute son ampleur, le bouleversent.
Attendra-t-on que les théâtres de Paris se disputent les œuvres de Wagner pour s’apercevoir qu’elles sont entrées dans nos mœurs et qu’elles forment d’ores et déjà l’un des éléments de notre existence sociale ?
Les xvie , xviie et xviiie siècles forment le cycle de notre littérature philosophique.
Le malheur ne serait pas grand ; on ne s’intéresse guère à ces amours transies qu’on n’a vus ni se former ni grandir.
Nous avons vu plus haut la belle hypothèse de Spencer sur la « genèse des nerfs », que plusieurs découvertes récentes ont paru confirmer ; Spencer aurait pu employer des considérations analogues pour expliquer comment l’organe de la mémoire s’est peu à peu formé dans le cerveau et dans tout le système nerveux.
La bourgeoisie ne fut qu’une croissance naturelle qui donne une tête aux peuples quand le corps est formé ; elle portait en elle le travail, l’aisance, le commerce, les industries, toutes choses matérielles ; elle ne portait pas encore la pensée.
Peut-être parce que cela ne lui a pas paru former un ouvrage complet.
Passons donc sur ces exclamations qui sont agréables, mais un peu fades, et lisons ce qui suit : Echo, qui ne tait rien, vous conta ces amours ; Vous les vîtes gravés au fond des antres sourds : Faites que j’en retrouve au temple de Mémoire Les monuments sacrés, sources de votre gloire, Et que, m’étant formé sous vos savantes mains, Ces vers puissent passer aux derniers des humains !
. — Ces résultats déjà connus d’une méthode divergente et confuse, qui étourdit l’esprit au lieu de le former et le rend inappliqué sur plusieurs points au lieu de le fixer utilement sur un seul, nous est un garant d’un retour prochain à la vérité dans une question… » La phrase est si longue qu’on l’abrège.
Qui refuse à l’auteur de l’Histoire de la Raison d’État et des Révolutions d’Italie ce rare assemblage de facultés qui forment son talent d’originalités complexes et font de lui une sorte de génie composite, un grand artiste, abstrait et poétique, qui prend l’histoire comme un matras et la pétrit à sa fantaisie, quitte à prendre, dans une suprême duperie, pour une éternelle vérité, cette forte fantaisie qu’il a imprimée sur l’histoire ?
Rysoor, Karloo, Dolorès forment ainsi une triade qu’il ne serait pas très difficile de pousser au symbole. […] L’aristocratique général a pour ami une vieille culotte de peau, le colonel Merlot, dont les allures d’ours forment avec les manières distinguées du comte de Canalheilles un contraste dont le piquant et l’imprévu ne vous échapperont point. […] Il sent autour de lui le recul dédaigneux, non seulement des écrivains aventureux qui forment l’avant-garde de la littérature, mais même des simples lettrés, des bons humanistes imprégnés de littérature classique. […] Car, si Pugnol a tué par jalousie, ce n’est donc plus un vulgaire assassin, c’est un meurtrier de roman : il n’est pas vraisemblable qu’il ait massacré trois malheureux pour s’évader ; et surtout il n’est pas possible que, aussitôt sa liberté reconquise, il ait formé le projet de tuer pour voler. […] « Ainsi, nous avons vu aux deux bouts de l’horizon deux nuages se former et grossir, et noircir, et courir l’un contre l’autre d’une vitesse croissante.
Ou quelle expérience sa pu former de l’observation de ce grand nombre d’astres qu’on n’a pu voir encore deux fois dans la même disposition ? […] Tous ces types, bien groupés, forment un tableau plein de vie, d’une couleur et d’un relief extraordinaires et qui est divertissant à souhait. […] Les Chrysale sont assez nombreux pour former un très bon public. […] Pourquoi voulez-vous, dis-je, en prenant une femme, Qu’on soit digne, à son choix, de louange ou de blâme, Et qu’on s’aille former un monstre plein d’effroi De l’affront que nous fait son manquement de foi ? […] Il les a devinées et il les a un peu rêvées, et précisément parce qu’il avait fréquenté qui ne leur ressemblait pas, il les a rêvées très saines, très pures, très exquises, pour satisfaire un idéal qu’il s’était formé.
Vous les verriez toujours former quelque attentat Et changer tous les ans la face de l’Etat. […] Ces hommes-là ont formé longtemps en Bretagne comme toute une classe : « J’ai connu dans mon enfance de ces cloërs, nous dit M. […] Luneau de Boigermain [c’est Blin de Sainmore ; Luneau n’a été que l’éditeur signataire de Blin] qui a fait une édition de Racine avec commentaires, voudrait que la catastrophe d’Iphigénie fût en action sur le théâtre. « Nous n’avons, dit-il, qu’un regret à former, c’est que Racine n’ait point composé sa pièce dans un temps où le théâtre fût, comme aujourd’hui, dégagé de la foule des spectateurs qui inondait autrefois le lieu de la scène. […] Il m’a toujours paru évident que le violent Achille, l’épée nue et ne se battant point, vingt héros dans la même attitude, comme des personnages de tapisserie, Agamemnon, roi des rois, n’imposant à personne, immobile dans le tumulte, formeraient un spectacle assez semblable au cercle de la reine en cire colorée par Benoit [un Musée Grévin de ce temps-là]. […] Molière crie au spectateur : « Alceste est misanthrope déjà tout formé ; Alceste, vous le voyez bien, est misanthrope intégral.
Combien peu de ces jeunes hommes mêmes, formés dès lors de si bonne heure et si brillants à leur entrée dans le monde des lettres, ont accompli toute leur mission et rempli toutes leurs promesses ! […] Quoique Ampère eût de mauvais yeux, et qu’évidemment la nature ne l’eût point formé pour le pittoresque, il s’en tire à force d’esprit et d’intelligence.
Ils séparent la propriété matérielle de la lettre, c’est-à-dire le bout de papier, de son contenu intellectuel, comme si l’un et l’autre ne formaient pas un tout indissoluble. […] Les tribunaux ont toujours assuré le respect du contrat qui s’est formé tacitement autour d’une missive de caractère strictement privé.
Cet ennemi de Dieu et des prêtres, pour qui la messe n’était que la seule comédie qu’il n’aimât pas, voulait que la comédie du théâtre remplaçât la messe ; « J’étais chagrin — dit-il dans son entretien sur le Fils naturel — quand j’allais au spectacle et que je comparais l’utilité du théâtre avec le peu de soin qu’on prend à former les troupes. […] Seulement, de tous les fragments heurtés qui forment cet homme inachevé et lui donnent l’air d’un chaos qui n’a pas su être un monde, le fragment du critique est le plus puissant.
L’enthousiasme, en effet, en détachant l’âme des choses de la terre, donne à toutes les paroles qui s’échappent de nos lèvres une ardeur, une sérénité qui, seules, forment déjà la meilleure partie de la poésie ; mais la satire lyrique, par la nature même de la mission qu’elle se donne, est incessamment ramenée vers la réalité. […] Guizot ait songé un seul instant à se former une idée précise de ces travaux ? […] Il a formé le dessein d’élever un théâtre nouveau, sans songer à déterminer les conditions fondamentales de la poésie dramatique. […] Souvent il est saisi d’un désespoir profond ; il doute de lui-même et de l’avenir, il se demande si le vœu qu’il a formé n’est pas un vœu insensé, s’il n’a pas tenté l’impossible, s’il ne ferait pas mieux de rentrer dans les voies battues et frayées depuis longtemps.
Ceci se rattache à la remarque la plus essentielle dans une appréciation littéraire de Fléchier : il appartient, par le goût et par la manière à la société de l’hôtel de Rambouillet, et aux gens de lettres de la première Académie dont il était en quelque sorte l’élève ; c’est là, c’est dans ce double cercle qu’il prit son pli à l’heure où son talent se forma, et il le garda toujours, même en se développant par la suite et en s’élevant ; mais il ne se renouvela point.
Lebrun dans l’art de son temps, et de rattacher à son nom l’idée qu’il y faut mettre : poëte presque formé déjà sous l’Empire, et qui sut être le semi-romantique le mieux autorisé sous la Restauration.
Didot et dirigée par d’habiles philologues offrira, quand elle sera complète, les secours les plus commodes pour l’exécution du vœu que nous formons.
Ce regret exprimé, nous n’avons plus qu’à suivre : Malherbe et ses disciples immédiats, Racan, Maynard, tous deux élevés dans la crainte du maître, et par lui initiés à tout leur talent, forment un groupe bien complet en soi, et introduisent un bien beau moment, le plus classique dans le passé, pour notre poésie lyrique.
À la vue de mon pauvre père aveugle étendu ainsi sur le seuil et qu’il me fallait franchir pour voler sur les pas de mon frère, les forces me manquèrent ; je crus voir un sacrilège, et je tombai à mon tour à genoux et les bras étendus autour de son cou ; ma tante, de son côté, se précipita tout échevelée sur nos deux corps palpitants, en sorte que nous ne formions plus, à nous trois, qu’une seule masse vivante ou plutôt mourante, d’où ne sortaient que des sanglots et des soupirs, étouffés par des reproches et par des baisers.
Les hommes de lettres du dix-huitième siècle, depuis Buffon jusqu’à Thomas, lui formaient une cour de gloire et lui escomptaient l’immortalité.
Voici les vers : I Per molti, Donna, auzi Per mille amanti Creata fosti, ed’angelica forma : Or, par che in ciel si dorma, Che un sol s’appropria quel Ch’è doto a tutti.
On aurait une idée de la façon dont s’organisent les cycles, si l’on regardait cette vingtaine de poèmes qui forment la geste de Guillaume.
Dans ces pièces il y a trois choses : « 1° le sujet ancien imité, qui était formé déjà d’éléments divers ; 2° les mœurs et les sentiments modernes combinés avec ce sujet ancien ; 3° sous les formes et les modes propres à telle époque déterminée, la peinture de l’homme et de la femme tels que les ont faits la nature et la civilisation39. » Comment Racine a été conduit à opérer ces savants mélanges, voici une page qui nous l’apprend : Telles étaient les conditions de l’œuvre dramatique à cette époque : pour le fond, l’influence de la Renaissance gréco-latine avait décidément triomphé ; on était voué aux sujets anciens ; quant à la forme, celle de la tragi-comédie, depuis l’aventure du Cid, ayant été écartée comme peu compatible avec les fameuses règles des trois unités ( ?)
Ces vers impairs, formés de deux groupes de syllabes qui soutiennent entre eux des rapports de nombre nécessairement un peu compliqués (3 et 6 ou 4 et 5 ; 4 et 7 ou 5 et 6 ; 5 et 8), ont leur cadence propre, qui peut plaire à l’oreille tout en l’inquiétant.
Il apparaît avec le sourire bienheureux et timide d’Eva dans la scène de l’église ; il est l’expression hardie du désir de Walther ; c’est de lui qu’est formée la phrase « Eines zu fragen !
Les vers les plus nobles, les plus doux, les plus sublimes de la langue, se terminent par des monosyllabes formés de cette diphtongue.
Mais l’abîme salé s’apaisa aussitôt, et le Soleil arrêta ses chevaux aux pieds rapides, jusqu’à ce que la vierge Pallas eût enlevé ses armes divines de ses épaules immortelles, et le très sage Zeus s’en réjouit. » Les éléments subtils qui l’avaient formée s’étaient convertis dans Pallas, en intelligence.
C’était un très grand vase en jade vert, en forme de balustre, avec sur sa panse, un quadrillé d’or, relevé d’un cloutis de corail, et aux anses formées par des têtes de dragons ayant des yeux de cristal de roche.
C’est un pays véritablement français ; ici je n’aurai pas à contredire Taine, c’est un paysage véritablement de notre pays central ; c’est un paysage qui n’a rien de grand, qui n’a rien d’imposant, qui n’a rien de tragique, c’est un paysage qui est une grâce légère, fine, intelligente et intellectuelle, pour ainsi parler, et qui était tout à fait de nature à former le génie que nous allons étudier.
Une ligue se forma dont les agents furent des hommes d’État sans génie, sans conscience du pouvoir, tombé, fourvoyé dans leurs mains.
Un autre donne la règle suivante : « Réduire en formules courtes et substantielles…, noter dans chaque formule le mot suggestif… associer tous ces mots entre eux et former ainsi une chaîne logique d’idées 69. » On ne rattache donc plus ici, mécaniquement, des images à des images, chacune devant ramener celle qui vient après elle.
Western, gentilhomme campagnard, sa passion égoïste et despotique pour sa fille, la rudesse de ses manières, son goût pour la chasse et le vin, son indulgence pour les premières faiblesses de Tom Jones, fondée sur l’analogie de leurs talents et de leurs goûts, forment, en se réunissant, un type vivant et complet comme Molière en savait créer. […] Sa gloire est toute entière dans ces trois ouvrages ; mais, comme ils forment un ensemble harmonieux et complet, il nous semble convenable d’épuiser la liste des travaux du poète écossais, et le récit de sa biographie, avant d’entamer l’analyse et la critique de cette trilogie morale. […] En 1778, il se forma une société littéraire à Édimbourg. […] Envisagé sous ce point de vue, Pelham serait encore un livre inestimable ; car il est tel chapitre dont la lecture attentive et répétée peut former un jeune homme à l’impertinence, au vice et à l’oisiveté, mieux et plus sûrement que trois duels et six procès de criminal conversation. […] Comme l’amour de tête se développe d’abord dans l’imagination, avant d’envahir les autres facultés de l’âme, il est naturel et nécessaire qu’il domine de préférence les femmes environnées de toutes les conditions extérieures d’une vie heureuse et paisible, c’est-à-dire celles qui, n’ayant pas à former de souhait immédiat, ne trouvent à leurs rêveries d’autre sujet qu’un avenir lointain et impossible.
C’est le seul vœu qui reste à former. […] Dans leur doctrine, il est évident que le mariage n’a qu’un but, le plaisir ; qu’un mobile, la passion ; et la conséquence rigoureuse, c’est que, quand les sens sont satisfaits, quand la passion est éteinte, le mariage n’a plus de raison d’être : le lien doit se dénouer le jour où cesse l’amour qui l’a formé. […] Le lien légal est brisé, en effet : l’amour en a formé un nouveau ; et c’est ce nouveau lien qui seul est sacré, qui seul veut être respecté. […] À l’exposé que nous venons de faire des principales erreurs doctrinales professées par notre littérature, nous devons donc ajouter ici le tableau des altérations qu’elle a causées dans ces idées générales et ces sentiments naturels qui forment comme le fond de la moralité humaine. […] Dans ces régions mal limitées où le vice opulent semble avoir élu domicile et se donne libre carrière, régions placées au-dessus des classes moyennes, au-dessous de la bonne compagnie et en dehors de la société régulière, il s’est formé, de nos jours, toute une classe de femmes perdues qui, en petit et en laid, mais avec un éclat scandaleux, ont rappelé un peu le rôle des courtisanes antiques : monde étrange, tout artificiel, tout de convention, où la passion vraie n’est pour rien, où le luxe et la vanité sont tout, et qui symbolise assez fidèlement, ce nous semble, ce sensualisme raffiné que nous avons essayé de caractériser.
Toute tradition de l’art dramatique qui, chez les anciens, avait fait briller la littérature d’un si vif éclat, semblait entièrement perdue, lorsque, poussés par une pensée pieuse, quelque bourgeois de Paris eurent l’idée de former une société, d’élever un théâtre, et d’y représenter les Mystères de la Passion. […] Une partie forma une nouvelle société, qui fut s’établir au Marais et l’autre conserva son ancien emplacement : il y eut donc alors deux scènes françaises à Paris. Cinquante ans après, ainsi que nous l’expliquerons plus loin, Molière forma une troisième troupe. […] Le 18 juin 1757, un règlement pour la Comédie-Française fut promulgué, lequel annulait tout ce qui avait été décrété jusqu’alors concernant ce théâtre, formé en France, dit le préambule royal, par les talents des plus grands auteurs. […] Racine se chargea de former lui-même à la déclamation les jeunes personnes chargées des rôles dans sa nouvelle tragédie.
Son corps est si bien formé qu’on voit qu’il est par toutes ses qualités un guerrier brave et prompt. » « La reine parla : « Qu’on m’apporte mon armure, si le fort Sîfrit est venu en mon pays pour obtenir mon amour, il y va de sa vie. […] Si tu prêtes le serment que tu m’offres, je te décharge du soupçon de toute fausseté. » On vit alors les Burgondes se former en cercle.
Modeste Mignon a paru dans les Débats, comme chacun sait et, dès son apparition, la mauvaise fortune s’est acharnée à ce malheureux livre, très froidement accueilli par les abonnés ; il fut interrompu pendant longtemps, et on l’avait presque oublié quand il revint à la lumière ; tout ce qu’il y a de points noirs dans le talent si étincelant d’ailleurs du romancier, avait été mis à contribution pour former cet ouvrage. […] Ils ont peut-être jadis formé entre eux une sainte-alliance assez dure aux peuples.
Parmi ces reproches, il y en a qui regardent les louanges dont nous flattons nos amis ; je n’y répondrai qu’en détachant, puisque vous me demandez si gracieusement quelques vers inédits, un passage de ma nouvelle Ode à Maurice du Plessys : Certes ta main hardie a formé ta couronne Et Pinde, par ton œuvre, est sans ombre à moitié, Mais sur tous les lauriers on aime ceux que donne, Compagne de la joie, une douce amitié. […] Si je vous les propose, c’est qu’ils forment le début d’un petit poème où j’ai tenté d’exprimer ce qui me tenait le plus au cœur, touchant mon art, et que, loin de s’écarter de vos questions, ils compléteront plutôt un peu mes réponses.
Felix Féneon Le véritable théoricien du naturalisme, l’homme qui contribua le plus à former cette esthétique négative dont Boule-de-Suif est l’exemple, M. […] L’humanité est pareille à un filet nerveux, c’est-à-dire discontinu, formé d’une série de petites étoiles dont les chevelures, dans un mouvement incessant, touchent les chevelures voisines, au hasard pendant le sommeil et, dans la veille, selon des volontés, dont le caprice fait les dissemblances humaines ; si l’on coupe un morceau central du nerf, les cheveux s’allongent au-dessus de la blessure, parce qu’ils sentent le besoin de toucher d’autres cheveux : de petits égoïsmes vitaux sont juxtaposés dans l’infini. […] Les mots assument donc, en dehors de leur sens interne, un autre sens, extérieur, moins précis, qui leur est départi par les lettres dont ils sont formés ; de là, la possibilité : soit de renforcer une idée en l’exprimant avec des mots contenant des syllabes appartenant par leur son à cette famille d’idées ; soit de faire courir sous l’idée exprimée par les mots un sens contradictoire ou atténué, en choisissant ses mots dans une série instrumentale différente.
Si vous concédiez ici au clergé catholique l’enseignement supérieur et les facultés, laisseriez-vous (par compensation) se former de libres facultés laïques ?
Des sociétés de vingt et vingt-cinq personnes se forment dans les salons, pour suivre un cours de physique ou de chimie appliquée, de minéralogie ou de botanique.
Une ligue muette se forma de toutes ces vanités et de toutes ces ambitions contre lui.
Fabre, après avoir accompli tout ce qu’il devait à son amie et à la ville de Florence, obtint du prince l’autorisation de se retirer, avec tous ses trésors d’art et de littérature, dans la patrie de son enfance ; il vint mourir à Montpellier, se faisant de sa ville natale une famille, et léguant son nom au musée qu’il y forma, en sanctifiant ainsi sa bonne fortune.
Il eut peu de lecteurs comme ce qui dépasse le vulgaire, mais il forma entre ceux qui le lurent et qui le comprirent, la famille intellectuelle de madame de Staël, la secte du beau, la religion de l’esprit.
Voltaire s’y souilla l’imagination pendant qu’il s’y formait le talent.
Tous les génies sont frères et forment, à travers les espaces et les siècles, une famille rayonnante et sacrée.
En accoutumant l’homme à regarder par-delà ses pensées le fonds où elles se forment, elle apprenait aux juges des choses de l’esprit à reconnaître, sous les traits changeants d’une époque, les traits inaltérables de la nature primitive, et l’homme qui demeure le même sous la mobilité des mœurs et des coutumes.
A qui puis-je mieux l'adresser aujourd'hui, qu'à un Monarque formé sur un si grand modele, & qui peut y lire ce que la Postérité dira de lui à son tour ?
La ligne qui joint deux points est déjà, en un sens, préformée dans la sensation avant d’être formée et tirée par la réflexion. — À quoi les platoniciens répondent : Si ces rapports sont représentés dans l’ensemble des données, ils n’en sont pas dégagés, abstraits et remarqués à part ; or, ils ne sont vraiment perçus que quand ils sont remarqués et extraits ; pour cela, il faut que les parties diverses de l’étendue et de la durée soient dissociées, séparées par l’analyse, puis réunies par une synthèse. — Assurément, répondrons-nous ; mais cette dissociation et cette association ultérieures ne supposent pas un acte de raison pure.
L’adjectif est un néologisme formé sur clysopompe, instrument servant à administrer des lavements.
Mais nous savons qu’une des formes essentielles de la fantaisie comique consiste à nous représenter l’homme vivant comme une espèce de pantin articulé, et que souvent, pour nous déterminer à former cette image, on nous montre deux ou plusieurs personnes qui parlent et agissent comme si elles étaient reliées les unes aux autres par d’invisibles ficelles.
Le chimiste et le physicien comprennent que ces atomes eux-mêmes qui se combinent sous l’action de lois chimiques et mécaniques pour former les corps ne se meuvent ainsi qu’en vertu d’une activité spontanée.
Je le décorerais bien du nom de philosophe, auquel il a droit à plus d’un titre, si son amour excessif des choses visibles, tangibles, condensées à l’état plastique, ne lui inspirait une certaine répugnance de celles qui forment le royaume impalpable du métaphysicien. […] Ils sont parfaitement harmonieux, parce que le costume, la coiffure et même le geste, le regard et le sourire (chaque époque a son port, son regard et son sourire) forment un tout d’une complète vitalité. […] Qu’est-ce donc que cette passion qui, devenue doctrine, a fait des adeptes dominateurs, cette institution non écrite qui a formé une caste si hautaine ? […] Celle-ci, bien connue de tous les vrais amateurs, est le résultat de l’écrémage, le résidu suprême de plusieurs collections formées déjà par M. […] Il voit se former peu à peu une apparition étrange qui prend un corps, une figure.
Au reste, nous savons que ces représentations, qui étaient des opéras, des tragédies et même des ballets, où tous les arts, musique, poésie, danse, peinture et statuaire conspiraient pour former une image de la vie humaine qui eût un souverain caractère de beauté, ces jeux qui se déployaient sous le ciel bleu, près de la mer bleue, dans un théâtre où dix mille spectateurs trouvaient place sur les gradins taillés en plein roc, devaient être d’une majesté et d’une splendeur incomparables. […] Œdipe roi, Antigone et Œdipe à Colone forment, comme vous savez, un vaste drame en trois parties qui sont liées entre elles, moins encore par les événements que par la démonstration graduelle d’une idée morale. […] Moi, brave Arya, très préoccupé de progrès, de justice, de charité, formé par la discipline classique et tout imprégné d’idées générales, ces homuncules aux cerveaux étroits m’apparaissent, malgré leur immobile culture superficielle, comme tout proches encore de l’humanité primitive, comme de jolies bêtes qui ne sont pas mes parentes. […] Elles avaient un droit naturel à toute la parure des femmes ; on y laisse former mille ouvriers de Vautre sexe. […] Après que nous avons ri du contraste que forment les sentiments de Lafont et de Clotilde avec leur situation réelle, leur tranquillité nous fait réfléchir ; et, sans les solides principes dont nous sommes munis, nous nous dirions : « Eh bien !
Sans prétendre, en effet, établir aucune ressemblance littérale entre ces trois illustres modèles et le poète qui, dans ma pensée, s’est formé à leurs leçons, je ne crois pas qu’on puisse nier la parenté intellectuelle qui les unit. […] À cet égard, nous ne pouvons former que des conjectures ; pourtant il est permis de croire que cette œuvre si laborieusement préparée n’aurait eu rien à démêler avec le merveilleux païen ou chrétien ; il est probable que le poète nous eût raconté la lutte de la race germanique et de la race gallo-romaine sans appeler à son aide les démons ou les anges ; il est probable qu’il eût cherché dans l’histoire seule tous les incidents, tous les épisodes de son poème. […] Toutes les espérances éveillées par l’affranchissement d’Athènes, tous les vœux formés pour la liberté du monde, tous les anathèmes lancés contre le despotisme et l’intolérance, ramènent à point nommé cet admirable refrain ; sans que jamais l’imagination du poète semble gênée par le retour de ces paroles prévues. […] Mariée à l’âge de dix-huit ans, elle a trouvé, dans le vieillard dont elle porte le nom, un ami dévoué dont l’affection toute paternelle ne lui laisse pas le temps de former un souhait, mais dont l’intelligence ne reconnaît d’autres vérités que celles qui peuvent se démontrer mathématiquement ou par le témoignage des sens.
Perrault) a surtout traité de ridicules ces endroits merveilleux où le poète Pindare, pour marquer un esprit entièrement hors de soi, rompt quelquefois, de dessein formé, la suite de son discours, et afin de mieux entrer dans la raison, sort, s’il faut ainsi parler, de la raison même, évitant avec grand soin cet ordre méthodique et ces exactes liaisons de sens, qui ôteraient l’âme à la poésie lyrique. […] Et naturalisme, rationalisme et humanité se retrouvent, en une forte synthèse, dans l’esprit encyclopédique, pour former une philosophie achevée et une morale admirable. […] elles forment et entretiennent des types nouveaux qui ont même fond, forme différente. […] Qu’il dise bien qu’il faut, avec un soin rigoureux, savoir et déterminer de quels éléments un genre est formé, pour bien voir si c’est bien de ceux-là ou de quelques-uns de ceux-là qu’un genre nouveau hérite à un moment donné : car ici l’erreur est facile et les conséquences de l’erreur seraient assez graves. […] Et, peu à peu, ses idées sur la littérature dramatique se formaient dans son esprit et y devenaient un système.
Rien n’annonce, dans cette petite ville coquette, presque entièrement formée d’élégantes maisons de campagne, une école rivale d’Eton, Vanves, sur sa hauteur, est une masse imposante, une grande machine. […] Ces gens riches, qui n’ont même plus la prétention de former une « classe dirigeante », ne sont menés que par des idées de commerce, d’argent et de vanité. […] C’est dans cette retraite silencieuse, parmi des couvents et des chapelles, au milieu d’un quartier paisible, à peine troublé par les sonneries de la caserne de Babylone, que s’est formée la philosophie de M. […] Ils ont formé de mauvais élèves ; mais ils furent des maîtres excellents. […] Son piédestal était formé de sept blocs de marbre superposés.
C’est dans le pays imaginaire que vit Amoret, la bergère fidèle, pays plein de dieux antiques, et pourtant anglais, pareil à ces paysages humides et verdoyants, où Rubens fait danser des nymphes104. « Les plaines penchées descendent, étendant leurs bras jusqu’à la mer, et les bois épais cachent des creux que n’a jamais baisés le soleil… Là est une source sacrée, où les fées agiles forment leurs rondes, à la pâle clarté de la lune ; elles y trempent les petits enfants dérobés, pour les affranchir des lois de notre chair fragile, et de notre grossière mortalité… Là est un air aussi frais et aussi suave que lorsque le zéphyr en se jouant vient caresser la face des eaux frémissantes. […] could’st thou love me yet, How soon could I my former griefs forget !
Cependant, épisode assez peu connu, il paraît qu’une commission fut formée à ce sujet par M. […] Ils formaient tous les trois comme un flot extravagant ‘parmi les rares buveurs de bière.
Que de fois le pantin l’a emporté sur l’homme d’État, le polichinelle sur l’homme de guerre, et surtout que de fois la poupée a triomphé de la vraie et sincère beauté intelligente, honnête et formée à tous les grands préceptes du beau et du bon ! […] Le bel insecte qui reluit au soleil, tout fier de sa cuirasse resplendissante, le papillon, fleur volante qui s’en va de feuille en feuille au gré du vent qui souffle ; l’herbe qui se cache dans un tas d’herbes, et qu’il faut reconnaître à son fruit à peine formé, ce sont là des joies qui tiennent à des joies saintes. […] Quels beaux comédiens il va chercher pour former cette illustre compagnie à son poète ! […] Aussitôt paraissent les nuées qui forment le chœur de la comédie.
Qu’il me soit permis seulement de former un souhait. […] Elle a formé jadis le projet de prendre le voile. […] Les observations qu’il a recueillies en lisant des journaux de modes, en assistant au vernissage des Salons de Paris et à l’ouverture des expositions de la Société royale de Londres, ou simplement en flânant sur le boulevard, forment un copieux album, comparable aux séries de planches dont se sert le terrible professeur Cesare Lombroso pour illustrer ses inquiétantes études de médecine légale et d’anthropologie criminelle. […] Voici comment il parvint à se former une opinion raisonnée sur l’école dite « symboliste », qu’il choisit de préférence, la jugeant mûre pour une étude scientifique, comme tous les objets déjà fossiles. […] Les officiers d’autrefois avaient de nombreuses années pour former leurs recrues.
L’antique terre de Beauté laissait voir, au voyageur épris de sa grâce et de sa force, les trésors qu’elle avait formés lentement, et que la patiente action des siècles avait accumulés dans ses profondeurs. […] Un volume de vers — le volume de la vingtième année — formait tout mon bagage. […] Cette doctrine maussade ayant réussi aux Allemands, les réformateurs de notre enseignement public ne doutèrent pas un seul instant qu’elle ne fût très propre à former, pour la France nouvelle, des électeurs consciencieux, des réservistes modèles et des territoriaux excellents. […] Au centre, un carré de terre nue formait un patio planté de gigantesques camélias poussés librement. […] Ainsi comprises, les études communes, poursuivies avec le même esprit dans tous les pays civilisés, forment au-dessus des nationalités restreintes, diverses et trop souvent hostiles, une grande patrie qu’aucune guerre ne souille, qu’aucun conquérant ne menace, et où les âmes trouvent le refuge et l’unité que la cité de Dieu leur a donnés en d’autres temps. » Voilà un beau rêve et un admirable programme.
Son père, vieux magistrat ennemi de la légèreté française, mort procureur général à la Cour de Cassation d’Athènes, avait envoyé son fils à Heidelberg, parce qu’il s’imaginait, comme beaucoup de personnes à cette époque, qu’on ne pouvait former un esprit sérieux qu’en Allemagne. […] Déjà l’automne, chère aux cœurs amers, arbore ses feuillages formés de métaux inconnus. […] Les faits qui composent la biographie officielle d’un auteur comptent certainement pour quelque chose ; mais on pourrait aussi facilement en trouver d’autres qui formeraient une biographie tout aussi véridique. […] Auguste Sabatier tâcha de me résumer les idées, d’ailleurs peu précises, qu’il s’était formées sur un sujet encore bien obscur et où s’est exercée la sagacité contradictoire de nombreux exégètes. […] Plus tard on corrige, parce que l’on ose sacrifier et condamner le mot, le vers qui formait l’obstacle27. » Sully-Prudhomme lui-même, malgré sa facilité, reconnaissait la nécessité du travail du style.
Ses articles de critique, soigneusement réunis et collationnés, paraissent par séries et forment une monumentale suite de volumes : les Œuvres et les Hommes. […] C’est d’un côté un homme à qui son éducation, ses goûts, ses rêves ont formé une personnalité aristocratique, conservatrice au plus haut degré. […] Toutes celles de vos pièces qui forment ce que l’on pourrait appeler votre « Théâtre d’amour », sont construites sur ce même type : un ton enjoué de facile causerie, un libre défilé de scènes prises au quotidien de l’existence et jetées comme au hasard, le modelage, par petites touches savamment données, de figurines qui s’animent, qui se précisent, qui bougent. […] Il est bien remarquable, entre parenthèses, que cette conception de la vie des peuples soit exactement celle que Claude Bernard se formait de la vie physiologique. […] C’est d’après elles que nous pouvons nous former l’idée la plus précise d’un homme demeuré profondément énigmatique pour ses contemporains, — les jugements contradictoires de Sainte-Beuve et de Gautier, de Philarète Chasles et de Gozlan, de Champfleury et de Werdet, de Gavarni et de Lamartine en témoignent.
Quelle triste chose alors que de découvrir tardivement dans cet ami des défauts, des imperfections ; d’être conduit peut-être à rompre ces relations commencées, pour en former de nouvelles qui ne sauraient plus avoir ni l’attrait ni la fraîcheur des premières !
II Mais parmi tant d’ébauches et d’épreuves, un caractère s’est formé et le reste en dérivera.
Virgile, introduit dans la maison d’Auguste et pénétré de reconnaissance pour son bienfaiteur, avait voulu réconcilier le poète et le neveu ; les deux poètes, admis familièrement chez Auguste et chez Mécène, n’y formèrent bientôt qu’une libre et douce domesticité du génie : Horace amusait le maître du monde ; Virgile, moins aimable, l’enthousiasmait.
Jean Valjean voyait-il distinctement après leur formation, et avait-il vu distinctement à mesure qu’ils se formaient, tous les éléments dont se composait sa misère morale ?
C’est l’ensemble, c’est le composé de toutes les lois absolues dont le Créateur de ce pauvre embryon de Dieu, nommé l’homme, a formé sa courte et imparfaite créature, en le jetant, on ne sait pour quelle fin (châtiment, expiation, germination, mais, en tout cas, misère), sur ce petit globe misérable lui-même, composé d’un éclair de temps, d’un atome d’espace, d’un nombre infinitésimal de jours, d’un éclair de vie et d’une nuit de mort !
Quand vous avez osé la former, c’est alors que vous étiez un homme ; et en osant devenir plus grand que vous n’étiez, vous n’en seriez que plus homme.
Nous ne nous faisons pas d’illusions ; si l’on peut espérer qu’un jour les autres ouvrages de Richard Wagner deviendront populaires en France, il ne faut pas, à l’égard de celui-ci, former le même rêve ; l’Anneau du Niebelung est une composition d’un ordre particulier ; la légende interprétée ou, pour mieux dire, renouvelée par Richard Wagner est tellement imprégnée de l’esprit de la race à qui elle s’adresse, que, certainement, transportée devant d’autres spectateurs, elle perdrait la plus grande partie de son intérêt.
Cette note fut reproduite par d’autres journaux ; le 15 novembre, le Progrès artistique rapporta cette nouvelle : … Il s’est formé, à Paris, un comité qui aurait déjà recueilli pour 10 000 francs de souscriptions … On louerait des places pour les représentations de Lohengrin … Néanmoins, le Temps du 14 novembre affirmait : … M.