Il y a toute une moitié de la France qui rirait si nous avions la prétention de lui apprendre ce que c’est que Jasmin, et qui nous répondrait en nous récitant de ses vers et en nous racontant mille traits de sa vie poétique ; mais il y a une autre moitié de la France, celle du Nord, qui a besoin, de temps en temps, qu’on lui rappelle ce qui n’est pas sorti de son sein, ce qui n’est pas habituellement sous ses yeux et ce qui n’arrive pas directement à ses oreilles. […] La langue du midi de la France, la plus précoce de celles qui naquirent du latin après la confusion de la barbarie, cette langue dite provençale-romane était arrivée à une sorte de perfection classique durant le xiie siècle, de 1150 à 1200 ; elle avait produit en poésie des œuvres diverses et des plus distinguées, et elle était en plein épanouissement lorsqu’elle fut violemment dévastée et ravagée au commencement du xiiie siècle, dans la guerre dite des Albigeois (1208-1229). […] » — C’est après avoir entendu ce poème et tant de pièces inspirées par un même sentiment moral élevé, qu’on a pu dire avec raison : « Si la France possédait dix poètes comme Jasmin, dix poètes de cette influence, elle n’aurait pas à craindre de révolutions. » J’allais oublier de dire que ce troisième volume de Jasmin est dédié à M.
Son secrétaire et sa fille lui faisaient les lectures qu’il ne pouvait plus faire lui-même : « Je suis accablé de lassitude, écrivait-il (31 mars 1747) ; je compte de me reposer le reste de mes jours. » L’idée d’ajouter à son ouvrage une digression sur l’origine et les révolutions des lois civiles en France, ce qui forme les quatre derniers livres de L’Esprit des lois, ne lui vint que tout à la fin : J’ai pensé me tuer depuis trois mois, disait-il (28 mars 1748), afin d’achever un morceau que je veux y mettre, qui sera un livre de l’origine et des révolutions de nos lois civiles de France. […] En peignant si en beau le gouvernement des Anglais, qu’il avait pourtant vu de près avec ses ombres, il ne paraît pas s’être demandé de quel effet ces tableaux seraient en France. […] On citera de Montesquieu, sans doute, tel chapitre où il avertit le législateur en France qu’il ne faut pas tout corriger, et combien il faut être attentif à ne point changer l’esprit général d’une nation16 ; il rapproche les Français des Athéniens, et fait entendre qu’avec les qualités et les défauts, ils doivent rester ce qu’ils sont.
» Avec Montaigne, Grimm est en pleine France et en vieille France ; il y est comme chez lui. […] En France, il salue donc comme incomparable le siècle de Louis XIV ; et, au xviiie siècle, il ne trouve qu’une classe d’hommes supérieurs et d’une espèce particulière, la seule qui manquât au grand siècle : « Je les appellerai volontiers philosophes de génie : tels sont M. de Montesquieu, M. de Buffon, etc. » Voltaire est le seul des littérateurs purs et des poètes qui soutienne le vrai goût par ses grâces., son imagination et sa fertilité naturelle : mais, selon Grimm il ne fait que soutenir ce qui fléchissait déjà. […] Le duc de Saxe-Gotha le nomma son ministre à la cour de France ; la cour de Vienne lui conféra le diplôme de baron du Saint-Empire, et celle de Pétersbourg le fit colonel, puis conseiller d’État, grand cordon de la seconde classe de l’ordre de Saint-Vladimir.
La république en France ne sera-t-elle qu’une arme révolutionnaire, ou sera-t-elle une forme possible et durable ? […] A partir de ce jour, la France eut un maître, et Daunou, après une honorable résistance, battit en retraite devant lui. […] Villemain, sur les Essais d’histoire de France par M. […] Au risque de le trouver rigoureux, nous l’aurions voulu voir plus fréquemment aux prises avec les doctrines dont il se méfiait, comme, par exemple, dans son examen des Lettres sur l’Histoire de France, de M. […] D’un semblable fléau nous respirons à peine ; Mais on suit ton exemple, et la France est humaine.
La critique en France a des allures plus libres ; elle est moins asservie à la morale, et ressemble plus à l’art. […] On a bien des fois traité cette question en France ; on la traite encore aujourd’hui ; mais personne n’y a porté plus de bon sens, des raisons plus pratiques, des arguments plus palpables. […] Nous sommes trop habitués en France et en Allemagne à recevoir des hypothèses sous le nom de lois historiques, et des anecdotes douteuses sous le nom d’événements attestés. […] L’ambassadeur de France estime qu’en six semaines il y eut cinquante mille bêtes à cornes abattues qui pourrirent sur le sol. […] The junior baron present led the way, George Elliot, lord Heathfield, recently ennobled for his memorable defence of Gibraltar against the fleets and armies of France and Spain.
Mais si la question qui se pose en France a son importance extrême, elle est bien désagréable par toutes les grossièretés qu’elle soulève de la part de notre parti prêtre et de ses écrivains, les plus injurieux de tous les insulteurs en un temps et dans un pays où il y en a tant. […] Le clergé n’y manque pas ; il a des sociétés actives, des ramifications jusque dans la plus jeune France.
La France entière regretta Cinq-Mars ; sa jeunesse, sa bonne mine, son ambition si naturelle à cet âge et dans cette position, l’amour caché qu’on lui supposait pour une grande princesse (Marie de Gonzague), et qui conviait son cœur à de vastes desseins, tout répandait sur lui un charme que relevait encore l’atrocité du vieux prêtre moribond. […] Avenel, « il y a dans l’affaire de Cinq-Mars deux choses fort distinctes : une intrigue et un crime ; une intrigue pour faire perdre au cardinal la confiance du roi, un crime dont le but était d’ouvrir la France aux ennemis.
L’auteur de la Vie de Jésus est, depuis vingt-cinq ans, professeur d’hébreu au Collège de France. […] Renan… Je pourrais ajouter que cet homme « fuyant » a eu la vie la plus harmonieuse, la plus soutenue, la plus une qu’on puisse concevoir ; que cet « épicurien » a autant travaillé que Taine ou Michelet ; que ce grand « je m’enfichiste » (car on a osé l’appeler ainsi) est, au Collège de France, l’administrateur le plus actif, le plus énergique et le plus décidé quand il s’agit des intérêts de la haute science ; que, s’il se défie, par crainte de frustrer l’humanité, des injustices où entraînent les « amitiés particulières » il rend pourtant des services, et que jamais il n’en a promis qu’il n’ait rendus ; que sa loyauté n’a jamais été prise en défaut ; que cet Anacréon de la sagesse contemporaine supporte héroïquement la souffrance physique, sans le dire, sans étaler son courage ; que ce sceptique prétendu est ferme comme un stoïcien, et qu’avec tout cela ce grand homme est, dans toute la force et la beauté du terme, un bon homme… Mais je ne sais s’il lui plairait qu’on fît ces révélations, et je m’arrête.
— Votre roman… un roman… la France se fiche pas mal des romans aujourd’hui, mes gaillards ! […] , et apprendre à la France et au monde les noms de deux hommes de lettres de plus : Edmond et Jules de Goncourt.
Lorsque ce poëme, annoncé d’abord, lu ensuite dans plusieurs sociétés, & dont on avoit tiré des copies, eut vu le jour, le scandale fut général en France : on y jetta des cris affreux contre cette plaisanterie. […] Au sortir de table, feignant de vouloir l’accompagner, ils le mirent au milieu d’eux, & le conduisirent ainsi à coups de canne jusqu’à la porte de France.
On y conjuroit la justice de ne pas laisser échapper sa proie, ne fût-ce que pour délivrer la France du fléau qui l’affamoit. Tous ses compagnons de cuisine, Et ceux qui craignent la famine, S’opposent à sa liberté ; Criant partout que sa présence Sans doute affamera la France, Et qu’elle a causé la cherté.
La France est un pays tellement généreux que l’idée d’exil l’empêche de juger un homme littéraire, que cela l’attendrit, que cela l’arrête, même quand il ne s’agit, comme aujourd’hui, que de se prononcer sur un suicide en littérature ! […] Hugo fût sénateur aujourd’hui, comme autrefois il a été pair de France, il n’y aurait qu’une opinion sur les Contemplations. […] Mais le livre des Contemplations circule librement en terre de France, et on le vante, si on ne peut l’achever. […] Victor Hugo a été loué pour ce dernier volume comme en France on loue toute puissance, car littérairement il en est une. […] En France, on peut bien déplacer la flatterie, mais les chiens couchants y sont éternels.
Madame de Guise était petite fille de France : « M. de Guise n’eut qu’un ployant devant madame sa femme. […] Ce couvert se mettait en retour au bout de la table ; puis elle disait à M. de Guise de s’y mettre, et il s’y mettait. » M. de Boufflers qui à Lille avait presque sauvé la France, reçoit en récompense les grandes entrées ; éperdu de reconnaissance, il tombe à genoux et embrasse les genoux du roi. […] On le voit les yeux fixes et le corps frissonnant, lorsque, dans le suprême épuisement de la France, Desmarets établit l’impôt du dixième : « La capitation doublée et triplée à la volonté arbitraire des intendants des provinces, les marchandises, et les denrées de toute-espèce imposées en droit au quadruple de leur valeur, taxes d’aides et autres de toute nature et sur toutes sortes de choses : tout cela écrasait, nobles et roturiers, seigneurs et gens d’église, sans que ce qu’il en revenait au roi pût suffire, qui tirait le sang de ses sujets sans distinction, qui en exprimait jusqu’au pus. […] « Toute la France en hommes remplissait la grand’chambre. » Saint-Simon, I, 301. La France, c’est la cour.
C’est l’avenir intellectuel de la France qui est en question. […] (Drumont, La France juive, t. […] On ne peut savoir combien il y a de juifs en France. […] Il y a encore des Normands en France. […] Il lui suffit qu’on serve la France.
Bédier, n’avaient institué, en France, une célèbre école de philologie romane. […] Les aphorismes sont tenaces et poussent comme herbe folle en ce spirituel pays de France. […] Il a été le psychologue pénétrant et impitoyable de la France vaincue. […] France, Gustave Freytag en Allemagne, se sont employés à cette besogne. […] M. Anatole France.
L’écrivain de France qui a le plus d’ennemis. […] M. Anatole France s’étant montrés, à l’égard de M. […] Elle lui a valu dans la haute société, en France et hors de France, de puissantes amitiés. […] La vie provinciale n’existe plus guère en France : elle tendra de plus en plus à disparaître dans une France sillonnée par les chemins de fer. […] Jusqu’ici l’Église de France a hésité à entrer dans ce mouvement.
En France, un roman a toujours pour sujet l’idée d’une faute. […] Un sermon se fait toujours de la même façon dans tous les diocèses de France. […] Son auteur deviendra l’un des plus purs écrivains de la France ». […] L’histoire de France, l’histoire de la littérature ? […] Romans relatifs à l’histoire de France.
Je laisserai donc ce poème tout à fait en dehors de mon appréciation présente, et il ne sera question ici que du Parny élégiaque, de celui dont Chateaubriand disait : « Je n’ai point connu d’écrivain qui fût plus semblable à ses ouvrages : poète et créole, il ne lui fallait que le ciel de l’Inde, une fontaine, un palmier et une femme. » Né à l’île Bourbon, le 6 février 1753, envoyé à neuf ans en France, et placé au collège de Rennes, où il fit ses études, Évariste-Désiré de Forges (et non pas Desforges) de Parny entra à dix-huit ans dans un régiment, vint à Versailles, à Paris, s’y lia avec son compatriote Bertin, militaire et poète comme lui, Ils étaient là, de 1770 à 1773, une petite coterie d’aimables jeunes gens, dont le plus âgé n’avait pas vingt-cinq ans, qui soupaient, aimaient, faisaient des vers, et ne prenaient la vie à son début que comme une légère et riante orgie. […] Oui, en France, dans ce qu’on déprime ou ce qu’on arbore en public, on ne pense guère le plus souvent au fond des choses ; on pense à l’effet, à l’honneur qu’on se fera en défendant telle ou telle opinion, en prononçant tel ou tel jugement. […] Ce qui me console, c’est que les gens d’esprit de ces doctes générations assurent que cette voie est la meilleure, en définitive pour en revenir à apprécier tout ce qui rentre dans le génie de la France, et ce qui exprime le goût français.
Par une licence unique, on lui permettait d’aller au Collège de France entendre M. […] Or, c’est non seulement ce que l’État en France n’a jamais admis, c’est aussi ce que notre esprit public semble ne pas comporter. […] Renan porte un bien grand respect et une bien haute révérence à sa majesté l’esprit humain, Mais dans un pays comme la France, il importe qu’il vienne de temps en temps des intelligences élevées et sérieuses qui fassent contrepoids à l’esprit malin, moqueur, sceptique, incrédule, du fonds de la race ; et M.
Les femmes de France : poètes et prosateurs 61 M. […] toutes les femmes de France qui ont écrit, depuis Christine de Pisan jusqu’à Eugénie de Guérin. […] Les Femmes de France poètes et prosateurs, morceaux choisis avec introduction, des notices biographiques et littéraires et des notes philologiques, littéraires, historiques, par P.
Elle a de l’intérêt par elle-même ; il n’est pas indifférent à la morale, de voir comment cette femme, née dans une prison, d’un père protestant, qui se ruina au jeu et mourut à la Martinique, où elle fut laissée en gage à un créancier par sa mère obligée de venir chercher du pain en France ; renvoyée à sa mère, à quatorze ans, par ce créancier qui trouvait trop onéreux de la nourrir ; devient à quarante-cinq ans l’amie, la confidente d’un roi galant, parvient à le détacher de ses maîtresses, ne voulant prendre la place d’aucune, et à quarante-huit ans devient la femme de ce roi, plus jeune qu’elle de trois ans. […] Sa veuve revint en France, laissant en gage, comme je l’ai dit, sa fille, âgée de sept ans, à un créancier de son mari, qui se lassa bientôt de la nourrir et la renvoya à sa mère. […] Donnez à un soldat du talent, du courage, l’amour de la gloire, et une occasion : voilà un maréchal de France.
Mme de Sévigné, comme La Fontaine, comme Montaigne, est un de ces sujets qui sont perpétuellement à l’ordre du jour en France. […] C’est cette veine d’imagination perpétuelle dans le détail de l’expression plutôt que dans l’ensemble, qui nous ravit surtout en France. […] Elle prit sur elle de dissimuler pendant huit jours, eu égard à l’équipage qu’on lui faisait et aux cadeaux ; puis elle ne se contint plus : Je crus, dit-elle, qu’il y allait de ma gloire de ne point paraître entêtée d’un homme que personne n’estimait, et je donnai un si libre cours à mon aversion pour lui, qu’en un mois toute la France en fut informée.
Maine de Biran a donné à la France une philosophie de l’esprit : il ne lui a donné ni une philosophie de la nature, ni une philosophie religieuse. […] C’est ce que firent à la fois en Allemagne et en France deux grands penseurs, Fichte et Biran, le premier plus porté au spéculatif suivant le goût et le génie de sa nation, le second plus psychologue, plus observateur, — le premier liant la métaphysique à la politique, passionné pour les idées du xviiie siècle et de la révolution, le second royaliste dans la pratique, assez indifférent pour ces sortes de recherches et occupé d’une manière tout abstraite à l’étude de la vie intérieure, — tous deux enfin, par une rencontre singulière et selon toute apparence par des raisons analogues, ayant terminé leur carrière par le mysticisme, mais le premier par un mysticisme inclinant au panthéisme, le second par le mysticisme chrétien. […] Ni Voltaire, ni Rousseau, ni Montesquieu, ni Turgot en France, ni Locke, ni Adam Smith, ni Ferguson en Angleterre et en Écosse, ni Lessing, ni Kant, ni Jacobi en Allemagne, ni Haller, ni Réaumur, ni Bonnet en Suisse, aucun de ces grands libérateurs de la raison humaine au xviiie siècle n’a été matérialiste.
Nul doute que si, au lieu de courir les mers de l’Inde, il s’était trouvé en France dans ces années brûlantes et fécondes où les géants se levèrent, sortirent des sillons, et où la Révolution enfanta ses hommes, il n’eût été l’un d’eux et n’eût fait grandement son chemin, s’il n’avait péri. […] Une fois de l’Académie des Inscriptions, il remplaça Fauriel dans la Commission de l’Histoire littéraire de la France (1844). […] Dès 1844, par son association au comité de l’Histoire littéraire de la France, M. […] Nous sommes très longs en France, même dans ce qu’on appelle la région intellectuelle, à apprécier ce qui ne brille pas d’abord, et il n’y a que bien peu de temps que nous épelons Spinoza. […] Édélestand du Méril, seul en France, était parfaitement au courant ; mais il l’était au point de paraître un homme d’Outre-Rhin lui-même.
I La manière la plus complète et la plus sûre de faire une histoire littéraire générale de la France sans omettre aucun des éléments qui la constituent, serait de suivre la marche des Bénédictins, celle de M. Ampère, et qui consiste à prendre les choses ab ovo dès l’époque latine ; mais les Bénédictins, messieurs, n’ont pas consacré moins de cinq gros volumes in-4° à la littérature de la France antérieure au Xe siècle (et huit gros avant le XIIe), et M. […] Raynouard d’une part, le fondateur de cette branche de philologie en France ; — et, de l’autre, M. […] Le moyen âge en France (si l’on donne ce nom à toute l’époque intermédiaire qui précède la Renaissance) achevait donc, dès l’entrée du xve siècle, de se traîner comme un vieillard à qui un grave accident a ôté plus qu’à demi la conscience de lui-même. […] Quand je vois la Commission de l’Histoire littéraire de France composée comme elle l’est aujourd’hui, et les écoles diverses, les diverses qualités d’esprit si bien représentées en son sein, sous la présidence du respectable M.
Depuis Jean Goujon en France et Canova en Italie, nous sommes à cet égard dans ce qu’on appelle une renaissance de la sculpture. […] On sait que le Jura est une épaisse muraille de montagnes à pente douce du côté de la France, à pente escarpée du côté de la Suisse. […] Le peintre David, qui régnait alors en France comme réformateur de la peinture, permit au jeune apprenti de venir dessiner d’après ses tableaux froids et automatiques dans son atelier. […] Déportée avec sa famille au dépôt de Rome, elle y était libre, et elle posait comme modèle de beauté tragique devant les peintres étrangers ; le peintre français Schnetz, ami de Léopold Robert, directeur depuis de l’école de France à Rome, la protégeait et lui donnait asile ; elle le protégeait à son tour quand il allait explorer les montagnes des Abruzzes et chercher des sites pour ses compositions toutes romaines. […] Son pinceau est une plume ; il parle, il chante autant qu’il dessine ; sa couleur a du son, sa toile est lyrique ; il parle trois langues en une : on l’entend peindre, on le sent décrire, on le voit penser…………………………………… XXXV L’enthousiasme qu’éprouvèrent l’Italie et la France à cette première grande page du génie de Léopold Robert lui donna l’élan et la confiance de son talent.
Elle veut, la France, qu’à la rémunération tarifée du travail ou du service, il s’ajoute pour le mercenaire, un peu de joie, un peu de bon temps, un peu d’ivresse. […] Samedi 19 mars Voilà Séverine et les autres, prenant comme cri de guerre de la révolution future : À la Banque de France ! à la Banque de France ! […] Puis quand il avait été en Angleterre, dit-il en souriant, l’Amérique lui avait paru beaucoup plus loin que la France. […] » Et elle ajoute après un silence : « Car, on a beau dire, à Versailles est toute l’histoire de France… » Tholozan, médecin du shah de Perse, depuis vingt-neuf ans, nous faisait une curieuse révélation : « Les Persans disent aux Européens : Vous avez, vous autres, des horlogers, des mécaniciens, des ouvriers dans les arts mécaniques, supérieurs aux nôtres, mais nous vous sommes bien supérieurs en tout, — et ils demandent, si nous avons des littérateurs, des poètes !
Cette année-là, on admirait cela en France. […] Mais la description de la masure sordide habitée par la bohémienne vendeuse de philtres est neuve, pittoresque et gravée au noir dans la poésie qu’on pourrait appeler flamande de la France. […] Je vivais peu en France pendant les belles années de 1828 à 1840 que Musset remplissait de ses pages presque toujours détachées et jetées au vent. […] ………………………………………………… ………………………………………………… J’avoue que ces strophes me parurent au-dessous de la dignité comme du génie de la France. […] Ma patrie est partout où rayonne la France, Où son génie éclate aux regards éblouis ; Chacun est du climat de son intelligence.
Aucune vapeur de la France ou de l’Espagne ne les a corrompus. […] Jusqu’à présent, les âges modernes n’en comptent que deux, l’Angleterre et la France. […] Pour ne pas sortir du domaine littéraire, qui me dira pourquoi la France du moyen âge n’a pas enfanté un grand poète épique ? […] L’Angleterre, que nous nous figurons si sage, était sous ce rapport, à cette époque, au niveau de la France et de l’Espagne. […] Cette correspondance commence à l’époque où Sterne fut appelé en France pour la première fois par les soins de sa santé.
L’antiquité égyptienne, l’antiquité romaine avaient des autels pour les divinités qui représentaient ce que vous appelez une incongruité, et, outre les ouvrages spéciaux, il existe en France cinquante sociétés diplômées de francs-p… ! […] Et voilà une belle page de plus à joindre au patrimoine littéraire de cette France que vous nous accusez d’oublier. […] Il les bénissait, au contraire, puisqu’il allait leur devoir son retour anticipé, l’exquise joie de rentrer en France, de regagner Vérigny, de revoir sa mère, Jeanne et tous ceux qu’il aimait ! […] Seuls, les convalescents désignés pour s’embarquer demain à destination de France ne peuvent dans leur fièvre partager la sieste des malades et la torpeur des choses. […] Le monde des employés, qui forme à peu près le huitième de la population de la France, a bien des fois tenté les romanciers observateurs.
Théophraste Renaudot est le fondateur de la Gazette en France ; or la Gazette, fondée en 1631 sous le patronage du cardinal de Richelieu, est le premier journal proprement dit, journal politique, officiel, tel seulement qu’il en pouvait exister alors, la première ébauche de tous les journaux nés depuis, et du Moniteur en particulier. Ce Renaudot qui avait titres et qualités : « Docteur en la faculté de médecine de Montpellier, médecin du roi, commissaire général des pauvres, maître et intendant général des bureaux d’adresse de France », était un homme à idées modernes comme plus tard l’a été Charles Perrault. […] Il y a dans toute cette querelle, et dans le fatras d’écritures qu’elle produisit, des choses fort curieuses et pour l’histoire de la médecine et pour l’histoire des journaux en France. […] Mais Renaudot n’était pas facile à émouvoir sur ce point ; il croyait à l’utilité de ses diverses innovations et de ses établissements, à celle de sa Gazette entre autres, et il s’en faisait gloire : Mon introduction des Gazettes en France, écrivait-il en 1641, contre lesquelles l’ignorance et l’orgueil, vos qualités inséparables, vous font user de plus de mépris, est une des inventions de laquelle j’aurais plus de sujet de me glorifier si j’étais capable de quelque vanité… ; et ma modestie est désormais plus empêchée à récuser l’applaudissement presque universel de ceux qui s’étonnent que mon style ait pu suffire à tant écrire à tout le monde déjà par l’espace de dix ans, le plus souvent du soir au matin, et des matières si différentes et si épineuses comme est l’histoire de ce qui se passe au même temps que je l’écris, que je n’ai été autrefois en peine de me défendre du blâme auquel toutes les nouveautés sont sujettes.
Elle avait sept mois quand elle vint en France, et ne la quitta plus. « Je ne sais rien, disait-elle, de mon pays paternel ; je suis Anglaise, God bless the King ! […] Dans notre jeunesse, elle, sa cousine Mlle Scherer, et moi, nous étions, sans contredit, les trois plus jolies filles de France. […] Penser par soi-même est fort rare en France dans le monde, et chez une femme c’est assez mal vu d’ordinaire ; on s’en indigne ou l’on en sourit. […] Greffulhe, le frère de Mme de Castellane, le grand ami d’Augustine Brohan, et celui que nous avons vu mourir le plus riche portefeuille de France.
Représentants du peuple, vous répondrez enfin par ce cri consolateur et vainqueur, qui retentira dans toute la France : la justice, et puis la justice, et encore la justice. » Ainsi il reprend au rebours, de propos délibéré, le mot d’ordre de Danton : celui-ci, dans le mouvement, d’invasion et dans le temps d’assaut de la Révolution montante, a tout attaqué et détruit ; lui, dans la période du décours et du déclin, il veut restaurer, mais il le voudra selon la mesure et selon la justice. […] Il en était venu, après Fructidor, à être le correspondant de Louis XVIII, un de ceux qui étaient censés devoir l’éclairer sur l’état vrai de l’opinion en France. […] Enfin, si l’on avait demandé vers 1846, et sur des points très-différents de la sphère politique, quel était l’homme de France qui jouissait de plus de considération, on aurait de toutes parts répondu : « C’est le Chancelier. » Un doctrinaire éminent, et des plus réconciliés avec lui49, disait alors en très-bonne part : « Le Chancelier, c’est l’homme aux expédients, — non pas celui qui en cherche, mais celui qui en trouve. » Je n’aime pourtant pas ce mot d’expédients qui n’en dit pas assez pour caractériser cette capacité diverse et fertile, et l’ensemble d’une faculté judicieuse si remarquable et si rare à ce degré. […] Royer-Collard, ses Discours et ses Écrits (2 vol. in-80, Didier, 1861), a donné tous les détails désirables sur ce Conseil royal secret qu’avait Louis XVIII en France, et dont, à un moment, M.
Toute œuvre étrangère, en passant par la France, par la forme et par l’expression française, se clarifie à la fois et se solidifie, de même qu’en philosophie une pensée n’est sûre d’avoir atteint toute sa netteté et sa lumière, que lorsqu’elle a été exprimée en français. […] L’inconvenance eût paru trop grande en France où nos rois ne virent jamais rien de pareil. […] En France il n’en était pas ainsi ; on ne savait pas un mot du Cid avant Corneille : le poète et le père de notre scène avait à nous le faire connaître et admirer du premier coup et vite, par les profils les plus nets et les plus tranchés, en raccourci. […] Les Anglais, pour accepter tout Shakspeare, avaient besoin de leurs combats de boxeurs ; l’Espagne a ses combats de taureaux : la France, la veille du Cid, n’avait que ses duels de la Place-Royale.
En France, d’ailleurs, on aime assez que les idées, comme les vins, nous reviennent de l’étranger. […] Quand on aura feuilleté le Pour et Contre de l’abbé Prévost, et plus tard les journaux de Suard et de l’abbé Arnaud, on en tirera, sur l’introduction des littératures étrangères en France, sur l’influence croissante de la littérature anglaise particulièrement, des notions bien précises et graduées, que Voltaire, certes, résume avec éclat, mais qu’il faut chercher ailleurs dans leur diffusion. […] Savez-vous qu’on était fort en train de connaître l’Allemagne en France avant 89 ? […] On se rappelle peut-être que M. de Balzac s’avisa, un beau matin, de faire en littérature une promotion de maréchaux de France.
Il s’enivre d’une perspective de félicité publique pendant que la France palpite sur l’échafaud. […] Ces cinq années sont cinq siècles pour la France. […] Ni le siècle de Périclès à Athènes, ni le siècle de César et d’Octave à Rome, ni le siècle de Charlemagne dans les Gaules et dans la Germanie, ni le siècle de Léon X en Italie, ni le siècle de Louis XIV en France, ni le siècle de Cromwell en Angleterre ! […] On glorifie la France dans son intelligence, dans son rôle, dans son âme, dans son sang !
Il se sentait gardé du côté de la France. […] Il acquit sur la frontière française, et en France, les deux terres de Tournav et de Ferney : il y établit son domicile habituel en 1760. […] Il donne à la France le spectacle de la faveur dont il jouit à l’étranger : il a repris dès 1757 une correspondance amicale avec le roi de Prusse ; à partir de 1763, il échange des lettres avec Catherine II ; il n’importe que les deux souverains se servent un peu de lui en politiques, pour mettre par son moyen l’opinion de leur côté ; le public qui croit voir Voltaire traiter d’égal avec les deux grandes puissances du temps, juge la petitesse du ministère français, qui le tient en exil loin de Paris ; il en prend du mépris pour le gouvernement, et du respect pour la philosophie. […] On avait le sentiment que tout ce pays n’existait que par lui : avec ses petitesses, ses travers, ses vices même, il pouvait dire qu’il y avait un petit coin de la France où il avait été un autre Turgot.
La cour de Rome, en particulier, voyait en ce défenseur de l’autel et du trône un héros et presque un saint échappé au martyre, et, à sa sortie de France en 1792, l’abbé Maury fut comblé par le pape Pie VI de tous les honneurs et de toutes les dignités auxquelles un homme d’Église pouvait prétendre : nonce, archevêque et bientôt cardinal (1794)34. […] Tel il parut bientôt et se déclara aux yeux de tous36 lorsque, rallié au gouvernement impérial, il fut rentré en France et qu’il eut accepté pendant la captivité de Pie VII l’administration de l’archevêché de Paris. […] « L’Académie française (c’est le cardinal Maury qui parle) était seule considérée en France, et donnait réellement un état. […] Dans les Documents inédits relatifs aux affaires religieuses de la France (1790-1800), extraits des Archives secrètes du Vatican et publiés par Theiner, il se trouve plusieurs lettres et billets de l’abbé Maury.
Nettement a surtout les notions courantes, ou plutôt les notions qui ont couru et que le journalisme a usées à force de les faire courir, ce journalisme qui porte encore sur ses oreilles la poussière du moulin où la France intellectuelle a fait moudre sa farine pendant dix-huit ans… Et non seulement M. […] Nettement la pensée du sien, elle avait le facile avantage de raconter une littérature étrangère ; et n’aurait-elle pas eu ce style inouï, ce mirage d’idées, comme disait Byron, qui lui aurait permis de se passer de pensées fortes et d’aperçus vrais, si elle n’en avait pas eu, elle apprenait du moins à la France ce que la France ne savait pas. […] Il raconte qu’un jour Balzac, traitant d’un feuilleton à la Gazette de France, osa demander à M. de Genoude ce qu’il préférait « de sa ménagerie » (il appelait ainsi ses romans dans ses quarts d’heure de misanthropie ou de modestie), mais M.
C’est une grande réputation, un réputation essentiellement française, une des gloires de la France. […] Il a cela de commun avec un autre homme célèbre, que je ne veux pas nommer parce que les temps ne sont pas encore mûrs34, qu’il a tiré sa gloire exclusivement de la France et surtout de l’aristocratie du soldat. […] Celle-ci, je crois, est postérieure et ne contenait que des pairs de France. […] Il a gravé lui-même à l’eau-forte, pour la collection des Chansons populaires de la France et pour les almanachs comiques d’Aubert, de fort beaux dessins, ou plutôt des croquis, où règne la plus folle et la plus innocente gaieté.
Dès les premiers instants de la Restauration et du sein même de ses souvenirs naquit en France une poésie qui frappa, quelque temps, par son air de nouveauté, ses promesses brillantes de talent et une sorte d’audace. […] comment, par exemple, resterait-il insensible à ces chants délicieux et purs, récemment échappés à une épouse, à une mère, à une amie de la France ?
Le livre de sir Walter Scott est jugé en France, et le public doit commencer à être las du concert unanime de réprobation qu’excite depuis trois semaines cette production malheureuse. […] Comme l’état de la France se dessine de plus en plus nettement, et que d’ailleurs les souvenirs abondent, les erreurs matérielles y sont moins capitales que dans les premières parties de l’ouvrage, et elles se simplifient, en quelque sorte, avec le cours des événements.
Comme il invite Shakespeare à reconnaître le mob anglais dans la plebs romana, il autorise et Corneille et Racine et même Mlle de Scudéry à peindre sous des noms anciens ce qu’ils voient de l’homme en France. […] Après avoir rempli une courte mission au concile de Trente, il rentre en France.
Pour Pasquier, il est par toute la France, dans toutes les provinces. […] Hatzfeld et Darmesteter, le xvie siècle en France, Paris, 5e éd., 1889 ; A.
Beltrame Que les Fedeli soient revenus ou ne soient pas revenus à Paris après 1625, pendant les dix-huit années que régnèrent encore Louis XIII et Richelieu, la France ne fut pas privée de troupe italienne. […] Il éprouva aussi ce vif besoin de réhabiliter sa profession que ressentaient particulièrement en France les comédiens italiens.
Il n’attendra jamais qu’on lui rappelle qu’il a été, à dix-sept ans, stuartiste, jacobite et cavalier ; qu’il a presque aimé la Vendée avant la France ; que si son père a été un des premiers volontaires de la grande république, sa mère, pauvre fille de quinze ans, en fuite à travers le Bocage, a été une brigande, comme madame de Bonchamp et madame de Larochejaquelein. Il n’insultera pas la race tombée, parce qu’il est de ceux qui ont eu foi en elle et qui, chacun pour sa part et selon son importance, avaient cru pouvoir répondre d’elle à la France.
Ainsi certaines generations seront plus spirituelles en France que d’autres generations, et cela par une raison de même nature que la raison qui fait que les hommes ont plus d’esprit en certains païs qu’en d’autres païs. […] Les magistrats des cours souveraines font en France une autre observation qui prouve la même chose.
« L’empirisme rationaliste de Taine et les sciences morales » Ce qui me paraît constituer l’œuvre propre de Taine, c’est qu’il a contribué plus que personne à introduire et à vulgariser en France une tradition philosophique qui, avant lui, ne comptait parmi nous que bien peu de représentants : c’est ce qu’on pourrait appeler l’empirisme rationaliste. […] Car la psychologie expérimentale, dont il a été le principal initiateur en France, repose précisément sur cet axiome que la conscience n’est pas une réalité aussi simple et aussi facile à connaître que le supposait l’école introspectionniste ; qu’elle ne se réduit pas à un petit groupe d’idées claires et d’états distincts dont la formule est facile à trouver ; mais qu’elle a, au contraire, des dessous profonds et obscurs et où, pourtant, il n’est pas impossible de faire progressivement descendre la lumière de la raison.
Le conscrit social en révolte, qui ne voulait pas être soldat parce qu’on ne le faisait pas tout d’abord Maréchal de France, a rejoint le régiment, sans gendarmes, et il ne s’est pas coupé le doigt qui tire la languette dans le coup de fusil, pour se rendre impropre au service… Non ! […] Il a ce style ferme, sain, robuste, qui plaît en France et porte l’idée ; mais, que diable !
Quand on venait de nous donner les mordantes eaux-fortes qui s’intitulent les Contes arabesques d’Edgar Poe, faites pour la substance dure de l’organisme américain, mais réellement trop fortes pour le public qui crée le succès en France, les lithographies d’Erckmann-Chatrian devaient réussir, et cela n’a pas manqué. […] à peu près toujours en France : du juste-milieu.
Terre promise), chez Vogüé; chez tant d’hommes réfléchis du Collège de France, de la Sorbonne, de l’Institut. […] L’auteur des Origines de la France contemporaine est un logicien qui nous souhaite un bien religieux parce que l’anarchie et le manque de tradition sont le mal de notre pays depuis cent ans, et qui préfère le protestantisme au catholicisme par haine de la centralisation excessive et par respect de l’individu.
les droits de l’histoire, dans ce royaume de France, livré à toutes les corruptions de l’esprit et des sens. […] » C’est ainsi qu’entre le oui et le non de la France, entre le zist et le zest de notre directeur suprême, on peut encore placer un tout petit feuilleton. Quand tout sera fait et conclu, aussitôt la France redeviendra sérieuse et calme ; elle ne parlera que des grandes choses, et non plus des futiles ! […] Séguier (un futur garde des sceaux de France !) […] Bulwer prit l’habitude d’écrire en note, au bas de ses livres, des aménités pareilles à celles-ci : « La France qui a produit Cartouche et Jules Janin, la France qui a produit la Saint-Barthélemy et L’Âne mort. » Voici, pour commencer, le drame de l’Ambigu-Comique.
Nous n’avons qu’à citer pour la France cette explosion merveilleuse de la Marseillaise, dont nous avons connu l’auteur et dont nous avons fait le récit dans une de nos histoires : c’est la poésie du sol, le lyrisme de la patrie, le chant des trois cents Spartiates dont un écho s’est retrouvé en France dans les montagnes du Jura en 1792. […] Fanatisés par le soleil et par l’éloquence des clubs provençaux, ils s’avançaient aux applaudissements des populations du centre de la France, reçus, fêtés, enivrés d’enthousiasme et de vin dans des banquets patriotiques qui se succédaient sur leur passage. […] Les Marseillais le répandirent en France en le chantant sur leur route. […] La vieille mère de de Lisle, royaliste et religieuse, épouvantée de la voix de son fils, lui écrivait : « Qu’est-ce donc que cet hymne révolutionnaire que chante une horde de brigands qui traverse la France et auquel on mêle votre nom ?
Trois heureuses journées littéraires I J’ai sur ma table aujourd’hui deux livres que je viens de lire avec un grand charme, et qui me convient, par ce charme même, à me distraire un moment de l’antiquité avec mes lecteurs, pour donner un regard à la jeune France poétique d’aujourd’hui. […] La France est inexorable : « Tu t’es mis en servitude pour ton pays, répond-elle à ceux qui lui palpent en vain le cœur ; tant mieux pour moi, tant pis pour toi ! […] Maudite soit la France, qui s’arrêterait tout entière pour arracher une épine du pied nu d’un passant, mais qui ne se détournerait pas de son sentier pour arracher une épine morale du cœur d’un homme sensible, puni d’avoir trop aimé ! […] XXI Ce poème, publié en entier depuis, est, selon nous, le chef-d’œuvre de la poésie métaphysique en France et en Angleterre ; son seul défaut est d’être métaphysique, c’est-à-dire condamné à n’être jamais populaire. […] Heureuse la France d’avoir encore de tels enfants !
L’instruction que trouve l’enfance dans les collèges, dans les pensionnats et dans l’intérieur des familles est nécessairement élémentaire, et les institutions du collège de France et de l’Université n’ont été fondées que pour donner à la jeunesse une seconde instruction, sans laquelle la première devient bientôt à peu près inutile. […] En France, aujourd’hui, on lit peu et surtout on lit mal. […] Nous en avons eu la preuve, il y a peu d’années, au collège de France. […] Un pair, du Luxembourg immobile ornement, Avec un député discutait humblement, Cherchant à lui prouver, dans la France légale, Que des pouvoirs égaux la puissance est égale… Un conseiller d’État, un président de cour Parlaient sans s’écouter, mais chacun à son tour Le Clergé, le Barreau, l’Institut et l’Armée Avaient envoyé là plus d’une renommée ; On y comptait encor trois femmes, beaux esprits… C’était à la campagne un salon de Paris. […] « — Et le marquis d’Arnem, pair de France ?
« L’âme de la France, écrivait-il, c’est celle dont des poètes comme Racine et La Fontaine, des peintres comme Fragonard, des écrivains comme Montaigne, Montesquieu, Voltaire ont à jamais exprimé l’idéal. […] Taine est classique, les professeurs la lisent et la commentent, les élèves, non seulement en France, mais en Angleterre, en Italie, en Allemagne, l’étudient ; les mondains même la feuillettent, les jeunes gens l’admirent ; il y a toute une école historique qui suit sa méthode ; Nietzsche ne cache point l’influence que Taine a eue sur lui, et c’est l’un de ses rares contemporains auxquels il fasse grâce ; enfin deux romanciers bien différents, mais dont l’action opposée fut presque aussi forte sur les lecteurs cosmopolites, M. […] Il se mit à écrire ses Origines de la France contemporaine pour faire quelque lumière dans son esprit et celui de ses contemporains. […] Il eût mieux valu, sans doute, que la France et que l’humanité attendissent que M. […] Taine écrivit ses impressions de voyage en France, aux Pyrénées, en Angleterre, en Italie !
Où trouver, en France et en Allemagne maintenant, une telle suite dans les recherches, une aussi forte, une aussi persévérante analyse des problèmes, une aussi ingénieuse explication des phénomènes ? […] Mais si l’on veut parler de la psychologie de notre siècle, la France compte des travaux qui ne le cèdent en importance et en originalité à aucun des livres que l’Angleterre et l’Écosse ont produits de tout temps. […] Ainsi procèdent en Angleterre Stuart Mill, Herbert Spencer, Alexandre Bain ; en France, E. […] Il ne faut point oublier qu’elle est une réaction salutaire à certains égards contre les tendances peu scientifiques des écoles qui l’ont précédée, soit en Angleterre, soit en France. […] Revue des Cours littéraires de la France et de l’étranger, 14 août 1869.
M. Anatole France et M. […] M. Anatole France, ni de M. […] M. France, un chef-d’œuvre. […] M. France. […] M. France qu’il faudrait rattacher M.
Seul il voyait juste le poète qui, voilà quelques lustres, baptisa notre époque, encore à naître : « Une France aux yeux ronds ! […] Devoirs d’Histoire de France : voilà un titre bien modeste, — trop modeste, à notre sens, modeste jusqu’à l’injustice ; — l’auteur, M. […] Montaigut, il fallut tout cela pour que son œuvre et son nom eussent conquis droit de cité et lussent consacrés en France. […] Il bénéficie pendant plus de deux siècles d’une ovation ininterrompue en France et partout ailleurs ; en Angleterre, où elle fut excessive, puisque ce fut aux dépens de Shakespeare et de la littérature nationale ; en Allemagne, où Gœthe et Schiller traduisirent ses œuvres. — En France, il est vrai, il y eut une révolte momentanée vers 1830. […] J’étais heureux, bien sûr, à l’idée de revoir la France, mais bien heureux aussi à la pensée d’un si agréable séjour et de si excellents et durables souvenirs.
L’institution de l’Académie, en France, c’est la règle et le gouvernement introduits dans la littérature, et, chose admirable ! […] Paris, en fait de langue, c’est plus que les provinces ; mais la France, c’est plus que Paris. […] Tel paraissait être en effet le caractère de cette fondation, et c’est ce qui en fit une nouveauté, non seulement pour la France, mais pour l’Europe civilisée. […] En France, au contraire, l’institution de l’Académie française semble ouvrir le dix-septième siècle ; et, sauf le Discours de la méthode et le Cid, qui parurent vers le temps de son établissement définitif, les plus beaux monuments de notre littérature sont postérieurs à cette fondation. […] La règle en France a donc précédé les chefs-d’œuvre ; la discipline a prévenu la liberté.
En France, un jeune homme instruit et pauvre ne tarde pas à remarquer l’abîme qu’il y a entre sa situation sociale et son instruction. […] Il y avait le Paris d’entre la Madeleine et le boulevard des Capucines, et puis il y avait l’autre, celui du Quartier Latin, celui de la Sorbonne et du Collège de France, où l’on avait le mépris de notre existence frivole. […] Qui eût prédit qu’on parlerait encore de la censure en France ? […] Il faudrait étudier encore, dans cette transformation de nos mœurs littéraires, le rôle de la critique qui, en France, a toujours été prépondérante. […] mais, socialement, ce sont de grands ingrats, car ils leur doivent, du moins en France, d’être respectés et admis, de n’être point considérés comme des vagabonds, et d’avoir parfois des militaires à leur enterrement.
Je sais des hommes d’étude et de lecture approfondie qui placent Fleury très haut, plus haut qu’on n’est accoutumé à le faire aujourd’hui, qui le mettent en tête du second 265 rang ; ils disent « que ce n’est sans doute qu’un écrivain estimable et du second ordre, mais que c’est un esprit de première qualité ; que ses Mœurs des israélites et des chrétiens sont un livre à peu près classique ; que son Traité du choix et de la méthode des études, dans un cadre resserré, est plein de vues originales, et très supérieur en cela à l’ouvrage plus volumineux de Rollin ; que son Histoire du droit français, son traité du Droit public de France, renferment tout ce qu’on sait de certain sur les origines féodales, et à peu près tout ce qu’il y a de vrai dans certains chapitres des plus célèbres historiens modernes, qui n’y ont mis en sus que leurs systèmes et se sont bien gardés de le citer ; que Fleury est un des écrivains français qui ont le mieux connu le Moyen Âge, bien que peut être, par amour de l’Antiquité, il l’ait un peu trop déprécié ; que cet ensemble d’écrits marqués au coin du bon sens et où tout est bien distribué, bien présenté, d’un style pur et irréprochable, sans une trace de mauvais goût, sans un seul paradoxe, atteste bien aussi la supériorité de celui qui les a conçus. » Pour moi, c’est plutôt la preuve d’un esprit très sain. […] Ainsi ayant affaire à la morgue des uns, à la mauvaise humeur et à la pétulance des autres, ayant à compter avec la politique des prélats, avec le formalisme des docteurs, Bossuet, sans amour-propre, sans impatience, poursuit son dessein, fait toutes les concessions nécessaires, écarte et tourne les obstacles, et n’a de cesse qu’il n’ait obtenu la condamnation des 127 propositions tant molinistes que jansénistes, maintenant par là l’Église de France dans la voie qui lui semble celle de la rectitude et du sage milieu. […] En France, l’innovation et la révolution n’avaient point à sortir méthodiquement de l’exégèse, et l’on ne devait point procéder à l’allemande.
Quand il mourut, la Gazette de France parla de lui comme du plus vieux militaire de son temps et du plus ancien magistrat. […] Voilà un homme qui juge à ce point de vue le résultat de la révocation de l’Édit de Nantes, qui ne l’appelle pas autrement que « la perte en France du commerce et des arts industriels », et qui, au même moment, dans l’incertitude d’être accueilli pour ce qu’il propose de plus indulgent, provoque des mesures de rigueur en demandant à Louvois des troupes. […] Un vol. in-4°, dans la Collection des documents inédits sur l’histoire de France, public par les soins du ministre de l’Instruction publique.
La France était entrée, par l’alliance de Vienne, dans la guerre de Sept-Ans et s’était donné bénévolement pour adversaire le plus grand capitaine du siècle. […] Rochambeau, qui servait sous lui, a rapporté fort exactement ce premier exploit avec tous ses risques, et il a cité un propos chevaleresque du maréchal : « Il n’y a personne dans l’armée qui ne pense comme moi qu’il vaut mieux se faire moine au haut du Monte del Toro que de rentrer en France sans avoir pris Mahon. » Le succès répondit à l’audace. […] Voir dans Gustave III et la Cour de France, par M.
On les exploite toujours en Angleterre ; mais presque partout, notamment en France, les charlatans les ont mises en discrédit ; elles attendent encore que des expérimentateurs attitrés et doués de l’esprit critique veuillent bien les fouiller. […] Il faut faire celle du puritain pour comprendre la Révolution de 1649 en Angleterre, celle du jacobin pour comprendre la Révolution de 1789 en France. […] Cette théorie avait déjà été énoncée dans la Revue de l’instruction publique (novembre 1855 ; juillet, août et septembre 1856), puis publiée dans les Philosophes classiques au xixe siècle en France (1856), chapitres 3, 9 et 13, puis reprise et développée dans la préface de la 2e édition du même ouvrage (1860), enfin exposée et précisée une dernière fois dans une étude sur Stuart Mill (Revue des Deux Mondes, mars 1861), qui a précédé les vues concordantes de Stuart Mill sur le même sujet.
Gaston Paris et la poésie française au moyen âge58 I Depuis qu’on nous a fait entendre que c’étaient les privat-docenten qui avaient gagné la bataille de Sedan, beaucoup de bons esprits se sont figurés chez nous qu’un moyen indirect, mais sûr, de préparer la revanche était d’établir des textes grecs, latins ou romans ; et l’érudition a envahi la France. […] Je ne connais pas de plus belle définition de cet esprit que celle qu’il en donne dans une leçon sur la Chanson de Roland, faite au Collège de France le 8 décembre 1870 : «… Je professe absolument et sans réserve cette doctrine, que la science n’a d’autre objet que la vérité, et la vérité pour elle-même, sans aucun souci des conséquences bonnes ou mauvaises, regrettables ou heureuses, que cette vérité pourrait avoir dans la pratique. […] — Les hommes de la première moitié de ce siècle croyaient à une mission providentielle de la France dans le monde, comme les hommes du temps des croisades.
La commedia dell’arte en France pendant la jeunesse de Molière Après la mort du cardinal de Richelieu et du roi Louis XIII, sous le ministère de Mazarin, les troupes italiennes affluèrent à Paris. […] Tiberio Fiurelli, qui s’incarna dans ce caractère, était déjà venu en France en 1639 et en 1640 ; il lui arriva à cette époque l’heureuse aventure que voici : « Un jour qu’il était avec Aurelia (Brigida Bianchi) dans la chambre du dauphin qui fut depuis Louis XIV, le prince, qui avait alors deux ans, fut de si mauvaise humeur que rien ne pouvait apaiser sa colère et ses cris. […] Il a toujours été les délices de tous les princes qui l’ont connu, et notre invincible monarque ne s’est jamais lassé de lui faire quelque grâce. » Fiurelli donna une extension considérable à son emploi : « En Italie, dit Riccoboni, ce personnage n’avait jamais fait d’autre caractère que celui du capitan ; mais en France il fut tellement goûté qu’on le mit à toutes sauces30. » 17. — Scaramouche.
M. Anatole France, son éminent maître. M. France (j’ai conservé les numéros du Temps) accusa successivement ces deux artistes d’être mal intelligibles. […] M. France, qui parle à merveille et entend de même : mais, pardieu, il n’est de pire sourd que…
Ce que l’on ne peut contester, c’est que par les nombreux travaux critiques qui ont été faits en ce siècle, soit en Allemagne, soit en France, l’histoire de la philosophie est de plus en plus en voie de devenir une science positive. […] Les Tennemann, les Schleiermacher, les Brandis, les Ritter, les Zeller, les Trendelenbourg, ont mis l’histoire de la philosophie, surtout de la philosophie ancienne, au niveau des parties les plus avancées des sciences historiques et philologiques ; mais la France a eu aussi sa gloire dans ce grand mouvement : elle a fait aussi des efforts pour rivaliser avec l’Allemagne, ou pour lui disputer le premier rang. […] Indépendamment de ces parties encore incomplètes, ce qui manque surtout à la France, c’est une histoire générale de la philosophie comme il y en a plusieurs en Allemagne.
Il est clair, pour tous ceux qui ont des yeux, que sans les Anglais, la raison et la philosophie seraient encore dans l’enfance la plus méprisable en France, et que leurs vrais fondateurs parmi nous, Montesquieu et Voltaire, ont été les écoliers et les sectateurs des philosophes et des grands hommes d’Angleterre. […] En France, cela s’appelle des bourses. […] Cette science si utile, et qui a été portée en France à un si haut degré de perfection, n’a pas encore, dans les universités des autres pays, la considération qu’elle mérite.
Remarquons toutefois que cette littérature nouvelle doit avoir pour caractère particulier d’être européenne, en même temps qu’elle sera tout à fait française ; car la France ne peut qu’être à la tête des destinées de l’Europe. […] Espérons que notre belle France finira par devenir sa noble patrie. […] Discutez les prestiges de la vierge qui sauva la France, qui fut brûlée comme sorcière par nos ennemis, et dont la cour de Rome a protégé la mémoire !
Je n’étais encore sorti de France que pour une courte excursion en Belgique. […] Être de Paris, en France, c’est être d’Athènes dans l’Attique. […] le dernier livre que l’empereur lut en France. […] Quelle différence avec notre froide et propre France ! […] Que serait-ce donc, si j’arrivais en France dans cette saison ?
Et elle est Dauphine et fille de France. […] La France est le dernier de ces peuples élus. […] Il ne trouve point tout cela installé au cœur de France. […] Comme ayant été rois de France ou suppléant au roi de France, lieutenant du roi de France à ces cent cinquante ans de distance. […] Elle était l’unité itinéraire de l’ancienne France.
Les Canaries à la cour de France, de la cour de France au Sénégal, au Maroc, au Pérou, au Mexique, on y parcourt l’univers habité. […] La France, demi-anglaise et demi-bourguignonne, était, elle, uniquement réaliste. […] Mais suivons la fortune de la littérature espagnole en France. […] Ou bien nous faut-il croire que, depuis trois cents ans, tout le monde en France se soit trompé sur les défauts de ce genre d’écrire, comme sur les qualités dont ils sont la rançon ou la condition peut-être ? […] Ils avaient vu misérablement échouer ces tentatives de réunion entre catholiques et protestants dont Bossuet en France et Leibniz en Allemagne avaient voulu prendre l’initiative.
Il n’y a pas en France sujets de pendule aussi lyriques. […] Jusserand suit les destinées de Shakspeare en France depuis 1616 jusqu’en 1810. […] C’était, ce qui est arrivé souvent en France, juger d’une tragédie en la prenant pour une comédie. […] Le roi rit, la cour éclata, toute la France devait suivre. […] Racine a fortement accusé ce caractère de l’art nouveau, ou renouvelé, qu’il apportait en France.
Diderot appartient à la France. […] On y verrait le grand et chaleureux amateur qui, le premier, a fondé la critique d’art en France, dans le négligé flottant de son costume, le cou nu, le front inspiré et annonçant du geste cette conquête nouvelle que l’imagination et la science du critique sauront se faire dans le monde de l’art.
Ce rationalisme mondain tire ses principes de la mode, des convenances, de l’opinion ; il n’admet point de vérité, de beauté hors des choses qui ont cours dans la société polie ; et, comme le mouvement général des idées, en France, à cette date, porte vers l’esprit et vers la science, vers l’exercice exclusif des facultés intellectuelles et discursives, l’idéal mondain est forcément l’exagération de cette tendance. […] Éditions :Parallèles des anciens et des modernes, 4 vol. in-12, 1688-1697 ; les Hommes illustres qui ont paru en France pendant le xviie siècle, 2 vol. in-fol. ; 3e édit. 2 vol in-12, 1701 ; Mémoires, dans les Oeuvres choisies, Paris, in-8, 1826 ; Contes de ma mère l’Oye, petit in-12, 1697.
Il part là-dessus avec une gravité de membre de l’Académie de médecine écrivant un rapport : « Une curieuse épidémie sévit depuis quelque temps sur les billets de cinq cents francs ; ils ne meurent pas tous, mais tous sont frappés d’un vague discrédit Le symptôme pathognomonique de la maladie est un épaississement accentué des tissus, avec complication de troubles dans le filigrane, etc… » Ou encore : « On vient de découvrir l’antisarcine ; comme son nom l’indique, ce médicament est destiné à combattre les effets du Francisque Sarcey qui sévit avec une si cruelle intensité sur la bourgeoisie moyenne. » Et alors il fait l’historique de la découverte ; il raconte que les études sur le virus sarcéyen ont démontré l’existence d’un microbe spécial qui a reçu le nom de Bacillus scenafairus (bacille de la scène à faire) ; que les premiers microbes ont été recueillis dans la bave d’un abonné du Temps, un malheureux qui « jetait du Scribe par les narines et délirait sur des airs du Caveau… et que son teint blafard (et Fulgence) désignait clairement comme un homme épris des choses du théâtre » ; que ces bacilles ont été recueillis, cultivés dans les « bouillons » du Temps et de la France, etc… Ce qui double encore l’effet de ces méthodiques extravagances, c’est le style, qui est d’un sérieux, d’une tenue et d’une impersonnalité effrayantes. […] Les raisons que j’ai essayé de démêler n’expliquent pas, en somme, la joie bizarre que me donne l’énorme et placide déraison de ces facéties ; et peut-être aurez-vous beaucoup de peine à comprendre mon admiration et à me la pardonner, et y soupçonnerez-vous quelque gageure… Mais non, il n’y en a point… Je relis l’interview que Grosclaude est allé prendre à la plus ancienne locomotive de France, à l’occasion du cinquantenaire des chemins, de fer, et je n’y résiste pas plus qu’à la première lecture.
» ; et ailleurs : « On m’a apporté à déjeuner, — des choses innombrables et fines, — mais je n’ai faim qu’en France. » L’impératrice est pleine de bienveillance pour lui. […] Cela, au moment même où les trônes s’écroulent, où l’opérette triomphe avec Hervé et Offenbach, où Renan ironise, où Taine coupe l’essor de l’âme en lui rognant les ailes et prétend que le crime et la vertu sont des produits naturels du cerveau comme le vitriol et le sucre ; mais tandis que la France s’étourdit de flonflons, Wagner y introduit le mysticisme et l’influence de Schopenhauer se marque par une explosion soudaine de pessimisme.
Mais le moyen de faire jouer le rôle d’un céladon à l’homme de France le plus antipathique avec toute affectation, avec tout jargon, avec tout ce qui était hors de la voie droite et nette de la raison et de la vertu ? À l’époque de son mariage, Montausier avait à peine trente-cinq ans ; depuis l’âge de vingt ans, il était au service et engagé dans des guerres successives, en Italie, en Lorraine, en Alsace ; en 1638, parvenu au grade de maréchal de camp, bien qu’âgé seulement de vingt-huit ans, il fut nommé gouverneur de l’Alsace, province alors d’une soumission équivoque, où le roi avait besoin d’un homme qui réunit l’art et le courage du guerrier au tarent et à la sagesse de l’administrateur ; en 1638, il se signala au siège de Brissac ; revenu à Paris pendant l’hiver de 1641, il fut rappelé à l’ouverture de la campagne par Guébriant devenu général en chef de l’armée d’Allemagne et peu après maréchal de France ; le maréchal, qui avait une grande confiance en Montausier, ayant été tué en 1643, celui-ci fut fait prisonnier, peu de temps après, à la déroute de Dillingen ; il ne recouvra la liberté qu’en 1644 ; alors enfin il lui restait encore un obstacle à franchir pour se marier ; c’était sa religion.
Or, dans ce peuple de galants que nous sommes, nous préférons de beaucoup, comme de juste, les Dauphines aux Dauphins… En France, tomber en quenouille, pour un Pouvoir, ce n’est pas tomber ! […] — et que sous l’empire de cette Grâce, elle avait quitté son mari comme on ne le quitte guère dans les ouvrages de son père et de son frère, pour se jeter en pleines œuvres de haute dévotion et de prosélytisme, mais tout cela avec une telle gesticulation théâtrale, que les prêtres français de Jérusalem s’étaient inquiétés en leur prudence, de ce trop de gesticulation… Revenue en France, ajoutait-on, elle était entrée chez des religieuses de Passy, sans pourtant se faire religieuse, et elle y vivait dans une piété exaltée, peignant des sujets religieux ; mortifiant ainsi de la toile, si elle ne se mortifiait pas elle-même ; s’entretenant la main de cette façon et mortifiant toujours quelque chose !
Cette question, on le sait, fut la décapitation de la France par Paris, la question de la centralisation même. […] Selon la loi de toute révolution populaire, celle qui eut son prodrome à la prise de la Bastille et son épilogue au 9 thermidor était déchirée en deux parts lorsque le mouvement dit du Fédéralisme se produisit en 1793 ; et comme Caen, dit Vaultier, fut une des villes de France où le mouvement se prononça le plus (nous allons voir tout à l’heure avec quelle vigueur), ce qui se passa à Caen donne l’idée de ce qui se passa dans les autres villes, et cela fait véritablement pitié.
En France, surtout, c’est presque impossible… Le courage contre tout le monde n’est pas connu dans ce pays… Or, tout le monde a, pour une raison ou pour une autre, contribué de sa propre badauderie à ces réputations qui semblent être des préjugés venus en pleine terre, mais cultivés en pot par des gens d’esprit, et même par des connaisseurs, comme des capucines par des grisettes. […] Elle vivait au loin, dans son pays, au fond du cloître qu’elle avait souillé, et à peine si ceux qui lisaient ses lettres en France savaient son nom étranger.
Il avait essayé du rire, du rire à large fente, et il s’en est fait un comme à la scène on se fait une tête ; car naturellement, si j’en crois le livre que j’ai sous les yeux, il n’est pas un esprit gai ; il n’a pas la promptitude, et la sveltesse, et le pétillement et la couleur rose qui font ce qu’on appelle la gaîté, du moins comme on l’entend en France, le seul pays où on la comprenne. […] elle en a peut-être d’autant plus qu’elle tranche davantage sur notre plaisanterie française, et qu’en France on aime l’accent, le ton, l’air étranger… Acéré d’ailleurs, et acéré avant tout, aiguisé sur les quatre côtés de sa lame, dès les premiers mots qu’écrivit le talent vibrant de Rochefort, quand il débuta dans la Chronique, on reconnut le petit sifflement de l’acier ou de la cravache dans la main qui les prend et qui sait s’en servir.
Germond de Lavigne ; l’auteur traduit est Fernandès Avellaneda, le continuateur du Don Quichotte de Michel Cervantes, un de ces continuateurs qui peuvent être des réputations en Espagne, mais qu’en France, avant M. […] Un des critiques de France, qui remue le plus de faits et d’idées, Philarète Chasles, avait déjà voulu percer l’obscurité qui couvre ce personnage littéraire, réel ou fictif, d’Avellaneda, et il a entassé une science énorme sur la pointe d’aiguille d’une sagacité par trop fine peut-être… Selon nous, c’était une peine de trop.
Errant en Europe, venu en France, il se mêla un peu au journalisme, qui nous prend tous et qui nous dévore ; mais il retira son pied de ce gouffre, et dans la solitude d’une ville de province, où il donne noblement des leçons pour vivre, il put, quelques années après Les Hirondelles (1860), ces oiseaux bleus, publier son Pays bleu (1865), — une œuvre de tout autre aspect de génie, et qui, après le Juif, nous donnait l’Allemand. […] Il a déjà publié quelque chose d’infiniment remarqué sur les Origines phéniciennes, et, pour achever ce travail d’une érudition transcendante, il faudrait qu’il fût mieux assis que sur l’escabeau que l’Université de France lui a aumôné, croyant n’avoir affaire ni à un fort savant ni à un grand poète.
L’automne, en voilant le ciel de la France, en lui rappelant la fuite des années, reporte sa pensée vers sa patrie de prédilection. […] Pour sauver sa liberté, elle quitte Rome et vient en France. […] Toussaint avait quarante-huit ans quand la France proclama l’émancipation des noirs. […] L’exclamation d’Isaac après avoir entendu la lettre du premier consul se concilie difficilement avec l’éducation qu’il a reçue en France. […] Si l’amour filial le détache de la France qui l’avait adopté, il ne peut effacer en lui les souvenirs de son éducation.
About, ô Voltaire… Encore un an de Théâtre Libre, et la France ne sera plus la France, et les Français ne seront plus Français. […] soupirai-je, vous ne connaissez pas la France. […] M. Anatole France ; M. […] En quoi aussi le triomphe artistique de la France est-il compromis par une abstention ? […] Je connais, dans une ville de France, un bibliothécaire.