Horace Walpole reste un homme d’esprit, malgré ses opinions sur Turgot et Malesherbes, et ses Lettres le renseignement le plus vrai, le plus amusant et le plus cinglant contre la dernière moitié du xviiie siècle.
Henri IV, que, dans son histoire, il diminue pour rester vrai, l’aimait au point de vouloir le faire servir à ses vices et employer à ses amours, sachant que les femmes qui résistaient au roi ne résisteraient pas au poète, et qu’il les lui prendrait comme les forteresses… Mais il était trop fier faucon pour de telles chasses, et il resta ce que le pur et délicieux Joinville lui-même serait resté, si, par impossible, Saint Louis eût été Henri IV !
Il est vrai qu’un nom devient quelquefois une grande chose sous des mains créatrices.
D’Archiloque, au contraire, tout est historique et vrai, jusqu’à l’impudence de sa vie.
La vraie Diane n’est pas responsable des métamorphoses impures ou perverses que subit son type. […] Vrai moine, en effet, qui semblait avoir prononcé des vœux terribles entre les mains d’une de ces Walkyries sanguinaires que son pays avait adorées. […] Il y a du vrai et du faux dans cette légende, comme il y a, dans une caricature, de la ressemblance et de la chimère. […] Un tel régime la maintint longtemps : ces froides ablutions surtout, d’après les chroniqueurs, furent sa vraie fontaine de Jouvence. […] Elle dort à l’ordinaire dix à douze heures ; elle mange quatre fois le jour de la viande ; il est vrai que son déjeuner et sa collation sont ses meilleurs repas.
Cette production, aussi curieuse qu’agréable, ne pouvait paraître dans toute sa sincérité et son intégrité, comme avec toute sa saveur, qu’après la vraie renaissance de goût pour le xviie siècle, et cette reprise d’étude intelligente qui fait tant d’honneur à notre âge. […] [NdA] Cela est si vrai que M. de Novion se hâtait là-dessus d’écrire à Colbert (20 octobre 1665) : « J’ai fait arrêter hier au soir le comte de Canillac Pont-du-Château, beau-frère de mon gendre.
Sous cette lumière subite, la vraie figure, difforme, odieuse ou plate, apparaît ; nous haussons les épaules. […] C’est un nouveau venu, un parvenu dans le vrai monde ; vous voyez en lui un plébéien, puissant penseur, infatigable ouvrier et grand artiste, que les mœurs du temps ont introduit dans un souper de viveurs à la mode.
. — Au total, il apprend la langue faite, comme un vrai musicien apprend le contre-point, comme un vrai poète apprend la prosodie ; c’est un génie original qui s’adapte à une forme construite pièce à pièce par une succession de génies originaux ; si elle lui manquait, il la retrouverait peu à peu ou en découvrirait une autre équivalente.
» L’enthousiasme toujours figuré du vrai poète le ressaisit aussitôt ; il chante d’une voix immortelle l’entrée triomphale de Dieu dans ses mondes par les portes immenses des éternités. […] … » Voilà l’enthousiasme presque inarticulé du poète lyrique, tant les paroles se pressent confusément sur ses lèvres, qui s’emporte à sa vraie source, à Dieu, comme les flocons de la fumée d’un incendie de l’âme par un vent d’orage !
Effacez le sang, il reste la vérité. » VII La jeunesse qui lira ces axiomes, dont la plus grande partie est véritablement évangélique, doit en effacer avec précaution trois choses destructives de toutes vraies notions sociales : 1º Les droits naturels et imprescriptibles, qui ne sont en réalité ni naturels ni imprescriptibles, attendu que les droits sociaux ne peuvent exister avant la société qui les confère et qui les garantit. […] Je n’avais pas assez sondé alors moi-même le creux vide de ces axiomes ; plein de Platon et de Fénelon à cette époque, je n’avais pas assez lu Aristote et Montesquieu, ces maîtres du vrai en politique.
Black, guidé par la vie du Tasse, écrite en 1600 par le marquis Manso, qui avait connu et aimé le poète, et par l’histoire plus récente de l’abbé Serassi, a suivi trace à trace, dans toutes les archives et dans toutes les bibliothèques d’Italie, pendant dix ans, les moindres lueurs de vérité qui pouvaient recomposer le vrai jour sur la vie de son héros ; moi-même, une sorte de piété semblable à une parenté des âmes m’attira de bonne heure vers ce nom comme un pèlerin vers un sépulcre. […] Les exordes de tous ses chants sont d’une morale si vraie et si enjouée !
Le sentiment du vrai est comme l’affirmation de la nature en nous. — Le rien sans rien, dit le philosophe Royer-Collard, mais je l’affirme ! […] Les hommes et tous les siècles lui ont donné son vrai nom : Mystère, Humboldt !
Ce long chemin est le seul qui mène au point de vue d’où l’on découvre sous leur vrai jour, non point seulement cette tragédie isolée, mais encore tout le théâtre d’Athènes. […] Vrais géants du royaume des Ombres, il semble que les portes d’ivoire et de corne de la fable grecque aient dû s’exhausser pour leur livrer passage : la Bible seule en a d’aussi grands.
Ils semblent avoir plus besoin que les autres du cœur maternel ; les Benjamins sont une vieille histoire, ils sont aussi vrais dans la civilisation qu’au désert. […] Mille bruits couraient sur son mariage ; aucuns n’étaient vrais.
Car il reste toujours vrai, même dans cette hypothèse, que les phénomènes généraux doivent être étudiés avant de procéder à l’examen des modifications spéciales qu’ils éprouvent dans certains êtres de l’univers, par suite d’une disposition particulière des molécules. […] Dans l’état actuel du développement de nos connaissances positives, il convient, je crois, de regarder la science mathématique, moins comme une partie constituante de la philosophie naturelle proprement dite, que comme étant, depuis Descartes et Newton, la vraie base fondamentale de toute cette philosophie, quoique, à parler exactement, elle soit à la fois l’une et l’autre.
Il est vrai qu’il s’agit dans le cas présent de Montbrun, un des vaillants selon le cœur de d’Aubigné, un de ceux qui honorent le plus l’idéal qu’il a en vue, c’est-à-dire la chevalerie des guerres civiles.
Laîné : je voudrais des nuances à part pour distinguer, même dans ses défauts, le vrai talent72.
Faire son devoir, le faire avec distinction sans se mêler des partis, voilà le vrai patriote, l’homme estimable ; et voilà bien pourquoi je ne me soucie guère d’une grande charge où l’on est entraîné dans les partis, ou du moins l’on est entraîné à des liaisons qui décident souvent de votre sort, avec des gens qui ne peuvent exister sans troubler l’État par des opinions exclusives.
Ce qui me frappe surtout dans les amours de Casanova, dans les premières comme dans celles qui viendront plus tard, dans ses passions les plus vraies et les plus profondes au moment où il les a, dans ce qui n’est ni pur caprice ni désœuvrement, ni débauche, dans sa liaison avec dona Lucrezia, avec Bellino-Thérèse, avec madame F., avec la jeune comtesse A.
. — Si vous entrez plus avant dans la vraie Champagne, ces sources de poésie s’appauvrissent et s’affinent encore.
Mais voici la vraie cause de sa faiblesse : au lieu qu’en 1830, la victoire du peuple sur la royauté violatrice de la Charte avait opéré la séparation du libéralisme et de la démocratie, en 1851 la restauration du pouvoir personnel réunit toutes les formes du libéralisme avec la démocratie dans une opposition irréconciliable : derrière les défenseurs de la légalité parlementaire se rangèrent les masses populaires des grandes villes, qui avaient foi encore à la République, au droit, à la liberté.
Elle est fondée surtout sur un tour que joue le capitan, qui a lu une lettre que Pantalon envoyait à Venise, et dans laquelle il a vu le vrai nom de celui-ci et de sa fille.
« Il est certainement vrai que la psychologie de l’association représente plusieurs des états mentaux supérieurs comme étant en un certain sens le développement des états inférieurs. » Mais dans d’autres cas semblables, comme le fait remarquer finement l’auteur, on a exalté précisément la sagesse et l’art merveilleux de la nature qui tire, dit-on, le meilleur du pire et le noble du bas.
Il les relut, et il reconnut que, par leur réalité même, elles étaient le point d’appui incontestable et naturel de ses conclusions dans la question rhénane ; que la familiarité de certains détails, que la minutie de certaines peintures, que la personnalité de certaines impressions, étaient une évidence de plus ; que toutes ces choses vraies s’ajouteraient comme des contre-forts à la chose utile ; que, sous un certain rapport, le voyage du rêveur, empreint de caprice, et peut-être pour quelques esprits chagrins entaché de poésie, pourrait nuire à l’autorité du penseur ; mais que, d’un autre côté, en étant plus sévère, on risquait d’être moins efficace ; que l’objet de cette publication, malheureusement trop insuffisante, était de résoudre amicalement une question de haine ; et que, dans tous les cas, du moment où la pensée de l’écrivain, même la plus intime et la plus voilée, serait loyalement livrée aux lecteurs, quel que fût le résultat, lors même qu’ils n’adhéreraient pas aux conclusions du livre, à coup sûr ils croiraient aux convictions de l’auteur. — Ceci déjà serait un grand pas ; l’avenir se chargerait peut-être du reste.
Non, ta quantité ne décroît pas ; non, ton épaisseur ne s’amincit pas ; non, ta faculté n’avorte pas ; non, il n’est pas vrai qu’on, commence à apercevoir dans ta toute-puissance cette transparence qui annonce la fin et à entrevoir derrière lui autre chose que toi.
Léon Vannoz, il faut que nous fassions un grand effort pour comprendre les lois vraies de la création poétique, et pour nous comprendre nous-mêmes...
Un auteur moderne n’eût pas manqué de le faire se jeter de préférence au cou du frère le plus coupable, afin que son héros fût un vrai personnage de tragédie.
Sur les cinq (la moyenne est indulgente), un a du talent, un vrai talent ; les quatre autres n’ont qu’une vocation littéraire fort discutable.
Dans cette transformation de la femme, la jeune fille, qui est son expression la plus naïve et la plus vraie, disparut.
Ce n’était là nullement pour personne un vrai et grand directeur de revue.
Il est vrai que Hurter, qui était protestant, se fit catholique en sortant de son histoire.
Tu deviens une belle femme, que Dieu t’unisse à un vrai et bon chevalier. […] Il n’avoue pas encore le vrai motif de son voyage à cette cour, mais il couve en silence son amour secret pour la belle Kriemhilt, la sœur du roi. […] Si nul ne survivait que lui et toi, il est vrai, ce pays pourrait en ce cas lui être soumis. […] pourquoi le vrai Dieu n’a-t-il pas voulu que ce fût moi qui fusse frappée. » « Ils maintinrent leurs mensonges.
Il s’est trouvé des écoles comme celle de Carnéade pour plaider le pour et le contre ; d’autres, comme celle d’Énésidème, pour établir que nulle proposition n’est plus vraie que la proposition contraire. […] Si donc la mort est telle, je dis qu’elle est un gain ; car de cette façon tout le temps après la mort n’est rien de plus qu’une seule nuit, — Mais si la mort est le passage en un autre lieu, et si, comme on le raconte, en ce lieu-là tous les morts sont ensemble, quel plus grand bien, ô juges, pourrait-on imaginer délivré des prétendus juges qu’on voit ici, trouvait là-bas de vrais juges, ceux qui, dit-on, jugent là bas, Minos, Rhadamanthe, Eaque, Triptolème et tous ceux des demi-dieux qui ont été justes dans leur vie, est-ce que ce changement de séjour serait fâcheux ? […] Pour moi, si cela est vrai, je veux mourir plusieurs fois. […] Rappelons-nous Delsarte ou Mme Viardot chantant un récitatif d’Iphigénie ou d’Orphée, Rouget de Lisle ou Mlle Rachel déclamant la Marseillaise, un chœur de l’Alceste de Gluck tel que nous le voyons au théâtre, avec un coryphée, un orchestre et des groupes qui s’entrelacent et se dénouent devant l’escalier d’un temple, non pas comme aujourd’hui sous la lumière de la rampe et devant des décors peints, mais sur la place publique et sous le vrai soleil ; nous aurons l’idée la moins inexacte de ces fêtes et de ces mœurs. […] Le goût de la parure qui distingue le palicare et qui se montre avec tant d’innocence dans la jeune Grecque, n’est pas la pompeuse vanité du barbare, la sotte prétention de la bourgeoise, bouffie de son ridicule orgueil de parvenue ; c’est le sentiment pur et fin de naïfs jouvenceaux, se sentant fils légitimes de vrais inventeurs de la beauté. » (Saint-Paul, par Ernest Renan, p. 202.) — Un de mes amis, qui a longtemps voyagé en Grèce, me raconte que souvent les conducteurs de chevaux et les guides cueillent une belle plante, la portent délicatement à la main toute la journée, la posent à l’abri le soir au moment de la couchée et la reprennent le lendemain pour s’en délecter encore.
. — À dire vrai, dans cette fête permanente que cette brillante société se donne à elle-même, la philosophie est la pièce principale. […] c’est le clergé. » Et l’archevêque de Narbonne expliquant la résistance du haut clergé en 1791523, l’attribue, non à la foi, mais au point d’honneur. « Nous nous sommes conduits alors en vrais gentilshommes ; car, de la plupart d’entre nous, on ne peut pas dire que ce fût par religion. » V.
Cela est plus vrai et plus certain que le mot : Il n’y a plus de Pyrénées ! […] Qui a donné au Piémont le droit de juger ou de préjuger de la volonté des Toscans, des Romains, des Napolitains, des Siciliens, et de préjuger de la volonté vraie de ces peuples à son profit ?
L’historien que nous citons et qui a visité ses ruines décrit ainsi cette première prison de la reine : « Ce séjour de Lochleven, sur lequel le roman et la poésie ont répandu des lueurs si charmantes, l’histoire plus vraie ne peut le peindre que dans sa nudité et dans ses horreurs. […] Souvenez-vous que je vous ai envoyé mon cœur sur une bague, et maintenant je vous apporte le vrai cœur et le corps avec, pour plus sûrement nouer ce nœud d’amitié entre nous !
Kroyer, mais j’ai vu l’effort d’une sincérité précieuse et originale, dans la sobre peinture de la robe et l’attitude simple et vraie du corps. […] Puvis de Chavannes, à dire vrai, m’ont toujours moins ému : un souci, peut-être, trop visible du sujet à décrire, une expression un peu riche, uniforme ; ou bien comme dans ce très beau tableau de l’inspiration chrétienne, un arrangement fautif ; car le majestueux paysage mystique, et les colonnes du cloître, si austères, sont une admirable décoration toute d’ensemble ; et j’y regrette ces personnages dont les expressions saisissent, perçues en détail, mais qui, à distance, raient de lignes trop frustes l’impression totale.
Le duc de Mayenne, lorsque Villeroi lui en parla bientôt dans un sentiment de reproche, répondit par toutes sortes d’excuses, et conclut en ces termes qui peignent au vrai sa situation comme chef de parti, « qu’il priait ses amis de plaindre plutôt sa condition et lui aider à conduire ses affaires à bon port, que de s’offenser de ses actions, étant toutes forcées comme elles étaient ».
Je résolus donc, autant que je pourrais, de continuer à lui donner tous les conseils dont je pourrais m’aviser pour son bien, mais de ne jamais m’opiniâtrer jusqu’à le fâcher comme ci-devant, quand il ne les suivrait pas ; de lui ouvrir les yeux sur ses vrais intérêts, chaque fois que l’occasion s’en présenterait, et le reste du temps de me renfermer dans un très-morne silence ; de ménager, d’un autre côté, dans le public, mes intérêts, de telle façon que celui-ci vît en moi le sauveur de la chose publique dans l’occasion. » Le grand chancelier Bestoucheff, à la veille d’une chute et d’une entière disgrâce, s’inquiétait également de l’avenir, comme si de rien n’était, et il avait préparé un plan en prévision du décès de l’Impératrice : d’après ce projet, le grand-duc eut été proclamé comme de droit empereur ; mais en même temps, la grande-duchesse eût été déclarée avec lui « participante à l’administration.
La politique, il est vrai, est au-dessus et peut avoir l’œil sur toute chose ; mais se soucie-t-elle de ce monde léger dont chaque plume n’est rien, dont toutes les plumes toutefois finissent par peser et comptent ?
Il y a un vrai charme à ce parler du bon vieillard, chez qui la candeur est toujours éclairée par la charité et par les lumières de l’Évangile.
Enfin, il faut qu’il évite sans cesse tous les genres de démonstration du vrai ; mais aussi agité qu’un coupable qui craint la révélation de son secret, il sait qu’un homme d’un esprit fin peut découvrir dans le silence de la gravité, l’ignorance qui se compose, et dans l’enthousiasme de la flatterie, la froideur qui s’exalte.
Par ces mots et par sa théorie de l’hallucination vraie.
La vraie émancipation de l’esclave, l’émancipation par l’héroïsme, fut, en grande partie, son ouvrage.
Philarète Chasles C’était la plus étonnante créature de Dieu, la plus instinctive, la moins apte à conduire les affaires ou à juger les hommes, la mieux douée pour s’élever, planer, ne pas même savoir qu’il planait, tomber dans un abîme et un gouffre de fautes, sans avoir conscience d’être tombé ; sans vanité, car il se croyait et se voyait au-dessus de tout ; sans orgueil, car il ne doutait nullement de sa divinité et y nageait librement, naturellement ; sans principes, car, étant Dieu, il renfermait tous les principes en lui-même ; sans le moindre sentiment ridicule, car il pardonnait à tout le monde et sc pardonnait à lui-même ; un vrai miracle, une essence plutôt qu’un homme ; une étoile plutôt qu’un drapeau ; un arome plutôt qu’un poète, né pour faire couler en beaux discours, en beaux vers, même en actes charitables, en hardis essors, en spontanées tentatives, les trésors les plus faciles, les plus abondants d’éloquence, d’intelligence, de lyrisme, de formes heureuses, quoique trop fluides ; de grâces inépuisables, non pas efféminées, mais manquant de concentration, de sol et de virilité réfléchie.
Il n’est pas vrai qu’une augmentation dans l’énergie vitale coïncide toujours avec une augmentation dans le degré de plaisir.
« La vraie source, le véritable antécédent de son pouvoir musculaire, c’est une large dépense d’énergie nerveuse et musculaire qui dérive en dernier ressort d’une bonne digestion et d’une saine respiration.
Tel qui avait été un héros sur le champ de bataille paraissait alors inquiet et troublé, tant il est vrai que les circonstances du danger effraient souvent plus que le danger lui-même.
Quant à Shakespeare, puisque Shakespeare est le poëte qui nous occupe, c’est, au plus haut degré, un génie humain et général, mais, comme tous les vrais génies, c’est en même temps un esprit idiosyncratique et personnel.
C’est qu’ils étaient vrais ; c’est qu’en effet il était dans les cieux, parmi les dieux ; c’est qu’il jouissait réellement de l’objet de son adoration et de l’adoration nationale.
Il y a les immortels vrais et les immortels d’Académie, qui ont l’étiquette et qui n’ont pas le sac.
S’il en est ainsi, l’idéologie est notre philosophie classique ; elle a la même portée et les mêmes limites que notre talent littéraire ; elle est la théorie dont notre littérature fut la pratique ; elle en fait partie puisqu’elle la couronne, et l’on peindrait en abrégé son dernier défenseur, en disant qu’avec les grâces aimables, la politesse exquise et la malice délicate de l’ancienne société française, il conserva la vraie méthode de l’esprit français.
Victor Hugo, il est vrai, n’a pas inventé de mètres nouveaux, mais d’une part le symbolisme lui-même a montré par ses essais que le champ ouvert à l’invention métrique est fort limité, et d’autre part, Victor Hugo a dépassé de loin Ronsard dans l’invention de combinaisons métriques nouvelles, de strophes ou plutôt d’associations de strophes selon le mouvement oratoire ou poétique (ce qui est en somme de l’invention métrique).
La morale en est haute, il est vrai, l’accent austère et simple95 : « Plus que devant tout autre, rougis devant toi-même. — Honore ton père et ta mère, tes parents les plus proches ; et, parmi tous les autres, choisis, dans l’ordre de la vertu, le meilleur pour ton ami. » Ce sont là des maximes belles dans tous les temps ; une part d’enthousiasme s’y mêle.
Il nous suffit que le vrai Dieu, le Dieu Soleil Répande sur la terre rude en tous les âges La lumière des faulx parmi les champs vermeils, Dicte aux hommes futurs la loi des labourages, Sous les vignes tordues accroche des raisins, Mette des cris d’agneaux au fond des bergeries, Fasse monter les blés et tourner les moulins, Et luire les pains clairs dans les boulangeries… Je pense que de pareils poèmes méritent la plus belle fortune. […] Il est vrai que cette stérile génération compte quelques cadavres récalcitrants, tels que MM. […] D’une telle élévation littéraire et morale (« la vertu suppose le génie11 » ; la réciproque, je pense, doit surtout être vraie) ne serais-je que taupe dégringolée ? […] Le poète peut regarder, il est vrai, les plus petites choses, mais, il ne doit jamais abandonner les régions du sublime, les émotions les moins limpides s’épurent en filtrant dans son âme, elles naissent à ses lèvres en vocables divins.
ce n’est pas moi qui échangerai ces vrais biens contre les trésors de l’Arabie ! […] Le seul vrai maître, là, c’était la liberté amicale des convives.
Il est vrai qu’il maudit l’invention de la poudre et de l’arquebuserie, pour en avoir été souvent atteint et victime, comme tant de vaillants hommes ; mais en la maudissant et en la qualifiant d’« artifice du diable pour nous faire entretuer », il en sait toute l’importance ; il s’en sert à propos, et il excelle entre autres choses à poster et à diriger l’artillerie dans les sièges.
Dans les exploits de Montluc durant les années qui suivent et où il ne retrouve plus une occasion d’éclat égale à celle de Sienne, il apparaît un peu plus du capitaine d’aventure que d’un vrai chef et, comme disait M. de Guise, d’un lieutenant de roi.
Il est vrai que cette première maîtresse de Louis XV n’abusa point de sa faveur, ne l’afficha point trop hautement, qu’elle n’en parut surtout point jalouse, et que, sauf quelques petits accès d’humeur et de caprice qu’on lui entrevoit, elle était la plus accommodante des femmes.
Ce qui ne veut pas dire au moins, en prenant pour vrai le signe inverse, qu’il suffit de ne douter de rien et de se croire propre à tout, pour être en réalité capable de tout.
Vrai langage des rois et des maîtres du monde, Tu donnes à l’idée un corps ferme et vaillant.
. — Deux points surtout sont importants : l’un est la prépondérance du roman intérieur, suggéré ou spontané, qui se déroule dans le patient sans répression possible et avec le même ascendant qu’auraient des perceptions vraies ; l’autre est l’abolition isolée ou l’exaltation isolée d’un sens ou d’une faculté (sensation de la douleur, du son, sens tactile et musculaire, appréciation de la durée, talent de discourir, d’écrire en vers, de dessiner, et parfois divinations de diverses sortes dont nous ne pouvons encore fixer la limite).
Les deux modes d’Espace et de Temps se pénètrent réciproquement il est vrai, puisque chacun d’eux est la mesure naturelle de l’autre, et les lignes précédentes ne peuvent être interprétées absolument ; car, à moins d’en revenir aux doctrines d’Élée, l’harmonie en soi et, pratiquement, l’harmonie d’une attitude même, ne sont concevables que comme un équilibre de mouvements, comme un accord unanime de directions compensées.
Or la palme du poète serait à celui qui le plus juste sait dire les vers, au meilleur chantre ; qui le plus vrai sait traduire sa pensée, au meilleur artiste ; qui le plus droit sait mener son âme, au meilleur homme.
Dès lors, abstraction faite des puérilités (vraies ou fausses), tout aliment intellectuel, spécialement littéraire, apparaît obscur ou clair suivant la réaction de l’esprit en présence d’une œuvre.
Et qui voudrait se plaindre de cette délicate complexité, cause et condition d’une science plus vraie ?
Je n’oserais pas contester ce tableau si saisissant et si spécieux, et qui paraît vrai dans sa généralité ; mais d’une part Gall voyait tout avec son imagination, et d’un autre côté, quand on a quelque expérience de ces questions, on sait qu’il est bien rare que les faits s’y présentent avec cette parfaite simplicité.
Il est vrai qu’ils ont fait un usage aussi barbare de cette connoissance, que de leurs pinceaux.
Un sujet quelconque n’est pour le vrai poète que ce que la toile est pour le peintre habile.
Au point de vue humain, ne regrettons pas qu’elle soit autre chose ; elle raconte, il est vrai, l’écroulement d’un idéal politique, elle dit les passions, les haines, et aussi la science scolastique d’une époque, mais elle est avant tout l’épopée de l’âme humaine.
« Moi, qui me suis consacré uniquement à vous rendre le plus important des services, en vous exhortant tous de ne pas songer à ce qui vous appartient passagèrement, le monde et ses biens, pour ne vous attacher qu’à ce qui est l’essence de votre être, votre âme ; à ne pas songer aux intérêts accidentels de la patrie, mais plutôt à la vraie patrie elle-même ! […] Reprenons le drame : XXIV « Voilà pourquoi, mes chers amis, dit Socrate après un moment de recueillement, le vrai philosophe s’exerce à la force et à la tempérance, et nullement par toutes les raisons que s’imagine le peuple. » Les disciples, à ces mots, s’entreregardent en silence et semblent craindre de proposer à Socrate un doute qui lui rappelle sa tragique situation et le peu d’heures qui lui restent à vivre.
Enfin, je considérais que, quoique exempt de l’ambition du cardinalat, toutefois, en le regardant comme le terme honorable de la carrière entreprise, l’auditorat de Rote m’y conduisait lentement, c’est vrai, mais certainement, sans avoir besoin de mendier la faveur ou la bienveillance de qui que ce fût, ni de faire la cour à personne, puisque le décanat de la Rote mène à la pourpre d’après l’usage, quand le doyen n’a pas démérité et que l’on n’a véritablement rien à lui reprocher. […] On doit ajouter aussi, pour être vrai, qu’après quelques hésitations mises en avant par lui plus que par tout autre, il accepta avec ses collègues la proposition qu’on lui fît en faveur de cette élection.
Le comte Gino Capponi, porté au ministère par les premiers flots de la révolution italienne, y agit dans ce sens patriotique et émancipateur de l’étranger, jusqu’au moment où la fausse idée d’une unité absorbante détruisit, sous le carbonarisme des radicaux, les vraies nationalités historiques dont l’Italie se compose, pour saper l’histoire sous la chimère et pour agir par la violence, à contresens de la nature, en détournant les peuples et les princes d’une puissante et naturelle confédération italienne. […] Le dieu qu’adore Harold est cet agent suprême, Ce Pan mystérieux, insoluble problème, Grand, borné, bon, mauvais, que ce vaste univers Révèle à ses regards sous mille aspects divers : Être sans attributs, force sans providence, Exerçant au hasard une aveugle puissance ; Vrai Saturne, enfantant, dévorant tour à tour ; Faisant le mal sans haine et le bien sans amour ; N’ayant pour tout dessein qu’un éternel caprice ; Ne commandant ni foi, ni loi, ni sacrifice ; Livrant le faible au fort et le juste au trépas, Et dont la raison dit : « Est-il ?
Les prédécesseurs de Beethoven nous montraient un tableau que la lumière du jour, passant au travers de la toile, semblait éclairer : et, cependant, le dessin, la couleur n’y étaient point comparables aux œuvres du peintre ; et c’était, en somme, un art inférieur, et méprisé, comme tel, des vrais connaisseurs, et un Pseudo-Art, seulement ; et cela était fait pour égayer les fêtes aux tables des princes, pour distraire des sociétés frivoles ; et l’adresse du virtuose était la lumière la meilleure à éclairer ce tableau. […] Wyzewa voit en Beethoven un artiste capable de révéler la « vraie vie » et le précurseur d’un nouvel art dont Wagner est le grand prêtre.
La musique, expression de la vie supérieure et réelle de l’âme, est la force capable à l’auditeur idéal (idéal : le Pur et Simple) pour suggérer toute la réelle et supérieure vie de l’âme : mais à nous, l’auditeur non idéal, à nous, hélas, le misérable végétant, impur et perverti, à l’accoutumé de l’unique Apparence, au vivant de l’Illusion, à l’ignorant du Vrai, hélas, à nous la pure musique ne sera-t-elle pas l’inintelligible langage d’un inonde inconnu, et ne dirons-nous pas le dissolvant « pourquoi ? […] j’ai erré, et vois que j’erre. — Voici le printemps des renaissances ; tes larmes ont été rosée : je t’apporte le baptême des mauvais désirs effacés, et le sacre des bons désirs offerts, et le baiser des vrais désirs en leur exaucement ; et : en un recueillement bien heureux béatifie-toi.
À la première scène, des femmes et un enfant éperdus s’élancent des profondeurs du temple sur la scène : c’est Josabeth, la nourrice de Joas sauvé, les femmes et les filles des lévites, et Zacharie, fils de Josabeth, élevé avec Joas dans le temple, mais ne connaissant encore ni le vrai nom ni le rang de son frère de lait. […] Il n’y a pas d’amour, dit-on : c’est vrai ; mais qui peut douter que, si la pièce eût été susceptible d’un amour profane, celui qui fit parler Phèdre et Bérénice n’eût su faire parler un amour hébraïque dans la langue de Salomon ?
Daru, que cette quatrième croisade n’eut guère pour résultat définitif que d’agrandir la suprématie maritime de Venise : « Le reste de l’Europe y perdit beaucoup de vaillants hommes et de monuments précieux, et n’y gagna que l’introduction de la culture du millet, dont le marquis de Montferrat envoya des graines en Italie. » S’il était vrai que la prise de Constantinople par les croisés et le sac de cette ville eussent fait périr, comme il est trop probable, des monuments de l’ancienne littérature grecque qui avaient échappé précédemment, il faudrait, nous les lettrés et les disciples des doctes, le déplorer avec regret, avec amertume : mais vouloir que toute une époque soit heureuse de la manière dont nous l’entendons, et que les chevaliers du siècle de Villehardouin conçoivent l’emploi de leurs facultés et de leur temps comme les hommes de cabinet de nos jours, c’est demander beaucoup trop.
À les lire aujourd’hui, on a besoin, pour en comprendre tout le succès, de se replacer en scène, au vrai point de vue, et de se représenter cet auditoire mobile, sensible aux moindres allusions, avide de connaissances faciles, riche d’espérances en tout genre, des plus complaisants à l’admiration, et qui savait très bien s’éprendre d’une correction ornée à défaut d’une plus haute éloquence.
Ramond, c’est le Saussure des Pyrénées, aussi fidèle observateur, aussi rigoureux que l’illustre Genevois, moins simple dans l’exposé des grands spectacles, mais plus ému, plus coloré, animé d’une sensibilité plus poétique et doué d’une imagination qui, loin de l’égarer comme tant d’autres, ne fait que rendre le vrai avec plus de vie.
Prince de Scythie, incomparablement beau et valeureux, fidèle à sa princesse Statira et rival auprès d’elle ou même successeur d’Alexandre, il offre l’image d’un vrai chevalier et l’idéal d’un parfait galant.
Il est vrai que l’impression croissante et totale, la conclusion irrésistible résultant de la quantité de détails accumulés chemin faisant, est qu’il était impossible que Pierre III régnât, et bien difficile que Catherine, au contraire, ne devint point Impératrice de son chef ; ce qui avait été sa première pensée en mettant le pied en Russie et n’avait cessé d’être son secret désir.
Si une épingle le pique, la nourrice ne doit pas l’ôter ; il faut chercher et attendre une autre femme ; l’enfant crie dans tous ces cas, il se tourmente et s’échauffe, en sorte que c’est une vraie misère que toutes ces cérémonies. » (Mme de Genlis, Souvenirs de Félicie, 74.
Cette Allemagne, qui n’est pas celle de Henri Heine, qui n’est pas celle dont nous avons eu la révélation en 1870, a été vraie à une certaine date : ce qui nous intéresse ici, c’est que, malgré Henri Heine, elle est restée jusqu’en 1870 l’Allemagne de nos littérateurs et de nos artistes.
Il avait foi à la science expérimentale et à ses découvertes croissantes ; il regrettait souvent, vers la fin de sa vie, de n’être pas né un siècle plus tard, afin de jouir de tout ce qu’on aurait découvert alors : Le progrès rapide que la vraie science fait de nos jours, écrivait-il à Priestley (8 février 1780), me donne quelquefois le regret d’être né sitôt.
La mascarade, comme moyen classique du rire, est fondée sur cette loi : un corset, une crinoline, des paniers Watteau, un chapeau à plumes, un éventail, de la poudre et du fard, voici divers objets qui rentrent tous dans le concept de la parure ou de l’habillement féminins : qu’avec ces objets on costume et que l’on pare un homme mûr et aussitôt sa voix, ses gestes, sa démarche, tout ce qui, sous le déguisement, trahit sa vraie nature, va, par le contraste susciter le rire de tous.
Cela est si vrai que, dans les drames même, on met en récit ce qui serait peu vraisemblable en spectacle.
C’est un Anglais, lord Byron, qui a commencé cette décadence morale par Don Juan ; c’est un Allemand, le poète satirique Heine, mort récemment à Paris, qui a aggravé le sacrilège par une série de facéties en vers et en prose qui sont les libelles du génie contre le génie ; c’est le charmant fantaisiste de la poésie en France, A. de Musset, qui a tantôt raillé, tantôt adoré l’enthousiasme et l’amour, tantôt mené à la bacchanale ces deux chastes divinités des vrais adorateurs du vrai beau.