/ 3087
1251. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » p. 61

Son Traité de l’Amitié fait sentir ce doux sentiment, le fait désirer, & prouve qu’elle avoit une ame propre à le faire naître.

1252. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » p. 364

Pour qu’on ne nous accuse point d’injustice à l’égard de cet Ouvrage, nous conviendrons qu’il est écrit d’un style pur, noble, élégant, & propre à inspirer la piété, à l’esprit de simplicité près, qui doit cependant en être le premier caractere.

1253. (1761) Salon de 1761 « Peinture —  Chardin  » p. 143

C’est toujours une imitation très fidèle de la nature, avec le faire qui lui est propre ; un faire rude et comme heurté ; une nature basse, commune et domestique.

1254. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIe entretien. Épopée. Homère. — L’Iliade » pp. 65-160

Mais ni les malheurs futurs des Troyens, de ma mère Hécube elle-même, ni ceux du roi Priam et de mes frères ne me touchent autant que ton propre sort, quand un Grec féroce t’entraînera tout en pleurs, privée de ta douce liberté ; quand dans Argos tu tisseras la toile sous les ordres d’une femme étrangère, et que, forcée par l’inflexible nécessité, tu iras chercher l’eau des fontaines de Messéide ou d’Hypérée. […] Homère, dans cette sagesse précoce et accomplie qu’il attribue au héros d’Ilion, a eu évidemment pour but de montrer qu’Hector était né aussi propre à gouverner un jour sa patrie qu’à combattre pour elle ; à faire ressortir davantage la sauvage et capricieuse férocité d’Achille par opposition à toutes les vertus du fils de Priam ; enfin à redoubler le pathétique de la mort prochaine d’Hector par l’admiration et par le regret de tant de vertus fauchées dans leur fleur. […] Les dieux lui prêtent une armure divine à la place de ses propres armes, que la mort de Patrocle a livrées à Hector. […] Un nuage de poussière, ramassé de ses propres mains pendant qu’il se roulait à terre, couvre sa tête et ses épaules. […] voyez-le de vos propres yeux, Troyens, et vous, Troyennes, s’écrie Cassandre, ô vous qui pendant sa vie le receviez avec tant de triomphe à son retour des combats !

1255. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers » pp. 81-176

Il a eu ensuite toutes les conditions extérieures qui sont nécessaires au rôle d’historien : ministre, orateur, chef de parti assistant à toutes les péripéties du drame de son temps et à celles de son propre drame. […] Thiers, livré aux travaux historiques dès ma jeunesse, certain que je faisais ce que mon siècle était particulièrement propre à faire. […] Que la France, sortie par sa propre force de la sanguinaire anarchie de 1793, eût besoin, pour constituer l’ordre dans la liberté, de concentrer son gouvernement multiple dans une main d’homme d’État, magistrat, soldat ou dictateur, nous le reconnaissons comme M.  […] On ne peut nier cependant, en étudiant la nature forte, mais revêche, de ce grand soldat, que ce ne fût une de ces natures plus propres à obéir qu’à commander, hommes qui rachètent sans cesse l’obéissance par le murmure et qui embarrassent autant qu’ils servent les chefs dont ils sont les instruments. […] Le premier Consul, qui ne laissait à personne le droit d’avoir un avis sur les affaires de guerre ou de diplomatie, ne l’employait qu’à négocier avec les ministres étrangers, d’après ses propres volontés, ce que M. de Talleyrand faisait avec un art qu’on ne surpassera jamais.

1256. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre dixième. Le style, comme moyen d’expression et instrument de sympathie. »

Nous ne sympathisons qu’avec l’homme : les choses ne nous arrivent et ne nous touchent que comme vision et émotion, comme interprétation de l’esprit et du cœur humains ; et c’est pour cela que « le style est l’homme. » Le vrai style naîtra donc de la pensée et du sentiment mêmes ; il en sera la parfaite et dernière expression, à la fois personnelle et sociale, comme l’accent de la voix donne leur sens propre aux paroles communes à tous. […] Or, une vraie langue est une langue dans laquelle on pense avant même de parler, et on ne pense que dans une langue qu’on s’est assimilée dès l’enfance, qui a une littérature, un style propre, quelque chose de national dont vous vous êtes pénétré. […] Tout membre de phrase se différencie du précédent ou du suivant, soit qu’il s’y oppose et le restreigne, soit qu’il le complète ou le confirme en le répétant sous une forme plus vive ; chaque membre de phrase a son individualité propre, à plus forte raison chaque phrase. […] L’éloquence nous donne, par l’improvisation, le plaisir particulier d’assister sympathiquement au travail même de la pensée, à l’élaboration parfois plus ou moins pénible de la phrase, à la naissance de l’idée pétrie dans les mots : c’est ce plaisir royal qu’éprouva Louis XIV à voir sortir du marbre sa propre figure taillée par Coysevox sans ébauche préalable. […] D’où il suit que la vie est pour nous un infini numérique où se perd la pensée. « D’autre part, les associations et relations d’idées sans nombre que l’objet vivant éveille en nous, ou qu’il nous fait entrevoir confusément sous l’idée actuellement dominante, sont comme l’image intellectuelle de sa propre infinité.

1257. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Le Cardonnel, Louis (1862-1936) »

Le futur dira comme l’Église saura glorifier sa propre vitalité ou témoignera de sa mort, en laissant le poète très pur, qui ne peut être effacé déjà dans le très pieux lévite, authentiquer sa foi par l’art inoublié, ou en éteignant l’art et l’artiste.

1258. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 381-382

Brienne, [Henri-Louis de Lomenie, Comte de] fils du précédent, mort en 1698, cultiva les Lettres avec des talens propres à le distinguer, si les fréquens voyages, ses aventures & la tournure de son esprit un peu romanesque, n’eussent trop favorisé les écarts de son imagination.

1259. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » p. 504

Il s’étoit sans doute trop familiarisé avec le style romanesque, en écrivant sa propre Histoire, sous le nom de la Comtesse des Barres, pour éviter ce défaut dans des occasions plus importantes.

1260. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » p. 509

Clément, [Denis-Xavier] Prédicateur du Roi, Abbé de Macheroux, né à Dijon en 1706, mort à Paris en 1771, est un des Orateurs Chrétiens de nos jours qui a le moins sacrifié au goût du siecle, & dont l’éloquence mâle & vigoureuse seroit plus propre à faire impression, si la plupart de ses Discours étoient moins diffus & moins négligés.

1261. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 270-271

Il est facile de juger que l’Auteur a vu de ses propres yeux ; qu’il a examiné & réfléchi avec soin sur la plupart des objets qu’il présente au Lecteur.

1262. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 69-70

Le Jardin des Racines Grecques, du même Auteur, est un des Livres les plus propres à faciliter l’intelligence de cette Langue, si peu cultivée aujourd’hui.

1263. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » p. 198

Ils ne sont, à proprement parler, qu’un long Commentaire de l’Art Poétique de Despréaux, accompagné d’exemples choisis, propres à rendre les remarques plus sensibles.

1264. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 269-270

Le Testament du Cardinal Alberoni, & l’Histoire politique de ce Siecle, décelent un génie propre aux grandes affaires, qui eût pu se rendre très-utile, s’il eût su se fixer, ou si la fortune lui eût fourni les moyens de s’exercer utilement.

1265. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — N. — article » pp. 400-401

Nous ne les citons que parce qu’ils paroissent propres à donner une idée de sa Muse, & que la morale n’est pas indigne de la gravité de son caractere.

1266. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 81-82

Les personnes qui goûtent les Romans, & qui y attachent un grand mérite, trouveront dans les siens bien des qualités propres à les leur rendre intéressans ; il offrent de la légéreté, de la délicatesse, du sentiment, & sont exempts de ce ton odieux de licence, si prodigué par cette sorte d'Esprits qui ont la démangeaison d'écrire, sans autre inspiration que celle du vice.

1267. (1889) Impressions de théâtre. Troisième série

Joignez à cela une grâce un peu triste et une charmante gravité qui lui sont propres. […] Et qu’elles soient à la fois l’un et l’autre, c’est le mérite propre de M.  […] Cela est propre, honnête et gai. […] Et si l’on me demande d’où me vient à moi cet afflux de sentiments propres à me gagner l’estime de M.  […] La distinction d’un pareil spectacle relevait les assistants à leurs propres yeux.

1268. (1904) Propos littéraires. Deuxième série

Tout humaniste est alexandrin, plus certaines tendances et penchants propres ; c’est un alexandrin développé et complété. […] Un si grand homme a eu moins de confiance que vous en ses propres forces ! […] Il faudra qu’il dépouille de sa puissance propre et de son intime vertu la matière même dont il se sert pour son art. […] Les nôtres passent inaperçues, comme perdues dans leur propre nombre. […] Surtout le don propre de Sarcey, son plus grand talent, à mon sens, s’était révélé.

1269. (1846) Études de littérature ancienne et étrangère

Deux chevaliers romains promettent d’assassiner le consul dans sa propre maison ; Cicéron est instruit de tous les détails par Fulvie, maîtresse de Curius, un des conjurés. […] Plutarque, qui a tant écrit sur Rome, savait, de son propre aveu, fort imparfaitement la langue latine. […] Longtemps féconde sur son propre sol, heureusement transplantée en Sicile, en Égypte, en Asie, il semblait qu’elle fût douée d’une vie immortelle. […] Je ne sais si l’Académie serait aujourd’hui propre au même usage ; car les révolutions du goût pénètrent dans les corps littéraires, comme dans le public. […] Les Anglais ont loué son harmonie ; et l’on peut remarquer souvent dans ses vers un soin curieux de tempérer l’âpreté des sons anglais par des noms propres d’origine italienne.

1270. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Notes et pensées » pp. 441-535

VII Quintus Turbidus, et tous ces Dantes et Shakespeares manqués, ne sont nullement propres au commerce aimable de la vie, à la société douce et habituelle et fine, qui demande des esprits proportionnés : Dante, j’imagine, et à coup sûr Shakespeare y étaient propres ; Pétrarque et Goldsmith et André Chénier, et Catulle en son temps, y étaient propres. […] M. de Lamartine aborde d’un pied léger, et avec cette fatuité innocente qui lui est propre, toutes les matières et y parle assez bien, mais en glissant. […] Chaque critique se pourtrait de profil ou de trois quarts dans ses ouvrages : Nisard, sous prétexte de maintenir et d’exalter l’esprit français, ne fait autre chose que de célébrer en tout et partout ses propres qualités. […] Ce n’est pas seulement le distingué et le délicat qu’on aime en lui : cette jeunesse dissolue adore chez Musset l’expression de ses propres vices ; dans ses vers, elle ne trouve rien de plus beau que certaines poussées de verve où il donne comme un forcené. […]  » Au reste, ces opinions exprimées par Thiers ne sont curieuses et ne font autorité que pour témoigner de sa propre nature.

1271. (1856) Articles du Figaro (1855-1856) pp. 2-6

Baudelaire, — autant qu’on peut dégager une idée du ténébreux chaos de ses vers, — s’enfonce résolument dans le mal, creuse sa fosse de ses propres mains, et s’y couche tout vivant à côté de cadavres en putréfaction. […] Ce contresens, qui n’en était un qu’à demi dans l’antiquité, où l’homme n’existait pas comme individu et n’avait pas de vie propre en dehors de la nation, s’est perpétué au théâtre jusqu’à nos jours. […] Au contraire, quel sérieux enseignement pour moi dans le spectacle de ma propre vie et de la vie de mon semblable ! […] Notre seul criterium, notre unique pierre de touche, est dans la spontanéité de notre propre émotion. […] Autant vaudrait, tirant sa propre condamnation de l’excès même de son génie, lui imputer à crime d’avoir voulu être l’historien complet des mœurs de son temps.

1272. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Pomairols, Charles de (1843-1916) »

Charles Maurras À force de considérer la structure profonde de sa terre, le poète des Regards intimes a senti ses propres regards se détacher de lui et lui revenir aussitôt comme des regards étrangers.

1273. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 255-256

L’obscurité de ses idées, & la diffusion de son style, le placent au rang de ces Auteurs qui sont peut-être capables d’étudier avec fruit pour eux-mêmes, mais peu propres à éclairer l’esprit des autres.

1274. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 289-290

Les Poésies de Bertaud roulent presque toutes sur des sujets de piété, où la Morale présentée avec des graces intéressantes, est propre à se faire goûter des Lecteurs de toutes les classes.

1275. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 306-307

Si les Muses plaintives ont été d’abord les objets de son culte ; s’il a débuté dans la carriere poétique par des Héroïdes peu propres à l’élever au dessus du commun des Poëtes de nos jours, il s’est livré dans la suite à des sujets plus agréables, qu’il a traités de maniere à dédommager ses Lecteurs de la foiblesse de ses premiers essais.

1276. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 341-342

Une imagination aussi vive & aussi brillante que celle de M. le Chevalier de Boufflers, n’auroit pas dû s’abaisser jusqu’à embellir le langage du vice ; elle est assez riche de son propre fonds, pour se faire admirer dans d’autres sujets.

1277. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — H — article » pp. 479-480

Ce Jésuite a eu aussi une grande part au Recueil des Lettres édifiantes & curieuses, écrites des Missions étrangeres, où, parmi des récits propres à intéresser la piété, on trouve des détails de Géographie, de Physique, d’Astronomie, d’Histoire Naturelle, dignes de l’attention des Curieux & des Savans.

1278. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » p. 11

D’ailleurs, elles ne sont nullement propres à faire honneur à cette Reine.

1279. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » p. 72

Ce n’est jamais en cherchant à déprimer injustement ses Adversaires, c’est en prouvant qu’on pense mieux qu’eux, c’est sur-tout par la douceur & l’équité, qu’on peut, en matiere de doctrine, appuyer sa propre cause : ou, pour mieux dire, qu’on s’attache à la bonne, on n’aura pas besoin de mauvaises ressources pour la soutenir.

1280. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 95-96

Un Ecrivain qui se permet des comparaisons aussi amphigouriques, qui les répete en toute occasion & même sans occasion, n’est-il pas aussi peu propre à écrire l’Histoire, que l’Auteur de l’Interprétation de la Nature à traiter la Métaphysique ?

1281. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 264-265

Une Poésie qui ne vit que de mots bas, d'expressions triviales, de pensées grotesques, de peintures puériles, n'est pas propre à amuser long-temps.

1282. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — II. (Suite.) » pp. 155-174

Jeune, il était déjà propre et entendu à bien des emplois : le coup d’œil de Henri sut démêler en lui ces capacités diverses qui étaient comme enveloppées, et son art de roi fut de les employer à propos alternativement et successivement, tenant de longue main l’utile serviteur en réserve pour les destinations futures. […] Toutes les gronderies de Sully avec le roi ne sont pas de cette crudité et dans son intérêt propre : il en est d’adroites et de flatteuses jusque dans leur rudesse ; il en est de touchantes par le sentiment qui les inspire. […] Quant au conseil direct de se convertir à la religion catholique, Rosny, tout en l’indiquant assez, s’excuse de ne point le donner en propres termes, n’ayant point qualité de théologien ; mais il marque assez sensiblement qu’il souhaite que le roi y entre, autant que la conscience le lui permettra.

1283. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Joinville. — I. » pp. 495-512

Et quand elle sut qu’il s’était croisé, ainsi que lui-même le contait, elle mena aussi grand deuil que si elle l’eût vu mort. » Le propre du récit de Joinville est d’être ainsi parfaitement naturel et de ne rien celer des sentiments vrais. […] Le roi en fut informé, l’envoya quérir, le retint et lui donna de son argent propre ; c’est ainsi que Joinville entra plus directement et d’une manière plus étroite au service de saint Louis, et c’est à la familiarité qui s’ensuivit que nous devons de si bien connaître le bon roi. […] Je commente plus librement ma propre pensée, en la réimprimant, et je l’éclaire par des noms.

1284. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. de Stendhal. Ses Œuvres complètes. — II. (Fin.) » pp. 322-341

Le petit précepteur qu’on choisit, Julien, fils d’un menuisier, enfant de dix-neuf ans, qui sait le latin et qui étudie pour être prêtre, se présente un matin à la grille du jardin de M. de Rênal (c’est le nom du maire), avec une chemise bien blanche, et portant sous le bras une veste fort propre de ratine violette. […] Beyle, dans ses écrits antérieurs, a donné une définition de l’amour passionné qu’il attribue presque en propre à l’Italien et aux natures du Midi : Fabrice est un personnage à l’appui de sa théorie ; il le fait sortir chaque matin à la recherche de cet amour, et ce n’est que tout à la fin qu’il le lui fait éprouver ; celui-ci alors y sacrifie tout, comme du reste il faisait précédemment au plaisir. […] Charles Monselet, ont parlé de lui tour à tour ; il y a à s’instruire sur son compte à leurs discussions et à leurs spirituelles analyses ; mais s’ils me permettent de le dire, pour juger au net de cet esprit assez compliqué et ne se rien exagérer dans aucun sens, j’en reviendrai toujours de préférence, indépendamment de mes propres impressions et souvenirs, à ce que m’en diront ceux qui l’ont connu en ses bonnes années et à ses origines, à ce qu’en dira M. 

1285. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le marquis de la Fare, ou un paresseux. » pp. 389-408

Tandis que le voluptueux Salluste cherche au commencement de ses Histoires à élever sa pensée et celle de ses lecteurs et à la fixer vers les choses impérissables, La Fare, moins ami de l’idéal et qui sépare moins ses écrits de ses propres habitudes, commence par une citation de Pantagruel. […] Selon lui, si les hommes pris en détail dans leur conduite et leur caractère diffèrent entre eux, les siècles pris dans leur ensemble ne diffèrent pas moins les uns des autres ; la plupart des hommes qui y vivent, qui y sont plongés et qui en respirent l’air général, y contractent certaines habitudes, certaine trempe ou teinte à laquelle échappent seuls quelques philosophes, gens plus propres à la contemplation qu’à l’action et à critiquer le monde qu’à le corriger : Il serait à souhaiter cependant que dans chaque siècle il y eût des observateurs désintéressés des manières de faire de leur temps, de leurs changements et de leurs causes ; car on aurait par la une expérience de tous les siècles, dont les hommes d’un esprit supérieur pourraient profiter. […] Je fus voir hier, à quatre heures après midi, M. le marquis de La Fare, en son nom de guerre M. de la Cochonière, croyant que c’était une heure propre à rendre une visite sérieuse76 ; mais je fus bien étonné d’entendre dès la cour des ris immodérés et toutes les marques d’une bacchanale complète.

1286. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — I » pp. 93-111

C’est ainsi encore que sur lui, sur sa propre race, sur les qualités et les défauts des siens, de son frère, de sa femme (passe encore), mais aussi de sa fille, de son fils, sur le plus ou moins de sensibilité de celui-ci, sur son absence d’imagination, ses bornes d’esprit et de talent, et son « raccourcissement de génie », il dit et écrit tout ce qu’il a observé, tout ce qu’il pense ou qu’il conjecture, sauf à être lu de quelques-uns des intéressés et notamment de son fils même, après sa mort. […] Ce qui est singulier, ce n’est pas qu’on ait fait une telle déclaration, qui a dû ressembler à beaucoup d’autres, et qui roule sur un éternel lieu commun de morale facile ; mais c’est que trente ans après on prenne la peine de se la rappeler en propres termes, et de l’enregistrer comme mémorable au milieu des remarques philosophiques ou politiques qu’on tire de ses lectures. […] Il n’a pas d’élévation, au moins continue ; il se passe à tout moment des trivialités d’expression qui font de son langage l’opposé du langage noble et digne ; il était certes, à cet égard, très peu propre, on l’a dit, à être un ministre des Affaires étrangères et à représenter dans la forme sans déroger.

1287. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Œuvres de Maurice de Guérin, publiées par M. Trébutien — II » pp. 18-34

Cependant ces joies de la famille, trop senties par un cœur à qui il n’était point donné de les goûter pour son propre compte, l’attendrissaient trop ; il en était venu, il nous le dit, à pleurer pour un rien, « comme il arrive aux petits enfants et aux vieillards ». […] Cette part faite aux nécessités matérielles, Guérin se réfugia d’autant plus, aux heures réservées, dans la vie du cœur et de la fantaisie ; il abonda dans sa propre nature ; retiré comme dans son terrier dans un petit jardin de la rue d’Anjou, proche de la rue de la Pépinière, il se reportait en idée aux grands et doux spectacles qu’il avait rapportés de la terre de l’ouest ; il embrassait dans son ennui la tige de son lilas, « comme le seul être au monde contre qui il pût appuyer sa chancelante nature, comme le seul capable de supporter son embrassement ». […] Le Centaure n’est nullement un pastiche de Ballanche ; c’est une conception originale et propre à Guérin.

1288. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Histoire du roman dans l’Antiquité »

Acceptons-le donc pour ce qu’il est, pour un imitateur, un arrangeur, un auteur de paraphrases ; on sait bien gré au Florentin Firenzuola de lui avoir emprunté cet Âne d’or et d’avoir réuni ou substitué bon nombre de ses propres aventures à celles du Lucius d’autrefois : ceux qui font tant de cas de la version de Firenzuola devraient au moins avoir obligation à l’Apulée d’Afrique de ce qu’il a fourni le prétexte à cet Apulée toscan. C’est sous le nom de Lucius, qui était celui d’un précédent narrateur, qu’Apulée commence son récit, et il confondra plus d’une fois, en avançant, son propre personnage avec l’original qu’il revêt. […] « Cette fable, disait La Motte, eût pu faire inventer l’Opéra, tant elle y est propre ! 

1289. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet »

Les distractions et digressions qu’il s’était souvent accordées en dehors de sa route principale n’étaient, à ses propres yeux, que des digressions, et il ne rentrait ensuite qu’avec plus de bonheur et de certitude dans la voie qui l’avait conduit à la grande renommée. […] Il échoua dans le concours pour le grand prix de Rome ; son père, ancien lauréat, avait voulu qu’il concourût ; mais ce fils et petit-fils d’académiciens n’avait rien d’académique : il devait se frayer à ses risques et périls sa propre voie. […] En dehors de l’originalité qui lui était propre et de la vérité moderne où il était maître, son pinceau rencontrait partout, et jusque dans les sujets où il était dépaysé, de ces bonheurs d’expression et de facilité qu’il portait avec lui.

1290. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Oeuvres inédites de la Rochefoucauld publiées d’après les manuscrits et précédées de l’histoire de sa vie, par M. Édouard de Barthélémy. »

Écrire de telles pages en tête d’une édition de La Rochefoucauld, c’est donner à juger son propre goût : c’est l’étaler et l’encadrer d’une manière fâcheuse. […] Il se fait quelquefois son propre ennemi en apparence et son persécuteur acharné : pourvu qu’il subsiste, tout lui est bon. […] L’amour-propre, s’il est fin, change de ton et de voix ; il a des gémissements et des soupirs ; il se fait inquiet sur le sort de ses frères, sur le danger que courent des âmes fidèles et simples ; il faut, à tout prix, préserver les faibles : et l’amour-propre agit et s’en donne alors en toute sûreté de conscience et, comme on dit, à cœur joie : il accuse l’adversaire, il le dénonce, il le conspue, il le qualifie dans les termes les plus outrageux, les plus humiliants ; et comme il ne veut point cependant paraître, même à ses propres yeux, de l’amour-propre, il se retourne, quand il a fini, et se fait humble aussitôt ; il demande pardon à son semblable d’en avoir agi de la sorte : il n’a voulu que le toucher, le convertir ; on assure même qu’il est de force à lui proposer en secret (après l’avoir insulté en public) de lui donner le baiser de paix et de l’embrasser.

1291. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vaugelas. Discours de M. Maurel, Premier avocat général, à l’Audience solennelle de la Cour impériale de Chambéry. »

On a surtout, au centre du beau monde, entre la Cour et la ville, l’hôtel de Rambouillet qui est comme une académie d’honneur, de vertu et de belle galanterie, et qui institue le règne des femmes dans les Lettres ; on a, grâce à Richelieu, l’Académie française qui, sans rien produire ou presque rien en tant que compagnie, prépare sans cesse à huis clos, agit sur ses propres membres et dirige l’attention des lettrés sur les questions de langue et de bonne élocution. […] Allez, volez de vos propres ailes. » A force d’aimer cette langue qu’il possède si bien et d’en parler avec tendresse et une sorte d’enchantement, il en vient à deviner et à décrire ce qu’elle sera lorsqu’un génie approprié l’aura mise en œuvre. Dessinant toujours son programme, et voulant donner idée de ce qu’un homme éloquent aurait pu faire et dire en sa place dans cette Rhétorique supérieure qu’il décrit : « Il eut encore fait voir, dit-il, qu’il n’y a jamais eu de langue où l’on ait écrit plus purement et plus” nettement qu’en la nôtre ; qui soit plus ennemie des équivoques et de toute sorte d’obscurité ; plus grave et plus douce tout ensemble, plus propre pour toutes sortes de styles ; plus chaste en ses locutions, plus judicieuse en ses figures ; qui aime plus l’élégance et l’ornement, mais qui craigne plus l’affectation.

1292. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise, par M. Taine, (suite et fin.) »

Pope qui, comme tant de moralistes, n’a pas assez observé ses propres maximes, nous en donne à ce sujet d’excellentes dans son Essai  ; il nous dit que le mieux est souvent de retenir sa critique, de laisser le sot s’espacer et s’épanouir tout à son aise : « Votre silence, en ce cas, est mieux que votre colère : car qui peut railler aussi longtemps qu’un sot est capable d’écrire ?  […] Ne confondons point les genres et les natures ; ne demandons pas à une organisation ce qui est le fruit d’une autre ; appliquons à Pope son propre et si équitable précepte : « En chaque ouvrage considérez le but de l’écrivain, car on ne peut y trouver plus et autre chose qu’il n’a voulu y mettre. » Ami de Bolingbroke, de Swift, Pope ne les suit pas jusqu’au bout de leur philosophie et de leurs audaces. […] Le critique philosophe, ayant porté toutes ses forces sur les parties difficiles et comme sur les hauts plateaux, descend un peu vite ces pentes agréables, si riches toutefois en accidents heureux et en replis ; il dédaigne de s’y arrêter, oubliant trop que c’eût été pour nous, lecteurs français, la partie la plus accessible et une suite d’étapes des plus intéressantes par le rapprochement continuel avec nos propres points de vue.

1293. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Correspondance de Louis XV et du maréchal de Noailles, publiée par M. Camille Rousset, historiographe du ministère de la guerre »

« Aisé, accueillant, propre à toute conversation, sachant de tout, parlant de tout, l’esprit orné, mais d’écorce ; en sorte que sur toute espèce de savoir force superficie, mais on rencontre le tuf pour peu qu’on approfondisse, et alors vous le voyez maître passé en galimatias de propos délibéré. […] C’était un travailleur et un remanieur insatiable : mais n’oublions pas non plus que le propre des travailleurs est de se perfectionner. […] Il se fit des créatures par le moyen de son crédit ; mais quant à ses propres affaires, il les a toujours plus mal gérées encore que celles du roi, et son zèle en a été la ruine.

1294. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SÉVIGNÉ » pp. 2-21

A l’époque dont nous parlons, loin d’être un obstacle à suivre le mouvement littéraire, religieux ou politique, ce genre de vie était le plus propre à l’observer ; il suffisait de regarder quelquefois du coin de l’œil et sans bouger de sa chaise, et puis l’on pouvait, le reste du temps, vaquer à ses goûts et à ses amis. […] Vous savez que c’est un des plus honnêtes garçons qu’on puisse voir, et propre aux galères comme à prendre la lune avec les dents. » Le style de Mme de Sévigné a été si souvent et si spirituellement jugé, analysé, admiré, qu’il serait difficile aujourd’hui de trouver un éloge à la fois nouveau et convenable à lui appliquer ; et, d’autre part, nous ne nous sentons disposé nullement à rajeunir le lieu-commun par des chicanes et des critiques. […] Rœderer a suivi de près et démêlé tout ce qui se rapporte à l’hôtel de Rambouillet en particulier, avec une prédilection et une minutie qui ne nuisent, selon nous, ni à l’exactitude ni à l’agrément de son livre. — Il y faudrait pourtant absolument, pour les noms propres et les dates, une impression plus correcte.

1295. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE DURAS » pp. 62-80

Nous avons eu plus d’une fois occasion de montrer en quelles circonstances favorables, et par quelle combinaison de sentiments divers, put se former cette école de poésie et d’art, fruit propre des dernières années de la Restauration, et qui, à ne la prendre que dans son origine, indépendamment de ce que fourniront désormais les principaux membres dispersés, ne restera pas sans honneur. […] à conjurer ces fantômes : je ne savais pas qu’il n’y a de repos qu’en vous ; » quand on entend ce simple élan interrompre le récit, on sent que l’auteur lui-même s’y échappe et s’y confond, et qu’il dit sa propre pensée par la bouche de cette martyre. […] » Ils nous ont déchiré le cœur, mais ils ne savaient ce qu’ils faisaient ; ils étaient aveuglés, leurs yeux étaient fermés ; vos propres souffrances sont le gage de leur ignorance.

1296. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXVIIIe entretien. Tacite (1re partie) » pp. 57-103

Il faut qu’il soit moraliste, sinon de cœur, au moins d’esprit : car, s’il caresse les perversités dont l’histoire est pleine, s’il donne toujours raison à la fortune, s’il exalte le vainqueur coupable et qu’il écrase le vaincu innocent, s’il foule aux pieds les victimes, s’il ajoute la sanction de sa propre immoralité et l’autorité de son amnistie à tous les scandales d’iniquité qui attristent les annales des peuples, l’historien n’est plus un juge ; c’est un complice abject ou intéressé de la fortune, qui montre sans cesse le droit violé par la force, et la vertu déjouée par le succès. […] Il faut qu’il ait pratiqué lui-même les conseils, les assemblées, les négociations, les délibérations, les affaires publiques, afin d’avoir observé de ses propres yeux le jeu des passions, des intérêts, des ambitions, des intrigues, des caractères, des vertus ou des perversités qui s’agitent dans les cours, dans les camps, dans les comices, dans la place publique. […] Cet acte démontrera à tous que je n’ai consulté, en te choisissant, ni mes propres convenances, ni même les tiennes.

1297. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Discours sur l’histoire de la révolution d’Angleterre, par M. Guizot (1850) » pp. 311-331

Je suis de ceux qui doutent, en effet, qu’il soit donné à l’homme d’embrasser avec cette ampleur, avec cette certitude, les causes et les sources de sa propre histoire dans le passé : il a tant à faire pour la comprendre bien imparfaitement dans le présent, et pour ne pas s’y tromper à toute heure ! […] Dans cet arrangement plus ou moins philosophique qu’on lui prête, les déviations, les folies, les ambitions personnelles, les mille accidents bizarres qui la composent et dont ceux qui ont observé leur propre temps savent qu’elle est faite, tout cela disparaît, se néglige, et n’est jugé que peu digne d’entrer en ligne de compte. […] La révolution d’Angleterre, considérée dans ses propres éléments et dans ses limites, cette révolution qui s’offre comme enfermée en champ clos, se prête mieux qu’aucune autre peut-être à une telle étude, et M. 

1298. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Balzac. » pp. 443-463

La puissance propre à M. de Balzac a besoin d’être définie : c’était celle d’une nature riche, copieuse, opulente, pleine d’idées, de types et d’inventions, qui récidive sans cesse et n’est jamais lasse ; c’était cette puissance-là qu’il possédait et non l’autre puissance, qui est sans doute la plus vraie, celle qui domine et régit une œuvre, et qui fait que l’artiste y reste supérieur comme à sa création. […] Il attachait la plus grande importance à cette façon de baptiser son monde ; il attribuait, d’après Sterne, aux noms propres une certaine puissance occulte en harmonie ou en ironie avec les caractères. […] Enfin il a eu le tort de ne pas se livrer uniquement aux instincts de sa nature propre, et de consulter les systèmes du jour, de les professer dans ses derniers romans, ce que M. de Balzac n’a jamais fait.

1299. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Histoire du chancelier d’Aguesseau, par M. Boullée. (1848.) » pp. 407-427

« Après la prière des voyageurs, par laquelle ma mère, raconte d’Aguesseau, commençait toujours la marche, nous expliquions les auteurs grecs et latins, qui étaient l’objet actuel de notre étude… » Grec, latin, et plus tard hébreu, anglais, italien, espagnol, portugais, mathématiques, physique, et surtout belles-lettres (sans parler de la jurisprudence qui était son domaine propre), le jeune d’Aguesseau apprenait tout, et, doué de la plus vaste mémoire, il retenait tout : « … L’admirable avocat général d’Aguesseauqui sait toutes mes chansons, et qui les retient comme s’il n’avait autre chose à faire », écrivait de lui à Mme de Sévigné M. de Coulanges. […] Soumis, résigné et comme délivré, d’Aguesseau jouit en paix de lui-même, il converse avec sa propre pensée et il en disserte au plus avec quelques amis. […] Il examine tout, il ne laisse rien passer : « Vous reconnaissez à ces doutes, dit-il quelque part en se confessant lui-même, le caractère d’un esprit difficultueux qui, pour vouloir saisir son objet avec trop d’évidence, va souvent au-delà du but. » Nous retrouvons là, et sur son propre aveu, celui qui coupe un cheveu en quatre, et que Saint-Simon appelle le père des difficultés.

1300. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame de Maintenon. » pp. 369-388

Elle négociait à travers tout sa véritable et intéressante affaire, son influence propre. […] Femme, elle avait des mots énergiques pour peindre cette satiété de tourments et d’angoisses qu’elle s’était donnés et qu’il lui fallait dissimuler par le sourire : « J’en ai quelquefois, comme l’on dit, jusqu’à la gorge. » On sait son mot, un jour qu’elle regardait de petits poissons bien malheureux et bien agités dans leur bassin propre et dans leur eau claire : « Ils sont comme moi, ils regrettent leur bourbe. » Mais c’est à Saint-Cyr que Mme de Maintenon aimait surtout à se réfugier dès qu’elle avait un moment, à se cacher, à s’épancher, à se plaindre, à se faire plaindre, à rêver sur son incompréhensible élévation, à se montrer en victime portant en elle seule tous les chagrins du royaume : « Oh ! […] C’est son œuvre à elle, son travail propre et chéri, presque maternel : « Rien ne m’est plus cher que mes enfants de Saint-Cyr ; j’en aime tout, jusqu’à leur poussière. » C’est toujours une si belle chose qu’une fondation destinée à élever dans des principes réguliers et purs la jeunesse pauvre, qu’on hésite à y apporter de la critique, même la plus respectueuse.

1301. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le duc d’Antin ou le parfait courtisan. » pp. 479-498

Mais M. d’Antin n’avait fait son résumé, bien plus sincère, que pour lui, je le répète, et à son propre usage. […] Si, pendant les hivers, il ne quittait pas Monseigneur d’un pas, l’été, durant les campagnes, il se donnait une peine infinie pour se rendre propre à la guerre et pour y acquérir l’estime. […] En peignant si à nu sa défaite et l’infirmité de la raison aux prises avec les inclinations les plus chères, il nous désarme nous-mêmes et nous force, par un retour secret, à nous demander : « Et qui donc d’entre nous sait assez résister à ses propres passions pour lui jeter la première pierre ?

1302. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — III. (Suite et fin.) » pp. 242-260

Énonçant les motifs, réels ou non, qu’il avait eus pour entrer dans la discussion, il alla droit, avant tout, à l’adversaire, et le frappant de l’épée au visage, selon le conseil de César, il le raillait sur cette prétention au patriotisme, au désintéressement et au bien public, de laquelle Beaumarchais aimait (et assez sincèrement, je le crois) à recouvrir ses propres affaires et ses spéculations d’intérêt : Tels furent mes motifs, s’écriait-il déjà en orateur, en maître puissant dans la réplique et dans l’invective ; et peut-être ne sont-ils pas dignes du siècle où tout se fait pour l’honneur, pour la gloire, et rien pour l’argent ; où les chevaliers d’industrie, les charlatans, les baladins, les proxénètes n’eurent jamais d’autre ambition que la gloire sans la moindre considération de profit ; où le trafic à la ville, l’agiotage à la Cour, l’intrigue qui vit d’exactions et de prodigalités, n’ont d’autre but que l’honneur sans aucune vue d’intérêt ; où l’on arme pour l’Amérique trente vaisseaux chargés de fournitures avariées, de munitions éventées, de vieux fusils que l’on revend pour neufs, le tout pour la gloire de contribuer à rendre libre un des mondes, et nullement pour les retours de cette expédition désintéressée… ; où l’on profane les chefs-d’œuvre d’un grand homme (allusion à l’édition de Voltaire par Beaumarchais), en leur associant tous les juvenilia, tous les senilia, toutes les rêveries qui, dans sa longue carrière, lui sont échappées ; le tout pour la gloire et nullement pour le profit d’être l’éditeur de cette collection monstrueuse ; où pour faire un peu de bruit, et, par conséquent, par amour de la gloire et haine du profit, on change le Théâtre-Français en tréteaux, et la scène comique en école de mauvaises mœurs ; on déchire, on insulte, on outrage tous les ordres de l’État, toutes les classes de citoyens, toutes les lois, toutes les règles, toutes les bienséances… Voilà donc Mirabeau devenu le vengeur des bienséances et des bonnes mœurs contre Beaumarchais, et Figaro passant mal son temps entre les mains du puissant athlète, qui le retourne et l’enlève de terre au premier choc. […] On racontait alors de Beaumarchais et de sa vie intérieure mille singularités vraies ou fausses, mais qui visaient au scandale ou au ridicule : celle-ci, par exemple, qui est assez piquante, et que je donne pour ce qu’elle vaut : Beaumarchais a une pantoufle en or clouée sur son bureau, c’est celle de sa maîtresse ; avant de travailler, il la baise, et cela l’inspire. — Il embrasse tout et se croit propre à tout. […] En ce moment de licence effrénée où le peuple a beaucoup moins besoin d’être excité que contenu, ces barbares excès, à quelque parti qu’on les prête, me semblent dangereux à présenter au peuple, et propres à justifier les siens à ses yeux.

1303. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Marguerite, reine de Navarre. Ses Nouvelles publiées par M. Le Roux de Lincy, 1853. » pp. 434-454

Elle continua d’acquérir tant qu’elle vécut ; elle protégea de tout son cœur et de tout son crédit les savants et les hommes de lettres de tout ordre et de tout genre, profitant d’eux et de leur commerce pour son propre usage, femme à tenir tête à Marot dans le jeu des vers comme à répondre à Érasme sur les plus nobles études. […] Et quelques mois après, marquant avec orgueil le jour de Marignani, elle écrit dans le transport de son cœur : Le 13 de septembre, qui fut jeudi, 1515, mon fils vainquit et défit les Suisses auprès de Milan ; et commença le combat à cinq heures après midi, et dura toute la nuit, et le lendemain jusques à onze heures avant midi ; et, ce jour propre, je partis d’Amboise pour aller à pied à Notre-Dame-de-Fontaines, lui recommander ce que j’aime plus que moi-même, c’est mon fils, glorieux et triomphant César, subjugateur des Helvétiens. […] Montaigne relève ce propos et se demande à quoi pouvait servir, en un tel moment, cette idée de protection et de faveur divine : « Ce n’est pas par cette preuve seulement, ajoute-t-il, qu’on pourrait vérifier que les femmes ne sont guère propres à traiter les matières de la théologie. » Aussi n’était-ce pas une théologienne que Marguerite : c’était une personne de piété réelle et de cœur, de science et d’humanité, et qui mêlait à une vie grave un heureux enjouement d’humeur, faisant de tout cela un ensemble très sincère et qui nous étonne un peu aujourd’hui.

1304. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre troisième. Le souvenir. Son rapport à l’appétit et au mouvement. — Chapitre deuxième. La force d’association des idées »

Au contraire, la loi de contraste a une valeur propre quand il s’agit de peines et de plaisirs. […] En second lieu, l’intelligence finit par prendre intérêt aux ressemblances et différences pour elles-mêmes, parce que le discernement des ressemblances et différences est sa loi propre, conséquemment sa tendance normale. […] Enfin la contiguïté des courants dans les parties similaires du cerveau a pour corrélatif au sein de la conscience la similarité des impressions, et nous avons vu comment l’aperception de cette similarité réagit pour adapter tout le reste à sa propre loi.

1305. (1767) Salon de 1767 « Adressé à mon ami Mr Grimm » pp. 52-65

Mais ces gens, qui se moquent de la gloire de la nation, des progrès et de la durée de l’art, de l’instruction et de l’amusement publics, n’entendent rien à leur propre intérêt. […] Ne convenez-vous pas que quand vous avez rendu fidèlement, et l’altération propre à la masse, et l’altération conséquente de chacune de ses parties, vous avez fait le portrait ? […] Si ce que je te disois tout à l’heure est vrai, le modèle le plus beau, le plus parfait d’un homme ou d’une femme, seroit un homme ou une femme supérieurement propre à toutes les fonctions de la vie, et qui seroit parvenu à l’âge du plus entier dévelopement, sans en avoir exercé aucune.

1306. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « IX. Mémoires de Saint-Simon » pp. 213-237

Si nous n’aimons pas tout ce qu’il aimait, si nous nous soucions assez peu, par exemple, de ses sentiments féodaux, de son duché, de sa pairie, des ducs à brevet ou sans brevet, de l’affaire du bonnet qui fut la grande affaire de toute sa vie, par ce côté, il faut le dire, sérieusement et idéalement grotesque, si même nous taillons des comédies dans tout cela, des comédies où la dignité de l’homme qui nous amuse à ses propres dépens reste à plat, nous haïssons au moins ce qu’il a haï, et il a pour lui tous les préjugés actuels (et ils sont nombreux) contre la personne ou le gouvernement de Louis XIV. […] Peu soucieux, d’ailleurs, de se contredire et de se prendre honteusement dans sa propre inconséquence, Saint-Simon ne craignit pas d’écrire que cet esprit foncièrement médiocre était capable de « se former et de s’élever…, qu’il voulait l’ordre et la règle…, qu’il était né sage, modéré, maître de ses mouvements et de sa langue, et le croira-t-on ? […] Cette grande femme d’État avait peut-être jugé et pénétré Saint-Simon avant Louis XIV, mais sur ce point comme sur tous les autres, elle ne domina pas le roi, elle avait vu comme il devait voir, elle le devinait… Elle lui parlait sa propre pensée et le Roi se reconnaissait à l’instant.

1307. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Saint-Bonnet » pp. 1-28

Puis il publia, sous un mauvais titre, — métaphysicien qui ne voyait pas le succès et qui voyait par trop sa pensée, — ce chef-d’œuvre de la Restauration française, qui est à son propre talent ce qu’il est lui-même à l’abbé Noirot ; le chef-d’œuvre absolu qu’on ne recommence pas. […] II L’idée dont le développement constitue ce livre de Saint-Bonnet n’est pas une invention qui lui appartienne en propre, comme les systèmes appartiennent à ceux qui les font. […] Saint-Bonnet s’est contenté de la reprendre, mais ce qui lui appartient en propre, et j’oserais presque dire exclusivement, c’est la manière dont il l’a reprise.

1308. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXVI. Des oraisons funèbres et des éloges dans les premiers temps de la littérature française, depuis François Ier jusqu’à la fin du règne de Henri IV. »

Ce prince, qui eut bien plus l’éclat et les vertus d’un chevalier, que la politique et les talents d’un roi, fut loué sans réserve ; et il ne faut pas s’en étonner : une nation militaire et brave dut estimer sa valeur ; une noblesse, qui respirait l’enthousiasme de la chevalerie, dut applaudir ses propres vertus dans son chef. […] Il fut précipité dans l’avilissement et le malheur, et par ses amis et par ses ennemis, et par la force des événements, et par sa propre faiblesse, et parce qu’il ne sut presque jamais s’arrêter ni dans l’abandon, ni dans l’usage de ses droits. […] Il peint la haine et la fureur du peuple, qui aurait voulu arracher ce monstre des mains des bourreaux, pour le déchirer de ses propres mains.

1309. (1927) Les écrivains. Deuxième série (1895-1910)

Léon Daudet fut donc libre d’aller, dans le sens de sa nature, à la conquête de sa propre originalité. […] Nul ne sait son propre nom, nul ne connaît sa propre figure. […] Sa misère, il l’a forgée de ses propres mains. […] Il agit et pense selon son milieu, avec tous les caractères de pensée et d’action qui lui sont propres. […] ce serait du propre !

1310. (1903) Légendes du Moyen Âge pp. -291

Sans parler de son intérêt propre, cet épisode nous permet de relier le La Sale septuagénaire et jovial au La Sale plus jeune et plus sérieux. […] Ce « mauvais petit château » (c’est le sens propre de Castelluccio), jadis forteresse papale, est aujourd’hui un pauvre village. […] Le problème qu’il y sentait obscurément formulé revient souvent dans son œuvre et se posait au fond de sa propre nature, à la fois très sensuelle et très idéaliste. […] Ce qui est propre à la nôtre, c’est l’antagonisme qu’elle exprime entre l’inflexibilité de l’Église et l’infinie miséricorde de Dieu. […] Quelques remarques se présentent encore sur les circonstances qui sont propres à l’auteur du lai.

1311. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » p. 113

Elle mérite d’être connue par l’originalité de ses rimes féminines, propres à donner une idée de la pesanteur de l’Auteur, & à prouver que l’Académie a été de tout temps un objet de plaisanterie.

1312. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 295-296

Il s’est exercé dans un genre plus propre à lui faire un nom, & qui n’est pas moins agréable aux yeux de ceux qui connoissent le prix & le charme de la variété : ses Pensées & Réflexions philosophiques le placent à côté de nos Penseurs les plus fins & les plus délicats.

1313. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » pp. 426-427

Dom Calmet est moins excusable de n’avoir pas assez senti les différentes nuances des qualifications, en prodiguant le nom de célebre, d’illustre, &c. à des Ecrivains ignorés jusque dans leur propre patrie.

1314. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 406-407

Il les a classés & mis dans le jour le plus propre à en faire sentir la valeur, la force, l’énergie, & les diverses acceptions qui les distinguent.

1315. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — J. — article » pp. 515-516

On n’y trouve point, à la vérité, ces traits de force qui étonnent l’Auditeur, ces tableaux énergiques qui le frappent, ces grands mouvemens qui l’entraînent : mais il est aussi très-éloigné de cette affectation de descriptions frivoles, plus propres à amuser qu’à instruire ; de ces portraits où l’on s’occupe plus du coloris, que de la vérité ; de cette recherche d’esprit qui éteint le feu de l’action, & invite à croire qu’on n’est pas plus persuadé soi-même, qu’on ne s’inquiete de persuader les autres ; de ces pensées plus fines que solides ; de ces tours plus brillans que naturels ; de ces expressions plus mondaines qu’oratoires ; ressources indignes de la majesté de la Chaire, & plus ajustées au ton des fauteuils académiques, où le sommeil de celui qui parle, est le précurseur de celui des personnes qui écoutent.

1316. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » p. 497

Cet Auteur s’est attaché, dans sa Prose, à des objets plus graves, & les a traités du style qui leur est propre.

1317. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 511-512

« Marquer tous les pas de l’Art de guérir, soit qu’ils l’approchent, soit qu’ils l’éloignent de la perfection ; annoncer en quel temps & par qui il fut accéléré ou retardé dans sa marche ; présenter les découvertes vraiment originales, les vûes propres de chaque Inventeur ; disposer les inventions dans l’ordre de leur naissance ; indiquer où elles se trouvent, afin d’épargner au Lecteur qui sait qu’elle existe ; la peine de les chercher, & à celui qui l’ignore, celle de les inventer ; montrer comment une découverte a produit d’autres découvertes ; rapporter les inventions de tout genre à leurs véritables Auteurs ; déterminer le temps, le lieu, & les circonstances qui ont vu naître ces Auteurs, & recueillir les fruits les plus frappans de leur vie ; faire connoître le rang que la Chirurgie a tenu dans tous les temps parmi les autres Arts, le degré d’estime accordé à ceux qui l’ont professée, & le mérite personnel de ses promoteurs » : telle est la tâche étendue & pénible que M.

1318. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 560-561

On ne sauroit trop applaudir à des motifs si propres à faire rougir nos prétendus grands Ecrivains, qui ont si indignement sacrifié la Religion & les mœurs au désir de se faire un nom.

1319. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 76-77

D'après de tels sentimens, il ne faut plus s'étonner de la franchise avec laquelle il raconte des événemens si opposés à l'esprit de son état & à sa propre gloire ; il semble qu'il n'ait écrit que pour médire de lui-même.

1320. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 128-129

Cet événement si glorieux à la Religion, si propre à humilier ceux qui l'outragent, si consolant pour ceux qui la pratiquent & la défendent, est sans contredit le plus heureux sujet dont aient jamais retenti les Chaires Chrétiennes.

1321. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 204-205

Si les Tragédies répondent à nos Romans héroïques, les Comédies, comme celles du Tartuffe & de l'Avare, à nos Romans d'intrigue & de caractere ; les Pieces de M. de Saint-Foix sont propres à nous retracer l'idée de ces jolis Contes de Fées, qui, sous d'agréables images, représentent dans le lointain la peinture de nos mœurs.

1322. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 290-291

L'homme de Lettres se fait sentir dans presque tous ses Ouvrages ; qualité rare & propre à venger l'Erudition, du décri où l'ont jetée plusieurs Savans, dont le mérite ne consistoit qu'à savoir, & plusieurs Beaux-Esprits, dont le défaut ordinaire est de savoir trop peu.

1323. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préface et note de « Notre-Dame de Paris » (1831-1832) — Préface (1831) »

Ces majuscules grecques, noires de vétusté et assez profondément entaillées dans la pierre, je ne sais quels signes propres à la calligraphie gothique empreints dans leurs formes et dans leurs attitudes, comme pour révéler que c’était une main du moyen-âge qui les avait écrites là, surtout le sens lugubre et fatal qu’elles renferment, frappèrent vivement l’auteur.

1324. (1870) La science et la conscience « Avant-propos »

En montrant que les écoles qui se contredisent et s’excluent réciproquement ont chacune leur part légitime dans l’œuvre commune des sciences morales, que la contradiction entre leurs diverses conclusions ne commence que du moment où elles dépassent la mesure de leur compétence propre, affirmant ou niant ce qu’elles n’ont pas pour objet de constater.

1325. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. FAURIEL. —  première partie  » pp. 126-268

En appréciant et faisant valoir les mérites et les vues de l’ouvrage qu’il examine, le critique se permettait différentes remarques dont quelques-unes donnent jour dans ses propres opinions. […] Les philosophes du xviiie  siècle ignoraient trop en général l’histoire des philosophies, ou ils ne s’en servaient que comme d’un arsenal au besoin, et pour y saisir quelque arme immédiate dans l’intérêt de leur propre idée. […] Fauriel était le plus équitable, le plus tolérant, le moins décisif assurément des penseurs ; mais il demeurait dans ses propres voies ; il était occupé, hier encore, à étudier la sagesse humaine dans la personne de ses plus orgueilleux représentants. […] N’ayant pas d’avis propre et personnel à exprimer en telle matière, je dois me borner à signaler en ces termes généraux l’état de la question. […] Fauriel crut pouvoir tirer directement parti, à cet effet, du roman dramatique de Dorothée, dans lequel il était convaincu que le poëte espagnol avait consigné à très-peu près sa propre histoire.

1326. (1925) Feux tournants. Nouveaux portraits contemporains

Mais le sens du réel, qui des deux le possède aujourd’hui en propre ? […] À l’un de ses voisins, il confie ses préoccupations littéraires, et les vœux qu’il forme en vain de rencontrer une oeuvre humaine où retentira l’écho de ses propres tourments. « Mais elle existe, cette œuvre !  […] France voulait faire là son propre éloge, on me pardonnera de n’y point souscrire ; c’est une moindre impertinence à son endroit que la mascarade à laquelle il fut convié quai Malaquais. […] Villeneuve est l’endroit le plus propre et le plus silencieux du monde. […] Jean-Christophe jugeait la France avec plus de lucidité que son propre pays.

1327. (1898) La cité antique

Il n’avait plus rien de commun avec le foyer qui l’avait vu naître et ne pouvait plus offrir le repas funèbre à ses propres ancêtres. […] Mais en ce cas il rompait tout lien avec son propre fils157. […] Les morts sont des dieux qui appartiennent en propre à une famille et qu’elle a seule le droit d’invoquer. […] Car de ce que ces personnes ne pouvaient rien avoir en propre on a conclu avec raison qu’elles ne pouvaient non plus rien revendiquer en justice. […] L’homme qui se sent coupable ne peut plus approcher de son propre foyer ; sondieu le repousse.

1328. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Dorian, Tola (1841-1918) »

Remy de Gourmont La fréquentation des poètes lyriques anglais, allemands, russes, le tourment d’une âme qui ne veut pas désespérer, quoiqu’elle sache l’inutilité des révoltes et combien sont précaires, puisqu’elles sont limitées, les réalisations humaines, — et le désir de rythmer de telles émotions et de se les rendre sensibles, il y aurait bien là de quoi faire un poète, même en négligeant d’autres causes, le don naturel, la sensibilité native, l’orgueil de se vouloir égaler à son propre idéal.

1329. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 263-264

Malgré cela, il aura au dessus d’eux la gloire d’avoir rappelé parmi nous la Tragédie à sa véritable destination, en y retraçant, comme chez les Grecs, des événemens nationaux, & en offrant à ses compatriotes des Héros propres à les attendrir & à exciter leur émulation.

1330. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » pp. 48-49

Tant de titres pour figurer dans la République des Lettres, ne sont-ils pas propres à prouver que Thomas Corneille peut exister par lui-même, & ne rien perdre par la célébrité de son frere ?

1331. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 294-295

Il est connu par de petits Poëmes, des Héroïdes, des Romances, & d’autres Poésies propres à justifier le succès qu’elles ont eu.

1332. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 363-365

Il a cultivé différentes branches de la Littérature ; & ses Productions, soit didactiques, soit historiques, soit morales, annoncent en général l’homme instruit, l’observateur éclairé qui connoît les hommes, & sait peindre les vices & les vertus avec les couleurs qui leur sont propres ; mais trop de diffusion, quelquefois de la sécheresse, & assez souvent un ton peu naturel, défigurent son style, & l’excluent du nombre des bons Ecrivains.

1333. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 156-157

On y puise des lumieres propres à éclairer l’ignorance, & des sentimens capables de respecter la vertu ; double mérite dont nos Auteurs philosophes sont bien éloignés.

1334. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 295-296

Mercier a aussi exercé sa plume à des Eloges historiques, tels que ceux de Charles V & de Descartes ; à des Réflexions sur l’Art dramatique, où, parmi plusieurs hérésies littéraires, on trouve des idées neuves & vraiment instructives ; à des Songes philosophiques, propres à donner une idée de ce qu’il pourroit faire de bon, avec l’esprit & la facilité de penser qu’il a reçus de la Nature, s’il vouloit s’appliquer à être simple, naturel, & donner à son style cette chaleur qui suppose de l’ame, & fait vivre les Productions.

1335. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 525-526

On doit attribuer à la forme du dialogue, qu’il avoit choisie comme plus propre à instruire, la négligence ou la diffusion du style qu’on peut reprocher au Spectacle de la Nature.

1336. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 530-531

Mémoire prodigieuse, imagination brillante & féconde, esprit vaste & flexible, également propre aux Affaires, aux Sciences, aux Belles-Lettres, tout s’est réuni pour en former un de ces hommes destinés à faire honneur à leur Siecle par leurs talens, & par l’heureux usage qu’ils en ont fait.

1337. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 130-131

Et les Lettres ne seroient-elles pas doublement honorées, si ceux qui les cultivent puisoient dans leur propre cœur les hautes maximes qu'ils étalent dans leurs Ouvrages avec tant d'appareil ?

/ 3087