Au fond, malgré toute sa malice — il l’a presque avoué, — ce qui fait amnistier Bismarck par Thiers, c’est que pendant les négociations pour Belfort, le ministre prussien, connaissant l’habitude, qu’avait Thiers de faire une sieste dans la journée, lui faisait envelopper les pieds avec un paletot, pour qu’il n’eût pas froid. […] Il accepte tout le monde sur le pied de l’égalité. […] Elle répond à peine aux gens, qui lui font la politesse de venir s’asseoir, sur la petite chaise placée à ses pieds, relevant le nez à chaque entrant à qui elle jette : « Eh bien, sait-on quelque chose ?
On voit par exemple dans le palais que les barberins ont fait bâtir dans la ville de Palestrine, à vingt-cinq milles de Rome, un grand morceau de mosaïque qui peut avoir douze pieds de long sur dix pieds de hauteur, et qui sert de pavé à une espece de grande niche, dont la voute soutient les deux rampes separées, par lesquelles on monte au premier palier du principal escalier de ce bâtiment. […] D’autres amours saisissoient Alexandre, et le tirant par sa cotte d’armes, ils l’entraînoient vers Roxane dans la posture d’un homme qui vouloit mettre son diadême aux pieds de l’objet de sa passion.
Ce sont les héros du roman… Ils avaient fini de s’ajuster, — ils étaient prêts, — ils avançaient déjà le pied pour faire la révérence en entrant dans ce salon — qui n’existe pas ! […] Nous vous applaudirons des pieds et des mains, et nous vous rappellerons après le cours. […] Rien de plus simple : prenez le petit Cupidon de cire aux pieds délicats et rosés, chaussez-le de sabots ferrés et lourds, plongez-le, la tête la première, au fond d’un baquet rempli d’eau de vaisselle ; maintenez-le quelque temps dans cette mare gluante ; vous le retirez avec de la chassie aux yeux, des détritus infects pris à sa chevelure blonde, et de la crotte aux ailes.
versa toujours trop de biographie, trop de détails inutiles et insignifiants, qui n’éclairent ni l’œuvre qu’on juge, ni l’homme qu’on veut pénétrer, en ces articles qui perdaient par là de leur beauté et de leur pureté de critique, et qui n’avaient pas besoin de ces pieds d’argile pour avoir une tête d’or ! […] Aussi, quand les premiers articles de Macaulay parurent, vers 1823, dans cette Revue d’Édimbourg qui fit jaillir les Revues du sol, par toute l’Europe, comme Pompée se vantait de faire jaillir de terre, d’un seul coup de pied, des soldats, on s’étonna, on fut charmé de ces articles substantiels et légers qui n’étaient plus de la critique par pieds, pouces et lignes, appliquée à plat sur un livre comme la mesure d’un tailleur sur le corps d’un homme, mais qui semblaient toute une atmosphère dilatée autour de ce livre et chargée de toutes les influences dans lesquelles on le retrouvait !
. — Les Mains gantées et les Pieds nus (1898). — Les Jardins d’Armide (1899). — Les Escales galantes (1900).
Mais bien vertu excellente, haultaine, Qui fait des Grands la naissance florir, Qui sous le pied met l’envie & la haine, En s’attachant à ce qu’on doit chérir ; Vertu qui vient d’une source certaine De vérité, non sujette à mourir.
Au milieu des décombres, voletant effarée, une cigogne, salie, noircie par la terre de bruyère, formant une petite montagne au pied de la serre. […] … Ses pieds s’étaient refusés à battre l’espace comme les palettes d’une roue, et maintenant quand il traversait un boulevard, et qu’il voulait éviter une voiture, il lui était impossible, tout à fait impossible de courir. […] Trôler dans l’immense bâtiment, s’asseoir sur la chaise au pied du lit des fillettes de son âge et causer avec elles, aller jeter de l’eau bénite sur le corps d’une morte : c’est devenu une vie presque distrayante pour elle. […] En haut de la maison, le cabinet de Daudet, une toute petite pièce, avec une chaise de paille, devant une petite table, aux pieds comme des échasses, et sur laquelle le myope travaille à son aise. […] Je m’en vais dîner, ce soir, chez la princesse, à pied, par un beau froid noir.
Pourroit-on compter, après cela, sur tant de brevets d’honneur décochés si libéralement du pied des Alpes, promulgués par l’Auteur du Mercure, & adoptés par une multitude de Louangeurs qui ne se doutent certainement pas que la louange est un ridicule pour ceux à qui on la donne sans qu’ils la méritent, & pour ceux qui se croient en droit de la dispenser ?
De Machy Le 1er a 5 pieds de haut sur 4 pieds de large.
Deplace, avec toute la délicatesse dont il est capable, un coupon dans le prix qui lui est dû : « Si j’y voyais le moindre danger, certainement, monsieur, je ne m’aviserais pas de manquer à un mérite aussi distingué que le vôtre, et à un caractère dont je fais tant de cas, en vous faisant une proposition déplacée ; mais, je vous le répète, vous êtes au pied de la lettre co-propriétaire de l’ouvrage, et en cette qualité vous devez être co-partageant du prix…. » M. […] Pourtant quand je parcours ses judicieuses réserves sur Bacon, sur Locke en particulier, si foulé aux pieds par de Maistre, une remarque en sens contraire me vient plutôt à l’esprit, et si j’ai eu tort de l’omettre dans les articles consacrés à l’illustre écrivain, elle trouvera place ici en correctif essentiel et en post-scriptum.
Danse sur la corde (À la fin la corde casse, et les danseurs tombent qui sur les pieds, qui sur la tête, au milieu du brouhaha général.) […] — Le sublime chante que l’homme est le roi de la création ; mais le comique le montre tremblant de peur entre les bras d’un grand singe qui le flatte doucement avec sa patte148. — Le sublime est le troubadour qui récite, tôle nue et à distance, des vers épiques à la table des rois ; le comique est le petit chien impertinent qui saule sur la table du festin, salit les plats d’argent et d’or, met les rois en colère, le menu peuple en liesse, et mord en se sauvant le pied du troubadour. — L’architecte héroïque se cache derrière son œuvre, qui semble s’élever toute seule aux sons de sa musique, comme Thèbes aux doux accords de la lyre d’Amphion.
C’était de l’habitude sans doute ; mais, quand on réfléchit aux mille délicatesses dont se compose la moralité humaine, que penser de l’homme qui s’est fait un besoin d’abattre tous les jours un troupeau qu’on pousse à ses pieds, de ce roi qui n’a jamais porté l’épée militaire et qui s’en va, les mains noircies par sa forge, faire de tels carnages dans ses forêts ? […] Il y a la reine en pied et de face, éclairée comme elle ne l’avait jamais été jusque-là, la reine, éblouissante et suave, restituée à ce fond d’éther qu’on avait trouvé le moyen affreux de salir, et sur la lumière bleue duquel ressort bien sa pure et grande physionomie.
Les hommes qui ne voient jamais le xviiie siècle qu’à travers un microscope peuvent trouver que Chamfort n’est pas par trop nain entre La Rochefoucauld et La Bruyère, et lui mettre son temps sous les pieds pour le hausser jusqu’à eux, en l’appelant le moraliste du xviiie siècle. […] Ils ont pris au pied de la lettre brute cette cordiale plaisanterie de l’Espagne, qui fait de tout illégitime un gentilhomme ; et par cela même ils ont prouvé qu’ils n’entendaient rien à cette grande parole qui n’a de sens qu’avec la foi chrétienne et que peuvent dire seuls les bâtards pieux et fidèles qui se réclament de la légitimité divine : « Je suis enfant de Dieu et de noble maison. » Ils se sont enfin haussés jusqu’aux plus insolentes apologies, et de ces apologies jusqu’aux blasphèmes, et de tels blasphèmes que nous ne voulons ni ne pouvons les répéter.
Enfin, dernière raison, et la plus puissante, quand on a mis son pied dans ce qu’on appelle présentement le réalisme, il n’est pas étonnant que d’horreur on s’en aille l’essuyer jusqu’au balai du petit laquais Almanzor ! […] Il ne se doute pas, enfin, que ce commencement du xviie siècle, mis aux pieds de quelques femmes par des sigisbées littéraires, n’était, à le bien considérer, que le xvie siècle tombé en quenouille, et que l’histoire même qu’il écrit le prouve avec une invincible clarté.
Toujours est-il que nous devînmes Allemands de pied en cap, et que nous mîmes à nous faire lourds cette souplesse d’Alcibiade qui nous distingue. […] — la poésie de l’Allemagne, comme l’éclectisme avait accepté sa philosophie ; et, d’enthousiasme, il prit Gœthe et Schiller sur le pied où l’Allemagne les prenait tous les deux : grands, mais inégaux, Gœthe devant toujours être « l’incomparable Gœthe » même en France, où Schiller, cependant, pour l’emporter sur lui, avait trois qualités d’un effet toujours certain sur l’aimable sensibilité française : il était pulmonique, sentimental et philanthrope.
Oscar de Vallée lui-même, qui ne veut pas qu’on les oublie et qui a plus mesuré son admiration à la moralité révoltée, intrépide et fière de Chénier, qu’à la supériorité intellectuelle de l’écrivain, n’a pu s’empêcher de revenir au poète et de finir son livre par des vers plus beaux que toutes les proses du monde, et qui enterrent le prosateur dans la tombe du poète, à mille pieds dans les rayons de cette tombe, faite avec des rayons ! […] C’est le trépied d’où il s’élance ; mais quand il ne l’a plus sous les pieds, la Sybille divinisée s’éteint dans une langue dont nous ne goûtons plus la flamme.
Par le Panthéisme, en effet, le Matérialisme a toujours un pied et une main dans la philosophie contemporaine, et ce n’est pas le Spiritualisme, réduit à ses seules forces, qui coupera jamais ce pied et cette main-là.
Seulement, cette inégalité, qui est le pied d’argile de la tête d’or, et qui existe entre ces Contes, différents de sujet, n’existe plus dans ceux-là qui l’emportent nettement sur les autres… Ici, le talent de l’auteur ne défaille pas une seule fois, et il y plane au niveau de lui-même, toujours ! […] Le dénouement de cette sacrilège passion de l’idolâtre, qui meurt étranglé par un chien (le chien qu’il veut vendre pour quelques sous de plus), en criant, sous les morsures de la gueule implacable, ce nom de Dieu qu’il avait oublié, dont les quatre lettres servaient à ouvrir le mécanisme de son coffre-fort, et qu’il se rappelle tout à coup, en mourant au pied de ce coffre-fort, qui ne s’ouvrira plus, est une invention digne de la tête à combinaison d’Edgar Poe.
Et le Sonnet, au contraire, c’est la règle inflexible, le rythme sévère et circonscrit, l’anneau infrangible et enchanté, passé au pied divin de la Muse pour qu’elle ne s’envole pas et qu’on puisse mieux juger de la grâce et de la longueur de ses ailes ! […] Sous une chevelure qui pousse, en l’air, droite, dure et indomptable au fer, qui en la coupant souvent l’a épaissie, un front vaste et carré comme un parallélogramme, d’un lisse de marbre, mais auquel l’Effort a mis son pli rudement marqué entre les deux sourcils, yeux rentrés où le noir du crayon s’allume, joue rigide, regard attentif, la bouche presque amère, tel est l’homme de ce portrait, et c’est le poète aussi, le poète laborieux, violemment laborieux, l’ardent Puritain du Sonnet, cette pauvreté opulente, la pensée cruelle à elle-même comme la femme, la coquette martyre, dont le pied saigne dans le brodequin, dont la hanche bleuit sous la baleine, mais qui se console avec l’adage : il faut souffrir pour être belle !
être le champ de l’avenir, — c’est cette petite fleur, retrouvée là, qui m’a empêché de jeter sous mes pieds avec mépris ce livre où un regain de poésie vivace, inarrachable du cœur d’un homme, domine encore, domine toujours tous les prosaïsmes glorifiés de ce siècle dégénéré ! […] S’il y passait toujours et s’il prenait le parti de fouler aux pieds l’Athéisme et la Démocratie, ces deux déshonneurs de sa pensée, il serait (voyez si son livre des Réveils n’est pas le livre des Regrets !)
J’ai eu un peu de peine ; je vous souhaite le bon soir ; je vais me mettre dans mon lit » ; et cette humanité envers un soldat qu’il trouve au pied d’un arbre, accablé de fatigue, à qui il donne son cheval, et qu’il suit lui-même à pied.
C’est vraiment ici la contrée cimmérienne d’Homère ; les pieds clapotent, on n’a plus que faire de ses yeux ; on sent tous ses organes bouchés, rouillés par l’humidité qui monte ; on se croit hors du monde respirable, réduit à la condition des êtres marécageux, habitant des eaux sales ; vivre ici, ce n’est pas vivre. […] Ici l’énorme soldat des gardes, au teint rose, majestueux, cambré, qui se prélasse une petite canne à la main, étalant son torse et montrant sa raie claire entre ses cheveux pommadés ; là, le gros homme sur-nourri, courtaud, rougeaud, semblable à un animal de boucherie, à l’air inquiétant, ahuri, et pourtant inerte ; un peu plus loin, le gentilhomme de campagne, haut de six pieds, gros et grand corps de Germain qui sort de sa forêt, avec un mufle et un nez de dogue, des favoris disproportionnés et sauvages, des yeux roulants, la face apoplectique ; ce sont là les excès de la séve et de l’alimentation brutales ; ajoutez-y, même chez les femmes, la devanture blanche de dents carnivores, et les grands pieds d’échassiers, solidement chaussés, excellents pour marcher dans la boue. […] Quand on descend jusqu’au bas, on voit que cette cuirasse a cinquante pieds de haut ; beaucoup d’entre eux portent trois mille, quatre mille tonneaux ; les clippers longs de trois cents pieds vont partir pour l’Australie, pour Ceylan, pour l’Amérique. […] Vers le sommet, les inventions du bien-être sont si multipliées, qu’on en est gêné ; il y a trop de journaux et de revues sur votre table de nuit, trop d’espèces de tapis, de cuvettes, d’allumettes, de serviettes dans votre cabinet de toilette : leur raffinement est infini : vous songerez, en fourrant vos pieds dans les pantoufles, qu’il a fallu vingt générations d’inventeurs pour porter la semelle et la doublure jusqu’à ce degré de perfection.
J’ai déjà dit autre part que parfois, quoique rarement, une certaine quantité de terre adhère aux pieds et au bec des oiseaux. Des échassiers qui fréquentent les rivages marécageux des étangs, venant soudain à être mis en fuite, sont les plus exposés à avoir souvent les pieds terreux. […] Il est peu probable qu’ils s’abattent à la surface de la mer, de sorte que la terre de leurs pieds ne risque point d’être lavée pendant la traversée ; et ils ne sauraient manquer, en prenant terre, de voler immédiatement jusqu’aux bords des eaux douces qu’ils ont accoutumé de fréquenter. […] Mais Madère est, d’autre côté, habitée par un nombre surprenant d’espèces particulières de mollusques terrestres, tandis que pas une seule espèce de coquilles marines n’est confinée exclusivement sur ses rivages : or, quoique nous ne sachions pas par quels moyens les coquilles marines se dispersent, néanmoins, on peut présumer que, de temps en temps, leurs œufs ou leurs larves, attachés à une plante marine, à du bois flottant ou aux pieds des oiseaux échassiers, sont ainsi transportés plus aisément que ceux des coquilles terrestres jusqu’à trois ou quatre cents milles en pleine mer. […] De jeunes sujets tout nouvellement éclos ne peuvent-ils de temps à autre ramper sur les pieds des oiseaux lorsqu’ils dorment sur le sol, et, y demeurant attachés lorsqu’ils s’envolent, se trouver ainsi transportés au loin ?
Les pieds vous font mal, vous cuisent, vous brûlent, toute la peau est excoriée. […] Et on ne sait comment : les pieds ne sont plus excoriés. […] Et les pieds d’Agamemnon ne toucheront point le seuil. […] C’est ce pays-ci qu’il traversait à pied quand il allait voir madame Drouet. […] Du même pied.
Cette fois, la gendarmerie, à pied et à cheval, se déploie en ligne de bataille contre Mme de Staël. […] Il ne mit jamais les pieds dans une ambulance ni dans un hôpital. […] Les geôliers crurent devoir prendre la précaution inutile de lui passer des chaînes de fer au cou, aux mains et aux pieds. […] Nous n’avons en temps de paix que 300 000 hommes environ, sur pied. […] Au pied du tertre, elle avait disposé des bananes et des choses bizarres dans des soucoupes.
Il jeta un coup d’œil rapide sur les Esquisses que Bachelier a faites d’après le poème de Gesner, et il mit sous son bras celle où l’on voit Adam soulevant le cadavre de son malheureux fils, une de ses filles éplorée à ses pieds, et sa femme échevelée sur le fond.
On l’aurait vue de la tête aux pieds.
Belle l’archange Michel, vainqueur des anges rebelles. tableau de 9 pieds de haut, sur 6 pieds de large.
Voici mes pieds, frivoles voyageurs. […] L’auteur, personnage notable, membre de la Chambre des communes, bon pied, bon œil, bonne fourchette, se déclarait parfaitement heureux. […] Je voudrais, le jour de la cérémonie, en descendant de l’église, le voir foudroyé à mes pieds. […] À un moment, leurs pieds se touchèrent sous la table. […] À un autre moment, comme Hautefeuille avait glissé dans une phrase un rappel d’une de leurs tendres promenades à Cannes, Ely éprouva un tel besoin de lui donner une caresse, qu’instinctivement, inconsciemment, son pied à elle se dégagea de son petit soulier, et vint toucher, presser le pied du jeune homme.
. — Berthe aux grands pieds (1899). — Le Songe de l’Amour (1900).
Soixante dames, en robes lamées et bouffantes sur des paniers qui ont vingt-quatre pieds de circonférence, s’espaceront sans peine sur les marches de ces escaliers. […] Certainement, pour le port et l’aisance, ils sont les premiers de tous ; si proches du maître, ils y sont obligés ; dans un tel voisinage, leur tenue ne doit pas faire disparate Telle est la maison du roi, et je n’ai décrit qu’une de ses résidences ; il y en a une douzaine, outre Versailles, grandes ou petites, Marly, les deux Trianon, la Muette, Meudon, Choisy, Saint-Hubert, Saint-Germain, Fontainebleau, Compiègne, Saint-Cloud, Rambouillet160, sans compter le Louvre, les Tuileries et Chambord, avec leurs parcs et territoires de chasse, avec leurs gouverneurs, inspecteurs, contrôleurs, concierges, fontainiers, jardiniers, balayeurs, frotteurs, taupiers, gruyers, gardes à cheval et à pied, plus de 1 000 personnes. […] On trouve encore de ces vieux courtisans, qui « âgés de quatre-vingts ans, en ont bien passé quarante-cinq sur leurs pieds dans l’antichambre du roi, des princes et des ministres » « Vous n’avez que trois choses à faire, disait l’un d’eux à un débutant : dites du bien de tout le monde, demandez tout ce qui vaquera, et asseyez-vous quand vous pourrez. » C’est pourquoi, autour du prince, il y a toujours foule. […] Tel est le lever, une pièce en cinq actes Sans doute on ne peut mieux imaginer pour occuper à vide une aristocratie : une centaine de seigneurs considérables ont employé deux heures à venir, à attendre, à entrer, à défiler, à se ranger, à se tenir sur leurs pieds, à conserver sur leurs visage l’air aisé et respectueux qui convient à des figurants de haut étage, et tout à l’heure les plus qualifiés vont recommencer chez la reine180. […] À Vienne, en 1772, l’ambassadeur prince de Rohan avait deux carrosses coûtant ensemble 40 000 livres, 40 chevaux, 7 pages nobles, 6 gentilshommes, 5 secrétaires, 10 musiciens, 12 valets de pied, 4 coureurs dont les habits chamarrés avaient coûté chacun 4 000 livres, et le reste à proportion201.
Il ne prend pas comme Shakspeare un roman de Greene, une chronique d’Holinshed, une vie de Plutarque, tels quels, pour les découper en scènes, sans calcul des vraisemblances, indifférent à l’ordre, à l’unité, occupé seulement de mettre en pied des hommes, parfois égaré dans des rêveries poétiques, et au besoin concluant subitement la pièce par une reconnaissance ou une tuerie. […] Joignez-y encore sa noblesse morale, son âpreté, sa puissante colère grondante, exaspérée et acharnée contre les vices, sa volonté roidie par l’orgueil et la conscience, « sa main armée et résolue à dépouiller, à mettre nues, comme au jour de leur naissance, les folies débraillées de son siècle, à imprimer sur leurs flancs éhontés les sillons de son fouet d’acier122 » ; par-dessus tout le dédain des basses complaisances, le mépris affiché « pour les esprits éreintés qui trottent d’un pied écloppé aux gages du vulgaire », l’enthousiasme, l’amour profond « de la Muse bienheureuse, âme de la science et reine des âmes, qui, portée sur les ailes de son immortelle pensée, repousse la terre d’un pied dédaigneux, et va heurter la porte du ciel123. » Voilà les forces qu’il a portées dans le drame et dans la comédie ; elles étaient assez grandes pour lui faire une grande place et une place à part. […] Puis en déclamations grandioses, il châtie « la vanité mondaine et ses beautés fardées que de frivoles idiots adorent, qu’ils poursuivent de leurs appétits aboyants et altérés, toujours en sueur, hors d’haleine, dressés sur leurs pieds pour saisir ses formes aériennes, à la fin étourdis, pris de vertige, et achetant la joyeuse démence d’une heure par les longs dégoûts de tout le temps qui suivra167. » Alors, pour achever la défaite des vices, paraissent deux mascarades symboliques représentant les vertus contraires. Elles défilent gravement devant les spectateurs, en habits splendides, et les nobles vers qu’échangent la déesse et ses compagnes, élèvent l’esprit jusqu’aux hautes régions de morale sereine, où le poëte le veut porter. « La chasseresse, la déesse pudique et belle a déposé son arc de perles et son brillant carquois de cristal ; assise sur son trône d’argent, elle préside à la fête168 », et contemple avec une majesté tranquille les danses qui s’enroulent et se développent devant ses pieds. […] À quarante-quatre ans, il s’en alla en Écosse à pied.
Vous connaissez de nom et de génie Mozart, l’ange de la musique moderne, le Raphaël de la mélodie, l’enfant surnaturel, le jeune homme fauché dans sa fleur, mais après avoir exhalé dans cette fleur plus de chant céleste de son âme musicale qu’aucun chérubin mortel n’en répandit jamais au pied du trône de Dieu. […] J’ai passé bien souvent des heures, et surtout des heures de nuit transparentes, à savourer ces sons surhumains, tantôt sous la voile d’un navire au pied du mât, tantôt sur les côtes de Syrie, entre les cimes du Liban et les plages mugissantes de la mer. […] Je me mets aux pieds de Sa Majesté, ai-je répondu. […] J’étais glacé, non seulement des mains et des pieds, mais de tout le corps, et la tête commençait à me faire mal. […] Il n’y a pas moyen d’aller à pied ; tout est trop loin, et il y a trop de boue ; car Paris est une ville horriblement boueuse, et pour aller en voiture on a l’honneur de jeter quatre ou cinq livres par jour sur le pavé, et encore pour rien, car les gens se contentent de vous donner des compliments et pas autre chose.
Souvent, pendant que j’étais très jeune et que j’allais avec ivresse au bal, je me suis étonné, en sortant de la salle à la première pointe du jour, de voir des larmes de rosée trembler et briller sur toutes les feuilles des buissons et sur toutes les herbes qui me mouillaient les pieds ; ces gouttes d’eau rafraîchissantes étaient tombées en dehors à notre insu, en silence, pendant que la chaleur des bougies et la poussière du parquet nous brûlaient à l’intérieur de la salle. […] À pied, ou sur des chars brillants d’ivoire et d’or, Ou sur une trirème embarquant leur trésor, Ils erraient : Antioche, Alexandrie, Athènes, Tour à tour leur montraient ces lueurs incertaines Qui, dès qu’un œil humain s’y livre et les poursuit, Toujours, sans l’éclairer, éblouissent sa nuit. […] Après nous être un peu promenés seul à seul, Au pied d’un marronnier ou sous quelque tilleul Nous vînmes nous asseoir, et longtemps nous causâmes De nous, des maux humains, des besoins de nos âmes ; Moi surtout, moi plus jeune, inconnu, curieux, J’aspirais vos regards, je lisais dans vos yeux, Comme aux yeux d’un ami qui vient d’un long voyage ; Je rapportais au cœur chaque éclair du visage ; Et dans vos souvenirs ceux que je choisissais, C’était votre jeunesse, et vos premiers accès D’abords flottants, obscurs, d’ardente poésie, Et les égarements de votre fantaisie, Vos mouvements sans but, vos courses en tout lieu, Avant qu’en votre cœur le démon fût un Dieu. […] Car sans parler du flot qui gronde à tout moment, Et de votre destin qu’assiège incessamment La Gloire aux mille voix, comme une mer montante, Et des concerts tombant de la nue éclatante Où déjà par le front vous plongez à demi ; Doux bruits, moins doux pourtant que la voix d’un ami : Vous, noble époux ; vous, femme, à la main votre aiguille, À vos pieds vos enfants ; chaque soir, en famille, Vous livrez aux doux riens vos deux cœurs reposés, Vous vivez l’un dans l’autre et vous vous suffisez. […] Elle en sort et coule au pied de petites collines irrégulières qui sont couvertes de vignes ; puis, passé le château romantique qui porte aujourd’hui le nom de Valleggio, situé sur une éminence, elle descend à travers une longue vallée, et alors elle se répand dans la plaine en deux petits lacs, l’un au-dessus et l’autre juste au-dessous de la ville de Mantoue.
Combien d’autres choses, sur ce pied-là, il aurait pu citer à mon honneur ! […] Un pas qu’on fait, une pierre qu’on ôte, le verre qu’on range hors du chemin de peur qu’il ne blesse les enfants ou ceux qui vont les pieds nus, tout devient significatif et source d’édification, tout est mystère et lumière dans un mélange délicieux. […] le moyen de les prendre sur un autre pied ? […] Son cheval lui représente en vain que « son ongle est tout usé, son haleine aussi. » Ahasvérus veut faire relever son cheval qui agonise, et qui meurt bientôt à ses pieds. […] Du pied des quatre évangélistes, assis au haut du ciel, le lion de saint Marc et l’aigle de saint Jean vont, à l’ordre de leurs maîtres, faire une reconnaissance sur la terre.
Je sais bien qu’il vit à Paris, à peu près comme tout le monde, et je ne prétends pas qu’il adore pour de bon Baghavat ou Bouddha, qu’il laisse pousser indéfiniment les ongles de ses pieds et de ses mains, ni qu’il passe des heures à regarder son nombril. […] Tandis qu’il songe le monde, tandis qu’il nous ravit par la grâce des mille vierges qui se baignent à ses pieds parmi les lotus et qu’il nous épouvante par le grincement des dents du géant pourpre qui à sa gauche broie et dévore l’univers ; tandis que sa seule inertie est la source de l’Être, qu’il s’incarne dans les héros, que les sages rentrent dans son sein par l’inaction lui se demande tranquillement s’il ne serait pas le Néant. […] à ton aspect le cœur se précipite ; Un flot marmoréen inonde tes pieds blancs ; Tu marches fière et nue, et le monde palpite, Et le monde est à toi, déesse aux larges flancs ! […] Vieillards, bardes, guerriers, enfants, femmes en larmes, L’innombrable tribu partit, ceignant ses flancs, Avec tentes et chars et les troupeaux beuglants ; Au passage entaillant le granit de ses armes, Rougissant les déserts de mille pieds sanglants.
Et cet homme, prosterné au pied des autels, et exposé en spectacle à tout l’univers, ne vient-il pas lui-même abroger ses lois, et en reconnaître l’injustice ? […] C’est ainsi que ce qui rehausse l’éclat ; et l’image d’un prince, n’est pas qu’il soit assis sur un trône, revêtu de pourpre, et ceint du diadème ; mais qu’il foule aux pieds les barbares vaincus et captifs. […] Puisque vos cœurs sont attendris, et qu’une ardente charité en a fondu la glace et amolli la dureté, allons donc tous ensemble nous jeter aux pieds de l’Empereur : ou plutôt prions le Dieu de miséricorde de l’adoucir, en sorte qu’il nous accorde la grâce entière. » Ce discours eut son effet, et saint Chrysostome sauva la vie à Eutrope. […] Au point du jour l’oiseau par son chant matinal Du champêtre labeur donnoit-il le signal, Soudain retentissoit la cloche vigilante : Dans le temple accouroit la foule impatiente ; Femmes, enfants, venoient au pied du saint autel Pour la moisson naissante implorer l’Éternel.
Dans la composition du livre, très-inférieure de ce côté, il n’y a point de passé derrière les deux amants que l’auteur met en scène, et il les prend du pied même de leur intimité ; mais on ne sait qu’une chose, c’est leur vie commune. […] Il ne devait pas apporter seulement un flambeau au pied d’un tableau et s’en aller après. […] tant mieux que ce contempteur de la société, telle qu’elle est faite et qui pose comme la loi, l’abaissement, le foulement aux pieds de toute loi par la passion désordonnée, n’ait pas le prestige du talent, ne soit pas couvert par cette éblouissante et effrayante magie, et qu’ainsi il ne puisse entraîner les imaginations charmées et troubler le fond des consciences en remuant puissamment le fond des cœurs ! […] A tout bout de champ, et dans presque toutes les scènes où le romancier a l’éclair du talent, elle jaillit sous ses pieds, et lui éteint son éclair sous son éclaboussure de fange.
La gloire qui les suit, après tant de travaux, Se passe en moins de temp que la poudre qui vole Du pied de leurs chevaux.
» Le pied ne montra pas moins d’acrimonie contre la défunte. « Cette bouche !
Mais, à partir de septembre 1605, il y fut introduit et aussitôt en pied ; à peu près inconnu de la veille, il y prend sa place dès le premier jour, et son astre règne. […] On sait les beaux vers de Virgile (églogue V) sur la mort de Daphnis : « Daphnis, est-il dit, tout éblouissant de lumière, admire le seuil inaccoutumé de l’Olympe, et voit sous ses pieds les nuées et les étoiles. » Cette consolation est celle qu’on aime toujours à donner aux vivants en deuil lors de la séparation et du départ d’une âme élevée et céleste. Or, Racan applique ainsi cette image à M. de Termes, mort dans les combats : Il voit ce que l’Olympe a de plus merveilleux ; Il y voit à ses pieds ces flambeaux orgueilleux, Qui tournent à leur gré la Fortune et sa roue ; Et voit comme fourmis marcher nos légions Dans ce petit amas de poussière et de boue, Dont notre vanité fait tant de régions13.
Cette arrivée du roi est peinte par Joinville avec une vivacité brillante où l’affection et l’admiration se confondent : Là où j’étais à pied avec mes chevaliers, ainsi blessé comme je l’ai dit devant, vint le roi avec toute sa bataille (avec sa troupe) à grand fanfare et à grand bruit de trompes et timbales, et il s’arrêta sur un chemin levé (une chaussée)u : jamais si bel homme armé ne vis, car il paraissait au-dessus de tous ses gens, des épaules jusqu’à la tête, un heaume doré en son chef, une épée d’Allemagne en sa main… Peintres de batailles, que vous en semble ? […] Car, tandis qu’il est là, tout blessé, à défendre vaillamment le petit pont qu’on reconnaît encore aujourd’hui sur les lieux et qu’il a rendu célèbre, tandis qu’entre son cousin le comte de Soissons à main droite et monseigneur Pierre de Neuville à gauche, il couvre de son mieux la position menacée du roi, Joinville nous raconte comment ils ont fort à faire pour résister à ces vilains Turcs et à d’autres gens du pays (de vrais vilains et paysansw) qui les viennent assaillir de feu grégeois et de coups de pierres : et quand il y avait une trop grande presse de ces vilains Sarrasins à pied, le comte de Soissons et lui (qui n’était blessé, dit-il, qu’en cinq endroits et son cheval en quinze) piquaient des deux et les chargeaient d’importance : « Le bon comte de Soissons, en ce point-là où nous étions, se moquait à moi et me disait : “Sénéchal, laissons huer cette canaille ; car, par la coiffe-Dieu (c’était ainsi qu’il jurait), encore en parlerons-nous de cette journée dans les chambres des damesx.” » Voilà bien un propos noble et militaire. […] Un jour, malade et affaibli lui-même par la fièvre, il le voit, pendant qu’il disait la messe devant lui, chancelant et prêt à défaillir au moment de la consécration : Quand je vis qu’il voulait choir, moi qui avais vêtu ma cotte, je sautai de mon lit nus pieds comme j’étais, et le soutins dans mes bras, et lui dis qu’il fît tout à son aise et tout bellement son sacrement (sa consécration z), que je ne le lairrais tant qu’il l’aurait fait. — Il revint à soi et fit son sacrement, et acheva de chanter sa messe d’un bout à l’autre ; et oncques depuis ne chanta.
Puss s’apprivoisa et devint aussitôt familier ; il ne demandait qu’à sauter sur mes genoux, il se dressait sur ses pieds de derrière et mordillait le bout de mes cheveux. […] Lui aussi, il fut malade, et dans sa maladie il eut également part à mes soins et à mon attention ; mais si, après sa guérison, je prenais la liberté de le caresser de la main, il grognait, frappait des pieds de devant, s’élançait ou mordait. […] Je les admettais toujours au salon après le souper, là où le tapis offrant à leurs pieds plus de prise, ils pouvaient sautiller, bondir et se livrer à mille gambades dans lesquelles Bess, comme étant remarquablement fort et hardi, était toujours supérieur aux autres et se montrait le Vestris de la bande… De ces trois lièvres, Puss est celui que Cowper a pris le plus soin d’immortaliser.
De toute manière, j’aurais sauté à pieds joints sur la zone tempérée, car je n’ai jamais pu, en rien, saisir le milieu… » C’est alambiqué en diable, c’est subtil, mais c’est curieux. […] Mais on aura déjà remarqué combien il est peu commode pour la critique littéraire de trouver à mettre le pied convenablement en un tel sujet. […] Bacon a remarqué que les temps les plus enclins à l’irréligion sont ceux de paix et de tranquillité ; les révolutions au contraire, les grands coups de tonnerre en politique ramènent les hommes au pied des autels.
Nommé député à l’Assemblée législative, Merlin y arriva dans tout le feu et toute l’exaltation de cette seconde génération révolutionnaire, de celle qui sautait à pieds joints par-dessus la royauté constitutionnelle pour atteindre du premier bond à la République. […] En retour de cette aile une grande terrasse, soutenue par un mur de trente pieds d’élévation ; et sur cette terrasse un très beau pavillon avec jardin, réunissant l’élégance à la simplicité, servait de cellule au prieur. […] L’église était resplendissante de dorures et divisée en quatre parties : le sanctuaire, surmonté d’une couronne soutenue par des colonnes de marbre de vingt-cinq à trente pieds de hauteur ; le chœur des chantres, garni de stalles en bois de chêne d’une rare beauté, avec des panneaux incrustés en bois de diverses couleurs, et des tableaux représentant la vie de saint Bruno ; le transept contenant d’un côté l’autel de la Vierge, de l’autre celui de saint Bruno, avec la statue en marbre blanc de ce bienheureux ; la nef, dans laquelle le public était admis une fois l’an, séparée du reste par une haute et magnifique grille, toute chargée de dorures.
. » Et avec cette antithèse de bon ange et de mauvais génie, avec cette métaphore qu’il paraît prendre tout à fait au pied de la lettre, le magistrat brise le rêve de bonheur des deux jeunes gens ; et la jeune fille, acceptant à l’instant cette solution extrême et s’y résignant, ne pense plus qu’à aller au plus vite chercher son père, qui vit retiré depuis des années dans une terre en Dauphiné, et qu’elle se reproche d’avoir méconnu jusque-là dans son ingratitude, comme si, ignorant tout, elle était en rien coupable. […] Ma conclusion bien sincère sur l’ensemble du talent de M. de Pontmartin, et malgré toutes ces critiques auxquelles je me suis vu forcé, ayant à combattre avec lui pied à pied et me trouvant réduit à la défensive, est qu’il y a de la distinction, de l’élégance, que c’est un homme d’esprit et d’un esprit délicat, auquel il n’a manqué qu’une meilleure école, et plus de fermeté dans le jugement et dans le caractère, pour sortir de la morale de convention et pour atteindre à la vraie mesure humaine, sans laquelle il n’est pas de grand goût, de goût véritable.
Bref, le résultat désiré fut obtenu et le miraculeux retour s’accomplit ; après une marche des plus aventurées et des plus périlleuses le long des hautes frontières, le petit troupeau Vaudois conduit par Arnaud était rentré et avait repris pied dans ses vallées dès le 1er septembre. […] Il y entra, dit-on, le 8 février (1687) à pied, couvert de son manteau sans que personne l’attendît, pour éviter toutes les cérémonies qui n’étaient pas de son goût et pour épargner les dépenses vaines. […] Catinat était encore une fois sur le pied d’un négociateur en armes ; ce n’était pas le rôle qu’il eût choisi de préférence.
Un négociateur animé d’un plus vif sentiment national eût, certes, fait en sorte d’obtenir mieux de la bienveillance d’Alexandre, très porté pour la France à cette époque, et il eût au moins disputé le terrain pied à pied ; mais un tel négociateur ne pouvait se trouver alors dans la ligne et dans le rôle de M. de Talleyrand. […] Il avait ici tout le monde à ses pieds ; toute la noblesse d’Angleterre recherchait sa société avec ardeur ; les diplomates de tous pays pliaient devant lui ; lord Palmerston seul résistait à Talleyrand, non seulement sur les grandes choses, mais sur les plus petites et sur des bagatelles.
» Lamartine a merveilleusement exprimé comment, de tous ces fragments brisés d’une vie si douloureuse, il résultait une plus touchante harmonie ; ce tendre et bienfaisant consolateur, que nul désormais ne consolera38, a dit en s’adressant à Mme Valmore : Du poëte c’est le mystère : Le luthier qui crée une voix Jette son instrument à terre, Foule aux pieds, brise comme un verre L’œuvre chantante de ses doigts Puis d’une main que l’art inspire, Rajustant ces fragments meurtris, Réveille le son et l’admire, Et trouve une voix à sa lyre Plus sonore dans ses débris !… Ainsi le cœur n’a de murmures Que brisé sous les pieds du sort ! […] Répondant avec une belle effusion aux vers de Lamartine, elle a dit, toute noyée, comme Ruth, dans ses pleurs reconnaissants : Je suis l’indigente glaneuse Qui d’un peu d’épis oubliés A paré sa gerbe épineuse, Quand ta charité lumineuse Verse du blé pur à mes pieds.
Ce tableau d’alcôve au retour du bal, la blancheur de l’aube qui fait pâlir le croissant et l’ombre, tandis qu’une femme lasse, couchée et à demi sommeillante, livre aux yeux un bras nu qui pend ; le parfum qu’elle exhale, comme une fleur sous la brise des nuits, ce chant incertain accompagné de guitare au pied du balcon, toute cette scène mystérieuse qui aboutit au soupçon dans le cœur de l’époux, forme une ouverture d’un calme inquiétant, assez approchante, pour l’effet, du début de Parisina. […] Puis, tout à côté, jaillit l’apostrophe outrageante et impie aux vieillards, dérision dure qui les traîne devant nous par les cheveux, afin qu’ils nous récitent, un pied dans la tombe, leurs joies de vingt ans, comme s’il n’y avait de sacré au monde que la jeunesse, la beauté et l’amour. […] Le poëte de dix-neuf ans remuait l’âme dans ses abîmes, il en arrachait la vase impure à une étrange profondeur ; il culbutait du pied le couvercle de la tombe : à lui les femmes en cette vie, et le néant après !
Comme je ne me pique pas le moins du monde d’être agréable aujourd’hui, je dirai, même aux dames, toute ma pensée : « Tout le monde (c’est La Bruyère qui parle)185 connoît cette longue levée qui borne et qui resserre le lit de la Seine, du côté où elle entre à Paris avec la Marne qu’elle vient de recevoir : les hommes s’y baignent au pied pendant les chaleurs de la canicule ; on les voit de fort près se jeter dans l’eau, on les en voit sortir, c’est un amusement. […] J’entends par sportule la protection banale et à la fois empressée, le pied d’égalité avec les meilleurs. […] Ils se sont mis tout d’abord sur le pied de ces chanteurs que la grosse musique fatigue et qui se cassent la voix.
Non, il n’est pas indispensable, pour provoquer en nous cette vive et profonde intelligence des choses naturelles, de s’en aller bien loin, au-delà des mers, parcourant les contrées aimées du soleil et la patrie des citronniers, se balançant tout le soir dans une gondole, à Venise ou à Baïa, aux pieds d’une Elvire ou d’une Guiccioli. […] Boileau, depuis la mort de Racine, ne remit pas les pieds à Versailles ; il jugeait tristement les choses et les hommes ; et même, en matière de goût, la décadence lui paraissait si rapide, qu’il allait jusqu’à regretter le temps des Bonnecorse et des Pradon. […] La métaphore, je suis venu à le reconnaître, n’a pas besoin, pour être légitime et belle, d’être si complètement armée de pied en cap ; elle n’a pas besoin d’une rigueur matérielle si soutenue jusque dans le moindre détail.
Les riches et les grands qui ont équipage ont le droit barbare de l’écraser ou de le mutiler dans les rues… Aucune commodité pour les gens de pied, point de trottoirs. Cent victimes expirent par an sous les roues des voitures. » — « Un pauvre enfant, dit Arthur Young, a été écrasé sous nos yeux et plusieurs fois j’ai été couvert de la tête aux pieds par l’eau du ruisseau. […] Le petit peuple est toujours sur le point de lui faire la guerre, parce qu’il n’en a jamais été ménagé. » À la vérité, « une escouade du guet dissipe souvent sans peine des pelotons de cinq à six cents hommes qui paraissent d’abord fort échauffés, mais qui se fondent en un clin-d’œil dès que les soldats ont distribué quelques bourrades et gantelé deux ou trois mutins. » — Néanmoins, « si l’on abandonnait le peuple de Paris à son premier transport, s’il ne sentait plus derrière lui le guet à pied et à cheval, le commissaire et l’exempt, il ne mettrait aucune mesure dans son désordre.
Les flots calmés, mollement enchaînés l’un à l’autre, expiraient tour à tour à mes pieds sur la rive, et les premiers silences de la nuit et les derniers murmures du jour luttaient sur les coteaux, au bord des fleuves, dans les bois et dans les vallées. […] Nous nous réunissions, au retour de la promenade, auprès d’un bassin d’eau vive, placé au milieu d’un gazon dans le potager : madame Joubert, madame de Beaumont et moi, nous nous asseyions sur un banc ; le fils de madame Joubert se roulait à nos pieds sur la pelouse ; cet enfant a déjà disparu. […] Du haut de ma fenêtre, je vis dans l’abîme de la rue le convoi d’une jeune mère ; on la portait, le visage découvert, entre deux files de pèlerins blancs ; son nouveau-né, mort aussi et couronné de fleurs, était couché à ses pieds. » XLII Chateaubriand fit une imprudence qui choqua l’ambassadeur et tout le corps diplomatique de Rome.
Ajoutez-y la gaieté du matin et l’insouciance de l’adolescent qui croit fouler du pied une terre éternelle. « Nous avons changé tout cela », s’il faut en croire la spirituelle comédie de M. […] Robe chaste et traînante, attirail d’embarras, Où le marcheur se prend les pieds à chaque pas ! […] La porte s’ouvre ; madame Séraphine apparaît coiffée d’un chapeau à la Marie Stuart, attifée d’une robe de velours rouge flambant neuf, conforme, des pieds à la tête, au signalement de la terrible facture.
À toute page, chez lui, les scènes se succèdent, les groupes se détachent, les personnages se lèvent en pied et marchent devant nous. […] Grand peintre d’histoire, Saint-Simon excelle à rendre les individus en pied, les groupes, les foules, à la fois le mouvement général et le détail particulier à l’infini : il a ce double effet et du détail et des ensembles. […] Au bout de la galerie, dans un salon ouvert, sont les deux princes, fils du mort, le duc de Bourgogne et le duc de Berry, ayant chacun sa princesse à ses côtés, assis sur un canapé, près d’une fenêtre ouverte, le dos à la galerie, « tout le monde épars, assis et debout, en confusion, et les dames les plus familières par terre à leurs pieds ».
Bazin n’ait conçu son ouvrage sur la même période de notre histoire que pour contrecarrer pied à pied le point de vue de M. de Sainte-Aulaire. […] C’est à ce moment aussi qu’en artiste qu’il est la plume à la main, se considérant comme sorti du préambule et du vestibule de son sujet, il se donne carrière, et, tandis qu’il n’avait dessiné jusque-là les personnages que de profil, il les montre en face et en pied, comme dans une galerie ; il ne fait pas moins de dix-sept portraits de suite, tous admirables de vie, d’éclat, de finesse, de ressemblance, car l’impartialité s’y trouve même quand il peint des ennemis.
Comme il raisonne toute chose, comme il dispute le terrain pied à pied, comme il discute chaque avantage pièce à pièce ! […] De temps en temps, dans ses propres discours, on le voit qui s’arrête et se retourne vers lui-même pour se congratuler avec raisonnement et réflexion ; il se prend naturellement comme type et figure du prince accompli ; il se voit en pied déjà et en attitude devant la postérité.
Il avait commencé par être valet de chambre dans la maison de La Rochefoucauld, et il finit par être le confident intime, indispensable, une partie essentielle du Grand Condé, traité des plus qualifiés sur le pied d’un ami, consulté des ministres, considéré et goûté des rois et puissants en France et en Europe, apprécié de tous comme un homme d’un esprit fécond, agréable et des plus utiles. […] Je voulus mettre pied à terre pour soulager le cheval ; mais nous avions tant de peine tous deux que nous faisions fort peu de chemin ; mon postillon avait aussi mis pied à terre pour la même raison.
Montesquieu s’avance d’un pied ferme, par une suite de réflexions serrées et vives, et dont l’ensemble a l’air grand ; il a le trait prompt, court, et qui porte haut. […] Vous élevez-vous un peu, voilà des gens qui prennent leur pied ou leur toise, lèvent la tête, et vous crient de descendre pour vous mesurer. […] Vous pensez que vous n’humiliez personne, et vous humiliez tout le monde ; et, quand je vous compare dans mon idée avec ces hommes absolus que je vois partout, je les précipite de leur tribunal, et je les mets à vos pieds.
Une fois ou deux, il essaie du tableau, comme lorsqu’il veut rendre l’impression que fait la vue des invalides prosternés aux pieds des autels ; mais M. […] Pour mettre sa sensibilité plus à son aise, par un singulier et subtil accommodement il supposait que c’était d’un autre que lui qu’il parlait : C’est d’un moi que je parle, et non pas de moi ; car, loin des hommes, au pied des hautes montagnes, au bruit d’une onde monotone qui ne présente d’autre idée que la marche égale du temps, et sans autre aspect qu’une longue solitude, une retraite silencieuse que bordent déjà les ombres d’une éternelle nuit, je n’ai plus de rapport avec ce ministre naguère emporté par les événements, agité par les passions du monde, et sans cesse aux prises avec l’injustice ; je n’ai plus de rapport avec lui que par les émotions d’une âme sensible… Il revient à chaque instant, avec des cris de David ou de Job, sur cette calamité, qui véritablement n’était pas si grande qu’il le supposait : Quelquefois seulement, au pied de ces montagnes où l’ingratitude particulière des représentants des Communes m’a relégué, et dans les moments où j’entends les vents furieux s’efforcer d’ébranler mon asile, et renverser les arbres dont il est environné, il m’arrive alors peut-être de dire comme le roi Lear : « Blow, winds, … Soufflez, vents impétueux !
Tourguénef pour mettre sur pied ses créatures les plus retorses. […] Nejdanoff se plaça de pied ferme, sur la terre noire qui entourait le pied du pommier et tira de sa poche le petit objet qu’il avait pris dans le tiroir de sa table, puis il regarda attentivement les fenêtres de la maisonnette.
Entreprendre la guérison des plaies sociales, amender les codes, dénoncer la loi au droit, prononcer ces hideux mots, bagne, argousin, galérien, fille publique, contrôler les registres d’inscription de la police, rétrécir les dispensaires, sonder le salaire et le chômage, goûter le pain noir du pauvre, chercher du travail à l’ouvrière, confronter aux oisifs du lorgnon les paresseux du haillon, jeter bas la cloison de l’ignorance, faire ouvrir des écoles, montrer à lire aux petits enfants, attaquer la honte, l’infamie, la faute, le vice, le crime, l’inconscience, prêcher la multiplication des abécédaires, proclamer l’égalité du soleil, améliorer la nutrition des intelligences et des cœurs, donner à boire et à manger, réclamer des solutions pour les problèmes et des souliers pour les pieds nus, ce n’est pas l’affaire de l’azur. […] Qu’il ait des ailes pour l’infini, mais qu’il ait des pieds pour la terre, et qu’après l’avoir vu voler, on le voie marcher. […] Montre-moi ton pied, génie, et voyons si tu as comme moi au talon de la poussière terrestre.
C’est là le point de départ : moi, je ne tombe pas ; moi, je marche droit ; moi, mon pied est ferme et assuré. […] Seulement , là où Debureau eût trempé le bout du doigt pour le lécher, il y plongeait les deux poings et les deux pieds. […] Harlequin et Colombine, à la faveur de ce délire, se sont enfuis en dansant, et d’un pied léger ils vont courir les aventures.
« Quand cet être si fort, si fier, si plein de lui-même, si exclusivement préoccupé de ses intérêts dans l’enceinte des cités et parmi la foule de ses semblables, se trouve par hasard jeté au milieu d’une immense nature, qu’il se trouve seul en face de ce ciel sans fin, en face de cet horizon qui s’étend au loin et au-delà duquel il y a d’autres horizons encore, au milieu de ces grandes productions de la nature qui l’écrasent, sinon par leur intelligence, du moins par leur masse ; lorsque, voyant à ses pieds, du haut d’une montagne et sous la lumière des astres, de petits villages se perdre dans de petites forêts, qui se perdent elles-mêmes dans l’étendue de la perspective, il songe que ces villages sont peuplés d’êtres infirmes comme lui, qu’il compare ces êtres et leurs misérables habitations avec la nature qui les environne, cette nature elle-même avec notre monde sur la surface duquel elle n’est qu’un point, et ce monde à son tour avec les mille autres mondes qui flottent dans les airs et auprès desquels il n’est rien : à la vue de ce spectacle, l’homme prend en pitié ses misérables passions toujours contrariées, ses misérables bonheurs qui aboutissent invariablement au dégoût. » Il se demande si la vie est bonne à quelque chose, et ce qu’il est venu faire dans le petit coin où il est perdu. […] Pas plus que moi, ce caillou qui roule sous mes pieds n’a été créé en vain ; sa nature lui assigne, comme à moi, un rôle dans la création. […] Jouffroy vécut à l’abri du style obscur et sublime ; ses phrases restèrent libres de généralités et de métaphores, et il ne fut point tenté d’étudier, au lieu des idées et des sensations, « les capacités et les facultés. » Il vécut retiré, presque toujours à la campagne, dans une petite maison, au pied d’une colline, près d’une jolie rivière murmurante, dans son comté de Kent.
Il en a bien un peu conscience, et au moment de lâcher les volumes dont il s’est acquitté comme d’une tâche, il écrit à la princesse : « Tout est fini et j’ai environ dix siècles à mettre à vos pieds ; j’aimerais mieux y être moi-même. […] Il lui envoie ses ouvrages ; il lui raconte en courant quelques nouvelles ; il se met sans cesse à ses pieds : les quinze jours qu’il a passés dans son palais, et où il a été traité avec une bien flatteuse distinction dans la chambre des électeurs, lui sont un thème de reconnaissance éternelle qu’il varie en mille façons.
Il ne fut rassuré que lorsqu’à une heure du matin, fort préoccupé de ses sombres pensées et du danger qu’aurait pour la France, menacée du côté du Rhin, tout retard dans la décision de cette campagne projetée par lui en deux coups de foudre, il fut sorti à pied, accompagné seulement du grand maréchal. […] Et puis, quand toute cette troupe, ces 10,000 hommes de superbe cavalerie, dans la main du plus brave des hommes, plus furieux et plus enragé d’héroïsme à cette heure suprême qu’on ne l’avait jamais vu en aucune rencontre, eurent chargé et rechargé maintes fois, eurent fait des miracles, eurent ouvert mainte et mainte brèche dans les rangs de la plus tenace des infanteries et en face du plus inébranlable des chefs de guerre dont la grandeur dans l’histoire est d’avoir résisté et vaincu ce jour-là ; quand Ney, après des heures tumultueuses que nulle montre exacte n’a comptées, se sentit à bout d’efforts, son quatrième cheval tué sous lui, à pied, son habit percé de balles et lui-même là-dessous comme invulnérable, il avait envoyé son aide de camp Heymès demander à Napoléon ce renfort d’infanterie, et Napoléon avait fait la réponse désespérée, inexorable.
Heureux après tout, heureux homme, pourrions-nous dire, qui a consacré toute sa vie à d’innocents travaux, payés par de si intimes jouissances ; qui a approfondi ces belles choses que d’autres effleurent ; qui n’a pas été comme ceux (et j’en ai connu) qui se sentent privés et sevrés de ce qu’ils aiment et qu’ils admirent le plus : car, ainsi que la dit Pindare, « c’est la plus grande amertume à qui apprécie les belles choses d’avoir le pied dehors par nécessité. » Lui, l’heureux Dübner, il était dedans, il avait les deux pieds dans la double Antiquité ; il y habitait nuit et jour ; il savait le sens et la nuance et l’âge de chaque mot, l’histoire du goût lui-même ; il était comme le secrétaire des plus beaux génies, des plus purs écrivains ; il a comme assisté à la naissance, à l’expression de leurs pensées dans les plus belles des langues ; il a récrit sous leur dictée leurs plus parfaits ouvrages ; il avait la douce et secrète satisfaction de sentir qu’il leur rendait à tout instant, par sa fidélité et sa sagacité à les comprendre, d’humbles et obscurs services, bien essentiels pourtant ; qu’il les engageait sans bruit de bien des injures ; qu’il réparait à leur égard de longs affronts.
Une fois à cette hauteur, on peut tirer l’échelle ; il n’y a plus un coin de chanson vacante où mettre le pied. […] Ainsi, pour exprimer que trop souvent la pauvreté ôte à l’homme le sentiment de fierté et de dignité personnelle, Franklin disait : « Il est difficile à un sac vide de se tenir debout ; » ainsi, dans le Bonhomme Richard :« Un laboureur sur ses pieds est plus haut qu’un gentilhomme à genoux. » Comme Franklin, dont jeune il apprenait le métier à Péronne, dont plus vieux il renouvelle l’ermitage à Passy, Béranger a l’imagination du bon sens. — Un art ingénieux et délicat règne insensiblement dans la distribution du recueil, dans l’ordonnance et le mélange des matières, dans ces petits couplets personnels jetés comme des sonnets entre des pièces d’un autre ton, et surtout dans ce soin scrupuleux de faire revenir tous les noms des amis et anciens bienfaiteurs comme on ramène les noms des héros au dernier chant d’un poëme.
Cependant si, au lieu de faire abstraction de mes sens extérieurs, pour ne me servir que de mes sens intérieurs ; si, ouvrant les yeux et remuant la main, je me vois et je me touche dans toutes les régions de mon corps, depuis les cheveux de ma tête jusqu’aux ongles de mon pied, je sens très bien alors que partout sous mon doigt qui se promène, le moi s’éveille et répond ; et si je pouvais atteindre au-delà de la surface cutanée aux organes eux-mêmes, le moi s’y ferait également sentir par une sensation distincte, comme il arrive d’ailleurs en mainte circonstance, lorsque la digestion s’exécute péniblement, lorsqu’un calcul se forme dans le rein, lorsqu’un tubercule se développe dans le poumon. […] La force fut macérée, la beauté foulée aux pieds.
Debout dans un baril défoncé, tenant sa lanterne élevée, Arlequin paraît sur les flots, prend terre, fait une culbute, et se trouve sur ses pieds, hors du baril. […] Le roi paraît ensuite ; Arlequin se jette à ses pieds, disant : “Ô prince !
Des femmes venaient verser de l’huile sur sa tête et des parfums sur ses pieds. […] X, 30 et suiv. ; XV entier ; XVII, 16 et suiv. ; XIX, 2 et suiv. ; XXIII, 39-43), a composé ce récit avec les traits d’une autre histoire, celle de l’onction des pieds, qui eut lieu à Béthanie quelques jours avant la mort de Jésus.
sur quel pied l’épouse légitime, la mère de l’héritier de la couronne, sera-t-elle obligée à vivre avec la femme coupable qu’un double adultère met dans les bras du roi ? […] Je suis avec lui sur le pied d’une bizarre qu’il faut ménager.
Il était heureux du succès obtenu : ceux, en effet, qui auraient consenti le geste de miséricorde avaient reculé devant le ridicule et Coppée, auprès de quelques-uns de ces lâches hésitants, se félicitait de leur avoir « arraché une fameuse épine du pied ». […] Mais on peut rêver une autre poésie cosmique, on peut rêver de dire l’élan étonné et vaillant pour sonder l’insondable ; on peut s’éloigner du charme hellénique de l’esprit qui se repose et se satisfait en une conception finie, pour se jeter dans les épouvantements barbares et sublimes en face de l’abîme qui s’ouvre sous nos pieds, et sur nos têtes, et autour de nous, nous emprisonnant d’infini.
Déjà hiératique, encore populaire, un pied dans les Mystères, l’autre dans la nature, entrecoupé de lumières joyeuses et d’ombres profondes, riant et béant à la foule par une de ses faces, comme un mascaron de fontaine, se présentant de l’autre à ses initiés, le front plein de rêves, le doigt sur les lèvres. […] Phrynicos avait mis en scène l’horrible désastre de Milet, l’alliée et la sœur d’Athènes ; il avait montré la ville pillée et incendiée par les Perses, ses défenseurs massacrés, l’oracle menaçant de Delphes accompli : « Les femmes de Milet laveront les pieds de beaucoup d’hommes à la longue chevelure. » Le peuple pleura à ce spectacle navrant ; mais, le lendemain, les yeux essuyés, il s’irrita contre le poète qui, par ces larmes brûlantes, avait ravivé sa plaie domestique ; il condamna Phrynicos à une amende de dix mines et interdit à jamais son drame.
La synérèse se rencontre à chaque instant : quand une syllabe muette gêne pour la mesure, on la laisse tomber dans la prononciation ; (6) Il ne faut qu’un petit vent (6) Pour envoler les fleurs… (8) Elle fait l’hiver, elle fait l’été (6) Sous le pli de sa mante… (8) Elle fait le rossignol chanter (6) A minuit dans sa chambre (8) Elle fait la terre reverdir (6) Sous ses pieds, quand elle danse… (5) Gentil coquelicot Mesdames (5) Gentil coquelicot Nouveau (Les syllabes soulignées ne comptent pas dans la mesure du vers.) […] J’ai les pieds pourris dans la terre Et les côtés mangés des vers.
Vite, vite, dépêchons, les misérables ont les pieds sur le fer rouge. […] la civilisation veut marcher ; essayons les théories, les systèmes, les améliorations, les inventions, les progrès, jusqu’à ce que chaussure à ce pied soit trouvée.
Sans doute de grands malheurs ont nécessité de grands sacrifices, car la fortune publique est livrée à des parvenus grossiers ; des laquais enrichis foulent aux pieds toutes les lois de l’honneur ; l’honnêteté, la pudeur sont bravées ; la vertu n’est plus qu’un vain mot !!! […] Et si, malgré tant d’efforts, tes travaux étaient méconnus ; si, malgré tant de génie, tes chefs-d’œuvre étaient proscrits, tu te réfugierais aux pieds du trône, et tu trouverais encore un grand monarque pour les protéger.
Et en effet, qu’on me passe le mot : Eugénie de Guérin est le talent le plus pieds nus de simplicité et d’ignorance que je connaisse, quoique Mme de Blocqueville qui, si elle n’a pas de talent en paquet, a bien des paquets de lecture dans le talent, l’accuse de prétention quelque part. […] Eugénie de Guérin ressemble à ce portrait de sainte Germaine dans lequel on fait passer si gentiment et si chastement à la petite pastoure un ruisseau avec ses pieds nus… Elle n’a pas, en toute sa personne, la moindre nuance de bas-bleuisme.
Quand, par exemple, nous lisons sa Grande Kabylie, qui est l’histoire pied à pied de la plus rude de nos conquêtes, nous comprenons parfaitement les résultats que devait donner cette magnifique gymnastique en permanence pendant vingt-cinq ans, cette lutte acharnée contre un peuple qui avait, au plus haut degré, toutes les énergies de la résistance !
Ce n’est point un livre d’histoire écrite pied à pied, renfermée dans sa chronologie, avec son développement logique d’événements, la seule histoire qu’il y ait, en somme ; mais une contemplation flottante d’influences possibles et de résultats généraux, un discours sur l’histoire, la chose de soi la plus fallacieuse qu’il y ait.
Les monstres mêmes qui la foulaient sous leurs pieds terribles, — ces pieds d’argile qui pèsent tant sur le cœur des peuples avant de crouler, — les monstres qui l’ont gouvernée ne la gouvernaient que par les spectacles, que parce qu’ils étaient, eux aussi, des histrions !
Ils ont beau, en effet, s’obstiner à vouloir être des républicains de pied en cap, c’est-à-dire des hommes de la chose publique, ils restent les hommes de la chose très particulière qui se nomme la fierté, la dignité, l’honneur, — sentiments individuels qui tiennent aux racines même de l’homme, et qui furent absolument inconnus à l’Antiquité. […] Il ne fallut rien moins que la mort de son favori La Chasteigneraie, tué par Jarnac dans un combat auquel Henri II et toute sa cour avaient solennellement assisté, pour que ce prince — tué lui-même plus tard dans un tournoi — défendît expressément le duel… Défense bientôt foulée aux pieds !
., reste donc dans le désert de l’inconnu, comme Saint Siméon Stylite sur sa colonne, mais avec cette différence que des populations tout entières allaient se grouper d’admiration et de respect aux pieds du Solitaire miraculeux, comme autour d’un Prophète, pour entendre tomber ses oracles, tandis que le Saint Siméon Stylite du xixe siècle reste sur la colonne de ses écrits, sans que la foule qui passe y prenne garde et s’aperçoive que cette colonne est rayonnante ! […] — pouvait soudainement renoncer à ce mysticisme qui est la vie de son cœur et de sa pensée et fouler aux pieds le flambeau à la lueur divine dont la clarté n’éclaire que lui, vous verriez le sourire s’arrêter sur les lèvres impertinentes des sceptiques, l’éclat de rire bête ravalé par la bouche ouverte des incrédules et des blasphémateurs !
La charrue laboure au pied de la Croix, dans le cercle des épées, magnifique élection de domicile des nations modernes sur la terre ! […] Ce grand spectacle de l’ensemble et de l’unité de l’Europe aurait replacé, pour l’historien des Pyrénées, dans leur véritable perspective les hommes, les événements et les choses de cette encoignure historique, qu’il nous a grossis parce qu’il les a regardés de trop près, et il n’eût pas fait l’honneur d’une si longue et si pieuse histoire à ces bouillonnements de peuplades, écumant ici ou là, un instant, aux avant-postes des vraies nations, de ces nations aux pieds de marbre qui constituent l’Europe actuelle, et qui n’ont point passé entre deux soleils !
Ce qui est, selon moi, le dernier coup que la destinée, qui a souvent le pied de l’âne, ait appliqué à ce lion, non pas mourant, mais mort… En vérité, pour nous ressusciter cet éclat et nous apitoyer à distance sur cette misère, il faudrait le génie de Chateaubriand ! […] Il était le dernier descendant de la grande maison d’Anjou dont le chef fut Charles d’Anjou, frère de saint Louis, qui trempa sa pourpre royale dans le sang du jeune Conradin… Ce sang versé devait peut-être mordre comme un acide mortel dans cette pourpre, et dessécher le pied de cette race qu’il avait arrosé.
Chez cet homme, grand de foi comme un croisé du temps de saint Louis, chez ce poète à force de catholicisme, qui ordonna qu’on l’enterrât sous un autel, de manière à ce que les pieds du prêtre portassent d’aplomb sur sa poitrine, la religion, chose singulière ! […] À ses pieds marchait son fils bien-aimé et respectueux, le roi Philippe II, en vêtements de deuil.