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1582. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre premier. Prostitués »

Puis donc que j’ai besoin de manger comme une bête, je dois fournir le labeur de bête de somme qui, seul, peut nourrir mon corps et permettre au dieu qui pleure en moi de vivre, de penser, d’aimer.

1583. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préfaces de « Marion de Lorme » (1831-1873) »

Il comprit qu’un succès politique à propos de Charles X tombé, permis à tout autre, lui était défendu à lui ; qu’il ne lui convenait pas d’être un des soupiraux par où s’échapperait la colère publique ; qu’en présence de cette enivrante révolution de juillet, sa voix pouvait se mêler à celles qui applaudissaient le peuple, non à celles qui maudissaient le roi.

1584. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre I. Les travaux contemporains »

On lui a si souvent reproché de se renfermer en elle-même, de ne point prendre part aux travaux qui se font à côté d’elle et qui touchent de si près à ses études, qu’on voudra bien lui permettre, malgré son incompétence anatomique, de recueillir dans les écrits des maîtres les plus autorisés tout ce qui peut l’intéresser, et intéresser les esprits cultivés dans ce genre de recherches.

1585. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre XV. Des ouvrages sur les différentes parties de la Philosophie. » pp. 333-345

Elles sont du Pere Bougeant, connu par son ingénieux Amusement sur le langage des bêtes : jeu d’esprit qu’il n’auroit pas dû se permettre, mais que des ennemis ardens traiterent avec trop de rigueur.

1586. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Deuxième cours des études d’une Université » pp. 489-494

Nous avons, au reste, annoncé d’avance que nous étions loin de partager toutes les opinions contenues dans ce morceau ; nous n’avons voulu que les faire connaître, autant que le permettent les convenances que nous nous sommes imposé de respecter. » (Note de M. 

1587. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Satire contre le luxe, à la manière de Perse » pp. 122-126

… voilà, sans doute, un luxe pernicieux, et contre lequel je vous permets à vous et à nos philosophes de se récrier.

1588. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 14, de la danse ou de la saltation théatrale. Comment l’acteur qui faisoit les gestes pouvoit s’accorder avec l’acteur qui récitoit, de la danse des choeurs » pp. 234-247

Je m’étonne que cette imitation des anciens, qu’on me permette un jeu de mots, n’ait point eu d’imitateurs.

1589. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Leopardi »

Valéry Vernier, moi qui ne mêle point la politique à la littérature et qui ne trouve pas l’Italie de ces derniers temps grande dans autre chose que dans l’opéra et dans le ballet, je me permets de nier résolument le grand poète qu’on nous fait de Leopardi.

1590. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Proudhon et Couture »

Malgré la puissance de niaiserie dont l’esprit de parti investit certains hommes, il est permis de douter qu’il y ait un assez robuste dadais pour penser cela.

1591. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Louandre »

Malgré ces quelques livres cependant, auxquels la Critique d’un journal, qui s’écrit toujours un peu debout, devait de s’asseoir pour en parler plus à l’aise, comme dit Montesquieu d’Alexandre, malgré ces productions trop clairsemées et plus distinguées que les autres, tous ceux qui suivent le mouvement littéraire contemporain ont pu s’assurer que la littérature n’a point encore reçu des événements politiques qui ont changé la face de notre pays, et l’ont pénétré de meilleures influences, ce qu’ils se permettaient d’espérer.

1592. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Comte de Gramont »

Le poète, amoureux pendant si longtemps de la couleur, de la ligne et des mille nuances de la lumière, qui voulait peindre, comme Titien, la chair d’opale de sa maîtresse et ses … cheveux dont l’or blême frisonne Et se poudre d’argent sous les rais du soleil… cesse tout à coup, dans le dernier livre de ses sonnets de jouer cette gageure enragée qu’exprimait Shakespeare quand il parlait de dorer l’or et de blanchir les lys, et le voilà qui n’a plus souci que de la seule qualité d’expression que Dieu ait permise aux poètes !

1593. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Belmontet »

Qu’il nous permette de le lui dire : quand on n’est pas le vieux Michel-Ange, qui attaquait le marbre avec cette furie de génie tout-puissant qui s’arrêtait, comme par un charme, dans la plus moelleuse et la plus délicate justesse, il faut savoir revenir plusieurs fois sur la forme extérieure de sa pensée pour lui donner ce fondu et cette harmonie nécessaires autant à la poésie qui s’écrit qu’à la poésie qui se sculpte.

1594. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Charles Monselet »

Obligé au labeur de chaque jour, puisqu’il était journaliste, — un de ces Engoulevents de journalistes qui trouvent que le vent n’est pas un souper suffisant si l’on n’y ajoute quelque chose, — il fut l’esclave et la victime de cette publicité qui dévore le temps et ne permet pas de l’employer comme nous le voudrions, dans nos rêves et nos caprices !

1595. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — II »

Je me suis permis de reconstituer ci-dessous quelques-unes des fiches que, sans invraisemblance, M. 

1596. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXV. De Paul Jove, et de ses éloges. »

Qu’il me soit permis de raconter ici à quelle occasion ces éloges furent composés.

1597. (1868) Rapport sur le progrès des lettres pp. 1-184

Permettez-moi en terminant de vous présenter, monsieur le Ministre, quelques réflexions générales sur le caractère de la littérature actuelle, sur son état présent et sur son avenir. […] Ses croyances ne lui permettant pas de se mêler au mouvement moderne, il s’en va, avec une fierté silencieuse, sur la route solitaire, à travers les écroulements du passé. […] Il faut qu’une pièce de vers exprime d’abord l’idée qu’on lui confie, et l’auteur ne lui permet guère de courir en chemin après les fleurs et les papillons, à moins que cela ne rentre dans son plan et ne serve comme contraste ou comme dissonance. […] C’est tout l’ornement que le sobre artiste se permet. […] Qu’on nous permette une comparaison.

1598. (1888) Portraits de maîtres

Nos préférences ont voulu s’arrêter sur l’élite des écrivains disparus, sur les plus grands, et, nous nous permettrons d’ajouter, sur les meilleurs. […] Mais qu’il nous soit permis d’insister en terminant sur l’intention morale de ces études critiques. […] C’est un agrandissement de proportions, mais qui est permis au poète à plus forte raison, puisque l’humanité ne fait pas autre chose. […] Cependant tout n’est pas également admirable dans ces poèmes également soignés et l’œuvre est assez brève pour nous permettre d’établir des distinctions essentielles. […] Qu’on nous permette un regret à l’endroit de ces œuvres inégales mais encore grandioses.

1599. (1910) Études littéraires : dix-huitième siècle

Et cela est permis ; ce qui ne l’était point, c’était d’être novateur par simple négation, et sans avoir rien à mettre à la place de ce qu’on prétendait proscrire. […] L’humanité rêvera toujours, et d’instinct repoussera toujours toute doctrine qui se laissera trop comprendre pour permettre qu’on la rêve. […] Personne n’a été plus curieux que Le Sage, et n’a vu plus juste dans le monde où il lui était permis de regarder. — Mais ce monde n’était pas le très grand monde, et ce n’était pas un gentilhomme de lettres que Le Sage. […] On sait que Marivaux est un « moderne », ce que je ne songe nullement à lui reprocher ; car non seulement il est permis d’être « moderne », mais il n’est pas mauvais de l’être, quand on est artiste, pour avoir le courage d’être original. […] Et quand cette aptitude ne lui permet que de bien saisir et traduire les idées des autres, il est dans la hiérarchie intellectuelle, mais au plus bas degré ; et quand elle va jusqu’à lui permettre de comprendre des idées et des systèmes différents et contraires qui n’ont pas même été encore inventés, il est précisément au sommet de l’intelligence humaine.

1600. (1891) Impressions de théâtre. Cinquième série

Certains passages permettraient de le croire. […] Elle lui permet tout, elle lui procurerait tout s’il le fallait : c’est une réparation qu’elle lui doit. […] Mais le père de Rosalba, le seigneur Pandolfe, vient de consentir à cette union, ce qui permet à Argentine de se justifier. […] Le devoir professionnel ne lui permet pas de s’attarder. […] Mon Mounet-Sully de Gaulois refuse toujours plus énergiquement ; sa dignité ne lui permet d’accepter la liberté que du peuple romain.

1601. (1902) Symbolistes et décadents pp. 7-402

J’ai donné une chronique entière, parce que le groupement des livres de ce mois-là permettait d’esquisser tout le groupement littéraire du moment, avant et en dehors des Symbolistes, au moins d’indiquer une esquisse, de Hugo à Lavedan. […] L’indignation a été assez profonde, et je la conçois chez de purs artistes épris de lyrisme, qui jugent la réalité un simple élément d’art, ou plutôt un ensemble de conditions dont quelques-unes peuvent permettre de faire de l’art ; mais je ne saisis pas bien la pudeur générale des critiques. […] En cela il se ralliait au grand mouvement poétique où passèrent Poe et Baudelaire, dont le but fut de resserrer les attributs de la poésie, de ne lui permettre de chanter que des instants vraiment dignes d’un style d’apparat. […] C’est dans ce livre de débuts où une personnalité s’affirme malgré, des tics et des imitations, la page d’amour qui permet de conclure à un artiste véritable, plus encore que le Poème du paysan, d’ambition plus grande, mais moins réussi. […] Le doute où l’on en est, et que rien ne permet de fixer, laisse sa figure plus énigmatique, partant plus curieuse pour le critique.

1602. (1902) Le critique mort jeune

J’éliminerai ainsi tous les systèmes jusqu’à ce que j’en aie trouvé un qui permette d’affirmer, et qui soit affirmation des croyances générales de l’humanité. […] Sa rapide élévation, son « ascension sociale », qui permet qu’une classe de rhétorique soit bien faite et le goût des jeunes gens formé, est donc en ce sens utile à la société. […] Au même titre que l’organisation politique qui permet la formation du « Monneron », les universités populaires sont donc une « tentative antiphysique ». […] Mais n’est-il point permis de supposer que les frères Margueritte ont voulu exhorter les gens du monde, prompts, comme les personnages de M.  […] L’implacable raison sociale représentée par Geneviève ne lui permet de se délasser l’esprit qu’après le règlement de toutes les affaires sérieuses.

1603. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. RODOLPHE TÖPFFER » pp. 211-255

Et ici je me permettrai de blâmer M. […] N’est-ce pas à propos de l’Héritage encore, et comme venant aggraver ces élégances qui retardent, qu’il m’est permis de noter grammaticalement plusieurs locutions particulières qui se reproduisent assez souvent dans les pages de M. […] Prévère paraît à la fenêtre de la cure avec un air pensif ; il a résolu d’éloigner Charles pour quelques années, de l’envoyer à la ville chez un ami près de qui le jeune homme pourra continuer ses études et se préparer, si Dieu le permet, aux fonctions du ministère.

1604. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIIIe entretien. Littérature latine. Horace (2e partie) » pp. 411-480

Rien n’est impossible aux hardis mortels ; notre démence aspire aux astres mêmes, et jamais nos crimes ne permettront à Jupiter de déposer ses foudres vengeresses !  […] VIII Écoutez-en une autre d’un accent plus doux : il s’agit d’inviter un de ses amis, Sextius, à faire trêve aux soucis, ces frimas de l’âme, et à jouir des rares moments de plaisir que le destin permet aux mortels de glaner ici-bas. […] trop courtes de vie, tandis que ta fortune, ta jeunesse et les fils noirs sur le fuseau des trois sœurs (les Parques) le permettent encore.

1605. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIIe entretien. Littérature politique. Machiavel » pp. 241-320

Quand les Médicis, ces Périclès héréditaires de la Toscane, qui inventent un nouveau mode de gouvernement, le gouvernement commercial, l’achat de la souveraineté par la banque, et la paix par la corruption coïntéressée des citoyens, rentrent de leur exil, rappelés par la reconnaissance, cet homme est tombé du pouvoir ; il est emprisonné par l’ingratitude de ceux qu’il a sauvés ; il a subi la torture ; il a été absous enfin de son génie, puis exilé, pauvre et chargé de famille, non pas hors de la patrie, mais hors de Florence ; on lui a enfin permis de repasser quelquefois les portes de la ville, mais il lui est interdit d’entrer jamais dans ce palais du gouvernement où il a tenu si longtemps dans ses mains la plume souveraine des négociations, des décrets, des lois. […] Continuez à prendre ce parti, car quiconque s’incommode trop pour les autres se sacrifie soi-même sans qu’on lui en sache le moindre gré ; et puisque absolument la fortune veut diriger toutes nos actions, il faut la laisser faire à sa guise, ne la déranger en rien, et attendre qu’elle permette aux hommes d’agir à leur tour. […] On permet aux Lombards vaincus de rester dans l’Italie septentrionale, la Lombardie ; des délégués des empereurs d’Occident gouvernent légalement la Toscane, l’Étrurie et les Romagnes.

1606. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIIIe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (2e partie). Littérature de l’Allemagne. » pp. 289-364

Un essai de réunir ce qui, à une époque donnée, a été découvert dans les espaces célestes, à la surface du globe, et à la faible distance où il nous est permis de lire dans ses profondeurs, pourrait, si je ne me trompe, quels que soient les progrès futurs de la science, offrir encore quelque intérêt, s’il parvenait à retracer avec vivacité une partie au moins de ce que l’esprit de l’homme aperçoit de général, de constant, d’éternel, parmi les apparentes fluctuations des phénomènes de l’univers. » Potsdam, au mois de novembre 1844. […] « Qu’il soit permis à un frère de terminer par ces paroles, qui puisent leur charme dans la profondeur des sentiments, la description générale des phénomènes de la nature au sein de l’univers. […] S’il m’était permis d’interroger ici mes plus anciens souvenirs de jeunesse, de signaler l’attrait qui m’inspira de bonne heure l’invincible désir de visiter les régions tropicales, je citerais : les descriptions pittoresques des îles de la mer du Sud, par George Forster ; les tableaux de Hodges représentant les rives du Gange, dans la maison de Warren Hastings, à Londres ; un dragonnier colossal dans une vieille tour du jardin botanique à Berlin.

1607. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIe entretien. Le Lépreux de la cité d’Aoste, par M. Xavier de Maistre » pp. 5-79

Permettez-moi donc de converser quelques moments avec vous et de parcourir votre demeure. […] Ma douleur ne me permit de voir dans cet ordre juste, mais sévère, qu’une barbarie aussi atroce qu’inutile ; et quoique j’aie honte aujourd’hui du sentiment qui m’animait alors, je ne puis encore y penser de sang-froid. […] il faut mourir quand il n’est plus permis d’aimer !

1608. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre VI. Bossuet et Bourdaloue »

Notre forme de gouvernement n’en permettait pas le développement, comme l’a fait justement remarquer Fénelon ; aussi nulle tradition ne put s’établir ; et les rares discours que l’on a recueillis, dans les temps où la faiblesse du pouvoir royal, sous les deux régences, permit la libre et publique discussion des affaires publiques, sont des accidents sans conséquence, des œuvres isolées et sans lien, où l’on n’aperçoit pas un art de la parole. […] Il est vraiment le grand poêle lyrique du xviie  siècle : et s’il a pu l’être, dans ce siècle intellectuel et rationaliste, c’est que son caractère ecclésiastique lui a permis de suivre son tempérament.

1609. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 14 mars 1885. »

» Or, qu’on nous permette de le dire avec la certitude que notre opinion sera un jour commune à tous ceux qui aiment profondément le théâtre : les effets dramatiques produits par l’intime hymen du vers et de la mélodie sont tels dans l’œuvre de Richard Wagner, que, inférieur comme poète à Goethe, égalé, en tant que musicien, par Beethoven, il n’est, comme créateur dramatique, comparable qu’au divin Shakespeare. […] IV Si vous êtes dépourvus de parti pris, si vous cherchez dans les grands spectacles artistiques quelque chose de plus que le plaisir de l’oreille et des yeux, — si vous osez blâmer Rossini de ses paresses et Meyerbeer de ses concessions, si le drame lyrique, tel qu’il fut permis à Scribe de le concevoir, ne satisfait pas vos aspirations, si vous êtes pleins d’un enthousiasme sincère pour le vrai art dramatique qui a donné le Prométhée enchaîné à la Grèce, Macbeth à l’Angleterre, les Burgraves à la France : entrez résolument dans l’œuvre de Richard Wagner et, en vérité, d’admirables jouissances, accrues par le charme de la surprise, seront le prix de votre initiation. […] Glasenapp devient un ami de la famille ce qui lui permet d’avoir accès à des documents de tout premier ordre mais qui le conduisent à rédiger une version « officielle », controlée par Richard et Cosima eux-mêmes.

1610. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Théâtre » pp. 83-168

Je lui ai fait observer que votre talent, votre situation littéraire et la juste renommée acquise par vos longs efforts ne vous permettent pas de vouloir être refusés à un théâtre. […] Ici, on nous permettra quelques détails, — et quelques vérités. […] Quand en 1851, dans mon premier livre, je témoignais mon admiration pour l’art japonais et que je me permettais de dire que l’art industriel de ce pays était supérieur à l’article Paris, un journaliste a demandé que je fusse enfermé à Charenton comme coupable de mauvais goût ; aujourd’hui je crois que ledit journaliste a plus de chance d’y être mené que moi par le goût public.

1611. (1896) Les origines du romantisme : étude critique sur la période révolutionnaire pp. 577-607

Analyser de cette façon les origines du romantisme est une tâche ardue : l’époque a été peu fouillée, bien qu’elle renferme plus de documents sociaux que ne soupçonnent les historiens ; et que leur étude permet de comprendre l’évolution politique, philosophique, religieuse, littéraire et artistique de la société bourgeoise. […] René regretta alors de ne pas connaître un métier manuel qui lui aurait permis de « gagner une demie couronne par jour » 4. […] C’était le temps où il était permis à tous d’aspirer à tout, d’espérer tout ; des petits avocats, des boutiquiers, des artisans, des palefreniers se révélaient généraux d’armée, législateurs et dictateurs de peuples.

1612. (1856) Cours familier de littérature. I « VIe entretien. Suite du poème et du drame de Sacountala » pp. 401-474

Puisque votre bonté inépuisable me permet encore de former un vœu : Que les rois de la terre ne désirent donc de régner que pour faire le bonheur de leurs peuples ! […] Les brahmanes, prêtres de la religion et gardiens des mœurs, n’auraient pas permis sans doute qu’on donnât en spectacle à la multitude, comme on l’a fait malheureusement en Grèce, à Rome et chez nous, des passions féroces et des attentats odieux reproduits en langage et en action sur la scène, et propres à dépraver les imaginations d’un peuple religieux. […] Hanoumun, touché des gémissements de Valmiki, et oubliant généreusement toute jalousie de poète, permit à son rival de plonger au fond de la mer, et d’y copier les inscriptions et les vers que le demi-dieu y avait gravés.

1613. (1856) Cours familier de littérature. II « XIe entretien. Job lu dans le désert » pp. 329-408

L’incertitude de son heure combinée avec la certitude de son avènement en fait pour l’homme qui pense non plus une mort future, mais une mort présente, une mort éternelle, une mort vivante, s’il est permis d’employer ce monstrueux accouplement de mots ! […] Qu’aurait-il dit aujourd’hui où une civilisation plus accélérée, et accélérée presque jusqu’à la suppression du temps et des distances, permet à la pensée de l’homme d’atteindre partout à la fois ? […] Nous avons voulu faire l’épreuve de l’infini, s’il nous est permis de risquer une si audacieuse expression.

1614. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XII : Distribution géographique (suite) »

D’après la longueur du temps écoulé depuis que de nouveaux habitants se sont établis dans une région quelconque ; d’après la nature et la facilité des communications qui permirent à certaines formes de s’y introduire en plus ou moins grand nombre, à l’exclusion de toutes les autres ; selon que ces divers colons se firent entre eux une concurrence plus ou moins vive, qu’ils eurent à la soutenir contre les indigènes, ou que les immigrants furent susceptibles de varier plus ou moins rapidement, il dut s’ensuivre en chaque différente région, et indépendamment de ses conditions physiques, des conditions de vie infiniment diverses, et un ensemble presque infini d’actions et de réactions. […] La raison élevée de leur multiplication fait qu’un grand nombre d’individus peuvent être détruits sans que l’espèce périsse, parce qu’il suffit d’un petit nombre d’individus pour la reproduire et la multiplier de nouveau en peu de temps, de sorte que dans les mêmes circonstances où des organismes supérieurs périraient, faute de pouvoir se transformer, des organismes inférieurs souffrent seulement durant un temps, mais persistent, et cette persistance même, leur permettant d’acquérir plus aisément une vaste extension, leur donne ensuite de plus puissants moyens pour persister, parce que, s’ils sont détruits sur un point du globe, ils ont chance de se multiplier sur un autre. […] Mais comme d’autre part la grande complication de leur organisme les rend beaucoup plus sujets à souffrir d’un changement dans leurs conditions de vie ; qu’il résulte de la raison géométrique moins élevée de leur reproduction une moindre destruction de germes, c’est-à-dire une sélection naturelle moins sévère dans le jeune âge ; que l’étendue plus bornée de leurs stations suppose, avec un nombre d’individus, des variations moins fréquentes, et que les moyens de transport et de dispersion plus difficiles, surtout pour les espèces terrestres, en général supérieures dans toutes les classes aux espèces marines, ne leur permettent pas de prendre une extension rapide et de réparer leurs pertes en s’emparant de nouvelles contrées où elles pourraient vivre en se modifiant plus ou moins ; il se pourrait que l’ensemble de ces causes d’invariabilité des types supérieurs compensât, sinon en totalité, du moins en partie, les causes d’invariabilité des types inférieurs actuels.

1615. (1890) Impressions de théâtre. Quatrième série

Tu l’as permis, ô mon Dieu ! […] Permettez-moi de vous remettre cette prodigieuse poésie sous les yeux. […] Ce sera la solution du second point qui nous permettra d’imaginer la « fable ». […] Marcelle jure à Gérard qu’elle ne le permettra point. […] et, si tu le permets, Je vais l’emmener, moi !

1616. (1893) Impressions de théâtre. Septième série

S’il ne nous a pas été permis d’assister commodément aux pompes trop réglées de ses funérailles, nous devons nous en féliciter plutôt. […] Seuls, les personnages nous expliquent les faits, nous permettent de nous reconnaître dans leurs fouillis, puisque ce sont eux qui ie créent à mesure. […] Ce n’est guère ; mais Esther sait bien que l’amour ne lui est pas permis, à elle, et que les filles de la haute banque se marient comme jadis les princesses du sang. […] Voilà l’émouvante question que je me permets de poser à M.  […] Seulement il veut, en récompense, que Jane lui permette de l’embrasser.

1617. (1890) La bataille littéraire. Troisième série (1883-1886) pp. 1-343

Être du monde est un luxe qu’on permet peu à la vanité des derniers venus. […] Le milieu dans lequel vit l’auteur, dont je respecte l’anonyme, lui a permis de traiter facilement une grande question de droit. […] Le mariage est sur le point d’être conclu, lorsque Bernard, comprenant que ses idées philosophiques ne lui permettent pas d’entrer dans une famille d’une rare piété, croit devoir se retirer. […] Dieu permit au soleil de jeter l’étincelle. […] Caro, de l’Académie française, vient de nous donner sur lui un livre qui permet de le juger sainement, comme homme et comme penseur.

1618. (1895) Nos maîtres : études et portraits littéraires pp. -360

Ils reconnurent ainsi une valeur spéciale aux divers modes : et par là ils eurent cette langue musicale précise, qui seule permet une expression précise des émotions. […] Elle lui permet de connaître la réalité commune, et, librement, de dresser au-dessus d’elle une réalité meilleure. Elle lui permet d’éprouver le plaisir de l’action suprême, la joie de se savoir, de se faire un « différent » ! […] Mais l’imitation des Mimes d’Hérondas a permis à M.  […] Celle-là a inventé un système de correspondance, lui permettant de transmettre à des milliers de lieues une lettre qu’il suffit, pour cela, de déposer sur un guéridon.

1619. (1853) Histoire de la littérature française sous la Restauration. Tome I

Cette fermeté de cœur et d’intelligence lui permet d’émettre sur les causes, la nature, la portée de la révolution française, des appréciations dont la justesse et la justice n’ont pas été surpassées, peut-être égalées depuis. […] Il faut permettre aux hommes d’être de leur caractère et surtout de leur temps, et Tacite a écrit, sur le mélange de la modération et de la fermeté sous le despotisme, une phrase dont il faut se souvenir sans toutefois en abuser. […] Il est très recherché dans la haute société, à cause de la vivacité, de la pénétration et de l’élévation de son esprit, jointes à une sérénité bienveillante de caractère, et à une politesse exquise de langage qui lui permettait de tout entendre et de tout discuter sans arriver jamais au ton de la dispute. […] Votre dernier ouvrage n’est pas français. » Ainsi, il n’était pas permis, sous l’empire, d’admirer le génie littéraire de l’Allemagne, et de frayer avec ses grands écrivains59. […] Le chiffre seul était permis, honoré, protégé, payé.

1620. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Malherbe »

On trouve en lui cette souveraine indifférence qui permet aux chefs d’école de conduire de haut leur art. […] J’aime mieux insister sur les parties de l’ode où il exprime des sentiments qu’il nous est permis et facile de partager. […] Il est permis aux particuliers (et Malherbe le savait aussi bien que personne) de tenir jusqu’à un certain point à l’argent, par intérêt et considération de famille ; — aux gouvernants des peuples, jamais. […] Toute la difficulté qui s’y est trouvée, c’est que, ayant été jugé que, pour l’exécution de ce dessein, il était nécessaire que le gouvernement du Havre fut entre ses mains, et le roi le lui ayant voulu acheter, il n’a jamais été possible de le lui faire prendre qu’en lui permettant de le récompenser de son propre argent.

1621. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mademoiselle Aïssé »

Ravenel : c’est avec les notes de l’un, c’est moyennant les renseignements continus et les directions de l’autre, qu’il m’est permis ici de venir repasser sur cette histoire et d’en fixer quelques particularités avec plus de précision qu’on n’avait fait jusqu’à présent. […] J’ay été dans ce triste estat plus d’un mois entier, d’où je crois que je ne serois pas sorti sans M. l’ambassadeur d’Holande, lequel m’ayant rendu visite et m’ayant trouvé avec ma santé et mon esprit ordinaires, fit tant de bruit du traitement qu’on me faisoit, qu’il me fut permis, après l’attestation que j’eus des médecins du parfait rétablissement de ma santé, d’assembler la nation, laquelle, sollicitée par le sieur Belin, et pour se mettre à couvert du blâme de la première délibération qu’elle avoit signée, ne voulut jamais me reconnoître qu’après m’avoir forcé d’aprouver ladite délibération par un acte que je fus obligé de signer le 1er du mois d’aoust dernier, pour obtenir ma liberté et reprendre les fonctions d’ambassadeur. […] Permettez-moi de vous représenter que, pour votre gloire, vous devriez me traiter plus honorablement. […] Je jure que je n’ai pas cessé un moment de vous être uniquement attaché : vous n’avez pas à la tête un cheveu qui ne m’inspire plus de goût et de sentiment que toutes les femmes du monde ensemble, et je vous permets de le dire et de le lire à qui vous voudrez. » (1746.)

1622. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers » pp. 81-176

Ce genre d’histoire a son mérite quand il ne s’agit pour l’historien que de bien regarder et de bien faire voir les faits ; mais regarder ce n’est ni sentir ni juger : le regard n’est pas un sentiment, le regard n’est pas un jugement ; le regard n’est qu’une perception presque indifférente, et, s’il est permis de se servir d’une expression souvent citée depuis que M.  […] L’attachement du général Bonaparte pour elle, ses brusqueries quand il s’en permettait, réparées à l’instant même par des mouvements d’une parfaite bonté, finissaient aussi par la rassurer. […] Nous ne l’en blâmons pas ; il est permis à l’homme qui a consumé la meilleure part de sa vie à exceller à la tribune et à dominer au conseil, à grouper ou à déjouer les factions, à remuer les passions politiques qui sont les vents de sa voile ; il est permis, disons-nous, à un tel homme de se contempler dans les autres, ou de chercher en lui-même le secret des mobiles qui ont dirigé, servi ou perdu les empires.

1623. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Discours prononcé à la société des visiteurs des pauvres. » pp. 230-304

L’éloignement permet sans doute d’en faire le triage pour la période antérieure à 1870, de discerner tout en gros celles par qui s’est faite l’évolution du théâtre, et de dessiner sommairement la « courbe » de cette évolution. […] Appelé par Catherine, il accourt exprès pour être sublime et pour se sacrifier de nouveau, non sans une emphase bien permise. […] Barras dit à Paméla : « Je sais tout »… et lui donne un laissez-passer qui lui permettra de pénétrer au Temple après l’heure où l’on ferme habituellement les portes. « À une condition, ajoute-t-il : c’est que l’enfant me sera remis. » (Il compte s’en servir, le cas échéant, pour traiter avec le comte de Provence.) — Paméla rencontre alors le farouche patriote Bergerin, son amant, qui a des soupçons et à qui elle finit par tout avouer. […] Je me suis étendu sur ma pièce plus longuement que la décence ne le permettait.

1624. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1875 » pp. 172-248

Tourguéneff nous interrompt, en disant avec l’originalité de sa pensée et le doux gazouillement de sa parole : « La comparaison n’est pas noble, mais permettez-moi, messieurs, de comparer Taine à un chien de chasse que j’ai eu : il quêtait, il arrêtait, il faisait tout le manège d’un chien de chasse d’une manière merveilleuse, seulement, il n’avait pas de nez, j’ai été obligé de le vendre. » Zola est tout heureux, tout épanoui de l’excellente cuisine, et comme je lui dis : « Zola, seriez-vous, par hasard, gourmand ? […] — Certainement, lui dis-je, je suis de votre avis… mais la bêtise est en général bavarde, et la sienne a été muette : ça été sa force, elle a permis de tout supposer. » Mardi 9 mars Dîner chez Brébant. […] Les vers qu’il nous lit cette fois sont tirés d’un nouveau poème qu’il appelle : « Toute la lyre », un poème où il veut mettre tout — et qui lui permet d’être jeune, dit-il en souriant. […] Bardoux. — Messieurs, permettez-moi d’être d’un avis contraire.

1625. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1893 » pp. 97-181

Mercredi 25 janvier Ce soir, le peintre Doucet me parlait des actrices anglaises, de leur aspect chaste, éphébique, et presque de cette apparence, qu’elles ont d’intactes et de glorieuses pucelles, apparence qui leur permet de dire, dans des rôles, comme ceux de Porcia, de dire des choses énormes, sans qu’on soit choqué : ce qui n’est pas donné à l’actrice française, qui, lorsqu’elle dit une obscénité, une cochonnerie, a l’air d’y goûter. […] Enfin j’aurais voulu lui faire proclamer à nouveau — lui, qui a été le seul défenseur des tentatives révolutionnaires au théâtre, que tout ce qui est permis aux étrangers ne l’est pas à nous, de par notre critique actuelle, qui nous défend un théâtre élevé, littéraire, philosophique, original, un théâtre qui dépasse le goût et l’intelligence d’un Sarcey, un théâtre autre, que celui renfermé dans les aventures bourgeoises du ménage d’aujourd’hui. Jeudi 2 février Mme Ganderax, à laquelle quelqu’un demandait, si elle permettait à la loute, sa petite fille, de la tutoyer, répondait spirituellement : « Si j’habitais, rue de Varenne, un grand hôtel, entre cour et jardin, je lui imposerais le vous… mais je n’habite qu’un petit appartement ; vous comprenez alors que le tu… » Lundi 6 février Aujourd’hui Carrière est venu faire une esquisse de ma personne, sur mon canapé de Beauvais, et ayant pour fond une des portières à fleurs, que je viens d’acheter. […] « Je n’ai pas commencé ma pièce, je ne sais pas si mon état de santé me permettra de la faire, mais si elle est jouée, j’ai l’honneur de vous prévenir en dépit de votre interdiction qu’elle portera le nom de mon livre, que je ne changerai pas le nom de mon héroïne, tout prêt en mon nom et au nom de la littérature, à courir les risques d’un procès, parce que, si des prétentions semblables devaient prévaloir, le roman et le théâtre de nos jours seraient, dans un temps prochain, contraints de baptiser leurs personnages, féminins et masculins, des noms de Célimène, Dorine, Oronte, Valère, Éraste, etc., etc., ce qui vraiment n’est pas admissible. » « Agréez, monsieur, l’assurance de ma considération distinguée.

1626. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre sixième. Le roman psychologique et sociologique. »

Un jour qu’ils se promènent ensemble, ils parlent de Charlotte ; la tristesse de Werther devient plus profonde, l’idée vague du suicide pénètre en lui sous une forme allégorique qui permet de la deviner : « Je marche à côté de lui, nous parlons d’elle ; je cueille des fleurs sur mon passage ; j’en fais avec soin un bouquet, puis… je le jette dans la rivière qui coule aux environs, et je m’arrête à le voir s’enfoncer insensiblement. » Ainsi il a entrevu l’abîme final sous la forme de quelques fleurs disparaissant sous l’eau. […] La croix de Saint-André dessinée par Carmen avec un couteau sur la joue d’une camarade de la manufacture n’est pas un incident vulgaire, choisi au hasard pour amener une nouvelle rencontre des deux personnages ; il permet de saisir immédiatement le fond de sauvagerie du caractère de Carmen ; c’est de la psychologie en action. […] La seule expérimentation, ici, est celle dont le romancier lui-même est le sujet, et qui permet aux lecteurs de dire qu’il a le cerveau fait de telle ou de telle manière, des yeux qui voient de telle ou telle couleur. […] Certes, nous ne demandons pas au romancier de nous représenter le « libre arbitre » ; mais au moins devrait-il, outre la force des appétits, nous montrer aussi la force des sentiments et des idées, — même celle des beaux sentiments et des belles idées, qui ne laissent pas d’en avoir une ; il devrait, en un mot, mettre en jeu ce qu’on a appelé les « idées-forces », qui n’excluent pas le déterminisme, mais qui le complètent, le rendent flexible et, en le rapprochant de la liberté, permettent la réalisation progressive de l’idéal moral et social.

1627. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « M. Denne-Baron. » pp. 380-388

C’est cette décision, cette suite, cette fermeté dans la pensée et dans le talent qui se fait désirer chez Denne-Baron, et dont le défaut ne permet de voir en lui que les membres épars du poète.

1628. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXVIII » pp. 266-276

Ce qui fait l’esprit et le fond de moralité des Lettres, ce n’est pas tout à fait, je le sais bien, la frugalité un peu rustique des Caton l’Ancien et des Fabricius ; la Muse, sans se corrompre, peut se permettre certaines élégances et délicatesses ; on peut dire même qu’elle en vit.

1629. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Appendice. — Un cas de pédanterie. (Se rapporte à l’article Vaugelas, page 394). »

« Trop impatient pour dissimuler ses sentiments nationaux et frappé dans sa position universitaire, il se tourna vers une profession indépendante, et vers celle en même temps qui permettait le mieux d’appliquer les inspirations humaines qui faisaient le fond de sa nature.

1630. (1874) Premiers lundis. Tome I « Ferdinand Denis »

A quoi bon vous constituer ainsi en une admiration permanente, qui vous fatigue et le lecteur aussi, et qui ne lui permet de voir et de sentir qu’après vous et par vous ?

1631. (1874) Premiers lundis. Tome II « Doctrine de Saint-Simon »

La papauté, aux plus beaux jours du catholicisme, n’a fuit que tester, depuis, ce que le dogme chrétien ne permettait, avec sa division du spirituel et du temporel, que dans une mesure imparfaite.

1632. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre VIII. Du crime. »

Le sentiment dominant de la plupart de ces hommes est sans doute la crainte d’être punis de leurs forfaits ; cependant il y a en eux une certaine fureur qui ne leur permettrait pas d’adopter les moyens les plus sûrs, s’ils étaient en même-temps les plus doux ; ce n’est que dans les crimes présents qu’ils cherchent la garantie des crimes passés ; car toute résolution qui tendrait à la paix, à la réconciliation, fut-elle réellement utile à leurs intérêts, ne serait jamais adoptée par eux ; il y aurait dans de telles mesures une sorte de relâchement, de calme incompatible avec l’agitation intérieure, avec l’âpreté convulsive de tels hommes.

1633. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre V. Indices et germes d’un art nouveau — Chapitre I. Bernardin de Saint-Pierre »

Marié deux fois, père d’un Paul et d’une Virginie, il jouit de sa gloire aussi paisiblement que son caractère quinteux le lui permet.

1634. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Marcel Prévost et Paul Margueritte »

Un jeune homme, de vieille race, mais pauvre, André de Mercy, intelligent, cultivé, très loyal et très bon, petit employé dans un ministère (sa mère ne lui ayant pas permis de se faire soldat), épouse une petite provinciale sans fortune ; car il a le cœur trop haut pour trafiquer de son nom et faire un mariage d’argent, et, d’autre part, il est de ceux qui ne peuvent résister à la solitude et qui ont besoin d’un foyer.

1635. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mistral, Frédéric (1830-1914) »

S’il nous était permis de nous citer nous-même, nous rappellerions quel pronostic nous avait inspiré dès 1852 la vigueur de ces premières ébauches.

1636. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Samuel Bailey »

Il y a une sorte de latitude qui prévaut, et nous permet de ne pas supposer que ces actions dépendent de causes régulières et invariables.

1637. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXIX » pp. 319-329

Je ne veux pourtant pas en sortir encore ; trop de charmes m’y attachent, et à ma faiblesse, je sens que je ferais des efforts inutiles, on vous a dit vrai, si l’on vous a peint mon directeur comme un homme rigide ; mais vous ne devriez pas vous le figurer ridicule, Il ne défend point les plaisirs innocents ; mais il ne permet pas de traiter d’innocents ceux qui sont criminels.

1638. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXV » pp. 402-412

L’événement rend tout permis. » Le 28, elle écrit : « Jo est chez Madame tout comme elle était.

1639. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 239-252

Son esprit, si capable de produire par lui-même, ne lui permit plus que d’être un Compilateur, après qu’il se fut attaché à la lecture de Bayle, dont il entreprit de donner une Analyse.

1640. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre premier. Vue générale des épopées chrétiennes. — Chapitre III. Paradis perdu. »

Qu’on nous permette de penser qu’il y a quelque chose de plus intéressant, de plus grave, de plus semblable à la condition humaine, dans un poème qui aboutit à l’infortune, que dans celui qui se termine au bonheur.

1641. (1865) Du sentiment de l’admiration

une attention docile qui vous permet tout au plus de saisir quelques détails et de vous approprier de vagues réminiscences.

1642. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Mes pensées bizarres sur le dessin » pp. 11-18

Qu’il me soit permis de transporter le voile de mon bossu sur la Venus de Medicis, et de ne laisser apercevoir que l’extrémité de son pied.

1643. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Seconde faculté d’une Université. Faculté de médecine. » pp. 497-505

Il importe d’autant plus que le médecin et le chirurgien excellent dans leurs professions, que la variété et la multiplicité des circonstances qui les appellent à côté de nous, ne leur permettent guère d’exercer leurs fonctions à notre avantage et à leur satisfaction.

1644. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Casanove » pp. 192-197

Cela ne viendrait-il pas de ce que, dans l’impossibilité reconnue et peut-être heureuse de la rendre avec une précision absolue, il y a une lisière de convention sur laquelle on permet à l’art de se promener ?

1645. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 29, qu’il est des païs où les ouvrages sont plûtôt apprétiez à leur valeur que dans d’autres » pp. 395-408

Or, ces tableaux qui nous sont toujours présens, et dont le rang est certain, dont le mérite est décidé, servent, s’il est permis de parler ainsi, de pieces de comparaison, qui donnent le moïen de juger sainement à quel point l’ouvrage nouveau qu’on expose sous nos yeux approche de la perfection où les autres peintres ont atteint, et dans quelle classe il est digne d’être placé.

1646. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Napoléon »

Il n’est plus permis d’y toucher.

1647. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Les honnêtes gens du Journal des Débats » pp. 91-101

Nous ne pouvons suivre malheureusement sur ce terrain Rigault, devenu le Blondel de Victor Hugo, que l’univers abandonne (sans calembour), mais la critique, qui est aussi une justice, ces messieurs des Débats ne la permettent pas, et Rigault, leur porte-voix, nous l’interdit.

1648. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Pierre Dupont. Poésies et Chansons, — Études littéraires. »

Différent en cela de Burns, qui ne savait presque rien, qui avait la savoureuse et toute-puissante originalité de son ignorance, car il faut être un poète suprêmement fort pour se permettre d’avoir, sans inconvénient, de la littérature, M. 

1649. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Paul Meurice » pp. 231-241

Tous ces insurgés de l’heure présente, dans un aveuglement que Dieu permet et qu’ils ont mérité, retournent, croyant faire du nouveau, l’esprit chrétien faussé contre le Christianisme.

1650. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Avant-propos de la septième édition »

Dira-t-on, pour cela, que la forme du clou dessine la forme du vêtement ou nous permette en aucune façon de la pressentir ?

1651. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre II. Des éloges religieux, ou des hymnes. »

ô Jupiter, premier des immortels, souverain de la nature, qui gouvernes tout, qui soumets tout à une loi, je te salue ; car il est permis à l’homme de t’invoquer.

1652. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XIV. Panégyrique de Trajan, par Pline le jeune. »

« Le prince qui permet d’être vertueux, fait peut-être plus pour les mœurs, que celui qui l’ordonne35.

1653. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre V. Du gouvernement de la famille, ou économie, dans les âges poétiques » pp. 174-185

Admirons la Providence d’avoir permis qu’avant cette époque les hommes fussent des géants : il leur fallait, dans leur vie vagabonde, une complexion robuste pour supporter l’inclémence de l’air et l’intempérie des saisons ; il leur fallait des forces extraordinaires pour pénétrer la grande forêt qui couvrait la terre, et qui devait être si épaisse dans les temps voisins du déluge....

1654. (1824) Épître aux muses sur les romantiques

Voltaire s’est permis de le trouver parfait.

1655. (1888) Impressions de théâtre. Deuxième série

Elle pose pour son mari, — aussi nue que le permettent, au théâtre, les mœurs d’à présent. […] Peut-être lui avons-nous su mauvais gré de changer nos habitudes et permettons-nous difficilement le sérieux à ce grand amuseur. […] Ce tour de rhétorique lui permet de se délecter plus longuement de ces bizarres aventures. […] L’immensité du labeur prescrit leur permettait la plus douce paresse. […] Je vous parlerai donc un peu des cafés-concerts, puisque ce sont les seuls spectacles qui nous soient encore permis.

1656. (1898) Impressions de théâtre. Dixième série

Ce campement à l’étranger permet et engendre, avec l’intimité de tous les jours, une secrète liberté de mœurs et je ne sais quoi d’élégamment bohème. […] Elle tolère ses autres distractions, mais lui déclare qu’elle ne lui permet pas Rosine. […] Ma délicatesse ne me permet pas de vous la nommer. […] Sur la vraisemblance des faits, il est permis d’être accommodant, le hasard jouant, après tout, un assez grand rôle dans les choses humaines. […] Et, d’une autre façon encore, moitié disposition naturelle, moitié calcul permis, mais combien déplorable !

1657. (1914) En lisant Molière. L’homme et son temps, l’écrivain et son œuvre pp. 1-315

Il eut des démêlés avec le parti dévot et avec la magistrature pour Don Juan, dont on lui fit retrancher la fameuse scène du pauvre, et pour Tartuffe, dont le Premier Président Lamoignon retarda longtemps la première représentation, que le Roi finit par permettre. […] Avec Voltaire je regrette que ce soit cette pièce que Boileau ait citée comme type du bas comique où il n’aurait pas voulu que Molière se permît de descendre. […] Il rencontre la nature féminine primitive, toute d’instinct, allant droit à la jeunesse et à l’amour, au genre d’amour que peut donner la jeunesse, et en même temps ingénument fourbe ; et d’autre part il rencontre la civilisation qui ne lui permet pas de dompter la femme comme dans les temps primitifs, qui ne lui permet pas de la parquer, de l’enchaîner et de la faire garder par des eunuques. […] Ajoutez encore ce que j’appellerai, si on me le permet, la détente du flegme : Philinte s’est fait un caractère de « flegme philosophe » qui ne s’étonne jamais de rien. […] Elle se décide, en prenant tout son courage, à supplier son père, et c’est dans un langage douloureux, pathétique, tragique et qui rappelle les supplications d’Iphigénie ; et si elle abandonne l’idée du suicide, elle demande comme une grâce et comme une faveur qu’on lui permette d’entrer au couvent.

1658. (1905) Propos de théâtre. Deuxième série

L’intendant aura l’œil sur eux, et ne « leur permettra pas de courir la ville ». […] Il se permit de resserrer sa ceinture. […] Et il la tient, son histoire de brigands, soigneusement renfermée dans son cinquième acte, sans lui permettre d’empiéter. […] Sans lui, il est possible que le théâtre où il est permis de toucher à ces sujets-là n’eût pas existé. […] Moins « géniale » que ses successeurs, les Clairon et les Lekain, c’est elle qui leur permit d’être ce qu’ils furent.

1659. (1903) La pensée et le mouvant

  Permettez-moi de choisir un exemple. […] N’est-il pas évident que, si le savant s’arrête en un certain point sur la voie de la généralisation et de la synthèse, là s’arrête ce que l’expérience objective et le raisonnement sûr nous permettent d’avancer ? […] Seule, une intuition supérieure (que Kant appelle une intuition « intellectuelle »), c’est-à-dire une perception de la réalité métaphysique, permettrait à la métaphysique de se constituer. […] Mais une situation de ce genre, qui est en somme exceptionnelle, nous semble être la situation régulière et normale, parce que c’est celle qui nous permet d’agir sur les choses et qui permet aussi aux choses d’agir sur nous : les voyageurs des deux trains ne peuvent se tendre la main par la portière et causer ensemble que s’ils sont « immobiles », c’est-à-dire s’ils marchent dans le même sens avec la même vitesse. […] Elle ne nous permet plus de distinguer deux catégories de chercheurs, dont les uns ne seraient que des manœuvres tandis que les autres auraient pour mission d’inventer.

1660. (1868) Curiosités esthétiques « II. Salon de 1846 » pp. 77-198

Le vrai coloriste ne peut pas en commettre non plus ; et tout lui est permis, parce qu’il connaît de naissance la gamme des tons, la force du ton, les résultats des mélanges, et toute la science du contre-point, et qu’il peut ainsi faire une harmonie de vingt rouges différents. […] C’est à quoi n’ont pas songé les gens qui ont tant raillé le dessin de Delacroix ; en particulier les sculpteurs, gens partiaux et borgnes plus qu’il n’est permis, et dont le jugement vaut tout au plus la moitié d’un jugement d’architecte. — La sculpture, à qui la couleur est impossible et le mouvement difficile, n’a rien à démêler avec un artiste que préoccupent surtout le mouvement, la couleur et l’atmosphère. […] Est-il raisonnable de permettre à quelques citoyens de s’abrutir et de contracter des idées fausses ? […] Les chiens sont taillés sur un certain patron de chien historique ; un berger historique ne peut pas, sous peine de déshonneur, s’en permettre d’autres. Tout arbre immoral qui s’est permis de pousser tout seul et à sa manière est nécessairement abattu ; toute mare à crapauds ou à têtards est impitoyablement enterrée.

1661. (1900) Quarante ans de théâtre. [II]. Molière et la comédie classique pp. 3-392

Louis XIV se résigna à Mme de Maintenon, qui l’aida à faire la seule chose qui lui fût encore permise : son salut, et M.  […] Puisque j’ai cité cette tirade, me permettra-t-on une petite observation de détail ? […] Nous avons de beaucoup reculé l’âge où il est permis à un homme d’aimer. […] Non, il ne vous est pas permis d’être noble et digne aux premiers actes, d’être pathétique au dernier. […] Enfin, pour le moment il n’y en a point ; c’est ce qui a permis à M. 

1662. (1891) Lettres de Marie Bashkirtseff

. — C’est comme je l’ai dit : ou je veux avoir tout ce que Dieu m’a permis d’entrevoir et de comprendre, alors c’est que je serai digne de l’avoir, ou je mourrai !  […] Le monsieur l’assura qu’il n’était nullement amoureux — (pauvre jeune fille), — et lui permit de se présenter, autant qu’il le voudrait. […] Est-ce qu’il ne serait pas permis de haïr un peu des gens qui vous dégoûtent ainsi de ce que vous étiez près d’admirer ! […] Mlle Canrobert m’a donné votre adresse, ce qui me permet de vous souhaiter toute sorte de bonheurs en Amérique. […] L’auteur a bien voulu nous permettre de reproduire ici ces pages intéressantes et difficiles à retrouver.

1663. (1858) Du vrai, du beau et du bien (7e éd.) pp. -492

. ; à tous ces raisonnements n’opposerez-vous pas cette réponse bien simple, que ce meurtre, utile peut-être à son auteur, n’en est pas moins injuste, et qu’ainsi sous nul prétexte il n’était permis ? […] C’est là peut-être aussi ce qu’il est permis d’entendre sous le biblique récit de l’arbre de la science62. […] Il n’est pas permis à l’homme d’abdiquer, sous aucun prétexte, ce qui le fait homme, ce qui le rend capable de comprendre Dieu et d’en exprimer en soi une imparfaite image, c’est-à-dire la raison, la liberté, la conscience. […] L’expression ne fournit pas seulement les règles générales des arts, elle donne encore le principe qui permet de les classer. […] Permettez-moi de prendre un exemple extrême, tragique et terrible.

1664. (1828) Introduction à l’histoire de la philosophie

L’honneur ne m’a pas permis de me corriger, et j’ai dû tout conserver pour n’avoir pas l’air de rien dérober à une critique ennemie. […] Royer-Collard et de M. de Biran, celle qui veut bien nous reconnaître pour interprète et nous permettre de la guider à travers les écueils semés sur sa route, n’a rien à voir avec la philosophie d’au-delà du Rhin. […] Je me permettrai de commencer l’histoire par l’histoire. […] Je me permets de recommander à votre attention la méthode qui nous y a conduits, car elle présidera à tout mon enseignement. […] ou ce rêve a-t-il quelque chance de se réaliser, et déjà dans le présent y a-t-il quelque symptôme qui nous permette d’y voir le germe de l’avenir ?

1665. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIIe entretien. Littérature américaine. Une page unique d’histoire naturelle, par Audubon (1re partie) » pp. 81-159

Depuis ce temps, auquel nous touchons encore, la jalousie et la défiance populaires, ces seules vertus de la démocratie américaine, qui la rendent stupide quand elles ne la rendent pas féroce, n’ont pas permis à une seule grande nature de citoyen d’arriver à la présidence de la république américaine ; ils ont craint que leur premier magistrat n’eût des pensées plus élevées qu’eux ; ils n’ont pardonné qu’à une certaine médiocrité du parti bourgeoisement probe et intellectuellement incapable de prévaloir dans les élections et d’exercer pour la forme une autorité centrale sans pouvoir, un certain rôle de grand ressort neutre de leur anarchie réelle, ressort qui obéit au doigt de la constitution démagogique, mais qui n’imprime ni halte ni mouvement. […] Il le faut, ou bien il faut déclarer que le continent nouveau, possession de l’Europe, appartiendra tout entier, dans vingt-cinq ans peut-être, à ces pionniers armés qui ne reconnaissent pour tout titre de leur usurpation que leur convenance, et qui permettent à leurs citoyens, comme Walker, de lever individuellement des escadres et des armées contre Cuba, pendant que leur général fédéral entre au nom de l’Union dans Mexico, et de là dans toutes les capitales de l’Amérique civilisée du Sud ! […] Permettre aux États-Unis de renouveler la folie du premier Empire, de mettre le blocus anti-européen, non plus sur leurs ports seulement, mais sur un monde, comme ils viennent de le proclamer, ce n’est plus une lâcheté seulement, c’est accepter les fourches caudines de New-York, c’est abdiquer la navigation, le commerce, le coton, le libre-échange, la marine du vieux monde, c’est ne plus vivre que de la mort de la vie !

1666. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIIe entretien. Madame de Staël. Suite. »

Je ne voulais pas être prise au dépourvu, s’il se permettait de m’offenser, car c’eût été manquer encore plus de caractère que d’esprit ; et, comme nul ne peut se promettre de n’être pas troublé en présence d’un tel homme, je m’étais préparée d’avance à le braver. […] « Vous savez, madame, qu’il ne vous avait été permis de sortir de Coppet que parce que vous aviez exprimé le désir de passer en Amérique. […] Le monument qui renferme les cendres de mon père et de ma mère, et dans lequel, si le bon Dieu le permet, les miennes doivent être déposées, était une des principales causes de mes regrets en m’éloignant des lieux que j’habitais ; mais je trouvais presque toujours, en m’en approchant, une sorte de force qui me semblait venir d’en haut.

1667. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre II. L’antinomie psychologique l’antinomie dans la vie intellectuelle » pp. 5-69

Quoi qu’il en soit, la conception transcendantaliste de l’intuition ne permet pas d’opposer le moi à autrui, la pensée individuelle à la pensée sociale. […] L’idée idéale est à la fois celle qui, venant de lui, justifie ses désirs et lui permet de les satisfaire. […] L’acte de foi dans la bonté de la nature humaine répond à un acte d’énergie, à une affirmation de vitalité de la part d’une humanité qui veut vivre, qui se sent forte et à qui sa surabondance de force permet d’abandonner sans terreur ses vieux foyers et ses vieux abris, pour se lancer à la poursuite de l’inconnu.

1668. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 mai 1885. »

Haydn était considéré comme le professeur de Beethoven, et celui-ci, ne voulait, absolument, point lui accorder ce titre : souvent, aussi, il se permettait, envers le vieux maître, des sorties de son exubérance juvénile. […] N’est-ce point que la nature ait donné à cet homme un cerveau d’une extrême délicatesse, mais destiné, seulement, à permettre la contemplation intérieure ? […] Mais sa nature lui permettait de vivre sans demander au monde aucune jouissance d’agrément extérieur ; et il en est résulté pour lui une nécessité moindre, aussi bien à faire des œuvres rapides et superficielles, qu’à s’efforcer vers la satisfaction d’un goût avide, seulement, de distractions plaisantes.

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