On dit que Casanove tenait depuis cinq à six ans renfermé dans une maison de campagne, un jeune peintre appelé Loutherbourg qui finissait ses tableaux, et peu s’en faut que la chose ne soit démontrée.
Ce peintre-ci ne manque pas de couleur, en travaillant il peut aller loin ; il faut s’y connaître pour concevoir cette espérance.
En effet, les peintres qui ont l’imagination la plus lucide, ceux qui font de mémoire un portrait entier, Horace Vernet14, qui peignait de tête des uniformes compliqués, n’ont pas d’hallucinations ; ils ne confondent pas leurs représentations mentales avec les objets extérieurs ; sauf exception, tous déclarent que, pour eux, elles restent toujours mentales. — C’est qu’ici joue un mécanisme dont l’emploi est universel dans notre intelligence. […] Alors un mot du peintre nous est revenu, et là-dessus elle a reculé encore, au-delà d’une limite presque précise, celle que marque l’image des feuilles vertes et que désigne le mot printemps. […] Tel est le cas lorsque je prévois que je retournerai chez mon peintre. […] Il faut qu’un nouveau détail intervienne pour donner, après les coups multipliés de bascule en avant, un coup de bascule en arrière, ce qui l’emboîte et l’intercale entre deux futurs. « Je verrai mon peintre, pas aujourd’hui, ni demain, mais après-demain, pas après-demain dans la matinée, mais dans l’après-midi, en sortant de la bibliothèque, avant de rentrer pour dîner. » — Dans ce jeu perpétuel qui a cessé de nous étonner parce que nous en vivons, l’image glissante est effectivement contemporaine de la sensation ou de l’image qui la fait glisser, et cependant il semble qu’elle soit située en avant ou en arrière.
Peintre de la passion, il réagit contre Quinault sans revenir à Corneille. Il laissa la tragédie politique, la psychologie des sentiments médiocres et des caractères froids ; mais il chassa de la scène la fade galanterie On lui a reproché d’avoir modernisé tous ses sujets, et l’on n’a voulu voir en lui que le peintre des moeurs de cour, affinées et polies : il est vrai que quelques-uns de ses jeunes premiers, Xipharès ou Bajazet, Tendres, galants, doux et discrets, ont un peu l’air de courtisans français, très idéalisés. […] Si les deux peintres rendent la même passion, quoi d’étonnant qu’ils dessinent le même geste, et que les deux pères emploient la même ruse pour s’assurer de la rivalité des deux fils ? […] Racine, au contraire (mettons à part Suétone qui lui fournit Bérénice : le sujet n’a pas été choisi par lui), Racine prend Britannicus à Tacite, le plus grand peintre de l’antiquité ; Mithridate, à Plutarque, le biographe dramatique, où Shakespeare allait aussi chercher la poésie des passions.
Gustave Boulanger, artiste peintre. […] Peintre excellent de sensations vivantes et personnelles, M. […] Rogelio de Egusquiza (1845-1915) est un peintre basque. […] Il décide de devenir un « peintre wagnérien » et il réalise deux portraits du compositeur en 1883.
Si donc on veut de cette femme un ensemble, si on la tire du demi-jour des mémoires et du profil fuyant qu’elle y découpe, c’est apparemment dans un intérêt, sinon d’histoire, au moins d’imagination et de nature humaine ; c’est pour lui faire tomber la lumière d’aplomb et de face sur la tête et sur le visage, et il faut alors que le peintre crée, par sa peinture, l’intérêt que son modèle n’a pas ! […] Comme peintre, il faut mettre M. […] Mais le Richardson historique qui n’a pas rencontré de Clarisse parmi les Longueville, les Sablé, les Chevreuse, est aujourd’hui aussi froid et aussi ennuyeux que le peintre de Grandisson, en nous racontant la vertu d’une femme qui pour tout Lovelace eut… Louis XIII ! […] Mais tout ce qui n’était pas Mme de Hautefort n’existe pas pour le peintre, absorbé, perdu dans la contemplation de son modèle.
Madame de Staël disait : « Ceux qui se ressemblent se devinent. » Aussi, pour que la gloire jaillisse bien, et dans toute sa force, du visage que l’historien a pour devoir d’éclairer, il faut, entre le peintre et le modèle, des pentes de nature, des analogies de tempérament au moins intellectuel, et de telles rencontres de génie ne se répètent pas à tous les siècles. […] Quand madame de Maintenon aura trouvé un peintre qui s’ajuste à elle, nous serons tout étonnés de n’avoir pas vu dans cette femme ce que très aisément il nous montrera.
Excellent tout le temps qu’il n’est qu’historien et peintre, il n’a plus la même valeur quand, des faits qu’il décrit avec une si pénétrante ironie, il veut monter dans les généralités philosophiques et, dominant Soulouque et son empire, regarder plus haut que cette tête crêpue et ce globe impérial fait avec une boule de jongleur. […] La nature vraie du nègre aurait échappé à ce rude peintre, qui en fait saillir si admirablement les grimaces quand elles s’individualisent dans quelqu’un, et, comme tant d’autres, cet esprit, qui semblait n’avoir rien de commun avec les badauderies contemporaines, y échouerait… ce ne serait rien de plus qu’un homme à la mer !
Cette grâce, cette expression douce et légère qui embellit en paraissant se cacher, qui donne tant de mérite aux ouvrages et qu’on définit si peu ; ce charme qui est nécessaire à l’écrivain comme au statuaire et au peintre ; qu’Homère et Anacréon eurent parmi les poètes grecs, Apelle et Praxitèle parmi les artistes ; que Virgile eut chez les Romains, et Horace dans ses odes voluptueuses, et qu’on ne trouva presque point ailleurs ; que l’Arioste posséda peut-être plus que le Tasse ; que Michel-Ange ne connut jamais, et qui versa toutes ses faveurs sur Raphaël et le Corrège ; que, sous Louis XIV, La Fontaine presque seul eut dans ses vers (car Racine connut moins la grâce que la beauté) ; dont aucun de nos écrivains en prose ne se douta, excepté Fénelon, et à laquelle nos usages, nos mœurs, notre langue, notre climat même se refusent peut-être, parce qu’ils ne peuvent nous donner, ni cette sensibilité tendre et pure qui la fait naître, ni cet instrument facile et souple qui la peut rendre ; enfin cette grâce, ce don si rare et qu’on ne sent même qu’avec des organes si déliés et si fins, était le mérite dominant des écrits de Xénophon. […] Dans l’autre on croit voir Socrate même, et le peintre disparaît.
Anseaume sont, l’Isle des Foux, le Peintre amoureux de son modele, la Clochette, les Chasseurs & la Laitiere.
Son meilleur Ouvrage est celui qui a pour titre : Entretiens sur les Vies & les Ouvrages des Peintres anciens & modernes, dont la meilleure édition est celle de Trévoux, six vol.
Ce peintre a relégué son purgatoire dans un coin de son tableau.
Challe Mais dites-moi, Monsieur Challe, pourquoi êtes-vous peintre ?
C’est… un mauvais peintre ; c’est un sot qui ne sait pas que celui qui tente la scène de Bélisaire s’impose la loi d’être sublime.
Les peintres trouvent, dans les plus beaux jours de la Grèce, un Apelle, un Zeuxis, un Parrhasius. […] Les peintres du siècle d’Auguste n’ont encore aucune supériorité sur leurs rivaux du côté du nombre. […] On voyoit des sculpteurs n’estimer leurs ouvrages, que parce que des peintres y avoient mis la main. […] Cependant, de quelque jalousie d’état dont les peintres & les sculpteurs aient été dévorés en différens temps ; quelque rivalité qu’il y ait eu de peintre à peintre ou de sculpteur à sculpteur, jamais le public, à l’exception de la haine extrême de Michel Ange pour Raphaël, & de Le Brun pour Le Sueur, n’a vu, de leur part, des scènes trop vives. […] Les peintres, les sculpteurs & les graveurs ne forment qu’une même académie.
« … Plus tard, je continuai, à des dates éloignées, et je griffonnai des vers comme un peintre des croquis, au bas d’un registre de comptes, au revers d’un devoir de mes enfants, ou de pages lignées d’une fine et serrée écriture qui s’est faite glorieuse.
On verra toujours avec plaisir dans le Poëme des quatre parties du Jour, quatre Tableaux des plus agréables, où le Peintre a su réunir sans effort tout ce qui peut plaire aux Connoisseurs.
J’ai donc pensé que je dégageais un sentiment et une ressemblance de plus entre nous, en dédiant à l’auteur des Artistes vivants, ces Romanciers vivants, qui sont aussi des peintres ou des sculpteurs, à leur façon, comme vos artistes, puisque, comme eux, mais avec des procédés différents, ils s’efforcent d’exprimer la Vie et veulent atteindre à la Beauté.
Il arrivait précédé par sa réputation de peintre spirituel des mondanités et des élégances parisiennes : l’aristocratie anglaise crut avoir trouvé en lui un dessinateur, un artiste tout à son gré et à son choix, comme elle l’eut bientôt dans Eugène Lami. […] Les combats des rats et du terrier à Londres ont eu en Gavarni le plus spirituel des peintres narrateurs. […] Dans la première moitié de son œuvre, on a un charmant petit maître dont le crayon se joue aux costumes et aux ridicules : dans la seconde, c’est un dessinateur vigoureux, coloré, d’un grand caractère, un vrai peintre par le génie du crayon.
Cervantes nous est le meilleur témoin de lui-même et son meilleur peintre au physique comme au moral, quand il veut bien l’être. […] Cela est vrai pour les peintres comme pour les critiques. […] Mais nous tous, critiques ou peintres, en revenant si tard sur le sincère et gai chef-d’œuvre, n’oublions jamais ce qu’il est à la source.
Depuis des années qu’il creuse et qu’il fouille, il a trouvé, — pas autant qu’il le voudrait et qu’il le croit, — il a trouvé pourtant assez pour modifier un peu les idées sur ce grand écrivain et peintre, La Bruyère ; il a permis de fixer des points qui, vagues ou incertains jusqu’ici, sont acquis désormais et ne varieront plus. […] Nous avons affaire à un peintre en effet, non à un homme d’action, d’intrigue et de mouvement. […] Il aura à compléter ce qu’on sait du grand peintre moraliste par quelques lettres inédites nouvelles qu’il a en main et qui proviennent de l’héritage des Condés.
Dans ce genre d’histoire parfait, l’historien n’est plus seulement un annaliste : il est citoyen, il est moraliste, il est politique, il est poète, il est peintre, il est législateur, il est apologiste, il est satiriste, il est homme d’État, il est juge, il est instituteur des nations, il est Tacite. […] Mais poursuivons l’étude, et, après avoir vu le sage et le politique, voyons le peintre. […] C’est le Molière grave et politique des peuples en révolution ; le peuple romain pose, non-seulement devant son peintre, mais devant son juge.
Au reste, je ne voudrais pas répondre que Napoléon n’eût lui-même suggéré au peintre cette idée du cheval fougueux ; il aimait les genres tranchés, comme il disait ; il les aimait jusqu’au point de ne pas haïr le convenu. […] J’aime les peintres et les poètes, et ce n’est pas moi, certes, qui voudrais les amoindrir ; mais je ne puis m’empêcher de noter les différences. Un grand peintre, un grand poète descriptif, Chateaubriand, voyage, quelques années après, en Orient, pour y chercher des couleurs.
Saint-Simon, dans ses mémoires, a tellement rendu au vif cette entrée de Fénelon à la Cour, cette initiation dans le petit monde particulier de Mme de Maintenon, des ducs de Beauvilliers et de Chevreuse, cette rapide fortune de l’heureux prélat, sitôt suivie de tant de vicissitudes et de disgrâces, tout ce naufrage d’espérances qui est aujourd’hui une touchante partie de sa gloire, qu’on ne saurait que renvoyer à un tel peintre, et que ce serait profanation de venir toucher à de pareils tableaux, même lorsqu’on peut croire qu’il y a quelques traits hasardés. […] Sur ce point nous croyons que le tableau du grand peintre doit subir, pour rester vrai, un peu de réduction, et que sa verve s’est donné trop de saillie. […] Directement il l’avait vu très peu, et il nous en avertit : « Je ne le connaissais que de visage, trop jeune quand il fut exilé. » C’était assez toutefois à un tel peintre qu’une simple vue pour saisir et rendre merveilleusement le charme : Ce prélat, dit-il, était un grand homme maigre, bien fait, pâle, avec un grand nez, des yeux dont le feu et l’esprit sortaient comme un torrent, et une physionomie telle que je n’en ai point vu qui y ressemblât, et qui ne se pouvait oublier quand on ne l’aurait vue qu’une fois.
Je n’en dirai pas plus sur ce vice essentiel, sur cette souillure qu’il est si pénible d’avoir à rencontrer et à dénoncer chez un si grand écrivain et un si grand peintre, chez un tel homme. […] La sensualité de pinceau, à ce degré, ne saurait déplaire ; elle est sobre encore et n’est pas masquée, ce qui la rend plus innocente que celle dont bien des peintres ont usé depuis. En tout, comme peintre, Rousseau a le sentiment de la réalité.
Un Anglais du seizième siècle, génie sublime et inculte, ignorant les règles du théâtre, et les suppléant par tous ces artifices qu’un heureux instinct suggère, avait, dans ses drames monstrueux, étendu indéfiniment l’espace et la durée, renfermé des lieux et des années sans nombre, confondu les conditions et les langages, méconnu ou violé le costume distinctif des époques et des contrées diverses ; mais, observateur attentif et peintre fidèle de la nature, il avait répandu, dans ses compositions désordonnées et gigantesques, une foule de ces traits naïfs, profonds, énergiques, qui peignent tout un siècle, révèlent tout un caractère, trahissent toute une passion. […] Que dirait-on d’un peintre qui, retranchant de ses paysages les premiers plans où tout doit être distinct, les réduirait à ces lointains où tout est vaporeux, confus et indéterminé ? […] Si je pouvais me croire le droit de leur adresser quelques avis, je leur dirais : Laissez enfin pour morts ces héros de la Grèce et de Rome, que nos poignards tragiques ont épuisés de sang ; faites revivre les personnages des âges chrétiens et chevaleresques : mais gardez-vous d’appliquer à ces sujets d’un temps barbare, les règles d’une poétique plus barbare encore, et n’imitez pas ce peintre de nos jours, qui voudrait représenter les princes et les guerriers du dixième siècle, dans le style gothique des vitraux de leurs chapelles, ou du marbre de leurs tombeaux.
Il est moraliste et il est peintre. Moraliste à la manière de Théophraste et de La Bruyère, mais peintre avec une tout autre manière, sur laquelle je veux insister. […] Quoique l’auteur de l’Histoire de la Comédie soit de la plus étonnante impersonnalité, quoique dans ces deux volumes il n’ait pas (si je ne me trompe) écrit le mot moi, même par distraction, une seule fois, il n’en est pas moins un peintre spirituel, ingénieux, cherché, efforcé, très intense.
et que le cœur est meilleur peintre que les yeux ! […] Platon peintre pense, comme Platon philosophe, que l’idée divine et immortelle qui fait notre âme témoigne de son origine. […] Il nous semblait voir les grands portraits de Versailles descendre de leurs cadres, avec l’air de génie qu’ils ont reçu du génie des peintres. […] Il est curieux, quand on a connu l’homme de cour par les écrivains et par les peintres, de connaître par Saint-Simon le véritable homme de cour. […] Elle ressemble à ces anciens peintres qui faisaient toutes les nuances avec cinq ou six couleurs.
Mercredi 29 février Dans cette intimité qui se fait entre un peintre et son modèle, Raffaëlli me conte sa vie à déjeuner. […] Mais à Rome, plus d’argent, et les voyageurs sans le sou, quand un peintre dont ils avaient fait connaissance, aide Raffaëlli à vendre un tableau, avec l’argent duquel il peut gagner Naples, où un hasard heureux le met en rapport avec une famille anglaise, qui lui demande des leçons pour deux grandes filles. […] Et ce livre je le composerai de quatre études : une sur Okousai le rénovateur moderne du vieil art japonais ; une sur Outamaro, le Watteau de là bas, une sur Korin, et une autre sur Ritzono, deux célèbres peintres et laqueurs. […] Dimanche 10 juin On causait dans la journée, de Jules Breton, le peintre et le poète, qui a une propriété dans les environs d’ici. […] Il y a à vingt pas d’ici, une crémerie qui, d’après des photographies, qu’on ferait peindre par un peintre de charcutier, donnerait un décor cent fois plus réel.
Mais aussi le peintre et le musicien ne sont-ils point tenus de sculpter la pierre ou le marbre.
Orphée ne fut pas plus mal entre les mains des Bacchantes, que je le serais entre les mains de nos peintres.
Cette circonstance ne fait aucun tort à l’historien, à ce peintre du cœur humain ; elle ajoute à l’horreur du tableau que forment tant d’innocences victimes & l’ame attroce du tyran qui les voit expirer. […] En Italie, en Angleterre, les peintres & les gens de lettres, excellens copistes, sont mis à côté des originaux : mais, en France, un copiste en peinture, comme en toute autre chose, seroit réputé n’avoir aucun talent.
C’est ainsi qu’on voudrait faire passer pour un sot doux Bernardin de Saint-Pierre, qui fut un peintre de grand talent. […] Il faut en prendre son parti : l’auteur de Paul et Virginie est un grand peintre.
Il importe de savoir comment un peintre travaille, pour juger si l’attention chez lui est forte ou faible, etc. Il pourrait arriver aussi que le témoignage de l’œuvre fût menteur, et l’on ne saurait conclure sans erreur du sentiment religieux de leurs tableaux à la sincère piété de tous les peintres italiens du xve siècle.
Il fallait une femme qui fût peintre idolâtre de la mode et peintre moqueur de nos mœurs.
Dumas tient l’auteur du Retour du Christ pour « un poëte, un peintre, et peut-être un prophète ». […] Dumas, ce fier et malhonnête contempteur de la matrice humaine, se met à en glorifier une, qui, si elle ne renferme pas l’infini, renferme la toute-puissante triplicité du peintre, du poëte et du prophète ; des choses si grandes que les hommes les ont appelées divines !
C’était un Allemand, — un musicien chez qui la musique a toujours bourdonné autour de la pensée, — un peintre qui confondait, comme beaucoup d’autres venus après lui et qui ont élargi son erreur, les procédés de la peinture avec les procédés littéraires, — c’était, enfin, une sensibilité d’artiste soumise à toutes les variations du baromètre, bien plus qu’une intelligence d’inventeur… L’à-propos de l’heure fit sa fortune. […] Outre les sept Contes posthumes dont nous avons parlé, il contient la notice biographique par le conseiller Frédéric Rochlitz, qui fut publiée en 1822 par la Gazette de Leipzig, quelques traits sur la caractéristique d’Hoffmann, une correspondance de sa jeunesse, des extraits de son livre de notes, sa correspondance musicale, enfin des portraits et des dessins de ce singulier tohu-bohu vivant d’artiste, qui avait en lui trois aptitudes auxquelles il se suspendait tour à tour, ne sachant s’il devait être poète, musicien ou peintre, — embarras que, par parenthèse, n’éprouve point un homme de génie, dont la vocation est l’immaîtrisable élan de ses facultés !
S’il y a un de ces traits de peintre qui restent, vivants et tenaces, sur la toile de nos esprits, comme, par exemple, celui de ces « loups affamés qui, de leurs flancs amaigris, faisaient ceinture aux monastères, et, de leurs hurlements, répons aux psaumes chantés par les moines, aux offices de nuit », allez ! […] mais d’un écrivain farouchement énergique, d’un peintre de pirates convertis, d’Orderic Vital !
Eh bien, puisqu’il ne pouvait être un peintre divinateur comme Vigny, c’était un critique comme La Touche que Sainte-Beuve devait se contenter d’être en parlant de Guérin, cet « André Chénier du panthéisme », comme il ne l’appelle pas, mais comme il dit qu’on l’a appelé ! […] Chateaubriand est le Poussin du paysage ; pourquoi mêle-t-il des ambitions étrangères à son magnifique talent de peintre des choses naturelles ?
Et l’a-t-il peint ainsi parce qu’il l’a vue ainsi, — car les peintres ont parfois des organes dont ils sont les victimes, — ou parce qu’elle est véritablement ainsi, cette Russie, au fond si peu connue, cette steppe en toutes choses, cette platitude indigente, immense, infinie, décourageante, et qui est partout dans les mœurs russes, dans les esprits, dans les caractères ? […] … Il l’a dit un jour à Pouchkine : « Nous connaissons tous fort peu la Russie. » Mais alors, si vous ne la connaissez pas, peintre de mœurs, pourquoi en parlez-vous ?
Mais si le peintre, le poète ou l’orateur, se fait une habitude de cette manière, la nature disparaît, l’illusion est détruite, et l’on ne voit plus que l’effort de l’art, qui, dans tous les genres, pour produire son effet, a besoin de se cacher. […] S’il faut à l’orateur, comme un peintre, des physionomies à caractère, on peut dire qu’il n’y en eut jamais une plus marquée que celle-là.
Le Public eût joui alors sans danger du fruit de ses talens, & ses tableaux ne ressembleroient pas à ceux des Peintres de nudité, qu’il faut dérober à tous les yeux.
Il fut Peintre & Poëte ; mais son Poëme de Arte Graphicâ est moins estimé que ses tableaux, qui, dit-on, approchent de ceux du Titien par le coloris, & de ceux de Carrache par le dessin.
L’imagination du peintre est remontée jusqu’au temps de l’événement, et le tout est touché fièrement.
J’y étais, chez M. le baron d’Holbach, lorsqu’on lui montra deux pastels de Meings, aujourd’hui, je crois, premier peintre du roi d’Espagne.
Belle, peintre de batailles célestes, rival de Milton !
Ce peintre ne pense ni ne sent.
Il est composé dans la manière de Le Sueur à qui le peintre a pris son saint Dominique.
Qui dit peintre, dit visuel. […] Quand il se compare au sculpteur ou au peintre, il se trompe ou il s’amuse. […] Les peintres, par leur art, n’atteignent jamais qu’à une ressemblance imparfaite. […] Cinq peintres de talent peindront différemment le même paysage. […] Mais laissons les peintres.
Ce Casanove est dès à présent un homme à imagination, un grand coloriste ; une tête chaude et hardie ; un bon poète ; un grand peintre.
Crane traça alors, au tableau noir, le chêne réaliste du peintre de paysage et le chêne décoratif du dessinateur. […] Le peintre lui-même débutait par le broyage des couleurs. […] Son exercice forme l’œil et la main du peintre, son abus produit, dans son œuvre, un pur effet de pose et de joliesse. […] Le peintre français se sert du modèle simplement pour l’étude et pour l’achèvement du tableau, il se met en face de la vie. […] Whistler qu’il lui est inférieur comme peintre et artiste.
Il y gagna quelque argent et apprit à dessiner chez le fameux peintre Scipion Cavaletti. […] J’étais alors lié de la plus étroite amitié avec un jeune homme de mon âge, qui était garçon orfèvre, et s’appelait François, fils de Philippe, Fra Philippi, très excellent peintre. […] « La femme de Sigismond Chigi, qui était fort belle et fort aimable, me voyant souvent dans sa maison, s’approcha un jour de moi, et, me regardant dessiner, me demanda si j’étais peintre ou sculpteur. […] Il voulut alors se réconcilier avec moi, en m’envoyant le peintre dont j’ai parlé, et me promettant d’autres ouvrages à lui faire ; mais je lui dis que je travaillerais volontiers pour lui, à condition qu’il me payerait d’avance. […] Le peintre Jules Romain, et Jean Francisco, disciple de Raphaël, étaient de nos amis.
* * * — Marchal le peintre, déjeunant le matin, en son habit de soirée, à la crémerie, avec les domestiques de la maison où il avait été invité au bal, connaissait les secrets de tous les riches intérieurs de Paris. […] Dans l’après-midi on trouvait presque toujours, tenant compagnie à Valentin, le peintre Hafner, le naturiste coloriste, le maître des champs de choux violets, l’original artiste à l’aspect de caporal prussien, et déjà ivre depuis le déjeuner, et qui, le menton calé sur sa canne, en la pose que j’ai vue à l’oncle Shandy, dans une vieille illustration du roman de Sterne, regardait vaguement travailler son ami jusqu’à l’heure du dîner. […] On utilisera pour cela, les peintres et les sculpteurs sans ouvrages : on leur associera des régisseurs, des acteurs, tous les gens dont le métier est de disposer plastiquement une scène. […] * * * — Un rêve de Deshayes, le peintre.
Lui qui devrait avoir plus d’esprit que cette cruche vide de Courbet, il croit, comme lui, que tous les objets sont égaux devant la peinture, et il peint n’importe quoi, avec la fureur glacée du parti pris, comme Courbet, qu’il n’égale même pas ; car la langue, cette palette des peintres littéraires, n’a de valeur que par l’âme qu’on infuse dans les mots, et s’ils n’ont pas d’âme, ils sont, plastiquement, bien inférieurs à la couleur matérielle. Et c’est ainsi qu’en se tuant d’efforts l’écrivain qui, avec les mots seuls, et leurs entassements et leurs surcharges, croit arriver aux résultats du peintre plastique, comme M. […] Théophile Gautier, — qui était un peintre littéraire et qui s’appelait encore, par-dessus le marché, « un gaufreur », — Gustave Flaubert, dont Zola relève par la phrase comme un vassal de son suzerain, nous ont bien trop accoutumé à leur manière, à leur style d’une matérialité presque dense, à leur couleur bombante qui approche du relief, pour que nous soyons fort étonné et fort ravi des descriptions de M. […] Et cependant, — ajoute-t-il, ce prodigieux peintre de fromages !
Le désir du mieux, quand il ne mène pas tout simplement au bien, n’est que la tentation de se laisser aller à ce que les peintres appellent empâter les couleurs, ce qui est proprement charger de fard un visage où l’on n’a pas su mettre la vie.
Watelet est, tout à la fois, Peintre & Poëte ; ses préceptes sont aussi solides, que ses descriptions sont justes & naturelles.
Celui des Ruines de la foire Saint-Germain où le peintre a choisi le moment qui succède au danger ; où les braises ardentes éclairent les débris de l’édifice et les lieux circonvoisins ; où les hommes épuisés se reposent de leurs fatigues, et se remettent de leur effroi ; où les uns sont spectateurs oisifs, et les autres éteignent dans une mare d’eau des poutres, des solives à demi consumées ; où chacun travaille à reconnaître ses effets entassés pêle-mêle ; cette ruine, dis-je, a de l’effet.
Cette arrivée du roi est peinte par Joinville avec une vivacité brillante où l’affection et l’admiration se confondent : Là où j’étais à pied avec mes chevaliers, ainsi blessé comme je l’ai dit devant, vint le roi avec toute sa bataille (avec sa troupe) à grand fanfare et à grand bruit de trompes et timbales, et il s’arrêta sur un chemin levé (une chaussée)u : jamais si bel homme armé ne vis, car il paraissait au-dessus de tous ses gens, des épaules jusqu’à la tête, un heaume doré en son chef, une épée d’Allemagne en sa main… Peintres de batailles, que vous en semble ? […] On le voit, Joinville est peintre, au milieu de toutes ses inexpériences premières, il a un sentiment vif qui le sert souvent avec bonheur, et il montre, comme écrivain, de ravissants commencements de talent. […] Au xiiie siècle on était, ce me semble, sur la voie des vraies images, comme les anciens ; mais depuis la société s’alambiqua ; on s’enferma dans les salons, et il fallut tout un effort à quelques peintres du xviiie siècle pour revenir à l’image naturelle, en sortant de l’abstrait et du factice : aussi sent-on chez eux comme l’effort d’une conquête.
On sait ce que Saint-Simon a dit de ses père et aïeul, et quels portraits séduisants ou vigoureux : il en a tracés : il a manqué à celui-ci un peintre. […] Je vais mettre à la suite, faute de portraits de la main d’un grand peintre, quelques esquisses faites pour donner une juste idée du personnage éminent qui passa, en quelque sorte, à côté de l’histoire sans y entrer. […] Le style manque à ce peintre de high life, comme disent nos voisins.
Aimez donc votre sujet, épousez-le, embrassez-le, biographe ou peintre ; et, s’il y a doute et conflit, prenez parti pour, plaidez pour : ne rendez pas les armes dès le premier moment. […] Un jeune peintre, élève de David, avait été présenté à elle et à Alfieri dans les dernières années : Fabre de Montpellier (c’était son nom), grand prix de Rome, s’était arrêté à Florence et avait fait le portrait des deux amis. […] On sait le mot de la duchesse de Chaulnes, près de se remarier avec M. de Giac : « Une duchesse n’a jamais que trente ans pour un bourgeois. » Bonstetten, qui, revit Mme d’Albany en 1807, a dit sans plus de façon : « Elle vivait avec le peintre Fabre, qui n’habitait point dans sa maison, mais qui mangeait avec elle.
Il est narrateur, il n’est pas peintre ; il ne l’a été que cette fois, dans ce premier ouvrage, sous le double rayon du soleil d’Italie et de la jeunesse. […] Il faut savoir que Sismondi avait ou aura les yeux fort mauvais, des yeux impossibles pour un peintre ; il ne distinguait que de près et imparfaitement. […] Charles Nodier méditait et rêvait vers ce même temps son Peintre de Saltzbourg ; il ne se peut certes rien de plus éloigné de Sismondi que Charles Nodier, et cependant on croit entendre, de l’un à l’autre, à distance, comme un vague écho qui se répondait.
Son père était peintre de blason. Le frère de son père, Constant Desbordes, fut, dans toute l’acception du mot, un bon peintre de portraits, ami de Gérard, estimé de M. de Forbin. […] La Révolution avait réduit à néant, comme l’on peut croire, le métier d’un peintre en armoiries : il fallut pourvoir autrement à la subsistance.
J’avais déjà remarqué, dans le même jardin, sa redingote râpée qui se boutonnait jusqu’au menton, son feutre déformé que jamais brosse n’avait brossé, ses cheveux longs comme un saule, et peignés comme des broussailles, ses mains décharnées, pareilles à des ossuaires, sa physionomie narquoise, chafouine et maladive, qu’effilait « une barbe nazaréenne ; et mes conjectures l’avaient charitablement rangé parmi ces artistes au petit-pied, joueurs de violon et peintres de portraits, qu’une faim irrassasiable et une soif inextinguible condamnent à courir le monde sur la trace du Juif-errant. » Nous vîmes simplement alors un grand et maigre jeune homme de vingt et un ans, au teint jaune et brun, aux petits yeux noirs très-vifs, à la physionomie narquoise et fine sans doute, un peu chafouine peut-être, au long rire silencieux. […] Ou encore c’était le peintre en vitraux qui coloriait et peignait ses figures par parcelles, en attendant que la grande rosace fût montée. […] Il avait plus d’un rapport, en ces moments, avec le peintre paysagiste La Berge, mort d’épuisement sur une herbe ou sur une mousse.
Il leur parla du christianisme, de Tacite, de cet historien, l’effroi des tyrans, dont il prononçait le nom sans peur, disait-il en souriant ; soutint que Tacite avait chargé un peu le sombre tableau de son temps, et qu’il n’était pas un peintre assez simple pour être tout à fait vrai. […] À propos de ce mot qu’on vient de lire sur Tacite, je crois vrai de remarquer que l’éloquent historien que Racine appelait le plus grand peintre de l’Antiquité, l’historien philosophe, qui a été si en honneur durant, tout le xviiie siècle, est moins en faveur depuis quelque temps. […] Il y a un certain degré de talent dans le peintre, qui peut sans doute donner à celui-ci la tentation de créer ou d’achever quelquefois son objet.
Mais, mon ami, quand nous laisserions là un moment le peintre Doyen pour nous entretenir d’autre chose, croyez-vous qu’il y eût si grand mal ? […] C’est très-bien fait au peintre de l’avoir placé dans la demi-teinte. […] Mais cela est peut-être impossible, du moins cette alliance ne s’est point encore vue ; et le premier de tous les peintres n’est que le second dans toutes les parties de la peinture.
L’auteur des Horizons prochains est évidemment une âme active, plus active que contemplative, quoiqu’il y ait de la contemplation dans tout peintre de la nature et de l’âme humaine. […] L’auteur, nous l’avons vu plus fort, plus peintre, plus savant de touche dans Michelet, avant que Michelet eût dégradé sa palette ; mais ce que nous n’avons vu nulle part, c’est la tendresse infinie qui imbibe ces pages où l’esprit parfois étincelle ! […] Cela est presque naïf, mais d’un autre naïf que celui du Fiesole, le peintre de paradis.
Alors, soit dans l’atelier élégant et curieux que le tableau d’un peintre d’intérieur a fait connaître au public, soit plutôt encore dans un atelier retiré et plus modeste où elle se rend tout à fait inaccessible, — là, devant des modèles, ou ceux des maîtres ou ceux de la nature vivante, elle travaille et jette sur le papier ses aquarelles hardies et franches qui luttent de vigueur et d’éclat avec l’huile. […] Charles Giraud (le jeune) a peint l’intérieur de l’atelier de la princesse, et le spirituel peintre d’animaux, Jadin, nous a rendu au naturel et avec finesse ses chiens favoris, ce qu’elle appelle sa petite Meute.
Pour peindre ressemblant, il ne faut pas que les peintres soient amoureux de leurs modèles, et MM. de Goncourt étaient positivement amoureux du xviiie siècle. […] Il avorta lâchement dans la monstruosité… En traçant ce portrait, le peintre qui tenait le pinceau ne l’a pas laissé mollir une seule fois.
Et l’a-t-il peinte ainsi parce qu’il l’a vue ainsi, — car les peintres ont parfois des organes dont ils sont les victimes, — ou parce qu’elle est véritablement ainsi cette Russie, au fond, si peu connue, cette steppe en toutes choses, cette platitude indigente, immense, infinie, décourageante, qu’il nous présente dans les mœurs russes, dans les esprits, dans les caractères ? […] » Mais alors, si vous ne la connaissez pas, peintre de mœurs, pourquoi en parlez-vous ?
Peut-être l’auteur du Marquis des Saffras trouverait-il par là une glorieuse voie, mais, d’un autre côté, dans un pays où le théâtre a une législation si étroite et si dure, M. de La Madelène doit-il rester dans le roman pour conserver toute son acuité de moraliste, et, comme peintre de mœurs, toute son ampleur d’observation ! […] M. de La Madelène est un de ces esprits qui n’ont pas besoin de l’amour, cette tyrannie des imaginations françaises, pour se montrer moraliste profond et peintre dramatique passionné.
Jules Barbey d’Aurevilly Nous aimons à louer, avec ferveur et sympathie, un talent très réel, très ému, très naturel et aussi très cultivé, mais il faut bien reconnaître que M. de Châtillon, triple artiste, peintre, sculpteur et poète, qui n’est pas un jeune homme sans expérience, et dont le début pour le public n’est pas un début pour la muse, n’a pas su préserver un talent d’une inexprimable délicatesse, des épaisseurs et des grossièretés de l’art de son temps.
. — L’Émail des peintres (1866). — L’Art de l’émail (1868). — Les Vieux Arts du feu (1869). — Cinq octaves de sonnets (1875). — Le Songe de Polyphile, trad. (1880). — Hist.
Avertir des défauts qui lui échappent un Peintre habile, entre les mains de qui on voit un pinceau capable de tout, c’est se montrer jaloux de sa gloire & non de son merite ; c’est lui indiquer les routes de la perfection, & concourir foiblement à la vérité, mais toujours concourir aux chef-d’œuvres que le Public a droit d’attendre de ses talens.
Ses Pieces de Théatre annoncent l’Observateur, le Critique, le Peintre habile du ridicule ; son talent principal est de saisir la Nature, de la développer avec adresse, & de la peindre avec une piquante précision.
Le peintre a eu une idée forte, mais il n’a pas su en tirer parti.
Au reste ce peintre est à peu près en peinture ce que l’Arioste est en poésie.
il faut que ni le peintre ni l’homme n’aient vu de leur vie un portrait de Vandick, ou bien c’est qu’ils n’en font point de cas.
Guys n’a vraiment qu’une valeur, c’est d’être le peintre de la basse putain, dans le raccrochage du trottoir. […] J’ai la visite, ce matin, de deux Allemandes, les demoiselles Hirschner, dont l’une est peintre, et l’autre femme de lettres, et qui aurait, sous le pseudonyme d’Osipp Schubin, combattu en Allemagne pour ma gloire. […] La femme de lettres me dit avoir donné : La Maison d’un artiste au petit-fils de Schiller, qui est peintre, et qui, pris de passion pour le livre, s’en est fait le propagateur près de tous les artistes allemands ; la peintresse, elle, me conte qu’à l’arrivée de l’exemplaire, s’étant jetée dessus, sa mère avait retiré d’entre ses mains, le volume ouvert à la première page, en s’écriant : « Non, il ne sera pas lu par toi, toute seule, moi, je veux le lire tout haut ! […] À ce sujet le jeune Houssaye dit intelligemment que « dans l’effondrement des hommes politiques, c’est nous, les littérateurs et peintres, qui sommes en vedette, qui sommes tout ! […] Et vraiment Primoli a un certain talent, ainsi que disent les peintres, pour piger le motif — un motif faisant tableau.
Et voilà le secret ordinaire des peintres de la nature, même des plus grands. […] A-t-on observé que chez ce grand peintre, les portraits, même physiques, manquent, ou se dérobent ? […] Comme certains peintres, le poète semble dire : « N’oubliez jamais qu’il ne faut pas de sujet. […] Le peintre qui a fait une Vénus » sans s’inquiéter d’autre chose, s’expose à la refaire l’année prochaine. […] Il faut songer encore à cette délicieuse impression, pour parler le langage des peintres à propos d’un peintre, qui s’appelle Dans l’église de *** 82.
On y remarque cependant, en plusieurs endroits, la touche du Peintre du grand Condé.
Pourquoi les Anciens eurent-ils de si grands peintres et de si grands sculpteurs ?
Madame d’Aulnoy, qui a créé Le Prince gracieux, est souvent un Tacite qui s’ignore, et elle a des portraits, dans ses Mémoires, — comme celui, par exemple, de la grande camerera-mayor, la duchesse de Terra Nuova, — d’un terrible aussi sombre que si les plus sinistres peintres de l’Espagne y avaient passé !
Nos réalistes aujourd’hui, peintres, anatomistes, hommes de métier et de parti pris, sont à cent lieues de ce naturel ; l’art et le calcul percent dans leurs descriptions trop minutieuses. […] Il est plus que peintre, il est un justicier, et les deux rôles en lui sont d’accord. […] L’historien Gibbon, le peintre Reynolds, l’acteur Garrick, l’orateur Burke, l’indianiste Jones, viennent à son club lui donner la réplique. […] qui a jamais vu un pareil peintre ? Est-ce un peintre ?
Le corps humain, naguère ignoré, avait apparu ; et ces peintres traduisaient la vision éblouie qu’ils en avaient reçue. […] Aux peintres bientôt, comme aux littérateurs, leur art dut paraître insuffisant pour créer toute la vie qu’ils concevaient. […] Et cependant les peintres, aujourd’hui plus que jamais, s’acharnent à confondre les deux peintures. […] Et, à l’écart de ces peintres-là comme des autres, le plus génial, le seul vraiment génial d’entre eux. […] Ou tenir le roman pour un art, à qui admet l’art des peintres ?
M. de Voltaire en trouve le style trop foible ; il ajoute que l’Auteur n’intéresse pas, qu’il n’est pas Peintre *.
Peintre vigoureux & facile, son coloris, il est vrai, est sec & rembruni ; mais ce défaut n’empêche pas qu’il ne l’emporte de beaucoup sur le commun des Moralistes, & ne s’éleve même au rang des plus éloquens & des plus substantiels.
Le Paralytique qui est secouru par ses enfants et que le peintre a appelé le Fruit de la bonne éducation est un tableau de mœurs où l’on voit que ce genre fournira des compositions capables de faire honneur aux talents et aux sentiments de l’artiste.