/ 1730
1053. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Introduction. » pp. -

Notre grand souci doit être de suppléer, autant que possible, à l’observation présente, personnelle, directe et sensible, que nous ne pouvons plus pratiquer : car elle est la seule voie qui fasse connaître l’homme ; rendons-nous le passé présent ; pour juger une chose, il faut qu’elle soit présente ; il n’y a pas d’expérience des objets absents. […] J’ai choisi l’Angleterre, parce qu’étant vivante encore et soumise à l’observation directe, elle peut être mieux étudiée qu’une civilisation détruite dont nous n’avons plus que les lambeaux, et parce qu’étant différente, elle présente mieux que la France des caractères tranchés aux yeux d’un Français.

1054. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « De l’influence récente des littératures du nord »

Sous cette forme neutre, cette espèce de cote mal taillée qu’est une traduction, sous ces mots français recouvrant un génie qui ne l’est pas, de vieilles vérités ou des observations connues me font l’effet de nouveautés singulières. […] Plus patients  non point peut-être plus pénétrants, mais d’une plus grande endurance, si je puis dire, dans la méditation ou l’observation  plus capables de se passer eux-mêmes de divertissement, ils s’adressent à des lecteurs qui ont moins besoin que nous d’être amusés.

1055. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Figurines (Deuxième Série) » pp. 103-153

Là encore, son observation s’exaspère volontiers en une fureur de fantaisie imaginative. […] Je reviens à son âme, qui était gracieuse et noble, et qui alla toujours s’embellissant. — Il faut se souvenir ici que les pages les plus douloureuses peut-être et les plus imprégnées de l’amour de la terre natale qui aient été écrites sur l’« année terrible » sont d’Alphonse Daudet. — Il ne faut pas oublier non plus que cet homme dont la sensibilité et l’imagination furent si vives et l’observation si hardie, n’a pas laissé une seule page impure ; qu’en ce temps de littérature luxurieuse, et même lorsqu’il traitait les sujets les plus scabreux, une fière délicatesse retint sa plume, et que l’auteur de Sapho est peut-être le plus chaste de nos grands romanciers.

1056. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre V. Le Séminaire Saint-Sulpice (1882) »

Car non seulement on n’arrive pas à établir que la religion chrétienne soit plus particulièrement que les autres divine et révélée, mais on ne réussit pas à prouver que, dans le champ de la réalité attingible à nos observations, il se soit passé un événement surnaturel, un miracle. […] Les discussions sur la matière et la forme des sacrements prêtent aux mêmes observations.

1057. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIV » pp. 126-174

Quoique la pièce entière résiste à l’application qu’on en veut faire, nous ajouterons à nos précédentes observations que la pièce semble donner elle-même la date du temps et du lieu de la première représentation. […] Mais comme c’est une vérité de l’art littéraire ou poétique observée par Voltaire, que ce qui fait rire au théâtre, ce sont les méprises des personnages, et que c’est une autre vérité recueillie par l’observation, que la méprise la plus risible et la plus ridicule consiste essentiellement dans la prétention manquée, il faut avoir plus d’esprit qu’il ne m’en appartient, pour reconnaître que Molière, ce grand maître de l’art dramatique, cet observateur profond, n’a exprimé ou sous-entendu ces vérités dans la préface des Précieuses que pour masquer un gros et plat mensonge sur ses intentions relativement à l’hôtel de Rambouillet.

1058. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Additions et appendice. — Treize lettres inédites de Bernardin de Saint-Pierre. (Article Bernardin de Saint-Pierre, p. 420.) » pp. 515-539

Il n’y a pas là la moindre observation à faire. […] Je vous ferai part encore, de Cracovie et de Vienne, de quelques observations géographiques auxquelles je vous somme de répondre.

1059. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Edgar Allan Poe  »

Il est permis de soupçonner qu’un psychologue si habile à disséquer minutieusement des états d’âme inconnaissables n’a peut-être point usé non plus d’observations et de documents pour deviner les personnages ailleurs moins hypothétiques. […] À cette imagination minutieuse, qui conçoit avec le même détail des états d’âme directement perçus, et des scènes, des lieux, des suites de pensées imaginaires, — qui est constituée par conséquent plutôt par la vue nette de rapports vraisemblables et logiques, que par une acuité spéciale d’observations, — Poe associe la déduction des incidents, la notion des conséquences probables ou nécessaires que peut ou doit avoir toute donnée.

1060. (1913) La Fontaine « VIII. Ses fables — conclusions. »

Mais, d’un autre côté, si l’on cherchait les définitions du réalisme, si l’on énumérait, comme je le faisais tout à l’heure pour le romantisme, toutes ses définitions, on trouverait que La Fontaine, par sa soumission à l’objet, par sa fidélité absolue à l’observation de la nature telle quelle est, par les soins infinis qu’il prend pour être toujours, pardonnez-moi l’expression, adéquat, et pour mieux parler, ajusté à son objet, c’est-à-dire à la nature qu’il considère ; si l’on fait toutes ces considérations, on trouve qu’il n’y a pas de réaliste plus réaliste que La Fontaine dans tout le dix septième siècle, et peut-être dans toute la littérature française. […] Il est un classique supérieur et voilà tout ; car ma définition du classique est celle-ci : le classique est un homme qui a des qualités de romantique, car il lui faut de l’imagination, de la sensibilité ; qui a des qualités de réaliste, qui a l’observation du réel avec passion, avec une fidélité passionnée — et qui, avec cela, a du goût.

1061. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Gustave Flaubert »

Le romancier qui n’a trouvé, après Madame Bovary, que cette perruque carthaginoise de Salammbô, est un homme absolument dénué d’invention et d’observation impersonnelle, propre, tout au plus, à des recollages archaïques. […] … Y en a-t-il de cette perfection impossible dans la bêtise humaine et dans l’ennui que produit ce roman sans gaîté, sans talent, sans observation neuve, sur des types usés, sucés, épuisés, — ce livre, enfin, illisible et insupportable, que l’auteur n’a pas fini et, qui sait ?

1062. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Appendice. »

J’avais lu autrefois un de ces romans manuscrits, et, tout en y appréciant quelques parties d’une observation délicate et vraie, je m’étais bien gardé de laisser croire qu’il put être livré à l’impression.

1063. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Lettres de Rancé abbé et réformateur de la Trappe recueillies et publiées par M. Gonod, bibliothécaire de la ville de Clermont-Ferrand. »

Puis on s’est rejeté sur le tort qu’une semblable publication faisait à la mémoire de Fléchier, et on s’est porté pour vengeur de sa gloire officielle, comme si, après tout à l’heure deux siècles, il y avait une meilleure recommandation auprès d’une postérité blasée que de parvenir à l’intéresser encore, à l’instruire avec agrément et à faire preuve auprès d’elle des diverses sortes de qualités qui brillent dans cet écrit familier, esprit d’observation, grâce, ironie et finesse.

1064. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XIII. Des tragédies de Shakespeare » pp. 276-294

D’ailleurs le docteur Blair n’aurait pu juger en Angleterre Shakespeare avec l’impartialité d’un étranger ; il n’aurait pu comparer la plaisanterie anglaise avec la plaisanterie française : ses études ne le conduisaient pas à ce genre d’observations ; il aurait pu encore moins, par des raisons de convenance relatives à son état, parler des romans avec éloge, et des philosophes anglais avec indépendance.

1065. (1858) Cours familier de littérature. V « Préambule de l’année 1858. À mes lecteurs » pp. 5-29

IV Cependant, qu’ils me permettent une seule observation sur la différence des temps et des procédés entre la Némésis et leur diatribe.

1066. (1861) Cours familier de littérature. XI « Atlas Dufour, publié par Armand Le Chevalier. » pp. 489-512

Nous avons une armée en Chine, nous avons une expédition en Cochinchine ; nous portons une escadre d’observation sur les côtes septentrionales des États-Unis d’Amérique, nous avons une colonie militaire en Afrique, nous avons une armée en Syrie, nous en avons une au cœur de l’Italie, à Rome ; nous avons une expédition française à Taïti, route égarée où ne passe aucune voile et qui ne mène à aucun but français sur l’immensité de ces mers futures ; nous avons un établissement armé dans un coin des Indes orientales, triste et impuissant mémento d’un empire qui n’est plus qu’un comptoir.

1067. (1925) Méthodes de l’histoire littéraire « I. Leçon d’ouverture du Cours d’éloquence française »

Car malgré son enthousiasme de collégien pour les rythmes larges et les sonorités cuivrées du style de Taine, Larroumet, dès qu’il réfléchit, se détourna de la philosophie systématique que construit la littérature, et préféra la souplesse désossée de Sainte-Beuve, le style à mille faces qui réfléchit tous les rapports des choses, la phrase au développement onduleux qui en dessine la mobilité vivante, l’information curieuse et l’induction aiguë qui ne substituent jamais des vues de l’esprit à l’observation du réel.

1068. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre VII. Maurice Barrès et Paul Adam » pp. 72-89

Suggérées par leurs préjugés, leur impunité et leur ambition professionnelle, elles étaient entachées d’une indigne familiarité. » Il est quotidien de parler de la malveillance des tribunaux ; ce qui est rare, c’est d’en parler sans indignation, sans emphase, comme d’une chose connue et naturelle ; c’est surtout de joindre à l’observation de la servilité tyrannique des magistrats l’accusation purement artistique que leurs insolences sont gâchées par leurs familiarités.

1069. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Cours de littérature dramatique, par M. Saint-Marc Girardin. (2 vol.) Essais de littérature et de morale, par le même. (2 vol.) » pp. 7-19

Il y a dans un seul de ses chapitres prodigieusement d’idées, de vues, d’observations, bien plus sans doute que dans le même nombre de pages de Quintilien ou de Longin ; mais il y a aussi du bel esprit.

1070. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « De la question des théâtres et du Théâtre-Français en particulier. » pp. 35-48

Je n’ai pas à m’occuper des dispositions de ce projet ni à les discuter ; mais il s’agit d’une matière qui prête à bien des observations littéraires, morales, et je tâcherai d’en toucher quelques-unes.

1071. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces diverses — Préface du « Rhin » (1842) »

Et puis, il reste, comme il convient, toujours et partout retranché dans le silence et le demi-jour, qui favorisent l’observation.

1072. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre V. Les âmes »

Dans ce noir, qui est jusqu’à présent presque toute notre science, l’expérience tâtonne, l’observation guette, la supposition va et vient.

1073. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 12, des masques des comédiens de l’antiquité » pp. 185-210

Je repeterai encore une observation : c’est que les acteurs des anciens ne joüoient pas comme les nôtres à la clarté des lumieres artificielles qui éclairent de tous côtez, mais à la clarté du jour qui devoit laisser beaucoup d’ombres sur une scéne où le jour ne venoit guere que d’en haut.

1074. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IV. Des changements survenus dans notre manière d’apprécier et de juger notre littérature nationale » pp. 86-105

Cette observation doit toujours être présente à l’esprit du lecteur : sans cela je pourrais courir le risque de passer pour un homme que la trop grande préoccupation de certaines idées jette dans le paradoxe et dans l’exagération.

1075. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre VII. Les hommes partagés en deux classes, d’après la manière dont ils conçoivent que s’opère en eux le phénomène de la pensée » pp. 160-178

L’autre observation que j’ai à faire consiste dans l’importance que j’attache à une question aussi abstraite et aussi ténue que celle dont nous sommes occupés ; car enfin il ne s’agit plus, au point où nous en sommes venus, que de prouver que si, à présent, l’union de la pensée et de la parole n’a plus cette sorte de simultanéité qui lui est attribuée par quelques personnes, elle n’a pu s’en passer pour l’établissement de toutes choses.

1076. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Sainte Térèse » pp. 53-71

on ne comprend plus, si l’on veut faire l’entendu à la manière humaine, si on la tire hors de son nimbe, cette tête divinement incompréhensible qui doit y rester, et qui se joue, de là, de l’observation scientifique et des proportions naturelles.

1077. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « VIII. Du mysticisme et de Saint-Martin »

Et véritablement, pour qui n’a pas abandonné l’observation et l’analyse, le Mysticisme, — quelle que soit la forme qu’il revêt, — n’est jamais qu’une aberration du sentiment religieux en vertu de sa propre force, si une autorité extérieure ne le règle pas et ne contient pas, d’une main souveraine, la turbulence de ses élans.

1078. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « IX. L’abbé Mitraud »

Ce qui lui manque, c’est donc le plus important, c’est l’intuition, l’observation, le principe net et subjuguant qui empêche de se méprendre sur la pensée d’un livre et d’un homme, et à la lueur duquel les amis se reconnaissent, — et les ennemis aussi, malgré la ruse de guerre de leurs perfides applaudissements !

1079. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « L’Abbé Prévost et Alexandre Dumas fils » pp. 287-303

Il va jusqu’à Chaillot sans culotte, — on ne dit pas si c’était en hiver, — et il s’établit dans une auberge avec sa Manon, sans que personne lui fasse la moindre observation sur son absence de culotte.

1080. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Le Comte de Gobineau »

À sa misanthropie on comprend qu’il soit observateur ; il n’est même misanthrope que parce qu’il a observé, et cette observation, très spirituellement pénétrante, est, au fond, celle d’un moraliste qui fait prévoir le moraliste futur.

1081. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre II. De la métaphysique poétique » pp. 108-124

Et pour en commencer l’énumération, Jupiter fut le ciel chez les Chaldéens, en ce sens qu’ils croyaient recevoir de lui la connaissance de l’avenir par l’observation des aspects divers et des mouvements des étoiles, et on nomma astronomie et astrologie la science des lois qu’observent les astres, et celle de leur langage ; la dernière fut prise dans le sens d’astrologie judiciaire, et dans les lois romaines Chaldéen veut dire astrologue. — Chez les Perses, Jupiter fut le ciel, qui faisait connaître aux hommes les choses cachées ; ceux qui possédaient cette science s’appelaient Mages, et tenaient dans leurs rites une verge qui répond au bâton augural des Romains.

1082. (1882) Types littéraires et fantaisies esthétiques pp. 3-340

Les observations qui précèdent ne portent que sur la manière dont M.  […] Toutefois, en accordant nos éloges absolus à cette partie de l’œuvre, nous ne pouvons nous empêcher de faire une observation. […] Ce personnage est le résultat d’une observation admirable et résume toute une loi de notre nature morale. […] Nous pouvons vérifier par ce chef-d’œuvre quelques-unes des observations que nous avons exprimées sur le génie poétique. […] L’habitude de l’analyse à outrance et de l’observation intime, en éclairant les abîmes de sa conscience, paralyse les forces de sa volonté.

1083. (1910) Rousseau contre Molière

Mais Molière pourrait répondre que ce système n’est que l’observation exacte de la réalité : sots victimes des méchants, c’est le monde lui-même. […] Il est l’homme qui, dans la Critique de l’Ecole des Femmes, fait les observations sérieuses, les critiques pertinentes, celles qui ont été faites par les gens de métier ; il est hostile, il est amer, il est vétilleux, mais il est sensé, et quand il dit qu’Arnolphe est un homme sérieux et un homme d’esprit dans beaucoup d’endroits, c’est qu’Arnolphe a été pris ainsi par la majorité du public. […] Or les facultés intellectuelles de la femme ne supportent pas le savoir : « La recherche des vérités abstraites et spéculatives, des principes, des axiomes dans les sciences, tout ce qui tend à généraliser les idées n’est pas du ressort des femmes ; leurs études doivent se rapporter toutes à la pratique ; c’est à elles à faire l’application des principes que l’homme a trouvés et c’est à elles de faire les observations qui mènent l’homme à l’établissement des principes. […] A quoi tient tout cet art ; si ce n’est à des observations fines et continuelles qui lui font voir à chaque instant ce qui se passe dans les cœurs des hommes et qui la disposent à porter à chaque mouvement secret qu’elle aperçoit la force qu’il faut pour le surprendre ou l’accélérer ? […] La présence d’esprit, la pénétration, les observations fines sont la science des femmes ; l’habileté de s’en prévaloir est leur talent.

1084. (1890) La bataille littéraire. Deuxième série (1879-1882) (3e éd.) pp. 1-303

Bien que l’auteur n’en soit plus à ses débuts, nous devons constater dans ce livre, non pas un progrès, le mot serait impropre quand il s’agit d’un écrivain comme Jules Claretie, mais un déplacement de point d’observation. […] Comme on le voit, c’est la nature prise sur le fait, et ceux qui ont assisté à cette première visite, devenue si fréquente, d’un ministre à l’Opéra, constateront la justesse absolue d’observation. […] Nous l’entendîmes adresser à l’auteur des Contes d’Espagne quelques observations bienveillantes. […] Loin de là, Vivier ne procède que par l’observation, et toute personne qui a su l’écouter, a toujours trouvé, dans les détails d’une historiette d’apparence légère et ingénieuse, une reproduction scrupuleuse de la nature, la fine satire de quelque ridicule de la nature humaine. […] Nul doute que le succès n’accueille ce livre, qui donnera une juste idée aux races futures de la force de l’observation photographique et intelligente d’un des esprits les plus originaux de notre temps.

1085. (1910) Propos de théâtre. Cinquième série

Or je remarque, d’après toutes les observations recueillies par M.  […] Il y a beaucoup de vrai ici et c’est une observation très fine qui est à retenir. […] Ils parlent tous après que les critiques ont parlé et ils profitent de leurs observations. […] C’est un chef-d’œuvre d’habileté, d’esprit et d’observation. […] Cette observation précoce et sans poésie porte gauchement son vêtement de poésie.

1086. (1866) Nouveaux essais de critique et d’histoire (2e éd.)

Il croit à l’observation prudente et sceptique, à l’induction lente, à la généralisation circonspecte, au syllogisme exact, aux formules précises, et vous venez lui demander de joindre à ses méthodes les méthodes contraires. […] Le lecteur quitte le texte avec dépit pour des observations pareilles ; il était en conversation avec un penseur et tombe au bas de la page sur un grammairien. […] Pour philosopher sur l’homme, ce n’est pas assez d’une observation exacte, il faut encore une observation complète ; et la peinture du présent n’est point vraie sans le souvenir du passé. […] Souvent c’est un accident de la vie journalière, une observation domestique, une lecture de journal qui achèvent en nous une idée qu’après beaucoup d’efforts nous avions laissée incomplète. […] Tel a perdu un œil à force de regarder au microscope des préparations anatomiques ; un autre a employé des mois à démêler les causes de la putréfaction, et cela parmi des odeurs si suffocantes qu’il ne pouvait rester en observation plus d’une minute à la fois ; un autre passe deux mois à fouiller vingt mille pages de vieux bouquins pour ramasser quatre observations d’une maladie.

1087. (1891) Impressions de théâtre. Cinquième série

Il a écrit, dans son âge mûr, des drames en prose, d’une observation plus forte, d’une vérité plus âpre et d’une beauté plus mâle. […] Les chefs-d’œuvre ont leur âge ingrat, — ceux du moins où l’observation de mœurs en partie transitoires tient une certaine place. […] que ce qui est féroce est profond) comporte, au contraire, une certaine insuffisance d’observation, ou du moins s’en accommode le mieux du monde. […] Et quand d’aventure il découvre que ses habitudes d’observation et de « dédoublement » ont laissé subsister en lui quelque sentiment naturel, il en marque une surprise où je soupçonne quelque fatuité. […] L’observation y est extrêmement pénétrante, et il y a là un type de mari, d’une vérité !

1088. (1885) Le romantisme des classiques (4e éd.)

Il arrive que les années en s’écoulant renouvellent les points de vue, et que l’observation attentive, grâce à ce bénéfice du temps, peut encore trouver quelque chose. […] Il fit paraître, lui aussi, une brochure anonyme, intitulée : Observations sur le Cid. […] Qu’on agite le vase, on parviendra aisément à mêler les liqueurs ; qu’on le laisse reposer, elles reprendront toutes, lentement et d’elles-mêmes, l’ordre que leurs pesanteurs et leur nature leur assignent. » Scudéry ne s’en tint pas à ses Observations sur le Cid. […] En même temps il remerciait Corneille de l’avoir fait connaître comme l’auteur des Observations, et n’en reniait point la paternité. […] Et l’on pourrait appliquer à cette seconde situation comme à la première une observation morale de Napoléon.

1089. (1880) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Première série pp. 1-336

La mode s’est établie, comme de vanter dans nos chansons de geste je ne sais quoi de plus grand même que l’Iliade, de célébrer aussi dans nos fabliaux je ne sais quels prétendus chefs-d’œuvre d’ingénieuse malice et d’observation satirique. […] mais tout cela, chez ces grands hommes, véritablement transformé par la profondeur de l’observation, plié aux règles de la composition, soumis enfin aux lois du style. […] Les unes et les autres, encore ou désormais inhabiles à l’observation du dedans, s’arrêtent et se complaisent à l’observation du dehors. […] Car, quel champ d’observations plus vaste et quel fonds plus fertile que la province au xviie  siècle, avec ses mœurs tranchées, ses originaux outrés, et ses ridicules achevés ? […] Et c’était beaucoup déjà, puisque ce n’était rien moins que de ramener le théâtre aux conditions de la réalité, substituer l’observation de la nature, suivie, serrée de près, à la libre invention romanesque, essayer enfin dans le tragique la même réforme que Molière, vers le même temps et depuis déjà quelques années, accomplissait dans le comique.

1090. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre IV. Addison. »

. —  Ses études solides et son observation exacte. —  Sa connaissance des hommes et sa pratique des affaires. —  Noblesse de son caractère et de sa conduite. —  Élévation de sa morale et de sa religion. —  Comment sa vie et son caractère ont contribué à l’agrément et à l’utilité de ses écrits. […] Placer les gens, manier l’argent, interpréter la loi, démêler les motifs des hommes, prévoir les altérations de l’opinion publique, être forcé de juger juste, vite et vingt fois par jour, sur des intérêts présents et grands, sous la surveillance du public et l’espionnage des adversaires, voilà les aliments qui ont nourri sa raison et soutenu ses entretiens ; un tel homme pouvait juger et conseiller l’homme ; ses jugements n’étaient pas des amplifications arrangées par un effort de tête, mais des observations contrôlées par l’expérience ; on pouvait l’écouter en des sujets moraux, comme on écoute un physicien en des matières de physique ; on le sentait autorisé et on se sentait instruit. […] Ses personnages sont pris sur le vif, dans les mœurs et les conditions du temps, longuement et minutieusement décrits dans toutes les parties de leur éducation et de leur entourage, avec la précision de l’observation positive, extraordinairement réels et anglais.

1091. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIIIe entretien. Balzac et ses œuvres (3e partie) » pp. 433-527

Les particularités de cette scène pleine d’observations et de couleurs locales ne peuvent être appréciées qu’entre les buttes de Montmartre et les hauteurs de Montrouge, dans cette illustre vallée de plâtras incessamment près de tomber, et de ruisseaux noirs de boue ; vallée remplie de souffrances réelles, de joies souvent fausses, et si terriblement agitée, qu’il faut je ne sais quoi d’exorbitant pour y produire une sensation de quelque durée. […] Le long de chaque muraille règne une étroite allée qui mène à un couvert de tilleuls, mot que Mme Vauquer, quoique née de Conflans, prononce obstinément tieuilles, malgré les observations grammaticales de ses hôtes. […] Ceux que je voyais aimés étaient de francs polissons, ma fierté s’appuya sur cette observation, je demeurai seul.

1092. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Discours prononcé à la société des visiteurs des pauvres. » pp. 230-304

Cette pièce, où abondent l’observation la plus fine et l’imagination la plus farce, souffre de la plus déconcertante duplicité de ton. […] Alfred Capus continue de « s’affirmer » comme un réaliste de beaucoup d’esprit et de beaucoup d’observation à la fois, et comme le meilleur spécialiste que nous ayons de la « comédie de l’argent ». […] Ce que je ne puis vous dire, c’est, dans cette histoire un peu éparse et que je suis loin de vous avoir résumée tout entière, l’esprit, l’observation pénétrante, la finesse des remarques sur le train de la société actuelle (exemple : « Il y a aujourd’hui tant de déclassés qu’ils formeront bientôt une classe »), et, partout, l’admirable naturel du dialogue.

1093. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1875 » pp. 172-248

Mais l’attirant de ce monde neuf, qui a quelque chose de la séduction d’une terre non explorée, pour un voyageur, puis la tension des sens, la multiplicité des observations et des remarques, l’effort de la mémoire, le jeu des perceptions, le travail hâtif et courant d’un cerveau qui moucharde la vérité, grisent le sang-froid de l’observateur, et lui font oublier, dans une sorte de fièvre, les duretés et les dégoûts de son observation. […] En cette ruine qui me menace, il ne faut m’attacher qu’aux observations qu’elle va me procurer sur les avoués, sur les huissiers, sur le monde de la loi, et les malheurs qui n’empêchent pas absolument de manger ne doivent être considérés par moi, que comme des auxiliaires de la littérature.

1094. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre III. Variétés vives de la parole intérieure »

Ils sont fréquents, et, par cela même que la parole intérieure y est plus intense, ils ont été plus remarqués que les autres, soit par les philosophes168, soit même par le sens commun, dont les observations imparfaites ont laissé une trace dans les littératures et dans les langues. […] Les divers moments de ce processus ont été fréquemment décrits ou imités dans les œuvres littéraires ; c’est que l’observation dans la vie de chaque jour en est facile et presque toujours amusante. […] Nous ajouterons même que le fait d’avoir remarqué en lui-même une voix, sans l’externer, sans la rattacher à un corps sonore, visible et tangible, fait de Socrate le premier observateur de la parole intérieure ; seulement la psychologie n’a pas profité de son observation, puisqu’il a vu là un fait théologique, au lieu d’un fait psychologique [cf. ch. 

1095. (1880) Goethe et Diderot « Gœthe »

Chapitre VI : l’art et les voyages Avant de poursuivre cette étude sur Gœthe que je veux mener à bien, je hasarderai une observation, non pour me donner le courage de continuer, — je l’avais en commençant cette étude et quoi qu’il pût arriver, — mais pour redoubler en moi le plaisir d’un travail sincère, qui n’a pas encore rencontré, que je sache, de contradicteur4. […] Il y écrit sur l’Apollon du Belvédère : « Le souffle sublime de la vie, la jeunesse éternelle, la jeune liberté ne sont pas dans le plâtre : il faut le marbre, dont la transparence fait chair… » Observation juste, qu’on peut lui appliquer, à lui, Gœthe, chez qui le talent n’a jamais la transparence qui fait chair. […] Mais après ces trois observations, exactement faites (on ne nie rien en cette étude), il faut arrêter et fermer modestement l’inventaire de Gœthe.

1096. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Chapitre III. De l’organisation des états de conscience. La liberté »

Qu’on nous permette de rapporter ici une observation personnelle. […] Que si, au contraire, l’observation prouve qu’on a opté pour Y, c’est que l’activité localisée par nous au point O affectait de préférence cette seconde direction, malgré quelques oscillations dans le sens de la première. […] Après avoir identifié Paul avec Pierre pour les besoins de la cause, vous faites reprendre à Paul son ancien poste d’observation, et il aperçoit alors la ligne MOXY complète, ce qui n’est pas étonnant, puisqu’il vient de la compléter.

1097. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1894 » pp. 185-293

Il a tout à la fois l’observation et l’esprit, ce Carrière. […] Ce volume, je crois, s’appelle Le Capitaine Jack, et c’est l’histoire d’un voleur-enfant, écrite avec un sentiment d’observation moderne, et mille petits détails d’une vie vécue, contés bien certainement à l’auteur, enfin avec toute la documentation rigoureuse et menue d’un roman réaliste de notre temps. […] Mardi 10 juillet Une maîtresse de maison parlait des domestiques impossibles, qu’avait faits le service militaire, de ces paresseux, ayant pris l’habitude de passer leur vie à fumer des cigarettes, couchés sur leur lit, et de ces révoltés, incapables de supporter une observation, quand on tombe sur un domestique, qui a été caporal ou sergent. […] Clemenceau, un causeur vibrant, coloré, à l’observation fine, aiguë.

1098. (1925) Feux tournants. Nouveaux portraits contemporains

Il semble que l’observation minutieuse des détails ne laisse pas assez de temps à Gaston Chérau pour analyser profondément son personnage. […] Mais, en définitive, la critique moderne est, à ses yeux, analogue à la médecine, un art individuel qui se fonde sur une science d’observations personnelles. […] Le folklore d’Auvergne avec Henri Pourrat105, Drieu la Rochelle106, témoin de la génération maudite, et Luc Durtain107, rude peintre de l’après-guerre, sont l’objet d’observations opportunes. […] Une belle gravité dans l’allure générale du livre où nous retiennent nombre d’observations relatives à la vie intérieure du personnage principal. […] L’histoire de Forestier, le principal personnage de l’ouvrage, est propre à dérouter, mais elle n’est peut-être encore là qu’un prétexte pour l’auteur à placer les observations les plus judicieuses qu’on ait faites sur l’après-guerre français et allemand.

1099. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LONGUEVILLE » pp. 322-357

Elle nous apparaissait la plus illustre pénitente et protectrice de Port-Royal durant des années ; c’est d’elle et de sa présence en ce monastère que dépendit uniquement, vers la fin, l’observation de la paix de l’Église ; c’est sa mort qui la rompit. […] Mais, à ne voir encore qu’humainement et au seul point de vue d’observation psychologique, de telles pièces méritent tout regard (respectus).

1100. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIIe entretien. Revue littéraire de l’année 1861 en France. M. de Marcellus (1re partie) » pp. 333-411

J’entrevis l’espérance de les avoir en ma possession ; je fis entendre au pacha qu’Ali-Bey s’occupait uniquement d’astronomie ; qu’il allait à la Mecque par ordre de son roi, pour y mesurer le soleil, qu’il savait bien y être plus grand qu’ailleurs (c’est une croyance de l’islamisme) ; que ce qu’il laissait après lui formait l’héritage de son fils Osman-Bey, qui habitait le royaume de Fez ; et qu’enfin, pour profiter des écrits de ce savant, il fallait traduire ses observations en arabe : j’offris de me charger de ce travail ; mes motifs allaient être goûtés, je m’en flattais du moins, quand le pacha fut destitué. […] Il y a dans le désert des hommes tellement instruits par leur observation assidue de la nature, par leur vive intelligence et leur habitude de réfléchir, qu’on ne peut lutter de science avec eux : d’autres, à une grande ignorance, allient un bon sens et une sagacité qui étonnent.

1101. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre deuxième »

Il n’en laissa rien savoir à ses parents, pour éviter leurs observations et leurs reproches, et ne se confia qu’au père Mersenne, auquel il avait fait promettre de lui garder le secret. […] On dirait qu’il se défie de toute observation externe.

1102. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre premier »

Au moment où elle renversait l’idole, ses découvertes prouvaient au monde que l’idolâtrie de l’immobilité avait fait place au culte intelligent et fécond de l’observation et de l’analyse. […] Il venait à son tour, et de son pas, non point combattre, mais glisser des observations, insinuer des doutes, qui, passant entre les personnes et les amours-propres, servaient la cause sans exposer l’avocat.

1103. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre III. Le Petit Séminaire Saint-Nicolas du Chardonnet (1880) »

Toutes ces observations faisaient honneur à leur sagacité orthodoxe, mais il en résultait pour leurs élèves un horizon singulièrement fermé. […] Les observations dont le supérieur accompagnait la lecture des notes étaient la vie ou la mort.

1104. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre III »

Si le fonds de l’observation lui manque, elle en saisit, çà et là, des nuances et des échappées. […] Il y a, dans le second, des scènes achevées de gaieté ou de sentiment, et je vous donne celle du souper pour un chef-d’œuvre de verve mordante et d’observation implacable.

1105. (1878) La poésie scientifique au XIXe siècle. Revue des deux mondes pp. 511-537

Mais nos observations subsistent dans leur généralité et s’appliquent à toute une génération de poètes. […] Qu’y a-t-il de plus propre à remuer l’âme d’un poète, à exciter son imagination, à le tirer hors des réalités plates et vulgaires, que la contemplation raisonnée du cosmos à travers les écrits ou les entretiens des savants, l’idée toujours grandissante de l’univers qui va de plus en plus s’étendant, à mesure que les instruments d’observation deviennent plus forts ou plus délicats et que l’expérience, aidée du calcul, recule dans tous les sens les bornes de l’espace ou de la vie ?

1106. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre I. Du comique en général »

Nous allons présenter d’abord trois observations que nous tenons pour fondamentales. […] Marquons nettement le point où viennent converger nos trois observations préliminaires.

1107. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre II. Le comique de situation et le comique de mots »

» Même observation pour la scène où Valère représente à Harpagon qu’il aurait tort de marier sa fille à un homme qu’elle n’aime pas. « Sans dot !  […] On se rappelle cette observation d’un haut fonctionnaire à un de ses subordonnés, dans une pièce de Gogol : « Tu voles trop pour un fonctionnaire de ton grade. » Pour résumer ce qui précède, nous dirons qu’il y a d’abord deux termes de comparaison extrêmes, le très grand et le très petit, le meilleur et le pire, entre lesquels la transposition peut s’effectuer dans un sens ou dans l’autre.

1108. (1856) Mémoires du duc de Saint-Simon pp. 5-63

C’est qu’il a trouvé sa vraie place ; cet esprit qui regorgeait de sensations et d’idées était né curieux, passionné pour l’histoire, affamé d’observations, « perçant de ses regards clandestins chaque physionomie », psychologue d’instinct, « ayant si fort imprimé en lui les différentes cabales, leurs subdivisions, leurs replis, leurs divers personnages et leurs degrés, la connaissance de leurs chemins, de leurs ressorts, de leurs divers intérêts, que la méditation de plusieurs jours ne lui eût pas développé et représenté toutes ces choses plus nettement que le premier aspect de tous les visages. » « Cette promptitude des yeux à voler partout en sondant les âmes » prouve qu’il aima l’histoire pour l’histoire. […] Il y a là une observation pour le physiologiste, il y en a une pour le peintre, pour l’homme du monde, pour le psychologue, pour l’auteur dramatique, pour le premier venu.

1109. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Variétés littéraires, morales et historiques, par M. S. de Sacy, de l’Académie française. » pp. 179-194

En parlant des livres, et, à ce propos, de la rue obscure, du salon grave et sombre où il visitait les antiques libraires dans son enfance, et des savants modestes qu’il y rencontrait, et des différentes manières d’aimer les livres, des différentes espèces de bibliophiles, et des variétés dans l’espèce, jusqu’à l’amateur de bouquins exclusivement, en parlant de toutes ces choses et de tous ces gens, qui faisaient son sujet d’observation et son gibier depuis des années, le rayon lui est venu, un de ces rayons familiers, riants, comme La Bruyère les savait saisir, qui éclairent le front des originaux, et qui pénètrent dans les intérieurs.

1110. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Parny poète élégiaque. » pp. 285-300

Il ne songe pas à rehausser et à redorer son cadre, à rajeunir ses images de bordure et de lointain par l’observation de cette nature nouvelle, qu’il avait eue pourtant sous les yeux et qu’il éteignait sous des couleurs un peu vagues : il estimait que Bernardin de Saint-Pierre l’exagérait et la rendait trop ; lui, il ne la rendait pas.

1111. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Première partie. Préparation générale — Chapitre V. De la lecture. — Son importance pour le développement général des facultés intellectuelles. — Comment il faut lire »

Rien de plus utile surtout que de lire les moralistes, si l’on essaye d’appliquer leurs observations et de les rapprocher de la réalité.

1112. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre I : Des sens, des appétits et des instincts. »

. — La force qui anime l’organisme humain et entretient les courants du cerveau, a son origine dans la grande source première de force vivifiante, le soleil159. » Si nos moyens d’observation et de mesure étaient parfaits, nous pourrions voir comment se consomme la nourriture dans l’être humain, en attribuer une partie à la chaleur animale, une autre à l’action des viscères, une autre à l’activité du cerveau, et ainsi de suite.

1113. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXV » pp. 259-278

Monmerqué, et qu’il acquiesce à mes, observations, je devrai cette satisfaction à un mérite que je n’ai la dureté de souhaiter à personne, mérite qui ne conviendrait point à des hommes dans l’âge de produire, et ne sied qu’à la vieillesse : c’est la patience.

1114. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVI » pp. 279-297

Ici se place une observation essentielle : c’est qu’en 1669, quand le roi autorisa de premières démarches pour engager madame Scarron à se charger de ses enfants naturels, aucune apparence de dévotion ne se rencontrait dans la société qu’elle fréquentait ; et j’ajoute qu’aucune apparence de dévotion n’avait atteint ni le roi, ni madame Scarron ; de sorte que la gloire de sa désignation appartient tout entière à l’honnêteté des mœurs et à la bonne compagnie.

1115. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre II. Le cerveau chez les animaux »

Or, ces petites espèces ont une intelligence au moins égale à celle des grands singes, si l’on en croit les observations de Humboldt et d’Andouin.

1116. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XV. M. Dargaud » pp. 323-339

Il a donc passé par la poésie, — par l’observation morale, — par la description pittoresque des choses et des hommes avant d’arriver à l’histoire, à l’histoire à laquelle il fera bien de rester, car c’est sa vocation réelle.

1117. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « De Stendhal »

L’année qui précéda celle de sa mort fut marquée par des symptômes de destruction prochaine qu’il analysa dans ses lettres à ses amis, et dont il parla comme aurait fait Broussais, — un autre homme de grand talent et de grand caractère, qui trouva dans l’immonde et fausse philosophie du xviiie  siècle la borne et l’obstacle de son génie scientifique, comme Stendhal, ce grand artiste d’observation et ce grand observateur dans les arts, y trouva la borne et l’obstacle du sien.

1118. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Stendhal » pp. 43-59

L’année qui précéda celle de sa mort fut marquée par des symptômes de destruction prochaine, qu’il analysa dans ses lettres à ses amis, et dont il parla comme aurait fait Broussais, — un autre homme de grand talent et de grand caractère, qui trouva dans l’immonde et fausse philosophie du xviiie  siècle la borne et l’obstacle de son génie scientifique, comme Stendhal, ce grand artiste d’observation et ce grand observateur dans les arts, y trouva la borne et l’obstacle du sien.

1119. (1936) Réflexions sur la littérature « 1. Une thèse sur le symbolisme » pp. 7-17

Toutes les observations de M. 

1120. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VI. »

Le témoignage s’en trouve dans cette anecdote du médecin Érasistrate surprenant la passion secrète du fils de Séleucus pour sa belle-mère Stratonice, par l’observation même des signes qu’avait sentis et marqués sur elle-même Sapho saisie d’amour : « Les symptômes, dit Plutarque, étaient les mêmes, la perte de la voix, l’expression des regards, la sueur brûlante, l’ataxie de la fièvre et le trouble dans les veines, enfin l’abattement de l’âme, l’abandon, la stupeur et la pâleur. » Telle est en effet, dans son expressive vérité, l’analyse médicale de cette ode profane, de ce crime élégant de la pensée dont Catulle avait égalé la force, mais non la grâce, et que voici, dans la lettre morte de la prose : « Il est pour moi égal aux dieux l’homme qui s’assied en face de toi et t’écoute doucement parler et doucement sourire.

1121. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VIII. »

Hormis le mensonge des dernières paroles, les merveilles dont se vante ici le poëte physicien n’excèdent pas ce que l’observation et, sur quelques points, la prescience des phénomènes de la nature pouvaient lui suggérer de conseils utiles aux laboureurs et aux pâtres de Sicile.

1122. (1907) Le romantisme français. Essai sur la révolution dans les sentiments et dans les idées au XIXe siècle

On dérobe à son observation ombrageuse le traitement de faveur qu’il repousserait avec violence, tout en s’y constituant un droit muet. […] Mais légèreté de l’esprit et frivolité du cœur sont, d’après les moralistes comme d’après la commune observation, tout ce qu’elle cache. […] Le seul intérêt de ces observations familières, c’est que, sous cette apparence scrutatrice et ombrageuse, cette âme, n’en veut qu’à soi. […] C’était renoncer superbement à l’observation et fermer l’intelligence à la réalité, tout en gardant la prétention de penser et de faire vrai, profond et grand. […] Hugo n’a pas, comme eût fait Balzac, emprunté à l’observation concrète les éléments de ses personnages.

1123. (1891) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Quatrième série

Mais, justement, c’est elle qu’il faut que l’on néglige, pour ne retenir que les épisodes qui la diversifient ; et c’est alors que l’on admire la richesse, la fécondité, la subtilité d’invention et d’observation de d’Urfé. […] Il y a toujours quelque fantaisie dans son observation, puisqu’il s’y mêle toujours quelque intention de nous faire rire. […] Si ces observations pouvaient engager ceux de nos lecteurs qui peut-être ne les connaissent pas, à lire les Études sur l’Espagne de M.  […] J’appuie d’abord sur cette observation. […] Mais ce que l’on voit peut-être encore mieux, c’est ce qu’il eût dû sacrifier de ses lectures et de ses observations, et qu’en le lui demandant on ne lui eût demandé rien de moins que de changer sa méthode de travail ou de transformer sa nature même d’esprit.

1124. (1863) Histoire de la vie et des ouvrages de Molière pp. -252

Observation sur le second titre de cette pièce. […] Ils sentirent la justesse de ses observations, ouvrirent les yeux sur la position où ils s’étaient mis, et se retirèrent. […] Chapelle semble pénétré de la justesse de ces observations, paraît ému du ton de cordialité avec lequel Boileau les lui adressait, et promet de mettre à exécution de si bons conseils. […] Pour donner une idée de ces critiques, nous rapporterons ici quelques passages d’un libelle publié en 1665, ayant pour titre : Observations sur une comédie de Molière intitulée Le Festin de Pierre. […] « Quand celui qui se sert d’un tel prétexte, dit fort bien l’auteur d’une réponse aux Observations, n’aurait pas raison, il semble qu’il y aurait une espèce de crime à le combattre.

1125. (1939) Réflexions sur la critique (2e éd.) pp. 7-263

L’observation de Sainte-Beuve demeurait incomplète. […] Ses observations sur les écrivains, sur les hommes, il ne les expose point comme il fait de ses observations sur les oiseaux ou les quadrupèdes. […] On serait mal venu à s’appuyer sur des observations analogues pour conserver une expression dont j’ai eu tort d’user et qu’il faut décidément laisser tomber. […] Il y a chez les Méridionaux beaucoup plus de sens critique, d’esprit d’observation et de froideur que ne le suppose la légende parisienne. […] Le Président du Club et ses membres, critiques connus, échangent des observations fréquemment justes et toujours ingénieuses.

1126. (1826) Mélanges littéraires pp. 1-457

Nous pourrons faire aussi des observations astronomiques et des voyages autour du monde ; mais pour devenir jamais un peuple de marchands, je crois que nous pouvons y renoncer d’avance. […] Le fleuve était rapide : nous eûmes un portage, nous vîmes des huttes abandonnées ; le pays était fertile ou aride ; nous traversâmes des plaines ou des montagnes ; il tomba de la neige ; mes gens étaient fatigués ; ils voulurent me quitter ; je fis une observation astronomique, etc., etc., etc. […] Mackenzie, j’ai donc pu mêler mes observations aux siennes, puisque nous nous sommes rencontrés dans les mêmes desseins, et qu’au moment où il exécutait son premier voyage, je parcourais aussi les déserts de l’Amérique ; mais il a été secondé dans son entreprise, il avait derrière lui des amis heureux et une patrie tranquille : je n’ai pas eu le même bonheur. […] Cependant nous oserons proposer quelques doutes à l’auteur, et soumettre nos observations à ses lumières. […] Nous lui soumettons les observations suivantes.

1127. (1896) Les idées en marche pp. 1-385

Taine est de ceux qui croient que l’observation soutenue, le récit sans plus ne suffit pas à l’étude des actes humains. […] Il fut le roi de l’analyse et démonta avec précision l’automate, mais il sut aussi rassembler ses innombrables observations et faire lutter entre elles des idées générales. […] Pour atteindre au comique, un certain dosage de l’observation et de la sensibilité est nécessaire qui maintient l’âme en équilibre et la verve en saine énergie. […] L’autre voie était plus tranquille : Deux Plaisanteries et Flirt nous montraient un talent de charme, d’observation fine et fondue. […] Tous les sentiments sont vides et poussiéreux sans celui-là, et nous marchons sur des cosses sèches, les notions, l’observation, l’analyse.

1128. (1905) Propos de théâtre. Deuxième série

Je ne lui ferai qu’une observation. […] Les règles, comme l’a dit Molière, ne sont pas « les plus grands mystères du monde » ; ce ne sont que « quelques observations de bon sens sur ce qui peut empêcher d’avoir du plaisir ».Voyez-vous comme il prend la chose, le Molière ? […] Bonne observation. […] Une observation qui ne s’adresse pas précisément à elle, puisqu’il s’agit d’un jeu de scène traditionnel ; mais aussi, il faut dire qu’elle l’accuse plus que les autres, ce qui fait qu’il a attiré particulièrement mon attention. […] Une seule observation ici : on est un peu étonné que M. des Arcis s’éprenne si vite, à première vue, de la petite ribaude que, pour se venger d’être abandonnée, Mme de La Pommeraye fait passer sous son nez.

1129. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Notes et pensées » pp. 441-535

Quand l’esprit de Villemain a été une fois assailli par une citation, il n’en démord plus ; rien n’y fait ; cette citation domine tout et ne laisse jour en lui ni à l’observation ni au raisonnement. […] Ces deux points réservés, il avait toutes les qualités secondaires, des mérites de finesse et d’observation sans nombre. » CLXXV Il en est du caractère moral comme de la physionomie physique : la nature trace d’abord un certain dessin plus ou moins original en nous ; ce dessin va creusant et le plus souvent grossissant avec les années : les plus délicats sont ceux qui conservent la ligne fine en même temps que profonde. […] Combien de fois, en l’entendant à l’Académie, n’ai-je pas fait, en causant à l’oreille de mon voisin, cette observation que le pédantisme ne tient pas à l’habit ni à la robe, et que, comme l’a remarqué Nicole, c’est un vice d’esprit et non de profession ! […] Ce ne fut pas plus long que cela. — Notez qu’ayant affaire à tout homme de mérite et qui se serait présenté autrement, K…, après l’observation faite, aurait tâché de le contenter.

1130. (1910) Propos littéraires. Cinquième série

En général, d’après les observations qu’on a pu recueillir, ce qui passe obscurément devant notre esprit, ce sont les images de notre vie tout entière, et particulièrement de notre enfance et de notre jeunesse. […] Je souhaite que l’on fasse du féminisme scientifique et droit, muni d’observations, d’expériences, de statistiques et de loyauté dialectique et de probité intellectuelle. […] Certainement, ce sont les observations personnelles de M.  […] Comme le dit un récent philosophe (Jules Martin : La Démonstration philosophique), ce que nous appelons des preuves ne sont que des observations plus précises, des pensées plus logiques. […] Si j’ai jamais un panégyriste, je veux qu’il ait vu mes défauts ; et je le veux, non point du tout par humilité chrétienne, mais pour qu’il ne soit pas soupçonné, à ne montrer que mes qualités, de plus d’invention que d’observation.

1131. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Cromwell » (1827) »

Voici, dans les pages qui vont suivre, les observations qu’il pourrait leur opposer ; voici sa fronde et sa pierre ; mais d’autres, s’ils veulent, les jetteront à la tête des Goliaths classiques. […] Une dernière observation qui achève de marquer le caractère épique de ces temps, c’est que par les sujets qu’elle traite, non moins que par les formes qu’elle adopte, la tragédie ne fait que répéter l’épopée. […] Tenons-nous-en aux faits rassemblés plus haut : complétons-les d’ailleurs par une observation importante.

1132. (1890) Le massacre des amazones pp. 2-265

Elles aiment une certaine philosophie anglaise et tout ce qui s’y manifeste de pratique et de minutieux : l’observation des petits faits, la facilité à s’en satisfaire, les préoccupations morales, l’absence d’inquiétude métaphysique. […] Elle abonde en observations de détail, précises et fines, d’un charme tout féminin. […] Le bourgeois à la fois plat et paradoxal de Camille Pert pouvait être amusant, si l’inconsciente avait senti ce que sa création a de caricatural et n’avait pas prétendu nous donner de l’observation impartiale et de la vérité moyenne. […] L’auteur aime les séries de menues observations nuancées, mais il applique sa psychologie fine à des situations romanesques et ce vrai dans du faux donne un résultat flottant et inquiétant. […] Ces blâmes sont mal fondés quand la formule est précisée par tout un livre, enrichie de mille observations de détail.

1133. (1902) Le critique mort jeune

C’est d’ailleurs, au point de vue scientifique, un livre irréprochable et qui a obtenu les suffrages des plus réputés philologues ; et pourtant M. de Gourmont se distingue d’eux en ce qu’il ne formule ni règles ni principes et n’apporte que des observations pures et simples. […] Paul Bourget ou l’esprit d’observation Lorsqu’un écrivain a employé vingt années à l’observation des mœurs et à l’étude des caractères, il est rare qu’il ne complète ses travaux en adoptant une philosophie. […] L’esprit, par eux déformé, devient ignorant des réalités, incapable de profiter de l’observation et de l’expérience, et, nourri d’illusions, se met hors d’état de diriger pratiquement les affaires publiques ou particulières. […] L’impératif catégorique n’a empêché ni Julie Monneron de chercher un beau mariage et, en acompte, des émotions rares, ni son frère de vérifier, aux frais de son patron, quelques-uns des théorèmes de la « Physiologie de l’amour moderne » chez une dame de la noblesse d’alcôve qui porte, comme les amies du beau Casal et de Claude Larcher, des « pantoufles de cygne » et des « peignoirs de surah mauve », et ne dort autrement que dans des « draps de soie molle. » Par leur impuissance à retenir ces jeunes gens dans le bien, les préceptes du vieux Kant, comme l’appelle familièrement un autre idéologue qui paraît dans cette histoire, prouvent donc leur fausseté : c’est l’observation que ne tarde pas à faire l’autre fils Monneron, Jean, que M.  […] Dans « Mademoiselle Cloque », dans « la Becquée », il avait dessein de peindre « les scènes et les figures communes à la famille provinciale française qui a élevé les hommes âgés aujourd’hui d’environ trente ans. » Un succès légitime a accueilli ces romans de mœurs qui, échappant tout à fait à la formule naturaliste, n’en sont pas moins animés d’un fort sentiment du naturel et où l’observation s’avive de beaucoup d’esprit et de malice.

1134. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIIe Entretien. Montesquieu »

« Cette observation confirme ce que j’ai dit, que dans les pays froids les houppes nerveuses sont moins épanouies : elles s’enfoncent dans leurs gaînes, où elles sont à couvert de l’action des objets extérieurs. […] Ce fut dans l’observation exacte de ces rites que le gouvernement chinois triompha.

1135. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre VI. Bossuet et Bourdaloue »

Bossuet n’allègue guère que l’Écriture pour autoriser ses préceptes ; en fait, il tire quelque chose de saint Thomas, dans son De regimine principum ; il s’inspire plus encore d’Aristote et de Hobbes ; souvent il dégage des lois de l’étude des faits, et il utilise les observations qu’il a faites en expliquant au Dauphin l’histoire de France. […] La morale de Bourdaloue est très précise, très particulière, non pas seulement dans les préceptes, mais dans les observations aussi et les analyses : il présente au pêcheur toutes les nuances, toutes les formes, il lui donne toutes les sources et causes, tous les effets et dépendances de son péché : il ne lui laisse rien ignorer de ce qu’il est, afin de faire éclater devant sa conscience combien il est éloigné d’être ce qu’il doit être.

1136. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1882 » pp. 174-231

* * * — La Revue des Deux Mondes, ces temps-ci, a déclaré par la voix de M. de Brunetière, qu’il y avait plus de vérité, d’observation, dans un roman de Gaboriau ou de Ponson du Terrail, que dans tous les romans de mon frère et de moi. […] D’abord l’introduction dans une salle du fond de l’hôtel, et loin du bruit de la rue et du roulement des voitures, puis l’entrée grave du vieil aubergiste venant assister, comme un témoin sérieux à l’opération, en même temps que l’apparition de la fille de l’aubergiste, à l’aspect de Gretchen, avec ses mains d’un rouge vertueux, et semées de petites lentilles blanches, comme en ont les mains de toutes les institutrices allemandes… et le débouchage religieux de la bouteille, répandant dans la pièce une odeur de violette : — enfin toute la mise en scène de la chose, racontée avec des détails d’une observation de poète.

1137. (1914) Boulevard et coulisses

Vous connaissez la surprenante biographie d’Homère qui commençait par cette phrase : « Homère était atteint de cécité qui se disputait l’honneur de lui avoir donné le jour. » Mais il n’y avait pas que de la cocasserie dans les articles de Grosclaude : il s’y trouvait de très profondes observations sur les choses du jour et, à chaque instant, les traces d’une culture supérieure. […] La jeunesse et les salons se passionnaient non point parce que tel roman, Germinal ou le Nabab, se tirait à cent cinquante mille exemplaires, mais parce qu’il apportait une forme, un style que l’on ne connaissait point encore, une observation personnelle, une expression neuve des sentiments et des caractères.

1138. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre III. Poëtes françois. » pp. 142-215

Mais ces observations critiques ayant été faites par des auteurs qui avoient intérêt de décrier les Poëmes en prose, parce qu’ils en ont fait en vers, la saine partie de la nation ne s’y est pas arrêtée ; & il est à souhaiter pour la consolation des Rois & pour le bonheur des peuples, que le Télémaque soit le bréviaire des Souverains. […] L’auteur a accompagné ses piéces d’observations critiques, où il se censure de la meilleure grace du monde.

1139. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XIV : Récapitulation et conclusion »

Quant à la distribution géographique, si l’on admet qu’il y ait eu pendant le long cours des âges de fréquentes migrations d’une partie du monde à l’autre, en raison de changements climatériques et géographiques antérieurs à notre époque et des moyens nombreux, pour la plupart inconnus, de dispersion qu’ils ont dû fournir, alors on peut concevoir, d’après la théorie de descendance modifiée, le plus grand nombre des principaux faits que l’observation a constatés. […] Un champ d’observation immense et à peine foulé nous sera ouvert dans les causes et les lois de variabilité et de corrélation de croissance, dans les effets de l’usage ou du défaut d’exercice des organes, dans l’action directe des conditions extérieures et ainsi de suite.

/ 1730