Magasins d’objets de luxe. […] Un marchand forain présentant, sur le seuil d’une habitation, des objets de toilette à des femmes. […] La fabrication des objets change selon le temps. Des objets qui étaient carrés, on les fait ronds et le monde trouve cela plus beau : ça s’appelle la mode. Tous les objets sont soumis à cette modification, à plus forte raison les peignes et autres objets de toilette servant aux femmes dont les caprices se plaisent au changement.
Une jeune fille de Genève, que madame Necker avait appelée auprès d’elle pour donner un objet aux premières amitiés de sa fille encore enfant, raconte ainsi les premiers épanchements de son amie : « Elle me parla avec une chaleur et une facilité qui étaient déjà de l’éloquence et qui me firent une grande impression. […] Pendant la maladie de sa fille, il n’est aucun genre de services que sa tendresse inquiète n’ait voulu lui prodiguer ; il semblait qu’elle eût besoin de contempler sans cesse les objets qui lui restaient encore pour retrouver la force de vivre, et cependant un jour on est venu lui ôter son fils ; l’enfant, pendant deux fois vingt-quatre heures, a refusé de prendre aucune nourriture. […] Défendez la reine par toutes les armes de la nature ; allez chercher cet enfant, qui périra s’il faut qu’il perde celle qu’il a tant aimée ; il sera bientôt aussi lui-même un objet importun, par l’inexprimable intérêt que tant de malheurs feront retomber sur sa tête ; mais qu’il demande à genoux la grâce de sa mère ; l’enfance peut prier, l’enfance s’ignore encore. […] Le second avait pour objet de convaincre les partis intérieurs de la nécessité d’une conciliation dans la liberté mutuelle et légale sous peine d’éterniser l’anarchie et de recréer la tyrannie.
Les grands événements dont il est le moteur, le centre et l’objet, semblent si peu conformes aux combinaisons vulgaires, qu’on ne devrait point s’étonner que des imaginations fortement religieuses crussent de semblables desseins dirigés par des conseils supérieurs à ceux des hommes. […] Ces objets étaient répétés dans l’eau d’un étang avec l’ombrage d’un noyer, qui servait de fond à la scène et derrière lequel on voyait se lever l’aurore. […] Il me manquait quelque chose pour remplir l’abîme de mon existence : je descendais dans la vallée, je m’élevais sur la montagne, appelant de toute la force de mes désirs l’idéal objet d’une flamme future ; je l’embrassais dans les vents ; je croyais l’entendre dans les gémissements du fleuve ; tout était ce fantôme imaginaire, et les astres dans les deux, et le principe même de vie dans l’univers. […] Dans mon délire j’avais été jusqu’à désirer d’éprouver un malheur, pour avoir du moins un objet réel de souffrance : épouvantable souhait que Dieu, dans sa colère, a trop exaucé !
Mais déjà dans les Poèmes saturniens se rencontrent des poésies d’une bizarrerie malaisée à définir, qui sont d’un poète un peu fou ou qui peut-être sont d’un poète mal réveillé, le cerveau troublé par la fumée des rêves ou par celle des boissons, en sorte que les objets extérieurs ne lui arrivent qu’à travers un voile et que les mois ne lui viennent qu’à travers des paresses de mémoire. […] On s’explique maintenant que l’amour divin donne à ceux qui en sont pénétrés la force d’accomplir les plus grands sacrifices apparents, de pratiquer la chasteté, la pauvreté, le détachement ; car ces sacrifices d’objets terrestres, nous les faisons à un idéal qu’une expérience terrestre a lentement composé : c’est donc encore à nous-mêmes que nous nous sacrifions. […] On ne peut les caractériser que par l’état d’âme dont ils sont le plus souvent la traduction : demi-ivresse, hallucination qui déforme les objets et les fait ressembler à un rêve incohérent ; malaise de l’âme qui, dans l’effroi de ce mystère, a des plaintes d’enfant ; puis langueur, douceur mystique, apaisement dans la conception catholique de l’univers accepté en toute naïveté… Vous trouverez dans Jadis et naguère, de vagues contes sur le diable. […] Continuellement les objets font sur notre cerveau des impressions dont nous ne nous apercevons pas et qui s’y emmagasinent sans que nous en soyons avertis.
Pour les faire cesser, l’auteur déclara n’avoir voulu jouer que les fausses précieuses ; qu’il fallait distinguer entre les grandes et les petites précieuses, entre les illustres, qui étaient au-dessus de toute atteinte, et les ridicules, qui étaient un véritable objet de satire ; il assura que ces dernières seules étaient représentées dans sa comédie. […] Il arrive une autre fois qu’une précieuse pleure un ami, et se met tout-à-coup à disserter sur la douleur ; elle prétend que la douleur doit avoir pour objet de faire revivre le plaisir qu’on a goûté avec le défunt. […] De Pure diffère à cet égard de Somaise : « L’objet principal de leurs soins, c’est, dit-il, la recherche des bons mots et des expressions extraordinaires, pour conserver dans l’empire de la conversation, un juste tempérament entre le style rampant elle pompeux. » Mais ce but n’était pas condamnable. […] Voici comment il s’exprime : « Quand la renommée des précieuses fut l’objet de tous les entretiens d’Athènes (de Paris), les nouvelles précieuses voyant que chacune d’elles inventait de jour en jour des mots nouveaux et des phrases extraordinaires, voulurent aussi faire quelque chose digne de les mettre en estime parmi leurs semblables ; enfin, s’étant trouvées ensemble avec Claristène (M.
C’est de la nature que tu reçus cette sensibilité prompte qui réfléchit tous les objets qui l’ont frappée, ce tact délicat, ces vues justes et fines, ce discernement si sûr, ce sentiment des convenances, ce goût enfin cultivé par les leçons de port-royal, nourri par le commerce assidu des anciens, fortifié par les conseils de Boileau ; ce goût, qualité rare et précieuse, qui peut-être est au génie ce que la raison est à l’instinct, s’il est vrai que l’instinct soit le mobile de nos actions, et que la raison en soit le guide ; ce goût qui attache aux productions vraiment belles le sceau d’une admiration éclairée et durable ; qui sépare, par un intervalle immense, les Virgile, les Cicéron, les Horace, des Lucain, des Stace et des Sénèque ; qui seul enfin élève les ouvrages de l’homme à ce degré de perfection qui semblait au dessus de sa foiblesse. […] Bientôt il s’accoutume et se familiarise avec l’objet de son respect. […] Cette recherche n’est point étrangère à la gloire de Racine, ni aux objets qui doivent nous occuper dans son éloge. […] Les autres sont moins aimables, d’un effet moins sûr et moins étendu, beaucoup plus dépendantes du mérite de l’exécution, des combinaisons de l’art, et de la sagacité des juges : tels sont les ouvrages dont l’objet est plus éloigné de la classe la plus nombreuse des spectateurs, dont le but est plus détourné et plus réfléchi, dont l’intérêt nous est moins cher et nous attache sans nous transporter, dont la morale, développant de grandes et utiles vérités, et supposant des vues profondes, parle moins à la multitude, mais frappe les yeux des connaisseurs et les esprits distingués.
En effet (mettant toujours à part la poésie dramatique qui fera tout à l’heure l’objet d’un examen spécial) voyons quels monuments impérissables nous ont laissés nos poètes classiques : Voltaire se présente avec ses épîtres philosophiques, un poème héroï-comique qui est un péché mortel et immortel, et toute sa poésie légère ; Boileau avec un poème didactique, un volume de satyres et son admirable Lutrin ; et Lafontaine, le plus poète de tous, avec ses fables et ses contes. […] Résumons-nous : la physionomie littéraire de la France actuelle est caractérisée par trois grands traits : l’histoire, la philosophie, la haute poésie ; les premiers talents de prose et de vers de l’époque sont renfermés dans cette triple et large barrière ; et ces trois objets occupent presqu’exclusivement l’intérêt et la curiosité d’une jeunesse avide d’instruction et d’émotions. […] On vit l’imitation des anciens devenue originale et créatrice, réfléchir, en l’embellissant encore, la civilisation la plus splendide de notre monarchie, et de cette fusion harmonieuse entre la peinture de l’antiquité et celle de l’âge présent, sortir un idéal ravissant et pur, objet de délices et d’enchantements pour toutes les âmes délicates et cultivées. […] Victor Hugo dans son admirable préface de Cromwell, de ce Cromwell, œuvre poétique, toute virile, toute réfléchie, jusques dans ses parties les plus attaquées, et qui restera comme un objet d’envie et de colère pour les uns, d’étude et d’admiration pour les autres, et de discussions animées pour tous, quand l’oubli pèsera sur la plupart des succès d’aujourd’hui.
J’ai révolté les amants de Voltaire, en leur montrant les défauts de l’objet aimé. […] Qu’est-ce que les objets de la carrière ? et les grands objets de la vaste carrière ajoutent à l’impropriété du tour la faiblesse des épithètes. […] Ses impostures, souvent ridicules en elles-mêmes, ont toujours été agrandies par leur objet. […] Mourir pour une infidèle est une sottise ; mourir pour ne pas survivre à l’objet qu’on aime, est le comble du courage et de la générosité.
Il semble avoir, en Amérique, traversé sans la voir cette forêt éternelle, humide, froide, morne, sombre et muette, qui vous suit sur le haut des montagnes, descend avec vous au fond des vallées, et qui donne plus que l’océan lui-même l’idée de l’immensité de la nature et de la petitesse ridicule de l’homme. » Le fragment d’histoire, — deux chapitres qui ont pour objet d’analyser l’esprit public sur la fin du Directoire et à la veille du 18 brumaire —, est d’un historien de l’école de Polybe. […] … Mon esprit s’épuise à concevoir une notion exacte de cet objet… » Il y a assurément de l’excès dans cette méthode scrutatrice, et bien des horizons plus ouverts et souvent plus faciles à atteindre qu’on ne se l’imagine se ferment devant elle3.
La protection tutélaire qu’ils peuvent accorder au timide objet de leur choix, la gloire qu’ils peuvent réfléchir sur une faible vie, est leur charme le plus irrésistible. […] Il s’est mis à l’abri du jugement du goût, en se rendant l’objet du fanatisme populaire.
Les siècles précédents n’avaient guère eu que des chroniques : mais quand l’individu se prit lui-même pour objet et fin de son activité, quand il poursuivit au-delà de la durée de son être terrestre l’immortalité de la gloire, on conçoit aisément quels stimulants, dans une race sociable et causeuse, excitèrent les hommes à écrire leurs mémoires. […] Aux Mémoires personnels se rattachent toute sorte de vies et de récits où le narrateur, quel qu’il soit, a pour objet de déployer la richesse ou la beauté de quelque nature héroïque ou illustre.
Les revendications sociales s’effacèrent, et pendant tout le second empire, l’objet de l’opposition, dans la nation comme à la chambre, fut la restauration du régime parlementaire. […] Sa hauteur d’esprit et son patriotisme lui représentaient l’union morale des Français comme un objet désirable ; déposant les rancunes après la victoire de ses principes, il ne voulait pas retenir indéfiniment les mots d’ordre et les moyens de combat qu’imposaient les nécessités provisoires île la politique.
Si sentir vivement les atteintes portées aux principes les plus indispensables & les plus respectés ; si s’exprimer avec chaleur & intérêt, dès qu’il s’agit de tous ces importans objets, c’est être partial ; nous souscrivons volontiers à cette inculpation. […] Une telle accusation ne peut tomber avec justice que sur l’esprit caustique qui s’exerce à mortifier l’amour-propre, sans se proposer d’autre but que celui de mortifier : le nôtre a été constamment d’instruire & de corriger, s’il étoit possible ; tout ce que nous avons dit a été animé par ce désir, & dirigé vers cet objet.
J’honore cette franchise, je respecte cette foi de Polyeucte, qui repousse les tièdes, et qui, forte d’un espoir supérieur, réclame le combat, même inégal, sans douter de la victoire ; mais, politiquement et moralement, j’aurais mieux aimé laisser un peu plus de confusion sur ces objets. […] Sa faculté ironique et poliment hautaine qui, à certains jours pourtant, excédait un peu le ton de la noble Chambre et pouvait sembler disproportionnée, trouve ici des objets très convenables, et il n’en laisse, à la rencontre, échapper aucun ; il joint aux autres qualités de l’orateur celle de la riposte et de l’à-propos.
On voit que cette pièce manque entièrement d’ensemble et même d’objet. […] tout cela me paraît vague et dénué d’objet.
Si l’enseignement n’a pendant toute sa durée qu’un seul et unique objet, l’étudiant à qui la nature n’aura donné que peu ou point d’aptitude à cette étude, sera constamment humilié et découragé ; mais si l’enseignement embrasse plusieurs objets à la fois, après son moment de honte viendra son moment de triomphe et de gloire, et ses parents s’en retourneront de l’exercice public avec quelque consolation.
Si donc ces faits étaient sociaux, la sociologie n’aurait pas d’objet qui lui fût propre, et son domaine se confondrait avec celui de la biologie et de la psychologie. […] Or, ce qui rend ces derniers particulièrement instructifs, c’est que l’éducation a justement pour objet de faire l’être social ; on y peut donc voir, comme en raccourci, de quelle manière cet être s’est constitué dans l’histoire.
Il semblait donc que la réalité sociale ne pouvait être l’objet que d’une philosophie abstraite et vague ou de monographies purement descriptives. […] En effet, elle doit, avant tout, avoir pour objet d’abréger le travail scientifique en substituant à la multiplicité indéfinie des individus un nombre restreint de types.
Dieu et ses attributs, l’homme et ses facultés resteront toujours des objets mystérieux ; les bases de toute société échapperont également au flambeau indiscret de la raison humaine. […] Pour avoir sur cet objet des idées justes et vraies, ne faudrait-il pas rétablir, par la pensée, les idées qui dominaient à l’époque où Eschyle, Euripide et Sophocle régnaient sur la scène tragique ?
Les mêmes objets leur communiquent les mêmes idées, et souvent la même manière de les rendre. […] Je choisirai, dans tous, les idées éparses sur les philosophes et sur les princes ; car ce sont les deux objets dont il s’occupe sans cesse.
Ils donnaient aux objets de leur admiration une existence analogue à leurs propres idées. […] Cette critique cherche ce que l’on doit croire sur les fondateurs, ou auteurs des nations, lesquels doivent précéder de plus de mille ans les auteurs de livres, qui est l’objet de la critique philologique.
Quand on a lu un Discours de Bourdaloue, & qu’on va les entendre ensuite, il semble que l’éloquence de la Chaire ait changé d’objet.
Plan, style, choix des matieres, rien n’étoit analogue au grand & riche objet qu’il avoit à traiter.
L’amour de Pyrrhus & de Téglis est le seul objet d’intérêt qui y regne ; mais cette passion est conduite avec tant d’art, que seule elle suffit pour attacher le Spectateur, & même le Lecteur.
C’est donc par des loix générales, & non par des volontés particulieres, qu’ils doivent faire régner la justice sur leurs Sujets ; & l’unique objet des loix qu’ils sont obligés de donner à leurs Peuples, doit être de les faire jouir de tous les avantages qu’ils ont reçus de la Nature.
Son changement, dont personne n’ignore l’histoire, transforma tout-à-coup ses penchans, & dirigea ses talens vers des objets plus solides.
— C’est ton père, c’est moi, C’est ma seule prison qui t’a ravi ta foi… Ma fille, tendre objet de mes dernières peines, Songe au moins, songe au sang qui coule dans tes veines : C’est le sang de vingt rois, tous chrétiens comme moi ; C’est le sang des héros, défenseurs de ma loi, C’est le sang des martyrs. — Ô fille encor trop chère !
Dans les temples que les siècles n’ont point percés, les murs masquent une partie du site et des objets extérieurs, et empêchent qu’on ne distingue les colonnades et les cintres de l’édifice ; mais quand ces temples viennent à crouler, il ne reste que des débris isolés, entre lesquels l’œil découvre au haut et au loin les astres, les nues, les montagnes, les fleuves et les forêts.
Je ne parlerai que des livres qui peuvent être l’objet de la curiosité d’une personne qui ne s’est pas spécialement consacrée à la Jurisprudence.
La science de la musique avoit parmi les grecs et parmi les romains, un objet bien plus vaste.
Elle porte, comme on le voit, sur un objet nettement délimité.
En cherchant bien la différence essentielle qui existe entre l’amour des sens et l’amour des âmes, on arrive à conclure ceci : C’est que l’amour des sens a pour mobile et pour objet le plaisir, et que l’amour des âmes a pour mobile et pour objet la passion du beau ; aussi le premier n’inspire-t-il que des désirs ou des appétits, et le second inspire-t-il des admirations, des enthousiasmes et pour ainsi dire des cultes. […] Ce culte poétique pour la beauté ne souillait pas plus la femme vertueuse qui en était l’objet, qu’un chevalier ne souillait sa dame en en portant les couleurs et en lui consacrant ses exploits. […] Je serai l’unique objet de ses discours, de ses écrits, de ses pensées ! […] Dans ceux qui aiment de l’amour surnaturel, de l’amour du beau et non de l’amour des sens, comme nous l’avons dit en commençant, l’amour est plus parfait après la mort de ce qu’on aime que pendant la vie de l’objet aimé.
Forcer ma raison à être attentive aux preuves de la foi, l’étonner, la troubler par le développement des mystères et les preuves du dogme, tel doit être l’objet principal du sermon. […] Et quel plus grand objet de l’éloquence, que de montrer Dieu lui-même nous y aidant et s’employant à la réparation de sa créature intelligente ? […] C’est un art dont l’objet est moins de persuader que de plaire. […] Il ne tire du sujet que des idées importantes ; aucune qui soit de trop, ou qui n’ait avec l’objet du sermon le rapport du chemin au lieu où l’on va. […] La guerre aux passions, voilà leur objet.
Le culte des apparences, les préoccupations techniques certes étaient moins angoissantes et nous savons très bien comment, à l’exemple de tel ou tel animal qui peut tomber en sommeil s’il regarde longtemps un point fixe, les réalistes d’une part et, à leur suite, les esthètesac qui n’avaient d’yeux que pour les attitudes, d’oreilles que pour les mots, d’attention que pour les objets, ne se dédiaient ainsi à tout cet attirail que par un confus mais réel désir de somnolence. […] Que l’esprit ne soit point d’accord avec le monde extérieur, qu’il se refuse à suivre les contours des objets, des faits, ne sache en tirer aucun parti et même, le cas échéant, se refuse à en tirer aucun parti, voilà qui ne saurait être donné en preuve de son mauvais état. […] Les annales criminelles qui lui fournirent ce que les critiques appellent un sujet, dans leur brutalité officielle, n’avaient même pas cette valeur objective intangible, objet de la foi positiviste, puisqu’il put en dérouler la bouleversante suite de récits, de pensées, d’images que l’on sait. […] L’œil d’un Picasso, aigu à percer les nuages commodes, déchire les voiles des brouillards trop doux pour éclairer d’une lumière inexorable les mystères cachés derrière chaque objet, chaque forme, chaque couleur. […] Nous savons que l’esprit attentif aux contours, docile aux objets, soumis à leur apparence ordinaire, comme on lui a si longtemps conseillé d’être, n’aurait pas de vie propre et même, à vrai dire, n’existerait pas.
Au moment de nous mettre en marche vers l’avenir, peut-être n’est-il pas mauvais de rallier vers un but commun les volontés hésitantes, en définissant plus nettement l’objet de nos efforts. […] Mais non seulement cette formule a l’avantage d’être plus pratique, elle circonscrit avec plus de netteté les limites de notre observation, comme elle définit plus précisément notre objet. […] Si tel est l’objet de notre art, il devient évident que nous devons avant tout nous préoccuper des exemplaires les plus parfaits de la vie, puisqu’ils épuisent en quelque façon toute la force de notre principe. […] Nous respecterons scrupuleusement cette obligation de servir autrui qu’assume tout écrivain dès qu’il publie un livre ; et si nous prenons garde de n’offrir que des exemplaires accomplis de chaque être ou de chaque objet, — sans prêcher ni moraliser, nous conférerons par ce seul fait une valeur édifiante à nos écrits. […] Pour toutes ces raisons profondes, le respect de la tradition nationale ne saurait être pour nous l’objet d’un débat contradictoire.
L’un trouve des adoucissements dans la vue de la nature ; pour l’autre, elle n’est qu’un objet d’indifférence. […] Ses vagues inquiétudes, ses désirs sans objet, le poursuivirent jusque sous la hutte des sauvages de l’Amérique. Plus tard, ses passions s’attachèrent à des objets moins impalpables. […] Je me contenterai d’avancer que l’un des aspects de ce genre littéraire se confond avec l’objet de cette étude. […] Le désespoir de Byron y était toujours un objet d’émulation et d’envie.
Le chevalier fit un long voyage, et on le voit au bout de la Pologne, à Wilna, en juin 1723 ; mais, à son retour, Mlle Aïssé était vaincue, et on n’en pourrait douter, lors même qu’on n’en aurait d’autre preuve que ce passage d’une lettre de Bolingbroke à d’Argental (de Londres, 28 décembre 1723) : « Parlons, en premier lieu, mon respectable magistrat, de l’objet de nos amours. […] Quoique le Chevalier pense et agisse par sentiment, ce n’est peut-être pas néanmoins l’homme du monde le plus passionné ni le plus tendre ; il est affecté par trop de divers objets pour pouvoir l’être fortement par aucun en particulier. […] Je vous parus un objet qui méritait de la compassion, et qui était coupable sans trop le savoir. […] J’y transporte toutes mes idées, mon cœur ne s’entretient plus que de Sens : c’est là que sont maintenant réunis les deux objets de toute ma tendresse. […] Frappé vivement des objets, il les rend comme la glace d’un miroir les réfléchit, sans ajouter, sans omettre, sans rien changer. » Voilà l’idéal primitif du bien-dire parmi les femmes du xviiie siècle, au moment où elles se détachent du pur genre de Louis XIV.
Mais les pages sur la jeunesse (1817), qui ouvrent les volumes de Mélanges, nous le représentent bien à cette date, dans sa lutte muette contre la société, aspirant à un idéal non encore défini, avec le sentiment d’une supériorité qui cherche son objet, avec une amertume d’ironie qui se retourne contre elle-même. […] En nous tenant pourtant à notre objet, que voyons-nous ? […] Cette dernière, qui avait pour objet de motiver et d’appuyer les projets de loi présentés sur la définition des délits de presse et sur leur mode de jugement par le jury211, se recommande encore aujourd’hui par des idées générales très-hautes, très-fermes, exprimées non sans éclat. […] Le fait est que si l’on peut se figurer le corps social d’alors sans les accidents et les symptômes qui masquaient sa disposition fondamentale, il demandait plutôt à être traité dans ce sens ; mais ces accidents, ces symptômes ne faisaient-ils pas une complication grave, qui devenait par moments l’objet principal et qui contrariait la méthode pure ? […] Ainsi nous le trouvons le critique le plus ouvert et le plus sympathique, pénétrant les objets et s’en détachant, d’une impartialité qui n’est pas de l’indifférence, et qui n’est qu’une sensibilité très-étendue et rapidement Diverse.
« C’est cette qualité appliquée aux grands objets de l’histoire qui, à mon avis, est la qualité essentielle du narrateur, et qui, lorsqu’elle existe, amène bientôt à sa suite toutes les autres, pourvu qu’au don de la nature on joigne l’expérience, née de la pratique. […] On vient tout récemment d’exposer aux yeux émerveillés du public, parmi les chefs-d’œuvre de l’industrie du siècle, des glaces d’une dimension et d’une pureté extraordinaires, devant lesquelles les Vénitiens du quinzième siècle resteraient confondus, et à travers lesquelles on aperçoit, sans la moindre atténuation de contour ou de couleur, les innombrables objets que renferme le palais de l’Exposition universelle. […] L’histoire technique montre seulement les objets ; la grande histoire les montre, les vivifie et les caractérise. […] Thiers quand il parle du style et qu’il le compare à une glace, glace d’autant plus parfaite, dit-il, qu’elle se borne à réfléchir avec plus de fidélité les objets, sans les colorier de teintes empruntées à sa propre surface, nous dirons que c’est rabaisser l’intelligence que de l’assimiler à un miroir inerte. […] Dans l’ordre matériel, le miroir doit se borner, en effet, à réfléchir et à reproduire avec une fidélité neutre les objets ; mais, dans l’ordre intellectuel et moral, le miroir, qui est l’âme vivante de l’homme, doit non seulement reproduire, il doit penser, il doit sentir, il doit juger ce qu’il reproduit.
Le son de voix, l’attitude, les gestes, étaient l’objet d’une étude dont Tacite, Cassius, Brutus, Quintilien et Cicéron donnent les règles dans leurs traités. […] Comment peux-tu supporter le séjour d’une ville où il n’y a pas un seul habitant, excepté tes complices, pour qui tu ne sois un objet d’horreur et d’effroi ? […] Vous reconnaissez un Dieu à ses œuvres et à la beauté du monde, quoique vous ne sachiez pas où est Dieu ni ce qu’il est : reconnaissez de même votre âme à son action continuelle et à la beauté de son œuvre, qui est la vertu. » XXVII Et celui-ci, sur la divisibilité des sens et de l’âme, autrement appelée la mort : « Que faisons-nous quand nous séparons notre âme des objets terrestres, des soins du corps et des plaisirs sensibles, pour la livrer à la méditation ? […] Un Cerbère à trois têtes, les flots bruyants du Cocyte, le passage de l’Achéron, un Tantale mourant de soif et qui a de l’eau jusqu’au menton sans qu’il y puisse tremper ses lèvres ; ce rocher contre lequel Sisyphe, épuisé, hors d’haleine, perd, à rouler toujours, ses efforts et sa peine ; des juges inexorables, Minos et Rhadamanthe, devant lesquels, au milieu d’un nombre infini d’auditeurs, vous serez obligé de plaider vous-même votre cause, sans qu’il vous soit permis d’en charger ou Crassus ou Antoine, ou, puisque ces juges sont grecs, Démosthène : voilà l’objet de votre peur, et sur ce fondement vous croyez la mort un mal éternel. […] Dieu lui-même ne se présente à nous que sous cette idée d’un esprit pur, sans mélange, dégagé de toute matière corruptible, qui connaît tout, qui meut tout, et qui a de lui-même un mouvement éternel…………………………………………………………………………………………………… « Car, enfin, que faisons-nous en nous éloignant des voluptés sensuelles, de tout emploi public, de toute sorte d’embarras, et même du soin de nos affaires domestiques, qui ont pour objet l’entretien de notre corps ?
Il n’y a peut-être de critique digne de ce nom que celle qui a pour objet des œuvres suffisamment éloignées de nous et dont nous sommes personnellement détachés. […] On est amusé par les faits et gestes des conjurés, indépendamment de ce qu’ils pensent et de l’objet qu’ils poursuivent : et, dès lors, on est seulement amusé, rien de plus, et encore assez doucement. […] Que tout le monde l’ait dit, cela n’est pas pour m’empêcher de le redire : Zaza est « une pièce pour Mme Réjane », et d’ailleurs très adroitement appropriée à son objet. […] Cela, pour deux raisons, je crois : l’artifice presque constant de l’exécution, et une certaine difficulté à saisir nettement l’objet même de cette « charge » furibonde. […] Il a une espèce de générosité vague, d’autant plus effrénée dans son expression que les mobiles et l’objet en demeurent un peu confus.
Et bientôt une insomnie cauchemarresque, où moitié dormant, moitié éveillé, je voyais que l’on faisait, de mon vivant, une vente de toutes mes collections, en un endroit pareil à une place de village, et dans laquelle les trois quarts des objets étaient égarés, perdus, volés, ne se retrouvaient pas, et au milieu de mes désespoirs, de mes fureurs, dire l’ironie muette des crieurs, de l’expert, du commissaire-priseur. […] C’est ainsi que M…, qui a été quinze ans son entreteneur en titre, invariablement, Ozy lui demandait dix, vingt, trente Lyon (actions du chemin de fer), au lieu de tout objet quelconque, qu’il était décidé à lui offrir. […] Il conte que ce dernier était très aimé du baron d’Ivry, qui avait été le compagnon de plaisir du marquis, et quand arriva la vente de ce dernier, avant la mise aux enchères de la collection, les filles du baron voulurent absolument lui offrir un objet, un objet important de la vente, dont elles lui donnèrent le choix. « Eh bien, puisque c’est votre désir, s’écria Wallace, je ne veux que ce petit tableau, et uniquement ce petit tableau…. […] Ce sont des bandages, des seringues à injections, un tas d’objets louches, énigmatiques parmi lesquels figurent des anneaux de Vénus, des rondelles de caoutchouc dentelées, au moyen desquelles, un peintre me disait qu’on procurait à la femme des jouissances cataleptiques. […] Devant les tableaux, des meubles de toute sorte, des bahuts moyenageux des cabinets de marqueterie, une infinité d’objets d’art rastaquouères, des figurines du Chili, des instruments de musique de sauvages, de grands paniers de fleurs, où les feuilles et les fleurs sont faites de plumes d’oiseaux.
Dans l’une et dans l’autre, l’objet est vivant, c’est-à-dire soumis à une transformation spontanée et continue. […] De petits faits intéressants rompent l’uniformité du journal, et peignent aux yeux les objets et à l’esprit les mœurs. […] Ce talent consiste d’abord dans la vue exacte et entière des objets absents. […] Il n’est pas d’affaire qu’il n’anime, ni d’objet qu’il ne rende visible. […] La conquête n’avait laissé en elles ni espérance, ni volonté, ni objet d’intérêt, ni source d’action.
Sully Prudhomme et François Coppée, c’est qu’il n’aimait pas seulement pour leur mérite propre la rime ingénieuse, l’épithète rare et le rythme savant ; il les trouvait lui aussi, mais pour les subordonner à une pensée qui était l’objet de son principal effort.
Tel est le travers ordinaire de ces esprits versatils, que l’intempérance des idées porte indiscrétement au pour & au contre sur chaque objet.
Barthelemi n’étoit pas son principal objet.
« Ce Savant connoissoit, dit l’Auteur de son Eloge historique*, tous les Romans & les Théatres de presque tous les peuples, comme si ses lectures n’avoient jamais eu d’autre objet…..
La Philosophie et la Religion, ces deux pôles de la raison humaine, sont l’objet des deux dernières études.
Baron, objet de la jalousie de la Béjart, en reçut des injures et un soufflet ; il se retira chez la Raisin. […] Vous devez toujours, dis-je, avoir devant les yeux Le peu que vous étiez sans ce nœud glorieux, Afin que cet objet d’autant mieux vous instruise À mériter l’état où je vous aurai mise, À toujours vous connaître, et faire qu’à jamai Je puisse me louer de l’acte que je fais23. […] Ne sont-ce plus défauts dans un objet si doux ? […] Par de pareils objets les âmes sont blessées, Et cela fait venir de coupables pensées. […] Mes prières n’ont pas le mérite qu’il faut Pour avoir attiré cette grâce d’en haut ; Mais je n’ai fait au ciel nulle dévote instance Qui n’ait eu pour objet votre convalescence.
Bonnetain l’a meublé, l’a égayé avec de la japonaiserie à bon marché, d’immenses éventails, quelques objets grossiers rapportés de là-bas ; mais toute cette bibeloterie colorée est amusante par sa fantaisie, et son exotisme. […] Crispin, lui, existe toujours, Crispin chez lequel j’ai acheté un splendide lit, provenant du château de Rambouillet, et qui passait pour le lit, dans lequel couchait la princesse de Lamballe, quand elle habitait chez son beau-père, le duc de Penthièvre ; Crispin, dont le rez-de-chaussée, autrefois tout plein d’une flamboyante rocaille dorée, de marbres, de bustes en terre cuite, d’objets de la plus haute curiosité, laisse apercevoir maintenant des meubles en imitation de l’ancien, des pendules en lyre, des feux aux sphinx du premier Empire. […] Ce soir, le hasard me fait lire un article de je ne sais plus qui, constatant avec une joie, presque sauvage, la baisse, l’écroulement des objets japonais : tout cela pour arriver à dire au public, que l’Académie des Goncourt est fichue, et que les gens qui croyaient en être, sont volés. […] Son livre sera l’histoire d’un mari qui pardonne, et il s’étend sur la bêtise de tuer, pour l’homme qui aime, et qui détruit à jamais l’objet de cet amour. « Oui, reprend-il, ce sera une œuvre de mansuétude. » Et il mettra dans un coin de ce livre de pardon, toutes les notes qu’il a prises derrière les persiennes fermées de son beau-père, devant cette fontaine, à un carrefour de routes : notes écrites au crayon, où il fixait, comme un peintre, les mouvements, les poses, les attitudes des pauvres errants, et pour ainsi dire la mimique de leurs tergiversations, devant l’énigme et la chance des chemins, s’étendant devant eux. […] Mardi 27 novembre En maniant ces jolités, — c’est le nom que leur donne le : Catalogue de feu Son Altesse Royale le duc Charles de Lorraine et de Bar, ces jolités faisant partie de cette vitrine, que je commence, d’objets à l’usage de la femme du dix-huitième siècle, en touchant et retouchant ces étuis, ces flacons, ces ciseaux, ces navettes, qui ont été, pendant des années, les outils des travaux d’élégance et de grâce des femmes du temps, il vous arrive de vouloir retrouver les femmes, auxquelles ils ont appartenu, et de les rêver ces femmes, — le petit objet d’or ou de saxe, caressé des doigts de votre main.
Mercredi 4 février Aujourd’hui j’achète chez Hayashi une poche à tabac de Gamboun, le figurateur spécialiste de la fourmi au Japon : un objet de la vie intime, au caractère d’un objet de sauvage, mais fabriqué par le sauvage le plus artiste de la terre. C’est extraordinaire la jouissance que procure à un amateur la possession d’un objet parfait : c’est si rare le bibelot qui vous satisfait complètement. […] Et il travaillait un temps pour le prince, ornant alors ses travaux de bois, de belles et riches matières, et en faisant de somptueux objets d’art que collectionnait le prince, et dont il faisait cadeau aux daïmio, ses amis. […] Ainsi aujourd’hui, ayant sous les yeux une image de Toyokouni, représentant le bureau d’une Maison Verte, d’une maison de prostitution, et me faisant donner une explication japonaise de tous les objets, grands ou petits, garnissant ce bureau, j’avais la conviction que j’apporterais au lecteur, avec ma description, une sensation du rendu de l’endroit, tout aussi photographique, que la donnerait une description d’après nature de Loti. […] Un logis tout plein d’un méli-mélo d’objets disparates, de vieux portraits de famille, de meubles Empire, de kakemonos japonais, d’eaux-fortes de Whistler.
» Et le baron entraîne Lafontaine dans une pièce, où la baronne montée sur un escabeau, et ceinte d’un tablier, nettoyait elle-même ses curiosités, entourée d’une vingtaine de larbins en mollets, qui lui passaient les objets placés sur une table, et qu’elle replaçait dans une vitrine, après les avoir soigneusement frottés avec du vieux linge. […] Un silence comme dans les jours tragiques, et la tête de la baronne, vous la voyez… lorsqu’un larbin ramasse sur le tapis — un tapis heureusement de cinq pouces d’épaisseur — un objet, et après l’avoir retourné dans tous les sens, le tend à la baronne, disant avec une voix de domestique : « Intact » et c’est un autre qui chuchote le même mot, et pour la dizaine d’objets tombés, c’est bientôt un chœur de larbins, répétant : « Intact, intact, intact ! […] Samedi 30 avril Quand on commence à collectionner, devant le nombre des objets qu’on trouve, au commencement de sa chasse et de sa recherche, on croit que la matière est inépuisable, qu’il y en aura toujours chez les marchands. […] Au Grenier, on cause aujourd’hui dynamite, on cause moyens de destruction et moyens de défense des êtres et des objets matériels, et j’apprends une chose assez ignorée, c’est que le Musée d’Anvers, ville, dont la destination est d’être bombardée, a des murs pouvant rentrer sous terre, avec les tableaux qui y sont accrochés. […] Et l’on s’avoue, que les Américains qui sont en train de se faire le goût, lorsqu’ils l’auront acquis, ne laisseront plus en vente un objet d’art à l’Europe… qu’ils achèteront tout, tout.
» Jeudi 24 janvier Larousse m’apporte la vitrine pour la collection, que je m’amuse à faire des petits objets à l’usage de la femme du xviiie siècle, objets de toilette et de travail féminin, et quand la vitrine est à peu près garnie de Saxe, de Sèvres, de Saint-Cloud, de ces blanches porcelaines à fleurettes, montées en or ou en vermeil, de ces porcelaines si claires, si lumineuses, si riantes, et d’un pimpant coup d’œil sous les glaces de la vitrine, je me demande si ma passion du Japon n’a pas été une erreur, et je pense à quelle étonnante réunion de petites jolités européennes du siècle que j’aime, j’aurais pu faire, si j’y avais mis l’argent que j’ai mis à ma collection de l’Extrême-Orient. […] Elle est aussi peu publiable, sa correspondance, par des allusions à des privautés amoureuses, se passant entre lui et l’objet de son amour, car Balzac, comme on le croit généralement n’avait rien d’un ascète, n’était point un chaste. […] Je n’ai jamais placé d’argent, et je suis embarrassé de mes 12 000 francs devant la pénurie de l’objet d’art chinois ou japonais. […] Il m’entretient de l’enfant, qui s’est sauvé quatre fois du collège, pour retourner à son clos, et qui, à douze ans, fabriquait deux petites charrues minuscules, les deux uniques objets d’art qui parent l’habitation de l’homme. […] Cet aveu est jeté dans une suite de paroles qui ont un rien d’illuminisme, paroles accompagnées de petits gestes rétrécis : « Les relations sont fugaces, dit-il, et trop pleines de heurts des tempéraments divers… On n’est rien dans la durée du temps… » et comme il n’a ni l’ambition, ni l’amour de l’argent, il ne veut plus dans la vie que les jouissances rapides et effleurantes, données par la contemplation des objets d’art.
Cette pointe de diamant, qui vient d’Angleterre, serait l’objet de la convoitise de graveurs à l’eau-forte contemporains, qui font de la diplomatie pour la lui emprunter, à la fin de la faire exécuter par un bijoutier parisien. […] Dans les objets de l’art industriel, l’étain en pleine résurrection. […] Mais là, pétrir de la glaise ne lui semblait pas, avec les idées de son enfance, l’œuvre d’un vrai sculpteur, d’un sculpteur frappant, à tour de bras, sur de la matière dure ; et il entrait dans un atelier de médailliste, où se creusaient des coins, où l’on incisait le métal : vivant alors de travaux commencés pour des camarades, de bronzes de poignées de commodes, pour un réparateur de vieux meubles, et venant à l’atelier d’une manière intermittente, et travaillant sans goût. « Car, s’écrie-t-il, en levant la tête de sa terre, il n’y a que sept ou huit ans, que l’amour du travail m’est venu… et seulement, quand j’ai été encouragé par des gens, dont j’estimais au plus haut degré le talent… quand j’ai été encouragé par Rodin. » Et maintenant, c’est un rude et acharné travailleur, s’appliquant, dans les loisirs que lui laissent ses médaillons, à faire de l’objet de la vie usuelle, un objet d’art, ayant à l’exposition du Champ-de-Mars, de cette année, des corbeilles à miettes, des brosses, des bougeoirs, des jetons, des cartons pour estampes, des couvertures gaufrées de catalogues, des programmes du Théâtre-Libre. […] Et ce mépris, à certains moments, de la valeur de l’objet, me faisait raconter par lui que, chez son maître Guichard, il avait eu entre les mains, de petits personnages, découpés dans un vrai tableau de Watteau, avec un trou dans la tête, où passait une ficelle, et qui devaient avoir servi de marionnettes, dans un théâtre d’enfants. […] Vendredi 14 décembre Aux curieux d’art et de littérature, qui dans le xxe siècle, s’intéresseront à la mémoire des deux frères, je voudrais laisser un inventaire littéraire de mon Grenier, destiné à disparaître après ma mort ; je voudrais leur faire revoir dans un croquis écrit, ce microcosme de choses de goût, d’objets d’élection, de jolités rarissimes, triés dans le dessus du panier de la curiosité.
L’héroïne du roman, Française de vingt-quatre ans, blonde au visage noble et animé, qui a quelque chose d’élégant, de modeste et de naturel dans toute sa personne, d’un abord parfois sévère, mais qui s’adoucit avec de la grâce et de la cordialité, telle enfin qu’on croit sentir en elle une âme à la fois aimable et forte, capable de grandes choses, mais sensible aux petites ; Thérèse de Longueville, au milieu des hommages dont elle est l’objet, et auxquels elle reste assez indifférente, ne tarde pas à distinguer Sextus, à le craindre d’abord (car d’anciens chagrins l’ont rendue prudente), puis à désirer de le revoir et de lui plaire.
Son génie, plus constamment appliqué à des objets convenables à son état & à sa plume, nous eût laissé des Productions utiles, au lieu de ces Ecrits polémiques qui tombent d’eux-mêmes avec les sujet qui les a fait naître.
Tout ce que nous avons dit a été animé par ce désir, & dirigé vers cet objet ; mais notre zele n'a jamais excédé les bornes de l'honnêteté.
Le contour des objets ne nous ravit pas, ni le décor extérieur, ni l’évocation des paysages ; mais leur frisson de vie métaphysique, mais les cosmoramas de leur âme : le sentiment de l’inconnu nous trouble.
Le domestique nous fit entrer dans la bibliothèque, où le premier objet qui s’offrit à notre curiosité fut un livre ouvert sur une table à laquelle il s’était probablement assis le soir précédent : la lampe éteinte était encore à côté.
Relégués chez une classe de citoyens, ils deviennent plutôt un objet de luxe et de curiosité, qu’un sens de plus chez les nations.
LE Droit naturel étant le fondement du Droit Public, il faudroit indiquer les ouvrages qui traitent du premier, avant que de venir à ceux qui n’ont que le second pour objet.
Section 7, que la tragedie nous affecte plus que la comedie à cause de la nature des sujets que la tragedie traite Quand on a fait reflexion que la tragedie affecte, qu’elle occupe plus une grande partie des hommes que la comedie, il n’est plus permis de douter que les imitations ne nous interessent qu’à proportion de l’impression plus ou moins grande que l’objet imité auroit faite sur nous.
La critique spontanée, parlée, publique, a pour objet des livres et des hommes. […] Et je sais bien qu’elle aura le temps, après Chapelain, de changer d’objet et de s’élargir, mais il lui restera toujours quelque chose de ses anciens principes. […] Brunetière, qui fait ici figure d’un admirable chef de file, déclare que la critique a trois objets, et trois objets seulement, qui sont juger, classer, expliquer. […] Lisez Brunetière : « L’objet de la critique, dit-il, est d’apprendre aux hommes à juger souvent contre leur propre goût. […] L’objet de William Shakespeare c’est l’art.
Notre objet n’est pas de le discuter, mais de le définir sommairement pour en montrer, dans l’œuvre variée de son auteur, l’application suivie. […] Notre objet n’est pas d’en essayer la critique d’ensemble. […] Sujet et objet sont aussi passants l’un que l’autre. […] Quand il étudie un objet, il « l’ouvre », comme il dit. […] Mais que des autres à lui un lien d’obligation puisse se former, que ces objets de curiosité deviennent jamais objets de devoir, cette pensée lui répugne.
La distance dans le temps, à la différence de la distance dans l’espace, rend les objets plus grands et plus nets. […] Mais ces deux objets datent probablement du dixième siècle. […] Mais le dessinateur n’a point pour objet premier de produire un tableau. […] L’un de ses traits caractéristiques est une admirable passion pour la nature, et pour la beauté des objets de la nature. […] A la fin du livre, Guilderoy est un objet de pitié.
Elle continue de travailler, dût-elle travailler à vide : elle deviendra elle-même son propre objet. […] Entre l’objet de la critique et l’objet de toute science, il existe des différences fondamentales qu’il serait singulièrement dangereux de méconnaître. […] Il se pourrait que ce fût l’objet même de la parole sacrée, comme de toute parole. […] A la fin, on distribue des objets de sainteté, de petites images, des crucifix. […] L’objet que je me suis proposé, ç’a été d’attirer l’attention des orateurs de la chaire sur la nécessité de réformes que je crois urgentes.
Le vice de l’école nouvelle n’est point dans ceci qu’elle prend l’infini par en bas, qu’elle s’intéresse aux petites choses et aux petites gens ; il n’est pas dans l’objet d’étude, mais dans l’œil qui étudie cet objet. […] Le nouvel état d’âme avait créé une rhétorique particulière qui demandait à s’essayer sur des objets plus substantiels. […] Cette terre, — l’Ukraine, la frontière, — est un objet de dispute entre les influences de l’extrême Nord et de l’extrême Midi. […] Qu’on veuille bien réfléchir aux lois essentielles de l’art dramatique ; ce qui fait la puissance du drame, ce n’est pas la grandeur de l’objet en cause, c’est la violence avec laquelle une âme désire cet objet. […] Il prétendait, comme le fit plus tard Tourguénef, qu’il ne voyait bien le pays objet de ses études qu’alors qu’il en était loin.
Que les révolutions et les craintes de l’avenir soient une tentation pour la science qui ne comprend pas son objet et ne s’est jamais interrogée sur sa valeur et sa signification véritable, cela se conçoit.
L'Auteur y expose tout ce qui a rapport aux anciens exercices si chers autrefois à la Nation, comme les joûtes, les combats, les triomphes, les tournois, les carrousels, les courses de bague ; il y parle aussi des cartels, des duels, des dégradations des noblesse, de chevalerie, & de mille autres objets aussi curieux qu'intéressans.
Or, si l’on se reporte aux origines de la vie phénoménale, telles qu’elles ont été montrées ici, si l’on est bien convaincu de l’évidence de cette proposition, qu’aucun état de connaissance n’est possible que d’un objet pour ira. sujet, en sorte que toute entité vivante ne prend conscience d’elle-même qu’au moyen d’une falsification de soi, il apparaît que la vérité n’a pas de place dans la vie phénoménale, qu’on ne peut imaginer et situer l’idée de vérité qu’en un état d’identité absolue entre toutes les choses où toutes les choses se confondraient et s’évanouiraient et où cesserait, avec toute différence et tout reflet, toute conscience.
Sans doute, on y babille ; mais, au plus fort des caquets, qu’un homme de poids avance un propos grave ou agite une question sérieuse, l’attention commence à se fixer à ce nouvel objet ; hommes, femmes, vieillards, jeunes gens, tous se prêtent à le considérer sous toutes les faces, et l’on est étonné du bon sens et de la raison qui sortent comme à l’envi de ces têtes folâtres ». — À dire vrai, dans cette fête permanente que cette brillante société se donne à elle-même, la philosophie est la pièce principale. […] Pinto célèbre juif, le chapelain de la chapelle réformée de l’ambassadeur batave, le secrétaire de M. le prince Galitzin du rite grec, un capitaine suisse calviniste », réunis autour de la même table, échangeaient, pendant quatre heures, leurs anecdotes, leurs traits d’esprit, leurs remarques et leurs jugements « sur tous les objets de curiosité, de science et de goût ». […] D’abord il comprend presque tout le monde ; ensuite il désigne les gens qui se déclarent ennemis du papisme, mais qui, pour la plupart, ont pour objet le renversement de toute religion. » — Ces savants, je leur demande pardon, ces philosophes sont insupportables, superficiels, arrogants et fanatiques. […] J’ai lu les vingt volumes de leurs procès-verbaux : on ne peut voir de meilleurs citoyens, des administrateurs plus intègres, plus appliqués, et qui se donnent gratuitement plus de peine, sans autre objet que le bien public.
Ainsi la consanguinité du fils avec le père et la mère, consanguinité aussi mystérieuse dans l’âme que dans les veines ; ainsi la loi de solidarité génératrice, qui enchaîne la cause à l’effet dans les parents, et l’effet à la cause dans les enfants ; ainsi la loi d’équité, autrement dit la reconnaissance, qui impose l’amour, non seulement affectueux, mais dévoué, au fils, pour la vie, l’allaitement, les soins, la tendresse, l’éducation, l’affection souvent pénible dont il a été l’objet dans son âge de faiblesse, d’ignorance, d’incapacité de subvenir à ses propres besoins ; ainsi la loi de mutualité, qui commande à l’homme mûr de rendre à sa mère et à son père les trésors de cœur qu’il en a reçus enfant ou jeune homme ; ainsi la piété filiale, nommée de ce nom dans toutes les langues pour assimiler le culte obligatoire et délicieux des enfants envers les auteurs de leur vie et les providences visibles de leur destinée au culte de Dieu ! […] Cette société politique a-t-elle uniquement pour objet, ainsi que le prétendent J. […] Nullement, selon moi ; cette société politique, qui multiplie en effet les forces de l’individu par la force collective de l’association de tous, a certainement pour effet la perpétuation et l’amélioration physique de la race humaine ; mais elle a un objet de plus, une dignité de plus, une moralité de plus, un spiritualisme de plus. […] Plus les lois sont obéies, c’est-à-dire capables de maintenir en ordre la société nationale, plus elles sont conformes à la souveraineté de la nature, qu’elles ont pour objet de manifester et de maintenir pour conserver aux hommes les bienfaits de la société.
Avec des sens plus délicats, plus impressionnables, plus raffinés ; avec des sensations plus vives et plus pénétrantes ; avec un goût plus délicat, que tous les objets dont il est entouré blesseraient ou ne pourraient satisfaire ; obligé de vivre toujours dans une sphère qui répugnerait à la perfection de ses organes, il vivrait de souffrance, ou périrait de désir ». […] XII Cette sœur du Tasse, Cornélia, objet, comme on l’a vu, de tant de sollicitude de son père et de son frère, avait été mariée malgré eux, par ses oncles avides, à un gentilhomme de Sorrente, nommé Mazio Sersale, qui l’aimait, à condition qu’il ne réclamerait jamais la fortune de sa femme dans la dot de leur sœur Porcia, femme de Bernardo Tasso. […] Alphonse répondit de sa propre main au cardinal Albano une lettre que nous possédons, et qui prouve assez que le séquestre mis sur les papiers et sur les poésies du Tasse à Ferrare, n’avait d’autre objet que d’en prévenir la destruction par les mains d’un insensé, dans un de ses accès de mélancolie. […] Nous nous occupons maintenant de les rassembler, et ils seront bientôt en ordre ; je vous le fais savoir, et je désire que vous le fassiez savoir à la sœur du Tasse, parce que cette dame a écrit, à moi et à ma sœur, sur cet objet ; ils seront remis aussitôt que possible entre vos mains, ou aux mains du Tasse lui-même ; et, de plus, on aura pour lui les plus grands égards et les plus grandes sollicitudes, non-seulement en paroles, mais en faits… » Le Tasse, malgré les conseils du cardinal Albano, qui s’efforçait de le retenir à Rome, était impatient de retourner à Ferrare ; le duc finit par y consentir.
Mais son objet n’est plus de ressusciter de grands personnages, de nous faire pénétrer dans leur intimité, ni de nous montrer comment des êtres fictifs et individuels ont pu se comporter sous l’influence réelle d’un milieu exactement reconstitué. […] Paul Adam intéresse toujours, soit qu’il ait pour principal objet de peindre la vie tumultueuse, grisante, la frénésie des appétits jouisseurs, comme dans la Force, soit qu’il choisisse pour sujet la Restauration, époque grise, contradictoire et confuse, et qu’il s’attache à en raconter les complots, les menées conspiratrices et tout le douloureux travail clandestin qui la mina. […] La femme représente dans un roman l’objet esthétique. […] Au contraire, dans la Nouvelle Espérance, on a vu, pour la première fois, une femme se placer à son point de vue de femme : dans ce roman, c’est l’homme qui devient l’objet esthétique.
Notre principal objet sera de rechercher si ces lois indiquent que ces croisements et leurs produits ont été spécialement frappés d’infécondité, pour empêcher le mélange et la confusion des formes spécifiques. […] Enfin, et ceci me semble la plus importante de toutes les considérations, les nouvelles races d’animaux domestiques et de plantes cultivées sont produites par la sélection méthodique ou inconsciente de l’homme, pour son utilité ou son agrément ; mais de légères différences dans le système reproducteur ou d’autres différences en corrélation avec ce système, ne sont jamais et même ne peuvent être l’objet de son action sélective. […] D’autre part, il est évident que dans la formation artificielle des variétés domestiques les plus tranchées, la sélection de l’homme ne peut agir que sur les caractères extérieurs, mais n’a jamais et ne peut avoir pour objet de produire des différences cachées dans les fonctions du système reproducteur. […] Il n’est point étonnant non plus que la facilité d’opérer un premier croisement entre deux espèces, la fécondité des hybrides qui en naissent, et même la faculté de pouvoir être greffées l’une sur l’autre, bien qu’elle dépende évidemment d’autres conditions très différentes, augmentent ou diminuent cependant avec une sorte de corrélation directe, et parallèlement aux affinités systématiques des formes soumises à ces expériences : les affinités systématiques ayant pour objet principal d’exprimer, autant que possible, toutes les ressemblances ou différences qui groupent où séparent les espèces entre elles.
En d’autres mots, la tactique de l’opération était l’objet de Talleyrand, le résultat était le mien. […] C’est là que le premier consul a montré cette puissance d’attention et cette sagacité d’analyse qu’il peut porter vingt heures de suite sur une même affaire, si sa complication l’exige, ou sur divers objets, sans en mêler aucun, sans que le souvenir de la discussion qui vient de finir, la préoccupation de celle qui va suivre le distraient le moins du monde de la chose à laquelle il est actuellement occupé. […] Assidu à toutes les séances ; Les tenant cinq à six heures de suite ; Parlant, avant et après, des objets qui les ont remplies ; Toujours revenant à deux questions : Cela est-il juste ?
Dans sa soif anticipée de persécution et de martyre, il s’exagérait l’attention dont il était l’objet. […] Aujourd’hui même je ne saurais penser à la vie tranquille et solitaire des champs, à nos livres, à la Chesnaie, au charme répandu sur tous ces objets, auxquels se rattachent tous mes désirs et toutes mes idées de bonheur ici-bas, sans éprouver un serrement de cœur inexprimable, et quelque chose de ce sentiment qui faisait dire à ce roi dépossédé : Siccine separat amara mors ! […] Les œuvres d’une charité active seraient bien plus de mon goût ; et si je suis sûr de quelque chose, c’est certainement de l’impossibilité qu’il y aurait pour moi de m’occuper simultanément de deux objets si différents. » Enfin il est à Paris, et il se décide à faire le grand pas : « (A l’abbé Jean, 24 novembre 1815)… M.
Ils pourront bien forcer les respects et ravir l’admiration, comme font tous les objets extraordinaires, mais ils n’auront pas les cœurs. […] Sue me passe la comparaison), de même chez lui ce pessimisme déjà ancien, qui s’en prenait à l’humanité entière, ne pouvait disparaître et fondre un peu dans son ensemble qu’en se concentrant vite sur quelque objet. […] Toutes ces critiques, au reste, ces observations mêlées d’éloges et de réserves, l’auteur qui en est l’objet et à qui nous les soumettons nous les passera ; elles sont même, disons-le, un hommage indirect que nous adressons en lui à une qualité fort rare aujourd’hui et presque introuvable chez les hommes de lettres et les romanciers célèbres.
Politiquement, il n’avait pas à se faire jour ; c’était par la littérature, objet de sa vocation très-prononcée, qu’il devait se poser avec importance. […] Il a raison dans l’objet qu’il se propose, qui est de ranimer le sentiment littéraire en ne s’occupant que des principaux monuments. […] L’objet naturel, le devoir d’un tel ouvrage ne serait-il pas d’indiquer dans l’auteur négligé ce qui est à lire par échantillon, ce qui mérite d’en survivre, et ce qu’on en peut sauver d’agréable après des siècles ?
On se l’explique à merveille : l’auteur portait, pour la première fois, l’ordre et la loi dans des récits qui jusque-là, sous d’autres plumes, n’avaient offert qu’anarchie et confusion comme leurs objets mêmes. […] Que pourtant cette habileté de Louis XIV, comme politique, fût de première portée et de la plus grande volée, je ne le croirai pas, même après ces solides témoignages : elle se bornait trop à l’objet de son ambition présente et n’envisageait pas assez le lendemain. […] Mais on ne saurait non plus, par le besoin de tout bien savoir, se réduire désormais à ce régime d’histoire purement diplomatique, dont l’objet est surtout d’enregistrer les textes et de faire passer avec continuité sous les yeux la teneur même des dépêches, actes et traités.
Au dix-septième siècle, on les appelle « les honnêtes gens », et c’est à eux désormais que s’adresse l’écrivain, même le plus abstrait. « L’honnête homme, dit Descartes, n’a pas besoin d’avoir lu tous les livres ni d’avoir appris soigneusement tout ce qu’on enseigne dans les écoles » ; et il intitule son dernier traité « Recherche de la vérité selon les lumières naturelles qui, à elles seules et sans le secours de la religion et de la philosophie, déterminent les opinions que doit avoir un honnête homme sur toutes les choses qui doivent faire l’objet de ses pensées349 ». […] L’écrivain perd le droit de mettre en tête et en vedette l’objet ou le trait qui le frappe le plus vivement et d’abord : le cadre est fait, les places sont désignées d’avance. […] À mesure que le discours avance, chaque emplacement doit se remplir à son tour, jamais avant, jamais après, sans que jamais un membre parasite soit introduit, sans que jamais un membre légitime usurpe sur son voisin ; et tous ces membres, liés entre eux par leur position même, doivent concourir de toutes leurs forces à un seul objet.
Toute loi que le peuple en personne n’a pas ratifiée est nulle, ce n’est pas une loi438. » — « Il ne suffit pas que le peuple assemblé ait une fois fixé la constitution de l’État en donnant sa sanction à un corps de lois ; il faut encore qu’il y ait des assemblées fixes et périodiques que rien ne puisse abolir ni proroger, tellement qu’au jour marqué le peuple soit légitimement convoqué par la loi, sans qu’il soit besoin pour cela d’aucune autre convocation formelle… À l’instant que le peuple est ainsi assemblé, toute juridiction du gouvernement cesse, la puissance exécutive est suspendue », la société recommence, et les citoyens, rendus à leur indépendance primitive, refont à leur volonté, pour une période qu’ils fixent, le contrat provisoire qu’ils n’avaient conclu que pour une période fixée. « L’ouverture de ces assemblées qui n’ont pour objet que le maintien du traité social doit toujours se faire par deux propositions qu’on ne puisse jamais supprimer et qui passent séparément par les suffrages : la première, s’il plaît au souverain de conserver la présente forme de gouvernement ; la seconde, s’il plaît au peuple d’en laisser l’administration à ceux qui en sont actuellement chargés. […] L’emplacement où nous le bâtissons doit être considéré comme vide ; si nous y laissons subsister une partie des vieilles constructions, ce sera en son nom et à son profit, pour les enfermer dans son enceinte et les approprier à son usage ; tout le sol humain est à lui D’autre part, il n’est pas, selon la doctrine américaine, une compagnie d’assurance mutuelle, une société semblable aux autres, bornée dans son objet, restreinte dans son office, limitée dans ses pouvoirs, et par laquelle les individus, conservant pour eux-mêmes la meilleure part de leurs biens et de leurs personnes, se cotisent afin d’entretenir une armée, une maréchaussée, des tribunaux, des grandes routes, des écoles, bref les plus gros instruments de sûreté et d’utilité publiques, mais réservent le demeurant des services locaux et généraux, spirituels et matériels, à l’initiative privée et aux associations spontanées qui se formeront au fur et à mesure des occasions et des besoins. […] « Les méthodes des sciences mathématiques, appliquées à de nouveaux objets, ont ouvert des routes nouvelles aux sciences politiques et morales. » — Cf. dans Rousseau, Contrat social , le calcul mathématique de la fraction de souveraineté qui revient à chacun.
Mais, en effet, la satire ou la moralité ne sont qu’un assaisonnement, et l’auteur ne prêche ou ne raille que pour introduire la mention des objets familiers ou des actions quotidiennes de la vie populaire. Ne prenons pas le change sur le cadre ou sur le ton : tant d’énumérations moralisées ou satiriques que nous rencontrons, ne sont qu’une forme originale de littérature réaliste, dont le caractère essentiel est de réveiller chez l’auditeur la sensation des réalités qui lui sont prochaines : et comme cette littérature s’adresse à des imaginations vierges, non blasées encore, ni réfractaires par un trop long usage à l’action suggestive des mots, les noms soûls des choses, sans descriptions, sans épithètes, sans tout le mécanisme compliqué du style intense, les noms tout secs sont puissants : le poète se contente d’appeler, pour ainsi dire, chaque objet, aussi le voilà présent, en sa concrète et naturelle image, aux esprits de ceux qui l’entendent. Si bien que toutes ces énumérations chères aux écrivains du xiiie siècle, où défilent sur le même plan, en monotone et interminable procession, toutes sortes d’objets, nous représentent comme un effort pour évoquer une partie de la vie réelle sans le mélange d’une fiction romanesque, sans le lien d’une action inventée.
Il n’y a dans le monde qu’égoïsme, c’est-à-dire intérêt : ni vertu, ni dévouement, peu même de ces passions, qui, égoïstes en leur principe, s’absorbent dans leur objet jusqu’à l’entier désintéressement. […] Mais, à l’ordinaire, la pensée est solide, exacte : la finesse est dans le discernement et dans la notation des nuances, dans l’appropriation exquise du mot à l’objet, dans la vaste compréhension des brèves formules, qui mettent l’esprit en branle, et l’obligent à parcourir un long cercle d’idées inexprimées. […] De là encore dérive ce don rare par lequel elle fait sortir le pathétique des idées abstraites : elle a cette forme supérieure de l’imagination qui érige en symboles les objets sensibles, et fait transparaître l’universel dans l’expression du particulier.
L’une à l’autre tendant avec magnanimité le flambeau, ou le retirant et tour à tour éclaire l’influence ; mais c’est l’objet de ma constatation, moins cette alternative (expliquant un peu une présence, parmi vous, jusqu’à y parler ma langue) que, d’abord, la visée si spéciale d’une continuité dans les chefs-d’œuvre. […] À l’égal de créer : la notion d’un objet, échappant qui fait défaut. […] Que, l’agencement évoluât à vide depuis, selon des bruits perçus de volant et de courroie, trop immédiats, n’est pas le pis ; mais, à mon sens, la prétention d’enfermer, en l’expression, la matière des objets.
Rousseau nous approche un peu plus des objets. […] Cependant le tableau est composé, et le peintre s’y met le premier, au beau milieu de la toile, en s’efforçant de s’y faire voir plus grand que nature parmi les objets diminués. […] Entre l’écrivain qui les voit par l’esprit, sous la forme de types, et celui qui, l’œil fixé sur l’objet, en suit servilement les contours comme la lumière indifférente dans l’appareil photographique, il y a le peintre.
Les prédications des Prêtres, s’il faut l’en croire, n’ont pour objet que la perversité du genre humain Système social, l’art. […] Mais on n’est acharné que quand on montre une volonté maligne d’anéantir l’objet de sa haine. […] Quand je formai le dessein de mon Livre, la contagion philosophique avoit infecté les objets les plus intéressans pour l’humanité ; ses ravages faisoient tous les jours de nouveaux progrès : j’avois donc à prémunir les Esprits contre un poison qui se glissoit par-tout & sous toute sorte de formes, qui menaçoit tous les individus : il falloit, pour le détruire, l’attaquer toutes les fois que je pouvois en reconnoître les traces.