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2788. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Une petite guerre sur la tombe de Voitture, (pour faire suite à l’article précédent) » pp. 210-230

Si Costar, y pensant déjà, avait pu être retenu dans son désir de parler de Voiture et de se porter pour son second par la crainte de fâcher l’illustre rival M. de Balzac, voilà que, par la plus favorable rencontre, c’était Balzac lui-même qui venait le solliciter et lui faire l’ouverture naturelle de défendre un ami, de plaider pour un homme à qui il avait la secrète prétention de ressembler et sur qui il s’était modelé tant quil avait pu.

2789. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Journal et mémoires du marquis d’Argenson, publiés d’après les manuscrits de la Bibliothèque du Louvre pour la Société de l’histoire de France, par M. Rathery » pp. 238-259

Il emploie souvent, en écrivant pour lui seul, cette forme de phrase, cette agréable supposition, qui lui semble toute naturelle : Si j’étais premier ministre… : il y visait, et plus d’une fois il se crut tout près d’arriver.

2790. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Madame Swetchine. Sa vie et ses œuvres, publiées par M. de Falloux. »

Stendhal dirait dans une de ses explications à l’italienne : Ce que c’est pourtant qued’avoir de l’âme et des entrailles, et de n’avoir ni amant, ni enfant — Elle a tout analysé, tout scruté (au moins elle le croit) ; ignorante des lois naturelles positives et des méthodes d’observation autant qu’avide et curieuse de tous les mirages de la réflexion morale et des mille explications ingénieuses à la saint Bernard et à la saint Augustin, elle est devenue une femme docteur en matière de sentiment et de spiritualité, de même qu’elle sera bientôt un docteur aussi en matière de conciles œcuméniques : «  … Quand vous me dites : Avez-vous éprouvé cela ?

2791. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite et fin.) »

Catinat, gêné d’abord par ses instructions, plus gêné encore par son allure naturelle et par le fond de son tempérament, se montre plus que jamais le général embarrassé qu’on a précédemment entrevu ; il tâtonne, il est incertain ; il ne connaît pas bien cet échiquier nouveau, étendu, qui n’est plus celui du Piémont et des frontières ; toujours en retard de coup d’œil sur l’ennemi, à force de prévision éparse et inquiète il n’a nulle invention, tandis que celui qu’il a en face de lui en est rempli et abonde en conceptions hardies et neuves.

2792. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Réminiscences, par M. Coulmann. Ancien Maître des requêtes, ancien Député. »

J’ai dit le bien, j’ai indiqué le naturel ; pourquoi s’y mêlait-il de la roideur classique qui en gâte pour nous le charme ?

2793. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MME DESBORDES-VALMORE. (Les Pleurs, poésies nouvelles. — Une Raillerie de l’Amour, roman.) » pp. 91-114

Elle et lui, Lamartine et Mme Valmore, ont de grands rapports d’instinct et de génie naturel ; ce n’est point par simple rencontre, par pure et vague bienveillance, que l’illustre élégiaque a fait les premiers pas au-devant de la pauvre plaintive ; toute proportion gardée de force et de sexe, ils sont l’un et l’autre de la même famille de poëtes.

2794. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXIIIe entretien. Chateaubriand, (suite) »

Il faut éviter la société lorsqu’on souffre, parce qu’elle est l’ennemie naturelle des malheureux ; sa maxime est : Infortuné, — coupable !

2795. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. Tome IXe. » pp. 138-158

Thiers, d’instinct et par tempérament, aime, avant tout, le naturel, la simplicité, l’opposé du déclamatoire et de tout ce qui y ressemble ou qui y prête.

2796. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Le duc de Lauzun. » pp. 287-308

Tous ceux qui ont connu le duc de Lauzun savent que, pour donner du charme à ses récits, il n’avait besoin que des agréments naturels de son esprit ; qu’il était éminemment un homme de bon ton et de bon goût, et que jamais personne ne fut plus incapable que lui de nuire volontairement à qui que ce fût.

2797. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Paul-Louis Courier. — II. (Suite et fin.) » pp. 341-361

Tout au fond de l’église, une espèce d’armoire, etc. » Quand Courier a parlé ainsi de la confession, il voulait faire un tableau ; il se souvenait des prêtres d’Italie, et il connaissait peu ceux de France ; il avait toujours présents Daphnis et Chloé, et (religion même à part) il oubliait moralement les vertus et le voile spirituel que la foi fait descendre à certaines heures, et qui s’interposent jusque dans les choses naturelles.

2798. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre sixième. Genèse et action des idées de réalité en soi, d’absolu, d’infini et de perfection »

— D’une part, la doctrine naturaliste nous montre bien la formation des idées proprement dites dans la conscience une fois donnée, sous l’action du milieu extérieur et du milieu social, de la sélection naturelle et de la sélection sociale.

2799. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Ivan Tourguénef »

C’est un étudiant en sciences naturelles et en médecine de Saint-Pétesbourg, fils d’un roturier, ex-chirurgien militaire.

2800. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VII. Mme de Gasparin »

Cette parenté est-elle adoptive par l’imitation, l’admiration, l’étude ; ou est-elle simplement naturelle ?

2801. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Innocent III et ses contemporains »

Esprit étendu, cœur sincère, il pratiquait la justice comme il aimait la science, en vertu des plus naturels, des plus harmonieux instincts de l’intelligence et du caractère.

2802. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « X. Ernest Renan »

Tout en prenant ses précautions contre eux, il reconnaît, par l’admiration qu’il leur a vouée, que Wolf et Strauss sont ses maîtres, Strauss, le prestidigitateur de l’érudition, l’escamoteur historique, dont le livre apoplectique veut expliquer tous les faits de l’Évangile par des mythes purs, — comme on avait, avant lui, essayé de les élucider avec des explications naturelles.

2803. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre X. »

Dans ces beaux jours du génie des Hellènes, à ce second âge, c’est-à-dire à cette pleine jeunesse d’une poésie déjà savante, mais surtout naturelle et passionnée, le poëte n’aspirait pas à l’universalité, à la primauté dans les genres divers.

2804. (1896) Hokousaï. L’art japonais au XVIIIe siècle pp. 5-298

La même année Hokousaï publie, sous la signature Kakô, l’ Histoire naturelle des monstres, Wakémono Yamato Honzô, dont le texte était donné par Kiôdén. Un livre aux allusions ironiques, sans doute à propos de la publication d’un sérieux ouvrage sur l’histoire naturelle, et où l’imagination du dessinateur se donne toute liberté dans la création de ses monstres, les faisant, tour à tour, ridicules ou terribles. […] Et, à côté de cette architecture poétique, des dessins d’un naturel, comme cet homme qui dort la tête sur une table, visité par un rêve paradisiaque ; comme cette société sur un pic de montagne, saluant le lever du soleil, les robes et les cheveux flottants et soulevés derrière eux par l’air du matin. […] L’une, c’est Kasané, la femme laide, assassinée par son mari, qu’il représente avec son front de foetus hydrocéphale, sous la broussaille de ses cheveux, un oeil fermé et l’autre grand ouvert, où est une prunelle de poisson cuit, le cartilage dénudé de son nez, ses mâchoires sans gencives, entr’ouvertes dans un hiatus allant jusqu’aux oreilles, ses deux mains de squelette rapprochées de sa tête dans le tressautement de la danse idiote d’un naturel de la Terre-de-Feu. […] Ce dessin exécuté au trait d’encre de Chine, à un seul coup de pinceau, sur plusieurs morceaux de papier assemblés, serait la première pensée du « Bain » et l’enfant tenu par sa mère aurait presque un tiers de sa grandeur naturelle.

2805. (1899) La parade littéraire (articles de La Plume, 1898-1899) pp. 300-117

Montfort, c’est qu’il a exprimé l’amour dans un langage si quotidien et si naturel. […] Les jeunes romanciers semblent donc tout à fait décidés à nous raconter des histoires quotidiennes, très simples et très naturelles. […] Il voit dans le christianisme la plaie la plus épouvantable dont aient souffert les races occidentales ; il regarde la Renaissance, la Réforme et la Révolution française comme des aubes bienheureuses, qui, après la nuit du moyen âge, annoncent une nouvelle morale plus saine, lumineuse et naturelle.

2806. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Histoire de la Restauration par M. Louis de Viel-Castel. Tomes IV et V. (suite et fin) »

. — En l’approchant, on sentait tout d’abord une supériorité naturelle ; aussi tout le monde lui rendait.

2807. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite.) »

Restez-vous parfaitement uni, naturel et simple : vous voilà prosaïque et vulgaire.

2808. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DE LA LITTÉRATURE INDUSTRIELLE. » pp. 444-471

Combinée avec les passions et les croyances d’un chacun, avec le talent naturel, la pauvreté a engendré sa part, même des plus nobles œvres, et de celles qui ont l’air le plus désintéressées.

2809. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DE BARANTE. » pp. 31-61

Pourtant, de cette habitude générale de continuellement juger le passé au point de vue du présent, était né en quelques esprits élevés le désir bien naturel d’une méthode contraire, où l’on irait d’abord à l’objet pour l’étudier en lui-même et en tirer tout ce qu’il contient.

2810. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Pierre Corneille »

Ajoutez à ces imperfections naturelles l’influence d’une poétique superficielle et méticuleuse, dont Corneille s’inquiétait outre mesure, et vous aurez le secret de tout ce qu’il y a de louche, d’indécis et d’incomplètement calculé dans l’ordonnance de ses tragédies.

2811. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Madame de Krüdner et ce qu’en aurait dit Saint-Évremond. Vie de madame de Krüdner, par M. Charles Eynard »

Il avait beaucoup connu autrefois en Russie le maréchal de Münnich, dont elle était la petite-fille ; mais surtout il résumait en soi, comme écrivain, les qualités et les défauts, la forme de sentimentalité naturelle dont elle était alors idolâtre.

2812. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre V. Le roman »

Zola : toute la série des Rougon-Macquart, cette histoire naturelle d’une famille sous le second empire, ne nous apprend rien sur la loi de l’hérédité, ne la démontre ni ne l’explique.

2813. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « La jeunesse du grand Condé d’après M. le duc d’Aumale »

Mais cela, visiblement, n’est pas égal à M. le duc d’Aumale : c’est bien naturel, et c’est tout ce que je voulais dire.

2814. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIII. Retour de Molière à Paris » pp. 225-264

La troupe de Molière, qui avait fait son apprentissage dans les provinces du Midi les plus fréquemment visitées par les comédiens d’au-delà des monts, où les populations avaient aussi pour l’improvisation un goût vif et naturel, était demeurée fidèle à ces libres divertissements dont les Italiens avaient, à Paris, le privilège presque exclusif.

2815. (1887) Discours et conférences « Rapport sur les prix de vertu lu dans la séance publique annuelle de l’Académie française »

Le naturel, l’élan de cœur, la vivacité, l’entraînement, un esprit prodigieusement inventif, joint à une fermeté à toute épreuve, font de madame Gros un exemple unique peut-être de l’art d’exprimer au peuple dans son langage les plus hauts sentiments.

2816. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XII. La littérature et la religion » pp. 294-312

La poésie chante la loi naturelle et flétrit le fanatisme ; le roman, hardi dans ses propos comme dans ses peintures de mœurs, raille tant qu’il peut l’idéal monastique.

2817. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVIII. Formule générale et tableau d’une époque » pp. 463-482

Le style, qui s’est dégagé à la fois de l’affectation et de la trivialité, a l’élégance aisée, la tournure noble et naturelle qui plaisent dans les salons.

2818. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVII et dernier » pp. 442-475

De plus, Sa Majesté va très souvent passer deux heures de l’après-dîner dans la chambre de madame de Maintenon, à causer avec une amitié, un air libre et naturel qui rend cette place la plus désirable du monde. » Telle était la jalousie de madame de Montespan pour madame de Maintenon, qu’elle prenait à peine garde à la maîtresse en titre, madame de Fontanges, dont pourtant le roi s’appliquait à manifester le règne par une ostentation et des profusions sans exemple.

2819. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre II »

Et il dit vrai : l’amour et l’amitié se rencontrant aux pieds d’une femme, c’est le lion et l’agneau qui viennent boire à l’onde de la même source : l’un mangera l’autre ; et l’histoire naturelle est là pour vous dire que le mangeur ne sera ni l’amitié ni l’agneau.

2820. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Broglie. » pp. 376-398

Il parle avec clarté, avec déduction et suite, et, mieux que cela, avec élégance, avec une élégance qui ne serait pas naturelle chez un autre, qui chez lui ne semble pas cherchée, et qui est la forme précise de sa pensée.

2821. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mirabeau et Sophie. — II. (Lettres écrites du donjon de Vincennes.) » pp. 29-50

Cette méthode, qui n’est pas du tout celle de l’écrivain, me paraît, au contraire, assez naturelle et très utile à l’orateur, qui, ayant à parler à des foules et à improviser à chaque instant, doit avoir des amas de toute sorte, et à qui l’on ne demande jamais compte de ces répétitions, quand elles sont bien placées et qu’elles sont relevées par des traits d’un vif et soudain à-propos.

2822. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Correspondance entre Mirabeau et le comte de La Marck (1789-1791), recueillie, mise en ordre et publiée par M. Ad. de Bacourt, ancien ambassadeur. » pp. 97-120

Et il s’écrie avec le regret naturel aux hommes capables qui, si haute qu’on prenne leur mesure, sentent qu’ils ne l’ont pas donnée tout entière : « Eh quoi !

2823. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « L’abbé Maury. Essai sur l’éloquence de la chaire. (Collection Lefèvre.) » pp. 263-286

On ne saurait dire que la vocation naturelle du jeune Maury fût ecclésiastique : à voir certaines qualités d’énergie, d’audace et d’action dont il donna tant de preuves, il eût fait plutôt un militaire, et il en convenait lui-même volontiers.

2824. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — II. (Suite.) » pp. 23-46

Ou du moins, si l’instinct de la conservation y entra pour quelque chose, s’il se dit que c’était assez de sacrifice, s’il eut ce sentiment commun et naturel alors à toutes les grandes existences établies de surnager et de survivre, il l’eut certes moins nettement, moins sciemment que beaucoup d’autres maréchaux, et il ne méritait pas plus de blâme.

2825. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Volney. Étude sur sa vie et sur ses œuvres, par M. Eugène Berger. 1852. — I. » pp. 389-410

L’espèce de délit social dont l’auteur des Ruines et du Catéchisme de la loi naturelle s’est rendu coupable y est apprécié avec sévérité, mais sans virulence, comme il convient aujourd’hui que ces tristes livres ont fait leur temps et que l’intérêt général s’en est retiré.

2826. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1881 » pp. 132-169

* * * — Moi, il n’y a que les Parisiens qui m’intéressent… Les provinciaux, les paysans, tout le reste de l’humanité, enfin, c’est pour moi de l’histoire naturelle.

2827. (1888) La critique scientifique « La critique et l’histoire »

., la théorie de l’imitation sociale dans Bagehot [L’économiste britannique Walter Bagehot (1826-1877) est l’auteur des Lois scientifiques du développement des nations dans leurs rapports avec les principes de la sélection naturelle et de l’hérédité (1869).

2828. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Loutherbourg » pp. 258-274

Il est inspiré par un goût naturel, par la mobilité de l’âme, par la sensibilité, c’est l’image même de l’âme rendue par les inflexions de la voix, les nuances successives, les passages, les tons d’un discours accéléré, ralenti, éclatant, étouffé, tempéré en cent manières diverses. écoutez le défi énergique et bref de cet enfant qui provoque son camarade. écoutez ce malade qui traîne ses accents douloureux et longs.

2829. (1860) Ceci n’est pas un livre « Hors barrières » pp. 241-298

Il était tout naturel qu’elle eût songé à son futur !

2830. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Nisard » pp. 81-110

Nisard n’a jamais fait fléchir devant aucune nécessité de douceur et de politesse — et on voit maintenant si ces nécessités sont dans ses goûts naturels — une seule des religions de sa vie : soit l’autorité de l’enseignement, soit la pureté du goût, soit l’amour de la langue française, soit la morale chrétienne qui comprend tout, même en littérature.

2831. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Révolution française »

Après les événements, les hommes ; c’était la marche naturelle de l’historien.

2832. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Pommier. L’Enfer, — Colifichets. Jeux de rimes. »

Il n’est pas permis de décapiter les assises du genre humain de leur juge naturel qui doit appliquer aux âmes des hommes leur propre jurisprudence d’ici-bas.

2833. (1885) Les étapes d’un naturaliste : impressions et critiques pp. -302

Enfin, quelques années avant Jasmin ou en même temps que lui, Morel persistait à chanter Glycère et les dieux démodés de l’Olympe ; Peyrottes, qui se crut un instant le digne rival de Jasmin, se résignait à être l’organe de la démocratie et du prolétariat ; les Provençaux Bellot, Desanat, Gelu, Benedit, Cassan ne parvenaient point à se débarrasser de leur rusticité naturelle du voulue ; leur verve bouillonnante sentait encore l’ail et le piment. […] je prie Dieu que mon malheur, jamais, ne m’éloigne de ces lieux. » Voilà la vie d’un prêtre de campagne peinte avec un naturel parfait, poétiquement sans doute mais très exactement ; je ne crois pas que nos écrivains du temps aient connu cette rusticité, et, comme le bon recteur, aient su apprécier la bonhomie de la vie campagnarde. […] le style d’Edmond de Goncourt est comme un maillot pour la pensée, il en moule les moindres accidents, il en conserve la couleur naturelle dans ses teintes les plus fugitives. […] « Ce dialogue auquel le théâtre méridional nous avait si peu habitués, cette aisance de bon ton et d’allures, ce naturel et cette promptitude de reparties, entièrement dignes de Molière, qui eût été heureux de reprendre, comme son bien propre, quelques éclairs de tendresse qui manquaient à la troisième scène de son quatrième acte, et surtout l’ingénieuse invention de Flourineta, venant jeter au-devant de Cécile, prête à céder aux instances d’Estève, les morceaux déchirés de son billet doux57. » Deux ans plus tard58, Antoine Roux donnait, à son tour, du Joueur de Regnard une édition populaire montpelliéraine. […] La montagne de Santander est, aujourd’hui, partie intégrante de la province des Castilles, quoique, géographiquement, elle soit plutôt l’intermédiaire naturel entre le pays basque et les Asturies.

2834. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIIIe entretien. Balzac et ses œuvres (3e partie) » pp. 433-527

Rappelez-vous le parfum chaste et sauvage de cette bruyère que nous avons cueillie en revenant de la villa Diodati, cette fleur dont vous avez tant loué le noir et le rose ; vous devinerez comment cette femme pouvait être élégante loin du monde, naturelle dans ses expressions, recherchée dans les choses qui devenaient siennes, à la fois rose et noire. […] Habituellement recueillie, attentive comme la sentinelle sur qui repose le salut de tous et qui épie le malheur, il lui échappait parfois des sourires qui trahissaient en elle un naturel rieur enseveli sous le maintien exigé par sa vie.

2835. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLIXe Entretien. L’histoire, ou Hérodote »

Déjà heureux du bonheur de sa patrie, il eut des enfants sains et d’un bon naturel ; tous lui donnèrent des petits-fils, et il n’eut à pleurer la perte d’aucun d’eux. […] Le sentier de la montagne avait été jadis découvert par les naturels du pays, les Méliens, et ils y avaient fait passer les Thessaliens, marchant contre les Phocidiens à l’époque où ces derniers, menacés de l’invasion des Thessaliens, élevèrent le mur qui fermait l’entrée de leur pays.

2836. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1875 » pp. 172-248

Et la religieuse ajoutait en riant, « que cela la convainquait que le mariage était la vocation naturelle de la femme. » Vendredi 19 mars Ces Anglais, quand ils se mettent à être originaux, le sont d’une manière plus carrée que les autres européens. […] On ne saura jamais notre timidité naturelle, notre malaise au milieu de la plèbe, notre horreur de la canaille, et combien le vilain et laid document, avec lequel nous avons construit nos livres, nous a coûté.

2837. (1902) Les poètes et leur poète. L’Ermitage pp. 81-146

Les plus riches en dons naturels ne lui ont pris que quelques ondes, à peine le creux d’un coquillage ; les moins riches se sont contentés de venir avec des coupes et des amphores et ils ont emporté de la source beaucoup plus d’eau ; quant aux très pauvres, accoudés au rivage, ils y demeurent la bouche aux flots. […] Mais je l’aime surtout parce que, comme l’a très bien dit de Gourmont, il est une force naturelle ; quand je le lis j’ai l’impression d’entendre les vents gronder et chanter dans les ramures d’une forêt éternelle.

2838. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff » pp. 237-315

C’est le Russe, le Russe d’Alexandre, civilisé et discipliné par sa force même ; croissant, comme un vaste chêne du Nord, sans changer de place, mais étouffant par sa croissance naturelle les plantes étiolées qui veulent faire obstacle à sa grandeur. […] Il vit, il sent, il palpite, il invente ou il raconte avec naturel, sympathie, chaleur, finesse. […] IX Nous vous avons dit en commençant cet entretien que le jeune Tourgueneff, après avoir dépensé son adolescence en plein air et en pleins champs dans les terres de sa famille, était venu achever son éducation à Moscou, à Pétersbourg, à Berlin, et que, sollicité par une vocation puissante et naturelle, il avait publié de premiers Essais dans une revue littéraire russe, pendant qu’il faisait ses premières armes dans un corps de noblesse, à Pétersbourg.

2839. (1923) Critique et conférences (Œuvres posthumes II)

ce que des malheureux m’ont reproché ces toutes naturelles fleurettes ! […] Si je m’abstiens d’une sorte d’apologie, que les choses mêmes et la suite toute naturelle de l’étude entreprise se chargeront de répartir et de faire sensibles, c’est pour ne pas m’embarrasser d’inutiles polémiques provoquées. […] L’auteur l’aime, comme peut-être le plus naturel de ses ouvrages.

2840. (1853) Propos de ville et propos de théâtre

L’une de vous eut l’obligeance de m’offrir une place dans le coupé que j’avais eu le plaisir de lui faire accepter un mois auparavant, et malgré mon désastre évident, il ne lui vint pas à l’idée de me faire monter derrière, comme cela eût pourtant été si naturel dans la circonstance. […] Chacun des remarquables travaux lus, à propos de la question à l’ordre du jour, concluait à ceci : Que ce qui se passait n’était pas naturel. […] Il avait vu, il venait : c’était tout naturel […] Si l’on en croit les statisticiens et la foule qui encombre incessamment tous les lieux publics où l’on débite de la boisson, la population de Londres est une éponge qui absorbe quotidiennement une quantité de liquide suffisante pour mettre à flot le Great-Britain, navire du port de dix mille billards. — Cependant il s’en faut que les conséquences naturelles de cette absorbtion prodigieuse aient été prévues dans une juste mesure. […] — C’est une sorte de brume opaque, où les bruits de la rue s’absorbent ; — on sent, en marchant dans les rues, palpiter dans l’air, autour de soi, les grandes ailes de hibou du spleen britannique. — À aucun prix on ne pourrait, avant une heure de l’après-midi, se faire ouvrir une boutique, pas même celle d’un armurier, si l’on avait l’envie bien naturelle de se brûler la cervelle, ne fût-ce que pour faire un peu de bruit au milieu de ce silence.

2841. (1884) Propos d’un entrepreneur de démolitions pp. -294

Vers le commencement du second Empire, il fut accusé, par d’assez tristes prêtres, d’ailleurs, de propager les doctrines condamnées de Baïus, doctrines qui consistent à croire qu’il n’y a pas de vertus naturelles, et que l’homme, en dehors du corps de l’Église, est absolument incapable de tout bien. […] Comme je vis immédiatement que ma question n’était pas comprise, j’entrepris d’expliquer à cet homme grave la nécessité philosophique de croire à une loi naturelle parfaitement inaccessible aux terrassiers du progrès ; c’est-à-dire, cette loi, toujours obéie, qui veut que les champignons empoisonnés poussent sur les têtes vénéneuses, les imbéciles sur les plates-bandes de l’École des Mines, et les hommes faits pour commander, sur les rameaux altiers du vieux rouvre humain. […] Cette mesure, encore plus imbécile que malveillante, n’est que la suite naturelle d’un système général de démolition par le dénigrement de l’esprit militaire dans notre patrie. […] Les révolutions, suivant eux, sont les fruits naturels du terroir social ensemencé par le vent des philosophies, et mûris au soleil de la raison… La plus stricte équité veut néanmoins qu’on distingue deux sortes de francs-maçons. […] Si on veut bien considérer ce que c’est que l’âme et son effrayant appétit naturel d’unité et d’infini, on sera facilement étonné de cette force inouïe contre l’inanition, de la patience inconcevable de ce tigre céleste, captif et sans nourriture.

2842. (1902) Symbolistes et décadents pp. 7-402

Toute idée qui traverse son cerveau est à ses yeux une idée humaine et naturelle : autrement d’où la percevrait il ? […] Fouquier : l’idée du crime, dit-il, a ceci d’inquiétant que la science légitime un peu, par ses lois prouvées de sélection naturelle, etc… Mais non. 1º Les espèces qui disparaissent, disparaissent plutôt par dégénérescence et mort naturelle ; 2° Si la science prouve la vérité d’une lutte pour la vie, que fait-elle ? […] Au moins est-il naturel de constater que si chez cet artiste l’œuvre n’aboutit pas absolument, c’est par l’intensité même de son amour de l’art. […] et ce qui eût dû lui paraître tout naturel lui parut comique.

2843. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « M. Boissonade. »

Destuchius in Naturæ vi,Destouches dans la Force du naturel ; Russavius in Julia,Rousseau dans la Nouvelle Héloïse ;    .

2844. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure  »

La nature veut qu’il y ait des spectacles, et la religion n’est qu’une perfection de la loi naturelle.

2845. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure »

Ce talent admirable d’orateur moraliste et tendre, cette âme charmante, virgilienne et racinienne, ce panégyriste de la Madeleine repentie, après une première saison d’austérité et de ferveur, s’était apaisé comme il est naturel, s’était même attiédi du côté de la foi et était arrivé, sur la fin, à plus de sagesse humaine peut-être que divine.

2846. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Appendice. Discours sur les prix de vertu »

L’état le plus naturel à l’homme qui étudie, comme à celui qui compose avec suite, même dans l’ordre de l’imagination, et qui par conséquent a besoin de longues heures de travail, est encore la vie domestique, régulière, intime.

2847. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Nouvelle correspondance inédite de M. de Tocqueville »

Le vice de l’ouvrage n’est pas dans tel chapitre en particulier, il est dans la monotonie du sujet et le peu d’art qui m’a empêché de combattre cette monotonie naturelle : on ne peut juger un semblable défaut qu’en lisant le livre d’une haleine.

2848. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « UNE RUELLE POÉTIQUE SOUS LOUIS XIV » pp. 358-381

Mme Des Houlières, qu’on voit de loin dans un costume couleur de rose, était triste : c’est une des personnes qui, avec le plus de moyens naturels d’être heureuse, eurent aussi le plus à se plaindre de la fortune.

2849. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mémoires sur la mort de Louis XV »

Cependant cette inquiétude du roi ne paraissait encore point fondée, et Lemonnier, qui connaissait sa disposition naturelle à s’effrayer de rien, regardait cette inquiétude plutôt comme un effet ordinaire d’une telle disposition que comme le présage d’une maladie.

2850. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre premier. Mécanisme général de la connaissance — Chapitre premier. De l’illusion » pp. 3-31

. — Quand le sommeil, au lieu d’être naturel, est artificiel, le travail hallucinatoire devient plus visible encore.

2851. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre II. Les romans bretons »

Chrétien de Troyes a esquissé parfois la charmante comédie de l’amour aux prises avec la vanité, et s’il n’entend rien à la passion, il sait envelopper délicatement le sentiment sincère de naturelle coquetterie.

2852. (1921) Enquête sur la critique (Les Marges)

3º Je préfère de beaucoup le critique « impressionniste », qui est presque toujours, par ailleurs, un créateur, qui en général aime les livres et la vie plus que sa propre critique, et est rarement ennuyeux ; si ses créations ont de la valeur, il y a des chances pour que ses « impressions » soient intéressantes, et s’il a ce goût naturel qui est la première et la plus nécessaire qualité du critique, on le lira toujours avec plaisir.

2853. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre huitième »

Il rentre bientôt dans son naturel, qui est de méditer librement, par saillies plutôt qu’avec suite, et dans son dessein, qui est moins de convaincre son lecteur que de l’éclairer.

2854. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « L’expression de l’amour chez les poètes symbolistes » pp. 57-90

Ces amitiés intellectuelles, à quoi les poètes de l’âge symboliste veulent réduire l’Amour, laissait trop d’aspirations naturelles en souffrance pour ne pas aboutir à une déception.

2855. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Appendice »

Vaudrait-il mieux engager avec eux ces misérables controverses où ils auraient l’avantage de soutenir le beau et le pur, et où j’aurais l’air de m’assimiler à ce qu’il y a de plus vil ; car l’antichristianisme a, dans ce pays, une couleur si détestable, si basse, si dégoûtante, qu’en vérité il y aurait de quoi m’éloigner, ne fût-ce que par modestie naturelle.

2856. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIII. La littérature et la morale » pp. 314-335

Si tel est bien l’état moral du milieu où vit Corneille, il est naturel que dans les personnages créés par lui le devoir l’emporte sur la passion.

2857. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XIV, l’Orestie. — Agamemnon. »

Son langage redevient naturel et simple, elle répond aux questions du Chœur avec un triste abandon.

2858. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1859 » pp. 265-300

29 octobre Vraiment, il y a du courage à résister à la tentation du feuilleton, à cette chose qui procure la grosse publicité, sans parler de la place matérielle qu’elle donne à votre individu, et de la présentation toute naturelle qu’elle fait de vous à toutes les femmes de théâtre et de la gloire touchée comptant, et de l’argent sonnant qu’elle met dans votre poche.

2859. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1861 » pp. 361-395

* * * — Rien n’est moins poétique que la nature et les choses naturelles.

2860. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1879 » pp. 55-96

Maspero, lui, raconte la fin de Jacques, qui tombé malade, comme mineur, et recueilli par des naturels du pays, avait épousé une fille très belle, mais une vraie guanche, qui ne savait que monter à cheval.

2861. (1913) La Fontaine « III. Éducation de son esprit. Sa philosophie  Sa morale. »

Je vous parlerai aujourd’hui de l’éducation d’esprit de La Fontaine, puis de sa philosophie générale, car il est bien certain qu’il a une philosophie, quoique un peu flottante, et enfin de sa morale, qui est une suite assez naturelle de sa philosophie.

2862. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — La solidarité des élites »

J’ai rappelé ce fait vieux de plus de trente années, parce qu’il a consacré d’une manière éclatante la naissance de ce sentiment nouveau et incomparablement fécond de la solidarité ; solidarité par-delà les territoires, ces frontières artificielles, et par-delà les races, ces frontières naturelles.‌

2863. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre I. La conscience et la vie »

Cette vie, je me la représente encore comme une vie de lutte et comme une exigence d’invention, comme une évolution créatrice : chacun de nous y viendrait, par le seul jeu des forces naturelles, prendre place sur celui des plans moraux où le haussaient déjà virtuellement ici-bas la qualité et la quantité de son effort, comme le ballon lâché de terre adopte le niveau que lui assignait sa densité.

2864. (1888) Épidémie naturaliste ; suivi de : Émile Zola et la science : discours prononcé au profit d’une société pour l’enseignement en 1880 pp. 4-93

Que diraient-ils devant l’Homme à la houx, une Famille de paysans, la Baratteuse, cette laide femme à mâchoire carrée, tout d’une venue, frôlée par une espèce de chat inconnu de l’histoire naturelle ? […] Quand on fait des sacrifices, on est un homme d’un jugement profond ; on s’attache à la scène générale qui en devient tout autrement énergique, naturelle, grande, imposante et forte. » « Une chose qu’on ne remarque pas, c’est qu’on papillote à l’esprit par la multiplicité des incidents aussi cruellement qu’aux yeux par la mauvaise distribution des lumières. » Je m’arrête à ces citations.

2865. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre I. De la sélection des images, pour la représentation. Le rôle du corps »

De là on conclut à l’inextension naturelle et nécessaire de toute sensation, l’étendue s’ajoutant à la sensation, et le processus de la perception consistant dans une extériorisation d’états internes. […] Le rôle du psychologue serait de les dissocier, de rendre à chacun d’eux sa pureté naturelle : ainsi s’éclairciraient bon nombre des difficultés que soulève la psychologie, et peut-être aussi la métaphysique.

2866. (1895) La comédie littéraire. Notes et impressions de littérature pp. 3-379

Il lui manque le naturel, la naïveté, la bonne grâce et la bonne foi. […] Gaspard a des neveux éloignés qui sont des héritiers naturels. […] Pelléas et Mélisande nous représentent la lutte engagée par la loi naturelle (qui veut le triomphe de l’amour) contre la loi sociale (qui asservit l’amour au joug des conventions et des préjugés). […] Et ces deux instincts lutteront en lui et gouverneront sa vie, la paresse qui l’empêchera de sortir du rang, l’amour des voyages qui l’entraînera à de folles équipées, et une certaine noblesse naturelle qui le distinguera, malgré les lacunes de son instruction, de ses camarades plébéiens. […] Qu’il est naturel, qu’il est humain, ce mouvement d’orgueil du timide, qui se venge de sa nullité mondaine, en exaltant à part lui la supériorité de son esprit !

2867. (1898) La poésie lyrique en France au XIXe siècle

Il nous l’a dit, la poésie c’est, pour lui, une fonction naturelle : Je chantais, mes amis, comme l’homme respire, Comme l’oiseau gémit, comme le vent soupire, Comme l’eau murmure en coulant… Il chantait, et il est le seul, en effet, pour qui l’on puisse employer cette expression métaphorique ; car nous savons bien, dans notre siècle de prose, qu’un poète ne chante pas. […] Par une conséquence naturelle et par une juste rançon, Victor Hugo a les défauts de ses qualités. […] Il avait déjà publié des vers, mais ces vers, comme cela est assez naturel, étaient tombés au milieu du silence le plus complet et de l’inattention la plus absolue.

2868. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Appendice. »

« Tout ceci, cher Monsieur, est pour maintenir, au milieu des imitations apparentes et des influences plus ou moins directes que vous démêlez très-bien, l’originalité bien native pourtant de nos anciens amis, la veine naturelle et propre à cette famille romantique française qui a et gardera sa physionomie entre toutes les autres écoles.

2869. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « L’Académie française »

Aucun chef d’État depuis Napoléon Ier, aucun ministre dirigeant, animé du souci des Lettres, n’ayant rappelé à l’Académie ce point de sa constitution, il est tout naturel qu’elle l’ait oublié et laissé tomber en désuétude.

2870. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [III] »

Le recueil des Regrets, qui date également de ce séjour de Rome, se compose d’une suite de sonnets plus familiers et plus naturels.

2871. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — I. » pp. 166-193

C’était ici une allusion toute naturelle aux insurrections de Lyon dans les premières années du règne de Louis-Philippe.

2872. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIVe entretien. Mélanges »

Je lui demandai seulement sur sa seule parole de me rendre ce qu’il voudrait de cette somme importante, quand le mauvais effet de la révolution de Juillet aurait laissé mon ouvrage reprendre son cours naturel ; deux ans après, il me rapporta de lui-même les 25,000 francs dont j’avais cru devoir l’indemniser.

2873. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre IV. L’ironie comme attitude morale » pp. 135-174

Elle est la réponse naturelle de l’homme, réponse contradictoire et unifiée à la fois, aux contradictions du monde, de la vie et de l’esprit, elle le laisse à la fois s’adapter à la réalité la plus large et tâcher d’adapter la réalité à lui, dans la mesure où cela est possible.

2874. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 janvier 1886. »

La conséquence naturelle fut un retour sur lui-même ; repoussé, méconnu, humilié, il se retira dans la solitude de sa propre âme.

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