Pourquoi ne leur passerions-nous pas quelque manque de clarté ? […] Sur ce séjour à Londres, les détails manquent. […] Il faut du temps pour lire les poètes, et le temps, à Paris, est ce qui manque le plus. […] Ces prétextes, d’ailleurs, ne manquent point. […] Certes, je ne veux pas dire que nos architectes d’aujourd’hui manquent de science et de talent.
Cependant, et tandis qu’il étalait ainsi publiquement, cyniquement, sa religion de la nature, un autre sentiment, qui lui manque, naissait et se développait chez quelques-uns de ses contemporains : c’est ce sentiment de l’Art, que nous avons vu faire cruellement défaut au Moyen Âge, et dont la réapparition dans le monde est si caractéristique de l’esprit de la Renaissance. […] Ils ont manqué de critique ou d’esprit de discernement ; et, dans leur impatience de produire, ils n’ont pas toujours connu les conditions de l’imitation féconde. […] Et enfin cette littérature ne pourra manquer d’attacher une grande importance aux agréments de la forme, en premier lieu parce qu’il faudra qu’elle plaise pour persuader ; en second lieu, parce que la forme seule est capable de sauver les généralités du « lieu commun », qui en est l’écueil ; et en troisième lieu, parce qu’elle a déjà refait sa « Poétique » et sa « Rhétorique » sur le modèle du latin. […] Satire i] ; — le manque de goût et l’absence d’art [Cf. Satire x] : Ses nonchalances sont ses plus grands artifices ; — le manque d’invention et d’idées. — D’où vient sa réputation ?
M’eût-on fait manquer la classe ? […] Il manque des morceaux à la divine statue et l’on risquera des réparations. […] (Car nous manquons de pédants !) […] Mais il manquerait la moralité de l’anecdote. […] Et telle est sa marotte ; et, comme il a manqué le roman de Juste-Agénor, il manquera le roman de Lafcadio.
Abel Hermant ne manquera pas d’introduire dans son histoire, ainsi que disait Mallarmé. […] On est loin de compte, et rien n’aura plus que la sérénité manqué à ce grand homme. […] Il n’aura lu que les odelettes et les folâtries qui, d’ailleurs, ne manquent ni de vigueur ni d’éclat. […] Une telle morale peut être sublime, mais elle manque de base rationnelle. […] Ce Duranty ne manquait pas de talent comme romancier, et M.
La question vaudrait assurément la peine d’être examinée de près : elle ne manquerait ni de gravité ni d’intérêt. […] Malheureusement elle abusa vite de ce droit, et manqua bientôt à cette mission. […] Dès lors, la sincérité manqua à ses sentiments, comme la conviction à ses idées. […] On va voir que la littérature n’a manqué ni à l’une ni à l’autre tâche. […] Un tel évangile ne pouvait manquer d’adeptes.
Le malheur, peut-être, c’est que les Discours sur l’homme manquent un peu de feu et manquent un peu d’éclat. […] D’aucuns trouveront même qu’il est d’une singulière faiblesse ; mais il manquait et, puisqu’il manquait et que voilà qu’il existe, il est bon. […] Ce n’étaient pas les sujets de conversation qui manquaient. […] L’espace me manque pour y insister. […] Je n’ai pas manqué à cette consigne.
Ce qui manque peut-être encore à M. […] Nous détachons celle-ci, qui ne manque pas d’originalité. […] Elle leur souriait pour les retenir ; mais elle s’aperçut tout à coup que les fleurs manquaient. […] Mais un accident lui a fait manquer l’heure ; il rentre dans la nuit pour passer le temps d’attendre un autre train. […] C’est une vie manquée… je m’en défais !
Manque d’expérience de coulisses, jeunesse trop littéraire des organisateurs, maladresses bien naturelles de personnes trop délicates, pour être habiles, etc. ! […] Les distractions aussi bien ne me manquèrent point. […] Et puis il y avait chez moi ce qui manquait par trop dans mon précédent habitacle.. […] — Yes, dis-je, avec un semblant de correction dont je ne manquais pas de m’enorgueillir. […] Le Benedicite anglais n’est pas accompagné du signe de croix ; cependant il ne peut manquer de toucher un catholique pratiquant, tel que j’étais alors, hélas !
Il est devenu depuis inspecteur des beaux-arts ; il vient de manquer l’Académie des sciences morales où il était très-digne d’entrer.
Le timbre (de la Bibliothèque Mazarine) qu’il porte m’a fait consulter les catalogues de la Bibliothèque Mazarine pour voir s’il n’en provenait pas ; mais l’indication de ces Poésies de Vauquelin de la Fresnnie manque dans le catalogue alphabétique de la Bibliothèque Mazarine rédigé en 1751, et je n’en ai pas retrouvé trace dans les catalogues antérieurs.
Quand la prévention qu’on ne saurait manquer d’avoir pour ce qu’on fait, au moment où on le fait, est passée, quand la joie de produire, qui aveugle si facilement l’amour-propre, est apaisée, et qu’on peut regarder son travail avec le même détachement qu’on ferait celui d’un étranger, alors on peut se faire avec fruit le critique de soi-même : le moment est venu de corriger son œuvre.
C’est de la versification souvent heureuse, pleine, harmonieuse, mais qui manque de relief, de vie originale.
Homme de talent et de verve, doué d’un sentiment poétique grandiose extérieur et sonore, il ne manquait ni de majesté ni de puissance, mais peut-être de simplicité et de profondeur.
Je recommande encore, avec une admiration toute particulière : le Sonnet prologue, les vers À Célimène, Un Soir, le délicieux rondel intitulé : Calme plat, Mythologie, où revivent les grandes déesses, Crépuscule, le Retour de Marielle, Vers le jardin, très délicates terzo-rimes, et des vers bien langoureux et bien tristes aussi, la Fleur de larmes et encore le Masque ; presque tout enfin… M. de La Villehervé est un noble poète à qui manquera peut-être un applaudissement bruyant de la foule, mais non pas certes l’estime et l’admiration des gens de goût.
Peut-être aussi le manque de talent est-il la vraie source de cette disette de bonnes Tragédies.
Avec autant de parties estimables, ses Pieces manquent, en général, du côté de l’intrigue, & leurs dénouemens ne répondent pas au jeu & à la vivacité des Scenes.
Pour y parvenir, il doit plaire, il doit prouver, il doit toucher ; car il ne peut rien obtenir de l’Auditeur ou du Lecteur, que par l’art de s’attirer sa bienveillance par la force des raisons, & par le trouble où il le jette : le dernier point, le plus difficile sans doute, mais le plus infaillible, & sans lequel il n’y a point de véritable éloquence évangélique, est précisément celui qui nous paroît manquer à M. l’Abbé Poule.
Il y a des chances pour que, dans ces conditions, les hommes se marchent mutuellement sur les talons, et que les manœuvres manquent de précision et d’ensemble.
Il n’y faut voir qu’une bouffonnerie sans invention, sans style, où manque même le gros sel pour tenir lieu d’esprit, et que, faute de termes entre le mauvais et le pire, on ne peut pas juger par comparaison. […] Seulement, c’est en satirique que Boileau confesse ce qui lui manque. […] Il ne l’eût pas définie assez clairement pour les gens qui en manquent, et il savait que les bons esprits la sentent assez pour n’avoir pas besoin qu’on la leur définisse. […] Il manqua à ce sage la sagesse la plus rare, celle de savoir finir à propos. […] Il manque de proportion et d’ordre ; ses digressions, au lieu d’être calculées pour la variété, sont des divagations ingénieuses auxquelles le caprice l’a entraîné.
Le Français, qui a encore de la rêvasserie dans la cervelle, ne manquera pas de faire une belle place au phonographe ! […] On peut les attaquer sans qu’elles perdent contenance ; la riposte ne leur manquera pas. […] La besogne ne manquerait pas : que de travaux et de soins locaux ne pourrait-on pas leur confier, dont les grandes administrations s’acquittent mal ! […] Elle manque de pittoresque et elle manque d’unité, étant trop grande. […] Certes, elle en fut la cause première, mais elle manqua d’argent pour passer des désirs aux actes.
Lorsqu’on lit les réflexions et fragments de cet autre généreux écrivain enlevé comme lui dès le début, de Vauvenargues, et qu’on en pénètre l’esprit, l’inspiration secrète, on voit certes un homme de pensée, mais on reconnaît encore plus un homme de caractère et d’action qui a manqué sa destinée et qui en souffre. […] L’habitude des soins, des égards, des ménagements réciproques est plus facile, plus naturelle : on croirait se manquer à soi-même si l’on était capable de s’en dispenser dans les moments même d’abandon, d’humeur, de refroidissement. […] [NdA] Des hommes bien distingués en ont jugé pareillement de nos jours : « Notre époque manque de grands hommes », a dit M. de Rémusat
Quoique l’auteur ait dit dans une note que ce portrait est le seul qui s’applique réellement à une personne déterminée, je ne saurais croire que le portrait d’Ismène ou de la beauté sans prétention, à qui il n’a manqué pour être célèbre que de mettre enseigne de beauté ; que celui de Glycère, la femme à la mode, et qui « s’est fait jolie femme il y a vingt ans sans beauté, comme on se constitue homme d’esprit sans esprit, avec un peu d’art et beaucoup de hardiesse » ; — je ne puis croire que le portrait d’Herminie si entourée, si pressée d’adorateurs, si habile à les tenir l’un par l’autre en échec, et qui n’aime mystérieusement qu’un seul homme sans esprit, sans figure, qui n’est plus jeune, qui se porte très bien toutefois, et qui est… son mari ; — que le portrait d’Elvire, la femme de cinquante ans, qui s’avise soudainement d’un moyen de se rajeunir en s’attachant à un homme de soixante-quinze ; — que tous ces portraits si nets et si distincts n’aient pas eu leur application dans le monde d’alors. […] Je supplée, pour les objets qui m’intéressent, certaines incapacités par un discernement rare des diverses qualités des hommes, joint à la conscience bien exacte de ce qui me manque. […] Le prince de Ligne s’arrête avec complaisance sur cette idée secrète et chère de M. de Meilhan, que celui-ci a manqué sa fortune et sa destinée et qu’il aurait dû être ministre à la place de Necker ou de Calonne : Avec l’air de mépriser tous les détails, les regardant au-dessous de vous, il n’y en avait pas un de votre intendance de Valenciennes qui vous échappât, et vous racontez très plaisamment ce que c’est que de travailler légèrement, quand M. de Calonne écrivait sur le coin de la tablette d’une cheminée sur ce que vous aviez été vingt-quatre heures à penser.
Lorsque plus tard Villars revit le roi, il fut question de ce mauvais procédé de M. d’Usson ; mais il faut voir comme Villars parle de ses ennemis sans fiel et d’un air de magnanimité ; il n’est pas de la même humeur que Saint-Simon : Sa Majesté me parla d’un officier qui, dans le dessein de se donner les honneurs de la victoire d’Hochstett, lui avait dépêché un courrier avant le mien pour lui en annoncer la nouvelle, je le jugeai indigne de ma colère, et répondis seulement à Sa Majesté que l’on pouvait lui pardonner d’avoir manqué à son général, puisque le bonheur d’être le premier à annoncer une bonne nouvelle tourne quelquefois la tête ; mais que cette action, qui pouvait être blâmée, était cependant une des plus raisonnables qu’il eût faites. […] Bien préparé, bien fixé sur le poste à prendre, et s’attendant d’un jour à l’autre à avoir affaire à Marlborough, il tient à savoir les intentions du roi touchant une bataille ; ce n’est pas un batailleur à tout prix que l’audacieux Villars : « Il y a des occasions, écrit-il à Chamillart, où c’est prudence de la chercher, quand même on la donnerait avec désavantage : il y en a d’autres où, paraissant toujours chercher le combat, il faut cependant manquer plutôt une occasion que de ne se la pas donner la plus favorable qu’il est possible. » Dans le cas présent, si l’ennemi prête flanc par quelque fausse démarche, il en profitera, c’est tout simple ; mais à chances égales, là où il n’y aurait ni avantage ni désavantage évident à l’attaque, il tient à savoir l’intention du roi. […] Tout l’honneur de l’avoir conjuré revient à Villars, à sa fermeté, à son choix d’un bon poste, à sa sagesse à s’y maintenir, à l’esprit excellent dont il avait animé ses troupes, et qui fit perdre à l’adversaire l’idée qu’on les pût entamer. « Mes affaires, par le parti que vous avez obligé le duc de Marlborough de prendre, lui écrivait Louis XIV satisfait, sont au meilleur état que je les pouvais désirer ; il ne faut songer qu’à les maintenir jusqu’à la fin de la campagne ; si elle était heureuse, je pourrais disposer les choses de manière à la finir par quelque entreprise considérable. » Marlborough, en s’éloignant, crut devoir s’excuser auprès de Villars même (une bien haute marque d’estime) de n’avoir pas plus fait ; il lui fit dire, par un trompette français qui s’en revenait au camp, qu’il le priait de croire que ce n’était pas sa faute s’il ne l’avait pas attaqué ; qu’il se retirait plein de douleur de n’avoir pu se mesurer avec lui, et que c’était le prince de Bade qui lui avait manqué de parole.
Bonaparte, nommé général en chef en remplacement de Schérer, arrive au quartier général à Nice dans les derniers jours de mars 1796 : Il trouva tous les services dans un état déplorable : l’armée manquait de tout, et les magasins, les caisses étaient vides. […] Pelleport en est lui-même une preuve lorsqu’au commencement de la retraite de Moscou et de ces fatigues sans nom, supportées par une partie de l’armée avec tant d’héroïsme, il dit tout d’un coup et en y revenant sans qu’on s’y attende : « Je crois, tout amour-propre de côté, que nous avons, en cette circonstance, laissé bien loin de nous les Romains, dont l’Empereur nous parlait tant en Italie et en Égypte. » Pelleport, très occupé du détail et de ce qu’il voit, nous apprend un fait assez singulier, c’est que dans les combats de Chobrakhit, qui précédèrent la bataille des Pyramides, il y eut du tâtonnement et quelque inhabileté pratique à exécuter les commandements du chef : L’armée d’Italie, bien que brave et intelligente, manquait de flexibilité pour les manœuvres ; les officiers inférieurs et supérieurs, les généraux eux-mêmes qui venaient de faire la guerre, avec une grande distinction, avaient négligé l’étude de la petite tactique (manœuvres) ; aussi se trouvèrent-ils embarrassés pour former les carrés tels qu’ils avaient été indiqués par Bonaparte : il fallut prendre successivement les pelotons et bataillons par la main pour les porter sur le terrain qu’ils devaient occuper dans la disposition générale. […] Pelleport ne manque pas, en cet endroit, de rendre à son dernier chef Marmont une justice qu’il est redevenu de mode depuis quelque temps de lui refuser.
Mais, en général, ce côté du talent de Gavarni manque de développement et est trop elliptique. […] Balzac, que je ne prétends nullement diminuer sur ce terrain des mœurs du jour, et de certaines mœurs en particulier, où il est expert et passé maître, Balzac pourtant s’emporte et manque de goût à tout moment ; il s’enivre du vin qu’il verse et ne se possède plus ; la fumée lui monte à la tête ; son cerveau se prend ; il est tout à fait complice et compère dans ce qu’il nous offre et dans ce qu’il nous peint. C’est une grande avance, je le sais, à qui veut passer pour un homme de génie auprès du vulgaire que de manquer absolument de bon sens dans la pratique de la vie ou dans la conduite du talent.
Un jeune homme qui n’admirerait pas le Cid serait bien malheureux ; il manquerait à la passion et à la vocation de son âge. […] L’exécution ne se soutient pas également dans toute la durée ; mais quel beau motif, quel belle musique, quel bel air, si les paroles manquent quelquefois ! […] Corneille n’exécutera jamais mieux plus tard ; il n’est pas éducable et progressif comme Racine, qui le fut indéfiniment et jusqu’à l’entière perfection, Racine fera de son talent tout ce qu’il voudra ; il aura tous les talents à la réflexion et à loisir : Corneille a tout d’inspiration ; ce qu’il n’a pas d’emblée, il le manque.
Nous faisions très bonne chère, car suivant les circonstances on ne manquait ni de force pour s’emparer des vivres, ni d’argent pour les payer. […] C’était bien le cas de dire que les opérations manquaient par la base. […] Peut-être le savant et le virtuose de guerre se laissa-t-il trop voir, comme lorsqu’il s’échappa à dire à un moment, en apercevant les fautes, les manques d’ensemble et de suite de l’ennemi : « Ah !
Et pourtant les âmes tendres, élevées, croyant à l’exil de la vie et à la réalité de l’invisible, n’avaient pas disparu : la religion, sous ses formes rétrécies, en abritait encore beaucoup ; la philosophie dominante en détournait quelques-unes, sans les opprimer entièrement ; mais toutes manquaient d’organe général et harmonieux, d’interprète à leurs vœux et à leurs soupirs, de poëte selon le sens animé du mot. […] En même temps que l’esprit grave, mélancolique, de Vauvenargues, retardé par le scepticisme, s’éteint avant d’avoir pu s’appliquer à la philosophie religieuse où il aspire, des natures sensibles, délicates, fragiles et repentantes, comme mademoiselle Aïssé, l’abbé Prévost, Gresset, se font entrevoir et se trahissent par de vagues plaintes ; mais une voix expressive manque à leurs émotions ; leur monde intérieur ne se figure ni ne se module en aucun endroit. […] Dans sa vocation invincible, cette vie n’était pas à la merci d’un heureux hasard : il ne pouvait manquer un jour ou l’autre de conquérir lui-même en plein et de faire retentir par le monde son divin organe.
Mais cet Arthur, qu’un hasard heureux, une saison plus recueillie, a laissé écrire avec plus de soin et de suite à un homme du monde redevenu chrétien ; ce roman, bien fait pour plaire à beaucoup, nous permet de parler, selon notre cœur et notre goût, d’un poëte aimable, d’un des naturels les plus charmants de ce temps-ci, et auquel il n’a manqué que le travail et l’haleine. […] Il manque au jour présent de la plus belle vie L’espérance et le souvenir. […] De quelques fleurs qu’il soit paré, Si riantes que soient ses voies, Il doit à ses célestes joies Manquer ton regard adoré.
Jamais on n’a mieux senti, au sein de la littérature usuelle et de la critique active, le manque de tant d’écrivains spirituels, instruits, consciencieux, qui avaient pris un si beau rôle dans les dernières années de la Restauration, et qui, au moment de la révolution de Juillet, en passant brusquement à la politique, ont fait véritablement défection à la littérature. […] Mais tant que cette espèce de courage ne manquera pas aux hommes de talent haut placés, il y aura de la ressource contre le mal137. […] Le courage d’esprit est ce qui a toujours manqué le plus essentiellement à cet homme de tant de talent et de faiblesse, M.
Ampère à celle d’investigation ; il y manque par moments un peu plus de plastique, comme les Allemands diraient. […] Mais j’ai hâte d’en venir à un autre rapprochement que les érudits n’ont pas manqué de soulever, et que M. […] L’abbé Prévost, dans le vingtième nombre du Pour et Contre, adressa aux auteurs sur leur premier volume, parmi de vrais éloges, assez de critiques qui lui attirèrent une réponse dans la préface du second tome : « C’est une plume agréable, disait-on, qui cherche à badiner… S’étant familiarisé avec le brillant, le nouveau, le magnifique, il voudrait ne voir paraître de livres que dans le même goût. » L’abbé Prévost leur reprochait, en effet, d’une manière assez peu indirecte, le manque d’agrément, de choix et de proportion dans la série des auteurs.
Que s’ils manquent le premier objet de leur ambition, s’ils sont mal venus en ce premier amour, et si d’ailleurs, avec un esprit bien fait, ils chérissent sincèrement l’étude, il y a de la ressource et de la consolation. […] Magnin vient de publier présentent toute espèce de choix et de variété : Grèce, romantisme, Portugal et Chine, nul échantillon n’y manque ; cette qualité de style dont nous parlons en fait l’harmonie. […] lecteur, j’aurais pu affiler ma bonne lame, donner de la pointe à ce Scythe, à ce barbare, et lui rendre blessure pour blessure. — Mais nous autres, Grecs d’Athènes, si nous avons du sel aux lèvres, nous n’avons pas de fiel dans le cœur, etc., etc. » J’abrége la parodie : il ne manque à ce choc, à ce cahotage de tous les styles, que d’y avoir fait entrer plus au long ma bonne lame de Tolède ; l’amalgame eût été complet.
Ainsi la qualité du cavalier est bien la même, ce n’est que le cheval qui a manqué. […] « Quelque aménité doit se trouver même dans la critique ; si elle en manque absolument, elle n’est plus littéraire… Où il n’y a aucune délicatesse, il n’y a point de littérature. » A aucune en particulier, mais à toutes en général, ce qui ne peut, certes, blesser personne, dans ce sexe plus ou moins émancipé : « Il est un besoin d’admirer, ordinaire à certaines femmes dans les siècles lettrés, et qui est une altération du besoin d’aimer. » Et ces pensées qui semblent dater de ce matin, étaient écrites il y a quinze ans au moins, avant 1824, époque où mourait M. […] Voyez Cicéron, rien ne lui manque que l’obstacle et le saut. » « Il y a mille manières d’apprêter et d’assaisonner la parole : Cicéron les aimait toutes. » « Cicéron est dans la philosophie une espèce de lune ; sa doctrine a une lumière fort douce, mais d’emprunt : cette lumière est toute grecque.
Un trait manque encore à la physionomie de Villehardouin, et c’est peut-être le principal. […] Mais que le suzerain manque à son vassal, rien aussi n’oblige le vassal à garder une loi que le suzerain n’a pas gardée : patriotisme, salut public, aucune raison ne compte, et la guerre civile éclate, même devant l’ennemi, à moins que l’intérêt réciproque des deux adversaires n’amène, ou que l’intérêt commun des autres barons n’impose un accommodement. […] Nul art ne vaut mieux que ce naturel, et c’est de pareilles sensations qu’un autre Champenois, quatre siècles plus tard, fera l’étoffe de sa poésie : Joinville a ce qui manque aux auteurs de fabliaux, pour annoncer La Fontaine.
Ici, plus rien de grand dans le modèle : c’est l’aplatissement lent et progressif d’une âme par la vie ; ce Frédéric Moreau est un médiocre, un faible, qui manque l’existence rêvée dans la fièvre idéaliste de ses vingt ans ; par une suite d’expériences sans éclat, minutieusement décrites en leur terne réalité, se rabattent peu à peu toutes les ambitions, s’évanouissent toutes les chimères. […] L’âme qui anime la Légende des siècles manque ici. […] Je ne dis rien de sa Débâcle : grand sujet, œuvre manquée.
Anatole France ne pouvait manquer de l’éprouver. […] Un pauvre garçon qui aime une actrice et qui, après quelques années de vie difficile, est tué par hasard pendant la Commune, voilà Jean Servien Un bon garçon d’Haïti qui, sous la direction bizarre d’un professeur mulâtre, manque plusieurs fois son baccalauréat ; qui, vivant avec une bande de fous, n’est pas même étonné, tant il est irréfléchi ; qui, ayant remarqué une jeune fille dans la maison d’en face, s’aperçoit qu’il l’aime le jour où elle quitte Paris, s’élance en pantoufles à sa poursuite et l’épouse à la dernière page : voilà le Chat maigre Un vieux savant envoie du bois, pendant l’hiver, à sa voisine, une pauvre petite femme en couches. […] La plus haute sagesse ne manque jamais non plus de sourire d’elle-même : M.
— Les femmes ont rendu sur le jeune Beaubourg un arrêt pareil : elles le déclarent « trop commun. » Il a la jeunesse, la gaieté, la fortune ; mais il lui manque la ligne, la race, le contour, le chic le je ne sais quoi. […] Eh bien, c’est ce tour manqué, auquel une Agnès refuserait de se laisser prendre, qu’il recommence avec mademoiselle de Birague. […] Sa pièce, mal conçue et mal faite, dénouée au hasard, violente au fond, faible à la surface, manque surtout de la gravité impartiale qui sied à la polémique religieuse.
Cette spirituelle abbesse revient assez souvent sur ce qui manque à ce beau jeune homme en bonne grâce et en air ; on dirait qu’en tout bien tout honneur elle le voudrait former12. […] Vous êtes incapable de vous venger en rendant malice pour malice, et vous êtes si peu médisant que même le ressentiment ne vous arracherait pas une médisance de la bouche contre vos ennemis ; je trouve que vous ne les ménagez que trop selon le monde ; je n’entends pas dire pourtant que vous manquiez de sensibilité pour la gloire et pour l’honneur ; au contraire, vous y êtes délicat jusqu’à l’excès. […] Il ne lui manque, pour faire le lien des deux époques, de la Renaissance et des temps modernes, pour donner la main, d’une part à Politien, et de l’autre à Voltaire, que d’avoir en son humeur tempérée cette ouverture, cette disposition accueillante aux idées nouvelles qu’eut, pour sa part, le sage et discret Fontenelle.
Le prince de Broglie ne manque pas, à la première occasion, de lui faire passer les deux ouvrages, « au moyen de quoi j’espère, ajoute-t-il gaiement, que si, de mon vivant, les colonies espagnoles se révoltent contre leur souverain, je pourrai me vanter d’y avoir contribué ». […] C’est bien, c’est ingénieux, c’est profond, mais c’est un peu dense ; il y manque du jour et de la lumière, quelques éclaircies par-ci par-là. […] Ce n’est pas, encore une fois, un certain agrément ingénieux qui manque, mais cet agrément disparaît un peu dans la continuité même, dans la suite de l’application et de l’approfondissement.
Or, ce fabliau, le voici : Un jour, Dieu permit, dans ses desseins, que l’élément de vie, le feu, se retirât tout à coup de l’air, et vînt à manquer à la nature. […] On sent tout ce qu’une telle pièce a d’élevé, de poétique et de touchant ; que lui manque-t-il donc pour être un chef-d’œuvre ? Il lui manque la pureté et le goût dans le style.
Mais ce qu’il y a de plus nécessaire pour la rendre douce et divertissante, c’est « qu’il y ait un certain esprit de politesse qui en bannisse absolument toutes les railleries aigres, aussi bien que toutes celles qui peuvent tant soit peu offenser la pudeur… Je veux encore qu’il y ait un certain esprit de joie qui y règne. » Tout cela est assurément aussi bien dit et aussi agréable que judicieux, comme ne manque pas de le remarquer l’un des personnages de l’entretien. […] Sapho n’était pas au-dessus de toutes ces petites raisons de métier : « Ma foi, dit Tallemant, elle a besoin de mettre toutes pierres en œuvre ; quand j’y pense bien, je lui pardonne. » Petits cadeaux, gratifications, pensions, elle aimait à joindre ces preuves positives à la considération, qui ne lui a jamais manqué. […] Une fille d’un si grand mérite et sans grâce, c’est pourtant désobligeant à peindre, et c’est pénible à montrer ; on aimerait tant à y mettre ce qui lui manque !
Il ne lui reconnaît pas la marque royale dans le sens où il la conçoit ; il le trouve un homme rare, extraordinaire, épuisant volontiers à son sujet toutes les épithètes et ne lui refusant que celle de grand, « laquelle, dit-il, suppose une moralité qui lui manque ». […] c’est cela qui me manque ici ! Après que j’ai bien fatigué mes chevaux le long de ces belles rues, si je pouvais trouver l’Amitié en pantoufle, et raisonner pantoufle avec elle, il ne me manquerait rien.
» Il manque peu de chose à ces premiers livres des Mémoires de Marmontel pour en faire de vrais chefs-d’œuvre de récit et de peinture familière et domestique. […] Cependant, tandis qu’il est à Toulouse, Marmontel, dont l’activité et le talent cherchent de tous côtés une voie à se produire, concourt pour les Jeux floraux ; il manque le prix la première fois, et, dans son dépit, il écrit à Voltaire en lui envoyant son ouvrage ; il en appelle à lui comme à l’arbitre souverain de la poésie. […] Mais, là, sa modération lui manqua subitement ; il se mit en avant tout entier, il brisa des lances envers et contre tous pour Piccinni, pour la musique italienne, avec une ardeur démesurée et avec une passion où l’amour de la mélodie se sent moins encore que le besoin de dépenser un reste de jeunesse.
Cinquante lettres de Fénelon, adressées à l’ami des Vendôme, des Chaulieu et des La Fare, au futur pacha, c’est là une agréable bizarrerie qui manque à la destinée de Bonneval ; c’est aussi une variété de tolérance qui n’irait pas mal avec l’idée de Fénelon. […] Ce genre de défaut va nous être plus apparent encore et plus sensible chez Bonneval : il ne lui a manqué qu’un grain de moins dans la tête pour être un personnage historique et non romanesque. […] Cette histoire de la conversion de Bonneval faisait la joie de Voltaire, qui n’a pas manqué de badiner là-dessus en maint endroit de ses œuvres.
Rien ne manqua à la solennité ni à l’éclat de cette première représentation : Ç’a été sans doute aujourd’hui, disent les Mémoires secrets, pour le sieur de Beaumarchais qui aime si fort le bruit et le scandale, une grande satisfaction de traîner à sa suite, non seulement les amateurs et curieux ordinaires, mais toute la Cour, mais les princes du sang, mais les princes de la famille royale ; de recevoir quarante lettres en une heure de gens de toute espèce qui le sollicitaient pour avoir des billets d’auteur et lui servir de battoirs ; de voir Mme la duchesse de Bourbon envoyer dès onze heures des valets de pied, au guichet, attendre la distribution des billets indiquée pour quatre heures seulement ; de voir des Cordons bleus confondus dans la foule, se coudoyant, se pressant avec les Savoyards, afin d’en avoir ; de voir des femmes de qualité, oubliant toute décence et toute pudeur, s’enfermer dans les loges des actrices dès le matin, y dîner et se mettre sous leur protection, dans l’espoir d’entrer les premières ; de voir enfin la garde dispersée, des portes enfoncées, des grilles de fer même n’y pouvant résister, et brisées sous les efforts des assaillants. […] Beaumarchais répondit gaillardement que cette petite n’était autre qu’une pauvre enfant adoptive dont Figaro, à Séville, prenait soin par humanité ; que depuis lors elle avait passé en France, avait épousé à Paris « un pauvre honnête garçon, gagne-denier sur le port Saint-Nicolas, nommé L’Écluze, qui venait d’être écrasé misérablement, au milieu de tous ses camarades, par la machine qui sert à décharger les bateaux » : Il a laissé, ajoutait-il, sa pauvre femme, âgée de vingt-cinq ans, avec un enfant de treize mois et un de huit jours qu’elle allaite, quoiqu’elle soit très malade et qu’elle manque de tout. […] Le roi trompé m’a puni d’une faute que je n’ai pas commise ; mais, si mes ennemis sont parvenus à exciter son courroux, ils n’ont pu altérer sa justice… Oui, monsieur, il est très vrai que Sa Majesté a daigné signer pour moi, depuis ma disgrâce, une ordonnance de comptant de 2 150 000 livres sur de longues avances dont je sollicitais le remboursement auprès du roi, tandis qu’on m’accusait du crime odieux de lui manquer de respect.
Toutes les qualités qui manque à l’un de ces artistes, l’autre les a. […] Avec de la patience et du tems, le peintre des ardents peut acquérir ce qui lui manque, l’intelligence de la perspective, la distinction des plans, les vrais effets de l’ombre et de la lumière. […] Ils font cas de la chose qu’ils ont ; ils dédaignent celle qui leur manque.
Si cela n’est pas, l’artiste est faux ; si cela est, il n’y a donc point de pauvres ; s’il n’y a point de pauvres, et que les conditions les plus basses de la vie y soient aisées et heureuses, que manque-t-il à ce gouvernement ? […] Il ne manque à cette composition que des têtes qui soient peintes. […] C’est une faiblesse de pinceau, un négligé, un manque d’effet qui désespèrent ; c’est dommage, car tout est naturellement ordonné, les personnages, le tartare surtout bien posé, les objets bien distribués ; la femme tartare, en fourrure rouge, a les pieds posés sur un coussin.
Tout son maquillage est manqué. […] Ils ont tous les deux des qualités critiques, mais l’un et l’autre manquent de ces principes qui sont la force du critique et son autorité. […] Il manque donc à Balzac, conclut Chasles, comme à Alexandre Dumas, comme à Süe, la charité, la bonté, l’amour, et c’est pourquoi Balzac — tant pis pour lui !
Ainsi dans les sociétés, les modes d’actions généralement pratiquées seront les signes, les plus expressifs du tour des opinions généralement reçues : consolidées, objectivées ou non, inscrites dans les choses ou seulement dans les âmes, les habitudes collectives, — c’est-à-dire celles que chaque individu se sent tenu d’observer, — manifestent les idées acceptées par la masse des individus ; les transformations des autres ne peuvent manquer de s’exprimer par les transformations des autres. […] Et enfin, dans des sociétés comme les nôtres, où les règles essentielles de l’activité, générale, ne manquent plus d’être dûment formulées, où la puissance de l’État se met immédiatement au service des habitudes collectives vraiment indispensables au bien de l’ensemble, la portion de la vie sociale que les lois abandonnent en quelque sorte aux mœurs proprement dites perd chaque jour de son importance. […] Une école qui réunissait un esclave comme Épictète, ami d’Adrien, un chevalier comme Musonius Rufus, un consulaire comme Sénèque, un empereur comme Marc Aurèle ne pouvait manquer d’exercer, tant par l’exemple que par la doctrine, une large influence égalitaire33.
Ce procédé, qui peut-être n’a été celui d’aucun peuple, pourrait tout au plus convenir à une nation de philosophes ; et dans notre grossièreté naïve, nous étions bien loin de mériter ce nom ; mais différents hasards suppléèrent à ce qui nous manquait du côté de la réflexion et du système. […] Dans la suite, elle devait réparer une partie de ces pertes, par les ouvrages des grands écrivains du siècle de Louis XIV, et par ce don puissant qu’ont les hommes de génie de féconder les langues, en jetant dans le public une foule d’expressions neuves et pittoresques, que les hommes médiocres ou froids ne manquent pas de censurer d’abord, parce qu’ils sont gouvernés par l’habitude, et qu’il est plus aisé en tout genre de critiquer que d’inventer. […] L’éloquence même, qui, dans sa marche soutenue, a le plus besoin de liaison, à celle des mots qui nous manquent, substitua celle des idées.
Albalat ne se trompe pas, que Flaubert, ayant de la couleur, manque d’idées et que Taine, ayant des idées, manque de couleur. […] La matière, aux uns est parfois trop abondante ; aux autres, elle manque : c’est la disette, et ils poussent des cris de famine. […] Voici un de ces morceaux, écrit en style assez ample et qui pourtant ne manque pas de vie. » M. […] Ce qui manque le plus au vers libre d’aujourd’hui, c’est la perfection. […] La circulaire manque vraiment de critique.
Ils manquent d’intériorité. […] Bien des critiques tomberaient, entre autres le reproche de manquer de précision. […] II. — Reproche fait à la poésie actuelle : le manque de clarté. […] Après avoir souffert d’un excès de naturalisme, nous manquâmes mourir d’un excès d’idéalisme. […] Il s’agit d’un manque de documentation évident.
D’un bout à l’autre de la chaîne, il ne manque pas un maillon. […] Où sont les exemplaires manques, les prototypes informes ? […] Mais il leur manquait de l’avoir vu. […] Et ils n’y ont pas manqué. […] ce n’est pas l’émotion qui manque à Séverine.
Ils sont nombreux, ils sont puissants ; et, sans compter qu’ils tiennent alors presque tous les journaux, en attendant qu’ils remplissent les Académies reconstituées et réorganisées, ils ne manquent ni de mérite ni de talent. […] Ni leurs contemporains ne sauraient leur en demander davantage, ni eux-mêmes ne pourraient nous le donner, sans manquer au respect dont ils sont comme tenus envers leur propre originalité. […] Pour être le plus grand de nos poètes, il n’a manqué au premier des deux que d’avoir quelques-uns des défauts du second : son inépuisable abondance d’invention verbale, sa préoccupation du « pittoresque », et sa virtuosité. […] Le Congrès de Vérone ; — et la Vie de M. de Rancé ; — qui manquent dans l’édition Pourrat, ont paru en 1838 et en 1844. […] Le Vieux Drapeau, Le Cinq mai, Les Souvenirs du peuple]. — Mais, d’une manière générale, il a manqué de force [Cf.
L’on m’a montré une baronne qui ne manque jamais de s’évanouir, si le hasard vient à la placer dans un trop grand jour. […] La chose ne manqua pas. […] L’histoire de l’industrie est un ouvrage qui nous manque. […] Il ne manque plus à l’europe que la civilisation de ce pays, pour qu’elle soit le temple de la raison & du bon goût. […] Nous avons la matiere, & l’industrie ne manque fûrement point aux Français.
Il n’étonne personne, car ses Blasphèmes manquent de bravoure. […] Ludovic Halévy n’y manqua point. […] Bonnat, les opinions ne manquaient pas, et des plus différentes ; M. […] … Te manque-t-il quelque chose à quoi nous n’ayons pas pensé ? […] Il n’y manqua pas.
Mais ils se servent des mêmes procédés esthétiques, et peut-être manquent-ils également leur but. […] Peut-être a-t-il manqué à Voltaire, à Molière de savoir parfois regarder les nuages et écouter les oiseaux. […] Car il manque de générosité chevaleresque. […] Zola comme celui de Flaubert, manque de respect à la mort. […] Ils manquent d’équilibre et d’esprit de suite.
Un jour, sans doute, on pourra juger ses compositions et son style d’après les principes de cette poétique nouvelle, qui ne saurait manquer d’être adoptée en France du moment qu’on y sera convenu d’oublier complètement la langue et les ouvrages des classiques.
Mais nous ne savons pas et nous ne saurons pas de longtemps les effets précis qui résultent de chacun de ces trois milieux : nous sommes réduits dans une multitude de cas à des hypothèses non vérifiées, parfois même non vérifiables, parce que les documents nous manquent ou que les sciences auxiliaires de l’histoire fournissent des données incertaines.
Pour apprécier en deux mots les talens & les défauts dramatiques de M. de la Grange, qu’on réunisse, d’un côté, la fécondité de l’invention, la liaison dans l’intrigue, l’adresse dans l’enchaînement des Scenes, la justesse & l’intelligence dans le dialogue ; & de l’autre, les travers d’une imagination romanesque à la foiblesse du style, au manque de vigueur dans les caracteres, à trop de langueur dans le dialogue ; & l’on aura une juste idée du mérite de ce Poëte.
Martini que le Public a trouvée agréable, s'est soutenue assez long-temps sur le Théatre, quoiqu'elle manque par le plan, par l'intrigue, & par les caracteres.
Le purgatoire surpasse en poésie le ciel et l’enfer, en ce qu’il présente un avenir qui manque aux deux premiers.
Il ne manque au moderne que le cadre enfumé, la poussière, quelques gerçures et les autres signes de vétusté pour être estimés, recherchés et payés leur valeur, car nos prétendus connaisseurs fixent le prix sur l’ancienneté et la rareté.
Le livre manque complètement de méthode, comme tous les livres de Stendhal. […] La sociologie de Stendhal manque de sûreté ; elle manque aussi de conclusions ; et je crois que nous ferons aussi bien de la laisser. […] L’originalité de lieu manque trop à nos auteurs français. […] La jeunesse lui manqua vite. […] Il ne manque aucune occasion de le faire.
À la fin, j’ai vu qu’il se produisait, sans jamais manquer, en face de la nourriture. Maintenant, l’enfant ne manque jamais de le proférer quand elle a faim ou soif, d’autant plus qu’elle voit que nous le comprenons et que par cette articulation elle obtient à boire et à manger. […] Par cette délicatesse il est capable d’idées générales. — Nous ne faisons que l’aider à saisir ces idées en lui suggérant nos mots. — Il y accroche des idées sur lesquelles nous ne comptions pas, et généralise spontanément en dehors et au-delà de nos cadres. — Parfois, il invente non seulement le sens du mot, mais encore le mot lui-même. — Plusieurs vocabulaires peuvent se succéder dans son esprit, par l’oblitération d’anciens mots que de nouveaux mots remplacent. — Plusieurs significations peuvent se succéder pour lui autour du même mot qui reste fixe. — Plusieurs mots inventés par lui sont des gestes vocaux naturels. — Au total, il apprend la langue faite, comme un vrai musicien apprend le contre-point, comme un vrai poète apprend la prosodie ; c’est un génie original qui s’adapte à une forme construite pièce à pièce par une succession de génies originaux ; si elle lui manquait, il la retrouverait peu à peu ou en découvrirait une autre équivalente. […] La preuve en est que, si cette double condition manque, l’homme ne peut plus acquérir le langage ni les talents distinctifs dont on a parlé.
Le propre des êtres sans forme est d’atteindre leur développement par les états contraires, d’être indifférents à l’issue de leur effort, de se continuer dans leurs voisins, et, par le manque de but et de limites, d’atteindre la perfection du calme et l’apparence de l’infinité. […] Rien de plus plaisant que de les observer un jour de pluie, plongeant leurs cols à chaque instant dans la mare, et frétillant à grand bruit avec un refrain nasillard, comme de bons compagnons qui chantent accoudés sur une table bien servie. — Le mulet parle de sa mère la jument, se prélasse, marche d’un pas relevé, fait sonner sa sonnette et se croit un personnage ; c’est qu’avec ses longues oreilles et son air solennel d’âne manqué, il a la mine d’un président. — Voyez le boeuf. […] Cette connaissance des bêtes manque souvent aux autres fabulistes. […] Tout était en commun, plaisir, peine, souffrance Ce qui manquait à l’un, l’autre le regrettait ; Si l’un avait du mal, son ami le sentait ; Si d’un bien, au contraire, il goûtait l’espérance.
Pour toi, misérable taupe de rocher, et pour ta vieille Parque de sœur, ne vous inquiétez pas de votre pain ; il y a des hôpitaux dans le duché pour les aveugles et pour les veuves sans secours, et deux grabats ne vous y manqueront pas pour mourir. […] Il n’y avait jamais eu d’autre entre lui et moi, tellement, ma tante, que lui et moi ça ne faisait pas deux ; et comme aussi nous n’avions jamais été séparés ni même menacés d’être désunis l’un de l’autre, nous ne pouvions pas savoir combien il y avait de lui dans moi et de moi dans lui, et combien il manquerait tout à coup de moi en moi et de lui en lui si on venait jamais à nous arracher d’ensemble. […] À la vue de mon pauvre père aveugle étendu ainsi sur le seuil et qu’il me fallait franchir pour voler sur les pas de mon frère, les forces me manquèrent ; je crus voir un sacrilège, et je tombai à mon tour à genoux et les bras étendus autour de son cou ; ma tante, de son côté, se précipita tout échevelée sur nos deux corps palpitants, en sorte que nous ne formions plus, à nous trois, qu’une seule masse vivante ou plutôt mourante, d’où ne sortaient que des sanglots et des soupirs, étouffés par des reproches et par des baisers. […] alors, monsieur, je pus à peine achever, malgré la dissonance si je n’achevais pas, et, malgré la peur de manquer ainsi à l’oreille de la Madone, j’achevai cependant, mais le chalumeau s’échappa de mes doigts à la dernière note de gaieté qui contrastait trop fort avec mon désespoir : mes larmes me coupèrent le souffle, la zampogne se dégonfla dessous mon coude avec un long gémissement faux, comme de quelqu’un qu’on étrangle, et je roulai évanouie sur le pont sans regarder, sans voir, jusqu’à ce qu’un char à quatre bœufs, qui menait une noce de contadini, s’arrêta devant moi, à ce qu’on me dit depuis.
Un rêveur, un apôtre croit rendre service à une famille qui vivait tranquillement dans un déshonneur inconscient, en lui révélant son ignominie, en essayant d’éveiller en elle la conscience morale : et cela n’aboutit qu’aux plus tristes et aux plus inutiles catastrophes Et, de même, dans Solness le constructeur, il nous fait voir l’orgueil intellectuel induisant un homme de génie à manquer de bonté, à faire souffrir tout autour de lui, et le poussant finalement à une mort ridicule et tragique. […] Et tout de même c’est bizarre, et l’on peut estimer que l’âme de cette courageuse vierge manque un peu de duvet… Venons aux romanciers russes à Dostoïewski, à Tolstoï. […] Mais, au surplus, est-il certain que nos réalistes et nos naturalistes manquent de sympathie autant qu’on l’a prétendu ? […] « L’inquiétude du mystère », mais elle est jusque dans la petite âme sensuelle et triste d’Emma Bovary. « L’inquiétude du mystère », elle est dans l’âme simple et lourde de Charles Bovary quand il dit : « C’est la faute de la fatalité ». — Et, si ce n’est l’inquiétude du mystère, c’est donc la résignation à ne pas le comprendre en somme, un sentiment consécutif à cette inquiétude, et non moins humain, et non moins navrant qui pénètre la dernière conversation, à petites phrases brèves et mornes, de Frédéric et de Deslauriers, quand ils se rappellent leur vie, et comment ils l’ont manquée, et que cela leur est presque indifférent parce qu’ils la mesurent, sans le dire, à quelque chose qu’ils ne sauraient nommer ; et quand, s’étant remémoré une anecdote honteuse et naïve de leur enfance, ils disent tranquillement et désespérément : « C’est peut-être ce que nous avons eu de meilleur » ; de meilleur, puisqu’ils n’ont eu que le rêve, et que ce rêve était le premier.
Par malheur, il te manque cinq ou six mille sesterces pour être chevalier : tu seras peuple. […] Il donne l’impression d’être égal, et quelquefois supérieur, à ceux qu’il définit. — Il ne lui manque qu’un peu de sensibilité, un peu de tendresse, un peu de paresse, un peu de sensualité : ce qui signifie simplement que sa complexion intellectuelle est des plus nettes, des plus accusées, et qu’il « remplit tout son type ». […] Ce sont moins les talents et les connaissances que les caractères qui manquent à cette Chambre méprisée. […] Sa sincérité, quant au fond de ses doctrines, me paraît aussi incontestable que son manque de rigueur lorsqu’il s’agit de les exposer, et que les défaillances de sa probité intellectuelle lorsqu’il s’agit de les propager ou de les défendre.
Un poème ainsi écrit manque de base tonale ; je l’ai déjà fait observer ailleurs, il contiendra des musiques plutôt que de la musique : car la musique suppose cette concordance des sons ininterrompue et comme organique, cette harmonie, que le rythme vivifie et dont il détermine la direction, mais qu’il ne peut entièrement remplacer sans enlever à l’œuvre son caractère de plénitude et de perfection. […] Gustave Kahn innova une strophe ondoyante et libre dont les vers appuyés sur des syllabes toniques créaient presqu’en sa perfection la réforme attendue ; — il ne leur manquait qu’un peu de force rythmique à telles places, et une harmonie sonore plus ferme et plus continue que remplaçait d’ailleurs une heureuse harmonie de tons lumineux24. […] On y sentira un certain manque de force propulsive, qui procède plutôt de quelque inertie dans le rythme que des syntaxes bistournées et embarrassées auxquelles M. de Régnier se complaît trop souvent. […] Vielé-Griffin ne lira point cela sans protester ; il ne comprend pas qu’il soit besoin de règles, non pas imposées : apprises dans le travail et créées par lui ; mais ses écrits manquent précisément un peu des qualités objectives des justes bornes et de l’harmonie ; ils sont de belles paroles prononcées par une voix ; ils ne sont pas toujours la voix vivante.
Nous ne croyons pas avoir trop manqué aux règles de la proportion, en traversant les guerres médiques pour arriver aux Perses d’Eschyle. […] Ce Roi qui leur manque, les vieillards l’exaltent pour raffermir leur espoir, ils se le retracent sous la figure surhumaine des colosses postés aux avenues du palais : — Il est semblable à un dieu, « Fils de la Pluie d’or » : il a « l’œil sanglant du Dragon » ; des chefs inexpugnables lui servent d’appui. […] Les exemples ne manquaient pas en dehors de celui de Xerxès. — Nécos, roi d’Égypte, fit creuser un canal du Nil à la Mer Rouge : cent vingt mille manœuvres périrent à la tâche et n’y suffirent pas. […] » — Cette fois le sarcasme ne se déguise plus et frappe à vif dans un mot cruel. — « L’Ionien ne manque donc pas de courage ?
* * * — Quelqu’un, ce soir, disait que l’impure commençait à manquer sur le marché de Paris. […] Mardi 7 mai Parmi les gens à imagination, je suis étonné, combien il leur manque le sens de l’art, la vue compréhensive des beautés plastiques, et parmi ceux qui ont cela, je suis étonné combien il leur manque l’invention, la création : ils ne sont que des critiques. […] C’est ce Polonais étrange qui, après s’être manqué d’un coup de pistolet dans la bouche, est devenu peintre de Sa Hautesse, dans le palais duquel il a passé une fois cinq cents jours de suite, sans en pouvoir sortir une minute, occupé de l’éternelle et colossale mise en peinture des batailles, hantant la cervelle du Sultan : pauvre peintre qu’on faisait, lorsqu’il était malade, traverser les cours à cheval, en lui tenant les genoux, de peur qu’il ne tombât, qu’on asseyait sur une chaise, et qui devait quelquefois travailler douze heures sans manger.
Une explication purement psychologique des faits sociaux ne peut donc manquer de laisser échapper tout ce qu’ils ont de spécifique, c’est-à-dire de social. […] L’historien, notamment, qui vit dans l’intimité de la réalité sociale, ne peut manquer de sentir fortement combien ces interprétations trop générales sont impuissantes à rejoindre les faits ; et c’est, sans doute, ce qui a produit, en partie, la défiance que l’histoire a souvent témoignée à la sociologie. […] Or le milieu social est certainement un facteur de ce genre ; car les changements qui s’y produisent, quelles qu’en soient les causes, se répercutent dans toutes les directions de l’organisme social et ne peuvent manquer d’en affecter plus ou moins toutes les fonctions. […] Les résultantes ne peuvent donc pas manquer de différer, puisque les composantes diffèrent à ce point.
Taine les articule et les entasse et les presse dans son histoire, d’une main qui ne manque, certes ! […] Et ce talent fait voir souvent dans les faits ce qui n’y est pas, ou ce qu’il y voit, ou ce qu’il y ajoute ; car le talent est, même sans manquer de conscience, naturellement et involontairement inventeur. […] Moïse et sa baguette avaient toujours manqué, et Moïse, ici, c’est l’homme renseigné, c’est le savant. […] Taine en sa Conspiration jacobine, dans les assemblées qui constituent directement ou indirectement tous les pouvoirs publics, et qui, pour exprimer la volonté générale, auraient dû être pleines, il manquait « SIX MILLIONS trois cent mille électeurs sur SEPT MILLIONS !
ce n’était pas la pensée pourtant qui manquait à George IV, à Brummell et à Sheridan ; car Sheridan fut un dandy. […] C’est Henri de Marsay, le Machiavel-Alcibiade, c’est Maxime de Trailles, le Mirabeau manqué, c’est la Palferine et tant d’autres, marqués tous, sans que la largeur de leur front en souffre, de ce cachet de dandysme laissé peut-être pour longtemps sur la fatuité de la société européenne, tant les hommes qui gravèrent ce cachet aux armes de l’Angleterre furent de redoutables fascinateurs ! […] Ici, l’artiste ne manque jamais cet accent ineffable qui fit mourir le pauvre Jean-Paul de chagrin, car il l’entendait en lui, comme Beethoven, le sourd, entendait sa musique, mais il ne put jamais le faire sortir de sa pensée. […] … Et cette règle, qui ne peut souffrir d’exception, cette règle absolue, les éditeurs de la nouvelle édition de Balzac ont commencé par y manquer.
L’aptitude lui manquait aux longues suites de raisonnements. […] Volonté, ténacité, fond de santé qui manquent au poète de l’Azur. […] le conscient manque chez nous de ce qui là-haut éclate. […] Il eût manqué de déférence au poète qu’il portait, s’il s’en fût approché de trop près. […] La Floride conquise a manqué sous ses pas.
À la mort du second prince de Condé (1588), il exprime en ces termes les regrets du parti : Longtemps après, le parti des réformés sentit cette perte comme d’un prince pieux, de bon naturel, libéral, d’un courage élevé, imployable partisan (inflexible chef de parti), et qui eût été excellent capitaine pour les armées réglées et florissantes ; car ce qui lui manquait aux guerres civiles était qu’estimant les probités de ses gens à la sienne, il pensait les choses faites quand elles étaient commandées, et n’avait pas cette rare partie, principale au roi de Navarre, d’être présent à tout. […] Le président Jeannin avait une force de prudence et de patience qui manqua tout à fait à l’autre pour être un homme d’État et un homme politique, bien que d’Aubigné eût d’excellents instants et de vifs éclairs de conseil.
« Tu ne t’entends pas trop mal, se dit Octave à lui-même en se rendant justice, à exalter une pauvre tête, et tu pérores assez chaudement dans tes délires amoureux. » Le dernier chapitre, ce dîner en tête-à-tête de Brigitte et d’Octave aux Frères Provençaux, a du charme ; la résolution d’Octave part d’un noble cœur ; il s’immole, il renonce à Brigitte, il l’accorde à Smith, et, malgré l’étrangeté du procédé, on n’y sent pas le manque de délicatesse ; mais pour qu’on pût jouir un peu de cette situation nouvelle et plus reposée, pour qu’on y crût et qu’elle fût définitive aux yeux du lecteur, il faudrait des garanties dans ce qui précède. […] L’auteur en commençant, et n’étant pas encore sûr de son effet, a voulu faire, on le sent, un déploiement inaccoutumé ; plus tard, à mesure qu’il avançait, sentant que les vraies beautés ne lui manquaient pas, il a osé être simple.
Mais en fait, d’après la loi de l’infirmité et de la lâcheté humaine, dans le manque d’éducation forte et de croyance régnante, ce sont les instincts naturels qui décident en dernier ressort et qui font l’homme. […] C’est, au reste, la même J…, qu’après diverses rencontres Casanova retrouvait, six ou sept ans plus tard, dans la galerie de Fontainebleau, devant être présentée au roi Louis XV le lendemain ; mais sa majesté étant venue à passer avec M. le maréchal de Richelieu, lorgna la galante étrangère un peu dédaigneusement, et dit au maréchal assez haut pour que J… pût l’entendre : « Nous en avons ici de plus belles. » L’iris fascinateur avait manqué son triomphe, et la présentation n’eut pas lieu.
Les guerres civiles et l’esprit philosophique ont corrigé de ce faux goût ; car le malheur, dont les impressions ne sont que trop vraies, exclut les sentiments affectés, et la raison fait disparaître les expressions qui manquent de justesse. […] L’art lui manque pour se soutenir, c’est-à-dire, pour être aussi naturel dans les scènes de transition, que dans les beaux mouvements de l’âme.
En général, toutes les fois que le public impartial n’est pas ému, n’est pas entraîné, par un discours ou par un ouvrage, l’auteur a tort ; mais c’est presque toujours à ce qu’il lui manquait comme moraliste, qu’il faut attribuer ses fautes comme écrivain. […] Toutes les fois qu’un écrivain a recours à un mot nouveau, il faut qu’il ait été conduit à l’employer par la force même du sens ; et que loin d’avoir cherché ce genre de singularité, il manque comme malgré lui à la règle qu’il s’était faite de l’éviter.
Encore aujourd’hui nous souffrons de cette discipline ; le vers naturel nous manque ; celui d’Alfred de Musset16 est un tapageur ; celui de Victor Hugo un épileptique. […] Nous n’avons plus le mot, mais nous avons encore la chose : « Ne pas sourire respectueusement au seul nom de M. le préfet, disait Beyle, passe aux yeux des paysans de la Franche-Comté pour une imprudence signalée, et l’imprudence dans le pauvre est promptement punie par le manque de pain. » L’état des choses n’a guère changé, et les maximes qui en naissent n’ont pas changé davantage.
L’humanité tout entière, qui tend à l’unité pour que chacune de ses découvertes profite à l’ensemble, manque de ce grand instrument de perfectionnement et de communication qui unifie et grandit l’homme, — on peut même dire qui grandit la terre elle-même, car, sans la passion géographique qui illumina Colomb de ses pressentiments, où serait l’Amérique ? […] Il ne manque plus à nos périls qu’une république helvétique changée en monarchie militaire des cantons suisses, et une confédération germanique changée en unité monarchique allemande sous le joug de la Prusse contre nous.
Le talent littéraire lui a manqué : homme de lutte, protestant zélé, fougueux adversaire de la scolastique, d’Aristote et de la routine universitaire, humaniste, grammairien, mathématicien, philosophe, il faut bien que le don essentiel lui ait manqué, pour que ses enthousiasmes, ses colères, ses périls ne lui aient pas arraché quelques pages capables de lui assurer une place dans la littérature de son siècle, entre Paré et Palissy.
Son ami Sedaine vient d’avoir un succès au théâtre : Diderot court chez lui, l’embrasse, veut le féliciter ; mais la voix lui manque et les larmes lui ruissellent le long des joues. […] Les morphinomanes, les adeptes de la vie à rebours n’ont pas manqué de nos jours sous l’action de certains courants littéraires.
L’exposition des conditions physiologiques des sentiments et des émotions manque dans l’ouvrage. […] Dans le cas d’extrême pauvreté (non pas de pauvreté modérée), les circonstances qui amènent à associer l’enfant avec des idées agréables, manquent ou bien sont neutralisées par la nécessité de travailler constamment, de s’occuper peu de lui, etc.
L’insubordination à l’une de ces grandes lois se révèle dans les substances par un subit cataclysme, dans la poésie par une faute de rythme, en statuaire par une déviation des courbes du marbre, en musique par une dissonance dans l’harmonie et en peinture par un manque d’ordre parmi les plans. […] si nous manquions du sens de la réalité ?