La principale cause de cette décadence me paraît être que la critique ne s’adresse pas à un public qui ait déjà plus ou moins son avis, qui fasse réellement attention et accorde intérêt au détail du jugement, et qui le contrôle : rien de cela. […] Ce public, à la fois désintéressé et portant intérêt, ce public d’audience qui écoutait, discutait et contrôlait, qui savait d’avance toutes les pièces du moindre procès, où est-il ? […] Nisard, il a de plus en plus, en effet, accru ses qualités sérieuses, ses connaissances diverses ; il prend intérêt à toutes sortes de choses, peinture, machines, histoire, etc., et y porte une expression abondante, redondante quelquefois, mais facile, claire, sensée, une foule d’observations morales qui plaisent à beaucoup d’esprits modérés et distingués, qui enchantent beaucoup d’esprits solides, qui ne satisfont peut-être pas toujours au même degré quelques délicats, subtils et dédaigneux.
On m’assure qu’il y aura du danger pour ma vie ; mais elle m’est si peu considérable quand il s’agit de vos intérêts, que je la hasarderai avec toute la joie dont est capable une personne qui a pour vous une tendresse infinie. […] Il faut encore que vous empêchiez une chose, qui est que cent contes que quelques méchants railleurs de votre cour font de moi ne soient sus par la personne qui y a intérêt, car cela feroit le même effet que le reste. Vous pouvez y mettre ordre, et nos intérêts sont si fort mêlés qu’on ne peut me faire une affaire, sans détruire celle qui vous donne tant d’impatience, et qui se terminera bientôt.
Cependant peu à peu la curiosité de ces enfants s’éveilla : des rois, des princesses, des seigneurs, ayant reçu une instruction supérieure pour le temps, aperçurent l’intérêt de ces études cléricales : des clercs ne désespérèrent pas d’être utiles à leur prochain, ou à eux-mêmes, en communiquant quelque chose de la science que jusque-là la langue latine avait dérobée à la connaissance du vulgaire. […] Enfin, de tout temps, le bourgeois a détesté l’hypocrisie et médit des « capots » : et il définit hypocrisie ou cagotisme tout ce qui n’est pas la religion telle qu’il l’entend et la pratique, accommodée à son usage, intérêts et préjugés. […] C’est l’intérêt public.
C’était une orgie de couleur locale ; chaque mot était un renseignement d’histoire : état des partis, état des finances, intérêts des princes, passions des bourgeois, topographie du vieux Paris, astrologie, nécromancie, jurons, bilboquets, sarbacanes, sabliers, pourpoints tailladés, les quatre sous que l’on payait au spectacle des Gelosi, toute l’histoire politique et toute la chronique de la mode pour l’année 1578 sont là. […] La comédie, quand elle ne reste pas un exercice littéraire, aimable et puéril, dans le style des Epitres de Boileau plus ou moins mouillé de sentimentalité, tourne au vaudeville, et cherche à forcer l’intérêt ou le rire par l’ajustement d’une intrigue curieuse ou par la cocasserie des mots, des types et des situations. […] tout l’intérêt est là, dans le fait douteux, dans la recherche, dans la devinette ; car on ne s’intéresse même pas au personnage, qui n’est qu’un mannequin812.
Pour des raisons politiques, dogmatiques ou d’intérêt personnel le directeur de la publication où essaierait d’écrire Sainte-Beuve, attenterait plus d’une fois à la liberté de sa pensée. […] — Un critique qui garde le souci de sa propre gloire ou de ses petits intérêts est un mauvais critique. […] Ils ajoutèrent bravement deux zéros, et même quelque chose de plus, annoncèrent 3 500 votants et envoyèrent à la presse un palmarès fantaisiste où, à côté de gens très connus et de gens qu’ils avaient intérêt à ménager, ils avaient glissé des noms dont personne, et pour cause, n’a entendu parler.
Non content de faire reculer Genève jusqu’à la réforme de Berne, il avait sacrifié les intérêts de la république à ceux de son allié. […] Il faut comprendre dans ce mot la science des rapports de l’homme avec Dieu dans la religion, de l’homme avec son semblable dans la société chrétienne ; l’étude des sources mêmes de cette science, les livres saints, pénétrés par le plus subtil des docteurs, et interprétés par le plus clair des écrivains ; tant d’explications si hautes de la parole de Dieu, de ses prophètes, de la doctrine des Pères ; toute l’antiquité chrétienne rendue familière à tout le monde, dans son histoire que Calvin raconte avec un détail plein d’intérêt, dans sa morale dont il sonde la profondeur ; enfin, la suite de l’histoire de l’Église, d’après les autorités, toujours bien connues, lors même qu’elles sont interprétées faussement ; et toutes ces critiques, souvent éloquentes, toujours vives et précises, des abus de l’Église d’alors, que Calvin étale sans charité, mais qu’il sait exagérer sans déclamation. […] Tout vient de sa raison souvent émue par la grandeur des vérités religieuses, souvent trompée par l’intérêt de ce moi qu’il croyait avoir dépouillé, parce qu’il avait réduit son corps aux seuls soins qui pussent empêcher la mort immédiate.
On n’aurait pas l’appui des espérances de l’avenir, ni des illusions qui s’y mêlent, et l’on s’exposerait à être désavoué par le présent dont les idées ne sont souvent que des intérêts respectables. […] La vieille monarchie, qui représentait tous les intérêts respectables et tous les abus du présent, n’adopta pas Montesquieu ; la révolution, dans ses premiers hommages à ceux qui l’avaient préparée, ne pensa pas d’abord à lui. […] C’est au milieu de ses intérêts et de leurs propres combats contre ses séductions, que, soldats, gens de loi, professeurs, les uns se font chrétiens, les autres deviennent par l’élection les chefs religieux des peuples.
Persuadées qu’elles possèdent le fin mot de l’énigme, ces bonnes âmes sont importunes, empressées ; elles veulent qu’on les laisse faire, elles s’imaginent qu’il n’y a que le vil intérêt et le mauvais vouloir qui empêchent d’adopter leurs systèmes. […] La possibilité et les besoins de la société, les intérêts de la civilisation priment tout le reste. […] Je préférerais pour ma part le siècle de Louis XIV, bien qu’il soit très antipathique à mon goût individuel et que je regarde comme assez niais l’engouement dont on s’était pris pour ce temps dans les dernières années de l’Ancien Régime ; je le préférerais, dis-je, à un état parfaitement régulier, où tous les intérêts seraient assurés, toutes les libertés respectées, où chacun vivrait à son aise, ne créant rien, ne fondant rien, ne produisant rien.
Leur drame manque, non pas seulement d’unité, mais d’intérêt et de sympathie, de netteté et de vraisemblance. […] Au premier acte, une lettre de notaire la présentait au comte de Thommeray comme une femme besogneuse, âpre aux intérêts, venue de Paris pour lui faire payer, au double de sa valeur, la ferme qu’elle veut lui vendre. […] Elles sentent vaguement que, dans leur intérêt même, elles auraient eu besoin d’un chef et d’un maître ; elles l’admirent lorsqu’elles le rencontrent.
Quel intérêt peut-on prendre à ce mors aux dents ? […] C’est une de ces positions où il faut se garder de mettre un personnage sur lequel on veut porter l’intérêt. […] L’indignité de l’exécuteur suffirait à rendre intéressante la victime, quand l’odieuse conduite de sa famille ne ramènerait pas sur lui la pitié, sinon l’intérêt.
Comme premier président de la Cour des aides, la carrière de Malesherbes demanderait tout un chapitre ; il suivit la ligne de conduite des hommes les plus courageux et les plus indépendants de l’antique magistrature française, se signala par des remontrances énergiques et qui touchaient aux grands intérêts de la nation, ne rechercha en tout que la droite équité, et, s’il rencontra la popularité dans cette voie, du moins il n’y sacrifia jamais. […] Malesherbes, qui était d’ailleurs premier président de la Cour des aides, ne pouvait donc consentir à remplir une mission aussi arbitraire, d’une juridiction si peu définie et d’une responsabilité si périlleuse, que pour obliger son père, et aussi dans l’intérêt des lettres et des sciences, qu’il aimait si vivement, et auxquelles il pouvait être utile. […] Il y joignit une lettre à l’abbé Morellet, qui s’était entremis dans cette affaire, et il lui disait : Pour les gens de lettres, l’expérience m’a appris que quiconque a à statuer sur les intérêts de leur amour-propre doit renoncer à leur amitié, s’il ne veut affecter une partialité qui le rende indigne de leur estime.
Malheureusement, cette tentative fut gauche, maladroite, presque hypocrite, et faite dans un autre intérêt que l’intérêt général. […] On s’occupait de toute autre chose, de quelque grave intérêt social, d’un chemin vicinal, d’une subvention pour l’Opéra-Comique, ou d’une saignée de cent mille francs sur un budget apoplectique de quinze cents millions. […] Mais, indépendamment des abolitions partielles pour le cas de fausse monnaie, d’incendie, de vols qualifiés, etc., nous demandons que dès à présent, dans toutes les affaires capitales, le président soit tenu de poser au jury cette question : L’accusé a-t-il agi par passion ou par intérêt ?
On ne sauroit trop louer la belle ordonnance de ce Poëme, ce grand intérêt qui y va toujours croissant, cet art singulier d’amener les événemens, & de présenter successivement au lecteur les tableaux les plus terribles de la guerre, & les peintures les plus riantes de l’amour. […] Il a sçu soutenir l’intérêt de sa piéce, en ménageant dans son sujet même des situations touchantes sans faire intervenir une double action. […] Il ne suffisoit pas de traduire Milton mot à mot ; il falloit lui donner cet intérêt que M.
Les contes Et maintenant, nous ne parlerons plus absolument que du génie littéraire de La Fontaine, et j’ai peur que le sujet que nous allons traiter soit moins intéressant, parce qu’il est clair que nous n’aurons pas à discuter, à critiquer beaucoup, à faire beaucoup de réserves, et, par conséquent, il est possible qu’il y ait moins d’intérêt dans nos causeries. […] Adonis n’a pas pour nous d’intérêt très considérable, il n’a qu’un intérêt de recherche, d’érudition.
Si tu les avais vus pendant l’attaque de l’autre jour, c’étaient d’autres hommes ; on voyait dans leurs yeux de la joie et presque de l’enthousiasme, et je t’assure qu’ils ne songeaient plus alors à se plaindre de la longueur de la guerre, mais que tous se laissaient prendre à l’intérêt passionné de la grande partie qui se joue. […] Les Français d’après l’an xv, dit-il, qui se sont tenus un an par la main depuis la mer du Nord jusqu’au Rhin, quels que fussent d’ailleurs leurs intérêts économiques, leur opinion politique, leur croyance, leur idéal, n’entendent plus se brimer ni se tourmenter les uns les autres : la vieille haine française, qui avait sa noblesse, la lègue à une tendresse française que ni la France ni l’univers n’ont encore connue. […] Voici la lettre d’un instituteur qu’on lira avec intérêt.
On nous apprend à aimer le beau, l’agréable, à avoir de la gentillesse en vers latins, en compositions latines et françaises, à priser avant tout le style, le talent, l’esprit frappé en médailles, en beaux mots, ou jaillissant en traits vifs, la passion s’épanchant du cœur en accents brûlants ou se retraçant en de nobles peintures ; et l’on veut qu’au sortir de ce régime excitant, après des succès flatteurs pour l’amour-propre et qui nous ont mis en vue entre tous nos condisciples, après nous être longtemps nourris de la fleur des choses, nous allions, du jour au lendemain, renoncer à ces charmants exercices et nous confiner à des titres de Code, à des dossiers, à des discussions d’intérêt ou d’affaires, ou nous livrer à de longues études anatomiques, à l’autopsie cadavérique ou à l’autopsie physiologique (comme l’appelle l’illustre Claude Bernard) ! […] On vit dans un temps où les journaux sont tout et où seuls, presque seuls, ils rétribuent convenablement leur homme : on est journaliste ; on l’est, fut-on romancier, car c’est en feuilletons que paraissent vos livres même, et l’on s’en aperçoit ; ils se ressentent à tout moment des coupures, des attentes et des suspensions d’intérêt du feuilleton ; ils en portent la marque et le pli.
Il a des talents très marqués, et l’intérêt général l’emporte toujours sur l’intérêt particulier. […] L’intérêt que tu as la générosité de me conserver te fait sur cela illusion ; mais moi qui, à la fin, ai eu le temps, depuis que je suis à terre, de me remettre de l’étourdissement que la chute m’a causé, je sens toutes mes contusions.
En nous tenant strictement ici à ce qui concerne le fondateur de la Revue des Deux Mondes (et cette fondation est le vrai titre d’honneur de M.Buloz), nous pourrions bien lui affirmer que ce n’est point tant à cause des inconvénients, des imperfections et des défauts que toute œuvre collective et tout homme de publicité apportent presque inévitablement jusqu’au sein de leurs qualités et de leurs mérites, qu’il est attaqué et injurié avec cette violence en ce moment, mais c’est précisément à cause de ses qualités mêmes (qu’il le sache bien et qu’il en redouble de courage, s’il en avait besoin), c’est pour sa fermeté à repousser de mauvaises doctrines, de mauvaises pratiques littéraires, et pour l’espèce de digue qu’il est parvenu à élever contre elles et dont s’irritent les vanités déchaînées par les intérêts. […] On reproduit ici cet article de polémique qui, ainsi que les suivants, peut offrir quelque intérêt.
Car il y a dans les littératures anciennes des œuvres d’un intérêt humain, d’une beauté universelle, où l’intérêt et la beauté ne sont pas indissolublement liés à la langue et au mètre, et dont l’intelligence n’exige pas une forte préparation archéologique.
Je veux dire qu’il faut essayer de mettre en lumière l’intérêt ou psychologique, ou philosophique, ou historique (principalement pour l’histoire des idées, du goût, de la civilisation) du texte choisi, et d’en faire sentir la valeur esthétique, la beauté. […] On ne peut tout étaler ; il est légitime de choisir, entre les intérêts divers, celui qui nous paraît essentiel ou supérieur.
(Chroniqueurs parisiens II) Henry Fouquier Un bouddhiste me dit : — Cette série de chroniqueurs est sans intérêt. […] Il pense que l’intérêt même et les nécessités de leur profession imposent aux actrices une vie à part, sur la marge de la société régulière.
Mais quel intérêt de signaler les pauvretés pour les déchiqueter ? […] Il y a un intérêt d’histoire littéraire à préciser le genre du talent, et, au besoin, le tour particulier du gâtisme des écrivains aimés du public.
Le volume ne prend tout son intérêt qu’à partir de l’épisode de Lucy, et cet intérêt se prolonge jusqu’à la fin de l’épisode de Graziella.
Walckenaer, plein d’intérêt et de longueur, qui ressemble à la promenade en zigzag dont nous parlions ; c’est un livre qui rendrait Mme de Sévigné bien reconnaissante et qui l’impatienterait un peu ; elle dirait de son d’Hacqueville biographe, comme elle disait de l’autre quand elle le voyait se prodiguer pour des personnes du dehors : « Il est, en vérité, un peu étendu dans ses soins. » Mais la reconnaissance surnagerait, et elle doit à plus forte raison surnager chez nous, qui ne sommes point Mme de Sévigné, et que cet habile homme, informé comme on ne l’est pas, initie à tant de choses que, sans lui, nous n’aurions jamais eu chance de savoir. […] Un poêle élégiaque l’a remarqué : un amour qui vient tard est souvent plus violent ; on y paie en une fois tout l’arriéré des sentiments et les intérêts : Saepe venit magno foenore tardus amor.
L’unité dans l’intérêt commence. […] Mais le récit de M. de Fezensac, en devenant un peu moins particulier, ne perd pas pour cela en intérêt.
Aux termes où nous sommes parvenus, et bien probablement toujours, — car je ne vois pas ce qu’il y a de plus dans le monde que l’éternelle question, sous toutes les formes, de l’Autorité et de la Liberté ; que leur lutte ou que leur accord, — l’histoire de la liberté religieuse, cette première liberté qui renferme en son sein toutes les autres, est et continuera d’être d’un immense intérêt pour les hommes, qu’ils l’admettent ou qu’ils la repoussent, qu’ils la maudissent ou qu’ils l’adorent. Contre un intérêt de cet ordre, rien ne peut prévaloir de la part de ceux dont le métier est déjuger, ni superficialité, ni engourdissement, ni ignorance, puisque, avant d’être des critiques, ils sont des hommes !
qualités d’écrivain, qualités de livre : talent, intérêt romanesque, qui n’est pas seulement l’intérêt de ce gros je que détestait Pascal et qui est le mot damné de tout voyageur.
Or, si tout mouvement rectiligne et non accéléré est évidemment relatif, si donc, aux yeux de la science, la voie est aussi bien en mouvement par rapport au train que le train par rapport à la voie, le savant n’en dira pas moins que la voie est immobile ; il parlera comme tout le monde quand il n’aura pas intérêt à s’exprimer autrement. […] La physique a souvent intérêt à le faire, et la théorie de la Relativité se place volontiers dans cette hypothèse.
Le seul petit intérêt a été, l’autre jour, les quatorze mille hommes qu’on voulait retrancher au maréchal Soult, et auxquels il tenait mordicus, ainsi que le roi.
Il nous a semblé que les détails que nous y ajoutions avaient leur intérêt, et c’est là notre seule excuse.
Camille Doucet Toutes les parties de cette œuvre (Les Siècles morts, l’Orient antique), qui témoigne d’une vaste érudition et d’un rare talent poétique, sont unies par des liens empruntés à l’histoire, tandis que chacune d’elles est caractérisée par un épisode bien choisi dont l’intérêt rehausse encore le charme élégant de la forme.
» La vérité est qu’ils sont beaucoup, mais non pas trop, car tous offrent un intérêt particulier.
l’intérêt de quelques Ecrivains, qui, à toute force, veulent se faire estimer, en dépit de la raison & du bon goût, sera-t-il préférable au bien général ?
Que deviendra l'espoir de la Nation, lorsque ses enfans, livrés de bonne heure à l'incrédulité & la licence, abjureront, du moins dans leur cœur, la foi & les vertus de leurs peres, & qu'ils n'auront désormais, pour la servir, d'autre motif & d'autre aiguillon, qu'un intérêt bassement personnel, aussi éloigné du Citoyen que du Héros, &c. » ?
Alexandre de Humboldt, de Blainville, et Poinsot, membres de l’Académie des sciences, qui voulurent bien suivre avec un intérêt soutenu l’exposition de mes idées.
Faguet, la morale commence au moment où l’on préfère à son intérêt celui d’autrui. […] Les conflits entre notre intérêt et celui du prochain ne sont pas fréquents : ces deux intérêts se confondent dans le train courant des choses (je parle pour les honnêtes gens au sens vulgaire, et non pour les apaches). […] Le sens général de l’article est que tous les citoyens devraient avoir un intérêt à être patriotes. […] C’est surtout dans ce fragment, qui est un tout, que réside l’intérêt du présent volume. […] Et le lecteur n’y songe qu’à la réflexion, étant d’abord empoigné par l’intérêt des événements.
D’ailleurs, le régime de la terreur était dans toute sa force, et les inquiétudes causées par les affaires publiques ôtaient toute importance aux intérêts privés. […] La conversation n’avait pas toujours la même activité ni le même intérêt, mais elle était devenue libre, ce qui contribua à vivifier l’esprit d’Étienne et à lui faire poursuivre ses études avec plus de verve et de suite. […] Le plaisir que lui fit éprouver la satisfaction de Mme de Noailles fut donc très-sincère, de même que sa surprise fut grande en voyant l’espèce d’intérêt que David paraissait prendre à la rentrée d’un émigré. […] Dans le monde, les émigrés étaient devenus l’objet d’un vif intérêt, qui, ainsi qu’il arrive ordinairement à Paris, dégénéra bientôt en mode. […] Il faut que la froide raison fasse taire les illusions de l’amour-propre et de l’intérêt.
Quel intérêt y pouvons-nous prendre, à moins que d’y chercher quelque renseignement sur les lois générales du langage ? mais quel intérêt à ces lois, si nous n’espérions pas y trouver l’expression de quelque rapport inaperçu du langage avec la pensée ? […] Assurément, ce ne sont point là des recherches dont l’intérêt soit médiocre, ni encore des résultats dont nous voulions méconnaître ou rabaisser la grandeur. […] Ils ont leur intérêt sens doute, mais cet intérêt est secondaire. […] Car ce grand homme était un homme d’argent, très soigneux de ses intérêts, très habile à les défendre, et même âpre à les faire valoir.
Peut-être l’intérêt public l’exigeait-il alors. […] Pour des arrangements d’intérêt, il la marie à Ménélas, hélas ! […] Elle a, d’ailleurs, son intérêt. […] L’intérêt baisse de plusieurs crans. […] L’intérêt des lettres avant tout !
Vous croyez que c’est pour lui d’un intérêt suffisant ? […] Là est l’intérêt profond de quelques-unes de nos tragédies classiques. […] Ils n’impliquent aucune préoccupation de l’intérêt public, et le vizir ne compte, pour les réaliser, que sur l’intérêt personnel et immédiat de ceux qu’il y associe. […] Il est bien sûr de son affaire ; l’intérêt de Bajazet et de Roxane lui répond du succès. […] La Belle Hélène présente déjà un intérêt historique, un intérêt de document.
Les réclamants remettent leurs intérêts entre les mains de Gœtz, et l’affaire se corse aussitôt. […] Cette dernière œuvre — un petit drame larmoyant, en un acte, qui fut écrit en trois jours — a du moins un intérêt : elle nous montre jusqu’à quel degré peut descendre le poète le mieux doué. […] Directement ou indirectement, toutes les forces des hommes agissaient dans ce grand débat, qui seul alors semblait digne d’intérêt. […] Le ménage à deux devient ainsi un ménage à quatre, qui prend aussitôt de l’intérêt. […] Si encore elles n’étaient qu’intempestives, si elles ne faisaient que ralentir l’intérêt ou troubler la tonalité générale du récit !
Cuvier ; il y causait avec feu, avec entraînement de ce qu’il avait lu, de ce qu’il avait vu, des objets divers de ses goûts et de ses studieuses ambitions : Mllle Clémentine Cuvier l’écoutait en silence, prenait un intérêt sensible à ses récits et se plaisait à les lui faire répéter. […] Je dirai seulement de ce tendre intérêt qu’il inspira à Mlle Cuvier, intérêt mystérieux resté bien longtemps secret, et dont il est permis à peine de dévoiler quelque chose aujourd’hui79, que plus tard les voyages d’Ampère en Allemagne, puis dans le Nord, y apportèrent un arrêt et un obstacle, peut-être un brisement et une rupture intérieure : à son retour du Nord, il ne retrouva plus celle qui savait si bien l’écouter ; la noble jeune fille si distinguée, et depuis quelque temps promise à un autre, mourait de consomption avant l’autel. […] Ces divers cours, dont on a les leçons d’ouverture et quelques fragments, offraient de l’intérêt et donnaient aux jeunes esprits qui y assistaient une teinture de ces sujets étrangers et jusqu’alors tout à fait ignorés chez nous : c’était une première couche excellente ; mais si j’interroge les hommes savants et spéciaux qui, depuis 1838, ont poussé plus loin chez nous cette branche d’étude, ce qu’enseignait Ampère n’était en effet qu’une première couche et assez superficielle. […] Ampère cherche partout la loi, et quelquefois il la fait. » Je marque là les défauts ; mais que de profit, que d’intérêt dans la continuité de ces leçons ! […] Ampère, dans les années suivantes, eut l’occasion de se lier plus particulièrement avec les mêmes voyageurs que l’Italie avait fixés, et quand il s’aperçut que sa conversation d’une ou deux heures chaque après-midi était un intérêt, un soulagement, peut-être un besoin pour la délicate malade, il n’y tint pas ; son imagination si voisine de son cœur s’enflamma, et il enchaîna de nouveau sa vie.
On pouvait craindre qu’en se renfermant dans ce sujet qui se rattachait à des vogues fugitives et déjà si anciennes, si parfaitement évanouies, il ne rencontrât point des sources d’intérêt bien vives et bien actuelles.
Les témoignages d’intérêt sont continuels et universels, de tous les côtés, de tous les rangs.
Cette conception, assez nettement suivie, donne matière à des contrastes entre l’idéal et la réalité qui soutiennent l’intérêt.
Une nation n’a jamais un véritable intérêt à s’annexer ou à retenir un pays malgré lui.
Alors le premier Président, du consentement de la Compagnie, ajouta : La Cour a trop d’intérêt à vous ménager, pour souffrir que vous plaidiez dans l’ètat où vous êtes.
Entraîné long-temps par le tourbillon des intrigues & des cabales ; témoin & peut-être victime des artifices, des perfidies, des lâchetés ordinaires dans un parti formé sous l'apparence d'intérêt général & réellement pour des intérêts particuliers, sa sensibilité s'est aigrie, ses lumieres se sont méprises, parce qu'il ne voyoit, d'un côté, rien que de louche, & qu'il n'éprouvoit, de l'autre, que des procédés révoltans.
Et, disons-le en passant, dans cette mêlée d’hommes, de doctrines et d’intérêts qui se ruent si violemment tous les jours sur chacune des œuvres qu’il est donné à ce siècle de faire, le poète a une fonction sérieuse.
La curiosité, l’intérêt, l’amusement, le rire, les larmes, l’observation perpétuelle de tout ce qui est nature, l’enveloppe merveilleuse du style, le drame doit avoir tout cela, sans quoi il ne serait pas le drame ; mais pour être complet, il faut qu’il ait aussi la volonté d’enseigner, en même temps qu’il a la volonté de plaire.
Elle est soumise aux mêmes règles, aux unités de temps, de lieu, d’action, d’intérêt, de dessein.
Si Homère et Virgile avaient établi leurs scènes dans l’Olympe, il est douteux, malgré leur génie, qu’ils eussent pu soutenir jusqu’au bout l’intérêt dramatique.
Écoutez parler Clémentine ; ses expressions sont peut-être encore plus naturelles, plus touchantes et plus sublimement naïves que celles de Julie : Je consens, monsieur, du fond de mon cœur (c’est très sérieusement, comme vous voyez), que vous n’ayez que de la haine, du mépris, de l’horreur pour la malheureuse Clémentine ; mais je vous conjure, pour l’intérêt de votre âme immortelle, de vous attacher à la véritable l’Église.
L’intérêt de ces trois visages est mesuré avec une intelligence infinie ; il n’est pas possible de donner un grain d’action ou de passion à l’une, sans les désaccorder toutes en ce point.
Mais, dans tous les cas, c’était là un génie funeste, le génie qui fait trou, comme une bombe, dans tout ce qui est cohérent encore dans un peuple, et qui, prenant à rebours les instincts, les mœurs, les intérêts de la France, a faussé pour longtemps (pour toujours peut-être !)
La tête de ce corps est l’Empereur, et dans ce qui concerne les intérêts communs de l’Empire il se gouverne aristocratiquement.
Ils participent de la science, de la curiosité, de l’histoire, des mémoires et enfin de l’intérêt qui s’attache à la vie privée du voyageur. […] Ils parlent, ils jurent et ils déposent faux pour le moindre intérêt. […] Cela était vrai ; elles avaient enlevé des barques du pays, et une, entre autres, où j’avais intérêt. […] Mais, hors de là, il le considérait infiniment pour le parfait dévouement qu’il avait aux intérêts de l’État, pour sa vertu et ses grandes qualités. […] Ils avaient sacrifié à un Moscovite, qui paraissait n’être qu’un simple marchand et n’avoir d’autres intérêts en Perse que ceux de son petit commerce particulier, les envoyés des compagnies de France et d’Angleterre, et cela sur des vues de politique que l’on a remarquées ; ils sacrifièrent par un semblable égard, le rang du Moscovite à l’envoyé des Lesqui, qui sont leurs tributaires, des montagnards à demi sauvages.
Mon compagnon de promenades connaissait supérieurement la topographie du pays, les heures favorables à chaque scène champêtre, l’endroit qu’il fallait voir le matin ; celui qui recevait son intérêt et ses charmes, ou du soleil levant ou du soleil couchant, l’asyle qui nous prêterait de la fraîcheur et de l’ombre pendant les heures brûlantes de la journée. […] — C’est que j’y prends un grand intérêt ; c’est qu’ils m’annonçaient par ce mot une grande sensibilité d’âme, une sorte de pénétration, une justesse d’esprit au-dessus de leur âge. — L’abbé, à l’application. […] Quel intérêt ont-ils à ce qu’on remplisse la tête de ces pauvres petites créatures de sottises et de mensonges ? […] L’ignorance et l’intérêt, qui brouillent et obscurcissent tout dans les têtes humaines, montreront l’intérêt général où il n’est pas. […] C’est que, toutes trois enfreintes et observées alternativement, elles perdent toute sanction : on n’y est ni religieux, ni citoyen, ni homme ; on n’y est que ce qui convient à l’intérêt du moment.
Ma pièce reçue, malgré les efforts notoires du commissaire du roi, dénoncée par lui aux bureaux du ministère comme une œuvre monstrueuse et antisociale ; mes entrées au théâtre refusées, contre tous les usages, dans l’intervalle de la réception aux répétitions ; des obstacles suscités contre la distribution des rôles ; annonces tardives, omission de réclames, refus formel de répétitions jugées indispensables, et cent autres entraves de toute nature qu’attesteraient au besoin tous les sociétaires indignés : voilà ce que j’ai eu à souffrir, moi, écrivain isolé, inconnu, sans protection, sans coterie, de la part de l’homme auquel ses fonctions imposaient la défense de mes intérêts et de mes droits. […] Quelques mois après cette publication, encore retentissante dans tous les esprits, une question d’intérêts divise M. de Balzac et M. […] Dix ans, vous l’avez aidé à faire sa fortune littéraire et politique, dix ans il a été contraint par intérêt à dire du bien de vous ; dix ans, si nous le laissons vivre dix ans, il va être occupé à en dire du mal ; il y a des gens qui ne sauraient pardonner ni le bien qu’on leur a fait, ni les services qu’on leur a rendus. […] Il y a plus ; comme c’était alors l’intérêt de M. […] Il faut donc démolir, nous nous servons de votre expression favorite, il faut donc démolir l’ouvrage que nous n’avons aucun intérêt à louer.
Enfin, le retard de l’évolution des consonnes sur celle des voyelles dans une langue donnée est la mesure de l’importance de l’image tactile dans le langage intérieur du peuple qui fait usage de cette langue, et, comme ce retard est variable, nous devons en conclure que l’image tactile n’a pas chez tous les peuples exactement le même degré de faiblesse, qu’elle dépasse zéro d’une quantité tantôt plus grande, tantôt moindre ; sans doute, les peuples dont le tempérament est plus esthétique s’attachent exclusivement aux sons ; chez d’autres, l’imagination moins raffinée porte quelque intérêt aux souvenirs tactiles et ne les livre pas absolument à l’habitude négative. […] Parfois la reconnaissance, inutile, sans intérêt, cesse, à mesure qu’un même état est répété, d’être l’objet de l’attention, et peu à peu elle disparaît. […] Voir la deuxième partie de notre présentation pour l’intérêt de ce passage sur les rapports entre la parole intérieure et la voix quant au problème ultérieur de l’élaboration d’un idiolecte dans le monologue rapporté — et de ses liens avec la conversation. […] Voir dans la deuxième partie de notre présentation le commentaire de l’intérêt de ce passage extrêmement riche p. 70-71 si on le met en rapport avec la nouveauté formelle future du monologue intérieur du point de vue littéraire. […] Mais cet intérêt pour Maury concerne ici assez peu son travail qui porte sur toutes les manifestations ordinaires et conscientes de la parole intérieure.
Le but principal de cet écrit, tout de circonstance, était de donner des notes exactes et de rapporter de fraîches informations sur ces mouvements politiques auxquels l’opinion prenait alors tant d’intérêt. […] A l’exemple de la plupart des historiens, après une étude plus ou moins approfondie des faits, après une recherche bientôt jugée suffisante, et s’étant dit une fois : Mon siége est fait, il s’en tire par le talent de la rédaction, par l’intérêt dramatique du récit, et par des portraits brillants. […] On n’attend pas que j’entre ici dans une analyse suivie et développée de cette narration qui, eu égard à la nature des choses racontées, n’a souvent que trop d’intérêt et d’attrait. […] Sans donc sortir de l’unité d’intérêt, bornons-nous à tâcher de marquer encore par quelques traits expressifs ce merveilleux esprit qui, à ce titre même d’esprit, n’a point de supérieur parmi ceux de notre époque. […] Rien, selon nous, ne surpasse l’intérêt puissant, varié, majestueux, de l’œuvre jusqu’au moment où nous l’avons suivie, et la façon dont elle est tout d’abord posée est mieux qu’un gage ; on va tenir un résultat.
Je fis le tour de la maison, et je remarquai avec beaucoup d’intérêt, le long des murs, dans les branches de rosiers, un grand nombre de nids différents qui s’étaient conservés là de l’été précédent, et qui, n’étant plus couverts par le feuillage, se laissaient voir. […] Comme d’habitude, il s’informa avec intérêt de ce que j’avais vu de neuf ces jours-ci, et je lui racontai que j’avais fait connaissance avec une femme poète. […] — J’apprends tout cela avec grand intérêt, dit Goethe. […] Si les années de guerre, en ne permettant pas à la poésie d’attirer sur elle un grand intérêt, ont été par là pour un instant défavorables aux muses, il s’est cependant, pendant cette époque, formé une foule d’esprits libres, qui maintenant, pendant la paix, se recueillent et font apparaître leurs remarquables talents. […] Nous visitâmes aussi avec grand intérêt le cabinet météorologique, et Goethe loua beaucoup le docteur Schrœn de l’ordre qui régnait partout.
Dans l’avenir le style de Bossuet ne présentera plus qu’un intérêt d’archéologie et de grammaire. […] Je l’ai vu, j’en suis convaincu maintenant et, sans doute, je n’aurais pas beaucoup de peine à vous en convaincre vous-mêmes, mais je voudrais, en dehors de tout esprit de parti et dans le seul intérêt de la grandeur du nom français, que tout Français en fût convaincu comme nous. Je dis bien, messieurs, dans le seul intérêt de la grandeur du nom français et de la patrie. Tel est aujourd’hui l’état du monde civilisé qu’un Français ne saurait rien faire contre le catholicisme, qu’il ne le fasse au détriment de la grandeur de la France, pour le plus grand avantage de quelque puissance ennemie, et réciproquement dans le monde entier, que ce soit en Chine ou au Canada, tout ce que l’on fait dans l’intérêt du catholicisme, on le fait, ou du moins on l’a fait jusqu’ici dans l’intérêt de la France elle-même »93.
Quoiqu’il ait toujours porté sur les affaires de son pays cette attention passionnée que la grandeur des intérêts politiques commande à l’intelligence du penseur comme au cœur du citoyen, il resta pourtant étranger à la polémique quotidienne des partis. […] S’il oubliait ou dédaignait parfois de suspendre le dialogue intérieur avec l’hôte familier, pour s’appliquer à de vulgaires calculs et à ses propres intérêts, dès qu’il s’agissait des intérêts d’autrui, d’un service à rendre, d’une existence à régler, il savait s’arracher à ses hautes conceptions et porter un coup d’œil exact et positif sur les choses de la vie commune. […] Dans l’intérêt de la multitude elle-même laissons toute liberté à l’essor de l’individu ; c’est toujours l’initiative d’un seul qui arrache les multitudes aux grandes captivités et aux grandes erreurs. […] L’antiquité grecque elle-même, considérée dans l’ensemble de l’histoire, constitue précisément cette noble jeunesse de la civilisation, durant laquelle le sentiment du beau domine tous les intérêts. […] Or, le dix-huitième siècle dure toujours : les jugements qu’on en porte ne peuvent être encore le jugement de l’histoire ; j’y vois ou des apologies ou des accusations ; c’est-à-dire la lutte même des idées, des passions, des intérêts qui agitent la société de notre temps.
Or cette scène tue la pièce parce qu’elle tue l’intérêt. — Vous n’y pensez pas ! l’intérêt y est poussé au comble ! — Oui, l’intérêt de l’horreur ! l’intérêt de l’odieux ! […] On lira avec intérêt, à ce sujet, une curieuse étude de M.
Entrons dans cette humeur du public : à vouloir la contraindre, nous ne la réformerions pas, et nous laisserions en souffrance les intérêts supérieurs auxquels j’ai fait allusion. […] Les questions d’art ont leur intérêt et leur grandeur ; mais il y a plus encore d’intérêt et de grandeur dans le secret qu’elles m’aident à poursuivre, le secret de cet être mystérieux, la Russie. […] C’est de peu d’intérêt. […] Mais ce sont là des controverses bonnes pour le loisir des beaux-esprits, des dilettanti ; elles ne touchent pas aux intérêts généraux, aux soucis plus sérieux. […] Bien entendu, cette métaphysique masquait des préoccupations d’un ordre plus concret et d’un intérêt plus immédiat.
Il était d’un intérêt capital de les combattre et d’en dévoiler le néant. […] D’autres malins lui suscitent un ou plusieurs rivaux qu’ils jugent plus aptes à soutenir leurs intérêts. […] Acceptant les hommes tels qu’ils sont, elle se propose seulement d’équilibrer en eux les instincts égoïstes et les instincts sociables, de façon que chacun confonde son propre intérêt avec l’intérêt commun, de façon que la peine d’un seul soit ressentie par tous et aussi sa joie. […] Il a beau se représenter à soi-même qu’il agit au mieux de ses intérêts, il est pourtant obligé de s’avouer tout bas qu’il est inique d’empêcher son semblable de dormir à l’abri. […] Au vrai, chaque fois qu’il y a contrainte, momentanée ou permanente, exercée au nom d’un intérêt commun ou d’un intérêt particulier, le corps social tombe malade ; des éléments qui le constituent, les uns s’atrophient, les autres s’hypertrophient.
Cela répandrait sur mon travail un charme particulier qui vaincrait ma paresse et m’y donnerait un nouvel intérêt. […] Le chaste attrait de madame Récamier ne s’adressait, en effet, qu’aux yeux et à l’âme ; Ballanche y vit un symbole de la beauté immaculée, il l’aima comme un philosophe aime une abstraction, il se sentit glorieux de s’attacher, sans aucun intérêt sensuel, à cette personnification de la beauté. […] XXV L’intérêt des rapports entre madame Récamier et M. de Chateaubriand devient, à dater de 1820, le seul intérêt de ces Mémoires.
Ces ambassades, qu’on appelle les légations, lui firent connaître à fond la politique des puissances auprès desquelles il alla ménager les intérêts de sa patrie. […] C’est là ce qui le fait passer pour un scélérat quand il n’était en effet qu’un courtisan officiel, obligé, par l’intérêt des Florentins, de complaire à une ambition qui faisait trembler sa patrie. […] Toutefois il écrivit à Léon X, par l’intermédiaire de Vettori, son ami, ambassadeur de Florence à Rome, ces lettres remarquables sur la politique papale, qui dénotent une connaissance presque providentielle des divers intérêts des grandes nations. […] J’irai avec la Barbera, belle chanteuse de Florence : préparez-nous, à moi et à la Barbera, une chambre chez ces moines. » Le pape, rougissant enfin de négliger un tel serviteur de ses intérêts, le charge de surveiller et d’achever les fortifications de Florence.
« Avouons-le sans amertume, l’individu a son intérêt distinct, et peut sans forfaiture stipuler pour cet intérêt et le défendre ; le présent a sa quantité excusable d’égoïsme ; la vie momentanée a son droit, et n’est pas tenue de se sacrifier sans cesse à l’avenir. […] « D’ailleurs, qu’on ne l’oublie pas, les intérêts sont là, peu amis de l’idéal et du sentimental. […] « La matière existe, la minute existe, les intérêts existent, le ventre existe ; mais il ne faut pas que le ventre soit la seule sagesse.
L’empereur eut tort dans son intérêt ; les nouveaux Jésuites lui étaient tous dévoués ; ils s’efforçaient de nous élever dans son fanatisme, ils nous faisaient célébrer ses victoires et chanter ses apothéoses. […] Écoutons l’auteur avant d’écouter l’histoire. » Ce préambule, facile à comprendre, nous avait disposés à l’attention et à l’intérêt. […] Je resterai volontiers, lui dit-il, si vous agréez la visite d’un homme que le hasard conduit ici, mais qu’un vif intérêt y retient. […] De l’intérêt !
« Elle craint, dit-il, que l’on lui fasse voir qu’elle a commis le larcin de Prométhée, et qu’elle veut que le feu de sa passion soit le feu dérobé du ciel qui anime un enfant supposé, lui donne un nouvel être, et falsifie l’ouvrage de la nature. » Enfin Patru se présente pour le duc de Liéthune et autres parents : « Messieurs, dit-il, l’intérêt de mes parties est tout visible : on veut leur donner un inconnu pour parent. » Cette simplicité repose. Ce n’est pas qu’il n’y ait encore parfois de la boursouflure et du pédantisme dans les plaidoyers de Patru : mais, en général, il sait se passer d’éloquence ; on lit encore avec intérêt certains de ses discours qui nous mettent bien au courant des affaires. […] Si les orateurs grecs et romains touchent en nous les cordes du patriotisme et les notions générales de l’intérêt public, ce dont nous parlent nos orateurs chrétiens — le dogme mis à part, — c’est toute notre vie morale et toutes les grandes questions métaphysiques et morales, que notre conduite journalière tranchera à notre insu, si nous ne les résolvons avec réflexion ; c’est une conception générale de la vie et de l’être, qui se dégagera malgré nous de nos actes, si nous ne les dirigeons pas par elle. […] Il prit grand intérêt aux communautés religieuses, qu’il soumit vigoureusement à son autorité : Jouarre et sa noble abbesse tentèrent de résister à l’évêque, qui plaida, gagna, et dut presque faire enfoncer les portes du couvent pour s’y faire reconnaître.
Tandis que, pleine d’images charmantes, de plaisanteries, se déroule l’amusante intrigue, sur la scène, l’orchestre, au lieu d’expliquer les profondes intimités psychologiques des personnages, dispose les spectateurs à être joyeux, doucement, tranquillement, comme il convient, pour qu’ils donnent intérêt à l’action générale. […] Sitôt que l’acteur chante, la scène se repose (je dis, s’il chante pour chanter), et, partout où la scène se repose, l’intérêt est anéanti. […] Nous ne nous faisons pas d’illusions ; si l’on peut espérer qu’un jour les autres ouvrages de Richard Wagner deviendront populaires en France, il ne faut pas, à l’égard de celui-ci, former le même rêve ; l’Anneau du Niebelung est une composition d’un ordre particulier ; la légende interprétée ou, pour mieux dire, renouvelée par Richard Wagner est tellement imprégnée de l’esprit de la race à qui elle s’adresse, que, certainement, transportée devant d’autres spectateurs, elle perdrait la plus grande partie de son intérêt. […] Nul héroïque intérêt n’est en jeu ; il ne s’agit ni de patrie, ni de guerre, ni de religion, ni de politique : il n’est question que des amours du chevalier Walter et de la fille d’un orfèvre, et ce cadre étroit suffit à l’évocateur infaillible pour concentrer tout un monde de sensations, de passions et d’idées.
Pourtant, le véritable intérêt de la psychologie ne consiste pas, selon nous, à décrire le fonctionnement représentatif de la pensée, la mise en scène du spectacle intérieur, la formation des idées ou des états de conscience susceptibles de se formuler en idées ; l’intérêt consiste surtout à rechercher quelle est l’efficacité de la pensée en nous et autour de nous, quelle est la force des idées et de tous les états de conscience qui s’y résument, leur influence sur l’évolution de l’esprit et sur celle même de la nature. […] En quoi un ensemble de particules inertes prendrait-il intérêt à être à droite plutôt qu’à gauche, à se mouvoir avec telle vitesse plutôt qu’avec telle autre, à se conserver plutôt qu’à ne pas se conserver, à se reproduire plutôt qu’à ne pas se reproduire ? Le principe universel de l’intérêt est essentiellement psychique, et, sans ce principe, la vie est incompréhensible, la lutte pour la vie est plus incompréhensible encore.
À la fin de la lecture, l’ami fut pris par l’intérêt de la pièce, nous complimenta, nous prédit que nous serions joués. […] Devant cet intérêt de la presse, la situation du théâtre, celle des deux auteurs, M. […] Une autre pièce a un certain intérêt pour les gens qui sont curieux de l’histoire littéraire des auteurs qu’ils aiment. […] Les journalistes qui me disaient que ma tentative était absurde, et que seules les mœurs de la bourgeoisie présentaient de l’intérêt, ne se doutaient guère, que plus de cent ans avant, quand paraissait Marianne, les gazetiers jetaient à Marivaux qu’il n’y avait uniquement que les aventures de l’aristocratie qui pouvaient intéresser le public, qu’au fond les mœurs des bourgeois étaient de basses mœurs, indignes de la lecture d’un homme qui se respecte.
Il n’est pas de choses qu’ils n’aient abandonnées, reprises et quittées encore au gré de leurs intérêts. […] On la remplacerait par des lexicographes, des poëtes, des étymologistes, des romanciers, des historiens, des philosophes et des savants qui recevraient la mission de faire un vrai dictionnaire, d’écrire les origines de la langue française, d’encourager toute tentative nouvelle et sérieuse, de veiller à la liberté du théâtre, de rédiger le Code encore attendu de la propriété littéraire, de préserver partout les intérêts de l’esprit humain, de signaler toute découverte, de faire l’Encyclopédie moderne, d’envoyer des missionnaires à la recherche de toutes les belles choses encore inconnues dans le monde, de traduire incessamment les chefs-d’œuvre des langues étrangères, de formuler la foi la plus haute, de combattre les erreurs et les préjugés qui subsistent encore, de rééditer nos grands poëtes et nos grands prosateurs, enfin de chercher le beau, le vrai et le bien par tous les moyens possibles. […] En effet, son intérêt était grand de rester seule en possession de la science, puisque cette science faisait partie de son dogme de la révélation. […] Quand on les blesse trop vivement dans leurs intérêts, ils se mettent en grève et attendent.
Mais quand tout s’écroule et se renouvelle, quand les institutions antiques tombent en ruines et que l’état futur n’est pas né, que toutes les règles de conduite et d’obéissance sont confondues, que la justice et le droit hésitent entre les cupidités, les intérêts révoltés qui courent aux armes, c’est alors que le don de sagesse est bien précieux en quelques-uns, et que les hommes qui le possèdent sont bientôt appréciés des chefs dignes de ce nom, qu’ils sont appelés, écoutés longtemps en vain et en secret, qu’ils ne se lassent jamais (ce trait est constant dans leur caractère), qu’ils attendent que l’heure du torrent et de la colère soit passée pour les événements et pour les hommes, et qu’habiles à saisir les instants, à profiter du moindre retour, ils tendent sans cesse à réparer le vaisseau de l’État, à le remettre à flot avec honneur, à le ramener au port, non sans en faire eux-mêmes une notable partie et sans y tenir une place méritée. […] Toute cette première partie de la carrière parlementaire et politique de Jeannin est pour nous d’un intérêt secondaire, et a été éclipsée par la seconde moitié, dans laquelle il appartient non plus à sa province, mais aux affaires de la France et de l’Europe : il n’y arriva cependant que formé par ce long apprentissage.
A-t-il à parler (13 août 1779) d’un médecin et chirurgien irlandais, David Macbride, il insistera particulièrement sur les qualités que doit réunir un médecin des femmes et particulièrement un accoucheur : Nées, dit-il, pour la peine autant que pour le plaisir, dévouées en quelque sorte à l’éducation et au bonheur des hommes, destinées à leur fournir le premier aliment et à leur prodiguer les premiers soins, exposées à un grand nombre d’infirmités et de maladies dont cette noble fonction est la source, les femmes ont toujours eu l’intérêt le plus vif à s’occuper de leur santé et à choisir un médecin habile. […] En résumé, il y a de l’intérêt dans les éloges de Vicq d’Azyr, un peu trop de fleurs, et pourtant de la ressemblance et de la vérité.
J’insisterai peu sur les mérites de détail de l’édition, le choix des meilleurs textes, des meilleures leçons (car, chez Vauvenargues, les mêmes pensées souvent sont reproduites plus d’une fois et dans des termes presque identiques) ; j’en viendrai d’abord à ce qui fait l’intérêt réel de la publication de M. […] Autant pour tous ceux qui sont de l’espèce de Figaro, de Gil Blas et de Panurge, de ce Panurge « sujet de nature à une maladie qu’on appeloit en ce temps là faute d’argent, c’est douleur sans pareille (et toutefois, dit Rabelais, il avoit soixante et trois manières d’en trouver toujours à son besoin, dont la plus honorable et la plus commune étoit par façon de larcin furtivement fait) » ; — autant pour cette bande intrigante et peu scrupuleuse, la question d’argent est à la fois importante et légère, objet avoué de poursuite et de raillerie, un jeu et une occupation continuelle, et à toute heure sur le tapis, autant c’est un point sensible et douloureux pour ces natures pudiques et fières, timides et hautes, qui n’aiment ni à s’engager envers autrui ni à manquer à personne, qui ont souci de la dignité et de l’indépendance autant que les autres de l’intérêt.
Je n’en sais rien, mais je croirais aisément que Fanny a dû être conçue et écrite par manière de gageure comme Adolphe, c’est-à-dire « pour convaincre deux ou trois amis incrédules de la possibilité de donner une sorte d’intérêt à un roman dont les personnages se réduiraient à deux, et dont la situation serait toujours la même ». […] Je lui adressai un regard pour la remercier, et me renversant alors sur le dossier de ma chaise, je contemplai longuement celui qui ne se doutait pas de l’intérêt puissant qu’allait faire naître en moi l’étude de sa personne.
« Il a pris la parole : des restes de cette voix usée à déclamer des réquisitoires, qui passe sur les idées avec l’aisance et la mélodie d’une scie édentée, il a proposé dans l’intérêt de l’Église une chose bien simple, un court article additionnel, etc… » Et cet autre plus agréable, ce garde des sceaux en fonction, mais qui évite tant qu’il peut les batailles rangées, il n’attrape qu’un mot, mais le mot est bon : « Son premier soin a été naturellement de rapetisser le débat pour le mieux remplir. » (M. […] Gaume feront bien, dans l’intérêt du livre qu’ils éditent, d’y ajouter une table générale alphabétique des noms de personnes.
Biot : cet homme si distingué n’avait point acquis, même avec les années, ce je ne sais quoi de ferme, de puissant dans la parole, de digne et de majestueux dans l’aspect, qui commande et qui impose, qui confirme au dehors l’autorité de la science, et la personnifie aux yeux de tous dans un de ses grands représentants, — ce qui faisait qu’on écoutait avec tant de respect et de silence un Cuvier, un Arago (malgré ses fautes de goût), et qu’on écoute aujourd’hui avec tant d’intérêt un Dumas. […] Ses articles sur Galilée, comme ceux qu’il a donnés. sur Newton, forment tout un ensemble qui offre bien de l’instruction et de l’intérêt, et ils laissent peu à désirer au point de vue de l’exposé et de la netteté de l’analyse.
Une Introduction savante, mise en tête, est un morceau de biographie et d’histoire d’un haut et sérieux intérêt. […] Ce fut, comme tant d’autres, l’intérêt unique de son ambition qui le jeta, dans cette voie.
Giscon était près de réussir dans la composition qui se négociait, lorsque deux hommes dont l’histoire a conservé les noms se jetèrent à la traverse : un certain Campanien nommé Spendius, autrefois esclave chez les Romains, homme fort et hardi jusqu’à la témérité, et qui craignait, si les affaires s’arrangeaient, d’être rendu à son maître comme fugitif ; et un certain Mathos, Africain, qui, engagé dans la première sédition, avait tout intérêt à pousser les choses à l’extrémité. […] Il renouvelle à son tour ce grand effort, dans des conditions particulières, bien moins avantageuses à ne considérer que les sources, la matière et l’intérêt, et cependant avec une intention et une prétention plus marquée, plus formelle, de tout restaurer du passé.
La nature étudiée, attaquée par tous les points, poursuivie dans ses détails, embrassée dans ses ensembles, décrite, dépeinte, admirée, connue ; — ce qui reste de barbarie cerné de toutes parts ; — les antiques civilisations rendues de jour en jour plus intelligibles, plus accessibles ; — le contact des religions considérables amenant l’estime, l’explication et jusqu’à un certain point la justification du passé, et tendant à amortir, à neutraliser dorénavant les fanatismes ; — une tolérance vraie, non plus la tolérance qui supporte en méprisant et qui se contente de ne plus condamner au feu, mais celle qui se rend compte véritablement, qui ménage et qui respecte ; — au dedans, au sein de notre civilisation européenne et française, un adoucissement sensible dans les rapports des classes entre elles, un désarmement des méfiances et des colères ; un souci, une entente croissante des questions économiques et des intérêts, ou, ce qui revient au même, des droits de chacun ; le prolétaire en voie de s’affranchir par degrés et sans trop de secousse, la femme trouvant d’éloquents avocats pour sa faiblesse comme pour sa capacité et ses mérites divers ; les sentiments affectueux, généreux, se réfléchissant et se traduisant dans des essais d’art populaire ou dans des chants d’une musique universelle : — tous ces grands et bons résultats en partie obtenus, en partie entrevus, les transportent ; ils croient pouvoir tirer de cet ordre actuel ou prochain, de cette conquête pacifique future, un idéal qui, pour ne pas ressembler à l’ancien, n’en sera ni moins inspirant, ni moins fécond. […] Le génie du siècle, on le répète assez souvent, c’est l’industrialisme ; les intérêts matériels dominent : il ne s’agit pas de s’en passer, mais de les pénétrer, de les animer, s’il se peut, de les passionner en les ennoblissant.
« J’y ajoute des remarques pour éviter de certaines erreurs biographiques, telles que, par exemple, cette supposition entièrement fausse que j’ai été mal avec mon père. » Par malheur, le dossier ne renfermait aucune des notes indiquées, mais seulement quelques pensées ou remarques étrangères à l’intérêt biographique. […] Je n’ai jamais écrit pour un intérêt de parti, mais j’aurais voulu faire plus… «… Si les circonstances m’avaient été favorables et que, par impossible, j’eusse pourtant habité Paris, il est une fantaisie que j’aurais aimé à satisfaire.
Dans ton intérêt ne te corromps pas. […] Dans ton intérêt ne te corromps pas.