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870. (1863) Molière et la comédie italienne « Préface » pp. -

Mais il a eu chez nous une destinée à part : il n’a brillé que sur les théâtres de marionnettes ; il n’apparaît point ou guère dans les troupes italiennes qui vinrent en France ; il ne s’est point fait place, non plus, sur notre scène comique.

871. (1911) La valeur de la science « Introduction »

Dans Science et Hypothèse, j’ai déjà montré combien leur valeur est relative ; ce n’est pas la nature qui nous les impose, c’est nous qui les imposons à la nature parce que nous les trouvons commodes, mais je n’ai guère parlé que de l’espace, et surtout de l’espace quantitatif, pour ainsi dire, c’est-à-dire des relations mathématiques dont l’ensemble constitue la géométrie.

872. (1887) Discours et conférences « Discours à l’Association des étudiants »

Or, j’ai soixante-trois ans ; vous voyez combien mon cas est étrange ; les légitimistes à ma façon se préparent en notre siècle de cruels embarras, car il faudrait aussi que les gouvernements fussent fidèles à eux-mêmes, et ils ne le sont guère, il faut l’avouer.

873. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXX » pp. 330-337

Mais madame Scarron n’était, pas habituellement avec Coulanges : ses absences ne lui importaient guère.

874. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Lettre, à Madame la comtesse de Forbach, sur l’Éducation des enfants. » pp. 544-544

Il n’y a guère d’autre différence entre sa lettre et la mienne, que celle des sexes.

875. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Conclusion »

Tout cet appareil de précautions peut sembler bien laborieux pour une science qui, jusqu’ici, ne réclamait guère, de ceux qui s’y consacraient, qu’une culture générale et philosophique ; et il est, en effet, certain que la mise en pratique d’une telle méthode ne saurait avoir pour effet de vulgariser la curiosité des choses sociologiques.

876. (1912) L’art de lire « Chapitre VII. Les mauvais auteurs »

Alceste me paraît bien avoir été aussi bourru contre les livres que contre les personnes et contre les personnes que contre les livres, et Molière ne se trompe guère en connaissance des caractères.

877. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « XVI »

Là repose toute la science du Verbe ; mais je ne suis guère disposé à croire avec lui que l’on puisse apprendre à créer des images ; à les recomposer, à les arranger, je ne dis pas.

878. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Léon Feugère ; Ambroise-Firmin Didot »

Quoique nous ne ressemblions guères aux hommes qui vivaient vers 1550 et que nous n’ayons pas dans nos chétives poitrines les gerbes de flamme qui brûlaient alors tous les esprits et tous les cœurs, nous sommes les enfants du xvie  siècle bien plus qu’on ne le croit, de ce siècle de la discussion, de l’émancipation de l’esprit humain, de sa réaction indignée contre la tradition de l’autorité, toutes choses, hélas !

879. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le voltairianisme contemporain »

Successeurs de cet Alexandre spirituel du xviiie  siècle, ils ne se sont guères partagé que sa perruque, entre tous, mais ils ont tous, sans l’avoir partagé, son genre de courage.

880. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Auguste Nicolas »

Auguste Nicolas6 Si, comme nous le disions récemment, la littérature française est affligée de stérilité, nous n’espérons guères que cet état puisse changer en un instant.

881. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Léon Cladel »

Je ne crois donc guères, en Cladel, à ces idées de moraliste républicain.

882. (1895) Nos maîtres : études et portraits littéraires pp. -360

Après quoi il était mort, ne laissant guère de lui un souvenir bien vif qu’à Macaulay, qui lui-même est mort depuis bien longtemps. […] France n’aime guère non plus le soi-disant progrès qu’ont amené les sciences : il y voit une cause désormais constante de misère et d’abrutissement. […] Le choix d’un modèle ne coûtait guère aux artistes anciens : ils imitaient leurs maîtres, leurs prédécesseurs immédiats. […] C’est à quoi, vous le devinez bien, le prince Tchernowied ne trouvait guère son compte. […] Car la rentière ainsi mandée n’a guère pu, à travers cent maisons, observer les grimaces faciales de celui qui l’attirait.

883. (1881) Le naturalisme au théatre

Dumas fils, dont je n’aime guère le talent, et de M.  […] Il ne reste guère qu’à mettre à la scène des personnages vivants, ce qui est, il est vrai, le moins commode. […] Racine fît bien quelques efforts pour se soustraire aux modes du temps ; mais il n’insista guère. […] On a goûté sa voix si souple et si sonore, dans ce rôle de dona Sol, qui n’est guère qu’un rôle de figurante. […] Quant à maître Suchot, il n’est guère qu’un fantoche, sur la tête duquel M. 

884. (1883) La Réforme intellectuelle et morale de la France

L’école de Saint-Cyr n’a guère eu que le rebut de la jeunesse, jusqu’à ce que l’ancienne noblesse et le parti catholique aient commencé à la peupler, changement dont les conséquences n’ont pas encore eu le temps de se développer. […] La plupart des gens n’y demandent guère qu’une seule chose, c’est qu’on les laisse tranquillement faire fortune. […] Cette âme peut résider en un fort petit nombre d’hommes ; il vaudrait mieux que tous pussent y participer ; mais ce qui est indispensable, c’est que, par la sélection gouvernementale, se forme une tête qui veille et pense pendant que le reste du pays ne pense pas et ne sent guère. […] Ces sociétés manquent de distinction, de noblesse ; elles ne font guère d’œuvres originales en fait d’art et de science ; mais elles peuvent arriver à être très puissantes, et d’excellentes choses peuvent s’y produire. […] On ne peut guère le croire ; car aucun système socialiste n’a réussi jusqu’ici à se présenter avec les apparences de la possibilité.

885. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. THIERS. » pp. 62-124

» Certes la conviction, le sentiment profond de ce que j’appellerai la vérité sociale, éclate dans ces pages où le jeune écrivain, si prononcé pour les choses, ne se montre guère disposé à de grandes illusions sur les hommes. […] Bodin était un homme instruit, de bonne heure fatigué, et d’une haleine courte qui ne dépassait guère le résumé historique, genre exigu dont il est le père. […] Naturellement passionné pour le grand et le simple, amoureux de ses propres études et vivant dans l’abondance des pensées, il ne s’occupait guère de ces tentatives d’alentour qui remuaient, plus qu’il ne le croyait, des intelligences sérieuses ; et si, à la rencontre, son regard venait à s’y arrêter, il y opposait aussitôt un tel idéal de simplicité et de pureté, que les contemporains le plus souvent n’avaient rien à faire en comparaison. […] 35 Au moment où nous terminons ces pages qui, dans l’attente actuelle du public, ne peuvent guère avoir qu’un mérite d’avant-propos, la bienveillance de l’auteur nous permet de prendre connaissance du commencement de l’Histoire du Consulat.

886. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (2e partie) » pp. 409-488

Sa poésie a une ingénuité de sentiments et d’émotions qui s’attachent à des objets pour lesquels le grand nombre n’a guère de sympathie, et où il y a plutôt travers d’esprit ou habitudes bizarres de jeune homme pauvre et souffreteux, qu’attachement naturel et poétique. […] « En effet, la vie est longue, et avant que la poésie, « cette maîtresse jalouse et qui ne veut guère de partage », songeât à s’enfuir, il s’écoula encore bien du temps. J’étais poète avant tout en 1829, et je suis resté obstinément fidèle à ma chimère pendant quelques années, la critique n’étant guère alors pour moi qu’un prétexte à analyse et à portrait. […] La première églogue, qui n’est guère que la troisième dans l’ordre chronologique, nous a dit dès l’enfance comment Tityre, qui n’est ici que Virgile lui-même, dut aller dans la grande ville, à Rome ; comment, présenté, par l’intervention de Mécène probablement, au maître déjà suprême, à celui qu’il appelle un Dieu, à Auguste, il fut remis en possession de son héritage, et put célébrer avec reconnaissance son bonheur, rendu plus sensible par la calamité universelle.

887. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXXXIXe entretien. Littérature germanique. Les Nibelungen »

Mais vous ne ressemblez guère à celui que je croyais ici, lequel est mon frère de père et de mère. […] Mais aussi le mal qui lui en arrivera ne m’affligera guère. » Le joueur de viole, cet homme prodigieusement brave, voyant la noble Reine descendre les degrés pour sortir du palais, s’adressa à son compagnon d’armes: « Voyez, ami Hagene, comme elle s’avance superbe, celle qui nous a invités traîtreusement en ce pays. […] La force d’Irinc ne lui servit guère. […] Vous n’avez guère pensé à ma désolation et à la vôtre.

888. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 juin 1886. »

Cette traduction n’est guère qu’un idéal ; c’est comme un terme vu de très loin et presque inaccessible. […] Il faut s’inquiéter si vous conservez au style son caractère ; si vous le négligez, guère n’importe que, cherchant ou omettant une forme versifiée, vous vous donniez plu » ou moins de facilités à traduire ; le plus ou moins de succès dans le travail achevé est seul à voir. […] Les Grecs, après les clameurs et les peines des initiales batailles, avaient formé une race de raisonneurs, épris des notions claires et des enchaînements harmonieux, ils n’avaient point des sensations vives et n’étaient guère portés à l’émotion : nulle fougue passionnée ne secoue l’ordonnance tranquille de leurs discours, non plus que la froide sérénité de leurs faces. […] Ces premiers romantiques, éblouis par les sensations neuves, n’avaient guère pu encore se faire un sens du réel : toutes les sensations leur paraissaient possibles : ils ne craignirent pas une vie artistique faite d’aventures.

889. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre V : Lois de la variabilité »

Les plus grands des oiseaux qui pâturent le sol ne prennent guère leur vol que pour échapper à quelque danger ; de sorte que l’état presque rudimentaire des ailes de certaines espèces, confinées aujourd’hui ou autrefois dans quelques îles du grand Océan, qui ne renferment aucune bête féroce, semble devoir être le résultat du défaut d’exercice. […] Je n’en donnerai pourtant ici aucun exemple ; parce que je ne vois guère le moyen de distinguer si le développement de certaines parties et la résorption des parties opposées sont un effet de la sélection naturelle et du défaut d’exercice, ou si l’excès de croissance de certains organes a seul attiré vers eux la nourriture destinée aux organes voisins84. […] Cette époque est rarement fort reculée, puisque chaque espèce ne vit guère au-delà d’une période géologique. […] Mais l’hérédité, dans ses manifestations régulières ou irrégulières, ne peut guère agir que sur des caractères déjà anciennement acquis ; de sorte que toute modification organique ne doit en réalité avoir que deux causes.

890. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VII : Instinct »

On ne peut guère douter que l’affection pour l’homme ne soit généralement devenue instinctive chez le Chien. […] Si l’oiseau adulte a tiré quelque avantage de cette circonstance, ou si les jeunes oisillons abandonnés sont devenus plus vigoureux en profitant ainsi des méprises de l’instinct chez une mère adoptive, qu’en demeurant aux soins de leur propre mère, gênée, comme elle ne pouvait guère manquer de l’être, entre ses œufs et ses oisillons de différents âges qu’il lui fallait à la fois couver et nourrir, et de plus, pressée qu’elle était d’émigrer à une époque hâtive et bien avant la saison froide, on conçoit qu’un fait d’abord accidentel ait pu devenir peu à peu une habitude avantageuse à l’espèce. […] Les Lapins n’ont guère, il est vrai, été gardés en domesticité que pour servir d’aliments, mais ils ont été le plus souvent gardés par de pauvres familles, ou du moins par des familles de paysans, et le soin en a presque toujours été laissé aux femmes et aux enfants. […] Mais entre leur manière de creuser dans un bloc de cire préparé d’avance, et leur manière de construire elles-mêmes les cloisons de leurs cellules, on ne peut guère établir de relation nécessaire et de comparaison rigoureuse : les deux cas sont trop différents.

891. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Shakespeare »

Ce voleur de l’auteur d’Othello, qui lui avait pris son magnifique Jaloux pour le mettre en Turc et en faire Orosmane, afin qu’on ne le reconnût pas, ne permettait guère qu’on vantât de son temps celui qu’il avait osé nommer Gilles ; et de la bande de philosophes qui obéissaient à son grelot et tenaient l’opinion de la France esclave, Diderot seul, le débraillé de naturel et de déclamation, avait eu le front d’écrire cette phrase superbe et cynique : « Moi, je ne comparerai Shakespeare ni à l’Apollon du Belvédère, ni au Gladiateur, ni à l’Antinoüs, ni à l’Hercule de Glycon, mais au saint Christophe de Notre-Dame, colosse informe, grossièrement sculpté, mais dans les jambes duquel nous passerions tous sans que notre front touchât à ses parties honteuses. » Mais, comme on le voit, cette phrase ambitieuse et fausse, quoiqu’elle voulût être plus juste que tout ce qu’on disait alors, prouvait que Diderot lui-même ne connaissait pas tout Shakespeare dont le colossal disparaît précisément quand on l’a tout entier sous le regard, dans la perfection de son harmonie. […] Il n’y avait guères qu’un ordre à suivre dans la traduction des œuvres de Shakespeare, c’était l’ordre chronologique, le seul qui mette bien l’œuvre d’un homme dans sa véritable lumière et nous donne les développements successifs de son génie. […] Jusqu’à lui, il n’y avait guères eu que des inductions éparses et timides, mais Carlyle, dont le génie est encore plus allemand qu’anglais, a posé, avec la violence du saxon et la logique dans la rêverie de l’allemand, l’a priori qui devait emporter la question en faveur de Shakespeare, mais qui l’emporte en emportant du même coup la nature humaine, l’expérience et la vérité ! […] C’était, nous dit François Hugo, le 26 décembre 1606, le jour de la Saint-Étienne : …… On ne s’attendait guère À voir un saint dans cette affaire !

892. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Paul Féval » pp. 107-174

Le chemin de Damas ne se trouve guères sur les boulevards de Paris ! […] Il ne pouvait guères s’inspirer d’une autre. […] L’Histoire des Jésuites ne fut guères lue que par ceux qui n’avaient pas besoin de la lire et d’être édifiés sur le compte de ceux qu’elle défend ou qu’elle innocente. […] J’avais peur qu’il n’en convînt pas… Dans le nombre des abbés qui gouvernèrent le monastère du Mont Saint-Michel pendant des siècles, il n’y eut guères que des hommes médiocres d’esprit ou de vertu.

893. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Appendices » pp. 235-309

Croce identifie l’intuition avec l’expression, je suis heureux de le voir si pleinement d’accord avec un vieux critique qu’ailleurs il ne ménage guère ; c’est Boileau, qui a dit : Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement, Et les mots pour le dire arrivent aisément. […] La Renaissance déjà n’y croyait plus guère et n’a vu en eux qu’un « moyen » de théâtre, tout extérieur. […] C’est pourquoi dans la plupart des hommes, tandis qu’on ne peut guère étudier que la psychologie des passions, au contraire, dans les personnes souveraines, c’est proprement la pathologie qui s’en offre à nous d’elle-même. […] Je ne crois guère à l’efficacité de « l’histoire authentique » pour la persuasion des spectateurs.

894. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « L’abbé de Bernis. » pp. 1-22

Jusque-là il était abbé comme on l’était volontiers alors, ayant le titre et quelques bénéfices ; mais il n’était point lié à son état, il n’était prêtre à aucun degré ; et en 1755, à l’âge de quarante ans, on le voit hésiter beaucoup avant de franchir ce pas dont il sent le péril, et d’où sa délicatesse d’honnête homme l’avait tenu éloigné jusque-là : « Je me suis lié à mon état, écrit-il à Pâris-Duverney (le 19 avril 1755), et j’ai mis moi-même dans cette démarche tant de réflexions que j’espère ne m’en repentir jamais1. » Quant aux petits vers galants, ils sont de sa première jeunesse ; il cessa d’en faire à l’âge de trente-cinq ans : J’ai abandonné totalement la poésie depuis onze ans, écrit-il à Voltaire en décembre 1761 ; je savais que mon petit talent me nuisait dans mon état et à la Cour ; je cessai de l’exercer sans peine, parce que je n’en faisais pas un certain cas, et que je n’ai jamais aimé ce qui était médiocre ; je ne fais donc plus de vers et je n’en lis guère, à moins que, comme les vôtres, ils ne soient pleins d’âme, de force et d’harmonie ; j’aime l’histoire… Il y a donc, avant tout, quand on parle de Bernis, à bien marquer les époques, si l’on veut être juste envers un des esprits les plus gracieux et les plus polis du dernier siècle, envers un homme d’une capacité réelle, plus étendue qu’on ne pense, et qui sut corriger ses faiblesses littéraires ou ses complaisances politiques par une maturité décente et utile, et par une fin honorable. […] Le digne fondateur a sur ce sujet de belles et nobles paroles qui décèlent, sous cette monarchie de Louis XV, un cœur de citoyen ; j’en veux citer quelques-unes, ne fût-ce que pour moraliser ce sujet de Bernis, dont les débuts sont un peu amollissants : Ce que vous me dites, monsieur, écrit Duverney à Bernis, de l’opinion de l’étranger sur cet établissement n’est guère propre à modérer mon impatience ; j’en ai toujours beaucoup dans les choses qui contribuent à la gloire de notre maître et au bien de la nation… Les objections ne m’ont jamais rebuté.

895. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Nouvelles lettres de Madame, mère du Régent, traduites par M. G. Brunet. — I. » pp. 41-61

Elle-même s’est plu de tout temps à faire acte de laideur ; on dirait qu’elle y tient : Il n’importe guère que l’on soit beau, et une belle figure change bientôt ; mais une bonne conscience reste toujours bonne. Il faut que vous ne vous souveniez guère de moi si vous ne me rangez pas au nombre des laides ; je l’ai toujours été, et je le suis devenue encore plus des suites de la petite vérole : ma taille est monstrueuse de grosseur, je suis aussi carrée qu’un cube ; ma peau est d’un rouge tacheté de jaune ; mes cheveux deviennent tout gris ; mon nez a été tout bariolé par la petite vérole, ainsi que mes deux joues ; j’ai la bouche grande, les dents gâtées, et voilà le portrait de mon joli visage.

896. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Une petite guerre sur la tombe de Voitture, (pour faire suite à l’article précédent) » pp. 210-230

Il a un certain art de faire bonne chère qui n’est guère moins à estimer que sa rhéthorique, et, entre autres choses, il a inventé une sorte de potage que j’estime plus que le Panégyrique de Pline et que la plus longue harangue d’Isocrate. […] Voilà donc le livre lancé, et dédié par une adresse piquante à Balzac lui-même, qui ne pouvait guère se plaindre des malices fourrées et du contre-coup qu’il en recevait, se les étant lui-même attirés par son insistance. « Cette pièce, a dit Sorel, fut d’abord estimée fort galante et fort subtile. » Elle eut du succès ; il s’en fit l’année suivante une seconde édition.

897. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric-le-Grand Correspondance avec le prince Henri — II » pp. 375-394

Le prince Henri, bien qu’il n’ait guère en définitive plus de croyance à l’invisible que son frère, et qu’il soit comme lui l’enfant de son siècle, a plus de circonspection, de respect, et en ce qui est de la religion il fait preuve humainement de plus de sagesse. […] Un jour que Frédéric lui avait envoyé un écrit de sa façon, un Essai sur les formes de gouvernement et sur les devoirs des rois (1777), le prince Henri, en remerciant son frère, lui disait : Vous avez fait le plus beau portrait des devoirs d’un souverain ; ce tableau cependant ne peut guère être imité : il faudrait toujours des princes doués de votre génie, et qui eussent vos connaissances ; la nature n’en produit pas de cette espèce : je désirerais donc encore un chapitre utile pour un homme que la naissance place sur le trône, mais auquel la nature a refusé les dons que vous possédez.

898. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — I » pp. 432-453

Il n’avait été marié que deux ans environ, ne laissa point de postérité, et n’avait guère que 25 ans à l’époque de sa mort. […] Or, le fabricateur des mémoires, qui ne le sait pas et qui ne s’en soucie guère, uniquement préoccupé qu’il est de satisfaire ses rancunes et ses aigreurs politiques et de donner cours à toutes les malignités qui, dans un certain coin du grand monde, s’attachaient depuis la Révolution à la personne de Mme de Staël et de ses parents, suppose que sa marquise en est aussi tout imbue ; il lui met sous la plume des pages impossibles de méchanceté et de diffamation.

899. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Dominique par M. Eugène Fromentin (suite et fin.) »

Il n’y avait guère, en fait de danseurs, que les vendangeurs de la maison, et peut-être un ou deux jeunes gens des environs que le signal de la cornemuse avait attirés. […] Un voyage qu’elle fait aux Trembles avec lui, et où il repasse près d’elle tous ses anciens souvenirs ravivés et aiguisés par des impressions toutes nouvelles, ce séjour de deux mois, que la présence de M. de Nièvres n’amortit qu’à peine, n’est guère propre à remettre en paix le cœur du pauvre Dominique.

900. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Collé. »

Collé, d’ailleurs, dégoûté pas l’accueil et la morgue des comédiens français, moins accessibles alors qu’aujourd’hui, n’y revint guère, et son théâtre de société, le théâtre du duc d’Orléans, fit, tant qu’il dura, son occupation et ses délices comme il est sa véritable originalité. […] Si Rousseau est la bête noire de Collé, Voltaire ne lui agrée guère davantage ; il ne se contente pas de le juger sévèrement à la rencontre, il avait entrepris une réfutation en règle de ses tragédies, et M. 

901. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette »

Oui, l’exil ; destinée cruelle que celle des filles du trône, qui ne peuvent guère se marier qu’aux extrémités de la terre ! […] Le Dauphin (Louis XVI), qui n’avait guère que seize ans à l’arrivée de la Dauphine, n’est d’abord montré qu’à peine, « très timide, très peu démonstratif. » La Dauphine est trop voisine de lui pour se permettre de le dépeindre et pour indiquer combien peu il était aimable ; mais le comte de Provence (le futur Louis XVIII), avec son grain de pédantisme, le comte d’Artois, dans sa fleur et sa pointe d’espièglerie, sont esquissés à merveille : « M. de Provence, tout jeune qu’il est, est un homme qui se livre très peu et se tient dans sa cravate.

902. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Victor Duruy » pp. 67-94

. — Il dirait que le grand ministre dut être surpris de quelques-uns des résultats de ses réformes ; qu’il ne paraît guère que l’instruction gratuite, obligatoire et laïque ait éclairé le suffrage universel ; que la superstition du savoir a jeté dans l’enseignement des fils et des filles du peuple et de la petite bourgeoisie, qui, infiniment plus nombreux que les places à occuper, n’ont fait que des déclassés et des malheureuses ; que la demi-science, exaspérant les vanités, les rancunes, les ambitions, ou simplement les appétits, en même temps qu’elle ôtait aux consciences les entraves et à la fois les appuis des croyances religieuses, a grossi l’armée des chimériques et des révoltés ; qu’ainsi la société s’est trouvée, justement par ce qui devait la pacifier et l’unir, plus menacée qu’elle ne fut jamais ; et que, si l’œuvre de M.  […] Mais agir pour les autres, durant de longues années, durant toute une vie, cela ne se conçoit guère sans un peu de confiance en la future victoire de la raison.

903. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVII. Rapports d’une littérature avec les littératures étrangères et avec son propre passé » pp. 444-461

Au moyen âge elles sont peu puissantes, peu nombreuses ; on n’en compte guère que cinq foyers principaux, l’antiquité profane et surtout latine, l’antiquité juive et chrétienne, le monde celtique, la civilisation germanique, l’Orient musulman. […] Il faut discerner la façon dont chaque auteur a su profiter des modèles qu’il a choisis ou rencontrés ; il y a cent degrés dans cet art ; on ne saurait confondre le copiste qui abdique son indépendance, et se fait le docile esclave d’un devancier avec l’adaptateur habile qui crée en imitant, qui prend un grain de semence chez autrui, le fait lever, fleurir, fructifier en pousses vigoureuses et nouvelles ; ni surtout avec l’inventeur qui ne puise guère qu’une noble émulation et un encouragement dans la contemplation des chefs-d’œuvre offerts à ses regards.

904. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Herbert Spencer — Chapitre I : La loi d’évolution »

De nos jours, dit-il, le consensus entre les sciences est devenu tel, qu’il n’y a guère de découverte considérable dans un ordre de faits, qui ne conduise bientôt à des découvertes importantes dans les autres. […] Quoiqu’il n’y paraisse guère, la recherche intrépide tend sans cesse à donner une base plus ferme à toute vraie religion.

905. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. Tome IXe. » pp. 138-158

Profitant de la paix forcée de l’Europe, assuré de l’alliance de la Russie et certain d’acheter sa connivence à l’Occident moyennant un appât du côté de la Turquie, Napoléon conçoit à un moment l’idée de mettre la main sur le trône d’Espagne, d’en précipiter un roi imbécile, une reine dissolue, et de déshériter leur fils qui, au fond, ne valait guère mieux, mais à qui l’on n’avait à reprocher alors que de ne pouvoir vivre en intelligence avec ses tristes parents et avec leur scandaleux favori, le prince de la Paix. […] Napoléon lui-même ne s’était guère donné le loisir de bien comprendre cette nature universelle de Goethe ; il voyait toujours en lui l’auteur de Werther, c’est-à-dire ce que Goethe avait été à un instant de sa jeunesse et ce qu’il n’était plus.

906. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires et correspondance de Mallet du Pan, recueillis et mis en ordre par M. A. Sayous. (2 vol. in-8º, Amyot et Cherbuliez, 1851.) — I. » pp. 471-493

Sayous, un autre parrain littéraire que Linguet ; mais on ne choisit guère plus son parrain que ses parents, et on entre dans le monde, et même dans le monde littéraire, comme on peut. […] Mais la société française à cette date, emportée tout entière par une fièvre de régénération universelle, était loin de cet esprit d’application et de médication modérée qu’elle ne connut guère jamais.

907. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le Brun-Pindare. » pp. 145-167

Or, chez les modernes, à part de très rares circonstances, une telle réunion de sentiments, un tel accord sympathique n’a guère lieu que dans le genre de la chanson, à table et au dessert. […] j’y vois peu ; l’Amour qui n’y voit guère Veut me guider.

908. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Monsieur Michaud, de l’Académie française. » pp. 20-40

Il est de ceux qui n’auraient pas songé à être royalistes, si l’on n’avait pas immolé Louis XVI et la reine, de même qu’il n’eût guère songé à se dire catholique, si l’on n’avait pris les biens du clergé et persécuté les prêtres. […] La jeune Quotidienne ne commence guère qu’à partir de 1822 avec MM. 

909. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le cardinal de Richelieu. Ses Lettres, instructions et papiers d’État. Publiés dans la Collection des documents historiques, par M. Avenel. — Premier volume, 1853. — I. » pp. 224-245

La ville de Luçon n’était guère qu’un bourg, dont les habitants pauvres étaient accablés de taxes : il écrit pour obtenir qu’ils en soient un peu déchargés. […] Nous montrant la reine Marie de Médicis forcée alors de quitter le Louvre, accompagnée de tous ses domestiques qui portaient la tristesse peinte en leur visage : « Il n’y avait guère personne, se plaît-il à faire observer, qui eût si peu de sentiment des choses humaines, que la face de cette pompe quasi funèbre n’émût à compassion. » Et parlant de l’odieux et barbare traitement infligé à la maréchale d’Ancre et de son supplice, quand elle fut condamnée comme sorcière à avoir la tête tranchée sur l’échafaud, et ensuite le corps et la tête brûlés et réduits en cendres, il a des paroles d’une haute pitié : Sortant de sa prison et voyant une grande multitude de peuple qui était amassé pour la voir passer : « Que de personnes, dit-elle, sont assemblées pour voir passer une pauvre affligée ! 

910. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Monsieur Arnault, de l’Institut. » pp. 496-517

Aussi Cazalès n’obtenait-il guère en société qu’une faveur de souvenir… Les portraits qu’Arnault a donnés des personnages de sa connaissance, et qu’il s’est amusé à tracer dans les années de sa vieillesse, sont animés de ces traits heureux et vraiment spirituels, qui sortent tout à fait du commun. […] disent-ils, il ne se souvient guère         De notre ancienne égalité ;         Enflé de sa prospérité, A-t-il donc oublié que les arbres sont frères ?

911. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Ivan Tourguénef »

Mes parents s’occupent et ne songent pas à leur néant, il ne les dégoûte pas, il ne leur pue pas au nez : tandis que moi je ne puis ressentir que de la haine. » Quand un homme s’abandonne à ces pensées, destructives de toute activité, il n’est plus guère bon à devenir un médecin de campagne, à peiner tranquillement dans un coin de la terre, à édifier quelque belle existence utile. […] Ils sont de véritables recueils de vies humaines, ne défendent guère de thèse, ne généralisent ni ne déforment en vue de quelque effet esthétique supérieur, et à part le choix qu’ils font dans notre espèce, d’êtres particulièrement retors, compliqués et nuancés, n’ont d’autre but et d’intérêt que de donner à deviner quelqu’une de ces variables créatures aussi complètement et aussi artistement que cela se peut.

912. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Innocent III et ses contemporains »

Voici les paroles que nous trouvons dans l’introduction dont Saint-Chéron a fait précéder sa traduction de l’Histoire d’Innocent III : « Recevons le beau tableau historique de Hurter comme un témoignage du bien immense qu’un souverain pontife a pu accomplir dans un siècle reculé, mais encore du bien que l’institution, reconnue comme nécessaire aux intérêts les plus élevés du genre humain, pourra faire dans les siècles à venir où il se rencontrera un Grégoire, un Innocent, au milieu des hommes ramenés par une pénible et douloureuse expérience, aux vrais principes sociaux. » Comme on le voit, s’il n’est guère possible d’être plus lourd, il n’est guère possible d’être plus clair.

913. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « X. Ernest Renan »

Renan n’est guère bonne que pour des mandarins et des savants, et il en convient de bonne grâce. […] Sans conclusion ferme et qui satisfasse même l’auteur, ces Études d’histoire religieuse ne sont guère qu’une collection glacée de huit à dix blasphèmes qui forment un symbole d’insolences !

914. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Ernest Hello » pp. 207-235

De cela seul qu’il est plus chrétien qu’eux, l’auteur de l’Homme est, d’emblée, et par le fond même des choses, supérieur à ces trois moralistes au cœur sec, qui regardent la société du haut de leur moi, et qui n’en ont guères peint que les surfaces. […] Et, d’un autre côté, il y a tant d’ineffables mystères dans la surnaturalité des Saints, qu’il n’est guères possible d’en parler longtemps avec cette manière surprenante et profonde qui fait voir, dans une clarté si soudaine, ce que personne n’avait jusque-là encore vu !

915. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XIX » pp. 76-83

Ils ne sont guère bons ; de tels sujets sont difficiles.

916. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Bossuet. Œuvres complètes publiées d’après les imprimés et les manuscrits originaux, par M. Lachat. (suite et fin) »

Il n’en parlait guère en cet endroit que d’après le timide Dussault.

917. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « [Addenda] »

Il y a une règle assez générale qui ne trompe guère, c’est qu’il ne faut pas que ces prétendues découvertes qui se font dans le champ de l’inédit arrivent trop à point nommé et à souhait.

918. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Sur l’École française d’Athènes »

Dans notre siècle positif, et avec nos habitudes, si excellentes d’ailleurs, de bon ordre administratif et de contrôle constitutionnel, on n’est guère disposé à rien essayer, à rien proposer qu’après des espèces de plans et de devis parfaitement rigoureux en apparence, et que la pratique ne laisse pas de déjouer souvent.

919. (1874) Premiers lundis. Tome I « A. de Lamartine : Réception à l’Académie Française »

Si par malheur vous comprenez peu et que vous n’aimiez guère la poésie ; si vous n’avez pas reçu de la nature le sens délicat de la mélodie, le goût exquis du chant, et que vous vous trouviez embarrassé pour apprécier directement le mérite d’un poète, écoutez-le une demi-heure parler en prose ; et si sa prose est molle, vide d’idées, sans éclat, sa poésie court grand risque d’être elle-même pauvre, pâle et chétive ; osez-le ranger impitoyablement parmi les versificateurs.

920. (1874) Premiers lundis. Tome I « Vie, poésies et pensées de Joseph Delorme. Deuxième édition. »

Mais ce pauvre diable de Joseph Delorme n’avait pas le choix des douleurs : ces nobles doléances ne lui allaient guère ; il n’aimait pas une dame polonaise, comme Adolphe ; il n’était pas pair du royaume, comme Byron ; il n’avait pas de château, d’aïeux en Bretagne comme René ; Werther était bien autrement philosophe que lui, bien plus avant que lui, plongé dans le sein de l’être et de la nature.

921. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Préface »

. — Demander l’avis du propriétaire, soumettre au peuple français les plans de sa future habitation, c’était trop visiblement parade ou duperie : en pareil cas, la question fait toujours la réponse, et d’ailleurs, cette réponse eût-elle été libre, la France n’était guère plus en état que moi de la donner : dix millions d’ignorances ne font pas un savoir.

922. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre VI. De l’emploi des figures et de la condition qui les rend légitimes : la nécessité »

Mais l’homme qui écrit par besoin, pour défendre ce qu’il croit ou ce qu’il aime, pour réaliser un idéal d’art, ou même pour satisfaire son ambition, son égoïsme ou ses vices, ne songe qu’à parler juste, et qu’à trouver les mots qui rendent sa pensée et l’approchent de son but : celui-là est aussi éloigné de concerter ses figures que l’homme du peuple, qui, en jurant, ne pense guère à faire une imprécation.

923. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Introduction. Origines de la littérature française — 1. Éléments et développement de la langue. »

Création spontanée du peuple, elle est à son image et pour son besoin : langue de la vie quotidienne, de l’usage pratique et de la sensation physique, langue de rudes soldats, de forts paysans, qui ont peu d’idées et ne raisonnent guère.

924. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « George Sand. »

Elle épanchait ses récits, d’un flot régulier, comme une source inépuisable  mais presque sans plan ni dessein, ne sachant guère mieux où elle allait qu’une large fontaine dans les grands bois.

925. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Pronostics pour l’année 1887. »

Et le théâtre   On nous annonce Francine, l’œuvre d’un jeune, si jeune qu’on ne peut guère deviner ce qu’il nous réserve, celui-là.

926. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « La Tolérance »

La forme du gouvernement n’est plus guère contestée ; un pape intelligent a interdit qu’elle le fût des catholiques eux-mêmes.

927. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XII. Ambassade de Jean prisonnier vers Jésus  Mort de Jean  Rapports de son école avec celle de Jésus. »

» Jésus, qui dès lors n’hésitait plus guère sur son propre rôle de messie, leur énuméra les œuvres qui devaient caractériser la venue du royaume de Dieu, la guérison des malades, la bonne nouvelle du salut prochain annoncée aux pauvres.

928. (1898) Inutilité de la calomnie (La Plume) pp. 625-627

Rousseau et Rimbaud prennent de l’importance, tandis que M. de Saint-Pierre obtient attention de quelques esprits. » À cette époque, néanmoins, je ne pouvais guère que prévoir l’excès de sensibilité dont souffre aujourd’hui la littérature.

929. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre VI. Conclusions » pp. 232-240

« Bien que, dans notre siècle, les livres ne soient guère que des objets de distraction, de pures superfluités, où l’agréable, ce bouffon suranné, oublie innocemment son confrère l’utile, il me semble que si je me trouvais chargé, pour une production quelconque, du difficile métier de critique, au moment où je poserais le livre pour prendre la plume, la figure vénérable de Goethe m’apparaîtrait avec sa dignité homérique et son antique bonhomie.

930. (1761) Salon de 1761 « Récapitulation » pp. 165-170

On ne peint guère en Italie.

931. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « III »

On ne risque guère davantage d’y mettre le pire : il a ses partisans. » Evidemment, c’est une boutade et La Bruyère savait à quoi s’en tenir, autant que Pascal, qui, « réglant sa montre » et se « moquant de ceux qui demandent l’heure », parle à chaque instant de « ceux qui s’y connaissent et qui ont le bon goût ».‌

932. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « XV »

« Il s’agit tout le temps, dit-il, d’orages, de ruines qui croulent, de parvis, de feuilles sèches, que disperse le vent de la mort ; de la colombe qui construit son nid solitaire (pour dire le célibat) ; de volcans à peine fermés (pour dire les passions apaisées) ; du forum, pour dire, comme les avocats, la vie publique ; de l’ange de la destinée, de la lampe de la foi, de la coupe de miel offerte aux lèvres pures (pour dire une vie heureuse, bien qu’on ne mette guère maintenant du miel dans les coupes) ; des anneaux rattachés de la chaîne brisée ; du fait de la richesse, du règne de la vérité qui s’annonce à l’horizon ; du volcan, de l’éternel volcan qui vomit par ses mille cratères de la fange et de la lave, et enfin du bouclier, pour dire : le sentiment qui défend son cœur !

933. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Alaux. La Religion progressive » pp. 391-400

Mais une religion qui progresse me semble tout aussi étonnante qu’un temple qui se promènerait… Cela ne se voit guères, n’est-il pas vrai ?

934. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Léon Bloy »

Je ne vois guères que l’auteur des Pensées pour avoir sur ce grand sujet, oublié par Bossuet, cette aperception suraiguë dans le regard, cette force dans la conception d’un ensemble, cette profondeur d’interprétation et cette majesté de langage, aux saveurs bibliques.

935. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Les nièces de Mazarin et son dernier petit-neveu le duc de Nivernais. Les Nièces de Mazarin, études de mœurs et de caractères au xviie  siècle, par Amédée Renée, 2e éd. revue et augmentée de documents inédits. Paris, Firmin Didot, 1856. » pp. 376-411

Dans une lettre intime à sa sœur la margrave de Baireuth, du 21 février 1756, il dit en parlant des négociations très délicates et épineuses où il était plongé en ce moment : « Le duc de Nivernais vient aujourd’hui ici ; si je pouvais jouir de l’homme aimable, j’en serais charmé ; mais jusqu’à présent je n’ai vu que l’ambassadeur. » L’ambassadeur ne réussit pas, mais tout autre n’eût guère mieux réussi en cette conjoncture. […] Suit une description claire et détaillée, à commencer par le parti du roi, qui n’est guère composé, dans sa totalité, que du roi lui-même et de son ministre très impopulaire, lord Bute, auxquels encore on peut joindre le duc de Bedfort, plénipotentiaire à Paris, Eux seuls peut-être veulent réellement la paix ; le reste du ministère la veut aussi, mais faiblement. […] Vous pouvez compter que votre cousin (le duc de Choiseul) et vous, vous passez à Londres pour les deux plus grands ministres qu’il y ait jamais eu, et il ne s’en faut guère qu’on ne me joigne à vous deux.

936. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME GUIZOT (NEE PAULINE DE MEULAN) » pp. 214-248

Un mot, par exemple, qu’on ne dit plus guère jamais, et sur lequel pourtant vivaient autrefois les moralistes, les satiriques et les comiques, est celui de sot : c’est qu’on n’est plus très-sensible à ce défaut-là ; et la sottise, un peu de sottise, si elle se joint à quelque talent, devient plutôt un instrument de succès. […] Elle dit de Mme Des Houlières : « Ses idylles n’ont peut-être d’autre défaut que de vouloir absolument être des idylles… Elle a mis de l’esprit partout et des fleurs où elle a pu. » — « Le talent de Mme Cottin ne permet guère de le juger, dit-elle, que lorsque les émotions qu’elle a fait naître sont passées, et ces émotions durent longtemps. » Elle dit du style de Mme de Genlis qu’il est toujours bien et jamais mieux 97. […] Elle n’avait guère jamais voyagé, à part quelque tournée en Languedoc et dans le Midi, où M.

937. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre II. La poésie lyrique » pp. 81-134

Nous ne les considérons guère que comme un simple artifice de typographie. […] Mlle Nicolette Hennique a une vision très particulière de la mythologie, elle ne s’embarrasse guère ni des noms, ni des rites, — elle n’hésite guère devant le néologisme ou l’archaïsme et pourtant elle a su créer des poèmes étranges, agaçants d’abord, mais dont on ne saurait nier le charme.

938. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Victor Hugo. Les Contemplations. — La Légende des siècles. »

En restant dans le monde des esprits passablement organisés, il n’y a guère que M.  […] Hugo encore ; — pour le coup, caractérisant très bien son genre de travail, — nous avons trouvé un poète que nous n’attendions guère, un poète vivant quand nous pensions trouver un poète mort ! […] Le nouveau Dante n’a guère vu que l’enfer du passé dans l’histoire, mais d’y avoir regardé, fût-ce dans sa partie la plus sanglante, la plus confuse et la plus sombre, a été un bénéfice net pour son génie, peu fait pour le vague des passions modernes, les nuances des âmes délicates ou morbides et les espérances mystico-scientifiques des vieilles civilisations.

939. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre I. Du comique en général »

Un drame, même quand il nous peint des passions ou des vices qui portent un nom, les incorpore si bien au personnage que leurs noms s’oublient, que leurs caractères généraux s’effacent, et que nous ne pensons plus du tout à eux, mais à la personne qui les absorbe ; c’est pourquoi le titre d’un drame ne peut guère être qu’un nom propre. […] Ainsi posée, la question n’a guère pu être résolue qu’arbitrairement. […] On pourrait dire qu’elle nous livre la quintessence même du pédantisme, lequel n’est guère autre chose, au fond, que l’art prétendant en remontrer à la nature.

940. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre II. Le comique de situation et le comique de mots »

La vérité est que cette seconde définition ne vaudrait guère mieux que la première. […] Ce n’est guère qu’un jeu, subordonné, comme tous les jeux, à une convention d’abord acceptée. […] Et ceci ne peut guère arriver que lorsque la phrase renferme une absurdité manifeste, soit une erreur grossière, soit surtout une contradiction dans les termes.

941. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Deuxième série

Le jaloux individualisme est si près d’être absolu que même le mot « d’opinion régnante » qui était bien anodin, n’a plus guère de sens. […] Il me semble avoir pratiqué les philosophes du xviiie  siècle, et n’avoir guère été plus loin. […] Il ne connaît guère ses prédécesseurs, qui sont Thomas Morus, à d’autres points de vue les Hussites, à d’autres égards encore Diderot et Rousseau. […] Son système religieux n’est guère qu’un souhait, une aspiration. […] A mesure qu’on connaît mieux la nature, on s’aperçoit que ce ne peut guère être une règle de conduite humaine que de l’imiter.

942. (1912) Chateaubriand pp. 1-344

Un homme qui a vu tant de choses, qui a demeuré chez les sauvages, ne s’étonne plus guère. […] Mais on ne le sait guère. […] Mais en sept ans, pour un pareil passionné de la plume, ce n’est guère (je ne dis pas comme qualité). […] Nous avons vu qu’on ne connaissait plus guère les Bourbons. […] Car on ne lit plus guère Émile ni l’Héloïse.

943. (1902) La politique comparée de Montesquieu, Rousseau et Voltaire

Il n’y avait guère, sous l’ancien Régime, qu’une chose qui fût libre, c’était l’enseignement ; le nouveau Régime a jugé que cette exception était une anomalie et que l’enseignement devait être chose d’Etat comme tout le reste. […] Le factum à tendances soit anarchiques, soit collectivistes se termine par des conclusions qui ne sont guère qu’une protestation contre l’organisation politique de l’ancien Régime. […] La Bulle, bien entendu, qui n’était guère comprise de personne, n’était que le signe où l’on se reconnaissait pour être d’un camp ou de l’autre. […] Par leurs discussions, leurs objections, leurs commentaires qu’il faut réfuter, ils forcent à la lire les catholiques, qui depuis longtemps ne la lisaient guère. […] Vous ne sortez guère de votre couvent que pour être promise à un inconnu qui vient vous épier à la grille ; quel qu’il soit, vous le regardez comme un libérateur, et fût-ce un singe, vous vous croyez trop heureuse ; vous vous donnez à lui sans le connaître, vous vivez avec lui sans l’aimer et bientôt après les deux parties se repentent.

944. (1853) Portraits littéraires. Tome II (3e éd.) pp. 59-300

Louis de Rohan n’est guère traité avec plus de justice. […] Aussi cette seconde partie n’est guère plus utile que la première. […] Si querelleur que soit Latréaumont, il n’est guère probable qu’il aille jouer sa vie pour lire trois lignes de la Gazette de Hollande. […] Sur ce dernier point, nous sommes absolument de l’avis de M. de Chateaubriand ; mais nous ne comprenons guère pourquoi ce précepte souverain se trouve encadré entre Shakespeare et Michel-Ange. […] Les héros de Sophocle n’expriment guère qu’un sentiment unique ; il est rare qu’ils offrent au spectateur la succession ou le combat de sentiments contraires.

945. (1836) Portraits littéraires. Tome II pp. 1-523

Il ne s’est guère inquiété de cette condition. […] mais les deux mille vers que nous avons entendus n’embrassent guère en apparence plus de quinze jours. […] On ne comprend guère comment Beaumarchais joue un rôle au couvent de Saint-Just. […] Je ne connais guère que des coureuses d’aventures capables d’une pareille folie. […] Il ne s’inquiétait guère de savoir si M. 

946. (1913) Poètes et critiques

Mais ceux qui s’indignent de ce qu’il a écrit là, et qui prennent certains mots au pied de la lettre, ne connaissent guère le tour d’esprit mystificateur de Richepin : c’est une de ses facéties ; il en a commis de pires, et de meilleures. […] Si les habitués des lectures populaires s’intéressent à la lecture de Macbeth, on ne peut guère douter qu’ils ne soient en état d’écouter avec attention et de goûter, lorsqu’on les leur lira dans une traduction faite pour eux, des scènes bien choisies de l’Iliade. […] Produisant des raisons qu’un fanatique de Calvin, de Rabelais ou de Ronsard trouverait peut-être forcées, mais qu’il n’était guère possible d’exposer plus ingénieusement, il déclara qu’il préférait « le fier, subtil et savant moyen âge ». […] Je ne connais guère de livre de voyage plus attrayant et, par places, plus révélateur. […] Quelques pièces de cette Bonne Chanson semblent venir d’un peu trop loin ou n’avoir guère pour objet que d’étoffer un trop mince recueil.

947. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le cardinal de Bernis. (Fin.) » pp. 44-66

Vous me souhaitez des indigestions ; cela n’est guère possible aujourd’hui ; il y a douze ans que je suis fort sobre ; mais j’ai une humeur goutteuse dans le corps, qui n’est pas encore bien fixée aux extrémités, et qui pourrait bien m’obliger d’aller consulter l’oracle de Genève (le docteur Tronchin). […] [NdA] Un témoignage qu’il faut joindre à ceux du président Dupaty, de Mme de Genlis et de tous les voyageurs, au sujet de l’état que tenait à Rome le cardinal de Bernis, c’est le passage des Lettres écrites de Suisse, d’Italie, etc., en 1776, 1777 et 1778, et adressées à Mlle Phelipon par Roland, le futur ministre Girondin ; il est sous le charme comme tous les autres, et même il les surpasse encore par son expression presque enthousiaste ; il vient de parler des tables et des bonnes maisons de Rome, il ajoute : Mais il n’y a guère que la table du ministre de France qui donne l’idée des possibles.

948. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — III. (Fin.) » pp. 371-393

Bonaparte, depuis qu’il était empereur, ne voyait guère Roederer sans lui demander : « Comment va la métaphysique ?  […] La bonhomie et la bonté ne sont guère refusées à Louis XII ; Roederer s’attache à revendiquer de plus pour ce prince l’habileté.

949. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) «  Essais, lettres et pensées de Mme  de Tracy  » pp. 189-209

Cela ne m’amuse guère… Mme de Coigny tâche de m’inspirer son goût pour Mockranowski, son admiration pour Radzivill, sa passion pour Braniki et tant de ki, toujours vaincus, toujours si malheureux, désolés, perdus, ruinés… » Elle ne peut s’empêcher (c’est bien l’image de la jeunesse) de se consoler de sa lecture en dansant toute seule sur les airs du bal d’en face qu’elle entend. […] j’aperçus vingt petites têtes et vingt petits corps rangés avec la plus parfaite symétrie dans ce petit réduit qui n’était guère plus grand que le creux de la main.

950. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « François Villon, sa vie et ses œuvres, par M. Antoine Campaux » pp. 279-302

Il paraît qu’il ne demeura guère à Angers, et que, revenu vers décembre 1457 dans les environs de Paris, il se serait porté, avec une demi-douzaine de ses compagnons, à quelque attentat hardi dont on ignore la nature précise, mais qui n’était guère moins qu’un vol à main armée sur un grand chemin.

951. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Œuvres de Louise Labé, la Belle Cordière. »

tu es trop mère pour parler convenablement dans ta propre cause. » — Vénus choisit Apollon, « encore que l’on ait semé par le monde, dit-elle, que la maison d’Apollon et la mienne ne s’accordaient guère bien. » Diane, en effet, et les Muses sont les vierges par excellence. […] Louise Labé ne passa guère quarante ans ; on ne sait pas exactement la date de sa mort, on n’a que celle de son testament (28 avril 1565).

952. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite.) »

… Reconnaissons-le de bonne foi, ajoutait-il d’un air de renoncement vraiment comique et avec plus de pesanteur encore que de malice, reconnaissons-le sans honte et sans confusion, sa peinture n’est que médiocre et ne possède guère que des qualités négatives. » Puis, évoquant, selon son habitude, les plus grandes œuvres de la peinture, les toiles les plus diverses consacrées par l’admiration, l’oracle tout bouffi déclarait ne trouver que là sa haute satisfaction et sa joie. […] Horace Vernet n’avait qu’un langage et qu’une manière, et il n’était guère libre d’en changer.

953. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Don Carlos et Philippe II par M. Gachard Don Carlos et Philippe II par M. Charles de Mouy »

Il n’y a plus guère moyen de mentir ; il n’y a plus moyen surtout d’inventer en l’air et de rêver. […] Son grand-père fut obligé de lui dire : « Tu l’auras quand je serai mort. » On rapporte cet autre mot très-probable du vieil empereur à la reine Éléonore : « Il me semble qu’il est très-turbulent ; ses manières et son humeur ne me plaisent guère ; je ne sais ce qu’il pourra devenir un jour. » Son gouverneur, don Garcia de Tolède, dans une lettre à l’empereur où il rend compte du régime et de l’éducation du prince, le montre en bonne santé à cet âge, « quoique n’ayant pas bonne couleur », peu avancé dans ses études, s’y livrant de mauvaise grâce ainsi qu’aux exercices du corps qui forment le cavalier et le gentilhomme, ne faisant rien en aucun genre que par l’appât d’une récompense, et en tout « très évaporé. » On insista beaucoup auprès de Charles-Quint, retiré à Yuste, pour qu’il y laissât venir quelque temps le jeune prince ; on espérait que l’autorité de l’aïeul aurait quelque influence sur lui pour le réformer et l’exciter.

954. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Anthologie grecque traduite pour la première fois en français et de la question des Anciens et des Modernes »

L’épigramme, pour eux, était une petite pièce qui ne passait guère huit ou dix vers, et qui allait rarement au-delà, d’ordinaire en vers hexamètres et pentamètres ; c’était une inscription3 soit tumulaire, soit triomphale, soit votive ou descriptive ; une peinture pastorale trop courte pour faire une idylle, une déclaration ou une plainte amoureuse trop peu développée pour faire une élégie. […] Les habiles critiques qui ont étudié et éclairé ses œuvres ont remarqué combien, en cela, il fut peu favorisé du sort, combien sa faculté poétique ne rencontra guère que de chétives occasions, et ils ont répondu pour lui, et à sa décharge, en alléguant l’exemple de Martial, à qui l’on demandait, sur des riens, des épigrammes pleines de feu : « Tu me demandes, ô Cæcilianus, des épigrammes toutes piquantes et toutes vives, et tu ne m’offres que des thèmes froids et morts.

955. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Madame Roland, ses lettres à Buzot. Ses Mémoires. »

Voici donc ce qu’il a écrit sur Mme Roland, et qu’on ne s’aviserait guère d’aller chercher dans ses Mémoires d’un touriste (1838). […] Après Mme Roland, l’histoire ne pourra guère nommer que Mme de La Valette et Mme la duchesse de Berry. » Beyle s’amuse ; il pirouette, il fait le léger et un peu l’insolent, comme c’est son plaisir : mais il a recueilli un souffle vivant, une voix de plus, une impression enthousiaste sur Mme Roland, et c’est pourquoi je l’ai introduit.

956. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite.) »

Ce sera presque toujours ainsi avec lui : il a besoin d’être écouté, et sur la fin on ne l’écoutera pas assez, et lui-même il ne prendra plus guère la peine de s’ouvrir et de s’expliquer. […] Le duc de Savoie était surpris à son tour et au dépourvu ; Catinat, vif et joyeux comme il ne l’était guère volontiers que les jours d’action.

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