La Bruyère Vers 1687, année où parut le livre des Caractères, le siècle de Louis XIV arrivait à ce qu’on peut appeler sa troisième période ; les grandes œuvres qui avaient illustré son début et sa plus brillante moitié étaient accomplies ; les grands auteurs vivaient encore la plupart, mais se reposaient. […] — En politique, il a de simples traits qui percent les époques et nous arrivent comme des flèches : « Ne penser qu’à soi et au présent, source d’erreur en politique. » Il est principalement un point sur lequel les écrivains de notre temps ne sauraient trop méditer La Bruyère, et sinon l’imiter, du moins l’honorer et l’envier. […] Par malheur on arrive à le goûter et on ne le découvre, pour ainsi dire, que lorsqu’on est déjà soi-même au retour, plus capable de voir le mal que de faire le bien, et ayant déjà épuisé à faux bien des ardeurs et des entreprises.
. — Pour moi, à trente ans de distance, je me rappelle trait pour trait l’aspect du théâtre où l’on me conduisit pour la première fois ; des troisièmes loges, la salle me semblait un puits monstrueux, tout rouge et flamboyant, avec un fourmillement de têtes ; tout en bas, vers la droite, sur un étroit plancher uni, deux hommes et une femme entraient, sortaient, rentraient, faisaient des gestes, et me semblaient des nains remuants ; à mon grand étonnement, un de ces nains se mit à genoux, baisa la main de la dame, puis se cacha derrière un paravent ; l’autre, qui arrivait, sembla fâché et leva les bras. […] V On arrive ainsi à concevoir par une vue d’ensemble l’histoire des images et partant celle des idées dans un esprit humain. […] Après un peu de temps, il se rappela qu’il s’était frappé la tête contre une pierre, mais ne put se rappeler comment cela lui était arrivé.
Le marin qui nous raconte les dangers qu’il a courus dans sa navigation a plutôt en vue de nous faire admirer ses talents et sa prudence, que les faveurs dont il est redevable à sa bonne fortune ; et souvent, il lui arrive d’exagérer ses périls pour augmenter notre admiration : de même les médecins ne manquent guère à présenter la situation de leur malade comme beaucoup plus alarmante qu’elle ne l’est en effet, afin que, s’il vient à mourir, ce malheur soit plutôt attribué à la force de la maladie qu’à leur défaut d’habileté ; et que s’il en réchappe, le mérite de la cure paraisse encore plus grand. […] Et tant que vous serez pénétré de ces principes, il ne vous sera pas difficile de rendre à votre famille et à votre patrie des services importants ; au contraire, vous pouvez devenir le lien heureux qui attachera plus étroitement cette ville à l’Église et votre famille à cet État ; et, quoiqu’il soit impossible de prévoir quels événements peuvent arriver un jour, je ne doute point que cela ne se puisse faire avec un égal avantage pour tous, observant néanmoins que vous devez toujours préférer les intérêts de l’Église. […] La dignité de cardinal n’offre pas moins de tranquillité que de grandeur, d’où il arrive que l’on se livre à une sorte de négligence ; on croit avoir tout fait quand on s’est élevé à ce poste éminent et que l’on n’a plus rien à faire pour s’y maintenir, opinion aussi funeste à la vertu qu’à la véritable grandeur, et dont vous devez avoir grand soin de vous garantir ; sur ce point, il vaut mieux pécher par trop de défiance que de tomber dans l’excès contraire.
Ainsi nous fera-t-il convenir que l’incroyable est arrivé, devait arriver, et que notre conception de possibilités naturelles implique ce qu’en son nom nous voulions d’abord repousser. […] Boileau y arriva par la distinction des genres.
Arrivés là, quelques lecteurs inquiets s’arrêteront pour se demander si nous ne sommes pas en train de les mystifier. […] C’est que toute manifestation d’art arrive fatalement à s’appauvrir, à s’épuiser ; alors, de copie en copie, d’imitation en imitation, ce qui fut plein de sève et de fraîcheur se dessèche et se recroqueville ; ce qui fut le neuf et le spontané devient le poncif et le lieu-commun. […] Wilhelm Tenint établit que le vers alexandrin admet douze combinaisons différentes, en partant du vers qui a sa césure après la première syllabe, pour arriver au vers qui a sa césure après la onzième syllabe.
L’esprit français, ébloui et charmé à la vue de l’antiquité, croyait renaître et comme sortir des limbes ; il ne renaissait pas, il arrivait lui-même à sa maturité et s’il se reconnaissait dans l’esprit antique, c’est parce qu’il devenait à son tour l’esprit humain. […] Les passions étudiées, analysées, et décrites dans le détail le plus rigoureux, avec le dessein de les mieux signaler à la conscience qui doit les combattre et les régler ; la vérité philosophique subordonnée à la vérité morale ; la connaissance pour arriver au devoir tel est le fonds de l’esprit français. […] Elle flatte également deux dispositions contraires, soit l’extrême impatience, qui ne peut pas s’accorder de la lenteur de l’ordre logique, soit l’extrême paresse, qui ne veut pas aller droit aux choses, et qui se plaît aux détours, comme la menant au but du pas qu’elle y veut arriver.
J’avois porté l’ennui d’aimer sans être aimé J’avois, sans recueillir, pour un autre semé ; J’avois souffert la mort qu’on sent pour une absence J’avois au désespoir fait longtemps résistance J’avois senti le mal qui vient d’être privé Du grand consentement dès qu’il est arrivé. […] Comme il arrive à tous les jeunes gens, Bertaut imitait le poëte le plus à la mode et le plus près de lui. […] S’il faut en croire Racan, il lui arriva, dans une rencontre, de pousser Sully si vivement l’espace de deux ou trois lieues, que celui-ci en garda toujours du dépit et que ce fut la cause de la situation médiocre de Malherbe à la cour de Henri IV.
Quand les langues sont arrivées à leur perfection dans des ouvrages marqués de toutes les qualités de l’esprit humain, personnifié lui-même dans l’esprit d’une grande nation, la plupart des écrivains secondaires ne font guère que ramasser ce que les écrivains supérieurs ont omis comme superflu. […] Aussi Montaigne appelle-t-il le latin et le grec au secours de l’écrivain : « Et que le gascon y arrive, ajoute-t-il, si le françois n’y peut aller. » C’est la théorie de Ronsard. […] Il arrive souvent que la curiosité vient distraire et le doute tenter par ses complaisances un esprit enclin à se fixer et à croire, plus ferme qu’étendu, plus porté à affirmer qu’à douter, qui affirme avec autorité, mais qui doute sans grâce.
Passons, sans nous arrêter sur les sophistes, Socrate, Platon et Aristote, et arrivons au demi-scepticisme de la nouvelle Académie qui fournit à M. […] Il est pressé d’arriver aux modernes. […] Doué d’une grande puissance oratoire, flattant les préjugés et les passions de la majorité, tenté, comme le sont la plupart des orateurs, de tout sacrifier à l’effet, et incapable, soit par incapacité native, soit par les défauts de son éducation, d’arriver à quelque connaissance claire et approfondie, Victor Cousin, par ses qualités et ses défauts, s’éleva à une hauteur regrettable parce qu’elle éclipsa les efforts de plus nobles esprits.
Il arrive ainsi que des hommes d’un groupe déterminé acceptent, sous le couvert et sous le commandement de l’idée générale, un ensemble d’attitudes et de manières d’être différentes de celles que leur eût suggérées leur hérédité sociale, et dont ils eussent souffert impatiemment qu’on leur imposât directement l’obligation. […] Si d’autre part on observe, qu’à quelque moment de l’histoire et par une suite de lentes transformations, il arrive toujours que la croyance ancienne s’efface et disparaisse, on constate que la collectivité nouvelle, qui a dépouillé cette croyance, continue pourtant à être régie par elle, parce que cette croyance s’est survécu à elle-même dans la coutume et dans la loi où elle s’est durcie. […] Il est arrivé ceci : les prohibitions, les règles et les contraintes qui se sont perpétuées dans le dogme et, dans la loi, n’étaient pour les hommes animés de la croyance ancienne, que des attitudes d’utilité raisonnées, Mais leur importance et leur utilité même eurent bientôt transformé ces attitudes naturelles en dogmes, dont la généalogie utilitaire peu à peu fut perdue.
Un jour, où il m’emmenait dîner chez lui, subitement épris de sa femme, je grisai si bien la timidité de mes quinze ans, qu’à un moment où je la pressais trop fortement du genou, elle retira sa jambe ; et je tombai à la renverse, dans la presque impossibilité de me relever, tandis que le mari me disait simplement : « Si vous n’aviez pas allongé la jambe, ça ne serait pas arrivé ! […] Il est arrivé à ne distinguer que difficilement les poids avec lesquels il fait de la gymnastique, à ne reconnaître qu’avec un effort, les gros des moyens, les moyens des petits. […] * * * Le jour arrive à cette heure sur sa figure, dessine les creux et les ombres des yeux et de la bouche, le décharnement presque instantané, me montrant, dans sa chair aimée, la sculpture rigide de la mort.
La mariée de son roman court à l’adultère en amazone, comme dans tous les romans de ce temps, qui n’a qu’une note, comme la musique russe, mais avec un résultat bien différent… Seulement, l’auteur du Mariage dans le monde, qui n’a pas le tempérament de Dumas, ne permet point qu’il y arrive… à fond ; car, pour un moraliste plus râblé que cette badine de Feuillet, l’adultère, dans le livre, est fortement commencé. […] — mais assez joli pour le fils d’une maman pareille (je parle du talent bien entendu), et arrivé à l’Académie où il est encore un des plus élégants de l’endroit, Octave Feuillet, qui aurait pu donner, avant qu’il fût inventé, une idée du vélocipède, a filé jusque-là, tranquillement et sans rien accrocher, sur les roulettes de la Fortune, et il continue de filer comme il a commencé. […] Mais le plus à fond n’arrive pas, et il n’y a jamais, du reste, avec Feuillet, de coup à porter… Cependant, ne vous y trompez pas !
Il pourrait alors leur arriver, à eux aussi, de durer, même quand la mode du naturalisme aura passé. […] Elle a précédé tout système, et aucun système, si faux qu’il puisse être, n’arrive jamais à la gâter entièrement. […] J’arrive au second caractère de l’esthétique naturaliste, à sa préférence marquée pour les personnages populaires ; il serait plus juste de dire pour les ouvriers et ouvrières de nos ateliers parisiens : car en fait de peuple on ne nous a guère montré jusqu’ici que cela.
Il arrivait avec ce bagage précieux, spécieux, captieux ! […] J’ai cru d’abord à de la farce macabre, à une fumisterie froide… Je pensai tôt et très tôt après, et je m’y tiens après vingt-quatre ans, plutôt à un détraquement partiel et passager, comme il arrive le plus souvent à ces exceptionnelles natures. […] » Quelques bonnes âmes allèrent jusqu’à « croire que c’était arrivé », et il y eut même des critiques naïf ( ?) […] Non si bas, toutefois, qu’elle perde sa dignité et en vienne à des procédés regrettables, comme il lui arrive quelquefois dans le livre que nous examinons. […] J’y arrivai, moi, gamin de dix-huit ans, ayant thésaurisé la forte somme.
Laya : « Ce que vous appelez mon affectation (dans le style) est mon naturel. » J’ajouterai que cet homme bouillant et brillant, qui portait toutes ses qualités en dehors et qui les avait aussi en dedans, avait une véritable modestie littéraire sous un air de faste, de même qu’il disait avoir eu une timidité première à vaincre avant d’arriver à toute sa hardiesse.
Du moment que vous touchez la veine, n’enfoncez pas trop, vous arriverez mieux.
M. de Montalembert, arrivé trop jeune à la publicité, est un homme de conscience et de talent, mais il n’a pas évité jusqu’ici l’exagération et la violence.
Sainte-Beuve sur Daunou nous a appris à bien fixer nos idées sur un savant et un écrivain dont on avait beaucoup parlé dans ces derniers temps, depuis sa mort ; il en avait été fait tant d’éloges qu’on se demandait naturellement ce qui avait manqué à un homme qui avait été aussi profond érudit et aussi habile écrivain pour arriver à plus de célébrité et à plus de résultats notoires.
Les témoignages des historiens, des poètes, n’y font pas faute ; les chants si gracieusement gothiques à la vierge, que le révérend père Chrysostome colin, gardien des capucins de Pontarlier, allait chantant dans ses tournées évangéliques, et qui lui étaient arrivés quasi du xiiie siècle en droite ligne, au bon père, sont enregistrés avec soin.
Souvent il arrive que le plan le meilleur dans la circonstance n’est pas le meilleur absolument : un plan idéal, d’une régularité, d’une exactitude, d’une proportion parfaites, ne servirait souvent qu’à accuser les lacunes de notre pensée et les faiblesses de notre science.
L’opération est unique et simple : c’est en changeant de mot qu’on modifie l’idée, et le mot et l’idée arrivent ensemble à leur forme juste et parfaite.
Quand Pascal s’abîme dans la méditation de l’immensité des espaces, quand son imagination est lasse et sa pensée impuissante, la langue lui fournit encore des signes capables de représenter l’inconcevable : « C’est une sphère infinie dont le centre est partout, la circonférence nulle part. » Formule vide de sens littéral, mais évidente et substantielle pourtant : sorte d’expression algébrique qui soumet l’infini à la même notation que le fini, et qui, par une combinaison de termes positifs et négatifs, arrive à donner la mesure de l’incommensurable.
Il arrive fréquemment qu’un prosateur débute par un volume de vers, il est plus rare qu’un poète débute par un volume de prose.
Par malheur, le contraire n’arrive que trop souvent.
Il n’arrive que trop souvent aux femmes qui donnent dans le bel-esprit, & qui veulent s’élever au-dessus des préjugés, de finir par braver toutes les bienséances, & par n’avoir aucune considération dans le public.
C’est ce qui arrive.
Je demande si instamment à Dieu qu’il ne t’arrive pas de mal !
Et ces trois Amours qui arrivent d’en haut á tire-d’aile, sont d’une légèreté surprenante et d’une couleur douce.
La scene des églogues, ainsi que celle des comedies, doit être placée dans nos campagnes, et leur sujet doit être une imitation des évenemens qui peuvent y arriver.
Et les autres qui vont arriver !
Comme il n’était pas un grand humaniste, il avait, pour en arriver sans grand effort à lire les auteurs des temps les plus reculés de la langue de France, adopté le procédé suivant.
C’est ainsi que certains badinages s’alourdissent et qu’on en arrive à m’accuser do vouloir faire « d’un grimaud un Chateaubriand ».
Il arriva ce jour-là, comme d’habitude, que l’esprit ne fut pas du côté du respect. […] Il peut arriver que M. […] Il lui arriva de se battre vingt-huit fois en trois semestres. […] Arrivé sur le terrain, il s’avança vers M. […] Il m’est arrivé, il y a quelques années, de voir naître un veau dans une étable.
Krantz pour arriver à la démonstration de son paradoxe est d’ailleurs extrêmement curieux. […] Car il n’est pas rigoureusement vrai qu’autrefois, comme on le répète, un homme « né chrétien et français » ne fût pas en voie d’arriver à tout ; seulement, pour y arriver, ce qu’on doit dire, c’est qu’il fallait, s’il était « né peuple », qu’il passât par le canal de la domesticité. […] Une fois cependant il y est presque arrivé. […] Les efforts sont diversement heureux, et il arrive aux écrivains de valoir mieux que leur œuvre. […] On eût dit que le talent se retirait de lui, comme il arrive trop souvent, à mesure que la réputation lui venait.
Il leur faut longtemps se confondre avant d’arriver à se distinguer. […] Sans doute elle est parfois un peu disloquée et grimaçante, ses contours n’arrivent à être justes que par des répétitions et des surcharges. […] Mais, au bout d’un instant, il a grandi silencieusement ainsi qu’il arrive dans les rêves ; il fait front comme le premier, il a la même étendue, il le remplace. […] Il ne s’épargne aucune idée ; en même temps que par les plus hautes, il est séduit par les plus basses, et sous leur conseil divisé il ne peut arriver à une décision. […] La vie ne l’entame pas, n’arrive pas à le diminuer ; on ne voit pas sur lui les traces qu’elle laisse sur tous ceux qui l’environnent.
Etant donné l’anneau, la beauté de Nyssia, Candaule généreux et Gygès impulsif, que pourrait-il arriver d’autre au cours du second acte, quoi de plus important ? […] La vie fait que Golaud rencontre Mélisande et la conduit vers Pelléas : ce qui devait arriver arrive et reste mystérieux comme la vie. […] A force de rejets, d’enjambements, il le disloque, et souvent le moment arrive où, bien que les syllabes y soient toutes, le vers n’est plus. […] Mais, nous dit-on, il peut arriver qu’elle s’y déplace, tantôt extrême et tantôt médiane. […] Quand ils arrivent à la rime, à l’assonance qui est la rime atténuée, ils se montrent moins complaisants.
Le moi d’en bas, c’est l’âme ; le moi d’en haut, c’est Dieu134. » Hugo arrive à la même conclusion quand il critique la philosophie de la volonté : — « Une école métaphysique du Nord a cru, dit-il, faire une révolution dans l’entendement humain en remplaçant le mot Force par le mot Volonté. […] Je ne résiste plus à tout ce qui m’arrive Par votre volonté. […] Un homme d’esprit s’est amusé à résumer comme il suit les pièces d’Hugo : — « On s’amuse et la mort arrive (Noces et festins) ; Nous allons tous à la tombe (Soirée en mer) ; Il faut être charitable pour gagner le ciel (Pour les pauvres) ; Le bonheur pour les jeunes filles est dans la vertu (Regard jeté dans une mansarde) ; L’amour n’a qu’un temps, mais on s’en souvient toujours avec plaisir (Tristesse d’Olympio), etc. […] Il y a sans doute bien des artifices de composition dans ses romans et ses drames ; pourtant, dans les scènes particulières, dans les épisodes détachés de l’ensemble factice, il possède un sens du réel et arrive à une puissance lyrique dans la reproduction exacte de la vie que Zola, dans ses bonnes pages, a seul atteinte. […] Car la science en l’homme arrive la première, Puis vient la liberté216.
On voit même reparaître un jour M. de La Fayette en personne, qui arrive tout exprès je ne sais d’où, comme motif d’excuse. […] » Je ne sais si le lit galonné de Mme de La Fayette prêtait beaucoup aux plaisanteries ; mais, couchée là-dessus, comme il lui arrivait trop souvent, elle y était plus simple à coup sûr que son amie sous ce manteau couleur de feuille morte qu’elle affecte d’user jusqu’au bout. […] La plus invraisemblable circonstance, celle du pavillon, quand M. de Nemours arrive singulièrement à temps pour entendre derrière une palissade l’aveu fait à M. de Clèves, cette scène que Bussy et Valincour relèvent, faisait pourtant fondre en larmes, au dire de ce dernier, ceux même qui n’avaient pleuré qu’une fois à Iphigénie. […] Valincour n’avait alors que vingt-cinq ans ; il aimait peu le monde de Huet, de Segrais ; il arrivait plus tard, et représente au net les jugements de Racine et de Boileau.
Sully-Prudhomme est incomparable dans les pièces courtes, exquises par contre, et, si l’expression d’une pensée fait leur mesure, la pensée n’y est pas d’une délicatesse moins rare que la forme qui l’enchâsse ; parfois même sa subtilité devient telle qu’elle en arrive à n’être sensible qu’à la façon d’un souffle, et visible seulement comme le « fard léger » de l’« aile fraîche des papillons blancs » auquel le poète se plaît à comparer ses vers. […] Le condor, après avoir attendu la venue de la nuit du haut d’un pic des Cordillères, Baigné d’une lueur qui saigne sur la neige, râle de plaisir quand arrive enfin cette mer de ténèbres qui le couvre en entier ; il « agite sa plume », s’enlève en fouettant la neige, monte où le vent n’atteint pas : Et, loin du globe noir, loin de l’astre vivant, Il dort dans l’air glacé, les ailes toutes grandes. […] Richepin s’est ici borné à traduire en vers un livre qu’il a lu, sans doute, ou parcouru quand il était à l’Ecole normale, — l’étude de Taine sur le Positivisme anglais et sur Stuart Mill. « En menant l’idée de Stuart Mill jusqu’au bout, dit Taine, on arriverait certainement à considérer le monde comme un simple monceau de faits. […] « Je doute, dit-il encore dans sa préface, que beaucoup de gens aient le courage suivre, anneau par anneau, la chaîne logique de ces poèmes, pour arriver aux implacables conclusions qui en sont la fin nécessaire… J’ai préféré mener mes prémisses à leurs conclusions… Partout où se cachait l’idée de Dieu, j’allais vers elle pour la tuer.
C’est à partir de cette soirée, qu’un mois passé, Poe, qui n’est pas retourné chez Legrand, voit arriver Jupiter, chargé d’une lettre qui n’est ni dans le style ordinaire, ni dans les habitudes épistolaires de son ami. […] Après avoir traversé le canal qui sépare l’île de la terre ferme et marché longtemps, nos voyageurs arrivent à un « plateau situé vers le sommet d’une montagne presque inaccessible, couverte, de la base à la cime, de bois entremêlés d’immenses quartiers de roche. […] Doué de la force de cette race de puritains qui se sont abattus d’Angleterre comme une bande de cormorans affamés, ce qu’il prend aux préoccupations contemporaines ne vaut pas la force qu’il déploie pour se servir de ce qu’il a pris ; et ici nous arrivons à ce qui l’emporte, selon nous, dans Edgar Poe, sur les résultats obtenus de sa manière, — c’est-à-dire l’application de son procédé. […] Edgar Poe est arrivé, en quelques années, à cette renommée posthume qui venge de la vie… Cet écrivain, d’une originalité si sombrement étrange et si cruelle, a mordu avec une telle force sur l’imagination contemporaine, blasée de tout et devenue impuissante, qu’elle en est actuellement timbrée dans les deux sens du mot, et qu’on retrouve sur elle, plus ou moins appuyée, l’empreinte de ce cachet de Poe, sinistre et funèbre.
À force de croquis manqués, on arrivera à en produire un passable, puis un parlant, et, à la fin, l’on se sera fait sa petite manière à soi de ne s’y prendre pas trop mal, et cela en ne poursuivant que la nature et sans imiter personne. […] Je n’ai pas craint de laisser arriver ces pensées graves et funèbres jusque dans la lecture de ces derniers Voyages si remplis de soleil, de joie, d’accidents de toute sorte, si animés d’une sociabilité charmante, et tout parsemés de figures ou de perspectives.
Par cette lettre d’avances et de bienvenue qui allait prendre le nouvel arrivé au port, le premier il semblait convier Arago à cette renommée scientifique universelle dont lui-même il n’a pas cessé d’être la personnification la plus illustre et par moments le maître des cérémonies un peu empressé, dont ils parurent quelquefois ensemble les deux consuls perpétuels, et qui a bien ses douceurs, mais aussi ses écueils. […] Dans la biographie de Thomas Young, une des meilleures qu’il ait écrites, il arrive à une conclusion des plus judicieuses et des plus fines, lorsque, pour refuser à l’illustre docteur la gloire d’avoir découvert la vraie théorie des hiéroglyphes égyptiens et la maintenir à Champollion, il s’appuie de l’exemple de ce même Young et lui maintient contre Hooke l’honneur d’avoir découvert ce qu’on appelle en optique les interférences, se servant d’un raisonnement analogue dans les deux cas pour le couronner à la fois et pour le réduire.
J’ai parlé de longue trêve : ce fut, en effet, dès l’origine la visée du président Jeannin et la solution qu’il entrevit ; il eut, dès son arrivée et dans son premier examen des choses et des esprits, le coup d’œil du seul biais par où on arriverait à mener l’affaire à bien. […] Deux grands rois qu’on a essayé de séparer de votre amitié sont demeurés fermes et constants en leur première affection, et n’ont eu ensemble qu’un même avis en la conduite de cette affaire… La plus grande prudence aux affaires d’importance est de se servir de l’opportunité, et de considérer qu’en peu de temps les changements arrivent en l’instabilité des choses humaines et des volontés des hommes, qui rendent impossible ce qui était auparavant aisé.
Les yeux se tournaient sans cesse vers cette première patrie ; et lorsque la jeunesse eut produit une génération nouvelle, on en parlait à ses enfants, on leur peignait, on leur exagérait sans doute tout ce qu’ils avaient perdu… Et Bailly arrive à conclure que l’âge d’or, cette fable séduisante, n’est que le « souvenir conservé d’une patrie abandonnée, mais toujours chère » : « Les nations où ce souvenir se retrouve ont été transplantées ; ce sont des colonies d’une nation plus ancienne. » Tout ceci est ingénieux, sinon évident ; et Bailly, pour le dire, a deviné quelques-uns des tons de Bernardin de Saint-Pierre, à une date ou ce dernier n’avait encore publié aucun de ses grands ouvrages. […] À travers ces digressions et ces détours, Bailly arrive, et cherche à amener avec lui son lecteur, ou Voltaire qui le représente, à sa pensée favorite d’un peuple perdu, mais nécessaire, auteur d’un système astronomique complet et dont on n’a retrouvé que des fragments.
Gandar, qui arrive aux mêmes conclusions, n’y est conduit en quelque sorte qu’à regret ; il s’applique à excuser Ronsard de son illusion, tournée si vite en défaillance, et il cherche çà et là dans cette Franciade trop insignifiante, que le poète n’a pas même osé écrire en vers alexandrins, quelques passages heureux, quelques détails pittoresques. On y est plus aisément indulgent lorsqu’on y arrive par le grec que lorsqu’on y va directement par le français.
Masséna arrivait à son quartier général avec trop peu d’appareil, accueillant ses lieutenants déjà mécontents avec une simplicité amicale, mais peu empressée, suivi d’un entourage fâcheux, et notamment d’une courtisane, se plaignant indiscrètement de sa fatigue, ne captiva ni l’affection ni le respect de ceux qui devaient le seconder. […] Avec l’intelligence, et presque sans art d’ailleurs, on arrive, selon lui, à des narrations, non seulement suffisantes, mais à des chefs-d’œuvre, et il en cite pour preuve les histoires de Frédéric le Grand et de Guichardin.
Il va continuer ainsi ses descriptions des lieux d’alentour, celle du torrent roulant au creux du vallon, celle du marais et du peuple aquatique qui s’y joue ; il arrive ensuite aux ruines gothiques, là où un moderne verrait le sujet de la ballade : Que j’aime à voir la décadence De ces vieux châteaux ruinés, Contre qui les ans mutinés Ont déployé leur insolence ! […] Et sans être un Poussin en gravité, Saint-Évremond, cet esprit délicat, n’a-t-il pas dit dans un écrit sur la vraie et la fausse beauté des ouvrages d’esprit, et en traitant de l’honnêteté des expressions : Je m’avise peut-être trop tard de faire ces réflexions ; mais c’est ordinairement lorsque l’on est arrivé où l’on voulait aller, et que l’on parle du chemin que l’on a fait et de la route que l’on a tenue, que l’on s’aperçoit de ses égarements.
« Qu’est-il donc arrivé de funeste à Mélanthe ? […] mais je te prédis qu’un jour on verra un enfant qui les traduira en sa langue et qui partagera avec toi la gloire d’avoir chanté les abeilles. » L’éloge, et ici la flatterie même (car on ne peut l’appeler autrement), arrive à l’improviste dans une parole de colère.
Cependant on était arrivé, après soixante-huit jours de traversée, en vue de Sainte-Hélène. […] Thiers, en les écrivant, n’a pas pensé à faire un morceau ; mais au terme de cette grande étude, de l’œuvre de sa vie, il est arrivé de tous les points, par la force même de la vérité et la convergence des faits, à cette conclusion énergique, à cette condensation supérieure de sa pensée.
Il est arrivé en grand à Cervantes pour son Don Quichotte, ce qui est arrivé à La Fontaine avec ses Fables, entreprises d’abord pour un but particulier ; à mesure qu’il avançait, il a insensiblement, non pas perdu de vue, mais agrandi, étendu et serré de moins près son premier objet ; il a fait entrer toute la vie humaine dans son cadre et nous a rendu cette vaste comédie « aux cents actes divers. » Le plan de Don Quichotte n’a rien d’exact, et il a varié sensiblement dans le cours de l’exécution.
On sait que cette belle langue, si florissante au xiie siècle et qui balançait pour le moins celle du Nord, avait été vaincue, compromise dans le désastre même qui suivit la croisade contre les Albigeois, et que, privée désormais de ses principaux centres et foyers où elle était cultivée avec pureté et avec élégance, elle était bientôt retombée à l’état de patois ; c’est en parlant d’elle qu’il m’est arrivé de dire que le patois est « une langue qui a eu des malheurs. » Mais ce patois de la langue provençale ainsi réduite était encore le plus riche de tous, le plus pittoresque et le plus sonore ; il n’avait cessé, même dans sa décadence, de permettre à de vrais poëtes de se produire : Goudouli est le plus célèbre ; mais combien d’autres dignes de plus de renom et d’un auditoire plus étendu ! […] Je l’avais vu arriver de Rennes à Paris, vers 1830, avec son compatriote et camarade Hippolyte Lucas, et je me rappelle encore la visite que je leur fis à tous deux dans l’hôtel où ils avaient débarqué à un coin de la rue Saint-Honoré.
Il n’en persista pas moins dans sa résolution d’écrire désormais dans un journal modéré et libre de tout joug, où des amitiés éprouvées lui tendaient la main, et où il savait que les convictions philosophiques, qu’il venait de défendre au Sénat, trouveraient autour de lui non seulement la tolérance avec un peu d’indifférence (comme cela aurait pu lui arriver dans d’autres feuilles amies et libérales), mais aussi une sympathie sûre et de fermes soutiens, des plumes instruites et sérieuses avec lesquelles il se sentait en parfaite communion d’idées. […] « S’il est en effet singulier qu’un sénateur, resté écrivain, croie ne pouvoir mieux placer des articles littéraires que dans un journal d’opposition, cela n’est arrivé qu’à la suite de beaucoup d’autres faits également singuliers que M. le ministre d’État doit connaître mieux que personne.
Cherchant à me rendre compte de son talent lyrique et poétique, et des limites naturelles de cette vocation, j’écrivais dans le Globe (20 mars 1827), lorsque parurent les Sept Messéniennes nouvelles, le jugement que voici : — Quand un beau talent a remporté, du premier coup, un succès d’enthousiasme, et qu’une prédilection presque unanime s’est plu à le parer, jeune encore, et des louanges qu’il méritait déjà et de celles qu’on rêvait pour lui dans l’avenir, il arrive difficilement qu’une gloire où l’espérance a tant de part soutienne toutes ses promesses, et que l’augure si brillant de son début ne finisse point par tourner contre elle. […] Il a donné pour nœud à sa pièce le moment décisif où un jeune orateur politique, idolâtre de l’opinion, et arrivé au comble de la faveur populaire, se trouve tout d’un coup en demeure de choisir entre cette orageuse faveur et son devoir.
Cette base une fois adoptée, on n’arrivait à la liberté que par gradation. […] C’est que l’art du raisonnement, la force de méditation qui permet de saisir les rapports les plus métaphysiques, et de leur créer un lien, un ordre, une méthode, est un exercice utile aux facultés pensantes, quel que soit le point d’où l’on part et le but où l’on veut arriver.
Quand les difficultés des premiers pas sont vaincues, il se forme à l’instant deux partis sur une même réputation ; non, parce qu’il y a deux manières de la juger, mais parce que l’ambition parle pour ou contre : celui qui veut être l’adversaire des grands succès reste passif, tant que dure leur éclat, et c’est pendant ce temps, au contraire, que les amis ne cessent d’agir en votre faveur ; ils arrivent déjà fatigués à l’époque du malheur, lorsqu’il suffit au public du mobile seul de la curiosité, pour se lasser des mêmes éloges ; les ennemis paraissent avec des armes toutes nouvelles, tandis que les amis ont émoussé les leurs, en les faisant inutilement briller autour du char de triomphe. […] Le grand homme, qui arrive à la vieillesse, doit parcourir plusieurs époques d’opinions diverses ou contraires.
Qu’est-ce donc qu’une destinée qui entraîne avec elle, ou l’impossibilité d’arriver à son but, ou l’impuissance d’en jouir ? […] Les législateurs eux-mêmes gouvernent souvent à l’aide d’idées trop générales ; ce grand principe, que l’intérêt de la minorité doit toujours céder à celui de la majorité, dépend absolument du genre de sacrifices qu’on impose à la minorité ; car, en le poussant à l’extrême, on arriverait au système de Robespierre.
Sa langue est celle d’un provincial qui veut montrer aux Parisiens qu’on n’est pas arriéré chez lui : il exagère leurs modes ou leur jargon, et arrive à n’être que leur caricature. […] Nous arrivons maintenant à des produits plus directs des discordes et de l’anarchie du xve siècle.
Il arrive souvent que, comme les animaux déçus par des appâts sont conduits par la nature à leur mal, les passions se portent à de faux biens. […] En un mot, on arrive d’emblée à la littérature des Perrault, des Lamotte et des Fontenelle : voilà les purs rationalistes, les cartésiens de la littérature.
Elle n’a pas le sentiment de la nature : elle la voit quand elle veut regarder ; alors elle élabore ses perceptions en notions dont elle donne la formule intelligible : mais pour ce qui est de peindre, elle n’y peut arriver. […] Par l’Allemagne, elle arrive à comprendre, presque à sentir la poésie, poésie de la nature et poésie de l’âme.
C’est un besoin des sociétés arrivées à leur maturité de tracer des règles, de réduire leur expérience en maximes, d’engager les âges à venir par les exemples du passé. […] Nous n’oublions que les choses qui ne sont pas arrivées jusqu’à nous.
Comme nos idées dérivent, non des objets eux-mêmes, mais de nos sensations, nous devons attendre par analogie que leur ordre dérivera de celui des sensations, et c’est ce qui arrive le plus souvent. […] Qu’arrive-t-il ?
Mme de Graffigny arrive donc une nuit à deux heures du matin, à Cirey, le 4 décembre 1738. […] Les lettres qui en partaient et qui y arrivaient passaient toutes par les mains de Mme du Châtelet, qui avait établi dans sa chambre une sorte de petit cabinet noir, c’est-à-dire qui ne se faisait pas faute de décacheter ce qui lui semblait suspect.
Nourrie à une politique toute de cour et toute personnelle, on lui fit signer à Fontainebleau, lors de son mariage (1558), une donation secrète de l’Écosse aux rois de France, vers le même temps où elle adhérait publiquement aux conditions que les commissaires arrivés d’Écosse mettaient à ce mariage, et où elle leur promettait de conserver l’intégrité, les lois et les libertés de son royaume natal. […] Marie Stuart a trouvé son maître, et elle va lui obéir en tout sans scrupule, sans remords, comme il arrive en toute passion éperdue.
Étant arrivé proche de son lit, elle fit retirer tout le monde, et me dit : « Vous voyez, monsieur Feuillet, en quel état je suis réduite. » — « En un très bon état, madame, lui répondis-je : vous confesserez à présent qu’il y a un Dieu que vous avez très peu connu pendant votre vie. » Il lui dit que toutes ses confessions passées ne comptaient pas, que toute sa vie n’avait été qu’un péché ; il l’aida, autant que le temps le pouvait permettre, à faire une confession générale. […] Elle était à l’extrémité, elle venait de prendre le dernier breuvage quand il arriva.
Huysmans, si l’on écarte les traits généraux de toute conduite humaine, on arrive à constater qu’ils s’emploient à subir, à accumuler et à faire revivre des perceptions, surtout des perceptions visuelles, et surtout encore des perceptions visuelles colorées ou lumineuses. […] Huysmans a conçu un type de phrase particulier, où par une accumulation d’incidentes, par un mouvement pour ainsi dire spiraloïde, il est arrivé à enclore et à sertir en une période, toute la complexité d’une vision, à grouper toutes les parties d’un tableau autour de son impression d’ensemble, à rendre une sensation dans son intégrité et dans la subordination de ses parties : « Sur le trottoir des couples marchaient dans les feux jaunes et verts qui avaient sauté des bocaux d’un pharmacien, puis l’omnibus de Plaisance vint, coupant ce grouillis-grouillos, éclaboussant de ses deux flammes cerise, la croupe blanche des chevaux, et les groupes se reformèrent, troués çà et là par une colonne de foule se précipitant du théâtre Montparnasse, s’élargissant en un large éventail qui se repliait autour d’une voiture que charroyait en hurlant un marchant d’oranges ».
On arriverait ainsi à comprendre ce que c’est que l’esprit du savant, de quel point de vue il considère les choses, comment il associe les idées, comment il passe du connu à l’inconnu, comment il se trompe, comment il se corrige, comment il invente, et on pourrait tirer de là de grandes conséquences pour l’éducation même de l’esprit humain ; mais laissons là ces vues ambitieuses, et bornons-nous, quant à présent, à bien faire connaître le livre que nous avons sous les yeux, et qui vient enrichir d’une œuvre nouvelle cette histoire de la logique faite par les savants dont nous avons esquissé quelques traits. […] Il arrive même qu’un fait ou une observation reste longtemps devant les yeux d’un savant sans lui rien inspirer ; puis tout à coup vient un trait de lumière. — L’idée neuve apparaît avec la rapidité de l’éclair comme une révélation subite. — La méthode expérimentale ne donnera donc pas des idées vraies et fécondes à ceux qui n’en ont pas ; elle servira seulement à diriger les idées chez ceux qui en ont. » Au reste, il est encore juste de reconnaître que ces réclamations en faveur de l’hypothèse dans les sciences expérimentales ne sont pas absolument neuves, et que les philosophes ont sur ce point précédé les savants.
Est chose tout objet de connaissance qui n’est pas naturellement compénétrable à l’intelligence, tout ce dont nous ne pouvons nous faire une notion adéquate par un simple procédé d’analyse mentale, tout ce que l’esprit ne peut arriver à comprendre qu’à condition de sortir de lui-même, par voie d’observations et d’expérimentations, en passant progressivement des caractères les plus extérieurs et les plus immédiatement accessibles aux moins visibles et aux plus profonds. […] Pour être arrivé à penser qu’il y avait lieu de rechercher ce qu’ils sont, il fallait avoir compris qu’ils sont d’une façon définie, qu’ils ont une manière d’être constante, une nature qui ne dépend pas de l’arbitraire individuel et d’où dérivent des rapports nécessaires.
Ses antécédents du Figaro n’ont point empêché Henry Schaunard de publier des romans au Moniteur et à la Revue des Deux-Mondes ; — Monselet a donné de la copie à La Presse (on a même trouvé qu’il n’en donnait pas assez) ; et toi-même, malgré toutes les chroniques dont tu es atteint et convaincu, n’es-tu pas arrivé à L’Opinion nationale ? […] Voici ce qui arriva : Un matin de janvier, Banville-l’Ingénu s’en allait — insoucieux — corriger ses épreuves, lorsque Sarcey-le-Farouche l’arrêta par la basque de son habit et lui demanda de quel droit il publiait des Odes funambulesques, puisque Voltaire ne s’était jamais permis de rien faire sous ce titre ?
C’est ce qui vient d’arriver : et le volume n’a point encore paru, le journal de M. […] Zola : que le fumier ne sent pas bon ; que si l’on boit trop de vin ou de cidre, on se grise ; qu’il est arrivé quelquefois à la grêle de hacher les blés ; qu’il est plus dur de moissonner que de cracher dans un puits pour y faire des ronds ; que, d’ailleurs, ce ne sont point des clubmen qui hantent d’ordinaire les cabarets de village ; et que le paysan aime âprement la terre.
. — Avec M. de Castellane sont arrivés des légitimistes comme M.
— Les Chambres vont s’ouvrir avec l’année ; les retardataires qui prolongent le séjour de la campagne jusque bien avant en décembre arrivent en foule et se multiplient avec rapidité pour réparer le temps perdu.
Quelques nuages se promènent encore sur le ciel de la France ; mais la Constitution est faite, la masse de la France est assise … Illusion naïve du savoir et de la vertu, qui fait sourire en même temps qu’elle attriste, illusion de tous les temps, de tous les lieux, de tous les hommes, la nôtre aussi, toutes les fois qu’il nous arrive de juger le passé d’hier avec nos idées du réveil et de croire y lire l’éternel avenir !
Après de justes hommages rendus en passant à l’hospitalité polonaise, notre ambassadeur arrive enfin à Saint-Pétersbourg, et nous introduit avec lui à la cour de Catherine le Grand.
J’ai rarement senti avec cette vivacité le désir de savoir ce qui arrivera et le délice d’avoir peur.
Il sut grouper les mécontentements, les appétits et les rancunes, et, à la tête d’un parti où figuraient ensemble des hommes de la Commune, des radicaux pressés d’arriver au pouvoir, des royalistes et des impérialistes, unis seulement pour la lutte et n’ayant en commun que des haines et des négations, il marcha à l’assaut du parlementarisme et put, un moment, aspirer à la dictature.
Mais ne voyez-vous pas que classer ceux-ci, c’est, au bout du compte, distribuer en groupes et juger ceux-là, et qu’ainsi la critique subjective arrive finalement au même but que l’objective, par une voie plus humble, plus couverte et peut-être moins aventureuse, puisqu’on est beaucoup moins sûr de ses jugements que de ses impressions ?
Elles lui vinrent, par une chaîne ininterrompue, des plus anciennes productions de notre langue ; elles arrivèrent jusqu’à lui en droite ligne par les fabliaux, par les conteurs du quinzième et du seizième siècle, par Rabelais, Montaigne, Régnier.
Les droits de la conscience, soustraits à la loi politique, arrivent à constituer un pouvoir nouveau, le « pouvoir spirituel. » Ce pouvoir a menti plus d’une fois à son origine ; durant des siècles, les évêques ont été des princes et le pape a été un roi.
Il arrive parfois, dans l’exécution d’une cantate par une société musicale, que les chanteurs, basses, barytons, ténors, se groupent au fond du théâtre et forment en sourdine un chœur puissant, tandis que, sur le devant de la scène, en pleine lumière, se détache une prima donna ; elle chante et sa voix domine toutes les autres, sans cesser cependant d’être en harmonie avec elles.
Il part, accompagné d’un témoin irréprochable, arrive dans le pays de Gex, & se transporte au domicile du sieur de Voltaire.
C'est ce qui arriva à Annibal, & à son armée qui ne manquoit pas de l'imiter dans le relâchement, puisqu'elle l'avoit bien fait dans les fatigues.
Mais voilà tout à coup que l’homme rouge de Lyon arrive et s’installe à Paris, et que les journalistes à qui j’avais parlé lui prodiguent des éloges aussi bêtes que ses vers.
Le monde « existerait là, dehors, tout réel objectivement et sans notre concours ; puis il arriverait à pénétrer, par une simple impression sur les sens, dans notre tête, où, comme là dehors, il se mettrait à exister une seconde fois ».
Par le triomphe absolu de l’attitude subjective, il arriverait en effet que, faute d’un objet pour déterminer le sujet, celui-ci qui ne prend conscience de lui-même que comme objet, s’abîmerait dans l’inconscience.
Le mot arrive quelquefois à un sens absolument contradictoire avec son étymologie : un exemple assez connu mais curieux est celui de cadran, venu de quadrantem, qui avait pris la signification de carré.
Rod arrive à ce dernier repliement sur soi, où s’interrogeant sans cesse, oubliant de vivre à force de s’analvser, il en vient à ne plus être sûr de ses propres sentiments ; les désirs remuent à peine et s’étiolent, les passions deviennent circonspectes et douteuses.
Il n’y a point de merveilleux chrétien dans cet ouvrage ; c’est une narration historique de quelques faits arrivés dans les montagnes du Chili.
Ils ont un goût plus sûr, une imagination plus noble : ils ne savent travailler que l’ensemble, et négligent les ornements ; un berger qui se plaint, un vieillard qui raconte, un héros qui combat, voilà pour eux tout un poème ; et l’on ne sait comment il arrive que ce poème, où il n’y a rien, est cependant mieux rempli que nos romans chargés d’incidents et de personnages.
Énée se réjouit d’abord de voir Hector qu’il croit vivant ; ensuite il parle des malheurs de Troie, arrivés depuis la mort même du héros.
Il arriva un jour sur une place de marché.
Or, le Réalisme agit comme le peintre chinois, qui ne voit que la ligne et que les surfaces, et, comme le peintre chinois, qui néglige les ombres, en toutes choses il arrive au plat.
Arrivés à la strophe sublime, « Liberté, Liberté chérie », beaucoup, en chantant, regardaient leur voisin chanter et croyaient recevoir de lui une promesse fraternelle, un consentement à toutes les idées.
Ainsi on ne disait mot du général, et on prononçait dans le sénat un panégyrique en l’honneur du prince ; mais si par hasard l’empereur sortait de Rome en temps de guerre, pour peu qu’il lui arrivât, comme à Domitien, ou de voir de loin les tentes des armées, ou de fuir seulement l’espace de deux ou trois lieues en pays ennemi, alors il n’y avait plus assez de voix pour célébrer son courage et ses victoires ; à plus forte raison, quand l’empereur était un grand homme, et qu’à la tête des légions il faisait respecter par ses talents la grandeur de l’empire.
Valéry réussit à faire arriver la pensée comme malgré soi, sans qu’elle sorte des conditions de la vie, s’assurant ainsi la compréhension de l’interlocuteur. […] A qui n’est-il pas arrivé, au hasard d’une promenade à travers quelque vaste musée de sculpture tel que le British Museum où se trouvent réunis des chefs-d’œuvre des arts les plus différents, de se sentir arrêté au passage par la vivacité de telle ou telle sensation ? […] La pensée dans l’absolu — une pensée qui se dévide sans égard ni au lieu ni au temps, ni à la qualité de l’auditoire — est l’ennemie née du Dialogue où la règle consiste, non pas à partir d’une pensée, mais bien au contraire à y arriver, et comme à y arriver malgré soi. […] Lancé par lui, le projectile n’est pas plus tôt parti qu’il arrive. […] « Chaque phrase reflète l’œuvre, raconte, et annonce, elle nous mène dans l’esprit de l’auteur, et nous savons ce qu’on peut en attendre ; un lecteur un peu exercé arrive en avance à la conclusion ».
» D’ailleurs, ils font bien de s’entêter, contre tout espoir : l’infanterie française arrive. […] Comment cela est-il arrivé ? […] Mais, dans la vie, il arrive des choses encore plus surprenantes. […] Qu’arriva-t-il ? […] Il arrive aussi que, faute d’un signe évident, nous restions fort embarrassés.
Ç’a été un des malheurs, une des inégalités du développement littéraire de la France, que ce qui est arrivé à plusieurs reprises à notre poésie. […] Mais pour en revenir à ces Larmes de saint Pierre et à ce qu’elles ont de meilleur, le saint, dans son désespoir, s’en prend à la vie, à la déloyale vie, qu’il apostrophe comme une personne distincte ; il lui dit des injures, l’accusant de mensonge et d’iniquité : On voit par ta rigueur tant de blondes jeunesses, Tant de riches grandeurs, tant d’heureuses vieillesses, En fuyant le trépas au trépas arriver ; Et celui qui, chétif, aux misères succombe, Sans vouloir autre bien que celui de la tombe, N’ayant qu’un jour à vivre, il ne peut l’achever ! […] Il les montre, les premiers des martyrs, ouvrant la porte à tous ceux qui sont venus depuis, et accueillis là-haut, dès leur entrée, par toute la cour du Paradis qui leur fait honneur et fête : Que d’applaudissement, de rumeur et de presse, Que de feux, que de jeux, que de traits de caresse Quand là-haut, en ce point, on les vit arriver ! […] Béranger le savait bien et, lui qui avait son auditoire chantant et son théâtre, il lui est arrivé de sourire de l’Ode, de la railler une fois comme un genre creux et vide. […] Ajoutez-y cette autre pièce pour Alcandre, sur un retour d’Oranthe à Fontainebleau : Revenez mes plaisirs, ma Dame est revenue ; Où il y a de bien doux vers sur la royale forêt : Avecque sa beauté toutes beautés arrivent ; Ces déserts sont jardins de l’un à l’autre bout, Tant l’extrême pouvoir des grâces qui la suivent Les pénètre partout !
Pour en arriver là, les personnes pieuses trouvent une aide merveilleuse dans leur foi. […] Maurice Donnay s’est laissé un peu égarer par sa chimère d’une comédie exactement ressemblante à la vie ; d’une comédie où il n’arrive, extérieurement, presque rien et où les principaux événements sont les sentiments des personnages ; d’une comédie absolument simple, plus simple encore, quant à la fable, que Bérénice ou Amants (cette Bérénicette). […] Mais (j’arrive ainsi à mon second point) ce « bourgeois » que M. […] Il arrive enfin que, sous la monarchie de Juillet, et grâce au régime censitaire, le nom de bourgeois s’applique réellement à une classe distincte du reste de la nation ; et, comme cette classe se montre en effet égoïste, cupide et pusillanime, on conçoit assez la défaveur croissante du mot dont elle est étiquetée. […] C’est le peuple arrivé.
Corneille la tire de ces grands cœurs où les faiblesses humaines n’arrivent que pour y susciter la suprême vertu. […] L’insignifiance relative des scènes intermédiaires dans Corneille nous rend plus impatients d’arriver aux principales, ce qui ajoute à leur effet. […] S’il arrive qu’on n’y puisse faire entrer à la fois la vérité locale et la vérité telle que la conçoit un grand poète dans un grand siècle, il faut savoir se passer de la vérité locale. […] Les confidents ne sont si froids que parce qu’on ne les emploie pas pour leur compte ; ils servent, soit à couper par des interruptions la longueur des monologues, soit à tenir la place de l’interlocuteur véritable qui n’arrive pas. […] Quant au lecteur la perfection de ces vers lus dans le recueillement, d’un œil que ne distrait pas le spectacle, le dédommage de tous les plaisirs qui ne lui arrivent pas par les sens ; et, s’il n’entend pas la musique des chœurs, il reçoit par l’oreille de l’âme l’harmonie de leurs strophes divines.
En ce cas, il aurait pour but de nous permettre de renfermer sous une seule proposition les caractères communs à tous les mammifères, par exemple, et, sous une autre, tous ceux qui, dans les mammifères, sont communs au genre Chien ; et enfin, en en ajoutant une seule proposition de plus, d’arriver à donner une description complète de chaque espèce de Chiens. […] Il suffit de citer la puissante autorité de Robert Brown qui, parlant de l’un des organes des Protéacées, dit que son importance générique est, « comme celle de tous les autres organes, très inégale, et en quelques cas elle semble s’effacer entièrement, comme il arrive, je crois, non pas seulement chez cette famille naturelle, mais chez presque toutes. » Dans un autre ouvrage, il dit encore que les divers genres des Connaracées « diffèrent les uns des autres en ce qu’ils ont un seul ou plusieurs ovaires, par la présence ou l’absence d’albumen, et par leur préfloraison imbriquée ou valvulaire ; chacun de ces caractères, pris isolément, est fréquemment d’une importance plus que générique, bien que tous ensemble ils soient à peine suffisants pour séparer les Cnestis des Connarus. » Parmi les insectes, les antennes, ainsi que l’a remarqué Westwood, ont une grande constance de structure chez toute une des principales divisions des Hyménoptères ; mais dans une autre division elles diffèrent extrêmement, et leurs différences sont d’une valeur tout à fait subordonnée en classification ; cependant nul n’oserait dire que chez ces deux groupes du même ordre les antennes soient d’une importance physiologique plus ou moins grande. […] C’est ainsi que quelques êtres organisés, encore vivants, sont arrivés jusqu’à nous depuis la période silurienne sans avoir subi de modifications d’une valeur générique. […] Cette période d’activité peut du reste venir plus tôt ou plus tard ; mais à quelque moment qu’elle arrive, l’adaptation de la larve à ses conditions de vie est aussi parfaite et aussi admirable que chez l’animal adulte. […] Car il est de toute évidence que les êtres généalogiquement le plus rapprochés ont aussi toute chance d’être les plus voisins dans le temps et dans l’espace, et, de plus, qu’ils ont la plus grande ressemblance attributive possible, au point qu’aux degrés les plus immédiats de leur succession généalogique, ils arrivent à la presque identité attributive et peuvent logiquement se confondre sous un même nom collectif, qui fait seulement abstraction de leurs légères différences individuelles, ne serait-ce que de cette différence primordiale qui distingue logiquement deux individus, en faisant que l’un n’est pas l’autre, et qui échappe à toute collectivité, en même temps qu’elle lui donne sa raison d’être.
Voici d’abord la définition du demonium telle qu’on la trouve dans les Mémorables de Xénophon, au cours d’un exposé de la théorie socratique de la divination : « Quand nous ne pouvons prévoir par nous-mêmes ce qui peut nous être utile dans l’avenir, les dieux nous viennent en aide par la divination ; répondant à nos demandes, ils nous disent ce qui arrivera et nous enseignent ce qu’il y a de mieux à faire. — Mais toi, Socrate, les dieux ont l’air de te traiter avec plus d’amitié encore que les autres hommes, puisque, sans même être interrogés par toi, ils te désignent d’avance ce qu’il faut faire ou non. » Et ailleurs : « Socrate disait que le divin lui donnait des signes188. » Au dernier chapitre des Mémorables se trouve une expression plus précise : « Il disait que le divin lui signifiait d’avance ce qu’il devait et ce qu’il ne devait pas faire »189 ; et dans l’Apologie (ouvrage suspect, mais non convaincu de fausseté) : « Une voix de dieu vient me signifier ce qu’il faut faire190. » A quels genres de faits se rapportait de préférence le signe divin ? […] Voilà ce qui s’oppose à mon intervention dans les affaires publiques197. » « Cette prophétie du divin qui m’est habituelle a été fréquente dans tout le cours de ma vie, et dans les moindres occasions elle n’a jamais manqué de me détourner de ce que j’allais faire de mal ; or aujourd’hui, alors qu’il m’arrive ce qu’on pourrait prendre… pour le plus grand des maux, le signe du dieu ne s’est opposé à moi, ni ce matin, quand je suis sorti de ma maison, ni quand je suis venu devant ce tribunal, ni, tandis que je parlais, quand j’allais dire quelque chose. Cependant, dans beaucoup d’autres circonstances, il vint m’interrompre au milieu de mon discours ; mais aujourd’hui il ne s’est opposé à aucune de mes actions, à aucune de mes paroles… C’est que ce qui m’arrive est, selon toute vraisemblance, un bien… Infailliblement, si j’avais été sur le point de faire quelque chose qui ne fût pas bien, le signe ordinaire se fût opposé à moi… Il est clair pour moi que mourir dès à présent est ce qui me convient le mieux ; c’est pourquoi le signe ne m’a empêché en rien198. » Dans le Gorgias, Socrate explique par des raisons purement logiques son abstention des affaires publiques ; rien ne prouve donc que le signe démonique soit intervenu réellement pour cet objet particulier. […] Ainsi l’écolier répondeur qu’un professeur veut faire taire, pour ne céder qu’à moitié, pour avoir le dernier mot à son su et au su de ses deux voisins, et sans danger, riposte à l’injonction par un murmure qui arrive indistinct aux oreilles du maître ; si le professeur a entendu quelque chose et menace, l’orgueil de l’écolier ne fait retraite que pas à pas ; il remue les lèvres ; j’en connais un qui gagna un fort pensum « pour avoir remué les lèvres » ; le considérant était mal rédigé, mais l’intention rebelle était évidente et digne de châtiment ; j’imagine volontiers qu’alors, pour avoir le dernier mot sous une forme quelconque, l’écolier retors continua son discours subversif en pure parole intérieure. — Remarquons ici le renversement, sous l’action de la crainte, du processus que nous avons précédemment décrit, et qui résulte, dans sa direction normale, de l’enthousiasme imaginatif ou de la passion active222. […] Scherer232, « la forme que prenaient spontanément ses idées ; causeur infatigable, discuteur acharné, il avait toujours en imagination un interlocuteur devant lui ; passionné pour le drame, il dramatisait ses pensées ; il supposait l’objection et se donnait lui-même la réplique. » Cette transformation de la parole intérieure est surtout fréquente chez les hommes qui sont causeurs de leur naturel, et pour qui la conversation est un besoin de l’esprit, un excitant presque indispensable des facultés intellectuelles, mais qui ne causent pas avec tout le monde ; pour chacun des objets qui les préoccupent, ils ont un interlocuteur préféré ; habitués à penser et à parler de telle chose avec tel compagnon, ils ne savent pas penser tout seuls ; quand cela leur arrive, c’est qu’ils ont évoqué ce collaborateur habituel de leur pensée ; c’est en sa présence supposée qu’ils trouvent des idées nouvelles et qu’ils épanchent leurs réflexions ; souvent, ils préparent ainsi plus ou moins volontairement leurs conversations futures.
Il tient compte de toutes les traditionnelles obligations de la prosodie et s’il arrive qu’il les enfreigne, c’est par exception et d’une manière évidemment délibérée5. […] C’est un grand don des Muses, comme le lyrisme ou l’éloquence, desquels il arrive souvent qu’elle participe. […] Si le grand jour de la réputation, si la lumière crue de la notoriété se posent sur eux, leurs traits s’effacent comme il arrive sous un soleil trop blanc. […] Abel Hermant assailli par des lettres où de jolies pénitentes imploreraient sa direction pour leurs consciences, comme on sait que cela arrive à d’autres écrivains notoires. […] Pris un beau jour de la fantaisie de restaurer des liens de famille dont il s’est peu soucié jusqu’alors, il arrive chez ce fils, le trouve fiancé à une jeune fille dont il s’éprend lui-même et qu’il séduit au point de l’épouser.
Bref, nous pouvons arriver, c’est-à-dire entrer dans les rangs de la Bourgeoisie. […] Huysmans, ils précisent simplement le degré de décomposition auquel l’art catholique est arrivé. […] — Il faut apprendre à l’homme à s’ennuyer. — Comment y arrive-t-on ? […] Il peut arriver qu’un gorille étrangle un voyageur ou qu’un voyageur tue un gorille. […] Mais qu’arrivera-t-il ?
Il arrive à Paris, l’esprit hyperesthésié par cette débauche. […] Saint-Preux, arrivé trop tôt au premier rendez-vous de sa maîtresse, écrit une belle page sur les tourments de l’attente. […] C’est au contraire après 1815 que s’affirme et se généralise le désordre idéologique pour arriver avec 1830 à son plein éclat. […] Ne lui arrive-t-il pas de prendre pour spiritualisme et platonisme un sensualisme infiniment et vaguement épandu ? […] Qu’arrivera-t-il ?
Arrivé dans ce bas séjour, Comme j’ai le cœur assez tendre, Je résolus d’abord d’apprendre Comment on y traitait l’amour.
M. de Ravignan n’arrivera pas à prouver que les jésuites soient une bonne chose en France ; mais il forcera ceux qui parlent en conscience à y regarder à deux fois et à distinguer ce qui est respectable.
Vinet dans son rôle de juge ; il ne connaissait personnellement aucun de ceux dont il avait à parler ; leurs livres seuls lui arrivaient, et il en tirait ses conclusions jusqu’au bout avec sagacité, avec discrétion, et en penchant plutôt, dans le doute, pour l’indulgence.
Cependant la Révolution arrive inaperçue ; madame de Genlis ne s’en doutait pas, et personne ne s’en doute en lisant son livre.
Dupin a rendu d’abord à l’Académie et à tout l’Institut cette justice que c’était une pairie non héréditaire, une pairie du savoir et du talent, où nul choix du pouvoir, nulle intervention étrangère ne vous portait, et où chaque membre arrivait par le seul et libre suffrage de ses égaux.
Elles rendent impossible la saine conception de l’histoire : et il est notable que dans l’âge moderne l’esprit français, substituant une conception philosophique à la conception théologique de l’univers, n’arrivera pas encore sans grande peine à l’intelligence historique, comme si sa nature répugnait secrètement à la considération du contingent, du relatif, de ce qui passe dans les choses qui passent.
, les chercheurs et les inventeurs non estampillés à la marque de l’X, et tous ceux qui, pour apprendre à construire des machines ou à fabriquer des engrais, ont suivi des voies pratiques et n’ont eu besoin que d’un minimum de mathématiques pures ; enfin, de se tenir et soutenir entre eux, quoi qu’il arrive, et, s’il apparaît que l’un d’eux a bâti une digue incertaine ou un pont douteux, de proclamer en chœur que c’est le pont et la digue qui ont tort.
Signoret, lui, arrive et, sans se soucier des insanités qui purent contaminer la beauté des choses, il chante, les bois, les eaux, les nuages, les roses, toutes banales vérités qui ont cependant la sublimité éternelle de Dieu et qui sont les prototypes primitifs des fortes œuvres des hauts génies, depuis Virgile jusqu’au vicomte de Chateaubriand et au divin vieux maître Camille Corot.
Introduction Une méthode est un ensemble de procédés raisonnés pour arriver à un but.
On arrive sans trop de peine à savoir si elle a réussi auprès des contemporains et en quelle mesure, si elle a obtenu un succès lent ou rapide, disputé ou presque unanime, éphémère ou durable.
Lorsqu’elle arriva à S.
Mais, à la charge qu’à l’avenir il ne vous arrivera plus d’écrire contre Voiture.
Bientôt il arrive à la porte, où se lit la fameuse inscription : Per me si va nella città dolente, Per me si va nell’ eterno dolore : Per me si va tra la perduta gente.
Deshays J’avais bien de l’impatience d’arriver à Deshays.
Dans la republique dont je parle, on fait apprendre à lire aux enfans dans des livres dont l’éloquence est à la portée de cet âge et remplis encore d’images qui répresentent des évenemens arrivez dans leur propre patrie, lesquels sont propres à leur inspirer de l’aversion contre la puissance de l’Europe qui dans le tems est la plus suspecte à la republique.
Il est vrai que ces artisans sçavent enrichir leurs sujets, ils peuvent rendre les sujets qui sont naturellement denuez d’interêt, des sujets interessans : mais il arrive plusieurs inconveniens à traiter de ces sujets qui tirent tout leur pathétique de l’invention de l’artisan.
Il n’admet pas que Taine soit arrivé à modifier son style par la volonté, le travail et la « virtuosité ».
Verlaine dont la jalousie des camarades « arrivés » feint de mépriser le talent, est selon moi un des poètes les mieux doués de notre littérature contemporaine.
Chapitre ii Et réapparaissent à l’armée Chaque jour des soldats arrivent du dépôt dans la zone de mort.
, on arrive toutefois à la mieux voir, à la voir tout autre qu’à travers les badineries des commentateurs érudits, lesquels ont fait ici, en sens inverse, ce que tant de bons légendaires ont fait pour leurs saints et saintes ; je veux dire qu’ils n’ont apporté aucune critique en leur récit, et qu’ils se sont tout simplement délectés à médire, comme les autres à glorifier. […] Dès l’abord, dans la dispute qui s’engage entre Amour et Folie au seuil de l’Olympe, chacun voulant arriver avant l’autre au festin des Dieux, Folie, insultée par Amour qu’elle a coudoyé, et après lui avoir arraché les yeux de colère, s’écrie éloquemment : « Tu as offensé la Royne des hommes, celle qui leur gouverne le cerveau, cœur et esprit ; à l’ombre de laquelle tous se retirent une fois en leur vie, et y demeurent les uns plus, les autres moins, selon leur mérite. » Les plaintes d’Amour et son recours à sa mère après le fatal accident, surtout le petit dialogue familier entre Cupidon et Jupiter, dans lequel l’enfant aveugle fait la leçon au roi des Dieux, sont semés de traits justes et délicats, d’observations senties, qui décèlent un maître dans la science du cœur. […] Quoi qu’il en soit, ce silence des dernières années, qui ne laisse arriver d’elle à nous, dans toute cette existence poétique, qu’un accent de passion émue et un cri d’amante, sied bien à la muse d’une femme, et l’imagination peut rêver le reste.
Voici comment cela m’arriva, je ne dirai pas sans le vouloir (l’amour-propre n’a pas de ces hypocrisies), mais je dirai sans m’y attendre. […] Il en était arrivé ainsi ce soir-là. […] Les visiteurs et les enfants du château s’ingéniaient à chercher des yeux, à appeler de la voix ces petits bergers invisibles, et qui se gardaient bien de se montrer, quand j’arrivai moi-même au rendez-vous par le sentier opposé de la montagne.
Si c’était pour arriver à ce gouvernement de vaines paroles et d’odieuses intrigues qu’on avait traversé la mer de sang de 1793, le carnage militaire de quinze ans d’empire, la réaction armée de l’Europe contre la France en 1814, le retour du despotisme soldatesque de l’île d’Elbe en 1815, l’expulsion de trois dynasties en un jour de 1830 et les dix ans de dynastie agitatrice en 1840 ; en vérité, le résultat de tant d’efforts pour arriver à diviser la France en deux camps, comme les verts et les bleus du Bas-Empire à Constantinople, entre des ministres, racoleurs de factions, coureurs de majorité au but des portefeuilles dans le stade de la rue de Bourgogne à Paris, en vérité, me disais-je, ce résultat de tant d’événements n’en vaut ni le temps perdu, ni le sang versé, ni la grande émotion des esprits en 1789 par la pensée du dix-huitième siècle, ni la grande convulsion de la Révolution française en 1791. […] Si ces témoignages de la consciencieuse minutie de mes recherches sur les moindres circonstances historiques de mon Histoire des Girondins ne suffisaient pas pour édifier l’écrivain qui m’attribue l’invention de cette prétendue fable, voici à ce sujet une lettre d’un des principaux habitants de Bessancourt, qui m’arrive aujourd’hui, avec l’autorisation de la reproduire : « Monsieur, « Je n’ai pas besoin de remonter plus loin dans mes souvenirs pour attester que le vénérable abbé Lambert a été, pendant de longues années (depuis 1816 jusqu’en 1847, année de sa mort), curé de Bessancourt (Seine-et-Oise) ; que cet ecclésiastique a toujours passé dans la commune pour avoir été l’ami des Girondins et le pieux consolateur de quelques-uns d’entre eux la veille de leur supplice, en 1793 ; et que vous êtes venu, accompagné d’un de vos amis ou collègues dont le nom m’échappe, passer de longues heures chez M. le curé Lambert dans son presbytère de Bessancourt, pour recueillir personnellement, de la bouche de ce vieillard, tous les détails que vous rapportez dans votre Histoire des Girondins.
« Éran vient d’arriver. […] Ainsi, d’une chose à l’autre, le jour passe, et nous arrivons au soir sans ennui. […] XXVIII Il faut lire, quand Maurice se marie, son extase de reconnaissance sur les cadeaux de noces venus des Indes, que sa belle-sœur lui envoie. — « Voilà pourtant ce qui nous arrive de Gaillac par le messager ; j’ajoute encore que ton frère me rapporte une perdrix qu’il a tuée et deux pauvres cailles blessées… Les souffrants sont pour moi et l’ont toujours été ; étant enfant, je m’emparais de tous les petits poulets blessés ; faire du bien, soulager, est la moelle du cœur d’une femme. » Suivons cette veine de gaieté au mariage de son frère.
Que de fois cependant cela n’arrive-t-il pas dans la vie ? […] Ceci n’est pas une exagération, mais bien pris dans toute la raison et le sentiment de la foi. — Érembert, Marie qui arrivent ! […] C’était vers l’aurore et sur un réveil, en sorte que j’ai cru avoir rêvé ; mais je viens d’entendre encore, mon musicien est arrivé.
IV Un de ces jeunes émigrés arriva alors dans la maison de mon père, apportant toutes ces qualités naturelles à ceux qui sortent de leur pays pour une cause politique. […] En dépassant le naturel il arrivait souvent au galimatias. […] XI Après avoir entrelu quelques rondeaux, chansons des jeunes et érudites amies de Clotilde qui ouvrent le volume, comme on humecte les bords du vase avant d’y boire à pleine coupe, j’arrivai à Clotilde et je lus sa première pièce à son premier-né.
XLIII Cependant, madame de Beaumont allait arriver mourante à Rome ; elle écrivait des bains du Mont-Dore, en Auvergne : « Puis-je donc vivre ? […] Arriver, comme Chateaubriand, jusqu’au seuil des parodies de Télémaque, c’est échouer en route. […] Mais, si cette respectueuse tolérance est respectable, nous ne pouvons pas respecter de même l’affectation, plus ou moins suspecte, d’un écrivain qui arrive en France avec une profession de foi philosophique déjà imprimée, et qui, trouvant le gouvernement incliné, ainsi que son chef, à un culte d’État unique et dominateur, change à l’instant de note, déchire son livre philosophique et en compose sur-le-champ un autre d’après les principes opposés, et se pose en apôtre de ce qu’il venait d’apostasier.
Ce qui arrive ici est assez singulier. […] Ce qui est vrai encore, c’est qu’il lui est arrivé de tirer à lui les documents, de les présenter de la façon la plus favorable à sa thèse. […] Taine « arrive à cet extraordinaire paradoxe d’écrire, sur Napoléon, de longues pages, sans qu’il soit fait même une allusion à son génie militaire ?
Il lui arrive en certains cas de la devancer, de lui frayer la route, tout au moins de lui ouvrir des échappées, de lui indiquer des directions. […] Il a été scientifique par l’effort des auteurs pour arriver à l’impassibilité, pour éliminer l’émotion personnelle, pour reproduire la réalité tout entière avec l’implacable fidélité d’un miroir, pour substituer à tout parti pris moral la leçon de choses qui se dégage de l’enchaînement des causes et des effets. […] Alors elle ne s’élève jamais bien haut au-dessus du sol ; il lui arrive même de ramper à sa surface.
C’est ce qui arrive toutes les fois que l’on crée un corps : on croit créer un instrument, et l’on crée un obstacle ; on veut organiser une règle, et on organise une liberté ; c’est ce qui devait arriver aussi, et c’est ce qui est arrivé en effet de l’Académie française.
Par exemple, lorsqu’il dit que la raison de l’homme seule ne peut arriver à une démonstration parfaite de l’existence de Dieu, on triomphe, on s’écrie qu’il est beau de voir Voltaire prendre le parti de Dieu contre Pascal. […] Dans ce cas, la censure n’était donc qu’une mesure dérisoire, puisqu’elle n’a jamais pu empêcher un livre de paraître, ni un auteur d’écrire librement sa pensée sur toute espèce de sujets : après tout, le plus grand mal qui pouvait arriver à un écrivain, était d’aller passer quelques mois à la Bastille, d’où il sortait bientôt avec les honneurs d’une persécution, qui quelquefois était son seul titre à célébrité. […] » “Je ne vous ai point aussi donné sujet de me dire que, à la vérité, j’ai soutenu avec courage les maux de ma condition présente, mais aussi que j’ai diminué le bien de votre père pour me tirer de ces incommodités, qui est un malheur que je sais arriver souvent aux pupilles ; car je vous ai conservé tout ce qu’il vous a laissé, quoique je n’aie rien épargné de tout ce qui vous a été nécessaire pour votre éducation.
Et c’est ainsi qu’en se tuant d’efforts l’écrivain qui, avec les mots seuls, et leurs entassements et leurs surcharges, croit arriver aux résultats du peintre plastique, comme M. […] V Voilà, en toute brièveté, dans sa conception sans profondeur et dans sa chétive combinaison dramatique, — si chétive qu’elle arrive à la nullité, — ce roman de M. […] Zola, qui croyait à une fresque monumentale, n’est arrivé qu’à une énorme photographie coloriée, qui s’amenuise et se perd dans la fatigue et l’infinité des détails.
Corollaires relatifs à l’origine des langues et des lettres, laquelle doit nous donner celle des hiéroglyphes, des lois, des noms, des armoiries, des médailles, des monnaies Après avoir examiné la théologie des poètes ou métaphysique poétique, nous avons traversé la logique poétique qui en résulte, et nous arrivons à la recherche de l’origine des langues et des lettres. […] C’est ce qui doit arriver dans les langues formées d’un mélange de plusieurs idiomes barbares, qui n’ont point laissé de traces de leurs origines, ni des changements que les mots ont subis dans leur signification. […] Le contraire arriva pour les répétitions de syllabes.
Arrivé à un certain point culminant de sa vie, il adopta une attitude qu’il voulut définitive, et dont il ne se départit plus. […] La gloire lui vient, les honneurs l’appellent, l’argent arrive. […] C’est alors que lui advint la plus extraordinaire aventure qui arriva à un vivant. […] Le navire y arrive le lendemain de la sanglante bataille ou mourut Nelson. […] On le traverse pour le retraverser encore avant d’arriver à Mont-Vernon.
Et c’est ce qui arriva au début pour le Naturisme. […] Barrès bien plutôt que dans le giron de la Nature, d’arriver le plus vite possible. […] Il leur arriva donc de rencontrer M. […] Et, comme tous ceux qui sont sur le point d’arriver, on l’accusa d’arrivisme. […] J’ai hâte, cependant, d’arriver au volume du poète roman, où il vient de réunir la plupart de ses poésies.
Cette idée me paraît très juste et très philosophique : à quoi bon ennuyer d’abord un enfant de l’histoire de Pharamond, de Clovis, de Charlemagne, de César et d’Alexandre, et lui laisser ignorer celle de son temps, comme il arrive presque toujours, par le dégoût que les commencements lui inspirent ? […] C’est ce qui arrive très fréquemment dans notre langue et certainement c’est un défaut considérable : mais, quelque grand que soit cet inconvénient, c’en serait un plus grand encore de changer et de renverser toute l’orthographe, surtout dans un dictionnaire. […] La lecture des livres anciens qu’on ne réimprimerait pas, deviendrait un travail ; et dans ceux même qu’on réimprimerait, il serait presque aussi nécessaire de conserver l’orthographe que le style, comme on conserve encore l’orthographe surannée des vieux livres, pour montrer à ceux qui les lisent, les changements arrivés dans cette orthographe et dans notre prononciation. […] Il arrive souvent qu’on est aussi obscur en fuyant la brièveté qu’en la cherchant ; on perd sa route en voulant prendre la plus longue. La manière la plus naturelle et la plus sûre d’arriver à un objet, c’est d’y aller par le plus court chemin, pourvu qu’on y aille en marchant, et non pas en sautant d’un lieu à un autre.
Il arrive à M. […] Paul … Est un savant éminent, je me plais à le reconnaître, mais il arrive aux plus éminents savants de s’abuser. […] Mais il condamnerait n’importe quoi pour arriver à un acquittement. […] Nous avions l’impression de soulever l’éteignoir scolaire et d’arriver enfin à l’air libre.
En un instant nos catalogues, nos raisonnements, tout l’attirail des souvenirs et des préjugés disparaît de sa mémoire ; les choses lui semblent neuves ; il est étonné et il est ravi ; un flot impétueux de sensations arrive en lui et l’oppresse ; c’est la séve toute-puissante de l’invention humaine qui, arrêtée chez nous, recommence à couler chez lui. […] La barque remonte poussée par la marée, « et la morte avec elle, dans sa main droite un lis, dans sa main gauche — une lettre qu’elle avait dictée, toute sa chevelure blonde ruisselant autour d’elle. — Et tout le linceul était de drap d’or — ramené jusqu’à la ceinture ; elle-même tout en blanc, — excepté son visage, et ce visage aux traits si purs — était aimable, car elle ne semblait point morte, — mais profondement endormie, et reposait en souriant1538. » Elle arrive ainsi dans un grand silence, et le roi Arthur lit la lettre devant tous les chevaliers et toutes les dames qui pleurent : « Très-noble seigneur, sir Lancelot du Lac, — moi qu’on appelait quelquefois la vierge d’Astolat, — je viens ici, car vous m’avez quittée sans prendre congé de moi ; — je viens ici afin de prendre pour la dernière fois congé de vous. — Je vous aimais, et mon amour n’a point eu de retour. — C’est pourquoi mon fidèle amour a été ma mort. — C’est pourquoi, devant notre dame Ginèvre — et devant toutes les autres dames, je fais ma plainte. — Priez pour mon âme et accordez-moi la sépulture. — Prie pour mon âme, toi aussi, sir Lancelot, — car tu es un chevalier sans égal1539. » Rien de plus ; elle finit sur ce dernier mot, plein d’un regret si triste et d’une admiration si tendre : on aurait peine à trouver quelque chose de plus simple et de plus délicat. […] La troisième fois enfin il la lance : « La grande épée jeta des éclairs sous la splendeur de la lune, — et fit dans l’air une arche de clarté, — comme le rayonnement d’aube boréale — qui jaillit lorsque les îles mouvantes de l’hiver s’entrechoquent — la nuit, parmi les bruits de la mer du Nord. — Mais avant que l’épée eût touché la surface, — un bras s’éleva, vêtu de velours blanc, mystique, merveilleux, — et la saisit par la poignée, et la brandit trois fois ; — puis s’enfonça avec elle dans la mer1541. » Alors Arthur, se soulevant douloureusement et respirant avec peine, ordonne à sire Bedivere de le charger sur ses épaules et de le porter jusqu’au rivage. « Hâte-toi, hâte-toi, car je crains qu’il ne soit trop tard, et je crois que je vais mourir. » Ils arrivent ainsi, le long des cavernes glacées et des roches retentissantes, jusqu’au bord du lac où « s’étalent les longues gloires de la lune d’hiver. » — « Là s’était arrêtée une barque sombre, — noire comme une écharpe funèbre de la proue à la poupe ; — tout le pont était couvert de formes majestueuses, — avec des robes noires et des capuchons noirs, comme en songe ; auprès d’elles, — trois reines avec des couronnes d’or ; de leurs lèvres partit — un cri qui monta en frémissant jusqu’aux étoiles palpitantes. — Et comme si ce n’était qu’une voix, il y eut un grand éclat de lamentations, pareil à un vent qui crie — toute la nuit dans une terre déserte, où personne ne vient — et n’est venu depuis le commencement du monde1542. […] La machine domestique fonctionne sans une interruption, sans un accroc, sans un heurt, chaque rouage à son moment et à sa place, et le bien-être qu’elle distille vient en rosée de miel tomber dans la bouche, aussi vérifié et aussi exquis que le sucre d’une raffinerie modèle lorsqu’il arrive dans son goulot.
En cherchant bien la différence essentielle qui existe entre l’amour des sens et l’amour des âmes, on arrive à conclure ceci : C’est que l’amour des sens a pour mobile et pour objet le plaisir, et que l’amour des âmes a pour mobile et pour objet la passion du beau ; aussi le premier n’inspire-t-il que des désirs ou des appétits, et le second inspire-t-il des admirations, des enthousiasmes et pour ainsi dire des cultes. […] — Vous ne vous trompez pas, mon père, lui dis-je, je suis triste, et cependant il ne m’est rien arrivé de mal ; mais je viens vous confier mes peines habituelles, vous les connaissez : mon cœur n’a jamais eu de replis pour vous ; vous savez ce que j’ai fait pour me tirer de la foule et pour acquérir un nom, mais je ne sais pourquoi, dans le moment même où je croyais m’élever peu à peu, je me sens retomber tout à coup ; la source de mon esprit est tarie ; après avoir tout appris, je vois que je ne sais rien ; abandonnerai-je l’étude des lettres, entrerai-je dans une autre carrière ? […] Le même jour, à la dixième heure, c’est-à-dire vers quatre heures après midi, je vis arriver un courrier m’apportant une lettre du chancelier de l’Université, Robert de Bardy, qui me conjurait de donner la préférence à la ville de Paris pour y recevoir la couronne de gloire. « Décidez pour moi », écrivit-il le même jour au soir à son patron et à son ami le cardinal Colonna ; vous êtes mon conseil, mon appui, mon ami, ma gloire ! […] Pétrarque, par une superstition du cœur qui associait la date de son amour à toutes les dates heureuses de sa vie, voulut arriver à Rome le 6 avril.
Le xixe siècle me donne l’impression, belle mais un peu inquiétante, d’un être qui arrive à sa puberté et qui, après avoir été longtemps gardé en tutelle, trouve enfin l’occasion de permettre à ses sens de courir la bride sur le cou. […] Cela paraît fort bien imaginé aussi, car, au moyen de ces violences, les partisans de la Restauration néo-classique (vous voyez à quel point on est arrivé à confondre la question politique et la littéraire) ne seraient pas fâchés de faire régner dans les milieux intellectuels je ne sais quelle atmosphère de Terreur blanche. […] Les gens, qui se satisfont de cette généralisation inexacte et trop facile, en arrivent à haïr de parti pris le xixe siècle, simplement parce qu’il est issu de la Révolution française. […] Les injures contre le xixe siècle arrivent à point pour être gobées par ce troupeau de jeunes béotiens.
Mais chaque fois que la situation se précise, qu’elle arrive à un point culminant et décisif, la musique et la parole se rapprochent, les motifs sont moins enchevêtrés, ils se dessinent clairement et hardiment, ils rentrent dans une tonalité précise et constante… La phrase poétique se marie à la phrase musicale ; quelquefois elles se confondent à tel point que c’est la voix qui elle-même chante le thème. […] Voilà donc les trois mots qui dans toute traduction devront venir sous les mêmes notes : renonce, amour, et amour, — Or, il arrive dans la Walküre une chose très exceptionnelle : c’est que ce même motif est de nouveau chanté par la voix tout au long, dans le même ton59, et avec cette seule différence que la valeur de chaque note est doublée, de façon que les quatre mesures en font ici huit60. […] De la dominante, la phrase arrive à la sous-dominante après s’être repliée une seconde fois ; mais cette fois, en même temps que la sonorité diminue, la rigueur de la marche s’atténue, et c’est par une progression de trois notes égales diatoniquement jointes que la sens-dominante est appelée ; et par une cadence majeure, lente, la mélodie se distend et semble employer tout ce qui lui reste de force tonale pour mourir sur la médiante. […] Alors intervient un motif qui sous cette forme semble tout à fait étranger au premier ; c’est un appel puissant et large des cuivres doucement répété en hauteur par les flûtes ; puis un troisième motif qui semble également particulier, que nous analyserons à son tour, et à la fin duquel (p. 5, lignes 2, 5, 6), réapparaît la terminaison E du motif fondamental. — Celui-ci revient alors et forme toute la fin de l’ouverture, et successivement toutes ses fractions se mettent en évidence : d’abord A, B et C ensemble, puis B, qui s’altère de différentes façons ; et le motif A, B, C, revient encore trois fois, toujours arrêté par B qui se représente obstinément de plus en plus altéré, jusqu’à ce que D arrive à son tour ; E apparaît ensuite et semble une réponse à D et prend même à un moment un développement considérable ; et, à plein orchestre, une complication expressive met en valeur les notes finales qui se trouvent ici n’être plus autre chose que la répétition de B, au point d’être suivies enfin de D. qui s’affaisse bientôt, tandis que les bois reprennent, faiblement et de plus en plus en hauteur, le motif ascensionnel qui semble ici fuir, en se dissipant dans les hauteurs de l’orchestre, le milieu sonore encore troublé par les successifs déchirements et les vertigineuses éducations du motif fondamental.
René Ghil est exact, comme il s’agit d’un mouvement actuellement en plein triomphe, et comme j’ai pu lire des volumes entiers où son nom n’est pour ainsi dire pas cité, j’en arrive à soupçonner dans cet oubli quelque-une de ces belles injustices qui égaient l’histoire ! […] Mallarmé dès lors parlait de l’essence du « Symbole », le persuadait comme expression totale, et suprême manière d’art pour susciter d’analogies en analogies l’Idée enclose en tout spectacle : ses concepts empruntaient à Platon, Fichte, Hegel… Je trouvai là parmi les premiers arrivés à la parole nouvelle, Henri de Régnier, Francis Vielé-Griffin, Barrès, Fénéon, plus tard Gustave Kahn, et d’autres, qui n’avaient encore publié qu’en de vagues revues, quelques vers ou proses, sans se préciser de direction. […] Ainsi, lui aussi, par une autre voie qui est sienne, arrivé au sens universel. […] Mais nous réduisons encore l’antinomie : et, couvert par une loi d’ordre naturel, ce n’est que lorsque l’Individu a pour lui-même acquis la sûreté de vie organique et morale, qu’il se doit à autrui et à son effort… J’arrive, en Politique, à un pouvoir intellectuel sous la loi scientifique, impersonnelle et évoluante.
V Ce court préambule était nécessaire pour arriver à l’inexplicable influence de Boileau sur les lettres françaises. […] Ses ouvrages, tout pleins d’affreuses vérités, Étincellent pourtant de sublimes beautés : Soit que, sur un écrit arrivé de Caprée, Il brise de Séjan la statue adorée ; Soit qu’il fasse au conseil courir les sénateurs, D’un tyran soupçonneux pâles adulateurs ; Ou que, poussant à bout la luxure latine, Aux portefaix de Rome il vende Messaline ! […] Puis on arrive aux dernières pages, où on lit avec tristesse ce refrain des petites vies comme des grandes : « J’ai fait une chute sur mon escalier d’Auteuil. […] vous ne l’atteignez pas, ou vous le dépassez. » Et s’il arrive que ces hommes de critique, ces logiciens des arts, ces logiciens de la langue, soient eux-mêmes capables à un certain degré de joindre l’exemple à la leçon et de produire des œuvres de talent irréprochables, leur talent accroît leur autorité, et les nations reconnaissent longtemps leurs lois.
Si je me suis un peu étendu sur ce sujet, c’est qu’il est de la plus haute importance d’arriver à nous faire une idée, quelque incomplète qu’elle soit, de la durée des temps géologiques. […] Depuis 1845 que j’ai publié mes vues sur ce sujet, j’ai suivi avec soin les progrès de la géologie, et j’ai été surpris de voir comment les auteurs, en traitant de telle ou telle grande formation, arrivaient tous les uns après les autres à conclure qu’elle s’était produite pendant une époque d’affaissement. […] Mais il me semble que d’insurmontables difficultés nous empêchent d’arriver à aucune conclusion certaine sur ce point. […] Il ne faut pas oublier que, même de nos jours, et à l’aide de spécimens vivants et complets, il est rare que deux formes puissent être reliées l’une à l’autre par des variétés intermédiaires, et attribuées ainsi à la même espèce, jusqu’à ce que de nombreux spécimens en aient été recueillis dans diverses contrées ; or, il est bien difficile aux paléontologistes d’arriver à un pareil résultat à l’égard des fossiles.
Il devrait arriver alors, en effet, si les deux états différaient simplement par le degré, qu’à un certain moment la sensation se métamorphosât en souvenir. […] Or un moment arrive, sans aucun doute, où il m’est impossible de dire si ce que je ressens est une sensation faible que j’éprouve ou une sensation faible que j’imagine (et cela est naturel, puisque le souvenir-image participe déjà de la sensation), mais jamais cet état faible ne m’apparaîtra comme le souvenir d’un état fort. […] Pour démasquer entièrement l’illusion, il faudrait aller chercher à son origine et suivre à travers tous ses détours le double mouvement par lequel nous arrivons à poser des réalités objectives sans rapport à la conscience et des états de conscience sans réalité objective, l’espace paraissant alors conserver indéfiniment des choses qui s’y juxtaposent, tandis que le temps détruirait, au fur et à mesure, des états qui se succèdent en lui. […] En serrant d’aussi près que possible les difficultés d’ordre psychologique soulevées autour du problème des idées générales, on arrivera, croyons-nous, à les enfermer dans ce cercle : pour généraliser il faut d’abord abstraire, mais pour abstraire utilement il faut déjà savoir généraliser.
Justement parce que ce morcellement du réel s’est opéré en vue des exigences de la vie pratique, il n’a pas suivi les lignes intérieures de la structure des choses : c’est pourquoi l’empirisme ne peut satisfaire l’esprit sur aucun des grands problèmes, et même, quand il arrive à la pleine conscience de son principe, s’abstient de les poser. — Le dogmatisme découvre et dégage les difficultés sur lesquelles l’empirisme ferme les yeux ; mais, à vrai dire, il en cherche la solution dans la voie que l’empirisme a tracée. […] Par le premier argument Ca Dichotomie) on suppose le mobile au repos, pour ne plus envisager ensuite que des étapes, en nombre indéfini, sur la ligne qu’il doit parcourir : vous chercheriez vainement, nous dit-on, comment il arriverait à franchir l’intervalle. […] Là où le rythme du mouvement est assez lent pour cadrer avec les habitudes de notre conscience, — comme il arrive pour les notes graves de la gamme par exemple, — ne sentons-nous pas la qualité perçue se décomposer d’elle-même en ébranlements répétés et successifs, reliés entre eux par une continuité intérieure ? […] Ne nous arrive-t-il pas de percevoir en nous, pendant notre sommeil, deux personnes Contemporaines et distinctes dont l’une dort quelques minutes tandis que le rêve de l’autre occupe des jours et des semaines ?
Il y discute des changements que la Révolution devra apporter dans les mœurs publiques et dans le goût : « Après tout ce qui est arrivé depuis quelque temps, toutes les idées doivent décidément se renouveler. » Et d’abord il croit que l’universalité de la langue française en souffrira ; que Paris ne sera plus comme auparavant la capitale intellectuelle et littéraire reconnue de l’Europe, les autres nations voulant se venger d’avoir si longtemps obéi à l’esprit venu de Paris. […] La vieillesse arrivait pourtant ; le prince de Ligne orna la sienne, jusqu’à la fin, d’agrément et d’élégance.
Ajoutant ainsi continuellement à son acquis, à son fonds de comparaisons et d’idées, assouplissant et gouvernant avec une dignité de plus en plus aisée sa noble manière, semblant justifier en lui cette définition, que le génie (une haute intelligence étant supposée comme condition première), c’est la patience, il est arrivé, sur les plus grands sujets qu’il soit donné à l’œil humain d’embrasser, à la plénitude de son talent de peintre et d’écrivain. […] Mais dans l’article de l’âne, dans celui du chien, il arrive aux idées essentielles de la science, à rechercher et à déterminer au juste en quoi consiste l’espèce, et quel en est le signe distinctif.
Il n’avait que dédain pour ceux qui rapportaient l’origine d’une si grande secousse à tel objet particulier de leur dépit ou de leur aversion : L’heure des révolutions sonne, messieurs, disait-il (et c’est dans un discours qu’il eut à prononcer comme préfet à l’ouverture du lycée de Clermont sous l’Empire), — l’heure des révolutions sonne quand la succession des temps a changé la valeur des forces qui concourent au maintien de l’ordre social, quand les modifications que ces forces ont subies sont de telle nature qu’elles portent atteinte à l’équilibre des pouvoirs ; quand les changements, imperceptiblement survenus dans les mœurs des peuples et la direction des esprits, sont arrivés à tel point qu’il y a contradiction inconciliable et manifeste entre le but et les moyens de la société, entre les institutions et les habitudes, entre la loi et l’opinion, entre les intérêts de chacun et les intérêts de tous ; quand enfin tous les éléments sont parvenus à un tel état de discorde qu’il n’y a plus qu’un conflit général qui, en les soumettant à une nouvelle épreuve, puisse assigner à chaque force sa mesure, à chaque puissance sa place, à chaque prétention ses bornes… Cette manière élevée de considérer les choses contemporaines comme si elles étaient déjà de l’histoire, dispense de bien des regrets dans le passé et de bien des récriminations en arrière. […] Ramond, après la chute du trône au 10 Août, retourna dans ses chères montagnes des Pyrénées ; il y était à la fin de 1792, et, à peine arrivé, il courait droit au Marboré qui avait été le grand attrait de son précédent voyage.
Chez Charron, on voit trop l’arrangement et l’art, et une sorte d’insouciance d’arriver. […] Cela dit, nous arrivons à l’examen de quelques parties de ce livre qui a de l’exagéré et du systématique, mais qui aussi a eu du bon et de l’utile.
Sa grandeur d’âme, son habileté, son infatigable vigilance, sa supériorité sur ceux qui l’entouraient et dont il se servait utilement, tout cela était senti d’une manière directe et présente, bien autrement efficace qu’aujourd’hui l’histoire, à l’aide de ses pièces et de ses études, ne peut arriver à le reproduire et à le démontrer. […] Dans l’un de ces premiers voyages à l’armée auprès du roi, pendant le siège de Rouen, en 1591, Henri, oubliant la gravité, se plaît à harceler le respectable président, cet homme de robe longue, et à se jouer de ses peurs en le voulant emmener aux tranchées : Je le refusai, dit Groulard, comme n’étant de la profession des armes ; (alléguant) qu’aussi bien je ne pourrais dire si elles étaient bien ou mal faites, et que s’il arrivait que je fusse blessé, je ne servirais que de risée et moquerie à ceux de dedans.
Or, dans la littérature sacrée, il arriva que ce goût général et dominant produisit ses effets. […] Arrivé à un certain âge, il eut cependant une sorte d’événement dans sa vie, et une tentative de retour vers la gravité des mœurs et du ton.
Il lui arriva ce qui arrive le plus souvent aux chefs de parti ; ce sont les partis et les assemblées qui les mènent.
; on observerait les proportions et le ton, les convenances ; on ne commencerait point par donner tête baissée dans l’inédit, avant d’avoir lu ce qui est imprimé depuis deux siècles, ce qui hier encore était en lumière et faisait l’agrément de toutes les mémoires ornées ; on ne débuterait pas avec le xviie siècle par des découvertes : mais si l’on en faisait, on les exprimerait d’une façon plus simple, mieux assortie aux objets, plus digne de ce xviie siècle lui-même ; on ne jurerait pas avec lui en venant parler de lui ; on ne parlerait pas un langage à faire dresser les cheveux sur la tête à ce monde poli qu’on met en avant à tout propos ; on ne s’attaquerait pas enfin, de but en blanc, à ces gens de Versailles comme si l’on arrivait de Poissy ou de Pontoise. […] Dernièrement la lampe s’était éteinte parce que j’en avais répandu la moitié : je ne savais où étaient les fenêtres, que je n’avais point vues ouvertes parce que nous étions arrivés de nuit dans ce lieu-là ; je pensai me casser le nez contre la muraille, et nous fûmes, le roi d’Espagne et moi, près d’un quart d’heure à nous heurter en le cherchant.
Une fois, mon salon était rempli d’hôtes de condition, d’Émigrés nouvellement arrivés qui devaient dîner avec moi ; je suis appelé pour une affaire imprévue ; en sortant du salon pour passer dans mon cabinet, je ferme étourdiment la porte à double tour, et mets la clef dans ma poche. […] Le Noir, autrefois lieutenant de Police à Paris, se mettre gaiement sur quelque char de paysan pour arriver à la ville prochaine.
La Bruyère n’a manqué ni à la précaution ni à la règle, et, en grand artiste, il a disposé les choses de telle façon qu’on arrive à cette image par des degrés successifs, et comme par une longue avenue. […] Après la publication de son livre, le Discours de réception de La Bruyère à l’Académie a été le grand événement de sa vie littéraire ; c’est le seul même qui soit arrivé jusqu’à nous dans un parfait éclaircissement.
Il arrive souvent aux grands poëtes sur le déclin des ans de susciter en de jeunes cœurs des admirations passionnées qui ressemblent à de l’amour : ainsi Gœthe enflamma le cœur ou la tête de Bettina ; ainsi Lamartine, ainsi Chateaubriand en ont enflammé bien d’autres. […] C’est au contraire un débutant, mais un débutant très-préparé et très-décidé à poursuivre, quoi qu’il arrive, et à tenir de pied ferme, que M.
fallait-il donc que l’écho de vos borborygmes eux-mêmes arrivât jusqu’à la postérité ? […] Qu’était-ce donc que cette tyrannie de vertiges, sous laquelle vécut Louis XIV et dont il se plaignait à de certains intervalles, qu’on croyait à jamais dissipée, puis qui reparaissait tout à coup, et particulièrement sous l’influence du travail et de la contention d’esprit, ou des contrariétés et des chagrins, quand arriva l’heure des chagrins et des mécomptes ?
Qu’elle soit toujours arriérée par rapport à nous, cette critique, et qu’elle arrive toujours trop tard, s’attaquant à ce que nous ne sommes déjà plus. […] Que cela arrive dans la vie de l’esprit jusqu’à sept fois, et que les ennemis en soient confus !
Quinet sur la philosophie de l’histoire et sur la formation de l’unité française en particulier, il est à la hauteur de la question ; et toutes les fois qu’il lui arrive ainsi de relever le gant, dans un sens ou dans un autre, il se montre de force à la réplique. […] On ne dira pas que je diminue ceux que je viens de définir ; j’en viens hardiment aux autres : ces autres ne sont ni absolutistes ni serviles, je repousse ce nom à mon tour de toute la fierté à laquelle toute sincère conviction a droit ; mais il en est qui pensent que l’humanité de tout temps a beaucoup du à l’esprit et au caractère de quelques-uns ; qu’il y a eu et qu’il y aura toujours ce qu’on appelait autrefois des héros, ce que, sous un nom ou sous un autre, il faut bien reconnaître comme des directeurs, des guides, des hommes supérieurs, lesquels, s’ils sont ou s’ils arrivent au gouvernement, font faire à leurs compatriotes, à leurs contemporains, quelques-uns de ces pas décisifs qui, sans eux, pouvaient tarder et s’ajourner presque indéfiniment.
Renan, ont un sens douteux et double et ne sont pas entendus également des deux côtés. » Un troisième ami m’arriva avant la fin de la journée ; celui-ci est très-mesuré et très-circonspect, c’est un prudent et un politique ; il vit le livre sur ma table, ne me questionna que pour la forme et, sans attendre ma réponse, me dit : « Je n’aime pas ces sortes de livres, ni voir agiter et remuer ces questions. […] Il est arrivé ainsi à faire un livre d’art autant et plus que d’histoire, et qui suppose chez l’auteur une réunion, presque unique jusqu’ici, de qualités supérieures, réfléchies, fines et brillantes.
Ce que j’ai essayé de faire sur Léonidas de Tarente pourrait se renouveler également pour plus d’un autre des poètes de l’Anthologie ; avec un peu d’attention on arrive, en rapprochant leurs petites pièces, à retrouver en partie leurs traits et à recomposer leur physionomie. […] que de conditions pour arriver à goûter de nouveau ce qu’on a senti une fois !
Une fois il lui est arrivé (car le talent prend tous les tons) de tracer un portrait d’une délicatesse infinie, un portrait de femme, celui de Mme de La Fayette ou plutôt celui de la princesse de Clèves, l’héroïne du roman le plus poli du xviie siècle : il s’y est surpassé ; il a allégé sa méthode, tout en continuant de l’appliquer. […] Nous arriverons la prochaine fois à parler du grand ouvrage (l’Histoire de la Littérature anglaise) qui partage en ce moment les esprits, qui a tenté d’abord et puis qui a fait reculer l’Académie française.
Comme un bon nombre de ses collègues, il arrivait à cette assemblée déjà mûr et tout formé par l’ancien régime pour le nouveau. […] L’abbé Raynal lui arrivait un jour à l’improviste et s’en venait loger chez lui : il n’y resta pas moins de trois années !
Si l’on excepte quelques illustres incurables, auxquels les années n’ont guère rien appris, la plupart, d’un côté ou d’un autre, sont arrivés à un fonds commun ; ce que j’appelle les secondes phases du talent a tourné chez presque tous à l’expérience. […] Un des plus clairs résultats des doctrines vagues qui se rattachent au mot de Saint-Simonisme a été négatif, comme cela arrive souvent : elles ont eu pour effet de neutraliser, de couper chez beaucoup de jeunes esprits la fièvre flagrante du libéralisme, et de les placer dans une habitude plus calme, plus pacifique, plus ouverte aux idées et aux combinaisons véritablement sociales.
Charcot s’était arrêté au Braidisme j’arrivai jusqu’à la suggestion. […] Peu à peu, il n’avait plus eu de goût pour le pain, il en était arrivé à cracher sur le fricot.
. — Par cette équivalence, les caractères généraux des choses arrivent à la portée de notre expérience ; car les noms qui les expriment sont eux-mêmes de petites expériences de la vue, de l’ouïe, des muscles vocaux, ou les images intérieures, c’est-à-dire les résurrections plus ou moins nettes de ces expériences. […] Point du tout ; quand un autre monsieur, c’est-à-dire une forme pareille, en paletot, avec une barbe et une grosse voix, entrera dans la chambre, il lui arrivera souvent de l’appeler aussi papa.
La comédie essaya bien de se mettre d’accord avec cette disposition des esprits ; mais la difficulté de représenter matériellement les formes de la vie, lieux, meubles, costumes, toutes ces choses où les mœurs générales et les tempéraments individuels mettent leur empreinte, paralysait l’effort des auteurs, dans l’état où était encore l’art de la mise en scène ; et tout le siècle s’écoule sans arriver à créer la pièce réaliste. […] Et ainsi, jusque dans la conception morale que semble exprimer la dernière partie du roman, Lesage ne dépasse pas le possible et le réel : on ne saurait dire que Gil Blas soit un idéal ; il arrive à être à peu près la moyenne d’un honnête homme, après avoir été un peu au-dessous.
Camille Flammarion en arrivera tout à l’heure à conclure : « L’âme n’est pas un vain mot. […] Ils ne se souciaient « d’arriver », ni par la flatterie, comme les poètes de l’ancien régime, à qui souvent une dédicace opportune suffisait pour ouvrir la considération et la fortune, ni par la ruse comme Julien Sorel, ni par les femmes comme Lucien de Rubempré.
Et c’est ainsi qu’il en arrivait à déclarer à Edmond de Goncourt qui le rapporte dans son journal : « Le livre, c’est la parole sous la figure du silence » et encore : « Un poème est un mystère dont le lecteur doit chercher la clef. » Il voulut « incorporer l’abstraction » et pour cela imagina de substituer à la musique des instruments, la musique de la « parole intellectuelle à son apogée ». […] C’est vrai que tout est relatif et que chaque phénomène s’explique éternellement par un autre et notre vouloir doit travailler à pénétrer le plus de relations pour, si on les trouvait toutes, arriver ainsi à la cause première.
Le tour de la Normandie et des contrées avoisinantes est arrivé. […] Il n’apprécie la nature rude et sauvage que le jour où la nature civilisée lui permet d’arriver sans trop grand effort aux parties qui ont échappé à son action et de regarder sans crainte et sans arrière-pensée des forces imposantes contre lesquelles il se sent ou se croit abrité.
À peine arrivé, il accompagne Sobieski dans une expédition en Ukraine : Enfin nous partons dans trois jours pour l’armée. […] Dans une des lettres nouvelles, on le voit, après un voyage en Nivernais, qui a été des plus fatigants, arriver à une terre appelée les Bordes ; il faut entendre comme il en décrit les délices : « On y mange quatre fois par jour ; on y dort vingt heures, et il n’y a pas de lit que le Sommeil n’ait fait de ses propres mains. » Et il entre alors dans tous les détails sur les avantages du lieu, et sur certains agréments de garde-robe qu’il décrit au long à sa belle-sœur avec un enthousiasme, avec une sorte de verve lyrique que je me garderai de citer ; nous sommes devenus trop petite bouche pour cela.
Il est arrivé au cardinal Mazarin, si heureux en toutes choses, un très grand malheur après sa mort : cet homme, sans amitiés et sans haines, n’a eu qu’un seul ennemi avec qui il ne se soit pas réconcilié et à qui il n’ait jamais pardonné, le cardinal de Retz ; et celui-ci, en écrivant ses immortels Mémoires, a laissé de son ennemi, de celui en qui il voyait un rival heureux, un portrait si gai, si vif, si amusant, si flétrissant, que les meilleures raisons historiques ont peine à tenir contre l’impression qui en résulte, et qu’elles ne parviendront jamais à en triompher. En revanche, il est arrivé au cardinal Mazarin, après sa mort, plusieurs bonnes fortunes, et c’est de nos jours particulièrement que sa réputation de grand politique a trouvé des appréciateurs attentifs, compétents, et des vengeurs.
Puis, cela dit, il arrive à la grande nouvelle du jour, à la visite que la reine Christine est venue faire à l’Académie, visite improvisée et qui prit l’illustre compagnie un peu au dépourvu : on n’avait été prévenu que le matin même. […] Quelques rares académiciens arrivèrent ; quelques autres manquèrent, et des meilleurs.
Dix-neuf jours après la fête de Vaux, la Cour était à Nantes, et Fouquet malade de la fièvre venait d’y arriver, lorsque Louis XIV, qui avait tout concerté et pris soin, jusqu’à la fin, de tirer du surintendant les ordonnances de paiement qui étaient nécessaires au service, le fit arrêter par d’Artagnan (5 septembre) au moment même où Fouquet sortait de travailler avec lui. […] Si un tel plaidoyer, au lieu d’être simplement imprimé, avait été prononcé devant Louis XIV, le jeune roi n’aurait pu y résister, je le crois, et, à cet endroit-là, il lui serait arrivé comme à César, le jour où l’arrêt de condamnation de Ligarius échappa de ses mains.
Tant il est vrai qu’à chacun appartient sa tâche et son rôle ; celui de Portalis était de ne point innover en détruisant : « Le mal de détruire, disait-il, est infiniment plus grand que celui de souffrir. » — « Il est plus dangereux de changer, disait-il encore, qu’il n’est incommode de souffrir. » Mais la destruction faite, et quand la violence aveugle ne régnait plus, il arrivait, il se levait avec calme, il trouvait des paroles de douceur, d’équité, de renaissance et presque de convalescence sociale, et il excellait à infuser quelque chose de la moralité ancienne dans le fait nouveau. […] Après avoir traité la question dans sa généralité, il arrivait au fond même, et il ne craignait pas de dire le secret des cœurs : « Les prêtres non assermentés sont, dit-on, violemment soupçonnés de n’avoir jamais aimé la Révolution. » Et en ne les justifiant qu’autant qu’il le fallait pour rester dans le vrai, il maintenait que le cours des pensées est libre et doit être ménagé tant qu’il ne se traduit point en actes coupables : « Quand il s’opère une grande révolution dans un État, il n’est pas possible que tous les membres de cet État changent d’habitudes, de mœurs et de manières dans un instant.
Portalis y arriva, malgré les rigueurs de la saison, en janvier 1798. […] Quand un peuple en est arrivé là, il n’a de chance de régénération que dans une conquête par un autre peuple plus jeune et plus énergique, ou dans un libérateur.
Dès lors, en voyant arriver un ministère qui disait : « J’éviterai la guerre au-dehors, et pour cela je rétablirai avant tout, l’ordre au-dedans », il frémit avec sincérité, il poussa le cri d’alarme en toute franchise : Malheur, s’écriait-il (16 mars), malheur à qui coupe les jarrets de son coursier pour n’être pas emporté par lui ! […] Disons-le donc en concluant, et sans craindre d’offenser ses mânes, il a fait fausse route à un certain moment ; il s’est trompé, non pas tant en manquant le succès, ce qui peut arriver à tout homme noble et sensé, mais en s’obstinant dans une voie sans issue et dans une cause pleine de pièges et de ténèbres.
Il est arrivé dans ces derniers temps à M. Cousin ce qui arrive quelquefois aux philosophes eux-mêmes : il est devenu amoureux.
Lorsque Franklin arrivait à Paris à la fin de décembre 1776, et que son voyage, qui allait devenir un séjour de huit années et demie, faisait à l’instant le sujet de tous les commentaires, ce n’était pas la première fois qu’il voyait la France : il y était venu déjà passer quelques semaines en septembre 1767 et en juillet 1769. […] Quoi qu’il en soit, l’idée de travail et de paix, qui, malgré les échecs qui lui arrivent de temps en temps, semble devoir dominer de plus en plus les sociétés modernes, doit beaucoup à Franklin.
Plus tard, il a essayé de corriger ce défaut de son éducation première, et il était arrivé sur l’ancien régime à une érudition assez fine et assez rare, mais trop récente, et par conséquent toujours un peu incertaine. […] On s’habitue à lui attribuer tout ce qui arrive.
» Un je ne sais quoi nous avertit que peut-être ce n’est pas si faux que nous croyons ; nous nous interrogeons et il arrive souvent que nous nous disions : « du moins, ce n’est pas impossible ». […] Tout ce que je viens de dire est généralement vrai ; mais, comme il arrive, les choses sont quelquefois tout à l’inverse.
Qu’en est-il arrivé ? […] Les classes qui n’ont pas compté dans cette évaluation morale doivent arriver à y être comprises ; et les femmes, dans ces classes, obéiront à leur tour à cette impulsion progressive.
Vérifions de la même façon que la première cette seconde hypothèse formée de la même façon que la première, et nous arriverons à la même conclusion. […] Nous avons continué de même, et nous sommes arrivés enfin au fait unique, qui est la causé universelle.
Cependant, avant d’y arriver, M. […] Il arrive aussi à M. […] Nous arrivons à la seconde partie et au sujet. […] Par un hasard fâcheux, le chevalier de Valois arrive quelques minutes trop tard pour formuler sa demande officielle, quand celle de M. […] Il arrive que le lecteur fasse spontanément la même réflexion.
Mardochée arrive, et Aman lui dit : Ah ! […] Elle arriva successivement, ainsi que nous allons le raconter, à la réforme complète des costumes, à leur appropriation à l’époque, de façon à ce que les paroles ne fussent plus un anachronisme chronique avec les vêtements. […] En 1755, Lekain et mademoiselle Clairon, guidés par le bon goût et par l’amour de l’art dramatique, sentirent enfin le ridicule du costume et la nécessité d’arriver à une réforme devenue indispensable. […] Pour éprouver si leur chute ne devait pas être imputée au mauvais vouloir du parterre à son égard, il fit afficher la tragédie d’Agamemnon sous le nom de Pader d’Affezan, jeune homme nouvellement arrivé à Paris. […] Invité un jour à dîner pour midi chez M. du Tillet avec des gens de lettres, il n’y arriva qu’à quatre heures du soir.
Il y a même dans ce volume quelques cris trop déchirants pour être confiés à l’art et qui font mal à entendre ; mais l’auteur qui, tout en les laissant échapper par moments, sait qu’il ne faut pas tout dire, et qu’il y a la pudeur de la muse et celle de la femme, a d’ordinaire exhalé ses émotions et ses larmes par un détour et à travers un léger voile qui les laisse arriver sincères encore, mais non pas trop amères ni dévorantes.
L’esprit dans lequel le livre est conçu est un bon esprit ; j’appelle ainsi celui qui consiste à ne pas arriver sur le sujet avec une prévention et un système, à se pénétrer de l’esprit même de l’époque qui est en cause, à recueillir tous les témoignages, à s’éclairer de toutes les dépositions et à nous rendre avec gravité, avec bon sens et modération, le résultat de cette enquête si délicate et si compliquée.
Diodati, mais j’ai encore plus de regrets qu’il vous en soit arrivé de même, et que vous lui ayez fait tant d’honneurs et de caresses ; car je pénètre quasi que, depuis la lettre que vous lui écrivîtes de M.
Le caractère du style aussi bien que de la vie du marquis d’Argenson est le bon sens, comme on le croira sans peine ; ennemi du clinquant et de ce qu’il appelle les épigrammes politiques, il ne l’est pas moins des pointes et des épigrammes du langage ; avide avant tout de vérités proverbiales, de dictons populaires, et heureux d’en confirmer sa pensée, la trivialité même ne l’effraye pas, il ne l’évite jamais ; mais par malheur la raison n’est pas toujours triviale ; il arrive donc souvent aux saillies à force de sens, et beaucoup de ses comparaisons sont piquantes parce, qu’elles sont justes, Qu’Albéroni, par exemple, vivant à Rome après sa disgrâce, entreprenne, au nom du pape, souverain temporel, la conquête de la petite république de Saint-Marin ; M. d’Argenson, qui vient de nous exposer avec précision et peut-être sécheresse les travaux et les talents du cardinal, saura bien ici nommer cette entreprise une parodie des comédies héroïques qu’Albéroni a données à l’Espagne vingt ans auparavant, et, lui-même, le montrer joueur ruiné quoique habile qui se conduit en jouant aux douze sous la fiche, comme il faisait autrefois en jouant au louis le point.
Chassé d’Anvers, de Bruxelles, de l’Électorat de Cologne, et finalement de tous les États de l’empereur, repoussé même de la Grande-Bretagne, Dumouriez arriva, après deux mois de dangers et de misères, sur le territoire de Venise, où de nouvelles tracasseries l’attendaient.
On le voit arriver, à titre de poëte lauréat, dans la cour de Polycrate, tyran de Samos, tandis que Pythagore attristé s’en éloigne.
Si l’on méconnaissait ce caractère nécessaire du mot propre, qui est d’être clairement intelligible, à quels excès n’arriverait-on pas ?
Parlez de principes et de cause à qui vous voudrez de nos directeurs, il vous demandera de quelle province vous arrivez.
« Une fois dans cette voie, il ne s’arrêta plus et même alla beaucoup plus loin que des Esseintes, car, avec des moyens restreints, il arriva à des résultats surprenants, vraiment.
Et qui pourrait affirmer que l’espèce de trahison du roi envers cette même madame de Montausier, lorsqu’il trompa la reine et elle sur ses relations avec madame de Montespan, l’incurable maladie qui accabla madame de Montausier lorsqu’elle fut détrompée, et enfin sa mort, qui arriva pendant que l’Amphitryon de Molière amusait la cour et le public par le spectacle d’un mari malheureux ; qui oserait assurer, malgré les apparences, que ces faits n’eurent aucune influence sur l’esprit du roi ?
On essaie le corps, il est à peindre ; le roi arrive.
Qu’arrivera-t-il ?
Deux sortes de peintures : l’une qui plaçant l’œil tout aussi près du tableau qu’il est possible sans le priver de sa faculté de voir distinctement, rend les objets dans tous les détails qu’il aperçoit à cette distance, et rend ces détails avec autant de scrupule que les formes principales, en sorte qu’à mesure que le spectateur s’éloigne du tableau, à mesure il perd de ces détails, jusqu’à ce qu’enfin il arrive à une distance où tout disparaisse ; en sorte qu’en s’approchant de cette distance où tout est confondu, les formes commencent peu à peu à se faire discerner et successivement les détails à se recouvrer, jusqu’à ce que l’œil replacé en son premier et moindre éloignement, il voit dans les objets du tableau les variétés les plus légères et les plus minutieuses.
Surtout qu’il soit défendu, sous des peines rigoureuses, à un vieux professeur qui se retire, de mettre à contribution celui qui lui succède, comme il arrive parmi nous ; la raison en est évidente.
Qu’il soit dans l’ombre ; que la lumière qui vient d’en haut arrive sur les déesses diversement rompue par les arbres, pénétrés par les rayons du soleil ; qu’elle se partage sur elles et les éclaire diversement.
Il faut bien qu’il arrive en nous quelque chose d’approchant de ce que je dis, car après avoir vû vingt fois la tragedie de Mithridate, on est presqu’aussi frappé d’un retour imprevu de ce prince, quand il est annoncé à la fin du premier acte, que si cet incident de la piece surprenoit veritablement.
Cependant Monsieur Despreaux avoüoit que très-souvent il étoit arrivé que les jugemens qu’ils portoient après une discussion methodique son ami et lui, sur les divers succès que devoient avoir differentes scénes des tragédies de cet ami, avoient été démentis par l’évenement, et qu’ils avoient même reconnu toujours après l’expérience, que le public avoit eu raison de juger autrement qu’eux.
C’est ce qui arrive toujours quand son artisan n’a point de successeur, et encore plus lorsqu’il est mort depuis long-temps sans avoir été remplacé.
Aussi arrivait-il encore qu’on voulait tourner les opinions en sentiments, et cela dans tous les partis : alors c’était tout ce qu’il pouvait y avoir de plus discordant.
Après la satire de Laprade, à laquelle, du reste, Augier a répondu en une prose qui valait ses vers ; après ce dernier coup de pied des académiciens entre eux, que peut-il arriver à Émile Augier en fait de claque scandaleuse ?
Il veut être célèbre, il veut « arriver ». […] Au moment où, après douze ans de province et d’obscurité, il arrive enfin à la réputation (à quarante ans), la maladie le prend et ne le lâche plus. […] Il lui arrivait d’être aussi peu définitive que celle d’aujourd’hui. […] et enfin l’effroyable dénouement : Roxane, à l’instant où elle vient de faire étrangler Bajazet, étranglée elle-même par le mystérieux nègre arrivé à la fin du troisième acte. […] Et ainsi, tandis qu’il pensait nous démontrer la nécessité de la grâce, Racine n’est arrivé qu’à nous démontrer la fatalité terrible et délicieuse de la passion.
Vous arriverez à peser. […] C’est un bois qui est arrivé à la limite de cet amortissement. […] Il nous a laissé ce qui devait arriver ensuite. Il nous a laissé ce qui allait arriver plus tard. […] — On y arrive.
xii, et à l’Appendice qui s’y rattache : Massillon, jeune et dans l’Oratoire, avait eu une veine de ferveur qui plus tard s’était fort calmée ; son talent naturel, comme il arrive à tant de grands talents, était resté chez lui assez indépendant du fond de l’inspiration même.
Comme il est très-érudit, il ramasse, traduit, combine des vers et des images de tous les côtés de l’horizon ; jamais rayons n’arrivèrent plus brisés que les siens à l’œil du lecteur.
Nous arrivons à un carrefour où leurs chemins divergent.
Aimer l’argent, pour arriver à tel ou tel but, c’est le regarder comme un moyen, et non comme l’objet ; mais il est une espèce d’hommes qui, considérant en général la fortune comme une manière d’acquérir des jouissances, ne veulent cependant en goûter aucune ; les plaisirs, quels qu’ils soient, vous associent aux autres, tandis que la possibilité de les obtenir est en soi seul, et l’on dissipe quelque chose de son égoïsme, en le satisfaisant au-dehors.
Il peut arriver que certains mots aient dans leur sens une partie commune, et qu’on puisse les employer indifféremment, quand on n’a besoin d’exprimer que cette partie commune de leur sens.
Car la chose est impossible, et quand on y prétend, on n’arrive qu’à tout noyer dans la prolixité, à délayer sa pensée comme une matière pâteuse et sans consistance.
Vous réfléchirez que pousser les malheureux à une révolte d’où ne peut sortir pour eux qu’une aggravation de souffrance et cela, pour arriver, vous, à la notoriété ou au pouvoir et, finalement, pour « jouir » c’est vivre de leur substance, c’est s’engraisser de leur misère, sans rien risquer et en feignant de les servir, et qu’ainsi les exploiteurs peuvent se rencontrer ailleurs que dans les rangs des capitalistes.
Icare et Phaéton sont tombés, mais du haut du ciel ; c’est un malheur qui n’arrivera jamais à M.
Il arrivait qu’on vît, au fort des récitations, se ruer dans la salle un flot d’aèdes en tournée qui s’y arrêtaient le temps d’évacuer quelques truculences dans le goût du jour et qui, chargés d’applaudissements frénétiques, libéralement octroyés pour prix de leur dérangement, repartaient aussitôt vers les cabarets de Montmartre dans le fiacre qui les avait amenés.
Il arriva portant une ample provision des substances nécessaires à l’embaumement.
On en était arrivé à croire, avant la création de la linguistique rationnelle, que ces mots latins étaient les seuls légitimes et que les autres représentaient le résidu d’une corruption extravagante ; mais la corruption elle-même a des lois et c’est pour ne pas les avoir observées qu’on a si fort gâté la langue française.
Elle alloit avoir des suites fâcheuses, lorsqu’un ami commun arrive, & les appaise tous deux.
Le pèlerin arrive à son village : la première personne qui vient au-devant de lui, c’est sa femme relevée de couches, c’est son fils retrouvé, c’est son père rajeuni.
Lorsque cet évenement arriva, saint Gregoire Le Grand, le même qui a composé ou reglé l’office et le chant gregorien qui sont encore en usage dans un très-grand nombre d’églises catholiques, étoit déja né.
Ne dirait-on pas qu’ils arrivent d’eux-mêmes ?
Tacite nous montre très bien dans ses annales le progrès de cette funeste indifférence ; lorsqu’Auguste fut près de mourir, quelques-uns discouraient vainement sur le bonheur de la liberté, pauci bona libertatis incassum disserere ; Tibère arrive au pouvoir, et tous, les yeux fixés sur le prince, attendent pour obéir, omnes principis jussa adspectare .
Il avait déjà, à l’âge de dix ans, un tel sérieux dans le caractère et une telle solidité dans l’esprit, qu’il arriva à M. […] Il est arrivé plus tard à la gloire, à la fortune ; mais il n’a point oublié qu’il sortait du peuple et qu’il devait sans doute à cette humble origine quelques-unes de ses meilleures qualités. […] J’ai déjà dit comment il était arrivé à se faire une règle de vie austère fondée sur le sentiment seul, je pourrais presque dire sur le culte même qu’il avait pour l’amour. […] Il en arrive à formuler des préceptes d’une rigueur monacale. […] Il souffrait à la vue d’une tombe mal soignée, et quand il allait visiter les siens au Père-Lachaise, il lui arrivait souvent de faire orner de fleurs les tombes voisines de celles de ses proches.
L’Art moderne, la Société nouvelle, la Basoche, la Wallonie, des journaux se fondent, les encouragements arrivent de Paris, et voilà née la nouvelle littérature belge. […] Il leur arrive de voir trop menu. […] Il arrive à tout homme dans la vie quotidienne d’avoir à dénouer par des paroles une situation très grave. […] , nul, en revanche, n’oserait le nier, elle acquiert bien droit de cité parmi nous, cette pensée, coulée dans la langue française la plus pure, la plus souple, la plus harmonieuse, qui nous arrive filtrée à travers une forme essentiellement latine ! […] Ni ses conférences, ni ses innombrables articles n’ont pu toujours être recueillis, mais plusieurs volumes permettent d’apprécier la sûreté de sa science et le caractère original d’idées que l’on respecte, même s’il arrive de ne les point partager.
Émile Faguet connaît bien son homme, et moitié intuition, moitié raisonnement, il arrive souvent à retrouver la logique de ses sentiments ou de ses actes. […] Désormais, il vous arrivera de sourire, dans vos promenades, au souvenir de ces comparaisons imprévues. […] Qu’arriverait-il, si l’on voyait clair dans ses idées, si l’on apercevait, à travers l’eau transparente, au lieu du sable aurifère, quelques cailloux ? […] Et il lui arrive quelquefois d’oublier qu’il y a un être vivant devant lui, sur la table chirurgicale… N’allez pas cependant faire à M. […] Et il arrive ceci de curieux que l’ouvrage du disciple de Taine, de l’ennemi de Bergson, fournit la plus éclatante confirmation du diagnostic bergsonien.
Cela peut arriver ; cela arrive fréquemment. […] Mais si la société est mal faite, ce qui arrive ? […] Mais je me hâte d’ajouter qu’avec Racine, nous arrivons au point extrême où le danger. de la littérature analytique cesse d’être une menace pour devenir une réalité. […] Lorsque la vulgarité tombe, on peut trouver dessous le naturel ; c’est ce qui arriva. […] Ce que j’avais prédit hier est arrivé.
Cela n’arrive-t-il pas aux plus habiles ? […] Il court à l’assemblée des rats gastronomes, et arrive « les sens troublés, et tous les poumons essoufflés. » Le gros petit homme est d’un tempérament sanguin et asthmatique. […] Elle va droit au fait, et trouve les arguments personnels : dans six mois « vous mourrez de faim. » L’esprit positif arrive naturellement à la réfutation insultante. […] Votre serviteur Gille, Cousin et gendre de Bertrand Singe du pape en son vivant, Tout fraîchement en ville Arrive en trois bateaux exprès pour vous parler : Car il parle, on l’entend ; il sait danser, baller, Faire des tours de toute sorte, Passer en des cerceaux ; et le tout pour six blancs. […] Même il m’est arrivé quelquefois de manger Le berger.
J’arrive enfin aux sciences historiques, — si ce sont des sciences, — et, comme les sciences naturelles, je ne puis m’empêcher d’observer d’abord qu’elles nous ont appris assurément beaucoup de choses, mais aucune de celles que nous attendions de leurs progrès. […] Dans la première fosse où je descendis, nous dit-il, après avoir marché dans l’eau, plié en deux pendant des centaines de mètres… j’arrivai en rampant à une jolie couche de quarante-trois centimètres d’épaisseur. Là travaillaient des êtres humains, étendus sur le flanc, abattant le charbon, qui leur tombait sur la face, et le remplaçant au fur et à mesure par des rondins pour n’être pas écrasés par le plafond… Glissant je ne sais comment, j’arrivai à un carrefour où des masses noires, silencieuses, avec des gestes d’ombre, s’occupaient à couper menu quelque chose de tout point semblable au charbon sur lequel elles gisaient : « Les voilà qui dînent, les gaillards, nous dit l’ingénieur aimable qui nous guidait. […] C’est ainsi que le triomphe universel de la science arrivera à assurer aux hommes le maximum possible de bonheur et de moralité. » Ni Condorcet ni Renan n’avaient rien dit de plus ; et tout ce qu’ils nous avaient promis, on le voit, un autre « secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences » nous le promet à son tour. […] « Qu’on tourne la question comme on voudra, disait Scherer, on arrivera toujours à ce résultat que le christianisme diffère de l’hellénisme en ce qu’il est une religion, qu’il est une religion, parce qu’il prétend aune origine surnaturelle, et que sa vertu vient précisément de ce caractère de révélation… L’hellénisme est quelque chose de très grand et de très beau, mais il n’est qu’une philosophie, et il est condamné à rester sans influence sur les masses, sans contact même avec elles, un objet d’admiration et un aliment spirituel pour une imperceptible élite de l’humanité.
Ses derniers vers nous arrivent toujours remplis d’accents de sollicitude et d’espérance pour sa jeune couvée. […] » Elle a une modique pension qu’elle touchait d’abord avec une sorte de pudeur ; elle s’en confesse et s’en humilie : « (26 octobre 1847)… Il y a deux jours enfin, j’ai reçu le trimestre qui me semblait autrefois si pénible à recevoir, par des fiertés longtemps invincibles, et que j’ai vu arriver depuis d’autres temps comme si le Ciel s’ouvrait sur notre infortune… « Ne nous laissons pas abattre pourtant, il faut moins pour se résigner à l’indigence quand on sent avec passion la vue du soleil, des arbres, de la douce lumière, et la croyance profonde de revoir les aimés que l’on pleure… « En ce moment, je n’obtiendrais pas vingt francs d’un volume : la musique, la politique, le commerce, l’effroyable misère et l’effroyable luxe absorbent tout… « Mon bon mari te demande de prier pour lui au nom des pontons d’Écosse. […] Où en sommes-nous arrivés, Seigneur !
Il était à craindre que le public ou les critiques d’une génération renouvelée ne se montrassent volontiers ingrats, légers (c’est si facile), en raison même de l’écho fameux, contre l’œuvre déjà ancienne d’un auteur très-vivant, et arrivé par les voies les plus honorables aux dignités littéraires et sociales. […] Le nuage par Schiller nous en arriva. […] Et quelquefois même il arrive que le char va tout lentement et presque au pas, comme pour mieux montrer chaque diamant. — Gloire pourtant et merveille !
Les Girondins, arrivés purs au pouvoir, auraient eu bien plus de force pour combattre la démagogie. […] Le général était arrivé. […] VIII On sait ce qui arriva.
Il arriva une bande de jeunes messieurs de Lucques qui allaient par curiosité, car vous allez voir que ce n’était pas par dévotion, au pèlerinage des Camaldules. […] Jusqu’ici j’ai méprisé le mariage, je suis arrivé à quarante ans sans que mon cœur ait battu plus vite d’une pulsation à la vue d’une femme, veuve ou fille, contadine de village ou dame de la ville ; mais l’âge vient, je suis libre, je suis riche. […] malheureux que nous sommes, si cela devait arriver jamais, que deviendrions-nous ?
Sa vocation, comme il arrive toujours, se fortifiait et s’irritait par la résistance paternelle. […] Et c’est pour cela que cette merveille, devenue ainsi un objet d’étude et de reproduction éternel pour les artistes du dessin, fut transportée au palais des Médicis, dans la grande salle d’en haut, d’où il arriva que livré avec trop de confiance aux mains des artistes, on négligea de le surveiller pendant la maladie de Julien de Médicis, et il fut lacéré par eux en plusieurs lambeaux dont chacun emporta ici et là une relique dans toutes les villes d’Italie ! […] On commence par le trouble, on arrive à l’enthousiasme, on finit par l’anéantissement.
Dumas exige que l’homme arrive au mariage aussi intact qu’il souhaite ordinairement sa fiancée. […] Cela, je pense, n’arrive guère. […] Parfois, disais-je, chez les écrivains de mon pays, même chez les meilleurs, — et surtout chez les romantiques je discerne et je sens quelque phraséologie, une rhétorique inventée ou apprise, des artifices systématiques de langage ; et il arrive que cela me fatigue un peu.
Il n’arrive pas, il s’en faut, à la radieuse perfection mélodique de M. […] L’anarchie, prêchée immédiatement, est un anachronisme — ce qu’on appelle crime en politique — car elle ne peut exister dans notre société égoïste ; le procédé même, nullement angélique, employé de préférence par ses prophètes les plus actifs, suffirait à prouver que son jour n’est pas arrivé. […] Il ne serait pourtant pas si difficile d’arriver à se comprendre.
Jugeant trop des autres d’après lui, et aussi d’après le milieu parisien de son temps, Gibbon crut le monde arrivé à un état complet d’indifférence et de scepticisme. […] Sa voix, qui n’avait que des accents aigus, ne pouvait avoir d’autre moyen d’arriver au cœur que de percer les oreilles.
Être homme de lettres, — entendons-nous bien, l’être dans le vrai sens du mot, avec amour, dignité, avec bonheur de produire, avec respect des maîtres, accueil pour la jeunesse et liaison avec les égaux ; arriver aux honneurs de sa profession, c’est-à-dire à l’Institut ; avoir un nom, une réputation ainsi fixée et établie, c’était alors une grande chose : il y avait, et parmi les auteurs et dans le public, comme un sentiment de religion littéraire. […] Daru, alors engagé dans la campagne de Russie et à peine arrivé à Moscou, j’ai dans la tête de grands sujets de comédies, et si je pouvais vous devoir un peu de liberté d’esprit et de loisir, je les entreprendrais ; mais que voulez-vous ?
Il est bien certain que si La Fare s’est retiré pour un passe-droit comme il arriva vingt-cinq ans plus tard à Saint-Simon, ce n’a pas été avec la même arrière-pensée que lui : il n’écrit ses mémoires que par occasion et au hasard, non avec suite. […] Il ne travaille pas assez pour arriver à écrire des mémoires un peu longs et complets ; la plume lui tombe des mains avant la fin, et c’est dommage ; il était si capable de bien juger et de donner sur les hommes qu’il a connus de ces traits qui restent et qui fixent en peu de mots la vérité du personnage !
Mais en même temps qu’on se rendra mieux compte de la circonstance et du tour d’esprit naturel qui l’ont fait naître, il s’y joindra un regret : c’est qu’il soit arrivé à cette jolie pièce d’esprit un malheur qui arrive à toute chose nouvelle qui réussit, elle est devenue le point de départ d’une mode et d’un genre.
Qualités et défauts ainsi amalgamés et arborés avec faste faisaient de lui un homme des plus en vue, toujours en avant, actif, infatigable, moins incommode encore qu’amusant, dont tout le monde se moquait, mais qui dans ce rôle naïf qu’il avait accepté, et dont il prenait les bénéfices avec les charges, trouvait parfois des mots piquants, des ripostes imprévues, comme il arrive aux sots qui ont quelque esprit. […] — Pressé d’arriver à l’éloge direct de son nouveau confrère, l’abbé de Caumartin, ne craignit pas de toucher le point délicat, la solidité des titres académiques, et tout en caressant le glorieux personnage sur ses autres qualités et prétentions extérieures de manière à le gonfler devant tous, il se piqua de lui faire accroire qu’il ne tenait qu’à lui de pouvoir s’en passer : C’est ce qui nous le fait regretter avec justice, disait-il en parlant des mérites modestes de Barbier d’Aucour, et notre consolation serait faible, si elle n’élait fondée que sur la différence de vos conditions.
A une personne qui avait pensé à lui le jour de sa naissance, il écrivait de Passy (28 août 1833) ce remerciement plein de sensibilité et d’une pieuse reconnaissance envers le Ciel : « A l’instant où j’ai reçu votre aimable lettre, je réfléchissais à mon arrivée dans ce monde : il était trois heures, moment de ma naissance il y a cinquante-trois ans ; vous le voyez, votre lettre ne pouvait arriver mieux. […] ils se trémoussent tant et plus pour avoir de la réputation : leur arrive-t-elle, ils la regardent souvent comme un fardeau ; qu’ils lui survivent, ils la regretteront. » Et revenant avec Mme Cauchois-Lemaire sur cette préoccupation de la renommée et du bruit : « Vanité que tout cela !
Lorsqu’un secrétaire d’État arrivait pour le travail à l’heure indiquée, son sac rempli de dossiers et de dépêches, il avait eu soin de laisser dans chaque affaire un point sans importance à résoudre, dans chaque dépêche un ou deux mots à suppléer ou à changer ; le secrétaire d’État suggérait : le roi résolvait, suppléait, changeait et signait. […] J’avoue que leur insolence me piqua au vif, et que je fus près, au risque de ce qui pourrait arriver de mes conquêtes aux Pays-Bas espagnols, de tourner toutes mes forces contre cette altière et ingrate nation.
Puis, et toujours de souvenir en souvenir, je me suis mis à ressonger mélancoliquement à Ducis, au bon Ducis, comme on l’appelle, qui en son temps avait entamé et remué cette grosse question dramatique à tout hasard et par pur instinct ; qui aima Shakspeare d’élan et de vague sympathie sans trop savoir pourquoi et sans l’avoir jamais connu, et de qui l’on a pu dire bien spirituellement, ici même, « qu’il a fait toute une révolution sans le vouloir, comme cela est arrivé quelquefois à la garde nationale67. » Le mot est parfait, mais il y a des jours, ne l’oublions pas en parlant de Ducis, où un garde national a son héroïsme aussi et se bat comme un lion. […] » Ce maudit discours pourtant lui aura coûté bien des soins ; il faut écarter tout ce qui est scabreux, tout ce qui peut être matière à reproche, maintenir les bienséances, et ne laisser arriver que le respect : « Mon discours touche à sa fin, écrit-il à Deleyre (janvier 1779), mais vous ne sauriez croire, mon ami, combien ce travail me déplaît et me fatigue.
Ceci est bientôt dit, mais que de pas et de peines pour arriver à ce résultat heureux ! […] » Mais ces anciens papiers sont relégués, entassés dans des greniers, dans des arrière-chambres où l’on n’a pas pénétré depuis des années ; il faut ouvrir et desceller des placards remplis et regorgeant de dossiers, morts dès longtemps à la lumière ; pour trouver un seul acte, il faut étaler, dépouiller tout cela, il faut tout parcourir ; car la pièce qu’on cherche, si elle s’y trouve, sera enfouie, comme il arrive souvent, dans la dernière liasse, et cette liasse sera peut-être elle-même tombée au plus profond recoin de l’armoire où elle gît et où elle resterait à jamais, si l’on n’y plongeait de toute la longueur du bras.
Un jour, les théâtres chômaient ; le courant dramatique était à sec ; il n’y avait pas à l’horizon, aussi loin que la longue-vue pouvait porter, la plus petite voile de vaudeville, pas un trois-mâts de mélodrame qui se laissât apercevoir ; Théophile Gautier s’en revenait de Neuilly par le bois de Boulogne, pensif, méditant son sujet de feuilleton, et tout résigné déjà à n’en pas faire : il entre au Jardin d’acclimatation, il visite l’Aquarium… son sujet est trouvé, et à peine arrivé au Moniteur, debout, sur le coin d’un bureau selon son habitude, il écrit de sa plus jolie écriture et au courant de la plume, sans rature aucune, ce feuilleton de l’Aquarium (9 décembre 1861) où tous les mystères sous-marins sont racontés, — un petit chef-d’œuvre de diction scientifique et descriptive. […] Il peut arriver en certains cas que l’habitude de peindre donne le change non-seulement à la critique, mais encore au sujet.
Bowles lui-même a fait en ce sens des sonnets délicieux, d’une nuance infinie, et il n’a pas pris garde qu’il érigeait son goût et son talent personnel en loi et en théorie générale ; il se prenait pour type, comme il arrive souvent. […] Très juste dans ce qu’il dit sur les principaux noms de poètes qu’il rencontre, le critique préoccupé de l’unité de son plan semble trop pressé d’arriver et de conclure.
Le roi a une grâce d’état ; il se porte aussi bien que si rien n’était arrivé… » Tout à côté des paroles douloureuses et concentrées de la reine, on a de ces journées un récit complet, circonstancié, par une correspondante qui ne va plus cesser d’écrire durant ces trois années, et qui est du caractère le plus naturel, le plus accentué, le plus vif, je veux dire Madame Élisabeth. […] Je reconnais bien là votre cœur, et je vous remercie de toutes mes forces ; mais, pardonnez-moi, je vous en conjure, si je continue à me refuser à votre conseil de quitter : songez donc que je ne m’appartiens pas ; mon devoir est de rester où la Providence m’a placée et d’opposer mon corps, s’il le faut, aux couteaux des assassins qui voudraient arriver jusqu’au roi.
. — En admettant même que l’anarchie qui préside à la division du travail social s’atténue ou même disparaisse, en supposant qu’on arrive un jour à une correspondance mieux réglée entre les aptitudes des individus et l’emploi social de ces aptitudes, l’impuissance de la différenciation sociale pour assurer la liberté et le bonheur des individus et pour les harmoniser avec la société n’en apparaîtra que mieux. […] Être un excellent Audomarois consisterait à admettre l’existence de Putois, parce que les autres l’admettent, sans la commenter ni la critiquer, et à en arriver enfin à se persuader soi-même de cet article de foi.
De une à deux heures, — de deux à trois heures, — à tel endroit, chez telle personne ; — de trois à quatre, ailleurs ; — puis arrivait l’heure de sa représentation officielle hors de chez lui ; on le rencontrait en lieu connu et comme dans son cadre avant le dîner. […] Je souffre cruellement, et je voudrais arriver vite au bout de ma carrière. » À chaque ligne de cette correspondance naïve, je vois l’ennui, le mépris du présent, la haine des générations vivantes, de « ces myrmidons d’aujourd’hui qui se fagotent en grands hommes », le culte surtout, l’idolâtrie de la jeunesse, de celle qu’il n’a plus : « Je suis toujours triste, parce que je suis vieux… Restez jeune, il n’y a que cela de bon. » L’Élégiaque grec ne dit pas autrement, mais il est Grec et païen.
Frédéric jugeait bien encore des moralistes et philosophes anciens, ou même des poètes philosophes en qui la pensée domine, tels que Lucrèce : « Lorsque je suis affligé, disait-il, je lis le troisième livre de Lucrèce, et cela me soulage. » Pourtant, même dans ce qui faisait l’objet de ses lectures familières, il y regardait si peu de près quant à l’érudition, qu’il lui est arrivé de ranger par mégarde Épictète et Marc Aurèle au nombre des auteurs latins. […] Un haut et tendre épicuréisme y respire, celui d’un Lucrèce parlant à son ami : Je compatis au malheur qui vous est arrivé de perdre une personne à laquelle vous vous étiez attaché.
J’ai hâte d’arriver à une production sur laquelle je puisse m’arrêter un moment. […] [NdA] J’ai exprimé dans les pages qui précèdent mon dernier sentiment sur le poète distingué dont la veine ne s’est pas renouvelée depuis. — Brizeux, parti de Paris malade, est arrivé à Montpellier le 16 avril 1858, et y est mort le 3 mai.
Je prétens que la raison principale pour laquelle les arts n’ont pu dans aucun siècle, chez aucune nation atteindre au degré de perfection qu’ils ont eue chez les grecs ; c’est que c’est le seul endroit de la terre où ils ont été soumis au tâtonnement ; c’est que, grâce aux modèles qu’ils nous ont laissés, nous n’avons jamais pu, comme eux, arriver successivement et lentement à la beauté de ces modèles ; c’est que nous nous en sommes rendus plus ou moins servilement imitateurs, portraitistes, et que nous n’avons jamais eu que d’emprunt, sourdement, obscurément le modèle idéal, la ligne vraie ; c’est que si ces modèles avaient été anéantis, il y a tout à présumer qu’obligés comme eux à nous traîner d’après une nature difforme, imparfaite, viciée, nous serions arrivé comme eux à un modèle original et premier, à une ligne vraie qui aurait été bien plus nôtre, qu’elle ne l’est et ne peut l’être : et pour trancher le mot, c’est que les chefs-d’œuvre des anciens me semblent faits pour attester à jamais la sublimité des artistes passés, et perpétuer à toute éternité la médiocrité des artistes à venir.
Cette avanture n’arrivera plus desormais. […] Mais il arrive des temps dans la suite où l’on fait mieux qu’on n’avoit encore fait.
Ainsi, il y a quelques années, un père blanc s’étant noyé avant d’arriver à Ségou, on l’a retrouvé avec le nombril et la cloison du nez entièrement rongés ; ce sont les morceaux de prédilection de la faro. […] Quand il arrive à des indigènes d’avoir des enfants retardés dans leur développement et qu’ils soupçonnent d’être fils de guinné, ils peuvent obliger leurs parents à les reprendre en les exposant dans de certaines conditions et en les adjurant de retourner avec ceux de leur race.
Ce ne serait donc que sous les plus expresses réserves que j’accepterais les indications du Dr Barot, ainsi formulées dans sa brochure « L’Ame soudanaise » : « Il m’est arrivé personnellement d’interroger souvent les Noirs. […] Sans doute le héros principal du conte — littérature de passe-temps — est l’homme courageux ; mais celui des fables — littérature d’enseignement pratique (de fait plus encore que d’intention) — est le personnage roublard qui, malgré son peu de moyens physiques, arrive à ses fins et triomphe constamment de la force brutale.
Qu’ils y arrivent, et il sera temps alors pour nous de les combattre, de leur démontrer que ces règles contre lesquelles on se mutine, sont pourtant les seules bases sur lesquelles puisse être assis le système dramatique d’un peuple éclairé, et qu’elles sont elles-mêmes fondées sur les résultats de l’expérience, lentement convertis en axiomes ; qu’elles ne sont pas, comme on a l’air de le croire, des lois imposées à l’imagination par le caprice d’un vieux philosophe grec du temps d’Alexandre, et que l’auteur de la Poétique n’a pas plus inventé les unités, que l’auteur de la Logique n’a créé les syllogismes ; que ces lois, établies pour les intérêts de tous, font seules du théâtre un art, et de cet art une source d’illusions ravissantes pour le spectateur et de succès glorieux pour le poète ; qu’elles ont le double avantage d’élever un obstacle contre lequel le génie lutte avec effort pour en triompher avec honneur, et une barrière qui arrête l’invasion toujours menaçante de la médiocrité aventureuse ; qu’on peut quelquefois essayer de reculer les limites de l’art, et quelquefois même, comme a dit Boileau, tenter de les franchir, mais qu’il ne faut jamais les renverser ; et qu’enfin, il en peut être de la littérature comme de la politique, où quelques concessions habilement faites à la nécessité des temps, préservent l’édifice de sa ruine, et le rajeunissent, tandis qu’une révolution complète, renversant tout ce qu’elle rencontre, bouleversant tout ce qu’elle ne détruit pas, plaçant le crime au-dessus de la vertu, et la sottise au-dessus du génie, engloutit dans un même gouffre la gloire du passé, le bonheur, du présent, et les espérances de l’avenir. Je me hâte d’arriver à ce que j’appellerai le Romantisme français ou plutôt gaulois ; romantisme bâtard, qui n’a ni la même énergie, ni la même audace, ni les mêmes excuses que le romantisme teutonique.
Les littérateurs de l’époque précédente avaient tué la littérature et en étaient arrivés à ne qualifier littéraires que les œuvres de phraséologie pure caractérisées par l’abus de la rhétorique et un style où l’idée se tortille en tire-bouchons — précisément celles qui le sont le moins. […] Il lui est même arrivé d’y faire admettre Cholin et Cazals sur sa recommandation.
Et c’est même ce qui peut arriver de plus heureux pour l’honneur de Mérimée, c’est qu’on les oublie ; car, si on s’en souvient, elles diminueront étrangement l’homme qui les a écrites et l’idée qu’on avait de la puissance et de la distinction de son esprit. […] Seulement, quoi qu’il arrive d’ailleurs, elles nous donneront du moins une occasion, pour lui cruelle, de le juger.
On a beau être un artiste redoutable, au point de vue le plus arrêté, à la volonté la plus soutenue ; et s’être juré d’être athée comme Shelley, forcené comme Leopardi, impersonnel comme Shakespeare, indifférent à tout excepté à la beauté comme Gœthe, on va quelque temps ainsi, misérable et superbe, comédien à l’aise dans le masque réussi de ces traits grimés ; mais il arrive que tout à coup, au bas d’une de ses poésies le plus amèrement calmes ou le plus cruellement sauvages, on se retrouve chrétien dans une demi-teinte inattendue, dans un dernier mot qui détonne, — mais qui détonne pour nous délicieusement dans le cœur : Ah ! […] Et ce qui ne pouvait manquer d’être arriva.
Parbleu, il faisait des fautes de grammaire, il avait le verbe haut et la prononciation de son village ; il disait aux beaux seigneurs et aux belles dames de Paris : « Je vous saluons, j’étions dans nout jardrin, je pansions nos bêtes » ; peut-être même lui arrivait-il de leur dire, en langue verte, qu’il était le maître chez lui. […] Lorsqu’un jeune écrivain, né en quelque coin de province, arrive à Paris, son premier soin est de décrier son petit pays, pour bien montrer qu’il n’en est plus ; il renie ces humbles braves gens parmi lesquels il a vécu ; il se moque d’eux qui l’ont servi ou supporté ; il croit, par cette ingratitude, augmenter ses chances de naturalisation.
Il souffrait les reproches des gens pressés qui le blâmaient « de ne point sortir des questions de méthode, et de ne jamais arriver à la science elle-même68. » Il s’en embarrassait peu, croyant qu’après deux mille ans de disputes, cette lenteur est le seul moyen d’établir quelque vérité fixe. […] Ils prennent alors la plante, et, refaisant le travail, finissent par arriver au sens.
Ce n’est point en lisant les auteurs ses devanciers que M. de Latena est arrivé à l’idée de résumer, à son tour, dans un ouvrage de morale les résultats de son expérience ; en composant ce livre, il est resté en dehors de toute excitation littéraire proprement dite : ce n’est pas sans dessein que je le remarque, car il y a eu de temps en temps des modes littéraires, même pour les livres de morale.
Mais, si on allait plus avant, si on parlait de ces similitudes extérieures, les unes nécessaires et dans l’essence de toute Révolution analogue, les autres purement capricieuses et accidentelles, pour arriver à des conséquences logiques et pour conclure politiquement de la situation anglaise en 1688 à la situation française en 1830, on se méprendrait fort ; on embrouillerait le point de vue actuel, qui est d’une clarté admirable ; et comme cette confusion et cette méprise sont assez ordinaires depuis quelques jours, nous croyons utile de prémunir là-dessus certains esprits amoureux de ressemblances.
Sans doute cette faculté puissante et féconde, à laquelle nous devons tant de nobles jouissances, tant d’heures d’une émotion pure, tant de créations merveilleuses qui sont devenues une portion de nous-mêmes et de nos souvenirs, sans doute cette belle faculté commençait à faiblir sensiblement ; on n’osait plus en attendre des chefs-d’œuvre comparables aux anciens ; on craignait même de la voir se complaire dans une postérité de plus en plus débile, comme il arrive aux plus grands hommes en déclinant comme le bon Corneille ne sut pas assez l’éviter dans sa vieillesse.
Il était à Trieste lorsqu’il apprit le retour de l’Ile d’Elbe : il se déroba aussitôt à la surveillance dont il était l’objet, s’échappa sur une frégate napolitaine et arriva à Paris à temps pour entrer en campagne.
On a pourtant souffert dans ce pays de Saint-Étienne autant et plus que dans d’autres depuis deux années ; l’industrie y a traversé une pénible crise ; mais on a eu la force de souffrir sans s’irriter, sans accuser le gouvernement qu’on savait attentif et plein de sollicitude les plaintes étaient patientes, elles sentaient qu’elles arrivaient en lieu sûr, et personne n’eût dit ce mot injuste : « Ah !
On veut arriver aux grands effets par beaucoup de nuances, et l’on ne peut alors employer les mêmes moyens dont se servait Shakespeare pour entraîner le flot populaire qui se précipitait à ses pièces.
Il y a tant de maux sur la terre, cependant, qu’il semblerait que tout ce qui arrive dans le monde, doit être une jouissance pour l’envie ; mais elle est si difficile en malheurs, que s’il reste de la considération à côté des revers, un sentiment à travers mille infortunes, une qualité parmi des torts ; si le souvenir de la prospérité relève dans la misère, l’envieux souffre et déteste encore : il démêle, pour haïr, des avantages inconnus à celui qui les possède ; il faudrait, pour qu’il cessât de s’agiter, qu’il crut tout ce qui existe inférieur à sa fortune, à ses talents, à son bonheur même ; et il a la conscience, au contraire, que nul tourment ne peut égaler l’impression aride et desséchante, que sa passion dominatrice produit sur lui.
J’ai voulu fournir à de jeunes esprits l’occasion de réfléchir sur les moyens par lesquels ils pourront donner à leurs écrits la bonté qu’ils ont dû rêver souvent et désespérer d’atteindre, sur les meilleures et plus courtes voies par où ils pourront se diriger à leur but et nous y mener ; leur inspirer des doutes, des scrupules, des soupçons d’où leur méditation pourra tirer ensuite des principes et des certitudes, sur toutes les plus importantes questions que l’écrivain doit résoudre et résout, bon gré mal gré, sciemment ou non, par cela seul qu’il écrit d’une certaine façon ; donner le branle enfin à leur pensée, pour que, s’élevant au-dessus de l’empirisme, ils cherchent et conçoivent la nature et les lois générales de l’art d’écrire, pour qu’ils développent en eux le sens critique, et que, mettant la conscience à la place de l’instinct, ils arrivent à bien faire en le voulant et en le sachant.
Si l’on sent encore le vide des propos et que l’on aspire à l’esprit, on arrive vite aux méchancetés, à la médisance.
Il lui arrive quelque chose de fort simple : il est à la campagne ; le printemps lui fait aimer une femme, et son amour lui fait trouver la nature plus belle.
et cette vision, que tout ici devait obscurcir (car il n’est pas encore arrivé qu’on naquît impunément d’un sang impérial), quelle force d’esprit elle suppose, ou quel incomparable désenchantement !
Il arrive qu’on la signale à l’Académie.
C’est, quelle qu’en soit la signification, un rappel aux choses du dehors, une voix qui arrive du monde ; cela ne fait pas partie intégrante du drame ; ces voix ne traversent pas l’œuvre comme tel souffle qui, dans les Aveugles, courbe toutes les têtes ; ici, à tel instant, le roi et la reine se doivent distraire du spectacle de la salle pour jeter les yeux vers ces hommes.
Et puis, s’il n’est pas arrivé à une vue des choses beaucoup plus consolante que l’auteur de Rolla , au moins est-ce par des voies très différentes ; sa mélancolie est d’une autre nature, moins vague et moins lâche, plus consciente de ces choses, plus digne d’un homme… M.
J’arrive, au contraire, après beaucoup d’autres écrivains du siècle dernier et du siècle présent.
jamais il ne m’arrivera plus de me dresser, fier et paré, sur votre sol.
La plupart entendent marcher à la suite des camarades arrivés ; ils feront de la littérature, et, ce faisant, croiront faire quelque chose.
Rien ne prouve cependant qu’on n’arrivera pas à les sauver ; et si on n’y parvient qu’imparfaitement, ils subsisteront encore, tout en se transformant.
Arrive dans ces circonstances la fameuse histoire de la couronne, dont voici les détails.
Comment arrive-t-il que des princes, décriés par leur barbarie, soient touchés de l’amour des lettres ?
Lesseing, fabuliste allemand, a fait une fable où il suppose que les autres oiseaux, en ôtant au geai les plumes du paon, lui arrachent aussi les siennes : c’est ce qui arrive à tous les plagiaires.
« Dans ce siècle même, dit Buffon, où les sciences paraissent être cultivées avec soin, je crois qu’il est aisé de s’apercevoir que la philosophie est négligée, et peut-être plus que dans aucun siècle ; les arts, qu’on veut appeler scientifiques, ont pris sa place ; les méthodes de calcul et de géométrie, celles de botanique et d’histoire naturelle, les formules, en un mot, et les dictionnaires, occupent presque tout le monde : on s’imagine savoir davantage, parce qu’on a augmenté le nombre des expressions symboliques et des phrases savantes, et on ne fait point attention que tous ces arts ne sont que des échafaudages pour arriver à la science, et non pas la science elle-même ; qu’il ne faut s’en servir que lorsqu’on ne peut s’en passer, et qu’on doit toujours se défier qu’ils ne viennent à nous manquer, lorsque nous voudrons les appliquer à l’édifice161. » Ces remarques sont judicieuses, mais il nous semble qu’il y a dans les classifications un danger encore plus pressant.
Racine, sans craindre d’ôter le merveilleux de l’entreprise de Mithridate, pouvoit bien encore accorder six mois de marche à son armée qui avoit sept cens lieuës à faire pour arriver à Rome.
Il est même beau de pousser la vrai-semblance jusques à suivre ce que nous sçavons de particulier des animaux de chaque païs, quand nous répresentons un évenement arrivé dans ce païs-là.
C’est ce qui arrive dans la récitation où le mot que nous entendons réveille immédiatement l’idée qui est liée avec ce mot.
Albalat aurait dû s’appuyer sur une base absolument psychologique pour ensuite tenter de nous montrer comment les sensations arrivent à s’incarner, visuelles quand même, à travers les sons du Verbe humain, groupés en tous sens au hasard des mots et des comparaisons.
Il peut agir, remplir de nobles et grands devoirs, arriver à d’éclatantes récompenses.
Préface De toutes les œuvres que nous passons en revue dans cet ouvrage, la plus généralement intéressante, la plus actuelle, l’œuvre qu’on pourra spécialement appeler un jour l’œuvre même du xixe siècle est celle où nous voici arrivés.
Il faut, en effet, avoir poussé jusqu’au bout la décomposition de ce qu’on a dans l’esprit pour arriver à s’exprimer en termes simples.
Qu’arrive-t-il ?
Arrivé au pied du trône, César s’inclina. […] À peine arrive-t-il en quelque lieu, on apprend son départ. […] — Ta femme arrive demain. […] Dans le tintement de la vaisselle la voix du lecteur, par intervalles, m’arrivait aux oreilles. […] Ces Messieurs arrivent trop tard.
La qualité n’était un privilège que lorsqu’il s’agissait de faire choix entre deux incapables, ce qui arrive encore quelquefois de nos jours. […] Les voleurs, en effet, arrivèrent. […] Si cela m’est arrivé, je vous en demande mille pardons… Permettez que mon ouvrage paraisse, et ne contraignez pas l’artiste à toucher à la figure principale contre son propre goût. […] Enfin vous arrivez à ces fameux Salons, — et j’y arrive avec vous, C’est ici que l’enthousiasme des éditeurs, commentateurs, biographes, et autres, se déchaîne irrésistiblement. […] Je trouve pour l’année 1790 une vingtaine de pièces ; mais j’en compte pour 1793 une quarantaine, une cinquantaine en 1794 ; et quand j’arrive à 1799, le total tombe à la douzaine.
Remy de Gourmont, quoiqu’il usât des mêmes procédés littéraires, différait des jeunes écrivains symbolistes qu’il lui est arrivé de couvrir d’éloges. […] Mais je puis successivement étudier divers systèmes philosophiques, ce qui, du reste, me sera agréable, et, aussitôt qu’en exposant chacun d’eux je me sentirais arriver au scepticisme, pousser le cri d’alarme et dire : cette philosophie mène au doute, elle est condamnée. […] Stanislas de Guaita, bien doué et de corps solidement construit, n’y résista pas, comme il arrive à des gens très musclés et incapables de tenir à de moyennes doses d’alcool. […] Il arrive que derrière certaines corrections, d’ailleurs d’une justesse sans reproche, on se prenne à regretter la tournure ancienne pour ce qu’elle avait de dépouillé, de direct, de violent. […] … Elles arrivaient à la petite bourgeoisie, par en bas, avec le temps ; puis de la petite bourgeoisie, si elles continuaient à se fortifier, elles montaient à la moyenne, à la haute, enfin à la noblesse.
Arrivé devant les Anglais, il jeta trois fois sa lance, puis son épée en l’air, les recevant toujours par la poignée ; et les pesants fantassins d’Harold, qui ne savaient que pourfendre les armures à coups de hache, « s’émerveillèrent, l’un disant à l’autre que c’était enchantement. » Pour Guillaume, entre vingt actions prudentes ou matoises, il fit deux bons calculs qui, dans ce grand embarras, le tirèrent d’affaire. […] Que les termes savants, la langue du droit, les expressions abstraites et philosophiques, bref tous les mots qui tiennent à la réflexion et à la culture, soient français, rien ne s’y oppose, et c’est ce qui arrive ; ces sortes d’idées et cette sorte de langue restent au-dessus du gros public, qui, ne pouvant les toucher, ne peut les changer ; cela fait du français, du français colonial sans doute, avarié, prononcé les dents serrées, avec une contorsion de gosier « à la mode non de Paris, mais de Stradford-at-Bow » ; néanmoins c’est encore du français. […] Robin a rêvé que deux yeomen le rossaient, il veut aller les chercher, et repousse avec colère Petit-Jean, qui s’offre pour aller en avant. « Combien de fois m’est-il arrivé d’envoyer mes hommes en avant, — et rester moi-même en arrière ! — N’était la peur de faire éclater mon arc, — Jean, je te casserais la tête. » Il va donc seul, et rencontre le robuste yeomen, Gui de Gisborne. « Quiconque n’eût été ni leur allié ni leur parent, — eût eu un bien beau spectacle, — de voir comment les deux yeomen arrivèrent l’un contre l’autre — avec leurs lames brunes et brillantes ; — de voir comment les deux yeomen se combattirent — deux heures d’un jour d’été. — Et tout ce temps, ni Robin Hood, ni messire Guy, — ne songèrent à fuir143. » Vous voyez que Guy le yeoman est aussi brave que Robin Hood : il est venu le chercher dans le bois, et tire de l’arc presque aussi bien que lui. […] Ils ont chanté, mais leurs ballades ignorées, puis transformées, ne nous arrivent que sous une rédaction tardive.
Il n’arrive que trop souvent que les moeurs d’un homme éclairé sont en contradiction avec ses principes, quelquefois avec ses sentimens. […] Nous parlons ici de ce qui est arrivé dans les différentes époques de la Littérature, & de ce qui arrivera sur-tout, lorsque le beau, le grand, le sérieux en tout genre, n’ayant plus d’asyle que dans les bibliotheques & auprès d’un petit nombre de vrais amateurs, laisseront le public en proie à la contagion des froids romans, des farces insipides, & des sottises polémiques. […] Quoi qu’il arrive, il n’y a point à balancer : il faut que l’acteur soit vrai, même au péril du poëte. […] Il arrive quelquefois que ce qui a produit l’un pour un tems, nuit dans tous les tems à l’autre. […] C’est ce qui ne manqueroit pas d’arriver, si, par exemple, dans l’un des intervalles de l’action on employoit mille vers à ne décrire que des jeux (Enéide, l.
S’il les ignore, il peut arriver qu’il lui vienne à l’idée de s’en enquérir. […] Ceux-là sont des écrivains « arrivés ». […] A peine arrivé, on l’emmena voir le pays. […] Barrès est arrivé à substituer, peu à peu, à son idéal de jeunesse, une doctrine de maturité assez différente. […] Barrès ne se contenta pas, comme il arrive souvent, de développer ses dons.
Le jour de cette grande dispute arrivé, tout ce qu’il y avoit, dans Paris, de sçavans & de curieux oisifs se rendit en Sorbonne. […] Pareille aventure arriva une autre fois que frère Fossombrone étoit à dîner avec frère Matthieu & deux nouveaux prosélytes. […] A peine furent-ils arrivés à la cime d’un certain rocher où il les attendoit, qu’il les fit tous précipiter en bas à moitié morts de peur. […] Il est l’origine de tous les troubles arrivés depuis. […] Un d’eux, en liaison avec un neveu de Pascal, nouvellement arrivé d’Auvergne, fut le voir.
Il arrivera de-là que le pape rétractera sa bulle, ou qu’il lui donnera des modifications ; car il ne laissera jamais tenir un concile, ou soupçonner sa foi en ne le tenant pas. […] Tel étoit l’état des choses, lorsque des vicaires apostoliques François arrivèrent à la Chine : le pape les avoit nommés & envoyés. […] Le patriarche, s’étant embarqué en 1702, ne put arriver à la Chine qu’en 1705. […] Qu’arriva-t-il ? […] La cour de Rome n’avoit encore fait que des plaintes : le temps des menaces arriva.
Trop étranger que je suis habituellement à l’étude approfondie des littératures étrangères, persuadé d’ailleurs que la critique littéraire n’a toute sa valeur et son originalité que lorsqu’elle s’applique à des sujets dont on possède de près et de longue main le fond, les alentours et toutes les circonstances, il semble que je n’aie aucun titre spécial pour venir parler ici de Leopardi, et je m’en abstiendrais en effet si le hasard ou plutôt la bienveillance ne m’avait fait arriver entre les mains des pièces manuscrites, tout à fait intéressantes et décisives, sur l’homme éminent dont il s’agit, et ne m’avait encouragé à une excursion inaccoutumée, pour laquelle je vais redoubler d’attention en même temps que je réclame toute indulgence. […] Nous ne remontons guère par la pratique au delà de Rabelais ou de Ronsard, et encore que d’efforts et de faux pas pour y arriver ! […] Dans ma première enfance, alors qu’un jour de fête Nous rend impatients de l’heure qui s’apprête, Ou le soir, au sortir du grand jour écoulé, Tout douloureux déjà, dans mon lit éveillé, Si quelque chant au loin, gai refrain de jeunesse, M’arrivait, prolongeant sa note d’allégresse, Et d’échos en échos dans les airs expirait, Alors comme aujourd’hui tout mon cœur se serrait. […] Un jour qu’après tous ces usages à peu près épuisés, M. de Sinner avait exprimé la pensée de renvoyer le dépôt confié, Leopardi lui répondait : « Les fleuves retourneront à leurs sources avant que je retrouve la vigueur nécessaire pour les études philologiques, et, quand ce miracle arriverait, mes paperasses, en revenant de vos mains aux miennes, ne feraient que perdre… Prima i fiumi torneranno alle fonti, » etc.
J’omets d’autres services, j’ai hâte d’arriver au centre, la bouche ; c’est à la table qu’on reconnaît une grande maison. […] Le grand chambellan et le premier gentilhomme lui présentent sa robe de chambre ; il l’endosse et vient s’asseoir sur le fauteuil où il doit s’habiller À cet instant, la porte se rouvre ; un troisième flot pénètre, c’est « l’entrée des brevets » ; les seigneurs qui la composent ont en outre le privilège précieux d’assister au petit coucher, et du même coup arrive une escouade de gens de service, médecins et chirurgiens ordinaires, intendants des menus-plaisirs, lecteurs et autres, parmi ceux-ci le porte-chaise d’affaires : la publicité de la vie royale est telle, que nulle de ses fonctions ne s’accomplit sans témoins Au moment où les officiers de la garde-robe s’approchent du roi pour l’habiller, le premier gentilhomme, averti par l’huissier, vient dire au roi les noms des grands qui attendent à la porte : c’est la quatrième entrée, dite « de la chambre », plus grosse que les précédentes ; car, sans parler des porte-manteaux, porte-arquebuse, tapissiers et autres valets, elle comprend la plupart des grands officiers, le grand aumônier, les aumôniers de quartier, le maître de chapelle, le maître de l’oratoire, le capitaine et le major des gardes du corps, le colonel général et le major des gardes françaises, le colonel du régiment du roi, le capitaine des Cent-Suisses, le grand veneur, le grand louvetier, le grand prévôt, le grand maître et le maître des cérémonies, le premier maître d’hôtel, le grand panetier, les ambassadeurs étrangers, les ministres et secrétaires d’État, les maréchaux de France, la plupart des seigneurs de marque et des prélats. […] C’est le chiffre auquel on arrive après les réductions de 1775 et de 1776, avant celles de 1787. […] Exemple du désœuvrement imposé à la noblesse, dîner de la reine Marie Leczinska à Fontainebleau. « J’arrive dans une salle superbe où je vois une douzaine de courtisans qui se promenaient, et une table d’au moins douze couverts, qui pourtant n’était préparée que pour une seule personne… La reine s’assit et aussitôt les douze courtisans se placèrent en demi-cercle à dix pas de la table ; je me tins auprès d’eux, imitant leur respectueux silence.
La bataille a été gagnée à ma vue, et le brave a triomphé : mais écoute ma voix, ô fils de Semo, et souviens-toi du trône antique de Cormac ; donne des richesses et la moitié de ce royaume pour acheter la paix, jusqu’à ce que Fingal arrive avec son armée ; mais si tu choisis la guerre, je saisis ma lance et mon épée ; ma joie sera d’être au milieu des combattants, et mon âme se déploiera dans le fort de la mêlée. […] « Snivan arrive aux monts d’Albion, Fingal part ; son cœur, enflammé par l’amour, devance le vol de ses vaisseaux sur les vagues du Nord. […] Nous arrivâmes à la demeure de Branno, l’ami des étrangers. […] Fingal, à cette vue, se lève à demi et fait un mouvement de sa lance : « Va, Ullin, mon antique barde, va trouver Gaul, rappelle à sa mémoire les combats et l’exemple de ses ancêtres : soutiens de tes chants son courage chancelant ; les chants raniment les guerriers. » Le vénérable Ullin part ; il presse ses pas appesantis ; il arrive et adresse à Gaul ces chants belliqueux : « Enfant des climats où naissent les coursiers généreux ; jeune roi des lances, toi dont le bras est ferme dans le péril, dont le courage inflexible ne cède jamais ; toi qui diriges les coups de la mort, frappe, renverse l’ennemi : que nul de leurs vaisseaux ne reparaisse jamais sur la côte d’Inistore.
Chasser tout souvenir, sans pourtant déchoir du rang où nous élève la fréquentation des belles œuvres, voilà le difficile procès de l’éducation artistique, et dans la lassitude d’un effort dont tous n’aperçoivent pas le but immédiat, il est arrivé que plus d’un ait pris en dégoût l’art lui-même. […] Que de fois, écrivains de hasard ou même de profession, il nous arrive de chercher un mot, un certain mot qui se dérobe et que nous poursuivons avec une poignante impatience, persuadés qu’il est le seul bon, le seul vrai, le seul qui ne nous trahirait pas. […] Il disait : si tu peux, fais que ton âme arrive, À force de rester studieuse et pensive, Jusqu’à ce haut degré de stoïque fierté Où, naissant dans les bois, j’ai tout d’abord monté. […] Pis encore, il lui arrive de s’enliser dans de vils soucis de réalisations immédiates.
Nous associons alors à une certaine qualité de l’effet l’idée d’une certaine quantité de la cause ; et, finalement, comme il arrive pour toute perception acquise, nous mettons l’idée dans la sensation, la quantité de la cause dans la qualité de l’effet. […] Un moment arrive, en effet, où celui-ci déclare le contraste AB égal au contraste BC ; de telle sorte qu’on pourrait construire, selon M. […] C’est précisément ce qui arrive, comme on s’en convaincra sans peine, en jetant un coup d’œil sur les deux tableaux dressés par M. […] Le moment devait fatalement arriver où, familiarisée avec cette confusion de la qualité avec la quantité et de la sensation avec l’excitation, la science chercherait à mesurer l’une comme elle mesure l’autre : tel a été l’objet de la psychophysique.
Quant à des places politiques meilleures, il est convenu entre les deux amis que le mieux est de ne rien presser ; le mot d’ordre est celui-ci : « À l’égard des places, il faut savoir lever le siège quand elles se défendent trop longtemps. » Bernis a là-dessus une tactique constante, une voie douce et par insinuation : « Ne pas prendre les places d’assaut et ne point refuser celles qui veulent se rendre d’elles-mêmes. » Enfin, le terme de l’apprentissage arrive, et Bernis, rappelé à Paris, se met en route à la fin d’avril 1755. […] Cette nature, qui semblait surtout épicurienne et paresseuse, a comme trouvé son élément : « Nous sommes dans la crise de la grande décision, écrit-il à Duverney, le 13 octobre 1756 ; ma santé est bonne, malgré le travail qui augmente et va augmenter de jour en jour. » Sa seule plainte, c’est de n’avoir pas tout à faire, c’est de n’avoir pas sur lui tout le fardeau : Les derniers ordres sont arrivés (Fontainebleau, 5 novembre 1756) ; je travaille actuellement au plus grand ouvrage qui ait jamais été fait.
De même dans cette épître (« Hoc erat in votis… ») qu’il rend d’ailleurs avec sentiment, dans le morceau célèbre sur le bonheur des champs, il ose bien nommer la fève que le poète devenu campagnard sert sur sa table, mais il recule devant ces petits légumes assaisonnés de fin lard, et dont Horace nous laisse arriver le fumet : Uncta satis pingui ponentur oluscula lardo ; et il dit en échange : Quand verrai-je ma table offrir du lait, des fleurs ! […] Quelquefois, entendant parler de vous, il m’est arrivé de dire avec un air de satisfaction : “J’ai vu naître ces talents-là, et j’en conserve précieusement les premières ébauches.”
Henri IV était le seul homme qui eût pu calmer, et il y arrivait par son habileté, par sa justice, par sa force si bien tempérée d’adresse ; il mourut trop tôt, et, après lui, il était bien difficile que les ferments mal apaisés, et qu’excitait derechef l’air du dehors, ne se renflammassent pas. […] On a cité quelque chose de sa harangue devant le conseil de la ville à Montauban, dans la première guerre ; il y disait : « Je vous prie de croire que je ne vous abandonnerai point, quoi qu’il arrive.
Il lui écrivait, le 18 février 1776 : Mon très cher frère, on ignore le moment de sa mort ; mais on est obligé à prévenir tant que l’on peut les malheurs qui peuvent arriver dans la suite. […] Il est curieux de voir, à cette fin de campagne, l’impatience du vieux guerrier qui, arrivé toutefois à son but pour la politique, frémit de colère de n’avoir pu frapper un dernier coup, et de se voir obligé à remettre l’épée dans le fourreau sans s’être vengé une bonne fois de ses ennemis dans une bataille : « En fait de campagne, disait-il en se jugeant avec une sorte d’amertume, nous n’avons fait (cette fois) que des misères55. » Dans les années qui suivent, on retrouve Frédéric et le prince Henri en conversation par lettres, en discussion philosophique sur les objets qui peuvent le plus intéresser les hommes, la religion, la nature humaine et le rang qu’elle tient dans l’univers, les ressorts et mobiles qui sont en elle, et les freins qu’on y peut mettre.
. — Mardi 2 novembre 1706, est arrivé l’entier délogement de l’abbé Bossuet de Meaux, la dernière charrette partie et la servante dessus, et Cornuau même, son homme d’affaires, parti aussi : Dieu soit loué ! […] Mon jardin tout changé, nouveau parterre, nouveaux arbres fruitiers, le jardin net et approprié. » Il met sa vanité à ce qu’on le croie bien portant : « Je déclare à tout le monde que, ma santé étant assez bonne, je fais état de partir pour Paris lundi 30 janvier. » Arrivé à Paris, il se remet en veine et en pointe d’un peu de haine contre l’abbé Bossuet ; c’est son montant.
Si Maine de Biran avait été plus ferme et d’une trempe d’esprit plus résistante, il semble qu’étant arrivé à la conviction du point d’appui intérieur, de l’âme et de la force vive, de la cause efficace qui domine tout l’être (ce qui est sa seule originalité de penseur, si c’en est une), il se serait établi dans une sorte de stoïcisme élevé, tranquille ; il aurait cru à la liberté humaine, au devoir, au choix éclairé qu’on en fait, et à la satisfaction sentie qui en est la récompense. Mais il n’est pas plus tôt arrivé à cette conviction méditée qu’il se fait des objections qu’on n’attendait pas.
Mlle Roxandre, aux traits réguliers, à l’œil tendre, à la voix touchante et mélodieuse (il n’y avait un peu à redire chez elle qu’à la taille), était une Grecque attrayante et persuasive qui avait gardé du charme et des douceurs ioniennes du Bosphore ; elle méritait de s’entendre dire dans sa candeur : « Il n’est pas un de vos regards qui ne soit une pensée. » Mme Swetchine, plus hardie, plus sauvage et d’une séve qui lui arrivait peut-être de par-delà le Caucase, était autrement trempée, autrement avide et d’une ambition morale plus exigeante. […] Je l’ai promis cependant, et je dois dire ici comment la personne que l’on commence, ce me semble, à entrevoir par bien des traits originaux, et qui nous arriva de Russie toute mure, toute formée, et douée d’une autorité précoce qui s’accrut considérablement avec les années, m’inspira, lorsque j’eus l’honneur de la connaître, plus de respect et de vénération que d’attrait.
Tant il est vrai qu’il n’est que de parler de ce qu’on sait et de ce qu’on sent ; on arrive parfois à le peindre. […] Sa correspondance avec la comtesse est sur le pied d’une grande déférence et d’un profond respect, qui a besoin cependant d’arriver et de se fixer à une sorte d’amitié : c’était pour lui, dans toute liaison, la pente naturelle.
George Sand voulut bien me prendre, à ce moment délicat de sa vie où elle arrivait à la célébrité, pour confident, pour conseiller, presque pour confesseur. […] Mais, en même temps, ce grand talent n’arrivait pas à la pleine renommée et au triomphe sans beaucoup d’insultes.
» Prolonger de telles situations, les créer par amusement, tout en se flattant d’avoir trois cœurs, c’est le sûr moyen de n’en avoir bientôt plus un ; à un tel régime la sensibilité véritable s’épuise, la volonté se ruine et s’use, l’être moral intérieur arrive vite à un complet délabrement. […] Il arrive de Paris, où les inquiétudes qu’il a eues l’ont fait aller, et d’où il est revenu assez satisfait.
Toutefois, en attendant que cette grande et longue décadence du moyen-âge fût menée à terme, ce qui n’arriva qu’à la fin du xviiie siècle, en attendant que l’ère véritablement moderne commençât pour la société et pour l’art en particulier, la France, à peine reposée des agitations de la Ligue et de la Fronde, se créait lentement une littérature, une poésie, tardive sans doute et quelque peu artificielle, mais d’un mélange habilement fondu, originale dans son imitation, et belle encore au déclin de la société dont elle décorait la ruine. […] Est-on arrivé, pour cela, à le sentir, à le goûter avec plus de justesse ou de délicatesse qu’auparavant ?
Un chasseur arriva, apportant le gibier qu’il avait tué dans la journée ; de sa carnassière qu’il vida sur la table s’échappèrent des lièvres, des pluviers, des halbrans, dont un plomb cruel avait ensanglanté la fourrure ou le plumage. […] La suspension du Provincial laissait Bertrand libre, et nous le vîmes arriver à Paris vers la fin de 1828 ou peut-être au commencement de 1829.
La poésie d’imagination ne fera plus de progrès en France : l’on mettra dans les vers des idées philosophiques, ou des sentiments passionnés ; mais l’esprit humain est arrivé, dans notre siècle, à ce degré qui ne permet plus ni les illusions, ni l’enthousiasme qui crée des tableaux et des fables propres à frapper les esprits. […] Nous sommes arrivés à une période qui ressemble, sous quelques rapports, à l’état des esprits au moment de la chute de l’empire romain, et de l’invasion des peuples du Nord.
Quand on commence à embellir sa phrase, à chercher des alliances de mots, à mettre dans un sujet plus d’esprit, d’imagination et d’éloquence qu’il n’en peut porter, le mauvais goût arrive, et la littérature va déchoir. […] Les rimes qui reviennent à courts intervalles, pressées, étourdissantes, comme le bruit d’une roue qui tourne, entraînent l’esprit avec l’oreille, et on arrive au bout de la pièce sans avoir rien remarqué.
Deux œuvres mettent alors en lumière l’avortement du genre historique : d’abord l’admirable corps d’Histoires du président de Thou259, si exact, si informé, si impartial, et qui, écrivant en latin avec les mots et la couleur de Tite-Live, n’arrive qu’à faire un pastiche ; en second lieu la célèbre Histoire Romaine de M. […] Il est curieux que ce genre tout impersonnel de l’histoire ne devait arriver à se constituer dans notre littérature que pendant le plein triomphe de la littérature personnelle : histoire et lyrisme se tiennent plus qu’on ne croit.
Ce qui arrive est « l’effet d’une chaîne de causes infinies, qui se multiplient et se combinent de siècle en siècle ». […] Il arrive enfin à ce qui est le fond, et la chimère, de l’Esprit des Lois.
Il arrive ainsi, par une autre voie, à un exclusivisme aussi étroit que celui de M. […] Mais ce à quoi les écrivains russes sont amenés par le mouvement spontané de leurs âmes religieuses et rêveuses, par l’étude des cœurs simples et par le spectacle d’infinies souffrances et d’infinies résignations, nous y arrivons, je crois, par la banqueroute de l’analyse et de la critique, par le sentiment du vide qu’elles font en nous et de la somme énorme d’inexpliqué qu’elles laissent dans le monde.
. — Et c’est pourquoi il transforma les collèges classiques des petites villes en « collèges spéciaux », et surtout il constitua cet « enseignement moderne », si évidemment nécessaire dans notre démocratie, et dont on arrivera, espérons-le, à trouver la forme convenable. Il écrivait encore à l’empereur : « Assurons à ceux qui, par leurs qualités naturelles, leur naissance ou leur fortune, sont appelés à marcher au premier rang de la société… la culture de l’esprit la plus large… afin de fortifier l’aristocratie de l’intelligence au milieu d’un peuple qui n’en veut pas d’autre… » — Et c’est pourquoi il supprima la bifurcation en études scientifiques et littéraires, « qui sépare, disait-il, ce qu’on doit unir lorsqu’on veut arriver à la plus haute culture de l’intelligence » ; introduisit dans les lycées l’histoire contemporaine et quelques notions économiques ; restaura la classe de philosophie, si prospère aujourd’hui et suivie avec tant de passion par les mieux doués de nos enfants.
Ce ne sont plus les sentences rigoureusement déduites et l’enchainement de théorèmes dont le type le plus parfait se trouve dans Spinosa ; l’œuvre de Spinosa est belle, d’une beauté sombre, glacée, sans plastique, mais elle n’arrive à la Beauté que par la Vérité dont elle contient quelques reflets. […] Pour arriver à mieux, il renie la maternelle nature : le peintre agence des lignes qui n’obéissent plus à la divine concordance ; le littérateur écrit « la Justice » et paraît oublier que le vers est rythme et image.
Encore moins puis-je pardonner ce coupable morcellement de la vie scientifique qui fait envisager la science comme un moyen pour arriver aux affaires et prélève les moments les plus précieux de la vie du savant. […] En sorte que, pour vouloir trop embrasser, on arrive à ne satisfaire per-sonne, à moins, je le répète, que l’auteur de l’histoire générale ne soit lui-même spécial dans une branche, auquel cas il eût mieux fait de s’y borner.
Dès le seuil de la vie active, elle congédie l’amour, l’illusion, l’enthousiasme comme des amis importuns dont le cortège retarderait sa marche et l’empêcherait d’arriver. […] L’occasion arrive sous la figure, affairée et chauve, de l’avoué Joulin.
J’ai de la finesse pour arriver à mon but et pour écarter les obstacles ; mais je n’en ai aucune pour pénétrer les projets des autres. […] Or, pour arriver à cet heureux résultat, il a suffi d’élaguer tout ce qui ne tenait pas nécessairement aux mémoires, de substituer aux deux cents premières pages, dénuées d’intérêt dans le manuscrit, une courte introduction qui mit le lecteur au fait des événements antérieurs au mariage de Mlle d’Esclavelle avec M. d’Épinay ; de supprimer entièrement un dénouement tout à fait romanesque, en le remplaçant par une simple note ; enfin d’ajouter çà et là, dans le courant du texte, quelques phrases servant à rapprocher les passages entre lesquels il avait été fait des coupures indispensables : en sorte que, nous pouvons l’affirmer, c’est bien le manuscrit copié sous les yeux de Mme d’Épinay, et apostillé de sa main, qui a été mis entre celles des imprimeurs, et qu’ils ont suivi exactement dans tout ce qui a été conservé.
Il y a des personnes peut-être qui s’imaginent qu’il suffit d’être riche, d’avoir un bon cuisinier, une maison confortable et située dans un bon quartier, une grande envie de voir du monde, et de l’affabilité à le recevoir, pour se former un salon : on ne parvient de la sorte qu’à ramasser du monde pêle-mêle, à remplir son salon, non à le créer ; et si l’on est très riche, très actif, très animé de ce genre d’ambition qui veut briller, et à la fois bien renseigné sur la liste des invitations à faire, déterminé à tout prix à amener à soi les rois ou reines de la saison, on peut arriver à la gloire qu’obtiennent quelques Américains chaque hiver à Paris : ils ont des raouts brillants, on y passe, on s’y précipite, et, l’hiver d’après, on ne s’en souvient plus. […] Marmontel, en lui écrivant, avait paru croire que ces attentions dont une simple particulière était l’objet de la part des monarques, allaient faire une révolution dans les idées ; Mme Geoffrin le remet au vrai point de vue : Non, mon voisin, lui répond-elle (voisin, parce que Marmontel logeait dans sa maison), non, pas un mot de tout cela : il n’arrivera rien de tout ce que vous pensez.
Racine et Boileau riaient de ce nouveau débarqué, de ce Normand précieux et en retard, qui arrivait exprès par le coche pour se faire siffler avec une tragédie musquée, ou pour se faire applaudir avec un sonnet d’Oronte. […] Il suppose avec tranquillité des choses extraordinaires et qui pourront bien arriver un jour : Nous serons un jour des anciens nous-mêmes, remarque-t-il, et il faut espérer qu’en vertu de la même superstition que nous avons à l’égard des autres, on nous admirera avec excès dans les siècles à venir : « Dieu sait avec quel mépris on traitera en comparaison de nous les beaux esprits de ce temps-là, qui pourront bien être des Américains. » C’est ainsi que Fontenelle, l’esprit le plus dégagé de soi-même, de toutes ces préventions qui tiennent aux temps et aux lieux, se propose des perspectives, des changements à vue dans l’avenir, et s’amuse à les considérer avec des yeux indifférents.
Ce qui contribua beaucoup à la lui adoucir, c’est qu’il vit bientôt arriver en Angleterre la belle duchesse de Mazarin, la nièce même de celui qui était la cause première de son malheur : il s’attacha à elle et l’aima pour son esprit, pour ses qualités solides, autant que pour sa beauté. […] Quel caprice lui arriva-t-il de se refuser ?
Le pavillon de travail de Buffon était à l’extrémité de ses jardins, et l’on y arrivait de terrasse en terrasse en montant. […] Arrivé à cette première grande division, animal, végétal et minéral, il en viendra à distinguer dans le règne animal les animaux qui vivent sur la terre d’avec ceux qui demeurent dans l’eau ou ceux qui s’élèvent dans l’air : Ensuite mettons-nous à la place de cet homme, continue Buffon, ou supposons qu’il ait acquis autant de connaissance et qu’il ait autant d’expérience que nous en avons, il viendra à juger des objets de l’histoire naturelle par les rapports qu’ils auront avec lui ; ceux qui lui seront les plus nécessaires, les plus utiles, tiendront le premier rang ; par exemple, il donnera la préférence dans l’ordre des animaux au cheval, au chien, au bœuf, etc.
Il passa la porte et arriva à la coulisse. […] En 1613, il arriva que Shakespeare, étant allé à Stratford-sur-Avon, n’eut plus envie de retourner à Londres.
Qu’est-il arrivé ? […] Donner le pas sur les choses importantes à celles qui le sont beaucoup moins, ne pas discerner le fort et le faible entre les moyens d’arriver au but incontestable, qu’est donc cela, sinon manquer de génie politique, être impropre à se tirer avec supériorité des difficultés de gouvernement ?
Qu’arriverait-il si l’on mesurait cette vitesse à l’aller seulement, en consultant alors deux horloges 6 placées respectivement aux points O et A ? […] Il avait été entendu entre les deux opérateurs en O et en A que le second marquerait zéro au point où se trouverait l’aiguille de son horloge à l’instant précis où le rayon lui arriverait.
La nature brisa encore cette création, comme elle avait fait des autres, et d’essai en essai, allant du plus imparfait au plus parfait, elle arriva à cette dernière création qui mit pour la première fois l’homme sur la terre… Pourquoi le jour ne viendrait-il pas aussi où notre race sera effacée et où nos ossements déterrés ne sembleront aux espèces vivantes que des ébauches grossières d’une nature qui s’efface ? […] Nous arrivons à la seconde interprétation du mot destinée.
C'est assez intéressant, mais trop long de documents, et, je le crois, un peu exagéré de conclusions, comme il arrive aisément à Cousin, qui est d’ailleurs un metteur en scène si habile, si dramatique et parfois si magnifique.
. — Tous les jours il arrive que tel jeune romancier, tel jeune économiste qui a passé par les feuilles et les feuilletons de la littérature courante vient vous déclarer qu’il ne peut plus continuer sa collaboration, parce qu’il est devenu catholique : cela veut dire qu’il a trouvé un meilleur placement. — Pour tout dire, les condottieri de plume abondent aujourd’hui, ils battent le pavé de Paris, et le clergé a moyen de les enrôler.
Il y aurait maintenant à suivre dans l’un ou l’autre des anciens Sermons de Bossuet, et des tout premiers en date, la formation de ce talent, à bien marquer, dès ses débuts, la marche et les progrès de cette grande éloquence, pour la considérer bientôt (car elle y arriva promptement) dans sa plénitude.
Et à qui donc devrait-on l’introduction, la naturalisation de la langue grecque en Occident, sinon à ces savants des xive et xve siècles, aux Chrysoloras, aux Théodore Gaza, aux Chalcondyle, aux Lascaris, à ceux enfin qui arrivaient tout pleins, comme d’hier, des antiques trésors, qui les possédaient par héritage et par usage, en vertu d’une tradition bien prolongée sans doute, mais ininterrompue ?
Après s’être incliné, et avoir levé un instant, puis baissé l’épée devant l’individualité brillante et aventureuse de M. de Chateaubriand, le jeune écrivain arrive à l’homme le plus constant et le plus uni des temps modernes, à celui dont l’individualité solennelle, depuis cinquante ans, consiste à exprimer la patiente et invariable pensée de la démocratie victorieuse.
Dans tous les pays, un écrivain capable de concevoir beaucoup d’idées, est certain d’arriver à l’art de les opposer entre elles d’une manière piquante.
Mais comme ce qu’on s’attend le moins à trouver dans un objet, c’est ce qui en paraît exclu par la définition, il arrivera que les plus frappantes alliances de mots assembleront des termes contradictoires : Dans une longue enfance ils l’auraient fait vieillir.
En effet, si l’on sent vivement, la conception peut être en retard sur l’émotion ; l’intelligence n’arrive pas à se mettre au même pas que la sensibilité et l’imagination : alors la figure qui traduira le désir ou la passion sera vague et n’offrira point une idée claire à l’esprit.
A-t-il beaucoup souffert pour en arriver là ?
fit l’homme ; « arriveras-tu, s… pe ?
Bref, il entre dans l’image que la foule se forme de lui nombre de traits aussi étrangers que possible à sa véritable physionomie, et il lui est arrivé d’être loué pour des choses dont il a toujours eu profondément horreur.
Paul Ginisty J’arrive aux chercheurs d’une formule nouvelle qui, malgré les railleries, continuent à donner des vers d’une intelligence difficile pour les profanes.
Mallarmé assemble des gemmes colorées par son rêve et dont notre soin n’arrive pas toujours à deviner l’éclat.
Et pourtant il arrive que, par les travaux réunis de tant d’hommes, sans qu’aucun plan ait été combiné à l’avance, une science se trouve organisée dans ses belles proportions.
Lui donner une direction, lui demander d’arriver à tel ou tel résultat, c’est une flagrante contradiction ; c’est supposer qu’elle est flexible à tous les sens, c’est supposer qu’elle n’est pas la science.
Aujourd’hui même la phonétique n’arrive pas toujours à retrouver leur source.
Pour quelques accidens fâcheux, réellement arrivés à des gens de lettres, & qui ne tirent pas à conséquence pour le général, l’imbécille malignité a imaginé mille aventures à peu près du même genre, plus ridicules les unes que les autres.
On en disoit les choses les plus singulières, lorsqu’il arrive & qu’on l’annonce.
Comment exprimer en latin les changemens arrivés par rapport à la religion, à la morale, aux coutumes, aux habillemens, aux commodités & aux besoins de la vie, aux sciences & aux arts ?
Il en est ainsi pour l’âme et le cerveau : celui-ci pourra être dans un grand nombre de cas, et à juger les choses très grossièrement, la mesure et l’expression de celle-là ; mais il arrivera aussi que les rapports seront renversés, et, que l’on ne trouvera pas dans l’instrument une mesure exacte pour apprécier la valeur de l’artiste intérieur qui lui est uni.
Pour arriver à la jouissance de cette beauté suprême, les chrétiens prennent une autre route que les philosophes d’Athènes : ils restent dans ce monde afin de multiplier les sacrifices, et de se rendre plus dignes, par une longue purification, de l’objet de leurs désirs.
Enfin, le sublime dans Homère naît ordinairement de l’ensemble des parties, et arrive graduellement à son terme.
Je n’y fus pas plus tôt arrivé que je me vis assiégé d’une foule de coupables amours, qui se présentaient à moi de toutes parts… Un état tranquille me semblait insupportable, et je ne cherchais que les chemins pleins de pièges et de précipices.
Aucune preuve n’a la même force, aucune idée la même évidence, aucune image le même charme pour tous les esprits ; mais je serais, je l’avoue, beaucoup moins flatté que l’homme de génie se retrouvât dans quelques-unes de mes pensées, que s’il arrivait à l’homme de bien de se reconnaître dans mes sentiments.
Les hommes enrichis par ses bienfaits sont connus de toute l’Europe comme le sont ceux ausquels il est arrivé quelqu’avanture singuliere.
Nous en arriverons à ne plus les compter, comme par exemple, lorsqu’on nous reproche de penser que Pascal et de Retz n’ont pas de goût !
Pélissier le sait aussi bien que nous et, même s’il l’ignorait, il n’arriverait pas à démontrer le contraire.
Christophe Colomb et Roselly de Lorgues arriveront, chacun à son rang, dans le partage de la même immortalité… Certes !
La même chose arriva aux nobles des nouveaux royaumes de l’Europe dont les gouvernements avaient été d’abord aristocratiques, et qui devinrent successivement populaires et monarchiques116 117.
Dans le premier temps, c’est-à-dire pendant le siége de Paris (1648), brouillée avec le prince de Condé, elle ne suivit que les intérêts et les sentiments de M. de La Rochefoucauld ; elle les suivait encore, lorsque, après la signature de la paix (avril 1649), elle postulait pour lui en cour brevets et priviléges, lorsque, après l’arrestation des princes ses frères (janvier 1650), elle s’enfuyait avec toutes sortes de périls de Normandie en Hollande par mer164, et arrivait, bien glorieuse enfin, à Stenay, où elle traitait avec les Espagnols et troublait Turenne. […] Elle en sortait de temps en temps, et revenait faire des séjours aux Carmélites, où elle voyait successivement passer comme un convoi des grandeurs du siècle, Mme de La Vallière y prendre le voile, et peu après arriver le cœur de Turenne, — ce cœur, qu’hélas ! […] Elle avait ses ennemis, ses envieux ; des mots blessants ou même insultants lui arrivaient ; elle souffrait tout, et elle disait à Dieu : Frappe encore !
L’athéisme et le libertinage, comme il arrive toujours, remplaçaient l’orthodoxie forcée et la piété de convenance ; la littérature impie ou légère succédait au molinisme ou au jansénisme, qui avaient enrôlé Boileau et Racine dans des partis scolastiques pour lesquels ces poëtes n’étaient pas nés. […] Voltaire, en arrivant, effaçait de son nom toute cette foule ; on le vit arriver avec envie. […] XVII Arrivé à Strasbourg, triste, malade, humilié de sa disgrâce en Prusse, il parut hésiter longtemps sur le choix de l’asile où il irait achever de vivre.
M. de Presles ne se battra pas ; car, à l’instant même, arrive une lettre d’excuses de Pontgrimaud écrite à plat ventre. […] … Vite, Roussel envoie à M. de Trélan les cinquante mille francs de charbons véreux qu’il a coûtés à son père, il maudit la richesse, il dit son fait à la fortune, il jette à terre de gros sacs d’écus qui lui arrivent en se prélassant sur des plats d’argent, pour se donner le plaisir de fouler aux pieds le vil métal. […] La mère d’Olympe « par l’odeur alléchée », arrive de Paris sur son balai rôti, le cabas au bras, le tartan au dos, coiffé d’un chapeau d’âne savant et de faux tours dévergondés et pleureurs.
N’arrive-t-il pas souvent, dit-il, que dans une même maison, dans une même famille, dans le même temps & pour la même chose, un père gronde, une fille occupée de sa passion pleure, le fils se moque des deux, & que les amis, ou les parens, ont différemment part à la scène. […] Aux lieux, pour qu’on ne fasse pas de nos églises des salles de spectacle, comme il n’arrive que trop souvent dans de certaines maisons de religieux, & de religieuses. […] Il ne rapproche point les anciennes pièces des nouvelles ; il n’examine point si ce qu’on dit des unes peut s’appliquer aux autres ; si les farces qu’on représentoit sous les empereurs payens, & contre lesquelles les pères de l’église lançoient tant d’anathêmes, ont quelque chose de commun avec nos pièces régulières ; si les changemens arrivés à nos mœurs n’ont pas amené ceux du théâtre.
S’il vous est arrivé de causer avec un grand astronome ou un grand chimiste, assurément vous n’aurez pu échapper à la fascination de l’enthousiasme grave dont ces intelligences sont remplies et qui n’est que la sympathie profonde pour les objets dont elles sont possédées, l’émotion des découvertes déjà faites, le tourment vague et délicieux de celles qui restent à faire. […] Elle ruse en nous et avec nous pour arriver à ses fins ; elle nous trompe nous-mêmes sur la sympathie, sur l’amour, qui au fond ne sont que l’égoïsme ; son art est de jeter sur ces instincts grossiers je ne sais quel voile d’idéal qui en cache la vulgarité. […] Ne lui est-il pas arrivé souvent de laisser la précision ou la clarté de l’idée en gage dans ce jeu périlleux, et de faire de sa pensée l’otage du vers, qui devrait être l’esclave et qui devient le maître ?
Tout, enfin, annonçait que cet art était arrivé à sa perfection, & ne s’était perfectionné que de nos jours a-36. […] C’est ce qui arrivera toujours à tout ouvrage écrit dans une Langue morte. […] On a senti que parler aux yeux était un moyen de plus pour arriver à l’ame. […] Il arrive souvent que l’étude scrupuleuse des regles gêne & réfroidit le génie. […] Il marche sans embarras, il arrive sans aucune méprise.
Car, voyez où l’on en arrive. […] La cour y venait d’arriver. […] En effet, Mignard ne quitta l’Italie que le 10 octobre 1657, passa près d’un mois à Marseille et n’arriva par conséquent à Avignon que dans les derniers jours de l’année. […] N’en est-il pas un beau jour arrivé jusqu’à tirer une gloire naïve de l’obscurité même de son Héraclius ? […] Il partit donc, et le 10 juillet 1750 il arrivait à Potsdam, où Frédéric le logeait dans le même appartement qu’avait occupé l’année précédente le maréchal de Saxe.
On ne peut dire d’une question, serait-ce la plus abondamment débattue, qu’elle est rebattue tant qu’on n’est pas arrivé à des certitudes à son objet. […] Dès lors il arriva aux Français du xvie siècle ce qui est arrivé à tous les peuples, lorsqu’on leur a présenté trop brusquement la liberté et qu’on a voulu leur arracher une servitude qui s’était confondue avec leur propre chair : ils entrèrent en fureur. […] Aussi qu’arrive-t-il ? […] Maintes fois il arrive que leur supériorité d’esprit échoue là où triomphe la plus primitive mentalité. […] Ils en sont arrivés à les considérer comme des choses vulgaires, bonnes pour les Barbares des époques passées.
Néanmoins, il fallut bien s’apaiser ; il n’y avait point de remède, et la raison fit entendre à la Béjart que le plus grand bonheur qui pût arriver à sa fille était d’avoir épousé Molière, qui perdit par ce mariage tout l’agrément que son mérite et sa fortune pouvaient lui procurer, s’il avait été assez philosophe pour se passer d’une femme20. […] Ils regardaient tous ce bon accueil comme la fortune de Baron, qui ne fut pas plutôt arrivé chez Molière, que celui-ci commença par envoyer chercher son tailleur pour le faire habiller (car il était en très mauvais état), et il recommanda au tailleur que l’habit fût très-propre, complet, et fait dès le lendemain matin. […] Baron lui répondit que ses ouvrages avait toujours une heureuse réussite à les examiner de près, et que plus on les représentait, plus on les goûtait. « Mais, ajouta-t-il, vous me paraissez plus mal que tantôt. — Cela est vrai, lui répondit Molière ; j’ai un froid qui me tue. » Baron, après lui avoir touché les mains, qu’il trouva glacées, les lui mit dans son manchon pour les réchauffer ; il envoya chercher ses porteurs pour le porter promptement chez lui, et il ne quitta point sa chaise, de peur qu’il ne lui arrivât quelque accident, du Palais-Royal dans la rue de Richelieu, où il logeait. […] XXX Nous voici enfin arrivés à la haute comédie de Molière, le Tartuffe, c’est le chef-d’œuvre de l’inventeur et de l’écrivain ; vous allez en juger : Orgon est un bon, honnête et naïf bourgeois, mari d’une femme encore agréable, père d’une fille belle et tendre, nommée Marianne qui aspire à se marier avec Valère dont elle est aimée. […] Un soir, pendant la campagne de 1662, comme Louis XIV allait se mettre à table, il lui arriva de dire à Péréfixe, évêque de Rodez, son ancien précepteur, qu’il lui conseillait d’en aller faire autant. « Je ne ferai qu’une légère collation, dit le prélat en se retirant ; c’est aujourd’hui vigile et jeûne. » Cette réponse fit sourire un courtisan, qui, interrogé par Louis XIV, répondit que Sa Majesté pouvait se tranquilliser sur le compte de M. de Rodez: après quoi il fit un récit exact du dîner de S.
Sa ferveur pour la parole fut telle, qu’il en arriva à ne plus considérer les objets pour eux-mêmes, mais pour le mot même qui les représente. […] En ajoutant à la sensation naturelle tous ces piments, en la relevant par mille ragoûts intellectuels, il n’est pas rare qu’ils arrivent à décupler l’intensité de leur émotion. […] Il nous est arrivé, par-delà l’Atlantique, de parages lointains, et avec une façon spéciale de frissonner. […] Sa joie est toute précieuse, et il lui arrive de parler comme une prude. […] C’est ce qui arrive pour Lantier dans Germinal et Coupeau dans l’Assommoir.
Il faut arriver au xviie siècle pour trouver la parole intérieure nettement dégagée des phénomènes qui l’accompagnent ou qui lui ressemblent. […] 17 » La Logique de Bossuet est plus explicite : « Par l’habitude que nous avons prise dès notre enfance d’expliquer aux autres ce que nous pensons, il arrive que nos idées sont toujours unies aux termes qui les expriment ; … par exemple, si j’entends bien ce mot de triangle, je ne le prononce point sans que l’idée qui y répond me revienne, et aussi je ne pense point au triangle même que le nom ne me revienne à l’esprit. […] Sans doute, les enfants « ont des images avant d’avoir des idées35 », et le langage visible se développe avant le langage des sons ; sans doute aussi, puisque « la vue est le sens de l’imagination et des corps, l’ouïe celui de l’entendement et des idées36 » les sourds-muets « ne pensent que par images » et « n’ont point d’idées37 » ; les aveugles n’ont point d’images, ne pensent que des idées, au moyen de la seule parole intérieure, et ne peuvent arriver à bien connaître les corps38 ; mais l’homme adulte et pourvu de tous ses sens, « sain d’esprit et de corps » possède un double langage intérieur, qui devient simple lorsque sa pensée se détache des objets sensibles et particuliers pour s’élever jusqu’aux idées. […] L’accident arrivé dans son esprit même aux prémisses de sa doctrine n’a pu ébranler la foi sans réserve qu’il avait accordée dès l’origine à ses conclusions. […] Nous sommes passifs quand nous écoutons, quand nous lisons, et dans une variété de la méditation, lorsqu’une idée s’impose à nous avec les mots qui l’expriment : « A qui n’arrive-t-il pas d’être poursuivi, obsédé même, par des idées qu’aucun effort ne peut repousser ?
Si vous me connaissiez davantage, vous sauriez que je suis arrivé en place philosophe, que j’en suis sorti plus philosophe encore, et que trois ans de retraite ont affermi cette façon de penser au point de la rendre inébranlable. […] Bernis arrivé à Rome en mars 1769, et entré au conclave qui était ouvert depuis un mois, n’y eut point d’abord l’influence capitale qu’on suppose, et dont on l’a plus d’une fois félicité.
Après une nuit passée, en dépit de la cloche du couvre-feu, dans quelque taverne du voisinage, la tête encore lourde de l’orgie de la veille, ne lui était-il jamais arrivé sur le seuil de se sentir renaître au souffle matinal qui lui arrivait, tout frais, à la figure, de ces champs de blé, de ces vergers et de ces pampres échelonnés le long de la pente qui regardait Gentilly, Fontenay et Meudon !
M. de Serre, ce jour-là, semblait se jouer dans les tempêtes ; son argumentation n’en était pas un seul instant ébranlée et déconcertée ; et quand il arriva au fond même, au corps de la loi qu’il attaquait, il redoubla de vigueur et de puissance. […] Voici ce qui était arrivé.
Dès ses premières années et au sein d’une éducation de famille calme et honnête, sous l’aile d’une bonne mère, il est arrivé à la corruption d’esprit la plus profonde, à la satiété et à la nausée avant le plaisir. […] Nous avons besoin en France que certaines liqueurs nous arrivent ainsi transvasées ; sans quoi, elles sont trop fortes et font éclater le flacon.
Viollet-Le-Duc, est certes conforme à l’idée qu’on en doit prendre, et rentre bien aussi dans le programme qu’avait tracé Virgile lui-même dans le beau temps : « D’autres sauront demander à l’airain ou au marbre de mieux exprimer la vie ; d’autres seront plus éloquents aux harangues, ou excelleront à décrire les astres et à embrasser du compas les révolutions des cieux ; mais à toi, Romain, il appartient de régir le monde et de gouverner les peuples : ce sont là tes arts, à toi… » Tel était aussi le Romain en architecture, dans cet art qui faisait comme partie intégrante de son administration et de son établissement politique en tout lieu ; tel il se montra dans la construction de son Panthéon, de ses thermes, de ses aqueducs, de ses amphithéâtres et de son gigantesque Colisée, dans tout ce qu’il n’empruntait pas directement des Grecs, se souciant bien plus du grandiose et de l’imposant que du fin et du délicat ; mais aussi, en ce genre d’installation souveraine, de glorification conquérante et historique, quand il lui arriva d’y réussir, il eut son originalité sans pareille et il y mit la marque insigne de son génie. […] En même temps que l’architecture est en train de s’épanouir et même, comme il arrive après tout triomphe, de passer outre en exagérant ses moyens, la poésie aussi, de rude qu’elle était d’abord, va se polir, se raffiner et se broder à l’excès en des romans de la Table ronde et autres pareils, où la chevalerie et la galanterie se donnent carrière.
Joubert, jeune encore en 89, vit arriver la Révolution française avec des espérances vastes comme son amour des hommes. […] M. de Chateaubriand arriva d’Angleterre ; il y avait d’avance connu M.
., etc… Voilà, mon cher ami, ce que je vous demande pour elle, et je vous expliquerai pourquoi. » Cependant les vers arrivent ; elle en est enchantée, mais non satisfaite encore ; elle veut plus et mieux. […] Eynard range parmi ses autorités bien des témoins qui faisaient leurs réserves, et qui même n’épargnaient pas la raillerie quand il leur arrivait de causer en liberté.
Mais il vaut la peine d’y faire attention pour consoler ceux qui ont cru le génie français opprimé par le culte de l’antiquité : la raison ne reçoit de loi que d’elle-même ; et, du moment que c’est la nature qu’on aime dans l’antiquité, il pourra bien arriver que parfois (comme dans l’épopée ou l’églogue) on reçoive pour vraie nature ce qui n’existera pas hors des œuvres anciennes ; mais il arrivera bien plus communément qu’on trouvera dans les œuvres anciennes la nature contemporaine, crue éternelle ; et si elle n’y est pas, on l’y trouvera cependant.
Quand notre aimable veuve ne prêche pas, ce qui lui arrive trop souvent, et qu’elle ne fait que tirer de ces récits des leçons de conduite mondaine, rien de plus neuf dans les lettres françaises que ces premières applications de la morale universelle au jugement des caractères et des actions. […] Il lui en arriva malheur.
En se solidarisant, les animaux, les sauvages, les civilisés accomplissent des œuvres qu’ils ne seraient pas arrivés à produire s’ils étaient restés isolés. […] « Il faut arriver à ce que les valeurs moyennes admises par la presque totalité des hommes redeviennent toutes des parties intégrantes d’une même culture générale, il faut que le civilisé moderne, sans rien abandonner des merveilleux progrès techniques réalisés dans ce siècle, invente et développe en lui une culture spirituelle aussi exactement et nécessairement adaptée à sa civilisation matérielle que le furent jadis l’une à l’autre la culture spirituelle et matérielle de la Renaissance.
Quand on en arrive à ce style alambiqué, la réaction n’est pas loin. […] Lubin, le paysan, est tout émerveillé de son abondance en doux propos, et il s’écrie103 : « C’est un plaisir que de l’entendre débiter sa petite marchandise ; il ne dit pas un mot qu’il n’adore. » Il arrive à Dorante d’être mécontent, maltraité, joué par une coquette104.
La série de fautes, maladresses ou calculs coupables, qui au moment de la représentation ont renouvelé l’irritation du public contre le nom de Wagner… négligeons tout cela, et arrivons au dénouement, sur lequel d’ailleurs, il y a un mois, j’avais promis des éclaircissements. […] Oh, terrible, terrible vanité des commis devenus ministres, et des professeurs de violon richement arrivés !
Madame de Maintenon parle en termes plus modestes, mais non moins significatifs, du changement arrivé dans la situation de la reine. […] Ainsi arriva la conclusion de cette affaire.
Huet, que trop de savoir conduisait, comme il arrive souvent, à moins admirer, tout en reconnaissant dans ce passage le sublime de la chose racontée, se refusait à y voir, pour l’expression et même pour la pensée, rien de plus qu’une manière de dire, une tournure habituelle et presque nécessaire aux langues orientales, avec lesquelles il était si familier. […] Pourtant, il est certainement l’un de ces hommes à propos de qui il serait permis, à certains jours, de s’adresser cette question : « Qui peut dire et savoir ce qu’arrive à penser, sur toute matière religieuse et sociale, un homme de plus de quarante ans, prudent, et qui vit dans un siècle et dans une société où tout fait une loi de cette prudence ?
Il ne s’en tient pas là, il demande ce qui serait arrivé si, au sortir de l’Assemblée, les membres qui avaient voté pour le décret avaient été assaillis par le peuple, qui leur aurait dit : « Vous venez de nous retrancher de la société, parce que vous étiez les plus forts dans la salle ; nous vous retranchons à notre tour du nombre des vivants, parce que nous sommes les plus forts dans la rue ; vous nous avez tués civilement, nous vous tuons physiquement. » Il est vrai que Camille ajoute que si le peuple avait voulu passer de la menace à l’effet, « si le peuple avait ramassé des pierres, il se serait opposé de toutes ses forces à la lapidation ». […] Mais voyez encore comme cette élévation du commencement se soutient peu, et comme Salomon arrive là, avec son mobilier de bonheur, pour tout gâter.
« Je pensai un moment, dit-elle, que je pourrais arriver à un bonheur négatif qui ne serait pas sans douceur. […] Elle arrive, elle entre dans son sujet comme dans un salon, ayant d’avance ses partis pris d’être gaie, aimable, éblouissante, à rebours du lieu commun (je n’ai pas dit du sens commun), et elle tient sa gageure.
Après la mort — Shakespeare — L’Angleterre I En 1784, Bonaparte avait quinze ans ; il arriva de Brienne à l’École militaire de Paris, conduit, lui quatrième, par un religieux minime ; il monta cent soixante-treize marches, portant sa petite valise, et parvint, sous les combles, à la chambre de caserne qu’il devait habiter. […] Quand on arrive en Angleterre, la première chose qu’on cherche du regard c’est la statue de Shakespeare.
On est tout étonné d’entendre soutenir le droit de l’erreur ; mais l’erreur n’est souvent qu’un moyen d’arriver à la vérité : ce n’est que par des erreurs successives, chaque jour amoindries, que se font le progrès des lumières et le perfectionnement des esprits. […] Lui nommerez-vous un autre tuteur, et à celui-ci un autre, jusqu’à ce que vous arriviez à un tuteur absolu de la société tout entière ?
Le seul avantage qu’on n’avait point en vue et qu’on remporte de nos écoles, c’est l’habitude de s’appliquer, et de s’appliquer constamment à des choses frivoles mais difficiles, habitude qui donne une merveilleuse facilité pour des objets plus importants dans toutes les fonctions de la société ; habitude qui distingue singulièrement un homme d’un autre, surtout si l’usage du inonde guérit le premier de l’ergoterie, ce qui n’arrive pas toujours. […] Qu’en arrivera-t-il ?
Il arrive souvent d’être aussi obscur en fuyant la brièveté qu’en la cherchant ; on perd sa route en voulant prendre la plus longue ; la vraie manière d’arriver à un but, c’est d’y aller par le plus court chemin, pourvu qu’on y aille en marchant, et non pas en sautant d’un lieu à un autre.
Mais il est arrivé que la poésie elle-même a été lue, et que ce que nous avons adopté ensuite comme poésie n’a plus été fait que pour être lu. […] Il faudra bien des siècles avant que les peuples de l’Orient s’affranchissent des liens de la parole, pour arrivera l’émancipation de la pensée, si toutefois ils y parviennent jamais.
Nisard sur Tocqueville, ce Montesquieu du Journal des Débats, où le blâme cependant se joint à l’éloge, on en entend la note quoique adoucie, et que la leçon finit par arriver, mais elle arrive à travers les spirales de la politesse.
N’est-ce pas là ce qui est arrivé ? […] J’ai hâte d’arriver à l’analyse de cet ouvrage, si remarquable de profondeur, de simplicité et de portée, que, sans cette analyse fidèle, le lecteur certainement ne le croirait pas.
Aussi, ressemblant en cela à beaucoup d’autres caricaturistes, Pigal ne sait pas très-bien exprimer la jeunesse ; il arrive souvent que ses jeunes gens ont l’air grimé. […] Combien de tasses de café a dû avaler Henri Monnier, combien de parties de dominos, pour arriver à ce prodigieux résultat, je l’ignore.
Un vague sourire de bienvenue passa sur ses traits vieillis lorsqu’il nous vit arriver. […] Qui diable aurait jamais cru que cela pût arriver ? […] Il leur arrivait quelquefois — par une singulière contradiction — de courir sus à des gens chauves. […] Il arrive d’Égypte, où il a exécuté, point par point, pendant six mois, tout le programme d’un fastidieux voyage de noces (dahabiehs, pyramides, obélisques, temples, cataractes, embrassades obligatoires dans les hôtels). […] Arrivé devant le cordon de sonnette, il fut pris d’une terreur folle, tourna les talons et dégringola les degrés quatre à quatre.
Dans ses vers même sur l’Italie, et malgré de très-beaux passages, il se trahissait déjà beaucoup d’incertitude et d’indécision : Vigny disait à propos du Pianto : « C’est beau, mais ce n’est déjà plus lui. » Il m’est arrivé à moi-même de le comparer dès lors à un homme qui marche dans un torrent et qui en a jusqu’au menton ; il ne se noie pas, mais il n’a pas le pied sûr : il tâtonne et vacille comme un homme ivre.
Vinet disait cela de Bourdaloue par manière de conjecture, on peut le lui appliquer plus sûrement à lui-même : il était de ceux qui vivent d’une vie complète au dedans, et qui, sans rien laisser éclater, arrivent à savoir par expérience tout ce qu’il a été donné à l’homme de sentir.
De cette lutte inégale entre quelques salons et l’esprit du siècle, qu’est-il arrivé ?
Mais encore un coup, tout ce que nous disons à l’avantage de M. de Bernard n’est pas pour dégager son talent de l’obligation qu’il a contractée envers celui de M. de Balzac ; quand l’auteur d’Eugénie Grandet et de la Femme de trente ans finirait comme il a commencé, c’est-à-dire quand ses volumes heureux se trouveraient suivis d’autant d’œuvres illusoires qu’ils ont été précédés d’œuvres insignifiantes, quand lui-même, l’auteur de la Femme de quarante ans et de Gerfaut, serait devenu, par bien d’autres productions dont il est capable, le romancier régnant, il ne devrait pas, en avançant, séparer tout bas son progrès de son point de départ, car en littérature il est un peu comme un fils de famille ; il entre de plain-pied dans un genre ouvert, il arrive le lendemain d’un héritage riche, qu’il n’a qu’à grossir après l’avoir débrouillé.
Voltaire est exquis, quand il lâche la bride à sa verve et se moque de tout ce qui le gêne, hommes et choses : il arrive dans le Pauvre Diable, dans les Systèmes, dans la Vanité, à égaler sa prose par ses vers.
Ce détail, insignifiant au premier abord, devient éminemment significatif quand on l’examine de près et qu’on applique à cet examen les procédés les plus récents de l’analyse psychologique. » L’auteur arrive alors à son sujet.
Il nous est arrivé par-delà l’Atlantique, de parages lointains, et avec une façon spéciale de frissonner… M.
Conclusion Nous venons de reconnaître toute une tradition comique qui précède immédiatement Molière et qui lui arrive de première main.
Si on fait brutalement la théorie de l’aberration on arrive à un résultat bien curieux.
C’est de cela que l’heure actuelle a besoin… « Nous venons d’assister à des déroutes d’armées ; le moment est arrivé où la légion des esprits doit donner.
Lorsqu’il nous arrive, comme dans le pur sentiment de plaisir ou de peine, de passer de l’état, objectif à l’état subjectif ; nous subissons un changement qui ne saurait être traduit dans l’espace.
Il m’arrive quelquefois de ne pas manger : j’aime mieux ça que de m’être dégoûtée moi-même.
La même chose arrive parmi nous toutes les fois qu’il paroît une nouveauté sur nos théâtres, & principalement quand l’auteur a quelque réputation.
Je n’examine pas si ces reproches sont fondés ; mais, en supposant qu’ils le fussent, on pourrait facilement renvoyer l’objection à ceux qui la font, car il leur arrive souvent à eux-mêmes, en vertu d’un préjugé contraire, de tomber dans l’erreur inverse : ils sont autant prévenus contre l’existence de l’âme que les autres en faveur de cette existence ; ils arrangent aussi les choses pour les accommoder leur hypothèse favorite, et si quelqu’un fait par hasard allusion à quelque être métaphysique distinct des organes, ils l’arrêtent aussitôt en lui disant que cela n’est pas scientifique.
Arrive le dénouement ; La Fontaine décrit l’orage avec la pompe de style que le chêne a employée en parlant de lui-même.
Eh bien, mon ami, comptez que les temples et les chaumières et les dieux resteront dans cet état misérable jusqu’à ce qu’il arrive quelque grande calamité publique, une guerre, une famine, une peste, un vœu public, en conséquence duquel vous voyiez un arc de triomphe élevé au vainqueur, une grande fabrique de pierre consacrée au dieu.
Par hasard il arriva ce jour-là que ce fut son gendre qui lui apporta des aliments, et le bonhomme touché lui en témoigna sa gratitude d’une manière si vive, si pénétrée qu’elle suspendit les occupations et fixa l’attention de toute la famille.
Au moment où l’on put arriver à tout avec de l’or, on voulut avoir de l’or ; et le mérite, qui ne conduisait à rien, ne fut rien.
Le premier raconte même un incident arrivé dans une representation de l’Hercule qui dût divertir l’assemblée autant qu’aucune scene de comedie.
La chose arrive naturellement.
Mais comme ils n’accordent au complexe qu’une demi-réalité, des moyens simples leur paraissent suffisants, pour arriver à leur but.
Si l’on en doutait, il faudrait prendre toutes les publications d’une époque, et l’on verrait combien il y a de bons livres, voire de livres excellents, dans tous les genres où la Pensée et l’Expression demeurent sérieuses, avant d’arriver à quelque chose qui ressemble ou qui soit analogue, par exemple, aux Mémoires du chevalier de Grammont.
Aussi, voyez ce qui est arrivé !
Arrivé du théâtre ou du loisir à la politique, membre du Corps législatif, s’il n’a pas de tribune dans laquelle il puisse encadrer sa docte et florissante personne il a une assemblée d’hommes bienveillants et compétents qui l’écoutent suffisamment quand il parle, et devant laquelle il peut exercer ses impatientes facultés.
Erckmann-Chatrian, qui se débat contre une prétention de son esprit ou contre une impression de son imagination fascinée, n’arrive point à dégager de ses facultés ce qui n’y est pas.
Par quelle pente est-il arrivé à aller prendre son suprême sommeil dans la famille protestante ?
Quoique ce prince fût encore vivant, Paul Jove ose l’appeler de son véritable nom, c’est-à-dire, un monstre ; il est vrai que ce monstre était alors détrôné et enfermé dans une cage de fer ; mais beaucoup d’autres auraient craint que la cage ne fût brisée, et que ce monstre, en remontant sur le trône, ce qui est arrivé quelquefois, ne redevînt un très grand prince.
Est-ce qu’il n’arrive pas pour chacun de nous un moment où nous avons besoin de mourir ? […] Craignons que, dans notre course trop emportée à sa poursuite, il ne nous arrive de blesser involontairement les admirateurs d’un vieux maître. […] Le lendemain de sa mort une lettre de Béatrice arriva à Neuchâtel. […] Notre Soleil nous emporte avec tout son cortège vers la constellation d’Hercule, où nous arriverons dans quelques milliards de siècles. […] Il est mort laissant en chemin les rayons qui nous arrivent aujourd’hui.
Le lecteur sera pourtant bien aise de trouver ici ce qui arriva la premiere fois que M. […] Balthasar Gratian dit, que les pensées partent des vastes côtes de la mémoire, s’embarquent sur la mer de l’imagination, arrivent au port de l’esprit pour être enregistrées à la doüane de l’entendement. […] Le goût peut se gâter chez une nation ; ce malheur arrive d’ordinaire après les siecles de perfection. […] Quand la gravité n’est que dans le maintien, comme il arrive très souvent, on dit gravement des inepties. […] Pouvoit-il ignorer des faits si publics, si marqués, si singuliers, s’ils sont véritablement arrivés ?
« Dans la grande rue de Frédéric, devant le gymnase de Frédéric, se tenaient les élèves avec leur directeur ; ils saluèrent le passage du mort de chants religieux ; en passant devant l’Université, au son des cloches, au bruit des chants de la société chorale des hommes de Berlin, le cercueil arriva devant le dôme où l’attendaient, sous le portail, la tête découverte, le prince régent, les princes Frédéric-Guillaume, Albert, Albert fils, Frédéric, Georges, Adalbert de Prusse, Auguste de Würtemberg et Frédéric de Hesse-Cassel ; puis, à l’entrée principale de l’église, les chapelains de la cour, conduits par Strauss, reçurent le cercueil et l’accompagnèrent devant l’autel, où il fut déposé sur une estrade entourée de palmes et de plantes en fleurs, d’innombrables cierges portés par quatre immenses candélabres, et enfin des coussins sur lesquels reposaient les ordres du défunt. […] « Hier, écrit son confident Varnhagen, hier Humboldt a parlé avec beaucoup d’enjouement des lettres qu’il a reçues ; un certain nombre de dames d’Elberfeld se sont engagées à travailler à sa conversion au moyen de lettres anonymes, et lui ont annoncé leur intention ; ces lettres arrivent de temps en temps. […] Humboldt arrive de Potsdam et ne le retrouve plus.
Tous les matins, quand j’arrivais, je trouvais prêt mon café à la crème ; et la mère ne manquait jamais de m’accueillir par un baiser bien appliqué, et que par curiosité j’aurais bien voulu rendre à la fille, pour voir comment elle l’aurait pris. […] Heureusement rien de tout cela n’arriva. […] Maintenant il ne m’arrive plus de rencontrer sur mon chemin une fleur effeuillée, ou quelques branches d’arbrisseau qu’elle y laissait tomber en passant ; je suis seul : il n’y a plus ni mouvement ni vie autour de moi, et le sentier qui conduisait à son bosquet favori disparaît déjà sous l’herbe.
Le temps n’était pas encore arrivé de discipliner la littérature, d’instituer des règles, de choisir. […] Le changement n’est pas arrivé à la millième partie de ce qui demeure. […] Il y voit son plus beau titre, la plus grande faveur de son étoile, dans cette épître où, parlant de tout ce qui lui est arrivé d’heureux, il dit : Mais des heureux regards de mon astre étonnant Marquez bien cet effet encor plus surprenant, Qui dans mon souvenir aura toujours sa place, Que de tant d’écrivains de l’école d’Ignace Étant, comme je suis, ami si déclaré, Ce docteur toutefois si craint, si révéré, Qui contre eux de sa plume épuisa l’énergie, Arnauld, le grand Arnauld fit mon apologie.
” Alors, lui passant au doigt cet anneau, sur la pierre duquel est gravé mon nom, je lui répondis : « “Épelle chaque jour une des syllabes qui composent mon nom, et, avant que tu aies fini, tu verras arriver un de mes officiers de confiance, chargé de te ramener à ton époux ! […] « Nous arrivons ensemble », continue-t-il en s’adressant à sa chère Sita, « à ce site au milieu des montagnes du midi de l’Inde, sur le bord des ruisseaux tombant des rochers où habitent les saints anachorètes ; ils préparent pour leurs hôtes le plat de riz sauvage. […] Je vais vous dire quels événements troublent nos pieuses méditations… Deux petits enfants, apportés par quelque divinité dans ces forêts, sont arrivés dans nos ermitages et ont détourné nos religieux de leurs graves études.
Mais nous voyons tant d’étranges gradations d’organismes dans la nature, que nous ne devons affirmer qu’avec toute réserve qu’un organe, un instinct ou un être complet quelconque n’a pu arriver à son état présent par une suite de changements graduels. […] Cependant, lorsque des variétés arrivent dans une zone, elles assument parfois quelques-uns des caractères qui lui sont propres. […] C’est une règle de haute généralité que les habitants de chaque contrée aient une parenté évidente avec les habitants de la contrée la plus voisine d’où il ait pu lui arriver des immigrants.
Arrivés alors au bout du vestibule, nous pourrons entrer dans les appartements, et traiter la question de L’Évolution des genres. […] C’est qu’en effaçant ainsi les limites qui séparent les arts, Perrault en arrive insensiblement à une indifférence entière — et barbare — sur les questions de forme et de style. […] Arrivons donc à Voltaire. […] Nous sommes arrivés au terme du xviiie siècle et de la critique classique. […] Quoi qu’il en soit, on arrivera avec le temps, j’imagine, à constituer plus largement la science du moraliste.
Aimable comme vous l’êtes, il est naturel d’imaginer qu’il vous en arrive de semblables. » Ainsi parlaient les nombreux adorateurs de la fiancée du roi de Garbe ! […] Elle n’est pas pour eux, comme pour les personnages du roman contemporain, ce qui leur peut arriver de pire. […] Les meilleurs amis de son talent craignirent alors pour lui que, comme il est si souvent arrivé, la nature même de son succès ne le gâtât. […] Ce que veut Iahvé arrive toujours. » Je ne demande pas à M. […] Rien ne s’y passe comme il devrait, et, au contraire, c’est là qu’on voit tout arriver.
Il arrive même que des hommes tels que Daumier et M. […] Il arrive même à ce poëte, accusé de sensualité, de tomber en plein, tant sa mélancolie devient intense, dans la terreur catholique. […] Les premières paroles du Hollandais, après que son vaisseau est arrivé au mouillage, sont sinistres et solennelles : « Le terme est passé ; il s’est encore écoulé sept années ! […] Quant à la réforme que le maître veut introduire dans l’application de la musique au drame, qu’en arrivera-t-il ? […] Tout ce qui peut lui arriver de plus heureux, c’est que la nature le frappe d’un effrayant rappel à l’ordre.
En effet, le sérieux et la gaieté ont assez souvent la même apparence pour qu’il puisse nous arriver presque à chaque pas, si nous n’y sommes pas très attentifs, de prendre l’une pour l’autre deux choses si profondément contraires. […] Lorsque Pascal écrivait aux jésuites : « Vous avez bien mis ceux qui suivent vos opinions probables en assurance du côté des confesseurs, mais vous ne les avez point mis en assurance du côté des juges, de sorte qu’ils se trouvent exposés au fouet et à la potence en suivant vos probabilités » ; lorsqu’il ajoutait : « Obligez les juges d’absoudre les criminels qui ont une opinion probable, à peine d’être exclus des sacrements, afin qu’il n’arrive pas, au grand mépris et scandale de la probabilité, que ceux que vous rendez innocents dans la théorie, soient Fouettés ou pendus dans la pratique9 » ; quand Pascal flagellait ainsi les jésuites, il s’armait d’une sanglante ironie, mais certes il n’y mettait pas de gaieté ; il n’y a donc point là de comique. […] nous dit Alceste d’un ton courroucé, et s’il nous arrive de nous dérider à la scène comique de Dubois, ou à la plaisante description du « grand flandrin de vicomte », qui, « trois quarts d’heure durant, crache dans un puits pour faire des ronds » ; le drame étonné et indigné s’écrie par l’organe de son principal personnage : Par le sangbleu ! […] Si le sérieux gagne du terrain dans le but général de la composition, comme dans l’intérêt et les sentiments qu’elle inspire, la comédie passera au genre du drame instructif ou touchant, et il n’y a de là qu’un pas à faire pour arriver à la tragédie bourgeoise . — Septième leçon.
Pour moi je préfère les faits, les faits de conscience, aux divagations abstraites, et j’aime mieux dire ceci : quand j’ai la sensation d’une belle chose, il arrive parfois que cette sensation intéresse, captive mon être tout entier. […] Arrivé à l’âge d’homme, mon enthousiasme n’est point refroidi ; je dirai même qu’il est plus vigoureux et plus ferme. […] Ceci dit, j’ajouterai que, pourtant, les Flûtes de Franc-Nohain ne sauraient me donner, à elles seules, toute la poésie et qu’il m’arrive aussi d’éprouver avec quelques savoureux émois à l’audition des grandes et magistrales orgues du Père — admiré — Hugo, et aux violons si câlinement tendres ou pervers du Fils — aimé — Verlaine. […] Littérairement Verlaine est supérieur aux grands romantiques ; il balbutie, mais il lui arrive de balbutier des choses divines.
Si la France met souvent son génie à être dupe, — ce qui n’arrive que rarement au génie, — le succès, elle l’obtient toujours ! […] Si, au milieu de tous les syncrétismes de la pensée de Gœthe, lequel se vante dans ses Mémoires de s’être dépouillé du catholicisme en trois temps, on aperçoit encore quelques atomes de poète, il les doit à ce catholicisme plus fort que tout, qui palpite encore, malgré lui, dans cette poitrine glacée, prise par des sots insensibles pour celle d’un Dieu parce que rien n’y bat… Il les doit encore, non à son génie particulier, mais au génie de sa race, et c’est là, du reste, quand on n’est pas nettement supérieur par soi-même, ce qui peut arriver de mieux : avoir le génie de sa race. […] L’amant arrive. […] Chapitre VI : l’art et les voyages Avant de poursuivre cette étude sur Gœthe que je veux mener à bien, je hasarderai une observation, non pour me donner le courage de continuer, — je l’avais en commençant cette étude et quoi qu’il pût arriver, — mais pour redoubler en moi le plaisir d’un travail sincère, qui n’a pas encore rencontré, que je sache, de contradicteur4.
Léon Laya, renouvellent avec fraîcheur et dans un tour bien moderne ce thème, si cher à l’ancienne comédie depuis et même avant Les Adelphes de Térence, de deux pères ou oncles, l’un sévère, l’autre indulgent, et qui, par ce régime contraire auquel ils soumettent leurs fils ou leurs neveux, arrivent en leur personne à un résultat opposé qui juge la méthode et donne en définitive gain de cause à l’indulgence.
Mais il n’en demeure pas moins fâcheux et tout à fait contraire à l’esprit même des lettres qu’on arrive à s’enrichir à ce point par elles.
Il m’est arrivé quelquefois de causer littérature avec des personnes du sexe, réputées d’ailleurs fort instruites, et dont quelques-unes même étaient ou avaient été des institutrices distinguées ; elles savaient des mots, des définitions qu’elles répétaient de confiance ; elles avaient lu des extraits, elles en étaient presque toutes plus ou moins aux morceaux choisis de Noël et Laplace.
Il peut m’arriver, en lisant les vers ou la prose d’un Grec ou d’un Latin, d’être ému d’autant de tendresse ou d’admiration que lorsque je lis mes plus aimés contemporains ; mais jamais, au grand jamais, d’éclater de rire.
La conception nous arrive d’autant plus vive, nette, éclatante, qu’elle est comme matérialisée (ou, en un sens, idéalisée) dans une image, dans un tableau.
Il faut donc se faire un jeu de tout ce qui vous arrive.
Prévost n’arrive pas tout à fait premier en s’occupant de ces apprenties hystériques.
Va, suis-le, il est l’enfant nouveau qui dira ton âme à toi et la dira librement, se moquant de la Rime riche et de la Rime rare, du nombre et de la quantité des syllabes et des choses « bien faites » et de tout cela qu’inventèrent les Maîtres et les Habiles. » IV « Or, sais-tu ce qui arrivera ?
N’est-il pas arrivé à Virgile lui-même de mettre à contribution plusieurs Poëtes de son temps, comme on peut en juger par les citations de Macrobe ?
Selon nous, la volonté ne peut, par elle-même, donner naissance à aucune forme d’activité intellectuelle ; l’aperception intellectuelle ne peut donc être identique avec l’attention, comme il arrive dans la doctrine de Wundt.
Et j’arrive à cette conclusion — malgré moi, puisque en dehors de la question — qu’une œuvre ne peut être d’absolue beauté si l’âme n’y transparaît ; à travers la matière, si la vie n’y aime et souffre sous la Forme : la Forme éternellement morne en dépit de sa splendeur, lorsqu’elle s’isole.
Ses défauts doivent toujours le rendre ennuyeux & ridicule ; &, s’il arrive qu’on les lui passe jamais, ce ne sera qu’au retour du mauvais goût & de la barbarie.
Mais si une chose me surprenait, moi, c’est qu’il en arrivât autrement.
Je n’ai jamais été bien fait que par un pauvre diable appelé Garant, qui m’attrapa, comme il arrive à un sot qui dit un bon mot.
Quoi donc, s’il arrivait que l’on me présentât un morceau si bien fait de tout point dans la manière de Raphaël, de Rubens, du Titien, du Dominiquin, que moi et tout autre s’y trompât, l’artiste n’aurait-il pas exécuté une belle chose ?
Mais il faut pour cela que les novateurs en littérature évitent deux écueils où il leur arrive de tomber.
Dans l’Histoire, le génie militaire arrive toujours à l’heure nécessaire pour finir les Démocraties… S’il n’avait fait que cela du temps d’Henri IV !
Car, pour comprendre le Moyen Âge, cette gestation laborieuse et profonde d’une société qui a fini par s’organiser dans la plus merveilleuse harmonie, il faut avoir de deux choses l’une ou la raison du grand historien qui voit l’entre-deux et le dessous des faits, qui en perçoit les causes et les détermine, ou la sensibilité du grand poète qui, par le sentiment et une transposition sublime de son être dans le passé, arrive à l’intuition complète du temps qui n’est plus.
Lisez son livre, et voyez si déjà, dans ce jeune homme d’hier, il n’y a pas assez de pénétration, assez de profondeur prématurée, assez de mépris admirablement exprimé, pour arriver très vite à cet état de l’âme dont les hommes ont fait une fatalité, — la misanthropie.
n’est pas finie, — et les bohèmes arrivés, qui ne se croisent plus… que les jambes, les bohèmes réussis et assis !
Mais il a beau l’éviter, il a beau se surveiller, il a beau dire, à la fin de son ouvrage, qu’il n’est encore arrivé qu’au seuil de la métaphysique après douze cents pages, car après tout il pourrait bien se faire qu’il y eût une métaphysique, aveu tardif qui renferme une contradiction, le matérialisme saute à chaque page en propositions s’élançant comme des jets d’une source qui crèveraient le sol !
Il le fut naturellement, parce qu’il était Hébreu, et, comme tout Hébreu, il nous apporta sa Judée mieux que les voyageurs qui en arrivaient à l’heure même ne nous l’auraient apportée dans leurs récits.
Pierre Dupont arrivera peut-être à rompre avec la tyrannie des imitations qui l’oppriment encore.
Arrivé à la dernière limite que les sensations puissent atteindre, et toujours affamé de sensations nouvelles, il s’imagine que de prendre la vie à rebours c’est le seul parti qui lui reste pour y trouver quelque goût et quelque saveur, et il le prend, ce parti de la vie à rebours, et il décrit tous les vains efforts qu’il fait pour l’y mettre.
L’auteur, Paul Meurice, n’avait jamais montré de prétentions si hautes ; mais tout finit par pousser dans la vanité des hommes, et il arrive toujours un moment où le melon est mûr… Quoiqu’il eût romancé déjà, Paul Meurice n’est guères connu comme romancier.
Dans la suite, et chez les peuples même les plus policés, toutes les fois qu’il arriva un bonheur inattendu ou un fléau terrible, on s’empressa partout à louer les dieux qu’on adorait.
Il arrive dans les ouvrages ce qu’on voit en société : le désir éternel de plaire rapetisse l’âme et lui ôte le sentiment et l’énergie des grandes choses.
C’est ce qui est arrivé sous Périclès, sous Alexandre, sous Auguste, sous Trajan, sous Constantin, sous Charlemagne, sous Charles-Quint, sous Louis XIV.
Swift entre brusquement dans la grande salle de réception, écarte les groupes, arrive devant le lord-lieutenant, le visage enflammé, et d’une voix tonnante : « Très-bien, milord-lieutenant ; c’est un glorieux exploit que votre proclamation d’hier contre un pauvre boutiquier dont tout le crime est d’avoir voulu sauver ce pays954. » Et il déborda en invectives au milieu du silence et de la stupeur. […] Il ne veut ni plaire, ni divertir, ni entraîner, ni toucher ; il ne lui arrive jamais d’hésiter, de redoubler, de s’enflammer ou de faire effort. […] Même lorsqu’il arrive à la charmante Vanessa, sa veine coule semblable : pour la louer enfant, il la pose en petite fille modèle au tableau d’honneur, à la façon d’un maître d’école990 […] Hérodote, précisément avec les mêmes hiéroglyphes, parle bien plus clairement et presque in terminis ; il a eu l’audace de taxer les vrais critiques d’ignorance et de malice, et de le dire ouvertement, car on ne peut trouver d’autre sens à sa phrase : que dans la partie occidentale de la Libye, il y a des ânes avec des cornes1010. » Les sanglants sarcasmes arrivent alors par multitude. […] … Je ne veux pas insister minutieusement sur le grand nombre d’élégants, de musiciens, de poëtes, de politiques, que cette réforme rendrait au monde. — Moi-même, l’auteur de ces admirables vérités, j’en suis une preuve, étant une personne dont les imaginations prennent aisément le mors aux dents, et sont merveilleusement disposées à s’enfuir avec ma raison, laquelle, comme je l’ai observé par une longue expérience, est un cavalier mal assis et qu’on désarçonne aisément, d’où il arrive que mes amis ne me veulent jamais laisser seul que je ne leur aie promis solennellement de décharger mes idées de la façon qu’on vient de voir, ou d’une autre semblable, pour l’avantage universel de l’humanité1012. » Le malheureux qui se connaît et qui se raille !
Il est capable d’embrasser une cause, et d’y rester attaché, quoi qu’il arrive, malgré tout, jusqu’au bout. […] On commence par poser sa thèse, et Milton écrit en grosses lettres, en tête de son Traité du Divorce, la proposition qu’il va démontrer : « Qu’une mauvaise disposition, incapacité ou contrariété d’esprit, provenant d’une cause non variable en nature, empêchant et devant probablement empêcher toujours les bienfaits principaux de la société conjugale, lesquels sont la consolation et la paix, est une plus grande raison de divorce que la frigidité naturelle, spécialement s’il n’y a point d’enfants et s’il y a consentement mutuel. » Là-dessus arrive, légion par légion, l’armée disciplinée des arguments. […] Milton lui répondit du même style : il l’appela « histrion, charlatan, professeur d’un sou455, cuistre payé, homme de rien, coquin, être sans cœur, scélérat, imbécile, sacrilége, esclave digne des verges et de la fourche. » Le dictionnaire des gros mots latins y passa. « Toi qui sais tant de langues, qui parcours tant de volumes, qui en écris tant, tu n’es pourtant qu’un âne. » Trouvant l’épithète jolie, il la répéta et la sanctifia : « Ô le plus bavard des ânes, tu arrives monté par une femme, assiégé par les têtes guéries des évêques que tu avais blessés, petite image de la grande bête de l’Apocalypse ! […] Le lendemain arrive un ange en visite. […] Quand il est simplement comique, il arrive comme Swift et Hogarth à la bizarrerie rude et drolatique : « A bishop’s foot that has all his toes (maugre the gout) and a linen sock over it, is the aptest emblem of the prelat himself ; who being a pluralist may, under one surplice, hide four benefices, besides that great metropolitan toe. » 481.
Il a cinquante ans, et il arrive du fond de la Provence. […] — est sans doute le plus ingénieux ; ils soutenaient qu’il n’arrive à chacun que ce que chacun a voulu que la proportion est constante entre l’effort et le résultat ; qu’heureux ou malheureux, tout homme est lui seul à lui-même l’artisan de sa destinée. […] Il eût encore pu, s’il l’eût voulu, les insérer au commencement de sa seconde partie, à l’endroit où il dit, un peu avant d’arriver à Moïse, que « le monde que Dieu avait fait pour manifester sa puissance, était devenu un temple d’idoles ». […] Nous ne tenons plus aujourd’hui pour philosophes que ceux qui font métier d’argumenter en règle sur la métaphysique ; et l’histoire même de la philosophie ne se soucie d’un grand écrivain qu’autant qu’il lui est arrivé, comme à nos nouveaux scolastiques, d’en disserter en forme. […] C’est aussi bien ce qui arrive constamment à Montaigne.
Mais sous toutes ses formes il a deux ambitions qui sont les mêmes : celle d’arriver dans ses études métaphysiques jusqu’à l’intuition, et dans ses pratiques morales jusqu’à la perfection. » Une vérité cachée est ce qui nous fait vivre, déclare Maeterlinck ; ce que nous savons n’est pas intéressant. […] Ainsi qu’il arrive aux cerveaux longtemps comprimés, dont le mysticisme vivant ne cherche que l’occasion de s’essorer, je chéris moins ce livre à cause de ses qualités solides, que pour l’espèce de secousse nerveuse qu’il m’apportait. […] Toujours est-il que ce qui devait arriver arriva. […] La fin poursuivie par Souza est la suivante : donner au symbolisme toutes ses conséquences ; arriver à faire que la poésie française resplendisse dans son éclat le plus pur. […] Arrive le xviie siècle avec son fâcheux censeur, Boileau, et les génies de Racine et de La Fontaine, lesquels portèrent la science du vers classique à un point dont l’auteur du Lutrin n’eut jamais l’idée.
Essentiellement en ceci, qu’il n’arrive à Gil Blas aucune aventure, heureuse ou malheureuse, dont il soit proprement l’artisan, rien qu’il ait prévu, ni délibéré, ni voulu ; tandis qu’au contraire il n’arrive rien à Figaro qui ne soit finalement le fruit ou la récompense de son activité, de sa ruse, et de son habileté. […] J’essayerai prochainement, Messieurs, quand nous arriverons à Tartufe, de vous montrer comment cette comédie nouvelle était le terme, en quelque sorte logique et nécessaire, de la conception réaliste ou naturaliste que Molière se faisait de l’art et de la vie. […] Mais ici, rien n’arrive à personne qu’en dépit de lui-même. […] Elle allait donc chercher des directions nouvelles, et, en les cherchant, elle allait essayer, comme il arrive toujours, d’emprunter d’abord au roman lui-même quelques-uns des moyens qui le faisaient réussir. […] Il est arrivé, même aux Grecs, de se tromper quelquefois.
J’ai voulu relire récemment sa constitution, modèle qu’il présente aux hommes comme un type des sociétés politiques accomplies ; j’ose déclarer en toute conscience que le délire d’un insensé joint à la férocité d’un scélérat ne pouvait jamais arriver aux excès d’absurdité et aux excès d’immoralité de ce prétendu sage tombé en folie et en fureur pour avoir trop bu l’idéal dans la coupe de l’imagination. […] L’ambassadeur de France à Lucerne le recueille par pitié pour sa jeunesse, et lui donne de l’argent et des recommandations pour Paris ; il arrive à Lyon, reçoit des nouvelles de madame de Warens, revenue à Chambéry, l’y rejoint, s’y fait arpenteur de cadastre, puis maître de musique. […] XIV Arrivé à Venise, il dénigre ouvertement son ambassadeur, il travestit en titre de secrétaire d’ambassade de France les fonctions équivoques et domestiques de secrétaire salarié de l’ambassadeur.
Les trois représentations de la Tétralogie furent achevées, le 30 août ; il arriva que les frais furent plus grands qu’ils n’avaient été prévus. […] L’œil intérieur du Maître aperçoit, alors, l’apparition consolante, à lui seul reconnaissable (Allegro 6/8), où le désir arrive à un jeu attendri et gracieux avec lui-même ; l’image du rêve intérieur se réveille, dans le plus aimable souvenir. […] La question fondamentale de tout son système est : une telle âme, dans la plénitude de sa conscience et de son impressionabilité, peut-elle jamais arriver à ce, à quoi elle a droit ?
Ce qui lui valut ce triomphe, c’est que ses amis lui avouèrent que tout d’abord Lohengrin les avait charmés, et que c’était ensuite, en y réfléchissant, qu’ils étaient arrivés à le juger d’une façon défavorable. « Ainsi, leur dit Wagner, le sens de mon poëme s’est évanoui à vos yeux, dès que, cessant de vous abandonner à l’impression première, vous l’avez critiqué. […] » En vérité, il est comme l’œuvre d’art elle-même qui ne peut pas être comprise avec la tête, mais seulement avec la sensibilité, avec le cœur. » Lohengrin n’est donc au fond rien autre chose que la protestation du sentiment artistique contre un monde sans naïveté, qui à force de vouloir expliquer tout, arrive à ne pas pouvoir comprendre ce qu’il y a de meilleur dans la vie. […] C’est dire qu’il n’en saisira que le côté extérieur et accessoire, mais point certainement le fond, puisque, tant que Wagner n’y avait vu qu’un sujet de cette nature, il s’en était senti éloigné. « En vérité, dit-il, Lohengrin est une apparition entièrement nouvelle ; elle ne pouvait surgir en aucun autre temps que celui-ci, et seulement des dispositions d’esprit et de l’intuition que pouvait avoir de la vie, un artiste, qui, s’étant trouvé précisément dans ma position, en fût arrivé au point de son développement où j’en étais du mien, quand ce sujet m’apparut, comme la tâche nécessaire qui s’imposait à moi ».
« L’écrivain semi-sérieux est un homme chez lequel la sensibilité douce et l’enjouement tendre sont, par le don d’une nature modérée, dans un si parfait équilibre, qu’en étant sensible, l’écrivain ne cesse jamais d’être enjoué, et qu’en étant enjoué il ne cesse jamais d’être sensible ; en sorte qu’en le lisant ou en l’écoutant on passe à son gré, du sourire aux larmes, et des larmes au sourire sans jamais arriver ni jusqu’au sanglot qui déchire le cœur, ni jusqu’à l’éclat de rire, cette grossièreté de la joie. […] Il m’est arrivé souvent, en fermant avec humeur le volume de Don Juan de Byron, les facéties presque toujours sacrilèges de Heine, et quelquefois les poésies trop juvéniles et trop rabelaisiennes de Musset, il m’est arrivé, dis-je, de comparer l’impression que j’avais reçue dans ces volumes léthifères à une Morgue de la pensée où l’on va, pour les reconnaître, contempler avec répugnance et dégoût les choses mortes et décomposées du cœur humain !
Arrivé aujourd’hui au commencement du dix-septième, nous le retrouvons tel que nous l’avons connu dans les publications précédentes : historien effaré, qui ne veut pas se donner la peine de faire bien ; qui sait, mais qui met sa haine au-dessus de la science ; coquet dans cette haine comme la femme que nous avons dit qu’il était ; artiste en blessures, travaillant ses assassinats comme des bijoux. […] Il venait après les déchirements d’une guerre religieuse et civile, et enfin il arrivait après Henri IV, dont le mérite, pour ceux qui l’admirent, est de s’être retourné après son abdication et son sacre. […] Tant qu’enfin, arrivé à n’avoir plus à copier de médaillons historiques, il est obligé de revenir à l’éloge et à la glorification en masse des Femmes de la Révolution, depuis les femmes du 6 octobre jusqu’aux dames jacobines (dames est joli) de 1790 !
. — Dans un sentier tortueux qui conduit l’œil jusqu’au fond du tableau, arrivent, courbés et barbus, d’heureux sexagénaires. — Le fond de droite est occupé par des bosquets où se font des ballets et des réjouissances. […] — Tableaux qui visent à la couleur, et malheureusement n’arrivent qu’au coloriage de cafés, ou tout au plus d’opéra, et dont l’un a été imprudemment placé auprès du Marc-Aurèle de Delacroix. […] Maréchal La Grappe est sans doute un beau pastel, et d’une bonne couleur ; mais nous reprocherons à tous ces messieurs de l’école de Metz de n’arriver en général qu’à un sérieux de convention et qu’à la singerie de la maestria, — ceci soit dit sans vouloir le moins du monde diminuer l’honneur de leurs efforts
jusqu’à ce que j’aie achevé la route suprême et commune, et que j’arrive à la demeure, terme des souffrances pour les vrais adorateurs ! […] Né vingt ans après et arrivé tard dans l’Église, l’évêque de Ptolémaïs, le disciple et le fidèle ami de la savante Hypatie, le seul grand lettré de l’Église, depuis Origène, qui, dans ces temps de fondation fervente, n’ait pas reçu le nom de saint, le platonicien Synésius mérite aussi d’être étudié comme poëte philosophe et religieux. […] « Vers ta cour suprême, vers ton sein, j’élève mon vol allégé à mesure qu’il fuit plus loin de la matière, dans la joie d’arriver à tes célestes parvis.
Gibert par une lettre trop courte, et il arrive de ce différend que le livre de M. […] Ce talent admirable d’orateur moraliste et tendre, cette âme charmante, virgilienne et racinienne, ce panégyriste de la Madeleine repentie, après une première saison d’austérité et de ferveur, s’était apaisé comme il est naturel, s’était même attiédi du côté de la foi et était arrivé, sur la fin, à plus de sagesse humaine peut-être que divine.
Sous cette république passagère qui fut forcée de tirer en juin sur les plus gros de ses bataillons et qui répudia bientôt ses chefs modérés dans la personne de Cavaignac, qu’arriva-t-il durant ces longs et interminables mois de réaction ? […] A chaque instant chez lui, lorsqu’il emploie les expressions les plus simples et les plus indiquées, il lui arrive d’ajouter avec dédain : pour employer le jargon moderne.
Il s’appliqua dans sa jeunesse au métier des armes, s’acquit l’estime des généraux sous lesquels il servit, et, arrivé au grade de maréchal de camp, il pouvait prétendre à une plus grande fortune militaire, lorsqu’une lettre de lui, très-spirituelle et satirique, sur la paix des Pyrénées et contre le cardinal Mazarin, lettre adressée au marquis de Créqui et connue seulement de trois ou quatre personnes, fut trouvée dans une cassette déposée chez Mme du Plessis-Bellière, dont on saisissait les papiers. […] Jal, qui a eu le courage de feuilleter à cette fin les registres des soixante-huit paroisses de Paris, — deux ou trois cents volumes manuscrits, — est arrivé à découvrir l’acte de baptême de Mlle de Lenclos.
. — À leurs yeux le moment décisif est arrivé. […] S’il n’y atteint pas, la faute est à nous qui l’avons mal préparé ; il y arrivera, si nous prenons la peine de l’y conduire.
Il ne lui arrive rien, que d’avoir froid, et peur : et cette aventure si vraie en son insignifiance est finement détaillée ; un romancier de nos jours ne ferait pas mieux. […] Chrétien de Troyes avait commencé de raconter l’histoire de Perceval, qui est bien la plus étrange, invraisemblable, incohérente collection d’aventures qu’on puisse voir : tout y arrive sans raison ou contre raison.
Je n’exposerai point par quels enchaînements d’incidents, par quelle suite de péripéties l’amant arrive à cueillir le tant aimé, tant désiré bouton de rose dans le verger d’Amour. […] Jean de Meung ne s’est pas toujours contenté de mettre en vers la philosophie : il lui est arrivé de faire vraiment de sa philosophie une poésie.
Cela nous arrive souvent avec Fénelon : il a l’air d’un révolutionnaire, et il est effrénément réactionnaire. […] Les continuelles allusions au temps présent diminuent la chaleur et la vraisemblance du récit : il arrive trop d’aventures à point nommé, pour instruire Télémaque et par ricochet le duc de Bourgogne.
Fernand Severin, arrivé des bords de la Meuse se fixer à Bruxelles, y modula des vers d’une enchanteresse candeur ; mais il croyait de bonne foi écrire des poèmes « malades » en composant le Lys. […] Même lorsqu’il parle de son âme — ce qui arrive trop fréquemment, — il semble impossible qu’il ne s’agisse pas d’une âme supposée.
« Inférer ou raisonner, c’est le procédé de l’esprit par lequel on part de vérités connues pour arriver à d’autres réellement distinctes des premières. » (Logiq., II, ch. […] « Elle peut se définir une généralisation de l’expérience »104, ou bien encore « le moyen de découvrir et de prouver des propositions générales. » Son fondement n’est pas, comme l’ont prétendu les Écossais, notre croyance à l’uniformité du cours de la nature, vu que cette croyance est elle-même un exemple d’induction, et d’une induction qui n’est pas des plus faciles ni des plus évidentes, puisqu’il faut, avant d’y arriver, avoir conçu les uniformités particulières dont l’uniformité générale est la résultante et la synthèse.
Pourtant le caractère de Louis XV étant donné, c’est encore ce qui pourrait peut-être arriver de, mieux à ce roi que de tomber aux mains d’une femme « née sincère, qui l’aimait pour lui-même, et qui avait de la justesse dans l’esprit et de la justice dans le cœur : cela ne se rencontre pas tous les jours. » Telle est, du moins, l’opinion de Voltaire, jugeant Mme de Pompadour après sa mort. […] II, p. 508, 3e édition), décrivant le pastel de La Tour, il m’est arrivé de dire : « La robe de satin à ramages laisse place dans l’échancrure de la poitrine à plusieurs rangs de ces nœuds qu’on appelle, je crois, des parfaits contentements… » Or, on m’assure que j’ai été mal informé et que ce genre de nœuds s’appelle une échelle de rubans ; c’est là le terme qu’il faudrait substituer à celui de parfaits contentements, si en effet les connaisseurs en toilette sont d’accord là-dessus : et je les laisse juges.
C’est le grief qu’avait contre lui précisément Louis XIV, quand il disait : « M. de Bussy a fait des plaisanteries de quelques personnes que j’aime. » C’est ce que M. de Turenne lui reprocha également, un jour que Bussy se plaignait de n’être pas traité par lui avec plus d’amitié dans les diverses rencontres : « Il (M. de Turenne) me répondit qu’on l’avait assuré que je n’étais point de ses amis, et que même, contre la parole que je lui donnerais d’en être, s’il lui arrivait un malheur à la guerre, j’étais un homme à en plaisanter. » Il était fâcheux à Bussy d’avoir donné une pareille idée de lui à tout le monde, et à M. de Turenne en particulier, et d’être jugé incapable de résister au plaisir de faire une chanson. […] Quoi qu’il en soit, avec tous ses défauts, son inclination aux plaisirs, son goût connu et son talent irrésistible pour les épigrammes et les chansons, avec ses désordres de conduite, son grain de libertinage et d’esprit fort, sa fureur du jeu, où il avait un bonheur insolent, Bussy, vers 1659, était en passe d’arriver à la plus haute fortune militaire, lorsque la paix vint le livrer sans distraction à ses périlleux penchants.
Puis nous arrivons aux mathématiques, nous ne savons plus par quel zigzag. […] C’est le règne de Jésus-Christ qui arrive… Et tout ça, ce ne sont pas des farces, c’est dans l’Apocalypse.
Mais bientôt arrive Richelieu, bientôt Louis XIV. […] Le génie n’est souvent qu’une seule grande idée, qui se produit dans plusieurs épreuves successives, jusqu’à ce qu’elle arrive à sa forme définitive et parfaite.
Nous qui avions l’intention de dire plus tard, dans un détail qui éclaire le talent par la vie, ce que fut Maurice de Guérin, nous avions senti, en lisant ces lettres, que jamais, quoi qu’il pût arriver, il n’inspirerait désormais un pareil langage, et nous voulûmes que ceux qui l’avaient aimé pussent en juger. […] Après le souper, elle s’en allait à la cuisine faire la prière aux domestiques et le catéchisme à quelque petit ignorant, ce qui arrivait souvent dans le temps des vignes.
Assurément, il n’arrive à personne de parler de la beauté, de la grandeur d’un feuilleton, de célébrer le style de Ponson du Terrail, l’harmonie des périodes chez Xavier de Montépin, de rechercher, parmi les génies grecs, latins ou français, la filiation littéraire de M. […] Il les fatigue bientôt, soit que les lecteurs, comme il arrive, connaissent mieux le monde que celui qui prétend le mettre en scène ; soit qu’ils aient, de la vanité de leur vie, plus de dégoût que l’écrivain n’en affecte ; soit qu’ils sachent, encore mieux que lui, que ce qui résiste à tant d’attaques, je veux dire le raffinement de l’esprit et des mœurs, a toujours eu un fond de solidité et une raison de durer.
Nous étions amenés ainsi à suivre dans toutes ses évolutions le mouvement progressif par lequel le passé et le présent arrivent au contact l’un de l’autre, c’est-à-dire la reconnaissance. […] Si le souvenir d’une perception n’était que cette perception affaiblie, il nous arriverait, par exemple, de prendre la perception d’un son léger pour le souvenir d’un bruit intense.
Dans la démocratie, où le peuple entier constitue la cité, il arriva que le domaine civil ne fut plus ainsi appelé dans le sens de domaine public, quoiqu’il eût été appelé civil du mot de cité. […] Les philosophes seuls peuvent arriver à comprendre l’idée d’infini.
Celui-ci lui ayant lu sa pièce du Lot supposé avant la représentation, il l’avait approuvée, et il se croyait comptable devant l’auteur et devant tous de son premier jugement : Il me semble, disait-il, que lorsqu’un ouvrage livré à notre censure nous a semblé bon, nous devons à l’auteur l’hommage public du jugement avantageux que nous en avons porté… Quand il me serait arrivé de trouver bon un ouvrage que le public aurait ensuite jugé mauvais, il n’y aurait pas grand mal à cela, et j’ose assurer que je serais en ce cas moins mécontent de moi, que si, dissimulant lâchement mon estime, je m’étais épargné cette espèce d’humiliation.
Les secours furent insuffisants et intempestifs ; des ordres contradictoires arrivèrent à la fois des deux petites cours rivales, et déconcertèrent les opérations commencées ; en deux conjonctures tristement mémorables, à Quiberon et à l’Ile-Dieu, de misérables scrupules de vanité empêchèrent d’adopter le genre de guerre qui convenait le mieux à la nature de la contrée et aux habitudes des paysans.
« Que chacun, disait-il, marche dans sa ligne ; s’il y a choc, j’arriverai. » Quand le conflit était assez grave, il demandait toute la correspondance et prononçait son opinion en la motivant, et surtout sans blâme.
Dites que cette littérature est ignorante, sans critique, se jetant à l’étourdie à travers tout, pleine de méprises, de quiproquo et de bévues que personne ne relève, ne prenant les choses et les hommes graves du passé que dans un caprice du moment, s’en faisant une contenance, un trait de couleur, un sujet de charmante et folle fantaisie ; et quand il s’agit d’être érudite, l’étant d’une érudition d’hier, toute de parade, soufflée et flatueuse ; et voilà qu’on peut vous nommer, même dans les jeunes, des esprits patients, analytiques, circonspects, en quête de l’antique et lointaine érudition, de celle à laquelle on n’arrive qu’à travers les langues, les années et les préparations silencieuses d’un régime de Port-Royal.
Il arrive en effet que dans cet orage naturel qui s’agite au dedans de lui aux heures de paroles ou de composition, il se fait des éclats peu mesurés, qui vont au-delà de l’équitable pensée, qui dévient et frappent à faux, qui heurtent en face les scrupuleux et les superstitieux, qui pourraient en aveugler à tort quelques-uns sur un ensemble plein d’utilité et de puissance.
L’enfant sait qu’il faut arriver en classe à l’heure exacte.
La disposition en arrive ainsi à s’absorber presque dans l’invention et dans l’exécution : elle ne se fait pas moins, elle se fait plus vite.
Celui qui y est arrivé s’affole de sa solitude, de son doute — ce doute qui le fait presque se renier lui-même.
Il est arrivé dans le choix des mots et des tours discrets à une telle subtilité qu’avec moins de trois mille mots, j’en suis sûr, il n’est pas de nuance d’émotion et d’ironie qu’il ne rende sensible aux initiés.
« Il ne se fera, quoi qu’on en ait dit, l’organe d’aucune coterie, d’aucune secte : il n’a pas de couleur littéraire ; il est et restera ouvert à toute tentative originale, il prêtera son concours le plus entier à tous ceux qui luttent pour arriver au jour, à une époque où il devient de plus en plus difficile de percer la couche épaisse de sottise qui sépare les jeunes écrivains du grand public. ».
Lépine avait aussi, quand il voulait, le sourire, mais il lui arrivait trop souvent de prendre une grosse voix d’ogre et sa barbiche impériale, dans le feu des manifestations, était susceptible d’évoquer aux Parisiens de fâcheux souvenirs.
Le miracle ne s’achève qu’au moment où l’on arrive au monastère : au dedans sont des vignes, des ruisseaux, des bocages ; au dehors, une nature horrible, et la terre qui se perd et s’enfuit avec ses fleuves, ses campagnes et ses mers, dans de bleuâtres profondeurs.
Arrive Pigalle, et lorsqu’il est engagé entre les files, on crie : du dos ; il se fait de droite et de gauche un demi-tour de conversion, et Pigalle passe entre deux longues rangées de dos ; même salut et mêmes honneurs à Cochin, à M et Madame Vien et aux autres.
Mais il déclare, et avec raison, qu’il y a de grands modèles dits classiques et qu’à force d’étudier leur pensée puissante et leur style génial, de se pénétrer de leur goût impeccable, on arrive à développer ses qualités personnelles, oui personnelles, et à se former à leur école, sans être contraint de tomber dans le bovarysme et la servilité, et sans renoncer à son originalité si l’on en a9. » La question est ainsi fort bien posée.
Brunetière, après avoir méprisé la théorie du travail, contraint de prendre son plus bel exemple de style chez l’auteur le plus notoirement célèbre par son labeur, ses refontes et ses ratures, chez un écrivain qui recherchait l’harmonie jusqu’à fuir la moindre assonance, qui poussait jusqu’à la manie la haine des répétitions, qui exigeait la suite la plus rigoureuse dans les métaphores, qui supprimait les qui et les que et prétendait qu’avec de l’application et du goût on peut arriver à avoir du talent ?
L’exactitude historique, la seule chose qui soit peut-être à respecter de toutes les choses qui ne sont pas l’intérêt de l’émotion et l’intensité de la vie, Shakespeare y arrivait… mais c’était à force d’être humain !
Quoi qu’il en puisse être, du reste, réjouissons-nous de ce qui arrive.
Il y a un morceau très curieux de lui, sur Pétrarque, où il pose en fait et en doctrine que la passion a un tel besoin de presser et de tordre son expression qu’elle arrive aux concetti les plus inattendus et aux fioritures les plus compliquées.
Parti non le premier, ni même le second des Coureurs Olympiques du temps, il est arrivé aujourd’hui, montrant plus que ce maigre volume de poésies qui a suivi au bout de tant d’années les Contes d’Espagne et d’Italie (cette éblouissante promesse d’une jeunesse, trahie par la virilité), et n’ayant jamais eu dans sa vie de Contemplations !
Louis Bouilhet est un des plus tard venus dans la poésie de ces dernières années ; mais, si tard qu’il soit arrivé, il a bien fait de venir, puisqu’il a réussi.
Seulement, ils arrivent après la bataille de Leipsig, et, grâce à des défections et à des morts parmi les frères bleus, ils échouent, — et, comme Rochereuil a un frère à Poitiers dont il ne veut pas exposer la tête pour la sienne, il revient et se fait prendre et intrépidement fusiller sur la place du Pilori, devant la maison de sa mère.
On ne comprendrait guère que, parce qu’ils se jugeaient égaux, les hommes eussent choisi de se soumettre à un pouvoir central, de se grouper en associations entrecroisées, de s’assimiler et de se différencier, de s’agglomérer et de se multiplier ; mais parce qu’ils s’aggloméraient et se multipliaient, se différenciaient et s’assimilaient, se groupaient en associations entrecroisées et se soumettaient à un pouvoir central, on comprend qu’ils en soient insensiblement arrivés à se juger égaux.
Nous suivons Socrate de l’œil ; nous ne perdons pas un de ses mouvements, pas un de ses discours ; nous le voyons quand on lui amène ses deux enfants, quand il donne ses derniers ordres pour sa maison, quand il fait éloigner les femmes ; quand ses amis mesurent avec effroi la course du soleil, qui bientôt va se cacher derrière les montagnes, et quand la coupe fatale arrive, et lorsqu’avant de la prendre, il fait sa prière au ciel pour demander un heureux voyage, et l’instant où il boit, et les cris de ses amis dans ce moment, et la douceur tranquille avec laquelle il leur reproche leur faiblesse, et sa promenade en attendant la mort, et le moment où il se couche sur son lit dès qu’il sent ses jambes s’appesantir, et la mort qui monte et le glace par degrés, et l’esclave qui lui touche les pieds que déjà il ne sent plus, et sa dernière parole, et son dernier, et son éternel silence au milieu de ses amis qui restent seuls.
Empressé de se rendre à l’invitation d’un libraire riche et gourmet, il oublia qu’il avait promis un article au journal ; et l’on était à peine au milieu du repas lorsqu’un apprenti d’imprimerie arriva tout à coup, et lui dit que depuis quelques heures on attendait de la copie. […] Voltaire n’a pas fait les doses si justes : Zaïre est bien plus amoureuse que chrétienne ; et si Orosmane voulait un peu s’aider lui-même, il est aisé de voir que le pontife de Jérusalem arriverait trop tard. […] Cette note est bien vague et bien peu exacte : le Français, naturellement généreux, a toujours aimé la liberté ; mais le propre de la passion est d’égarer, et la passion de la liberté, mal dirigée, conduit à l’esclavage ; c’est ce qui est arrivé aux Français. […] Ce qui peut arriver de plus heureux, et même de plus honorable pour un mari, c’est d’être aimé de sa femme par estime et par devoir : l’amour s’éteint, l’inclination passe ; l’estime et le devoir restent. […] Dorante arrive de Poitiers à Paris pour y faire son cours de galanterie ; il ne respire que plaisirs ; son imagination est pleine de bonnes fortunes ; sa bonne mine va subjuguer tous les cœurs.
Ou bien encore, s’il ne leur arrive jamais d’amener à l’exécution les excellentes intentions dont ils sont assez animés, quel bon patriote ne leur saurait gré de les avoir eues tout de même, et d’avoir hardiment tenté plus qu’ils ne pouvaient ? […] De même que d’ailleurs l’habitude littéraire émousse le sens philologique, il arrive, il est arrivé fréquemment que le sens littéraire, aussi lui, ne s’avivât point dans les exercices de la philologie. […] Je tâche uniquement de faire voir que, par un autre chemin, nous arrivons encore à la même conclusion. […] Pour arriver jusqu’à sa pensée il faut subir sa rhétorique ; mais il a sa façon de penser, enveloppée ou contenue dans sa façon de sentir ; et si nous voulons être équitables à sa mémoire, il nous faut apprendre qu’il y a une manière de le lire. […] Ce sont ceux-là surtout qu’égare la préoccupation de plaire et, assez généralement, pour avoir trop plu à leurs contemporains, il arrive qu’ils déplaisent dans les âges suivants.
Était-ce enfin désespoir d’arriver à l’empire, en voyant les deux fils d’Agrippa qu’Auguste avait adoptés, grandir et occuper la seconde place ? […] Cette nouvelle arriva cinq jours après que Tibère eut terminé la guerre de Pannonie et de Dalmatie. […] Commandant des cohortes prétoriennes, ministre principal de l’empereur, qui le nommait en public le compagnon de ses travaux, Séjan voulut arriver à l’empire. […] Séjan arrive plein de confiance au sénat. […] Arrêtez-vous, sphères toujours mouvantes du ciel ; arrêtez-vous, afin que le temps puisse cesser, et que minuit n’arrive jamais !
rends grâce à ton sort de ce flot lent et doux Qui te porte en silence où nous arrivons tous, Et, comme ton destin si borné dans sa course, Dans son lit ignoré s’endort près de sa source ; Ne porte point envie à ceux qu’un autre vent Sur les routes du monde a conduits plus avant, Même à ces noms frappés d’un peu de renommée ! […] Il ne m’est jamais arrivé de rencontrer personne sur ces grèves désertes qui correspondaient aux steppes les plus inhabités de ce littoral de la Savoie. […] Celui-là est bon, je vous le garantis, et je serais bien fâché qu’il lui arrivât malheur dans cette bourrasque. » Puis le mendiant essaya d’articuler un nom anglais inintelligible, mais qui ressemblait à un nom historique français. […] Mais ce qui me frappa surtout et, oserai-je le dire, ce qui me convainquit de la supériorité immense de ce jeune homme sur toutes les médiocrités de l’opposition aux Bourbons, c’est ce mépris de son propre parti, vertu de vieillesse à laquelle on arrive ordinairement avec les années, mais qu’il professait hautement avant l’âge par la seule justesse et par la seule fierté de son esprit.
. — Dieu, nous dit-il encore, m’a fait mon petit nid au bord du Rhône, sur une balme plantée d’arbres maladifs, mais d’où je vois le Mont-Blanc et les Alpes, et où m’arrivent les bruits de Paris. » Ces bruits lui suffisent ; je crois qu’il n’a jamais mis les pieds dans la grande ville.
il m’est arrivé souvent de désirer, en le lisant, que M. de Saint-Victor suivît cet exemple et n’y mît pas plus de façons.
— Et quand il est arrivé sur ces divers points à des résultats nets et précis ; quand, ayant franchi les préliminaires, et s’étant pris au texte même de la traduction en vers grecs, il l’a restitué et expliqué, ne croyez pas que l’auteur s’enferme dans les limites trop étroites d’un sujet qui pourrait sembler aride.
Il arrive assez fréquemment de l’étranger des diatribes fort vives contre notre littérature actuelle, nos drames, nos romans, etc., etc.
Par-delà ce qui est commandé, tout ce qu’on refuse, est légitime ; la justice dégage de la bienfaisance, la bienfaisance de la générosité, et contents de solder ce qu’ils croient leurs devoirs, s’il arrive une fois dans la vie où telle vertu clairement ordonnée exige un véritable sacrifice ; il est des biens, des services, des condescendances de tous les instants, qu’on n’obtient jamais de ceux qui ayant tout réduit en devoir, n’ont pu dessiner que les masses, ne savent obéir qu’à ce qui s’exprime.
Ici, nous voyons arriver chez le comte de Savoisy le petit roi de Bourges, gai, pimpant, insouciant, appuyé sur Agnès Sorel.
Et pourtant, si l’on sait entendre la philosophie, dans son sens véritable, celui-là est en effet un misérable qui n’est pas philosophe, c’est-à-dire qui n’est point arrivé à comprendre le sens élevé de la vie.
Or, il arriva que le pauvre mourut, et qu’il fut porté par les anges dans le sein d’Abraham.
Aimé Martin, éditeur du Molière variorum, nous apprend ces bévues redoublées, et il arrive que M.
Qui de Savoie arrivent tous les ans, Et dont la main légérement essuie Ces longs canaux engorgés par la suie.
On remarquera la phrase se déguisa en marchand d’objets de bambou , qu’il lui arrivait de fabriquer lui-même, ainsi que le prouve la petite écritoire de poche de ma collection.
Qui peut calculer ce qui fût arrivé de la philosophie, si la cause de Dieu, défendue en vain par la vertu, eût été aussi plaidée par le génie ?
Le jour du concile arrivé (c’étoit le 2 de juin 1140) un grand nombre de prélats s’y rendit.
Il tâcha dans ses premières années de s’établir à Paris avec plusieurs enfants de famille, qui par son exemple, s’engagèrent comme lui dans le parti de la Comédie sous le titre de l’Illustre Théâtre ; mais ce dessein ayant manqué de succès (ce qui arrive à beaucoup de nouveautés) il fut obligé de courir par les Provinces du Royaume, où il commença de s’acquérir une fort grande réputation.
On avertit La Fontaine que le lendemain n’arriverait pas.
Les guerres qui se faisoient alors en Grece, ressembloient à celles qui se sont faites si souvent sur les frontieres du païs-bas espagnol ; c’est-à-dire, à des guerres où le peuple court le risque d’être conquis, mais non pas d’être fait esclave et de perdre la proprieté de ses biens ; et où il n’est pas exposé aux malheurs qui lui arrivent dans les guerres qui se font encore entre les turcs et les chrétiens.
C’est justement le fossoyeur d’Hamlet, — un aimable et solide garçon, un good fellow s’il en fut oncques, et qui en vieillissant a continué de plaisanter, mais à la plaisanterie duquel l’habitude de creuser des trous dans la terre et d’y mettre ou d’en ôter des morts a donné une profondeur et un caractère très particuliers, mais puissants… Eh bien, est-ce que le temps du rieur d’Hamlet, de ce creuseur de fosses qui voit toutes les espèces de creux, serait arrivé pour Monselet, ce travailleur aussi après décès, comme le fossoyeur de Shakespeare ?
Et quand il arrive à Richelieu, le Malherbe politique, il pardonne sans peine ses ridicules d’abbé Cottin au grand Cardinal, pour l’effort qu’il a fait d’organiser la littérature et pour sa volonté de la gouverner comme un État de plus.
Cela arrive parfois, dans le meilleur des mondes possibles.
De Portraits intimes en portraits intimes de cette époque dont ils ont le goût, qui est déjà une corruption, ils sont arrivés à cette grande figure de Marie-Antoinette, plus grande que le cadre du siècle dans lequel elle est renfermée ; et, le croira-t-on ?
De Portraits intimes en portraits intimes de cette époque dont ils ont le goût, qui est déjà une corruption, ils sont arrivés à cette grande figure de Marie-Antoinette, plus grande que le cadre du siècle dans lequel elle est renfermée ; et, le croira-t-on ?
Mais, plus qu’eux deux peut-être, Louis-Philippe eut aussi, à son tour, cette ambition obstinée et peureuse jusqu’à l’hypocrisie, et même il n’y a qu’elle qui puisse nous expliquer sa vie, et comment, arrivé, à travers toutes ces circonstances, au moment de s’emparer du trône, au lieu de le prendre résolument, comme Guillaume d’Orange prit le sien, il l’a timidement escobardé !
C’était peu à peu qu’il était arrivé à l’idée de sa gazette, dont le premier numéro parut enfin le 30 mai 1631.
qu’il ne puisse arriver que l’indifférence publique ne tombe sur une œuvre grande et qui eut son éclat, et n’étende une couche de silence ignorant sur ce qui fit le plus de bruit ; mais, dans le cas présent, rien de pareil n’était à craindre ou à supposer.
Si la nostalgie de Paris n’avait pas poussé le pauvre Galiani à jeter des lettres dans ce tombeau où les lettres arrivent , disait si mélancoliquement Madame de Staël de l’absence, il ne se serait pas endormi sous le bleu du ciel de Naples comme les lazzaroni de ses bornes, car il n’avait rien du lazzarone, cet homme d’éther et de phosphore, mais il aurait, avec cette dextre souplesse qui est le caractère de son genre de génie, rempli stoïquement les hautes fonctions économiques, financières, administratives et judiciaires auxquelles le gouvernement napolitain l’appela pour lui faire oublier sa disgrâce d’un jour.
Aujourd’hui, arrivé à cet autre âge de la vie où l’on paquette son bagage pour la postérité, M.
La femme, écrit-il, doit jouer un rôle égal à celui de l’homme dans une civilisation bien faite, « mais ce jour semble ajourné à l’époque où ne domineront plus l’audace, la valeur guerrière, incompatibles avec sa nature douce et résignée… seulement, soyons tranquilles, ce jour arrivera… » Dites-vous-le bien, messieurs les officiers de spahis !
Nous arrivons au dix-huitième siècle, dont la philosophie n’est plus qu’une négation, une critique de philosophie, qui finit et se renouvelle dans Turgot, Condorcet, Herder, Kant, et M. de Beauverger nous dit : Sieyès.
dans ce discours où les caractères d’une restauration providentielle sont exposés avec une autorité incontestable, le publiciste sacré, après avoir fait la part de Dieu dans cet événement, arrive à la part de l’homme, à ce quelque chose d’humain que nous autres faibles créatures nous sommes pourtant tenus d’ajouter dans l’histoire aux bontés et aux magnificences divines, et le voilà qui se demande alors, comme dans ses autres discours il ne se l’était jamais demandé jusque-là, ce qu’il faut voir et ce qu’il faut faire pour résoudre cette question de la fragilité, de l’accident qui est, hélas !
ce bon monseigneur de Labastida, archevêque de Mexico, s’y employa ardemment ; mais, à peine arrivé au Mexique, Maximilien ne tint aucun compte de ses promesses et se hâta de mécontenter les catholiques pour passer sous le joug des sectaires vous savez comme Dieu l’a châtié ; mais au moins il s’est repenti et il est mort en chrétien.
IV C’est que le rêve était plus fort que le rêveur, — ce qui n’arrive jamais chez les vrais poètes.
Cette simplicité que le poète a trouvée dans une grande délicatesse d’organisation et plus encore dans le sentiment chrétien qui est le fond de sa vie vraie et non pas uniquement de sa vie littéraire, cette simplicité communique à sa poésie quelque chose de la pénétrante grandeur des hymnes de la liturgie qu’il rappelle et le fait arriver à des effets où l’art disparaît plus profondément que dans les chœurs même de Racine.
La jeunesse a des admirations qui, — tout le temps qu’elle dure, — ont le charme de sa faiblesse, car, excepté les grands génies originaux qui n’imitent personne, chacun part d’un autre pour arriver… enfin à soi.
lis tous ces noms, honore-les, et adore la patrie qui récompense ainsi le courage. » — Arrivés aux Thermopyles, ils se prosternent sur le lieu où trois cents hommes se sont dévoués contre trois cent mille.
On composa son oraison funèbre, et elle eût été prononcée sans un ordre de la cour, qui arriva au moment où on était assemblé pour l’entendre.
Lorsqu’ils arrivèrent à l’Océan véritable, ils étendirent cette idée étroite, et désignèrent par le nom d’Océan la mer qui embrasse toute la terre comme une grande île81 82.
Il dut arriver tout le contraire.
Son discours élégant et compassé fut débité de façon à donner bientôt sur les nerfs d’un public qui était arrivé favorable. […] Molé, de l’homme d’une rare distinction, qui eut de son côté ce jour-là, comme cela lui arriva souvent, le véritable esprit français, le tact et le goût. […] On était tenté de lui en vouloir par moments de cet excès de conscience et de l’invariable obstination qu’il mettait en toute rencontre à maintenir son opinion et son idée, même lorsqu’il était seul contre tous, ce qui lui arrivait quelquefois.
Il construit sur ce rêve une pyramide d’autres rêves qui, partant tous d’un principe faux, arrivent aux derniers sommets de l’absurde et de l’impossible en application. […] Le pas était glissant pour un homme que le zèle dévore, et qui arrive d’Europe avec le préjugé général que le soleil éclaire l’Occident seul de tout son disque, et ne laisse tomber sur le reste de l’univers que le rebut de ses rayons. […] Si, par quelque action éclatante ou par quelque ouvrage important, il mérite bien de la patrie, il ne fait pas valoir ses services dans la vue d’en être récompensé ; il attend modestement et avec patience que la libéralité du prince se déploie en sa faveur ; et s’il arrive que, dans la distribution des grâces, on l’ait oublié, il ne s’en plaint pas, il n’en murmure pas.
Dans la crainte qu’il n’en arrivât de même à toute autre, si je l’élevais au même rang, je n’en ai élevé aucune. […] Depuis que je suis sur le trône, il ne m’est jamais arrivé d’empêcher qu’on ne me fît des représentations ; j’ai reçu avec bonté et même avec plaisir celles surtout qui avaient pour objet l’avantage de mes sujets et la gloire de l’empire ; je n’ai jamais manqué, après les avoir reçues, de les renvoyer aux grands tribunaux, pour qu’ils eussent à délibérer sur l’usage que j’en devais faire. […] Pas même une seule fois il ne m’est arrivé d’empêcher qu’on ne me représentât ce qu’on croyait devoir me représenter.
On leur répondit rudement des fenêtres que l’heure était indue, qu’on n’ouvrait plus à de nouveaux hôtes, et que d’ailleurs le monastère était plein de visiteurs arrivés avant nous. […] Ces deux jeunes et aimables étrangers, nous dit le pâtre, étaient le prince Napoléon et la princesse Charlotte, sa femme, arrivés un peu avant nous au monastère, et, comme nous, repoussés du seuil par l’affluence des pèlerins aux Camaldules. […] XL Le succès des Pêcheurs de l’Adriatique, qui arrivait à Paris le jour ou l’âme de Robert s’envolait rejoindre ailleurs l’âme de Titien et de Raphaël, ne fut pas un succès, mais un triomphe.
D’autres étaient arrivés par l’analyse à l’idée du sentiment : Rousseau, par son tempérament, a la réalité du sentiment ; ceux-là dissertent, il vit ; toute son œuvre découle de là. […] Aussi prit-il, en pleine gloire, la résolution de quitter ce noir, fiévreux, assourdissant et asservissant Paris : ses amis les philosophes, qui n’avaient pas le tempérament bucolique et vivaient aux bougies comme le poisson dans l’eau, ne comprirent rien à cette lubie, essayèrent de le retenir, et n’arrivèrent qu’à le froisser. […] Il a aidé les âmes de nos Français à opérer une conversion dont ils avaient le besoin et qu’ils n’arrivaient pas à faire : rassasiés de raisonnement, d’abstraction et d’analyse, desséchés, vidés par un excès de vie intellectuelle, ils ont senti revivre leur cœur au contact du cœur de Rousseau ; ils ont demandé au sentiment les certitudes et les jouissances, que l’intelligence n’était pas capable de leur donner.
Et il arrivait, un moment, où les deux hommes parlaient de leurs anciennes amours. […] Et Carnajou passe si bien pour un menteur, qu’un vrai chirurgien qui fait quelque temps après des réapplications de chair, n’ose pas les ébruiter. » « Il arrive même que Després, un interne de Dupuytren, recolle un morceau de doigt à un individu, qui revient lui montrer son doigt, au bout de huit jours, et que Dupuytren, à qui on montre ce morceau recollé, l’arrache en disant : « Ça ne tient pas, ça ! […] Pense-t-on que si Boulanger arrive à jouer en France le Bonaparte, il le devra, en grande partie à la chanson de Paulus ?
En aucune autre œuvre parmi celles qui poussent le plus loin l’admiration et l’avidité du vrai, l’on n’a conscience d’une plus vive adhésion à tout l’existant, à toutes les scènes du paysage, aux grands actes humains du dehors, aux événements plus discrets des maisons closes, aux agitations frémissantes exprimées en miettes, qui traversent les âmes et les forment par l’accumulation des détails vus de près, par la précision et le minutieux de l’observation personnelle, par cette originalité et ce pittoresque qui résultent tout naturellement du témoignage oculaire, Tolstoï est arrivé à renouveler la description des spectacles les plus communément connus, poussant pour la moindre scène jusqu’à une émotion de plaisir neuf, l’illusion de l’évocation. […] L’auteur est donc contraint, pour donner essor à la multiplicité d’images, d’actes et d’âmes qui le hante, à traiter négligemment le récit, les descriptions, les expositions successives, les narrations, et à compliquer autant que le lui permettront ses notions traditionnelles de l’art d’écrire, la série des actions, des intrigues diverses de ses romans pour arriver, par cet artifice, à présenter ses nombreux personnages presque simultanément et parallèlement. […] Mais la vie de tous et la sienne propre n’est point un sujet dont on puisse se détacher quand on l’a considérée ; il faut, sous peine de malheur, de folie ou de suicide, que l’on arrive à s’en satisfaire, car elle est courte et l’occasion de bonheur qu’elle présente paraît être la seule.
Il arriva malheureusement tout le contraire. […] L’amour de la patrie ne les aveugla point, comme il arrive quelquefois chez les nations modernes. […] Quelques sçavans, qui se donnent pour connoisseurs, prétendent que l’Énéide n’est point finie : Ils la comparent à ces chefs-d’œuvre de l’antiquité, à ces monumens superbes de la grandeur & de l’élévation du génie des Romains, mais qui ne sont arrivés jusqu’à nous que mutilés.
Pendant combien d’années ou de siècles ne fallait-il pas que l’humanité eût accumulé, remué, scruté ses pensées en elle-même, pour arriver à de telles conclusions métaphysiques sur les misères de sa destinée et sur les mystères de la Providence divine ! […] » Mais ses amis, instruits au loin de sa ruine et de ses plaies, arrivent plutôt pour contempler ce grand débris de la fortune que pour le consoler et le relever. […] Plus un homme est doué par la nature d’une puissante faculté d’imaginer, de sentir, de penser, d’aimer, plus il est froissé, dans son intelligence et dans sa sensibilité, par ce milieu humain où rien n’est de ce qui devrait être, avant d’arriver par la mort à ce milieu divin où tout ce qui doit être sera.
« Telles furent les paroles qui arrivèrent jusqu’à nous. […] Pendant que vous contemplez tout ébloui ce spectacle, vous croyant seul entre ciel et terre à mille pas au-dessus des séjours humains, une musique vague, ou plutôt une brise psalmodiée, entremêlée d’un bourdonnement de voix d’enfants et de femmes, vous arrive, à travers les myrtes et les pins, du fond d’une caverne qui s’ouvre à gauche dans les vastes échancrures du rocher taillé à main d’homme. […] « Si jamais il arrive », s’écrie-t-il, « que ce poème sacré, auquel ont mis la main le ciel et la terre, et qui pendant tant d’années m’a exténué de maigreur, triomphe de la cruauté de ma patrie, qui me relègue hors du beau bercail où je dormis petit agneau, ennemi des loups qui lui font la guerre ; avec une autre voix alors, avec un autre vêtement reviendra le poète, et sur les fonts de mon baptême je prendrai la couronne !
Les uns, au nom du progrès, nous proposent de nous rompre le cou pour arriver plus vite ; les autres, au nom du progrès aussi, voudraient nous convaincre que le plus sûr moyen d’avancer, c’est de retourner en arrière. […] C’est ce qui est arrivé, selon Edgar Quinet, aux Grecs du bas-empire. […] A l’exemple d’Aristote, il fait un usage vraiment philosophique du principe des causes finales ; c’est à la lumière de ce principe qu’il arrive à constater chez tous les êtres étudiés par lui une remarquable uniformité de structure et qu’il aperçoit la corrélation qui doit exister entre l’organisation interne et la forme extérieure des animaux.
Qu’est-il arrivé de cette interdiction imposée à nombre de journaux et des plus répandus, des plus recommandables ? […] Je n’en veux pour preuve, messieurs, que ce qui est arrivé pour le Sénat lui-même.
Le directeur du théâtre, puis l’officier de garde viennent prier Mme Barnave de se retirer ; elle refuse ; par ordre du gouverneur, quatre fusiliers arrivent pour l’y contraindre. […] Chamfort conte avec aigreur que d’Alembert, au plus haut de sa réputation, étant chez Mme du Deffand avec le président Hénault et M. de Pont-de-Veyle, arrive un médecin nommé Fournier, qui en entrant dit à Mme du Deffand : « Madame, j’ai l’honneur de vous présenter mon très humble respect » ; au président Hénault : « Monsieur, j’ai bien l’honneur de vous saluer » ; à M. de Pont-de-Veyle : « Monsieur, je suis votre très humble serviteur », et à d’Alembert : « Bonjour, Monsieur595 ».
. — Il insiste sur un entretien ; j’arrive à Paris, je cause à cœur ouvert avec lui, il est moins sincère avec moi qu’avec M. de Marcellus, il nie imperturbablement la pensée du coup d’État. […] Ceux-ci, commandés par Jason, ont surmonté les écueils des Cyanées, les périls d’une mer inconnue, et sont arrivés à l’embouchure du Phase, auprès de la ville d’Aia, capitale du royaume d’Aiète.
Non, il n’est pas tout à fait vrai que ce qui charme le peuple de Londres, satisfasse autant les gentlemen lettrés ; et même il arrive, quand le plaisir est commun, qu’il se rattache à des affections très diverses. […] Chez nous, il arrive quelquefois encore qu’un personnage, en se présentant sur la scène, commence par décliner son nom ; plus souvent, il nous explique pourquoi il entre, pourquoi il sort.
Un peu d’argent qui lui arrive de sa famille, des travaux de librairie, des traductions le sauvent, le font vivoter, pendant qu’il compose et fait imprimer son confus et indigeste Essai sur les Révolutions : c’est alors, et pour cet ouvrage qu’il complète son instruction ; il lit les historiens de l’antiquité ; surtout il se nourrit de Rousseau, de Montesquieu, de Voltaire : il a encore l’esprit du siècle qui finit. […] Il partit vers le 10 avril, et se rembarqua le 10 décembre pour le Havre, où il arriva le 2 janvier 1792.
Non pas qu’au vray nous croyions que les astres, Qui sont réglés permanans en leurs âtres Ayent devoyé de leur vrai mouvement, Et que les jours tels soient asseurement, Que cil quant print Josué Gabaon, Car ung tel jour depuy n’arriva on Ou que les nuyctz croyions estre semblables ? […] Il est sans doute intéressant de chercher quel a été le but d’un auteur, et par quelle diversité de chemins il y est arrivé ; mais si l’on s’opiniâtrait à demander à Rabelais le sens général de son livre, on risquerait de ne pas apercevoir le sens des détails, dont chacun a été tour à tour l’unique objet et le seul plan de l’auteur.
À la gare, une foule attendait cette nouveauté, ce train de plaisir qui arrivait avec une charge de gens illustres, et je remarquai un carrosse étrange, le carrosse de la cour, un carrosse de gala qui avait cahoté sur les pavés inégaux des rues Dieu sait combien de générations de grands-ducs de Mecklembourg, et qui s’ébranla avec un bruit de ferrailles. […] À Bayreuth, au contraire, on est pour ainsi dire forcé de sortir de soi-même, on sent comme un lien mystérieux entre soi et ces étrangers, arrivés de tous pays pour se chauffer à la même flamme, qui dégagent autour de vous le fluide de leur admiration.
Depuis dix ans déjà, son idéal de l’œuvre d’art se formait en lui, se dessinait de plus en plus clairement ; L’échec de Tannhaeuser n’y était pour rien : mais jusqu’à ce jour, il avait pensé pouvoir y arriver directement ; il croyait trouver dans notre théâtre l’instrument voulu pour la réalisation de ce qu’il devait créer, et dans le public un large noyau de ce qu’il appela plus tard « le peuple d’idéalistes ». […] Au premier acte il arrive, il déclare son amour ; au troisième, Elsa lui pose la question défendue, et il part, tuant par ce fait celle qu’il avait été envoyé pour défendre.
Rien n’est mieux pensé que ce qu’il dit sur ces matieres ; & il nous a donné dans ces huit discours tous les éclaircissemens nécessaires pour juger sainement des révolutions arrivées dans la Religion. […] Quoique le titre ne semble annoncer qu’une narration historique des différens changemens arrivés dans la doctrine des Protestans ; leurs erreurs y sont mises dans un si grand jour, & elles y sont discutées avec tant de solidité, que l’on peut regarder cet ouvrage comme une histoire, & en même tems comme une réfutation complette du Protestantisme.
Quand nos vertus ne nous font point obstacle, quand nos scrupules ne nous tirent jamais en arrière dans la voie où nous sommes engagés, nous sommes obligés de réussir, ou notre coquinerie est bien déshonorée ; et c’est ce qui arriva à celle de Mme de Chevreuse. […] Voilà pourtant où il en arrive quand il s’agit de Mme de Hautefort.
Je n’invoquerai pas la scène célèbre de la soirée à l’Opéra et du bouquet de violettes déchiré et mordu, ni même l’épisode de la promenade au phare, quand Madeleine, avec Dominique, arrive en haut de la plate-forme, et que s’élève autour d’elle, comme dit Fromentin, « je ne sais quel murmure irrité, dont rien ne peut donner l’idée, quand on n’a pas écouté la mer de très haut ». […] Qu’est-il arrivé ?
Et, en vérité, au milieu de cette Alexandrie où, dès le premier siècle de sa fondation, le culte d’Israël, dans plus d’une synagogue, se célébrait en langue grecque, pour l’usage d’une partie du moins des transplantés et des prosélytes, le prodige serait que nul accent de la lyre hébraïque n’eût retenti en dehors du temple, que rien de cette poésie si forte ne fut arrivé jusqu’aux oreilles des savants et de la foule. […] Maint cavalier, maint homme de pied, couverts de leurs boucliers, frémissent serrés « sous l’airain éclatant de richesse ; tant, chaque jour, il arrive de trésors dans sa riche demeure !
Rien de comparable à l’ardeur dont il pressa l’exécution du traité déjà conclure ralliement de la flotte confédérée, et la vengeance, puisque le secours arrivait trop tard. […] Comme il était arrivé jadis aux Romains, dans leurs premiers combats de mer contre Carthage, les galères des deux partis se heurtant et s’accrochant avec des crampons de fer, le combat était devenu souvent un duel de pied ferme et corps à corps, où les vieilles bandes d’Espagne, les Italiens et les Grecs vainquirent, après cinq heures de mêlée.
Il arriva là, on se l’explique aisément, ce qui s’est produit en plus d’un cas analogue que présente l’histoire, et, par exemple, à la mort de l’archevêque de Cantorbéry, Thomas Becket.
Arrivé dans cette dernière ville, et dînant chez le consul de France, celui-ci lui demanda à qui s’adressaient ses lettres d’introduction.
Marie, la gentille brune aux dents blanches, aux yeux bleus et clairs, l’habitante du Moustoir, qui tous les dimanches arrivait à l’église du bourg, qui passait des jours entiers au pont Kerlo, avec son amoureux de douze ans, à regarder l’eau qui coule, et les poissons variés, et dans l’air ces nombreuses phalènes dont Nodier sait les mystères ; Marie, qui sauvait la vie à l’alerte demoiselle abattue sur sa main ; qui l’hiver suivant avait les fièvres et grandissait si fort, et mûrissait si vite, qu’après ces six longs mois elle avait oublié les jeux d’enfant et les alertes demoiselles, et les poissons du pont Kerlo, et les distractions à l’office pour son amoureux de douze ans, et qu’elle se mariait avec quelque honnête métayer de l’endroit : cette Marie que le sensible poëte n’a jamais oubliée depuis ; qu’il a revue deux ou trois fois au plus peut-être ; à qui, en dernier lieu, il a acheté à la foire du bourg une bague de cuivre qu’elle porte sans mystère aux yeux de l’époux sans soupçons ; dont l’image, comme une bénédiction secrète, l’a suivi au sein de Paris et du monde ; dont le souvenir et la célébration silencieuse l’ont rafraîchi dans l’amertume ; dont il demandait naguère au conscrit Daniel, dans une élégie qui fait pleurer, une parole, un reflet, un débris, quelque chose qu’elle eût dit ou qu’elle eût touché, une feuille de sa porte, fût-elle sèche déjà : cette Marie belle encore, l’honneur modeste de la vallée inconnue qu’arrosent l’Été et le Laita, ne lira jamais ce livre qu’elle a dicté, et ne saura même jamais qu’il existe, car elle ne connaît que la langue du pays, et d’ailleurs elle ne le croirait pas.
C’est pourtant ce qui arrive : V.
Il lui arriva de refaire trois, quatre fois un acte, une pièce : c’est-à-dire qu’il improvisa trois, quatre actes pour un ; trois, quatre pièces pour une.
Et, dans la mesure où il est libre, il ne peut élire que des idées qui arrivent à lui un temps nécessairement longs après leurs conceptions, soit après que la nature des choses les avait suggérées à des penseurs, par conséquent au moment même où les choses qui n’ont garde de stagner imposent à des synthétistes plus récents des philosophies plus adéquates.
Le pouvoir des politiciens deviendra de plus en plus omnipotent et il arrivera à être sans frein comme sans contrepoids.
Il n’est disputeur que quand il argumente contre les pharisiens, l’adversaire le forçant, comme cela arrive presque toujours, à prendre son propre ton 936.
Bussy-Rabutin, dans ses Amours des Gaules 61, raconte comment il arriva que madame de Montespan, sous les yeux, dans la société intime de madame de La Vallière, devint sa rivale préférée, longtemps avant que cette amante passionnée s’en doutât, longtemps encore après qu’elle en eût la certitude ; le roi se trouvant alors partagé entre la maîtresse qu’il n’aimait plus, celle qu’il commençait à aimer, et la reine, dont il affligeait la tendresse, toutefois sans déserter sa couche.
Ainsi, dans le texte consacré à Stendhal, on peut lire : « (…) nous autres, qui venons après lui et souffrons comme lui de cette excessive acuité de l’esprit d’analyse, nous arrivons pour soutenir que les curiosités, ou plutôt les cas pathologiques par lui décrits sont bien les nôtres » (P.
C’est par-là qu’il fait passer ce propos populaire, arrive en trois bateaux ; on pardonne ce trait en faveur de 146 l’argent qu’on rendra à la porte.
Albalat a coloré avec soin et en vain une petite image d’Epinal à compartiments étanches. » Le malheur, c’est que ma description a été faite — mes amis le savent — sous la dictée et d’après les détails exacts d’un bon observateur qui arrivait du mont Saint-Bernard, bouleversé par ce spectacle.
. — L’exil est un tombeau ; seulement c’est un tombeau où la poste arrive. — La vie, pour moi, est comme un bal dont la musique a cessé. » — Et c’est là tout !
Sainte-Beuve, qui était sans doute aux Antipodes quand la chose arriva, car non seulement nous avons discuté ces deux malheureux et coupables volumes dans lesquels Albert Blanc se permettait de couper et d’interrompre à sa convenance ces lettres charmantes ou magnifiques de Joseph de Maistre pour mettre, entre deux, ses énormités, à lui, Blanc, et des énormités saint-simoniennes, dans un style attaqué d’éléphantiasis, mais nous sommes allés jusqu’à soupçonner leur éditeur d’interpolation !
Seulement, arrivé à la fin de la description qu’il en fait, l’auteur de Royalistes et Républicains, qui ne sait rien de plus que ce qu’il voit, recommence, avec moins d’expression et d’énergie, le cri de Mallet-Dupan, et c’est tout !
Les autres négociations qui suivirent, comme, par exemple, le mariage de Louis XIV et le traité des Pyrénées, quoique plus heureuses et plus brillantes, n’eurent pas, non plus, en ce qui concerne Lionne, le caractère d’action et de domination personnelle qui rapporte à un homme cette espèce de gloire qui est la vraie gloire, et qu’on ne partage avec personne… Lionne a toujours partagé avec quelqu’un… J’ai dit les facultés qu’il avait ; mais les résultats auxquels il arriva par elles ne furent jamais en équation avec ces facultés.
Taine la vérité philosophique, devrait saisir et animer beaucoup plus sa pensée que l’idéaliste Carlyle, cet excentrique à moitié fou et à moitié sublime, et c’est justement le contraire qui est arrivé.
— farce de ce Congrès armé dont on parle toujours et qui n’arrive jamais, envie furieuse et sournoise de démembrer une France que la Royauté secourue ne leur aurait pas livrée, à ces ignobles dépeceurs, à ces coupeurs de portion qui n’osent, et qui font les chevaliers avec une couronne sur leur casque.
Comme lui, c’est en s’effaçant qu’elle arrive.
Mais il est nécessaire que le prêtre y soit, c’est-à-dire le père appuyé sur la tradition religieuse ; car, au point où nous voilà arrivés dans l’Histoire, impossible d’élever un enfant en dehors des idées chrétiennes.
Son oncle, capitaine de vaisseau, en le voyant arriver sur son bord, avait dit en haussant les épaules de pitié : « À la première action, un boulet lui emportera la tête, et c’est toute la fortune qu’il peut espérer !
Son oncle, capitaine de vaisseau, en le voyant arriver sur son bord, avait dit, en haussant les épaules de pitié : « À la première action, un boulet lui emportera la tête, et c’est toute la fortune qu’il peut espérer !
Voilà, selon d’Alaux, l’explication et la clef de ce phénomène, qui s’appelle pour l’heure Faustin Ier, de la tyrannie indurée de cet homme, arrivé au pouvoir en se frottant les yeux, comme l’Éveillé de la comédie, sans parti pris, sans intention que d’imiter Richer, non parce qu’il était le plus intelligent de ces souverains de pas sage, mais parce qu’il était le dernier passé, et qui trouve tout à coup dans sa religion de barbare, dans sa terreur des sorciers et dans son fétichisme méprisé, une initiative qui fait de lui le représentant le plus pur qu’ait jamais eu à Haïti le parti ultra de la réaction africaine !
Ces pauvres idées, déjà si éreintées par l’usage qu’on en a fait, ce n’est pas Rémusat, cet édulcoré aigri, qui leur communiquera de la vie, et on regrette d’avoir à les traverser encore une fois avant d’arriver au meilleur de son livre, c’est-à-dire à cette partie résistante de l’Histoire qui n’a rien à faire avec le pamphlet aux navets !
Et ceci devient évident quand Doré arrive au Nouveau Testament, bien moins varié que l’Ancien au point de vue dramatique, bien moins fécond en effets extérieurs.
L’erreur, d’ailleurs, glisse beaucoup moins quand elle est carrée, et je sais mieux ainsi par où la prendre pour la renverser… Il était matérialiste comme la plupart des médecins, ces grands tripoteurs de matière, qui finissent par s’en aveugler… Et justement, en ces temps derniers, le matérialisme a beaucoup remué, sans arriver à rien, cette question des inhumations qui est pour lui la question définitive.
Conduit par le paganisme de l’image au sensualisme de l’idée, — comme il arrive toujours : c’est une loi !
Et il l’empale, — sur ce pieu, — à la turque, et l’y laisse, après cinquante strophes pour arriver à ce pieu !
On a beau être un artiste redoutable, au point de vue le plus arrêté, à la volonté la plus soutenue, et s’être juré d’être athée comme Shelley, forcené comme Leopardi, impersonnel comme Shakespeare, indifférent à tout, excepté à la beauté comme Gœthe, on va quelque temps ainsi, — misérable et superbe, — comédien à l’aise dans le masque réussi de ses traits grimés ; — mais il arrive que, tout à coup, au bas d’une de ses poésies le plus amèrement calmes ou le plus cruellement sauvages, on se retrouve chrétien dans une demi-teinte inattendue, dans un dernier mot qui détonne, — mais qui détonne pour nous délicieusement dans le cœur : Ah !
Quand il arrivera à l’examen du Paradis perdu, il ne mettra pas, bon gré mal gré et de force, et en faussant tout autour de soi pour l’expliquer, toute l’Angleterre politique et sociale du temps de Milton dans ce poème, qui n’eut d’autre source que la Bible, entrée dans la tête d’un grand poète.
Si un jour la popularité leur arrive, ce n’est que tard, non sur leurs œuvres, que l’en-bas social comprend peu, mais sur leur nom, que d’en haut on lui a répété.
Un imitateur, c’est toujours plus ou moins un comédien qui se grime, qui se cherche, à travers ses organes, une physionomie ou un accent qui ne viennent pas de ces organes, et qui arrive à des résultats combinés, par de la volonté et de l’étude.
Heureusement qu’ils ont des provisions, ces comédiens, car ils ne souperaient pas chez le baron de Sigognac, qui vient de finir son dernier morceau de pain quand ils arrivent ; seulement, après avoir soupe de leurs propres victuailles, ils couchent sous ce toit presque croulé qu’ils préfèrent encore, contre les rigueurs du temps, à leur carriole ouverte aux vents et à la pluie.
Aussi n’ai-je été nullement surpris quand, arrivé à la dernière page de ces prétendus et impudents Mémoires, j’ai vu que la vraie femme de chambre, en supposant qu’elle existe, n’avait pas écrit et s’était contentée de donner ses notes à un littérateur, mâle ou femelle, qui en avait fait cette belle pièce de littérature !
Doué de la force de cette race de puritains qui se sont abattus d’Angleterre comme une bande de cormorans affamés, ce qu’il prend aux préoccupations contemporaines ne vaut pas la force qu’il déploie pour se servir de ce qu’il a pris ; et ici nous arrivons à ce qui l’emporte, selon nous, dans Edgar Poe, sur les résultats obtenus de sa manière, — c’est-à-dire l’application de son procédé.
L’Académie ne risque rien à ressembler au ciel où l’on arrive par diverses voies. […] Cela lui arriva en 1777. […] Il était sans doute nécessaire d’arriver à cet excès d’individualisme. Vous me demandez si c’est un bien ou un mal d’y être arrivé. […] Si j’y arrive, ce sera déjà fort beau.
Il m’arrive bien des fois de vouloir rendre compte de mes visitations de ce genre, à propos de la moindre circonstance artistique qui semble s’y rattacher.
Qu’est-il arrivé, et que voyons-nous en effet ?
Il arrive quelquefois que les dogmes mythologiques ajoutent, dans les ouvrages des anciens, à l’effet des situations touchantes ; mais plus souvent la puissance de ces dogmes dispense du besoin de convaincre, de remonter à la source des émotions de l’âme ; et les passions humaines ne sont plus alors ni développées, ni approfondies.
Il n’est pas sûr que la Terre ne manque pas sa destinée, comme cela est probablement arrivé à des mondes innombrables ; il est même possible que notre temps soit un jour considéré comme le point culminant après lequel l’humanité n’aura fait que déchoir ; mais l’univers ne connaît pas le découragement ; il recommencera sans fin l’œuvre avortée ; chaque échec le laisse jeune, alerte, plein d’illusions.
Orpheline depuis l’âge de 5 ans, élevée par un oncle respectable, instruite par Ménage, mariée à 18 ans, veuve à 26, retirée pendant deux années qu’elle emploie à l’éducation de ses enfants et à l’arrangement de leur fortune, sachant le latin, l’espagnol, l’italien et la littérature, ses premiers pus dans la société se tournent vers l’hôtel de Rambouillet ; la marquise, âgée, isolée par le mariage de sa fille, désolée de la mort de son mari et de celle d’un fils de 31 ans arrivées à un an de distance, fut la première personne dont madame de Sévigné, belle, brillante de jeunesse, d’esprit et de savoir, rechercha la société et ambitionna la confiance.
Un homme qui parle long-temps sur le même ton, endort les autres, et la preuve que leur assoupissement vient de la continuation d’un bruit qui se soûtenoit toûjours à peu près le même, c’est que l’auditeur se réveille en sursaut, si l’orateur cesse tout-à-coup de parler, ou s’il lui arrive de faire quelque exclamation sur un ton beaucoup plus haut que le ton sur lequel il déclamoit auparavant.
Une femme seule pouvait nous donner ces feuilletons, qui feront certainement suite, dans l’histoire de la société française, aux lettres de Mme de Sévigné, cette feuilletoniste du grand siècle de Louis XIV, et déplier au regard qui craint qu’elles ne s’envolent ces fragiles peintures d’éventail On aura beau, par un tour de souplesse de l’imagination, se faire spirituel, dandy, Rivarol en habit violette expirante, grand seigneur, prince de Ligne, avec ses coureurs roses et argent, devant sa voiture rose, on n’arrivera jamais, si on n’est qu’un homme, à être le vicomte de Launay d’un siècle grave, par des choses que le siècle dédaigne ou n’aime plus, avec cette supériorité !
IV Et, en effet, cette thèse inouïe et scandaleuse qui nous arrive à brûle-pourpoint, à propos d’un écrit où la sainte Vierge est tant bien que mal invoquée, n’est rien moins que l’insolente suppression de la Vierge dans la religion catholique !
Saint-Bonnet a dit avec son beau style lapidaire : « Triste récit en trois mots : le roi a corrompu la noblesse, « la noblesse a corrompu la bourgeoisie, la « bourgeoisie a corrompu le peuple. » On n’en était pas là encore, mais on partait pour y arriver.
Eh bien, ce que j’imaginais n’est point arrivé, et Charles Livet a trompé ma prévoyance !
Voici les paroles que l’on trouve presque en tête du livre qu’il publie sous le titre un peu gascon de l’Esprit dans l’histoire : « Je me donne là, — dit-il avec un joli mouvement de faon dans les bois, — je me donne là, je le sais, un labeur rude et téméraire ; et cependant, tant est vif mon désir de démolir le faux et d’arriver au vrai, tant est grande ma haine pour les banalités rebattues, pour les raisons non prouvées, pour le scandale et pour les crimes sans authenticité, je voulais étendre mon travail au-delà des limites que je me suis assignées ; mais j’ai reculé devant cet effort après l’avoir mesuré.
Tant qu’enfin, arrivé à n’avoir plus à copier des médaillons historiques, il est obligé de revenir à l’éloge et à la glorification en masse des Femmes de la Révolution, depuis les femmes du 6 octobre jusqu’aux dames jacobines (dames est joli !)
Dans leur chapitre consacré à « l’amour » au xviiie siècle, et quand ils arrivent à la dépravation de ce sentiment tel qu’il est peint dans Les Liaisons dangereuses, par exemple, ce hideux chef-d’œuvre qui n’est pas le conte d’un infernal génie, mais une infernale réalité, ces historiens, sensibles et non impassibles, de la Femme au xviiie siècle, ont une indignation et un accent superbes, et, pour mon compte, je ne crois pas que leur talent soit allé jamais au-delà !
L’auteur de ce livre est arrivé de l’étude sur Gœthe à l’étude sur Diderot, qui l’a complétée… Seulement, tout d’abord, il n’a pensé qu’à Gœthe, — à cette immense personnalité de Gœthe, qui remplit jusqu’aux bords le xixe siècle et bouche tous les horizons de la pensée moderne de son insupportable ubiquité.
Oscar de Vallée doit croire aux deux temps dans la Révolution française, dont l’un est arrivé, et dont l’autre était, dit-on toujours, possible.
… D’où qu’elle vienne, c’est prodigieux, La contradiction est si pressée de naître dans le livre de Xavier Eyma, qu’elle arrive même avant le livre !
La Gloire est venue pour Balzac, cette pied-bot, qui arrive enfin !
Les Suites d’une queue de cochon (on n’est pas responsable du titre qu’on est obligé de citer), les Suites d’une queue de cochon, à part le décousu d’intelligence et le délire sans gaieté de ce cauchemar qui veut être gai, et la Fenêtre du coin de mon cousin, sont des exemples de cette manière de peindre détaillée, sans finesse et sans choix, et qui, par la vulgarité du dessin et de la couleur, arrive souvent jusqu’à la platitude.
Guy Livingstone est un Anglais de ce temps, que le romancier prend à l’Université et suit jusqu’à sa mort, laquelle arrive de bonne heure et en pleine jeunesse.
Seulement, disons-le en passant, cette théorie incroyable de l’idée, qui dépasse par sa finesse de fils d’araignée les subtilités les plus tenues de la Scholastique, cette théorie qui, selon les hégéliens, est la seule doctrine qui ait le droit de s’appeler « l’Idéalisme », n’a qu’un malheur, c’est d’arriver promptement aux mêmes conséquences par en haut que le matérialisme par en bas.
Flourens a le plus exhalé sa petite odeur de muguet littéraire, quand, de savant en savant, il est arrivé jusqu’à Guy Patin, cette excellente figure, ce Boileau Despréaux de la médecine, qui aurait donné très bien la monnaie de sa pièce à l’autre Boileau, le railleur de la Faculté.
Il a poussé l’utopie (mais par là il est vrai qu’il se retrouvait Allemand) jusqu’à vouloir être le Franklin d’un Bonhomme Richard médical, et, quoiqu’il n’eût pas la brouette de Franklin, son livre n’en a pas fait moins rondement le tour de l’Allemagne, pour, après l’avoir fait, nous arriver en France, où tous les niais à surprise, ravis de voir un Allemand si peu Allemand, et tous les petits Voltaires du truism, vont lui préparer le plus bel accueil.
Les questions que suscite la sainteté, qui est presque une monstruosité aux yeux des philosophes, doivent emporter l’écrivain qui pressent qu’on va les objecter à son récit, et c’est ce qui est arrivé à l’historien trop abondant du curé d’Ars.
Le Bossuet de la stalle en chêne de l’antique église de Metz, digne d’inspirer un poète comme Byron quand Byron devenait catholique et pleurait en entendant l’orgue, ce Bossuet ponctuel comme le Devoir et comme l’Humilité, qui arrivait, quarantième manteau noir, pour l’office de nuit, pendant dix-sept ans, à sa place accoutumée dans le chœur de l’église assombrie, a beaucoup frappé Floquet, qui n’est pas un rêveur, mais un esprit solide.
Pour moi, j’incline infiniment à le penser, c’est ce qui a dû arriver à l’abbé Maynard.
Mais comme il n’a pas une idée à lui, dans tout le courant de son ouvrage, il se bute, pour en avoir une, dans la vieille opinion philosophique et gallicane, et de là, de cette moelleuse main qu’on lui connaît, si habile aux nuances et aux délicieux coloris, il nous protestantise légèrement la catholique figure de saint Louis, pour arriver par une pente douce à la figure, tout à fait protestante, celle-là, de Calvin !
Il n’arrive pas en qualité d’exception, comme un travail d’un genre à part.
Mais le monde est devenu si sot qu’il faut maintenant craindre leur influence, et que nous arriverons peut-être à être obligés de la discuter, cette haute influence des farceurs !
Quand il arrive à la jeunesse de Cortez, d’ailleurs peu connue, de ce grand homme qui commença par le ribaud, de ce mauvais sujet obscur dont le visage physique, « couleur de cendre, — dit-il, — mais aux yeux de braise », n’a été illuminé plus tard que par la gloire, José-Maria de Heredia a moins l’aisance de son talent, trop large pour s’étrangler dans une biographie qui tourne au portrait.
C’est ce qui arriva à Mme de Girardin après son mariage.
Bataille n’arrivera jamais, je l’espère, à ce degré de bestialité délirante qui doit être pour lui l’idéal.
Guy Livingstone est un Anglais de ce temps, que le romancier prend à l’Université et suit jusqu’à sa mort, laquelle arrive de bonne heure et en pleine jeunesse.
Et le jeune Gustave Escande, de la Fédération Universelle des Étudiants chrétiens, écrit à ses amis : « Il m’est très doux de penser que des centaines de milliers de jeunes gens dans le monde luttent comme moi pour arriver à l’idéal que nous nous sommes composé : “Faire le Christ Roi”. » Mais la voix de ces jeunes lévites du droit n’est nulle part mieux persuasive que dans la prière que voici, d’un petit soldat protestant du pays de Monthéliard, qui mourait à l’ambulance de la gare d’Ambérieu.
Il arrive cependant qu’une sensation, longtemps gardée en leur cœur, y prenne la forme même de leur être secret, et se cristallise en un beau vers, immuable. […] Elle avoue cette naïve allégresse : De croire que plus loin, d’autres cieux, d’autres mains Donneront de meilleurs et plus sûrs lendemains Et que le bonheur est aux lieux où l’on arrive. […] Pour arriver à cet état de sympathie universelle, à cette sorte de nirvâna panthéiste, il faut d’abord avoir pris conscience de soi-même, s’être dissocié du monde extérieur, s’en être isolé comme une particule chimique. […] Elle en arrive à une acuité de lamentation qui est belle : Et le sanglot aigu pareil à la détresse. […] Il y a une sincère émotion dans ces strophes que soulève un sanglot : C’est trop de s’endormir sans que l’on vous console, D’être belle dans tout l’éclat de son miroir, De se sentir si grave, et, tout à coup, si folle Et si tendre qu’on en arrive au désespoir.
D’où vient donc qu’il en arrive autrement ? […] Au reste, ceux et surtout celles qui sont dignes d’avoir du goût y arrivent assez tôt, et de bien des manières. […] Et puis, comme une vérité ne va jamais seule, il arrive aussi qu’une erreur en attire beaucoup d’autres.
C’est aussi la moyenne propriété qui rend les démocraties plus tranquilles et plus durables que les oligarchies, où elle est moins répandue, et a moins de part au pouvoir politique, parce que, le nombre des pauvres venant à s’accroître, sans que celui des fortunes moyennes s’accroisse proportionnellement, l’État se corrompt et arrive rapidement à sa ruine. […] Il ne s’est rencontré qu’un seul homme, parmi tous ceux qui jadis arrivèrent au pouvoir, qui ait établi une constitution de ce genre ; et dès longtemps les hommes politiques ont renoncé dans les États à chercher l’égalité. […] Son autorité se change en tyrannie, et c’est ce qui arriva jadis à la plupart des oligarchies siciliennes.
« À Saint-Laurent, en Normandie, la cure ne vaut pas plus de 400 livres que le curé partage avec un obitier, et il y a 500 habitants, dont les trois quarts à l’aumône. » — Comme les réparations du presbytère et de l’église sont d’ordinaire à la charge d’un seigneur ou d’un bénéficier souvent éloigné, obéré ou indifférent, il arrive parfois que le prêtre ne sait ni où loger, ni où dire la messe. « J’arrivai, dit un curé de Touraine, au mois de juin 1788… Le presbytère ressemblerait à un souterrain hideux s’il n’était ouvert à tous les frimas et à tous les vents » : en bas, deux chambres carrelées sans portes ni fenêtres, hautes de quatre pieds et demi, une troisième haute de six pieds, carrelée, servant de salon, de salle, de cuisine, de buanderie, de boulangerie et d’égout pour les eaux de la cour et du jardin ; au-dessus trois pièces semblables, « le tout absolument lézardé, crevé, menaçant ruine, sans portes ni croisées qui tiennent », et, en 1790, les réparations ne sont pas encore faites
. — Les chemins par eau sont particulièrement chargés. « De Pontarlier à Lyon, il y a vingt-cinq ou trente péages ; de Lyon à Aigues-Mortes, il y en a davantage, de sorte que ce qui coûte 10 sous en Bourgogne, revient à Lyon à 15 et 18 sous, et à Aigues-Mortes à plus de 25 sous. » — Enfin, le vin arrive aux barrières de la ville où il sera bu. […] À Paris, ainsi qu’on l’a vu, le vin paye par muid 47 livres d’entrée ; au taux où est l’argent, c’est le double d’aujourd’hui. « Un turbot, sorti de la côte de Honfleur et arrivé en poste, paye d’entrée onze fois sa valeur ; partant, le peuple de la capitale est condamné à ne pas manger de poisson de mer719. » Aux portes de Paris, dans la mince paroisse d’Aubervilliers, je trouve « des droits excessifs sur le foin, la paille, les grains, le suif, la chandelle, les œufs, le sucre, le poisson, les fagots, le bois de chauffage720 ».
IV Vous êtes arrivés dans cet état à une époque qu’on peut appeler l’époque française de l’humanité. […] L’intervention de la France ne peut pas aboutir ainsi à une agitation sanglante et stérile ; la volonté de la France n’est pas un de ces boulets à demi-portée qui font des victimes sur leur trajet et qui n’arrivent pas au but.
C’est donc, selon la logique, le moment où il faut dire au lecteur : Voilà quel était ce personnage, voilà d’où il venait, voilà comment il était sorti de l’obscurité, voilà dans quelles dispositions de famille, de corps, d’esprit, de passion il arrivait pour participer à l’événement. […] Elle commence par nous montrer la place où cet événement va se passer, un site, un paysage, une ville, une maison, un palais, un temple, un champ de bataille, une assemblée publique, un peuple en ébullition ou en silence, mêlé ou attentif à un événement : puis elle nous montre un personnage qui arrive sur cette scène pour y figurer au premier plan, son visage, son attitude, sa démarche, sa physionomie calme ou convulsive, son costume même et jusqu’à l’ombre que son corps projette à côté ou derrière lui sur la place ou sur la foule au milieu de laquelle il apparaît.
J’étais parti pour Constantinople et Smyrne quand cette invitation m’arriva. […] C’est pourtant ce qui m’arriva.
Quand nous arrivâmes à la sombre porte à clous de fer du bargello, tout à côté de l’énorme porte de la prison, et que les bœufs s’arrêtèrent, je ressemblais à une Madone de Lorette : on ne voyait plus mes habits à travers les rubans, les couronnes et les bouquets. […] On y arrivait de la maison du bargello par un large couloir souterrain, où les pas résonnaient comme un tonnerre sous nos bois de sapins.
La jeunesse s’en va, la vieillesse arrive ; nous les retrouvons toujours fidèles ; ils ont été nos guides, ils deviennent nos soutiens, et leur immortalité nous console de la mort et nous aide à mourir. […] Il importe donc de réunir l’action à l’élocution, la pantomime au langage, pour que la pensée arrive pleine et entière, de l’homme qui parle à l’homme qui écoute.
Les sonnets étaient arrivés en France à la suite et dans le cortège de Catherine de Médicis, femme de Henri II, laquelle avait mis en honneur le tour d’esprit subtil et la galanterie de tête qui fait le fond de ce genre. […] S’il lui arrive de s’estimer à son prix, par comparaison avec les autres ; c’est qu’il ne peut ni ne doit s’exclure de son amour pour la vérité ; mais combien ne se trouve-t-il pas petit en présence de son idéal !
Par combien d’abstractions ténébreuses, de rêveries auxquelles manque le charme poétique, ne faut-il pas passer avant d’arriver à une page éloquente, à une vérité neuve ou renouvelée par une expression originale ! […] Arrivé au terme de cette trop rapide revue, la gloire de mon temps m’attire vers d’autres côtés, et je me sens pris d’un dernier doute sur le mérite d’un plan qui me force d’omettre tout ce qui n’est pas de pure littérature.
Quant aux premières représentations, à Dresde, de Rienzi (1842), du Vaisseau fantôme (1843) et du Tannhaeuser (1845), c’est à peine si le bruit en arriva jusqu’à nous. […] Enfin, le grand jour arrive, l’Europe entière se trouve représentée à Bayreuth ; nos compatriotes y sont nombreux, si nombreux même que Richard Wagner, à qui l’on vient d’en présenter quelques-uns, dit avec finesse : — « Des Belges !
Il nous répondait qu’il y avait bien songé, qu’il ne cherchait qu’à faire des études d’après nature, qu’il n’y avait que cela de bon, qu’il lui arrivait de dessiner souvent dans les rues, qu’il avait même proposé à L’Illustration de prendre une page, pour lui faire des scènes parisiennes, comme celles dont nous lui parlions, mais qu’on était si peu intelligent dans cette boutique, qu’on n’avait pas voulu. […] Il se disait parfaitement que ce serait ridicule, si on le voyait sur une poule, mais, tant pis, il la lâcherait avant d’arriver.
Cela est déjà arrivé. […] Ces mots ne sont pas de formation populaire originale ; ils ont seulement été remaniés par le peuple à mesure qu’ils arrivaient à sa portée.
Dans l’histoire de la philosophie, quand une doctrine se fonde sur les ruines d’une autre, il est arrivé plus d’une fois qu’elle en fit servir les débris à la construction de son propre édifice ! […] Mais ces rapports ne sont pas « constans », et ils ne sont pas « nécessaires. » Il arrive, dit-on, fréquemment, que le rapport soit le même entre la longueur de la tête humaine, par exemple, et la longueur du buste ou du corps tout entier.
Aurait-il l’émotion par laquelle on arrive parfois à l’aperçu ? […] Pour lui, cela est trop évident, l’important n’est pas, comme il devrait être, de déterminer souverainement et une fois pour toutes, avant d’arriver à ce genre de poésie qui s’appelle la poésie lyrique, l’influence de la moralité sur la pensée, et des idées religieuses, ou pour mieux dire d’une religion vraie, sur la moralité humaine.
Bientôt après arrive le roi de Rome ; Friant veut se lever, mais l’empereur lui posant la main sur l’épaule : « Restez, général Friant ; de vieux soldats comme nous ne se dérangent pas pour un enfant ; ce n’est pas à vous à donner cet exemple, on me le gâtera assez tôt. » L’impératrice entre alors ; même mouvement du général et de l’empereur qui, cette fois, dit au blessé : « Dans votre position, on ne se lève même pas pour les dames. » Puis se tournant vers l’impératrice, il ajouta d’un ton de considération : « Madame, c’est le général Friant. » En quelque occasion où Friant, parlant de ses fatigues et de la crainte qu’il avait de ne pouvoir suffire à de nouvelles campagnes, rappelait que plusieurs de ses anciens camarades étaient depuis longtemps au repos et pourvus de sénatoreries, l’empereur lui dit : « Friant, de braves gens comme nous doivent rester tant qu’il y a quelque chose à faire. » Je laisse à juger si de tels mots, qui n’ont l’air de rien, séduisaient et confirmaient le cœur10.
Prevost-Paradol a entretenu avec intérêt les lecteurs du Journal des débats (13 août 1858), annonçaient que le patient investigateur était dès lors arrivé à des résultats neufs qui ajoutaient à la connaissance intime de la vie et de l’âme du grand écrivain.
Sous ce rapport, au dire des plus compétents, Dübner était arrivé, vers la fin de sa vie, à une quasi-divination : c’était le résultat des immenses lectures auxquelles l’avaient forcé ses publications incessantes.
Voici enfin l’article du Globe (il est temps d’y arriver) qu’il écrivit sur les deux traductions de Lucrèce en vers et en prose, par M. de Pongerville (nº du 13 avril 1830) : « La gloire de Lucrèce, respectée de génération en génération, avait traversé dix-sept siècles, et brillait encore du plus vif éclat sous le règne de Louis XIV
Il est arrivé seulement que, durant tout ce progrès merveilleux de son style, le poëte a plus particulièrement affecté des sujets de fantaisie ou des peintures extérieures, comme se prêtant davantage à la riche exubérance dont il lui plaisait de prodiguer les torrents, et qu’il a, sauf quelque mélange d’épanchements intimes, laissé dormir cette portion si pure et si profonde dont sa jeune âme avait autrefois donné les plus rares prémices.
D’ailleurs la distance des lieux autorise bien des familiarités qu’on ne se permettrait pas de près avec le génie, et il arrive ici précisément l’inverse du fameux adage : Major e longinquo reverentia.
C’est par ces transformations successives que le droit romain était arrivé, sous les Empereurs, à un degré de supériorité que Tacite n’aurait pas dû ignorer.
Jusqu’à ce qu’enfin, après le long jour printanier de la vie, arrive le soir serein et doux ; toujours plus amoureux, puisque leur cœur renferme plus de souvenirs, plus de preuves de leur amour mutuel, ils tombent dans un sommeil qui les réunit encore ; affranchis ensemble, leurs paisibles esprits s’envolent vers des lieux où règnent l’amour et le bonheur immortel.
Pour beaucoup de nos contemporains, la religion est évanouie, la science est lointaine ; par la littérature seule leur arrivent les sollicitations qui les arrachent à l’égoïsme étroit ou au métier abrutissant.
Car remarquez que, maintenant encore, tout en nous contant les mésaventures de Laripète, il lui arrive de tresser des rimes mystiques, de conclure même par un sonnet parnassien quelque fantaisie de haute graisse et, après avoir dûment empâté ses clients, d’enfiler poétiquement des perles à leur nez (ante porcos).
Il est arrivé à M.
L’aristocrate en arrive à perdre la foi sinon dans ses propres pensées, du moins dans leur efficacité sociale et il n’a plus de refuge que dans l’individualisme pessimiste dont Vigny et Gobineau restent les parfaits prototypes, dans la tour d’ivoire du penseur misanthrope où les esprits blessés trouvent un dernier, hautain et silencieux abri.
Peu de privilégiés sont appelés à la goûter pleinement, cela est vrai, mais n’est-ce pas ce qui arrive pour les arts les plus nobles ?
Des charlatans, comme il arrive d’ordinaire, exploitèrent ce mouvement de crédulité populaire.
L’histoire de l’esprit humain est pleine de synchronismes étranges, qui font que, sans avoir communiqué entre elles, des fractions fort éloignées de l’espèce humaine arrivent en même temps à des idées et à des imaginations presque identiques.
Il lui arriva quelquefois, sans doute, d’avoir l’originalité moindre et forcée, celle qui sait comment les autres font et qui veut faire autrement.
Le plaisant, c’est que Matilde Serao s’oublie assez souvent à croire, elle aussi, à la supériorité de Lucie Altimare, et qu’il lui arrive de la proclamer une figure « grande et haute ».
On arrive à ne coordonner qu’un assemblage énorme et disparate de vases de terre presque entièrement vides.
D’ailleurs, presque tout ce qui, de la chanson populaire, arrive au jour, se compose de fragments informes, pleins de trous, de grossiers rafistolages ; il n’y a, en langue française, du moins, que très peu de ces ballades entièrement belles et sans bavures217.
Il n’apercevait pas à l’horizon l’immense Prométhée couché, comme une montagne sur une montagne, sur des sommets entourés de tempêtes, car les dieux avaient rendu Prométhée invisible ; mais à travers les branchages des vieux chênes les gémissements du colosse arrivaient jusqu’à lui, passant ; et il entendait par intervalles le monstrueux vautour essuyer son bec d’airain aux granits sonores du mont Othrys.
On raconte une aventure singulière, qui lui arriva dans un voyage en Provence avec son frère George.
Maupertuis ne vit qu’avec beaucoup de peine, arriver à Berlin, quelques années après lui, l’objet de sa jalousie.
Dans une visite faite il y a quelques années à l’asile de Stéphansfeld, en Alsace, nous eûmes occasion de voir un vieux desservant, âgé de soixante-dix ans, et arrivé à un état très-avancé de démence.
De là le prix qu’il faut attacher à la tradition en littérature, non sans réserve toutefois, car il peut arriver que la tradition ne soit que la continuation irréfléchie d’un faux goût.
Mais passons aux temps modernes, et hâtons-nous d’arriver à l’époque la plus mémorable de notre gloire dramatique, à l’apparition de Molière.
Je ne sais ce qui arrivera des vers sans rime ; mais je ne désespère pas que s’ils s’établissent jamais, l’usage ne commence par nos vers lyriques, par ceux qui sont faits pour être chantés.
Dans le temps qu’il travaillait à sa comédie de la Jeune Indienne, et qu’il faisait l’Épître d’un père à son fils, il disait à Sélis : « Savez-vous ce qui m’arrivera ?
le sort des femmes qui se vouent au bas-bleuisme, c’est de se donner beaucoup de mal pour arriver au niveau du premier homme médiocre qui écrit, et qui, pour être médiocre, ne se donne pas tant de peine que cela.
Pour en arriver là, elle ramasse, d’une main sans fierté, les plus sottes idées de ce sot temps sur le Péché originel et sur la Grâce, qui sont tout le christianisme, et elle les lui lance à la tête, ces sottes idées qu’elle sait peut-être sottes… « Quand je vis, dit-elle quelque part avec la nonchalante fatuité d´une raisonneuse dépaysée, qu’il (Dieu, — notre Dieu, à nous !)
Elle n’arrive point, celle-ci, toute pimpante de Russie, comme Mme Henry Gréville, mais de la première ville de garnison venue — avec armes et bagages !
Tocqueville, l’auteur de la Démocratie en Amérique, — un livre dépassé et passée — s’est-il assez accru, s’est-il assez mûri pour arriver à ce résultat considérable ?
Quand les Barbares arrivaient sur l’Empire et que de tous côtés, dans les batailles, dans les compétitions pour le sceptre, dans les discordes intestines, le sang coulait et montait pour les étouffer jusqu’à la bouche des nations mourantes, il fallait encore à l’Antiquité persistante et incorrigible ses cochers, ses gladiateurs, ses histrions et ses cirques.
ce n’est pas un malheur arrivé à M.
Quand rien n’est calme et personne impartial, à une époque telle que la nôtre, ingénieuse, entortillée, paradoxale, sceptique et nerveuse, vaniteuse à la rage et désespérée de philosophie impuissante, Lerminier, tranchant sur cette époque et sur son passé, car il eut son bouillonnement sanguin, son exubérance et ses systèmes de jeunesse, est enfin arrivé au calme et à l’impartialité.
Dès qu’il ne s’agissait plus de la rigueur d’une solution absolue, mais tout simplement d’un moyen à prendre pour arriver aux bénéfices de cette solution, c’est-à-dire, pour nous, en d’autres termes, à un accroissement relatif de la fortune publique, Jobez, qui sait les faits, ne pouvait se tromper.
Il est douteux aussi — du moins, nous le croyons, — qu’ils admettent sans un modeste embarras la conclusion, logiquement très bonne, mais historiquement suspecte, que Bellegarrigue sait tirer de cette absence de la famille aux États-Unis : « L’autorité paternelle — dit-il — ayant abdiqué en Amérique, sinon en totalité, du moins en grande partie, il est arrivé que la famille n’y existe pas… et que l’extrême civilisation autorise les mœurs à ressaisir la simplicité de l’état sauvage. » Mais cet éloge, une fois jeté en passant, des Américains, qui ne sont pas l’objet spécial du livre, l’auteur revient aux femmes d’Amérique ; car sans la femme, nous dit-il avec une galanterie vraiment philosophique, la masculinité ne serait pas !
Il le fallait pourtant, et, Dieu aidant, cela arriva.
un faux air de Talleyrand jusque dans la pensée, voilà le trait caractéristique de cette physionomie de Gœthe, lequel a eu plus de bonheur par ses défauts que par ses qualités, comme il arrive toujours, du reste.
Amédée Pichot et Mignet ont recueillies sur Charles-Quint étaient faites sur l’ensemble de la monarchie espagnole et sur chacun de ses grands hommes, il est probable qu’on arriverait bientôt à la conception vraie d’une histoire d’Espagne, — conception que l’on cherche encore vainement, malgré les prétentions à l’impartialité du xixe siècle, dans la littérature européenne.
En effet, il y a dans l’esprit de Voltaire une telle complexité de puissances, qu’on n’arrive jamais, à ce qu’il semble, malgré la clarté qu’elles répandent, à débrouiller entièrement tout cet écheveau de facultés diverses qui mêlent leurs nuances et leurs trésors.
« Tout progresse, — dit Vacquerie, — excepté l’art. » Il est de fait que le sien est arrivé à son apogée.
Et, par-dessus tout cela, quel mortel ennui à traverser pour arriver à cette conclusion, qu’on savait bien avant qu’elle fût tirée : c’est que Crétineau était un officier de fortune, comme le major Dalgetty, qui faisait la guerre pour le compte des autres, mais avec cette différence que le major Dalgetty était indifférent à toutes les causes, et que Crétineau ne faisait la guerre pour les autres que quand les autres pensaient comme lui et que leur drapeau était son drapeau… Oui !
Il manquait de métaphysique, cette chose nécessaire et pourtant vaine, sans laquelle on n’est jamais un grand génie, et avec laquelle, si elle est seule, on n’arrive jamais à la vérité !
Déjà avancée dans la vie quand le prince Poniatowski lui présenta son fils, — car on en était alors arrivé à cette dégringolade de tout que les princes polonais venaient dans leurs grosses bottes, droits et heureux comme des princes, ainsi que le dit Sterne de son postillon, demander pour leurs fils les bontés de femmes dont on eût à peine parlé sous Louis XIV, mais qui étaient devenues des puissances parce qu’elles donnaient à dîner à quelques impertinents écrivassiers !
Il manquait de métaphysique, cette chose nécessaire et pourtant vaine, sans laquelle on n’est jamais un grand génie, et avec laquelle, si elle est seule, on n’arrive jamais à la vérité !
Or, c’est ce qui est arrivé.
Arrivés au sommet de leur renommée, heureux, applaudis, se faisant entre eux dans leurs livres tous les salamalecs de la camaraderie, qui n’est le plus souvent que l’hypocrisie de l’amitié, aucun d’eux ne s’est noblement retourné vers cet homme dont ils avaient vu à l’œuvre le génie, et qui les avait, avant qu’il fût chrétien, souvent inspirés !
Nous sommes arrivés à un point si avancé de l’histoire, qu’il n’y a plus rien de profond nulle part en dehors du catholicisme.
Ce n’est plus la musique, l’intangible et divine musique de la poésie lamartinienne, qui nous fondait si délicieusement le cœur dans la rêverie et semblait vaporiser eu nous la réalité des douleurs, l’épaisseur noire des mélancolies… L’auteur d’Armelle a ce don mélodieux du chant auquel on préfère une poésie plus physique, et qui, pour arriver à l’âme, passe par un autre organe que l’oreille.
Roger de Beauvoir, ce qui nous a toujours empêché de le confondre, malgré ses erreurs d’homme et de poète, avec les Gentils de notre temps, avec les Idolâtres de la Forme qui n’ont d’autre dieu que le fétiche qu’ils ont eux-mêmes sculpté, c’est le parfum des croyances premières et flétries, mais qu’on retrouve toujours à certaines places de ses écrits ; c’est ce christianisme ressouvenu qu’il tient peut-être de sa mère et qui revient de temps en temps et comme malgré lui, dans sa voix : D’où vient, qu’après avoir dormi sous les platanes, Après avoir sur l’herbe épanché les flacons, Puis être revenus, Ô brunes courtisanes, En rapportant chez nous les fleurs de vos balcons, La tristesse nous prend comme fait la duègne Qui de la jeune Inès s’en vient prendre la main, Et que nous n’arrivons jamais au lendemain Sans qu’aux pensers d’hier tout notre cœur ne saigne ?
Et, de fait, pour qu’il chantât comme le voici qui chante, il fallait les temps où nous sommes arrivés.
… L’oiseau qu’il attendait semblait arrivé.
… Qu’arrive-t-il ?
Or, quand on est un de ces génies assez puissants pour changer une poétique qui régnait jusque-là, que ce soit celle du roman ou de la guerre, il se passe des générations d’hommes qui appliquent cette poétique nouvelle et en vivent, spirituellement, jusqu’au jour clairsemé, et qui se fait longtemps attendre, où arrive encore un homme de génie, avec une autre poétique, qui bouleverse tout et renouvelle tout à son tour.
On n’arrive au public et au livre que par le feuilleton.
Comme les idées sont indépendantes de la chronologie et de la forme purement matérielle sous laquelle elles arrivent au public, nous n’avons pas attendu le livre et nous parlons de ce travail aujourd’hui.
et pour arriver à la simplicité du plan, au rhythme aisé du récit, à la concision savante, à la mesure, à l’ordre lucide, à ce fini dans l’art que Platon appelait, avec une justesse si exquise, une rondeur, M.
cela n’arrive jamais.
Pour le spectateur, j’allais, je crois, dire pour le lecteur, il arrive quelquefois, au rebours de son désir, qu’elles retardent l’intelligence et l’embrouillent.
Souvent, du milieu des maux, ils relèvent les hommes abattus sur le sol noir de la terre ; souvent ils renversent et courbent, la tête en bas, ceux qui prospéraient ; puis arrivent de nouvelles misères ; et l’homme vague au hasard entre la vie qui lui manque et la raison d’où il s’écarte. » Ailleurs, c’est seulement un éclat d’images qui rappelle la forte poésie d’Horace et ses allégories si courtes et si vives : « Regarde, avait dit Archiloque51 : la mer profonde est soulevée dans ses flots.
Il advint ce qui devait arriver. […] Il m’en arrive chaque jour de toutes sortes. […] Il y a des gens à qui il n’arrive jamais rien. […] Il est arrivé à M. […] Car on arrive toujours quelque part.
C’est quand, après avoir exposé sommairement les origines de la tragédie, Aristote arrive à parler d’Eschyle, et il s’exprime ainsi : Πολλὰς μεταβολὰς μεταβαλοῦσα ἣ τραγῳδία ἐπαύσατο ἐπεὶ ἔσχε τὴν αὑτῆς φύσιν. […] Il semble bien qu’elle arrivât de province, et que ce fût celle dont Alexandre Hardy, depuis déjà quelques années sans doute, était le poète à gages ou le fournisseur attitré. […] Ainsi en est-il arrivé du roman au xviie siècle. […] Mais, se fut-il mépris sur plus d’un point encore — et c’est ce qui lui est arrivé, — je dis qu’il se pourrait que sa pièce n’en fût pas moins espagnole. […] Arrivons donc promptement à Arnolphe, et parlons de l’École des femmes.
Hugo était peut-être au fond un classique mauvaisement ambitieux qui pour arriver s’est revêtu, s’est maquillé d’un romantique. […] Qu’il ait senti ce jour-là qu’il balançait tout un monde, lui Hugo, (il n’était pas si bête, quand il s’agissait de sa carrière, de ses réussites, de son talent, de sa gloire, et surtout quand il y allait de son génie), que ce jour-là était pour lui un jour d’élection certainement unique, qu’il s’était produit ce jour-là, ce jour unique, pour lui Hugo, à l’avantage de lui Hugo, (on ne sait pas pourquoi, mais c’est toujours ainsi), on ne sait quelle contamination entre le royaume du génie et le royaume de la grâce, on ne sait quel écoulement, quel épanchement (charnel spirituel), quelle dérivation, quel déversement du royaume de la grâce dans le royaume du génie ; qu’il s’était passé ce jour-là dans sa tête quelque chose d’extraordinaire ; qu’il avait peut-être été choisi pour on ne sait pas bien quoi ; par un décret nominatif ; en tout cas pour quelque chose de sérieux ; pour quelque chose d’unique ; pour quelque chose de grand ; et sûrement pour quelque chose de réussi ; pour une unique, pour une grande, pour une sérieuse réussite ; qu’il fallait en profiter ; que c’était toujours ça de pris ; que ce jour-là il atteignait un faîte ; qu’il n’eût peut-être pas, certainement pas atteint tout seul ; que de pareils bonheurs n’arrivent pas toujours ; qu’ils n’arrivent peut-être même qu’une fois ; qu’ils n’arrivent peut-être même jamais ; qu’il faut donc en profiter, et s’en donner ; qu’ensuite on verra bien ; qu’après on ne sait pas ce qui peut arriver ; qu’après on ne sait pas de quoi la vie est faite : je n’en veux pour preuve, je n’en veux pour signature. […] — Le labeur de Corneille au contraire pour ne pas arriver à faire des êtres malheureux, c’est-à-dire, au fond, des êtres disgracieux, disgraciés, est admirable. […] Comme tous ceux qui sont partis, comme tous ceux qui sont arrivés prient pour tous ceux qui sont restés. […] Et tout ce qui est entendu avec Benda arrive toujours.
111 Un jour qu’il dînait chez Mme Harvey, il s’attarda et n’arriva qu’à la nuit. […] C’est par une voie que Buffon ignore, qu’il arrive à des effets que Buffon n’atteint pas.
Arrivé à quelques pas de sa cousine, à la vue de son sang et à la voix du sbire, il avait tiré au hasard son coup de feu sur ces assassins ; un d’eux, soutenu par ses compagnons, s’enfuyait avec eux frappé d’une balle à l’épaule. […] Il ajouta qu’il s’était levé bien avant le jour, afin d’arriver à la cabane aussitôt que le réveil dans nos yeux et le désespoir dans nos cœurs.
« Pendant le procès du roi, chaque jour abreuvait sa famille d’une nouvelle amertume ; il est sorti deux fois avant la dernière, et la reine, retenue captive, ne pouvant parvenir à savoir ni la disposition des esprits ni celle de l’assemblée, lui dit trois fois adieu dans les angoisses de la mort ; enfin le jour sans espérance arriva. […] C’est de l’esprit qui n’arrive pas jusqu’à la méditation, c’est de la métaphysique légère, c’est-à-dire ce qu’il y a de plus vain et de plus fastidieux en littérature, des axiomes sans solidité, de la pesanteur sans prix, de l’ennui sans compensation.
Ce qu’on n’ose appeler le lyrisme du xive siècle est le prolongement du lyrisme savant des chansonniers aristocratiques du xiiie siècle, et c’en est la décadence : on peut deviner à quels résultats on arrive, quand la pédantesque subtilité de la dialectique scolastique se superpose à la subtilité élégante de l’amour courtois. […] Je ne sais comment il lui arriva de se marier : et il eut deux enfants : c’est, en vers au moins, le mari le plus grognon, le père le plus maussade qu’on puisse voir.
Il arrive, du reste, à M. […] Il arrive parfois (et la tragédie n’exprime que des passions exceptionnelles au moins par leur degré) que sous l’homme civilisé surgisse un sauvage poussé par la force aveugle des nerfs et du sang.
Mais, comme il arrive, l’homme en lui se laisse deviner par tout ce que l’écrivain se refuse. […] Il lui est arrivé, l’autre jour, de se faire applaudir par l’assemblée tout entière.
. — Il représente la décision que prend Walther de se soumettre à l’examen et à la critique des maîtres pour arriver lui-même à être reconnu maître et à obtenir Eva. […] Motif 54 (p. 37). — Réponse ironique de Walther à David qui lui avoue que, bien qu’ayant travaillé longtemps avec Sachs, il n’est pas arrivé à grand’chose.
Il arrive une autre fois qu’une précieuse pleure un ami, et se met tout-à-coup à disserter sur la douleur ; elle prétend que la douleur doit avoir pour objet de faire revivre le plaisir qu’on a goûté avec le défunt. […] C’est certainement bien elle qu’il désigne dans la quatrième scène des Précieuses, lorsqu’il met dans la bouche de Madelon des plaintes contre l’incongruité de demander tout crûment une personne en mariage ; lorsqu’il lui fait dire que le mariage ne doit jamais arriver qu’après les autres aventures, et après que l’amant a parcouru la carte du tendre, suivant l’exemple de Cyrus et de Mandane, d’Aronce et de Clélie, héros des deux premiers romans que mademoiselle de Scudéry publia sous son nom après la dispersion de l’hôtel de Rambouillet.
L’univers est donc dans une condition de rapprochement progressif qui le fera se condenser et s’abîmer dans un globe central prodigieux : L’équilibre entre les forces centrifuges de chaque système étant nécessairement détruit quand il arrive à se rapprocher jusqu’à un certain point du noyau du groupe auquel il appartient, il en doit résulter un jour une précipitation chaotique ou telle en apparence, des lunes sur les planètes, des planètes sur les soleils et des soleils sur les noyaux…. […] Ils se déroulent comme le calcul d’une équation, avancent d’une marche graduelle et sûre, mènent de terme en terme, après quelques fausses arrivées d’où l’on repart plus haletant, à une certitude imprévue irréfragablement déduite.
Gagasmira, Sambulaca, Maliarpha, Barygaza, Caveripatnam, Sochoth-Benoth, Théglath-Phalazar, Tana-Serim, tous ces noms presque hideux effarèrent la Grèce, quand ils y arrivèrent rapportés par les aventuriers de retour, d’abord par ceux de Jason, puis par ceux d’Alexandre. […] Or, un certain esprit bourgeois et moyen arriva avec Socrate.
On a beau être un artiste redoutable, au point de vue le plus arrêté, à la volonté la plus soutenue, et s’être juré d’être athée comme Shelley, forcené comme Leopardi, impersonnel comme Shakspeare, indifférent à tout, excepté à la beauté, comme Goethe, on va quelque temps ainsi, — misérable et superbe, — comédien à l’aise dans le masque réussi de ses traits grimés ; — mais il arrive que, tout à coup, au bas d’une de ses poésies le plus amèrement calmes ou le plus cruellement sauvages, on se retrouve chrétien dans une demi-teinte inattendue, dans un dernier mot qui détonne, — mais qui détonne pour nous délicieusement dans le cœur : Ah ! […] De sorte qu’à force d’exprimer ses propres sentiments avec le langage des maîtres, on arrive à penser à leurs frais et finalement à ne plus penser du tout.
On est aujourd’hui bien convaincu que toutes les échelles encyclopédiques construites, comme celles de Bacon et de d’Alembert, d’après une distinction quelconque des diverses facultés de l’esprit humain, sont par cela seul radicalement vicieuses, même quand cette distinction n’est pas, comme il arrive souvent, plus subtile que réelle ; car, dans, chacune de ses sphères d’activité, notre entendement emploie simultanément toutes ses facultés principales. […] Il est clair, d’ailleurs, que la seule étude des généralités des sciences fondamentales est assez vaste par elle-même, pour qu’il importe d’en écarter, autant que possible, toutes les considérations qui ne sont pas indispensables ; or, celles relatives aux sciences secondaires seront toujours, quoi qu’il arrive, d’un genre distinct.
Taine, mais par quels chemins, construits à travers tant de faits, y allons-nous arriver ? […] Taine est si sain d’organisation, il est si fortement équilibré, que lui, le matérialiste et l’athée, arrive à la même vérité que les hommes qui croient le plus à l’âme et à Dieu.
À ce discours développé et politiquement déduit, Henri IV, après un moment de pause, et ayant pâli de colère ou de crainte (et comme cela lui arrivait toutes les fois qu’il était intérieurement ému), répondit : Parmi les étonnements desquels Dieu nous a exercés depuis vingt-quatre heures, j’en reçois un de vous, messieurs, que je n’eusse pas attendu.
Il fallut toute la grâce et les gentillesses de la mère Agnès pour l’apaiser, pour la faire revenir de sa bouderie ; il fallut surtout ce post-scriptum rassurant, — car Mme de Sablé, en enfant gâté, ne se contentait pas de la promesse qu’on ne ferait plus de bougie, elle disait : Vous en ferez, vous en avez besoin, je veux que vous en fassiez, je ne veux pas vous gêner, mais je m’en irai ; il fallait donc lui prouver qu’on en pouvait faire sans que l’odeur lui en arrivât : « Depuis ma lettre écrite, lui disait la mère Agnès dans les dernières lignes, nos sœurs ont été faire la ronde pour chercher un lieu, s’il en faut un absolument pour vous satisfaire ; elles en ont trouvé un dans les derniers jardins, tout à l’autre bout, proche l’apothicairerie. » — Le choix de ce lieu-là hors de toute portée tranquillisa peut-être Mme de Sablé jusqu’à nouvel ordre et nouveau caprice, jusqu’à nouvelle lune.
Pour plus d’éclaircissement, je prendrai un exemple dans un genre voisin et fraternel : s’il en était en ceci de la peinture comme de la poésie, si la quantité de nouveaux peintres et paysagistes qui se produisent chaque année n’arrivait pas aux yeux du public, s’ils restaient chacun avec son œuvre à l’ombre de son atelier, combien ils auraient lieu de se plaindre de cette condition ingrate, de cet isolement, de ce manque de place et de lumière au soleil !
en me laissant l’idée (arrive jusqu’ici, je puis dire la certitude) qu’il n’entendrait guère me répondre, ce dont en effet tout son esprit le laisse peu capable.
Avec des êtres arrivés à un certain degré d’expérience, de versatilité, de sophisme à la fois et d’imagination dans la passion, on est sur les sables mouvants ; il n’y a pas de raison pour qu’un résultat sorte plutôt que l’autre, pas de base où asseoir un intérêt moral, une conclusion à l’usage de tous.
Cet illustre écrivain le présente à Fontenelle, âgé alors de quatre-vingt-treize ans, et comme Casanova dit au philosophe qu’il arrive d’Italie tout exprès pour le voir : « Convenez, monsieur, répliqua le malin vieillard, que vous vous êtes fait attendre bien longtemps. » Casanova connut aussi dès son arrivée dans la capitale, M.
Il n’en raisonne point, il n’arrive point à des jugements nets ; mais toutes ces émotions sourdes, semblables aux bruissements innombrables et imperceptibles de la campagne, s’assemblent pour faire ce ton habituel de l’âme que nous appelons le caractère.
Ils sont agiles, mais prompts à se rebuter, et veulent arriver au but en trois pas.
J’ai d’ailleurs remarqué que cette amabilité des citations l’avait suivi dans toute sa carrière : alors qu’il était arrivé, n’ayant besoin de personne, il aimait à citer des travaux secondaires d’inconnus, de jeunes gens, sans intérêt alors assurément, par souci d’exactitude et minutie d’information.
Et il nous arrive en effet assez communément de nous figurer que nous faisons de la science objective, quand nous chaussons simplement, au lieu du nôtre, le subjectivisme du voisin.
* * * Nous arrivons au terme de l’analyse à laquelle nous nous sommes proposé de soumettre l’intelligence, la sensibilité et la volonté, en vue d’y relever les conflits entre le moi et le nous, entre la personnalité et la sociabilité.
Mais il porta évidemment beaucoup d’amitié à Jésus et lui rendit des services, sans pouvoir l’arracher à une mort dont l’arrêt, à l’époque où nous sommes arrivés, était déjà comme écrit.
L’inclination mutuelle des sexes est un sujet si fécond et si varié de conversation ; ils ont tant de choses à se dire pour faire entendre ce qu’il leur est prescrit de taire ; il faut tant de paroles pour expliquer cette prière muette 11 qu’ils s’adressent continuellement l’un à l’autre ; il faut partir de si loin, il va tant de circuits à faire pour arriver au but désiré, qu’on ne peut assez multiplier les occasions de se parler, de se communiquer, s’ouvrir assez de chances favorables, étendre la conversation à un assez grand nombre d’objets divers.
À la tribune, M. de Montalembert arrive aux effets sans grands efforts et comme par suite d’un développement continu.
Maintenant les vibrations de l’éther arrivent jusqu’à l’œil, et par le moyen du nerf optique elles déterminent une action inconnue, à la suite de laquelle a lieu la sensation de lumière.
Mais arrivé là, le socialisme prenait deux routes séparées et même absolument contraires.
C’est ce qui est arrivé plus d’une fois à La Fontaine même ; et je suis forcé d’en convenir, malgré mon admiration pour lui.
Avec un peu d’imagination et de fécondité, il s’en présente de si heureuses qu’on ne saurait y renoncer ; qu’arrive-t-il alors ?
Voilà pourquoi leurs opinions ressemblent quelquefois à des systèmes, et pourquoi il leur arrive de protéger des principes consacrés par l’autorité des siècles antérieurs avec des arguments, et des raisons puisés dans la sphère des idées de ce siècle.
Ce que je croyais impossible est arrivé.
Rien dans tout cela, pour nous, cependant, n’élève le volume de d’Arpentigny au-dessus des mille autres livres dans lesquels des esprits tenaces, et menés par un seul point de vue, comme le bison par son anneau, souples d’ailleurs et puissants à trouver des rapports éloignés ou subtils, sont arrivés, avec des facultés très positives, à la chimère.
Cette ressemblance par le bonheur, malgré les différences dans la manière de s’y prendre pour y arriver, entre l’ancien directeur de l’Opéra et le directeur présent de la Revue des Deux Mondes, Véron l’a si bien sentie qu’elle a décidé de sa bienveillance pour Buloz.
D’abord c’est un livre sur le plus beau sujet d’histoire, et qui en serait le plus singulier s’il y avait des sujets singuliers en histoire et si tout n’arrivait pas !
Le nouvel historien, se contentant, comme la Ligue elle-même, de cette conversion qu’Henri IV, son masque à la main, appelait tout bas, dans l’oreille de sa maîtresse, le saut périlleux, finit brusquement son histoire à l’édit de Nantes, ce coup de Jarnac du protestantisme qui se vengeait de sa conversion ; et, arrivé là, il se contente d’indiquer une telle conclusion, au lieu d’en marquer la portée !
Mais Saint-Victor s’assied devant ces figures à peine indiquées, et remplit les blancs, prononce les lignes, dessine et ombre, et colorie, et fait tourner avec l’ongle, et arrive enfin par tous les moyens à ces saillies que Goethe, s’il revenait au monde, admirerait.
En France enfin, le pays des railleurs, où, « les torrents » de madame Guyon ne s’étaient pas écoulés sans laisser les fanges molles et chaudes du Quiétisme au fond de bien des âmes, les dispositions à une mysticité sans guide et sans appui étaient si grandes, que l’odieux jansénisme même, cette froide chose, arrivait aussi au mysticisme, non par la tendresse, mais par l’orgueil… Tel était en réalité le dix-huitième siècle quand y apparut Saint-Martin.
Malgré soi, on se demandera quel est le dessein d’un tel livre, et si — comme il arrive quelquefois aux auteurs heureux — le dessein qu’il cache doit faire un jour sa destinée.
La nature et ses grands spectacles, — car pour les poètes qui manquent de cœur il y a encore la nature, — la nature et ses grands spectacles : la mer, le ciel, les paysages, n’arrivent à la perception de Banville que de seconde main, par l’intermédiaire de quelque peintre dont il a vu les toiles ou de quelque poète dont il a lu et admiré les vers.
C’est que, si nous sommes libres toutes les fois que nous voulons rentrer en nous-mêmes, il nous arrive rarement de le vouloir.
Princes, s’il nous arrive de vous donner le nom de dieu, c’est pour vous faire souvenir de ce que vous devez être.
Mon obligation étant de tout définir, de tout classer, ainsi que je l’ai promis, afin de dissiper le nuage qui couvre les axiomes et les confond, je reviens au point d’où je partis avec l’intention d’arriver au même terme chaque fois que je traite spécialement un mode particulier de littérature. […] Ainsi l’art arrivé à un très haut degré de perfection dès son origine, resta longtemps stationnaire, et l’on n’eut plus qu’à suivre la marche de l’imitation pour composer de véritables épopées. […] Les événements les plus remarquables arrivés dans une illustre famille, dans un royaume, dans une république, n’ont pas même assez de magnificence tant qu’ils ne sont pas remarqués de plusieurs empires à la fois, par la puissante influence qu’ils ont sur l’esprit des siècles. […] Écoutons-le d’abord : « La fable n’est point une par l’unité de héros, comme plusieurs l’ont cru : de plusieurs choses qui arrivent à un seul homme, on ne peut faire un seul événement : de plusieurs actions que fait un seul homme, on ne peut faire une seule action : ceux qui ont composé des Héracléides, des Théséides, ou d’autres poèmes semblables, étaient donc dans l’erreur. […] Le sujet qu’ils exposent est expressément limité ; et ce sujet entier, vous le trouvez complètement rempli quand vous arrivez au septième livre du poème.
Aussi l’illusion du lecteur est complète, et il lui est impossible de ne pas être persuadé que ce qu’il lit est réellement arrivé. […] Seule la façon toujours merveilleuse de les traiter fait l’unité de son œuvre Quand il y a (et c’est arrivé parfois) excès dans l’idée, cet excès est corrigé par la discrétion et la retenue de la manière. […] Ainsi était-il arrivé à Le Sage pour Gil Blas, dans lequel un pédant jaloux prétendit voir une imitation d’un détestable roman espagnol. […] Zola estime avec raison que ses idées ne peuvent arriver dans l’esprit du lecteur qu’à l’aide du style, et qu’il importe peu que le cerveau bouille si le style reste froid. […] Ils devaient arriver à cette ville vers dix heures du matin.
Encore et même dans ces zones tempérées arrivait-il qu’on encourût les sévérités de la Théologie intransigeante : qu’on se rappelle comment Bossuet parle de Molière ! […] Il arriva qu’en haine de l’étiquette on supprimait l’Ordre lui-même : on ne sut pas conquérir le droit de sentir sans destituer l’esprit du droit de penser. […] Et cela n’est pas étonnant : les foules sont toutes physiques, dans leur action d’ensemble ; les pensées, en ce moment de l’action, ne leur arrivent qu’à l’état de sensations et d’images, elles subissent les impressions physiques de la chaleur que leur agglomération même accroît, elles anéantissent l’individu pour n’en plus faire qu’une de leur cent mille voix, — elles sont des synthèses de mouvantes impressions. […] J’arrive aux deux vrais dominateurs de ce siècle : Balzac et Wagner. […] Ils entendent palpiter le grand cœur de la nature, ils veulent arriver jusqu’à lui, ils tentent toutes les voies spirituelles ou sensibles, celle de la Judée et celle de la Grèce, celle des dogmes consacrés et celles des doctrines proscrites.
Hector, à la tête des Troyens, se précipite impétueux sur les Grecs, « semblable à la pierre arrondie, détachée du rocher natal, que le torrent roule sur sa pente, lorsque, grossi par une longue pluie, il a défoncé les appuis de cette énorme pierre ; elle roule en bondissant, et ses bonds font retentir la forêt ; elle court avec impétuosité jusqu’à ce qu’elle arrive à la plaine ; alors elle cesse de rouler, malgré son élan rapide ; tel est Hector, etc. ». […] Les gémissements qui retentissent au sommet de la tour arrivent enfin jusqu’à elle. […] Le dieu déguisé monte sur le char, prend les rênes, fouette les mules, endort les avant-postes ; le vieux roi franchit les retranchements, arrive sans avoir été aperçu, pénètre dans la tente d’Achille, embrasse les genoux du meurtrier d’Hector, baise ces mains homicides qui lui ont ravi tant de fils.
En éloquence politique, je suis arrivé trop tard aux tribunes dites parlementaires, pour développer les forces réelles de l’éloquence raisonnée et passionnée que je sentais véritablement rugir en moi comme des lions muselés entre les barreaux d’une ménagerie. […] J’étais arrivé à ce demi-succès. […] « Monsieur, L’Opinion nationale, que je remercie dans ses bonnes paroles, ainsi que monsieur Gozlan, m’arrive seulement aujourd’hui ; c’est ce qui a retardé ma réponse.
Sans savoir, après bien des zigzags, on est arrivé au cœur même de la citadelle d’où l’œil contemple éperdu l’immensité des mondes. […] Le symbole m’apparaît en effet le chemin le plus aisé et, probablement même, le seul praticable, pour arriver à l’expression parfaite de l’Être, au séjour lumineux de la Beauté. […] « Il y a des choses trop complexes, à la fois trop étendues et trop indivisibles, pour qu’elles puissent être présentées à la conscience par des procédés dialectiques… C’est donc pour réparer l’insuffisance du langage et quand nous avons besoin d’embrasser les choses avec toute l’âme, que nous recherchons les symboles : grâce à eux seulement nous pouvons arriver à cet état appelé « mystique », qui est la synthèse du cœur, de la raison et des sens. » Récéjac, op. cit.
Combien de fois est-il arrivé, pénétrant dans un salon, dans une salle de concert ou de spectacle, ou tel autre lieu public, que nos yeux s’arrêtent à une figure expressive, d’autant plus expressive qu’elle est plus différente de ce qu’ils sont accoutumés à fixer. […] J’ai connu pourtant deux frères jumeaux qui se ressemblaient à tel point que leurs parents eux-mêmes n’arrivaient pas à les distinguer. […] Il serait logique qu’un tel enchaînement d’états morbides trouvât sa conclusion dans la plus farouche des haines, et nul doute qu’avant peu Grâce Mirbel n’arrive à détester celui qu’elle enveloppe de son mépris. […] Ce mot dont on use, dont on abuse à notre époque : « Un tel est arrivé », n’a pas de sens à y regarder de près, puisqu’il implique négation du mouvement, et que par définition la vie est un perpétuel mouvement, une lutte ininterrompue. […] Quand deux romanciers comme Mme Henri de Régnier et Mme Marcelle Tinayre sont arrivés, par des moyens si différents, à dresser debout des figures vivantes, agissantes, laissant dans notre pensée une durable image ; que de plus elles ont atteint à leur donner une forme qui, pour se rattacher à la tradition des maîtres, n’en garde pas moins son accent propre ; quand deux poètes comme Mme Lucie Delarue-Mardrus et Mme Renée Vivien ont su traduire certains mouvements de l’âme avec une sincérité et une perfection plastique que n’égalèrent même pas leurs contemporains du sexe fort, ceux-ci ne marqueraient-ils pas la plus mauvaise grâce du monde en venant contester ces mérites ?
J’ai été comme ébloui ; j’ai cru sentir la voûte du ciel s’écrouler sur moi, le plancher manquer sous mes pieds, le soleil et la nuit se confondre et entrer pêle-mêle, comme sous un coup de marteau, dans ma tête ; je n’ai pas eu le temps de respirer, j’étais essoufflé, ou plutôt il m’a semblé que j’étais poussé par une main puissante à travers des espaces incommensurables, tantôt répugnants, tantôt délicieux, tantôt par force, tantôt par plaisir ; ici affreuse stérilité, là fécondité prodigieuse, hurlements affreux d’un côté, musique caressante de l’autre ; allant où je ne voulais pas aller, m’arrêtant où je ne voulais pas m’arrêter, mais allant toujours, comme si la poigne du Juif errant m’eût déraciné de terre pour me contraindre à le suivre jusqu’en enfer ; en un mot, Monsieur, ce livre m’a souvent révolté, toujours entraîné, et je suis arrivé au bout en maudissant la route ; mais, comme la roue précipitée sur une pente d’abîmes où il lui est impossible de s’arrêter, j’étais moulu quand j’ai été au fond. […] Ce qu’il venait de dire l’avait rapproché de celui qui est dans la mort (sans doute Dieu) ; l’instant suprême arrivait. » « L’évêque, ajoute l’écrivain, le comprit ; le moment pressait ; c’était comme prêtre qu’il était venu ; de l’extrême froideur il était passé par degrés à l’émotion extrême, il regarda ces yeux fermés, il prit cette vieille main ridée et glacée, et se pencha vers le moribond.
Les lords qui gouvernaient le royaume en son absence et le parti presbytérien de la nation la virent arriver avec répugnance. […] Elle y arrive aux flambeaux, au milieu d’une fête qu’on lui a préparée.
C’est ce qui arriva. […] Par malheur, l’art, la mesure, le style manquent à Sorel286 ; et son Francion, ancêtre de Gil Blas, n’arrive qu’à être une date, non une œuvre.
En poursuivant la voie où il est entré, il y a vingt ans, il n’arrivera jamais à surpasser les œuvres qu’il nous a données. […] Daudet Tout ce que l’enfance a de larmes dans la clarté de ses yeux, de sourires dans la pureté de sa bouche entrouverte, Victor Hugo l’a exprimé, et dans une langue faite pour ce sujet exceptionnel, où son vaste élan se resserre, se maintient, arrive à la précaution d’une étreinte de grand-père, au respect attendri de je ne sais quel saint gigantesque soulevant l’enfant dans ses bras pour lui faire passer un ruisseau.
Arrivé vieux à une époque où les nouveautés durables, l’invention, le grand style, allaient prévaloir, il ne put se mettre au pas des nouveau-venus, et il se fâcha. […] Dans un Cicéron doublé d’un Sénèque, il se serait résigné aux beautés pour avoir les vues, et il aurait volontiers passé par le vieux pour arriver au neuf.
Plus tard, par le progrès de la conscience, l’animal arrive, indépendamment du plaisir et de la douleur, à distinguer du changement l’absence de changement, de la différence la non-différence. […] J’arrive à concevoir d’autres êtres sentant et voulant comme moi, d’autres séries de sensations et d’appétitions se déroulant, comme les miennes, sous un crâne.
Avoir tout et n’arriver à rien, telle fut leur destinée. « Ah ! […] Dans l’Histoire, le génie militaire arrive toujours à l’heure nécessaire, pour finir les Démocraties.
J’ai eu quelquefois l’idée de traiter, dans une série particulière, des principaux de mes confrères en critique, de dire mon avis vrai sur chacun d’eux ; puis, au moment de prendre la plume, j’ai toujours été retenu par cette idée qu’étant obligé de refuser à chacun quelque chose, quelque qualité essentielle, d’en arriver, après une part d’éloges et une justice largement rendue, à un mais inévitable (car enfin nous-mêmes les critiques, redresseurs de tous, nous ne sommes point parfaits), je paraîtrais dénigrer des écrivains qui me valent au moins et que j’honore, et me mettre, contre mon intention, au-dessus de la plupart.
Le XIXe siècle est évidemment un siècle où les questions religieuses ont repris une grande importance, sinon la prédominance même : il a débuté par une renaissance religieuse ; arrivé aujourd’hui bien au-delà de son milieu, il voit ces mêmes questions grossir chaque jour et se généraliser.
Quelque sublime que soit Homère par l’ordonnance des événements et la grandeur des personnages, il arrive souvent à ses commentateurs de se transporter d’admiration pour les termes les plus ordinaires du langage, comme si le poète avait découvert les idées que ces paroles exprimaient avant lui.
Nous mangeons, nous dormons, nous songeons à gagner un peu de considération et d’argent ; nous nous amusons platement, notre train de vie est tout mesquin, quand il n’est pas animal ; arrivés au terme, si nous repassions en esprit toutes nos journées, combien en trouverions-nous où nous ayons eu pendant une heure, pendant une minute, le sentiment du divin ?
Il n’arrive pas plus que Du Bellay à définir nettement ce qu’est le renouvellement des thèmes d’inspiration qu’il tente : la Pléiade n’a fait rien moins que de placer dans le sentiment la source de la poésie, qui jusque-là était placée dans l’esprit.
La nature de Diderot l’a sauvé des vices qui avilissent ; pauvre, indépendant généreux, sans convoitise et sans platitude, il est assez honnête homme pour arriver à faire une sorte de morale avec son instinct.
à diverses situations, et, s’il a échoué (ce qui arrive aux plus dignes), c’est ou parce qu’il a trop d’esprit, ou parce que ses autres occupations ne lui permettaient pas d’apporter assez de ténacité dans les brigues et les candidatures et peut-être aussi l’exposaient aux distractions et l’inclinaient aux nonchalances.
Mais il est temps d’arriver à l’Incendie de Rome.
Pas complètement, sans doute : le moment arrive toujours, même pour les poètes les plus admirés, où la réflexion reprend ses droits.
Ne devez-vous donc arriver au but que couvert de lauriers arrachés avec fureur des mains de vos concurrens, & déja flétris par la honte ainsi que par les reproches des Spectateurs ?
Lucida, la mère d’Emilia, arrive elle-même de Chypre.
C’est arrivé.
Les âmes sont trop différenciées pour que l’art qui est précisément le domaine où s’affirme le mieux cette différenciation en arrive jamais à produire l’uniformité de sentiments souhaitée par Tolstoï. — Quant à Guyau, il oublie que si l’art est, en un sens, un élément de sympathie humaine, il est aussi, en un autre sens, un ferment de rivalités et de discordes.
Voyons ce qui est arrivé, par exemple pour l’idée de fonction continue.
Quoique le centre d’action de Jean fût la Judée, sa renommée pénétra vite en Galilée et arriva jusqu’à Jésus, qui avait déjà formé autour de lui par ses premiers discours un petit cercle d’auditeurs.
Il est douteux qu’on arrive jamais, sur ce sol profondément dévasté, à fixer les places où l’humanité voudrait venir baiser l’empreinte de ses pieds.
En somme, ni la doctrine qui unit le plaisir à la conservation de soi-même, ni celle qui unit le plaisir à l’accroissement d’activité, ne suffisent séparément ; il faut les joindre pour arriver à une explication complète.
On n’arrive à flairer un objet que quand on sait fermer la bouche et aspirer.
Elle voulait voir le roi, elle voulait recevoir sa mission de la bouche du roi, et apprendre, dans une nouvelle entrevue, le prix qu’elle pouvait espérer d’un heureux accomplissement de cette mission ; tous ses doutes étaient simulés pour arriver à ce but.
Le Chœur entend sa pensée cachée et il y répond : — « Prie pour ceux qui aimèrent ton père… Pour toi et pour quiconque hait Égisthe… Souviens-toi d’Oreste… Parle des meurtriers… Souhaite qu’un vengeur arrive et les égorge à leur tour. » — La libation est empoisonnée, Électre peut la verser sur la tombe ; ses paroles l’imprègnent encore d’une mortelle amertume.
Sternay, qui se porte à la députation, voit dans ce fils arrivé un protecteur donné par la nature, et c’est lui maintenant qui sollicite humblement la faveur de le reconnaître.
Orpheline de bonne heure, elle ne sentit point la tendresse filiale ; elle ne parle jamais de sa mère ; une ou deux fois il lui arrive même de badiner du souvenir de son père ; elle ne l’avait point connu.
S’il arrive que le premier jour sa voix soit couverte par le tumulte, que sa pensée ne soit pas comprise, les jours suivants peuvent corriger le premier jour.
On sçait quelle étoit là-dessus la délicatesse des Athéniens ; quel mauvais traitement ils firent à Euripide, lorsqu’il lui arriva de parler indécemment des dieux.
De degré en degré vous arrivez aux poissons, aux amphibies, dans lesquels le cerveau (c’est-à-dire les deux hémisphères) est déjà visible, et présente à un degré rudimentaire la forme qu’il conservera dans toute la série des vertébrés.
Ce qui est plus décisif encore et se rapporte de plus près au fait en question, c’est que, d’après les phrénologues (et en cela les physiologistes leur donnent raison), les affections, les émotions, les passions, ont leur siège dans le cerveau : or il ne nous arrive jamais de les localiser là ; nous n’avons pas conscience d’aimer par la tête, mais par le cœur.
Avant ce nouveau venu qui arrivait sans se débotter, Diderot était peut-être le seul écrivain qui eût porté dans la Critique autant d’imagination qu’on en pouvait montrer avec les habitudes didactiques du xviiie siècle ; mais il y avait, dans l’imagination de Diderot, quelque chose d’exagéré et de déclamatoire qui sentait son bourgeois et son pédant, tandis que l’imagination qu’y porta Janin était naturelle et légère.
Comme les amours du roi le chagrinaient presque autant que les nudités de ses tableaux, il profita de ses grandes entrées pour lui faire des représentations ; il lui déclara un jour que l’ange Gabriel l’avait averti qu’il lui arriverait malheur s’il ne rompait vite avec mademoiselle de la Vallière.
Il a donc passé par la poésie, — par l’observation morale, — par la description pittoresque des choses et des hommes avant d’arriver à l’histoire, à l’histoire à laquelle il fera bien de rester, car c’est sa vocation réelle.
Quand un homme, en effet, arrivé à peu près à la moitié du xixe siècle, jure par Cabanis en philosophie, en législation par Destutt de Tracy, et par Bentham en économie sociale, quand cet homme, de l’esprit le plus mystificateur, semble se mystifier lui-même en admirant politiquement M. de Lafayette, et ne se moque nullement de nous en nous disant que l’Amérique serait assurément un grand pays si elle avait un Opéra, certes !
Quand un homme, en effet, arrivé à peu près à la moitié du xixe siècle, jure par Cabanis en philosophie, en législation par Destutt de Tracy, et par Bentham en économie sociale ; quand cet homme, de l’esprit le plus mystificateur, semble se mystifier lui-même, en admirant politiquement M. de La Fayette, et ne se moque nullement de nous en nous disant que l’Amérique serait assurément un grand pays, si elle avait un Opéra, certes, on peut affirmer que les pauvretés d’opinion et les superficialités d’aperçu ne manquent pas à cet homme, de l’esprit le plus retors depuis Voltaire, et qui a vu Napoléon !
Et il arrive finalement ceci, que la parcelle de vérité qui avait germé dans l’esprit de l’homme d’élite disparaît bientôt sous l’instinctive poussée de nationalisme et d’optimisme légendaire, inséparables du nom de Français.
Stéphane Mallarmé, est qu’en dépit de ses exégètes, je ne suis pas arrivé à le comprendre ; cela viendra peut-être. » Je ne sais à quels exégètes, en 1893, pensait Brunetière. […] Et c’est en se mouvant dans cet ordre d’idées que Mallarmé arrive à proclamer — mettez de sa part le sourire nécessaire — son incompétence sur toute autre chose que l’absolu. […] Il ne demande à la musique rien de ses moyens, mais il voudrait par d’autres voies — les voies naturelles du verbe — arriver à certains de ses effets, transposer dans la poésie ce qui est la vertu propre de la musique : cette puissance même de suggestion. […] Je n’ai pas à dire qu’il y fut sujet, puisqu’ils arrivent à chacun de nous et n’échappent que par l’inattention. […] Indépendamment de tout souvenir vague ou même possible, l’impression de passé arrive parfois à notre conscience comme une bouffée imprévue et inexplicable.
Les seigneurs à table ont achevé leur dîner, les ménestrels viennent chanter, la clarté des torches tombe sur le velours et l’hermine, sur les figures fantastiques, les bigarrures, les broderies ouvragées des longues robes ; à ce moment le poëte arrive, offre son manuscrit « richement enluminé, relié en violet cramoisi, embelli de fermoirs, de bossettes d’argent, de roses d’or » ; on lui demande de quoi il traite, et il répond « d’amour. » III. […] De l’autre côté, arrivait une troupe de dames aussi magnifiques que les autres, mais couronnées de fleurs nouvelles. […] Quand arriva la terrible encyclopédie d’Aristote, toute défigurée et inintelligible, on la dévora.
Quand, au cours de leurs investigations, il leur arrivait de découvrir un type, ils le chérissaient, le caressaient comme une statuette de leur grenier. […] Il arrive à Balzac de pousser à l’ange, aussi facilement qu’il pousse au démon. […] Il ne lui arrive jamais, d’ailleurs, de les pousser ni au noir, ni au rose.
Enfin j’arrive, Et sur la rive Je rends au Ciel, je rends grâce à genoux. […] Voici la France qui va arriver dans sa représentation impartiale et souveraine : à dater de ce matin je suis sûr de la faire entrer sans résistance dans Paris. […] Il y aura cette différence entre ma naissance et ma mort que je suis arrivé malgré moi et que je partirai de mon plein gré !
Mais, avant d’arriver à cet objet important, signalons, au point de vue esthétique, une innovation des plus hardies, l’introduction du sentiment chrétien dans notre littérature nationale. […] Pour nous faire arriver à ce repos promis, mais qui tient seulement la moitié du livre, Michelet n’emploie pas moins de 142 pages à nous raconter, avec quel charme : l’histoire d’un voyage au pays de la faim. […] Les immortels Châtiments n’étaient arrivés qu’à un petit nombre de Français ; car la douane et la police les arrêtaient au passage. […] Il arrivait au lendemain des luttes acharnées, mais il n’en affrontait pas moins les plus sérieux dangers, ayant à traverser les villes occupées par les Turcs, défiant la peste et la maladie, toujours avec le visage souriant et l’intrépidité du cœur. […] Au lendemain de 1830 les doctrinaires prirent le pouvoir et, comme il arrive trop souvent, les militants de la veille furent écartés au profit des transfuges du régime déchu.
Le lendemain donc la chose fâcheuse arriva et M. […] Moi, elle me taquine, je suis tenté de le dire, exprès — et je m’écrierais, pour un peu, comme tout le monde : « Ces choses-là n’arrivent qu’à moi ! […] Du simple alcoolisme, et du tout simple alcoolisme « un vermouth », un madère, la verte de l’amitié, il en était arrivé, le pauvre ami, à l’opium, au haschisch, à la morphine à toute la drogue, exhilarante et stupéfiante. […] Puis comme cela devait arriver, l’humanité trop tendue, reprit ou crut reprendre quelque peu ses droits ou ses prétendus droits, d’où une série de volumes : « Chansons pour elle », « Odes en son honneur », où étaient célébrées des affections nouvelles sur des rythmes appropriés. […] Il s’était rendu trois ou quatre fois en vain à la gare Victoria, et pensant, après ces courses inutiles, que je n’arriverais plus avant la nuit, il avait veillé et était venu me recevoir à la porte de la maison qu’il habite, dans ce vaste caravansérail de la Loi — et du Silence — (car quel coin délicieux est celui-là, dans Londres, qui en compte tant d’exquis ou d’infâmes, si peu de communs ou de vulgaires ;.
Pamphlets sur pamphlets arrivaient à Rome, où les agents des deux adversaires combattaient par toutes les armes de l’intrigue. […] Quand il arrive à Paris, il est maître de son talent et de sa forma : cependant dans cette suite de chefs-d’œuvre qu’il accumule pendant onze ans, on peut distinguer deux manières : les sermons des premières années sont plus voisins des sermons de Metz, par la vigueur de l’appareil logique, par la chaude couleur du style.
Il arrive sur les bords fleuris d’une rivière qui descend, pure et fraîche, des glaciers de l’Himalaya. […] « Voilà », disent les religieux compagnons de Sacountala, ton épouse fidèle qui arrive de la forêt sacrée avec son fils, beau comme les immortels, et demande à présenter ses hommages à son époux et à son roi. » Le roi fait un signe de consentement.
M. de Termes, qui m’en a souvent fait le conte (car je n’étais encore arrivé), m’a assuré n’avoir jamais vu de sa vie chose si belle que celle-là ; je vis leurs enseignes depuis.
Un homme de large et vive conception, montrant un jour à quelqu’un sa bibliothèque, qu’il avait fort belle, arrivé devant les écrivains ecclésiastiques du règne de Louis XIV, s’écria : « Fleury à côté de Bossuet ; et pourtant quelle distance !
On nous les montre de loin en voyage ; mais, arrivés à Paris, une voix, qui sort de toutes parts, s’élève et leur dit : C’est ici qu’on cherche l’or, ne le voyez-vous pas ?
» — On souriait, et la conversation animée et non déroutée comme il arrive par de trop vives saillies, continuait son cours.
Quand il arrive à Voltaire, « auquel l’histoire de l’ironie s’arrête, car on a atteint le sommet », vous jugez s’il énumère de nouveaux meurtres.
Et il n’est guère probable que Perrault lui-même connût ce recueil. » Ainsi donc, il est bien entendu que ce n’est nullement d’invention qu’il s’agit avec Perrault ; il n’a fait qu’écouter et reproduire à sa manière ce qui courait avant lui ; mais il paraît bien certain aussi, et cela est satisfaisant à penser, que ce n’est point dans des livres qu’il a puisé l’idée de ses Contes de Fées ; il les a pris dans le grand réservoir commun, et là d’où ils lui arrivaient avec toute leur fraîcheur de naïveté, je veux dire à même de la tradition orale, sur les lèvres parlantes des nourrices et des mères.
Une médaille, une inscription, un pan de mur découvert, une poterie quelconque, sont choses désormais respectables et presque sacrées : des savants ingénieux sont arrivés à tirer de ces fragments, en apparence si mutilés et si secs, des conséquences de tout genre et d’un grand prix.
Il m’est arrivé, une fois, de passer une soirée avec l’abbé de Pradt ; il était à dîner chez un financier opulent qui avait des propriétés en Auvergne et qui était son voisin de terre.
» Mais pendant qu’elle chante et soupire ce petit couplet d’une malice innocente, une lettre arrive, une de ces lettres perdues et retrouvées, et la joie succède à la plainte.
On fit des couplets sur l’abbé Testu, cet abbé blondin, à qui il était arrivé certaine mésaventure galante.
Grétry, dans le même temps, arrivait à Liége, et y recevait des ovations patriotiques que la correspondance de M. de Sainte-Croix mentionne et que Léonard eût été heureux d’enregistrer.
On est averti des penchants coupables, par toutes les réflexions, par toutes les circonstances, par tous les traités de morale ; mais lorsqu’on se sent une nature généreuse et sensible, on s’y confie entièrement, et l’on peut arriver au dernier degré du malheur, sans que rien vous ait fait connaître la suite d’erreurs qui vous y a conduit.
Cependant, après un siècle de vogue à peu près, le lyrisme savant décline ; nos barons se refroidissent et le délaissent ; mais, comme il était arrivé pour l’épopée, les bourgeois avaient recueilli l’art qui perdait la faveur des nobles, et lui assurent une prolongation de vie : dans les communes picardes, à Arras, Bodel, Moniot, Adam de la Halle l’ont durer la poésie courtoise jusqu’aux dernières années du xiiie siècle.
Souvent, les impressions littéraires et autres qu’il m’est arrivé de traduire ici, je ne sais pas trop si je les ai écrites parce que je les éprouvais, ou si je les ai éprouvées parce que je les avais écrites… Il se pourrait que le cas de M.
Linguiste malicieux, il s’est accordé souvent le plaisir de montrer « comment un mot en arrive à ne plus avoir que le sens qu’on a intérêt à lui donner ».
Elle ne concevait point de parfait bonheur hors du devoir ; elle mettait l’idéal du roman là où elle l’avait si peu rencontré, c’est-à-dire dans le mariage ; et plus d’une fois en ses plus beaux jours, au milieu d’une fête dont elle était la reine, se dérobant aux hommages, il lui arriva, disait-elle, de sortir un moment pour pleurer.
Enfin, quoi qu’il arrive, conservez-moi votre amitié et votre attachement, j’en ai bien besoin, et croyez que, quel que soit le malheur qui me poursuit, je peux céder aux circonstances, mais jamais je ne consentirai à rien d’indigne de moi ; c’est dans le malheur qu’on sent davantage ce qu’on est.
Nous arrivons donc à ce cercle : « Il faut agir pour sentir et penser, il faut sentir et penser pour agir. » Il n’y a d’autre moyen d’en sortir que d’admettre, dans l’être primordial, une unité immédiate de l’agir, du sentir et du penser.
D’où il suit que la pensée arrivera à se concevoir elle-même sous une idée d’unité, de simplicité, d’indivisibilité.
Et c’étaient de douces pressions, un échange de sourires paresseux, une volupté de cœur toute tranquille, un muet bonheur… Et il arrive pourtant à ce décriveur des joliesses et des bonheurs, à ce réaliste qui sait parfois être gaminement gai, d’être attiré par le fantastique et le crépusculaire que montre parfois la vie parisienne, par l’existence excessive et mystérieuse de la Tomkins, l’afféterie voluptueusement macabre de Mme Malvezin.
Les Romantiques se laissaient à ce point séduire par ces beaux titres à panache que souvent il leur arriva d’annoncer des livres qui ne parurent jamais, et dont peut-être même ils connaissaient à peine le sujet.
Laissons de côté tous les poetæ minores, pour en arriver à ce fait capital, qui ne pouvait se produire qu’en Italie : une littérature en langue latine accaparant brusquement les meilleurs esprits, et interrompant pendant presque un siècle l’évolution de la littérature en langue italienne.
Arrivé au faîte, toutes les grâces qui paraient sa résistance avaient fait place à la sécheresse d’un refus offensant. […] Cherchant aussi le chimérique dans la vertu, il ne s’était pas contenté de la pureté laborieuse et militante des saints ; il voulait arriver à celle des parfaits, espèce de saints qui ont échappé à la lutte par l’inaction ; ou plutôt, et n’est-ce pas là le comble du chimérique ? […] Il arrive même souvent que les lumières sont mélangées : auprès de l’une, qui est vraie et qui vient de Dieu, il s’en présente une autre qui vient de notre imagination et de notre amour-propre ou du tentateur, qui se transforme en ange de lumière. » Que dire de plus juste de cette corruption insensible qui fait tourner les lumières mêmes en illusions et en mouvements de vanité ? […] Il n’arrive que trop souvent, aux jours où l’attrait de la vérité s’affaiblit pour les deux adversaires qu’excités par des seconds intéressés ou aveugles, ils laissent pénétrer dans leur intelligence ces vues humaines qui se mêlent insensiblement aux plus pures lumières.
Il lui arrive même de ne pas dédaigner le calembour. […] On voudrait voir arriver quelque chose de pareil au Gil Blas épaissi qui descend de sa chaise avec solennité, s’appuyant pesamment sur Scipion. […] Et il arrive que le tableau disparaisse derrière ces taches ingénieuses. […] Son œuvre d’homme « arrivé » a été inefficace. […] J’arrivais.
« Moreau, dit l’historien, avait retrouvé une véritable présence d’esprit, à peu près comme il lui arrivait à la guerre quand le danger était pressant ; il avait même fait de nobles réponses, singulièrement applaudies par l’auditoire. […] Napoléon avait eu la politesse d’arriver le premier.
Draghicesco, partisan de la loi du nombre, prend ses exemples dans la catégorie d’hommes qui réalisent le mieux son idéal du grand homme : les politiciens démocrates, et il arrive à cette énormité qui consiste à faire du vote populaire la mesure de la supériorité d’un homme et le signe d’élection du génie. […] Nous arrivons à la conclusion de cette discussion.
Pas un billet qu’il écrive pour proposer une promenade en commun, pour inviter à dîner, pour expliquer une affaire, qui ne soit conçu en termes rapides, d’un style concité, frémissant de passion, de vitalité, d’exubérante bonne humeur ; il y narre à ses correspondants les petits faits qui arrivent chez lui, avec autant de drôlerie et de vivacité qu’il en met dans ses livres ; ses pages les plus célèbres ne sont ni meilleures ni autres que la lettre dans laquelle il raconte au pied levé, avec tout l’humour des grandes occasions, le lamentable trépas d’un corbeau familier qu’il tenait à sa villa. […] Dickens arriva ainsi à sa dixième année sans trop de malheurs.
Il arrive aussi qu’un malheur, la perte d’un ami, la mort d’une maîtresse, coupe le fil qui tenait le ressort tendu ; alors l’être part et va tant que ses pieds le peuvent porter : tout coin de la terre lui est égal. […] Comment y sont-ils arrivés ?
C’est ce qui est arrivé dans l’édition de Racine faite à Paris en 1728. […] Le lendemain on allait la rejouer ; l’assemblée était la plus nombreuse qu’on eût jamais vue ; il y avait des dames de la première distinction aux troisièmes loges ; les acteurs allaient commencer, lorsqu’il arriva un ordre du premier président du parlement, portant défense de jouer la pièce.
L’Institut est un corps de l’État : les pensées, les opinions de chacun de ses membres sont diverses et libres ; mais chaque président, chaque secrétaire perpétuel, portant la parole dans les séances publiques au nom de la compagnie qu’il représente, ne parle plus en son nom propre, et s’il lui arrive de froisser à dessein les opinions et les vues paisibles de beaucoup de ses collègues, il est dans le cas d’être redressé par l’un d’eux.
La femme gardienne du ménil, comme c’était le soir, vient appeler ses poules et s’aperçoit du malheur ; maître Costant arrive à son tour : on court sus de tous côtés à Renart ; on le poursuit de menaces et de huées.
Ici, et sans plus m’astreindre à le suivre dans les divers embranchements de sa carrière scientifique, j’arrive au grand fait et à l’institution qui recommande surtout sa mémoire.
Il est à regretter qu’elle n’ait pas également laissé son opinion sur Rousseau qu’elle avait si bien connu, et que ce qu’elle en disait ne soit point arrivé jusqu’à nous.
Elles lui furent cependant très utiles : elles avaient frappé le roi et le confirmaient dans le dessein de l’élever, ce qui arriva quelques années après.
Il parle une fois très sensément contre l’astrologie judiciaire ; il paraît avoir une conception assez juste et assez saine du système du monde ; il démontre par des considérations physiques et naturelles la chimère qu’il y a à prétendre tirer des horoscopes sur la fortune des hommes ; et l’instant d’après, parlant d’un voyage en mer que fait devant Dieppe la princesse Marie et d’un vent violent qui, se levant tout d’un coup, aurait pu la mettre en danger : « Cela me fit souvenir, dit-il, d’un songe que j’avais eu la nuit précédente pour un certain débordement d’eaux que je m’étais imaginé, comme il arrive assez souvent. » Il ne croyait pas à l’astrologie, et il a l’air de croire aux songes.