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1901. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 390-393

Son Ovide Chrétien est dans le même goût ; tout y change de face : les Héroïdes sont des Lettres pieuses ; les Fastes, les six jours de la création ; les Tristes, les Lamentations de Jérémie ; un Poëme sur l’amour de Dieu, remplace celui de l’Art d’aimer, l’Histoire de quelques Conversions tient lieu des Métamorphoses.

1902. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 472-474

« Les derniers des hommes, M. de Voltaire, sont ceux qui sont les plus dangereux, & les plus dangereux sont ces Ecrivains dont la plume s’efforce de renverser tout à la fois l’ordre de la Religion & celui de la Société ; ces Ecrivains, qui dégradent les Lettres par l’injustice de leur haine, l’amertume de leur style, la licence de leurs déclamations, l’atrocité de leurs calomnies, le renversement de toutes les bienseances ; ces Ecrivains, qui amusent, par leurs bons mots & leurs sarcasmes, la multitude ignorante & légere, & qui osent ridiculiser le mérite & l’honnêteté ; ces Ecrivains, qui veulent être plaisans aux dépens de ce qu’il y a de plus sacré & de plus respectable, qui veulent être crus en dépit du jugement & de la raison, qui veulent être estimés malgré la justice & le bon goût ; ces Ecrivains enfin, que le délire encense, & qui, noircis par la fumée de l’encens même qu’ils ont reçu, sont mis ensuite au rebut, comme ces fausses Divinités que la superstition la plus grossiere ne peut adorer qu’un moment. » GUYS, [Jean-Baptiste] de l’Académie de Caen, né à Marseille en 17..

1903. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 474-476

Ses Recherches historiques & physiques sur les maladies épizootiques, publiées par ordre du Gouvernement, ne sont pas de notre ressort, quoiqu’écrites d’un style qu’un homme de Lettres ne désavoueroit pas ; mais son Histoire de la petite vérole, en 2 vol.

1904. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 544-547

Il est cependant un des Auteurs de son Siecle qui ont le plus contribué à étendre le goût des Lettres.

1905. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 453-456

On lit encore avec plaisir quelques-unes de ses Lettres, sans cependant pouvoir les lire de suite.

1906. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre I. Des Livres qui traitent de la Chronologie & de la maniere d’écrire l’Histoire. » pp. 2-4

Nous avons eu ensuite les Tablettes de Marcel, qui sont inexactes & mal digérées, & celles de l’Abbé du Fresney, qui, quoiqu’elles laissent désirer quelque chose quant à la méthode sont d’un grand secours pour tous les gens de Lettres.

1907. (1864) Le roman contemporain

Il lui manque quelque chose de la mâle simplicité du soldat, parce qu’au lieu d’aller des armes aux lettres, il est venu des lettres aux armes. […] Enfin, il finit par adresser à sa fiancée, sous la dictée de Ronquette, la lettre la plus lâche que jamais homme ait écrite à une femme. […] L’éclatant succès de deux romans publiés par des écrivains tout à fait nouveaux dans les lettre, M.  […] C’était une lettre de recommandation. […] Fiorentino, que la plupart de ces morceaux sont dédiés ; on comprend que, nouveau venu dans la république des lettres, M. 

1908. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Histoire de la Restauration par M. Louis de Viel-Castel. Tomes IV et V. (suite et fin) »

Jeune, il avait passé ensuite plusieurs années en province, dans la solitude, à étudier, à bien lire un petit nombre de livres, à méditer surtout les écrits des géomètres, Clairaut, d’Alembert, Euler : il s’adressa une ou deux fois par lettres à l’abbé Bossut pour lui demander des conseils généraux ; mais il étudiait seul, et c’est ainsi qu’il se forma l’esprit : la géométrie, ce fut sa logique. […] »    Pendant longtemps, Mme Royer-Collard porta cachées dans sa poitrine les lettres qu’il recevait de Louis XVIII43. […] La domestique, fille exercée, observait sa consigne à la lettre.

1909. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni. »

En ce siècle de Louis XIV pourtant, Charles Perrault, chez nous, fit une chose considérable et neuve en réunissant dans une même publication les portraits des Hommes illustres dans les divers genres et en n’accordant pas plus de place dans ses notices aux grands de la terre, « aux hommes de la plus haute élévation », qu’aux gens de lettres, et à ceux-ci qu’aux artisans : c’est ainsi qu’on appelait encore ceux qui avaient excellé dans les beaux-arts. […] Les grands collecteurs et amateurs du XVIIe siècle contribuèrent à établir les communications, à généraliser le goût dans ses applications diverses : Diderot, par sa curiosité active, par sa chaleur et son éloquence sympathique, donna après Perrault le plus grand exemple, et fit faire un pas de plus à l’union des arts et des lettres. […] Dans une lettre à Forgues sur les Petites miser es de la vie humaine qui ne put être insérée qu’en partie au National 32 à cause du trop d’irrévérence en politique, il y a une page des plus vraies et des plus touchantes d’humanité et de sentiment d’égalité, que je citerai peut-être un autre jour.

1910. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid (suite.) »

Les Lettres de Balzac, en 1624, avaient produit une vive et agréable impression sur tout un cercle de lecteurs par la constante pureté de l’élocution, par un certain éclat de netteté, de grâce et de politesse, qui faisait dire à première vue : Que de fraîcheur ! […] C’était l’heure précisément où l’on venait de reprendre Corbie sur les Espagnols (14 novembre 1636), où Voiture écrivait à ce sujet la lettre si éloquente et si française qui, en révélant dans ce bel esprit un sens politique supérieur, est, à sa manière, une pièce d’histoire. […] Dans la pièce espagnole, scène correspondante, Diègue raconte que, voyant son ennemi étendu sans vie, il a porté la main à sa blessure et a lavé (à la lettre) avec le sang la place du soufflet sur sa joue ; et il arrive la joue encore teinte de ce sang.

1911. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Essai de critique naturelle, par M. Émile Deschanel. »

Il nous faut en prendre décidément notre parti, écrivains et gens de lettres : tout homme d’esprit qui est d’une profession, s’il a à s’en expliquer devant le public, surpasse d’emblée les lettrés, même par l’expression ; il a des termes plus propres et tirés des entrailles mêmes du sujet. […] Villemain excita en lui jusqu’à l’exaltation tout ce qu’il avait d’inclination littéraire ; il eut au plus haut degré le sentiment de sa vocation en ce genre ; il eut comme une vision de tout l’avenir qui lui était réservé s’il eût cultivé exclusivement les Lettres ; il lut page à page toute cette histoire de travaux, d’émotions, de succès, d’influence, qui aurait pu être la sienne aussi, et que son dévouement à des devoirs religieux avait tout entière annulée ; il vit à la fois tout ce qu’il avait sacrifié, et fut tenté (car c’est bien ainsi qu’il voyait la chose) d’un amer et indicible regret. […] Lettre de M. 

1912. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [II] »

Il ne se pique point d’ailleurs d’une stoïque opiniâtreté d’opinion, « principalement en matière de Lettres ». […] La vraie immortalité est de ce côté ; tous ces faiseurs de centons grecs et latins qui encombrent le pays des Lettres ne sont que des « reblanchisseurs de murailles » ; on ne peut même dire qu’ils imitent réellement un Virgile et un Cicéron : ils les transcrivent. […] Je relis le titre III de sa Lettre à l’Académie française, où il se plaint de la gêne et de l’appauvrissement que notre langue a subis depuis cent ans environ, et où il ose proposer le remède : c’est à croire, en vérité, qu’en écrivant ce chapitre, Fénelon se ressouvenait, sans le dire, de celui de Du Bellay dans l’Illustration.

1913. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo en 1831 »

Mais il apprend son danger : il avait deux logements, celui de la rue du Dragon, qu’il occupait, et celui de la rue Mézières, abandonné depuis peu et disponible ; vite il écrit à la mère de Delon, lui offrant un asile sûr pour son fils. « Je suis trop royaliste, madame, lui disait-il, pour qu’on s’avise de le venir chercher dans ma chambre. » La lettre fut simplement adressée à madame Delon, femme du lieutenant-de-roi, à Saint-Denis, et mise à la poste. […] Hugo n’y comprenait rien : il fallut lui expliquer que, dans le temps, sa lettre avait été décachetée à la poste, et mise le soir même sous les yeux du roi Louis XVIII, comme c’était l’usage pour toutes les révélations de quelque importance . Louis XVIII, après l’avoir lue, avait dit : « Je connais ce jeune homme ; il se conduit en ceci avec honneur : je lui donne la prochaine pension qui vaquera. » La lettre, recachetée par les suppôts de police, n’était pas moins arrivée à madame Delon, qui aurait pu donner dans le guet-apens.

1914. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LOYSON. — POLONIUS. — DE LOY. » pp. 276-306

Son plus piquant et son plus solide écrit politique est intitulé : Guerre à qui la cherche, ou Petites Lettres sur quelques-uns de nos écrivains ; il tire à droite et à gauche, sur M. de Bonald d’une part, sur Benjamin Constant de l’autre. […] On peut dire de lui ce que Rancé écrivait du poëte Santeuil : « Ce pauvre garçon s’attachait aux lieux où il passait, quand il lui plaisaient. » (Lettres de Rancé, publiées par M. […] Pline le Jeune, parlant d’un poëte de son temps (Lettres, I, 16), dit qu’il sait mêler avec art, dans ses élégies, à des vers doux et coulants, d’autres vers un peu durs (duriusculos quosdam), et qu’eu cela il fait comme Calvus ou comme Catulle.

1915. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Pierre Corneille »

De nos jours, les grands hommes dans les lettres, quand bien même, par leurs mémoires ou leurs confessions poétiques, ils seraient moins empressés d’aller au-devant des révélations personnelles, pourraient encore mourir, fort certains de ne point manquer après eux de démonstrateurs, d’analystes et de biographes. […] Mais il contracta en particulier avec Rotrou une de ces amitiés si rares dans les lettres, et que nul esprit de rivalité ne put jamais refroidir. […] Dans la correspondance de Malherbe avec Peiresc, il n’est presque pas une seule lettre où le célèbre lyrique ne se plaigne de recevoir du roi Henri plus de compliments que d’écus.

1916. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre II. Corneille »

Ce goût lui était commun avec sa génération, génération de patriotes, témoins curieux et volontiers acteurs du drame politique : les Lettres de Chapelain, le Ministre d’État de Silhon, jusqu’aux dissertations de l’indifférent Balzac, mais surtout les Mémoires de Retz nous l’ont comprendre de quel état d’esprit est venue et à quel état d’esprit s’adressait la tragédie cornélienne ; elle est politique, non historique. […] Comme Balzac, dans sa lettre sur Cinna, a su le dire très agréablement au poète, ses Romains ne sont que les Romains de Corneille. […] Lanson, Choix de lettres du xviie s.

1917. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les poètes décadents » pp. 63-99

Et le plus admirable, c’est qu’à ce propos nous recevions des lettres de félicitations. […] « Baju eut bientôt noué de nombreuses et cordiales relations dans le monde des lettres parisien. […] « Nous postposerons, à la suite, des variantes contradictoires propres, comme il nous semble, pour atténuer les lacunes et masquer les effondrements, heureux si nous érigeâmes ce “Grande signum et insigne” qu’atteste, dans une prose épiphanique, le Missel de Cluny, si nous pûmes restituer aux Lettres humaines ces Reliquaires jusqu’alors épars : les Rythmes effeuillés du Divin Jeune Homme, pareils aux clous d’or que sème, en la frappant du pied, l’Hippogriphe conculcateur de l’Omnipotente Béotie.

1918. (1902) L’œuvre de M. Paul Bourget et la manière de M. Anatole France

France, — en observant combien c’est une condition défavorable à ce qu’on pourrait appeler l’éducation métaphysique des facultés affectives, que la nécessité même, pour un homme moderne, d’adhérer de sa mesure à la vie sociale, et, pour un homme de lettres, celle de produire qui est encore moins sympathique. […] Et si le goût nous vient de parler de sa manière, c’est parce que ce sceptique — qui ne l’est que plus que d’autres — nous paraît n’avoir été et n’être avant tout qu’un ouvrier de lettres, voire un artisan, — un artisan original et éclectique, aussi éclectique que son bourgeoisisme est raffiné, aussi original que sa médiévale figure n’en finit pas d’être expressive. […] Et nous ne disons pas ces choses, pour en chicaner la lettre à l’auteur du Lys rouge.

1919. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XII. La littérature et la religion » pp. 294-312

Les lettres de Voltaire sur l’Angleterre, où il vulgarise les idées de Locke et les découvertes de Newton sur la gravitation universelle sont lacérées et brûlées solennellement ; l’ouvrage a été déclaré scandaleux, contraire à la religion, aux bonnes mœurs et au respect dû aux puissances. […] Mais si, suivant les temps, les lettres ont desservi ou servi la religion, si tour à tour elles ont raillé dans Tartufe l’hypocrisie dévote et dans M.  […] Ce n’est pas sans motif qu’après avoir protégé les lettres dans les siècles où elles végétaient, dociles comme des enfants, dans la tranquillité close des, monastères, elle les a poursuivies de son hostilité, combattues, condamnées, une fois que, douées par l’imprimerie d’une force inouïe d’expansion, elles se sont lancées hardiment à travers le vaste monde et ont appelé aux joies et aux luttes de la pensée les élites d’abord et les foules ensuite.

1920. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Gil Blas, par Lesage. (Collection Lefèvre.) » pp. 353-375

Devenu homme de lettres, Lesage rencontra un protecteur et un conseiller utile dans l’abbé de Lionne, l’un des fils de l’habile ministre. […] Le Diable boiteux précède très bien les Lettres persanes, mais il les précède d’un pas léger, sans aucune prétention au trait et sans fatigue ; il n’y a pas l’ombre de manière dans Lesage. […] (Diderot, Lettre sur les sourds et les muets.)

1921. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mademoiselle de Scudéry. » pp. 121-143

Le roman de d’Urfé, les lettres de Balzac, le grand succès des pièces de théâtre, de celles de Corneille et des autres auteurs en vogue, la protection un peu pédantesque, mais réelle et efficace, du cardinal de Richelieu, la fondation de l’Académie française, toutes ces causes avaient développé une grande curiosité, surtout chez les femmes, qui sentaient que le moment pour elles de mettre la société à leur niveau était venu. […] Lisez après ce chapitre celui qui traite « De la manière d’écrire des lettres » (en partie extrait de Clélie, et qui est dans les Conversations nouvelles), et vous comprendrez comment, sous ce romancier qui de loin nous paraît extravagant, il y avait en Mlle de Scudéry une Genlis sérieuse, une miss Edgeworth ; enfin que dirai-je ? […] En vain on essaierait aujourd’hui de protester contre cet arrêt irréfragable et d’énumérer tous les témoignages de consolation en faveur de Mlle de Scudéry, les lettres de Mascaron, de Fléchier, de Mme Brinon, supérieure de Saint-Cyr, de Mme Dacier, les éloges de Godeau, de Segrais, de Huet, de Bouhours, de Pellisson.

1922. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre III : La science — Chapitre II : De la méthode expérimentale en physiologie »

Il s’exprimait ainsi dans une lettre à Mertroud : « Toutes les parties d’un corps vivant sont liées, elles ne peuvent agir qu’autant qu’elles agissent toutes ensemble ; vouloir en séparer une de la masse, c’est la reporter dans l’ordre des substances mortes, c’est en changer complètement l’essence. » Ce n’est pas là, chez Cuvier, une opinion de circonstance et de fantaisie, une boutade émise en passant dans une lettre à un ami : c’est un principe important de sa philosophie scientifique, car il l’a reproduit et développé dans la Préface du règne animal, morceau mémorable qui contient les grands principes de sa philosophie zoologique. […] Tout dérive de l’idée qui seule dirige et crée ; ces moyens de manifestation physico-chimiques sont communs à tous les phénomènes de la nature, et restent confondus pêle-mêle comme les lettres de l’alphabet dans une boîte où cette force va les chercher pour exprimer les pensées ou les mécanismes les plus divers. » Cette remarquable page, où l’auteur développe à sa façon le principe que les philosophes appellent principe des causes finales, prouve qu’il y a dans les êtres vivants au moins une force initiale qui ne se réduit pas aux forces physiques et chimiques, et rien jusqu’ici ne porte à croire qu’elle s’y réduira jamais.

1923. (1694) Des ouvrages de l’esprit

Je ne sais si l’on pourra jamais mettre dans des lettres plus d’esprit, plus de tour, plus d’agrément et plus de style que l’on en voit dans celles de Balzac et de Voiture : elles sont vides de sentiments qui n’ont régné que depuis leur temps, et qui doivent aux femmes leur naissance. […] Si les femmes étaient toujours correctes, j’oserais dire que les lettres de quelques-unes d’entre elles seraient peut-être ce que nous avons dans notre langue de mieux écrit. […] peut-il briller autre chose dans l’églogue qu’un beau naturel, et dans les lettres familières comme dans les conversations qu’une grande délicatesse ?

1924. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Première partie. Écoles et manifestes » pp. 13-41

La Revue bleue et la Revue de Paris ont publié vers le même temps, l’une, les lettres de Boufflers, l’autre, les lettres de Flaubert. […] dans la poussière d’or, si tu sais méditer, t’enseignera des métaphysiques, etc. — »… Même ceux qui n’ont jamais mis les pieds hors de Paris, mais qui ont lu Mme de Sévigné (Lettre à M. de Coulanges. 1671, 22 juillet), n’ignorent pas que les faneuses sont des ouvrières qui tournent et retournent les foins fauchés pour en activer le dessèchement et empêcher la fermentation qui les aigrit et parfois les enflamme brusquement ; ce travail n’a rien de commun avec la moisson, qui est la récolte des blés et des orges et des seigles.

1925. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Nisard » pp. 81-110

Nisard dans les lettres. […] pour accuser d’avarice le Byron qui a donné à pur don ses lettres et ses Mémoires à Thomas Moore, et les restes de sa fortune, les dernières gouttes du sang de sa fortune comme les dernières gouttes du sang de ses veines, à la cause des Grecs. […] Noble douleur, anglaise et chrétienne, dont il a fini par mourir (Voir dans les Recollections la lettre à sa sœur que la mort a interrompue, comme les stances d’André Chénier).

1926. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Révolution française »

Les faits à l’appui de ces deux négations, qui gardent l’entrée de son livre, sont aussi péremptoires que nombreux, et non seulement ils enlèvent à la Révolution le caractère grandiose dont elle se trouvait revêtue quand on la croyait le résultat d’une gestation séculaire dans les entrailles de l’esprit humain, mais ils la privent encore de ses lettres de noblesse intellectuelle et lui interdisent la fastueuse prétention d’être une idée. […] Privé de Calonne, puis de Brienne, renversé par ce Parlement qu’il avait commis la faute immense de rétablir, Louis XVI appela à son aide contre ce Parlement insurrecteur les provinces, et, pour faire triompher les réformes, les hommes de lettres, auxquels il donna, par cela même, une importance qu’ils n’avaient ni dans l’opinion ni dans l’État. […] Une fois lâchés à leur tour contre le clergé, la noblesse et les parlements, qui soutenaient leurs privilèges respectifs, les gens de lettres, à qui on remit le fléau qui doit broyer tous les gouvernements dans un pays du tempérament de la France, je veux dire la liberté de la presse, ne s’arrêtèrent que quand la révolution fut consommée.

1927. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXIV. »

Là, plus qu’ailleurs, se sont marqués les rapides contrecoups de la France sur l’imagination et la pensée des hommes : d’abord, l’action des lettres françaises et de cette liberté spéculative reçue avec tant d’ardeur par les Italiens, depuis le noble philanthrope Beccaria jusqu’au noble poëte Alfieri ; bientôt après, un sentiment tout opposé, l’inquiétude, la résistance, soulevées dans quelques âmes du moins par les instincts de liberté et de justice contre le despotisme de la conquête et de l’opinion ; enfin, comme un dédommagement de tout, l’association plus ou moins apparente ou réelle du peuple assujetti dans les grandeurs du peuple conquérant assujetti lui-même. […] Un des caractères éminents de sa gloire, un des privilèges de son inspiration sera d’avoir échappé à la loi du temps, à ce raffinement du goût, à ce travail artificiel qui marque les époques un peu tardives de l’imagination, les retours et les arrière-saisons des lettres. […] Heredia, dans une lettre publiée par les journaux américains, avait raconté d’abord ce que ses vers ne pouvaient agrandir : « Mes regards, écrivait-il, se sont assouvis à contempler un des prodiges de la création.

1928. (1884) Propos d’un entrepreneur de démolitions pp. -294

Après Louis XIV, l’Étiquette devint ce que devient ordinairement toute grande Règle monastique après la mort de son fondateur, une lettre majuscule en tête de tous les chapitres de la médiocrité ; une lettre dont l’esprit s’efface, indéchiffrable à force d’être surchargée. […] L’homme de lettres sans principes ou sans art et l’empoisonneur sont identiques. Or, presque tous les gens de lettres sont dans une indigence absolue d’art et de principes. […] Il est peu d’hommes de lettres et de rédacteurs en chef qui ne connaissent M.  […] Quant à d’Aurevilly, je fais ce que je peux, mais ce garçon-là me donne bien du souci. » Il en use avec les gens de lettres comme Dieu avec le jeune roi Salomon.

1929. (1891) Impressions de théâtre. Cinquième série

sans se fâcher, — et envoie, devant elle, la lettre qui renferme le congé de Krogstad. […] Voici une lettre que M.  […] Elle écrit à son mari une belle lettre qui la fait pleurer. […] Vous vous rappelez la lettre à Métella ? Elle est bien simple, cette lettre, sans prétention, sans affectation d’aucune sorte.

1930. (1885) L’Art romantique

Nous causâmes ensuite de l’hygiène, des ménagements que l’homme de lettres doit à son corps et de sa sobriété obligée. […] Quelle ardeur chez l’homme de lettres de ce temps, et quelle curiosité, quelle chaleur dans le public ! […] Quand il faut être peintre, le Français se fait homme de lettres. […] Ces soldats eux-mêmes, hommes de lettres ! […] Mais si je vois un homme de lettres, non opprimé par la misère, négliger ce qui fait la joie des yeux et l’amusement de l’imagination, je suis tenté de croire que c’est un homme de lettres fort incomplet, pour ne pas dire pis.

1931. (1925) Les écrivains. Première série (1884-1894)

Bref, ce littérateur aimable ne dépasse pas la moyenne, et l’on pourrait compter, de par le monde des lettres, infiniment d’écrivains qui ne sont ni meilleurs ni pires que M.  […] Les seize lettres magiciennes qui gaiement dansent et rient sur la couverture hilare disposent à la joie, même les plus récalcitrants. […] Pourtant, quelques-unes de ces lettres et quelques-uns de ces articles n’ont pas été sans me troubler profondément. […] C’était le type de l’homme de lettres du dix-huitième siècle. […] Je ne saurais mieux terminer cet inutile verbiage qu’en reproduisant la lettre par laquelle M. 

1932. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Léopold Robert. Sa Vie, ses Œuvres et sa Correspondance, par M. F. Feuillet de Conches. — [Note.] » pp. 444-445

Je sais qu’il s’en défend dans une des lettres que je vous envoie ; mais cette défense est une petite dissimulation de sa timidité.

1933. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — Revue littéraire. Victor Hugo. — M. Molé. — Les Guêpes »

Nous n’avons pas besoin de renouveler ici l’expression de nos vœux et de notre entière sympathie pour ce noble esprit, judicieux, élégant, ami des lettres, nourri par elles de bonne heure, et l’ayant prouvé par deux ouvrages que ses Mémoires, dès longtemps écrits, devront un jour couronner.

1934. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Première partie. Préparation générale — Chapitre premier. De la stérilité d’esprit et de ses causes »

On s’attend à s’épancher : on se trouve à sec, si l’on ne veut nourrir ses causeries et ses lettres de commérages et de niaiseries, ou remplir son journal du détail extérieur et insignifiant de sa vie.

1935. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Ponchon, Raoul (1848-1937) »

[Lettre dans l’Enquête sur l’évolution littéraire (1891).]

1936. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » pp. 163-165

Celui-ci étoit fort jeune lorsqu’il débuta dans les Lettres par la Tragédie de Coligni, & par des Poésies légeres dont il prépare une édition plus digne du Public, que celle qui a paru en trois volumes, & qu’il désavoue.

1937. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » pp. 179-182

Il entra en lice avec Ménage, Richelet, Mlle Scudéry, & quelques autres Gens de Lettres de son temps.

1938. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 241-244

N’eût-il fait que ce Mémoire, M. de Beaumarchais mériteroit de figurer dans le petit nombre des Gens de Lettres qui, au mérite d’écrire avec autant de clarté que de corrections, réunissent le talent de nourrir la curiosité du Lecteur, par un style aussi varié que piquant.

1939. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 90-93

Dans un autre Ouvrage, qui est aussi une espece de Rhétorique, publiée en 1666, cet Auteur donne cet avis à la fin de sa Préface : Ceux qui auront besoin de quelques Discours, Harangues, Lettres, Complimens, &c, pourront s'adresser à moi ; je loge dans la Place Dauphine, à la Renommée, deuxieme appartement.

1940. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Réponse à une lettre de M. Grimm » pp. 205-206

Réponse à une lettre de M. 

1941. (1896) Les époques du théâtre français (1636-1850) (2e éd.)

Vous n’avez aussi bien, pour vous en assurer, qu’à lire les Lettres de Balzac ou celles de Voiture, qu’à parcourir le répertoire de Hardy, de Mairet, de Rotrou, de Scudéri. […] On en donnerait plus d’une bonne raison, dont la meilleure est sans doute celle-ci, que nos gens de lettres, étant pour la plupart aux gages de quelque grand seigneur, et faisant partie, comme l’on disait, de son domestique, ne pouvaient pas railler publiquement leurs patrons. […] Il sait que les mots expriment des idées, et que celui-là ne serait qu’un mandarin de lettres ou, moins encore, un baladin, qui faisant son état d’étudier et de représenter les mœurs de son temps, et d’en ridiculiser les défauts, et d’en attaquer les vices, ne se proposerait pas, en les attaquant, de les vaincre, en les ridiculisant, de les détruire, et, en les étudiant, d’en chercher le remède. […] Enfin, au signal donné par Louis XIV, les conditions commençaient à se mêler davantage ; l’homme de lettres s’émancipait de la protection des financiers ou des grands seigneurs pour passer sous celle du prince ; et pour être « du monde », quand on était Boileau, quand on était Racine, il allait suffire bientôt de le vouloir. […] Vous connaissez cette « cause célèbre » et si par hasard vous l’aviez oubliée, vous en retrouveriez au besoin l’émotion toute palpitante encore, dans les Lettres de Mme de Sévigné.

1942. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre I. Décomposition du Moyen âge — Chapitre I. Le quatorzième siècle (1328-1420) »

C’est l’honneur des Valois, même les plus fous et les plus vains, d’avoir aimé toujours les lettres et les livres ; le roi Jean, le duc de Berry son fils, donnaient des commandes aux écrivains, recherchaient ou faisaient faire les beaux manuscrits. […] Il écrit encore en latin scolastique, et cite abondamment Ovide : mais déjà le trio de ses auteurs favoris, de ses idoles, c’est Cicéron, Virgile et Térence : déjà sa culture est toute païenne, et jusque dans une lettre au pape sur les maux de l’Église, il ne trouve à citer que Térence, au grand scandale du pieux Gerson. […] Le profit que la littérature française reçoit de cet essai de renaissance des lettres anciennes est manifeste. […] Voici les principales formules : les lettres majuscules marquent les refrains.

1943. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « M. Deschanel et le romantisme de Racine »

Deschanel reproche durement à Racine ses deux lettres à MM. de Port-Royal, sa brouille avec Molière, les allusions à Corneille dans la préface de Britannicus, sa froideur en apprenant la mort de la Champmeslé, la prise de voile de ses filles, je ne sais quoi encore. […] Les deux lettres (la seconde non publiée, mais gardée en portefeuille par une faiblesse bien humaine) sont assurément regrettables : c’est beaucoup trop d’aller, en en parlant, jusqu’à l’indignation. […] L’homme de lettres, l’artiste, celui qui, par métier, observe, analyse et exprime ses propres sentiments et par là développe sa capacité de sentir, reçoit de tout ce qui le touche et, en général, du spectacle de la vie des impressions plus fortes et plus fines que le vulgaire : ce n’est pas là, j’imagine, une infériorité pour l’artiste, même en admettant que cette impressionnabilité excessive ne soit qu’un jeu divin, une duperie volontaire et intermittente et qui ne serve qu’à l’art. […] On ne les prend plus au pied de la lettre, mais comme les signes d’une situation ; on les oublie presque pour ne s’attacher qu’à ce qu’il y a de tristement éternel et d’applicable à nous chétifs dans ces peintures typiques du drame des passions humaines.

1944. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre cinquième »

Comme poétique de la tragédie, il n’y a rien à ajouter aux enseignements de ses préfaces, à ses jugements sur ses prédécesseurs, à tant de pensées profondes, écrites, comme en se jouant, dans ses lettres, où elles semblent n’être que des grâces du style épistolaire. […] Et n’est-il pas plaisant de voir Voltaire lui-même, dans ses charmantes lettres, donner des démentis aux pédants qui s’enflaient pour le louer ? […] Telle est toutefois la difficulté de ce grand art et la séduction des beaux vers, ne fussent-ils que brillants, que l’œuvre des imitateurs de Voltaire doit être mentionnée avec honneur dans une histoire des lettres françaises. […] J’ai lu des lettres où il parle de ses pièces, non en auteur qui s’y admire, mais en père qui se complaît dans des enfants honnêtes et bons.

1945. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre IV. Shakespeare l’ancien »

Cette bibliothèque offrait cette particularité : d’un côté, il y avait Hésiode, Sophocle, Euripide, Platon, Hérodote, Thucydide, Pindare, Théocrite, Anacréon, Théophraste, Démosthène, Plutarque, Cicéron, Tite-Live, Sénèque, Perse, Lucain, Térence, Horace, Ovide, Properce, Tibulle, Virgile, et, au-dessous on lisait gravé en lettres d’or : Amo ; de l’autre, il y avait Eschyle seul, et au-dessous, ce mot : Timeo. […] Les lettres de l’alphabet grec ne sont autre chose que les lettres de l’alphabet phénicien, retournées. […] Il raconte dans une de ses lettres qu’un jour François de Sales lui avait dit : L’Église rit volontiers.

1946. (1857) Articles justificatifs pour Charles Baudelaire, auteur des « Fleurs du mal » pp. 1-33

Baudelaire a eu la fortune, et a l’honorable candeur de la redemander aux lettres. […] Comme il n’est pas de brevet pour l’invention poétique, il n’est aujourd’hui fils de bonne maison, pourvu du grade de bachelier ès lettres, et ayant un peu de lecture, qui ne parvienne à coudre convenablement ensemble quelques hémistiches de nos poètes modernes. […] Ce mot, que je n’oserais même désigner par la lettre initiale, n’est cependant que le féminin d’un autre mot que tout le monde prononce et qui indique un jeune homme non marié. […] Faites-leur lire l’Histoire des Voyages ou les Lettres édifiantes ; abonnez-les aux bibliothèques paroissiales ; mais écartez d’elles tout livre qui a l’Art ou la passion pour but ; vers, romans, pièces de théâtre, le meilleur n’en vaut rien pour elles.

1947. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Crétineau-Joly »

Quelle qu’ait été la pureté des intentions du cardinal Ganganelli et l’étendue de ses secrètes espérances quand il posait tout un pontificat sur le dé de cette lettre fatale, il s’agit, en fin de compte, tout simplement, de savoir si la chance a été pour l’Église, si l’engagement souscrit fut ou non un épouvantable malheur… Or, qui le niera ? […] En vain Clément invoquait Louis XV, ce roi sans cœur et sans mains, à qui il ne restait qu’un œil clairvoyant pour voir l’abîme dans lequel il tombait : « Je ne puis pas — dit le Pape dans ses lettres — condamner un Ordre exalté par dix-neuf de mes prédécesseurs. […] Cédant aux conseils perfides de Bernis, il écrivit à Charles III une lettre qui le liait encore plus que le billet d’avant son élection. […] Avec son caractère honnête, scrupuleux, effrayé du bruit, on le tenait un jour ou l’autre par une pareille lettre.

1948. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre premier. Des principes — Chapitre II. Axiomes » pp. 24-74

Plus tard, lorsqu’on n’avait pas de lettres pour écrire les lois, lex désigna nécessairement la réunion des citoyens, ou l’assemblée publique. […] Enfin l’action de recueillir les lettres, et d’en faire comme un faisceau pour former chaque parole, fut appelée legere, lire. […] Les lettres latines, comme l’observe Tacite, étaient semblables aux anciennes lettres grecques  ; et pourtant Tite-Live pense qu’au temps de Servius Tullius, le nom même de Pythagore qui enseignait alors dans son école tant célébrée de Crotone n’avait pu pénétrer jusqu’à Rome.

1949. (1874) Premiers lundis. Tome II « Hippolyte Fortoul. Grandeur de la vie privée. »

Simiane n’est autre chose qu’un Rousseau anticipé, un Rousseau qui n’a pas voulu l’être ; né dans les Alpes aussi, venu à Paris jeune et orphelin, avec mille livres de rente, il a tenté la route des lettres ; il a porté à Montesquieu un manuscrit, que le grand homme a jugé très favorablement ; il a fréquenté le café Procope et causé avec les beaux esprits. […] Simiane va porter son écrit à Montesquieu, que les Lettres persanes ont placé à la tête de la réaction qui s’est prononcée contre la grandeur et le despotisme de Louis XIV.

1950. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre III. L’écrivain »

Nous ne savons marcher qu’au signal d’autrui sous un chef, et dans les compartiments du grand établissement latin qui, par l’Eglise, l’Etat, le droit, la langue, la foi, les lettres, nous enrégimente et nous mène depuis dix-huit cents ans. […] Lettre de Vergier à Mme d’Hervart.

1951. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre I. Publicistes et orateurs »

Gréard,Lettres de P. […] Caro (1826-18S7), professeur à la Faculté des Lettres de Paris en 1864. — Édition : Œuvres, Hachette, 17 vol. in-16 (Études morales sur le temps présent, 2 vol.

1952. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre IV. La littérature et le milieu psycho-physiologique » pp. 126-137

Rousseau dit en parlant de certaines lettres de Saint-Preux : « Quiconque ne sent pas amollir et fondre son cœur dans l’attendrissement doit fermer le livre. » Les apostrophes, les élans passionnés, les effusions lyriques, les explosions d’éloquence, d’indignation, d’enthousiasme animent mille pages fiévreuses ; et si l’emphase, les tirades creuses et sonores les phrases ampoulées abondent également, si la sentimentalité fade et la sensiblerie fausse donnent une saveur écœurante à des ouvrages médiocres et gâtent çà et là ceux des meilleurs écrivains, c’est que, à toute époque, défauts et qualités sont intimement unis, c’est que toute forme d’esprit a, comme toute médaille, un revers et que ce revers est d’ordinaire la caricature de l’autre face. […] Théophile Gautier l’a décrit avec amour48 : « Ce nez invraisemblable se prélasse dans une figure de trois quarts, dont il couvre entièrement le petit côté ; il forme sur le milieu une montagne qui me paraît devoir être, après l’Himalaya, la plus haute montagne du monde ; puis il se précipite vers la bouche qu’il obombre largement, comme une trompe de tapir, ou un rostre d’oiseau de proie ; tout à fait à l’extrémité, il est séparé en deux portions… Cela fait comme deux nez distincts, dans une même face, ce qui est trop pour la coutume… » Les gens de lettres sont alors riches en particularités comiques du même genre.

1953. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « De la question des théâtres et du Théâtre-Français en particulier. » pp. 35-48

J’ai cru remarquer que, même dans les lettres, dans cette république des lettres, le plus sûr, pour que les choses aient quelque ensemble, c’est qu’il y ait au fond quelqu’un, un seul ou un petit nombre, qui tienne la main.

1954. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 34, que la réputation d’un systême de philosophie peut être détruite, que celle d’un poëme ne sçauroit l’être » pp. 489-511

Ce n’est donc pas d’aujourd’hui que les gens de lettres ont tâché de s’acquerir, en contredisant les opinions reçûës, la réputation d’hommes qui avoient des vûës supérieures, et qui étoient nez pour donner le ton à leur siecle, et non pour le recevoir de lui. […] De même nos premieres méditations nous révoltent quelquefois contre les opinions que nous trouvons établies dans la république des lettres, mais des refléxions plus sensées sur la maniere dont ces opinions se sont établies, des lumieres plus étenduës et plus distinctes sur ce que les hommes sont capables de faire, notre expérience enfin nous ramene nous-mêmes à ces opinions.

1955. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’Empire Chinois »

Voici un livre d’observateur sur le vif, de voyageur en dehors des livres, d’homme qui a fait le sien à la sueur de son front et à la poussière de ses sandales, qui a vécu dix ans dans le pays dont il parle, plongé dans les difficultés de la langue de ce pays et dans le secret de ses mœurs, et qui, de la plus haute moralité, — de cette moralité de prêtre qui donne à la parole humaine, toujours suspecte quand elle nous revient de si loin, l’autorité qu’elle doit avoir pour être acceptée, — nous apporte sur la Chine un de ces renseignements, éclairés et complets, tels qu’on n’en avait pas revu depuis la publication des Lettres édifiantes. […] L’autorité paternelle, en laquelle nous avons cru pendant des siècles, parce que nous acceptions, comme un fait qui vivait, la lettre morte d’une législation dépassée par les progressistes chinois, l’autorité paternelle, que Huc nous montre, comme le reste de cet empire, qui s’évapore en formules, ne reprendra pas le sceptre domestique échappé de ses mains.

1956. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VII. »

Le grand et durable renom du poëte donna tant d’éclat à cette tradition anecdotique qu’elle suggéra, dans le déclin du génie grec, la composition de sophiste la plus étrange, un recueil de lettres dans lequel l’impitoyable Phalaris, tout en étalant ses vengeances, y compris le taureau d’airain enflammé où il brûlait ses victimes, se montre plein d’admiration pour Stésichore, déclare ce poëte un objet sacré, comble d’honneurs sa vieillesse, et, à sa mort, presse les Himériens de lui élever un temple81. […] À la même époque, les Romains, à la fois instruments et victimes du pouvoir absolu, connaissaient mieux la haine instinctive que ce pouvoir porte au génie des lettres.

1957. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 3665-7857

Le même rapport de convenance a déterminé le caractere de la comédie sur tous les théatres de l’Europe, depuis la renaissance des Lettres. […] Le style de la lettre est libre, simple, familier. […] C’est une tâche pénible & difficile ; mais avec des talens, de l’exércice & du zele, on peut faire beaucoup pour le progrès des Lettres, du goût & de la raison. […] On doit se défier de son témoignage ; il n’est pas libre : mais qui oblige l’homme de Lettres à se trahir lui-même & ses semblables, la nature & la verité ? […] Mais à l’égard des vivans mêmes, quel parti doit prendre l’homme de Lettres, à la vûe des succès injustes & des crimes heureux ?

1958. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « IX » pp. 33-36

C'est à la lettre.

1959. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — A — Ackermann, Louise (1813-1890) »

[Rapport sur le progrès des lettres, par MM. 

1960. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Houssaye, Arsène (1815-1896) »

[Rapport sur le progrès des lettres, par MM. 

1961. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 264-267

Mais c’étoit un fait dont j’avois été long-temps témoin oculaire ; & c’est ce que je suis en état de prouver par plusieurs lettres de Madame de la Fayette, & par l’original du manuscrit de Zaïde, dont elle m’envoyoit les feuilles à mesure qu’elle les composoit ».

1962. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 368-371

L’Observateur Hollandois, espece de Journal Politique, composé de quarante-sept Lettres, n’eut pas plutôt paru, que tous les Connoisseurs applaudirent à la sagacité, aux connoissances profondes, à la méthode, à la netteté, avec lesquelles l’Auteur développe les intérêts & la situation des différentes Puissances de l’Europe.

1963. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 555-559

Le Pour & le Contre, le Journal Etranger auquel il a travaillé, donnent une idée assez favorable de ses talens, en matiere de saine & belle Littérature, pour faire croire qu’il eût pu honorer les Lettres, sans avoir aucun reproche à redouter pour sa gloire.

1964. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre XIII. Des Livres de Médecine, de Botanique, de Chymie, d’Anatomie, de Chirurgie, &c. » pp. 325-328

Le même auteur a donné ensuite un Essai sur la santé des gens de lettres, & un autre sur celle des gens du monde : tous les deux très-bien faits.

1965. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIVe entretien. Littérature, philosophie, et politique de la Chine » pp. 221-315

Vous vous répondrez : C’est celui qui fait de la culture des lettres la condition de toute fonction publique dans l’État, et qui d’examen en examen extrait de la jeunesse ou de l’âge mûr et même de la vieillesse, les disciples les plus consommés en sagesse, en science, en lettres humaines, pour les élever de grade en grade dans la hiérarchie des dignités ou des magistratures de l’État. […] Les lettres et les lois sont une seule et même chose dans ce vaste empire. […] Si l’idolâtrie a été ridiculisée tant de fois par nos gens de lettres, si elle n’a jamais pu devenir la religion du gouvernement, quoiqu’elle fût celle des empereurs (depuis les conquêtes des Tartares et l’introduction des superstitions des Indous), nous le devons à ces livres… « Comme ils font aussi toute notre histoire, ajoute l’écrivain chinois, il est clair qu’on y doit trouver des détails uniques pour la connaissance des mœurs dans cette longue suite de siècles, détails d’autant plus intéressants que les poésies qu’on y voit sont plus variées et embrassent toute la nation depuis le sceptre jusqu’à la houlette. […] « Il estime les gens de lettres, mais il ne mendie pas leurs suffrages ; il ne s’abaisse ni ne s’élève devant eux ; il se contente de ne pas les offenser, et de les traiter avec honneur quand ils viennent à lui.

1966. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXe entretien. Œuvres diverses de M. de Marcellus (3e partie) et Adolphe Dumas » pp. 65-144

Il y avait là tout ce qui cultive les lettres pour elles-mêmes, sans exception d’opinion, de parti, de dynastie. […] Jules Janin, cet homme qui a autant d’esprit que Voltaire, autant d’érudition littéraire que Fontenelle, autant de bon sens que Boileau, autant de cœur qu’une jeune fille quand elle verse ses premières larmes dans le sein de sa mère sur la mort de son serin…, Jules Janin, ce véritable homme de lettres, en action perpétuelle depuis trente ans, qui a tout vu, tout su, tout retenu, tout raconté, et dont le sentiment est éternellement jeune parce qu’il est sans cesse renouvelé par la verve aimable de ce cœur qui ne s’est jamais racorni sous la mauvaise humeur. […] Oui, car je le sais, et j’y ai visité deux fois des proscrits intéressants de la littérature ; là vivent aussi quelques hommes de lettres vagabonds, innomés, cachés comme dans des antres, d’où, ils effrayent de leur aspect les pauvres et honnêtes familles de leurs voisins. Ils y végètent du salaire de quelques articles empoisonnés qu’ils envoient à des journaux avides de scandale ; et si vous avez eu le malheur de répondre à leurs lettres et de céder à votre cœur en leur portant secours, une autre fois ils vous menacent, en sifflant comme la vipère sous la pierre où elle est cachée, de vous dénoncer ou de vous mordre ; espérant arracher à la peur ce que la main vide ne peut plus leur apporter. […] ou M. de Sainte-Beuve qui a écrit des Consolations, ou M. de Guérin qui a écrit le Centaure, ou Ugo Foscolo qui a écrit les Lettres de Jacopo Ortis, ou M. de Surville qui a écrit les Poésies de Clotilde ?

1967. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XV. La littérature et les arts » pp. 364-405

Mais on pourrait dire que parmi ces sœurs immortelles quelques-unes sont plus étroitement liées ensemble que les autres, ou, pour parler en style plus moderne, que, s’il y a, par exemple, cousinage entre les lettres et les sciences, il existe une parenté plus rapprochée entre les lettres et les arts. Les lettres et les arts ont ceci de commun que les unes et les autres visent essentiellement à plaire, poursuivent également et avant tout la beauté. […] Le chapitre du poète est curieux à lire : on ne saurait le prendre au pied de la lettre. […] Et, en effet, ce qui fleurit dans cette première moitié du xviiie  siècle, c’est une littérature souriante, gracieuse, sachant donner un air de frivolité aux choses les plus graves, témoin les Lettres Persanes de Montesquieu.

1968. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1874 » pp. 106-168

Derrière sa dépouille ont emboîté le pas, du militaire, du civil, de l’académique, avec la populace des lettres. […] Une lettre de Zola me convie, aujourd’hui, à aller voir la répétition de sa pièce (Les Héritiers Rabourdin). […] Aujourd’hui, à propos de Mme de Sévigné, ce brutal de Charles Blanc s’emporte à froid, et proclame que la femme contemporaine de Vauban, et qui a médit des paysans dans un alinéa de ses lettres, ne peut pas avoir de talent. Il ajoute que toutes les femmes écrivent aussi bien qu’elle, et qu’il apportera, la prochaine fois, cent cinquante lettres de femmes qui valent les lettres de la très célèbre épistolière.

1969. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Conclusions »

Comme la rose et comme l’orchidée double, l’homme supérieur, l’artiste, l’homme de lettres, est un monstre, un être factice et délicat, incomplet en certaines parties, anormalement développé en d’autres. […] L’homme de lettres, en prenant cette désignation dans un sens choisi, est par définition un homme supérieur, c’est-à-dire dont l’activité cérébrale dépasse celle d’une unité sociale moyenne : c’est-à-dire encore un homme qui dépense sa plus grande somme d’énergie à penser. […] Le nom d’Edgar Poe est peu répandu parmi les lecteurs étrangers au monde des lettres ; parmi les artistes, au contraire, sa gloire est universellement reconnue. […] Elles ont recueilli le suffrage du principal organe des classes aisées en France, de la Revue des deux Mondes ; elles sont souvent citées dans les journaux des boulevards ; le nom de Heine apparaît parfois dans des conversations de gens étrangers aux lettres. […] À l’autre confin des lettres, l’esprit « tout en idées » des frères de Goncourt, leur plaisanterie poétique, lumineuse, voltigeante, certaines « parades » de Ch.

1970. (1905) Propos de théâtre. Deuxième série

(Cela tient à ce que 1820-1850 fut un temps de femmes de lettres et que, par conséquent, le public était enchanté de voir moquer les femmes de lettres sur le théâtre.) […] La lettre de M.  […] C’est bien le premier des hommes de lettres pour qui le métier d’écrire a été une industrie. […] Elle n’y intervient que par une lettre. […] , lettre où est prouvé que Concini a trempé dans l’assassinat d’Henri IV, lettre qui, on ne sait comment, est en la possession de Borgia.

1971. (1854) Causeries littéraires pp. 1-353

Et les gens de lettres ! […] Le beau moment du dix-septième siècle dans la guerre et les lettres ! […] Quelle lettre ! […] Tous les hommes sérieux accueillirent ces Lettres avec une vive sympathie, et M.  […] Texier se demande si ces Lettres ne seraient pas d’un libéral désabusé.

1972. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (1re partie) » pp. 313-408

Lettre à M.  […] Lamartine m’en remercia par une lettre qui exprime bien les préoccupations et les pensées de ce temps, et qui en fixe exactement la nuance. […] Le grand nombre de lettres particulières d’inconnus, que je reçois tous les jours, me font assez bien augurer pour l’avenir de cette publication… « Je suis enfin au lieu du repos ; les élections l’ont un moment troublé ; mais elles sont partout comme ici, si prononcées dans un sens hostile qu’il n’y a plus rien à faire qu’à s’envelopper de son manteau et à attendre les événements. […] « Mon cher Delorme, « Sachant que j’ai écrit à Hugo au sujet d’Hernani, peut-être, en recevant ma lettre, allez-vous croire que je veux me faire le thuriféraire de toute l’école romantique. […] « Qu’allez-vous conclure de ma lettre ?

1973. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre huitième »

Les ouvrages de sentiment ont seuls le privilège de nous toucher ; et s’ils sont les premiers dans l’ordre des productions de l’esprit humain, c’est que de tous les effets des lettres et des arts ils produisent le plus grand, qui est de tirer des larmes du cœur de l’homme. […] Quoique le dix-septième siècle soit l’époque où la société française a été la plus naturelle, et qu’en aucun temps l’homme ne se soit mieux connu, il s’est mêlé aux sentiments si vrais, et au langage si sain de cette époque unique, quelque chose qui est aux lettres ce que l’étiquette est aux usages. […] Sentiment sublime, il est sans vicissitude et sans combats ; flamme inextinguible, l’âme qui l’a une fois reçue, la garde et l’entretient tant que dure la vie, et s’exhale avec elle ; passion plus semblable à une vertu qu’à une faiblesse, elle se contente par elle-même et n’a pas besoin de retour ; religion de la famille, les lettres et les arts, qui nous repaissent les yeux des tableaux de l’autre amour, laissent respectueusement l’amour maternel au foyer domestique et n’en amusent pas nos imaginations. […] Corneille prenait ces fameuses règles un peu trop à la lettre. […] En 183…, j’étais, pour un soir, l’hôte d’une famille allemande nombreuse et respectable, où l’on s’occupait beaucoup de lettres françaises, et où l’on en parlait avec goût, et dans le plus pur français.

1974. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LIV » pp. 209-212

— Les Lettres de M.

1975. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXXXII » pp. 328-331

Il y a bien longtemps que Fénelon, dans sa Lettre à l’Académie française, semble avoir reconnu cette infériorité de la poésie française, en comparaison de la poésie des Anciens.

1976. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bonnières, Robert de (1850-1905) »

C’est un régal d’amateur que ce travail d’amateur ès lettres, si gentiment enlevé.

1977. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — F — France, Anatole (1844-1924) »

Si le socialisme régnait dans la République des lettres et qu’on y fît la répartition du travail, il faudrait confier à cet artiste le soin des plus petits bijoux pour les tailler et les mettre au point.

1978. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XX. Conclusion » pp. 499-500

Voir les lettres que nous avons échangées à ce sujet : Études sur la France contemporaine, pp. 52-62.

1979. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 343-347

Cette attention est sur-tout nécessaire dans son Examen des Apologistes de la Religion Chrétienne, Ouvrage où il empoisonne & altere tous les faits qui contredisent ses idées, à peu près comme certains tempéramens convertissent en humeurs malignes tous les alimens qu’ils prennent, Sa Lettre de Trasibule à Leucipe est encore plus dangereuse.

1980. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — H — article » pp. 497-500

Quoi qu’il en soit, il étoit peu jaloux de la gloire que donnent les talens, comme il le paroît par une Lettre adressée à son Eleve, pour l’exhorter à ne pas tant s’appliquer à l’étude.

1981. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 121-125

C’est surtout en fait de Traduction, que la lettre tue & que l’esprit donne la vie.

1982. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 448-452

Cet Auteur estimé, chéri, & recherché de tous ceux qui le connoissent, est peu connu dans les Lettres, parce qu’il ne les cultivent que pour son amusement, & qu’il dédaigne l’éclat.

1983. (1896) Essai sur le naturisme pp. 13-150

La noblesse de son attitude, enfin, lui valut, sinon le respect, la précieuse indifférence de la roture de lettres. […] Aussi use-t-il de l’ironie en gentilhomme de lettres, qui en connaît toutes les passes et les parades. […] Au temps où il débuta dans les lettres régnait la plus étrange confusion. […] Relativement au vers, ou sur les destinées des lettres, il ne nous a laissé aucune divagation. […] Il n’y a pas, je pense, dans les lettres françaises d’aussi fondamentale antithèse que ces deux personnages littéraires.

1984. (1908) Après le naturalisme

Si l’anarchie se manifeste dans la république des Lettres, les causes en sont dues à d’autres facteurs que lui. […] Elle a l’évidence des lettres et des chiffres. […] Une réforme qu’on impose de la seule volonté des pouvoirs et sans autre fondement que le rouage administratif reste lettre morte. […] Trianons pour femme de lettres. […] Les lettres périclitent sous la tentative d’un individualisme inadmissible.

1985. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre II. Dryden. »

D’autre part, les lettres, rapprochées du monde, entraient dans les affaires du monde, et d’abord dans les petites disputes privées. Pendant que les gens de lettres apprennent à saluer, les gens de cour apprennent à écrire. […] Ses lettres sont composées de grosses civilités officielles, de compliments vigoureusement équarris, de révérences mathématiques ; son badinage est une dissertation ; il étaye les bagatelles avec des périodes. […] Les lettres d’Horace, quoique en vers, sont de vraies lettres, agiles, de mouvement inégal, toujours improvisées, naturelles. […] Lettre à Dennis.)

1986. (1896) Le IIe livre des masques. Portraits symbolistes, gloses et documents sur les écrivains d’hier et d’aujourd’hui, les masques…

Seule revue d’art pendant deux ans, elle avait eu un rôle important, celui, peut-être, de gardien du sanctuaire, héritière de tous ces recueils ouverts à la seule littérature avouable qui s’étaient succédé depuis presque un demi-siècle, la Revue française, la Revue fantaisiste, la Revue des Lettres et des Arts, le Monde Nouveau, la République des Lettres. […] Ghil, d’autre part, a voulu lier le bruit des consonnes aux sons d’une série d’instruments d’orchestre ; ainsi : r avec une lettre rouge, o, par exemple, répond à « la série grave des Sax » et aux idées de domination, de gloire, etc. ; la même lettre r jointe à une lettre or, u, par exemple, répond à « la série des trompettes, clarinettes, fifres et petites flûtes et aux idées de tendresse, du rire, d’instinct d’aimer », etc. […] On nous soumet périodiquement, avec emphase, de nouvelles théories de la vie ; elles sont bonnes durant quelques mois, parce qu’elles nous font réfléchir, mais aucune n’a encore proféré la première lettre de la première syllabe du mot. […] Enfin, et pour résumer l’impression que donne la vue panoramique de cette double existence, si noblement prolongée par l’un d’eux jusque vers l’extrême vieillesse, les Goncourt furent de miraculeux hommes de lettres. Victor Hugo souligna un jour sur un contrat son nom de ces mots si vilipendés : homme de lettres.

1987. (1874) Premiers lundis. Tome II « Sextus. Par Madame H. Allart. »

Familière dès longtemps avec ces types qu’elle perfectionne en secret et qu’elle aime, la femme distinguée qui a écrit ce livre n’a pas songé qu’il y avait lieu à une composition, et, dans un grand nombre de cas, elle a raconté ce qui les touche de plus important et de plus intime, en peu de mots, avec une sorte de brève négligence, comme on fait à la fin d’une lettre, lorsque le jour baisse ou que le papier manque.

1988. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Cros, Charles (1842-1888) »

Enfin fouillez les publications exclusivement consacrées aux belles et bonnes lettres, d’il y a quelque temps, la Renaissance, la Revue du monde nouveau, plus récemment, la Décadence, etc.

1989. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Table »

Une Capitulation, par Richard Wagner, fragments traduits, avec la préface et la lettre à M. 

1990. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 120-124

DELILLE, [Jacques] Abbé, Professeur au Collége de la Marche, né en 17.. a débuté dans la carriere des Lettres par des Odes & des Epîtres qui ne le distinguoient de ses Rivaux, que par une versification heureuse & pittoresque.

1991. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre troisième. Histoire. — Chapitre II. Causes générales qui ont empêché les écrivains modernes de réussir dans l’histoire. — Première cause : beautés des sujets antiques. »

Il se présente ici une objection : si le christianisme est favorable au génie de l’histoire, pourquoi donc les écrivains modernes sont-ils généralement inférieurs aux anciens dans cette profonde et importante partie des lettres ?

1992. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre XI. Des Livres sur la Politique & le Droit Public. » pp. 315-319

Plusieurs chapitres sont dignes des Lettres Persannes.

1993. (1890) Les romanciers d’aujourd’hui pp. -357

Lisez ou relisez les Lettres de ma chaumière. […] Edmond et Jules de Goncourt sont entrés dans les lettres par un roman intitulé : En 18.. […] Sainte-Beuve, qui nous apparaissait dans l’éloignement comme le modèle des honnêtes hommes de lettres, n’échappe pas à cette justice amère et rétrospective. […] Cf. les Souvenirs d’un homme de lettres (« Une lecture chez Edmond de Goncourt »). […] « Il a vidé ses poches ; son couteau, de la ficelle, la lettre de Marie Allain sont sur la couchette.

1994. (1927) Quelques progrès dans l’étude du cœur humain (Freud et Proust)

il arrivait encore parfois qu’elle lui écrivit d’un restaurant ou d’un hôtel sur du papier qui en portait le nom imprimé ; mais c’étaient comme des lettres de feu qui le brûlaient. « C’est écrit de l’hôtel Vouillemont ? […] Un jour, à l’heure du courrier, ma mère posa sur mon lit une lettre. […] Mais parce que je la savais impossible dans une lettre adressée à moi, cette vue, non accompagnée de croyance ne me causa pas de joie. […] Dans les derniers mois qui précédèrent la guerre, j’avais noué quelques relations par lettre avec Proust, qui se montra pour moi du premier coup de la plus exquise gentillesse. […] il arrivait encore parfois qu’elle lui écrivît d’un restaurant ou d’un hôtel sur du papier qui en portait le nom imprimé ; mais c’était comme des lettres de feu qui le brûlaient. « C’est écrit de l’hôtel Vouillemont ?

1995. (1911) Psychologie de l’invention (2e éd.) pp. 1-184

Mais parfois, même dans ses lettres, on sent le poète sous l’amant et qui se sert de lui. […] Mozart, dans une lettre célèbre et souvent citée, a exposé ce phénomène avec beaucoup de clarté45. […] Voir aussi la lettre à Haeckel publiée dans l’Histoire de la création des êtres organisés d’après les lois naturelles. […] Lettre publiée par Haeckel, dans l’Histoire de la création des êtres organisés d’après les lois naturelles, trad. […] Daudet, Souvenirs d’un homme de lettres, p. 51-55.

1996. (1891) Esquisses contemporaines

En effet, le défaut n’est jamais plus saillant que dans ses lettres intimes, lorsqu’il se livre sans réserve et sans arrière-pensée. […] Il est incontestable que les lettres françaises ne s’appartiennent plus. […] Les lettres, qui n’étaient pour nos prédécesseurs qu’un délassement glorieux, sont devenues pour nous une carrière. […] Ce dernier, après une explication orageuse avec le pasteur Merle d’Aubigné, lui écrivit une lettre où il complétait l’exposition des vues auxquelles il était arrivé. […] C’est l’objet de la seconde lettre, et l’auteur pourrait se résumer en ces mots : Il reste une certitude historique appuyée sur une évidence morale.

1997. (1927) Les écrivains. Deuxième série (1895-1910)

Un jour, deux dames lui rendirent visite, sur lettres de recommandation. […] Non, ce que j’ai voulu — car je me flatte d’être un esprit essentiellement pratique et moderne — ce que j’ai voulu, c’est bâtir une sorte de temple de la gloire des lettres ! […] Son nom a été une date importante et qui demeurera célèbre dans les lettres. […] De tous les jeunes gens qui, en ces dernières années, se sont fait un nom dans les lettres, M.  […] Le comique suprême fut atteint d’entendre une sorte de coiffeur de lettres, qui patauge dans ses phrases comme un hanneton tombé dans un pot de pommade liquide, l’écraser d’un seul coup, en invoquant Blaise Pascal.

1998. (1914) Note conjointe sur M. Descartes et la philosophie cartésienne pp. 59-331

Les lettres ne sont-elles pas toutes des lettres d’affiches lumineuses. Les lettres ne sont-elles pas toujours des rampes de gaz. Les lettres ne sont-elles pas toujours alternatives. […] Il n’avait pas pris au pied de la lettre cette rédargumentation de la lettre. […] La lettre tue.

1999. (1898) Impressions de théâtre. Dixième série

Ils croient imperturbablement au « cœur d’or » des fils de famille qui font des lettres de change à leur père. […] » Jacques refuse de lire la lettre, je ne sais trop pourquoi. […] Il est bien homme de lettres. […] Guiches a ramené un gredin de lettres, un pâle envieux, Noizay, qui vient lui demander sa voix pour l’Académie. […] Est-ce que je ne sais pas que cette lettre était destinée à Henri ?

2000. (1891) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Première série

Bella, horrida bella… » (Lettre au chevalier de… 15-27 août 1811.) […] Ses lettres intimes sont adorables ; cet homme qu’on ne voudrait pas avoir pour législateur, on voudrait l’avoir pour père. […] L’idée est celle du progrès et du progrès par les lettres. […] Voilà les grands changements qui sont arrivés dans l’état des choses de lettres au commencement de ce siècle. […] Cent fois le mot : « J’aurais mieux fait, je crois, d’épouser Isabelle », est là, en toutes lettres.

2001. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. FAURIEL. — POST-SCRIPTUM. » pp. 269-272

Et à ce propos si quelqu’un s’étonnait que, malgré la dignité académique qui nous a été conférée depuis, nous persistions dans cette voie pratique, nous donnerons une fois pour toutes une explication très-nette et très-franche : en ambitionnant et en obtenant cette dignité, la plus honorable à laquelle puisse aspirer un homme de lettres, nous n’avons jamais considéré qu’elle dût nous empêcher d’être ce que nous étions devant, ni de faire à très-peu près les mêmes choses que nous nous sommes de tout temps permises.

2002. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Note qu’il faut lire avant le chapitre de l’amour. »

Ce n’est pas le premier volume de La Nouvelle Héloïse, c’est le départ de Saint-Preux, la lettre de la Meillerie, la mort de Julie, qui caractérisent la passion dans ce roman. — Il est si rare de rencontrer le véritable amour du cœur, que je hasarderais de dire que les anciens n’ont pas eu l’idée complète de cette affection.

2003. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Première partie. Préparation générale — Chapitre IV. Le développement général de l’esprit est nécessaire pour bien écrire, avant toute préparation particulière »

Cette, richesse d’impressions antérieures est ce qui fait le prix du naturel et de l’abandon dans les lettres de Mme de Sévigné.

2004. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gregh, Fernand (1873-1960) »

Par une lettre rectificative adressée à l’Écho de Paris et parue dans ce journal au numéro du 30 août 1896, honnêtement il la révéla.

2005. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Strada, José de (1821-1902) »

. — Lettres à M. 

2006. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 516-521

Comme cet Ouvrage, qui suppose autant de connoissances que d'application, peut être infiniment utile à la jeune Noblesse & à tous les Militaires curieux d'avoir une juste idée du Corps Germanique, nous saisissons cette occasion de le faire connoître ; & nous ne pouvons mieux y réussir, qu'en rapportant la Lettre d'un Ambassadeur de l'Empire d'Allemagne, adressée à l'Auteur même qui lui en avoit envoyé un exemplaire.

2007. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Archiloque, et Lycambe. » pp. 7-11

Nous ignorerions les égaremens de sa verve insensée, la terreur qu’il inspiroit, la haine qu’on lui portoit, ses débauches infames, sa poltronerie extrême, la honte dont il se couvrit en jettant son bouclier. » Sa querelle avec Lycambe vint de ce que ce dernier, également homme de lettres, mais ennemi de la démence & de l’abus de la poësie, refusa de lui donner sa fille en mariage.

2008. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « De la tradition en littérature et dans quel sens il la faut entendre. Leçon d’ouverture à l’École normale » pp. 356-382

Dante aurait-il eu l’idée et la force de construire son poème, son monument si particulier au Moyen Âge, s’il n’avait reçu ce que la tradition, même si incomplète, lui avait transmis de souvenirs, de réminiscences ou d’illusions fécondes, et s’il n’avait eu, à la lettre, Virgile pour guide, pour soutien et pour patron à demi fabuleux ? […] Ne pas avoir le sentiment des lettres, cela, chez les anciens, voulait dire ne pas avoir le sentiment de la vertu, de la gloire, de la grâce, de la beauté, en un mot de tout ce qu’il y a de véritablement divin sur la terre : que ce soit là encore notre symbole. […] On ne s’est pas borné aux figures historiques, à proprement parler, on a voulu descendre dans le for intérieur, dans le foyer privé des hommes les plus éloquents par la plume ou la parole, et en examinant leurs papiers, leurs lettres autographes, les éditions premières de leurs œuvres, les témoignages de leurs alentours, les journaux des secrétaires qui les avaient le mieux connus, on s’est fait d’eux des idées un peu différentes, et certainement plus précises que celles que donnait la seule lecture de leurs œuvres publiques.

2009. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre III. Montaigne »

Il voyagea en Allemagne et en Italie (1580 et 1581) et obtint à Rome des lettres de bourgeoisie ; en même temps une censure bénigne y atteignit les Essais. […] Dans une de ses lettres à Henri IV, il marque que le roi a voulu avoir une correspondance avec lui. […] Pasquier, Lettres, XVIII, 1.

2010. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre III : Examen de la doctrine de Tocqueville »

M. de Tocqueville, dans une lettre à M. de Corcelles, se plaint « de ce que certains esprits voient dans la liberté illimitée de philosopher contre lecatholicisme une compensation suffisante à la perte des autres libertés. » J’avoue que c’est là un vilain sentiment ; mais, sans soutenir que cette liberté puisse tenir lieu de toutes les autres, au moins faut-il reconnaître que c’est une liberté, par conséquent une limite à la toute-puissance de l’État. […] Il en parle avec un sens très-juste et très-fin dans cette belle lettre à M. de Corcelles : « Comme vous, mon cher ami, je n’ai jamais eu beaucoup de goût pour la métaphysique, peut-être parce que je ne m’y suis jamais livré sérieusement, et parce qu’il m’a toujours paru que le bon sens amenait aussi bien qu’elle au but qu’elle se propose ; mais néanmoins je ne puis m’empêcher de reconnaître qu’elle a eu un attrait singulier pour plusieurs des plus grands et même des plus religieux génies qui aient paru dans le monde, en dépit de ce que dit Voltaire, que la métaphysique est un roman sur l’âme. […] Il mériterait, suivant moi, d’être traité à part, car enfin nous ne prenons ni l’un ni l’autre au pied de la lettre, et comme règle de morale publique, de rendre à César ce que nous lui devons, sans examiner quel est César, et quel est le droit et la limite de sa créance sur nous.

2011. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre III. La complication des sociétés »

On sait, par les lettres de Trajan à Pline, combien ils les redoutaient. […] En ce sens, l’humanisme de la Renaissance, créant, par l’amour des lettres et des arts, de précieux traits d’union entre gens de races et de conditions différentes, préparait l’avènement de la personne humaine171. […] Les salons du xviiie  siècle ne préparent pas seulement l’égalité des hommes parce qu’ils réunissent et confondent seigneurs et hommes de lettres, mais parce que, prisant l’esprit par-dessus tout, ils fournissent aux roturiers l’occasion de racheter par la supériorité du talent l’infériorité de la naissance : dans le royaume de l’esprit un enfant trouvé peut être roi.

2012. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Frochot, Préfet de la Seine, histoire administrative, par M. Louis Passy. »

Frochot. » — On a des lettres écrites par Frochot dans ces premiers instants d’anéantissement à son ami Regnaud, à M. de Montalivet : elles sont vraies et touchantes5 ; elles ajoutent à l’idée honorable qu’on peut se faire de cet excellent homme, à qui il arriva comme à tel bon général de perdre en une seule et dernière journée de défaite une réputation justement acquise et jusque-là des mieux méritées. […] Voici la lettre de Frochot au comte Regnaud, écrite de Nogent : « Mon ami, mon excellent ami, tu veux, avant que je ne la quitte, venir déjeuner dans la retraite que je me suis faite !

2013. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Le Brun »

La noble façon dont il adressa mademoiselle Corneille à Voltaire, la respectueuse indépendance qu’il maintint en face de ce monarque du siècle, le soin qu’il mit toujours à se distinguer de ses plats courtisans, l’amitié pour Buffon, qu’il professait devant lui, ce sont là des traits qui honorent une vie d’homme de lettres. […] Tantôt c’est un persiflage doux et honnête à une jeune coquette très-aimable et très-vaine qui m’appelait son berger dans ses lettres, et qui prétendait à tous les talents et à tous les cœurs ; tantôt ce sont des vers fugitifs sur ce que M. de Voltaire, bienfaiteur de mesdemoiselles Corneille et de Varicour, les a mariées toutes deux, après les avoir célébrées dans ses vers.

2014. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre VII. Induction et déduction. — Diverses causes des faux raisonnements »

« Toute l’opération, dit-il, consiste à découvrir, par des comparaisons nombreuses et des éliminations progressives, les traits communs qui appartiennent à toutes les œuvres d’art, en même temps que les traits distinctifs par lesquels les œuvres d’art se séparent des autres produits de l’esprit humain. » Considérant donc les cinq grands arts, peinture, sculpture et poésie, architecture et musique, se fondant sur des faits que fournissent l’expérience ordinaire, l’histoire des grands hommes, celle des arts et des lettres, observant tantôt l’œuvre de Michel-Ange ou celle de Corneille, tantôt les peintures de Pompéi ou les mosaïques de Ravenne, il fait cette première induction, que l’objet de l’œuvre d’art semble être l’imitation de la nature. […] Poussant plus loin l’étude des faits, on remarque que, dans les arts du dessin et dans les lettres, l’imitation se porte sur les rapports et les dépendances mutuelles des parties.

2015. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre II. Diderot »

Et ces causeries et ces lettres, ce n’était que son trop-plein qui s’écoulait. […] Cependant il avait été mis à Vincennes en 1749 pour sa Lettres sur les aveugles à l’usage de ceux qui voient.

2016. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gautier, Théophile (1811-1872) »

. — Rapport sur le progrès des lettres, en collaboration avec Sylvestre de Sacy, Paul Féval et Édouard Thierry (1868). — Ménagerie intime (1869) […] [Théophile Gautier, notice littéraire précédée d’une lettre de Victor Hugo (1859).]

2017. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Verlaine, Paul (1844-1896) »

Camille Mauclair Verlaine a apporté ici le lied, créé une littérature d’ingénuité sentimentale, ennobli l’aveu individuel, mêlé la musique à l’émotion des lettres, donné l’exemple d’un génie se jouant librement, lumineux, tragique ou tendre, puéril et profond, énonçant le moi avec une multiplicité verbale inattendue. […] Émile Verhaeren Depuis la mort de Victor Hugo, ce fut celle de Paul Verlaine qui frappa le plus profondément les Lettres françaises.

2018. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — I. La métaphysique spiritualiste au xixe  siècle — Chapitre II : Partie critique du spiritualisme »

Ampère, dans ses lettres à Biran, fait ici une comparaison ingénieuse. […] Ampère lui-même semble avoir fait ce partage dans la dernière lettre de la correspondance publiée par M. 

2019. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Ce que tout le monde sait sur l’expression, et quelque chose que tout le monde ne sait pas » pp. 39-53

Ce visage est une lettre de recommandation écrite dans une langue commune à tous les hommes. […] Dans la société chaque individu de citoyens a son caractère et son expression : l’artisan, le noble, le roturier, l’homme de lettres, l’ecclésiastique, le magistrat, le militaire.

2020. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Nièces de Mazarin » pp. 137-156

Si, plus tard encore, il s’opposa, dans des lettres magnifiques, écrites pour piper l’histoire, au mariage de Louis XIV et de sa nièce Marie, la raison qu’il ne nous a pas dite, et que Renée pénètre, n’est ni l’honneur du roi ni le bien de l’État, mais la peur de voir Marie lui arracher le pouvoir en lui arrachant Louis XIV. — Renée a vu très clair sous ce désintéressement et cette grandeur de carnaval. […] Amédée Renée ne croit guères au mariage clandestin d’Anne d’Autriche, et le dément par des lettres fort curieuses qu’il cite.

2021. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Madame Paul de Molènes »

Il y a déjà longtemps que le nom, sign é en toutes lettres à la tête de ce livre, tout le monde le disait et le répétait ; car on n’a pas pour rien à Paris le talent original qui est lui-même une signature. […] Depuis Ha-milton, rien de pareil ne s’était vu dans les lettres françaises.

2022. (1915) La philosophie française « I »

Parti du criticisme kantien, qu’il avait d’ailleurs profondément modifié dès le début, Renouvier 35 s’en est dégagé peu à peu pour arriver à des conclusions qui ne sont pas très éloignées, quant à la lettre, de celles du dogmatisme métaphysique : il affirme, en particulier, l’indépendance de la personne humaine ; il réintègre la liberté dans le monde. […] Voltaire (1691-1778) appartient à l’histoire des lettres plutôt qu’à celle de la philosophie.

2023. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XX. De Libanius, et de tous les autres orateurs qui ont fait l’éloge de Julien. Jugement sur ce prince. »

Il paraît que Libanius n’eut que l’ambition des lettres et de cette espèce de gloire qui est indépendante de la fortune et des princes. […] Pouvant être préfet du palais, c’est-à-dire avoir une des premières places de la cour, il aima mieux rester orateur et homme de lettres.

2024. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VI. »

Mais cette gloire poétique n’est plus qu’un symbole ; il ne reste de ce génie que quelques lettres éparses de l’inscription brisée sur son tombeau perdu. […] Le témoignage s’en trouve dans cette anecdote du médecin Érasistrate surprenant la passion secrète du fils de Séleucus pour sa belle-mère Stratonice, par l’observation même des signes qu’avait sentis et marqués sur elle-même Sapho saisie d’amour : « Les symptômes, dit Plutarque, étaient les mêmes, la perte de la voix, l’expression des regards, la sueur brûlante, l’ataxie de la fièvre et le trouble dans les veines, enfin l’abattement de l’âme, l’abandon, la stupeur et la pâleur. » Telle est en effet, dans son expressive vérité, l’analyse médicale de cette ode profane, de ce crime élégant de la pensée dont Catulle avait égalé la force, mais non la grâce, et que voici, dans la lettre morte de la prose : « Il est pour moi égal aux dieux l’homme qui s’assied en face de toi et t’écoute doucement parler et doucement sourire.

2025. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXI » pp. 87-90

Dumas ne s’est épargné aucune sorte de mauvaise grâce dans sa lettre d’hier, 30 (voir la Presse.

2026. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Appendice — Une discussion dans les bureaux du Constitutionnel »

ma critique n’a de valeur que parce qu’elle n’est pas œuvre de complaisance : j’ai pu quelquefois être indulgent pour des jeunes gens qui débutaient dans les lettres ou la poésie ; mais ici ce n’est pas le cas.

2027. (1874) Premiers lundis. Tome II « Le poète Fontaney »

René Biémont, sous-chef à la mairie du sixième arrondissement de Paris, veut bien nous communiquer, sur notre demande, un quinzaine de lettres des plus intéressantes qu’il a reçues de M. 

2028. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Introduction »

Tout cela est encore histoire des lettres, et le serait strictement resté malgré les incursions médicales les plus avancées6, si les nouveaux savants, fiers du titre arrogé, n’en avaient immédiatement tiré les conclusions suivantes : « Aujourd’hui que le roman s’élargit et grandit, qu’il commence à être la grande forme sérieuse, passionnée, vivante de l’étude littéraire et de l’enquête sociale, qu’il devient par l’analyse et la recherche psychologique l’histoire morale contemporaine, aujourd’hui que le roman s’est imposé les études et les devoirs de la science, il peut en revendiquer les libertés et les franchises » 7, et treize ans plus tard, Edmond de Goncourt insistait encore : « Ces libertés et ces franchises, je viens seul, et une dernière fois peut-être, les réclamer hautement et bravement pour ce nouveau livre écrit dans le même sentiment de curiosité intellectuelle et de commisération pour, les misères humaines » 8.

2029. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Barbey d’Aurevilly, Jules (1808-1889) »

— dix-sept volumes de lettres !

2030. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Barbier, Auguste (1805-1882) »

[Rapport sur le progrès des lettres, par MM. 

2031. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Blémont, Émile (1839-1927) »

[La République des lettres (21 janvier 1877).]

2032. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bouilhet, Louis (1821-1869) »

[La République des lettres (6 mai 1877).]

2033. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Courteline, Georges (1858-1929) »

. — Une lettre chargée (1898). — Lidoire et Potiron (1898). — Théodore cherche des allumettes (1898). — La Voiture versée (1898).

2034. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Hervilly, Ernest d’ (1839-1911) »

[La République des lettres (24 décembre 1876).]

2035. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — Q — Quillard, Pierre (1864-1912) »

. — Lettres rustiques de Claudius Ælianus, trad. (1895). — Philoktétès de Sophocle (1896). — La Lyre héroïque et dolente, poème (1897). — L’Assassinat du Père Salvatore (1897). — Monument Henry (1899). — Les Mimes d’Hérondas, trad. (1900).

2036. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — T — Tailhède (Raymond de la) = La Tailhède, Raymond de (1867-1938) »

Là, le jeune poète me semble apporter tout simplement à nos lettres ce genre de poésie qui leur manquait, au témoignage des meilleurs juges du xviie  siècle.

2037. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XXII. L’affichage moderne » pp. 283-287

Les lettres n’attirent pas.

2038. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Première partie. Plan général de l’histoire d’une littérature — Chapitre premier. Nécessité d’une histoire d’ensemble » pp. 9-11

Puis, quel entassement de lettres, de mémoires, d’articles pour ou contre, de brochures, de volumes !

2039. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 202-207

que le style, en un mot, n’en soit brusque, tranchant, sans aucune liaison, & par-là, d’une aridité qui fatigue, & démontre combien l’affectation d’esprit & de philosophie desseche le cœur & les Lettres ?

2040. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 303-308

FLEURY, [Claude] Prieur d’Argenteuil, Sous-Précepteur des Ducs de Bourgogne, d’Anjou & de Berri, de l’Académie Françoise, né à Paris en 1640, mort en 1723 ; un des Ecrivains qui ont honoré le plus la France & les Lettres, par la supériorité & le bon usage de leurs talens.

2041. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 293-297

Un Panégyriste si estimable, si zélé pour la gloire des Lettres, méritoit lui-même un Panégyrique.

2042. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » pp. 309-314

Piron, entre autres, lui écrivit une Lettre que nous citons avec plaisir.

2043. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Homère, et le grammairien Thestorides. » pp. 2-6

Le pauvre Homère se trouva la victime de cette rapacité honteuse des gens de lettres de son temps.

2044. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Horace, et les mauvais écrivains du siècle d’Auguste. » pp. 63-68

Ce protecteur déclaré des gens de lettres se faisoit honneur d’être leur ami.

2045. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre premier. Beaux-arts. — Chapitre III. Partie historique de la Peinture chez les Modernes. »

Les professeurs furent brûlés vifs, et ce ne fut qu’au péril de leurs jours que des chrétiens parvinrent à sauver la peau de dragon, de cent vingt pieds de longueur, où les œuvres d’Homère étaient écrites en lettres d’or.

2046. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre III. De la signification de la vie. L’ordre de la nature et la forme de l’intelligence. »

Allons plus loin encore dans le sens du rêve : ce sont les lettres qui se distingueront les unes des autres et que je verrai défiler, entrelacées, sur une feuille de papier imaginaire. J’admirerai alors la précision des entrelacements, l’ordre merveilleux du cortège, l’insertion exacte des lettres dans les syllabes, des syllabes dans les mots et des mots dans les phrases. […] Il y a sans doute cette différence entre les deux cas, que les mots et les lettres ont été inventés par un effort positif de l’humanité, tandis que l’espace surgit automatiquement, comme surgit, une fois posés les deux termes, le reste d’une soustraction 79. […] Considérons toutes les lettres de l’alphabet qui entrent dans la composition de tout ce qui a jamais été écrit : nous ne concevons pas que d’autres lettres surgissent et viennent s’ajouter à celles-là pour faire un nouveau poème. Mais que le poète crée le poème et que la pensée humaine s’en enrichisse, nous le comprenons fort bien : cette création est un acte simple de l’esprit, et l’action n’a qu’à l’aire une pause, au lieu de se continuer, en une création nouvelle, pour que, d’elle-même, elle s’éparpille en mots qui se dissocient en lettres qui s’ajouteront à tout ce qu’il y avait déjà de lettres dans le monde.

2047. (1924) Critiques et romanciers

Bref, on se fâche, on le houspille et on le traite enfin d’homme de lettres. C’est une injure qu’il accepte : « Oui, homme de lettres ! […] … » Des voix qui s’éloignent continuent de crier : « Homme de lettres ! Homme de lettres… de lettres ! […] Je vous embrasse. » Il a été écrit beaucoup de lettres de ce genre, à cette date.

2048. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Académie française — Réception de M. Ponsard » pp. 301-305

Et d’abord, il s’est présenté lui-même, tel qu’il est, avec son propre accent, avec ses sentiments et ses doctrines ; il n’a pas emprunté aux traditions académiques les exordes tant de fois renouvelés : il a parlé à sa manière, modestement, honnêtement, traçant de l’homme de lettres et du poète le caractère et le rôle qu’il conçoit, et s’y peignant lui-même avec cette sincérité élevée qui vient du cœur : on a senti dès ses premières paroles quelqu’un qui ne se mettait ni au-dessus ni au-dessous de ce qu’il devait être.

2049. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XLI » pp. 167-171

Aimable pays après tout que celui de France, où un simple homme de lettres qui ne peut rien, qui n’est rien, tient tant de place, et où se déclare si spontanément l’hommage de tous pour l’esprit, pour le talent et la grâce !

2050. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXXVI » pp. 301-305

Villemain, enfin rendu aux Lettres et applaudi par trois fois à son entrée, siégeait à côté de M.

2051. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — A — Aubanel, Théodore (1829-1886) »

[Rapport sur le progrès des lettres par MM. 

2052. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gautier, Judith (1845-1917) »

C’est un beau triomphe pour Mme Judith Gautier, la vaillante fille d’un père à jamais illustre dans les lettres françaises.

2053. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — T — Theuriet, André (1833-1907) »

[Rapport sur le progrès des lettres, par MM. de Sacy, Paul Féval et Théophile Gautier (1868).]

2054. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 317-322

Les Lettres du Chevalier d’Her*** sont aujourd’hui regardées, avec raison, comme l’antipode du style épistolaire.

2055. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 532-537

Ses Dissertations, sa Lettre à M.

2056. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 51-56

N’avons-nous pas une infinité de Gens de Lettres qui ont appris l’Anglois, l’Espagnol, l’Italien, l’Allemand, par le seul secours des Livres ?

2057. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Le père Bouhours, et Barbier d’Aucour. » pp. 290-296

Sa lettre est l’expression même du sentiment.

2058. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Introduction » pp. 5-10

Rien que l’amour des lettres nous a soutenus.

2059. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre troisième. Histoire. — Chapitre IV. Pourquoi les Français n’ont que des mémoires. »

Le repos de l’âme est nécessaire à quiconque veut écrire sagement sur les hommes ; or, nos gens de lettres, vivant la plupart sans famille, ou hors de leur famille, portant dans le monde des passions inquiètes et des jours misérablement consacrés à des succès d’amour-propre, sont, par leurs habitudes, en contradiction directe avec le sérieux de l’histoire.

2060. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre cinquième. Retour des mêmes révolutions lorsque les sociétés détruites se relèvent de leurs ruines — Chapitre III. Coup d’œil sur le monde politique, ancien et moderne, considéré relativement au but de la science nouvelle » pp. 371-375

. — L’empire de la Chine avec sa religion douce et sa culture des lettres, est très policé. — Il en est de même de l’Inde, vouée en général aux arts de la paix. — La Perse et la Turquie ont mêlé à la mollesse de l’Asie les croyances grossières de leur religion.

2061. (1898) Émile Zola devant les jeunes (articles de La Plume) pp. 106-203

Et depuis, on l’a vu riche et illustre par son labeur, président de la Société des gens de Lettres, représentant notre esprit national à Londres et à Rome ; plus tard on l’a vu même assis au banc de la cour d’assises, mais jamais on ne le vit renoncer à ses rêves, toujours plus grand, toujours plus farouche, tandis que sa gloire augmente et grandit, d’heure en heure. […] Ce fut une époque héroïque, intrépide et folle, comme il n’en fut jamais dans l’histoire des lettres. […] C’est ainsi que dans la Faute de l’Abbé Mouret, le principal acteur du drame devient le Parc du Paradon, cette gigantesque personnalité végétale, qui clame de toutes ses roses, de toutes ses cassolettes, de toutes ses odeurs et de toutes ses sèves, le plus beau cantique d’amour qui soit dans les Lettres humaines. […] Nous saurons gré à Zola de les avoir écrites après tant d’autres qui sont si admirables, car non seulement il aura exalté dans nos cœurs la religion du travail, rehaussé le goût de la justice, mais tout en ayant enrichi les lettres françaises de chefs-d’œuvre inestimables, il aura fortifié notre état moral. […] Annexes Karl Boès : Lettre à M. 

2062. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Cromwell » (1827) »

Dans cette flagrante discussion qui met aux prises les théâtres et l’école, le public et les académies, on n’entendra peut-être pas sans quelque intérêt la voix d’un solitaire apprentif de nature et de vérité, qui s’est de bonne heure retiré du monde littéraire par amour des lettres, et qui apporte de la bonne foi à défaut de bon goût, de la conviction à défaut de talent, des études à défaut de science. […] Pour le peindre d’un trait, telle est, à cette aurore des lettres, sa verve, sa vigueur, sa sève de création, qu’il jette du premier coup sur le seuil de la poésie moderne trois Homères bouffons : Arioste, en Italie ; Cervantès, en Espagne ; Rabelais, en France. […] Il est vrai de dire qu’à l’époque où nous venons de nous arrêter la prédominance du grotesque sur le sublime, dans les lettres, est vivement marquée. […] Son but paraît être de délivrer des lettres de noblesse à toute cette roture du drame ; et chacune de ces lettres du grand scel est une tirade. […] C’est elle qui, s’unissant à tout ce qu’il y a de supérieur et de courageux dans les lettres, nous délivrera de deux fléaux : le classicisme caduc, et le faux romantisme, qui ose poindre aux pieds du vrai.

2063. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Troisième partie. Dictionnaire » pp. 243-306

Mockel : Lettres françaises en Belgique, Revue Encyclopédique, 24 juillet 1897. […] L’École Romane Française, Mercure de France, mai 1895. — Henri Ghéon, Les Lettres d’Angèle. L’Ermitage, 1899. — André Gide, Les Lettres à Angèle, id., id. […] Gregh : Lettre, Écho de Paris, 30 août 1896. — G. […] Collaboration. — Critique littéraire au Soir, Europe Coloniale, Le Journal, Les Lettres, etc.

2064. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCIXe entretien. Benvenuto Cellini (1re partie) » pp. 153-232

avec les Léonard de Vinci, les Bandinello, les peintres, les sculpteurs, les hommes de lettres, les poètes, les cardinaux, les Médicis, les papes mémorables de l’Italie, et les François Ier au quinzième siècle ? […] Il y arriva sans argent, mais déjà riche par le progrès qu’il avait fait à Florence dans l’orfèvrerie et dans les lettres ; il ne doutait de rien ; la Providence servit le hasard. […] Sa lettre tomba entre les mains de mon maître, qui la lut secrètement, et qui me l’avoua ensuite, en me disant : “Mon cher Benvenuto, votre air ne m’a pas trompé, et j’en suis convaincu par la lettre de votre père, qui me paraît un bien honnête homme. […] Cependant mon père m’écrivait des lettres à me fendre le cœur ; il me priait de retourner auprès de lui, et me recommandait surtout de ne pas négliger de jouer de la flûte, talent qu’il m’avait donné avec tant de peine.

2065. (1856) Réalisme, numéros 1-2 pp. 1-32

Les gens de lettres doivent, ou plutôt devraient en avoir plus que les autres, pourquoi ne s’en servent-ils pas ? […] On ne connaît pas son père ni son voisin qu’on voit agir, parce qu’ils renferment en eux leurs secrets moraux ; mais on connaît son arrière-grand-père par les lettres qu’il laisse. […]Lettre de M.  […]Lettre à M.  […] Ceci paraît bien simple, et c’est pourtant la plus grande difficulté du roman ; s’il y a peu d’écrivains qui sachent décrire un caractère, c’est qu’il y a peu d’observateurs dans les lettres.

2066. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1871 » pp. 180-366

La convention des lettres décachetées ! […] Mais la France est classique de telle sorte que les théories littéraires de cet homme de lettres font déjà plus de mal au nouveau gouvernement, que les théories sociales de ses confrères. […] Les invités partis, mon cousin me fait lire un paquet de lettres écrites sur elle, pendant qu’elle a été sa maîtresse, et adressées à un ami mort. […] En rentrant, je trouve une lettre qui m’apprend la mort de mon cousin Philippe de Courmont, tué au Trocadéro, le 22 mai. […] Et sa lettre finit par une phrase, dans laquelle il dit qu’il trouverait digne de l’Académie, de continuer l’Empereur, c’est-à-dire de continuer les pensions aux étrangers.

2067. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Conclusion. Le passé et le présent. » pp. 424-475

Ce qui s’est développé ce sont les mœurs énergiques et militaires ; ce qui a régné, c’est l’esprit actif et positif ; ils ont laissé les lettres et les élégances aux nobles francisés de la cour. […] Car en même temps que les idées, les événements ont poursuivi leur cours ; les inclinations nationales ont fait leur œuvre dans la société comme dans les lettres, et les instincts anglais ont transformé la constitution et la politique, en même temps que les talents et les esprits. […] Avec le renouvellement universel de la pensée et de l’imagination humaine, la profonde source poétique qui avait coulé au seizième siècle s’épanche de nouveau au dix-neuvième, et une nouvelle littérature jaillit à la lumière ; la philosophie et l’histoire infiltrent leurs doctrines dans le vieil établissement ; le plus grand poëte du temps le heurte incessamment de ses malédictions et de ses sarcasmes ; de toutes parts, aujourd’hui encore, dans les sciences et dans les lettres, dans la pratique et la théorie, dans la vie privée et dans la vie publique, les plus puissants esprits essayent d’ouvrir une entrée au flot des idées continentales. […] Le lendemain du jour où j’arrivai à Londres, je vis marcher des hommes-affiches portant sur leur ventre et sur leur dos cet écriteau en grosses lettres : « Usurpation énorme, attentat des Lords dans le vote du budget contre les droits du peuple. » Il est vrai que l’affiche ajoutait : « Compatriotes, une pétition ! 

2068. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIIIe entretien. Littérature latine. Horace (2e partie) » pp. 411-480

Tout est de circonstance dans son génie ; il ne s’est jamais placé dans la chaire de l’homme de lettres ou sur le trépied du poète pour dire : Écoutez-moi, je vais raisonner ou je vais chanter. […] V Reportons-nous au temps où Horace, à vingt-quatre ans, revient de l’armée de Brutus à Rome, et, ne voulant pas servir Octave comme un transfuge, consume sa vie et son talent dans le commerce des jeunes débauchés et des belles courtisanes, ces femmes de lettres et de plaisir de son temps, femmes dont les Olympia dans la Rome papale et les Ninon de l’Enclos dans le Paris de Louis XIV rappelaient sans doute l’équivoque existence. […] Ils changent de ciel, et non d’âme, ceux qui naviguent au-delà des mers ; ce que tu vas chercher si loin, le bonheur, est ici : il est même à Ulubria. » XIX « Celui-là n’est jamais pauvre qui ne manque pas des choses nécessaires à la vie, continue-t-il dans la petite lettre en vers à Iccius. […] Entre une épître d’Horace et une lettre de madame de Sévigné il n’y a de différence que de la prose aux vers.

2069. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (3e partie) » pp. 5-79

Fantine savait à peine lire et ne savait pas écrire ; on lui avait seulement appris dans son enfance à signer son nom ; elle avait fait écrire par un écrivain public une lettre à Tholomyès, puis une seconde, puis une troisième. […] Lui continua : « — Chenildieu, qui te surnommais toi-même Je-nie-Dieu, tu as toute l’épaule droite brûlée profondément, parce que tu t’es couché un jour l’épaule sur un réchaud plein de braise, pour effacer les trois lettres T.  […] « Il s’adressa à Cochepaille : « — Cochepaille, tu as près de la saignée du bras gauche une date gravée en lettres bleues avec de la poudre brûlée. […] parce que le mot est digne, noble, mémorable, parce qu’il exprime héroïquement, quoique simplement, le qu’il mourût de Corneille, parce qu’il mérite d’être inscrit en lettres d’or sur les étendards de la patrie, Victor Hugo, qui croit avoir trouvé mieux dans la langue canaille du peuple, substitue à cette belle langue militaire un mot de faubourg, un mot plus abject, et plus qu’un mot de faubourg, un mot de latrines qui répond par une brutalité laconique, par une bestiale réplique, à une proposition généreuse faite en bons termes à ces braves mourants, et il en fait le plus beau mot (textuel) qu’un Français ait jamais dit, et il s’extasie sur le génie populaire de ce mot.

2070. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Campagnes de la Révolution Française. Dans les Pyrénées-Orientales (1793-1795) »

« Dans le métier de la guerre comme dans les Lettres, chacun a son genre, » a dit Napoléon. […]  » Chargé d’une tâche ingrate dans une expédition absurde, d’une diversion sur Céret pendant l’échauffourée sur Roses, il s’en acquitta selon ses instructions et au pied de la lettre, mais cette fois sans entrain ni verve.

2071. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe et d’Eckermann (suite et fin.) »

Il les associait encore dans une lettre écrite à Zelter vers le même temps : « Si tu ne les connais pas déjà, je te conseille de lire le théâtre de Clara Gazul et les Poésies de Béranger. […] De ces jugements de Gœthe sur Hugo, je ne donnerai que celui-ci, tiré d’une lettre à Zelter du 28 juin 1831 : « Notre-Dame de Paris de Victor Hugo éblouit par les qualités que lui donne une étude attentive et bien mise à profit des mœurs, de la physionomie locale, des événements du passé ; mais, dans les personnages, il n’y a absolument aucune apparence de vie naturelle.

2072. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Térence. Son théâtre complet traduit par M. le marquis de Belloy »

Le marquis de Belloy est un de ces hommes d’esprit qui, dans l’ancienne société et au xviiie  siècle, aurait été poète et homme de lettres, tout comme il l’est de nos jours ; il a eu de bonne heure le signe et la vocation. […] Pour nous tous, qui sommes déjà d’autrefois, pour ceux qui, comme nous, ont été nourris des lettres dès l’enfance et qui sont plus volontiers critiques qu’artistes, plus des hommes de livres que des curieux de marbres et de statues, ce sont nos figures préférées, nos formes à nous, toutes poétiques et littéraires, lesquelles aussi, comme les trois ou quatre beaux groupes antiques conservés, nous apparaissent toutes les fois que nous regardons en arrière et décorent nos fonds de lectures et de souvenirs.

2073. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Gaston Paris et la poésie française au moyen âge »

Paris est un érudit si peu emporté qu’il se refuse à trancher la question qu’on se pose toujours dès qu’on a pris quelque intérêt à ces études : — Sans la Renaissance, provoquée par la connaissance et l’imitation des lettres antiques, notre littérature nationale fût-elle parvenue d’elle-même au degré de perfection où sont montées la grecque et la latine ? […] Ou plutôt c’est comme si, sous le flot envahisseur des lettres antiques, un courant secret, une Aréthuse avait persisté, qui, longtemps refoulée et opprimée, a percé peu à peu les couches d’eau supérieures et s’y est mêlée… Remarquez, je vous prie, que jamais depuis le moyen âge la littérature n’a été aussi dégagée qu’aujourd’hui de toute règle ni dans un plus superbe état d’anarchie.

2074. (1900) L’état actuel de la critique littéraire française (article de La Nouvelle Revue) pp. 349-362

Restent les revues, seules sauvegardes des lettres françaises, seuls lieux courtois où l’écrivain soit traité à son mérite, avec de la place pour exposer ses idées, un public sérieux et capable de relire ; mais s’il est aisé de parler tout à son gré d’un auteur, dans les revues, il n’est pas moins vrai de constater que la critique littéraire y est également réduite au minimum. […] Ce serait le rôle des Académies littéraires, mais dégagé de l’esprit à la fois maniéré et rétrograde qui empêche la nôtre par exemple d’être utile aux lettres.

2075. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Madame Récamier. » pp. 121-137

Les lettres de celui-ci, adressées à Mme Récamier, y aideraient beaucoup ; mais elles seraient très insuffisantes, au point de vue de la vérité, si l’on n’y ajoutait la contrepartie, ce qu’il écrivait pour lui seul au sortir de là, et que bien des gens ont lu, et enfin si l’on n’éclairait le tout par les explications de moraliste qui ne se trouvent point d’ordinaire dans les plaidoiries des avocats. […] Cousin sur Madame de Sablé, 1854, fin du chapitre ier , p. 63 : « Elle avait, dit-il de Mme de Sablé, de la raison, une grande expérience, un tact exquis, une humeur agréable. — Quand je me la représente telle que je la conçois d’après ses écrits, ses lettres, sa vie, ses amitiés, à moitié dans la solitude, à moitié dans le monde, sans fortune et très en crédit, une ancienne jolie femme à demi retirée dans un couvent et devenue une puissance littéraire, je crois voir, de nos jours, Mme Récamier à l’Abbaye-aux-Bois. »

2076. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Appendice. — Notice sur M. G. Duplessis. » pp. 516-517

Duplessis n’avait cessé de cultiver les lettres dans le sens le plus étendu, et selon un esprit et une méthode qui ne sont plus de ce temps-ci.

2077. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « VII » pp. 25-29

Le bachelier ès lettres était là en majorité ; il était chez soi.

2078. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XLVIII » pp. 188-192

Aimé Martin a débuté dans le monde littéraire il y a plus de trente ans par les Lettres à Sophie sur la mythologie, la chimie ; c’était le genre de Demoustier appliqué aux sciences.

2079. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — Note »

Tant qu’il me put croire à lui ou avec lui, il m’appelait dans ses lettres « le bon Sainte-Beuve, » et trouvait ma plume à son gré.

2080. (1874) Premiers lundis. Tome I « Le vicomte d’Arlincourt : L’étrangère »

C’est à quoi j’en voulais venir : l’éditeur, chose toute simple, a étalé dans une préface officieuse toutes les preuves authentiques de la gloire et du génie du grand homme calomnié ; il nous a représenté son illustre client se composant une bibliothèque de toutes les éditions, traductions, imitations de ses œuvres bien-aimées, impénétrable rempart contre l’envie ; il a parlé du goût pur, universellement reconnu au vicomte par les étrangers, et a écrit en lettres italiques l’admiration de l’univers.

2081. (1875) Premiers lundis. Tome III « De l’audience accordée à M. Victor Hugo »

Nous essaierons, de notre côté, d’indiquer comment nous le concevons ; et sans prétendre tout raconter à la lettre, nous tâcherons de ne pas tout supposer gratuitement.

2082. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XII. Du principal défaut qu’on reproche, en France, à la littérature du Nord » pp. 270-275

Parmi les hommes de lettres du Nord, il existe une bizarrerie qui dépend plus, pour ainsi dire, de l’esprit de parti que du jugement.

2083. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Rimbaud, Arthur (1854-1891) »

— Lettres de Jean-Arthur Rimbaud (1899).

2084. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XVII » pp. 193-197

Il étend ses largesses sur les savants étrangers ; il établit l’Académie des inscriptions et belles lettres, l’Académie de sculpture et de peinture ; il fonde le Cabinet des médailles.

2085. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 329-336

Bouchenu de Valbonnai, [Jean Pierre] Premier Président de la Chambre des Comptes du Dauphiné, né à Grenoble en 1651, mort en 1730, seroit inconnu dans la République des Lettres, si M. de Voltaire ne l’eût placé dans la liste des Ecrivains du siecle de Louis XIV.

2086. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 189-194

Sa maniere d’enseigner cette Langue, contribua beaucoup à la renaissance des Lettres, & n’est pas le seul service qu’il leur rendit.

2087. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Eugène Chapus »

Il est aussi artiste que le serait un homme exclusivement voué aux lettres, et de plus il est homme du monde.

2088. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Femmes de l’Évangile » pp. 89-93

Les héroïnes de Michelet, toutes ces femmes modernes qui ne sont pas de vraies chrétiennes, toutes ces femmes plus ou moins libres, avec les droits politiques qu’elles rêvent ou jalousent, avec leurs vaniteuses invasions dans les lettres et dans les arts, avec cet amour de la gloire, le deuil éclatant du bonheur, disait madame de Staël, et qui est le deuil aussi de la vertu ; toutes ces femmes, il ne faut pas s’y tromper !

2089. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Furetière »

Tel était le cas pour Furetière, — Furetière, un homme de lettres énorme, qui a fatigué les mille voix de la renommée de son temps, et sur la mémoire duquel s’est assis un profond silence.

2090. (1888) Impressions de théâtre. Deuxième série

On apporte une lettre de Blanche à l’adresse du général. […] Et il y est d’autant plus sensible qu’il est artiste et homme de lettres, c’est-à-dire un peu déséquilibré. […] C’est bien fait pour cet homme de lettres ; cela lui apprendra à faire des expériences pour ses romans psychologiques ! […] La lettre d’invitation portait : 37, passage de l’Élysée-des-Beaux-Arts, place Pigalle. […] C’est bien fait pour les gens de lettres.

2091. (1888) Impressions de théâtre. Première série

Et ces goujats crient qu’ils vont montrer les lettres à tout Paris. […] Sarcey nous donna tout du long la lettre abondante de Mlle Hadamard et il y ajouta quantité d’éloges. […] Gotte se fait lire la lettre par Mme Courtebec. […] » Là-dessus arrive, à l’adresse de Mme Lahirel, la lettre destinée à Cotte. […] Saluons avec humilité, nous, ses fils indignes, ce lointain et magnifique patron des hommes de lettres.

2092. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Chateaubriand, Mémoires »

En lisant l’Essai, on y voit quelles connaissances nombreuses, indigestes, avait su amasser le jeune émigré ; quelle curiosité érudite et historique le poussait à la fois sur tous les sujets qu’il a repris dans la suite ; quelle préoccupation littéraire était la sienne ; quel souci de style, et d’exprimer avec saillie, avec éclat, tout ce qui en sens divers était éloquemment exprimable ; quel respect empressé pour tout ce qui avait nom d’homme de lettres, pour Flins, par exemple, qu’il cite entre Simonide et Sanchoniaton. […] À Paris, le jeune officier fait connaissance avec des gens de lettres, et négocie, à force d’habileté et d’appui, l’insertion d’une idylle dans l’Almanach des Muses. Parmi ces figures de gens de lettres si vivement  éclairées en quelques mots, on voit Parny, « poëte et créole, à qui il ne fallait que le ciel de l’Inde, une fontaine, un palmier, une femme, et dont la paresse n’était interrompue que par ses plaisirs qui se changeaient en gloire. » On y voit Delille de Sales, le philosophe de la nature, « qui (comme d’autres philosophes de nos jours) faisait en Allemagne ses remontes d’idées. » On y trouve La Harpe, arrivant chez une sœur de M. de Chateaubriand, avec trois gros volumes de ses œuvres sous ses petits bras.

2093. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXIXe entretien. Œuvres diverses de M. de Marcellus (2e partie) » pp. 5-63

Esprit immense, mais cœur sec, il aspirait à deux gloires, et il les méritait: la gloire des lettres et la gloire des affaires. […] Ici, le vrai sentiment de M. de Marcellus se dévoile, comme à son insu, dans un jugement de trois lignes, en marge dans ces lettres. […] Joubert, son premier ami, dans une lettre confidentielle à M. 

2094. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVe entretien. Chateaubriand, (suite) »

LXII Son Itinéraire eut un prodigieux succès ; c’était la gloire moissonnée à vol d’oiseau par un homme de génie sur les sites consacrés du monde : les gens de lettres y trouvaient des phrases mémorables ; les chrétiens, des dévotions exemplaires ; les savants, des textes sacrés ; tout le monde, des descriptions pittoresques achevées, et l’intérêt qui s’attachait alors aux navigations d’un homme célèbre embellies par un écrivain supérieur. […] Je me souviens d’un passage de lui, moitié plaisant, moitié sérieux, dans une de ses lettres à Condorcet, à propos du drame en prose qu’il avait en mépris, et dont Diderot le menaçait : « Quant aux barbares qui veulent des tragédies en prose, dit-il à Condorcet, ils en méritent : qu’on leur en donne, à ces pauvres Welches, comme on donne des chardons aux ânes ! […] LXXIV Voilà sa carrière d’homme d’État ; quant à sa carrière d’homme de lettres, elle est beaucoup plus difficile à analyser ; elle tient à son génie.

2095. (1892) Boileau « Chapitre V. La critique de Boileau (Suite). Les théories de l’« Art poétique » (Fin) » pp. 121-155

On peut s’étonner de trouver en lui un si fervent défenseur de la vérité historique ; et, si l’on voulait, on pourrait trouver dans ce classique renforcé une sorte de romantique avant la lettre, épris de couleur locale. […] Boileau relevait vivement, dans une lettre de Huet, cette méprise qui dans la beauté des ouvrages donnait tout au sujet, rien à l’art et à l’auteur. […] Dans l’ancienne société, bien assise, qui se croyait fondée pour l’éternité et sur la vérité, les lettres étaient le charme des loisirs, un repos et une agréable distraction des esprits.

2096. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre septième. L’introduction des idées philosophiques et sociales dans la poésie. »

Dans la Lettre à Lamartine, on se souvient du portrait que Musset fait de l’homme et de sa condition. […] Lettre à Lamartine. […] Lettre à M. de Lamartine.

2097. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre III. Des Livres nécessaires pour l’étude de l’Histoire sacrée & ecclésiastique. » pp. 32-86

Ainsi la Lettre du Pape St. […] Clément d’Alexandrie, quelques traités de Tertullien ; l’ouvrage d’Origéne contre Celse, les Œuvres ou les Lettres de St. […] C’est ce qu’exécute actuellement un homme de lettres.

2098. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XIX. M. Cousin » pp. 427-462

Cousin qui, dans tout le cours de son livre, nous parle, comme Demoustier, l’auteur des Lettres à Émilie, des changements d’amants de Mme de Chevreuse, trop grande dame pour daigner connaître la retenue, — l’insolent !  […] N’est-ce pas elle qui, cachant une lettre dans sa gorge, disait à Louis XIII par défi : « Venez donc l’y prendre ! » Le roi fut plus vertueux qu’elle ; pour prendre la lettre, il se servit des pincettes d’argent du foyer.

2099. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Μ. Ε. Renan » pp. 109-147

Renan lui a ôté le talent de peindre, car un peintre d’histoire est, hors des lettres ou dans les lettres, un grand artiste, et un grand artiste ne peut être un sceptique, un trembleur qui tremble de la tête et qui tremble de la main. […] Renan veut expliquer Néron, et, pour cela, il appuie sur le côté de Néron qui devait le plus impressionner un homme de lettres comme lui, le côté du Trissotin énorme, du faux artiste effréné, de l’impérial cabotin, et il tombe — et nous avec lui — dans une immense caricature.

2100. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXI » pp. 237-241

Cousin à la Faculté des Lettres ; le tome Ier vient de paraître ; il contient Plotin et sa théorie. « C'est moins, dit l’auteur dans sa préface, la reproduction de mon cours qu’un ouvrage sur le sujet qui a fait la matière de mon enseignement. » L'auteur y travaille depuis plusieurs années.

2101. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — K — Karr, Alphonse (1808-1890) »

. — Lettres de mon jardin (1856). — Promenades hors de mon jardin (1856). — Rose et Jean (1857). — Encore les femmes (1858). — Menus propos (1859). — Roses noires et blanches (1859). — Sous les orangers (1859). — En fumant (1861). — Les Pleurs (1861)

2102. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 133-139

Ne seroit-il pas plus convenable à sa gloire, qu'il s'occupât à faire oublier ses Libelles injurieux contre tant d’Hommes de Lettres respectables, que de s’acharner à se faire un complice du plus grand de nos Poëtes, qui fut toujours très-éloigné des excès auxquels lui-même s’est porté ?

2103. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Art français » pp. 243-257

— Un esclave de la chimie, un homme de lettres aux ordres d’essences et de sucs colorants, qui a, pour toucher les oreilles de l’âme, du bitume et du blanc d’argent, de l’outremer et du vermillon.

2104. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — Chapitre X »

Cette lettre d’origine allemande a été usitée jadis, puis rejetée comme inutile.

2105. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre III. Partie historique de la Poésie descriptive chez les Modernes. »

Ainsi le siècle de Louis XIV n’a pas été totalement privé du véritable genre descriptif, comme on serait d’abord tenté de le croire ; il était seulement relégué dans les lettres de nos missionnaires64.

2106. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre XVI. Des Livres nécessaires pour connoître sa Religion. » pp. 346-352

., ; les Lettres d’une mere à son fils sur la Religion Chrétienne, trois vol.

2107. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Louis-Michel Vanloo » pp. 191-195

L’homme de lettres fait tout le contraire.

2108. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 36, de la rime » pp. 340-346

Mais la plûpart de ces peuples rimeurs sont barbares, et les peuples rimeurs qui ne le sont plus, et qui sont devenus des nations polies, étoient barbares et presque sans lettres lorsque leur poësie s’est formée.

2109. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 26, que les jugemens du public l’emportent à la fin sur les jugemens des gens du métier » pp. 375-381

On fait encore aujourd’hui plus de cas de la satyre Menippée, des lettres au provincial, et de quelques autres livres de ce genre, qu’on en faisoit un an après la premiere édition de ces écrits.

2110. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 27, qu’on doit plus d’égard aux jugemens des peintres qu’à ceux des poëtes. De l’art de reconnoître la main des peintres » pp. 382-388

Le contour particulier du trait avec lequel chaque homme forme les vingt-quatre lettres de l’alphabet, les liaisons de ces caracteres, la figure des lignes, leur distance, la perseverance plus ou moins longue de celui qui a écrit à ne point précipiter, pour ainsidire, sa plume dans la chaleur du mouvement, comme font presque tous ceux qui écrivent, lesquels forment plus exactement les caracteres des premieres lignes que ceux des autres lignes, enfin la maniere dont il a tenu la plume, tout cela, dis-je, donne plus de prise pour faire le discernement des écritures que des coups de pinceau n’en peuvent donner.

2111. (1902) Le chemin de velours. Nouvelles dissociations d’idées

Sa mort a épargné ce scandale aux amis des bonnes lettres. […] On enseigne les lettres et les sciences comme un catéchisme. […] Il m’en donna de quoi remplir plusieurs lettres : mais je ne veux pas seulement en marquer les citations, parce que vous faites voir mes lettres à toutes sortes de personnes ; et je ne voudrais pas donner l’occasion de cette lecture à ceux qui n’y chercheraient que leur divertissement. […] Le plan de cette lettre, particulièrement calomnieuse, fut fourni à Pascal par Nicole. […] Daniel, Réponse aux Lettres Provinciales de L. de Montalte, ou Entretiens de Cléandre et d’Eudoce.

2112. (1911) Nos directions

le triste empire des lettres, pour manquer d’empereur reconnu et de princes, n’est point cependant une république ! […] Et aussi bien, la révolution nouvelle qui secoua alors les lettres engourdies se fit moins contre le Parnasse encore, que contre le Naturalisme. […] Le dramaturge qui naîtrait aux lettres, naturellement nietzschéen, aurait à parcourir une neuve et vaste carrière. […] Et qui détaillera l’admirable lecture de la lettre de Golaud à Pelléas ? […] car dans le domaine des lettres, les Grecs n’ont rien reçu en héritage — et ils se sont enrichis cependant.

2113. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre quatrième. Les conditions physiques des événements moraux — Chapitre premier. Les fonctions des centres nerveux » pp. 239-315

., mais non des formes compliquées, un homme, une maison, un arbre ; elle peut bien, dans l’oreille, déterminer des bourdonnements, des sons élevés ou bas, mais non pas des mots formés ou des mélodies. » — La distinction se marque mieux encore dans les hallucinations qui suivent l’usage du microscope ; j’en donne le détail d’après une lettre que m’écrit un des plus illustres micrographes, M.  […] Deux groupes reliés de la sorte peuvent être comparés à un cliché plus ou moins étendu, cliché d’un mot, cliché d’une ligne, cliché d’une page ; la lettre entraîne le mot, qui entraîne la ligne, qui entraîne la page. […] Quatre cents millions de lettres font mille volumes, chacun de quatre cent mille lettres ; si un cerveau humain contient quatre cents millions de clichés mentaux, cela lui fait une riche bibliothèque de réserve, et il lui reste encore cent millions de cellules pour les usages courants. […] Les innombrables caractères qui sont remués dans l’atelier ou qui reposent dans les magasins ne sont jamais que les vingt-quatre lettres de l’alphabet ; il n’y en a peut-être pas davantage dans notre alphabet cérébral, à savoir vingt-quatre figures de danse avec les cinq ou six types de cellules nécessaires pour les exécuter. Dans l’atelier, le travail est double : d’une part, sous l’impulsion du dehors, il compose incessamment des mots qu’il envoie dans les magasins où ils se transcrivent en clichés fixes ; d’autre part, les magasins lui envoient incessamment des clichés fixes qu’il transcrit en lettres mobiles ; et l’œuvre qu’il produit à la lumière est une combinaison continue des mots nouveaux qu’il compose et des mots anciens qu’il transcrit.

2114. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIe entretien. L’Arioste (2e partie) » pp. 81-160

De même, s’ils venaient à découvrir un rocher d’un grain moins dur que les autres, et en dehors de la cabane, et dedans contre les murailles, les noms d’Angélique et de Médor, enlacés l’un dans l’autre par différents dessins, se lisaient en lettres intarissables. » Enfin ils s’éloignent à regret, après un long séjour, de la cabane ; Angélique, pour récompenser le pasteur et sa famille, leur laisse un bijou sans prix qu’elle a reçu de Roland. […] « Il lit de tous côtés les noms d’Angélique et de Médor, enlacés ensemble dans des nœuds d’amour ; autant de lettres, autant de clous acérés qui lui transpercent le cœur. […] La lettre suivante de M.  […] Bastide, ministre des affaires étrangères à cette époque : Lettre de M. 

2115. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 juillet 1885. »

Nouvelle publication Les Lettres de Richard Wagner, bibliographie par M.  […] En attendant un recueil des lettres de Richard Wagner, M.  […] Chacune des lettres de Richard Wagner (1830-1883) est, dans cette bibliographie de M.  […] Les lettres de Rîchard Wagner, par le soin minutieux, la scrupuleuse exactitude avec laquelle elles ont été réunies, font apprécier, dès maintenant, quelle sera la haute valeur de cet ouvrage.

2116. (1739) Vie de Molière

Il y étudia cinq années ; il y suivit le cours des classes d’Armand de Bourbon, premier prince de Conti, qui depuis fut le protecteur des lettres et de Molière. […] Il est très-triste pour l’honneur des lettres que Molière et Racine aient été brouillés depuis ; de si grands génies, dont l’un avait été le bienfaiteur de l’autre, devaient être toujours amis. […] L’autre2 écrivant à une maîtresse en l’air, lui dit : Votre nom est écrit en grosses lettres sur mon cœur... […] Paul Pellisson, homme célèbre dans les lettres, composa le prologue en vers à la louange du roi.

2117. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Nouveaux voyages en zigzag, par Töpffer. (1853.) » pp. 413-430

Une seule fois, lui ou du moins son Saint-Preux, il s’est aventuré dans la zone supérieure, dans les montagnes du Valais ; on peut voir dans la première partie de La Nouvelle Héloïse la xxiiie  lettre à Julie : « Tantôt d’immenses rochers pendaient en ruines au-dessus de ma tête ; tantôt de hautes et bruyantes cascades m’inondaient de leur épais brouillard ; tantôt un torrent éternel ouvrait à mes côtés un abîme, etc. » Cette peinture est bien, mais elle n’est qu’une première vue un peu générale, un peu confuse, et sans particularité bien distincte. […] Douze ans après, au lit de mort lui-même, et durant sa dernière maladie, Töpffer revenait sur cette méditation, sur cette énigme de la destinée, dont il avait désormais une pleine conscience, et il la dénouait, selon sa mesure, en homme de famille, en époux et en père, pieux, résigné et saignant : « Renoncer au monde, si l’on prend le précepte à la lettre, disait-il, c’est fausser sa destinée en dépravant sa nature.

2118. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres complètes de Saint-Amant. nouvelle édition, augmentée de pièces inédites, et précédée d’une notice par M. Ch.-L. Livet. 2 vol. » pp. 173-191

Scarron, sans lettre et sans savoir qui me lenvoie. […] Il est question, dans les lettres de Voiture, de Mme de Saint-Amand (voir Œuvres de Voiture, publiées par M. 

2119. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Tallemant et Bussy ou le médisant bourgeois et le médisant de qualité » pp. 172-188

Il cite assez volontiers et insère des lettres dans son récit. Ces lettres lui semblaient apparemment piquantes.

2120. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Correspondance diplomatique du comte Joseph de Maistre, recueillie et publiée par M. Albert Blanc » pp. 67-83

Albert Blanc, joint et entremêlé à cette première publication des lettres diplomatiques de De Maistre, a été accepté et loué dans les journaux plutôt que discuté, il y a eu une critique qui a institué cette discussion à sa manière : c’est M.  […] [NdA] Cependant l’éditeur a passé d’un extrême à l’autre, en n’indiquant même pas à qui les lettres sont adressées, en ne mettant aucune note qui serait de nature à éclaircir le texte, en laissant de simples initiales aux noms propres là où il coûtait bien peu de les donner en entier (par exemple, tome ii, page 218), et quand il les donne, en permettant à l’imprimeur d’écorcher ces noms de diplomates très connus (tome ii, page 278 et ailleurs).

2121. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Essais de politique et de littérature. Par M. Prevost-Paradol. »

Les thèses qu’il composa pour obtenir le grade de docteur ès lettres sont d’un caractère sévère. […] J’essaye de trier parmi les articles si distingués que j’ai sous la main : en voici un sur Xénophon ; c’est exquis de ton et vraiment attique ; — un autre sur le poète Lucrèce, tout animé d’un beau sentiment, et qui finit par une apostrophe éloquente : « Salut, Lettres chéries, douces et puissantes consolatrices, etc.

2122. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Biot. Essai sur l’Histoire générale des sciences pendant la Révolution française. »

 » Et il en prend occasion d’exprimer à ce sujet ses propres idées et les conditions qu’il estime indispensables au progrès, à savoir : — alliance et union étroite des sciences et des lettres : « Sans les sciences la nation la plus lettrée deviendrait faible et bientôt esclave ; sans les lettres la nation la plus savante retomberait dans la barbarie ; » — enchaînement des sciences les unes aux autres : « Cette union fait leur force et leur véritable philosophie ; elle seule a été la cause de tous leurs progrès » ; — une certaine liberté et latitude laissée aux professeurs dans la pratique : « Il faut, disait-il, que les professeurs soient guidés et non pas asservis.

2123. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Mémoires de l’Impératrice Catherine II. Écrits par elle-même. »

La première année de son mariage, elle n’avait lu que des romans, en effet, et de ceux qu’on ne lisait plus à cette date en France que dans les provinces, Tirant-le-Blanc en tête : Mme de Sévigné commença à l’en guérir ; Catherine dévora ses Lettres ; puis les œuvres de Voltaire lui tombèrent entre les mains, et dès lors elle mit plus de choix dans ses lectures, trop avide toutefois pour ne pas se jeter aux heures d’ennui sur tout ce qui était à sa portée, Brantôme et Péréfixe indifféremment, l’Histoire d’Allemagne du Père Barre et Platon, le Dictionnaire de Bayle quelle mit deux ans à lire (« Tous les six mois, dit-elle, je coulais à fond un tome »), que sais-je encore ? […] Ce portrait de Catherine en gros de Tours blanc (elle n’était pas sans se le dire à elle-même) est le portrait encore pur, le portrait avant la lettre, avant la tache et l’éclaboussure de sang.

2124. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Daphnis et Chloé. Traduction d’Amyot et de courier »

Si l’on voulait se donner le spectacle de l’incertitude et de la fragilité du goût, même chez les plus savants hommes, et même en ces matières classiques, il suivrait de lire le jugement que porte le docte Huet de ce joli roman ; c’est dans sa Lettre à Segrais, en tête de  ; il vient de parler de deux mauvais romans composés par des Grecs byzantins : « Je fais à peu près le même jugement, dit-il, des Pastorales du sophiste Longus ; car, encore que la plupart des savants des derniers siècles les aient louées pour leur élégance et leur agrément, joint à la simplicité convenable au sujet, néanmoins je n’y trouve rien de tout cela que la simplicité, qui va quelquefois jusqu’à la puérilité et à la niaiserie. […] Dans la seconde édition de la Lettre à Segrais, imprimée à part en 1678, il en arrive, en effet, à modifier tellement son opinion qu’elle ne ressemble plus du tout à la-première ; et par exemple, au lieu de commencer comme on vient de le voir, en disant : Je fais à peu près le même jugement des Pastorales de Longus que des romans précédents… il dit, en retournant sa phrase : Je ne fais pas tout à fait le même jugement.

2125. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Octave Feuillet »

Elle reste dans l’ignorance obstinée des lettres jusqu’à ce qu’un jour, ayant vu des signes gravés sur la tombe de ses père et mère, et ayant voulu savoir le sens de ces épitaphes sans pouvoir obtenir de réponse satisfaisante, elle se met à profiter incontinent des leçons du curé, qui, dès ce moment, ne reconnaît plus son élève. […] C’est insensé : car d’abord Raoul n’a point là-dessus de parti pris absolu et irrévocable ; car, de plus, Sibylle, qui exerce un grand ascendant sur lui, doit espérer, Dieu aidant, de modifier son opinion et de l’amener à la sienne ; car, même chrétiennement parlant, il n’y a pas lieu, en pareil cas, de jeter le manche après la cognée, puisque saint Paul a écrit que « la femme fidèle justifierait le mari infidèle. » Aussi, à partir de ce moment, tout intérêt selon moi, cesse raisonnablement de s’attacher à Sibylle, qui se conduit en personne peu éclairée, en fille volontaire et opiniâtre, en fanatique fidèle à la lettre plus qu’à l’esprit, et, pour trancher le mot, comme une petite sotte.

2126. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre 2. La littérature militante »

Cet homme inébranlable au milieu des factions, qui ne cherchait pas le nom de bonhomme, sachant être ferme à ses propres risques, et que les grands soucis ne détournaient pas des petits devoirs, eut ie culte et la passion des lettres : il se consola de sa disgrâce en faisant des vers latins. […] Bénétrix (avec une Lettre de M. 

2127. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre III. Madame de Staël »

V, ch. i. avec la Lettre à M. de Fontanes. […] Lettres sur l’Italie en 1785 (1788 et 1824).

2128. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Les deux Tartuffe. » pp. 338-363

je sais tout ce qu’on peut répondre, et ce que développent à ce sujet, sur les indications de leurs maîtres, tous les candidats à la licence ès lettres (car Molière est chez nous une superstition nationale) : que La Bruyère écrit en moraliste, et Molière en auteur dramatique ; qu’il faut tenir compte du « grossissement » nécessaire à la scène et de l’« optique du théâtre » ; qu’Onuphre, par trop de vérité, s’évanouirait sur les planches, etc… Je n’en suis plus du tout convaincu ; et, s’il faut tout dire, je ne goûte Tartuffe que dans les endroits précisément où, pour le ton du moins, il se rapproche d’Onuphre. […] À en juger par les lettres que j’ai reçues, beaucoup de Français en France désirent que le Tartuffe de Molière ne soit pas double.

2129. (1785) De la vie et des poëmes de Dante pp. 19-42

Un peu de calme ayant succédé à tant d’orages, le poëte en profita pour se livrer à son goût pour les lettres et aux charmes d’un amour heureux. […] C’est avec aussi peu de succès qu’il eut recours aux supplications, comme on le voit par une lettre au peuple de Florence, qui commence par ces mots : popule mee, quid feci tibi ?

2130. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Qu’est-ce qu’un classique ? » pp. 38-55

La renaissance des lettres, au xve et au xvie  siècle, vint éclaircir cette longue confusion, et alors seulement les admirations se graduèrent. […] Un jour que lord Bolingbroke écrivait au docteur Swift, Pope mit à cette lettre un post-scriptum où il disait : « Je m’imagine que si nous passions tous trois seulement trois années ensemble, il pourrait en résulter quelque avantage pour notre siècle. » Non, il ne faut jamais légèrement parler de ceux qui ont eu le droit de dire de telles choses d’eux-mêmes sans jactance, et il faut bien plutôt envier les âges heureux et favorisés où les hommes de talent pouvaient se proposer de telles unions, qui n’étaient pas alors une chimère.

2131. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Les Gaietés champêtres, par M. Jules Janin. » pp. 23-39

Mais l’essentiel est que ce droit un peu vague, bien que si réel, ne soit jamais supprimé, et que jamais les doctrines régnantes, au nom même du salut commun, ne puissent dire au poète, au littérateur, à l’érudit curieux, comme dans la banlieue d’une place de guerre le génie militaire dit à l’honnête homme, qui a sa métairie avec son petit bois et sa source d’eau vive : « Monsieur, nous avons besoin de ce petit coin qui vous sourit : il entre dans nos lignes, il nous le faut ; voilà le prix, soyez content, mais vous n’y rentrerez pas. » Ceux qui vivent des lettres, de l’amour des livres et des études, de ces passions après tout innocentes et désintéressées, peuvent céder un moment ce coin de leur être et le prêter à la chose et à la pensée publique, ils le doivent dans les cas urgents ; mais, ce cas cessant, ils rentrent de plein droit dans leur domaine. […] Mais un ami, un homme amoureux des lettres, du fin style, un connaisseur sans faux scrupule, qui sait son Horace et son Apulée, a devant lui, je suppose, la masse de ces feuilletons que nous donne Janin depuis vingt ans comme l’arbre pousse ses feuilles.

2132. (1900) Le lecteur de romans pp. 141-164

Mais que le directeur du journal, du magazine ou de la revue s’avise de publier une nouvelle où l’on parle de la vie sans mensonge, avec la sévérité, l’ironie ou la pitié qui convient, il peut être assuré de recevoir des lettres indignées. […] Le roman que les lettres ci-dessus exigent et proclament familial ne sera sûrement pas lu par le chef de la famille ; la mère ne le parcourra qu’avec cette préoccupation : « Est-il lisible pour mes filles ? 

2133. (1903) Considérations sur quelques écoles poétiques contemporaines pp. 3-31

III Après la lettre écrite à cette occasion par M.  […] Sully Prudhomme lui-même, Pontifex maximus des Parnassiens, dans le règlement des prix qu’il a chargé le comité de la Société des Gens de Lettres de décerner en son nom, annuellement, n’a pas craint, malgré son absolutisme, d’insérer cet alinéa caractéristique « Aucun ouvrage présenté au concours ne sera exclu de plein droit parce que l’auteur ne se serait pas conformé aux règles usuelles de la versification.

2134. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre V : M. Cousin historien et biographe »

Quittez les grands hommes, écoutez les conversations, lisez les lettres de tout le monde ; vous ne concevrez pas qu’on ait pu écouter sans bâiller des choses si vides. […] Cousin m’a fait lire une lettre de recommandation ; j’aimerais mieux un signalement. » II Si M. 

2135. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXXVIII » pp. 158-163

Honoré sous la Restauration de l’amitié du duc d’Orléans, estimé de tous, poëte politique le plus en faveur dans les classes moyennes, il n’a rien pris pour lui au moment du triomphe ; il a continué de cultiver les lettres et n’a pas changé de théâtre.

2136. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires sur Voltaire. et sur ses ouvrages, par Longchamp et Wagnière, ses secrétaires. »

Il est bien vrai que les Mémoires de Longchamp et Wagnière empruntent un mérite particulier de la position des auteurs, et que les secrétaires d’un homme de lettres illustre qui deviennent ses historiens réclament de la postérité un quart d’heure d’attention, à tout aussi bon droit que la femme de chambre qui jase de la maîtresse favorite, ou le chambellan qui se remémore le potentat.

2137. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. de Ségur. Mémoires, souvenirs et anecdotes. Tome II. »

En se rappelant les remarquables récits du fils, on apprécie mieux par comparaison les mérites qui recommandent ceux du père, la mesure parfaite du ton, ce style d’un choix si épuré, d’une aristocratie si légitime, et toute cette physionomie, si rare de nos jours, qui caractérise, dans les lettres, la postérité prête à s’éteindre, des Chesterfield, des Nivernais, des Boufflers.

2138. (1874) Premiers lundis. Tome II « Li Romans de Berte aus Grans piés »

Paris vient de prouver par sa publication de Berte, et par l’ingénieuse lettre à M. de Monmerqué qui en est la préface.

2139. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre premier. Idée générale de la seconde Partie » pp. 406-413

Il est impossible de séparer ces observations, lorsqu’elles ont la France pour objet, des effets déjà produits par la révolution même : ces effets, l’on doit en convenir, sont au détriment des mœurs, des lettres et de la philosophie.

2140. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Dupont, Pierre (1821-1870) »

Armand Silvestre Pierre Dupont ce n’est pas seulement un poète, mais un très grand poète ayant, pour frère, dans nos lettres et l’amour de la nature, notre La Fontaine qui, d’ailleurs, n’était pas un rimeur plus sévère que lui.

2141. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Ponsard, François (1814-1867) »

Viennet, il peut s’appeler la Fosse, Saurin, du Belloy, la Touche, c’est-à-dire du nom de tous les gens de lettres qui ont bâti des tragédies !

2142. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre premier. » pp. 5-11

Mais un dédommagement s’offre à nous ; c’est le tableau d’une société d’élite, qui s’éleva, avec le xviie  siècle, au sein de la capitale ; unit les deux sexes par de nouveaux liens, par de nouvelles affections ; mêla les hommes distingués de la cour et de la ville, les gens du monde poli et les gens de lettres ; créa des mœurs délicates et nobles, au milieu de la plus dégoûtante dissolution ; réforma et enrichit la langue, prépara l’essor d’une nouvelle littérature, éleva les esprits au sentiment et au besoin de jouissances ignorées du vulgaire.

2143. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 79-87

Tous ces Ouvrages sont plus que suffisans pour donner une idée avantageuse de cet Homme de Lettres, dont les mœurs douces & honnêtes méritoient autant d’égards que l’utilité de ses travaux.

2144. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 196-203

En un mot, ses différens Mélanges donnent l’idée la plus avantageuse de son discernement, & inspirent l’amour des Lettres.

2145. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Jean-Baptiste Guarini, et Jason de Nores. » pp. 130-138

Guarini s’en vengea par une réponse qui parut à Ferrare, & dans laquelle il se moque d’un critique assez borné pour condamner le genre pastoral, & resserrer la carrière des lettres & des arts, pendant qu’on ne sçauroit trop l’étendre.

2146. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Champfleury ; Desnoireterres »

… Si jeune dans les lettres, du moins par le nombre de ses ouvrages, Champfleury serait-il déjà ossifié dans le système qu’il a collé sur sa pensée, au lieu de la laisser indépendante dans la liberté de ses instincts ?

2147. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre ix »

Le lendemain des milliers de lettres, où ils avaient recueilli en hâte leurs émotions, venaient raconter à tout le pays comment les soldats de la France avaient entrevu le règne de Dieu sur le champ de carnage.‌

2148. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIIIe entretien. Balzac et ses œuvres (3e partie) » pp. 433-527

Eugène avait subi cet apprentissage à son insu, quand il partit en vacances, après avoir été reçu bachelier ès lettres et bachelier en droit. […] Elle écrivit à cette jeune femme une lettre dans l’ancien style, et la remit à Eugène, en lui disant que, s’il réussissait auprès de la vicomtesse, elle lui ferait retrouver ses autres parents. Quelques jours après son arrivée, Rastignac envoya la lettre de sa tante à Mme de Beauséant. […] « Vers la fin de cette première semaine du mois de décembre, Rastignac reçut deux lettres, l’une de sa mère, l’autre de sa sœur aînée. […] Pour décider mes parents à venir au collège, je leur écrivais des épîtres pleines de sentiments, peut-être emphatiquement exprimés, mais ces lettres auraient-elles dû m’attirer les reproches de ma mère qui me réprimandait avec ironie sur mon style ?

2149. (1902) Les poètes et leur poète. L’Ermitage pp. 81-146

[Questionnaire] Nous avons adressé à deux cents poètes la lettre suivante : Mon cher Confrère, Dans le dernier numéro du Mercure de France, nous relevons les lignes suivantes signées de M.  […] Les maîtres que vous mentionnez dans votre lettre me sont tous chers et sacrés pour des raisons diverses. […] Et d’entre les ouvriers comme d’entre vous, jeunes bourgeois à particules, l’un deviendra soucieux d’art et de lettres, s’il en a le loisir. […] Mon choix personnel, dicté par mon plaisir et mes goûts, irait surtout à Baudelaire, souvent à Lamartine ou à Vigny ; mon vote est pour Victor Hugo. — Je lui en veux de son gongorisme, de sa brutalité quelquefois maladroite ; je me permets ds penser sa politique au-dessous de la sottise la plus consommée, et je déplore chez lui certains de ces côtés communs que Taine a seuls voulu envisager à l’exclusion des autres ; mais des poèmes comme Booz endormi, les Chevaliers Errants et le Satyre, comme l’Hymne à Pégase dans les Chansons des Rues et des Bois , comme l’Élégie funèbre de Gautier, de telles pièces — choisies entre mille — contiennent un souffle, une vision, une force poétiques dont aucun auteur du xixe  siècle n’a doté les lettres françaises. — Hugo — le père Hugo — est un arbre immense, et les autres poètes sont autour de lui comme des fleurs. […] Certes Victor Hugo fut illustre, mais si l’on mesure le génie à la force des acclamations populaires, il faut lui égaler Népomucène Lemercier et l’abbé Delille à qui les pouvoirs publics firent en 1813 de si imposantes funérailles et puisque ma lettre vous parviendra à cette époque de l’année où il est d’usage de formuler des vœux, laissez-moi goûter la douceur de celui-ci : c’est que le plus grand poète du xixe  siècle soit encore inconnu comme il advint d’André Chénier, le plus grand poète du xviiie  siècle, qui ne fut, qu’au cours du siècle suivant, révélé à l’admiration des hommes.

2150. (1895) Impressions de théâtre. Huitième série

N’y a-t-il pas là de quoi tenter l’ardeur généreuse d’un jeune homme nourri de bonnes lettres ? […] , elle adora un comédien de vingt-cinq ans plus jeune qu’elle, et nous voyons, par des lettres qu’a publiées son historiographe, M.  […] On rencontre un autre bateau de pêche qui apporte des lettres de France. Une de ces lettres annonce la mort de Silvestre, blessé au Tonkin, mort pendant le retour en pleine mer des Indes. […] Il sort ; il porte à un journal une lettre où il avoue sa faute, et s’arrange pour restituer les vingt-cinq mille francs qu’il a touchés.

2151. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre I. La Restauration. »

Plus tard, à Ratisbonne, « il fait de graves révérences, converse avec les sots, écrit des lettres insipides573 », et se console mal avec les Allemandes. […] Au retour, elle continue par des lettres qu’on écrit le soir, par des madrigaux ou des épigrammes qu’on lira le matin, par des tragédies de salon ou des parodies de société. […] On eut une cour, des salons, une conversation, la vie mondaine, le goût des lettres, l’exemple de la France, la paix, le loisir, le voisinage des sciences, de la politique, de la théologie, bref toutes les circonstances heureuses qui peuvent élever l’esprit et civiliser les mœurs. […] Nul n’était plus aimable, plus prompt à gagner la confiance ; rarement le naturel sympathique, affectueux et entraînant s’est déployé plus entier : il séduisait, cela est à la lettre. […] On connaît la lettre d’Agnès dans Molière : « Je veux vous écrire, et je suis bien en peine par où je m’y prendrai.

2152. (1853) Portraits littéraires. Tome I (3e éd.) pp. 1-363

Le 7 thermidor 1794, André Chénier expiait sur l’échafaud la lettre qu’il avait rédigée pour Louis XVI. […] Il a cherché la solitude ; les lettres de sa maîtresse viennent troubler la paix de sa retraite. […] Maurice presse Madeleine d’accepter cette offre généreuse ; il part, et lui laisse une lettre touchante, empreinte à la fois de résignation et de dévouement. […] Il écrivit à Innocent III plusieurs lettres, qui nous ont été conservées, pour expliquer le renvoi d’Ingeburge. […] Le pape eut beau écrire à Philippe lettres sur lettres et lui recommander de se préparer à l’accomplissement des devoirs conjugaux par la prière, par les neuvaines, par les cérémonies de l’Église, le roi se déclara ensorcelé et refusa longtemps d’obéir aux ordres du saint-siège.

2153. (1902) Symbolistes et décadents pp. 7-402

La République des lettres, la revue de Mendès était morte du roman de Cladel, le Tombeau des lutteurs. […] Nous avons fait une renaissance poétique dans le rythme et la curiosité sympathique des lettres nous accompagna. […] Je leur donnai une lettre-préface, on pourrait dire, étant donné l’épigraphe, « Vogue la Galère », auteur Jules Laforgue, parrain de la revue, des lettres de marque. […] Gabriel Vicaire débute dans les lettres au moment où le Parnasse, après une longue lutte, commence à être reconnu par le public. […] Mais c’était un départ raisonné, car désormais aucune de ses lettres ne fera à la poésie la plus légère allusion.

2154. (1866) Dante et Goethe. Dialogues

Dans le midi de l’Italie, l’étude des lettres grecques n’avait jamais été abandonnée. […] Tout récemment, en Italie, on s’entretenait encore de la docte Mme Tambroni, qui, en 1817, à Bologne, occupait la chaire de lettres grecques. […] Aux premières absences, elle le sent proche encore par les lettres sans fin, par les confidences qui raniment, en la blessant, l’amitié fraternelle. […] Il avait pour son fils de l’ambition et se flattait de le voir quelque jour se placer, dans les lettres, au rang des Gellert et des Hagedorn. […] Avec les rêveurs du xiiie  siècle, il en appelle de la lettre des Écritures à l’esprit de l’Évangile éternel.

2155. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « [Béranger] » pp. 333-338

Ses lettres, écrites avec soin à la fois et avec naturel, ont certainement été conservées par tous ceux qui en ont reçu ; on en pourra faire un recueil charmant et d’une grande richesse morale, qui sera dans le ton de Franklin.

2156. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires de madame du Hausset, femme de chambre de madame de Pompadour. »

Mais lisez madame du Hausset, et elle vous apprendra quels ministres étaient bien ou mal avec madame, et pourquoi ; ce que c’était que le petit abbé de Bernis, qui menait de front une poésie légère, une intrigue d’amour, une partie de chasse et une guerre désastreuse ; ce que c’était que M. de Choiseul qui le supplanta, grand seigneur, de fort bonne mine, si ami de madame qu’on le disait doublement ministre du roi, et de quelle honnête manière il décachetait les lettres avec un gobelet d’eau tiède et une boule de mercure ; vous y verrez comment Machault fut ingrat envers sa bienfaitrice qui avait payé ses dettes, et comment elle brisa cette créature infidèle ; vous y remarquerez surtout la disgrâce de d’Argenson, ministre ennemi de la marquise : ce jour-là, il y eut des évanouissements et des sanglots ; la femme de chambre apporta des gouttes d’Hoffmann ; le roi lui-même arrangea la potion avec du sucre, et la présenta de Voir le plus gracieux à madame.

2157. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires de Dampmartin, Maréchal de camp »

La diction en est d’ailleurs correcte, élégante et souvent fleurie : M. de Dampmartin en effet cultivait les lettres même avant la Révolution, et la rédaction de ces Mémoires atteste une plume exercée.

2158. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires relatifs à la Révolution française. Le Vieux Cordelier, par Camille Desmoulins ; Les Causes secrètes ou 9 thermidor, par Villate ; Précis du 9 thermidor, par Ch.-A. Méda, Gendarme »

La dernière lettre de Camille Desmoulins écrite à sa femme, avant de marcher à la mort, est un mémorable et touchant exemple de cette exaltation qui ne devait s’éteindre qu’avec la vie : mais ici il n’y a rien qui doive étonner ; pour une telle affection, dans un tel moment, nulle expression ne suffit ; l’énergie de l’amour est incalculable, et, comme dit Bacon, c’est la seule passion qui ne fasse pas mentir l’hyperbole.

2159. (1874) Premiers lundis. Tome I « Bonaparte et les Grecs, par Madame Louise SW.-Belloc. »

Le général lui ordonna d’examiner dans son voyage les forces, les moyens de défense, les dispositions des Grecs, et lui confia même une lettre pour le bey de Maina.

2160. (1874) Premiers lundis. Tome II « Dupin Aîné. Réception à l’Académie française »

Dupin s’est terminé par un avertissement aux gens de lettres et aux artistes de tout espérer d’un prince qui n’a cherché, dans l’exil, d’autre ressource que celle de devenir un modeste professeur ; d’un prince qui sait toutes les langues de l’Europe, et qui pourrait parler à chaque ambassadeur la sienne, s’il n’aimait mieux parler français à tous.

2161. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Les brimades. » pp. 208-214

Serait-ce que, après tout, les « humanités » sont humaines en effet ; que les lettres, au moins dans le temps où on ne les pratique pas pour vivre, adoucissent les cœurs, et que la mathématique les endurcit ?

2162. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bergerat, Émile (1845-1923) »

Il entra au Figaro comme chez lui, apportant sous son bras les Lettres de Jean Rouge.

2163. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Lemercier, Népomucène Louis (1771-1840) »

Interdit du théâtre, il s’était jeté dans les sciences et avait composé l’Atlantide ; pauvre, il monta dans la chaire de l’Athénée ; il dota les lettres françaises de ce Cours de littérature qui est un des plus beaux monuments que la science de l’antiquité ait élevés parmi nous.

2164. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — E. — article » pp. 238-247

Ce n’est pas ici le lieu d’en parler ; on en trouvera le détail dans le Recueil qui a pour titre : Lettres, Mémoires & Négociations particulieres du Chevalier d’Eon, en un vol.

2165. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 348-356

Si, dans ses Lettres Persanes, la vivacité de la jeunesse, une licence qu’on ne sauroit trop condamner, l’ont engagé quelquefois à des peintures ou à des discussions trop libres, ce n’a été, dans lui, que des momens d’ivresse qui passent rapidement, & après lesquels la saine raison reprend son empire.

2166. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 4, du pouvoir que les imitations ont sur nous, et de la facilité avec laquelle le coeur humain est ému » pp. 34-42

Enfin il est facile de concevoir comment les imitations que la peinture et la poësie nous présentent, sont capables de nous émouvoir, quand on fait reflexion qu’une coquille, une fleur, une médaille où le tems n’a laissé que des phantômes de lettres et de figures, excitent des passions ardentes et inquietes : le desir de les voir et l’envie de les posseder.

2167. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « LOUISE LABÉ. » pp. 1-38

« J’en veux presque au spirituel et savant auteur de la notice de n’avoir pas défendu plus chaudement celte bonne Louise, à qui beaucoup de péchés ont dû être remis… Je trouve plus de véritable amour dans ses sonnets que dans la plupart des vers de cette époque, dont la poésie est plus souvent maniérée que naïve. » Lettre de Béranger à l’éditeur, M. […] Des Florentins en grand nombre, à chaque trouble survenu dans la république des Médicis, avaient émigré sur ce point et y avaient fondé une espèce de colonie qui continuait d’associer, comme dans la patrie première, l’instinct et le génie du négoce au noble goût des arts et des lettres. […] Les malins ou les indifférents ont pu prendre ensuite ces jeux d’imagination au pied de la lettre.

2168. (1920) Enquête : Pourquoi aucun des grands poètes de langue française n’est-il du Midi ? (Les Marges)

[Question] Nous avons adressé à quelques poètes et quelques critiques la lettre suivante : Dans Les Marges du 15 avril, M.  […] Qu’il y ait depuis quelques années bon nombre de poètes rigoureusement méridionaux honorant les lettres françaises et la langue d’oui (je ne les nommerai pas, je laisse prudemment ce soin à nos neveux) cela n’infirme en rien ma thèse, bien au contraire. […] Ainsi, tout nous suggère qu’une résurrection du parler d’outre-Loire enrichirait par surcroît les Lettres cis-ligériennes.

2169. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIV. La littérature et la science » pp. 336-362

Non, les hommes de science se font hommes de lettres pour répandre leurs idées, pour les rendre accessibles, aimables, attrayantes ; et les hommes de lettres, à leur tour, se laissant tenter par la gloire du physicien ou du naturaliste, poussent des pointes dans un domaine qui trop souvent leur est étranger. […] On relève les transformations microscopiques par où ont passé les mots, les lettres, les sons ; on analyse à la loupe les métamorphoses incessantes de la vie linguistique d’une nation.

2170. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre IX. Le trottoir du Boul’ Mich’ »

La société des filles et des gens de lettres, c’est dégoûtant et rarement amusant. […] Des naïfs prennent encore ces cinq lettres, Willy, pour un pseudonyme. […] Il s’appellera Les Verdâtres et s’ornera d’une épigraphe ou d’une épitaphe de Henri Heine dont je ne retrouve pas le texte en ce moment mais qui signifie, à peu près : « Je suis allé aujourd’hui la Morgue et à l’Académie française voir des cadavres verts. » Je vais donc relire un seul livre de Faguet, mandarin des lettres et de la politique.

2171. (1707) Discours sur la poésie pp. 13-60

La fiction est encore un détour qu’on pourroit croire inutile ; car pourquoi ne pas dire à la lettre ce qu’on veut dire, au lieu de ne présenter une chose, que pour servir d’occasion à en faire penser une autre ? […] Voiture même n’est plus voiture dans ses lettres amoureuses. […] J’évite même d’entrer dans cette question si fameuse qui a fait une espéce de schisme dans les lettres.

2172. (1902) La métaphysique positiviste. Revue des Deux Mondes

Il est vrai qu’en revanche, dans les Nouvelles de la République des lettres, de Bayle, les comptes rendus des ouvrages de mathématiques ou de physique, d’histoire naturelle ou de médecine, tiennent presque autant de place que la littérature et la philosophie. […] Mais, au contraire, si la religion de Comte en est une, c’est précisément pour ne rien avoir de scientifique, et en fait comme en droit, sa conception de la science a ruiné dans son fondement même l’idée d’une « religion de la science. » M’objectera-t-on peut-être ici que cette expression de « religion de la science » n’est qu’une manière de parler, une métaphore, — comme « la religion de la souffrance humaine », — et que personne, pas même Renan, n’a commis cette erreur de la prendre au pied de la lettre ? […] Si nous la prenions au pied de la lettre, elle exclurait de l’art tout le naturalisme.

2173. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « VII. M. Ferrari » pp. 157-193

L’auteur des Révolutions d’Italie n’est pas d’hier dans les lettres, et les lettres graves et élevées. […] Ferrari, à ne voir que son livre actuel, et malgré ses erreurs nombreuses, est un des hommes les plus richement doués de tous ceux-là qui, dans les sciences ou dans les lettres, aiment à porter ce nom si sec d’esprits positifs, et ne s’occupent que de l’objet de leur recherche, disant du reste, le : Cela ne me regarde pas, qu’autrefois écrivait Descartes, et cependant voilà que ce positif, qui ne voit que les faits dans le monde, et qui ne se soucie même pas de leur raison d’exister, finit en chimérique un livre où les faits seuls devaient se montrer glorifiés.

2174. (1864) Études sur Shakespeare

Ce fut l’heureux sort de la Grèce que la nation tout entière grandit et se développa avec les lettres et les arts, toujours au niveau de leurs progrès et juge compétent de leur gloire. […] L’empire de la littérature classique, fondé en France avant l’établissement du théâtre, y fut l’œuvre des savants et des gens de lettres, armés et fiers de la possession exclusive d’une érudition étrangère qui les séparait de la nation. La cour de France se soumit aux gens de lettres, et la nation disséminée, indécise, dépourvue d’institutions qui pussent donner de l’autorité à ses habitudes et du crédit à ses goûts, se groupa, se forma, pour ainsi dire, autour de la cour. […] Ainsi Lucrèce, accablée sous le poids de sa honte, après une nuit de désespoir, appelle au jour naissant un jeune esclave, pour le charger d’aller au camp porter à son mari la lettre qui doit le rappeler. […] Le reflet de cette harmonie générale se répandit sur les lettres et les arts.

2175. (1860) Cours familier de littérature. X « LVe entretien. L’Arioste (1re partie) » pp. 5-80

Il n’y a, disons-nous, qu’une exception unique à cette loi de l’irrémédiable décadence des lettres et des arts : c’est la seconde jeunesse et la seconde littérature de l’Italie au quinzième et au seizième siècles, après quatorze ou quinze cents ans de dégradation. C’est un phénomène qu’on n’a pas assez étudié, et qui ne s’explique, selon nous, que par deux causes : d’abord la prodigieuse fécondité morale de la race italienne ; ensuite la sève nouvelle, vigoureuse, étrange, que les lettres grecques et latines, renaissantes et greffées sur la chevalerie chrétienne, donnèrent à cette époque à l’esprit humain en Italie. […] On le juge à l’inscription en lettres romaines qui surmonte la porte : Parva, sed apta mihi, sed nulli obnoxia, sed non sordida, parta meo sed tamen ære domus ! […] je vous retrouve pour pleurer : car, peu de jours après que j’eus quitté les collines euganéennes pour retraverser les Alpes, une maladie rapide comme celles des enfants, un vent glacé, tombant des Alpes sur la villa, emporta Thérésina au séjour des plus beaux fantômes, et il y a peu de jours qu’une lettre d’un inconnu, à cachet noir, m’apprit la mort de la comtesse Léna, qui s’était souvenue jusqu’au tombeau de nos belles jeunesses.

2176. (1903) La renaissance classique pp. -

Le recueil de poésies que nous présentons au public est l’ouvrage d’un jeune homme qui touche à l’âge mûr et qui ne saurait être considéré ni comme un apprenti de lettres, ni comme un débutant. […] Toutes les révolutions fécondes n’ont jamais été autre chose qu’un retour à la tradition nationale déformée par des influences étrangères — à l’Esprit tué par la Lettre. […] Ces gens de lettres ne savaient rien, n’avaient rien appris. […] Ils voyaient le monde à travers les préjugés des gens de collège et des gens de lettres.

2177. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Massillon. — I. » pp. 1-19

Une grande quantité de lettres de Massillon ont été soustraites au moment de sa mort : serait-il impossible de les recouvrer ? […] [NdA] Chaudon, dans une lettre au savant bibliographe Barbier, dit la même chose (Bulletin du bibliophile, 1839, p. 617).

2178. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Bossuet. Lettres sur Bossuet à un homme d’État, par M. Poujoulat, 1854. — Portrait de Bossuet, par M. de Lamartine, dans Le Civilisateur, 1854. — II. (Fin.) » pp. 198-216

Rome même entendra sa voix, et un jour cette ville maîtresse se tiendra bien plus honorée d’une lettre du stvle de Paul, adressée à ses citoyens, que de tant de fameuses harangues qu’elle a entendues de son Cicéron. […] Pour qu’il ne soit pas dit que je ne cherche chez lui que les leçons aux grands et aux puissants, dans ce même Sermon sur l’honneur, où il énumère et poursuit les différentes sortes de vanités, il n’oublie pas les hommes de lettres, les poètes, ceux aussi qui, à leur manière, se disputent le renom et l’empire : Ceux-là pensent être les plus raisonnables qui sont vains des dons de l’intelligence, les savants, les gens de littérature, les beaux esprits.

2179. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Agrippa d’Aubigné. — I. » pp. 312-329

Né le 8 février 1551, en Saintonge, d’une mère qui mourut en le mettant au monde, et d’un père énergique qui l’éleva sans mollesse et sans ménagement, il fut appliqué de bonne heure aux lettres et langues anciennes, et en même temps on l’initia à l’idée qu’il avait à venger les chefs et martyrs de sa cause, injustement immolés. […] Il est un point qu’il ne faut jamais oublier avec d’Aubigné, et qui est à retenir surtout quand on le compare, pour le style et le jet de la plume, avec Saint-Simon : c’est qu’il est un homme de lettres bien plus que Saint-Simon ne l’a jamais été.

2180. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — II » pp. 71-89

car il me semble que cela serait mieux accommodé de notre main (j’entends du fait de la guerre) que non pas des gens de lettres ; car ils déguisent trop les choses, et cela sent son clerc. » Les discours de Montluc, qui ne sentent pas du tout leur clerc, et qui restent-si appropriés à son caractère et à son allure, ne sont pas pour cela moins bien menés et moins habiles. […] Le roi pourtant eut son avis, à lui, et démêla les qualités essentielles de son brave serviteur sous les défauts dont on le chargeait : « Le roi répondit qu’il avait toujours vu et connu que la colère et bizarrerie qui était en moi n’était sinon pour soutenir son service, lorsque je voyais qu’on le servait mal : or, jamais il n’avait ouï dire que j’eusse pris querelle avec personne pour mon particulier. » M. de Guise, favorable à Montluc, fit aussi cette remarque devant le roi, que le maréchal de Brissac se contredisait dans sa lettre, en déniant d’une part à Montluc l’ordre de talents nécessaires pour commander au nom du roi, et d’autre part en le louant si fort pour des qualités qui sont pourtant les principales en un homme de commandement, telles que d’être homme de grande police et de grande justice, et de savoir animer les soldats en toute entreprise : « Qui a jamais vu, ajoutait M. de Guise, qu’un homme doué de toutes ces bonnes parties n’eût avec lui de la colère ?

2181. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Préface pour les Maximes de La Rochefoucauld, (Édition elzévirienne de P. Jannet) 1853. » pp. 404-421

C’est le même qui, parlant de Mme de La Fayette et de sa liaison avec M. de La Rochefoucauld, sur laquelle, dans ses lettres à Ménage, elle se taisait volontiers, dira : « C’était là, probablement, la partie délicate et réservée sur laquelle la belle dame ne consultait guère ses savants amis. » C’est lui qui, parlant de ce monde délicat des Longueville et des La Vallière, de leurs fragilités et de leur repentir, s’écriera tumultueusement : Ah ! […] C’est encore ce que Montesquieu appelle dans ses Lettres persanes le décisionnaire universel. » 5.

2182. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — I » pp. 298-315

Le fait est que dans les discours, dans les apologies, dans les lettres, dans ce qui se rapproche de la parole vive et parlée (où il devait exceller), le style de Rohan est bien meilleur que dans la narration, qui reste chargée sous sa plume et parfois assez obscure. […] [NdA] On lit dans une lettre du duc de La Force à la duchesse sa femme, à la date du 25 février 1599 (peut-être faut-il lire 1600 ?) 

2183. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Madame Bovary par M. Gustave Flaubert. » pp. 346-363

Dans sa douleur de la perte de sa femme sur les torts de laquelle il s’est abusé tant qu’il l’a pu, Bovary continue de tout rapporter à elle, et, recevant vers ce temps la lettre de faire part du mariage de Léon, il s’écrie : « Comme ma pauvre femme aurait été heureuse ! » Bientôt après, quand il a trouvé le paquet de lettres tant de Léon que de Rodolphe, il pardonne tout, il aime encore l’ingrate et l’indigne qu’il a perdue, et il meurt de douleur.

2184. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Mémoires de Mme Elliot sur la Révolution française, traduits de l’anglais par M. le comte de Baillon » pp. 190-206

Le trône écroulé, le roi arrêté et mis en jugement, lui, prince du sang, il se figurait qu’il allait continuer de vivre à Paris à son aise, dans les plaisirs et en riche citoyen ; et son amie Mme de Buffon, femme gracieuse, qui montra plus tard bien du dévouement, écrivait au duc de Biron (un autre intime), alors à la tête de l’armée du Rhin, une lettre curieuse, incroyable34, où elle lui racontait à sa manière et sur un ton badin, les événements du 10 août, les arrestations qui en étaient la suite, les exécutions qui devaient commencer le lendemain au Carrousel : Au milieu de ces arrestations, disait-elle, Paris est calme pour ceux qui ne tripotent point. — J’oubliais de vous dire que Mme d’Ossun est à l’Abbaye. […] Retirée les jours suivants à sa maison de Meudon, et devenue peu après assez sérieusement malade, elle reçut un matin, par les mains d’un vieux valet de chambre, une lettre du duc d’Orléans, très affectueuse, dans laquelle il regrettait de ne pas oser venir lui-même, et la priait de passer chez lui dès qu’elle serait mieux, « ajoutant que tout le monde l’avait abandonné et qu’il espérait que sa malheureuse situation lui vaudrait un pardon, si elle le croyait coupable ».

2185. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Connaissait-on mieux la nature humaine au XVIIe siècle après la Fronde qu’au XVIIIe avant et après 89 ? »

Nisard, va jusqu’à accorder à la génération de 1660, c’est-à-dire des premières années du règne effectif de Louis XIV, à la génération qui était encore jeune ou déjà mûre alors, qui avait vu la fin de Richelieu et la Fronde, « une supériorité de lumières » sur les générations du xviiie  siècle qui lisait l’Esprit des Lois, les Lettres philosophiques et l’Émile ; admettant cette supériorité comme un fait, il l’explique par la nature même des événements politiques auxquels cette génération avait assisté, par les revirements étranges qui lui avaient découvert toutes les vicissitudes de l’opinion et qui l’avaient éclairée sur le fond de la nature humaine, tandis que les hommes du xviiie  siècle et d’avant 89 avaient perdu le souvenir des révolutions et des impressions qu’elles laissent, et n’avaient assisté qu’à des intrigues ministérielles, à des disputes de jansénisme et de molinisme, de gluckisme et de piccinisme, à de petites choses enfin, tout en en rêvant de grandes et d’immenses. […] En fait de connaissance purement curieuse et ironique de la nature humaine, je ne sais ce que l’auteur des Lettres persanes laisse à désirer aux plus malins ; et dans l’Esprit des Lois, Montesquieu cherche à réparer, à rétablir les rapports exacts, à faire comprendre les résultats pratiques sérieux, à faire respecter les religions civilisatrices, et son explication historique des lois et des institutions, si elle ne conclut pas, inspire du moins tout lecteur dans le sens du bien, dans le désir du perfectionnement social graduel et modéré.

2186. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe et d’Eckermann (suite) »

Dans une lettre adressée à Mme Récamier le 9 mai 1827 et publiée quelques jours après dans le Globe par suite d’une indiscrétion non regrettable, le jeune voyageur s’exprimait en ces termes, qui sont à rapprocher de ceux dans lesquels Eckermann va nous parler des mêmes entretiens : « Gœthe, écrivait M.  […] Ce qui vous fera plaisir, c’est qu’il croit à l’amour du Tasse et à celui de la princesse ; mais toujours à distance, toujours romanesque et sans ces absurdes propositions d’épouser qu’on trouve chez nous dans un drame récent… » N’oublions pas que la lettre est adressée à Mme Récamier, favorable à tous les beaux cas d’amour et de délicate passion.

2187. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. Suite et fin. » pp. 73-95

Il nous présente, sur la foi de je ne sais quelle lettre d’un ami et confident, M.  […]   *** On peut voir à la fin de ce volume la lettre amicale et savante que M. 

2188. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Études de politique et de philosophie religieuse, par M. Adolphe Guéroult. »

et l’homme qui l’a écrite est le même (cela se conçoit), qui plaidera, dans une lettre à M.  […] Se rappeler la série de Lettres de M. 

2189. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier (Suite.) »

Le propre de l’homme de lettres, il n’y a pas longtemps encore, était d’être empêché dès qu’on le tirait de ses livres, et de ne pas savoir comment se nomment les choses. Théophile Gautier s’est montré, à cet égard, le contraire de l’homme de lettres.

2190. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise par M. Taine. »

Si l’on connaissait bien les Anciens, on accordait trop aussi à certains auteurs modernes, à ceux dont on s’exagérait de loin le prestige à travers les grilles ; on prenait trop au sérieux et au pied de la lettre des ouvrages qui mêlaient à l’esprit et au talent bien des prétentions et de petits charlatanismes ; on leur prêtait de sa bonne foi, de son sérieux, de sa profondeur ; il en reste encore quelque chose aujourd’hui après des années, même dans les jugements plus mûrs. […] On n’y réussit d’abord qu’incomplétement, et l’on pourrait citer plus d’une exception heureuse, plus d’un élève distingué qui, par son tour et son ressort d’esprit déjoua le régime mortifiant de ces froides années, — l’israélite Bréal, l’ingénieux mythologue de l’école de Renan ; le protestant George Perrot, savant archéologue et voyageur ; le spirituel voltairien Goumy, et bien d’autres encore. — (Voir à l’Appendice, à la fin du volume, une lettre d’un ancien élève sur l’École normale de ce temps ; j’aime à noter et à recueillir ces témoignages directs.)

2191. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « La Réforme sociale en France déduite de l’observation comparée des peuples européens. par M. Le Play, conseiller d’État. (Suite et fin.) »

Ceux qui ont lu les dernières Lettres de Lamennais publiées par M.  […] Germain, professeur d’histoire à la Faculté des lettres de Montpellier.

2192. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire des cabinets de l’Europe pendant le Consulat et l’Empire, par M. Armand Lefebvre (suite et fin.) »

Varnhagen d’Ense, le mari de la célèbre Rahel, avait entre les mains une lettre de M. de Metternich où se trouvait le récit détaillé du premier effet causé à Vienne par le retour de l’île d’Elbe en 1815. […] Dans les Lettres du général Gneisenau, récemment publiées par M. 

2193. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DIX ANS APRÈS EN LITTÉRATURE. » pp. 472-494

Un grand nombre des plus éminents et des plus actifs champions de cette croisade si animée passèrent immédiatement à la politique pratique, et parurent cesser d’être gens de lettres. […] Et certes, un sentiment moral et patriotique, ami des lettres, ami du pays qui a été si offensé dans cette chère portion de lui-même, est bien fait aussi pour devenir une inspiration à l’égal de quelque conviction plus jeune et plus absolue.

2194. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre II. Distinction des principaux courants (1535-1550) — Chapitre I. François Rabelais »

Mais plus tard, à Lyon, quand pour vivre il ajoute à ses travaux d’humaniste, à sa médecine, à ses almanachs une bouffonne imitation des vieux romans, il y tire sa principale inspiration des profondeurs de son expérience ; le souvenir de ses plus essentiels instincts comprimés et menacés pendant tant d’années met dans l’œuvre comme deux points lumineux : la lettre de Gargantua à Pantagruel, et l’abbaye de Thélème. […] Et lui-même, en sa jeunesse, il a vaillamment, sous la saine direction de Ponocrates, tenté d’être un homme complet : lettres, sciences, arts, armes, toutes les connaissances du savant, tous les exercices du gentilhomme, il n’a rien négligé ; il a mis en culture toutes les puissances de son esprit et de son corps.

2195. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre quatrième »

Je sais qu’on le remarquerait de même dans la traduction inédite des lettres d’Abélard à Héloïse, par Jean de Meung. […] Elle est ravagée par deux siècles de guerres effroyables, tantôt avec l’Angleterre, qui lui arrache un moment sa nationalité et lui donne pour roi un régent anglais ; tantôt avec son ancienne organisation féodale : elle ne produit point d’homme de génie dans les lettres.

2196. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre dixième »

Buffon semble n’avoir connu que la logique des mathématiques, si différente de la logique des lettres. […] Lettre du ministre de la marine aux administrateurs de Saint-Domingue, 1771.

2197. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XIII »

Une lettre anonyme l’a avertie, comme un cri poussé dans l’obscurité. […] Ce voyage à Rouen n’était que le dénouement d’une ancienne liaison, la vieille histoire des lettres à rendre et du dernier rendez-vous.

2198. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Des lectures publiques du soir, de ce qu’elles sont et de ce qu’elles pourraient être. » pp. 275-293

Après une lecture qui aurait un peu trop exalté l’orgueil militaire des auditeurs, on leur lirait cette belle lettre de M. d’Argenson à Voltaire, écrite du champ de bataille de Fontenoy, et qui se termine par ces mots : « Mais le plancher de tout cela est du sang humain, des lambeaux de chair humaine !  […] D’autres extraits dans lesquels il présenta successivement les batailles d’Azincourt, de Poitiers et de Crécy, d’après les anciens historiens et chroniqueurs, parurent un moment choquer le patriotisme de l’auditoire, et il lui en vint des plaintes dans une lettre, d’ailleurs respectueuse.

2199. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Portalis. Discours et rapports sur le Code civil, — sur le Concordat de 1801, — publiés par son petit-fils — I. » pp. 441-459

Mais le Portalis politique, qu’il nous importe ici de reconnaître, ne se retrouve pour nous qu’en 1788 dans la Lettre des avocats du parlement de Provence au garde des Sceaux, et dans l’Examen impartial des nouveaux édits, émanés du ministère Brienne-Lamoignon. […] [NdA] Montesquieu a dit quelque chose de pareil dans la cxxxiv ͤ des Lettres persanes.

2200. (1912) Le vers libre pp. 5-41

Il semblait qu’en touchant à l’alexandrin nous dévalisions la diligence des saines lettres françaises et détournions les mandats-poste des romanciers feuilletonistes ! […] C’est dans un haut dessein qu’il publie son erreur éphémère et le démenti qu’il se donne ; c’est pour que les poètes parnassiens (il ne s’adresse pas à d’autres) qui le liront, sachent qu’il faut obéir aux règles dans leur esprit et non dans leur lettre ; c’est pour leur faire comprendre qu’il n’est point de règles immuables, que demain peut toujours bouleverser hier.

2201. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — La banqueroute du préraphaélisme »

En nous proposant comme modèles les Giotto et les Angelico, il a prouvé que l’énorme et capitale nouveauté de la peinture moderne, insoupçonnée du plus génial des Primitifs, demeurait lettre morte pour lui. […] Cette fois oseront-ils se presser devant ce portrait au sexe douteux, devant cette face faisandée, pourrie, exténuée de vice solitaire, devant ce cadavre avant la lettre dont la tristesse est marquée de l’hébétement particulier aux sectateurs trop fougueux d’Onan ?

2202. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre IX : M. Jouffroy écrivain »

Prises à la lettre, ces expressions sont des monceaux de contradictions et de non-sens. […] Lire, par exemple, la deuxième et la troisième leçon, et en regard, Beyle, Lettres, tome II, p. 81.

2203. (1920) Impressions de théâtre. Onzième série

Là-dessus, nouvelle lettre de M.  […] J’ai reçu deux autres lettres fort intéressantes à des titres divers et qui me permettront peut-être d’élargir la question ou, plus exactement, de la mieux poser. […] Mon vieil ami Baliveau voudrait une lettre de cachet pour mettre à l’ombre un coquin de neveu. […] Une salle dans le château. — Une lettre, apportée au vieil Arkel, lui annonce que Golaud a épousé la petite fille de la forêt, et qu’il va l’amener dans trois jours. […] De même, tandis que Catherine de Septmonts disait son fait à son mari et repoussait avec horreur ses tentatives de rapprochement, je me rappelais certaine lettre que M. 

2204. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires du marquis d’Argenson, ministre sous Louis XV »

Qu’il nous peigne Sully et ses Mémoires, Retz et les siens, MM. de Vendôme et la cour du Temple, qu’il compare entre eux, comme gens de lettres et du monde, Fontenelle, Hénault et Montesquieu, tous trois vivants et le dernier n’ayant pas produit l’Esprit des lois, qu’il juge Voltaire dès 1736, et Rousseau dès 1755, toujours sa façon est la même ; c’est le jugement qui le mène à l’esprit ; il ne s’y élève pas, mais y semble porté, et pour ainsi dire y descend.

2205. (1874) Premiers lundis. Tome I « Dumouriez et la Révolution française, par M. Ledieu. »

Mais dans la lettre dont il était porteur, Dumouriez vit avec étonnement qu’on ne lui donnait que le titre de maréchal de camp, et il en demanda la raison, en disant qu’il avait été nommé lieutenant général par Louis XVI.

2206. (1875) Premiers lundis. Tome III « Eugène-Scribe. La Tutrice »

Le cas était embarrassant pourtant, et la situation devenait orageuse ; une lettre de la célèbre danseuse Fridoline arrive à temps, Léopold retrouve son audace, et, par bravade, prend la résolution la plus extravagante, celle d’épouser la danseuse, qui, étant très-riche, vient de lui offrir sa main, pour devenir comtesse, et pouvoir faire graver une couronne sur le panneau de ses voitures.

2207. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Discours prononcé à la distribution des prix du lycée d’orléans. » pp. 223-229

Mais, avec tout cela, il est évident que son don propre ne fut pas le génie des lettres ni le génie de la guerre, mais le génie du cœur.

2208. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Éphémérides poétiques, 1870-1890 » pp. 181-188

La République des Lettres (Catulle Mendès)

2209. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXIV » pp. 251-258

quel empire exercèrent sur elle les mœurs de la cour, l’esprit et le langage des hommes de lettres alliés de la cour ; ou quel empire exercèrent-elles sur ces mœurs, cet esprit et ce langage ?

2210. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 169-178

Nous ne dirons rien de la Lettre sur les Aveugles, ni de celle sur les Sourds, qui semblent faites pour n’être lues ni entendues.

2211. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Lucrèce Borgia » (1833) »

L’une a prospéré, l’autre a été frappée d’une lettre de cachet ; l’idée qui fait le fond de la première restera longtemps encore peut-être voilée par mille préventions à bien des regards ; l’idée qui a engendré la seconde semble être chaque soir, si aucune illusion ne nous aveugle, comprise et acceptée par une foule intelligente et sympathique ; habent sua fata ; mais quoi qu’il en soit de ces deux pièces, qui n’ont d’autre mérite d’ailleurs que l’attention dont le public a bien voulu les entourer, elles sont sœurs jumelles, elles se sont touchées en germe, la couronnée et la proscrite, comme Louis XIV et le masque de fer.

2212. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Platon, et Aristote. » pp. 33-41

Sa mémoire doit être chère aux gens de lettres.

2213. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre VI. Des dictionnaires Historiques » pp. 220-228

C’est un homme de lettres que sa situation n’ayant pas mis à portée de se laisser prévenir, a tâché de n’avoir d’autre intérêt que celui de la vérité.

2214. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Examen du clair-obscur » pp. 34-38

J’y cherche le censeur des lettres, le Caton et le Brutus de notre âge, je m’attendais à voir Epictete en habit négligé, en perruque ébouriffée, effrayant par son air sévère les littérateurs, les Grands et les gens du monde, et je n’y vois que l’auteur du Devin du village bien habillé, bien peigné, bien poudré et ridiculement assis sur une chaise de paille ; et il faut convenir que le vers de Marmontel dit très bien ce qu’est M. 

2215. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Troisième faculté d’une Université. Faculté de droit. » pp. 506-510

Lorsque les mêmes hommes sont chargés de l’enseignement et donnent l’attestation d’habileté à posséder des charges et à remplir les places de la magistrature, maîtres d’accorder le signe de la science, les lettres, les diplômes et autres pancartes, ils négligent d’instruire de la chose ; les étudiants, leurs protecteurs ou leurs parents amollissent leur sévérité ou les corrompent par les sollicitations, par l’intérêt ou par la crainte.

2216. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — VI »

Pareillement, à l’endroit des autres entreprises collectives et en vertu de la même conception, quelle que soit l’entreprise, locale ou morale, et quel qu’en soit l’objet, sciences, lettres et beaux-arts, bienfaisance désintéressée ou assistance mutuelle, agriculture, industrie ou commerce, plaisir ou profit, ils sont méfiants ou même hostiles.‌

2217. (1882) Essais de critique et d’histoire (4e éd.)

Notre prédicateur Fléchier eut une Iris, Mlle de la Vigne, lui écrivit beaucoup de lettres et fit pour elle beaucoup de vers. […] Les lettres de Thurloe donnent le soir les impressions du matin. […] J’ai des créanciers, donnez-moi des lettres d’État pour suspendre leurs poursuites. […] La mère de Saint-Simon ne voulait pas donner des lettres d’État, essentielles pour l’affaire. […] Faute de place dans le monde, il en prit une dans les lettres.

2218. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome I pp. 5-537

Ceux-ci n’ont, en effet, qu’un pouvoir limité dans leurs moyens : l’empire des lettres est sans bornes. […] Nous partirons de ce point lumineux pour éclaircir ensuite les règles particulières qui conviennent au système des lettres modernes et étrangères. […] Voilà les heureux effets de la sensibilité mâle que doit exprimer l’homme de lettres. […] Les lettres nous donnent la mesure des forces morales ; et de plus, elles les produisent et les augmentent. […] C’est de cette façon que Pradon censurerait aujourd’hui ces vers défigurés en lettres italiques.

2219. (1875) Premiers lundis. Tome III «  Chateaubriand »

Joubert, l’ami intime, l’ami du cœur et du génie de M. de Chateaubriand, écrivait à madame de Beaumont, inquiète et craintive, à la veille de la publication d’Atala (mars 1801), cette lettre qui est restée le jugement définitif et qu’enregistre la postérité : « Je ne partage point vos errantes, car ce qui est beau ne peut manquer de plaire ; et il y a dans cet ouvrage une Vénus, céleste pour les uns, terrestre pour les autres, mais se faisant sentir à tous.

2220. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre VII. De la propriété des termes. — Répétition des mots. — Synonymes. — Du langage noble »

Le xviiie  siècle, faussement classique, obéit à la lettre, méconnaissant l’esprit de la loi ; il outra la pruderie, et finit par soupçonner de trivialité tout ce qui gardait de la vérité.

2221. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre IX. Précision, brièveté, netteté »

Cette qualité ne se mesure ni au nombre des mots ni à la longueur des phrases, pas plus qu’au nombre des lettres ou des syllabes : elle est toute dans le rapport des mots et des choses, lorsqu’il n’y a rien de trop dans l’expression, et qu’on n’y peut rien retrancher sans enlever aussi de l’idée.

2222. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « La Solidarité »

de première classe), vous aurez maintes occasions d’être secourables aux pauvres gens, de faire payer pour eux les riches, de réparer ainsi, dans une petite mesure, l’inégalité des conditions et d’appliquer pour votre compte l’impôt progressif sur le revenu  Notaires (car il y en a ici qui seront notaires), vous pourrez être, un peu, les directeurs de conscience de vos clients et insinuer quelque souci du juste dans les contrats dont vous aurez le dépôt  Avocats ou avoués, vous pourrez souvent par des interprétations d’une généreuse habileté, substituer les commandements de l’équité naturelle, ou même de la pitié, aux prescriptions littérales de la loi, qui est impersonnelle, et qui ne prévoit pas les exceptions  Professeurs, vous formerez les cœurs autant que les esprits ; vous… enfin vous ferez comme vous avez vu faire dans cette maison  Artistes ou écrivains, vous vous rappellerez le mot de La Bruyère, que « l’homme de lettres est trivial (vous savez dans quel sens il l’entend) comme la borne au coin des places » ; vous ne fermerez pas sur vous la porte de votre « tour d’ivoire », et vous songerez aussi que tout ce que vous exprimez, soit par des moyens plastiques, soit par le discours, a son retentissement, bon ou mauvais, chez d’autres hommes et que vous en êtes responsables  Hommes de négoce ou de finance, vous serez exactement probes ; vous ne penserez pas qu’il y ait deux morales, ni qu’il vous soit permis de subordonner votre probité à des hasards, de jouer avec ce que vous n’avez pas, d’être honnête à pile ou face  Industriels, vous pardonnerez beaucoup à l’aveuglement, aux illusions brutales des souffrants ; vous ne fuirez pas leur contact, vous les contraindrez de croire à votre bonne volonté, tant vos actes la feront éclater à leurs yeux ; vous vous résignerez à mettre trente ou quarante ans à faire fortune et à ne pas la faire si grosse : car c’est là qu’il en faudra venir  Hommes politiques, j’allais dire que vous ferez à peu près le contraire de presque tous vos prédécesseurs, mais ce serait une épigramme trop aisée.

2223. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les Zutistes » pp. 19-27

Il y avait la poétesse Marie Krysinska, pâle et myope, et sa fidèle Denise Ahmers, pensive et recueillie puis, mêlé à quelques apprentis de lettres, le chœur des inspiratrices discrètes, essuyant, patiemment, ce flux intarissable d’éloquence, à quoi elles tâchaient de s’intéresser, par bienséance, comme les dévotes écoutent, aux offices, le latin qu’elles n’entendent point.

2224. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « La réforme prosodique » pp. 120-128

Cette lettre, en dépit de l’admiration que nous professions pour le Maître, ne modifia en rien nos idées sur la rime, non plus que notre opinion sur « l’affreux Voltaire ».

2225. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « I. Historiographes et historiens » pp. 1-8

La charge d’historiographe n’était guère que la bague au doigt d’un homme de lettres, — une charge modeste.

2226. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXIII. Des panégyriques en vers, composés par Claudien et par Sidoine Apollinaire. Panégyrique de Théodoric, roi des Goths. »

Il se maria, entra dans le clergé du vivant de sa femme, se rendit célèbre dans les lettres, fut évêque de Pavie en 510, entreprit deux voyages en Orient pour réunir les deux Églises, et n’y réussit point.

2227. (1895) La vie et les livres. Deuxième série pp. -364

Nous oublions volontiers que cet esprit si rare s’est formé non point dans les cénacles de gens de lettres, mais dans les ateliers scientifiques et dans les laboratoires d’érudition. […] Comme Jéhu se préoccupait des nombreux descendants de la famille d’Achab qui se trouvaient dans Samarie, il écrivit aux principaux de la ville une lettre hypocrite et ambiguë, que les notables comprirent fort clairement. […] Une méthode y est appliquée, qui a modifié notre façon d’apercevoir l’histoire des lettres comme la méthode de Renan a modifié notre façon d’apercevoir l’histoire des religions. […] On a retrouvé, dans la correspondance, encore inédite, de Leconte de Lisle, quelques lettres qui datent de ce temps-là. […] Seuls, les fantômes de lettres se vantent de ne ressembler à rien ni à personne.

2228. (1907) Propos de théâtre. Quatrième série

Il n’y a pas beaucoup d’hommes de lettres qui aient écrit quelque chose comme cela à dix-neuf ans. […] Produis les lettres de grâce et il est sauvé !  […] Elle brûle les lettres de grâce. […] Pour qu’il soit plus sûr, il convient d’avoir des lettres de la femme, ou des deux femmes. Bien entendu, Germaine avait gorgé de lettres le joli monsieur de Dinard.

2229. (1890) Causeries littéraires (1872-1888)

Moi, j’aime mieux ce que me donnent les lettres faciles. » Et il énuméra très gaiement ce qu’en effet elles lui donnaient. […] Quand il aurait cru remplir un devoir envers les lettres austères en leur assurant une compensation, quoi d’étonnant à cela ? […] Cette tante meurt, frappée de paralysie, après lui avoir demandé instamment à brûler une liasse de lettres. […] Celui à qui elle les débite, un homme de lettres très spirituel et très sceptique, n’est pas de ceux que l’on dupe aisément. […] Comme je finissais cet article, je trouve dans un journal une lettre de M. 

2230. (1914) Une année de critique

Est-il naturel que deux jeunes gens amoureux s’avisent de consigner dans leurs lettres les axiomes principaux de la psychologie des passions ? […] Lisez les lettres d’amour qu’échangeaient les révolutionnaires : ah ! […] Monsieur Bois a acquis une importante situation dans les lettres. […] Cette librairie est un endroit où les amoureux des lettres se plaisent. […] Et il est piquant d’entendre ce hardi homme de lettres, ce duelliste redoutable, raisonner exactement comme une femme.

2231. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre III. La nouvelle langue. » pp. 165-234

Quand Pandarus lui apporte pour la première fois une lettre de Troïlus, elle refuse d’abord, elle a honte de l’ouvrir ; elle ne l’ouvre que parce qu’on lui dit que le pauvre chevalier va mourir. Dès les premiers mots elle devient plus « vermeille qu’une rose », et, si respectueuse que soit la lettre, elle ne veut pas répondre. […] Le régime scolastique a érigé en reine la lettre morte et peuplé le monde d’esprits morts. Après Gower, Occlève, et Lydgate227. « Mon père Chaucer m’aurait volontiers instruit, dit Occlève, mais j’étais lourd et j’apprenais peu ou point. » Il a paraphrasé en vers un traité d’Égidius sur le gouvernement ; ce sont des moralités : ajoutez-en d’autres sur la compassion d’après saint Augustin, sur l’art de mourir ; puis des amours : une lettre de Cupidon datée de sa cour au mois de mai. […] En parlant de Cressida, il dit : « Aussi vrai que notre première lettre est maintenant un A, on ne vit jamais chose digne d’être plus chèrement louée, ni sous un noir nuage d’étoile si brillante. » 219.

2232. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Introduction. » pp. -

Entre tant d’écrivains qui, depuis Herder, Ottfried Muller et Gœthe, ont continué et rectifié incessamment ce grand effort, que le lecteur considère seulement deux historiens et deux œuvres, l’une le commentaire sur Cromwell de Carlyle, l’autre le Port-Royal de Sainte-Beuve ; il verra avec quelle justesse, quelle sûreté, quelle profondeur, on peut découvrir une âme sous ses actions et sous ses œuvres ; comment, sous le vieux général, au lieu d’un ambitieux vulgairement hypocrite, on retrouve un homme travaillé par les rêveries troubles d’une imagination mélancolique, mais positif d’instinct et de facultés, anglais jusqu’au fond, étrange et incompréhensible pour quiconque n’a pas étudié le climat et la race ; comment avec une centaine de lettres éparses et une vingtaine de discours mutilés, on peut le suivre depuis sa ferme et ses attelages jusqu’à sa tente de général et à son trône de protecteur, dans sa transformation et dans son développement, dans les inquiétudes de sa conscience et dans ses résolutions d’homme d’État, tellement que le mécanisme de sa pensée et de ses actions devient visible, et que la tragédie intime, perpétuellement renouvelée et changeante, qui a labouré cette grande âme ténébreuse, passe, comme celles de Shakspeare, dans l’âme des assistants. […] Quoique nous ne puissions suivre qu’obscurément l’histoire des peuples aryens depuis leur patrie commune jusqu’à leurs patries définitives, nous pouvons affirmer cependant que la profonde différence qui se montre entre les races germaniques d’une part et les races helléniques et latines de l’autre, provient en grande partie de la différence des contrées où elles se sont établies, les unes dans les pays froids et humides, au fond d’âpres forêts marécageuses ou sur les bords d’un océan sauvage, enfermées dans les sensations mélancoliques ou violentes, inclinées vers l’ivrognerie et la grosse nourriture, tournées vers la vie militante et carnassière ; les autres au contraire au milieu des plus beaux paysages, au bord d’une mer éclatante et riante, invitées à la navigation et au commerce, exemptes des besoins grossiers de l’estomac, dirigées dès l’abord vers les habitudes sociales, vers l’organisation politique, vers les sentiments et les facultés qui développent l’art de parler, le talent de jouir, l’invention des sciences, des lettres et des arts. —  Tantôt les circonstances politiques ont travaillé, comme dans les deux civilisations italiennes : la première tournée tout entière vers l’action, la conquête, le gouvernement et la législation, par la situation primitive d’une cité de refuge, d’un emporium de frontière, et d’une aristocratie armée qui, important et enrégimentant sous elle les étrangers et les vaincus, mettait debout deux corps hostiles l’un en face de l’autre, et ne trouvait de débouché à ses embarras intérieurs et à ses instincts rapaces que dans la guerre systématique ; la seconde exclue de l’unité et de la grande ambition politique par la permanence de sa forme municipale, par la situation cosmopolite de son pape et par l’intervention militaire des nations voisines, reportée tout entière, sur la pente de son magnifique et harmonieux génie, vers le culte de la volupté et de la beauté. —  Tantôt enfin les conditions sociales ont imprimé leur marque, comme il y a dix-huit siècles par le christianisme, et vingt-cinq siècles par le bouddhisme, lorsque autour de la Méditerranée comme dans l’Hindoustan, les suites extrêmes de la conquête et de l’organisation aryenne amenèrent l’oppression intolérable, l’écrasement de l’individu, le désespoir complet, la malédiction jetée sur le monde, avec le développement de la métaphysique et du rêve, et que l’homme dans ce cachot de misères, sentant son cœur se fondre, conçut l’abnégation, la charité, l’amour tendre, la douceur, l’humilité, la fraternité humaine, là-bas dans l’idée du néant universel, ici sous la paternité de Dieu. —  Que l’on regarde autour de soi les instincts régulateurs et les facultés implantées dans une race, bref le tour d’esprit d’après lequel aujourd’hui elle pense et elle agit ; on y découvrira le plus souvent l’œuvre de quelqu’une de ces situations prolongées, de ces circonstances enveloppantes, de ces persistantes et gigantesques pressions exercées sur un amas d’hommes qui, un à un, et tous ensemble, de génération en génération, n’ont pas cessé d’être ployés et façonnés par leur effort : en Espagne, une croisade de huit siècles contre les Musulmans, prolongée encore au-delà et jusqu’à l’épuisement de la nation par l’expulsion des Maures, par la spoliation des juifs, par l’établissement de l’inquisition, par les guerres catholiques ; en Angleterre, un établissement politique de huit siècles qui maintient l’homme debout et respectueux, dans l’indépendance et l’obéissance, et l’accoutume à lutter en corps sous l’autorité de la loi ; en France, une organisation latine qui, imposée d’abord à des barbares dociles, puis brisée dans la démolition universelle, se reforme d’elle-même sous la conspiration latente de l’instinct national, se développe sous des rois héréditaires, et finit par une sorte de république égalitaire, centralisée, administrative, sous des dynasties exposées à des révolutions. […] À cet égard un grand poëme, un beau roman, les confessions d’un homme supérieur sont plus instructifs qu’un monceau d’historiens et d’histoires ; je donnerais cinquante volumes de chartes et cent volumes de pièces diplomatiques pour les mémoires de Cellini, pour les lettres de saint Paul, pour les propos de table de Luther ou les comédies d’Aristophane.

2233. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre I. Décomposition du Moyen âge — Chapitre II. Le quinzième siècle (1420-1515) »

Il obtint en janvier 1456, sous deux noms différents, deux lettres de rémission pour le meurtre du prêtre, et les tripots de Paris le revirent. […] Les choses prenaient un vilain tour : l’évêque n’était pas disposé à lâcher le mauvais garçon, quand Louis XI, récemment sacré, passa près de Meung, donnant des lettres de rémission aux prisonniers dans toutes les villes où il s’arrêtait. […] À consulter : Kervyn de Lettenhove, Lettres et négociations de Philippe de Commynes, 3 vol. in-8, Bruxelles, 1867-74 ; Fierville, Documents inédits sur Philippe de Commynes, in-8, Paris, 1881 ; Faguet, xvie  siècle.

2234. (1894) Propos de littérature « Chapitre IV » pp. 69-110

», mais il lui est permis de protéger les lettres, les arts et l’industrie, d’envoyer des ambassadeurs, de s’entourer d’une noblesse encore jalouse de pur renom, de dissoudre au besoin une chambre des députés turbulente ; et dans l’apparat glacé des cérémonies officielles, lorsque musiques et discours célèbrent les fastes de la nation, la séculaire mémoire de sa race et sa hautaine stature imposent encore par leur grandeur. […] Certes, de même qu’il est bon de voir les individualistes catholiques et anarchistes combattre par les armes du raisonnement les autoritaires socialistes et jacobins, et tenter ainsi d’établir dans la société un progressif équilibre, il faut aussi que les individualistes des lettres, les poètes spécialement subjectifs, comme M.  […] Revue indépendante, 1889, lettre de MM. 

2235. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — CHAPITRE IX »

La maison est vide, le jardin désert ; une lettre équivoque, trouvée sur une table, lui apprend qu’il est trahi, en phrases mystérieuses et comme balbutiées à voix basse ; et le malheureux tombe dans les bras de son père, accouru aux cris de son désespoir. […] On y lisait en toutes lettres : « Aime-moi, et ne t’afflige pas si quelque autre me possède. » Ce qui choquerait plus encore si l’émotion, à ce moment palpitant du drame, vous permettait de juger, c’est le moyen qu’emploie Marguerite pour tenir la promesse qu’elle a faite à M.  […] Elle fouille, elle furette, elle plonge, elle ouvre les tiroirs, elle lit les lettres, elle chiffonne, d’une main frémissante, les bonnets et les fichus de grisette traînant çà et là.

2236. (1913) La Fontaine « VIII. Ses fables — conclusions. »

De plus (et c’est un point très curieux), de plus Boileau faisait hommage  non plus dans la dissertation sur Joconde, dans une lettre  Boileau faisait, dans une lettre, hommage à La Fontaine de ce que La Fontaine avait employé des vers irréguliers avec une singulière maîtrise et une singulière dextérité, une main extraordinaire. […] Je vous indique en passant que le Suisse Muralt, notre ennemi Muralt, celui qui a fait des Lettres anglaises très défavorables à la France, Murait déteste toute notre littérature, qu’il trouve sans qualité morale, très désordonnée, très dévergondée, très déplorable, et qu’il ne fait exception que pour La Rochefoucauld, La Fontaine et Fénelon.

2237. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Gustave Flaubert »

Après les Lettres à Panizzi de Mérimée, c’est un roman de Gustave Flaubert qu’ils ramassent, et qui n’est pas seulement un livre posthume, mais un livre inachevé, et qu’ils publient comme si c’était une œuvre définitivement terminée. […] c’est pour ces chiens d’aristocrates en littérature, qui deviennent de plus en plus rares, et non pas pour ce gros de démocrates de lettres qui ne croient pas plus dans les lettres qu’en politique au privilège de la naissance.

2238. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — III. (Fin.) » pp. 175-194

Il montre la lettre à l’un des intéressés avant qu’elle parte. […]  » Il entre avec cinq ou six de ses familiers et trouve Sully au travail devant une masse de mémoires et de lettres qu’il était en train d’écrire : « Et depuis quand êtes-vous là ? 

2239. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset, professeur d’histoire au lycée Bonaparte. (Suite et fin) »

Je n’appelle pas être écrivains et littérateurs, pour des rois, faire ce qui est de leur royal office, des notes, des dépêches, des lettres, des mémoires même. […] Pour moi, dans ce que je lis de lettres, de discours ou d’écrits émanés du roi, je suis surtout frappé, en général, de la solidité, de l’élévation et du bon sens.

2240. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Maurice et Eugénie de Guérin. Frère et sœur »

Mais ses amis firent remettre à Mme Sand quelques-uns de ses fragments inédits, quelques-unes de ses lettres et un morceau achevé, le Centaure, lequel, inséré dans la Revue des Deux Mondes en mai 1840, suffit à poser, à fonder la réputation de Maurice auprès des curieux d’entre les jeunes générations. […] Aujourd’hui c’est une seconde édition plus complète qui se publie et qui, se joignant au Journal et aux Lettres de Mme Eugènie de Guérin, sœur aînée du poète et morte elle-même peu de temps après lui, vient montrer quel couple poétique distingué c’était que ce frère et cette sœur : — lui, le noble jeune homme « d’une nature si élevée, rare et exquise, d’un idéal si beau qu’il ne hantait rien que par la poésie » ; — elle la noble fille au cœur pur ; à l’imagination délicate et charmante, à la croyance vaillante et ferme ; toute dévouée à ce frère qu’elle adorait, qu’elle admirait : et que, sans le savoir ; elle surpassait peut-être ; qu’elle craignait sans cesse devoir s’égarer aux idées et aux fausses lumières du monde ; qu’elle fût heureuse de ramener au bercail dans les heures dernières ; qu’elle passa plusieurs années à pleurer, à vouloir rejoindre, et dont elle aurait aimé cependant, avant de partir, à dresser elle-même de ses mains le terrestre monument.

2241. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Charles-Quint après son abdication, au monastère de Saint-Just »

Mais d’autre part, depuis qu’on a pu lire les lettres nombreuses écrites en ce même temps par les personnes de l’entourage de Charles-Quint, les consultations à lui adressées sur toutes les affaires politiques de l’Europe et les réponses, on a un double jour ouvert sur la pensée du grand solitaire ; il n’a plus été possible de dire avec Robertson : « Les pensées et les vues ambitieuses qui l’avaient si longtemps occupé et agité étaient entièrement effacées de son esprit ; loin de reprendre aucune part aux événements politiques de l’Europe, il n’avait pas même la curiosité de s’en informer. » Et sans faire de lui le moins du monde un ambitieux qui se repent, ni sans accuser les bons moines d’avoir falsifié la vérité parce qu’ils en ont ignoré la moitié, on est arrivé à voir le Charles-Quint réel, naturel, non légendaire, partagé entre les soins qu’il devait encore au monde et à sa famille, traité et considéré par elle comme une sorte d’empereur consultant, et en même temps catholique fervent, Espagnol dévot et sombre, tourné d’imagination et en esprit de pénitence aux visions de purgatoire ou d’enfer, et aux perspectives funèbres. […] Mignet ; 1 vol. in-8º, cinquième édition 1862 ; — Retraite et mort de Charles-Quint au monastère de Yuste, lettres inédites, tirées des archives de Simancas, et publiées par M. 

2242. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Les frères Le Nain, peintres sous Louis XIII, par M. Champfleury »

Monmerqué, le Sévigniste, d’aimable et souriante mémoire, n’était pas plus à l’affût de la moindre relique de sa Notre-Dame de Livry ; — le docteur Payen, ce modèle des admirateurs fidèles, n’est pas plus à la piste d’une lettre ou d’une signature authentique de Montaigne ; — notre ami Eudore Soulié n’est pas plus sagace à découvrir et à déterrer sous des liasses poudreuses la moindre trace biographique du grand Molière ; — MM.  […] Le moment où Gardilanne arrive à Nevers, en se faisant précéder d’une lettre que Dalègre ne reçoit qu’une demi-heure auparavant, le coup de foudre de cette chute d’ami qui le consterne, son premier mouvement pour dérober en toute hâte les moindres traces de son fragile et casuel trésor, le déménagement nocturne de la faïence par le maître de la maison et sa ménagère, pendant que le voyageur est endormi, la crainte que le cliquetis chéri ne le réveille (car tout collectionneur, comme tout amant, a le sommeil léger pour ce qu’il aime), tout cela fait une scène excellente.

2243. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni (suite et fin.) »

J’oubliais Henry Monnier, l’aîné de Gavarni de quelques années et son franc camarade, dont j’ai sous les yeux lettres sur lettres réclamant des costumes pour les rôles de sa femme, et parfois dans un latin macaronique transparent (Indigo vestis mihiuxoris ad proximam operam dramaticam, etc.).

2244. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « M. Émile de Girardin. »

Pour moi, j’avais, lorsque je recommençai il y a près de trois ans ici 67 cette série d’études, un dessein que je n’ai exécuté que très-imparfaitement ; on n’accomplit jamais tous ses desseins ; le mien eût été de neutraliser le pays des Lettres, non pas de le rendre à jamais inviolable et sacré comme l’était le territoire de Delphes dans l’Antiquité, — ce serait trop demander à nos mœurs et à nos usages, —  mais de le rendre au moins plus hospitalier et plus ami, pour qu’on pût y être juste les uns envers les autres et que « les iniquités de la polémique » ne nous y suivissent pas. […] Les amateurs recherchent les portraits avant la lettre ; je fais comme eux, et, quoi qu’il arrive ensuite, je suis sûr que, pour les lignes essentielles ou délicates, ces premières épreuves à l’usage des amis, et qui ne sont point dans le commerce, ne trompent pas.

2245. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise, par M. Taine, (suite et fin.) »

Le jour où viendrait un critique qui aurait le profond sentiment historique et vital des lettres comme l’a M.  […] On voit dans ses œuvres quel soin et quelle élégance il apportait à ses divers commerces épistolaires ; il adaptait le tour et le ton de ses lettres à ceux à qui il écrivait.

2246. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « La reine Marie Leckzinska (suite et fin.) »

Elle faisait allusion à la lettre fort dure que le roi lui avait écrite le jour même de l’avènement de Fleury au ministère, et que cette Éminence en personne lui avait remise). […] Quelques lettres de la reine écrites à Mme de Luynes pendant des maladies ou des absences donnent bien le ton de cette intimité unie et sans orage.

2247. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Mlle Eugénie de Guérin et madame de Gasparin, (Suite et fin.) »

Elle décrit agréablement, d’ailleurs, ce qu’elle a vu du paysage, des fêtes, des coutumes locales ; elle a là-dessus des pages accomplies : « Dimanche, dit-elle dans une lettre à son père (2 août 1846), nous avions un temps admirable. […] Je ne me flatte pas d’avoir tenu la balance parfaitement égale dans la comparaison que j’ai essayé d’établir ; mais si je n’ai pas été tout à fait aussi juste que je l’aurais voulu, je ferai réparation en donnant ici la lettre à la fois gracieuse et véridique que m’a écrite à cette occasion la personne distinguée, ainsi prise à partie par moi sans plus de façon et mise en antagonisme avec Eugénie de Guérin : « Monsieur, « Je reçois le Constitutionnel, et je viens vous remercier d’un cœur sincère.

2248. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire de la Grèce, par M. Grote »

« Son intempérance, dans le boire et le manger, fut une des principales causes de la maladie de foie dont il mourut. » (Voir le Choix de Lettres de Wittenbach, publié par Mahne ; Gand, 1830.) […] Giguet, auteur d’une traduction d’Homère, et l’un des esprits les plus aiguisés et les mieux avisés sur la question, une lettre très-vive dont je citerai la partie essentielle : « Monsieur, veuillez ouvrir votre Iliade et lire : chant IV, les vers 512 et 513, — chant V, les vers 787 à 791, — chant VII, les vers 220 et 230 : — vous reconnaîtrez qu’entre les IIe et VIIIe chants, la colère d’Achille ne cesse pas un instant d’être le nœud du poëme. — Quant à l’ambassade conseillée (chant IX) par Nestor, rapprochez-la des vers de 105 à 110, chant XIII, et réfléchissez à ce qui fût arrivé si Agamemnon n’eût point montré de la bonne volonté, après la première défaite des Achéens.

2249. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre I. La tragédie de Jodelle à Corneille »

Les théoriciens, comme Scaliger307, insisteront d’après Aristote sur la nécessité d’une rigoureuse unité de l’action : mais le précepte est lettre morte pour eux. […] Le roi de Hongrit doit épouser la reine de Naples, et l’épousera au dénouement mais pour qu’il en vienne là, il faudra que tout le monde se déguise, le roi de Hongrie en simple gentilhomme, Alcandre, frère du roi, en marchand, son amante Rosélie en paysanne, la reine de Naples en pèlerine, un valet bouffon en Alcandre ; et il faudra encore deux fausses lettres pour brouiller la situation au milieu de la pièce.

2250. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Henry Rabusson »

Il y a le monde des hommes de lettres et des artistes, et le monde des financiers, et le monde de la haute bourgeoisie, et le monde académique, et le demi-monde, non pas au sens où on l’entend à présent, mais tel que l’a défini M.  […] que Maxime Rivols est bien le type accompli de l’homme de lettres amoureux !

2251. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Campagnes d’Égypte et de Syrie, mémoires dictés par Napoléon. (2 vol. in-8º avec Atlas. — 1847.) » pp. 179-198

Quand il concourait à l’académie de Lyon en 91, il avait du ton de l’abbé Raynal ; quand il écrivait en 96 des lettres passionnées à Joséphine, il se souvenait encore de La Nouvelle Héloïse. […] Pascal, dans les immortelles pensées qu’on a trouvées chez lui à l’état de notes, et qu’il écrivait sous cette forme pour lui seul, rappelle souvent, par la brusquerie même, par cet accent despotique que Voltaire lui a reproché, le caractère des dictées et des lettres de Napoléon.

2252. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Discours sur l’histoire de la révolution d’Angleterre, par M. Guizot (1850) » pp. 311-331

Napoléon écrivait à son frère Joseph, alors roi de Naples, qui aimait fort les gens de lettres : « Vous vivez trop avec des lettrés et des savants. Ce sont des coquettes avec lesquelles il faut entretenir un commerce de galanterie, et dont il ne faut jamais songer à faire ni sa femme ni son ministre. » Cela est vrai de bien des gens de lettres, de quelques-uns même de ceux que nous avons vus, de nos jours, ministres.

2253. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Balzac. » pp. 443-463

Il y a plus de deux siècles déjà, en 1624, Honoré d’Urfé (l’auteur du fameux roman de L’Astrée), qui vivait en Piémont, reçut une lettre très sérieuse qui lui était adressée par vingt-neuf princes ou princesses et dix-neuf grands seigneurs ou dames d’Allemagne ; les susdits personnages l’informaient qu’ils avaient pris les noms des héros et des héroïnes de L’Astrée, et s’étaient constitués en Académie des vrais amants ; ils demandaient avec instance la suite de l’ouvrage. Ce qui est arrivé là à d’Urfé s’est renouvelé à la lettre pour M. de Balzac.

2254. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Les Confessions de J.-J. Rousseau. (Bibliothèque Charpentier.) » pp. 78-97

Il a eu faim dans sa vie ; il note dans ses Confessions, avec un sentiment de bénédiction pour la Providence, la dernière fois où il lui est arrivé de sentir à la lettre la misère et la faim. […] Il aura sans doute de délicieux moments alors et depuis jusqu’à la fin ; il retrouvera dans l’île de Saint-Pierre, au milieu du lac de Bienne, un intervalle de calme et d’oubli qui lui inspirera quelques-unes de ses plus belles pages, cette cinquième promenade des Rêveries, qui, avec la troisième lettre à M. de Malesherbes, ne saurait se séparer des plus divins passages des Confessions.

2255. (1899) Esthétique de la langue française « Le vers libre  »

Nul dans : lettre, il est marqué dans : lettre patente.

2256. (1767) Salon de 1767 « Adressé à mon ami Mr Grimm » pp. 52-65

Ce sont ces gens-là qui décident à tort et à travers des réputations ; qui ont pensé faire mourir Greuze de douleur et de faim ; qui ont des galeries qui ne leur coûtent guères ; des lumières ou plutôt des prétentions qui ne leur coûtent rien ; qui s’interposent entre l’homme opulent et l’artiste indigent ; qui font payer au talent la protection qu’ils lui accordent ; qui lui ouvrent ou ferment les portes ; qui se servent du besoin qu’il a d’eux pour disposer de son temps ; qui le mettent à contribution ; qui lui arrachent à vil prix ses meilleures productions ; qui sont à l’affût, embusqué derrière son chevalet ; qui l’ont condamné secrètement à la mendicité, pour le tenir esclave et dépendant ; qui prêchent sans cesse la modicité de fortune comme un aiguillon nécessaire à l’artiste et à l’homme de lettres, parce que, si la fortune se réunissait une fois au talent et aux lumières, ils ne seroient plus rien ; qui décrient et ruinent le peintre et le statuaire, s’il a de la hauteur et qu’il dédaigne leur protection ou leur conseil ; qui le gênent, le troublent dans son attelier, par l’importunité de leur présence et l’ineptie de leurs conseils ; qui le découragent, qui l’éteignent, et qui le tiennent, tant qu’ils peuvent dans l’alternative cruelle de sacrifier ou son génie, ou son élevation, ou sa fortune. […] Mais comment voulez-vous que le talent résiste et que l’art se conserve, si vous joignez à cette épidémie vermineuse la multitude de sujets perdus pour les lettres et pour les arts, par la juste répugnance des parents à abandonner leurs enfants à un état qui les menace d’indigence ?

2257. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 33, que la veneration pour les bons auteurs de l’antiquité durera toujours. S’il est vrai que nous raisonnions mieux que les anciens » pp. 453-488

Elles se répandent déja sur les belles lettres, et elles en feront disparoître les vieux préjugez, ainsi qu’elles les ont fait disparoître des sciences naturelles. […] Le pere Mersenne minime de Paris, dont le nom est si célebre parmi les philosophes de ce temps-là, en fut informé par des lettres d’Italie dès mil six cens quarante-quatre, et il la divulgua par toute la France.

2258. (1860) Ceci n’est pas un livre « Une préface abandonnée » pp. 31-76

Je suis loin de vouloir soutenir qu’on ne peut être à la fois hommes de lettre et homme d’ordre, — que les hasards de l’amour libre sont plus favorables que le mariage aux créations de l’esprit, que l’art enfin se trouve mal assis au foyer domestique et mal couché sur le lit conjugal. […] J’en sais tant, et de renommés par le monde des lettres, qui sont toujours chez les autres !

2259. (1874) Premiers lundis. Tome II « Mort de sir Walter Scott »

La France a eu de sévères reproches à lui adresser au sujet des jugements étranges dont il a rempli les Lettres de Paul et l’Histoire de Napoléon Bonaparte ; mais c’était, de sa part, légèreté et préventions d’habitude, bien plutôt que mauvais vouloir et système.

2260. (1874) Premiers lundis. Tome II « Revue littéraire et philosophique »

Quant à Eucher, ses lettres ou traités sur la Louange du Désert et sur le Mépris du Monde forment d’aimables et pieux conseils, qui caractérisent à merveille la situation des âmes à cette époque, et ce mélange d’élégance littéraire, un peu païenne, avec une morale austère.

2261. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre V. Résumé. »

La compagnie était nombreuse et de tout état, gens de cour, gens de robe, gens de lettres, académiciens ; on avait fait grand’chère comme de coutume.

2262. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre XI. De l’ignorance de la langue. — Nécessité d’étendre le vocabulaire dont on dispose. — Constructions insolites et néologismes »

La recherche d’une brièveté télégraphique, qui compte les lettres et les syllabes, et qui en craint la dépense, a introduit en français beaucoup de barbarismes.

2263. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Et Lamartine ? »

Ce poète, aussi peu « homme de lettres qu’Homère, ce qu’il exprimait sans effort, c’était tous les beaux sentiments tristes et doux accumulés dans l’âme humaine depuis trois mille ans : l’amour chaste et rêveur, la sympathie pour la vie universelle, un désir de communion avec la nature, l’inquiétude devant son mystère, l’espoir en la bonté du Dieu qu’elle révèle confusément ; je ne sais quoi encore, un suave mélange de piété chrétienne, de songe platonicien, de voluptueuse et grave langueur.

2264. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Les derniers rois »

Il y a une reine charmante, extraordinairement instruite, d’une intelligence supérieure et d’une imagination puissante, qui, pouvant exercer le métier de reine, préfère celui d’homme de lettres, recherche l’approbation de ses « confrères » bourgeois et accepte avec joie et simplicité, si même elle ne les sollicite, les récompenses de l’Académie française.

2265. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Dierx, Léon (1838-1912) »

Un tel auteur honore les lettres.

2266. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Heredia, José Maria de (1842-1905) »

[Rapport sur le progrès des lettres, par MM. 

2267. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Saint-Pol-Roux (1861-1940) »

Camille Mauclair Un berger ivre de soleil et de thym, mais dont les moutons auraient égaré leurs bêlements sur le chemin de la lumineuse Damas, c’est peut-être tout Saint-Pol-Roux, poète simple à la ferveur gaie, en qui se recèle un adorateur farouche de la Pourpre… Voici un homme au cœur vrai, pour qui le monde visible existe, tumultueux traineur d’images de pierreries dans la sèche politesse de nos logiques latines, j’ai dit ailleurs : le Monticelli des lettres.

2268. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Sully Prudhomme (1839-1907) »

[Rapports sur le progrès des lettres et des sciences, par MM. de Sacy, Paul Féval et Théophile Gauthier (1868).]

2269. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XII » pp. 100-108

Mademoiselle rapporte dans ses Mémoires, une lettre du duc d’Orléans son père à mesdames les comtesses maréchales de camp dans l’armée de ma fille contre le Mazarin.

2270. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Ronsard, et Saint-Gelais. » pp. 120-129

Après sa mort, il reçut des honneurs tels qu’on n’en rend qu’aux gens de lettres qu’en Angleterre.

2271. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Voiture, et Benserade. » pp. 197-207

C’est un des hommes de lettres qui a le plus joui de sa gloire.

2272. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Addisson, et Pope. » pp. 17-27

« Puissé-je, dit-il dans une de ses lettres, vivre & mourir dans l’indépendance ; vivre & mourir en paix ; soutenir l’aisance & la dignité d’un poëte ; voir les amis & lire les livres qu’il me plaira ; être au dessus du besoin d’avoir un protecteur, quoique je veuille bien appeller quelquefois un ministre mon ami !

2273. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Jean-Baptiste Rousseau et M. de Voltaire. » pp. 47-58

Ce qui scandalisa le plus le pieux Rousseau, fut, à ce qu’il dit dans une de ses lettres, la lecture qu’il lui entendit faire de l’épître à Julie, aujourd’hui à Uranie.

2274. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre second. Philosophie. — Chapitre II. Chimie et Histoire naturelle. »

Si on l’accuse de s’être un peu méfiée de ces lettres qui ne guérissent de rien, comme parle Sénèque, il faut aussi condamner cette foule de législateurs, d’hommes d’état, de moralistes, qui se sont élevés beaucoup plus fortement que la religion chrétienne contre le danger, l’incertitude et l’obscurité des sciences.

2275. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 41, de la simple récitation et de la déclamation » pp. 406-416

Il est donc necessaire, quand nous lisons des vers, que les caracteres des lettres réveillent d’abord l’idée des sons dont ils se trouvent être les signes arbitraires, et il faut ensuite que les sons des mots, qui ne se trouvent être eux-mêmes que des signes arbitraires, réveillent les idées attachées à ces mots.

2276. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 42, de notre maniere de réciter la tragédie et la comedie » pp. 417-428

Du moins n’en ai-je pas trouvé un plus grand nombre dans les catalogues de ces sortes d’ouvrages, que des italiens illustres dans la république des lettres ont donnez depuis douze ans à l’occasion des disputes qu’ils ont soûtenuës pour l’honneur de leur nation.

2277. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 7, que les genies sont limitez » pp. 67-77

Si Martial ne nous avoit laissé que les cent épigrammes, que les gens de lettres de toutes nations sçavent communément par coeur, si son livre n’en contenoit pas un plus grand nombre que le livre de Catulle, on ne trouveroit plus une si grande difference entre cet ingénieux chevalier romain et Martial.

2278. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Conclusion »

Pour qu’elle ne restât pas lettre morte, il ne suffisait pas de la promulguer ; il fallait en faire la base de toute une discipline qui prît le savant au moment même où il aborde l’objet de ses recherches et qui l’accompagnât pas à pas dans toutes ses démarches.

2279. (1860) Ceci n’est pas un livre « Les arrière-petits-fils. Sotie parisienne — Deuxième tableau » pp. 196-209

Voici une lettre de recommandation.

2280. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Armand Baschet »

Il citera, sans broncher, des fragments de lettres comme celle de l’ambassadeur de Venise sur le mariage du duc d’Elbeuf et de mademoiselle de Vendôme (à la page 374), mariage dont le Roi voulut être le témoin, mais pas à l’église !

2281. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Paria Korigan » pp. 341-349

George Sand, cette vieille rouée littéraire, qui a roué son époque, et qui se disait avec affectation une campagnarde, était, au fond, trop homme de lettres de la trop bourgeoise Revue des Deux-Mondes pour aborder franchement et sans lourdeur cette littérature de terroir, fortement aromatisée de toutes les senteurs naïves et parfumées d’un pays.

2282. (1907) Propos littéraires. Quatrième série

Seulement c’est une Simerose avant la lettre, si je puis m’exprimer ainsi. […] « Sa renommée de voyageur et la confiance qu’inspiraient alors les hommes de lettres le portèrent aux États généraux en 1789 », dit Sainte-Beuve. […] Quelque pamphlet ignoré que vous soyez amené à publier, vous le comparerez aux Provinciales et aux Lettres d’un vigneron dans votre préface. […] Ils ont examiné les manuscrits de Victor Hugo et de Lamartine déposés à la Bibliothèque nationale ; ils ont eu entre les mains la correspondance inédite du savant Frédéric Dübner ; ils ont possédé et possèdent sans doute encore des lettres inédites de Prosper Mérimée (non ; il n’y s’agit pas de George Sand ; ne vous émoustillez pas) et des lettres inédites d’Ernest Beulé. […] Boche prend ce succès tout à fait à la lettre, n’étant pas de force à comprendre qu’il est aimé contre quelqu’un, et s’imaginant naïvement qu’on peut être aimé pour soi-même.

2283. (1911) Visages d’hier et d’aujourd’hui

C’est lui-même qui l’a conté, dans une lettre. […] Et, pas une fois, je ne l’ai vu prêter la moindre attention à ces manigances dont plusieurs hommes de lettres composent leur existence littéraire. […] Ses lettres sont fort belles, parfaitement simples, naturelles, véridiques ; et elles nous mènent à lui, à son intimité. […] IV. — Albert Samain. — Les lettres d’Albert Samain, auxquelles je fais allusion, furent adressées à M.  […] Un autre volume du même recueil, août-septembre 1910, « Causeries », contient des lettres importantes et des discours.

2284. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome II

Il le dit du moins dans une de ses lettres : « Vu que Julien est un coquin, et que c’est mon portrait, Mme *** se brouille avec moi. […] « Il faut vivre », gémissait-il, dans une lettre à Trébutien. […] Il tient, à la lettre, entre ses doigts, l’existence de cet anesthésié, le seul indifférent, dit si justement M.  […] Or ce régime, les amis des Lettres ne doivent pas se lasser de le répéter, est d’une criante injustice. […] Le véritable service à rendre aux hommes de lettres est dans cette reconnaissance.

2285. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre II. Lord Byron. » pp. 334-423

. —  La réponse des lettres. —  La réponse des sciences. —  Équilibre futur de la raison. —  Conception moderne de la nature. […] Son journal, ses lettres familières, toute sa prose involontaire est comme frémissante d’esprit, de colère, d’enthousiasme ; le cri de la sensation y vibre aux moindres mots ; depuis Saint-Simon, on n’a pas vu de confidences plus vivantes. […] Si je me réveille, c’est par des fureurs1257. —  Dernièrement Lega est entré avec une lettre de Venise au sujet d’une facture que je croyais payée il y a dix mois. […] Sa copie est poussée au noir, mais c’est une copie. « Je ne puis écrire sur quoi que ce soit, dit-il, sans quelque expérience personnelle et sans un fondement vrai1260. » Vous trouverez dans ses lettres et dans son livre de notes, presque trait pour trait, ses descriptions les plus frappantes. […] Voici notre ami Juan qui lit la dernière lettre de Julia, et jure avec transport de ne jamais oublier les beaux yeux qu’il a tant fait pleurer.

2286. (1902) La poésie nouvelle

Lettres allemandes : Henri Albert. ‌ Lettres anglaises : Henry. […] Lettres néerlandaises : A. […] Lettres hongroises : Zrinyi János. ‌ Lettres tchèques : Jean Otokar. ‌

2287. (1890) Derniers essais de littérature et d’esthétique

Il n’écrit peut-être pas avec l’aisance et la grâce d’un homme de lettres, mais il n’est jamais prétentieux et n’est pas souvent pédant. […] Il y a toujours, dans la violence chez un homme de lettres, quelque chose de particulièrement impuissant. […] Elle était voulue, comme le montrent fort clairement ses lettres à M.  […] Il peut se faire qu’un jour nos femmes de lettres s’adonnent plus décidément à la prose. […] Marguerite, duchesse de Newcastle, fut une véritable femme de lettres, et quelques-uns de ses vers sont extrêmement jolis et gracieux.

2288. (1813) Réflexions sur le suicide

Rousseau dans sa lettre pour le Suicide dit : Pourquoi serait-il permis de se faire couper la jambe, s’il ne l’était pas de s’ôter la vie ? […] Dans sa lettre à sa famille elle s’occupe des plus minutieux détails du ménage afin de montrer de l’insouciance pour l’acte qu’elle va commettre, de l’insouciance, grand Dieu, en disposant de soi sans votre ordre ! […] Elle n’avait que dix-huit ans quand elle périt, et déjà son nom était célèbre par sa profonde connaissance des langues anciennes et modernes ; on a des lettres d’elle en Latin et en Grec qui supposent des facultés bien rares à son âge. […] La lettre que l’on va lire pourrait avoir été écrite dans le mois de Février 1554 ; ce qu’il y a de certain c’est qu’à cette époque qui est celle de la mort de Lady Jane Grey, elle entretint de sa prison une correspondance suivie avec ses amis et ses parents, et que jusqu’à son dernier moment son esprit philosophique et sa fermeté religieuse ne se démentirent point.

2289. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (2e partie) » pp. 315-400

Je lui conseillai d’y comprendre les Dieux, les Héros et Wieland et les Lettres d’un Pasteur. […] « Avant de partir, me dit-il, il faut que je vous montre une lettre de Zelter, que j’ai reçue hier et qui touche à notre affaire du théâtre. » Zelter avait écrit entre autres ce passage : « Que tu ne serais pas un homme à bâtir à Weimar un théâtre pour le peuple, je l’avais deviné depuis longtemps. […] La lettre de Zelter était encore sur la table. […] Je me sentais moi-même si bien dans mon être, et je me sentais moi-même si noble que, si l’on m’avait fait prince, je n’aurais trouvé là rien de bien étonnant. — Quand on m’a donné des lettres de noblesse, bien des gens ont cru que je me sentirais élevé par elles.

2290. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Granier de Cassagnac » pp. 277-345

En tant qu’historien de la lettre morte, en tant que peintre de l’individualité humaine et politique, Granier de Cassagnac est un des plus terribles pinceaux qui aient jamais traîné de cruelles ressemblances sur une impassible toile d’histoire. […] Ce sera ce qu’il fut en dehors des lettres, pour lesquelles il semblait fait jusque dans les racines de son être. […] Jeune, très jeune, et précisément parce qu’il sentait intérieurement sa force, et que jeune on en abuse toujours (c’est une manière de se la prouver), il débuta dans les lettres par des paradoxes retentissants et demeurés fameux. […] Tel il était, ce roi du Journalisme, mais par-dessous tout cela, mais sous le journaliste de toutes les heures, il y avait l’homme de lettres de la première que le journaliste n’avait jamais pu étouffer, et qui, à certaines pages qui allaient, hélas !

2291. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Bossuet et la France moderne »

Dans le droit, dans les sciences, dans la philosophie, dans les lettres et les arts, ils se montraient partout les plus ardents à l’étude, à la recherche de la vérité sous toutes ses formes. […] « J’ay reçu la lettre que vous m’avez écrite concernant le nommé de Vrillac, de la Ferté-sous-Jouarre, qui s’est absenté et qui a laissé un bien assez considérable, que vous voudriez appliquer aux dépenses à faire pour l’instruction des nouveaux catholiques. […] Des milliers de Français accoururent à Berlin et dans les autres villes du Brandebourg : militaires, gentilshommes, gens de lettres, marchands, manufacturiers, laboureurs.‌ […] Les gens de lettres, les théologiens, les artistes, les juristes et les médecins apportèrent le concours de leurs lumières.

2292. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — III » pp. 178-197

Le début de ce chant est célèbre : c’est l’arrivée du facteur ou messager qui apporte les lettres : « Écoutez ! […] Voir tout simplement La Nouvelle Héloïse, Ve partie, lettre iii ; et dans les sujets d’estampes pour la Nouvelle lléloïsc, la 9e estampe ayant pour inscription La Matinée à l’anglaise.

2293. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MME DESBORDES-VALMORE. (Les Pleurs, poésies nouvelles. — Une Raillerie de l’Amour, roman.) » pp. 91-114

A cette biographie un peu fabuleuse, tracée par conjecture, d’après les seules poésies, nous joignons la lettre suivante, où Mme Valmore a bien voulu répondre elle-même à des questions plus précises : « Mon père m’a mise au monde à Douai son pays natal (20 juin 1786). […] Le bien parler me jette dans le ravissement quand j’écoute, mais je n’entretiens guère en moi qu’une délicieuse rêverie, et je n’en suis pas plus savante pour connaître mes fautes, etc., etc. » La lettre est signée Marceline, et non pas Hélène.

2294. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXIIIe entretien. Chateaubriand, (suite) »

Otway, en mendiant le morceau de pain qui l’étouffa ; Gilbert, la tête troublée par le chagrin, avalant une clef à l’hôpital, sentirent bien amèrement à cet égard, quoique hommes de lettres, toute la vanité de la philosophie. » XXXV Voici un autre passage de l’Essai sur les Révolutions, où l’idée majestueuse de Dieu se fait jour comme un pressentiment ou comme un remords parmi les doutes, et manifeste l’immortalité de l’âme surnageant au scepticisme du jeune homme. […] Il écrivit avec légèreté une critique personnelle et amère de madame de Staël, qui lui en conserva rancune ; et, bien que la lettre de Chateaubriand fût très-faible, elle lui ébaucha sa réputation.

2295. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série «  Paul Bourget  »

L’idée qu’on se fait de lui le plus communément est celle d’un mièvre, d’un subtil, d’un féminin, d’une sorte de dandy des lettres, très élégant, très fin, très caressant. […] En revanche, beaucoup d’hommes mûrs, surtout parmi les gaulois et parmi ceux qui sont fortement imprégnés de lettres classiques, ne peuvent pas le souffrir.

2296. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Victor Duruy » pp. 67-94

Quelques semaines après son entrée au ministère, il exposait son plan à l’empereur dans une lettre confidentielle. […] Dans la même lettre, au sujet des treize millions de citoyens occupés par l’industrie et le commerce, M. 

2297. (1890) L’avenir de la science « XIII »

Quiconque, dans l’état actuel de la science, entreprendrait une histoire complète de la philosophie ou de la médecine arabe perdrait à la lettre son temps et sa peine : car il ne ferait que répéter ce qui est déjà connu. […] Le mot de Pline est vrai à la lettre : il n’y a pas de livre si mauvais qu’il n’apprenne quelque chose.

2298. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVII. Rapports d’une littérature avec les littératures étrangères et avec son propre passé » pp. 444-461

Shakespeare, avant d’être déifié par Victor Hugo, dut attendre deux cents ans pour se trouver en harmonie avec l’état d’esprit de la société française ; il eut peine encore sous la Restauration à conquérir ses lettres de naturalisation ; en 1822, il fut dénoncé par un patriote du parterre comme « aide de camp de Wellington » et ses drames furent taxés de « monstruosités dégoûtantes ». […] Il est avéré que Rousseau prit aux Anglais le cadre commode du roman par lettres.

2299. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « M. Necker. — I. » pp. 329-349

Necker au milieu d’un cercle de gens de lettres, dont la conversation parcourait des sujets qui ne lui devinrent familiers que par degrés ; mais il y avait autre chose encore. […] Necker à la suite de l’ouvrage intitulé : Du gouvernement, des mœurs et des conditions en France avant la Révolution (Hambourg — 1795), a insisté sur le caractère étrange et compliqué de sa physionomie : une lettre de Lavater, qu’on a jointe dans une seconde édition aux pages de Meilhan, y sert de correctif et fait ressortir au contraire les parties douces et célestes.

2300. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre VI. Le beau serviteur du vrai »

En 1316, le jour de la Pentecôte, Édouard II étant à table dans là grande salle de Westminster avec les pairs d’Angleterre, une femme minstrel entra à cheval dans la salle, en fit le tour, salua Édouard II, prédit à voix haute au mignon Spencer la potence et l’émasculation par la main du bourreau et au roi la corne au moyen de laquelle un fer rouge lui serait enfoncé dans les intestins, déposa sur la table devant le roi une lettre, et s’en alla ; et personne ne lui dit rien. […] Louis XIV trouvait Racine bon à coucher dans sa chambre quand il était, lui le roi, malade, faisant-ainsi du poëte le second de son apothicaire, grande protection aux lettres ; mais il ne demandait rien de plus aux beaux esprits, et l’horizon de son alcôve lui semblait suffisant pour eux.

2301. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Ernest Hello » pp. 207-235

Hello ne devait pas être un si vaniteux homme de lettres. […] … Fût-il le saint Siméon Stylite des gens de lettres, il ne descendit donc jamais de sa colonne ?

2302. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXVI » pp. 100-108

Il aime les lettres, et, par elles, tout.

2303. (1874) Premiers lundis. Tome I « [Préface] »

— Quant à l’ancien Globe, celui d’avant la révolution de Juillet, « à l’influence considérable qu’il a eue dans l’histoire des lettres et de la philosophie au xixe  siècle, on peut s’en faire une idée en lisant les deux tableaux que M. 

2304. (1874) Premiers lundis. Tome I « Vie, poésies et pensées de Joseph Delorme. Deuxième édition. »

La génération surtout qui était venue trop tard pour participer à l’effervescence politique et s’embraser à l’illusion révolutionnaire évanouie vers 1824 ; cette génération étouffée, qui était au collège durant la plus belle ardeur de la Charbonnerie ; qui manquait la classe, le jour où l’on chassait Manuel, et qui, à son premier pas dans le monde, trouvant tout obstrué, allait se ronger dans la solitude ou se rétrécir dans les coteries ; cette génération cadette, dont Bories et ses compagnons furent les aînés, intelligente, ouverte, passionnée sans but, amoureuse indifféremment de Napoléon et de la République, de madame de Staël et de madame Roland, folle de René et des lettres de Mirabeau à Sophie, emportant sous le bras Diderot à la classe de rhétorique et Béranger à la classe de philosophie ; noble et chaleureuse jeunesse, qui se consuma trop longtemps dans des idées sans suite, dans des causeries sans résultat, dans d’interminables analyses ; dont les plus pressés s’affadirent si vite aux tièdes clartés des bougies, et s’énervèrent chaque soir dans l’embrasure de quelque fenêtre d’un salon doctrinaire ; cette génération-là surtout a souffert profondément, et a ressenti jusque dans la moelle de ses os la consomption de l’ennui et le mal rêveur.

2305. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre V »

Cette dernière donnée, négligeable chez tous les écrivains qui ne furent qu’« hommes de lettres », prend ici une importance première.

2306. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre V. Figures de construction et figures de pensées. — Alliances de mots et antithèses »

Si le lecteur prend l’hyperbole à la lettre, ou l’ironie au sérieux, l’écrivain a manqué son coup, comme le chasseur maladroit qui tue son chien en tirant un lièvre.

2307. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre VI. De l’emploi des figures et de la condition qui les rend légitimes : la nécessité »

Cela, à la lettre, ne veut rien dire.

2308. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre III. Buffon »

Quand on lit ses lettres, on est saisi de cette sérénité imperturbable, de cette indifférence aux polémiques et aux passions du temps, de cette régularité laborieuse, de cet esprit d’ordre, qui permirent à Buffon de mener à bonne fin le grand ouvrage qu’il avait conçu.

2309. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Pronostics pour l’année 1887. »

Pour deux ou trois mots de remerciements, j’ai reçu vingt lettres de réclamations.

2310. (1887) Discours et conférences « Discours prononcé à Quimper »

Je ne suis pas un homme de lettres ; je suis un homme du peuple ; je suis l’aboutissant de longues files obscures de paysans et de marins.

2311. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XVIII » pp. 198-205

Je me bornerai à remarquer dans cet ouvrage quelques sorties contre les précieuses, des mots grossiers qui reproduisent vingt fois une idée grossière, une scène licencieuse depuis longtemps interdite au théâtre, Arnolphe (c’est le vieillard), après un entretien avec Agnès dont la simplicité l’enchante, adresse cette apostrophe aux précieuses : Héroïnes du temps, mesdames les savantes, Pousseuses de tendresse et de beaux sentiments, Je défie à la fois tous vos vers, vos romans, Vos lettres, billets doux, toute votre science, De valoir cette honnête et pudique ignorance.

2312. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préface des « Rayons et les Ombres » (1840) »

L’esprit de l’homme a trois clefs qui ouvrent tout : le chiffre, la lettre, la note.

2313. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Jean de Meun, et les femmes de la cour de Philippe-le-Bel. » pp. 95-104

Pour quelques accidens fâcheux, réellement arrivés à des gens de lettres, & qui ne tirent pas à conséquence pour le général, l’imbécille malignité a imaginé mille aventures à peu près du même genre, plus ridicules les unes que les autres.

2314. (1867) Le cerveau et la pensée « Avant-propos »

Sans prendre à la lettre cette hypothèse, qui n’est après tout qu’une comparaison, nous pouvons nous en servir comme d’un moyen commode de représenter les phénomènes observés.

2315. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 3, que l’impulsion du génie détermine à être peintre ou poëte, ceux qui l’ont apporté en naissant » pp. 25-34

Que seroit-ce si nous sortions de la republique des lettres, pour parcourir l’histoire des autres professions, et principalement celle des capitaines illustres ?

2316. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 30, objection tirée des bons ouvrages que le public a paru désapprouver, comme des mauvais qu’il a loüez, et réponse à cette objection » pp. 409-421

Quand la pucelle de Chapelain parut, elle avoit pour elle les suffrages des gens de lettre étrangers et françois.

2317. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « XV »

Barbey d’Aurevilly a signalé autrefois, dans les Lettres à Marcie de l’auteur d’Indiana, ce genre d’images surannées, qui, constitue la manière de George Sand .‌

2318. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — VII »

L’une d’elles aimait à philosopher avec son neveu, « lui écrivant de longues lettres, où elle discutait et réfutait ses théories, opposant système à système, syllogisme à syllogisme ».‌

2319. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XV. De Tacite. D’un éloge qu’il prononça étant consul ; de son éloge historique d’Agricola. »

Pline le jeune, dont Virginius avait été le tuteur et l’ami, en parle avec transport dans plusieurs de ses lettres.

2320. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre quatrième. Du cours que suit l’histoire des nations — Chapitre III. Trois espèces de jurisprudences, d’autorités, de raisons ; corollaires relatifs à la politique et au droit des Romains » pp. 299-308

Puis, lorsque se formèrent les démocraties, sorte de gouvernement dont le caractère est plus ouvert et plus généreux et dans lequel commande la multitude qui a l’instinct de l’équité naturelle, on vit paraître en même temps les langues et les lettres vulgaires, dont la multitude est, comme nous l’avons dit, souveraine absolue.

2321. (1900) Quarante ans de théâtre. [II]. Molière et la comédie classique pp. 3-392

Legrelle, a présentée à la Faculté des lettres sur Holberg, un poète danois, qui a été précisément un des plus heureux imitateurs du maître. […] Mme de Sabran nous a gardé une lettre de lui, dont je ne puis malheureusement vous mettre le texte sous les yeux, mais dont le sens m’est présent à l’esprit. […] Et maintenant, mon cher Coquelin, il ne me reste plus qu’à vous remercier de votre charmante lettre. […] Si vous l’avez oublié, la lettre qui suit vous le remettra eu mémoire. […] J’avais promis de donner la lettre que m’a écrite à ce sujet M. 

2322. (1881) Le naturalisme au théatre

Le fond de ceci est que, comme toujours, on s’en tient à la lettre. […] Ainsi donc, il faut distinguer entre l’individualité des écrivains et le progrès des lettres. […] Dès lors, quelle est notre stupeur de lire, dans la lettre écrite par M.  […] Où en serions-nous, si l’intention suffisait dans les arts et dans les lettres ? […] Catulle Mendès, où l’on vivait de l’amour des lettres.

2323. (1890) Impressions de théâtre. Quatrième série

Sa vie et son caractère pourraient être proposés en exemple aux gens de lettres, et particulièrement à ceux qui écrivent pour le théâtre. […] Ariste. — A qui donc écrivez-vous cette lettre ? […] Il est furieux quand son fils Raoul lui fait des lettres de change : mettez-vous à sa place. […] Chaque tableau ressemble un peu (style à part) aux lettres que le bonhomme Dezobry prête à son jeune Gaulois dans Rome sous Auguste. […] — dans un salon ami des lettres Cela s’appelle l’Ingénue, et c’est un pur bijou.

2324. (1893) Impressions de théâtre. Septième série

Jacques Denis, professeur à la Faculté des Lettres de Caen. […] Il faut lire ses lettres à son ancien amant Belanger et à François de Neufchâteau. […] D’autres ont déploré qu’il manquât de patriotisme : je conseille à ceux-là la lecture des Lettres à Strauss. […] Ces lettres qu’elle a gardées, si elles étaient connues..Nachette, qui a compris, lui arrache le paquet de lettres, les porte au journal, les envoie à la « composition », en l’absence du directeur. […] Marthe, prise d’un vague remords, arrive pour reprendre ses lettres. « Trop tard ! 

2325. (1895) Nos maîtres : études et portraits littéraires pp. -360

Depuis la Lettre à M.  […] Dans la Lettre à M.  […] Renan a, sous une forme dogmatique, résumé cette théorie évolutionniste dans sa Lettre à M.  […] Renan, dans sa Lettre à M.  […] Sur vingt jeunes gens qui débutent dans les lettres, à peine s’il se rencontre un poète ou un romancier.

2326. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Molière »

A de pareilles prétentions, appuyées de pareils dires, on n’a à opposer que le judicieux dédain de Jean-Baptiste Rousseau qui, dans sa correspondance avec d’Olivet et Brossette, a d’ailleurs le mérite d’avoir fort bien apprécié Molière ; la lettre du poëte a M.  […] Quant aux restrictions reprochées et reprochables à Boileau en cet endroit, son tort est d’avoir trop généralisé un jugement qui, appliqué à Scapin, pourrait sembler vrai au pied de la lettre. […] En amitié, on n’aurait que de beaux traits à en dire ; son sonnet sur la mort de l’abbé Lamothe-Le-Vayer et la lettre qu’il y a jointe honorent sa douleur ; bien mieux que le lyrique Malherbe, il s’entendait à pleurer avec un père. […] Racine, génie admirablement heureux et proportionné, capable de tout dans une belle mesure, aurait excellé à se chanter, à se soupirer et à se décrire, si ç’avait été la mode alors, de même qu’en se tournant à la réalité du dehors, il aurait excellé au portrait, à l’épigramme fine et à la raillerie, comme cela se voit par la lettre à l’auteur des Imaginaires. […] On voit, après sa mort, De Visé, dans une lettre à Grimarest, contester le monsieur à Molière ; et à son convoi, une femme du peuple à qui l’on demandait quel était ce mort qu’on enterrait : « Eh !

2327. (1836) Portraits littéraires. Tome II pp. 1-523

Au quatrième acte, le roi surprend une lettre de Henri à la comtesse de Sunderland. […] Pardonnons-lui de singer Jules César, en dictant à la fois trois lettres pour son élection abbatiale : cette parodie est un péché véniel. […] Après avoir cacheté sa lettre, désormais en repos avec sa conscience, il n’attend plus que l’occasion pour accomplir sa promesse. […] Pour le surprendre et l’attacher, il ne faut pas prendre la vérité à la lettre. […] Walpole écrit à Chatterton une lettre polie, mais sans lui renvoyer ses manuscrits, Il part pour la France, et trouve à son retour une lettre de Chatterton, pleine de colère et d’invectives.

2328. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [1] Rapport pp. -218

Dans des lettres (1821) du jeune Victor Hugo à « M. le Comte Alfred de Vigny, au 5e régiment de la garde royale, Rouen », lettres qui, d’ailleurs, loin de montrer la cérémonieuse déférence de l’élève envers son maître, révèlent une tendre camaraderie d’égal à égal (Victor écrivait : mon bon Alfred, Alfred répondait sans doute : mon bon Victor), l’auteur de Quiberon, en annonçant tout joyeux qu’il a reçu de M. de Chateaubriand une lettre charmante « où il me dit que cette ode l’a fait pleurer », ajoute : « Qu’est-ce auprès de votre adorable Symétha ?  […] Or, tandis qu’il s’adonnait tout entier aux lettres, Auguste Vacquerie s’adonnait aussi tout entier aux choses de la politique ; il eut cette faculté d’être double et d’être total en chacun de ses dédoublements ; il a écrit des Premiers-Paris égaux à des poèmes, égaux à des drames, égaux à des romans ; il donna l’incomparable exemple d’être un homme de lettres parfait, —  vir bonus, scribendi peritissimus , — en les fonctions du journalisme quotidien où il a été l’abondant, l’éblouissant défenseur de toute beauté, de toute liberté. […] Alors ce fut, pour les lettres françaises, un temps d’infécondité, de vacuité, seule lacune en notre admirable siècle poétique. […] Cependant Stéphane, nommé professeur d’anglais en province, partit pour Tournon ; puis, ce fut à Avignon qu’on le relégua ; nous fûmes, Villiers et moi, près de sept années sans le voir ; mais jamais nous ne cessâmes de correspondre ; et, vraiment, ce n’est pas sans un très cruel regret que j’ai obéi à la volonté de Mlle Geneviève Mallarmé, de ne point laisser publier les lettres de son père. […] Prolongement du Romantisme, ce Quatre-Vingt-Neuf, il y aura dans les Lettres un Quatre-Vingt-Treize.

2329. (1903) La pensée et le mouvant

En toute matière, lettres ou sciences, notre enseignement est resté trop verbal. […] Car il ne faut pas que la complication de la lettre fasse perdre de vue la simplicité de l’esprit. […] Autant vaudrait nier que l’Iliade ait un sens, sous prétexte qu’on a vainement cherché ce sens dans les intervalles des lettres qui la composent. […] Vous avez cherché la signification du poème dans la forme des lettres qui le composent, vous avez cru qu’en considérant un nombre croissant de lettres vous étreindriez enfin la signification qui fuit toujours, et en désespoir de cause, voyant qu’il ne servait à rien de chercher une partie du sens dans chacune des lettres, vous avez supposé qu’entre chaque lettre et la suivante se logeait le fragment cherché du sens mystérieux ! Mais les lettres, encore une fois, ne sont pas des parties de la chose, ce sont des éléments du symbole.

2330. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — I. » pp. 235-256

Je sais que je n’entrai pas grandement en matière avec elle, et que même je lui expliquai les lettres F.  […] [NdA] Saint-Martin était si incapable de tout ce qui est affaires et du positif de la vie, qu’il a pu dire au vrai, et cette fois avec sourire : « J’ai un tel éloignement des affaires d’intérêt et des discussions avec les gens de finances et de commerce, que quand j’ai seulement une lettre de change à faire payer et qu’il faut la présenter, donner mon acquit et toucher ma somme, j’appelle cela un procès. » 51.

2331. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire du règne de Henri IV, par M. Poirson » pp. 210-230

[NdA] Il se retrouve comme un écho de ce gémissement universel qui s’éleva à la mort de Henri IV, dans une fort belle lettre de Bossuet à Louis XIV, du 10 juillet 1675. […] Nous autres critiques de profession, nous apprenons, dans ces discussions si nourries, à apprécier tant d’esprits solides, ingénieux et mûrs qui, pour s’être occupés pendant leur vie d’autre chose encore que des lettres, n’y reviennent jamais qu’avec plus de rectitude et de haut bon sens.

2332. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Souvenirs militaires et intimes du général vicomte de Pelleport, publiés par son fils. » pp. 324-345

Le matin de la bataille de Rivoli, quand la tête de la 18e parut, Bonaparte se porta à sa rencontre et dit ces paroles qui devinrent la devise glorieuse de la demi-brigade, et qui seront plus tard brodées en lettres d’or sur son drapeau : « Brave 18e, je vous connais ; l’ennemi ne tiendra pas devant vous. » À ces paroles, les soldats répondirent : « En avant ! […] Le 15 août de la même année, il est fait officier de la Légion d’honneur et créé baron d’Empire : J’avoue que, lorsqu’une lettre du major-général m’annonça cette dernière faveur de l’Empereur, j’en éprouvai une bien vive sensation : c’était en effet, pour nous, pauvres officiers de fortune n’ayant que notre épée, un grand moment que celui dans lequel nous recevions une récompense destinée à perpétuer dans notre famille le souvenir de nos services.

2333. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe, et d’Eckermann »

Aujourd’hui, ce sont non pas des lettres, mais des conversations proprement dites de Gœthe avec un de ses admirateurs et disciples pendant les dernières années de sa vie, que publie M.  […] Lettre de Goethe à Zelter, du 14 décembre 1830.

2334. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Anthologie grecque traduite pour la première fois en français et de la question des Anciens et des Modernes »

Dehèque (car c’est lui), un savant modeste, aimable, qui n’a cessé, dès sa tendre jeunesse, de cultiver les lettres grecques au milieu des soins d’une administration laborieuse, et que l’Institut a fini par reconnaître et adopter pour l’un des siens ; M.  […] A la lettre : « Pêcheur à la seine dans les cheveux. » (Note de M. 

2335. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LE COMTE XAVIER DE MAISTRE. » pp. 33-63

Procédant d’Amyot en style bien plus que Seyssel, le délicieux écrivain François de Sales, né au château de son nom, résidait à Annecy ; avec son ami le président Antoine Favre, jurisconsulte célèbre et père de l’académicien Vaugelas, il fondait, trente ans juste avant l’Académie française, une académie dite Florimontane, où la théologie, les sciences et aussi les lettres étaient représentées : leur voisin Honoré d’Urfé en faisait partie28. […] Buchon, et insérée dans le Magasin pittoresque (septembre 1836). — Dans ses voyages du Nord (Lettres sur l’Islande), M.

2336. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre I. Renaissance et Réforme avant 1535 — Chapitre II. Clément Marot »

Avec sa bonhomie avisée, Louis XII estime les lettres surtout par les services qu’elles rendent, comme moyen de publicité ou de polémique. […] Dès 1455, même dès 1417 selon une lettre de Jean de Montreuil, un maître d’hébreu avait été rétribué.

2337. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre II. Boileau Despréaux »

Chapelain, pratique et sournois, tout en déchargeant sa bile dans un sonnet et dans des lettres privées, fit retirer par Colbert à Despréaux le privilège, que le roi lui rendit ensuite, pour l’impression de ses œuvres. […] Il a laissé des lettres : ses principaux correspondants sont Racine et Brossette.

2338. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Anatole France »

Anatole France, tout nourri de lettres grecques, se plaît à imiter dans l’expression des sentiments les plus modernes l’élégance du verbe antique, et que le style de M.  […] Il satisfera les vieux humanistes, car il respire l’amour des bonnes lettres.

2339. (1911) La valeur de la science « Troisième partie : La valeur objective de la science — Chapitre X. La Science est-elle artificielle ? »

Le nominalisme a donc des bornes et c’est ce qu’on pourrait méconnaître, si on prenait à la lettre les assertions de M.  […] Ainsi, déchiffrer un document cryptographique, c’est chercher ce qui dans ce document demeure invariant, quand on en permute les lettres.

2340. (1887) Discours et conférences « Rapport sur les prix de vertu lu dans la séance publique annuelle de l’Académie française »

Mistral, votre lauréat, qui vous a écrit une lettre charmante pour vous recommander un de ses compatriotes de Maillane, dont les vertus ont quelque chose d’archaïque et de touchant. […] La lettre de Mistral est contresignée par le maire, le curé et le médecin.

2341. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Chansons de Béranger. (Édition nouvelle.) » pp. 286-308

Il protesterait dans les journaux par quelque lettre bien spirituelle, bien fine ; on n’en tiendrait compte. […] Je trouve dans une lettre familière le récit d’une visite chez Béranger, qui exprimera ce que j’ai à dire de lui, plus au vif que je ne le pourrais en termes généraux, et qui ne renferme rien d’ailleurs que d’honorable et d’adouci : Mai 1846. — J’ai revu Béranger, que je n’avais pas rencontré depuis des années, écrivait le visiteur ; c’est Lamennais qui m’avait fort engagé à l’aller revoir.

2342. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Biographie de Camille Desmoulins, par M. Éd. Fleury. (1850.) » pp. 98-122

- Quelques passages d’un ton assez élevé, quelques pages senties sur Milton pamphlétaire et publiciste (dans le numéro 4), ou encore la fin d’une lettre adressée par Camille à son père (dans le numéro 7), ne sauraient nous induire à fermer les yeux ni sur ces théories détestables, ni sur les pasquinades et les injures dont Camille se croit en droit de poursuivre les hommes les plus dignes d’être honorés. […] on a trouvé à son sujet dans les lettres d’André Chénier la page suivante, qui le juge : Mes amis, écrit André Chénier, m’ont fait lire un numéro 41 des Révolutions de France et de Brabant ; j’avais déjà vu, d’autres fois, quelques morceaux de ce journal, où des absurdités souvent atroces m’avaient paru quelquefois accompagnées de folies assez gaies ; je me suis encore plus diverti à lire ce numéro 41, où l’auteur répand avec profusion ses honorables injures sur la société entière de 89, et sur moi en particulier.

2343. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « L’abbé de Choisy. » pp. 428-450

Si cette mère idolâtre s’occupait, par ses conversations et par les lettres qu’elle lui dictait, à lui façonner l’esprit au bon langage et à la politesse du monde, elle lui apprenait encore mieux à idolâtrer sa petite personne : Ma mère, dit-il, avait tant de faiblesse pour moi, qu’elle était continuellement à m’ajuster. […] Dans ce Journal, il est un peu trop question des vents et des hauteurs ; mais les lettres où l’auteur parle de lui sont divertissantes et des plus naturelles.

2344. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Hégésippe Moreau. (Le Myosotis, nouvelle édition, 1 vol., Masgana.) — Pierre Dupont. (Chants et poésies, 1 vol., Garnier frères.) » pp. 51-75

Dans tout ce que j’ai touché là du caractère et de la vie intime de Moreau, j’ai été guidé de la manière la plus sûre par des lettres, par des renseignements directs provenant des personnes qui l’ont le mieux connu. […] Si Mme Angebert tient plus à la vérité qu’à la fausse exaltation, elle peut aisément s’informer à son tour auprès des personnes de Provins qui nous ont le mieux initié à la connaissance de ce touchant mais trop faible caractère ; elle peut, par exemple, demander à Mme Guérard communication des lettres de Moreau écrites en janvier 1834, et elle verra qu’il faut se résoudre, quand on a le sens juste et bienveillant, à ne voir dans le chantre de la Voulzie qu’un poète.

2345. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Correspondance entre Mirabeau et le comte de La Marck (1789-1791), recueillie, mise en ordre et publiée par M. Ad. de Bacourt, ancien ambassadeur. » pp. 97-120

Et dans le même temps, dans une lettre à M. de La Marck (3 octobre 1790) : « Je pouvais imprimer hier à M. de La Fayette une tache ineffaçable que, jusqu’ici, je ne lui destine que dans l’histoire. […] Elles consistent en cinquante notes écrites par Mirabeau pour la Cour, et particulièrement pour la reine, pendant les dix derniers mois de la vie de Mirabeau (juin 1790-avril 1791) ; plus, quantité de lettres et billets qui ont trait aux mêmes sujets, et qui furent échangés soit entre Mirabeau et le comte de La Marck, soit entre l’un des deux et quelque autre correspondant intime.

2346. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — II. (Suite.) Janvier 1830-mars 1831. » pp. 105-127

Le poète, à la lecture du premier article de Carrel sur les représentations d’Hernani, lui avait écrit une lettre explicative, et dans laquelle il lui rappelait les singulières prétentions des soi-disant classiques du jour ; Carrel y répondit par une lettre non moins développée qui commençait en ces termes : « Je suis pour les classiques, il est vrai, monsieur, mais les classiques que je me fais honneur de reconnaître pour tels sont morts depuis longtemps. » Dans la critique de l’Othello de M. de Vigny, il se faisait fort de prouver « que toute la langue qu’il faut pour traduire Shakespeare est dans Corneille, Racine et Molière ».

2347. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Mémoires de Daniel de Cosnac, archevêque d’Aix. (2 vol. in 8º. — 1852.) » pp. 283-304

Adressons, avant tout, nos remerciements à la Société de l’histoire de France, qui, au milieu des circonstances pénibles où les lettres ont passé depuis 1848, n’a pas désespéré un seul instant de la patrie, je veux dire des études historiques sérieuses, et qui n’a pas fait trêve à ses publications. […] Le rôle de Cosnac dans cette petite cour et ses relations avec Madame sont trop honorables et trop particulières pour être ainsi étranglées ; je me réserve d’y revenir en m’arrêtant sur ce gracieux et séduisant personnage de Madame, dont il nous fait connaître les pensées et nombre de lettres intimes.

2348. (1899) Esthétique de la langue française « Le cliché  »

Que l’on se figure donc un atelier typographique où les casses, organismes géants, contiennent non pas des lettres, non pas des mots entiers, comme on l’a expérimenté, mais des phrases ; cela sera l’image de certains cerveaux : « A…, destiné à la noble carrière des armes, recevait une éducation virile, et se préparait à porter dignement le nom de son père […] Ils avilissent promptement, en les insérant dans leurs pages, les plus belles images des livres dont le succès les grise et les surexcite ; de ces panneaux vulgaires, les tableaux déjà troués et décolorés passent dans les loges, se font vignettes pour orner les lettres, sornettes pour égayer les conversations.

2349. (1888) La critique scientifique « La critique et l’histoire »

Le goût vif des lettres et des arts n’a jamais précédé dans la vie d’une nation d’une classe ou d’un individu, un déploiement extrême d’énergie, un vaste enthousiasme pour une entreprise active, parce que la satisfaction oisive de ce goût dispense de cet effortep. […] La biographie pure, si clic suffit à nous expliquer un Alcibiade ou un Alexandre, un César même et à peine, ne parvient déjà plus à nous donner le sens intime ni de Frédéric le Grand, ni de Napoléon Ier, ni de M. de Bismarck ; il faut la correspondance et les œuvres littéraires de l’un, le mémorial, les bulletins, les lettres, les paroles de l’autre ; la correspondance ou les discours parlementaires du chancelier ; or le recours à ces ressources est du domaine de la critique scientifique, qui demeure ainsi, en somme, avec tous les auxiliaires dont elle s’entoure, le moyen le plus efficace de connaître tout entiers les esprits dont l’existence a compté et dont la gloire consiste à se survivre.

2350. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Henri Heine »

Par tous ces grand traits Henri Heine tient aux lettres germaniques ; les éléments constitutifs de sa poésie sont allemands, pris à la moelle même de l’art savant ou populaire d’Outre-Rhin. […] Le détachement avec lequel il donne à son éditeur, dans des lettres d’affaires, le bulletin de ses décès partiels, est surprenant et admirable.

2351. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Notes et éclaircissements. [Œuvres complètes, tome XII] »

(Voyez les Lettres au roi de Prusse.) […] Rome même entendra sa voix ; et un jour cette ville maîtresse se tiendra bien plus honorée d’une lettre du style de Paul adressée à ses citoyens, que de tant de fameuses harangues qu’elle a entendues de son Cicéron.

2352. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Plan, d’une université, pour, le gouvernement de Russie » pp. 433-452

— Aigle de l’université de Paris, je vais vous le dire : il s’agit de donner au souverain des sujets zélés et fidèles, à l’empire des citoyens utiles ; à la société des particuliers instruits, honnêtes et même aimables ; à la famille de bons époux et de bons pères ; à la république des lettres quelques hommes de grand goût, et à la religion des ministres édifiants, éclairés et paisibles. […] Le théologien aurait rapporté tout à Dieu ; le médecin, tout à la santé ; le jurisconsulte, tout à la législation ; le militaire tout à la guerre ; le géomètre, tout aux mathématiques ; le bel esprit, tout aux lettres ; et chacun eût été le pendant de Marcel11, qui croyait qu’un empire ne pouvait être que mal gouverné lorsqu’on n’y dansait pas supérieurement le menuet.

2353. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 35, de la mécanique de la poësie qui ne regarde les mots que comme de simples sons. Avantages des poetes qui ont composé en latin sur ceux qui composent en françois » pp. 296-339

Monsieur le marquis de La Fare que le monde et la république des lettres regretterent comme un de leurs plus beaux ornemens lorsqu’il mourut en 1712 avoit prié monsieur l’abbé De Chaulieu de lui donner son portrait. […] Je voudrois pouvoir ici publier l’ouvrage tout entier, et pour preuve de ma bonne volonté, je vais donner encore au lecteur deux fragmens d’une lettre écrite par le même auteur à monsieur le prince d’Auvergne.

2354. (1860) Ceci n’est pas un livre « Hors barrières » pp. 241-298

Et de ce nombre, je serais fort en peine de détacher un seul homme de lettres. […] L’homme de lettres, — j’excepte Dumas fils et Philibert Audebrand, — gagne, en général, assez pour mal vivre quatre mois sur six à Paris ; comment voulez-vous, à moins de chercher une ressource sérieuse dans l’extermination des œils-de-perdrix, qu’il prélève, sur les deux mois qui lui restent à ne pas vivre du tout à Paris, de quoi vivre seulement un peu à Luchon, — Luchon, où les hôtelleries n’ont qu’un but : réduire le voyageur à la mendicité ?

2355. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Sainte-Beuve. Les Poésies de Joseph Delorme, Les Consolations, les Pensées d’août. »

Sainte-Beuve, après avoir débuté dans les lettres par un livre qui doit être mis au premier rang des Œuvres poétiques du xixe  siècle et mieux qu’au premier rang, à part des autres livres en raison de sa profonde individualité, comment M.  […] La grâce, la grâce, qu’on aime peut-être mieux dans la laideur que dans la beauté, parce qu’étant toute seule, on l’y voit mieux, Joseph Delorme l’a dans ce contraste suprême, comme il a l’ardeur de la passion dans l’impuissance, et rappelle-t-il parfois, cet énervé du rêve moderne, l’eunuque des Lettres persanes, dont l’indigence avive le désir.

2356. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre V. Comment finissent les comédiennes » pp. 216-393

Il écrit à madame Franval une assez plate épître, et madame Franval remet cette lettre à madame Adèle. […] Le grison d’Araminte apporte une montre et une lettre à Moncade. L’instant d’après arrive le grison de Cidalise, qui apporte de la part de sa maîtresse, une agrafe en diamants et une lettre. […] Moncade, c’est un bouquet ou une lettre. […] Tout à l’heure encore, peu s’en faut qu’il n’ait été perdu par une lettre… il va en écrire une autre à l’instant, bien plus claire que la première.

2357. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Réception du père Lacordaire » pp. 122-129

M. de Tocqueville, un pur penseur, n’était que peu versé dans les lettres anciennes et dans l’antiquité classique.

2358. (1874) Premiers lundis. Tome I « Victor Hugo : Odes et ballades — I »

Soumet, sur le ton solennel d’un prône ou d’un ordre du jour : « Les lettres sont aujourd’hui comme la politique et la religion ; elles ont leur profession de foi, et c’est en ne méconnaissant plus l’obligation qui leur est imposée que nos écrivains pourront se réunir, comme les prêtres d’un même culte, autour des autels de la vérité ; ils auront aussi leur sainte alliance ; ils n’useront pas à s’attaquer mutuellement des forces destinées à un plus noble usage ; ils voudront que leurs ouvrages soient jugés comme des actions, avant de l’être comme des écrits ; ils ne reculeront jamais devant les conséquences, devant les dangers d’une parole courageuse, et ils se rappelleront que le dieu qui rendait les oracles du temple de Delphes, avait été représenté sortant d’un combat. » Une fois qu’on en venait à un combat dans les formes avec les idées dominantes, on était certain de ne pas vaincre.

2359. (1874) Premiers lundis. Tome I « Walter Scott : Vie de Napoléon Bonaparte — II »

Mais c’est là un trait des Français, qu’ils prennent au pied de la lettre tout ce qui est compliment.

2360. (1874) Premiers lundis. Tome I « A. de Lamartine : Harmonies poétiques et religieuses — I »

Après l’amour, il n’y a plus rien dans la vie ; la terre semble ingrate et nue ; le ciel est voilé, parfois il s’entrouvre, et l’on espère y voir un signe de salut, y lire un mot mystérieux ; mais toujours quelque nuage obscurcit l’apparition, toujours quelque lettre manque au nom divin ; et voilà pourquoi l’âme du poète est triste, pourquoi son cœur change de place comme un malade dans son lit, pourquoi son inquiète pensée fuit et revient sans cesse, comme une colombe blessée, comme un oiseau de nuit, comme les hirondelles aux approches des tempêtes.

2361. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre IX. De l’esprit général de la littérature chez les modernes » pp. 215-227

En lisant les livres composés depuis la renaissance des lettres, l’on pourrait marquer à chaque page quelles sont les idées qu’on n’avait pas, avant qu’on eût accordé aux femmes une sorte d’égalité civile.

2362. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XVIII. Pourquoi la nation française était-elle la nation de l’Europe qui avait le plus de grâce, de goût et de gaieté » pp. 366-378

La grâce et l’élégance des manières passaient des habitudes de la cour dans les écrits des hommes de lettres.

2363. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Première partie. Préparation générale — Chapitre VII. Éducation de la sensibilité »

Les lettres lui offraient dans la prose, dans la poésie, au théâtre, dans la chaire, des réflexions sur l’âme humaine, exactement liées et logiquement déduites.

2364. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre II. Distinction des principaux courants (1535-1550) — Chapitre III. Les traducteurs »

Amyot Amyot188, catholique sans fougue, helléniste délicat, qui vécut pour les lettres, fit une des grandes œuvres du siècle en traduisant Plutarque, les Vies et les Œuvres morales.

2365. (1897) La crise littéraire et le naturisme (article de La Plume) pp. 206-208

* *   * Avec une pareille compréhension de la Beauté, il est aisé de se rendre compte de la singulière aversion que nous inspira l’état présent des lettres vers les premières heures de nos débuts.

2366. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XVII. Conclusion » pp. 339-351

Nous avons précédemment signalé, dans la pièce d’Il Ritratto des Gelosi, ce trait d’une lettre de Flaminia que le Docteur, son mari, remet tout en colère à Flavio, croyant que c’est ce jeune homme qui l’a écrite, et se faisant ainsi le messager des amants qui le trompent.

2367. (1897) Manifeste naturiste (Le Figaro) pp. 4-5

C’est pourquoi, quelle que soit la tristesse de la guerre, et si fâcheuses principalement que purent être pour nous les défaites subies, je ne puis trop m’en désoler, tant est grand l’amour que m’inspirent les lettres, en considération des magnifiques profits que celles-ci en ont retirés.

2368. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Aristophane, et Socrate. » pp. 20-32

Mais bien des gens trouvoient qu’il n’avoit de modeste que le propos ; que ses manières ne l’étoient point ; que l’ambition de règner sur les esprits, étoit sa passion dominante ; que, gouvernant la république d’Athènes, il croyoit devoir être également obéi dans celle des lettres.

2369. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 14, comment il se peut faire que les causes physiques aïent part à la destinée des siecles illustres. Du pouvoir de l’air sur le corps humain » pp. 237-251

Quand les explications physiques de ces faits ne seroient point bonnes, mon erreur sur ce point-là n’empêcheroit pas que les faits ne fussent véritables, et qu’ils ne prouvassent toujours que les causes morales ne décident pas seules de la destinée des lettres et des arts.

2370. (1912) L’art de lire « Chapitre X. Relire »

Les professeurs de littérature sont gens très intelligents, quelques-uns du moins, en choses de lettres.

2371. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « IV »

On trouve les meilleurs arguments en faveur de l’imitation dans la lettre de Boileau à Perrault et dans les préfaces de Racine.

2372. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Topffer »

Necker et autres esprits supérieurs qui ont trouvé leurs lettres de grande naturalité dans leurs œuvres, mais il diffère infiniment de ses célèbres compatriotes, gens lourds, empâtés et gauches dans leur génie, quelque brillants qu’ils soient, et qui ont tous un peu de goitre quelque part, même Rousseau.

2373. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Leopardi »

Or, c’est lui, Alfred de Musset, qui le premier, en France, nous apprit le nom fascinant et menteur de Leopardi, qui cache en ses huit lettres tout ce qu’il y a de moins léopard au monde… Sous le rayon de quelques vers de de Musset, lueur de lampe dans un caveau funèbre, le poète italien brillait mystérieusement, depuis ce temps-là, dans la pénombre d’une langue étrangère, toujours d’accès plus ou moins difficile ou désagréable à l’esprit français.

2374. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre premier. De la louange et de l’amour de la gloire. »

Sparte fait graver quelques lettres sur les rochers teints de leur sang, voilà leur récompense.

2375. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIe entretien. Phidias, par Louis de Ronchaud (2e partie) » pp. 241-331

Nous allons aujourd’hui vous entretenir de la sculpture, littérature éternelle, qui, au lieu d’écrire des sons pour la voix humaine, ou au lieu d’écrire des couleurs sur une toile pour l’œil, ou au lieu d’écrire des lettres sur un papier fragile pour la pensée, écrit en lettres de bronze ou de marbre des formes pour le toucher. […] Je lui avais envoyé le matin la lettre qui me recommandait à son obligeance.

2376. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIe entretien. Le Lépreux de la cité d’Aoste, par M. Xavier de Maistre » pp. 5-79

C’est, lui dit-il dans sa lettre, la simple histoire d’un pauvre homme malade, relégué du monde par une infirmité contagieuse, qu’on appelle la lèpre, qu’on soignait jadis dans les léproseries qui sont éteintes partout, mais qui subsiste encore aujourd’hui dans nos hautes montagnes. […] Je pressai longtemps cette lettre précieuse sur mon cœur avant de pouvoir la lire ; et, me jetant à genoux pour implorer la miséricorde divine, je l’ouvris, et j’y lus en sanglotant ces paroles qui seront éternellement gravées dans mon cœur : « Mon frère, je vais bientôt te quitter ; mais je ne t’abandonnerai pas. […]  » Lettre chérie !

2377. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIe entretien. Molière et Shakespeare »

Entre LADY MACBETH, lisant une lettre de Macbeth. […] Illustre Glamis, digne Cawdor, élevé encore au-dessus de ces deux titres par le salut qui les a suivis, ta lettre m’a transportée au-delà de ce présent rempli d’ignorance, et je sens déjà l’avenir exister pour moi. […] XVIII Quand il eut fini son Molière et son Bernardin de Saint-Pierre, Aimé Martin quitta le secrétariat de la Chambre et se retira, jeune encore, dans les lettres.

2378. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre III. Molière »

L’École des femmes déchaîna contre lui des haines furieuses de gens de lettres et de comédiens ; rien ne fut épargné en lui, ni l’auteur, ni le comédien, ni l’homme. […] Mais que ne pourrait-on dire sur la lettre providentielle, sur les cascades de reconnaissances, qui terminent tant de comédies de Molière. […] I ; Fénelon, Lettre à l’Acad., Projet d’un traité sur la comédie ; Vauvenargues, Réflexions critiques sur quelques poètes ; Scherer, le Temps du 18 mars 1882 ; au contraire, M. 

2379. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Introduction, où l’on traite principalement des sources de cette histoire. »

L’esprit était tout ; la lettre n’était rien. […] Ces détails ne sont pas vrais à la lettre ; mais ils sont vrais d’une vérité supérieure ; ils sont plus vrais que la nue vérité, en ce sens qu’ils sont la vérité rendue expressive et parlante, élevée à la hauteur d’une idée. […] Laisser tous les renseignements fournis par les évangiles dans le désordre où la tradition nous les donne, ce ne serait pas plus écrire l’histoire de Jésus qu’on n’écrirait l’histoire d’un homme célèbre en donnant pêle-mêle les lettres et les anecdotes de sa jeunesse, de sa vieillesse, de son âge mûr.

2380. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 novembre 1885. »

Un fragment étendu d’une lettre sur le projet d’un Théâtre international à Paris (p. 81). […] Wilhelm Tappert), une série de notes sous la rubrique « Wagneriana », et, dans le numéro du 18 octobre, une lettre inédite de Richard Wagner écrite au chroniqueur musical du Neuer Oder-Zeitung, en 1854, au sujet des représentations de Lohengrin à Breslau. […] Willy rendra compte de façon savoureuse l’atmosphère de ces concerts dans ses Lettres de l’ouvreuse (1890).

2381. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIIIe entretien. Cicéron (2e partie) » pp. 161-256

Cicéron (2e partie) I On vient de voir, dans le précédent entretien, que toute la vie de Cicéron ne fut qu’un admirable équilibre entre la pensée et l’action : homme d’État pendant les convulsions politiques de sa patrie, il devenait homme de lettres pendant les loisirs que l’impopularité ou l’exil lui faisaient à la campagne ou hors de l’Italie. […] Si l’on sent la faiblesse dans quelques grands hommes de lettres, c’est que l’action n’a pas retrempé leur âme dans la réalité des choses. […] On sait que Rome formait par ses institutions des hommes tout entiers, précisément parce qu’elle les employait tout entiers, au forum, au sénat, dans les magistratures, dans les pontificats, dans les proconsulats, dans les lettres, à la guerre. […] « — Il y a longtemps aussi, lui dis-je, que j’attends cet ouvrage, et cependant je n’ose pas vous presser, car j’ai appris de notre ami Libon, dont vous connaissez la passion pour les lettres, que vous n’interrompez pas un seul instant ce travail, que vous y employez tous vos soins et que jamais il ne sort de vos mains ; mais il est une demande que je n’avais jamais songé à vous faire et que je vous ferai, maintenant que j’ai entrepris moi-même d’élever quelque monument à ces études qui me furent communes avec vous, et d’introduire dans notre littérature latine cette ancienne philosophie de Socrate.

2382. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Discours prononcé à la société des visiteurs des pauvres. » pp. 230-304

Lorsqu’elle s’est livrée à Pierre Lestang pour savoir comment était fait un homme à qui sa maîtresse a naguère logé une balle dans la tête, peut-être se méprisait-elle elle-même ; peut-être aimait-elle toujours Roger, comme elle l’assure ; et les lettres si enflammées et si tendres qu’elle lui écrivait étaient peut-être sincères. […] Plusieurs m’ont envoyé des lettres d’injures. […] De retour à Saint-Étienne, elle laisse échapper, dans une conversation avec son amant, le secret de son voyage à Paris ; comprend, à la colère de Dufresne, que c’est, au fond, sa femme qu’il aime ; éclate en imprécations forcenées, et le chasse. — Cinq ou six ans après, Zaza est devenue une étoile de café-concert de la plus haute distinction, de celles qui portent l’esprit français à travers le monde, qui ont les appointements de vingt généraux de division, qui envoient des lettres aux journaux et qui ont des opinions sur la littérature. […] Il est en germe dans la Chanson des Gueux, et notamment dans Larmes d’Arsouille ; et c’est lui qui fait le prix de la Lettre de Saint-Lazare et autres chansons, sentimentales dans l’ignominie, de l’astucieux ex-directeur du Mirliton.

2383. (1879) À propos de « l’Assommoir »

Il avait, de bonne heure, renoncé aux études de lettres, pour se vouer aux sciences ; son tempérament tranquille et son goût pour la retraite le prédestinaient peut-être aux humbles fonctions de médecin de village, ou de modeste chimiste  Mais il dut gagner son pain, comme simple employé de la maison Hachette ; et bientôt, peut-être, au contact de toutes les œuvres qui lui passaient par les mains, il sentit s’éveiller en lui les instincts littéraires. […] Mendès tout en causant de choses et d’autres, lui demanda de lui procurer des abonnés pour un journal qu’il fondait : La République des lettres. […] J’eus plusieurs fois à corriger, à assainir, à supprimer des passages scabreux, et j’ai des lettres où il se plaint de ma pudeur…. […] Nous la raillons, l’infaillibilité du pape, et il y a, dans les lettres, dans les arts, un certain nombre de vaniteux qui se posent à eux-mêmes la tiare sur la tête et ne souffrent pas qu’on les discute.

2384. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XIII : Affinités mutuelles des êtres organisés »

Sur cette figure, chaque lettre de la ligne supérieure peut représenter un genre renfermant plusieurs espèces ; et tous les genres de cette ligne peuvent former une même classe, car tous sont descendus d’un même ancêtre, et conséquemment ont dû hériter quelque chose en commun. […] Nous supposerons que les lettres depuis A jusqu’à L représentent des genres alliés, qui vécurent pendant l’époque silurienne, et qui descendent tous d’une espèce qui existait à une période antérieure inconnue. […] Les lettres depuis A jusqu’à L peuvent représenter onze genres de l’époque silurienne, dont quelques-uns ont produit des groupes nombreux de descendants modifiés. […] Les organes rudimentaires pourraient se comparer aux lettres d’un mot, conservées dans l’écriture, mais perdues dans la prononciation et qui servent de guide dans la recherche de son étymologie.

2385. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre III. Variétés vives de la parole intérieure »

Stendhal, Correspondance, lettre CLI. [Cette lettre du lieutenant Rouaut en réalité inventée par Stendhal se trouve dans une polémique sur « Helvétius et M. Cousin ou des motifs des actions des hommes » : Egger se réfère à la lettre CLI de la Correspondance inédite de Stendhal, Paris, Michel Lévy, 1855, t.  […] [Horace, Epîtres, Livre I, Epître I, v. 7-9 (Paris, Les Belles Lettres, 1995, 9e éd., p. 37) : « Il est une voix qui, fréquemment, fait retentir ces mots à mon oreille épurée : ‘Aie le bon sens de dételer à temps ton cheval qui vieillit, de peur que, au milieu des rires, il ne bronche à la fin et ne fasse haleter ses flancs. » (le poète exprime ainsi son sentiment d’avoir vieilli et de devoir maintenant laisser « les vers et tous les jeux futiles » de la poésie lyrique pour se tourner vers la philosophie morale).]

2386. (1874) Premiers lundis. Tome I « Diderot : Mémoires, correspondance et ouvrages inédits — II »

Il y a toujours sans doute beaucoup de tendresse et de douce intimité dans les lettres du philosophe à sa maîtresse ; mais la passion éclatante, épurée, et par moments sublime, a disparu dans une causerie plus molle, plus patiente, plus désintéressée ; les nouvelles, les anecdotes, les conversations sur toutes choses, s’y trouvent comme auparavant ; une analyse ingénieuse et profonde du cœur y saisit toujours et y amuse ; mais la verve de l’esprit supplée fréquemment à la flamme attiédie de la passion ; un gracieux commérage, si l’on peut parler ainsi, occupe et remplit les heures de l’absence ; on s’aime, on se le dit encore, on ne sera jamais las de se le dire ; mais par malheur les cinquante ans sont là qui avertissent désagréablement le lecteur et le désenchantent sur le compte des amants ; les amants eux-mêmes ne peuvent oublier ces fâcheux cinquante ans qui leur font l’absence moins douloureuse, la fidélité moins méritoire, et qui introduisent forcément dans l’expression de leurs sentiments les plus délicats, je ne sais quelle préoccupation sensuelle qui les ramène à la terre et les arrache aux divines extases de l’âme où s’égare et plane en toute confiance la prodigue jeunesse.

2387. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — Poésie — I. Hymnes sacrées par Édouard Turquety. »

… Le volume est précédé d’une lettre en vers à M. 

2388. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre VI. De la littérature latine sous le règne d’Auguste » pp. 164-175

Descartes, Bayle, Pascal, Molière, La Bruyère, Bossuet, les philosophes anglais qui appartiennent aussi à la même époque de l’histoire des lettres, ne permettent d’établir aucune parité entre le siècle de Louis XIV et celui d’Auguste, pour les progrès de l’esprit humain.

2389. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre V. Indices et germes d’un art nouveau — Chapitre I. Bernardin de Saint-Pierre »

Lettres ; Voyage à l’île de France ; Études de la nature ; Paul et Virginie.

2390. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Grosclaude. »

Ou bien il prend une métaphore au pied de la lettre : et alors, avec une patience et une subtilité de sauvage ou de polytechnicien, il en fait sortir tout le contenu, il la dévide comme un cocon, et ce sont des trouvailles d’une drôlerie presque inquiétante… Soit cette figure de rhétorique : « la maladie des billets de banque ».

2391. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mistral, Frédéric (1830-1914) »

[Rapport sur le progrès des lettres, par MM. 

2392. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Vigny, Alfred de (1797-1863) »

[La République des lettres (11 février 1877).]

2393. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XII. Lo Ipocrito et Le Tartuffe » pp. 209-224

Et pour empêcher qu’elle ne se détruise, j’ai été réduit à vous apporter ceci de sa part… (Il lui remet une lettre.

2394. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XIV. Moralistes à succès : Dumas, Bourget, Prévost » pp. 170-180

Deux mois après les Nouvelles lettres de femmes, où j’ai plaisir à reconnaître que le libertinage grossier a disparu par quoi les premières étaient tachées, voilà qu’il nous donne Les Demi-Vierges. « Les Demi-Vierges, centième mille ! 

2395. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Jules Laforgue » pp. 36-47

Il en sortit les joues en feu, la tête lourde ; et il confiait par lettre à sa sœur : « Si tu savais ce que c’est que cette nourriture bon marché, dont la cuisson est bâclée à la diable !

2396. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre II. Recherche des vérités générales » pp. 113-119

Les savants du xvie  siècle calquent le mot latin ; porticum devient portique ; blasphemare donne blasphémer ; ils ajoutent des lettres parasites ; ils écrivent aultre, coulteau, debvoir ; ils compliquent à plaisir l’orthographe.

2397. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 23-38

Ne seroit-il pas honteux pour la gloire des Lettres, que la modestie de Lafontaine, la simplicité de son caractere & de ses mœurs, eussent affoibli l’estime de ses talens aux yeux des deux hommes le plus en état de les apprécier ?

2398. (1899) Le monde attend son évangile. À propos de « Fécondité » (La Plume) pp. 700-702

Oui, ce qu’on appelle risiblement la gloire des lettres, et qui n’est au fond que la modeste popularité domestique d’un nom connu d’autres noms contemporains plus éclatants, serait pour moi ceci : laisser quelques pages de mes sentiments ou de mes pensées en un petit volume sur la tablette de la chaumière ou de la maison des ouvriers de la ville ou de la campagne.

2399. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre troisième. Le souvenir. Son rapport à l’appétit et au mouvement. — Chapitre quatrième. L’aperception et son influence sur la liaison des idées »

« Mais, objecte Wundt, on ne peut établir de rapport constant et mesurable entre l’action déterminante des motifs extérieurs et la réaction de l’aperception intérieure : la loi de la matière est la conservation de l’énergie ; la loi de l’esprit est une production illimitée d’énergie88. » Nous ne saurions entrer ici dans une discussion sur le déterminisme universel ; mais, prises à la lettre, les propositions de Wundt nous semblent insoutenables ; le déterminisme psychologique est sans doute beaucoup plus flexible, plus indéfini, plus incalculable que le déterminisme physiologique ; ce n’en est pas moins, à nos yeux, un déterminisme.

2400. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Racine, et Pradon. » pp. 334-348

Racine se défendit, & tâcha de ridiculiser, dans une lettre, les messieurs & les religieuses de Port-royal.

2401. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Casanove » pp. 192-197

Un homme de lettres qui n’est pas sans mérite prétendait que les épithètes générales et communes, telles que grand, magnifique, beau, terrible, intéressant, hideux, captivant moins la pensée de chaque lecteur, à qui cela laisse, pour ainsi dire, carte blanche, étaient celles qu’il fallait toujours préférer.

2402. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 29, qu’il est des païs où les ouvrages sont plûtôt apprétiez à leur valeur que dans d’autres » pp. 395-408

Si les beaux tableaux sont presque tous renfermez à Paris dans des lieux où le public n’a pas un libre accès, nous avons des théatres ouverts à tout le monde où l’on peut dire, sans craindre le reproche de s’être laissé aveugler par le préjugé de nation presque aussi dangéreux que l’esprit de secte, qu’on représente les meilleures pieces de théatre qui aïent été faites depuis le renouvellement des lettres.

2403. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 37, des défauts que nous croïons voir dans les poëmes des anciens » pp. 537-553

Il n’y a personne dans la république des lettres qui n’ait oüi parler de monsieur le chevalier d’Arvieux, si fameux par ses voïages, par ses emplois et par son érudition orientale.

2404. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 18, reflexions sur les avantages et sur les inconveniens qui resultoient de la déclamation composée des anciens » pp. 309-323

Ce que tous les musiciens, et principalement les musiciens italiens écrivent en lettres ordinaires à côté de la composition, pour dire si le mouvement doit être ou vif ou bien lent, ne l’enseigne qu’imparfaitement.

2405. (1762) Réflexions sur l’ode

Versificateur, homme de lettres, philosophe même, on se fait tout à peu de frais ; et on se plaint ensuite que ce qui a coûté si peu soit estimé ce qu’il vaut.

2406. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Napoléon »

Ôtez ce qu’il cite dans son livre du Mémorial de Sainte-Hélène et des Lettres de Napoléon, je ne sais pas ce qu’il y reste, ou plutôt je ne le sais que trop… Sans son audacieuse tentative de toucher à la reine des histoires (Ne touchez pas à la Reine !)

2407. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Henri Rochefort » pp. 269-279

La Chronique, cette Armide du Journalisme pour les jeunes esprits qu’elle amollit, retiendra-t-elle et dépensera-t-elle à son service stérile de poste aux lettres cette force vive que je vois en Rochefort ?

2408. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Avellaneda »

c’est le talent de ses lettres que nous lisons qui a éternisé l’énigme et rendu, pour la deviner, la postérité infatigable.

2409. (1868) Curiosités esthétiques « III. Le musée classique du bazar Bonne-Nouvelle » pp. 199-209

Sur le pupitre vert placé devant lui sa main tient encore la lettre perfide : « Citoyen, il suffit que je sois bien malheureuse pour avoir droit à votre bienveillance. » L’eau de la baignoire est rougie de sang, le papier est sanglant ; à terre gît un grand couteau de cuisine trempé de sang ; sur un misérable support de planches qui composait le mobilier de travail de l’infatigable journaliste, on lit : « A Marat, David. » Tous ces détails sont historiques et réels, comme un roman de Balzac ; le drame est là, vivant dans toute sa lamentable horreur, et par un tour de force étrange qui fait de cette peinture le chef-d’œuvre de David et une des grandes curiosités de l’art moderne, elle n’a rien de trivial ni d’ignoble.

2410. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Avant-propos de la septième édition »

Bien des problèmes qui paraissent étrangers les uns aux autres, si l’on s’en tient à la lettre des termes où ces deux sciences les posent, apparaissent comme très voisins et capables de se résoudre les uns par les autres quand on en approfondit ainsi la signification intérieure.

2411. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XIII. Éloges donnés aux empereurs, depuis Auguste jusqu’à Trajan. »

Le grave auteur des institutions oratoires, à la tête de son quatrième livre, ne rougit pas de donner le nom de censeur très saint, et de divinité favorable, à Domitien, à ce tyran jaloux, capricieux et lâche, sous qui le nom même de la vertu fut proscrit, qui n’eut que des vices, ne fit que des crimes, empoisonna peut-être Titus, et teint de sang, voulait être homme de lettres et passer pour juste.

2412. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XVII. »

Les amis du poëte Lucain, ceux qui dans l’étude des lettres cherchaient encore la liberté, le culte des vertus anciennes et l’espoir de l’avenir, sont réunis à Rome près de la veuve du poëte, restée fidèle à son nom et à son amour.

2413. (1874) Histoire du romantisme pp. -399

Les lettres d’outre-Manche restaient décachetées sur sa table. […] La lettre de Bouchardy exigeait à toute force l’insertion, comme un appel de l’âme des compagnons morts. Ce mot Remember au bas de la lettre était placé d’une façon impérative et mystérieuse. […] C’était un vrai hidalgo de lettres. […] Henri Heine écrivait dans ses Lettres sur la France : « Bocage, beau comme Apollon ! 

2414. (1923) L’art du théâtre pp. 5-212

C’est faute de principes que tant de bonnes volontés, de talents, voire de génies, se dévoient, en un siècle où l’esprit propre, flatté par l’amour-propre, régit toutes les activités de l’homme et très spécialement les lettres et les arts. […] Dépassant la lettre et le mot, il s’agira de réaliser dans l’objet dont ils sont le revêtement une luminosité plus profonde. […] Transposez son art en langage et en esprit français, voici sans doute ce que fût devenu notre théâtre, s’il avait pu suivre sa ligne, sans brutale interruption : déjà affaire de lettres, mais toujours pâture du peuple, ouvert dans tous les sens, à tous. […] Je dis « nous », c’est-à-dire moi, l’« honnête homme » du xviie , homme de lettres, de robe ou de cour. […] C’est déjà un signe, un progrès que de voir des hommes de lettres, enfermés jusqu’ici dans leur tour d’ivoire, qui ne croient plus se diminuer en contribuant au divertissement du spectateur.

2415. (1923) Paul Valéry

Enfin, avec le culte des lettres, une vive répugnance à mener la vie de l’homme de lettres. « Celui qui n’a pas regardé dans la blancheur de son papier une image troublée par le possible, et par le regret de tous les signes qui ne seront pas choisis… celui-là ne connaît pas davantage, quel que soit d’ailleurs son savoir, la richesse, et la ressource de l’étendue spirituelle qu’illumine le fait conscient de construire. » Construire, c’est lancer le coup de dés qui n’abolit pas le hasard, mais dont l’étincelle illumine le hasard, éclaire l’infinité des coups de dés possibles. […] Tu lui serais un dieu. » Hugo avait su exprimer dans Notre-Dame la rivalité sociale de l’architecture et des lettres ; Valéry songerait à une rivalité technique du monument et de la page. […] Valéry a donné, dans une lettre que publièrent les Marges, une magnifique glose sur Un coup de Dés jamais n’abolira le hasard. […] Dans une lettre sur le Coup de Dés, il rappelle une promenade nocturne qu’il faisait à Valvins avec Mallarmé, sous un firmament dont l’aspect lui évoquait les pages du poème, et il écrit : « Il me semblait maintenant d’être pris dans le texte même de l’univers silencieux : texte tout de clartés et d’énigmes ; aussi tragique, aussi indifférent qu’on le veut ; qui parle et qui ne parle pas ; tissu de sens multiples ; qui assemble l’ordre et le désordre ; qui proclame un Dieu aussi puissamment qu’il le nie ; qui contient, dans son ensemble inimaginable, toutes les époques, chacune associée à l’éloignement d’un corps céleste ; qui rappelle le plus décisif, le plus évident et incontestable succès des hommes, l’accomplissement de leurs prévisions jusqu’à la septième décimale ; et qui écrase cet animal témoin, ce contemplateur sagace, sous l’inutilité de ce triomphe. […] Il faut prendre à la lettre les deux lignes de la dédicace à André Gide : « Depuis bien des années, j’avais laissé l’art des vers ; essayant de m’y astreindre encore, j’ai fait cet exercice, que je te dédie. » Une discipline, un exercice.

2416. (1904) Le collier des jours. Souvenirs de ma vie

— Avez-vous une lettre ? […] Ma grand-mère m’avait fait cadeau d’une papeterie, où étaient rangés, avec leurs enveloppes, des cahiers de papier à lettres, rose, vert pistache, bleu tendre, lilas, tout à fait jolis. […] J’adressai plusieurs lettres à la Vierge et aux saints, pour leur demander différentes choses — entre autres du chocolat — ayant été sage dans le but de les obtenir. […] … — Alors, écrivez une lettre, lui dis-je tout bas, un jour de sortie, je pourrai, sans que personne le sache, la mettre à la poste. […] Ma première visite fut pour la sœur Sainte-Madeleine, qui n’avait jamais cessé d’être ma protectrice et à qui j’avais écrit tant de folles lettres.

2417. (1910) Rousseau contre Molière

Quand Rousseau écrit la Lettre à d’Alembert, il vient de jouer Alceste pendant un an. […] Mon père fut professeur et homme de lettres. […] J’ai été professeur et homme de lettres à un degré un peu supérieur à celui de mon père. […] Par vanité, Philaminte a voulu avoir pour gendre un brillant homme de lettres. […] Ce brillant homme de lettres était un pleutre.

2418. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIIe entretien. Balzac et ses œuvres (2e partie) » pp. 353-431

Pendant que ses amis sont là, il reçoit une lettre de son frère de Paris, qui lui apprend qu’il a fait faillite et qu’il va se tuer ; il lui recommande sa femme et son fils. Cette lettre arracherait des larmes à un rocher : le père Grandet la lit tout bas sans donner aucun signe d’émotion. […] Eugénie reçoit une lettre de son cousin qui lui annonce sa fortune faite et son retour prochain.

2419. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIIIe entretien. Fior d’Aliza » pp. 177-256

J’étais particulièrement recommandé au cardinal-ministre que je voyais presque tous les jours chez la célèbre duchesse de Devonshire, patronne de tous les hommes de lettres et de tous les artistes romains. […] XXX Les lettres de la comtesse de Virieu, veuve du membre de l’Assemblée nationale, intimement liée avec la comtesse d’Albany, m’avaient accrédité chez elle. […] « Souvent, le bras posé sur l’urne d’un grand homme, Soit aux bords dépeuplés des longs chemins de Rome, Soit sous la voûte auguste où, de ses noirs arceaux, L’ombre de Westminster consacre ses tombeaux, En contemplant ces arcs, ces bronzes, ces statues, Du long respect des temps par l’âge revêtues, En voyant l’étranger d’un pied silencieux, Ne toucher qu’en tremblant le pavé de ces lieux, Et des inscriptions sur la poudre tracées Chercher pieusement les lettres effacées J’ai senti qu’à l’abri d’un pareil monument Leur grande ombre devait dormir plus mollement ; Que le bruit de ces pas, ce culte, ces images, Ces regrets renaissants et ces larmes des âges, Flattaient sans doute encore, au fond de leur cercueil, De ces morts immortels l’impérissable orgueil ; Qu’un cercueil, dernier terme où tend la gloire humaine, De tant de vanités est encor la moins vaine ; Et que pour un mortel peut-être il était beau De conquérir du moins, ici-bas, un tombeau ?

2420. (1890) L’avenir de la science « III » pp. 129-135

Admirable déchiffrement d’un superstitieux hiéroglyphisme, marche courageuse de la lettre à l’esprit, voilà l’œuvre de la critique moderne ! […] On en compte les lettres, les mots, les syllabes, on s’attache aux sons matériels bien plus qu’au sens, on multiplie à l’infini les subtilités exégétiques, les modes d’interprétation, comme l’affamé, qui, après avoir mangé son pain, en recueille les miettes. […] Tous sont la protestation de l’esprit humain contre la lettre asservissante, un effort malheureux pour féconder un champ infécond.

2421. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Charles Dickens »

IV L’œuvre qui est ainsi moralisante, qui juge, approuve et désapprouve, en vertu de considérations purement sentimentales, la société et les hommes, qui tantôt les dépeint en caricatures outrées, comiques ou monstrueuses, tantôt en indications disconnexes et mystérieuses, qui jamais ne les analyse et ne les donne à connaître, pas plus qu’elle ne décrit les lieux, ne ménage les développements humoristiques et personnels, les indications au lecteur, les exubérances, les prosopopées, les partis pris du style, qui procède par épisodes au gré d’une composition singulièrement lâche et mal faite, révèle chez l’écrivain que nous étudions une organisation mentale nettement accusée, simple et une, assez rare chez les hommes de lettres, fréquente au contraire chez les hommes ordinaires, chez les hommes d’action et qu’il sera intéressant d’étudier en un exemplaire parfait. […] Pas un billet qu’il écrive pour proposer une promenade en commun, pour inviter à dîner, pour expliquer une affaire, qui ne soit conçu en termes rapides, d’un style concité, frémissant de passion, de vitalité, d’exubérante bonne humeur ; il y narre à ses correspondants les petits faits qui arrivent chez lui, avec autant de drôlerie et de vivacité qu’il en met dans ses livres ; ses pages les plus célèbres ne sont ni meilleures ni autres que la lettre dans laquelle il raconte au pied levé, avec tout l’humour des grandes occasions, le lamentable trépas d’un corbeau familier qu’il tenait à sa villa. […] Ses lettres sont humoristiques, passionnées, joyeuses, émues ou sèches ; on aurait peine à y trouver plus de quelques croquis de sites et de mœurs.

2422. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE BALZAC (La Recherche de l’Absolu.) » pp. 327-357

» Ailleurs, dans Louis Lambert, non loin des brûlantes et simples lettres du jeune homme, ce sent des expressions de mnémotechnie pécuniaire, un enfant dont je partageais l’idiosyncrase ; dans les Célibataires, je trouve une raison coefficiente des événements, des phrases jetées en avant par les tuyaux capillaires du grand conciliabule femelle, etc. […] La phrase suivante fait tache à mes yeux dans la première lettre de Louis Lambert à Mlle de Villenoix : « J’ai dû comprimer bien des pensées pour vous aimer malgré votre fortune, et pour vous écrire en redoutant ce mépris si souvent exprimé par une femme pour un amour dont elle écoute l’aveu comme une flatterie de plus parmi toutes celles qu’elle reçoit ou qu’elle pense.

2423. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « M. MIGNET. » pp. 225-256

Lettre à l’abbé d’Olivet, 6 janvier 1736. […] Lettre xxvii du livre IX.

2424. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Introduction »

Ces différentes réflexions conduiraient enfin au principal but des débats actuels, à la manière de constituer une grande nation avec de l’ordre et de la liberté, et de réunir ainsi la splendeur des beaux-arts, des sciences et des lettres, tant vantées dans les monarchies, avec l’indépendance des républiques ; il faudrait créer un gouvernement qui donna de l’émulation au génie, et mit un frein aux passions factieuses ; un gouvernement qui put offrir à un grand homme un but digne de lui, et décourager l’ambition de l’usurpateur ; un gouvernement qui présenta, comme je l’ai dit, la seule idée parfaite de bonheur en tout genre, la réunion des contrastes. […] Une comparaison fera mieux sentir ma pensée : à la renaissance des lettres, les premiers écrits qu’on a composé, ont été pleins de recherche et d’affectation.

2425. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre IV. Construction de la société future »

Vous n’avez ni Parlement, ni États, ni gouverneurs ; ce sont trente maîtres des requêtes, commis aux provinces, de qui dépendent le bonheur ou le malheur de ces provinces, leur abondance ou leur stérilité. » En fait, le roi, souverain, père et tuteur universel, conduit par ses délégués les affaires locales, et intervient par ses lettres de cachet ou par ses grâces jusque dans les affaires privées. […] Voir dans Rousseau (Lettre à M. de Beaumont) une scène de ce genre, l’établissement du déisme et de la tolérance, à la suite d’un discours comme celui-ci.

2426. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « L’expression de l’amour chez les poètes symbolistes » pp. 57-90

Camille Spiess car, si au lieu de l’interpréter librement, je le suivais à la lettre, je n’aurais que mépris pour les poètes symbolistes qu’il trouve trop ennuagés de vapeurs judéo-chrétiennes. […] Ils ont, d’ailleurs, pour se consoler, le certificat de génie qu’il leur décerne, à son insu, quand après avoir rappelé ces paroles de Nietzsche : « Le meilleur auteur est celui qui a honte d’être un homme de lettres.

2427. (1890) L’avenir de la science « XVIII »

J’en parlerai à Néron. » Certes, si les esclaves, prenant à la lettre et comme immédiatement applicable la parole de saint Paul, avaient établi leur domination sur les ruines fumantes de Rome et de l’Italie et privé le monde des bienfaits qu’il devait retirer de la domination romaine, Sénèque aurait eu quelque raison. […] L’abrutissement du peuple, l’arbitraire et le caprice, les intrigues de cour et les lettres de cachet, la Bastille, la potence et les Grands Jours sont des pièces essentielles de cet édifice, de sorte que, si vous récusez les abus, récusez aussi l’édifice ; car ils entrent comme parties intégrantes dans sa construction.

2428. (1890) L’avenir de la science « XXII » pp. 441-461

Cela est vrai à la lettre de la science. […] M. de Chateaubriand a, je crois, soutenu quelque part que l’intrusion des hommes de lettres dans la politique active signale l’affaiblissement de l’esprit politique chez une nation.

2429. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIII. La littérature et la morale » pp. 314-335

La vie débraillée, hasardeuse, débauchée se rencontre plus fréquemment parmi les nobles, les peintres, les gens de lettres que dans un milieu de commerçants qui ont un intérêt trop puissant à être prudents et rangés. […] Il voudrait que tout auteur se considérât comme ayant charge d’âmes et tenu de rendre compte aux générations futures de ce qu’elles auront recueilli dans ses ouvrages ; et il écrit très justement à ce propos115 : « Pensant à cela, il n’est pas d’honnête homme de lettres, si chétif soit-il, qui ne doive trembler de responsabilité. » Voilà qui est bien !

2430. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. John Stuart Mill — Chapitre II : La Psychologie. »

Herbert Spencer, dans une lettre à Stuart Mill où il répudie le titre d’anti-utilitaire que celui-ci lui avait appliqué, formule ainsi sa critique en se fondant sur la doctrine des conditions d’existence : « Je diffère des Utilitaires non sur le but à atteindre, mais sur les moyens à suivre. […] On peut sur ce sujet lire la lettre xxv des Opéra posthuma de Spinoza, adressée à M.

2431. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre VIII »

Au premier acte, une lettre de notaire la présentait au comte de Thommeray comme une femme besogneuse, âpre aux intérêts, venue de Paris pour lui faire payer, au double de sa valeur, la ferme qu’elle veut lui vendre. […] Ils s’étonnent bien un peu de n’avoir jamais reçu, depuis quinze ans, ni une lettre, ni un signe de vie de leur père ; la mère excuse de son mieux ce silence ; jamais elle n’a blâmé ni accusé son mari devant eux.

2432. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre V. La parole intérieure et la pensée. — Premier problème : leurs positions respectives dans la durée. »

: Sumite materiam vestris, qui scribitis, æquam Viribus, et versate diu quid ferre recusent, Quid valeant humeri ; cui lecta potenter erit res, Nec facundia deseret hunc, nec lucidus ordo ; [Horace, Art poétique, v. 38-41 (dans l’édition des Epîtres, Paris, Les Belles Lettres, 1995, p. 204) : « Prenez, vous qui écrivez, un sujet égal à vos forces et pesez longuement ce que vos épaules refusent, ce qu’elles acceptent de porter. […] Voir notre étude sur La naissance des habitudes, dans les Annales de la Faculté des lettres de Bordeaux, septembre 1880.

2433. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre premier. »

L’Académie française, dans le désir d’exciter les fortes études de lettres et la hardiesse sévère du goût, avait proposé, il y a quelques années, un prix extraordinaire pour la meilleure traduction en prose ou en vers de Pindare. […] Montesquieu, qui, dans ses saillies de critique et de goût, mêlées aux libres peintures des Lettres persanes, traitait assez légèrement la poésie lyrique et la nommait une harmonieuse extravagance, emprunte cependant à Pindare une définition de la loi, qu’il place dans le début de son grand ouvrage.

2434. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Appendice. [Rapport sur les primes à donner aux ouvrages dramatiques.] » pp. 497-502

MM. les ministres, consultés par vous à ce sujet, monsieur le président, ont bien voulu autoriser la Commission à suivre l’esprit plutôt que la lettre de l’arrêté, et à proposer cette fois d’attribuer cette seconde prime de trois mille francs à un ouvrage qui a plus de quatre actes, qui par conséquent est plus considérable qu’on ne le demande, et qui remplit d’ailleurs si bien les vues de l’institution.

2435. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « PENSÉES » pp. 456-468

Un homme de lettres (j’ai honte à le dire) n’est plus franchement un homme.

2436. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Relation inédite de la dernière maladie de Louis XV. »

Il existe un petit nombre de lettres curieuses de Mme de Tencin au duc de Richelieu, écrites dans le courant de 1743 ; informée par son frère, le cardinal, de tout ce qui se passe dans le Conseil, cette femme spirituelle et intrigante en instruit le duc de Richelieu, alors à la guerre.

2437. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. A. Thiers : Histoire de la Révolution française. IXe et Xe volumes »

Les Conseils en permanence destituèrent Treilhard, parce qu’on s’aperçut alors pour la première fois qu’il n’y avait pas eu, suivant la lettre de la Constitution, un an complet révolu entre ses fonctions législatives et directoriales.

2438. (1874) Premiers lundis. Tome II « Loève-Veimars. Le Népenthès, contes, nouvelles et critiques »

Comme les libraires veulent avant tout aujourd’hui de bons titres aux livres qu’ils achètent, des titres sonores, énigmatiques et alléchants ; comme en notre république des lettres un livre bien titré fait son chemin aussi sûrement que le faisait jadis à l’armée un gentilhomme de bonne maison, M. 

2439. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Verhaeren, Émile (1855-1916) »

En 1883, il publia les Flamandes, pages où sont recueillies les impressions de la terre natale, puis contribua, par de saines études dans l’Art moderne, la Jeune Belgique, la Société nouvelle, la Wallonie, à la renaissance des lettres belges.

2440. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre V. Des trois ordres de causes qui peuvent agir sur un auteur » pp. 69-75

Quand je me rappelle que telle Lettre Provinciale a été refaite jusqu’à treize fois ; quand je vois surchargé de ratures le brouillon d’une fable de La Fontaine ; quand je pense à l’implacable, acharnement avec lequel Rousseau et Flaubert retournaient une phrase dans leur tête pour la rendre conforme à leur idéal esthétique, je me dis qu’au nombre des influences qui développent les facultés contenues dans l’organisme initial, qui font sortir la fleur et le fruit du germe où ils étaient cachés, cette action de la pensée sur la pensée ne saurait être laissée de côté comme une quantité négligeable.

2441. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre V. Harmonies de la religion chrétienne avec les scènes de la nature et les passions du cœur humain. — Chapitre II. Harmonies physiques. — Suite des Monuments religieux ; Couvents maronites, coptes, etc. »

La jeune fille alors lit, au déclin du jour, Cette lettre éloquente où brûle ton amour : Son trouble est aperçu de l’amant qu’elle adore, Et des feux que tu peins, son feu s’accroît encore.

2442. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 9, de la difference qui étoit entre la déclamation des tragedies et la déclamation des comedies. Des compositeurs de déclamation, reflexions concernant l’art de l’écrire en notes » pp. 136-153

Lucien nous apprend même qu’on leur matelassoit le corps afin que cette taille énorme parut du moins proportionnée, et ce qu’il nous dit sur ce sujet est confirmé dans une lettre attribuée à S.

2443. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Rome et la Judée »

Le démon des folies allemandes ne le tente pas ; il accepte en fait la lettre des prophéties et prend sous cette dictée les événements qui se sont produits, depuis la venue de Jésus-Christ jusqu’à la chute de Jérusalem et la dispersion des Juifs par toute la terre.

2444. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « La Bruyère » pp. 111-122

Une lettre de la Bruyère, retrouvée par Destailleur, ajoute son intérêt à cette réimpression et montre à quel point le fidèle annotateur a poussé l’investigation ; car de tous les hommes peut-être qui tiennent une grande place dans les chroniques de l’Esprit humain, La Bruyère est celui qui a le moins laissé transpirer sa vie.

2445. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Lessing »

Mézières est professeur à la Faculté des lettres de Paris, casematé là, à six mille francs, le prix de ces messieurs, fait comme celui des petits pâtés.

2446. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « I. Saint Thomas d’Aquin »

Il consiste à reprendre d’une main tout doucettement ce qu’il a donné de l’autre avec un grand geste, et ce qui suit va le faire comprendre : Agrégé à la Faculté des lettres, sorti de l’Université pour entrer à l’Académie dont il a voulu le prix qu’il n’a pas manqué, ayant par conséquent des terreurs respectueuses fort naturelles pour le progrès, et non moins naturellement des affections intellectuelles pour l’Église, M. 

2447. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Lefèvre-Deumier »

Il faut prendre au pied de la lettre ce mot tracé par l’auteur, non par l’éditeur, à la tête de ce volume.

2448. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « J.-J. Ampère ; A. Regnault ; Édouard Salvador »

Son volume n’est pas une promenade, le lorgnon dans l’œil, et avec le caban de Chateaubriand sur de la poésie rhumatismale ; ce sont les tablettes animées et fidèles d’un antiquaire et d’un lettré qui ne se concentre pas dans les lettres, mais qui voit (pourquoi est-ce de si loin ?)

2449. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXII. Des panégyriques latins de Théodose ; d’Ausone, panégyriste de Gratien. »

Par exemple, au milieu de son discours, il fait un long commentaire sur la lettre que Gratien lui a écrite, sur chaque mot dont il s’est servi, sur la robe qu’il lui a envoyée, enfin sur ce qu’en le nommant consul, il l’a nommé le premier et non pas le second.

2450. (1858) Du roman et du théâtre contemporains et de leur influence sur les mœurs (2e éd.)

Jamais peut-être les lettres n’avaient disposé de plus de puissance sur la société qu’à ce moment. […] Les Lettres Persanes et les Contes de Voltaire ouvrirent la voie ; mais c’est J. […] Quand les lettres ont-elles ouvert, je ne dis pas même au génie, mais au talent, de plus brillantes carrières ? […] Sue a été plus franc ou plus hardi ; il a écrit en toutes lettres sur son écu : Mort à l’héritage et guerre à la propriété ! […] son esprit même qui pénétrait dans le monde des lettres.

2451. (1908) Esquisses et souvenirs pp. 7-341

Vaugelas conseillait d’éviter les répétitions de que, soit pronom relatif, soit conjonction, et il blâmait Malherbe qui en avait tant usé dans sa fameuse lettre à Mme la princesse de Conti. […] Les Lettres et les Arts accompagnèrent pieusement la dépouille de Paul Verlaine au doux cimetière des Batignolles. […] Je conseille aux jeunes gens qui veulent écrire aujourd’hui de cultiver Diderot, surtout celui des Lettres à Mlle Voland. […] Je l’ai revu à ses réceptions hebdomadaires dans un cercle de sots, de garçons de lettres qui le raillaient en demandant le cordon, et de trois ou quatre vrais artistes qui l’estimaient, sachant pourquoi. […] Je possède plusieurs lettres de Mallarmé ; je cherche sans les trouver toutes : mes paperasses sont brouillées comme mon âme.

2452. (1899) Musiciens et philosophes pp. 3-371

Et Wagner a raison lorsque, dans sa lettre sur les poèmes symphoniques de Liszt, venant incidemment à parler de Berlioz, il condamne chez ce maître la recherche obstinée des effets imitatifs. […] Paul Lindau nous avait donné des parodies vraiment plus spirituelles dans ses Lettres sur l’Anneau du Nibelung, auxquelles M.  […] Pour en revenir à Brahms, l’admiration de Nietzsche pour lui est attestée encore par une lettre qu’il adressa en 1887 au romancier suisse bien connu M.  […] Elle suit les lettres, la peinture, l’architecture, la sculpture. […] Voir la lettre à Fredice Villot, préface des Quatre poèmes d’opéra.

2453. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre I. La Renaissance païenne. » pp. 239-403

Les mœurs, à peine dégrossies, sont encore à demi féodales ; au camp, devant Landrecies, le commandant anglais écrit une lettre amicale au gouverneur français de Térouanne pour lui demander « s’il n’a pas quelques gentilshommes disposés à rompre une lance en faveur des dames », et promet d’envoyer six champions à leur rencontre. […] C’est le paganisme qui règne à la cour d’Elisabeth, non-seulement dans les lettres, mais dans les doctrines, un paganisme du Nord, toujours sérieux, le plus souvent sombre, mais qui, comme celui du Midi, a pour substance le sentiment des forces naturelles. […] Voyez la peinture de cet état de choses dans les lettres de la famille Paston, publiées par John Fen. […] Aussi certaines lettres privées décrivent la cour d’Élisabeth comme un endroit où il y avait « peu de piété et de pratique de la religion, et où toutes les énormités régnaient au plus haut degré. » 256. […] Voyez Burchard, majordome du pape, récit de la fête où assistait Lucrèce Borgia ; Lettres de l’Arétin, Vie de Cellini, etc.

2454. (1883) Le roman naturaliste

On en peut donner deux très fortes, dont la première est que les mots sont composés de lettres, et que ces lettres forment des sons, et que ces sons frappent l’oreille, et qu’il n’y a pas de commune mesure entre les sensations de l’oreille et celles de l’œil. […] Il écrivait des lettres d’amour ;  on lui répondait ; et il les reproduisait telles quelles dans ses romans. « Quand j’eus cessé de voir Élise, elle en fut au désespoir, comme on l’a vu dans ses lettres imprimées dans la Malédiction paternelle. » C’est ce que j’appelle du document, que ces lettres d’Elise ! […] N’était-ce pas pour répondre à cette même exigence que l’on employait autrefois si volontiers la forme du roman par lettres, ou du journal ? […] Savez-vous en effet, le grand inconvénient ou, pour mieux dire, l’infériorité presque inévitable du roman par lettres ?

2455. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre I. Les Saxons. » pp. 3-71

Ici des mains rudes entassent et froissent les idées dans un mètre étroit ; s’il y a une sorte de mesure, on ne la garde qu’à peu près ; pour tout ornement ils choisissent trois mots qui commencent par la même lettre. […] Ils y ajoutaient l’obligation de commencer chaque vers par la même lettre que le précédent. Quelques-uns, comme Adlhem, écrivaient des acrostiches carrés, où le premier vers, répété à la fin, se retrouvait encore sur la gauche et sur la droite du morceau ; ainsi formé par les premières et dernières lettres de tous les vers, il embrasse toute la pièce, et le morceau de poésie ressemble à un morceau de tapisserie. […] En effet, c’est un scalde qui latinise, et transporte dans son nouveau langage les ornements de la poésie scandinave, entre autres la répétition de la même lettre, tellement que, dans une de ses épîtres, il y a quinze mots de suite qui commencent de même, et que, pour compléter ce nombre de quinze, il met un barbarisme grec parmi les mots latins73.

2456. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIVe entretien. Alfred de Vigny (1re partie) » pp. 225-319

Une foule d’hommes éminents dans les lettres naissaient pour combler les vides que Roucher et André Chénier avaient faits en livrant leurs têtes à l’échafaud. […] Il monte de la grammaire à l’œuvre, au lieu de descendre de l’inspiration au style ; il sait façonner tout dans un goût vulgaire et joli, et peut tout ciseler avec agrément, jusqu’à l’éloquence de la passion. — C’est l’HOMME DE LETTRES. […] Il peut être Homme de lettres, ou mieux encore ; si la philosophie vient à son aide, et s’il peut se dompter, il deviendra utile et grand écrivain ; mais à la longue, le jugement aura tué l’imagination, et avec elle, hélas ! […] Je ne crois pas que personne la réduise à une plus simple expression que moi-même je ne vais le faire : — C’est l’histoire d’un homme qui a écrit une lettre le matin, et qui attend la réponse jusqu’au soir ; elle arrive, et le tue. — Mais ici l’action morale est tout.

2457. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — George Sand, Lélia (1833) »

À toutes les époques, sans doute, des personnes du sexe, nées la plupart dans des conditions de loisir où la culture de l’esprit est facile, avaient attiré l’attention par des romans, des lettres, des poésies, des livres d’éducation. 

2458. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « en tête de quelque bulletin littéraire .  » pp. 525-535

On a une lettre piquante de Pasquier à Ronsard là-dessus ; il se plaint des encouragements que celui-ci donnait à cette multitude croissante de poëtes, à qui il suffisait, pour se croire le baptême du génie, d’avoir touché la robe du maître.

2459. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — Alexandre Dumas. Mademoiselle de Belle-Isle. »

A mesure que le serment politique perd de sa valeur, le serment dramatique gagne en inviolabilité ; c’est ainsi que la littérature exprime souvent la société, par le revers : on fait des bergeries au siècle de Fontenelle ; on immole sur le théâtre son bonheur à la lettre d’un serment, dans le siècle où la parole d’honneur court les rues et où on lève la main sans rien croire.

2460. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — George Sand. Cosima. »

Au second acte, par exemple, quoi de mieux comme vérité d’analyse que cette scène entre Cosima et Ordonio, lorsque celui-ci, qu’on croyait mort, revenu à l’improviste, surprend Cosima en larmes, lisant la dernière lettre qu’elle a reçue de lui ?

2461. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XVI. De l’éloquence et de la philosophie des Anglais » pp. 324-337

Les Lettres de Junius sont l’un des écrits les plus éloquents de la prose anglaise.

2462. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Conclusion » pp. 355-370

L’Académie française a mis au concours cette question : « De la nécessité de concilier dans l’histoire critique des lettres le sentiment perfectionné du goût et les principes de la tradition avec les recherches érudites dites et l’intelligence historique du génie divers des peuples » ; et, bien que les concurrents aient évidemment peu de foi dans cette nécessité, puis que, d’année en année, le prix ne se décerne point, nous ne pouvons-nous empêcher d’admirer avec joie la foi de l’Académie elle-même dans cette nécessité non douteuse ; car, voyez !

2463. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Réponse à M. Dubout. » pp. 305-316

votre récente victoire a dû vous détendre), je vous répéterais, sans ombre d’ironie, ce que je disais il y a un an : « La susceptibilité des hommes de lettres est, quand on y réfléchit, bien misérable… Pourquoi tant souffrir d’appréciations qui ne nous atteignent ni ne nous diminuent dans ce qui nous devrait seul importer, j’entends notre valeur morale ?

2464. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Rostand, Edmond (1868-1918) »

Edmond Rostand est le plus excellent cacographe dont puissent, aujourd’hui, s’enorgueillir les lettres françaises.

2465. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre II. La commedia dell’arte » pp. 10-30

Les villes d’université comme Bologne enfantèrent tout naturellement le docteur, le pédant ridicule, dont chaque mot est une délicieuse ânerie ; les modèles n’étaient pas rares dans un temps où l’engouement pour les lettres grecques et latines dégénérait aisément en folie ; c’était l’époque où Philelphe le Florentin et Timothée entamaient, à propos de la force d’une syllabe grecque, une querelle acharnée, dans laquelle le dernier jouait et perdait sa grande barbe et en mourait de chagrin.

2466. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre X. Prédictions du lac. »

Dans nos sociétés établies sur une idée très rigoureuse de la propriété, la position du pauvre est horrible ; il n’a pas à la lettre sa place au soleil.

2467. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 24-41

Enfin Corneille, Despréaux, Racine, ont fait plus que Tibere * ; non seulement ils ont donné le droit de Bourgeoisie à des expressions ignobles dans leur temps, mais on peut dire encore qu’ils leur ont donné des Lettres de Noblesse.

2468. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Baudouin » pp. 198-202

Croit-on que les bustes de ceux qui ont bien mérité de la patrie, les armes à la main, dans les tribunaux de la justice, aux conseils du souverain, dans la carrière des lettres et des beaux-arts, ne donnassent pas une meilleure leçon ?

2469. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 9, des obstacles qui retardent le progrès des jeunes artisans » pp. 93-109

Toutes les personnes qui ont quelque lueur d’esprit, ou quelque teinture des lettres, veulent se mêler de faire des vers, et pour le malheur des poëtes, elles deviennent ainsi des juges qui prononcent sur tous les poëmes nouveaux, avec la séverité d’un concurrent.

2470. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Paul de Saint-Victor » pp. 217-229

De l’organisation la plus heureuse, fait essentiellement pour les lettres, il y débuta en se jetant éperdument dans le feuilleton dramatique, alors florissant, et malgré tous les Mentors, — il en avait plusieurs, — qui craignaient les Eucharis du théâtre pour ce Télémaque en plein feu d’imagination et de jeunesse… La grande littérature du milieu du dix-neuvième siècle était morte ou allait mourir : Balzac et Stendhal n’étaient plus ; Gozlan vivait encore, mais les deux plus grands poètes du siècle, de Musset et Lamartine, étaient tombés, l’un des bras d’une indigne femme dans le désespoir enivré qui devait le tuer, l’autre dans la vie politique, qu’on pourrait appeler la mort littéraire, où il s’engloutit, la lyre à la main, comme Sapho, qu’il avait chantée, dans la mer !

2471. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Eugène Talbot » pp. 315-326

Mais c’est justement parce qu’Hérodote est un de ces naïfs comme on n’en doit plus revoir dans l’histoire des Lettres grecques, qu’il lui faut, pour être transbordé d’une langue dans une autre, non seulement un naïf pour traducteur, mais encore une langue qui soit au même point de naïveté que la sienne.

2472. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XIV. Vaublanc. Mémoires et Souvenirs » pp. 311-322

Ils rendent des services ; mais on ne taille pas dans un mâle esprit comme Vaublanc, qui parle toujours pour dire quelque chose, comme on taille dans les bavardages d’une commère de lettres comme Mme de Genlis.

2473. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « W.-H. Prescott » pp. 135-148

Après la décapitation de d’Egmont, ce Ney de l’histoire hispano-flamande, — car Graveline et Saint-Quentin valent bien la Moscowa, — et pour qui, comme pour Ney, il y eut autant de raisons de pardonner que de condamner, Prescott rapporte toute entière cette lettre du duc d’Albe à Philippe II, que tant d’autres historiens auraient oubliée : « Votre Majesté comprendra le regret que j’ai eu de voir finir ainsi ce pauvre seigneur et de lui faire subir ce sort ; mais je n’ai pas reculé devant le devoir de servir mon souverain… Le sort de la comtesse m’inspire aussi une très grande compassion quand je la vois chargée de onze enfants dont aucun n’est assez âgé pour se suffire, et quand on pense à son rang élevé de sœur de comte palatin et à sa vie si vertueuse et si exemplaire, je ne puis que la recommander aux bonnes grâces de Votre Majesté. » Les bonnes grâces de Philippe II furent chiches.

2474. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Crétineau-Joly » pp. 367-380

Parce qu’il est un chouan attardé dans l’Histoire, et que, trop souvent, il n’y a qu’un pas entre le chouan et le bandit, on franchira ce pas, et on l’appellera… un bandit de lettres.

2475. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XIV. M. Auguste Martin »

Louis-Auguste Martin et à toutes les femmes de lettres de notre Occident ambitieux.

2476. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXII. Philosophie politique »

Quand Goëthe ne pensait pas à « sa spirale », il disait honnêtement : « Si je voulais consigner par écrit la somme de ce qui a quelque valeur dans les sciences dont je me suis occupé toute ma vie, ce manuscrit serait si mince que vous pourriez l’emporter sous une enveloppe de lettre. » Toute l’histoire de la philosophie, qui en était, peut donc tenir sur une carte à jouer.

2477. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Francis Lacombe »

Lacombe, c’est qu’elles sont profondément historiques, c’est qu’elles ne partent pas d’une lettre d’algèbre pour arriver à l’inconnu, c’est qu’elles portent l’auréole d’une expérience faite et qui a déjà réussi.

2478. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Vte Maurice De Bonald »

En cela moins fidèle (comme on peut le voir, page 76, dans une lettre du duc de Nemours), moins fidèle à l’esprit monarchique et traditionnel de sa race, que la maison d’Orléans à l’esprit et à la tradition révolutionnaires de la sienne.

2479. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Armand Hayem »

Assurément il y avait mieux à faire en demeurant, au pied de la lettre, dans les bornes du programme de l’Académie, et, comme je l’ai dit, c’était un livre d’histoire, sévère et profond, sans rien au-delà.

2480. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. de Banville. Les Odes funambulesques. »

Un jour Dumas passait, les divers gens de lettres, etc.

2481. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Henri Heine »

Qu’importent, en effet, les quelques lettres en déshabillé qu’un homme fatigué écrit, entre le Reisebilder et l’Intermezzo, par exemple, à un éditeur ou à un ami, — ne confondons pas ! 

2482. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Duranty » pp. 228-238

Dans ce livre d’une si hideuse beauté qu’il intitula Les Liaisons dangereuses, Laclos fit faire des fautes d’orthographe à Cécile de Volanges pour que ses lettres à Valmont fussent ainsi plus virginales et plus pensionnaires.

2483. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre quatrième. Du cours que suit l’histoire des nations — Chapitre V. Autres preuves tirées des caractères propres aux aristocraties héroïques. — Garde des limites, des ordres politiques, des lois » pp. 321-333

Il fallut tout le talent de Cicéron pour empêcher Sextus Ebutius de garder la terre de Cecina, parce qu’il manquait une lettre à la formule.

2484. (1858) Cours familier de littérature. V « XXXe entretien. La musique de Mozart (2e partie) » pp. 361-440

Recueilli dans le palais d’un patricien de Venise, amateur et protecteur des lettres, le poète raconte l’empire exercé sur ce vieillard par une jeune fille nommée Térésa qui finit par épouser le patricien. […] À la mort de son père chéri, Mozart écrivit à sa sœur une lettre touchante où nous avons remarqué le passage suivant : « Comme la mort, lorsqu’on y réfléchit, paraît être le vrai but de la vie… Je me suis tellement familiarisé avec cette idée, que je ne me couche jamais sans penser que peut-être je ne verrai plus la douce et amère lumière du jour ! […] Quelques passages de ses lettres à sa sœur, heureuse à Salzbourg dans un mariage d’inclination, révèlent les sérénités pieuses de sa pensée.

2485. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxve entretien. Histoire d’un conscrit de 1813. Par Erckmann Chatrian »

— Eh bien, messieurs, dit-il en sortant une lettre de son portefeuille ; écoutez ! » Il se mit à lire cette lettre, dans laquelle on racontait que, six mois avant, j’avais parié d’aller à Saverne, et d’en revenir plus vite que Pinacle ; que nous avions fait ce chemin ensemble en moins de trois heures, et que j’avais gagné. […] » Je racontai en gémissant l’histoire de la lettre ; et la tante Grédel, qui ne savait rien de cela, se mit à crier en levant les poings : « Ah !

2486. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre troisième »

D’autres princes et barons, soit de leur propre mouvement, soit à son exemple, encouragèrent les lettres, et quelques-uns les cultivèrent. […] On sait seulement, par un passage du Testament de Jean de Meung, que Dieu lui donna de servir les plus grandes gens de la France, et, par une préface au roi Philippe le Bel, qu’il avait traduit du latin un livre de Végèce, les lettres d’Héloïse et d’Abailard, et le livre, de la Consolation de Boëce, « que j’ai translatée en français, dit-il au roi, jaçoit qu’entendes bien latin. » Jean de Meung vécut jusque vers l’an 132O : il était contemporain du Dante. […] Il n’est gages, lettres ni témoins, qui vous assureraient de ma fidélité. » Dernier trait de caractère.

2487. (1892) Un Hollandais à Paris en 1891 pp. -305

En rapportant tous ces propos de lettres et d’art, M.  […] ce sont de vraies scènes de comédie, ces lettres ! […] « Naturellement, pourquoi écriraient-ils des lettres si ce n’était pour cela ! […] « Je voudrais être tantôt le premier homme de lettres de France et tantôt le dernier homme des bois. […] On a gardé seulement la lettre b du mot original et on y a ajouté la terminaison « ate » assez fréquente en argot.

2488. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre IV. Que la critique doit être écrite avec zèle, et par des hommes de talent » pp. 136-215

Un bon et utile conseil, qui devrait être écrit, en lettres d’or, au frontispice du journal libre ! […] Même, à ce sujet, j’ai retrouvé une lettre piquante de l’amie de Molière, mademoiselle de Brie, sa fidèle conseillère, celle qui venait en dernier ressort, après la vieille Laforest. […] Le Vaudeville, quoique théâtre national, est mieux élevé et plus poli que l’Ambigu-Comique, il a imprimé, soixante fois de suite, sur son affiche élégante : Madame Dubarry, en toutes lettres, et sa politesse ne lui a pas gâté sa recette, d’un écu de six francs. […] Il eût trouvé, dans les œuvres mêmes de Bossuet, parmi les lettres de ce père de l’Église, plusieurs passages qui lui eussent montré les combats, les obstacles, l’hésitation de madame de La Vallière avant de quitter, à tout jamais, ce monde où elle brillait de toutes les grandeurs de la beauté, de la jeunesse et de la passion. Dans ses lettres à M. le maréchal de Bellefonds, l’évêque de Meaux raconte d’un style attristé, grave et touché tout ensemble, ce drame caché dont M. 

2489. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre IV. Le mécanisme cinématographique de la pensée  et l’illusion mécanistique. »

Comme la lettre x désigne une certaine inconnue, quelle qu’elle soit, ainsi mon « devenir en général », toujours le même, symbolise ici une certaine transition sur laquelle j’ai pris des instantanés de cette transition même il ne m’apprend rien. […] Elle sera antérieure au savoir humain, qui ne fait que l’épeler lettre par lettre, antérieure aussi aux choses, qui s’essaient maladroitement à l’imiter. […] L’avenir n’était plus déterminable en fonction du présent ; tout au plus pouvait-on dire qu’une fois réalisé il était retrouvable dans ses antécédents, comme les sons d’une nouvelle langue sont exprimables avec les lettres d’un ancien alphabet : on dilate alors la valeur des lettres, on leur attribue rétroactivement des sonorités qu’aucune combinaison des anciens sons n’aurait pu faire prévoir. […] Rien de plus contraire à la lettre, et peut-être aussi à l’esprit, de la Critique de la Raison pure.

2490. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la loi sur la presse »

Et d’abord, il est parfaitement certain que la promesse qui s’est déclarée dans la lettre du 19 janvier était inespérée à cette date et inattendue. […] La poursuite ne pourra être exercée que sur la plainte de la partie intéressée. » Tel est l’article qui, s’il est vain et non appliqué, est une tache dans la loi ; qui, s’il est appliqué au pied de la lettre, devient d’une gravité excessive.

2491. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXVIIe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (3e partie) » pp. 5-56

Le christianisme même lui doit ici de la reconnaissance, car, s’il est dans quelques parties incrédule sur la lettre de ses dogmes, il est croyant à sa sainteté. […] Un de leurs descendants, héritier de leur naturalisation universelle, le colonel Huber, à la fois homme de guerre, homme de lettres volontaire, diplomate dans l’occasion, poète quand il se souvient de ses Alpes, romancier quand il se rappelle madame de Montolieu ou madame de Staël, habite encore aujourd’hui tantôt Paris, tantôt une délicieuse retraite philosophique au bord de ce lac Léman, site préféré de cette famille.

2492. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre IV. Racine »

Il prit pour lui une phrase que Nicole adressait à Desmarets de Saint-Sorlin, avec qui le jansénisme bataillait alors ; et se croyant traité d’« empoisonneur public, non des corps mais des âmes des fidèles413 », il lança contre ses anciens maîtres une lettre extrêmement spirituelle et satirique (1666), qui eût été suivie d’une autre, sans l’intervention de Boileau : Racine regretta plus tard amèrement cette aigreur de son amour-propre, qui l’avait fait un jour ingrat et méchant. […] Ses Lettres sont exquises.

2493. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre cinquième »

Que prétendait Malherbe par sa réforme, sinon faire voir aux poëtes de son temps que ce qui leur était imposé par le tour d’esprit d’alors, par l’imitation de l’Italie et par le faux savoir, ne valait pas ce que leur bon sens, cultivé par les lettres anciennes, et développé par l’expérience de la vie, leur inspirait, comme à leur insu, de pensées franches et naturelles ? […] « Ducentos versus ante cibum, et totidem cœnatus scripsisse amabat », dit Balzac dans une lettre à M. de Silhon.

2494. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « II »

Dans la lettre intitulée « Zukunftsmusik » n (tome VII, p. 125), qu’il adressait à un ami de France, Wagner expose comment il fut amené à concevoir l’œuvre qu’il devait réaliser ensuite. « L’artiste, dit-il, se voit parfois forcé d’employer, pour exprimer ses idées, un organe destiné, dès l’origine, à des buts différents du sien. […] A la fin de sa vie, il défend le végétarisme et combat la vivisection, en particulier dans sa Lettre ouverte au docteur Ernst von Weber, auteur de l’essai sur «  les chambres de torture de la science  », publiée en 1879.

2495. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre V. Le Bovarysme des collectivités : sa forme idéologique »

Mais cette fausse conception d’elle-même ne porte que sur quelques parts de son activité de luxe, sur quelques parts de cette activité surabondante où se manifestent, avec les lettres et les arts, les derniers effets d’une civilisation. […] Alors que les groupes humains qui deviendront par la suite les sociétés distinctes de l’Inde, de la Grèce et de Rome vivaient sur un territoire commun, quelle fut donc la croyance, également accréditée auprès de tous, qui se pétrifia par la suite dans la lettre des formules hiératiques et dans le texte de la loi, contraignant par des liens immobiles et fixes l’esprit mobile des hommes ?

2496. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre V : La religion — Chapitre II : Examen critique des méditations chrétiennes de M. Guizot »

Je n’ai garde de prétendre y suppléer aujourd’hui et dans une lettre ; mais je tiens à vous dire tout de suite quelques mots sur les deux points auxquels vous avez touché en m’écrivant. […] Cette lettre remarquable, d’une si belle clarté et d’un si ferme esprit, commente et développe heureusement quelques-uns des points de la doctrine philosophique de M. 

2497. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre IV. Comparaison des variétés vives et de la forme calme de la parole intérieure. — place de la parole intérieure dans la classification des faits psychiques. »

Mais le même raisonnement peut s’appliquer au néologisme intérieur : car les syllabes et les lettres sont faites, elles aussi, pour être groupées de mille façons et former les différents mots d’une langue par la diversité de leurs groupements ; il n’y aurait donc innovation véritable dans le langage que dans le cas purement théorique de la création d’une voyelle ou d’une consonne nouvelle, et l’imagination linguistique n’aurait guère existé qu’aux origines de l’humanité. […] VI, § 9], et notre Observation sur le sommeil, dans les Annales de la Faculté des lettres de Bordeaux, septembre 1879.

2498. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « II. M. Capefigue » pp. 9-45

Ils expriment, chacun à sa manière, et par leur contraste, ce développement fatal et suprême de la Libre Pensée, — la fantaisie, qui se joue de tout, à cette heure, dans les arts, la philosophie et les lettres ! […] Sans doute, ceux qui eurent un intérêt quelconque à calomnier Mme Du Barry purent aussi bien la calomnier que si elle fût demeurée vertueuse, mais en dehors de toutes les lettres, de toutes les horreurs, de toutes les chansons, de tous les mémoires que M. 

2499. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre II. L’âme et le corps »

La mémoire même, dont vous faites une fonction essentielle de l’esprit, a pu être localisée en partie : au pied de la troisième circonvolution frontale gauche siègent les souvenirs des mouvements d’articulation de la parole ; dans une région intéressant la première et la deuxième circonvolutions temporales gauches se conserve la mémoire du son des mots ; à la partie postérieure de la deuxième circonvolution pariétale gauche sont déposées les images visuelles des mots et des lettres, etc. […] Nous essayons de toutes les lettres de l’alphabet l’une après l’autre ; nous les prononçons intérieurement d’abord ; puis, si cela ne suffit pas, nous les articulons tout haut ; nous nous plaçons donc, tour à tour, dans toutes les diverses dispositions motrices entre lesquelles il faudra choisir ; une fois que l’attitude voulue est trouvée, le son du mot cherché s’y glisse comme dans un cadre préparé à le recevoir.

2500. (1879) L’esthétique naturaliste. Article de la Revue des deux mondes pp. 415-432

Il y a sur la terre des gobe-mouches qui prennent au pied de la lettre tout ce qu’il plaît à des écrivains français d’écrire sur la société française, ou plutôt contre elle, et il y a de sa-vans politiques qui trouvent leur compte à entretenir ces gobe-mouches dans leur douce candeur. […] Ils auront quelque peine peut-être à faire comprendre à leurs lecteurs et les colères et les enthousiasmes qu’il a soulevés, Ils diront qu’avec tous ses défauts il a cependant rendu quelque service aux lettres françaises, qu’il a achevé la ruine de certaines conventions déjà fort ébranlées, qu’il a déblayé le terrain pour d’autres qui sont venus après et préparé la voie à un art plus libre.

2501. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre II. La qualité des unités sociales. Homogénéité et hétérogénéité »

Il est bien vrai qu’en suivant une mode nous nous enrégimentons ; nous masquons notre personnalité sous un caractère qui ne nous appartient pas en propre ; nous portons une « lettre sociale ». — Mais, en suivant une autre mode, c’est une autre lettre que nous portons ; et cela même empêche que notre personnalité s’efface absolument.

2502. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — George Sand, Valentine (1832) »

encore un talent, me disais-je, que la rapacité des libraires et du public, que cette impatience d’une époque où rien ne mûrit, où tout se dévore, va mettre au pillage sans doute, et dont les semences précieuses iront chaque matin au vent ; car de nos jours, dans les Lettres autant qu’ailleurs, il semble que tout soit devenu le prix de la vitesse et de l’empressement.

2503. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Charles Nodier après les funérailles »

Tout homme né littéraire aime avant tout les lettres pour elles-mêmes ; il les aime pour lui, selon la veine de son caprice, selon l’attrait de sa chimère : Quem tu Melpomene semel.

2504. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre I. Les origines du dix-huitième siècle — Chapitre I. Vue générale »

Le pays qu’on préfère, c’est celui où la philosophie règne ; et, comme on vit en France, on voit aisément qu’elle n’y règne pas : il suffit au contraire de quelques lettres de princes ou de grands seigneurs pour faire croire qu’elle règne ailleurs plus souverainement que chez nous.

2505. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Coppée, François (1842-1908) »

[La République des lettres (4 mars 1877).]

2506. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XIX. Progression croissante d’enthousiasme et d’exaltation. »

Mais toujours aussi des Saints devaient se rencontrer pour prendre à la lettre les sublimes paradoxes de Jésus.

2507. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » pp. 326-344

On avoit d'abord beaucoup espéré de ses premiers essais dans la carriere des Lettres.

2508. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Les Kœnigsmark »

Cela fait frémir quand on songe aux lettres retrouvées, qui sont positives pour qui connaît la passion et les sous-entendus de son langage.

2509. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Quitard »

Quitard n’est pas uniquement le chroniqueur et l’antiquaire de la Lettre des proverbes ; il en est de plus le grammairien, le rhéteur (mais dans le bon sens) et le philosophe.

2510. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Taine » pp. 231-243

Taine, dans sa notice, a traduit des morceaux de Carlyle d’une grande beauté et d’une grande bizarrerie, et comme il a le génie de la traduction en toutes choses, il n’a pas traduit que la lettre de certains passages, il a traduit, pour ainsi parler, l’homme tout entier dans l’originalité de son esprit et des opérations de son esprit.

2511. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Madame de Maintenon » pp. 27-40

met les lettres de madame de Maintenon bien au-dessous du gracieux caquetage de madame de Sévigné, et cela seul n’est-il pas comme une image de sa destinée et de sa vie ?

2512. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XVI. M. E. Forgues. Correspondance de Nelson, chez Charpentier » pp. 341-353

Il est vrai qu’on a publié en Angleterre les Lettres et la Correspondance de Nelson, et c’est là un recueil spécial — technique et intime — dont un homme qui serait historien dans tous les sens du mot eût tiré un grand parti : mais M. 

2513. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Nelson »

Il est vrai qu’on a publié en Angleterre les Lettres et la Correspondance de Nelson, et c’est là un recueil spécial, — technique et intime, — dont un homme qui serait historien dans tous les sens du mot eût tiré un grand parti ; mais M. 

2514. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Valmiki »

C’était donc, quel que soit le poème en lui-même, un grand service rendu aux lettres qu’une traduction intégrale du Ramayâna en français.

2515. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXVI. Médecine Tessier »

Il appartient donc à ce groupe d’esprits qui pensent que la Renaissance et l’expérimentalisme de Bacon ont détourné les sciences, aussi bien que les lettres, de la voie qu’elles devaient suivre au sein d’une civilisation chrétienne, et qui sont décidés à mourir ou à ne jamais vivre dans la popularité de leur siècle, pour les y faire rentrer, si Dieu lui-même ne s’y oppose pas.

2516. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Ch. de Rémusat. Abélard, drame philosophique » pp. 237-250

Cela finit, dès que cela commence… L’Abélard du traité de Charles de Rémusat est moins momie que celui de son drame… Pour Héloïse, ce n’est pas non plus l’Héloïse des lettres latines qui nous restent, la fille effrayante, si fière de sa chute, la Possédée du triple Démon de la Curiosité, de la Sensualité et de l’Orgueil.

2517. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. J. Autran. Laboureurs et Soldats, — Milianah. »

Partout là l’auteur de Laboureurs et Soldats est traité d’écrivain viril, la plus noble qualification, selon nous, qu’on puisse donner à un homme de lettres dans ce temps, si tristement émasculé.

2518. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Milton »

par aucun libraire, avait-il donc fait quelque découverte qui montre, dans le Milton que l’on connaît, un Milton qu’on ne connaissait pas, comme lorsque Thomas Carlyle découvrit les fameuses lettres inédites de Cromwell, qui éclairèrent d’un jour si profond l’individualité complexe de l’homme (… un homme s’est rencontré…) que n’avait pas compris Bossuet, ce Maître en Histoire ?

2519. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Ferdinand Fabre »

lorsque la femme empoisonne tout, les cœurs et les esprits, les lettres et les arts, et où, pour tout drame et pour toute histoire, on dit, comme pour le crime : Montrez-moi la femme !

2520. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Eugène Sue » pp. 16-26

Aventurier de lettres, il prit assez bien le vent qui soufflait ; mais aventurier sans hardiesse, il tâta l’eau, avant de s’y jeter !

2521. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Théophile Gautier. » pp. 295-308

Il jouit parmi les lettres d’une espèce de canonicat de popularité douce, car il ne s’y mêle rien de politique ni d’orageux, comme dans la popularité de Mme George Sand ou de M. 

2522. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre xi‌ »

Voici l’une de ces lettres (en date du 20 janvier 1917) :‌ Non, je ne crois pas, comme vous le déclarez, que le niveau moral de l’armée ne soit plus en 1917 aussi élevé qu’en 1914.

2523. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXI. Des oraisons funèbres de Bourdaloue, de La Rue et de Massillon. »

Le même orateur a traité deux autres sujets moins pathétiques, sans doute, mais non moins intéressants, ce sont les éloges funèbres de deux grands hommes ; l’un était ce maréchal de Luxembourg, élève de Condé ; impétueux et ardent comme lui, mais vigilant et ferme comme Turenne, quand il le fallait ; persécuté par les ministres, et servant l’État ; fameux par les victoires de Fleurus, de Leuze, de Steinkerque et de Nerwinde, et qui, de dessus un champ de bataille, écrivit à Louis XIV cette lettre : « Sire, vos ennemis ont fait des merveilles ; vos troupes encore mieux : pour moi, je n’ai d’autre mérite que d’avoir exécuté vos ordres ; vous m’avez dit de prendre une ville et de gagner une bataille, je l’ai prise et je l’ai gagnée. » L’autre, qui avait un genre de mérite tout différent, était ce maréchal de Boufflers, fameux par la défense de Lille, appliqué et infatigable ; d’ailleurs excellent citoyen, et dans une monarchie, capable d’une vertu républicaine.

2524. (1773) Essai sur les éloges « Morceaux retranchés à la censure dans l’Essai sur les éloges. »

Le roi avait permis à l’évêque de Toulon de solliciter pour son beau-frère ; le cardinal, par lettre de cachet, lui défend ce que le roi avait permis.

2525. (1890) Les princes de la jeune critique pp. -299

Puisque les critiques sont ainsi de gros personnages dans ce qu’on appelait jadis la république des lettres, peut-être n’était-il pas inutile d’examiner de près ceux d’entre eux dont l’opinion a le plus d’autorité. […] Mettez : gens de lettres, au lieu de poètes ; la chose est tout aussi vraie. […] Mais il ne s’en soucie guère ; disons mieux : il en est fier et content ; un bon contingent d’ennemis lui paraît nécessaire pour achever et consacrer la valeur d’un homme de lettres. […] C’est à la lettre ; M.  […] Il a le bon sens de comprendre que, dans le domaine des lettres, la Bastille a été définitivement démolie.

2526. (1925) Promenades philosophiques. Troisième série

Flaubert conte dans une de ses lettres qu’un mendiant de Rouen, affligé d’un vers solitaire, traitait cet animal comme un frère siamois, lui parlait, le consultait sur sa nourriture, sa boisson, avait fini par être le véritable esclave de son parasite. […] A quatre ans, il écrit des lettres correctes et parfaitement raisonnées, Déjà il regarde la nature, jouit de ses beautés, exprime des préférences. […] Je lis dans un roman (1901) : « Madeleine relut cette lettre : Monsieur Piot était mort, le pauvre homme ! […] Ces lettres de femmes, du temps que les femmes ne savaient pas l’orthographe ! […] L’homme de lettres aime non seulement à être lu, mais à être vu.

2527. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre I. Les idées et les œuvres. » pp. 234-333

. —  Ses lettres étudiées et ses vers académiques. —  Sa vie de fermier. —  Son emploi de douanier. —  Ses dégoûts. —  Ses excès. —  Sa mort. […] L’homme d’affaires écrivait des lettres insolentes et menaçantes « qui mettaient toute la famille en larmes. » Il y eut un répit quand le père changea de ferme ; mais un procès s’éleva entre lui et le propriétaire. […] Même il a fait des vers orduriers, et lord Byron cite de lui un paquet de lettres, inédites bien entendu, et telles qu’on ne peut rien imaginer de pis ; c’est le trop-plein de la séve qui suintait chez lui et salissait l’écorce. […] Il se travaillait pour avoir un beau style épistolaire, et se donnait le ridicule d’imiter dans ses lettres les gens d’académie et de cour. […] Ce fut un mauvais marché, et d’ailleurs on sent bien qu’il n’avait pas le caractère de grippe-sou nécessaire à l’emploi. « Je pourrais bien vous écrire, dit-il dans une de ses lettres, sur la culture, la bâtisse et les marchés ; mais ma pauvre tête bouleversée est si démontée, si éreintée, si torturée, si endiablée par l’exécrable et maudite obligation d’arriver à ce qu’une guinée fasse le service de trois, que je déteste, que j’abhorre le seul mot d’affaires, et que je m’évanouis d’y penser1178. » Bientôt il s’en alla, les poches vides, remplir à Dumfries une petite place de douanier qui rapportait quatre-vingt-dix livres par an, tout compris.

2528. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre IV. La philosophie et l’histoire. Carlyle. »

Il parle comme Fichte « de l’idée divine du monde, de la réalité qui gît au fond de toute apparence. » Il parle comme Gœthe « de l’esprit qui tisse éternellement la robe vivante de la Divinité. » Il emprunte leurs métaphores, seulement il les prend au pied de la lettre. […] Vos Instituts, vos Académies des sciences luttent bravement, et, parmi les myriades d’hiéroglyphes inextricablement entassés et entrelacés, recueillent par des combinaisons adroites quelques lettres en écriture vulgaire qu’ils mettent ensemble pour en former une ou deux recettes économiques fort utiles dans la pratique1435. » Croient-ils par hasard « que la nature n’est qu’un monceau de ces sortes de recettes, quelque énorme livre de cuisine ? » Ôte les écailles de tes yeux, et regarde. « Tu verras que ce sublime univers, dans la moindre de ses provinces, est, à la lettre, la cité étoilée de Dieu ; qu’à travers chaque étoile, à travers vers chaque brin de gazon, surtout à travers chaque âme vivante rayonne la gloire d’un Dieu présent. —  Génération après génération, l’humanité prend la forme d’un corps, et, s’élançant de la nuit cimmérienne, apparaît avec une mission du ciel. […] IV Cette histoire de Cromwell, son chef-d’œuvre, n’est qu’une réunion de lettres et de discours commentés et joints par un récit continu. […] Un covenantaire qui aurait réuni des lettres, des morceaux de journal, et qui jour par jour y aurait ajouté des réflexions, des interprétations, des notes et des anecdotes, n’aurait point écrit un autre livre : Enfin nous voilà face à face avec Cromwell.

2529. (1868) Curiosités esthétiques « V. Salon de 1859 » pp. 245-358

Salon de 1859 Lettres à M. le directeur de la Revue française I. […] Le gouvernement de l’imagination Hier soir, après vous avoir envoyé les dernières pages de ma lettre, où j’avais écrit, mais non sans une certaine timidité : Comme l’imagination a créé le monde, elle le gouverne, je feuilletais la Face Nocturne de la Nature et je tombai sur ces lignes, que je cite uniquement parce qu’elles sont la paraphrase justificative de la ligne qui m’inquiétait : « By imagination, I do not simply mean to convey the common notion implied by that much abused word, which is only fancy, but the constructive imagination, which is a much higher function, and which, in as much as man is made in the likeness of God, hears a distant relation to that sublime power by which the Creator projects, creates, and upholds his universe. […] Ce genre d’articles, parlé d’ailleurs dans tous les salons bourgeois, commence invariablement par ces mots : « Je dois dire que je n’ai pas la prétention d’être un connaisseur, les mystères de la peinture me sont lettre close, mais cependant », etc. […] J’arrachai les herbes qui couvraient quelques lettres latines, et bientôt je parvins à lire ce premier vers des élégies d’un poëte infortuné : — « Mon livre, vous irez à Rome, et vous irez à Rome sans moi. » « Je ne saurais vous peindre ce que j’éprouvai en retrouvant au fond de ce désert le tombeau d’Ovide. […] Cette lettre déplacée ressemble à un de ces jeux intelligents du hasard, qui a quelquefois l’esprit pointu comme un homme.

2530. (1908) Promenades philosophiques. Deuxième série

Revault d’AIlonnes, docteur ès lettres, qui vient de publier dans la bibliothèque de philosophie contemporaine un volume intitulé : Psychologie d’une religion. […] Tous les soirs, à la même heure, je mets des lettres à la poste. Cet acte est devenu si automatique que je ne puis le vérifier qu’en constatant dans ma poche l’absence des lettres. […] C’est le préjugé de l’homo religiosus, on trouve ce qu’on cherche. — Voir plus loin la suite de la lettre et la suite de la réponse. […] Reinach ajoutait à ce propos, dans sa lettre précédemment citée : « J’ai essayé de montrer (Cultes, Mythes et Religions, t. 

2531. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre II. Le Roman (suite). Thackeray. »

Une lettre de famille arrive. […] Ce matin, en sa présence, j’ai solennellement déchiré mon testament, et, par cette lettre, je renonce à toute relation avec vous et avec votre famille de mendiants. […] Il signera une lettre de change de vingt louis à trois mois pour avoir vingt francs tout de suite. […] Une lettre arrive, annonçant que Joseph est parti pour l’Écosse, et qu’il offre ses compliments à miss Rebecca. —  Trois mois plus tard, elle a épousé secrètement le capitaine Rawdon, lourdaud pauvre.

2532. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CLe entretien. Molière »

La reine Élisabeth, qui se proclamait protectrice des arts et des lettres, ne fit aucune attention à lui ; son pays l’oublia pendant près de deux siècles ; sa grande gloire d’aujourd’hui ne fut qu’une lente réaction du temps. […] XIII Aimé Martin, après avoir relevé la fortune de cette jeune femme par l’édition des Œuvres de Bernardin de Saint-Pierre, dans laquelle la veuve l’aidait, composa en vers et en prose, procédé littéraire fort usité alors, des Lettres sur la mythologie, qui eurent un double succès ; se livra à des travaux importants sur l’éducation des mères de famille, source de toute lumière dans le cœur ; puis, à des éditions de nos grands écrivains, qu’il connaissait mieux que personne ; enfin, il étudia Molière, et le commenta en six volumes ; c’était la résurrection du classique, genre fort méprisé de la jeunesse de cette époque. […] Il mourut le vendredi 17e du mois de février de l’année 1673, âgé de cinquante-trois ans, regretté de tous les gens de lettres, des courtisans et du peuple. […] Agnès sort, Arnolphe reste seul et, dans le transport de sa satisfaction, il devient lyrique et s’écrie : Héroïnes du temps, mesdames les savantes, Pousseuses de tendresse et de beaux sentiments, Je défie à la fois tous vos vers, vos romans, Vos lettres, billets doux, toute votre science, De valoir cette honnête et pudique ignorance.

2533. (1894) Dégénérescence. Fin de siècle, le mysticisme. L’égotisme, le réalisme, le vingtième siècle

Il publie un volume-réclame renfermant toutes les lettres de félicitations qui lui ont été adressées. […] En Allemagne, chaque habitant recevait, en 1840, 85 lettres, en 1888, 200. […] Les envois de lettres de tous les pays réunis, en dehors du mouvement intérieur de chaque pays pris à part, s’élevaient en 1840 à 92 millions, en 1889 à 2759. […] L’association elle-même se rompit, et ses membres n’ajoutèrent plus à leurs noms les lettres de ralliement. […] Mais quelques-uns de ses camarades prirent implacablement le sonnet au pied de la lettre, et en tirèrent une théorie d’art.

2534. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Note »

Daru et lui assigner son cadre, Lamartine s’esquissait déjà à lui-même son programme, — un programme en lettres d’or.

2535. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. A. Thiers : Histoire de la révolution française — I. La Convention après le 9 thermidor. »

A l’instant où on leur prononça l’arrêt, ils remirent au greffier des lettres, des cachets et des portraits destinés à leurs familles.

2536. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre IX et dernier. Conclusion » pp. 586-601

Mais qu’on voudrait, au prix de la moitié de la vie qui reste à parcourir, ne pas être entrée dans la carrière des lettres et de la publicité qu’elles entraînent !

2537. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre I. Malherbe »

La mort de son fils Marc-Antoine l’affola : bien des années auparavant, il avait écrit à sa femme, sur la mort de leur fille, une lettre déchirante.

2538. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Stendhal, son journal, 1801-1814, publié par MM. Casimir Stryienski et François de Nion. »

« … Il ne daigne pas répondre depuis plus de trois mois à des lettres où, lui peignant ma misère, je lui demande une légère avance, pour me vêtir, sur une pension de trois mille francs, réduite par lui à deux mille quatre cents francs, avance dont il peut se rembourser par ses mains, aux mois de printemps que je passerai à Grenoble.

2539. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Préface »

Peut-être pourra-t-on y joindre alors quelques lettres de mon amie, dont le ferai moi-même par avance le choix.

2540. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XIV. L’auteur de Robert Emmet »

Mais quand c’est pour les femmes surtout que les Lettres sont une république, quand rien ou presque rien ne les distingue entre elles, quand elles ont l’égalité devant la loi de leur sexe, qui est d’imiter toujours quelqu’un, lorsqu’elles écrivent ; de refléter la lumière d’un autre, d’ajouter enfin aux bavardages connus, cette boule de neige qui s’entasse si vite et se fond si lentement dans toutes les littératures ; il ne serait pas permis de signalera lumière empruntée de tous ces caméléons et de couper un peu le sifflet à quelques-uns de ces perroquets !

2541. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Ch.-L. Livet »

En recevant chez elle des gens de lettres mêlés à des gentilshommes, elle préludait à 89.

2542. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Histoire de la Révolution »

I Hippolyte Castille, qui avait débuté dans les lettres par l’imagination et par la fantaisie, a passé depuis longtemps à la littérature politique avec armes et bagages, et pour preuve de son changement de côté, il nous donne le premier volume de son Histoire de la Révolution 23.

2543. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Femmes de la Révolution » pp. 73-87

, et qui commence ainsi : « Ne cherchez point le prêtre dans les sciences ou les lettres, etc., etc. », il écrit avec aplomb que le prêtre « peut garder les petites facultés d’intrigue et de manège, mais les grandes facultés viriles, surtout l’invention, ne se développent jamais dans cet état maladif… Depuis cent cinquante ans surtout, il s’est énervé et n’a plus rien produit ».

2544. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Si j’avais une fille à marier ! » pp. 215-228

Il a cru que dans le mystère, le mystère profond de la vie, une question d’éducation pouvait toujours résoudre une question de destinée : ce qui rendrait la vie aussi plane en réalité qu’elle est hérissée de complications formidables ; et alors, moraliste appliqué exclusivement à la femme, il est devenu le Chesterfield de mademoiselle sa fille, et il l’a formée pour un mari dans une suite de chapitres où il parle à la seconde personne, et qui ressemblent à des lettres, absolument comme le lord anglais, plus superficiel, formait pour le monde et la politique son gentilhomme de fils qui, je crois, aurait été un assez pauvre diplomate, et, à ce qu’il paraît, a eu toute sa vie assez mauvais ton !

2545. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « La Femme au XVIIIe siècle » pp. 309-323

qui est devenue, en quelques années, la monstruosité inaperçue d’abord et plus tard affirmée et nommée : le réalisme, et que voilà établie partout, dans les lettres et les arts du xixe  siècle, et y souillant tout, comme les Harpies à la table des Troyens.

2546. (1880) Goethe et Diderot « Introduction »

Vous m’expliquerez « ce songe. » Mais jusqu’à présent cette lettre a été cherchée en vain dans la Correspondance de Gœthe.

2547. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Charles d’Héricault » pp. 291-304

Charles d’Héricault n’en est pas un dans les lettres.

2548. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Eugène Pelletan » pp. 203-217

Le journalisme, cet ogre qui aime la chair fraîche littéraire et qui mange les littérateurs en bas âge, a dévoré l’homme de lettres que Pelletan aurait pu devenir.

2549. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Hoffmann »

… Champfleury s’est beaucoup débattu pour répondre à ceux qui prétendent qu’Hoffmann n’a pas le sens humain, et, par une confusion que nous voulons bien croire sincère, le dévoué raisonneur a cité les lettres plus ou moins sentimentales de l’auteur allemand à ses amis, comme s’il s’agissait de la moralité de la vie et non pas de la nature du talent !

2550. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Byron »

Byron s’est composé son masque comme un acteur… un masque de ruffian, de bandit, de grand coupable, presque d’assassin, comme il en mettait un à ses héros, et il l’ôtait avec ses amis pour en rire (voir ses lettres à Hobhouse et à Moore).

2551. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XII. MM. Doublet et Taine »

Taine le lettré, le docteur ès lettres et l’élève de l’École Normale, avec son livre des Philosophes français au dix-neuvième siècle, tous psychologues au premier chef, Laromiguière, Royer-Collard, Maine de Biran, M. 

2552. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XX. M. de Montalembert »

Ainsi encore, lorsqu’il rapporte quelque miracle et qu’il le raconte avec une expression imposante, c’est que l’expression est de saint Grégoire le Grand, dont les lettres en cette histoire des Moines d’Occident font tout pâlir !

2553. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « L’abbé Monnin. Le Curé d’Ars » pp. 345-359

C’était, comme saint Vincent de Paul, auquel il ne ressemblait pas, quoiqu’il fût aussi grand que lui et plus étonnant pour ceux-là qui recherchent l’extraordinaire, c’était un fils de paysan, pâtre dès l’enfance, un esprit sans lettres, mais chez lequel, comme vous le verrez tout à l’heure, la Sainteté, qui peut tout, alluma le génie !

2554. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Athanase Renard. Les Philosophes et la Philosophie » pp. 431-446

Tel son alpha et son ômega, qui sont la même lettre en philosophie.

2555. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « A. P. Floquet »

Ni la lecture des œuvres de Bossuet, ni ses lettres, ni ses Élévations, ni ses écrits mystiques, ni cent passages de ses sermons, n’ont pu modifier ce jugement faux, coulé en plomb dans le moule à bêtises de la tête des sots, lequel jugement vient de la gloire de Bossuet et de l’éclat extérieur de sa vie, mais qu’une autre partie de cette vie pourrait réfuter, comme ses œuvres, si l’on prenait la peine de l’invoquer !

2556. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Ernest Hello »

Le dénouement de cette sacrilège passion de l’idolâtre, qui meurt étranglé par un chien (le chien qu’il veut vendre pour quelques sous de plus), en criant, sous les morsures de la gueule implacable, ce nom de Dieu qu’il avait oublié, dont les quatre lettres servaient à ouvrir le mécanisme de son coffre-fort, et qu’il se rappelle tout à coup, en mourant au pied de ce coffre-fort, qui ne s’ouvrira plus, est une invention digne de la tête à combinaison d’Edgar Poe.

2557. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « La Fontaine »

Il est devenu un érudit de volonté, mais quand il écrivait son livre intitulé : La Fontaine et ses Fables, qui fut, je crois, sa Thèse pour le Doctorat, et qu’il a reprise et parachevée (1875), il débutait dans les lettres et il avait alors la fraîcheur et la vie d’un esprit jeune qu’il a trop sacrifié depuis à toutes les disgrâces de l’érudition.

2558. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Malot et M. Erckmann-Chatrian » pp. 253-266

Hector Malot, qui, du moins, a une plus longue haleine, qui lient plus longtemps son sujet, publie, à son tour, une histoire qui fait l’effet d’un palimpseste, — d’un palimpseste dont les lettres reparaissent peu à peu, altérées, jaunies, pâlies, mais distinctes cependant, et telles qu’on les avait lues autrefois !

2559. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Armand Pommier » pp. 267-279

Amédée Pommier fera obstacle involontairement de sa réputation acquise à tout homme du même nom que lui et qui débutera dans les lettres.

2560. (1910) Victor-Marie, comte Hugo pp. 4-265

Ma découverte entre, comme partie intégrante, dans l’histoire de la littérature, et même dans l’histoire des lettres françaises. […] Un poète n’est pas forcé de savoir l’histoire de la littérature, au contraire, ni même l’histoire des lettres. — Vouére. […] Ainsi ils perdent les lettres et ne gagnent point la science. Ils perdent les lettres et ne gagnent point, n’acquièrent point une science. […] Une lecture voluptueuse des Lettres philosophiques, par la volupté de vingt volumes de notes, le mot est de M. 

2561. (1916) Les idées et les hommes. Troisième série pp. 1-315

Charles Foleÿ a recueilli sous ce titre quelques dizaines de lettres écrites de tous les points du front par des maris, des fils, des frères, gens de toute condition naguère et d’une seule condition devant l’ennemi, des héros. […] Lettres véhémentes et respectueuses : au généralissime français et au souverain belge, il adresse des félicitations et des encouragements ; au président du Haut Conseil, il soumet le plan d’une activité un peu hardie. […] Le médecin Duhem prononça ces remarquables paroles : « Ces gens de lettres, tous aristocrates et contre-révolutionnaires ! […] Paul Meyer, on prononçait bonhur, malhur ; l’Académie oublia de supprimer la lettre inutile, et nous disons bonheur et malheur. […] Les poisons de théâtre faisaient frissonner des femmes qui venaient d’en serrer de réels dans un coffret, sous des lettres de leur amant.

2562. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre VI. Milton. » pp. 411-519

Sa mère était « une personne exemplaire, célèbre dans tout le voisinage par ses aumônes430. » Son père, étudiant à Christ-Church et déshérité comme protestant, avait fait seul sa fortune, et, parmi ses occupations d’homme de loi, avait gardé le goût des lettres, n’ayant point voulu « quitter ses libérales et intelligentes inclinations jusqu’à se faire tout à fait esclave du monde » ; il écrivait des vers, était excellent musicien, l’un des meilleurs compositeurs de son temps ; il choisissait Cornélius Jansen pour faire le portrait de son fils qui n’avait encore que dix ans, et donnait à son enfant la plus large et la plus complète des éducations littéraires431. Que le lecteur essaye de se figurer cet enfant dans cette rue de commerçants, au milieu de cette famille bourgeoise et lettrée, religieuse et poétique, où les mœurs sont régulières et les aspirations sont élevées, où l’on met les psaumes en musique, et où l’on écrit des madrigaux en l’honneur d’Oriana la reine432, où le chant, les lettres, la peinture, tous les ornements de la belle Renaissance viennent parer la gravité soutenue, l’honnêteté laborieuse, le christianisme profond de la Réforme. […] Partout son érudition, son beau style italien et latin lui conciliaient l’amitié et les empressements des humanistes, tellement que, revenant à Florence, « il s’y trouvait aussi bien que dans sa propre patrie. » Il faisait provision de livres et de musique qu’il envoyait en Angleterre, et songeait à parcourir la Sicile et la Grèce, ces deux patries des lettres et des arts antiques. […] Quelques semaines après, sa femme retourna au logis paternel, ne voulut plus revenir, ne tint compte de ses lettres, et renvoya son messager avec dédain. […] On commence par poser sa thèse, et Milton écrit en grosses lettres, en tête de son Traité du Divorce, la proposition qu’il va démontrer : « Qu’une mauvaise disposition, incapacité ou contrariété d’esprit, provenant d’une cause non variable en nature, empêchant et devant probablement empêcher toujours les bienfaits principaux de la société conjugale, lesquels sont la consolation et la paix, est une plus grande raison de divorce que la frigidité naturelle, spécialement s’il n’y a point d’enfants et s’il y a consentement mutuel. » Là-dessus arrive, légion par légion, l’armée disciplinée des arguments.

2563. (1714) Discours sur Homère pp. 1-137

Les vrais caracteres de la divinité sont posés en principes, en tant d’endroits de l’écriture sainte, que quand les auteurs sacrés viennent à employer les figures, on les reconnôit d’abord pour ce qu’elles sont, et on ne les apprétie que ce qu’elles valent : aulieu que dans Homere, ces prétenduës figures sont elles-mêmes les principes, et qu’il n’y a rien d’ailleurs qui avertisse l’esprit de ne les pas prendre à la lettre. […] Agamemnon, au second livre, se tient assuré de la victoire, sur la foi du songe que Jupiter lui a envoyé ; il assemble les chefs ; et leur dit qu’il veut éprouver l’armée, en lui proposant la fuite, afin que si elle donne dans le piége, ils arrêtent et raniment les lâches qui auront pris son discours à la lettre. […] Quelque homme de lettres de ce tems-là, et profond dans le françois, n’employeroit-il pas hardiment en cette langue, accessoire pour conjecture, pour occasion ; et ne croiroit-il pas bien prouver l’élégance et la propriété de son expression en la montrant dans Moliere. […] Il ne faut pas prendre à la lettre ce que Cicéron dit de Demosthènes, ni ce qu’Horace dit de Pindare. […] Il faut suivre l’histoire de l’opinion des hommes sur les poëmes d’Homere ; quand les lettres ont commencé à réfleurir dans les derniers siécles, on n’a pû parvenir à la connoissance de ses ouvrages, que par des études profondes ; il a fallu apprendre des langues presque oubliées, et dont il étoit impossible de discerner la force ni les graces particulieres.

2564. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CIVe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (2e partie) » pp. 97-191

Mais on peut s’étonner que ce soit un homme de lettres qui revendique ce titre pour une science qui n’était pas précisément la sienne, et qu’un tel titre ait été omis par les annalistes savants et laborieux de la philosophie. […] C’est une simple lettre en vers qu’il écrit à des amis ; et ce cadre, où il peut se jouer à son gré, lui convient à merveille. […] Boileau répare cet oubli, du moins en partie, dans sa lettre de réconciliation à Charles Perrault ; mais il y semble encore mettre la Fontaine sur la ligne de Voiture et de Sarazin.

2565. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Paul Féval » pp. 107-174

C’était, littérairement, un capitaine d’aventure, puisqu’il n’y en a plus maintenant que dans les lettres, de ces capitaines-là ! […] Il s’est souvenu que, même dans un siècle très grand, un livre intitulé les Petites Lettres, qui devinrent plus tard : les Provinciales, firent leur fortune, justement contre les Jésuites, et il a écrit pour eux aussi un petit livre. […] Commencée en 709, — entre Clovis et Charlemagne, par la révélation de saint Aubert, évêque d’Avranches, auquel l’archange Michel ordonna de bâtir sur le roc escarpé, au péril de la mer, qui allait devenir tous les genres de périls, un monastère impossible, et qui, pour preuve de la réalité de son apparition, laissa l’empreinte de son doigt dans la tête du saint à une telle profondeur qu’on retrouve le trou dans l’ossature du crâne qui nous reste, — traversant tout le Moyen Âge, et ne finissant qu’en 1594, après les terribles guerres protestantes, cette histoire du Mont Saint-Michel, qui recommencera peut-être dans l’avenir, a laissé là, écrite entre le ciel et l’eau, comme une immense lettre cunéiforme de granit devant laquelle nos pattes de mouche humiliées paraîtraient bien petites, si un esprit venant de Dieu ne les animait et ne les grandissait, en les animant… Or, c’est cet esprit-là, allumé dans le romancier devenu chrétien, qui lui a fait écrire une histoire qui, sans cet esprit, n’aurait que l’intérêt d’un roman, quoique ce soit certainement le plus magnifique de ses romans.

2566. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Quelques documents inédits sur André Chénier »

Toutes les notes et tous les papiers d’André Chénier, relatifs à son Hermès, sont marqués en marge d’un delta ; un chiffre, ou l’une des trois premières lettres de l’alphabet grec, indique celui des trois chants auquel se rapporte la note ou le fragment. […] Brizeux, insérées autrefois au Globe sur le portrait, une lettre de M. de Latour sur une édition de Malherbe annotée en marge par André (Revue de Paris 1834), le jugement porté ici même (Revue des Deux Mondes) par M. 

2567. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « George Farcy »

Consultez les listes des héroïques victimes ; pas une illustration, ni dans la science, ni dans les lettres, ni dans les armes, pas une gloire antérieure ; c’était bien du pur et vrai peuple, c’étaient bien de vrais jeunes hommes ; tous ces nobles martyrs sont et resteront obscurs. […] En passant à Florence, Farcy avait vu Lamartine ; n’ayant pas de lettre d’introduction auprès de son illustre compatriote, il composa des vers et les lui adressa ; il eut soin d’y joindre un petit billet qu’il fit le plus cavalier possible, comme il l’écrivit depuis à M. 

2568. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIIIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou Le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (1re partie) » pp. 305-364

« Ainsi que Balthazar ignorant ses malheurs, « Il ne voit pas, aux murs de la salle bruyante,         « Les mots qu’une main flamboyante « Trace en lettres de feu parmi les nœuds de fleurs ! […] « Votre vieil ami, « Victor Hugo. » Cette belle lettre, aussi cordiale que confiante en soi-même et dans mon amitié, étant reçue, j’écrivis, sans crainte de blesser l’homme en combattant le système, ce qui suit, mais sans crainte aussi de démontrer ce que je crois la vérité sociale suprême à tous les hommes et même à tous les génies.

2569. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIVe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (3e partie) » pp. 365-427

Au commencement du XVIe siècle, Amerigo Vespucci dans ses lettres, Vicente Yañez Pinzon, Pigafetta, compagnon de Magellan et d’Elcano, ont décrit les premiers, et sous les couleurs les plus vives, comme l’avait fait Andrea Corsali lors de son voyage à Cochin dans les Indes orientales, l’aspect du ciel du Midi, au-delà des pieds du Centaure et de la brillante constellation du Navire Argo. […] Il affirme, dans sa lettre à Pierre-François de Médicis, que, dans son troisième voyage, il s’est soigneusement occupé des constellations méridionales, qu’il a mesuré la distance des principales d’entre elles au pôle et qu’il en a reproduit la disposition.

2570. (1839) Considérations sur Werther et en général sur la poésie de notre époque pp. 430-451

Les dates de ces lettres peuvent leur servir de clef. Chaque lettre répond à la saison où elle est écrite, tant Werther est abandonné à cette force cachée au sein des éléments.

2571. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre I. Le broyeur de lin  (1876) »

 » Les semaines s’écoulaient de la sorte à tracer point par point les lettres du nom qu’elle aimait, à les marier aux siennes, et ce passe-temps était pour elle une grande consolation. […] Ses yeux tombèrent par hasard sur les marques ; il s’étonna, réfléchit tristement, ne se rendit pas compte du mystère des deux lettres, tant les bizarres hallucinations d’une pauvre folle étaient impossibles à deviner.

2572. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Division dramatique. » pp. 64-109

Le grand-prêtre, qui reçoit des mains d’Arsace le coffre qui contient la lettre, le glaive et la couronne de Ninus, forme dès lors le nœud et prépare le dénouement. […] Il y a des aparté très naturels et même nécessaires ; ce sont les discours que tient un acteur, tandis que l’autre lit une lettre ou fait autre chose.

2573. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Béranger — Béranger, 1833. Chansons nouvelles et dernières »

En demeurant le plus individuel des poëtes, aussi bien que le plus accompli des artistes, le chansonnier a su devenir le plus populaire, le seul même qui réellement l’ait été en France, depuis des siècles, en ce sens que, durant quinze années, ses œuvres, partout retentissantes, auraient pu, à la lettre, vivre et se transmettre sans l’impression.

2574. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo, Les Feuilles d'automne, (1831) »

Cette critique-là sans doute a droit à nos respects ; elle est grave, savante, définitive ; elle explique, elle pénètre, elle fixe et consacre des admirations confuses, des beautés en partie voilées, des conceptions difficiles à atteindre, et aussi la lettre des textes quand il y a lieu.

2575. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Réception de M. Vitet à l’Académie française. »

. — Voir encore sur lui le jugement de d’Alembert et ses propres lettres dans le volume intitulé Correspondance inédite de madame Du Deffand (2 vol., 1809) ; l’opinion de d’Alembert sur le président s’y peut lire au tome I, pages 232 et 251.

2576. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre I. Renaissance et Réforme avant 1535 — Chapitre I. Vue générale du seizième siècle »

Leur esprit plus ouvert veut qu’on l’amuse avec le jeu étincelant des idées, non plus avec le cliquetis baroque des mots ; et ils demandent aux lettres la même sensation de nette et lumineuse élégance, que leurs nouveaux palais, leurs tableaux, leurs habits même et leurs armes leur donnent.

2577. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « (Chroniqueurs parisiens I) MM. Albert Wolff et Émile Blavet »

Ces considérations sur l’événement parisien de la veille, que des milliers d’âmes simples lisent avec tant de candeur et de foi, un malheureux homme de lettres les a écrites tantôt avec un inexprimable dégoût, tantôt avec l’indifférence résignée qu’on apporte à une corvée journalière.

2578. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre I. Place de Jésus dans l’histoire du monde. »

Lettre apocryphe de Baruch, dans Fabricius, Cad. pseud.

2579. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXVIII. Caractère essentiel de l’œuvre de Jésus. »

Ce que les beaux siècles de la Grèce furent pour les arts et les lettres profanes, le siècle de Jésus le fut pour la religion.

2580. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre V. Chanteuses de salons et de cafés-concerts »

Des mandarins de lettres le trouvèrent à la fois trop simple et trop compliqué.

2581. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XIII, les Atrides. »

Les uns furent d’avis qu’il fallait exécuter sa prescription à la lettre, et ils citaient des exemples de stratèges vaincus ou vainqueurs, pour avoir rejeté ou accompli les ordres d’un Songe.

2582. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — Chapitre III »

Le grec admettait des combinaisons de lettres que nous ne pouvons plus juger, la prononciation ancienne nous étant inconnue ou mal connue.

2583. (1899) Esthétique de la langue française « Le vers populaire  »

Va me porter cette lettre A ma mie qui est seulette… J’ai laissé tomber mon panier, Un beau monsieur l’a ramassé… Montagne et langage sont des assonances ; serpe et veste ; chèvre et mère ; souci, jalousie ; logis, famille ; mise, mille ; ville, fille ; noces, homme ; morte, folle ; gorge, rose ; œuf, pleut, etc.

2584. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — La déclamation. » pp. 421-441

« Il semble le voir, disent ses admirateurs, dans nos chaires avec cet air simple, ce maintien modeste, ces yeux humblement baissés, ce geste négligé, ce ton affectueux, cette contenance d’un homme pénétré, portant dans les esprits les plus brillantes lumières, & dans les cœurs les mouvemens les plus tendres. » Baron l’ayant rencontré dans une maison ouverte aux gens de lettres, le lendemain d’un jour qu’il avoit été l’entendre, lui fit ce compliment : « Continuez, mon pere, à débiter comme vous faites : vous avez une manière qui vous est propre, & laissez aux autres les règles. » Cet avis se ressent du caractère de Baron, le plus fier des hommes.

2585. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — I. La métaphysique spiritualiste au xixe  siècle — Chapitre III : Le présent et l’avenir du spiritualisme »

Dans le catholicisme, par exemple, il est évident que la discussion ne peut pas porter sur le dogme lui-même, car celui qui mettrait en doute une seule lettre du symbole, qui voudrait modifier le dogme en quoi que ce soit, cesserait par là même d’être catholique.

2586. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre II. Mademoiselle Mars a été toute la comédie de son temps » pp. 93-102

Ni les uns ni les autres ne songent même à posséder cette belle : ce qu’ils veulent avant tout, c’est une bonne parole et devant témoins ; c’est un tendre regard, en public ; ce sont des lettres qu’ils puissent montrer à tout venant ; et quant au reste, le reste viendra, si veut Célimène. — Et justement voilà pourquoi Célimène, fidèle au rôle qu’elle s’est imposée, est si prodigue envers les uns et les autres de bonnes paroles, de tendres regards, de billets doux ; là est sa force, et elle a besoin d’être forte pour se défendre.

2587. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 13, de la saltation ou de l’art du geste, appellé par quelques auteurs la musique hypocritique » pp. 211-233

On trouve une description curieuse de l’art du geste dans une lettre que Cassiodore écrivit à Albinus, pour lui donner la commission de faire décider par le peuple qui de Thodoron ou de Halandius étoit le meilleur acteur.

2588. (1860) Ceci n’est pas un livre « Le maître au lapin » pp. 5-30

Puis, il faut bien le dire, les peintres et les gens de lettres, au milieu desquels il s’était trouvé tout naturellement vivre, révoltaient avec leurs mœurs bohémiennes sa dignité si susceptible ; leurs petites jalousies dégoûtaient sa fierté.

2589. (1818) Essai sur les institutions sociales « Addition au chapitre X de l’Essai sur les Institutions sociales » pp. 364-381

La lettre tue et l’esprit vivifie ; c’est là toute la doctrine de l’affranchissement de la pensée.

2590. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXI. Mme André Léo »

Je me suis laissé dire qu’avant d’être délibérément femme de lettres, elle et son mari avaient professé quelque part… Le mari est mort, la femme, — sans école, — dans ses livres, professe toujours.

2591. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXIV. Mme Claire de Chandeneux »

Toujours est-il que dernièrement, dans un journal, je l’ai vu rouler, ce nom qui a la condescendance d’être resté féminin, parmi ceux des hommes forts qu’on appelle : la Société des gens de lettres et franchement il avait bien le droit de se montrer parmi eux !

2592. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « La Chine »

Il radota de la Chine dans ses lettres et partout.

2593. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Le Sahara algérien et le Grand Désert »

Voltaire, puisqu’il faut l’appeler par son nom, cet odieux détracteur de notre sainte Pucelle, en parlant des Français quelque part, peut-être dans ces lettres à Frédéric qui sont des crimes contre la patrie, avait écrit le vers qui devait égarer l’opinion et plus tard changer la tactique : Le Français qu’on attaque est à demi vaincu.

2594. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Odysse Barot »

La littérature et les arts n’ont à se préoccuper que d’une chose, tout aussi importante d’ailleurs que l’émancipation de l’humanité : c’est de la beauté à exprimer, — à inventer ou à reproduire, — mais à exprimer dans des œuvres fortes et parfaites, si l’homme de lettres ou l’artiste peuvent atteindre jusque-là… La littérature et les arts sont désintéressés de tout, excepté de la beauté qu’ils expriment pour obéir à cette loi mystérieuse et absolue de l’humanité, qui veut de la beauté, pour le bonheur de son être, tout aussi énergiquement qu’elle veut des vêtements et du pain… Je parle, bien entendu, de l’humanité à son sommet, élevée à sa plus haute puissance ; je ne parle pas d’elle à l’époque de ses besoins inférieurs… Mais c’est le vice justement des libres penseurs, strangulés par la logique que leur a faite l’épouvantable matérialisme de ce temps, de ne voir jamais que les besoins les plus bas de l’humanité.

2595. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Guizot » pp. 201-215

Shakespeare, seul biographe de Shakespeare, équivaut à la phrase de Voltaire : « La vie des hommes de lettres est seulement dans leurs écrits », et de pareilles phrases sont de ces mots ( des mots, des mots, des mots !

2596. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Grèce antique »

Seulement, nous croyons qu’il aurait dû appuyer davantage sur cet amour de l’antiquité grecque qui gâte, même littérairement, Fénelon, amour ignorant comme tous les amours, car si Fénelon savait les lettres grecques, il ne savait pas l’histoire grecque.

2597. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Jacques Cœur et Charles VII »

Grâce à lui, il n’y avait pas « dans toutes les mers de l’Orient — dit Georges Chastelain en ses chroniques — mât de vaisseau revêtu, sinon des fleurs de lys de France. » Il réalisait enfin au pied de la lettre la fière devise d’un blason nouvellement conquis : « À cœurs vaillants rien d’impossible ! 

2598. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Histoire des Pyrénées »

Il y avait au xviiie  siècle — on l’y voit passer dans quelques coins de lettres de mesdames Necker ou Du Deffand — un homme presque mystérieux, dont personne ne parle maintenant, qui s’appelait tout uniment Dubucq, et qui n’a laissé que des mots, mais frappés comme des médailles d’or à l’effigie du génie.

2599. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Le roi René »

De bouillant devenu pacifique, il rapporta, comme une consolation, de ses guerres de Sicile, un goût plus vif pour les lettres et les arts qu’il avait cultivés toute sa vie, au milieu de la politique et des armes.

2600. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Femmes d’Amérique » pp. 95-110

voilà une grandeur de mérite dont, malgré la bonne opinion qu’elles peuvent avoir d’elles, ne se doutent pas les gracieuses personnes qui visent, dans tout pays, à un mariage d’intérêt, et font la traite innocente de leur propre chair, comme si elles avaient des lettres de naturalité américaine dans leur poche !

2601. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Madame de Montmorency » pp. 199-214

Ceux qui sont les plus dignes des lettres leur sont fidèles dans toutes les fortunes.

2602. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « La Papesse Jeanne » pp. 325-340

Pas une lettre !

2603. (1880) Goethe et Diderot « Note : entretiens de Goethe et d’Eckermann Traduits par M. J.-N. Charles »

Enfin, parce qu’il était spinoziste et athée, — non pas comme Shelley, le poète, qui s’écrivait athée sur la cime du Mont-Blanc et voulait qu’on lui donnât ce titre sur l’adresse de ses lettres, mais discrètement, sans inconvénient, dans la pénombre, la main fermée, comme Fontenelle, sur la dangereuse vérité, — les athées Tartufes ont admiré ce gouvernement sur soi-même, cette domination sur sa pensée.

2604. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XI. MM. Mignet et Pichot. Charles Quint, son abdication, son séjour et sa mort au monastère de Yuste. — Charles V, chronique de sa vie intérieure dans le cloître de Yuste » pp. 267-281

… Toutes questions qui restent sans réponse, si on s’en tient à la lettre seule des documents biographiques, mais qui commencent d’en laisser voir une, si on ose éclairer l’individualité de Charles-Quint par l’individualité de l’Espagne.

2605. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XVII. Saint-Bonnet »

Il s’est dit qu’il fallait la poursuivre jusque dans son dernier retranchement, jusque dans les facultés de l’homme, faussées et perdues par une éducation première, et qui n’en restent pas moins perdues, quand l’homme ne croit plus à la lettre de son enseignement.

2606. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XVIII. Lacordaire »

Il est vrai que les évêques sont de hauts dignitaires ecclésiastiques qui honorent, par l’élévation de leur rang, la compagnie dont ils font partie, et il est vrai aussi que le fondateur de l’Académie a voulu honorer les lettres en les mêlant à ce qu’il y a, socialement, de plus élevé.

2607. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Lacordaire. Conférences de Notre-Dame de Paris » pp. 313-328

Lacordaire, un homme de son ordre, ce Savonarole qui, en secouant son crucifix au-dessus de sa tête, secouait les passions de Florence comme une torche qu’on veut allumer, a laissé à la postérité distraite un volume de sermons politiques dont la lettre est à peu près morte, et un volume de sermons, purement catholiques, qui vivront toujours, comme le cœur de l’homme et la doctrine de vérité qui s’applique à ce cœur immortel : Immortale jecur !

2608. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Agrippa d’Aubigné »

les éditeurs ont bien mérité des lettres et de ceux qui les aiment.

2609. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Madame Ackermann »

Mais cette femme, devenue… de lettres, a un talent… du diable, sans aucune plaisanterie.

2610. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Prosper Mérimée. » pp. 323-336

Dans la Correspondance de Stendhal, publiée après sa mort, nous trouvons des lettres à M. 

2611. (1868) Curiosités esthétiques « VIII. Quelques caricaturistes étrangers » pp. 421-436

Il dessine un peu trop comme les hommes de lettres qui s’amusent à barbouiller des croquis.

2612. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XVI. Des sophistes grecs ; du genre de leur éloquence et de leurs éloges ; panégyriques depuis Trajan jusqu’à Dioclétien. »

Nous n’avons rien de ses ouvrages, mais Macrobe dans ses saturnales, Ausone dans son panégyrique, saint Jérôme et Sidoine Apollinaire dans leurs lettres, en parlent avec la plus grande estime.

2613. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVI. Des éloges académiques ; des éloges des savants, par M. de Fontenelle, et de quelques autres. »

Je ne puis finir cet article sur les éloges des gens de lettres et des savants, sans parler encore d’un ouvrage de ce genre, qui porte à la fois l’empreinte d’une imagination forte et d’un cœur sensible ; ouvrage plein de chaleur et de désordre, d’enthousiasme et d’idées, qui tantôt respire une mélancolie tendre, et tantôt un sentiment énergique et profond ; ouvrage qui doit révolter certaines âmes et en passionner d’autres, et qui ne peut être médiocrement ni critiqué ni senti : c’est l’éloge de Richardson, ou plutôt, ce n’est point un éloge, c’est un hymne.

2614. (1892) Essais sur la littérature contemporaine

Ainsi nous faisons cas de l’Esprit des lois, mais le Montesquieu que nous citons, c’est celui des Lettres persanes ou du Temple de Gnide. […] Cela ne veut pas dire précisément qu’elle nous apprend à vivre, mais qu’elle nous ouvre le spectacle de la vie. » Et encore : « Une société sans lettres serait une société sans lumière, sans morale, sans sociabilité et même sans religion. […] Ce laborieux et puissant ouvrier de lettres, moins laborieux que régulier peut-être, et assurément moins puissant que commun, n’a pas compris ni ne comprendra jamais qu’en rendant le mot de naturalisme synonyme de celui de grossièreté, son œuvre manquait à toutes les promesses du nom qu’elle avait usurpé. […] Mais s’il y en a qui sont las de l’amour, nous sommes bien las des filles et des hommes de lettres ; — et je crois que le public en est las comme nous. […] Lisez là-dessus Fénelon, dans sa Lettre à l’Académie.

2615. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre V. La Renaissance chrétienne. » pp. 282-410

Faire de l’homme un être fort muni de génie, d’audace, de présence d’esprit, de fine politique, de dissimulation, de patience, et tourner toute cette puissance à la recherche de tous les plaisirs, plaisirs du corps, du luxe, des arts, des lettres, de l’autorité, c’est-à-dire former et déchaîner un animal admirable et redoutable, bien affamé et bien armé, voilà son objet, et l’effet au bout de cent ans est visible. […] La religion pour eux est un covenant, c’est-à-dire un traité fait avec Dieu qu’il faut observer en dépit de tout, comme un engagement écrit, à la lettre et jusqu’à la dernière syllabe. […] Au moment d’entrer en Irlande et d’y massacrer les catholiques, il écrivait à sa belle-fille une lettre de direction que Baxter ou Taylor eussent volontiers signée. […] Voyez ses lettres et la sympathie qu’il y témoigne pour Luther. […] Lettre de Henri VIII à Cranmer.

2616. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Lamartine »

Anatole France, qui assurément n’ignore pas que les légendes ont leur prix, mais qui, comme M. l’abbé Jérôme Coignard, ne s’en fait jamais accroire et n’aime que les illusions qu’il lui plaît de se donner, nous a conté l’histoire de la véritable Elvire, laquelle fut une petite femme obligeante et bonne, exaltée en amitié, un peu bavarde dans ses lettres, un peu quémandeuse et tracassière, d’ailleurs d’une santé déplorable et qui devait mal s’accommoder des promenades nocturnes sur l’eau ou des courses dans les bois de Chaville au mois de mars… Il y a des gens à qui les découvertes de cette espèce paraissent très inutiles ou un peu affligeantes. […] Je veux vous mettre sous les yeux  et si vous la connaissez déjà, vous en serez quitte pour la relire  une curieuse lettre de Lamartine à son ami Aymon de Virieu, où il apparaît  et bien d’autres endroits de sa correspondance nous le confirment  que ce poète, d’un lyrisme si épandu, n’en eut pas moins une très forte vie intérieure et que son christianisme somptueux ne s’exhalait pas tout en paroles. […] Les discours du saint vieillard sont irréprochablement justes, beaux et humains, si l’on en considère l’esprit : on n’en peut contester, çà et là, que la lettre, et encore ! […] Je ne vois, pour ma part, nulle affectation vaniteuse, mais l’expression d’une pensée réfléchie et virile et le franc aveu d’une nature robuste et superbement équilibrée, dans ce passage, souvent raillé, de la Lettre qui sert de préface aux Recueillements : « Quand donc l’année politique a fini…, ma vie de poète recommence pour quelques jours. […] Celui-ci, homme de lettres accompli, est comme la perfection et l’aboutissement du génie latin.

2617. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Note I. De l’acquisition du langage chez les enfants et dans l’espèce humaine » pp. 357-395

« Ce qui est maintenant inflexion a été autrefois agglutination, et ce qui est maintenant agglutination a d’abord été racine. » Telle est l’histoire des mots ; quelle que soit aujourd’hui leur altération, déformés, effacés, réduits à un minimum de matière et de sens, à une particularité d’orthographe, à une simple lettre terminale, presque vides et presque nuls, ils ont été d’abord des racines pleines, indépendantes, intactes, d’un sens complet et distinct, comme l’y chinois. […] En sanscrit, nous trouvons patati, il vole, il plane, il tombe ; patagas et patangas, un oiseau et aussi une sauterelle ; patatram, une aile, la feuille d’une fleur, une feuille de papier, une lettre ; pattrin, un oiseau ; patas, tomber, advenir, accident et aussi chute dans le sens de péché ; — en grec, πέτομαι, je vole ; πετηνός, ailé ; ὡκυπέτης, qui vole ou court rapidement ; ποτή, fuite ; πτερόν et πτέρυξ, plume, aile ; ποταμός, rivière ; πίπτω, je tombe ; ποτμός, chute, accident, destin ; πτῶσις, chute, cas, d’abord dans le sens philosophique, puis dans le sens grammatical ; — en latin, peto, tomber dessus, assaillir, chercher, demander, et ses nombreux dérivatifs : impetus, élan, assaut ; præpes, qui vole rapidement ; penna, plume, anciennement pesna pour petna, etc.

2618. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « De l’influence récente des littératures du nord »

Lisez la lettre du père Rouault. […] le romantisme, ce n’est pas, seulement le décor moyen-âgeux ni, au théâtre, la suppression des trois unités ou le mélange du tragique et du comique : c’est le sentiment de la nature, c’est la reconnaissance des droits de la passion, c’est l’esprit de révolte, c’est l’exaltation de l’individu : toutes choses dont les germes, et plus que les germes, étaient dans la Nouvelle Héloïse, dans les Confessions et dans les Lettres de la Montagne… Dans cette circulation des idées, on sait de moins en moins à qui elles appartiennent.

2619. (1912) Enquête sur le théâtre et le livre (Les Marges)

À travers mille pamphlets, satires, libelles, le souvenir nous est resté de ces disputes, et cela, dans le temps le plus favorable et le plus policé de nos lettres ! […] Le même chef-d’œuvre joué, interprété, peut devenir, pour le lettré, absolument lettre morte, et cela, en dépit des efforts des bons interprètes et de la valeur des toiles de fond.

2620. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XVII, l’Orestie. — les Euménides. »

La lettre de la justice aréopagite était draconienne, elle ne prononçait guère que l’acquittement ou la mort : mais ce glaive, toujours tiré, était toujours émoussé. […] L’intégrité de l’Aréopage était renommée ; on avait foi dans ses arrêts comme dans les décrets d’un oracle : « Jamais, dit Démosthènes, un accusateur qui succomba, un accusé qui fut condamné ne put convaincre l’Aréopage d’injustice. » — Eschine lui rend le même témoignage : — « Devant l’Aréopage, j’ai souvent vu des gens qui avaient bien plaidé et qui avaient produit des témoins perdre leur procès, tandis que d’autres qui avaient mal parlé, et qui ne fournissaient aucun témoignage, sortaient victorieux des débats. » C’était l’esprit et non la lettre de l’équité qui inspirait ces grands juges.

2621. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1878 » pp. 4-51

Mardi 19 novembre L’on causait de l’industrialisme du monde des lettres sans humanités, de ces littérateurs appelés peut-être à devenir les éducateurs des générations, commençant à épeler. Là-dessus le vieil Houssaye parlait d’un homme de lettres, dont il taisait le nom, et qui lui disait, il y a quelques jours : « Moi, à midi, tous les jours, j’ai fait deux feuilletons… je ne cours pas après les gros prix… 25 francs, c’est le prix que me donne La Liberté ou L’Estafette.

2622. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. »

E. de Montlaur, esprit élégant, cultivé, nourri du suc des poëtes, et qui, sous ce titre : la Vie et le Rêve 49, a recueilli des impressions légères ou touchantes, des esquisses de voyage, des lettres en vers, tout un album, image des goûts et des sentiments les plus délicats ?

2623. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XIII. Des tragédies de Shakespeare » pp. 276-294

Les lettres ayant recommencé dans l’Italie, les pays où elles arrivèrent ensuite imitèrent d’abord le genre italien.

2624. (1861) Cours familier de littérature. XI « Atlas Dufour, publié par Armand Le Chevalier. » pp. 489-512

Le Chevalier, dans l’intérêt de la science et des lettres, de permettre la mention de ce monument exceptionnel dans notre recueil.

2625. (1925) Méthodes de l’histoire littéraire « II  L’esprit scientifique et la méthode de l’histoire littéraire »

L’extension de la propriété littéraire, telle que l’entend la jurisprudence des tribunaux français, telle surtout que la désire imprudemment, et contre le véritable intérêt de la littérature, un certain nombre de gens de lettres, voilà ce qui menace de resserrer à l’excès notre droit de citation et interdire à nos études pour de très longues années l’usage des sources manuscrites.

2626. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Leconte de Lisle, Charles-Marie (1818-1894) »

[La République des lettres (23 juillet 1876).]

2627. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre IV. L’antinomie dans l’activité volontaire » pp. 89-108

Voir sur cette anecdote une lettre de Beethoven à Bettina von Arnim citée dans le Beethoven de M. 

2628. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Une soirée chez Paul Verlaine » pp. 18-33

Quel dommage pour le renom des lettres françaises que l’œuvre de ce poète soit en majeure partie perdue !

2629. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre IV. Cause immédiate d’une œuvre littéraire. L’auteur. Moyens de le connaître » pp. 57-67

Ce ne sont plus maintenant des documents toujours destinés au public qu’il s’agit d’interpréter : ce sont des paroles échappées dans la causerie, des lettres intimes où la pensée se montre sous forme familière et parfois dans toute sa nudité ; ce sont des actes où se trahit la vraie nature de celui qui les commet.

2630. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Cours de littérature dramatique, par M. Saint-Marc Girardin. (2 vol.) Essais de littérature et de morale, par le même. (2 vol.) » pp. 7-19

Il dirait volontiers avec ce personnage de Montesquieu, dans les Lettres persanes : « Voici les poètes dramatiques, qui, selon moi, sont les poètes par excellence et les maîtres des passions… Voici les lyriques, que je méprise autant que j’estime les autres, et qui font de leur art une harmonieuse extravagance. » Il y a là, certainement, une lacune dans la manière dont M. 

2631. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « M. de Montalembert orateur. » pp. 79-91

Le passage du discours où le sacerdoce de la magistrature est pris et interprété au pied de la lettre, et où l’orateur le rapproche, socialement parlant, du sacerdoce du prêtre ; ce double temple qu’il importe de maintenir debout ; ce torrent des révolutions qui doit, en roulant, trouver au moins deux rives inébranlables, et se contenir entre le temple de la loi et le temple de Dieu, tout cela est à la fois de la haute éloquence et de l’éternelle politique.

2632. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre V. Les esprits et les masses »

Dans cette foule misérable, toutes les professions machinales sont représentées par des nombres décroissant à mesure qu’on monte vers les professions éclairées, et vous arrivez à ce résultat final : orfèvres et bijoutiers au bagne, quatre ; ecclésiastiques, trois ; notaires deux ; comédiens, un ; artistes musiciens un ; hommes de lettres, pas un.

2633. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre IV. Littérature dramatique » pp. 202-220

Gabriel Boissy écrit : « … D’une succession de faits, un fait majeur s’impose : les lettres françaises, sommeillantes ou vagissantes depuis l’époque romantique, entrent aujourd’hui en effervescence ; un nouvel âge se prépare par les efforts convergents d’un groupe nombreux d’esprits toujours jeunes ou de jeunes esprits.

2634. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre dixième. »

Etait-ce dans des lettres que le berger écrivait ?

2635. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Beaufort » pp. 308-316

Que signifie cette femme de chambre cauchoise avec sa cafetière et sa lettre ?

2636. (1860) Ceci n’est pas un livre « Décentralisation et décentralisateurs » pp. 77-106

Au lieu de commander chez le papetier du coin un cent de cartes de visite avec « homme de lettres » en vedette (ce qui serait une consolation), et puis de se tenir tranquilles, — ils courent les rues de Paris en criant à la cabale et aux coteries !

2637. (1912) L’art de lire « Chapitre II. Les livres d’idées »

Observons-le encore, en lisant surtout les Lettres persanes : ce qu’il n’aime pas non plus, c’est la religion catholique.

2638. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IV. Des changements survenus dans notre manière d’apprécier et de juger notre littérature nationale » pp. 86-105

Pour introduire de suite le lecteur dans le sens intime d’une pareille discussion, je vais le mettre aux prises avec le plus grand nom des lettres françaises, avec Bossuet : encore ne prendrons-nous pas Bossuet tout entier.

2639. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Introduction. Du bas-bleuisme contemporain »

Ce fut à dater des romans de Sand qu’on vit pulluler toutes sortes de livres en prose et en vers, écrits par des plumes féminines sur l’inégalité des conditions entre l’homme et la femme, et que le bas-bleu apparut, — le véritable bas-bleu, bien autrement foncé qu’en Angleterre, où le mariage, — une sauvegarde contre le bas-bleuisme, — est resté en honneur et où le mari s’appelle Lord encore… Comme il est beaucoup plus aisé de changer d’habit que de sexe, jamais, autant qu’en ce temps-là, on ne vit plus de femmes en habit d’homme, comme l’avait fait Mme George Sand, dont la redingote de velours noir, illustrée par Calamata, fut célèbre et qui s’appela longtemps George Sand tout court (le voyou, comme elle le disait elle-même dans ses Lettres d’un Voyageur) ; George Sand qui devait redevenir Mme Sand et presque Mme Dudevant dans sa vieillesse, — quand le terrible coup de locomotive de la vieillesse passe sur toutes les prétentions et les rafle, et qu’on acquiert la preuve alors qu’on n’était, de toute éternité, qu’une femme et que l’homme qu’on croyait faire n’a jamais dépassé le gamin !

2640. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Sainte Térèse » pp. 53-71

Ce n’est pas sans dessein que nous rapprochons les Lettres portugaises de la traduction des Œuvres complètes de sainte Térèse 8.

2641. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « IX. L’abbé Mitraud »

Pourquoi M. l’abbé Mitraud, resté prêtre (nous en convenons) dans la lettre de son livre, ne l’est-il pas resté dans son esprit ?

2642. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Le père Augustin Theiner »

Si, comme on l’a ici donné à entendre, il se cachait plus de haine que d’amour au fond de son livre ; si la polémique qu’il a soulevée passait à travers Clément XIV pour atteindre l’Ordre de Jésus lui-même, et pour le toucher de cette main modérée dont parle Junius dans ses lettres et qui tue d’autant mieux qu’elle tue avec modération ?

2643. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Théodore de Banville »

Dans un temps vulgairement littéraire, des hommes de talent comme Théodore de Banville seraient classés… Nous l’avons choisi pour éclairer cette question de la mort des lettres et de la poésie dont nous sommes menacés chaque jour un peu plus.

2644. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Léon Gozlan » pp. 213-230

Il s’y montrait naturel et aristocratique, sans aucune des affectations ou des prétentions littéraires familières aux gens de lettres dans le monde, qui, quand ils sont célèbres, y font un peu trop queue de paon avec leur célébrité.

2645. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Conclusion »

Au lieu d’une vie intérieure dont les phases successives, chacune unique en son genre, sont incommensurables avec le langage, nous obtiendrons un moi recomposable artificiellement, et des états psychiques simples qui s’agrègent et se désagrègent comme font, pour former des mots, les lettres de l’alphabet.

2646. (1836) Portraits littéraires. Tome I pp. 1-388

Dans quelques années, le roi donnera le titre de duc avec les lettres de créance. […] On sait la lettre pleine de modestie et de dignité qu’il écrivit à sa mère après la victoire. […] que les lettres de son nom seraient épelées à Canton ? […] Il y a dans la lecture de cette lettre un bonheur pénétrant, une sérénité plus douce que la résignation, qui rafraîchit l’âme et la détache des passions vulgaires. […] Une lettre de Raymond la ramène en France : elle accourt, elle fait trois mille lieues pour arriver à lui, pour se donner tout entière.

2647. (1896) Impressions de théâtre. Neuvième série

Voici un billet qui prouve que Plisthène est votre fils. » Et il lui montre la lettre écrite par Erope il y a vingt ans (vous souvenez-vous ?). […] Dumas dans une de ses lettres à Mirès. […] Dumas lui-même qui vous l’expliquera le mieux, dans sa bouillonnante lettre à M.  […] Une lettre de M.  […] Je me l’étais demandé tout en le sachant bien, puisque ce lien est indiqué dans la Lettre à Cuvillier-Fleury.

2648. (1889) La littérature de Tout à l’heure pp. -383

Le format est commode, portatif, les lettres sont assez grosses pour ne pas fatiguer les yeux, le texte est assez clair pour ne pas fatiguer l’esprit : c’est Le Roi des montagnes, par exemple, ou Le Cas de M.  […] On connaît aujourd’hui une « profession d’homme de lettres », une profession qui tient le milieu entre l’avocat consultant et le maître à danser, une profession pas trop libérale, assurément, — et la notion même est effacée de l’état exceptionnel où doit être un homme pour en venir à ce parti — en soi étrange — d’écrire des choses qui n’aient pas l’utilité immédiate et visible d’une lettre ou d’une plaidoirie. — Mais c’est surtout au théâtre que l’illogisme érigé normal, la folie passée proverbiale, s’accentuent, incontestables. […] Des paroles comme celles-ci étaient pour eux lettre close : « Ah ! […] Mirbeau, qui a des qualités de passion et le sincère et noble amour des Lettres, MM. de Bonnières, Pouvillon, Dodillon, Hervieu, Lavedan, Caze, font des livres sincères, très étudiés, auxquels on ne reproche guère que de s’attarder dans un idéal de transition. — De M.  […] Je ne doute pas que ces jeunes gens ne soient « animés du plus pur amour des belles lettres », ce qui est quelque chose de touchant et d’insuffisant.

2649. (1911) L’attitude du lyrisme contemporain pp. 5-466

Disons-le en passant, le mot a perdu la chose, la lettre a tué l’esprit. […] Cette phrase lumineuse, suggérée à Maurice Maeterlinck par l’étude de l’œuvre de cet exquis Novalis, pourrait être épinglée en lettres ardentes sur l’oriflamme de la poésie contemporaine. […] Une violente réaction ne tarda pas à se manifester dans le domaine des lettres, appuyée par la faillite d’une pseudo-science et d’un rationalisme à courte vue. […] En croyant imiter les Grecs et les Romains, « il ne faisait que transporter dans les lettres cette pratique hardie, juste et rigoureuse de construire, qui était française avant lui ».

2650. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre I. Le Roman. Dickens. »

La fontaine du Temple aurait bien pu sauter de vingt pieds pour saluer cette source d’espérance et de jeunesse qui glissait rayonnante dans les secs et poudreux canaux de la loi ; les moineaux bavards, nourris dans les crevasses et dans les trous du Temple, auraient pu se taire pour écouter des alouettes imaginaires au moment où passait cette fraîche petite créature ; les branches sombres, qui ne se courbaient jamais que dans leur chétive croissance, auraient pu s’incliner vers elle avec amour, comme vers une sœur, et verser leur bénédiction sur sa gracieuse tête ; les vieilles lettres d’amour enfermées dans les bureaux voisins, au fond d’une boîte de fer, et oubliées parmi les monceaux de papiers de famille où elles s’étaient égarées, auraient pu trembler et s’agiter au souvenir fugitif de leurs anciennes tendresses, quand de son pas léger elle s’approchait d’elles. […] Dickens a la passion et la patience des peintres de sa nation : il compte un à un les détails, il note les couleurs différentes des vieux troncs d’arbres ; il voit le tonneau fendu, les dalles verdies et cassées, les crevasses des murs humides ; il distingue les singulières odeurs qui en sortent ; il marque la grosseur des taches de mousse, il lit les noms d’écoliers inscrits sur la porte et s’appesantit sur la forme des lettres. […] Cependant il n’y a pas d’écrivain qui sache mieux toucher et attendrir ; il fait pleurer, cela est à la lettre ; avant de l’avoir lu, on ne se savait pas tant de pitié dans le cœur.

2651. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre dixième. Le style, comme moyen d’expression et instrument de sympathie. »

Rabelais, Pantagruel (Lettre de Gargantua), p. 133. […] Zola, Lettre à la jeunesse, p. 66, 68. […] Jusque-là, nous planterons des plumets au bout de nos phrases, puisque notre éducation romantique le veut ainsi ; seulement, nous préparerons l’avenir en rassemblant le plus de documents humains que nous pourrons, en poussant l’analyse aussi loin que nous le permettra notre outil. » (Lettre à la jeunesse, p. 94.)

2652. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre II. Les Normands. » pp. 72-164

Qu’est-ce donc que cette race française qui, par les armes et les lettres, fait, dans le monde une entrée si éclatante, et va dominer si visiblement qu’en Orient, par exemple, on donnera son nom de Francs à tous les peuples de l’Occident ? […] Ils versaient le sang au hasard, arrachaient le morceau de pain de la bouche des malheureux et prenaient tout l’argent, les biens, la terre97. » Par exemple, « tous les gens du pays bas avaient grand soin de paraître humbles devant Ives Taillebois, et de ne lui adresser la parole qu’un genou en terre ; mais quoiqu’ils s’empressassent de lui rendre tous les honneurs possibles et de payer tout ce qu’ils lui devaient et au-delà, en redevances et en services, il les vexait, les tourmentait, les torturait, les emprisonnait, lançait ses chiens à la poursuite du bétail…, cassait les jambes et l’échine des bêtes de somme…, et faisait assaillir leurs serviteurs sur les routes à coups de bâton ou d’épée. » Ce n’était pas à de pareils malheureux98 que les Normands pouvaient ou voulaient emprunter quelque idée ou quelque coutume ; ils les méprisaient comme « brutaux et stupides. » Ils étaient parmi eux, comme les Espagnols au seizième siècle parmi leurs sujets d’Amérique, supérieurs par la force, supérieurs par la culture, plus instruits dans les lettres, plus experts dans les arts de luxe. […] Il y a sous Édouard III des barons qui chevauchent avec de grandes escortes d’hommes d’armes et d’archers, « occupant les manoirs, enlevant les dames et les demoiselles, mutilant, tuant, rançonnant les gens jusque dans leurs maisons, comme si c’était en pays ennemi, et quelquefois venant devant les juges aux sessions, en telle façon, et en si grande force que les juges sont effrayés et n’osent faire justice151. » Lisez les lettres de la famille Paston, sous Henri VI et Édouard IV, et vous verrez comment la guerre privée est à chaque porte, comme il faut se munir d’hommes et d’armes, être debout pour défendre son bien, compter sur soi, sur sa vigueur et son courage. […] Lettre de Pierre de Blois.

2653. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff (suite) » pp. 317-378

Ce grand seigneur s’était ruiné ; il lui avait d’abord promis une lettre de change à son ordre, puis il s’était ravisé ; et, tout compte fait, il ne lui avait pas payé un copeck. — Des amis lui conseillaient de partir ; mais il ne voulait pas retourner dans sa patrie comme un mendiant, après avoir vécu en Russie, dans cette grande Russie, le pays de Cocagne des artistes. […] Le lendemain, Ivan écrivit à son père une lettre froidement ironique et polie, et se rendit dans le village où demeurait son cousin au troisième degré, Dmitri Pestoff, avec sa sœur Marpha, que nous connaissons déjà. […] Quelques mois plus tard, il reçut une lettre de Pestoff. […] L’attente le tourmentait aussi : il ne recevait aucune lettre, et la nouvelle donnée par M. 

2654. (1883) La Réforme intellectuelle et morale de la France

Toujours légère et inconsidérée, la France avait à la lettre oublié qu’elle avait insulté il y a un demi-siècle la plupart des nations de l’Europe, et en particulier la race qui offre en tout le contraire de nos qualités et de nos défauts. […] Que l’Église admette deux catégories de croyants, ceux qui sont pour la lettre et ceux qui s’en tiennent à l’esprit. […] Il faut se persuader que la science prend de plus en plus le dessus sur ce qu’on appelle en France les lettres. […] On se plaint que les facultés des lettres, des sciences, n’aient pas d’élèves assidus.

2655. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXIXe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Le drame de Faust par Goethe (2e partie) » pp. 161-232

Je lis dans une des premières lettres de Schiller, qui devint plus tard l’ami de Goethe, ce mot qui exprime son impression à l’aspect d’un seul fragment de cette œuvre : « Je désire passionnément lire ce qui n’est pas encore publié de Faust, car je vous confesse que ce que j’en ai vu est pour moi le torse d’Hercule. » Schiller n’avait lu encore, selon toute apparence, que les grandes contemplations métaphysiques de Faust et de Méphistophélès dans les montagnes ; s’il avait lu les scènes pastorales, naïves, déchirantes, de la séduction de Marguerite et de ses amours à la fenêtre devant la lune, Schiller aurait ajouté au torse d’Hercule le torse de Vénus. […] Il faut lire dans les lettres de Goethe à mademoiselle Auguste de Stolberg, sœur de ses deux premiers amis, les comtes de Stolberg, l’épanchement de cœur du poète entré en jouissance de sa nouvelle vie.

2656. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre IV. Le Séminaire d’Issy (1881) »

Benjamin Guérard, dont la science le frappait beaucoup ; quelques ouvrages de M. de Maistre, en particulier sa Lettre sur l’Inquisition espagnole. […] De fait, il n’y a ni drame ni action dans ces interminables lettres du marquis, du comte, et d’Émilie.

2657. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « III »

On sait quelle lettre émue il écrivit à Liszt, lettre reproduite à la première page de la partition d’orchestre.

2658. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre II. La poésie lyrique » pp. 81-134

Reviendrai-je dormir dans ta chambre d’enfant, Reviendrai-je, les cils caressés par le vent, Attendre la première étoile sous l’auvent, Et respirer dans ton coffret en bois de rose, Parmi l’amas jauni des vieilles lettres closes, L’amour qui seul survit dans la cendre des choses ? […] Pol Lœwengard fait précéder ses Fastes de Babylone d’une lettre de l’auteur sémite à Maurice Barrès, nationaliste.

2659. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Proudhon » pp. 29-79

Elle en a peut-être dix et davantage, car Proudhon, ce rude travailleur, a travaillé autant en lettres qu’en économie politique. […] Nous demandons qu’il y soit mis dans les éditions futures… Proudhon n’osant pas mettre de suscription à ses lettres !

2660. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre II. Le comique de situation et le comique de mots »

Il y en a une dont on use assez souvent : c’est de faire qu’un certain objet matériel (une lettre, par exemple) soit d’une importance capitale pour certains personnages et qu’il faille le retrouver à tout prix. […] Également comique est l’extension de la langue des affaires aux relations mondaines, par exemple cette phrase d’un personnage de Labiche faisant allusion à une lettre d’invitation qu’il a reçue : « Votre amicale du 3 de l’écoulé », et transposant ainsi la formule commerciale : « Votre honorée du 3 courant. » Ce genre de comique peut d’ailleurs atteindre une profondeur particulière quand il ne décèle plus seulement une habitude professionnelle, mais un vice de caractère.

2661. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Appendice aux articles sur Roederer. (Voir page 393.) » pp. 533-543

Il m’a fait une fois écrire soixante lettres en une matinée.

2662. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Variétés littéraires, morales et historiques, par M. S. de Sacy, de l’Académie française. » pp. 179-194

Questions à faire envie aux Le Batteux, aux Tournemine, et aux Porée, et qui nous reportent à l’âge d’or des lettres !

2663. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Mélanges de critique religieuse, par M. Edmond Scherer » pp. 53-66

Les charmantes lettres de Joseph de Maistre qu’on a publiées en dernier lieu, et qui nous ont presque séduit jusqu’à amollir notre jugement, ne lui font pas illusion.

2664. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Mémoires de l’impératrice Catherine II. Écrits par elle-même, (suite.) »

Je savais que j’étais homme (elle parle comme Sulpicius à Cicéron dans cette lettre célèbre de consolation pour la mort de sa fille Tullia, quoniam homo nata fuerat), et par là un être borné, et par là incapable de la perfection ; mais mes intentions avaient toujours été pures et honnêtes.

2665. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « La Réforme sociale en France déduite de l’observation comparée des peuples européens, par M. Le Play, Conseiller d’État. »

De tout temps, on l’a observé, les gens de lettres n’ont pas été des mieux et n’ont pas fait très bon ménage avec les hommes politiques, même avec ceux qu’ils ont servis ; on l’a remarqué des plus grands écrivains, gens de fantaisie ou d’humeur, de Chateaubriand, de Swift ; écrivains et gouvernants, ils peuvent s’aimer comme hommes, ils sont antipathiques comme race.

2666. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite.) »

Le temps ne sait encor de quel nom te nommer ; Un long frémissement circule dans les mondes, Quand l’un d’eux a trouvé dans ses veines profondes Quelques lettres pour le former !

2667. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « LA REVUE EN 1845. » pp. 257-274

Parler trop longtemps de ces choses, ou seulement en connaître, c’est déjà par malheur y tremper ; c’est violer soi-même le goût, prêter à son tour l’oreille au Cyclope ; c’est peut-être faire la police des lettres, mais à coup sûr en corrompre en soi la jouissance. » Telle était ma pensée d’alors, telle aujourd’hui et plus confirmée elle est encore, à l’aspect de ce que nous voyons.

2668. (1874) Premiers lundis. Tome II « Jouffroy. Cours de philosophie moderne — II »

Sainte-Beuve a publié dans l’appendice sur George Sand (tome I, page 510), une lettre entre autres de l’auteur d’indiana, où Jouffroy est caractérisé de main de maître et de philosophe.

2669. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre III »

Inutile de citer, bénévoles ou passifs, tous les adeptes de l’intoxication-amour dans le monde des lettres.

2670. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre premier. De la première époque de la littérature des Grecs » pp. 71-94

C’est Homère qui caractérise la première époque de la littérature grecque : pendant le siècle de Périclès, on remarque les rapides progrès de l’art dramatique, de l’éloquence, de la morale et les commencements de la philosophie : du temps d’Alexandre, une étude plus approfondie des sciences philosophiques devient l’occupation principale des hommes supérieurs dans les lettres.

2671. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre III. De la vanité. »

il a vieilli dans les affaires sans y prendre une idée, sans atteindre à un résultat, cependant il se croit l’esprit des places qu’il a occupées ; il vous confie ce qu’ont imprimé les gazettes ; il parle avec circonspection même des ministres du siècle dernier ; il achève ses phrases par une mine concentrée, qui ne signifie pas plus que les paroles ; il a des lettres de ministres, d’hommes puissants, dans sa poche, qui lui parlent du temps qu’il fait, et lui semblent une preuve de confiance ; il frémit à l’aspect de ce qu’il appelle une mauvaise tête, et donne assez volontiers ce nom à tout homme supérieur ; il a une diatribe contre l’esprit à laquelle la majorité d’un salon applaudit presque toujours, c’est, vous dit-il, un obstacle à bien voir que l’esprit, les gens d’esprit n’entendent point les affaires.

2672. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « « L’amour » selon Michelet » pp. 47-66

… Il croira monter en grade si vous l’élevez à la dignité de Valet de chambre titré, à la position féodale de Chambellan, grand Domestique, grand Maître de votre maison… fier et honoré, madame, si Votre Majesté accepte ses très humbles services. » Et plus tard, quand la femme veut se faire le secrétaire de son mari : « … Il y a, à son bureau, quelqu’un qui s’est levé à quatre heures et qui a écrit les lettres pressées… Il s’éveille, ne la voit pas, s’inquiète, l’appelle.

2673. (1890) L’avenir de la science « XXI »

Les hommes de lettres et les artistes ne jouissaient pas, au XVIIe et au XVIIIe siècle, de la dignité convenable.

2674. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XVII. Forme définitive des idées de Jésus sur le Royaume de Dieu. »

Que tout cela fût pris à la lettre par les disciples et par le maître lui-même à certains moments, c’est ce qui éclate dans les écrits du temps avec une évidence absolue.

2675. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XIII. Dernière semaine de Jésus. »

Car tous ces troubles intérieurs restèrent évidemment lettre close pour ses disciples.

2676. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Les Confidences, par M. de Lamartine. (1 vol. in-8º.) » pp. 20-34

Le livre commence par une préface sous forme de lettre adressée à un ami ; cette préface apologétique a pour objet d’excuser l’auteur, qui sent, malgré tout, l’inconvenance d’une publication romanesque dans les circonstances graves où il s’est placé et où il a tout fait pour placer son pays.

2677. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Bossuet, et Fénélon. » pp. 265-289

Mais ces accusations parurent, dans la suite, très-injustes, malgré tout ce qui déposoit contr’eux ; malgré des lettres interceptées, où le langage de l’amour étoit traité de la manière la plus tendre & la plus vive ; malgré l’exposition d’une morale qui présente sans cesse à l’imagination des images indécentes, des idées de lubricité.

2678. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre V : La religion — Chapitre I : Philosophie religieuse de M. Guizot »

Sans citer tant d’exemples présents à tous les esprits, voici un écrivain qui a débuté dans la carrière des lettres il n’y a pas loin de soixante ans, qui a reçu les encouragements de Mme de Staël, qui déjà joua un rôle politique important sous la première restauration, qui pendant les quinze années du gouvernement des Bourbons fut à la fois un publiciste populaire et un professeur de premier ordre, déployant avec une égale énergie son activité dans les luttes de la politique et dans les recherches ardues de la science, qui plus tard, après 1830, passant de l’opposition au pouvoir, se révélait comme le plus grand orateur politique de son temps, dépensait chaque jour pendant une lutte de dix-huit ans toutes les forces réunies de l’éloquence et du caractère contre le flot toujours montant de la révolution, et qui enfin un jour était emporté par elle !

2679. (1912) L’art de lire « Chapitre IX. La lecture des critiques »

Il nous traçait, par exemple, deux petits portraits de Sadolet et d’Érasme quand il nous donnait à confectionner une lettre d’Érasme à Sadolet.

2680. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXVI. La sœur Emmerich »

C’est une ignorante et une paysanne, qui savait à peine écrire correctement son nom. » Et elles auront raison, les virtuoses de lettres !

2681. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XV. M. Dargaud » pp. 323-339

Dargaud n’a pas débuté dans les lettres par de l’histoire.

2682. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — Se connaître »

Ce texte, je voudrais le voir gravé en lettres énormes au fronton de tous les édifices français, appris par cœur dans toutes les écoles, inscrit en épigraphe en tête de tous nos discours politiques. ‌

2683. (1914) En lisant Molière. L’homme et son temps, l’écrivain et son œuvre pp. 1-315

Molière a peint surtout des ridicules de caractères, mais (comme Racine dans les Plaideurs) il a peint aussi des ridicules de profession : ridicules des médecins, ridicules des hommes, de lettres. […] Par vanité, Philaminte a voulu avoir pour gendre un brillant homme de lettres. Ce brillant homme de lettres était un pleutre. […] Vous voulez marier votre fille à un médecin, comme Orgon veut marier la sienne à un homme qui est bien avec Dieu, et Philaminte la sienne avec un homme de lettres. […] Il faut remarquer qu’il n’a pas voulu peindre, jamais, la femme de lettres proprement dite, la femme qui écrit ; il a toujours visé la femme qui est friande de belle instruction, de haute ou de jolie culture, ce que nous appelons l’intellectuelle.

2684. (1913) Les idées et les hommes. Première série pp. -368

Ou bien l’aventure des peuples et des lettres ne serait qu’une éternelle frénésie. […] Comme si la mort, à côté d’elle, lui en donnait l’audace et le courage, elle écrira — très vite, car elle va mourir — une lettre pour Christophe, une lettre d’aveu, une lettre d’amour. […] Puis elle mourra ; et, sa lettre d’amour, on la trouvera, dans sa chambre. […] Elles ne me furent pas lettre morte, mais, vive ! […] Il était né en 1759 ; et ce fils de campagnards acquit des lettres, au point d’être choisi comme précepteur chez les Choiseul-Praslin.

2685. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Vernet » pp. 130-167

Là, tandis que les uns perdaient autour d’un tapis verd les plus belles heures du jour, les plus belles journées, leur argent et leur gaieté, que d’autres, le fusil sur l’épaule, s’excédaient de fatigue à suivre leurs chiens à travers champs ; que quelques-uns allaient s’égarer dans les détours d’un parc dont, heureusement pour les jeunes compagnes de leurs erreurs, les arbres sont fort discrets ; que les graves personnages faisaient encore retentir à sept heures du soir la salle à manger de leurs cris tumultueux sur les nouveaux principes des économistes, l’utilité ou l’inutilité de la philosophie, la religion, les mœurs, les acteurs, les actrices, le gouvernement, la préférence des deux musiques, les beaux-arts, les lettres et autres questions importantes dont ils cherchaient toujours la solution au fond des bouteilles, et regagnaient, enroués, chancelans, le fond de leur appartement, dont ils avaient peine à retrouver la porte, et se remettaient, dans un fauteuil, de la chaleur et du zèle avec lesquels ils avaient sacrifié, leurs poumons, leur estomac et leur raison pour introduire le plus bel ordre possible dans toutes les branches de l’administration ; j’allais, accompagné de l’instituteur des enfans de la maison, de ses deux élèves, de mon bâton et de mes tablettes, visiter les plus beaux sites du monde. […] Ce poëte que la sagesse paraît inspirer et dont les écrits sont remplis de sentences à graver en lettres d’or, dans un instant il ne sait plus ce qu’il dit, ce qu’il fait, il est fou. […] — À merveille. — Pas plus qu’il n’y a un accent commun dans leur manière de prononcer, une même lettre dans leur écriture ?

2686. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre II. La parole intérieure comparée à la parole interieure »

D’après Bain et son école, au contraire, l’image du mouvement buccal, ou même une ébauche de mouvement laryngo-buccal réel, accompagnerait toujours la parole intérieure ; bien plus, à prendre à la lettre les expressions de Bain, le phénomène de la parole intérieure serait essentiellement un mouvement interrompu ou la simple image de ce mouvement. […] Mais alors le cas est tout autre : ces paroles, ces phrases, ces mots sont des souvenirs ; ils valent par eux-mêmes ; il faut en conserver précieusement la lettre et non seulement le sens ; la reconnaissance, critérium de l’exactitude littérale que nos souvenirs doivent conserver, est alors cultivée par l’attention et maintenue par elle à l’état d’habitude positive. […] Alors que le personnage est accablé par la lettre anonyme lui apprenant les amours de sa femme et de Julien, il finit par être un instant absorbé et consolé par l’idée de la magnificence de son château de Vergy : « telle est l’intervention des idées involontaires qui rompent le mouvement de la passion et lui ôtent l’éloquence pour lui donner le naturel. […] Comme la passion n’est qu’une idée douloureuse sans cesse traversée par d’autres, les mots associés aux idées doivent surgir aussi à l’improviste et jeter la maladie morale dans des accès inattendus » (Nous soulignons).

2687. (1890) L’avenir de la science « X » pp. 225-238

Car ce qui fait le beau, c’est le souffle vrai de l’humanité, et non pas la lettre. […] Combien de fois d’ailleurs les grands hommes sont faits à la lettre par l’humanité, qui, éliminant de leur vie toute tâche et toute vulgarité, les idéalise et les consacre comme des statues échelonnées dans sa marche pour se rappeler ce qu’elle est et s’enthousiasmer de sa propre image.

2688. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre quatrième. Les émotions proprement dites. L’appétit comme origine des émotions et de leurs signes expressifs. »

Le marin, le cavalier, le danseur, se laissent facilement reconnaître ; les banquiers, les notaires, les avocats ont aussi des gestes qui leur sont propres ; mais ici le diagnostic devient incertain. » On sait que Lavater, quand on lui envoya le masque de Mirabeau, devina « un homme d’une énergie terrible, indomptable dans son audace, inépuisable en ressources, résolu, hautain. » On sait encore qu’un jour un inconnu se présenta à Lavater : « Regardez-moi bien et devinez qui je suis. » Lavater devina d’abord un homme de lettres, puis un homme habitué à saisir le côté ridicule des choses, ayant de l’originalité, de l’esprit. […] « Le culte et l’amour ardent du beau sont des vertus qui nous appartiennent ; notre honte est d’avoir été contraints d’obéir pendant des siècles ; c’est pour cela que notre mimique, tout en étant belle et passionnée, reste défiante et n’est pas toujours franche… Le Toscan est le plus Italien de tous les Italiens, et, par conséquent, le plus défiant et le plus réservé de tous ; le Napolitain fait avec les bras des gestes de télégraphe ; le Romagnol est rude et franc ; le Romain, dans ses mouvements dignes de la statuaire, garde toujours gravées en caractères invisibles les lettres fatidiques S.

2689. (1896) Les origines du romantisme : étude critique sur la période révolutionnaire pp. 577-607

s’écriaient-ils, auner du drap, copier des lettres, plaider des broutilles, quand il ne faut que spéculer sur le blé, le sucre, la chandelle, sur n’importe quelle marchandise pour se réveiller millionnaire. […] Il s’est trouvé des bourgeois pour prendre à la lettre les hyperboles truculentes de Hugo et Compagnie et pour donner dans le panneau aussi naïvement que Morellet, ce fossile d’avant 1789, qui fut un des plus acharnés adversaires du romantisme naissant.

2690. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre X : De la succession géologique des êtres organisés »

Nous pouvons supposer que les lettres numérotées sont des genres, et que les lignes pointées qui s’en écartent en divergeant sont les espèces de chacun de ces genres. […] C’est ce que nous voyons représenté dans la figure par la lettre F14.

2691. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — II. (Suite.) » pp. 463-478

Déjà renommé à Paris pour sa traduction des Lettres de Coxe, accueilli par le meilleur monde, devenu le guide de toute cette belle société qui se prenait d’amour pour la nature de Suisse et pour les glaciers, il attira nécessairement l’attention du cardinal prince de Rohan, évêque de Strasbourg, qui fut flatté de trouver dans un jeune Alsacien de si grands talents, et qui se fit un honneur de l’attacher à sa personne.

2692. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — I » pp. 56-70

Corne a recueilli des pièces, lettres autographes et documents de diverse nature, qui seraient à consulter pour une biographie complète de l’illustre guerrier. — Quant aux appréciations militaires, j’ai profité dans cette étude d’un travail bien fait et très précis intitulé : Biographie et maximes de Blaise de Montluc, par M. 

2693. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Biot. Mélanges scientifiques et littéraires, (suite et fin.) »

Ceci me rappelle, quoique la transition puisse ne point sembler essentiellement logique et rigoureuse, que dans une lettre adressée par M. le comte de Chambord à l’un de ses amis de Trance, j’ai lu, non sans quelque surprise, l’éloge suivant de M. 

2694. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires du comte Beugnot »

Voir, dans la Correspondance de Napoléon 1er, la lettre à Fouché du 17 décembre 1809.

2695. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Léonard »

A travers cela, et dans les intervalles après tout assez monotones, l’occupation favorite de Léonard était la composition d’un roman sentimental intitulé Lettres de deux Amants de Lyon (Thérèse et Faldoni), qu’il ne publia qu’à son retour, en France et qui eut dans le temps un succès de larmes.

2696. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre IV. De l’amour. »

Si, au contraire, il a existé dans la vie un heureux moment où l’on était aimé ; si l’être qu’on avait choisi était sensible, était généreux, était semblable à ce qu’on croit être, et que le temps, l’inconstance de l’imagination, qui détache même le cœur, un autre objet, moins digne de sa tendresse, vous ait ravi cet amour dont dépendait toute votre existence, qu’il est dévorant le malheur qu’une telle destruction de la vie fait éprouver ; le premier instant où ces caractères, qui tant de fois avaient tracé les serments les plus sacrés de l’amour, gravent en traits d’airain que vous avez cessé d’être aimé ; alors, que comparant ensemble les lettres de la même main, vos yeux peuvent à peine croire que l’époque, elle seule, en explique la différence, lorsque cette voix, dont les accents vous suivaient dans la solitude, retentissaient à votre âme ébranlée, et semblaient rendre présents encore les plus doux souvenirs ; lorsque cette voix vous parle, sans émotion, sans être brisée, sans trahir un mouvement du cœur, ah !

2697. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Préface » pp. 1-22

On possède beaucoup d’observations faites sur des personnes attaquées de maladies mentales ; mais les autobiographies, les lettres écrites par ces personnes, les sténographies de leurs conversations ou de leurs discours, comme en a publié Leuret4, sont en trop petit nombre.

2698. (1894) Propos de littérature « Chapitre III » pp. 50-68

Sa gloire est de l’avoir apportée, — ou presque — dans nos lettres ; son défaut fut qu’elle l’admit quasi exclusivement et faillit ainsi lier la Poésie à une seule forme de l’art.

2699. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre X. La commedia dell’arte en France pendant la jeunesse de Molière » pp. 160-190

Il lui accorda jusqu’à la fin de ses jours une faveur spéciale, et dans les infortunes conjugales qui marquèrent la vieillesse du bouffon, le roi intervint par toutes sortes de lettres de cachet et prêta complaisamment au mari offensé les secours de sa souveraine puissance.

2700. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre III. Grands poètes : Verlaine et Mallarmé, Heredia et Leconte de Lisle » pp. 27-48

Mallarmé que la musique et les lettres s’adressent semblablement à l’audition.

2701. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre VII. L’antinomie pédagogique » pp. 135-157

Si vous avez affaire à une nature fine, délicate et sensitive, l’enfant ne se laissera toucher que par ce qui convient à sa propre sensibilité et est susceptible de l’intéresser ; si vous avez affaire à une nature apathique et flegmatique, l’appel au sentiment restera lettre morte.

2702. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Poésies nouvelles de M. Alfred de Musset. (Bibliothèque Charpentier, 1850.) » pp. 294-310

Il y a dix ans environ, M. de Musset adressait à M. de Lamartine une Lettre en vers, dans laquelle il se tournait pour la première fois vers ce prince des poètes du temps, et lui faisait, à son tour, cette sorte de déclaration publique et directe que le chantre d’Elvire était accoutumé dès longtemps à recevoir de quiconque entrait dans la carrière, mais que M. de Musset, narguant l’étiquette, avait tardé plus qu’un autre à lui apporter.

2703. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre XI. Seconde partie. Conséquences de l’émancipation de la pensée dans la sphère de la littérature et des arts » pp. 326-349

Ceux qui en font à présent l’objet d’une étude spéciale s’y livrent beaucoup trop tard ; ils ont perdu le temps de leur première jeunesse à cultiver des lettres sans avenir et sans horizon.

2704. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Lawrence Sterne »

Un ouvrage, inconnu en France, de l’auteur du Tristram Shandy, du Voyage sentimental et des Lettres à Elisa Draper, oui !

2705. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre III. Contre-épreuve fournie par l’examen de la littérature italienne » pp. 155-182

Pour comprendre, il suffit de comparer la situation politique des deux pays ; en France : Philippe-Auguste, saint Louis et Philippe le Bel ; en Italie : la catastrophe de Frédéric II ; il semblait désigné pour faire de l’Italie une nation ; les lettres et les sciences florissaient à sa cour, et sa mémoire est encore bénie par Dante ; mais le pape l’a vaincu, Manfred tombe à Bénévent, et Conradin livre sa tête blonde au bourreau.

2706. (1865) La crise philosophique. MM. Taine, Renan, Littré, Vacherot

Taine d’admettre des causes immatérielles et métaphysiques, quoique son système, pris à la lettre, n’y conduise en aucune façon ; mais il ne veut pas que rien soit pris à la lettre, et la fluctuation incessante et volontaire de sa pensée le ramène par un chemin singulier à une sorte de spiritualisme très-subtilisé. […] Quant à son système philosophique (si l’on peut appeler système une esquisse où l’imagination a plus de part qu’une sévère raison), il l’a résumé d’une manière brillante et originale dans sa lettre à M.  […] Dans cette lettre, M. 

2707. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre premier. Aperçu descriptif. — Histoire de la question »

VI], de même l’écriture intérieure est inutile pour écrire, et la parole intérieure, chez tout homme exercé à l’écriture, dicte directement les signes visibles ; sans doute nous nous remémorons ou nous imaginons de temps à autre des images de lettres ou de mots écrits ; mais, lors même que nous écrivons, circonstance éminemment favorable à leur formation, ces images ne font jamais série dans notre conscience. […] Lettres, IX, 36. […] Antoine Gratacap, Théorie de la mémoire, thèse pour le doctorat présentée à la Faculté des Lettres de Paris, Montpellier, Impr.

2708. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre I. De l’action »

Au bout du volume était une prétendue lettre de Marc-Aurèle, inventée par Guevara, chapelain de Charles-Quint, dans un livre d’enseignements moraux qu’il avait intitulé l’Horloge du prince. Cassandre avait amplifié et orné cette lettre à sa guise.

2709. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIe entretien. Socrate et Platon. Philosophie grecque (1re partie) » pp. 145-224

Était-ce parce qu’ils se défiaient des commentateurs qui s’attachent à la lettre, et qui y emprisonnent volontiers l’esprit ? […] N’était-ce pas plutôt parce que les paroles, une fois écrites, deviennent mortes et froides comme la cendre dont la flamme s’est envolée, et qu’ils aimaient mieux s’en fier à l’écho vivant des lèvres humaines qu’à la lettre morte de leurs écrits ?

2710. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre premier. Le Moyen Âge (842-1498) » pp. 1-39

. — C’est ce que voulait dire Pétrarque, dans la lettre citée plus haut, quand il reprochait aux auteurs du Roman de la Rose que leur « Muse dormait » ; — et quand il opposait à leur froideur l’ardeur de passion qui respire dans les vers de « ces chantres divins de l’amour : Virgile, Catulle, Properce et Ovide ». […] IX. — Philippe de Commynes [Château de Commynes, 1447 ; † 1511, château d’Argenton] 1º Les Sources. — Lenglet du Fresnoy, dans son édition des Mémoires, 1747 ; — Mlle Dupont, « Notice », en tête de son édition des Mémoires, Paris, 1840 ; — Kervyn de Lettenhove, Lettres et négociations de Philippe de Commynes, Bruxelles, 1867, 1874 ; — Chantelauze, « Notice », en tête de son édition des Mémoires, Paris, 1880 ; — Fierville, Documents inédits sur Philippe de Commynes, Paris, 1881.

2711. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « III. M. Michelet » pp. 47-96

et qui commence ainsi : « Ne cherchez point le prêtre dans la science et dans les lettres, etc., etc. », il écrit avec aplomb que « le prêtre n’a plus que les petites facultés d’intrigue et de ménage, mais qu’il a perdu les grandes facultés viriles, surtout l’invention, et que depuis cent cinquante ans il s’est énervé et n’a plus rien produit ». […] Michelet, toutes ces femmes modernes qui ne sont pas de vraies chrétiennes, toutes ces femmes plus ou moins libres, avec les droits politiques qu’elles rêvent ou jalousent, avec leurs vaniteuses invasions dans les lettres et dans les arts, avec cet amour de la gloire, le deuil éclatant du bonheur , disait Mme de Staël, et qui est le deuil aussi de la vertu, toutes ces femmes, il ne faut pas s’y tromper, continuent les femmes de la Renaissance.

2712. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Histoire littéraire de la France. Ouvrage commencé par les Bénédictins et continué par des membres de l’Institut. (Tome XII, 1853.) » pp. 273-290

Mais, du milieu des bornes que certaines doctrines imposaient à sa vue, et du fond de sa solitude, cet homme de labeur et de vérité fut saisi d’une noble ardeur, du désir de faire quelque chose « pour l’utilité de l’Église et de l’État », et d’unir le devoir d’un chrétien et celui d’un bon citoyen : Nous nous proposons, disait-il, de ménager aux Français l’agrément d’avoir un recueil complet des écrivains qu’eux et les Gaulois leurs prédécesseurs, avec qui ils n’ont fait dans la suite qu’un même peuple, ont donnés à la république des lettres.

2713. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Divers écrits de M. H. Taine — II » pp. 268-284

Est-ce à dire, parce que Tite-Live est éloquent par nature et cherche des sujets riches et féconds, des sujets propices au développement des talents qu’il a en lui, qu’il soit orateur en tout et partout dans son histoire, orateur au pied de la lettre, et orateur en quelque sorte dépaysé quand il fait autre chose que des discours, tellement que lorsqu’il peint, par exemple, des caractères, Annibal, Fabius, Scipion, Caton, Paul-Émile, s’il les conçoit d’une façon un peu plus noble et un peu plus adoucie qu’un autre ne les eût présentés, tout ce qu’on peut louer ou blâmer dans cette manière de traiter les portraits soit l’effet de l’esprit oratoire, un effet rigoureux, nécessaire, découlant de là directement comme un corollaire d’un principe ?

2714. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Œuvres de Maurice de Guérin, publiées par M. Trébutien — I » pp. 1-17

Des fragments de lettres cités, des épanchements qui révélaient une tendre et belle âme, formaient, autour de ce morceau colossal de marbre antique, comme un chœur charmant de demi-confidences à moitié voilées, et ce qu’on en saisissait au passage faisait vivement désirer le reste.

2715. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mémoires pour servir a l’histoire de mon temps. Par M. Guizot »

Je m’aperçois que j’omets de noter une singularité littéraire mémorable : l’homme éminent que nous critiquons et qui s’offre si délibérément coup sur coup au jugement du public, n’avait pas tout à fait les vingt-cinq ans exigés par le règlement, lorsqu’en 1812 il fut nommé par M. de Fontanes à une chaire de la Faculté des Lettres ; il lui fallut une dispense d’âge.

2716. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Halévy, secrétaire perpétuel. »

Il eut, dès sa première jeunesse, le sentiment de l’union et de la fraternité des arts et même des lettres.

2717. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, — Antiquité et Moyen Âge — Par M. J. Zeller. »

Berger et Havet, à l’École normale, avant de le répéter à la Faculté des Lettres et au Collège de France… Enfin, M. 

2718. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite.) »

La jeunesse est sujette à prendre au pied de la lettre tout ce qui s’écrit ; et, ce qui doit donner à penser à ceux qui écrivent, elle met ses actions, sa personne et sa vie au bout des phrases ; elle s’embarque, corps et âme, sur la foi des paroles.

2719. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite et fin.) »

Cambouliu, professeur à la Faculté des Lettres de Montpellier, a écrit à l’un de ses amis, à l’occasion de ce mien jugement : « … Il n’y a rien en effet chez les Félibres de comparable à Mistral (à qui j’ai consacré cet hiver une leçon qui a eu un grand succès), et Jasmin a largement obtenu tout ce qu’il méritait, — j’oserai même ajouter plus qu’il ne méritait ; car je vous avoue franchement que je ne le tiens pas en très haute estime et que je ne puis guère voir en lui qu’un écolier de nos maîtres parlant patois ; je mets une grande différence entre lui et l’auteur de Mireïo, qui est, celui-là, un véritable poëte.

2720. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. EDGAR QUINET.— Napoléon, poëme. — » pp. 307-326

Enfantin, dans sa lettre à M.

2721. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Millevoye »

Ayant commencé très-jeune à produire et à publier, dans un temps où le peu de concurrence des talents et un goût vif des Lettres renaissantes mettaient l’encouragement à la mode, il a subi l’inconvénient d’achever et de doubler, en quelque sorte, sa rhétorique, en public, dans les concours d’académie.

2722. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Conclusion. »

En peignant les jouissances de l’étude et de la philosophie, je n’ai pas prétendu prouver que la vie solitaire soit celle qu’on doit toujours préférer : elle n’est nécessaire qu’à ceux qui ne peuvent pas se répondre d’échapper à l’ascendant des passions au milieu du monde ; car on n’est pas malheureux en remplissant les emplois publics, si l’on n’y veut obtenir que le témoignage de sa conscience ; on n’est pas malheureux dans la carrière des lettres, si l’on ne pense qu’au plaisir d’exprimer ses pensées, et qu’à l’espoir de les rendre utiles ; on n’est pas malheureux dans les relations particulières, si l’on se contente de la jouissance intime du bien qu’on a pu faire, sans désirer la reconnaissance qu’il mérite ; et dans le sentiment même, si n’attendant pas des hommes la céleste faculté d’un attachement sans bornes, on aime à se dévouer sans avoir aucun but que le plaisir du dévouement même.

2723. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre III. Poésie érudite et artistique (depuis 1550) — Chapitre II. Les tempéraments »

De Nolhac, Lettres de J. du Bellay, Paris, 18S3.

2724. (1899) Le préjugé de la vie de bohème (article de la Revue des Revues) pp. 459-469

Nous l’avons vu expansif, bon garçon, bavard intarissable, racontant au premier venu, devant un bock, ses projets d’art, ses songes, ses émotions, ses amours, galvaudant tout ce que l’homme bien né garde pour lui ou de très rares intimes, étalant son intérieur comme son extérieur : en réalité, sous cette bonhomie ripailleuse, très dénigreur, rongé d’envie, se sachant impuissant, mais retenu dans un monde de ratés par une énorme vanité qui est encore du bourgeoisisme exaspéré, la vanité de serrer des mains célèbres, de figurer parmi les gens de lettres, et de passer pour un martyr de l’idéal.

2725. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XVI. Les derniers temps de la comédie italienne en France » pp. 311-338

Le mardi 4 mai 1697, M. d’Argenson, lieutenant-général de police, en vertu d’une lettre de cachet du roi à lui adressée, et accompagné d’un nombre de commissaires et d’exempts et de toute la robe courte, se transporta à onze heures du matin au théâtre de l’Hôtel de Bourgogne et y fit apposer les scellés sur toutes les portes, non seulement des rues Mauconseil et Française, mais encore sur celles des loges des acteurs, avec défenses à ces derniers de se présenter pour continuer leurs spectacles.

2726. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre IX. Inquiets et mystiques » pp. 111-135

Au cas particulier de M. de Wyzewa, il est sûr qu’il a fini d’aimer les lettres modernes le jour qu’il a cessé de se croire doué d’un talent révolutionnaire.

2727. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre onzième. »

Lettre du vendredi 15 mars 1660, à sa fille.

2728. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. James Mill — Chapitre I : Sensations et idées. »

Nous avons été lié avec une personne à qui nous n’avons point pensé depuis longtemps ; une lettre d’elle, une remarque qu’elle aimait faire et qui est répétée à notre oreille ; ce sont là des circonstances associées avec l’idée de la personne et qui nous la remettent en mémoire.

2729. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame la duchesse d’Angoulême. » pp. 85-102

Les lettres qu’on a citées d’elle, et probablement toutes celles qu’elle a écrites, sont simples, sensées, un peu sèches au fond, et ne présentant rien de remarquable.

2730. (1903) Zola pp. 3-31

La grandeur mélancolique de Chateaubriand, la grandeur de promontoire solitaire, lui échappe ; la sensibilité amoureuse et religieuse de Lamartine lui échappe ou lui répugne ; la tristesse désespérée de Vigny lui échappe, non par elle-même, mais par la discrétion hautaine dont elle s’enveloppe ; la beauté sculpturale ou pittoresque de Victor Hugo et sa musique merveilleuse sont pour lui lettres hébraïques.

2731. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre III. Le Bovarysme des individus »

La prétention d’Ingres non plus ne fut pas injustifiée et des lettres d’Ambroise Thomas attestent la réalité de ses qualités d’exécutant.

2732. (1913) Le bovarysme « Troisième partie : Le Bovarysme, loi de l’évolution — Chapitre I. Le Bovarysme de l’individu et des collectivités »

La mieux appropriée tient dans cet impératif : « Sois en harmonie avec toi-même. » Flaubert, qui se crut peut-être attiré vers l’action et qui se confina dans l’idée, sut conclure vers sa vingtième année à ce précepte dont il livre le talisman dans une lettre à son ami Le Poittevin : « Sibi constat », tel est, dit-il, citant Horace, l’état du sage.

2733. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse psychologique »

Précisons cependant que dans son texte sur Flaubert de 1885, le même Hennequin avait été moins net, diagnostiquant chez l’écrivain, à grand renfort de psychiatrie — il cite une lettre d’un aliéné reproduite dans le Traité des maladies mentales de Morel — une « phrasiomanie » prononcée (« Gustave Flaubert », Revue contemporaine, octobre 1885, p. 170-171).

2734. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « J. K. Huysmans » pp. 186-212

Usant d’une imagination adroite et subtile, il s’emploie à donnera tous ses goûts une nourriture facticement convenable, présente à ses yeux des spectacles combinés, substitue les évocations de l’odorat à l’excercice de la vue, et remplace par les similitudes du goût certaines sensations de l’ouïe, pare son esprit de tout ce que la peinture, les lettres latines et françaises ont d’œuvres raffinées, supérieures ou décadentes, oscille dans sa recherche d’une doctrine qui systématise son hypocondrie, entre l’ascétisme morose des mystiques et l’absolu renoncement des pessimistes allemands.

2735. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre II. Marche progressive de l’esprit humain » pp. 41-66

Les conquêtes d’Alexandre furent un torrent qui ne fit que passer ; toutefois elles répandirent au loin la connaissance de la langue grecque, destinée à servir d’organe aux premiers apôtres de la vérité, aux premiers martyrs de la foi chrétienne, comme elle avait servi auparavant à préparer, par la culture des lettres, et par des doctrines morales, un grand nombre de nations barbares à recevoir la semence de la parole.

2736. (1887) La banqueroute du naturalisme

Mais nos naturalistes à nous, véritables mandarins de lettres, infatués comme Flaubert et comme M. 

2737. (1906) La rêverie esthétique. Essai sur la psychologie du poète

Dans l’état de réflexion, elle va aux faits récents ou prochains, à ce que l’on vient de voir, d’entendre ou de lire, à ce que l’on doit faire, au rendez-vous pris, à la lettre qu’il faut écrire, aux préoccupations de la tâche quotidienne. […] Dans sa première lettre à John Murray, Byron a plaidé avec éloquence la cause de l’artificiel et de l’humain. […] Le lecteur perd l’habitude d’en interpréter aucun à la lettre ; la pensée se trouve ainsi délivrée de l’obligation de prendre une forme définie ; l’idée reste flottante, indécise et libre entre ces mots dont aucun n’a de prise sur elle. […] Voir notamment les Rêveries du promeneur solitaire (5e promenade) et la Lettre à M. de Malesherbes, 26 janvier 1762. […] Sur l’objectivation des personnages dramatiques, voir F. de Curel (Lettre citée par A.

2738. (1858) Du vrai, du beau et du bien (7e éd.) pp. -492

Il y a une part de vérité, d’utilité même, dans les Lettres spirituelles et jusque dans les Maximes des saints. […] Racine assurément ne peut être comparé à Corneille pour le génie dramatique ; il est plus homme de lettres ; il n’a pas l’âme tragique ; il n’aime ni ne connaît la politique et la guerre. […] Dans l’histoire de saint Bruno, il faut particulièrement remarquer saint Bruno prosterné devant un crucifix, le saint lisant une lettre du pape, sa mort, sa glorification. […] Il y a dans les arts, comme dans les lettres et dans la philosophie, deux écoles contraires. […] Si l’intérêt est le principe unique avoué par la raison, le désintéressement est un mensonge et un délire, et à la lettre un monstre incompréhensible dans la nature humaine bien ordonnée.

2739. (1922) Le stupide XIXe siècle, exposé des insanités meurtrières qui se sont abattues sur la France depuis 130 ans, 1789-1919

Seule y échappe une savoureuse bohème de lettres, d’arts ou de science, méconnue par les contemporains, et qui sauvera la cause de l’originalité. […] Une telle déchéance, quand elle existe, n’est jamais limitée aux lettres seules. […] C’est ce qui me permet d’écrire ici ce que tant de gens pensent et disent tout bas : à savoir que l’institution académique, école de servilité dans tous les domaines, est, présentement, plus nuisible qu’utile aux lettres françaises. […] Il est étonnant que des hommes d’un certain âge et d’un certain poids se soumettent à d’aussi humiliantes démarches, ou acceptent d’être confondus avec la tourbe de faux lettrés et de faux savants, qui encombre ces prétendus sanctuaires des Lettres et des Sciences. […] L’esprit est dans les lettres du roi Henri IV, esprit léger, se raillant soi-même, et mesurant le rire à la grandeur.

2740. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Théocrite »

On peut dire à la lettre de la flûte du poëte, comme il le dit volontiers du syrinx de ses bergers, que c’est une flûte à neuf voix ; tous les tons s’y trouvent2. […] Voltaire, avec sa promptitude de goût, ne s’y est pas trompé, et il dit dans une lettre : « Ce Théocrite, à mon sens, était supérieur à Virgile en fait d’églogue. » 2.

2741. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Deuxième partie. — L’école critique » pp. 187-250

Corneille appelle la Poétique un divin traité (Préface du Cid) et il en dit tant qu’on est tenté de prendre cette expression à la lettre. […] Fénelon, dans sa Lettre à l’Académie.

2742. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre VI. La poésie. Tennyson. »

La barque remonte poussée par la marée, « et la morte avec elle, dans sa main droite un lis, dans sa main gauche — une lettre qu’elle avait dictée, toute sa chevelure blonde ruisselant autour d’elle. —  Et tout le linceul était de drap d’or — ramené jusqu’à la ceinture ; elle-même tout en blanc, —  excepté son visage, et ce visage aux traits si purs — était aimable, car elle ne semblait point morte, —  mais profondement endormie, et reposait en souriant1538. » Elle arrive ainsi dans un grand silence, et le roi Arthur lit la lettre devant tous les chevaliers et toutes les dames qui pleurent : « Très-noble seigneur, sir Lancelot du Lac, —  moi qu’on appelait quelquefois la vierge d’Astolat, —  je viens ici, car vous m’avez quittée sans prendre congé de moi ; —  je viens ici afin de prendre pour la dernière fois congé de vous. —  Je vous aimais, et mon amour n’a point eu de retour. —  C’est pourquoi mon fidèle amour a été ma mort. —  C’est pourquoi, devant notre dame Ginèvre — et devant toutes les autres dames, je fais ma plainte. —  Priez pour mon âme et accordez-moi la sépulture. —  Prie pour mon âme, toi aussi, sir Lancelot, —  car tu es un chevalier sans égal1539. » Rien de plus ; elle finit sur ce dernier mot, plein d’un regret si triste et d’une admiration si tendre : on aurait peine à trouver quelque chose de plus simple et de plus délicat.

2743. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Le drame de Faust par Goethe » pp. 81-160

Au lieu de lui demander ces œuvres sérieuses que l’Italie, la France, l’Angleterre font produire à leurs grands hommes de lettres, les Allemands rêvent, et nous pensons. […] Il y connut tout ce qui illustrait alors l’Allemagne dans les lettres ; il commença lui-même à s’y faire connaître comme un jeune écrivain et comme un futur poète d’un immense avenir.

2744. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLe entretien. Littérature villageoise. Apparition d’un poème épique en Provence » pp. 233-312

Il y a ici un demi-chant descriptif de la moisson, cette bénédiction de l’homme des champs, cette fructification de la terre par la charrue, qu’il faudrait copier en lettres d’or comme un catéchisme des chaumières. […] Nous ne sommes pas fanatique cependant de la soi-disant démocratie dans l’art ; nous ne croyons à la nature que quand elle est cultivée par l’éducation ; nous n’avons jamais goûté avec un faux enthousiasme ces médiocrités rimées sur lesquelles des artisans dépaysés dans les lettres tentent trop souvent, sans génie ou sans outils, de faire extasier leur siècle ; excepté Jasmin, un grand épique, mais qui a trop bu l’eau de la Garonne au lieu de l’eau du Mélès ; excepté Reboul, de Nîmes, qui est né classique et qui semble avoir été baptisé dans l’eau du Jourdain, le fleuve des prophètes, au lieu du Rhône, le fleuve des trouvères, nous n’avons vu, en général, que des avortements dans cette poésie des ateliers.

2745. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIIIe entretien. Littérature politique. Machiavel (2e partie) » pp. 321-414

Deux princesses saxonnes, deux sœurs, l’une duchesse douairière, l’autre grande-duchesse régnante, rappelaient par leurs grâces et par leur amour des lettres ces princesses italiennes de la maison d’Este à Ferrare, parmi lesquelles le Tasse et l’Arioste trouvaient des modèles poétiques ou des protectrices adorées. […] Il eut un seul tort de jugement, à mes yeux, sur la fin de sa vie, ce fut d’abdiquer la république vénitienne dans une lettre aux Italiens pour leur conseiller de se monarchiser sous le sceptre du roi de Piémont.

2746. (1890) L’avenir de la science « XV » pp. 296-320

Il est vrai à la lettre qu’aucune grande religion n’est morte jusqu’ici et que les plus maltraitées, parsisme, samaritanisme, etc., vivent encore dans la croyance de quelque tribu ou reléguées dans quelque coin du globe. […] Mais cela forme, ce semble, une objection tout à fait sans réponse contre ceux qui s’obligent à trouver dans chacun de ces récits une histoire vraie à la lettre et jusque dans ses moindres détails.

2747. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre VII, seconde guerre médique. »

— Mais souvent la lettre tue en matière d’oracle, et elle tua, en effet, ceux qui traduisirent littéralement celui-ci, puisqu’ils périrent dans leur rempart vermoulu. […] L’oracle de Bacis fut accompli à la lettre : « Les femmes de Colias feront rôtir avec des rames. » Le soir, cette Armada de l’Asie n’était plus qu’une nuée crevée par la foudre, qui s’écroulait à l’horizon.

2748. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre onzième. La littérature des décadents et des déséquilibrés ; son caractère généralement insociable. Rôle moral et social de l’art. »

Victor Hugo nous a conservé de lui une lettre. « … On a dans l’âme quelque chose qui bat plus fortement pour nous que pour la foule. […] Lettre d’Ymbert Galloix. — Littérature et philosophie mêlées, vol. 

2749. (1857) Cours familier de littérature. IV « XIXe entretien. Littérature légère. Alfred de Musset (suite) » pp. 1-80

C’est la lettre à Lamartine, une des plus fortes et des plus touchantes explosions de sa sensibilité souffrante. Écoutez : Lettre à M. de Lamartine.

2750. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXe entretien. Dante. Deuxième partie » pp. 81-160

» Dante la lit en lettres noires sur la porte. […] » XXIV Après ces belles strophes Dante retombe dans les plus singulières trivialités de style, faisant figurer par les danses des âmes heureuses les lettres de l’alphabet.

2751. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIIIe entretien. I. — Une page de mémoires. Comment je suis devenu poète » pp. 365-444

Cette prodigieuse contention d’une pensée unique, dans un homme qui n’a certainement pas eu une heure de détente ou de délassement dans sa vie, ne devait cependant pas abréger ses jours, car il y a très peu de temps que j’ai reçu une lettre d’un de ses neveux qui me recommandait quelque chose ou quelqu’un en son nom. Cette lettre me disait que le saint vieillard ne m’écrivait pas lui-même, parce qu’il pensait que les opinions et les événements avaient élevé trop de barrières entre lui et moi.

2752. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Massillon. — II. (Fin.) » pp. 20-37

On a imprimé deux lettres de Massillon à l’abbé de Louvois, écrites de Paris en 1701, pendant le voyage du jeune abbé en Italie.

2753. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Froissart. — I. » pp. 80-97

Dans ce pays qui a conservé sans interruption le culte du gothique fleuri et de la noblesse chevaleresque, Froissart n’a pas cessé d’être apprécié, ou du moins il a de bonne heure retrouvé des lecteurs d’élite et des admirateurs, non pas seulement chez les savants et les érudits comme en France, mais chez les hommes de lettres et les curieux délicats.

2754. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Charron — I » pp. 236-253

Or ce grand bouillon de colère et indignation étant aucunement refroidi, et là-dessus ayant ouï parler des gens de toute sorte, consultant à part moi souvent de ce qu’en conscience il en faut tenir et croire, enfin je me suis aperçu bien changé… Il est à remarquer que la date de cette lettre, qui est d’avril 1589, coïncide avec les premiers temps de la connaissance que fit Charron de Montaigne37 : je n’irai pas jusqu’à conjecturer que, dès les premiers entretiens, Montaigne fut pour quelque chose dans ce changement de Charron.

2755. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Les Caractères de La Bruyère. Par M. Adrien Destailleur. »

L’homme de mérite et aussi l’homme de lettres en lui avaient secrètement souffert.

2756. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Le Poëme des champs par M. Calemard de Lafayette. »

Quand l’auteur des Épaves dit à son jeune ami : Vis et chante à l’écart ; dans tes rimes heureuses, Réfléchis les splendeurs du tranquille univers ; A la fleur, à la femme, à ces choses trompeuses, Ne prends que les parfums qu’il te faut pour tes vers ; quel poëte voudrait suivre à la lettre ce conseil après avoir lu M. 

2757. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Journal de la santé du roi Louis XIV »

Plus de quarante ans après (1705), s’étant mis un jour à remuer et à feuilleter un grand nombre d’anciennes lettres d’amour et d’anciens papiers très-parfumés, il sentit redoubler ses vapeurs ; mais ce sont là des incidents et non des causes : elles nous échappent.

2758. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Ernest Renan »

Dieu m’est témoin, vieux pères, que ma seule joie, c’est que parfois je songe que je suis votre conscience, et que, par moi, vous arrivez à la vie et à la voix. » Et voilà l’homme qu’une partie de la jeunesse française refuserait d’écouter avec respect, parlant dans sa chaire des études et des lettres religieuses et sacrées, sous prétexte qu’il a, comme critique, des opinions particulières !

2759. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Térence. Son théâtre complet traduit par M. le marquis du Belloy (suite et fin.) »

Vous connaissez le tableau de Meissonier, la Confidence, ce jeune amoureux qui, à la première lettre reçue, n’a de cesse qu’il n’ait versé son secret dans le sein d’un ami plus expérimenté, et qui, après le déjeuner qu’il pavera, au dessert, lit avec feu cette missive si tendre à l’ami tranquille et satisfait qui écoute et qui digère.

2760. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, — Antiquité et Moyen Âge — Par M. J. Zeller. (Suite et fin.) »

Fustel de Coulanges, professeur d’histoire à la Faculté des lettres de Strasbourg (un vol. in-8° ; Durand, rue des Grès, 7).

2761. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — Lamennais, Affaires de Rome »

Si l’on relit ses mélanges extraits du Conservateur et du Mémorial catholique, ses beaux pamphlets, de la Religion considérée dans ses rapports avec l’Ordre politique et civil (1826), des Progrès de la Révolution(1829), ses deux Lettres à l’Archevêque de Paris (mars et avril 1829), on l’y voit ne jamais séparer dans son anathème les doctrines libérales ou démocratiques d’avec les doctrines hérétiques et impies, subordonner le prince au Pape, l’épiscopat à Rome, soutenir en tout et partout l’intervention et la prédominance légitime du pur catholicisme.

2762. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine, Recueillements poétiques (1839) »

La Lettre à M. de Cazalès sur la Politique rationnelle était encore dans cette première mesure.

2763. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre IV »

Zola conçut la formule naturaliste comme une « méthode scientifique appliquée aux lettres ».

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