Raphaël est un livre d’amour écrit avec de prodigieux défauts, mais aussi avec des qualités rares, par la plume de ce temps-ci la plus riche, la plus abondante et la plus flexible. […] Pour moi qui, en qualité de critique, suis de ce lendemain plus que je ne veux, je me demande, après avoir lu Raphaël non pas s’il y a assez de beautés pour nous toucher çà et là et pour ravir les jeunes cœurs avides et qui dévorent tout ; mais je me demande si les esprits devenus avec l’âge plus délicats et plus difficiles, ceux qui portent en eux le sentiment de la perfection, ou qui seulement ont le besoin du naturel jusque dans l’idéal, ne sont pas arrêtés à tout moment et ne trouvent pas, à cette lecture, plus de souffrance de goût que de jouissance de cœur et d’émotion véritable.
Et de l’effort que chaque artiste fait à rendre ce qui le frappe et le touche, provient son style individuel, la particularité de son vocabulaire et de sa syntaxe, qui révèle, le plus sûrement la qualité intime de son intelligence. […] Il s’accoutume à forger des substantifs avec des adjectifs déformés, parce que l’accident, la qualité qu’exprime l’adjectif lui paraît plus importante que l’état, rendu par le substantif.
Assurons-nous qu’elle possède toutes ces qualités en y ajoutant ses dons spéciaux. […] Bersot, en qualité de président de l’Académie des sciences morales et politiques.
Le peuple italien, arrêté ainsi dans son évolution normale, développe unilatéralement ses plus précieuses qualités. […] Naturalisme mystique, individualisme, intuition, passion, sens esthétique et sens pratique, qualités surtout païennes, que la servitude politique a développées jusqu’à les gâter souvent.
C’est à elle que Louis XIV dut les principales qualités de son âme ; cette droiture, ennemie de la dissimulation, et qui ne sut presque jamais s’abaisser à un déguisement ; cet amour de la gloire qui, en élevant ses sentiments, lui donnait de la dignité à ses propres yeux, et lui faisait toujours sentir le besoin de s’estimer ; cette application qui, dans sa jeunesse même, fut toujours prête à immoler le plaisir au travail ; cette volonté qui savait donner une impulsion forte à toutes les volontés, et qui entraînait tout ; cette dignité du commandement qui, sans qu’on sache trop pourquoi, met tant de distance entre un homme et un homme, et au lieu d’une obéissance raisonnée, produit une obéissance d’instinct, vingt fois plus forte que celle de réflexion ; ce désir de supériorité qu’il étendait de lui à sa nation, parce qu’il regardait sa nation comme partie de lui-même, et qui le portait à tout perfectionner ; le goût des arts et des lettres, parce que les lettres et les arts servaient, pour ainsi dire, de décoration à tout cet édifice de grandeur ; enfin, la constance et la fermeté intrépide dans le malheur, qui, ne pouvant diriger les événements, en triomphait du moins, et prouva à l’Europe qu’il avait dans son âme une partie de la grandeur qu’on avait cru jusqu’alors n’être qu’autour de lui. Mais le même caractère, qui peut-être donna à Louis XIV toutes ces qualités, fit aussi la plupart de ses défauts.
De quelle qualité ? […] Mais, s’y connaissant bien finement en la qualité de chevalerie, il le sut. […] Mais ces traits, qui caractérisent, selon moi, la nature morale bretonne ou celtique, n’ont à ses yeux, qu’une qualité plus banale : ils sont « romantiques ». […] Voilà la qualité vraie de son génie. […] Plus d’illusion possible sur la qualité et la valeur de l’invention, de l’idée, du sentiment, du mouvement inspirateur.
Il s’était amusé à traduire un petit discours latin prononcé dans l’Assemblée générale de Sorbonne le 23 décembre 1780 par l’abbé Cotton des Houssayes, bibliothécaire de la maison, et où toutes les qualités et les devoirs du parfait bibliothécaire sont exposés avec élégance et candeur (Techener, 1839) : L’auteur de ce petit chef-d’œuvre presque inconnu, disait M.
Un de nos camarades nommé Vignon, avait fait un travail sur Louise Labé, dans lequel, en sa qualité de Lyonnais et de fervent catholique, il avait surfait beaucoup le mérite et surtout la chasteté de son héroïne.
Et cela, jusqu’à un certain point, est vrai : car, même avec tous ces défauts, avec toutes ces lacunes et ces creux qui se révèlent dans leurs pensées habituelles et dans la forme de leur caractère, la société ébranlée est encore trop heureuse de les avoir rencontrés un jour et de s’être ralliée à deux ou trois des qualités souveraines qui sont en eux : elle doit désirer de les conserver le plus longtemps possible, et tant qu’il porte et s’appuie sur leurs épaules même inégales, il semble que l’État dans son penchant ait encore trouvé son meilleur soutien.
N’étant pas Mme Sand, je ne décrirai rien, et je ne les nommerai même pas, de peur de faire quelque grossière confusion : ce que je sais bien, c’est que c’étaient des fleurs rares, de qualité ; nobles de port, vives ou tendres de couleur, exquises de parfum.
Charles ne commence à se dessiner et à se faire homme que du moment qu’il aime ; encore la monotonie et la généralité de ses transports accusent toujours ce qui lui manque de qualités positives et d’habitude de la vie.
Vous connaissez l’Orphée, et je n’ai point à vous en parler ; mais à Ballanche, à Quinet (dans son Voyage en Grèce), il manque un peu trop, pour correctif de leur philosophie concevant et refaisant la Grèce, quelque chose de cette qualité grecque fine, simple et subtile, négligée et élégante, railleuse et réelle, de Paul-Louis Courier, ce vrai Grec, dont la figure, la bouche surtout, fendue jusqu’aux oreilles, ressemblait un peu à celle d’un faune.
Ceux-là sont les seuls modèles qui réunissent à la fois toutes les qualités littéraires.
Les lendemains des rêves sont dangereux, surtout quand ces rêves furent d’une qualité un peu basse.
Dans le premier et le quatrième se retrouvent la plupart des qualités d’Henry Bataille : véritable instinct du théâtre, aisance du dialogue, style à la fois serré et fin, d’une désinvolture aiguë et charmante, mots spirituels et profonds d’auteur dramatique, comme le : « Enfin, un homme !
Je soupçonne que, de tous ses livres, c’est celui-là, qu’il préfère encore, non peut-être pour sa perfection poétique, mais pour la qualité de l’émotion qui s’en dégage, pour sa jeunesse attendrie.
On sentait, derrière sa modestie, les qualités essentielles du savant, la droiture et l’indépendance du caractère, la sincérité absolue de l’esprit.
. — Concours de Molière, La Fontaine, Boileau et Racine, pour exalter les brillantes qualités du roi. — Ils favorisent le règne naissant de la galanterie.
Ajoutez à l’une des deux premières qualités quelque circonstance rare, éclatante ; et le vrai sera beau, et le bon sera beau.
Comme on s’obstina bien longtemps dans la comparaison fatale entre la Restauration des Bourbons et la Restauration des Stuarts, et, plus tard, comme on voulut voir de mystérieuses identités entre la Révolution de 1830 et la Révolution de 1688, de même aujourd’hui la fin d’une République, l’ascendant dynastique d’un homme qui semble avoir absorbé si profondément dans sa gloire le nom de César que, quand on le prononce, c’est à Napoléon qu’on pense, aux qualités impériales retrouvées dans le neveu du César moderne de manière à rappeler involontairement le neveu du César ancien, toutes ces diverses circonstances ont introduit dans les esprits la préoccupation de la grande époque romaine et fait regarder beaucoup la nôtre à travers… Le titre du livre de l’abbé Cadoret semble tout d’abord rappeler cette préoccupation contemporaine.
En effet, pour nous du moins, Furetière romancier est, surtout et avant tout, un réaliste, un réaliste beaucoup plus fort que nos blafards réalistes d’à-présent, car il a de la couleur, du repoussé, du relief, des qualités chaudes qui rendent la copie de la réalité plus intense, et qui, par là, touchent à l’idéal ; — mais c’est un réaliste et rien de plus !
De ce que vous ne saisissez pas l’utilité immédiate d’un acte, il n’empêche que, du moment qu’il a nécessité pour sa production les qualités les plus viriles, par exemple le mépris de la mort, il est beau, utile.
Toutes ces qualités appartenaient à l’âge héroïque de la Grèce.
La question principale : pourquoi l’Angleterre est-elle ce qu’elle est, et en vertu de quelle qualité ? […] Toute qualité a un défaut qui lui correspond, et par conséquent nous avons toujours presque fatalement les défauts qui correspondent à nos qualités. […] J’ai dit les qualités générales et les défauts de ce beau livre. […] Elle aura toutes les qualités, mais aussi toutes les imperfections de son auteur. […] Or Sterne ne possède au plus petit degré aucune de ces qualités.
Que de hautes qualités intellectuelles et surtout morales elle exige ! […] On perfectionne par la critique le simple talent ; mais corriger le génie de ses défauts est une expression qui n’a guère de sens, si les défauts sont la condition, la rançon de qualités qui, sans eux, n’existeraient pas. […] Il faut faire tout son possible pour les changer en qualités : ce qui est bien différent. […] N’oublions pas qu’on réussit dans le monde par ses défauts autant que par ses qualités, et que le succès tient à une juste proportion entre les uns et les autres. […] Il ne faut donc pas exagérer, par une espèce de superstition, le prix de cette qualité littéraire et morale, en la logeant trop haut, dans une région presque inaccessible.
C’est là que l’« homme de qualité » voit des Grieux et Manon. […] Et l’on ne refusera pas à Le Dantec la qualité d’un intrépide logicien. […] René Descharmes a d’autres qualités que celles-là. […] L’on y retrouve les mêmes caractères, qualités ou défauts. […] Pierre Hamp déclare le céramiste supérieur au cuisinier, mais pour une fine raison de qualité morale.
Aussi je ne connais personne qui songe à nier les qualités de peintre de M. […] S’il est une qualité que M. […] Quel que puisse être l’avenir du réalisme, il y a dans les premières œuvres de ce jeune écrivain des qualités indépendantes de tout parti pris, qui lui ont déjà fait un public à lui. […] On a prétendu que les roturiers n’avaient pas qualité pour peindre la vie du grand monde. […] C’est à prendre ou à laisser, mais dès qu’en bien ou en mal vous avez été impressionné, l’effet d’idéalisme est obtenu ; il n’y a plus à s’entendre que sur la qualité.
Villemain ont offert, réunies en eux, plusieurs des qualités que je viens d’énumérer : M. […] Raynouard, dont le gouvernement comme secrétaire perpétuel dura neuf ans (1817-1826), n’eurent jamais rien de cette finesse, de ces qualités peu marquées, mais distinguées, qu’offrait la manière de Suard. […] Étant directeur en 1824 et présidant en cette qualité la réunion publique des quatre Académies le 24 avril, il ouvrit la séance par un discours qui fut une véritable déclaration de guerre et une dénonciation formelle du Romantisme ; « Un nouveau schisme littéraire, disait-il, se manifeste aujourd’hui.
La Bruyère passa le reste de ses jours à l’hôtel de Condé à Versailles, attaché au prince en qualité d’homme de lettres avec mille écus de Pension. D’Olivet, qui est malheureusement trop bref sur le célèbre auteur, mais dont la parole a de l’autorité, nous dit en des termes excellents : « On me l’a dépeint comme un philosophe, qui ne songeoit qu’à vivre tranquille avec des amis et des livres, faisant un bon choix des uns et des autres ; ne cherchant ni ne fuyant le plaisir ; toujours disposé à une joie modeste, et ingénieux à la faire naître ; poli dans ses « manières et sage dans ses discours ; craignant toute sorte d’ambition, même celle de montrer de l’esprit138. » Le témoignage de l’académicien se trouve confirmé d’une manière frappante par celui de Saint-Simon, qui insiste, avec l’autorité d’un témoin non suspect d’indulgence, précisément sur ces mêmes qualités de bon goût et de sagesse : « Le public, dit-il, perdit bientôt après (1696) un homme illustre par son esprit, par son style et par la connoissance des hommes ; mes ; je veux dire La Bruyère, qui mourut d’apoplexie à Versailles, après avoir surpassé Théophraste en travaillant d’après lui et avoir peint les hommes de notre temps dans ses nouveaux Caractères d’une manière inimitable. […] Charpentier, qui, en sa qualité de partisan des anciens, le mit lourdement au-dessous de Théophraste ; la phrase, dite en face, est assez peu aimable : « Vos portraits ressemblent à de certaines personnes, et souvent « on les devine ; les siens ne ressemblent qu’à l’homme.
Ce plaisir varie de qualité selon les genres : dans la comédie, c’est le rire. […] Boileau ne semble pas s’apercevoir qu’il y a là deux principes très différents de classification des genres, et que des poèmes à forme fixe tels que la ballade et le sonnet, qu’on est obligé de caractériser à la mode antique, par leur forme métrique, et qui peuvent recevoir toutes les idées et tous les sentiments de tout ordre, ne sont pas du tout des genres comparables à l’élégie ou à la tragédie, ni à tous les autres, où, sous-entendant les conditions particulières de versification et de disposition métrique, il détermine surtout la nature du modèle à imiter et la qualité de l’émotion à produire. […] Alors l’ouvrage n’est plus élégant, il n’est plus noble, qualités qui dirigent notre gratitude vers une intelligence : il est sublime, et nous emplit tout entiers de son objet.
Il semble d’ailleurs avoir eu qualité pour caractériser, au nom des grands écrivains du dix-septième siècle, la manière dont ils ont imité les anciens ; ce qu’il dit de la sienne leur est commun à tous : Quelques imitateurs, sot bétail, je l’avoue, Suivent en vrais moutons le pasteur de Mantoue ; J’en use d’autre sorte, et, me laissant guider, Souvent à marcher seul j’ose me hasarder. […] La Fontaine s’en est affranchi ; ses défauts sont siens comme ses qualités ; s’il sommeille de temps en temps, comme Homère, personne n’a attaché un oripeau à sa muse. […] Nature heureuse entre toutes, il a les qualités sans les défauts, il peut aimer sans haïr, et il sait garder, jusque dans la perfection, je ne sais quelle aisance qui donne à la pureté de son goût l’air d’un instinct.
C’est qu’il y a dans La Walküre une rare plénitude de sentiments humains, de grandes, de puissantes qualités de mouvement scénique, et au milieu d’une luxuriante floraison de mélodies passionnelles, tout un côté pittoresque, un étincelant paysage musical qui a ravi l’oreille des auditeurs. […] Elle a chanté le rôle avec une généreuse vaillance, des qualités peu communes de musicienne et d’actrice. […] Il existe des enregistrements sonores, et, malgré leur piètre qualité, on perçoit une voix immense et souple.
Pourquoi donc ces longues dissertations sur l’harmonie, sur la période et sur toutes les qualités du style ? […] Ses hautes facultés, appréciées de tous ceux qui l’avaient vu dès l’enfance, le firent attacher en qualité de chanoine (1775) à l’évêque de Tréguier, et il le suivit dans son diocèse. […] Ces calomnies sont réfutées par les pièces mêmes de la comptabilité officielle : elles le sont mieux encore par les Mémoires de Napoléon, qui reconnaît à la fois le faible de l’homme et son fonds d’intégrité ; il y est dit : « Il aimait l’argent, mais il était d’une probité sévère, ce qui plaisait fort à Napoléon ; c’était la qualité première qu’il estimait dans un homme public. » Il fut, en 1832, assez malade de la grippe pour que sa tête s’en ressentît.
Cependant, quoique à chaque ouvrage qui paraissait, il y eût un dépouillement plus profond des qualités qu’on pouvait remarquer encore dans l’ouvrage qui avait précédé, c’est particulièrement dans ces dernières années que M. […] La maison de Bourbon, brillante de qualités qu’il faut reconnaître, malgré le prestige d’une attitude chevaleresque et l’éclat de l’épée, qui sera toujours la fascination irrésistible dans une nation de soldats, la maison de Bourbon est morte… de ses mauvaises mœurs. […] Ni donc, en ces sortes de femmes, le degré plus ou moins profond de corruption, ni même des qualités restées saines et charmantes, ne peuvent entrer en considération avec le mal absolu d’un vice élevé jusqu’à la hauteur d’une fonction !
Octave Feuillet, imitateur d’Alfred de Musset à la scène, — d’Alfred de Musset qui n’y est lui-même qu’un charmant fantaisiste ; — Octave Feuillet, esprit mince, talent flexible, d’observation quelquefois piquante, mais toujours sans profondeur dans le roman, — lequel demande tant de profondeur pour n’être pas vulgaire, — a précisément dans la pensée les qualités féminines qu’il faut pour réussir dans ce temps énervé. […] Macaulay a dit un jour que la biographie de Johnson était d’autant meilleure que Boswell, cette espèce de laquais, n’avait absolument que les qualités littéraires du laquais, et qu’on voyait mieux Johnson à travers le vide de talent de son biographe qu’à travers la lumière de son talent, s’il en avait eu. […] Je n’ai jamais manqué de parler de lui quand il a publié quelque chose, et j’aurais, je l’avoue, aimé à me taire sur son nouveau livre, parce que ce livre n’ajoute pas aux qualités de son auteur et à l’estime que je fais de lui.
Et d’abord, il n’est pas inutile de passer en revue quelques-unes des catégories innombrables auxquelles ils appartiennent, car, selon leur rang social, leur degré d’affinement ou de rusticité, ils offrent à l’écrivain des ressources ou des difficultés particulières, ils ont des qualités ou des défauts littéraires qui influent naturellement sur le choix du sujet. […] Mais que d’autres qualités il faudrait encore ! […] J’allais, un peu en arrière, intimidé par cette qualité de profane et d’intrus, que tout me rappelait, mon costume, les grands corridors blancs, les images pendues aux murs, le silence, la démarche grave et recueillie de la supérieure générale qui nous précédait, vieille femme à qui obéissaient les deux cent vingt monastères du Bon-Pasteur répandus dans le monde entier.
Zola romancier, talent robuste, qui étonne tour à tour par de grandes qualités et de graves défauts. […] Il n’a ni compétence pour parler physiologie, ni qualité pour le faire ; et je voudrais voir, je l’avoue, quelqu’un de nos médecins illustres, ayant du goût et sachant écrire, — c’est le cas de plus d’un, — se donnant un de ces jours la peine d’examiner et de réduire à sa valeur vraie la soi-disant physiologie des matérialistes, arrachant à ces prétendus savants la robe de docteur dont ils s’affublent pour imposer à une galerie ignorante. […] J’accorde que les romanciers nous ont plus d’une fois fatigué avec leurs marquises et leurs comtesses ; il en est que la qualité entête tout simples bourgeois qu’ils soient nés, et qui, comme tel personnage de Molière « ne parlent jamais que duc, prince ou princesse ».
La première de ces deux vérités, c’est que les hommes avaient peur de lui lorsqu’il se présentait devant eux sous sa vraie figure et qu’il déclinait son nom et ses qualités. […] Il manque à toutes nos qualités ce sel que donnent la fermeté et la véracité. […] Le chevalier de la Manche résume en effet toutes les qualités qui plaisent à l’humanité dans le caractère espagnol, sans aucun des défauts et des vices qu’elle a condamnés. […] Flatteur, sans être rampant, familier sans être importun, il savait respecter vos bonnes qualités et ne caressait jamais que vos défauts. Un instinct secret semblait l’avertir que les qualités supérieures de l’hypocrisie et de la fourberie lui manquaient pour exploiter ce qu’il y avait en vous de bonnes qualités, et qu’il devait se borner à être le flatteur de vos travers et pour ainsi dire le camarade de vos plaisirs.
Qui ne reconnaîtrait là une de ces qualités occultes dont vivait la scolastique, et que la science moderne tend partout à éliminer ? […] Oui, la perfection est la raison d’être ; si je suppose en effet un être qui n’ait aucune espèce de perfection, c’est-à-dire aucune qualité précise et déterminée, qui ne soit ni ceci ni cela, qui n’ait enfin aucun attribut, je ne puis lui supposer aucune raison d’existence, et, étant un néant d’essence, il est en même temps un néant d’être. […] Dès lors, pourquoi ne pas admettre, quand même on ne le comprendrait pas davantage, que cet infini d’existence, d’espace et de durée est infini dans tous les sens et absolu dans tout ce qu’il est, dans tous ses attributs et dans toutes ses qualités ? […] Quoique je ne comprenne pas comment l’infini de qualité peut être réalisé, je n’y vois cependant pas de contradiction, car l’infini d’espace et de temps (soit qu’on l’entende comme une présence réelle dans l’espace et dans le temps, ou comme une présence transcendante et éminente), ce double infini n’est pas moins incompréhensible que l’infini de qualité, et pourtant M. […] Il est à la fois un infini de quantité et un infini de qualité : c’est là ce que les scolastiques appellent l’infini d’extension et l’infini d’intensité.
Ces qualités qui se nuisent d’ordinaire dans les autres, semblent, en lui, se donner mutuellement la perfection ; et cette perfection est si sensible et si reconnuë, qu’il faut être aveugle pour ne la pas voir, et insensé pour n’en pas convenir. à suivre d’autres mémoires, Homere n’étoit qu’un homme. […] On allegue contre ce sentiment, que si c’eut été là le dessein du poëte, il n’auroit pas terni le caractere de son héros par tant de mauvaises qualités. étoit-ce un bon moyen d’enlever l’admiration pour lui, que de le faire superbe, injuste et cruel ? […] C’est que toutes ces qualités se trouvent dans un poëme d’Homere qui a réussi, et, ce qui est encore plus considérable, approuvé par Aristote et par Horace. […] Sur ce pied-là, on voit à tout moment dans l’iliade, les attributs révoltés contre leur essence commune, et les passions ne portent pas plus de trouble dans le coeur de l’homme, que les qualités divines en causent dans l’ame de Jupiter. […] Ainsi Homere donne à chacun de ses héros, des qualités propres et dominantes qui le distinguent ; mais malgré ces différences, il leur laisse encore en commun des qualités générales ; et c’est par ce côté de ressemblance que je les envisage d’abord.
Paul Bourget en réalise un exemple d’une qualité rare. […] Évidemment, l’ordre et la sobriété classiques ne sont pas les qualités dominantes de M. […] Mais ce sentiment si fin révèle bien la qualité des poèmes idylliques de M. de Pomairols. […] Sa phrase n’a ni rythme, ni nombre, ni timbre, nulles qualités musicales. […] Il blâme ceux qui ne donnent qu’à une certaine qualité de vie le nom de beau.
C’est au christianisme, c’est-à-dire au plus grand phénomène religieux de l’histoire, que Renan appliqua ses qualités d’érudit, de peintre et de psychologue. […] Ses études théologiques ont développé en lui les qualités du critique et du savant et l’ont dégoûté des systèmes métaphysiques. […] Il fallait songer à placer le jeune garçon dans un milieu où il pût satisfaire son goût pour l’étude et développer les rares qualités qu’il avait déjà manifestées. […] Ses rares qualités d’esprit, sa prodigieuse ardeur au travail, avaient mis Taine hors de pair. […] D’où lui venaient ces rares et séduisantes qualités ?
Gausson, tu as encore une autre qualité. […] Zola les défauts de ses qualités. […] Quelle ambition : s’asseoir, en qualité de romancier, entre M. […] Quand M. de Saint-Auban prend la plume, ses qualités semblent l’abandonner. […] On ne vous demande pas vos qualités.
C’est méconnaître les qualités pratiques dont il fit preuve dans toute cette affaire. […] Les qualités dont il était pourvu avec abondance sont de celles qu’on n’a aucun droit de confondre avec les qualités littéraires. […] L’exactitude et la sûreté qui sont les qualités habituelles des travaux de M. […] Il avait d’abord toutes les qualités du cœur, ce qui est quelque chose, même pour un écrivain. […] Cela déjà nous renseigne amplement sur la qualité de son mysticisme.
2° Le gros du monde, même des gens d’esprit, est dupe des genres : il admire à outrance, dans un genre noble et d’avance autorisé, des qualités d’art et de talent souvent moindres que celles qu’il laissera passer inaperçues dans des genres moyens non titrés.
On y trouvera une surabondance d’énergie et de couleurs, une gymnastique un peu folle, l’excès des qualités qui dominent dans son art.
Il leur emprunte, à chacun, la qualité particulière de leur lyrisme, voire même des expressions qui leur sont propres, au point que, par exemple, lue isolément, la strophe que je signale serait attribuée au poète des Voix de la montagne .
Avoir reçu du Ciel une imagination vive & féconde, un jugement aussi exquis que solide ; allier à l’étendue du savoir une profonde sagesse ; aux charmes de l’éloquence l’empire de la vertu ; à l’élévation des dignités un amour aussi éclairé qu’intrépide pour le bien ; avoir ajouté à ces qualités une application infatigable à cultiver ses talens, une modestie sincere, la véritable parure du mérite : tel est le privilége heureux qui distingue ce Grand Homme, à qui les hommages ne peuvent être trop prodigués.
Helvétius, en passant rapidement sur l’abus de ses talens, en plaignant ses illusions, en rendant justice aux bonnes qualités que je lui avois reconnues, & en m’indignant, par intérêt pour lui, contre une fausse Philosophie qui fut toujours l’ennemie de sa réputation & de son repos.
Il n'en faut pas davantage ; car de qualité je n'en ai point ».
Mais pour n’avoir pas distribué l’art de la peinture en cinq parties, ni divisé ce qu’on appelle en general l’ordonnance, en composition pittoresque et en composition poëtique, il tombe dans des propositions insoutenables, comme est celle de placer au même degré de sa balance Paul Veronése et le Poussin en qualité de compositeurs.
Faibles de donnée et d’exécution, entre Scarron et mademoiselle de Scudéry, sans les qualités et le relief de l’un et de l’autre, les Mémoires de Hollande pouvaient rester dans l’ombre où le Temps, juste, cette fois, les avait mis.
Vieillissement et durée appartiennent à l’ordre de la qualité.
L’ordre et la clarté, ces qualités exquises, sont-elles donc presque toujours inconciliables avec l’abondance et l’intensité de la flamme sacrée ? […] C’est que les qualités sérieuses et vraies survivent aux défauts inhérents à l’époque et au milieu où l’on vit. […] Il faut nous demander lequel nous préférons, du génie qui a le plus de qualités ou de celui qui a le moins de défauts. […] Toute sa vie, il avait aspiré à épouser une femme de qualité, à n’avoir plus de dettes, à trouver dans son chez-soi des soins, de l’affection, une société intellectuelle. […] S’il se blessait vite, s’il boudait longtemps, il avait du moins cette inappréciable qualité qu’il ne résistait pas au repentir des torts qu’on avait eus envers lui.
Ceux-ci tenaient le jour d’un Joseph Béjart, auquel plusieurs actes donnent tantôt la qualité de procureur au Châtelet de Paris, tantôt celle d’huissier du Roi ès eaux et forêts. […] C’était chez eux, chez le premier surtout, que les jeunes gens allaient s’instruire des qualités indispensables aux hommes qui voulaient fréquenter les cercles des « chères ». […] Elle fut interdite, Somaize33 nous l’apprend, par l’influence d’un « alcoviste de qualité ». […] « En ce même temps, dit La Grange, M. de Molière a reçu pension du Roi en qualité de bel esprit, et a été couché sur l’état pour la somme de 1 000 livres. […] Molière l’avait accompagné, ou plutôt précédé, en sa qualité de tapissier valet de chambre51.
Cela est d’autant plus étrange que l’empereur Napoléon III voyait fort bien qu’il n’avait ni aptitudes, ni pratique pour la guerre, et qu’il savait que la France avait perdu à cet égard toutes ses qualités. […] Les principes que je disais tout à l’heure sont bien des principes français, en ce sens qu’ils sortent logiquement de notre philosophie, de notre révolution, de notre caractère national avec ses qualités et ses défauts. […] Toujours légère et inconsidérée, la France avait à la lettre oublié qu’elle avait insulté il y a un demi-siècle la plupart des nations de l’Europe, et en particulier la race qui offre en tout le contraire de nos qualités et de nos défauts. […] Joignez-y la science, la critique, l’étendue et la précision de l’esprit, toutes qualités que développe au plus haut degré l’éducation prussienne, et que notre éducation française oblitère ou ne développe pas ; joignez-y surtout les qualités morales et en particulier la qualité qui donne toujours la victoire à une race sur les peuples qui l’ont moins, la chasteté 5, et vous comprendrez que, pour quiconque a un peu de philosophie de l’histoire et a compris ce que c’est que la vertu des nations, pour quiconque a lu les deux beaux traités de Plutarque, De la vertu et de la fortune d’Alexandre. […] La France en tout cas est plus sûre d’avoir sa revanche, si elle la doit à ses défauts, que si elle est réduite à l’attendre de qualités qu’elle n’a jamais eues.
C’est pour cette qualité de leur sensibilité qu’ils méritent qu’on les classe avec honneur. […] Lui, il avait qualité pour couper, remanier et condenser, s’il le jugeait à propos. […] Louis Bertrand retrouveront ici ses savoureuses qualités de conteur et de paysagiste. […] Il est beau, il est fort, il est affectueux, il a toutes les qualités. […] La morale et la religion sont évidemment excellentes en soi ; mais encore faut-il prendre garde à la qualité.
À côté de ces défauts, l’humanisme a de très grandes qualités. […] Mais il était si intelligent qu’il savait acquérir des qualités. Ses qualités sont acquises, et sont souvent des défauts corrigés. […] Toutes ses qualités ici lui servent. […] Il reconnaissait à Calvin les qualités qui lui manquaient.
Mais, quelle différence y a-t-il entre l’éloquence et le lyrisme, si d’ailleurs les mêmes « mouvements », et les mêmes « images », et les mêmes « qualités de langue » les caractérisent l’un et l’autre ? […] « L’esprit français, écrivait un bon juge, recouvre avec les écrivains actuels, 1858, des qualités qu’il semblait avoir perdues. […] Mais, sous l’action et dans le conflit apparent de tant d’influences du dehors, ceux qui ont craint que le génie français n’y perdît quelques-unes de ses qualités et la conscience même de son pouvoir, comment les ont-ils combattues ? […] Poirier, Le Mariage d’Olympe, Un beau mariage, Maître Guérin, Les Fourchambault]. — On ne voit pas non plus qu’il ait soupçonné l’existence des grandes questions ; — et la pensée fait défaut dans son œuvre. — Elle n’en demeure pas moins celle d’un fort honnête homme ; — qui a bien aimé son métier d’auteur dramatique ; — dont les ambitions littéraires n’ont pas dépassé la capacité ; — et qu’on ne saurait enfin mieux caractériser qu’en le comparant, — pour ses défauts comme pour ses qualités, — à l’auteur de Turcaret et de Gil Blas. […] Il a d’ailleurs, dans l’intervalle, déployé des qualités d’admirable écrivain ; — ou de poète même ; — gâtées seulement par un peu d’artifice. — On sent trop « comment » ses plus belles pages sont faites. — On y trouve trop de rhétorique ; — des procédés trop apparents ; — surtout dans ses derniers écrits ; — et une dureté ou une violence d’effets, — qui n’est pas uniquement imputable à la nature du sujet.
Mais aussi cet achèvement n’est jamais pour eux le souci quelquefois excessif, la prudence constamment châtiée des poëtes de l’école studieuse et polie, des Gray, des Pope, des Despréaux, de ces poëtes que j’admire et que je goûte autant que personne, chez qui la correction scrupuleuse est, je le sais, une qualité indispensable, un charme, et qui paraissent avoir pour devise le mot exquis de Vauvenargues : La netteté est le vernis des maîtres. […] Célimène l’avoit invité à souper comme bel esprit, et jamais il ne parut si sot parmi une demi-douzaine de gens à qui elle avoit fait fête de lui… Il les trompa fort par son silence. » L’un des ennemis de Molière, de Villiers, en sa comédie de Zélinde, représente un marchand de dentelles de la rue Saint-Denis, Argimont, qui entretient dans la chambre haute de son magasin une dame de qualité, Oriane. […] Il avoit les yeux collés sur trois ou quatre personnes de qualité qui marchandoient des dentelles ; il paroissoit attentif à leurs discours, et il sembloit, par le mouvement de ses yeux, qu’il regardoit jusqu’au fond de leurs âmes pour y voir ce qu’elles ne disoient pas. […] Son domestique ne se bornait pas à cette bonne Laforest, confidente célèbre de ses vers, et les gens de qualité, à qui il rendait volontiers leurs régals, ne trouvaient nullement chez lui un ménage bourgeois et à la Corneille. […] Certains honneurs même le dédommageaient médiocrement, et parfois le flattaient assez amèrement, je pense, comme, par exemple, l’honneur de faire, en qualité de domestique, le lit de Louis XIV.
Raffaëlli n’a mis que vingt jours après cette grande machine, et il faut convenir qu’après mille changements, mille métamorphoses, mille traverses, le portrait a de très grandes qualités. […] L’Immortel ne l’a pas amusé à faire, ne le satisfaisait pas complètement ; il n’y trouve qu’une seule grande qualité : l’expérience de la vie. […] Vous avez été toujours, Monsieur, un étonnement pour moi, par le bouleversement, que vous avez porté dans la conception que je m’étais faite du normalien, car je dois vous l’avouer, je voyais dans le normalien, un homme tout nourri des beautés et des délicatesses des littératures grecque et latine, et allant dans notre littérature, aux œuvres d’hommes, s’efforçant d’apporter, autant qu’il était en leur pouvoir, des qualités semblables, et tout d’abord une qualité de style, qui, dans toutes les littératures de tous les temps et de tous les pays, a été considérée comme la qualité maîtresse de l’art dramatique. […] Avant tout, pour la scène à faire, il faut de l’imagination, et permettez-moi de vous dire, que si vous avez une grosse tête, vous avez une cervelle comparativement petite à cette tête : cervelle dont nous connaissons les dimensions et la qualité des circonvolutions, par la lecture de vos œuvres d’imagination.
Les lettres de l’incomparable amie, qui vont d’une manière ininterrompue précisément à partir de ce temps-là, permettent de suivre toutes les moindres circonstances et jusqu’à l’heureuse monotonie de cette habitude profonde et tendre : « Leur mauvaise santé, écrit-elle, les rendoit comme nécessaires l’un à l’autre, et…leur donnoit un loisir de goûter leurs bonnes qualités qui ne se rencontre pas dans les autres liaisons… A la cour, on n’a pas le loisir de s’aimer : ce tourbillon qui est si violent pour tous étoit paisible pour eux, et donnoit un grand espace au plaisir d’un commerce si délicieux. […] Bussy, qui, dans ses lettres à Mme de Sévigné, parle assez longuement de la Princesse de Clèves, ajoute avec cette incroyable fatuité qui gâtait tout : « Notre critique est de gens de qualité qui ont de l’esprit : celle qui est imprimée est plus exacte et plaisante en beaucoup d’endroits. » Pour venger Mme de La Fayette de quelques malignités de cet avantageux personnage, il suffit de citer de lui ce trait-là119. […] Elle nous ôte toutes nos vertus et même toutes nos bonnes qualités, et l’estime que tout cela nous avoit acquise. […] … Elle a eu raison pendant sa vie, et elle a eu raison après sa mort, et jamais elle n’a été sans cette divine raison, qui étoit sa qualité principale… Elle n’a eu aucune connoissance pendant les quatre jours qu’elle a été malade… Pour notre consolation, Dieu lui a fait une grâce toute particulière, et qui marque une vraie prédestination : c’est qu’elle se confessa le jour de la petite Fête-Dieu, avec une exactitude et un sentiment qui ne pouvoient venir que de lui, et reçut Notre-Seigneur de la même manière.
. — Évidemment, ici comme ailleurs, la sensation ordinaire est un total ; et, ici comme ailleurs, deux sensations totales peuvent être en apparence irréductibles l’une à l’autre, quoique leurs éléments soient les mêmes ; il suffit pour cela que les petites sensations composantes diffèrent par le nombre, la grandeur, l’ordre ou la durée ; leurs totaux forment alors des blocs indivisibles pour la conscience, et semblent des données simples, différentes d’essence et opposées de qualité. […] Cette analyse dégage trois principes importants. — Le premier est que deux sensations successives qui, séparées, sont nulles pour la conscience, peuvent, en se rapprochant, former une sensation totale que la conscience aperçoit. — Le second est qu’une sensation indécomposable pour la conscience, et en apparence simple, est un composé de sensations successives et simultanées, elles-mêmes fort composées. — Le troisième est que deux sensations de même nature et qui diffèrent seulement par la grandeur, l’ordre et le nombre de leurs éléments, apparaissent à la conscience comme irréductibles entre elles et douées de qualités spéciales absolument différentes. — Armés de ces trois principes, nous concevons la nature et la diversité des sensations des autres sens. […] Une particule avait telle situation par rapport aux autres ; cette situation change, rien de plus ; au bout des toutes les sciences qui traitent des corps, on n’aperçoit jamais que la mécanique ; en sorte que les diverses actions nerveuses qui provoquent les diverses sensations ne peuvent être conçues que comme des systèmes de mouvements : ainsi toutes ces actions, diverses en quantité, sont les mêmes en qualité […] — Donc, d’après la correspondance connue entre la sensation et l’action nerveuse, les sensations diverses en quantité sont les mêmes en qualité ; nous arrivons par la déduction au but que nous indiquait l’analogie. — Au fond de tous les événements corporels, on découvre un événement infinitésimal, imperceptible aux sens, le mouvement, dont les degrés et les complications constituent le reste, phénomènes physiques, chimiques et physiologiques.
Mais, en disant cela, je ne fais qu’affirmer la permanence de quelque chose en eux et en moi ; je ne dis pas ce qu’est ce quelque chose ; je pose sa durée, non sa qualité ; la question est réservée encore. — Ce que nous affirmons en troisième lieu, c’est que ce quelque chose est lié à tel corps organisé ; j’ai le mien, Pierre et Paul ont chacun le leur ; et nous voulons dire par là que, en règle générale, certains changements de mon corps provoquent directement en moi telles sensations, et que certains événements en moi, émotions, voûtions, provoquent directement dans mon corps tels changements ; même règle pour Pierre, Paul et leurs corps. Mais cette règle ne fait que poser un rapport constant entre certains changements de tel corps et certains états du quelque chose inconnu ; il reste toujours à chercher ce qu’il est ; la question est réservée une dernière fois. — Après avoir constaté son existence, sa permanence, et sa principale relation, il nous faut trouver les qualités qui le déterminent. Ces qualités, ce sont ses capacités et facultés. […] En soi, ce sont des sensations comme celles de chaleur ou de saveur ; mais, comme elles sont repoussées hors de notre superficie nerveuse, elles nous semblent détachées de nous ; par cette aliénation, le son nous apparaît comme un événement étranger et la couleur comme une qualité d’un corps autre que nous-mêmes. — Cette erreur est normale, et nous avons montré en quoi elle est utile.
Les premières qualités d’un sage, qui enseigne des vérités nouvelles à l’humanité, c’est la charité d’esprit, l’amour, la pitié, la condescendance, l’indulgence, le respect, la tendresse d’âme envers les hommes ses semblables. […] Ce sont les idées innées, les révélations préexistantes à toute révélation des sens ; c’est eu vertu de ces idées typiques, coexistantes avec l’âme et préexistantes à nos sens, que nous portons en nous les notions innées du bien, du bon, du beau, des qualités, des vertus, des saintetés des choses. Le type suprême et universel de ces idées, l’exemplaire primitif et sans autre exemplaire que lui-même de ces idées, c’est Dieu, idée par excellence, qui a tout imaginé et créé à son image, âme et matière, il porte en lui les essences, c’est-à-dire les qualités essentielles, fondamentales, de tous les êtres animés ou inanimés. […] La raison de toutes choses, comme de toute qualité de ces choses, est donc Dieu. » Ses aperçus, qu’il développe ensuite sur la physique et sur la construction de notre globe, se ressentent de l’imperfection des sciences expérimentales dans son siècle.
Deux autres qualités annonçaient la comédie : une conversation de bonne compagnie, d’honnêtes gens, comme on disait alors ; l’absence des trivialités cyniques dont les auteurs croyaient égayer leurs compositions insipides. […] Mais chez la plupart des hommes il s’y mêle des qualités qui compensent les défauts, et qui souvent les cachent. […] Seulement, la plupart d’entre nous n’ont des défauts de Sganarelle que tout juste assez pour goûter la vérité de ce caractère, et ils ont assez de bonnes qualités pour être en droit d’applaudir à la façon dont Molière le punit. […] Il a les mêmes travers que Sganarelle bourgeois ; il est égoïste, systématique, entêté, vain ; mais quelques qualités s’y mêlent : il est civil, il n’est pas incapable d’un bon office.
Michelet, — et il en a, comme un artiste qui donne des plaisirs extrêmement vifs à ceux qui l’aiment, — lui trouvent toutes les qualités, les unes après les autres, excepté cependant celles-là. […] attrapant la grandeur pour une minute ou pour une page, par ce miracle d’un talent qui a ses bonds aussi et ses illuminations soudaines, et qui saute jusqu’au sublime ; mais ils ne lui reconnaissent ni la simplicité dans la force, ni la gravité, ni la dignité, ces qualités continues et rassises qui donnent à l’historien cet air auguste du bas-relief antique, de l’Homme qui s’appuie sur un lion. […] Être juste, être grave, être digne, sont réellement des qualités d’homme, et qui ne les a point manque évidemment de virilité. […] Quand on n’a pas le langage de la chose qu’on fait, ou l’accent de la langue qu’on parle, quand on n’a pas précisément la qualité essentielle à son art, est-on déjà si grand, littérairement, ou si beau ?
Il dit : Mon ordre, mon cordon bleu ; il l’étale ou il le cache par ostentation ; un Pamphile, en un mot, veut être grand ; il croit l’être, il ne l’est pas, il est d’après un grand. » Puis vient Saint-Simon, qui profite beaucoup du journal de Dangeau pour établir ses mémoires, pour en fixer bien des faits et en rajuster des souvenirs, mais qui se moque constamment et de l’œuvre et du personnage ; il achève de nous peindre Dangeau en charge, en caricature, tant il donne de relief à ses ridicules et tant il efface ses bonnes qualités : C’était le meilleur homme du monde, dit-il, mais à qui la tête avait tourné d’être seigneur ; cela l’avait chamarré de ridicules, et Mme de Montespan avait fort plaisamment, mais très véritablement dit de lui qu’on ne pouvait s’empêcher de l’aimer ni de s’en moquer. […] Il y revient en toute occasion, et toujours avec jubilation et délices ; il l’appelle en un endroit une « espèce de personnage en détrempe » : « C’était un grand homme, fort bien fait, devenu gros avec l’âge, ayant toujours le visage agréable, mais qui promettait ce qu’il tenait, une fadeur à faire vomir. » Lui reconnaissant des qualités mondaines, des manières, de la douceur, de la probité même et de l’honneur, il cite de nouveau et commente ce mot de Mme de Montespan sur lui, qu’on ne pouvait s’empêcher de l’aimer ni de s’en moquer : Saint-Simon aimait donc assez Dangeau, mais quelle manière d’aimer !
Il avait toutes les qualités et conditions pour en bien parler ; il en sort, il en possède la suite et la tradition. […] Comparez Saussure écrivain avec Buffon, avec Ramond et même avec Volnay, et il vous apparaîtra, réduit à ses seules qualités sans doute, mais aussi dans toute la rectitude et l’excellence de son goût.
Je ne prétends pas dire qu’un esprit de cette qualité ne pourrait pas suffire à autre chose et nous donner plus et mieux encore qu’il ne nous donne aujourd’hui. […] Prevost-Paradol est au premier rang des jeunes écrivains distingués qui se sont produits dans ces cinq ou six dernières années ; une fonction spéciale lui est dévolue : il est ce qu’on peut justement appeler le Secrétaire général des anciens partis, adopté et chéri d’eux en cette qualité.
David fait le tour de l’atelier et dit à chacun son mot ; le défaut ou la qualité qu’il remarque chez l’élève, dans l’ouvrage commencé qu’il a sous les yeux, lui devient un sujet de réflexions plus générales. […] Delécluze n’est pas de l’école dont il croit être et dont il a été beaucoup trop en qualité de critique d’art par ses doctrines ou ses préventions.
» Quelques écrivains, de nos jours, et particulièrement les écrivains dits néo-catholiques, dans leurs peintures de l’Empire romain, se sont livrés à des exagérations, non pas sur la corruption romaine, qui était extrême, en effet, sous les Empereurs, mais sur l’absence de qualités et de vertus civiles qui réellement y brillaient encore. […] Un homme estimable et savant, qui a récemment travaillé sur les Évangiles, et qui n’a porté dans cet examen, quoi qu’on en ait dit, aucune idée maligne de négation, aucune arrière-pensée de destruction, qui les a étudiés de bonne foi, d’une manière que je n’ai pas qualité pour juger, mais certainement avec « une science amoureuse de la vérité », a qualifié heureusement en ces termes la mission et le caractère de Jésus, de la personne unique en qui s’est accomplie la conciliation la plus harmonieuse de l’humanité avec Dieu : « Celui qui a dit : Soyez parfaits comme Dieu, et qui l’a dit non pas comme le résultat abstrait d’une recherche métaphysique, mais comme l’expression pure et simple de son état intérieur, comme la leçon que donnent le soleil et la pluie : celui qui a parlé de la sainteté supérieure qu’il exigeait des siens comme d’un “fardeau doux et léger” ; celui qui, révélant à nos yeux une pureté sans tache, a dit que “par elle on voyait Dieu…”, celui qui, enfin, renonçant à la perspective du trône du monde, a senti qu’il y avait plus de bonheur à souffrir en faisant la volonté de Dieu qu’à jouir en s’en séparant… celui-là, c’est Jésus de Nazareth. » Lui seul, et pas un autre au monde42 !
La Harpe, dans sa chétive personne, presque aussi exiguë que celle de Pope, sous cette enveloppe petite et frêle, que tous ces hommes gros et gras lui reprochaient grossièrement, avait des qualités vives, des susceptibilités fines, des nerfs délicats ; il sentait en lui un principe supérieur, une flamme, ce qui est devenu à certain jour un flambeau, ce qui lui a fait entreprendre et mener à bien les belles parties de son Cours de Littérature. […] Monselet a une qualité précieuse : il est dans la veine française, mot dont on abuse et qui est vrai pour lui.
Jomini, qui semble venu tout exprès pour concevoir et pour exposer la science stratégique à son moment le plus mûr et le plus avancé, est un des plus frappants exemples des vocations premières et des qualités spéciales que la nature dépose en germe dans un cerveau, toutes prêtes à éclore et à se développer au premier souffle des circonstances. […] Jomini eut de bonne heure cela de particulier d’être organisé pour concevoir et deviner les plans militaires de Napoléon ; on aurait dit que, par une sorte d’harmonie préétablie, sa montre avait été réglée sur celle du grand capitaine, dont il devait être le meilleur commentateur, le critique le plus perspicace et dont il semble, en vérité, qu’il aurait pu être le chef d’état-major accompli ; mais, pour un tel office, j’oublie qu’il joignait à ses qualités un défaut incompatible et incurable : c’était d’avoir en toute occurrence son avis, à lui, et de raisonner.
Au reste, il a de grandes qualités, une plénitude vigoureuse, une justesse exacte, et certaines fusées d’imagination qui font d’autant plus d’effet, éclatant parmi les lignes sévères des raisonnements abstraits. […] Il n’a point de respect pour elles, n’y voyant que le reflet mental des impressions physiques ; et sans s’arrêter à en mesurer la qualité, la délicatesse, à noter la grâce de leurs frissons ou la majesté de leurs ondes, il les traite comme de brutales impulsions de l’instinct, qui se classent selon leur conformité à la raison et aux « jugements fermes et déterminés touchant la connaissance du bien et du mal » que la raison fournit.
Il s’agit de trouver quatre sentiments, passions, vices, vertus, qualités, défauts, etc., dont les deux premiers soient entre eux dans le même rapport que les deux derniers. […] Les trois quarts au moins de ses maximes sont d’une qualité tout à fait rare.
Elle mêlait dans toute sa conversation une douceur qu’on ne trouvait point dans toutes les autres personnes royales : ce n’est pas qu’elle eût moins de majesté, mais elle en savait user d’une manière plus facile et plus touchante, de sorte qu’avec tant de qualités toutes divines, elle ne laissait pas d’être la plus humaine du monde. […] Louis XIV, en se liant avec elle d’une amitié si vraie et qui avait dominé l’amour, semblait avoir voulu s’attacher à régler cet heureux naturel et à lui donner de ses propres qualités : « il la rendit en peu de temps une des personnes du monde les plus achevées ».
Les défauts et les qualités du livre s’expliquent très bien par la manière dont il fut composé, et par la nature d’esprit de l’écrivain. […] Il y a dans l’ouvrage de Barthélemy une qualité à laquelle on est trop peu sensible à présent, il y a de la composition et de la liaison.
Mais la plupart des artistes ne se bornent pas à produire aveuglement, en suivant les indications latentes de leurs aptitudes, lis se font un idéal imité ou original dont ils tâchent de rapprocher le plus possible leurs productions, une image composite d’une œuvre d’art ou d’une propriété d’œuvre d’art, conçue comme douée de toutes les qualités que l’artiste admire et qu’il cherche à réaliser. […] On pourra même découvrir à l’examen d’une œuvre quelle est la qualité des choses que son auteur s’assimile et se rappelle.
Quand je vous aurai accordé ce mérite tout sera dit ; mais n’ai-je à louer que ces qualités dans Le Sueur, le Poussin, Raphaël et le Dominiquin ? […] La qualité principale d’un sujet pareil serait un désordre effrayant, et il n’y en a point.
Les faits sociaux ne diffèrent pas seulement en qualité des faits psychiques ; ils ont un autre substrat, ils n’évoluent pas dans le même milieu, ils ne dépendent pas des mêmes conditions. […] Les mythes, les légendes populaires, les conceptions religieuses de toute sorte, les croyances morales, etc., expriment une autre réalité que la réalité individuelle ; mais il se pourrait que la manière dont elles s’attirent ou se repoussent, s’agrègent ou se désagrègent, soit indépendante de leur contenu et tienne uniquement à leur qualité générale de représentations.
Et, si Balzac n’est pas un écrivain complet, peut-être cela tient-il à ce qu’il n’était pas sensible, autant qu’il l’eût fallu, à la grâce intime, à l’harmonie, au discret balancement des phrases. » Je crois cependant avoir assez insisté sur le rôle de l’harmonie dans le style ; j’en ai fait une qualité importante de la prose et j’ai même écrit un long chapitre sur l’harmonie des mots et des phrases. […] On nous a positivement fait le reproche de prendre trop au sérieux cette secondaire qualité du style, qui exige, d’ailleurs, un don très spécial.
De plus, avec cette abondance qui est une qualité après tout, même pour nous, Mme Sand rappelle des manières qui nous ont plu dans nos jeunesses, et elle nous prend encore par les souvenirs. […] Ce sont aussi les qualités d’un autre écrivain de ce temps, la coqueluche aussi des bourgeois, qui aussi, comme Mme Sand, a ses prétentions d’artiste.
Belle affaire pour un homme de ma qualité ? […] Dans l’histoire et dans la biographie, il restera orateur en dépit de lui-même : ses grandes qualités employées à faux choqueront ; il paraîtra pesant et pédant ; il sera sec ou emphatique ; et à force de recherches, de travail, d’efforts de style, il ne parviendra qu’à bâtir un piédestal fragile de dissertations et de syllogismes, où il posera religieusement et contemplera amoureusement la tête moutonne et frisée de Mme de Longueville.
En somme, il manque de la première des qualités du prédicateur et du prêtre, d’autorité. — Oh !
Plus tard, lorsqu’après être allé étudier en Suisse, il revint en France en qualité de ministre de l’Évangile, la première nouvelle qu’il apprit en remettant le pied dans sa patrie fut l’exécution du ministre Rochette, condamné à mort par le Parlement de Toulouse, pour avoir fait la cène, baptisé et marié des protestants ; il ne recula pas néanmoins devant le péril de son ministère, et se mit à prêcher dans les campagnes.