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1081. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 15, observations concernant la maniere dont les pieces dramatiques étoient représentées sur le théatre des anciens. De la passion que les grecs et les romains avoient pour le théatre, et de l’étude que les acteurs faisoient de leur art et des récompenses qui leur étoient données » pp. 248-264

Il faut même qu’on eut augmenté les appointemens de Roscius depuis le temps où l’état que Pline avoit vû fut dressé, puisque Macrobe dit que notre comédien touchoit des deniers publics près de neuf cent francs par jour et que cette somme étoit pour lui seul. […] Ce soin faisoit une partie des occupations serieuses de toutes les personnes qui parloient ou qui récitoient en public.

1082. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Alexandre Dumas fils » pp. 281-291

Il est vrai aussi — et c’est là son excuse — que par cela même que Dumas fils est plus spécialement auteur dramatique, il est forcément voué à l’idée commune, la seule qui réussit pleinement au théâtre, et que, de toutes les idées communes, la plus sympathique à ce public de Sganarelles passés, présents ou futurs, qui remplissent nos salles de spectacle, c’est l’idée du mari… trompé, ce double type, comique ou tragique, à volonté, pour le poète. […] Il y a dans ces deux esprits des sympathies d’idéologues, et ce n’est pas l’amour des choses dramatiques qui les avait fait travailler au même drame, c’était l’amour de l’idée que le drame exprimait, c’était l’éducation du public, c’était la commune ambition de moraliste et de législateur.

1083. (1868) Curiosités esthétiques « III. Le musée classique du bazar Bonne-Nouvelle » pp. 199-209

Son admirable talent est toujours plus ou moins culbuté au milieu de ces cohues, où le public, étourdi et fatigué, subit la loi de celui qui crie le plus haut. […] Il est une chose mille fois plus dangereuse que le bourgeois, c’est l’artiste bourgeois, qui a été créé pour s’interposer entre le public et le génie ; il les cache l’un à l’autre.

1084. (1824) Épître aux muses sur les romantiques

Quelque puissant du jour pourrait s’y reconnaître ; Le public en rirait, cela ne doit pas être. […] Irai-je démentir et la cour et la ville, Traiter tout un public de dupe et d’imbécile ?

1085. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VI. Les romanciers. » pp. 83-171

Ne versez pas votre bibliothèque de documents sur la voie publique. […] Son public est au niveau de son énergie et de sa rudesse, et, pour remuer de tels nerfs, un écrivain ne peut pas frapper trop fort. Mais en même temps, pour civiliser cette barbarie et maîtriser cette violence, une faculté paraît, commune à tous, auteurs et public : la sérieuse réflexion attachée à observer les caractères. […] Dès l’enfance, il a détesté les whigs, et jamais il n’a parlé d’eux que comme de malfaiteurs publics. […] Tout le courant de la pensée publique se porte ici vers l’observation de l’âme, et la peinture entraînée roule avec les lettres dans le même canal.

1086. (1888) Impressions de théâtre. Première série

Aussi le public a-t-il longuement applaudi M.  […] Mais d’abord le public n’en cherche pas si long, et il a bien raison. […] le joli public ! et le bon public ! […] Le public l’écoutait l’autre jour avec émotion et avec respect.

1087. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. FAURIEL. —  première partie  » pp. 126-268

L’action de Fauriel sur le public se fit longtemps et surtout à travers ses amis. […] Il écrivit longtemps pour lui seul et pour le cercle de ses amis particuliers, en présence des sujets qu’il approfondissait et sans se préoccuper du public. […] Je dirai là-dessus comme disait certain évêque : « En public, madame, vous serez obligée de m’appeler monsieur, mais en particulier vous pouvez m’appeler monseigneur. […] Il pourrait être assez piquant, et il ne serait pas impossible de le suivre dans ses relations étroites avec les historiens célèbres qu’il précédait dans les études et par lesquels il se laissa devancer auprès du public. […] La révolution de 1830 produisit enfin Fauriel, et ses amis, en arrivant au pouvoir, songèrent aussitôt à mettre sa science, trop longtemps réservée, en communication directe avec le public.

1088. (1889) La littérature de Tout à l’heure pp. -383

— Le Public corrompt tout ce qu’il touche. […] Écrire pour le Public ! […] Le public de M.  […] Daudet ne tarit pas de rires pour le public de M.  […] Mais le goût du public, qu’est-ce que cela ?

1089. (1769) Les deux âges du goût et du génie français sous Louis XIV et sous Louis XV pp. -532

C’est-là tout l’objet du travail que j’offre au public. […] Le public décidera si j’ai rempli l’autre. […] Ils trouverent un public en état de se plier à leur goût. […] Ils ne croyaient pas pouvoir mieux faire, & le public le croyait comme eux. […] Le public n’a point rendu justice à son Thésée ; mais les vrais connoisseurs ont senti combien la prévention rendait quelquefois le public injuste.

1090. (1889) Impressions de théâtre. Troisième série

Ne croyez pas une minute que j’aie l’intention ni de modifier le public ni de corriger l’homme. […] Elle n’a pas besoin d’un public ; que dis-je ? […] — Qu’importe, pourvu que le public y gagne ? […] Il gourmande le public du premier soir qui eut désiré, paraît-il, que le prince fût tué. […] Parce que les nécessités de l’art s’accordent ici avec les besoins sentimentaux d’un public populaire.

1091. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome I pp. 1-402

Pourvu que la chanson fût gaie, amusante, le public se déclarait satisfait. […] Devant le public, être collectif, impersonnel, inconnu, il est permis de tout dire. […] Le public, je n’en doute pas, sera de l’avis d’Alceste : le temps ne fait rien à l’affaire. […] Il semble que l’auteur se soit proposé de prendre la mesure de la patience publique. […] Ces termes une fois acceptés, que le public décide à quelle forme dramatique appartiennent les pièces de M. 

1092. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre IV. Que la critique doit être écrite avec zèle, et par des hommes de talent » pp. 136-215

venir les chercher, jusqu’au pied de l’autel, ces hommes noirs, et les vouer à l’exécration publique ! […] Au reste, le public n’avait rien compris aux meilleures plaisanteries de ce nouvel intermède. […] au public ? […] Le public de 1850 a sifflé, de très bonne foi, le marchand d’orviétan de Molière. […] Les fonds publics ?

1093. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre I. Principe des mœurs sous l’Ancien Régime. »

Si grande et si dispendieuse qu’elle soit, elle n’est que proportionnée à son usage, depuis que la cour est une institution publique et que l’aristocratie, occupée à vide, s’emploie à remplir le salon du roi. […] Ce n’est pas une petite besogne que d’être maître de maison, surtout quand, à l’ordinaire, on reçoit cinq cents personnes ; on est obligé de passer sa vie en public et en spectacle. […] Le dimanche tout le public, même ordinaire, est introduit, et cela s’appelle le « grand couvert », aussi solennel et aussi compliqué qu’une grand’messe. […] Jamais de solitude ; c’est l’usage en France, dit Horace Walpole, « de brûler jusqu’au lumignon sa chandelle en public ». […] Aubertin, l’Esprit public au dix-huitième siècle, 255.

1094. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXVe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (1re partie) » pp. 337-416

Ce fut l’origine de sa colère contre les rangs supérieurs de l’ordre social, tant cultivés par lui jusque-là ; il a la franchise un peu basse de l’avouer : « La justice et l’inutilité de mes plaintes, dit-il, me laissèrent dans l’âme un germe d’indignation contre nos sottes institutions civiles, où le bien public et la véritable justice sont toujours sacrifiés à je ne sais quel ordre apparent, destructif en effet de tout ordre. […] XVI De ce jour-là, Rousseau cessa de prétendre à l’ambition des fonctions publiques, et ne prétendit plus pour toute ambition qu’à la singularité du désintéressement et de la pauvreté volontaire ; au lieu de tendre en haut, il tendit en bas. […] XXI Avant de s’y retirer, il place dans un hospice de charité publique le père de Thérèse, pour alléger le poids du ménage ; le vieillard comme l’enfant, ces deux fardeaux si doux du cœur, l’importunent. […] Mais la faveur des grands, de la cour, du public, éteignait ces foudres officielles, et faisait échapper Rousseau à ces vaines proscriptions, plus ostentatoires que dangereuses. […] On conçoit que des esprits sains, exercés par de longues années de vie publique, écrivent dans leur maturité des tables de la loi, des codes sociaux, des commentaires sur les gouvernements des nations, appropriés aux caractères, aux mœurs, aux traditions, aux âges, à la situation géographique des États, aux circonstances, même politiques, des peuples dont ils éclairent les pas dans la route de leur civilisation.

1095. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIIe entretien. Madame de Staël. Suite. »

Cet homme n’avait ni dans sa nature, ni dans son âme, ni dans son caractère, l’enthousiasme, l’énergie, la vertu publique, faits pour justifier un tel attachement. […] Mon père aimait la gloire, et, quelque sage que fût son caractère, l’aventureux en tout genre ne lui déplaisait pas, quand il fallait s’y exposer pour mériter l’estime publique. […] Il viola tout dans une seule action : le droit des gens européens, la constitution telle qu’elle existait encore, la pudeur publique, l’humanité, la religion. […] Le besoin de mouvement et de public la poussa bientôt au-delà du Rhin. […] Necker en fuyant de Paris avait laissés en gage au trésor public.

1096. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « M. Deschanel et le romantisme de Racine »

Deschanel et le romantisme de Racine28 Du public accouru aux leçons de M.  […] De plus, peut-on soutenir que Nicole n’eût point visé particulièrement Racine en traitant les poètes d’empoisonneurs publics ? […] Le problème posé devant Racine était donc celui-ci : d’une part, chercher à faire les pièces les plus agréables au public contemporain ; d’autre part, ne traiter que des sujets anciens ou étrangers… Puisque la voie n’était vraiment ouverte et libre que du côté de l’antiquité, la difficulté était de rendre cette antiquité intelligible et acceptable à la société du temps de Louis XIV et à la cour, qui donnait le ton. […] « la forme la plus actuelle de l’art, par conséquent l’appropriation des sujets anciens aux publics modernes, l’adaptation des faits d’autrefois aux croyances et aux sentiments présents »52. […] et n’êtes-vous pas la victime (trop volontaire) d’une confusion dont vous jouissez, sans doute parce qu’elle pique la curiosité de votre public ?

1097. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Sainte-Beuve : « À Douai, nous sommes tous ravis : vous avez retrouvé tout ce qu’il y a au fond des âmes flamandes ; il n’est pas jusqu’à votre petit mot sur Martin (du Nord) qui n’aille à l’âme de ses compatriotes ; ici l’homme passe toujours avant l’homme public : le dernier n’est considéré que comme un acteur jouant plus ou moins bien son rôle. » — Le fragment de lettre suivant trouve naturellement sa place ici : « … l’excellent M.  […] Ce fils parfait, digne en tout d’une telle mère, et qui ne lui a donné que des consolations, est devenu l’un des plus utiles et des plus méritants employés du ministère de l’instruction publique. […] Voici, dans son dossier, deux fragments de lettres qui ne lui étaient pas adressées, et qui, par le sentiment unanime où elles se sont rencontrées au départ, et les conclusions que chaque auteur en a tirées, ne peuvent laisser le public indifférent. — La première est écrite à quelqu’un qui voyait tous les jours M.  […] Ne devoir à l’art que la forme et sentir naître en soi l’inspiration sans la chercher, rien n’est plus rare, et Mme Valmore avait en elle cette merveilleuse faculté… » Telle elle était dans ses vers, telle on l’a vue dans ses pages les plus intimes, dans les lignes qu’elle ne réservait pas au public, dans sa prose la moins travaillée, dans une lettre à un ami.

1098. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. EUGÈNE SUE (Jean Cavalier). » pp. 87-117

Le Pilote et le Corsaire rouge de Cooper avaient mis le public français en goût de cette vie de périls et d’aventures ; on admirait à chaque salon Gudin. […] Eugène Sue comme romancier, à la veille encore de ses Mystères de Paris ; à dater de ce jour-là, sa position en face du public et de la critique a visiblement changé : rien de surprenant que nous changions aussi. […] La manière dont ils furent pris indiqua à l’auteur une voie nouvelle, et la facilité d’une partie du public ouvrit à son talent des jours dont il profita. […] Le résultat de ce succès a été de faire d’un romancier aristocratique ou visant à l’être, et ironiquement sceptique, un auteur populaire et asservi désormais à son public : de là le Juif Errant et les passions qu’il flatte.

1099. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. NISARD. » pp. 328-357

La principale cause de cette décadence me paraît être que la critique ne s’adresse pas à un public qui ait déjà plus ou moins son avis, qui fasse réellement attention et accorde intérêt au détail du jugement, et qui le contrôle : rien de cela. […] Ce public, à la fois désintéressé et portant intérêt, ce public d’audience qui écoutait, discutait et contrôlait, qui savait d’avance toutes les pièces du moindre procès, où est-il ? […] Sa position est allée s’étendant de jour en jour : député, directeur au ministère de l’Instruction publique, maître de conférences à l’École normale et, en dernier lieu, professeur au Collége de France, il a pu suffire à tant d’emplois divers.

1100. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLIXe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) »

Beaucoup de choses me soutiennent et me consolent ; le concours de ceux qui pleurent avec nous notre perte, la douleur générale qui se manifeste dans toute la ville, le deuil public, et beaucoup d’autres considérations de cette nature, propres à adoucir en grande partie notre chagrin : mais ce qui me console le plus, c’est de t’avoir ; c’est d’avoir un frère en qui j’ai plus de confiance et d’espoir que je ne le saurais dire. […] Ils acquirent la richesse, mais ils ne la conquirent par aucune violence : leur or leur donna une clientèle, mais ne corrompit pas l’esprit public ; ce fut la monarchie de la civilisation, la dynastie des familles. […] Les Médicis ne voulaient ni de cette gloire soldée, ni de ces chutes honteuses ; ils préféraient leur rôle civique et leur croissance régulière par l’estime publique dans un pays prospère et libre. […] Vous parlerai-je encore de ce couple des plus beaux lions gardés dans une cage pour un jardin public, et qui en vint aux prises avec une telle férocité, que l’un d’eux fut horriblement maltraité et l’autre tué ?

1101. (1892) Boileau « Chapitre IV. La critique de Boileau (Suite). Les théories de l’« Art poétique » » pp. 89-120

Mais non : tout doit tendre au bon sens, cela veut dire que le poète n’écrit pas par fantaisie, pour se montrer, déployer son agilité ou ses grâces devant le public. […] Ils enjolivaient à plaisir une idée de leur esprit ou de l’esprit public, et figuraient Artamène ou Astrate, qui ne représentent aucune réalité vivante. […] Le grand Corneille obscurcissait parfois son grand et droit sens de la vie, sa sûre et vive science des caractères, par l’ambition de faire grand ou fin, et par condescendance pour le goût d’un public à qui la nature ne suffisait pas encore. […] Mais Boileau veut qu’on tienne compte du sentiment public et de la tradition.

1102. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre troisième »

Il prêcha ouvertement, tant qu’il le put, et toujours devant un nombreux auditoire secrètement, quand les recherches rendirent périlleuse la prédication publique. […] À défaut de cette présence continuelle et sans sommeil de la conscience, avertissant chacun et à chaque moment de la moralité de ses actions, et prévenant ainsi la chute, il institua une sorte de conscience extérieure et publique dans la personne de censeurs des mœurs, lesquels s’introduisaient dans les maisons à tous les instants du jour et principalement aux heures des repas, alors que les plus rigides se relâchent, et que la sainteté des élus courait quelque risque. […] Le complot est révélé et rendu public ; le plus notable des conjurés, Daniel Berthelière, est condamné à mort et exécuté. […] Outre la gloire d’être la langue du culte chrétien, la langue dans laquelle toute l’Europe du moyen âge avait prié et pensé, le latin, expression de la loi civile, des actes publics, et en général de tout ce qui règle, discipline et lie, s’adaptait mieux au génie de notre pays.

1103. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre neuvième »

L’idée de placer la France du dix-septième siècle à la tête de l’Europe intellectuelle, de faire accepter de tout le monde l’appellation du Siècle de Louis XIV, de présenter à l’esprit humain, comme sa plus parfaite image, l’esprit français personnifié dans nos écrivains, nos savants et nos artistes, cette idée-là ne vint à Voltaire ni d’un besoin public, ni d’une invitation de la mode. […] La pratique du gouvernement représentatif, où tous les ressorts d’une grande société sont mis au jour, nous a persuadé que nous sommes très bons juges de la politique, que nous n’ignorons pas la guerre, que nous nous entendons en finances et en administration, que rien ne nous échappe des rapports de la fortune publique avec l’esprit général du gouvernement. […] Tout ce que le lecteur voulait voir, il le voit : où il y avait des ruines, une résurrection ; où il n’y avait rien, des créations durables ; le jeu rendu à tous les ressorts de la machine ; les mêmes hommes qui hors de leur place troublaient l’État, à leur place le raffermissant et l’illustrant ; la fonction du gouvernement exercée par celui auquel elle appartenait, et qui avait, comme tout exprès, l’amour de la gloire, si inséparable de l’idée du bien public, que je n’oserais pas le mettre au-dessous de l’amour du devoir. […] Le Mondain est sa véritable ode ; il y est plus lyrique que dans ses odes sur certains événements publics, où l’émotion n’est pas moins factice que la poésie.

1104. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Bossuet. Lettres sur Bossuet à un homme d’État, par M. Poujoulat, 1854. — Portrait de Bossuet, par M. de Lamartine, dans Le Civilisateur, 1854. — I. » pp. 180-197

Entré en philosophie au collège de Navarre, il y brilla dans les thèses et les actes publics ; il fut un prodige et un ange d’école avant d’être cet aigle que nous admirons. […] Ce n’est point personnalité ni arrogance chez Bossuet, c’est que sa personne propre est absorbée et se confond dans la personne publique du lévite et du prêtre. […] La langue de ce sermon, comme de tous les discours de ces années, est un peu plus ancienne que celle de Bossuet devenu l’orateur de Louis XIV ; on y remarque des locutions d’un âge antérieur : « Or encore que nous fassions semblant d’être chrétiens, si est-ce néanmoins que nous n’épargnons rien, etc. » Il est dit que l’exemple de la ruine de Jérusalem et de cette vengeance divine, si publique, si indubitable, « doit servir de mémorial ès siècles des siècles ».

1105. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — I. » pp. 446-462

Pourquoi sommes-nous ainsi faits en France, que lorsqu’un homme distingué et de talent n’est pas entré à un certain jour dans le courant de la vogue et dans le train habituel de l’admiration publique, nous devenions si sujets à le négliger et à le perdre totalement de vue ? […] Les langues, les sciences, le droit public, la médecine, entrèrent pour beaucoup et presque à la fois dans cette éducation que favorisait la plus heureuse intelligence. […] [NdA] Coxe et lui furent les premiers guides des voyageurs en Suisse en ces années : Ceux-ci parcouraient à l’envi, nous dit Ramond, les routes que nous avions frayées, mais n’en frayaient guère d’autres ; et les lieux ignorés dont j’avais révélé le secret devenaient peu à peu une promenade publique où les Anglais rencontraient des Anglais, les Français des Français, et personne les Suisses.

1106. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — III » pp. 476-491

Ces grands talents, en apparaissant, renouvellent les courants de l’intelligence et de la curiosité publique, mais dérangent et troublent l’atticisme là où il existe encore : on les applaudit, on s’exalte, on les veut imiter, et on les imite même quand on ne le veut pas ; ils s’interposent pour longtemps, avec leur manière de dire, entre la pensée et l’expression de chacun de leurs admirateurs. […] Cette correspondance, qui n’est qu’une indication de ce qui a fui et de ce qui ne s’écrivait pas, se termine assez naturellement, dans les premiers mois de 89 et avec l’ouverture des États généraux, d’abord parce que M. de Meilhan revint à Paris, et aussi parce qu’un commerce de lettres intimes sur les intérêts de société devenait insignifiant en présence des grands événements publics. […] On lit le journal, le regard tombe sur un discours (du temps qu’il y avait des discours) ou sur un rapport concernant les chemins de fer ou tout autre matière d’intérêt public ; on en connaît l’auteur, on essaie de le lire, et il en reste quelque expression de style administratif et positif, qui ensuite se glisse par mégarde sous la plume aux endroits les plus gracieux.

1107. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Divers écrits de M. H. Taine — II » pp. 268-284

Auguste l’appelait en riant le pompéien, et Tite-Live osa écrire du grand César « qu’il n’était pas bien certain si la chose publique avait plus gagné à ce qu’il naquît qu’elle n’aurait gagné à ce qu’il ne fût pas né. » Après la mort d’Auguste, il retourna à Padoue et y mourut vers l’âge de soixante-seize ans. […] Un Caton trop rude et trop hérissé, un Paul-Émile patricien trop dur, ne lui allaient pas ; il avait à les présenter surtout par leurs aspects publics, patriotiques, à jamais mémorables ; le côté anecdotique est resté dans l’ombre. […] L’ouvrage sur Les Philosophes français du xixe  siècle (1857) n’a été couronné par aucune académie ; l’auteur l’a essayé en articles successifs dans la Revue de l’Instruction publique, mais c’est d’aujourd’hui seulement qu’on en peut bien juger d’après l’ensemble.

1108. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « L’abbé de Marolles ou le curieux — I » pp. 107-125

Le spirituel jésuite Tournemine disait que l’abbé de Marolles méritait qu’on, lui pardonnât, en faveur de cet unique volume de mémoires, l’ennui mortel qu’il avait causé au public, et l’impatience qu’il avait donnée aux savants, par ses rhapsodies indigestes durant l’espace de soixante ans ; il lui appliquait, en riant, ce que Lucain, l’ampoulé flatteur, au commencement de sa Pharsale, a dit de Néron, que Rome ne l’avait pas payé trop cher, en définitive, au prix même de toutes les guerres civiles antérieures, s’il n’y avait pas d’autre moyen de l’obtenir : « Scetera ipsa… hac mercede placent ». […] Marolles, qui joindra plus tard (1627) à ce premier bénéfice l’abbaye de Villeloin, plus considérable, et qui en prit occasion de recevoir l’ordre de prêtrise moins par vocation que par convenance (les bulles y mettant cette condition), fut lié avec quelques-uns de messieurs de Port-Royal, fort sévères sur ce genre d’abus et de d’irrégularités ; mais, tout en se prévalant de leur amitié et en la leur rendant par de bonnes paroles et des témoignages publics d’intérêt, il ne fut touché en aucun temps de scrupules sur la manière dont il était entré dans les bénéfices et dans le sacerdoce ; il avait le christianisme assez large et coulant, et n’était rien moins que rigoriste, soit pour la doctrine, soit pour les mœurs : se contentant de vivre en honnête homme, comme on disait alors. […] C’est chez lui besoin d’occuper ses heures, besoin d’occuper les autres de soi, désir de servir le public, gloriole, vanité puérile ou sénile, comme on le voudra, qui ne fera que croître avec les années, qu’on a fort raillée en son temps, mais qui lui a fait faire du moins certaines choses utiles.

1109. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire de mon temps. Par M. Guizot. »

Ses Mémoires, du moment qu’il se décidait à les publier de son vivant, ne pouvaient avoir qu’un caractère public et non secret : ne vous attendez pas à des révélations bien rares sur les personnes ou sur les choses. […] J’ai aimé et j’aime surtout la politique juste et la liberté sous la loi… On m’a quelquefois reproché de ne pas m’associer assez vivement aux impressions publiques. […] Il y avait eu scandale public, et l’on ne s’en doutait pas.

1110. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Souvenirs de soixante années, par M. Etienne-Jean Delécluze »

Delécluze, connu des gens de lettres et des artistes ne l’est guère du public ; car, bien qu’il écrive depuis tant d’années, il n’est pas, je le répète, un de ces écrivains qu’il suffit de nommer ; il n’a jamais eu de ces rencontres brillantes de plume qui éclatent aux yeux de tous sous forme de talent. […] Il nous initie à toutes ses impressions d’enfance ; il nous fait assister aux grands événements publics : Étienne y était, nous dit l’auteur, Étienne en fut témoin ; et à l’instant nous voilà satisfaits de la satisfaction d’Étienne ou émus de son émotion. […] La description que l’auteur faisait du Louvre et de la saleté de ses abords, et de l’horreur des constructions privées au-dedans, et des éviers même et des latrines (car le mot y est), parut singulière dans son détail et dans sa longueur à ce petit public choisi.

1111. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Octave Feuillet »

Il est aujourd’hui à la tête d’un nombreux public choisi ; il dispose d’une faveur immense : c’est dire qu’il a aussi une grande responsabilité. Dès qu’un de ses romans paraît chez son éditeur, il faut voir, nous dit-on, comme son public, à lui, se dessine ; d’élégantes lectrices viennent en foule et elles viennent en personne ; les équipages se succèdent : en général, on ne demande pas un, mais plusieurs exemplaires du roman nouveau. […] N’y a-t-il donc pas moyen pour un auteur aimé de garder tout son public, et de continuer de le charmer, sans paraître lui donner des gages comme à un parti ?

1112. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La Grèce en 1863 par M. A. Grenier. »

Nous étions jeunes, nous avions besoin d’un objet public d’enthousiasme : il s’en présentait un devant nous, nous l’avons saisi. […] Aller en Grèce quand une tache morale vous avait atteint et avait rejailli jusqu’à votre front, quand une de ces fautes de jeunesse ou l’un de ces malheurs de nature (comme il s’en peut rencontrer, même chez les organisations distinguées) vous avait fait tristement faillir et vous exposait à rougir sans cesse au milieu des vôtres, c’était se relever à l’instant, c’était expier et réparer aux yeux de tous, c’était, par une vaillance noblement et saintement employée, se retremper dans l’estime publique et se refaire une vertu. […] L’enseignement public est des mieux organisés à tous les degrés.

1113. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Préface »

Je me réserve d’expliquer au public ce qui m’importe, comment et pourquoi, ayant refusé d’être du nouveau Moniteur officiel, je me retire forcément dès le premier jour du nouveau Moniteur universel. […] Il serait trop pénible d’être amené à devoir les énumérer et en informer le public, et de se voir forcé, pour sa défense morale, de prendre à témoin l’opinion, seul juge cependant et bon juge en dernier ressort de ce qui constitue la ligne de conduite d’un véritable homme de lettres, fût-il sénateur. […] Marc Fabre, son notaire ; son ami et ancien secrétaire, le poète Auguste Lacaussade, bibliothécaire au ministère de l’instruction publique ; et son secrétaire, M. 

1114. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « APPENDICE. — CASIMIR DELAVIGNE, page 192. » pp. 470-486

Mais, en se tournant de bonne heure vers le théâtre, l’auteur des Vêpres siciliennes et des Comédiens s’est fait une route qui est bientôt devenue pour lui la principale, une carrière où, invité plutôt qu’entraîné par beaucoup des qualités et des habitudes littéraires de son esprit, il a su constamment les combiner, les diriger à bien sans jamais faire un faux pas ; où il a suivi d’assez près, bien qu’à distance convenable, les exigences variées du public, et n’a cessé de lui plaire, sans jamais forcer la mesure de la concession. […] Si Racine, dans les vingt-six années environ qui forment sa pleine carrière depuis les Frères ennemis jusqu’à Athalie, avait eu le temps de voir une couple de révolutions politiques et littéraires, s’il avait été traversé deux fois par un soudain changement dans les mœurs publiques et dans le goût, il aurait eu fort à faire assurément, tout Racine qu’il était, pour soutenir cette harmonie d’ensemble qui nous paraît sa principale beauté : il n’aurait pas évité çà et là dans la pureté de sa ligne quelque brisure. […] Un exemple éclatant140, sur la scène française, montre assez qu’en fait de goût littéraire le public n’a pas de parti pris.

1115. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre X. De la littérature italienne et espagnole » pp. 228-255

Il fallait de grandes dépenses, et l’autorisation de la puissance publique, pour faire à cet égard les recherches nécessaires. […] Ces associations étaient singulièrement propres aux travaux érudits, qui devaient faire sortir de l’oubli tant de chefs-d’œuvre ; mais les établissements publics sont, par leur nature même, entièrement soumis aux gouvernements ; et les corporations sont, comme les ordres, les classes, les sectes, etc., extrêmement utiles à tel but désigné, mais beaucoup moins favorables que les efforts et le génie individuels à l’avancement indéfini des lumières philosophiques. […] Enfin dans tout pays ou l’autorité publique met des bornes superstitieuses à la recherche des vérités philosophiques, lorsque l’émulation s’est épuisée sur les beaux-arts, les hommes éclairés n’ayant plus de route à suivre, plus de but, plus d’avenir, se laissent aller au découragement ; et à peine reste-t-il alors assez de force à l’esprit humain pour inventer les amusements de ses loisirs.

1116. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre III. Inconvénients de la vie de salon. »

Du public aux princes, et des princes au public, en prose, en vers, par les compliments de fête, par les réponses officielles, depuis le style des édits royaux jusqu’aux chansons des dames de la halle, c’est un échange continuel de grâces et de tendresses. […] Enfermés dans leurs châteaux et leurs hôtels, ils n’y voient que les gens de leur monde, ils n’entendent que l’écho de leurs propres idées, ils n’imaginent rien au-delà ; deux cents personnes leur semblent le public  D’ailleurs, dans un salon, les vérités désagréables ne sont point admises, surtout quand elles sont personnelles, et une chimère y devient un dogme parce qu’elle y devient une convention.

1117. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre III. Poésie érudite et artistique (depuis 1550) — Chapitre II. Les tempéraments »

Il offrait au public le sonnet et l’ode : il donnera aussi le premier modèle de la satire régulière, à la romaine. […] Quelque admirée que la Franciade ait été à son apparition, elle fut sans influence : ce qui compte, ce ne sont pas les chants imprimés en 1572, c’est le dessein annoncé bien des années auparavant par Ronsard de tenter l’épopée, c’est la confiance unanime des poètes et du public qui, avec Du Bellay, le désignaient pour le souverain effort du poème héroïque, c’était l’admiration grave, le respectueux enthousiasme dont pendant tant d’années on entoura celui qui marchait dans les voies d’Homère et de Virgile. […] On songea enfin d’autant moins à se retourner vers Ronsard qu’il était inutile : Malherbe, puis Corneille réalisaient le meilleur des vues de Ronsard, et du jour où ce qu’il avait de bon fut acquis et dépassé, les excès seuls et les défauts de son œuvre comptaient pour le public.

1118. (1899) Le préjugé de la vie de bohème (article de la Revue des Revues) pp. 459-469

Et il y a sur tout cet engouement, et cet entraînant arrangement à l’italienne d’un livre lugubre, plusieurs choses à dire, que le public ne s’est sans doute point dites en sortant de tous ces théâtres. […] Leoncavallo, mais je connais celle de Puccini, qu’on dit beaucoup plus triste et sentimentale : le sentimentalisme y foisonne en effet ; parmi la neige Mimi arrive en toussant, et elle meurt d’une phtisie aussi galopante que l’exige la rapidité conventionnelle des opéras, face au public. […] Il le compromet aux yeux du public, pastiche ses œuvres, bénéficie de son honneur et profite, pour lui imposer ce rebutant compagnonnage, de l’indulgence et de la pitié mêlées d’une certaine faiblesse qui entraînent souvent l’artiste vrai à se laisser « rouler » dans la vie tout en s’en apercevant.

1119. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Les Gaietés champêtres, par M. Jules Janin. » pp. 23-39

Mon congé et mon repos cette semaine sera, s’il vous plaît, de parler à propos et autour d’un livre que vient de donner un de nos camarades et amis, et qui l’est aussi du public, M.  […] Loin de moi l’idée que l’écrivain littéraire puisse rester indifférent à de certaines heures, qu’il puisse venir parler au public en des jours d’émotion universelle sans laisser lui-même éclater ses vœux, ses émotions, ses sympathies généreuses ! […] Mais l’essentiel est que ce droit un peu vague, bien que si réel, ne soit jamais supprimé, et que jamais les doctrines régnantes, au nom même du salut commun, ne puissent dire au poète, au littérateur, à l’érudit curieux, comme dans la banlieue d’une place de guerre le génie militaire dit à l’honnête homme, qui a sa métairie avec son petit bois et sa source d’eau vive : « Monsieur, nous avons besoin de ce petit coin qui vous sourit : il entre dans nos lignes, il nous le faut ; voilà le prix, soyez content, mais vous n’y rentrerez pas. » Ceux qui vivent des lettres, de l’amour des livres et des études, de ces passions après tout innocentes et désintéressées, peuvent céder un moment ce coin de leur être et le prêter à la chose et à la pensée publique, ils le doivent dans les cas urgents ; mais, ce cas cessant, ils rentrent de plein droit dans leur domaine.

1120. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Les regrets. » pp. 397-413

Si dans les hommes irrités dont je parle, il en est qui aient gardé le culte des purs sentiments libéraux, de la vieille liberté entendue comme en 89 ou en 1819, qui aient aimé cette liberté de la même manière avant et pendant le pouvoir, qui n’aient jamais senti, alors qu’ils étaient les maîtres, qu’il fallait faire fléchir les principes eux-mêmes devant les nécessités publiques et les périls imminents, s’il est de tels hommes qui aient conservé chastement en eux ce premier idéal de la nature humaine et de la nature française gouvernable, à ceux-là je leur accorde tout ; de tels modèles sont beaux de temps en temps à contempler à distance dans l’histoire. […] L’autre jour, j’entendais causer un homme de grand esprit, un ancien ministre de l’Instruction publique sous Louis-Philippe, et qui a, durant des années, administré, sous un titre ou sous un autre, cette branche importante du pouvoir ; il critiquait les innovations récentes apportées dans l’enseignement ; et, sur quelques observations générales qui lui étaient faites, et qui méritaient au moins d’être écoutées : « Je crois à la vérité absolue, s’écria-t-il en rompant la conversation, je crois au bien. » Il appelait apparemment le bien ce qu’il avait fait ; le mal, c’était ce que faisaient les autres. […] Si quelqu’un entre alors pour une affaire particulière, quelque subalterne surtout, on le retient, on amène la conversation sur la chute récente, sur l’ingratitude des hommes, sur l’état général des affaires publiques qui se gâte et devient tout à fait affligeant : on s’épanche, on cherche de l’écho.

1121. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Ducis. » pp. 456-473

Les scènes, même gâtées de Shakespeare, mais appropriées en gros à un public qui ne savait rien de l’original et qui s’était accoutumé à croire que Ducis l’embellissait, donnaient à ce genre bâtard de tragédie un intérêt extraordinaire, et le jeu de Talma sut l’élever vers la fin jusqu’aux apparences de la beauté. […] Le public éclata en larmes. […] Thomas accourut, le soigna, le fit transporter à sa maison de campagne, à Oullins près de Lyon, et bientôt après les deux amis célébrèrent leur joie d’être ensemble, leur tendresse et leur admiration mutuelle, au sein de l’Académie de Lyon, par des épîtres et par des embrassements publics qui excitèrent beaucoup d’applaudissements et quelques sourires.

1122. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — II. (Suite.) » pp. 149-166

C’est ainsi encore que, dans la religion et dans le culte d’adoration publique que rendent les peuples à la Divinité, il y a, si j’ose dire, le royaume de la Prière et des Hymnes. […] Et pourtant, du moment qu’on admet, comme il avait la sagesse de le faire, l’adoration publique et le culte, n’y a-t-il donc pas dans l’âme humaine des émotions, dans la destinée humaine des mystères et des profondeurs, qui appellent et justifient l’orage de la parole divine ? […] Il la considérait comme une navigation dont la traversée est obscure et dont le terme est certain, ou encore comme un sommeil d’une nuit, aussi naturel et aussi nécessaire à la constitution humaine que l’autre sommeil : « Nous nous en lèverons plus frais le matin. » Arrivé en Amérique, salué de ses compatriotes et ressaisi par le courant des affaires publiques, Franklin porte souvent un regard de souvenir vers ces années si bien employées, et où l’amitié et la science avaient tant de part.

1123. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « L’abbé Barthélemy. — II. (Fin.) » pp. 206-223

et la discussion politique s’enflammait de toutes parts ; mais, au milieu de ce souffle croissant et de ce vent impétueux qui s’élevait, et qui n’était pas encore une tempête, on recevait à l’Académie le chevalier de Boufflers, l’abbé Delille récitait dans les séances publiques des fragments applaudis du poème de L’Imagination, et le jeune Anacharsis surtout entrait à toutes voiles dans le port d’Athènes. […] Le Voyage d’Anacharsis avait paru depuis quelques mois, et le succès allait aux nues : une place devint vacante à l’Académie française par la mort du grammairien Beauzée, et Barthélemy, choisi tout d’une voix pour lui succéder, fut reçu dans la séance publique de la Saint-Louis (août 1789). […] Dans tous les établissements publics où il s’emploie un certain nombre d’hommes, il s’en trouve toujours un qui, d’ordinaire placé dans les rangs inférieurs, a amassé durant des années en silence des trésors de fiel et d’envie ; et, le jour d’une révolution survenant, cet homme se lève contre les autres qui ne le connaissaient même pas jusque-là, il devient leur ennemi ulcéré et leur dénonciateur.

1124. (1903) Zola pp. 3-31

On le sentait si calme en son travail, si peu fougueux, si éloigné de la verve débridée d’un Diderot, ayant, du reste, le soin d’insérer une scène de sensualité brutale dans une histoire ou un épisode qui ne la comportait nullement, qu’on le soupçonnait de viser à la vente en exploitant la denrée de librairie qui a plus que toute autre la faveur du public payant. […] Le public aime les ouvrages où un certain talent sert de passeport à la pornographie et excuse de la savourer. […] La misanthropie aussi, comme je crois l’avoir déjà dit, flatte tellement un lecteur peu averti qui s’excepte toujours de la condamnation portée contre le genre humain tout entier, que, si outrée et presque maladive et folle qu’elle fût chez Zola, elle ravissait d’aise et de joie maligne un public volontiers contempteur et prompt à reconnaître le prochain dans les plus noires peintures, sans songer que le prochain c’est le semblable.

1125. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Observations générales, sur, l’art dramatique. » pp. 39-63

Un théâtre construit selon les règles, doit être très vaste ; il doit représenter une partie d’une place publique, le péristyle d’un palais, l’entrée d’un temple. […] 1 Un abus public n’est jamais corrigé qu’à la dernière extrémité. […] La tragédie ne fait pas rire, parce que les sottises des grands sont presque toujours des malheurs publics : Quidquid delirant reges, plectuntur Achivi.

1126. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Paragraphe sur la composition ou j’espère que j’en parlerai » pp. 54-69

Le tableau n’est plus une rue, une place publique, un temple ; c’est un théâtre. […] Je me soucie bien que l’artiste ait disposé ses figures pour les effets les plus piquants de lumière, si l’ensemble ne s’adresse point à mon âme, si ses personnages y sont comme des particuliers qui s’ignorent, dans une promenade publique, ou comme les animaux au pied des montagnes du paysagiste. […] Ah si un sacrifice, une bataille, un triomphe, une scène publique pouvait être rendue avec la même vérité dans tous ses détails qu’une scène domestique de Greuze ou de Chardin !

1127. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Béranger — Note »

. — Il se prépare ici une saison assez littéraire, assez poétique même : nous allons avoir dans une quinzaine un volume lyrique de Hugo ; il y aura des vers d’amour ; malgré toutes les hésitations, il se décide à son coup de tête, et bien que ce soit une unité de plus qu’il brise dans sa vie poétique (l’unité domestiqueaprès à politique et la religieuse), peu importe à nous autres frondeurs des unités et au public qui ne s’en soucie plus guère : les beaux vers, comme seront les siens, je n’en doute pas, couvriront et glorifieront le péché. […] Piccolos, Grec de mérite, avec qui j’ai été vous visiter à la Force en 1829, a traduit grand nombre de vos chansons en grec moderne (il est à Bucharest actuellement, où il a rendu de grands services comme médecin et dans l’instruction publique) ; il voudrait publier son recueil de traductions avec toutes les notes d’un érudit minutieux.

1128. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. LOUIS DE CARNÉ. Vues sur l’histoire contemporaine. » pp. 262-272

Voici la profession de foi politique du siècle, suivant M. de Carné, et nous la ratifierions en tout point, sous la réserve de l’expliquer et de la préciser : 1° Tout pouvoir tire sa légitimité de sa conformité à la loi morale et à l’utilité du plus grand nombre : son droit est subordonné à cette utilité reconnue par les corps politiques auxquels le pays a confié mission de la constater ; 2° aucune classification permanente de la société n’est désormais possible, et une aristocratie mobile et personnelle tend à remplacer l’aristocratie héréditaire légale ; 3° les idées tendent, selon les progrès graduels des mœurs, à faire prévaloir le principe électif pour les fonctions publiques ; 4° la publicité est désormais la condition essentielle du pouvoir, en même temps qu’elle deviendra son principal appui. […] M. de Villèle se trouve personnellement traité par l’auteur avec une indulgence qu’expliquent jusqu’à un certain point l’ineptie, les frénésies ou les fourberies de ses successeurs avant et après Juillet ; mais M. de Carné, n’étant pas de ceux qui suppriment la morale et le témoignage de la conscience publique en histoire, n’a pu parler que par une étrange inadvertance de cette page honorable qui serait réservée dans les annales de ce temps au ministre le plus effrontément madré et le plus corrupteur.

1129. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. A. Thiers : Histoire de la Révolution française. IXe et Xe volumes »

D’ici à quelques jours, tout mot sincère sur notre glorieuse Révolution, tout hommage à son jeune et digne historien nous seront peut-être interdits 10 ; peut-être notre comité de salut public aura repris sa tâche. […] Le Directoire était usé comme l’avait été le comité de salut public, comme le fut depuis Napoléon lui-même.

1130. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre IV. La comédie »

Elles jouent à la grande comédie, et l’on n’y sent rien qu’un faiseur qui spécule sur la vulgarité intellectuelle et morale de son public, sans donner d’autre but à son art que de faire cent ou deux cents fois salle comble. […] Une construction très solide, qui fait ressortir la thèse, qui dresse les situations comme des arguments et nécessite le dénouement par une pressante logique, un dialogue éclatant d’esprit, trop ingénieux parfois et trop pétillant, mais d’une singulière précision dramatique, d’incroyables tours d’adresse pour éviter les difficultés en paraissant les aborder de front, autant de romanesque qu’il en faut pour amorcer ou désarmer le public, des brutalités voulues et mesurées, et, par un contraste piquant, les plus rigides conclusions préparées par les plus scabreuses situations ; au milieu de tout cela, des coins de scènes qui donnent la sensation immédiate de la vie, des parties de caractères, qui éclairent fortement certaines profondeurs de l’âme contemporaine : voilà l’impression mêlée et puissante que donnent les comédies de M. 

1131. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les petites revues » pp. 48-62

Un « avis au public » disait en tête du nº 2 de la deuxième année (10 janvier 1886) : « Le Scapin est définitivement organisé pour vivre. […] « Il ne se fera, quoi qu’on en ait dit, l’organe d’aucune coterie, d’aucune secte : il n’a pas de couleur littéraire ; il est et restera ouvert à toute tentative originale, il prêtera son concours le plus entier à tous ceux qui luttent pour arriver au jour, à une époque où il devient de plus en plus difficile de percer la couche épaisse de sottise qui sépare les jeunes écrivains du grand public. ».

1132. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XIV. Rapports de Jésus avec les païens et les samaritains. »

Le prêtre, par état, pousse toujours au sacrifice public, dont il est le ministre obligé ; il détourne de la prière privée, qui est un moyen de se passer de lui. […] La Galilée contenait un grand nombre de païens, mais non à ce qu’il semble, un culte des faux dieux public et organisé 646.

1133. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre III. Soubrettes et bonnes à tout faire »

Mais les choses qui font penser mettent en fuite le public. […] En somme le joli petit Hermant est de ces normaliens qu’on doit recommander aux directeurs de théâtre, aux directeurs de journaux, aux éditeurs et au public comme les plus docilement indifférentes des bonnes à tout faire.

1134. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Première Partie. Des Langues Françoise et Latine. — L’orthographe, et la prononciation. » pp. 110-124

Le public ne sçut point du tout gré à l’auteur d’avoir eu cette attention, & le traita de ridicule, comme les autres, pour avoir osé innover. […] « L’ancienne nous échappe tous les jours ; &, comme il ne faut point se presser de la rejetter, on ne doit pas non plus faire de grands efforts pour la retenir. » Le changement dans toute matière a des attraits : de même qu’on a changé en grande partie l’orthographe, on a aussi essayé de substituer aux notes ordinaires de la musique d’autres signes ; inventions dont les auteurs n’ont pas été bien reçus du public, & qui les en ont même fait mépriser dès qu’elles ont paru.

1135. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Madame Therbouche » pp. 250-254

Si la nymphe eût été belle, l’amour charmant, le satyre de grand caractère, elle en eût fait ce qu’on en pouvait faire de pis ou de mieux, que son tableau eût été admis, sauf à le retirer sur la réclamation publique ; car enfin n’avons-nous pas vu au sallon, il y a sept à huit ans, une femme toute nue étendue sur des oreillers, jambes deçà, jambes delà, offrant la tête la plus voluptueuse, le plus beau dos, les plus belles fesses, invitant au plaisir et y invitant par l’attitude la plus facile, la plus commode, à ce qu’on dit même la plus naturelle, ou du moins la plus avantageuse ? Je ne dis pas qu’on en eût mieux fait d’admettre ce tableau, et que le comité n’eût pas manqué de respect au public et outragé les bonnes mœurs.

1136. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Les Philippiques de la Grange-Chancel »

Ils les avaient lavées, brossées vigoureusement et étendues comme des gloires aux yeux du public, ces hontes restées telles. […] De même, il y a des esprits héroïques aussi à leur manière, qui ne craignent pas de dire nettement la vérité qui offense, de lever le fouet sur les lâches, les coquins, les infâmes ou les sots de leur temps, et ces esprits-là ne prendront pas pour eux la leçon à côté que leur donne de Lescure, en leur montrant les malheurs de La Grange-Chancel, qui ne fut pas, d’ailleurs, si malheureux, car pour faire ce service public de la satire qu’ont toujours respecté les hommes, il faut de rigueur du talent et de la conscience, et La Grange-Chancel n’en avait pas.

1137. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « La Bruyère » pp. 111-122

Par suite donc d’affaires, comme dit le vieux Turnpenny dans Walter Scott, nos réimpressions n’ont été jusqu’à ce jour que des réimpressions purement ou impurement mercantiles, s’adressant à l’esprit de parti et aux passions les moins littéraires du public. […] Mais, en attendant ses publications ultérieures, voici un ouvrage qu’elle offre au public, marqué du caractère qui provoque la réimpression et la justifie : Les Caractères de La Bruyère 14, d’une grande gloire acquise.

1138. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Louis Nicolardot » pp. 217-228

Il a copié fidèlement et intégralement le Journal de Louis XVI, et il l’a planté sous les yeux du public dans toute son authenticité, étonné lui-même de n’avoir pas été devancé par quelqu’un dans cette besogne si facile ; car bien des gens étaient passés par là ! […] — entre le mal que, sans le vouloir, il a fait, et le bien qu’il voulait et qu’il n’a pas su faire ; — entre les incompréhensibles faiblesses de sa vie publique et l’héroïsme surnaturel de sa mort.

1139. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Swift »

Il a eu pour femmes de chambre de sa toilette officielle et publique, la coquinerie et l’honnêteté, Voltaire et Walter Scott, qui l’ont attifé tous les deux, et trop attifé ! […] Léon de Wailly, sous la rubrique où vous reconnaissez ce que, plus haut, nous appelions le cant de la plaisanterie : « Modeste proposition — nous dit Swift — pour empêcher les enfants des pauvres d’Irlande d’être à charge à leurs parents ou à leur pays et pour les rendre utiles au public.

1140. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXIII. P. Enfantin »

Ils ne disaient mot de la doctrine, du moins devant le public, mais on remarquait qu’ils se tenaient comme des crustacés et s’appuyaient les uns les autres. […] Enfantin pour cacher et faire accepter à la pudeur publique, qu’elle outrage, une doctrine qui se trouvait plus religieuse d’aller toute nue, quand elle était plus jeune, il ne faut pas perdre de vue qu’il s’agit ici, comme au temps où le saint-simonisme cherchait la femme, de la réhabilitation de la chair.

1141. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Deltuf » pp. 203-214

Qui peut dédommager un homme de talent, surtout quand il commence à naître et qu’il a besoin d’un peu de succès pour se développer ; qui peut le dédommager de l’inattention, du silence, de l’oubli, de toutes ces horribles choses qui viennent s’entasser autour de son livre et l’intercepter au public, qui le lirait, si la Critique, vigie infidèle, avait dit le mot qu’elle doit dire et avait averti ? […] … Est-ce là une enseigne peinte en rouge pour le gros public qui aime les aventures et leurs fracas, et leurs falbalas, et leurs patatras ?

1142. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « J.-J. Ampère ; A. Regnault ; Édouard Salvador »

Ampère, est un écrivain qui n’avait pas besoin, du reste, de s’en aller en Amérique pour en revenir avec un livre et se faire lire du public français. […] Les savants le trouvaient un poète, les poètes en faisaient un savant, et le public, qui n’est ni savant ni poète, était de l’avis des uns et des autres.

1143. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Conclusion »

Elles n’ont pris possession de l’esprit public que parce que l’esprit public était modelé déjà et comme pétri pour elles par l’action incessante des formes sociales.

1144. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXII. Des panégyriques latins de Théodose ; d’Ausone, panégyriste de Gratien. »

On croit que saint Augustin, alors professeur d’éloquence à Milan, prononça un discours public sur le même sujet. […] Il fut ordonné que son anniversaire serait célébré tous les ans par un éloge public prononcé dans Constantinople.

1145. (1891) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Quatrième série

Non seulement action, mais action publique, ses qualités ou ses défauts n’apparaissent, comme l’on dit, qu’aux chandelles. […] Voilà surtout la preuve que cette faveur publique, indispensable au développement des genres, n’a pas manqué à nos romanciers. […] Mais le goût public n’était pas encore au réalisme du roman picaresque. […] Autrefois le bien des particuliers faisait le trésor public, mais pour lors le trésor public devient le patrimoine des particuliers. […] « Je n’ai jamais ouï parler du droit public, a-t-il dit dans ses Lettres persanes, que l’on n’ait commencé par rechercher soigneusement quelle est l’origine des sociétés, — ce qui me paraît ridicule. » Il a raison ; qu’importe l’origine, si le droit public ne commence lui-même qu’avec la société formée ?

1146. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article »

Brun, [Guillaume le] Jésuite, né en 1674, mort en 1758, a plus que le précédent des droits à la reconnoissance publique, pour avoir composé un Dictionnaire François-Latin qui est devenu classique dans tous les Colléges de France.

1147. (1890) Le réalisme et le naturalisme dans la littérature et dans l’art pp. -399

La loi qu’ils cherchent le moins à éluder, c’est la loi du travail, du travail pour le gain ou public ou privé. […] Mais aussi le public appartient au poète bien plus qu’en notre temps. […] De quoi se forme en effet le public ? […] Dès 1737 le premier Salon public lui avait ouvert le sanctuaire de la peinture auparavant à demi clos. […] Le public se montra encore moins récalcitrant que les chanteurs.

1148. (1891) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Première série

. — Mais, en effet, il est pour le comité du salut public. — Et pour la France contre la coalition. […] Il était très bon, et cela se voit si peu dans ce qu’il a dit pour le public, qu’il faut que j’y insiste. […] Nous n’écrivons point pour nous, mais pour un public. […] Elle a fait le littérateur plus indépendant du monde, moins soucieux du public, ou du moins d’un public restreint, plus solitaire, et vraiment, encore, plus personnel. […] Dans toutes ses manières d’être, et privées et publiques, Constant a toujours été l’homme aux divorces.

1149. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — J. — article » p. 538

Joubert, il supposoit quelques talens, de l’application, de l’étude, & sur-tout le désir estimable d’être utile au Public.

1150. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » p. 148

Il a remporté douze Prix à l’Académie des Jeux Floraux, & deux à celle de Marseille, sans que toutes ces Couronnes aient pu lui faire une réputation dans la Littérature ; tant il est vrai que les Tribunaux littéraires ont peu d’influence sur le suffrage du Public !

1151. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — J. — article »

Ils méritent encore de l’être, quoiqu’ils aient été surpassés par plusieurs autres Ouvrages de ce genre, donnés depuis au Public.

1152. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — N. — article » p. 411

La gloire que procurent ces sortes d’Ouvrages, est médiocre ; si elle se mesuroit sur son utilité, le Public devroit être plus reconnoissant.

1153. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » p. 324

Deux Tragédies oubliées, quelques Poésies fugitives aussi oubliées, sont les présens qu’il a faits au Public, toujours ingrat pour ce qui porte le caractere de la médiocrité.

1154. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » p. 487

Ses Ouvrages ne forment pas un grand volume ; mais il a assez bien écrit pour faire honneur à ses lumieres, à son goût, à son style, & mettre en évidence l’ineptie de ces Productions bizarres, dont le Public a eu la bonté de s’infatuer.

1155. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article »

Comme il a cultivé les Lettres & la Poésie pour son propre amusement, il seroit injuste de lui faire un crime de n’avoir pas également réussi à amuser le Public.

1156. (1891) Enquête sur l’évolution littéraire

Un esprit fortement constitué vaut par lui-même et force l’attention du public par sa vertu propre. […] Zola n’a plus l’oreille du public, ni même M. de Maupassant, qui parfois donna l’illusion d’un très fort. […] Aujourd’hui, en littérature, le public semble vouloir effectuer un pareil classement. […] — Mais le public ? […] et ces splendides mots qui s’en envoleront, abeilles ravies de porter le bon suc au public régénéré !

1157. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » p. 262

Si l’on ajoute qu’elle a fait encore une excellente Traduction des Histoires de la Maison de Tudor & de la Maison de Plantagenet, on conviendra sans peine qu’elle a honoré son sexe par de bonnes études, & rendu service au Public, en lui procurant deux bons Ouvrages Anglois.

1158. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » p. 477

L’Amphitrion mourut ; sa prose & ses vers perdirent tout leur mérite, & les Approbateurs se rangerent du côté du Public qui n’avoit pas dîné chez lui.

1159. (1874) Portraits contemporains : littérateurs, peintres, sculpteurs, artistes dramatiques

Les hommes nés avec ce siècle ou un peu avant ont été le public immédiat de Béranger. […] Eugène Sue, Alexandre Dumas l’emportèrent fréquemment sur Balzac dans ces batailles de chaque matin qui passionnaient alors le public. […] trop rare, car en France le goût de ces conférences publiques, de ces critiques parlées, n’est pas sérieusement venu encore. […] Il y vit un moyen de s’y faire entendre de ce public qui ne prête pas volontiers l’oreille à la poésie pure. […] Le public comprit tout de suite qu’un grand peintre était né.

1160. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article »

Les Ouvrages de Physique qu’on a de lui, sont dirigés, selon leur véritable destination, à l’utilité publique.

1161. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article »

Ils éprouverent ensuite des contradictions : la Sorbonne y trouva des propositions hasardées ; mais le Public ne fut touché que des détails agréables qu’ils contiennent.

1162. (1894) Critique de combat

Mais elle a le droit d’être la voix des aspirations confuses du public pour dire aux écrivains : — Tel goût a vieilli. […] le bon coup de balai à donner, pour raison de salubrité publique, dans ce ramassis d’immondices ! […] Les besoins du public et, j’ose le dire, de l’art lui-même ont eu beau changer autour de lui. […] Il eut cette force énorme d’être un grand honnête homme dans la vie publique comme dans la vie privée. […] Elle se trahit même clans le domaine des affaires publiques.

1163. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre I. Les personnages »

Quand la mauvaise fortune le force à consulter les autres, il fait un beau discours sur le bien public, et ne songe qu’au sien. […] N’ayant de revenu que celui des autres, il faut bien qu’il vive sur le public, et en particulier aux dépens du roi. […] Le clergé en France, quoique décent et régulier, n’est point le favori du public. […] Ces ridicules, propriété publique de la bourgeoisie assemblée, sont encore la propriété privée du bourgeois rentré dans sa maison. […] Il est très-humble serviteur du public, et danserait volontiers pour l’honneur.

1164. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article »

Il n’a cherché qu’à être utile ; & si son nom ne se trouve pas toujours à la tête de ses Ouvrages, qui ne sont que des Compilations, le Public ne doit pas ignorer qu’il lui a l’obligation de six Dictionnaires formant vingt-deux volumes.

1165. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » p. 360

Beaucoup de petits détails, peu de lumieres sur les faits essentiels, trop de complaisance pour elle-même, peu d’attention pour le Lecteur, feroient assez croire que cette Princesse les a composés plutôt par désœuvrement, que pour les donner au Public.

1166. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article »

Ses Préjugés du Public forment trois volumes, & pourroient être réduits à trois pages ; encore n’y trouveroit-on aucune pensée piquante & bien écrite.

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