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1345. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Colet, Louise (1810-1876) »

Et certes, il faudrait avoir l’esprit bien mal fait pour ne pas s’associer à la pensée qu’il exprime si judicieusement et avec une si naïve confiance ; mais de quelle solide foi romantique ne devait pas être animé le statuaire qui avait représenté Mme Louise Colet, splendide alors et épanouie comme les Néréides du maître d’Anvers, sous la figure d’une jeune femme rêveuse et mourante, étendue près d’une fontaine, et intitulée : Penserosa !

1346. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 414-416

L’Ouvrage dans lequel il fournit moins à la critique, est l’Instruction pour se conduire dans le monde, Instruction qu’il fit pour ses enfans, & où il annonce l’homme qui connoît le monde, un esprit qui fait penser sagement, un Philosophe qui apprécie à leur juste valeur les biens & les maux de la vie.

1347. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 184-186

Né avec une grande vivacité dans l’esprit, il cultiva assez heureusement la Poésie Latine, les Sciences, & n’écrivoit pas mal, pour son temps, dans sa propre Langue ; mais emporté par son imagination fougueuse, il s’engagea dans les plus pitoyables travers.

1348. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 167-169

Un célebre Critique a eu raison de dire de cet Ouvrage, « qu’il étoit la Production d’un excellent Citoyen, qui n’écrit que pour se rendre utile, qui voit tous nos travers & tous nos vices, non pour en plaisanter avec légéreté, mais pour nous en corriger ; qui gémit sur cet abîme-de corruption où nous sommes plongés, & qui voudroit nous en faire sortir ; qui nous offre la perspective la plus effrayante des maux que nous preparent des révolutions qu’amenera cette mollesse hébetée, qui tient nos sens engourdis : car le voile est aisé à lever ; ce tableau de la Grece est un miroir où la France doit se voir elle-même.

1349. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 235-237

Le Public lui a attribué quelques petites Brochures assez mal écrites contre la Religion, mais elles ne sont pas de lui.

1350. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — N. — article » pp. 408-410

Jamais les anciens Philosophes, encore moins ceux de notre Siecle, n’ont rien écrit de plus sensé & de plus instructif sur l’homme, sur ses devoirs, sur ses passions, sur l’usage qu’il doit faire des biens & des maux de la vie.

1351. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 219-221

Le plus connu de ses autres Ouvrages est celui qui a pour titre, Annales politiques de Louis XIV, où l’Auteur offre un tableau frappant des progrès de l’esprit chez notre Nation, pendant le regne de ce Monarque, & où M. de Voltaire. a puisé l’idée si mal remplie de son Siecle de Louis XIV, & le plan de son prétendu Essai sur l’Histoire générale.

1352. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préfaces de « Han d’Islande » (1823-1833) — Préface de janvier 1823 »

S’étant imaginé qu’une composition en quatre volumes valait la peine d’être méditée, il a perdu son temps à chercher une idée fondamentale, à la développer bien ou mal dans un plan bon ou mauvais, à disposer des scènes, à combiner des effets, à étudier des mœurs de son mieux ; en un mot, il a pris son ouvrage au sérieux.

1353. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préfaces des « Orientales » (1829) — Préface de février 1829 »

Il ose affirmer que ceux qui le voient ainsi le voient mal.

1354. (1837) Lettres sur les écrivains français pp. -167

Je fis gauchement une cigarette qui fuyait, et je la fumai tant bien que mal, par contenance. […] Il n’y a pas d’exemple, qu’un journal ait jamais dit du mal du talent de M.  […] Jules Lacroix, auteur de quelques romans invraisemblables, et mal écrits, par-dessus tout. […] Muret eut, dit-on, tout le mal du monde à ne pas épouser. […] Junot a mal fini, comme vous savez, mon cher Monsieur, et n’a pu s’occuper de la position matérielle de sa famille, ni de l’avenir de ses enfants.

1355. (1932) Le clavecin de Diderot

Il le désigne en utilisant l’expression de « clavecin mal tempéré », jouant ainsi avec le titre de l’œuvre de Bach. […] L’on eut donc un tam-tam qui valait bien les histoires de colliers perdus, dans les taxis, par des vedettes en mal de réclame. […] D’Orphée, les intellectuels, en mal de carrière parlementaire, ne considèrent que la réussite électorale. […] Et qu’elle n’ait pas le mal du pays ! […] Lafcadio sait que ça finira mal.

1356. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxvie entretien. L’ami Fritz »

Quel mal y a-t-il à cela ? […] — Tu raisonnes mal, Kobus. […] je raisonne mal ! […] « Oui, il ne parle pas mal, pour un vieux posché-isroel, fit-il en riant ; mais je m’en tiens à mon idée, je suis garçon et je resterai garçon. […] Depuis que j’observe les femmes, et il y a pas mal de temps, je crois m’y connaître, je sais tout de suite ce qu’elles sont et ce qu’elles valent, ce qu’elles seront et ce qu’elles vaudront.

1357. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre septième »

Les plus grands maux venaient de l’usage funeste de donner le gouvernement à un premier ministre. […] Le temps que Mazarin avait perdu à mal régner, Colbert l’employait à bien servir le roi. […] Un autre mal, non moins profond, affligeait la France. […] » Il se trouva sans doute quelque grand seigneur mal disposé pour Boileau, un duc de la Feuillade, par exemple, qui en fit sa cour à Louis XIV. […] Un roi de France n’y peut rien, et vraiment c’eût été faire bien mal à propos le courtisan que se relâcher de cette maxime devant un roi qui l’appliquait si bien.

1358. (1895) La science et la religion. Réponse à quelques objections

Mais l’unique problème est d’examiner quels progrès de la morale ont ou n’ont pas suivi ces progrès de la science ; et, — pour terminer par une observation personnelle, — ce problème, il me semble que je ne l’ai pas si mal résolu. […] Et autour de nous, dans notre monde moderne, est-ce que, pour être beaucoup plus préoccupés que nous ne le sommes en France des questions religieuses, la Russie, l’Angleterre, les États-Unis d’Amérique s’en portent plus mal ? […] Si l’on a tiré du « darwinisme mal entendu » d’odieuses conséquences, on en peut tirer d’autres du darwinisme mieux interprété. […] C’est ce qui l’amène à formuler cette étrange définition : « Le mal… c’est la douleur des autres » ! […] Me suis-je peut-être mal expliqué ?

1359. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « La religion statique »

Mais telle est d’abord la solidarité entre les membres du groupe que tous doivent se sentir participer dans une certaine mesure à la défaillance d’un seul, au moins dans les cas qu’ils tiennent pour graves : le mal moral, si l’on peut déjà employer ce terme, fait l’effet d’un mal physique qui s’étendrait de proche en proche et affecterait la société entière, par contamination. […] A son point de départ, l’intelligence se représente simplement les morts comme mêlés aux vivants, dans une société à laquelle ils peuvent encore faire du bien et du mal. […] Cette chose peut n’avoir été qu’entrevue ; elle peut avoir été mal vue ; elle peut avoir été jetée pêle-mêle avec d’autres dont il faudra l’isoler. […] Si elle lui veut du mal, il tâchera d’en détourner l’effet. […] De cette fonction fabulatrice nous avons dit qu’on la définirait mal en faisant d’elle une variété de l’imagination.

1360. (1885) L’Art romantique

Ce serait mal me comprendre. […] Le mal se fait sans effort, naturellement, par fatalité ; le bien est toujours le produit d’un art. […] Où est le grand mal ? […] Est-ce Vénus Aphrodite ou Vénus Mercenaire qui soulagera les maux qu’elle vous aura causés ? […] Et à un autre : Ne donnez pas à celui-là : il est mal drapé ; ses guenilles ne lui vont pas bien.

1361. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Corbière, Tristan (1845-1875) »

Lucien Muhlfeld Il y a des vers amusants et même de vigoureuses pièces dans le recueil, et ce n’est pas Corbière qu’il faut amoindrir, c’est l’enthousiasme irréfléchi dont on a trop longtemps accablé ce louable, mais un peu lourd et mal gracieux, désarticuleur, plus que libérateur, du vers.

1362. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XXIII. Des sympathies anarchistes de quelques littérateurs » pp. 288-290

Voici des analystes, des compréhensifs, des dissecteurs, qu’intéresse mal la grosse bâtisse socialiste.

1363. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Léon Dequillebec » pp. 165-167

Les fenêtres fermaient mal.

1364. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 301-304

L’intolérance, à cet égard, peut-elle jamais produire la millieme partie des maux qu’une indulgence funeste entraîneroit à sa suite ?

1365. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » pp. 392-394

Ils paroissent avoir été écrits trop à la hâte ; les faits n’y sont pas assez bien présentés, les observations y sont confuses & mal digérées.

1366. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre XIV. Des Livres sur le Commerce & sur ce qui y a rapport. » pp. 329-332

Les Banquiers ont besoin pour se diriger de quelques livres particuliers ; ils doivent donner la préférence aux plus nouveaux, à moins qu’ils ne fussent mal exécutés.

1367. (1761) Salon de 1761 « Peinture —  Bachelier  » pp. 147-148

Ils sont habillés comme jamais des enfants ne l’ont été ; tout cela a un air de mascarade qui fait fort mal avec [l’]air de paysage et de bergerie ; et puis des chèvres, des brebis, des chiens, des animaux, qu’on ne reconnaît point.

1368. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Machy » pp. 174-175

La figure brisée avec l’ornement est d’excellent goût ; ces eaux ramassées sur le devant ont de la transparence ; mais le tout est gris ; mais il est sec, mais il est dur, mais la lumière forte est trop égale, mais son effet blesse les yeux, mais les figures sont mal dessinées ; mais ce tableau, mis malignement à côté de la galerie antique de Robert, fait sentir l’énorme différence d’une bonne chose et d’une excellente.

1369. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Saint-Arnaud. Ses lettres publiées par sa famille, et autres lettres inédites » pp. 412-452

Combien de fois déjà auparavant n’avait-il pas dompté le mal et triomphé de l’épuisement extrême pour courir à l’action, pour voler le premier au péril ! […] Trois semaines après, par une péripétie qui se rencontrera plus d’une fois dans sa carrière et qui en est, si l’on y prend garde, la mauvaise étoile et comme le guignon dominant, dans un camp perdu, loin de toute ville, il était saisi du mal qui sera son ennemi familier, le choléra le terrassait : « Ô mon Dieu, comme je regrettais les balles de Constantine ! […] Quand le mal vient saper mon moral, que je me sens seul, isolé, loin de tout ce que j’aime, j’ai le cœur bien serré ; alors je regarde ma croix, mes épaulettes, je pense à mes enfants, à vous, à mon passé, à l’avenir ; je me roidis et je tiens bon, mais mes cheveux blanchissent et mes genoux tremblent. » Dans une expédition faite pour prendre possession de Djidjelli (mai 1839) et pour châtier les Kabyles voisins, le capitaine Saint-Arnaud mérite d’être proposé pour le grade de chef de bataillon, en remplacement du brave Horain, qui meurt des suites d’une blessure. […] Je crois que, pour être général en chef, il faut être égoïste ; moi, je ne puis pas l’être ; j’aime mes soldats et je souffre de leurs maux. » Nommé par le général Bugeaud au commandement supérieur de Milianah (juin 1842), avec trois bataillons sous ses ordres, soixante cavaliers, de l’artillerie, du génie, « enfin une petite brigade, complète et organisée », il s’exerce à l’administration, à la conduite de la guerre ; il gagne en expérience, en aplomb ; il fait son apprentissage de commandant en chef : « Si jamais je suis général, j’arriverai tout formé. » Dans les expéditions qu’il dirige alentour, il y a tel petit combat « où il y a tactique en miniature et combinaison de trois armes ». […] Je me serais beaucoup attendri, et cela m’aurait fait mal.

1370. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LA FAYETTE » pp. 249-287

Boileau y coupa court par ses railleries, non moins qu’à cette lignée de poëmes épiques, le Moïse sauvé, le Saint Louis, la Pucelle ; Mme de La Fayette, sans paraître railler, et comme venant à la suite et sous le couvert de ses devanciers que Segrais et Huet distinguaient mal d’elle et enveloppaient des mêmes louanges, leur porta coup plus que personne par la Princesse de Clèves. […] Huet est assez formel à ce sujet dans ses Origines de Caën ; il l’est plus encore dans son Commentaire latin sur lui-même : « Des gens mal informés, y dit-il, ont pris pour une injure que j’aurois voulu causer à la renommée de Segrais ce que j’ai écrit dans les Origines de Caën ; mais je puis attester le fait sur la foi de mes propres yeux et d’après nombre de lettres de Mme de La Fayette elle-même ; car elle m’envoyoit chaque partie de cet ouvrage successivement, au fur et à mesure de la composition, et me les faisoit lire et revoir. » Enfin Mme de La Fayette disait souvent à Huet, qui avait mis en tête de Zayde son traité de l’Origine des Romans : « Savez-vous que nous avons marié nos enfants ensemble ?  […] M. de La Rochefoucauld est dans cette chaise que vous connoissez : il est d’une tristesse incroyable, et l’on comprend bien aisément ce qu’il a. » Ce qu’a sans doute M. de La Rochefoucauld de pire que la goutte et que ses maux ordinaires, c’est de manquer de Mme La Fayette. […] — Je lis plus loin une phrase sur ces années « dont on ne s’est point encore sincèrement repenti, parce qu’on est assez injuste pour excuser sa foiblesse et pour aimer ce qui en a été cause 125. » Un an avant de mourir, Mme de La Fayette écrivait à Mme de Sévigné un petit billet qui exprime son mal sans repos nuit et jour, sa résignation à Dieu, et qui finit par ces mots : « Croyez, ma très-chère, que vous êtes la personne du monde que j’ai le plus véritablement aimée. » L’autre affection qu’elle ne nommait plus, qu’elle ne comptait plus, était-elle donc enfin ensevelie, consumée en sacrifice ? […] On ne peut donc prendre ce propos, mal recueilli, pour une autorité.

1371. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIIe entretien. Littérature américaine. Une page unique d’histoire naturelle, par Audubon (1re partie) » pp. 81-159

C’était une guerre civile intentée à la mère patrie, pour une cause purement vénale ; cela n’était ni juste ni noble ; cela ne pouvait produire que beaucoup de mal aux Anglais et beaucoup d’ingratitude pour la France. […] Me voilà donc, dessinateur imberbe et inexpérimenté, copiant tout ce qui se présentait à mes yeux, et le copiant mal. […] Plus mes oiseaux étaient mal dessinés et mal peints, plus les originaux me semblaient admirables. […] Du moment que les poissons se sentent retenus dans la partie inférieure qui pose au fond, leur frétillement avertit le pêcheur qui n’a pas alors grand mal à s’en emparer.

1372. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVI. La littérature et l’éducation publique. Les académies, les cénacles. » pp. 407-442

Une longue expérience a prouvé qu’il préfère la correction à la verve inventive et, s’il faut choisir entre deux maux, l’excès de pondération à l’excès d’originalité. […] Dans l’œuvre d’un Voltaire ou d’un Sainte-Beuve, il est aisé de signaler tel ouvrage ou tel passage qui prouve que l’auteur était, au moment où il l’écrivit, en mal de candidature académique. […] L’ambition d’entrer à l’Académie, en inclinant les têtes les plus fières, n’a donc pas toujours favorisé la franchise, et l’on comprend que des caractères peu flexibles se soient mal accommodés des concessions qu’il aurait fallu consentir pour y être admis. […] La tourbe de ceux (hors mis cinq ou six) qui suyvent les principaux, comme port’enseignes, est si mal instruite de toutes choses, que par leur moyen nostre vulgaire n’a garde d’estendre guère loing les bornes de son empire. » Ainsi s’exprime Joachim du Bellay168 et il balaye à l’égout « rondeaux, ballades, virelays, chants royaulx, chansons et autres telles espisseries. » Même mépris insultant pour le théâtre des siècles précédents. […] Outre cette action, qui se fait sentir à l’ensemble du mouvement littéraire, ils ont encore d’autres effets particuliers, qui sont, comme il arrive d’ordinaire, mélangés de bien et de mal.

1373. (1856) Cours familier de littérature. II « VIIIe entretien » pp. 87-159

L’intelligence, la pensée, la volonté, la conscience, la moralité ou l’immoralité, le choix entre le bien et le mal, la liberté, la perversité ou la sainteté des actes, sont des phénomènes intellectuels de cet être appelé esprit ; phénomènes aussi inexplicables, mais aussi incontestables pour l’homme de bonne foi, que les phénomènes matériels le sont pour nos sens. […] Ce livre raconte en versets, dont chacun est un vers qui trouve son écho dans un autre vers, les pensées de Dieu, la création du monde en six grandes journées de l’ouvrier divin, qui sont peut-être des semaines de siècles ; la naissance du premier homme, son ennui solitaire dans l’isolement de son être, qui n’est qu’un morne ennui sans l’amour ; l’éclosion nocturne de la femme, qui sort, comme le plus beau des rêves, du cœur de l’homme ; les amours de ces deux créatures complétées l’une par l’autre dans ce premier couple dont le fils et les filles seront le genre humain ; leurs délices dans un jardin à demi céleste ; leur pastorale enchantée sous les bocages de l’Éden ; leur fraternité avec tous les animaux aimants qui parlaient alors ; leur liberté encore exempte de chute ; leur tentation allégorique de trop savoir le secret de la science divine, secret réservé seul au Créateur, inhérent à sa divinité ; leur faute, de curiosité légère chez la femme, de complaisance amoureuse chez l’époux ; leur tristesse après le péché, premier réveil de la conscience, cette révélation par sentiment du bien et du mal ; leur citation au tribunal divin ; les excuses de l’homme pour rejeter lâchement le crime sur sa complice, le silence de la femme, qui s’avoue coupable par les premières larmes versées dans le monde ; leur expulsion ; leur pèlerinage sur la terre devenue rebelle ; la naissance de leurs enfants dans la douleur ; le travail sous toutes les formes, premier supplice de l’humanité ; le premier meurtre faisant boire à la terre le sang de l’homme par la main d’un frère ; puis la multiplication de la race pervertie dans sa source ; puis le déluge couvrant les sommets des montagnes ; une arche sauvant un juste, sa famille, tous les animaux innocents ; puis la vie patriarcale, en familiarité avec des esprits intermédiaires appelés des anges, esprits tellement familiers qu’ils se confondent à chaque instant sur la terre avec les hommes, auxquels ils apportent les messages de Dieu ; puis un peuple choisi de la semence d’Abraham ; des épisodes naïfs et pathétiques, comme ceux de Joseph, de Tobie, de Ruth ; une captivité amère chez les Égyptiens ; un libérateur, un législateur, un révélateur, un prophète, un poète, un historien inspiré dans Moïse ; puis des annales pleines de guerres, de conquêtes, de politique, de liberté, de servitude, de larmes et de sang ; puis des prophètes moitié tribuns, moitié lyriques, gouvernant, agitant, subjuguant le peuple par l’autorité des inspirations, la majesté des images, la foudre de la langue, la divinité de la parole ; puis des grandeurs et des décadences qui montent et descendent de Salomon à Hérode ; puis l’assujettissement aux Romains ; puis un Calvaire, où un prophète plus surnaturel monte sur un autre arbre de science pour proclamer l’abolition de l’ancienne loi, et promulguer pour l’homme, sans acception de tribus, Juifs et païens, une loi plus douce scellée de son sang ; Puis une autre terre et un autre ciel pour l’univers romain devenu l’Europe. […] On parlait latin, cette, normand, italien, espagnol, arabe, allemand, breton, provençal, languedocien ; de toutes ces langues mal comprises et mal fondues se formait un patois semi-barbare, qui ne pouvait servir encore de forme logique et de véhicule à une pensée littéraire. […] Fut-ce un bien, fut-ce un mal, que ce caractère servilement imitateur du latin et du grec dans la littérature française naissante ?

1374. (1882) Types littéraires et fantaisies esthétiques pp. 3-340

Le bien qu’elle produit est hypothétique et vague, mais le mal qu’elle engendre est réel et visible. […] Admettrez-vous que la musique soit un remède pour les maux dont ils souffrent ? […] De hideuses apparitions viennent à sa rencontre et jettent dans son âme la pensée du mal. […] Et pourtant combien son mépris est mal fondé ! […] On voyait bien qu’ils n’avaient jamais fait de mal à personne.

1375. (1902) La formation du style par l’assimilation des auteurs

On peut mal lire et sentir profondément les beautés d’une œuvre. […] Un poète m’a dit que Bernardin de Saint-Pierre écrivait mal. […] Œuvre de style froid, Télémaque a fait bien du mal à notre littérature. […] Fénelon peut avoir bien écrit, mais il a certainement mal décrit. […] Son talent le servit fort mal dans cette occasion.

1376. (1925) Portraits et souvenirs

Ils le sentaient frappé d’un mal incurable et singulier. […] Il y a cependant, entre la correspondance de l’auteur du Lys dans la vallée et celle de l’auteur des Fleurs du mal un point commun. […] De là, chez l’auteur des Fleurs du mal, un sens critique expert et suraigu, et cette curiosité intellectuelle qu’il appliquait simultanément à l’art et à la vie. […] Seignobos nous le représente « enseignant très mal, se fâchant en classe, irritable ». […] Que Stéphane Mallarmé enseignât et parlât assez mal la langue anglaise, cela ne l’empêchait pas de la bien connaître et de la posséder très complètement et très finement.

1377. (1769) Les deux âges du goût et du génie français sous Louis XIV et sous Louis XV pp. -532

Mais souvent on apprécie mal ce qu’il importe le plus de bien apprécier. […] Ce nom, lui-même, fut souvent mal interprêté. […] Elle se défendit mal. […] Le Poëme de la Pucelle est donc un sujet mal choisi, & sans doute encore plus mal traité. […] Nous moralisons bien, mais nous peignons mal.

1378. (1889) Derniers essais de critique et d’histoire

Mais, à côté du mal, il y a le bien : je me suis dit le mal tout bas ; à présent disons le bien tout haut. […] Tout d’un coup le propriétaire du palais s’adjoint toutes ces maisons, sauf trois, bon gré, mal gré. […] Pour être à peu près heureux, il faut subir le mal, quand il vient, comme un orage, puis penser à autre chose. […] Ce trait est capital, et les conséquences qu’il entraîne se font sentir, en bien et en mal, dans toutes les parties de son talent. […] Elle n’est pas non plus dans nos corps mal venus de plébéiens surmenés.

1379. (1913) Le mouvement littéraire belge d’expression française depuis 1880 pp. 6-333

La distinction naturelle s’accommode mal de formules banales. […] En même temps, certains d’entre eux se laissaient hanter par le parfum troublant des Fleurs du Mal. […] Mais il s’oppose au mariage de son fils, puisque, selon toute vraisemblance, le même mal le frappera un jour. […] Bruxelles, Larcier, 1906. — La Mal Vengée (théâtre). […] Les Fleurs du Mal, « La Chevelure ».

1380. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre XII. Dernière et nécessaire opération, qui consiste à corriger ce que l’on a écrit »

Cependant, si fastidieux qu’il soit d’insister encore, et de repasser par toute la route déjà faite, la perfection est à ce prix : il faut reprendre son travail phrase par phrase, mot par mot, juger l’ensemble et scruter le détail, pour redresser tout ce qui serait mal venu, et y apporter la correction nécessaire.

1381. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — F — Fleury, Albert (1875-1911) »

C’est aussi cette élégie qu’il composa à cause d’une marguerite mal effeuillée et que j’aime pour sa naïveté exaspérée.

1382. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gilkin, Iwan (1858-1924) »

Nul n’a mieux que lui incarné la lutte du bien et du mal, des ténèbres et de la clarté, de la laideur et de la beauté.

1383. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — Préface »

Il me sembla donc que, sans rejeter inconsidérément les observations (qualifiées mal à propos de règles) grammaticales, il fallait du moins ajouter un nouveau principe à ceux qui guident l’étude des langues, le principe esthétique.

1384. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre I. Des Livres qui traitent de la Chronologie & de la maniere d’écrire l’Histoire. » pp. 2-4

Nous avons eu ensuite les Tablettes de Marcel, qui sont inexactes & mal digérées, & celles de l’Abbé du Fresney, qui, quoiqu’elles laissent désirer quelque chose quant à la méthode sont d’un grand secours pour tous les gens de Lettres.

1385. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Millet Francisque » p. 168

c’est tout ce qu’il vous plaira d’imaginer de froid, de maussade, de mal peint ; couleur, lumières, figures, arbres, eaux, montagnes, terrasses, tout est détestable.

1386. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Bellengé » p. 204

Le tout imite à ravir la poterie mal cuite et son coup d’œil rare et frêle.

1387. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Préface »

Aussi convient-il d’encourager tous ceux qui, appelés par leurs fonctions à vivre au contact de populations aussi mal connues de nous que le sont encore les Noirs de l’Afrique Occidentale, ont eu la patience et le talent d’écouter parler les indigènes et de recueillir de leur bouche les contes merveilleux ou légendaires, les fables d’animaux, les apologues satiriques qui constituent le fond de la littérature orale de ces peuplades privées de littérature écrite.

1388. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — XI. Le plus brave des trois. »

Sa maîtresse alors se relève et lui dit en riant : « Ne te fais pas de mal à la main ; le morhoméné ouâra est déjà mort.

1389. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre quatrième. Du cours que suit l’histoire des nations — Argument » pp. 287-289

On a mal entendu les connubia patrum que demandait le peuple romain.

1390. (1835) Critique littéraire pp. 3-118

Il ne prétend pas charmer le pécheur, mais le corriger ; il ne veut pas endormir son mal, mais l’extirper dans sa racine. […] Quel est le mal qui nous travaille aujourd’hui ? […] Mais c’est là un mal incurable ; les majors Hall, eux-mêmes, n’y peuvent rien. […] Le déshonneur, pour une femme, consiste à n’être pas vendue ou à être mal vendue. […] Mais la force du mal ne put troubler son esprit, ni ébranler son courage, ni altérer la sérénité de son âme.

1391. (1868) Curiosités esthétiques « V. Salon de 1859 » pp. 245-358

Représentants enthousiastes de l’imagination et des facultés les plus précieuses de l’âme, fûtes-vous donc si mal reçus la première fois, et nous jugez-vous indignes de vous comprendre ? […] » Je le sais, et cependant je leur demanderai à mon tour s’ils croient à la contagion du bien et du mal, à l’action des foules sur les individus et à l’obéissance involontaire, forcée, de l’individu à la foule. […] Les Maux de la guerre ! […] Cet artiste, dans un genre ingrat et mal apprécié, déploie des qualités surprenantes, celles d’un vrai peintre. […] Parmi les nombreuses omissions que j’ai commises, il y en a de volontaires ; j’ai fait exprès de négliger une foule de talents évidents, trop reconnus pour être loués, pas assez singuliers, en bien ou en mal, pour servir de thème à la critique.

1392. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — III. (Fin.) » pp. 371-393

On me dit que Benjamin Constant parlait mal de Roederer ; je le crois bien : ils s’étaient connus, ils s’étaient rencontrés et même rendu de bons offices ; Benjamin se vantait d’avoir une fois rapproché Roederer de Sieyès qui le boudait ; Roederer avait eu souvent à écrire sur les brochures de Benjamin Constant : tout cela était bien ; mais un jour, dans une circonstance capitale, Roederer l’avait déjoué et blessé. […] ) C’est peut-être un mal que je commande en personne ; mais c’est mon essence, mon privilège… … J’ai plus d’esprit… Et que me fait votre esprit ? […] On le traita très mal des deux côtés.

1393. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — II » pp. 112-130

Mais pour celle qui va jusqu’à rendre le mal pour le bien, c’est à quoi je ne me ferai jamais, quelque habitude que j’aie eue de l’éprouver. […] Or rien n’est si à propos que de s’attirer dans le monde la même espèce de considération par où sa race est connue ; il y faut conserver les qualités comme le nom et les armes : d’où je conclus que nous sommes bien étrangers dans le monde par l’intrigue de Cour, et par ce machiavélisme italien qui réussit peu dans les grandes choses, ou y succède mal tôt ou tard. […] Ce que nous avons aujourd’hui d’hommes d’esprit à la Cour ou à la ville ne le sont qu’avec une telle malignité, qu’ils ressemblent à des singes ou à des diables qui ne prennent leur plaisir qu’au mal d’autrui et à la confusion du genre humain ; et s’il leur reste quelque franchise, c’est pour ne pas cacher leurs grands défauts, de malice.

1394. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — II » pp. 454-475

Le président de Longueil n’est point de ceux qui méprisent les hommes, bien qu’il les pénètre et les juge ; il aspirerait plutôt à les guider, à les conseiller utilement, à diminuer le nombre des injustices et des maux dont ils sont auteurs ou victimes. […] Nombre de remarques justes sur l’humeur de la nation, et sur son étrange facilité à se plier pour un temps à cet atroce régime de terreur, révèle le publiciste moraliste, l’homme qui a vécu avec Tacite et qui en a pénétré tout le sens : Parmi les habitants de Paris, faibles, légers, indolents pour la plus grande partie, les gens riches ou aisés désiraient intérieurement, l’année passée (1792), le retour de la monarchie, pour assurer leur fortune ; mais ils craignaient la transition, et, semblables à ces malades qui ne peuvent supporter l’idée d’une opération douloureuse qui doit les sauver, ils se familiarisaient avec leurs maux… Aujourd’hui, stupides de terreur, ils attendent comme de vils animaux qu’on les conduise à la mort. […] Mais sur toutes ses prescriptions, et par-dessus toutes les plaintes qui lui échappent, il plane un certain respect des dieux, de la main desquels il convient que l’homme reçoive tout ce qu’ils envoient, les maux comme les biens : « Il ne faut point jurer que telle chose n’arrivera jamais ; car cela irrite les dieux en qui réside tout accomplissement. » Théognis, courbant la tête sous la puissance mystérieuse qui régit le monde, consent à être quelquefois errant et mendiant comme Homère ; il ne porte point à tout propos dans sa bague le poison de Cabanis.

1395. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Anthologie grecque traduite pour la première fois en français et de la question des Anciens et des Modernes »

Ces copies, incomplètement imprimées, arrivaient ainsi peu à peu, et par bribes, dans le public lettré ; un extrait venait, tant bien que mal, s’ajouter à l’autre, jusqu’à ce que Brunck, à Strasbourg, en 1772, avec l’initiative et la décision qui le caractérisent, publia un texte complet, un peu travaillé à sa manière, et dans un cadre arbitrairement distribué ; mais enfin, on put jouir, grâce à lui, de cette récolte exquise de tous les miels de la Grèce. […] Ô le plus grand des peintres, tu es sans doute un génie, mais il était bien temps de laisser respirer de ses maux ce mortel de tant de douleur. » Il demande grâce pour le héros torturé, tant il prend au sérieux la peinture ! […] Qu’un nid vide te recouvre et t’abrite, une masure que réchauffe un petit feu flambant, quand même tu n’y aurais qu’un pain commun, d’une farine mal blutée, pétrie de tes mains dans une pierre creuse, et pourvu que tu y aies encore et du pouliot, et du thym, et de ce gros sel amer si doux à mêler aux aliments. » Enfin l’on a son Épitaphe, composée par lui en perspective de sa mort prochaine ; on est loin ici du bonheur champêtre de cet autre vieillard de Tarente que nous a montré Virgile.

1396. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite et fin.) »

Le premier paragraphe rétrograde sur les maux, les excès de la révolution, rembrunit tout à coup les figures ; on se dresse, on se regarde, on s’indigne ; mais on s’attend à des retours aux bienfaits, aux grands résultats de régénération sociale. […] En mettant le pied sur la terre d’exil, Malouet ne sait pas se défendre des premières illusions du proscrit et de l’émigré : il croit que c’est pour peu de temps, et que l’excès du mal en amènera le remède. […] J’eus effectivement une trêve de chicanes et d’humeur pendant six mois, après quoi les refus sur toutes mes opérations, les reproches les plus mal fondés recommencèrent. » 103.

1397. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [II] »

Ce qui est certain, c’est que, s’il était « sergent de bande en notre langue françoise », comme il dit, il est nombre de ces poètes mal équipés et mal armés qu’il mettrait d’emblée à la réforme. […] Il estime que quelques vieux mots repris et enchâssés dans la diction ne feraient pas mal ; il en indique quelques-uns qui, bien placés, fortifieraient ou honoreraient le vers ou la prose.

1398. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine »

Il fut ensuite à Paris, s’y laissa aller, bien qu’avec décence, à l’entraînement des amitiés et de la jeunesse, distrait de ses principes, obscurci dans ses croyances, jamais impie ni raisonneur systématique ; versifiant beaucoup dès lors, jusque dans ses lettres familières, songeant à la gloire poétique, à celle du théâtre en particulier ; d’ailleurs assez mécontent du sort et trouvant mal de quoi satisfaire à ses goûts innés de noble aisance et de grandeur. […] Un jour, c’était au temps des oisives années, Aux dernières saisons, de poésie ornées Et d’art, avant l’orage où tout s’est dispersé, Et dont le vaste flot, quoique rapetissé, Avec les rois déchus, les trônes à la nage, A pour longtemps noyé plus d’un secret ombrage, Silencieux bosquets mal à propos rêvés, Terrasses et balcons, tous les lieux réservés, Tout ce Delta d’hier, ingénieux asile, Qu’on devait à quinze ans d’une onde plus facile ! […] « L’âge que vont combler ces honneurs superflus  « S’en repaît, — les sent mal, — ne les mérite plus !

1399. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LE COMTE XAVIER DE MAISTRE. » pp. 33-63

Viens-tu, conduit par la pitie, Partager les maux que j’endure ? […] Cette femme d’un esprit si rare augurait mal, il faut le dire, de la publication : elle trouvait, par exemple, que Prascovie arrivée à Pétersbourg perdait du temps, qu’elle n’entendait rien aux affaires ; elle avait horreur de cet homme (Ivan) qui tue une femme, etc., etc. ; son opinion était partagée par plusieurs personnes de sa société. […] J’avoue même que ce mauvais succès me laissa quelques doutes sur la vérité de mon système. » — Si faux que soit le système, il ne s’appliquerait pas mal à plus d’un soi-disant poëte, et tel auteur de grande épopée, comme Parseval, nous en pourrait dire quelque chose.

1400. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LES JOURNAUX CHEZ LES ROMAINS PAR M. JOSEPH-VICTOR LE CLERC. » pp. 442-469

Pour juger l’érudition, il ne serait pas mal d’être érudit d’abord, puis, par là-dessus, d’être quelque peu bel-esprit et philosophe, pour ne pas négliger tout à fait, en la jugeant, l’agrément et l’idée ; ce que l’érudition se retranche si volontiers. […] Un petit voyage d’outre-mer ou d’outre-Rhin ne fait pas mal pour mettre en vogue. […] Le véritable Moniteur des Romains se doit chercher dans les innombrables pages de marbre et de bronze où ils ont gravé leurs lois et leurs victoires ; les journaux littéraires du temps de César sont dans les lettres de Cicéron, et les petits journaux dans les épigrammes de Catulle : ce n’était pas trop mal pour commencer.

1401. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre I. Renaissance et Réforme avant 1535 — Chapitre II. Clément Marot »

Elle ne voyait pas de mal à ce qu’un chrétien lût l’Écriture ou priât en sa langue, mais elle n’avait pas de doctrine ; elle s’accommodait de Calvin comme de Briçonnet. […] Pour une telle nature, le plus insupportable mal, c’est la solitude, et l’ennui ; on le vit bien quand il vécut à Venise. […] De plus, écrivant pour un public d’élite, asservissant son inspiration au goût de ses lecteurs, il ouvre l’ère de la littérature mondaine, il fait prédominer les qualités sociables sur la puissance intime de la personnalité ; avec lui commence le règne — salutaire ou désastreux comme on voudra, ou mêlé de bien et de mal — d’une société polie.

1402. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre V. Le roman »

De fait, il a abdiqué les haines littéraires des romantiques : il admire jusqu’à Boileau, dont il ne souffre pas qu’on dise du mal, parce qu’enfin il a fait ce qu’il a voulu. […] Aussi se faisait-il de l’art la plus haute idée : c’était sa religion, le remède au mal métaphysique, la raison de vivre. […] Ce n’a pas été toujours pour son bien : mais le mal, en somme, n’est pas grave, et son œuvre met suffisamment en lumière son originalité.

1403. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Anatole France »

Il souffrit des maux tour à tour imaginaires et réels et, comme il arrive aux âmes bien situées, il sortit de cette longue crise plus doux, plus indulgent aux hommes et à la vie ; il en rapporta une vertu qui, tout compte fait, a crû notablement dans ce siècle : la pitié. […] Un petit enfant, c’est d’abord, quand il est joli ou seulement quand il n’est pas laid, la créature du monde la plus agréable à voir, la plus gracieuse par ses mouvements et toute sa démarche, la plus noble par son ignorance du mal, son impuissance à être méchant ou vil et à démériter. […] Anatole France sont, avant tout, les contes d’un grand lettré, d’un mandarin excessivement savant et subtil ; mais, parmi tout le butin offert, il a fait un choix déterminé par son tempérament, par son originalité propre ; et peut-être ne le définirait-on pas mal un humoriste érudit et tendre épris de beauté antique.

1404. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre douzième. »

Plus heureux encore que l’auteur des Maximes, qui n’avait eu affaire qu’à de grandes passions et à de grands vices, La Bruyère avait surtout affaire aux travers qui sont ou le commencement ou la fin des vices ; et, le plaisir du ridicule tempérant chez lui l’indignation du mal, il devait être plus modéré et plus agréable, en même temps qu’il était plus varié. […] La Bruyère ne se pique pas d’avoir des remèdes pour tous les maux. […] La Bruyère les a traités fort mal. « Ce sont, dit-il, de vieux corbeaux qui croassent autour de ceux qui, d’un vol libre et d’une plume légère, se sont élevés à quelque gloire par leurs écrits111. » Ils n’en ont pas moins touché le point faible, et ils n’ont fait que dire par malignité ce que Boileau disait avec la réserve de l’estime.

1405. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — CHAPITRE VII »

Pour qu’il se repente, pour qu’il demande grâce, il faut que Léa noblement affligée du mal qu’elle a fait, vienne promettre à Camille un éloignement éternel ; il faut encore qu’il lise une lettre où la pauvre enfant, se sentant de trop, lui annonçait qu’elle allait mourir, puisque sa mort le rendrait heureux. […] Sa pièce, mal conçue et mal faite, dénouée au hasard, violente au fond, faible à la surface, manque surtout de la gravité impartiale qui sied à la polémique religieuse.

1406. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Gil Blas, par Lesage. (Collection Lefèvre.) » pp. 353-375

Cela m’amuse ; cela me détourne de mal faire. » — L’innocente vie ! […] Il est par lui-même honnête, je l’ai dit, préférant en général le bien au mal, mais se laissant aisément aller quand l’occasion, la vanité ou l’intérêt le tentent, et n’en rougissant pas trop, alors même qu’il est revenu. […] Ce livre ne saurait être mal écrit, étant de Lesage ; mais il est aisé de s’apercevoir, par les matières que cet auteur traite depuis quelque temps, qu’il ne travaille que pour vivre, et qu’il n’est plus le maître, par conséquent, de donner à ses ouvrages du temps et de l’application.

1407. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Mme de Caylus et de ce qu’on appelle Urbanité. » pp. 56-77

Le roi convertissait alors, bon gré, mal gré, les Huguenots de son royaume, et Mme de Maintenon, à son exemple, s’était mise en devoir de convertir sa propre famille. […] On la maria à treize ans (1686) et assez mal. […] « Mme de Caylus est la plus jolie vieille que vous connaissiez ; elle a souvent ces belles couleurs que vous lui avez vues, et dans ces moments-là elle est aussi jolie qu’elle ait jamais été ; du reste, plus délicate que moi, ne s’habillant plus, presque toujours dans son lit, et menacée de maux bien considérables. » (Lettre de Mme de Maintenonà Mme des Ursins, 18 septembre 1713.) — J’ai regret de dire que, jeune encore, elle prit du tabac : « Pour le tabac, je n’en parle point, quoiqu’il me paraisse une horreur : je ne le puis même souffrir au joli nez de Mme de Caylus ; je veux croire que son directeur lui a ordonné d’en prendre pour la rendre moins aimable. » (Mme des Ursins à Mme de Maintenon, 22 février 1707.)

1408. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « La duchesse du Maine. » pp. 206-228

Mme du Maine l’avait déclaré, à la veille de la Régence (1714), à deux ducs et pairs qu’elle avait appelés à Sceaux pour causer des éventualités, comme nous dirions, et comme elle ne disait pas ; car si elle pensait mal, elle parlait bien mieux que nous. […] On meurt comme on a vécu… — Ajoutez, pour achever de la peindre, qu’aimant à ce point la comédie et la jouant sans cesse, elle la jouait mal, et qu’elle n’en était que plus applaudie. […] En un mot, pour reprendre une comparaison précédente, elle ressembla à une personne qui est tombée un jour par mégarde du premier étage sans trop se faire mal, mais qui pour cela n’a pas mis et ne mettra jamais la tête à la fenêtre.

1409. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Condorcet, nouvelle édition, avec l’éloge de Condorcet, par M. Arago. (12 vol. — 1847-1849.) » pp. 336-359

Il avait cru observer dans sa première jeunesse « que l’intérêt que nous avons à être justes et vertueux était fondé sur la peine que fait nécessairement éprouver à un être sensible l’idée du mal que souffre un autre être sensible ». Partant de là et pour mieux conserver ce sentiment naturel dans toute son énergie et sa délicatesse : « J’ai renoncé, disait-il, à la chasse pour laquelle j’avais eu du goût, et je ne me suis pas même permis de tuer les insectes, à moins qu’ils ne fassent beaucoup de mal. » Turgot, avec qui il entre dans cet ordre de confidence, lui répond admirablement sur le chapitre de la morale, et il marque les points sur lesquels il diffère avec lui. […] Ami le plus intime de Turgot, de ce ministre de qui Condorcet lui-même était censé dire dans une épître en vers de Voltaire : Quand un Sully renaît, espère un Henri quatre, Condorcet, de raisonnement en raisonnement, de sophisme en sophisme, et faute d’être averti par ce sens moral direct qui dit non énergiquement au mal et à l’injustice dès la première vue, en viendra à émettre, dans le procès de Louis XVI, ce vote unique, ce vote hypocrite qui reste à jamais attaché à son nom, et dans lequel il cherchait à concilier encore ce qu’il appelait ses principes philanthropiques et sa prétention à la sensibilité avec l’excessive dureté de la conclusion : « Je vote pour la peine la plus grave dans le Code pénal, et qui ne soit pas la mort. » Il y avait dans cette réticence un sophisme de plus.

1410. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Madame Émile de Girardin. (Poésies. — Élégies. — Napoline. — Cléopâtre. — Lettres parisiennes, etc., etc.) » pp. 384-406

Ourika, la négresse, dira très bien de celui qu’elle aime et qui ne s’en aperçoit pas : Et si parfois mes maux troublaient son âme tendre,         L’ingrat ! […] Tout l’enfer s’alluma dans son cœur agité… Napoline pourtant est femme, et elle se contient dans le premier moment : …………………… Elle cause, elle rit ; Comme une femme heureuse, elle fait de l’esprit ; Elle jette des mots piquants ; chacun l’écoute ; Elle est un peu moqueuse et méchante, sans doute ; Son esprit excité venge son cœur souffrant : Le mal que l’un reçoit, c’est l’autre qui le rend. […] L’actrice était belle et dans son rôle ; il y avait des scènes à effet, bien théâtrales, des tirades éblouissantes, un vernis tout frais et tout nouveau, quelques mouvements qui accusaient la force et l’impétuosité de la muse, un peu de Sapho, pas mal de Phèdre.

1411. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mirabeau et Sophie. — II. (Lettres écrites du donjon de Vincennes.) » pp. 29-50

Des maux internes me font une guerre cruelle. […] Souffrez que je voie le soleil, que je respire plus au large, que j’envisage des humains, que j’aie des ressources littéraires, depuis si longtemps unique soulagement à mes maux, que je sache si mon fils respire et ce qu’il fait… Telle est cette admirable et douloureuse page qu’il est impossible de lire sans émotion et sans larmes. […] Il ne s’applique rien, mais saisit tout… De quelque art, science, littérature, antiquité, connaissance et langue quelconque que vous lui parliez, il en sait trois fois plus, enlève tout, brouille tout, mais il affirme avec une sécurité et une chaleur qui en imposent… Bon diable au demeurant, et, au fond, n’étant qu’un fantôme en bien comme en mal.

1412. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame Necker. » pp. 240-263

Sa santé, dès les premiers temps, reçoit des atteintes ; c’est une altération dont on ne peut deviner la cause, mais qui tient au mal du pays, et aussi à la fatigue nerveuse qui ne fera qu’augmenter avec les années, dans cette situation nouvelle où la fortune se fait acheter par tant de devoirs et d’exigeantes convenances. […] Je croyais voir l’âge d’or sous une administration si pure ; je ne vois que l’âge de fer ; tout se réduit à faire le moins de mal possible. » Aussi, dès ce moment, le regret du passé la ressaisit : Le regret du passé, s’écrie-t-elle, tourne toujours mes regards vers cet Être pour qui aucun temps n’est passé. […] Elle cite mal à propos Henri IV pour le tableau de Rubens qui représente l’accouchement de Marie de Médicis.

1413. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires de Marmontel. » pp. 515-538

Il me connaissait mal : aussi sa prédiction ne s’est-elle pas accomplie », ajoute l’excellent homme qui, plus sage et mûri par l’expérience, n’avait pas voulu de la popularité en 89. […] Il eut le courage de dire non au mal quand il le vit en face. […] Jeune, nous le voyons tel qu’il se peint lui-même, très répandu, très peu stoïque, actif à réussir, à se pousser dans le monde, à se procurer honnêtement des appuis : s’il a un pied chez Mme de Pompadour, il n’est pas mal avec la petite cour du Dauphin.

1414. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le comte-pacha de Bonneval. » pp. 499-522

Cinquante lettres de Fénelon, adressées à l’ami des Vendôme, des Chaulieu et des La Fare, au futur pacha, c’est là une agréable bizarrerie qui manque à la destinée de Bonneval ; c’est aussi une variété de tolérance qui n’irait pas mal avec l’idée de Fénelon. […] La morale à tirer d’une étude sur le caractère de Bonneval est bien celle-ci : Que de belles et brillantes facultés perdues, égarées, tournées à mal, par un défaut, par un travers, par un ressort trop brusque et cassant, dont la détente part à l’improviste, et ne se laisse pas diriger ! […] Celui qui avait eu pour guide l’honneur, un faux honneur trop souvent, mais enfin qui avait tenu à l’opinion et à l’estime de ses semblables, ne trouvait pas son compte sous ce turban de quatre livres qui lui pesait, et qu’il n’avait pris que comme un bonnet de nuit ; il avait beau plaisanter, un fonds de remords et de regret lui disait qu’il avait mal usé de si beaux dons naturels et que sa vie avait, totalement échoué.

1415. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — II. (Suite.) » pp. 220-241

Et il continue de s’analyser et de rire tout blessé qu’il est, et de démontrer comme quoi en ce monde « il y a de plus grands maux que d’être mal assassiné ». […] J’ai donné ma pièce au public pour l’amuser et non pour l’instruire, non pour offrir à des bégueules mitigées le plaisir d’en aller penser du bien en petite loge, à condition d’en dire du mal en société.

1416. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre I. La critique » pp. 45-80

… Toutefois, nous serions mal venus à ne pas constater le désarroi apparent de la critique et son influence inefficace sur l’élite. […] Ce mal d’ailleurs existait déjà il y a soixante ans17. […] Gaston Deschamps très certainement apporte dans ses feuilletons du Temps une sincérité visible, mais malgré toute sa bonne foi, nous devons avouer qu’il apparaît comme très mal renseigné et d’une timidité qui confine à l’injustice.

1417. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Notes et éclaircissements. [Œuvres complètes, tome XII] »

Il a souffert, il souffre : aveugle d’espérance, Il se traîne au tombeau de souffrance en souffrance ; Et la mort, de nos maux ce remède si doux, Lui semble un nouveau mal, le plus cruel de tous. […] Mais comme le juste et l’homme de bien est le miracle de sa grâce et le chef-d’œuvre de sa main puissante, il est aussi le spectacle le plus agréable à ses yeux217 : Oculi Domini super justos : « Les yeux de Dieu, dit le saint psalmiste, sont attachés sur les justes », non seulement parce qu’il veille sur eux pour les protéger, mais encore parce qu’il aime à les regarder du plus haut des cieux comme le plus cher objet de ses complaisances218. « N’avez-vous point vu, dit-il, mon serviteur Job, comme il est droit et juste, et craignant Dieu, comme il évite le mal avec soin, et n’a point son semblable sur la terre ? 

1418. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre X. Des Livres nécessaires pour l’étude de la Langue Françoise. » pp. 270-314

On va jusqu’à imprimer que les Princes sont quelquefois mal éduqués. […] Il travaille moins à leur apprendre à bien parler, qu’à ne pas parler mal. […] Il veut seulement rendre les Gascons attentifs à des gasconismes qui ne leur sont que trop familiers, & dont il est important qu’ils se corrigent, s’ils veulent éviter ces petites humiliations auxquelles les personnes qui parlent mal sont exposées, surtout à Paris où ces expressions impropres ne manquent pas de donner lieu à des railleries dont il est toujours désagréable d’être l’objet.

1419. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Loutherbourg » pp. 258-274

Sans imagination on peut trouver ces objets à qui il ne reste plus que le mérite d’être bien ou mal placés, bien ou mal peints. […] Les arbres ne sont pas mal feuillés, Loutherbourg en tout touche fortement et spirituellement.

1420. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Révolution française »

en vaudrait bien un autre, le peuple s’est laissé apprendre la Révolution comme le mal s’apprend, mais il ne l’a point inventée. […] Les plans du ministère, bien loin de remédier au mal, l’augmentèrent. […] Il n’est pas un seul de ces hommes, dont Cassagnac fait une hécatombe expiatoire à la vérité et à la dignité de l’Histoire outragée, qui n’atteste, par l’abaissement de ses facultés, la terrible puissance du mal, que possèdent, à l’égal des hommes de génie, les êtres médiocres et même les natures ineptes.

1421. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « X. M. Nettement » pp. 239-265

Si la timidité native de son esprit l’empêche quelque fois de conclure aussi ferme qu’il le pourrait du livre à l’écrivain, du système à l’homme, l’auteur de l’Histoire de la Littérature sous la Restauration voit cependant le mal toujours et le plus souvent il le signale. […] Les hommes qui ont planté le rationalisme dans le cerveau faussé de ce pays, tous les écrivains plus ou moins aveugles qui nous ont inoculé cette fièvre de liberté dont nous étions malades, il y a quelques jours encore, défilent presque impunément devant l’historien, et il ne rejette pas sur leurs têtes, jeunes et brillantes alors, ce poids effroyable du mal commis qu’ils porteront pourtant devant la postérité. […] On voit qu’il a pris l’ordre longtemps chez M. de Chateaubriand ; mais il tempère la manière du maître par la sienne, et de ce mélange il résulte je ne sais quelle phraséologie solennelle et verbeuse qui se remue mal, s’étale, s’affaisse et devient, au bout d’un certain nombre de pages, un modèle de style accroupi.

1422. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXIV. »

Jeune encore, mais infirme et malheureux, le poëte succomba sous tant de maux. […] La jeune Gomez languit longtemps de ce mal du pays plus sensible aux exilés de l’Orient qu’aux voyageurs partis de l’Europe. […] Pedro Sabater, que dona Gomez acceptait pour époux, consumé dans les luttes de tribune et les rudes fatigues d’une ambition aux prises avec l’anarchie, touchait au dernier terme d’un mal de poitrine.

1423. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre III. L’Âge moderne (1801-1875) » pp. 388-524

S’ils ont assoupli, et en quelque sorte brisé l’alexandrin classique, c’est que l’alexandrin était pour la pensée, mais surtout pour le sentiment, une enveloppe ou une armure, dont la rigidité se ployait mal aux exigences de ce que le sentiment et la pensée ont de plus personnel. […] Il faut les joindre tous les deux ensemble, et les réconcilier dans la mort ; car s’ils écrivent mal l’un et l’autre, et même presque aussi mal que l’on ait jamais écrit en français, on ne peut pourtant pas dire qu’ils écrivent plus mal l’un que l’autre. […] Il en est de l’éclectisme comme du romantisme lui-même, et on ne les a mal appréciés, — et peut-être encore plus mal combattus, — que pour les avoir assez mal définis tous les deux. […] Comte n’était pas philologue ; et il écrivait mal ; mais la « philologie » de Renan ressemblait plus qu’il ne le croyait à la « sociologie » du fondateur du positivisme ; et la différence entre eux n’était pas même dans les méthodes, mais dans l’appropriation particulière de la même méthode générale à des objets aussi divers que le peuvent être l’étude des fonctions du foie, par exemple, et celle de la composition du Bhagavata Pourana. […] Les Effrontés] ; — et que les intrigants finissent quelquefois mal [Cf. 

1424. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome I

Ainsi cette peinture que les mêmes Goncourt nous ont laissée de Sainte-Beuve malade et mal tenu. […] » Vous me direz que l’étude des Fleurs du mal se concilie avec celle de ces documents. […] C’est, dans la critique, une opinion courante que Balzac écrit mal. […] Une épidémie, le mal rouge ou rouget, ravage la race porcine. […] Celui-ci prend le train et arrive à Bollène étudier le mal.

1425. (1891) Enquête sur l’évolution littéraire

À Daudet : Dickens a du génie, mais il écrit mal. […] Et vraiment, à respirer les jolies gerbes qu’il en rapporte, je ne vois aucun mal — pas plus de mal que de symbolisme — à ce que Jean Moréas s’en aille glaner parmi les fabliaux. […] Quand ils se tromperaient, où serait le mal ? […] Anatole France risque fort d’être mal payé de sa défection. […] Voilà le mal, mon cher Huret, et le seul.

1426. (1908) Esquisses et souvenirs pp. 7-341

Il agira mal sans dessein ; c’est bien l’homme que Socrate condamne dans le second Hippias. […] Il vint à Alger pour soigner un mal de poitrine. […] J’allai sur la place que bordent deux ou trois cafés mal éclairés. […] Il l’appelle bousilleur et l’accuse d’avoir mal interprété Aristote. […] Je ne connais pas de baume contre le mal d’amour !

1427. (1903) Légendes du Moyen Âge pp. -291

La crise séculaire de Cartaphilus est inconnue à Ahasvérus : en effet elle se concilierait mal avec ses perpétuels voyages. […] Il faut remarquer ici que le second des avis est visiblement mal traduit. […] « — Ceste cheance est mal partie, « J’en ai le peior a moi pris. […] « Mal ne peut arriver à personne. » 242. […] « Il était mal en point. » 270.

1428. (1894) Écrivains d’aujourd’hui

Il est rare d’ailleurs qu’un écrivain prêche le mal, et l’on compte les conseillers de mauvaises mœurs. […] Loti s’est mis à chanter son mal et à le crier aux passants quelconques. […] Lavisse a les qualités les plus précieuses : et il n’a pas le défaut le plus ordinaire, qui est de mal écrire. Les professeurs d’histoire écrivent mal. […] C’est ce qu’on appelle en philosophie la question du mal moral.

1429. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « APPENDICE. — LEOPARDI, page 363. » pp. 472-473

Que n’as-tu, comme moi, l’espoir qui te soutienne, Qui te montre la vie en germe dans la mort, Le mal à se détruire épuisant son effort !

1430. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 308-311

D’ailleurs, un Ecrivain impartial doit insister, avec le même zele, sur le bien & sur le mal.

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