Levallois, qui est un écrivain, a jeté le voile d’un style apaisé, réfléchi, doucement coloré, sur ces erreurs.
C’est là une erreur et une crainte auxquelles la réputation de Burns, qui ne s’est pas bornée à l’Écosse, a suffisamment répondu.
Plus sensé que Rémusat, parce qu’il est plus historique et moins métaphysicien, Louandre n’en appartient pas moins, sauf erreur, à cette école du rationalisme qui n’est pas plus une philosophie que le protestantisme n’est une religion.
Gramont est un homme de race militaire, et la virilité de sa pensée donne souvent à l’accent de sa poésie quelque chose de stoïquement inconsolable, d’un effet très pénétrant et très nouveau… Sorti d’un père vendéen, ami de Talmont et de Charette, ce fiancé de l’épée, à qui l’épée a manqué, victime fière et pure de la fidélité du souvenir, nous dit dans ses Chants du Passé tous les veuvages de sa jeunesse : Je comptais retrouver cette épouse de fer Que de ma destinée une erreur a disjointe.
La poésie individuelle ne doit pas plus périr que l’âme de l’homme dont elle est la fille, et ce nous semble une erreur du même ordre en littérature qu’en politique de croire que le sentiment social puisse entièrement se substituer à l’action libre de l’individualité humaine.
« La méthode expérimentale peut seule faire sortir le roman des mensonges et des erreurs où il se traîne. […] On veut avoir ses années de belles erreurs. […] Cela se sent à la conviction avec laquelle ils ont entassé les erreurs de couleurs et de formes. […] Il va peu à peu à celles-là, tandis qu’il fait vite le silence sur les autres, sur les œuvres fausses qui sonnent l’erreur. […] Pour moi, l’erreur de M.
J’avais d’ailleurs commis une erreur en détournant Gaston Dubedat de consacrer les « Ecrits » à mes seules volontés d’art. […] Fondamentale erreur, en son esprit qui s’était tout d’abord irrité de réaction contre Zola et le Naturalisme, le mot Science évoquait un Matérialisme pesant et exact et tuait tout rêve, à leur avis. […] Elles commençaient généralement par l’assertion, très vraie, que l’opinion de l’auteur de l’article en question ne m’importait pas, qu’il m’importait seulement de relever les erreurs, voulues ou non, et de mettre de l’ordre. […] Vos diatribes vigoureuses contre les gens qui m’entouraient ne pouvaient que me tenir en mes erreurs. […] (Faisons remarquer à nouveau, devant cette assertion, son erreur, qui a été l’erreur de Mallarmé et du « Symbolisme ».
J’observe que le public semble vouloir lui-même expier l’injustice de ce premier mouvement d’humeur, par les applaudissements qu’il prodigue ensuite à don Sanche, lorsqu’il rend compte au roi des causes de l’erreur de Chimène. […] Tout son commentaire sur Polyeucte ressemble à ces systèmes de physique bâtis sur une erreur. […] Les compilateurs littéraires, les auteurs de ces rapsodies intitulées Leçons de littérature, Principes de littérature, etc., ont répété comme à l’envi cette erreur. […] Je n’attaque ici qu’une erreur de fait ; mais il importe aussi de détruire l’erreur de droit, qui consiste à s’imaginer qu’un poète tragique français doit faire parler ses acteurs conformément aux mœurs de leur pays : ce serait le moyen de se faire siffler dans le sien. […] il brave la honte attachée à l’ignorance et à l’erreur ; et l’on ne veut pas que Cléopâtre, dans sa rage ambitieuse, oublie les lois d’une prudence timide pour n’écouter que la passion !
Le succès n’absout pas l’erreur. […] Mais cette erreur, partagée d’abord par de nombreux disciples, devait avoir un terme, et aujourd’hui les plus fidèles admirateurs de M. […] Les hommes qu’il accuse de méchanceté ne seront bientôt pour lui que des amis sincères, mais sans pitié pour l’erreur. […] Lors même qu’il lui arrive de se tromper, son erreur s’explique par des motifs honorables. […] Cette erreur, quoique certaine, a passé presque inaperçue ; faut-il nous en étonner ?
De retour en France après ces trois ou quatre années, comme il les appelle, d’inconstance et d’erreurs, on le voit, en 1777, publier ou laisser courir son Épître aux Insurgents de Boston, qui rend à merveille les engouements républicains de cette galante jeunesse. […] Les Déguisements de Vénus marquent comme le dernier adieu, un peu trop prolongé, à ces douceurs volages dont, plus jeune, il avait dit : Sur les plaisirs de mon aurore Vous me verrez tourner des yeux mouillés de pleurs, Soupirer malgré moi, rougir de mes erreurs, Et même en rougissant les regretter encore. […] Parny dit qu’il revint dans Paris après quatre ans d’inconstance et d’erreurs ; il dit cela positivement dans une lettre de 1777 adressée à M. de P. du S.
Écrivant hors de la Palestine, et certainement après le siège de Jérusalem 63, l’auteur indique les lieux avec moins de rigueur que les deux autres synoptiques ; il a une fausse idée du temple, qu’il se représente comme un oratoire, où l’on va faire ses dévotions 64 ; il émousse les détails pour tâcher d’amener une concordance entre les différents récits 65 ; il adoucit les passages qui étaient devenus embarrassants au point de vue d’une idée plus exaltée de la divinité de Jésus 66 ; il exagère le merveilleux 67 ; il commet des erreurs de chronologie 68 ; il omet les gloses hébraïques 69, ne cite aucune parole de Jésus en cette langue, nomme toutes les localités par leur nom grec. […] Il est clair que leurs récits offriraient de nombreuses erreurs, de fortes discordances. […] Jusqu’à nouvel ordre, nous maintiendrons donc ce principe de critique historique, qu’un récit surnaturel ne peut être admis comme tel, qu’il implique toujours crédulité ou imposture, que le devoir de l’historien est de l’interpréter et de rechercher quelle part de vérité, quelle part d’erreur il peut receler.
De là la part de vérité et la part d’erreur que contient la notion du libre arbitre. […] Prétendre que cette auto-détermination, pour laquelle l’avenir même n’a plus de secret, exclut la liberté, c’est la plus étrange des erreurs, puisque la vraie liberté consiste à être déterminé par soi-même, en tant qu’être raisonnable, non à être indéterminé et indifférent, comme un corps en équilibre instable qui attend que le moindre souffle extérieur le fasse pencher d’un côté ou de l’autre. L’obsession de l’indéterminé nous est devenue naturelle par ce fait que nous avons besoin d’être relativement indéterminés, ou plutôt non déterminés en présence des choses extérieures ; mais transporter cette indétermination au sein de nous-mêmes et jusque dans notre intelligence, sous prétexte de nous rendre libres, voilà l’erreur vulgaire.
Enfin, les conclusions du prince de Kaunitz ne sont-elles pas, en bonne logique, atteintes et convaincues d’erreur par suite de l’inexactitude bien avérée de l’une de ses prémisses ? […] Il faut lui apprendre que c’est une erreur. […] Faites aussi longue qu’il vous plaira la liste des erreurs et des emportements de la répression, il restera toujours de quoi s’émerveiller qu’on n’en ait pas commis davantage. […] Tel qu’un miroir concave il déforme les objets ; — et tout moyen te manque pour envérifier l’exactitude… La forme est peut-être une erreur de tes sens, la substance une imagination de ta pensée… Es-tu sûr de voir ? […] Littré signale lui-même une de ces petites erreurs de son dictionnaire.
Attaché dès ses premières études aux bancs de la vieille école, vous le verrez, plus ferme qu’un roc, se tenir fixé aux erreurs bien accréditées, et n’en jamais démordre. […] Par cette raison le professeur La Harpe est tombé, à ce sujet, dans une suite d’erreurs plus grandes que toutes celles qu’il m’a semblé indispensable de lui reprocher. […] Les lois se hâteront de réprimer votre hardiesse, et leur sévérité prouvera que vos comédies furent aussi préjudiciables que je le pense. — Erreur, erreur, vous dis-je : on examinera la date des règlements ; on y verra que mes plus fortes pièces obtinrent des récompenses sous le gouvernement des libres héros d’Athènes, et qu’on les aura supprimées vers l’époque où le parti de Lysandre et les corruptions du roi Philippe firent décliner notre grandeur et notre indépendance. […] J’ai osé d’abord avancer que le législateur du Parnasse français n’avait pu se garantir d’une erreur en appréciant notre plus grand comique ; et je vais le prouver en le prenant sur ses propres paroles […] aujourd’hui, messieurs, peut-être est-ce une erreur de ma part que de revendiquer ce ridicule en faveur de la comédie.
A son inthronisation, il eut un projet qui malheureusement ne réussit point ; c’étoit de faire signer un corps de doctrine où, sans toucher aux opinions de Baïus, de Jansénius & de Quesnel, telle vérité seroit prescrite & telle erreur condamnée. […] Il a pratiqué les plus pures leçons de la morale, tandis que l’Europe étoit dans l’erreur & dans la corruption. […] Et vouloir mettre en lui crainte & terreur D’aigre justice, en disant que l’erreur Tient de Luther ? […] Le voile qui couvroit tous les yeux ne fut levé que par la main la plus intéressée à laisser le public dans l’erreur. […] Attaché très-fortement à la foi, mais en garde contre l’erreur, il ne put s’empêcher de faire les réflexions que j’ai marquées.
On les appelait, sans doute, ainsi par antiphrase, — ou, plus simplement, par erreur. […] L’erreur fut de transformer en un dogme scientifique ce qui ne devait être qu’une méthode de travail. […] La théorie de la rime, chez les Parnassiens, repose sur un tas d’erreurs et de confusions. […] Gustave Kahn évita cette erreur et l’essentiel de son innovation fut de donner au vers une réalité propre. […] Or, là est l’erreur.
Leurs erreurs peuvent intéresser l’historien littéraire ; mais comment pourraient-elles ébranler l’inébranlable vérité de la théorie, et de quelle autorité m’empêcheraient-elles, moi, critique philosophe, de considérer la comédie non dans des tragédies manquées, mais dans la pureté de sa véritable essence ? […] c’est justement là notre erreur. […] Le but sérieux que je me proposerais d’examiner et de réfuter toutes ces erreurs ; le respect qu’on doit toujours garder pour la pensée d’autrui, lorsqu’elle est raisonnée et sincère ; la nécessité pénible d’avoir à répéter des sottises, et surtout ma préoccupation constante d’être un interprète à la fois intelligible, intelligent et fidèle : tout cela m’interdirait la gaieté. […] Grâce à ce système d’équilibre et de pondération qui ne laisse aucune sottise se développer sans que le bon sens ne reçoive un développement parallèle ; grâce à ces docteurs qui savent Pour toute leur science, Du faux avec le vrai faire la différence96, le poète, mêlant l’utile à l’agréable, nous empêche de prendre le mal pour le bien, le bien pour le mal, et de tomber dans l’erreur d’Orgon, auquel Cléante disait : Vous ne gardez en rien les doux tempéraments.
Mais si, dans la suite, nous renouons ces entretiens, nous nous occuperons de ces divergences entre les philosophes qui soutiennent des doctrines si opposées sur les biens ou sur les maux réels : voilà les sujets qui méritent de nous occuper plutôt que les vanités et les erreurs de la vie, etc. […] « Enfin la raison a je ne sais quelle supériorité majestueuse qui lui donne le droit de commander et qui lui fait mépriser de haut les événements humains, toujours élevée qu’elle est au-dessus de nos faiblesses et de nos erreurs. […] Alors Pison : — Est-ce par un dessein de la nature, nous dit-il, ou par une erreur de notre imagination, que, lorsque nous voyons les lieux où l’histoire nous apprend que de grands hommes ont passé une partie de leur vie, nous nous sentons plus émus que quand nous écoutons le récit de leurs actions ou que nous lisons leurs écrits ? […] Chacun avait ainsi sa part d’erreur ou de vérité qu’il se faisait à soi-même : au peuple la fable, aux sages la vérité.
On la fait dans une pensée de réparation et de restitution, comme le recommandaient les Pères de l’Église pour qui la conception romaine de la propriété — jus utendi et abutendi — était une damnable erreur, et aux yeux de qui certaines fortunes démesurées étaient par elles-mêmes un scandale et un péché. […] C’est l’idée que chacun est intéressé au bien-être et à la santé morale de tous, et inversement ; et que si la société, dont nous ne retirons, nous autres, que bénéfices, commet des erreurs ou des oublis et fait des victimes, nous en devenons responsables, pour notre part, dès que nous nous retranchons dans notre égoïsme. […] Et le dessein d’être stoïque contre un ami ne peut-il pas être aussi une cause d’erreur ? […] Il reproche aussi à Catherine la vulgarité du papa Vallon et l’indiscrétion turbulente des petits frères ; et l’on s’étonne que la prudente et fine jeune fille des deux premiers actes ait commis cette erreur, d’installer toute sa tribu au château.
Tous les goûts sont dans la nature et je sais pardonner aux erreurs d’autrui ; ces divergences d’opinion n’altèrent pas les amitiés sincères. […] Laissant de côté la séduisante erreur romantique, dont l’esprit latin commence à se délivrer avec peine, je salue la noble figure du poète Écouchard Lebrun qui fut le maître et l’inspirateur d’André Chénier et qui vécut assez pour conduire les Muses grecques à la cour de Bonaparte. […] Remy de Gourmont qui tient la férule, me semblent cependant commettre l’erreur. […] Et néanmoins il ne me répugne point d’admettre un tel jugement et je ne le veux ronger ni de restrictions ni de réserves, convaincu que tout autre renfermerait une dose quasi équivalente d’erreur.
Des aphasiques, incapables de prononcer spontanément un mot, se remémorent sans erreur les paroles d’une mélodie quand ils la chantent 7. […] Dès la première récitation, nous reconnaissons à un vague sentiment de malaise telle erreur que nous venons de commettre, comme si nous recevions des obscures profondeurs de la conscience une espèce d’avertissement 9. […] L’erreur de Stricker 57 a été de croire à une répétition intérieure intégrale de la parole entendue. […] Voir, au sujet de ce sentiment d’erreur, l’article de MÜLLER et SCHUMANN, Experimentelle Belträge zur Untersuchung des Gedächtnisses (Zeifschr. f.
Quel soulas vous me donnez par toutes ces erreurs ! […] Je m’aperçois aujourd’hui d’une grave erreur, qu’on commet vis-à-vis de ce genre d’écrivains. […] On accuse les gens arrivés d’entraver la jeunesse laborieuse, quelle erreur ! […] Toussenel débute par déplorer l’erreur du maître. […] Dès qu’il élève la règle du moment à la hauteur d’une loi générale, il se précipite infailliblement dans l’erreur.
Que de grosses ou petites erreurs il rectifie !
L’amour se passerait bien plutôt de réciprocité que l’amitié ; là où il existe de l’ivresse, on peut suppléer à tout par de l’erreur, mais l’amitié ne peut se tromper, et lorsqu’elle compare, elle n’obtient presque jamais le résultat qu’elle désire, ce qu’on mesure paraît si rarement égal ; il y a quelquefois plus de parité dans les extrêmes, et les sentiments sans bornes se croient plus aisément semblables.
Erreur ?
Quelle débâcle de Parnassiens : les uns en sont restés pétrifiés, les autres se sont réveillés journalistes… De là encore, une superstition et une erreur technique.
À mon avis il y a là une erreur.
Tout l’esprit du christianisme est là : saint Pierre est l’Adam de la nouvelle loi ; il est le père coupable et repentant des nouveaux Israélites ; sa chute nous enseigne en outre que la religion chrétienne est une religion de miséricorde, et que Jésus-Christ a établi sa loi parmi les hommes sujets à l’erreur, moins encore pour l’innocence que pour le repentir.
Il s’étoit flatté que son ouvrage ne seroit pas défendu en France ; cependant il le fut, parce que l’on prétendoit qu’il renfermoit des semences d’erreur.
Détournons nos regards d’erreurs qui nous sont étrangères.
Le ciel est si léger qu’ayant pris ce morceau pour un ouvrage de Loutherbourg, cette qualité qui manque à celui-ci me fit suspecter mon erreur.
Un poete n’est pas fait pour purger son siecle des erreurs de physique.
Fauchet mourut comme les autres à la guillotine, mais avant de mourir il y abjura ses erreurs.
Cette fausse conception de la réalité ne pouvait-elle pas passer de l’opinion dans l’Histoire, et la critique, qui en garde les avenues, ne devait-elle pas signaler un ouvrage qui rend maintenant impossible à une telle erreur d’y pénétrer ?
Sa préface atteste, au contraire, cet enfoncement un peu plus profond dans l’erreur, qui chez les natures de ce poids doit être avant peu une disparition complète.
Ainsi, on continue à considérer, erreur de tous temps, que le génie est placé dans une situation unique, si magnifique par elle-même, qu’elle doit comporter nécessairement d’inévitables ennuis et chagrins. […] Je vais même plus loin : ce serait une grave erreur que de vouloir idéaliser systématiquement la figure des maîtres. […] Oscar Wilde raconte dans De Profundis qu’un ami étant venu le voir dans sa prison, lui a dit : « Malgré votre condamnation, je ne crois pas que vous ayez fait ce qu’on vous reproche et je vous garde quand même mon amitiév. » Wilde a répondu qu’il ne pouvait pas accepter une telle amitié, qui aurait été fondée sur une erreur, et qu’il préférait, non sans tristesse, perdre un ami, qui lui était cher, que de garder un ami qui se fait de lui une image si contraire à la sienne. […] Naturellement ces sortes d’interviews posthumes comportent toujours des erreurs de détail, mais peu à peu, grâce aux livres qui paraissent successivement sur le même personnage, elles finissent par se compenser les unes les autres. […] L’action et la révolte ne se comprennent justement que dans le but de rejeter les erreurs et les préjugés d’un monde imbécile et pour maintenir ses trésors les plus purs.
Pontus de Tyarde est savamment agréable ; toutes ses Erreurs amoureuses ne sont pas des erreurs poétiques ; il fut le subtil astrologue des yeux de Pasithée. […] C’est une parfaite erreur, qu’il a d’ailleurs reconnue et rétractée. […] d’une source d’erreur assez commune. […] Je pense que je démêle d’où cette erreur est née. […] Les pièges du péché, les conseils de la tentation et les exemples dont on excitait son orgueil le menaient de misère en misère, sans doute d’erreur en erreur.
Teste, si les plus grands génies n’ont pas dû nécessairement rester inconnus, puisque le génie le plus grand serait par sa grandeur même purifié de l’erreur et de l’ambition qui le portent à se faire connaître par des œuvres et à rechercher la gloire. […] Imaginant que les plus grands hommes sont ceux qui meurent sans avouer, Valéry ajoute : « L’induction était si facile que j’en voyais la formation à chaque instant » Il suffisait d’imaginer les grands hommes ordinaires purs de leur première erreur. » Trop facile, je crois. Purs de leur erreur ? […] Aux meilleurs esprits Que d’erreurs promises ! […] Mais l’erreur la plus énorme qu’on pourrait commettre sur Valéry, ce serait de prendre la Pythie pour une figure de son inspiration poétique et de voir sa poésie sur un trépied.
Fénéon s’imagine qu’il y a, en ce moment, trop d’écrivains, quelle erreur ! […] S’il va vers la vérité, c’est par obéissance ; pour aller vers la vérité, il est forcé de la prendre dans son cœur, de l’arracher, chair de sa chair, et de la jeter loin, devant lui, admirable proie, qu’il disputera, sûr de la victoire, aux chiens de l’erreur. Il sait ce que c’est que la vérité ; il sait donc ce que c’est que l’erreur. […] C’est là l’erreur absolue, comme la vérité absolue est de ne pas croire en soi, mais de croire en Dieu seul, qui est la vérité unique. […] Troupeau d’idées réunies là sous un berger de hasard pour brouter l’herbe de l’erreur, tu es mon prisonnier, parce que j’ai dessiné un cercle autour de ton pâturage et parce que tu pâtures l’herbe de l’erreur.
On lisait quelque grande et profonde poésie de Victor Hugo sur la mort récente de sa fille ; on discutait sur tel ou tel portrait des Girondins de Lamartine ; on dévorait la Mare au Diable, ce petit chef-d’œuvre de poésie rustique qui rachetait par son charme l’erreur prolixe du Meunier d’Angibault. […] Il est bon qu’il la cherche lui-même et qu’il l’établisse à sa manière durant la période de sa vie où, à la place de son innocente erreur, nos explications, hors de portée pour lui, le jetteraient dans des erreurs plus grandes encore, et peut-être à jamais funestes à la droiture de son jugement et, par suite, à la moralité de son âme. » Elle était née rêveuse ; tout enfant, elle se perdait dans des extases sans fin qui l’isolaient du monde entier. […] Mais c’était là l’erreur de son jugement, non de ses instincts ; elle restait fidèle d’intention à sa théorie, alors même qu’elle la trahissait. […] Jamais on n’a porté une candeur plus éloquente dans le paradoxe, ni une loyauté plus enthousiaste dans l’erreur. […] C’est une erreur historique dont il faut nous dégager.
Pour le bien des humains, et grâce à la nature, Aux erreurs de l’esprit la pitié survivra. […] Vous dites haïr tous les hommes ; c’est une erreur ; il y en a un que vous exceptez un peu trop. […] Quand cette religion serait fausse, la docilité qui soumet la mère et la fille à l’ordre de la nature efface auprès de Dieu le péché de l’erreur. […] L’éducation par l’instruction est une erreur. […] Il n’y a de préjugé ici que cette part d’erreur que nous avons dit qui est dans toute passion quelle qu’elle soit.
Que tel savant personnage a pensé de cette manière ; comme si l’homme le plus savant n’était pas sujet à l’erreur. […] L’erreur particulière faict premièrement l’erreur publicque ; et, à son tour aprez, l’erreur publicque faict l’erreur particulière. […] Quittez votre robe magistrale, ou sachez renoncer au repos : votre état est un état de guerre ; vous n’avez pas seulement affaire aux erreurs et aux vices, mais encore aux aveugles et aux vicieux ; votre unique souci, c’est d’avoir raison. […] Lettre CXXII : « Discerner la vérité au milieu de l’erreur générale, c’est le caractère du génie. […] Combien de ces étiologies si certaines, si admirées, si généralement adoptées, ont été réduites à de spécieuses erreurs !
Mon dictionnaire est plein d’erreurs. […] Tout cela c’est l’erreur sur le mot « droit ». […] Mais c’est une erreur enfantine ! […] Eh bien, n’est-ce pas là, précisément, l’erreur fondamentale ? […] L’art pour le beau est une erreur.
De chez vous les erreurs se sont partout semées. […] Voici maintenant l’explication de l’erreur que nous avons tout à l’heure signalée. […] Corneille, plus tard, reconnut son erreur. […] » Déjà on a réfuté l’erreur étrange de Voltaire au sujet du Cid de Diamante. Ceci est une nouvelle erreur, ou plutôt, pour dire le mot propre, une contre-vérité que notre très regretté maître et ami M.
La première de leurs erreurs est de croire à la perfectibilité indéfinie de l’homme fini. […] Ainsi les erreurs ont leur séduction comme les vérités : en remontant de siècle en siècle jusqu’à l’origine du monde, les sophistes s’engendrent et se perpétuent en génération de rhéteurs. Quand il se rencontre parmi ces rhéteurs sociaux un écrivain plus inspiré, plus éloquent, plus contagieux que les autres, et quand la naissance de cet écrivain, souverain de l’erreur, coïncide avec un ébranlement moral ou avec un cataclysme politique des institutions de son pays, alors son utopie, au lieu de trouver simplement des lecteurs qui se complaisent au bercement de leur imagination par ses rêves, cet écrivain trouve des sectaires pour propager ses chimères, et des bras pour exécuter ses conceptions.
On a pu y ajouter différentes parties, une digression sur les facultés de l’âme, une autre sur les causes et les remèdes de nos erreurs ; mais ce n’est pas augmenter, c’est dénaturer les sciences que d’en méconnaître et confondre les bornes. […] Il y obéit donc toujours et partout ; elles sont pour lui un fondement inébranlable de certitude ; l’erreur ne saurait venir de là, il faut qu’elle vienne d’ailleurs. […] Quand on dit qu’il faut partir du monde extérieur pour arriver à l’homme, des sens pour arriver à l’intelligence, ou bien lorsque l’on pose tout d’abord l’existence de Dieu et que l’on en déduit l’homme et le monde, des deux côtés égale erreur.
Le roi commettait une erreur assez ordinaire aux souverains directeurs d’armée, erreur en partie volontaire, qui consiste à prétendre que le général a plus de troupes sous le drapeau qu’il n’y en a en effet, et que les ennemis en ont moins qu’on ne le suppose.
Boissonade, dans son rôle modeste, avec son savoir déjà étendu et tout d’abord précis, son esprit net et fin, sa plume élégamment correcte, donna de bonnes indications, releva, des erreurs, informa les curieux de quelques points d’érudition acquis et connus à l’étranger, glissa dans ses extraits d’excellents échantillons de traductions ; de plus, il jetait par-ci par-là quelques grains de malice à l’adresse des faux érudits ou des pédants. […] Les critiques les plus farouches qui censureraient mes erreurs, s’il s’agissait d’une édition de Démosthène, d’Homère ou de Thucydide, seront plus indulgents pour des fautes dont un Diogène ou un Cratès, un Marinus ou un Nicétas sont les seules victimes. » Tout cela est charmant ; remarquez que, quand il écrit en latin, M.
Il l’avait conclu à l’avance, il l’avait déterminé du dehors, pour les points essentiels, avec cette géométrie transcendante d’une doctrine sainte aux mains du génie ; il en avait induit les diversités d’erreurs et de vices avec les propres données de son cœur, moyennant cette double corruption qui se remue ici-bas en tout esprit et en toute chair, orgueil et volupté. […] Mais, après la crise dont nous approchons, on ne remontera pas immédiatement à l’état chrétien : le despotisme et l’anarchie continueront longtemps encore de se disputer l’empire, et la société restera soumise à l’influence de ces deux forces également aveugles, également funestes, jusqu’à ce que d’une part elles aient achevé la destruction de tout ce que le temps, les passions, l’erreur, ont altéré au point de n’être plus qu’un obstacle au renouvellement nécessaire ; et, de l’autre, que les vérités d’où dépend le salut du monde aient pénétré dans les esprits et disposé toutes choses pour la fin voulue de Dieu. » Vers le même temps où l’esprit de M. de La Mennais acceptait si largement l’union du catholicisme avec l’État par la liberté, il tendait aussi à se déployer dans l’ordre de science et à le remettre en harmonie avec la foi.
faut-il purger d’une erreur si grossière Un esprit si perçant et si plein de lumière ? […] Si vous avez besoin d’être désabusée, C’est d’une erreur plus fine et plus autorisée : Le partage des morts se fait peu souhaiter, Mais celui des vivants a de quoi vous tenter ; Si la gloire pour vous n’est rien après la vie, Tandis que vous vivez, elle vous fait envie.
Nourri des livres sacrés, partageant les croyances du peuple de Dieu, il se tient strictement au récit de l’Écriture, ne se croit pas obligé de mêler l’autorité d’Aristote à l’action, ni surtout de placer au cœur de son drame une intrigue amoureuse (et l’amour est de toutes les choses humaines celle qui, s’appuyant sur une base éternelle, varie le plus dans ses formes selon les temps, et par conséquent induit le plus en erreur le poëte). […] Je reprendrai le Racine chrétien au complet dans mon ouvrage sur Port-Royal ; en attendant, je me borne à en tirer les remarques que voici : « Quelle erreur nous avons soutenue autrefois !
Défenseurs de l’ordre social, laissez-moi, laissez quelqu’un qui a vécu longtemps en dehors de voire sphère vous le dire en toute franchise : c’est une étrange erreur, c’est une faute que de partager ainsi le monde politique ou littéraire en bons et en méchants, de ranger et d’aligner ainsi tous ses ennemis, ceux qu’on qualifie tels et qui souvent ne le sont pas ; qui réclament l’un une réforme, l’autre une autre ; qui n’attaquent pas tout indistinctement ; qui demandent souvent des choses justes au fond et légitimes, et qui seront admises dans un temps plus ou moins prochain. […] En conséquence, je déclare ne pouvoir m’associer à aucun degré à des conclusions que je considère comme l’erreur d’un homme de bien alarmé.
Dans un livre qui est comme le testament philosophique du siècle382, Condorcet déclare que cette méthode est « le dernier pas de la philosophie, celui qui a mis en quelque sorte une barrière éternelle entre le genre humain et les vieilles erreurs de son enfance ». — « En l’appliquant à la morale, à la politique, à l’économie politique, on est parvenu à suivre dans les sciences morales une marche presque aussi sûre que dans les sciences naturelles. C’est par elle qu’on a pu découvrir les droits de l’homme. » Comme en mathématiques, on les a déduits d’une seule définition primordiale, et cette définition, pareille aux premières vérités mathématiques, est un fait d’expérience journalière, constaté par tous, évident de soi. — L’école subsistera à travers la Révolution, à travers l’Empire, jusque pendant la Restauration383, avec la tragédie dont elle est la sœur, avec l’esprit classique qui est leur père commun, puissance primitive et souveraine, aussi dangereuse qu’utile, aussi destructive que créatrice, aussi capable de propager l’erreur que la vérité, aussi étonnante par la rigidité de son code, par l’étroitesse de son joug, par l’uniformité de ses œuvres, que par la durée de son règne et par l’universalité de son ascendant.
Du même coup, nous comprenons et nous corrigeons l’erreur dans laquelle tombe naturellement la conscience à propos de la perception extérieure. […] Beaucoup de philosophes et tous ceux qui se contentent de mots sont sujets à cette erreur.
Voltaire ramena donc le Siècle de Louis XIV à son dessein général : l’histoire universelle étant une suite lamentable de folies, erreurs, « butorderies », qu’interrompent de loin en loin quelques glorieuses époques, ce beau Siècle eut son dessous et son revers de sottises. […] La sympathie pour les hommes dont il fait l’histoire lui fait défaut : il les raille dans leurs erreurs, dans leurs sottises, dans leurs misères.
L’humanité n’arrive à la vérité que par des erreurs successives. […] L’erreur commune des socialistes et de leurs adversaires est de supposer que la question de l’humanité est une question de bien-être et de jouissance.
Mme Bovary échappe au ridicule par la frénésie ; avec elle, l’erreur sur la personne devient un élément de drame. […] Et il semble, en effet, que, transportant dans la philosophie sa vision d’artiste, Flaubert ait constaté dans l’homme un Bovarysme irrémissible qui fait de l’erreur et du mensonge la loi de sa nature, un mal d’imagination et de pensée qui l’oblige à méconnaître toute réalité pour céder à la fascination de l’irréel, qui le contraint à concevoir, hors de la portée de son intelligence et le ses sens, un au-delà dont la perspective s’éloigne après chaque effort fait pour l’atteindre.
Et comme il aurait été amusant, au nom de Raphaël, à propos de tel tableau qu’on admire, d’indiquer ce que les restaurateurs ont laissé juste de peinture, même de dessin du maître, mais c’était un travail immense de recherches, de courses, de conversations avec les gens techniques, et il ne fallait ni erreurs, ni exagérations. […] * * * — Une erreur de 3 centimes, dans le compte d’une année, il y a cinq ou six ans, a fait passer, m’a-t-on assuré, cinq jours et cinq nuits, aux sept employés de la fortune privée de Rothschild.
De se borner, dans ses critiques, à relever les erreurs de dates, de noms propres, d’une lettre mise pour une autre, d’une virgule de trop ou de moins, et autres méprises de cette espèce, à condition cependant qu’il y sera fort exact, ce qui ne lui arrive pas toujours ; mais de ne pas toucher aux raisonnements bons ou mauvais, et de s’abstenir de raisonner lui-même le plus qu’il lui sera possible. […] Que ce professeur ait tort ou raison, voilà deux habiles latinistes modernes dont l’un reproche à l’autre des erreurs grossières ; en faut-il davantage pour prouver que les modernes savent très imparfaitement le latin ?
Nous ne sommes pas dans l’erreur, lorsque nous collaborons à la défense nationale. […] Le syndicat des fonctionnaires, erreur d’hier, peut devenir la vérité de demain.
La crise du roman est due, en partie, à l’erreur où nous sommes tombés, en prenant le roman pour une simple distraction et un amusement de lettrés. […] Ayez le respect de ce public guetté par toutes les erreurs et travaillé par toutes les corruptions.
Mais nous retrouvons ici l’erreur sans cesse renaissante que nous avons poursuivie à travers tout le cours de notre travail. […] Quelle est l’erreur capitale de l’associationnisme ?
Lorsque les philosophes ou les historiens parlent des premiers temps, ils prennent le mot peuple dans un sens moderne, parce qu’ils n’ont pu imaginer les sévères aristocraties des âges antiques ; de là deux erreurs dans l’acception des mots rois et liberté. […] Partant de ces trois erreurs, ils ont cru que les rois et autres grands personnages des temps anciens s’étaient consacrés, eux, leurs familles, et tout ce qui leur appartenait, à adoucir le sort des malheureux qui forment la majorité dans toutes les sociétés du monde.
Ce qui me fait dire que la vie en commençant ressemble à un labyrinthe, à un dédale de verdure où ceux qui marchent, perdus dans une foule de petits sentiers, se croient à cent lieues les uns des autres, tandis qu’ils ne sont séparés en effet que par une charmille ; au bout du labyrinthe, et quand les erreurs en sont épuisées, les promeneurs surpris se trouvent tous s’être comme donné rendez-vous sur un espace de terrain assez borné, aride et nu.
Ses Mémoires fourmillent d’inexactitudes, d’erreurs, de mensonges même, de ces mensonges passionnés qui échappent aux honnêtes gens de petit esprit ; ils ne doivent être consultés qu’avec bien des précautions comme document historique.
La pire erreur, en un sens, que puisse commettre un homme de lettres, c’est de prendre un métier qui le condamne à l’« écriture ».
L’évangéliste, entendant appeler ces quatre fils de Cléophas « frères du Seigneur », aura mis, par erreur, leur nom au passage Matth.
Mais l’éclair deviendra le plein jour, et, après avoir parcouru tous les cercles d’erreurs, l’humanité reviendra à ce mot-là, comme à l’expression immortelle de sa foi et de ses espérances.
Tout était académie : académie ne se bornant pas à lire, à écouter, à disserter ; mais académie en action, en inspirations, en conceptions, en création ; jugeant aussi, corrigeant, rebutant au moins les plus grosses erreurs de goût, et réprimant les écarts et les bizarreries.
Cela vient de ce que le rapport de l’animal à l’homme est trop incomplet ; et cette ressemblance imparfaite peut introduire de grandes erreurs dans la morale.
Toutefois quand le temps, qui détrompe sans cesse, Pour moi des passions détruira les erreurs, Et leurs plaisirs trop courts souvent mêlés de pleurs, Quand mon cœur nourrira quelque peine secrète, Dans ces moments plus doux, et si chers au poète, Où, fatigué du monde, il veut, libre du moins, Et jouir de lui-même, et rêver sans témoins, Alors je reviendrai, solitude tranquille, Oublier dans ton sein les ennuis de la ville, Et retrouver encor, sous ces lambris déserts Les mêmes sentiments retracés dans ces vers.
Moette est un bon élève, et si le concours est sujet à l’erreur et à l’injustice, ce n’est jamais au point d’exclure l’homme de génie, et de donner la préférence à un sot décidé sur un habile homme.
Je dis un simple bourgeois, quoiqu’une erreur établie rabaisse Le Correge à la condition d’un païsan, et d’un pauvre païsan.
De-là principalement est venuë l’erreur qui leur a fait croire que le chant des pieces dramatiques des anciens étoit un chant proprement dit, parce que les auteurs anciens se servent ordinairement des termes de chant et de chanter, lorsqu’il parlent de l’execution de ces pieces.
C’est grand dommage de voir un critique aussi érudit reprendre l’erreur d’un romancier aussi ignorant.
Un grand ressort des temps anciens, qui fut nécessaire à l’organisation primitive de la société, et qui ne peut plus être pour nous qu’une grande erreur, le sentiment exclusif de la nationalité doit disparaître : il ne peut tenir devant les hauts sentiments de l’humanité ; il restera l’amour du sol natal et l’attachement aux institutions de la patrie, seuls sentiments vrais, naturels, indestructibles comme le cœur de l’homme.
Mais enfin nous ne nous fondons pas aujourd’hui pour faire des madrigaux aux imbéciles et de très humbles baise mains à l’erreur.
Ce sont enfin ces portraits d’orateurs, que l’auteur a retouchés pourtant et auxquels il a voulu donner l’unité et le corsé d’un livre, ce sont ces portraits qui, au lieu de grandir Cormenin, vont le diminuer et dissiper l’erreur brillante de sa renommée.
Voir plus que cela dans l’auteur des Mémoires d’un chasseur, peintre de nature plus que de costume, c’est une erreur du genre de celle qui verrait dans Tristram Shandy et le Sentimental Journey des révélations politiques et sociales sur l’Angleterre et sur la France.
La gloire est faite de toutes pièces avec les opinions des hommes ; il entre autant d’erreurs que de vérités dans la composition de ce bronze sonore.
Il se dit et il est lui-même aristotélicien : « Je suis capable — dit-il — de prendre Rodogune, par exemple, et en lui appliquant les règles d’Aristote, d’en construire une pièce meilleure que celle de Corneille. » C’est là le dernier trait, mais c’est aussi l’erreur et l’infatuation… C’est l’homme du temps qui parle, ce n’est pas l’homme de l’avenir, qui allonge son regard par-dessus la tête des autres parce qu’il est plus grand qu’eux, — et Lessing l’était !
Pendant que la Philosophie cherchait à le retenir en bas, il monta, et telle fut l’indéfectible sécurité, le maître aplomb de cet homme, que les analogies ou, pour mieux parler, les identités de sa pensée avec celle d’Aristote entraînaient, vers les erreurs du péripatétisme, qu’il s’arrêta toujours à temps pour les éviter !
Il a traversé des doctrines, mais il n’a foi en rien, pas même dans l’erreur.
La mort d’un homme juste est un objet sublime par lui-même ; mais si ce juste est opprimé, si l’erreur traîne la vérité au supplice, si la vertu souffre la peine du crime, si en mourant elle n’a pour elle-même que Dieu et quelques amis qui l’entourent, si cependant elle pardonne à la haine, si de l’enceinte obscure de la prison où elle meurt, ses regards se tournent avec tranquillité vers le ciel, si, prête à abandonner les hommes, elle emploie encore ses derniers moments à les instruire, si enfin, au moment où elle n’est plus, ce soit le crime qui l’a condamnée qui paraisse malheureux et non pas elle, alors je ne connais point d’objet plus grand dans la nature : et tel est le spectacle que nous présente Platon, en décrivant la mort de Socrate ; il y joint tous ces détails qui donnent de l’intérêt à une mort célèbre et qui en reçoivent à leur tour.
Ils doivent sourire tristement de notre erreur, quand ils nous voient concentrer là notre culte et nos larmes. […] Pictet, renferment à la fois de la vérité et de l’erreur ». […] Dans tous les cas, nous portons la peine de nos erreurs ou de celles d’autrui, car la nature n’échappe pas, comme la société, à la loi de solidarité. […] Les erreurs et les aveuglements des grandes intelligences dans les sciences exactes n’ont même pas nui au progrès de la vérité scientifique. […] La postérité redressera bien des erreurs et réparera bien des injustices.
Et vous voyez encore quelle erreur on commet lorsqu’on impute à Descartes et au caractère de sa philosophie le caractère « abstrait » ou « rationnel » de notre système dramatique. […] Malheureusement, c’est ici que Chapelain allait commettre sa grande erreur, celle que l’on commet aujourd’hui même encore trop souvent, et confondre les « règles » avec les « lois » des genres. […] D’ailleurs, s’ils se défiaient de la raison, ils se défiaient bien davantage encore de l’imagination et de la sensibilité, ces deux « maîtresses d’erreur ». […] Il y a du vrai dans cette confession : il y a aussi quelques erreurs, involontaires ou délibérées. […] Ce serait une erreur, dont je n’ai pas le temps de rechercher avec vous l’origine, ni comment elle s’est répandue ; mais ce serait une erreur.