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1111. (1860) Cours familier de littérature. X « LIXe entretien. La littérature diplomatique. Le prince de Talleyrand. — État actuel de l’Europe » pp. 289-399

L’intervention d’une puissance chez une autre est illicite quand il s’agit de s’immiscer dans les intérêts purement nationaux et intérieurs d’un peuple, libre de ses volontés et de son mode de gouvernement ou de dynastie chez lui-même. […] Il ne s’agissait plus de combattre la monarchie universelle de Charles-Quint et de Philippe II. […] XVII M. de Talleyrand avait passé ses années d’obscurité volontaire en Amérique, pauvre, solitaire, errant, sans agir, sans écrire, sans faire retentir son nom en Europe par aucune voix de la renommée. […] Le silence est plus juste que l’éloge quand il s’agit d’hommes qu’on ne peut louer et qu’on ne veut pas accuser. […] Il pensa ainsi ; il agit, non en citoyen, mais en ministre des Bourbons ; il parvint, à force de volonté, de résolution, d’habileté, de promptitude, à renouer une coalition déjà dissoute et à faire marcher d’un seul pas l’Europe entière au secours des Bourbons.

1112. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CIVe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (2e partie) » pp. 97-191

« La tragédie est donc l’imitation d’une action ; et cette action étant l’œuvre de personnages qui agissent, ces personnages ont nécessairement un caractère et un esprit qui les font ce qu’ils sont ; conditions qui, d’ailleurs, servent à qualifier aussi les actes humains. […] Le caractère ou les mœurs, c’est ce qui distingue les gens qui agissent et permet de les qualifier ; et l’esprit, c’est l’ensemble des discours par lesquels on exprime quelque chose, ou même on découvre le fond de sa pensée. […] Elle a de plus pour elle les jeux de scène, qui frappent les yeux, soit quand il s’agit d’une reconnaissance, soit dans tout le cours de l’action. […] Et notez bien qu’il ne s’est agi jusqu’ici dans les théories de Platon que de faits réels, tous vérifiables à la plus scrupuleuse analyse, et non point de ces hypothèses qui confirment la distinction de l’âme et du corps, qui en sont des conséquences plus ou moins certaines, mais qui ne la démontrent pas. […] VII Il termine par cette magnifique profession de foi, si claire, si ferme et si résolue dans un temps où l’on ose tout dire, excepté le vrai : Quand l’homme s’est compris lui-même ; quand, disciple fidèle de cette sagesse immuable dont Platon et Descartes sont les plus clairs interprètes, il a compris ce qu’est en lui la pensée, il affirme, avec une certitude désormais inébranlable, que son intelligence, qui ne s’est point faite elle-même, vient d’une intelligence supérieure à elle ; il affirme que son intelligence agit sous l’œil de son créateur, et qu’elle doit le retrouver infailliblement au-delà de cette vie.

1113. (1893) Du sens religieux de la poésie pp. -104

. — Mais il ne s’agit jusqu’ici que d’idées générales : elles s’individualisent dans l’action esthétique, dans la création du poème, par l’angle spécial selon lequel chaque poète voit et conçoit la notion divine. […] Il ne s’agit point là du diable des chrétiens et s’il feint encore de craindre l’eau bénite, c’est une concession du poète au symbole de la fable. […] Mais s’il s’agit d’un idéal, d’un rêve d’amour et de beauté, don Juan, comme Faust (et plus encore que lui, puisqu’il jouit d’une jeunesse qu’il n’eut pas besoin d’emprunter), don Juan est une haute synthèse d’humanité. […] Il ne s’agit certes point de faire œuvre directement utile ou utilitaire : l’utilité sera dans la beauté de l’œuvre vivante et neuve qui pourra dire à ceux qui se plaignent : Votre erreur est de chercher hors de vous des trésors tangibles, réels, de la douteuse réalité des pierres changées en pains. […] Encore une fois il ne saurait s’agir ici que de quantité et non de qualité : mais même la quantité n’est point si évidente.

1114. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Paul Féval » pp. 107-174

Si, véritablement, quand il écrivit ses Mystères de Londres, le jeune auteur ne connaissait pas l’Angleterre, il était plus étonnant d’intuition que s’il l’avait patiemment et laborieusement étudiée ; et, à présent qu’il s’agit pour nous moins de ce livre que de la force individuelle du romancier qui l’a écrit, nous devons dire que ce roman en révélait une prodigieuse, et qui même ne nous a pas tenu tout ce qu’elle nous avait promis. […] Nul homme ne devait être pour lui ce qu’il fut pour les autres hommes, et Dieu seul dut agir sur lui comme, lui, il agissait sur eux. […] Les ennemis du catholicisme n’avaient pas manqué de voir le parti qu’ils pouvaient tirer, dans l’intérêt de leurs passions et de leurs idées, de ces hommes si romanesquement, si surnaturellement historiques, et dont la gloire trempait, par en bas, dans des calomnies qu’il s’agissait de faire monter toujours plus haut. […] XVI Crétineau-Joly, dont il faudra désormais toujours parler quand il s’agira des Jésuites, était, lui, le tigre tout à fait, depuis les griffes jusqu’aux dents ; et c’est pourtant de l’histoire de ce tigre que le doux et aimable Paul Féval s’est inspiré.

1115. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Chapitre I. De l’intensité des états psychologiques »

Et non seulement nous employons le même mot, mais soit que nous pensions à une intensité plus grande, soit qu’il s’agisse d’une plus grande étendue, nous éprouvons une impression analogue dans les deux cas ; les termes « plus grand », « plus petit », évoquent bien dans les deux cas la même idée. […] Si les sons musicaux agissent plus puissamment sur nous que ceux de la nature, c’est que la nature se borne à exprimer des sentiments, au lieu que la musique nous les suggère. […] Chacun de ces états se réduirait, croyons-nous, à un système de contractions musculaires coordonnées par une idée : mais dans l’attention c’est l’idée plus ou moins réfléchie de connaître : dans l’émotion, l’idée irréfléchie d’agir. […] Mais il est trop évident qu’il s’agit ici de l’effet physique, et non pas psychologique. […] Il ne s’agit pas ici, en effet, de mesurer la sensation, mais seulement de déterminer le moment précis où un accroissement d’excitation la fait changer.

1116. (1769) Les deux âges du goût et du génie français sous Louis XIV et sous Louis XV pp. -532

disait-il à l’Auteur de Rodogune ; laissez agir votre éleve. […] Mais dans ce moment il ne s’agissait que de son chef-d’œuvre comique. […] Il s’agit seulement d’examiner si l’innovation est heureuse. […] Dunois agira, & Jeanne, durant tout cet intervalle, en sera réduite à gémir ou à prier dans son cachot. […] Il s’agit d’un château construit en l’air par les Démons, d’où ils désolent & accablent une troupe de soldats chrétiens.

1117. (1853) Portraits littéraires. Tome I (3e éd.) pp. 1-363

En vérité, il faut plus que de la bonne volonté pour deviner qu’il s’agit du jeu de paume, et sans le titre de la pièce, un lecteur, même clairvoyant, serait tenté d’abandonner la partie. […] Hugo est une figure pleine de fraîcheur et de grâce quand elle entre en scène, mais presque toujours insignifiante, inanimée, dès qu’elle agit et qu’elle parle. […] Il ne s’agit pas de contester un fait accompli, mais bien de l’expliquer. […] Valtone, George et Henri, sont conçus très simplement, et agissent de façon à ne jamais violer les lois de la vraisemblance. […] Un jour, Maurice reçoit une commande importante ; il s’agit de sculpter une sainte Élisabeth de Hongrie pour un riche Anglais dont la famille est demeurée fidèle au culte catholique.

1118. (1716) Réflexions sur la critique pp. 1-296

Je comparerai ses raisons et les miennes, comme si elles étoient également mes propres idées, et qu’il s’agît de me déterminer entr’elles, par la seule force de l’évidence. […] Il est hors de doute qu’il faut les estimer et les lire ; il s’agit seulement de sçavoir s’il ne les faut pas peser au même poids que les modernes. […] La plûpart s’imaginent qu’il s’agit en général de l’estime qu’on doit faire des anciens. […] Il ne s’agit que du seul Homere. […] Mais qui a jamais dit ni avant ni après lui, que le poëte épique fasse agir ses personnages par des vûës secretes qu’il laisse à deviner à ses lecteurs.

1119. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 5482-9849

Dans le délibératif il s’agit d’exhorter ceux qui déliberent, à prendre un parti sur la guerre & sur la paix, sur l’administration publique, &c. […] Agir avec liberté, c’est agir avec indépendance ; procéder avec franchise, c’est se conduire ouvertement & noblement. […] Se glorifier est tantôt pris en bonne part, tantôt en mauvaise, selon l’objet dont il s’agit. […] Les Chrétiens n’adorent en effet qu’un seul Dieu, & ne réverent dans les bienheureux que la vertu même de Dieu qui agit dans ses saints. […] On laissoit agir à son gré la superstition de chaque particulier : on retrouve encore ces petites idoles dans les ruines des anciennes villes.

1120. (1895) Hommes et livres

Il s’agissait d’abord de gagner Genève. […] Il s’agit bien d’action ou d’analyse ! […] S’ils agissent contre l’amour, c’est dans l’intérêt même de l’amour. […] Il en faut rabattre, quand il s’agit d’Alberoni. […] Je n’imaginerais rien de mieux, s’il s’agissait de chefs-d’œuvre dont la beauté serait intacte et l’intérêt vivant : il ne faudrait que les approcher du lecteur et les laisser agir.

1121. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « PARNY. » pp. 423-470

C’est de cette gloire, un moment consacrée, qu’il s’agit aujourd’hui de nous rendre bien compte. […] J’ai souvent pensé qu’un poëte élégiaque, qui, son amour une fois chanté, se tairait à jamais et obstinément, comme Gray, par exemple, agirait bien plus dans l’intérêt de sa gloire ; il se formerait autour de son œuvre je ne sais quoi de mystérieux, de conforme au genre et au sujet. […] Selon Lemercier, qui s’en rendait mieux compte, il s’agissait, par certains essais, de repoétiser notre langue, devenue trop timide184. […] Au lendemain de l’apparition de la Guerre des Dieux, une place se trouvait vacante à l’Institut ; il s’agissait de remplacer Delille qui s’était obstiné, un peu tard, à émigrer.

1122. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre quatrième »

Les mouvements en étaient si impétueux que sa sœur Euphémie, parlant de son humeur bouillante, dit « qu’il paraît clairement que ce n’est plus son esprit naturel qui agit en lui. » Il lui arriva de quitter la science et la philosophie, d’éteindre en lui toute curiosité des choses de la nature, avant d’avoir fait choix de ce qu’il devait mettre à leur place. […] Il ne s’agit pas pour lui d’une opinion spéculative, dans laquelle sa réputation de bel esprit serait seule engagée, ni d’une découverte, dans l’ordre des choses physiques, que la science plus exacte d’un émule aurait contestée. Il s’agit de savoir ce qu’il est, où il va, comment il doit se conduire dans la vie, quel sens donner à la vertu ou au vice, à la santé, à la maladie ; il s’agit d’un pari — il l’a dit lui-même — où la vie est engagée, où il importe, de toute la différence qu’il y a entre la vie et la mort, de mettre toutes les bonnes chances de son côté.

1123. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre X : De la succession géologique des êtres organisés »

Mais nous n’aurions pas su davantage quelles conditions de vie défavorables en avaient empêché jusqu’alors l’accroissement ; si une seule circonstance ou plusieurs avaient agi ensemble ou séparément ; en quel degré chacune d’elles avait agi et à quelle phase de la vie des individus. […] Les difficultés qu’on trouve à décider quelles sont les formes les plus parfaites, sous le rapport de l’organisation, se compliquent encore de ce qu’il ne s’agit pas seulement de comparer les membres les plus élevés d’une classe quelconque à deux époques plus ou moins éloignées, bien que ce soit cependant le fait le plus important à considérer dans la balance ; mais il faut aussi comparer entre eux tous les membres de la même classe, inférieurs et supérieurs, qui ont vécu pendant l’une et l’autre période. […] Et, d’autre part, toutes les lois principales de la paléontologie proclament hautement, à ce qu’il me semble, que les espèces se sont produites successivement par une génération régulière, et que les formes anciennes ont été supplantées par des formes vivantes nouvelles et plus parfaites, produites en vertu des lois de variations, qui continuent d’agir journellement autour de nous, et conservées par sélection naturelle.

1124. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre III. Le comique de caractère »

Vivre consiste à agir. […] Il s’entend parler, il se voit agir, mais il sent qu’un autre lui a emprunté son corps et lui a pris sa voix. Ou bien encore il aura conscience de parler et d’agir comme à l’ordinaire ; seulement il parlera de lui comme d’un étranger avec lequel il n’a plus rien de commun ; il se sera détaché de lui-même. […] Quand le personnage comique suit son idée automatiquement, il finit par penser, parler, agir comme s’il rêvait.

1125. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — I » pp. 56-70

Dans l’invasion de la Provence par Charles-Quint (1536), il se signale par un coup de main heureux et qu’il raconte avec complaisance ; car c’est par là qu’après cette interruption pénible, lui qui ne hait rien tant que sa maison et à qui les « jours de paix sont des années », il se remet en train aux choses de guerre et qu’il rafraîchit l’idée de sa réputation que ce temps d’oisiveté et la longueur de sa blessure avaient un peu mise en oubli : « Ce n’est rien, mes compagnons, dit-il, d’acquérir la réputation et un bon nom, si on ne l’entretient et continue. » Il s’agissait d’affamer l’armée de Charles-Quint et de détruire certains moulins d’où il tirait ses farines, notamment les moulins d’Auriole entre Aix et Marseille. […] Au fond, il ne s’agit que d’un ou plusieurs moulins à prendre et à brûler, et Montluc, qui a bien de l’esprit, au moment d’entrer dans ce récit tout sérieux, comme s’il avait deviné que don Quichotte faisait quelque chose de pareil vers le même temps, se permet par précaution un petit sourire : « Or, pour déduire cette entreprise, dit-il, encore que ce ne soit pas la conquête de Milan, elle pourra servir à ceux qui en voudront faire leur profit. » Après cette légère précaution, il n’omet plus rien du détail et des circonstances du stratagème, et en fait un parfait modèle et un exemple à suivre.

1126. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Lettres sur l’éducation des filles, par Mme de Maintenon » pp. 105-120

D’abord il s’agit surtout de pauvres filles qu’on élève pour servir ; les avis de Mme de Maintenon sont proportionnés à leur condition : Dieu vous a voulu réduire à servir ; rendez-vous-en capables, et accommodez-vous à votre fortune. […] Quand il s’agit de transférer l’établissement de Rueil à Noisy, elle ne veut pas qu’on se jette dans les superfluités ni qu’on renouvelle toutes choses : Conservez bien tout ce que vous avez pour l’autel, car j’ai dit que nous ne voulions point qu’on en fît, et que nous arrangerions les dedans à notre fantaisie ; je connais MM. les architectes du roi, ils nous accommoderaient de la façon du monde la plus régulière pour la symétrie et la plus incommode ; ne perdons pas le moindre banc et la plus petite chaise de paille ; tout nous servira, et nous en demanderons moins, qui est pour moi le souverain bonheur.

1127. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Mémoires et journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guettée. — II » pp. 263-279

Chacun le dit, mais lui ne vise qu’au principal, au triomphe de la doctrine ; il conseille et inspire M. de Noailles comme il avait fait pour Le Tellier : « Il va droit au bien en tout et partout, sans écouter les dégoûts qu’il peut avoir, ni se laisser arrêter par les difficultés qui se présentent. » Il a besoin d’agir directement auprès de Mme de Maintenon pour obtenir d’elle et de son influence sur le roi que le père de La Chaise ne soit point écouté ; car il s’agit de condamner des doctrines chères aux amis et confrères du père de La Chaise.

1128. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — I — Vauvenargues et Fauris de Saint-Vincens » pp. 1-16

Il n’a pas plutôt articulé cette dernière proposition qu’il la trouve ridicule, indigne d’un fils de famille ; il l’a articulée pourtant, et Saint-Vincens est libre d’agir et de risquer l’ouverture, s’il le veut et s’il l’ose. […] Je vous remets, mon cher ami, la disposition de tout ce qui me regarde : offrez mes services, pour quelque emploi que ce soit, si vous le jugez convenable, et n’attendez point ma réponse pour agir ; je me tiendrai heureux et honoré de tout ce que vous ferez pour moi et en mon nom.

1129. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers (tome xviie ) » pp. 338-354

Blucher, à ce qu’il pressent, ne peut rester si près de Schwarzenberg ; laissant celui-ci opérer sur la Seine, l’ardent général prussien doit désirer de se porter lui-même sur la Marne, afin d’être plus libre d’agir à sa guise, et pour arriver, s’il se peut, le premier au but. […] Il n’est plus question d’agir comme dans les derniers temps, mais il faut reprendre ses bottes et sa résolution de 93.

1130. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Le général Joubert. Extraits de sa correspondance inédite. — Étude sur sa vie, par M. Edmond Chevrier. — III » pp. 174-189

Le Directoire faisait l’effet d’un arbre à moitié déraciné et déchaussé de toutes parts ; il ne s’agissait plus que de savoir de quel côté il tomberait, — à droite ou à gauche ? […] Nous pensons qu’il vaut mieux rentrer dans les montagnes, d’où l’on n’aurait pas dû sortir, et se préparer à s’y défendre ; car les raisons qui doivent nous porter à ne point livrer une bataille avant la jonction de l’armée des Alpes doivent décider l’ennemi à nous attaquer avant qu’elle soit effectuée ; mais les positions que nous devons occuper nous sont bien connues ; ce n’est pas une affaire de quelques heures qui pourra décider les succès de l’ennemi ; là, il ne s’agira pas d’une seule bataille, mais de vingt combats plus ou moins acharnés, sur des points difficiles, où leur nombreuse artillerie et leur cavalerie se trouveront à peu près paralysées.

1131. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Les Contes de Perrault »

Et il n’est guère probable que Perrault lui-même connût ce recueil. » Ainsi donc, il est bien entendu que ce n’est nullement d’invention qu’il s’agit avec Perrault ; il n’a fait qu’écouter et reproduire à sa manière ce qui courait avant lui ; mais il paraît bien certain aussi, et cela est satisfaisant à penser, que ce n’est point dans des livres qu’il a puisé l’idée de ses Contes de Fées ; il les a pris dans le grand réservoir commun, et là d’où ils lui arrivaient avec toute leur fraîcheur de naïveté, je veux dire à même de la tradition orale, sur les lèvres parlantes des nourrices et des mères. […] Il ne s’agit point d’aller refaire en notre siècle les enfants de la légende dorée et du moyen âge.

1132. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Chateaubriand, jugé par un ami intime en 1803, (suite et fin) » pp. 16-34

Je suppose donc quelqu’un qui ait ce genre de talent et de facilité pour entendre les groupes, les familles littéraires (puisqu’il s’agit dans ce moment de littérature) ; qui les distingue presque à première vue ; qui en saisisse l’esprit et la vie ; dont ce soit véritablement la vocation ; quelqu’un de propre à être un bon naturaliste dans ce champ si vaste des esprits. S’agit-il d’étudier un homme supérieur ou simplement distingué par ses productions, un écrivain, dont on a lu les ouvrages et qui vaille la peine d’un examen approfondi ?

1133. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Mémoire de Foucault. Intendant sous Louis XIV »

Non pas qu’il ait rédigé ses Mémoires ou son Journal dans le moment même où il agissait et administrait : il paraît n’y avoir songé que tard et après sa retraite des intendances ; mais il a rédigé ses notes sur pièces, à mesure que, dans la révision qu’il faisait de ses papiers, chaque lettre, chaque copie ou minute lui tombait sous la main et fixait ses souvenirs. […] Choisi pour la charge de procureur du roi des requêtes de l’hôtel, reçu haut la main avec honneur et sans subir l’examen, puis six ans après (1671) pourvu de la charge d’avocat général au grand Conseil, reçu également sans subir d’interrogatoire et avec dispense d’âge (il fallait avoir trente ans, et il n’en avait que vingt-huit), on voit que Foucault était ce qu’on appelle un excellent sujet, régulier, exemplaire, et même brillant dans les parties sombres : il s’agit d’un brillant qui n’est que relatif.

1134. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Térence. Son théâtre complet traduit par M. le marquis de Belloy »

«  Vous autres, dit-il en s’adressant aux esclaves chargés des provisions, emportez tout cela au logis, allez ; et toi, Sosie, viens ici, j’ai quelques mots à te dire. » — « J’entends, dit le bon Sosie, toujours prompt à entrer dans la pensée de son maître et à la devancer s’il est possible, vous voulez que je veille à ce que tout aille à souhait. » — Mais il s’agit de tout autre chose. […] « Je m’en réjouissais fort », dit le père. —  « Vous aviez bien raison, répond Sosie, qui ne perd jamais l’occasion de glisser son proverbe : je suis bien d’avis qu’il n’y a rien de plus utile dans la vie que rien de trop. » — Simon continue l’éloge de ce modèle de fils qui s’accordait si bien avec tous ceux de son âge, prenait sa part modérée dans leurs plaisirs, se prêtant à tous, ne se préférant à personne : manière sûre de se faire bien venir et d’acquérir des amis. — Le bon Sosie ne manque pas de glisser de nouveau son proverbe et de pousser, selon son habitude, l’idée de son maître jusqu’à en faire une maxime : « C’était bien sage à lui, dit-il, d’en agir ainsi ; car, par le temps qui court, la complaisance engendre l’amitié, la vérité fait des ennemis. » — « Cependant, poursuit le père, voilà bien trois ans de cela, arriva ici dans le voisinage une femme d’Andros, sans parents, pauvre, belle, à la fleur de l’âge. » — « Aïe !

1135. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Souvenirs d’un diplomate. La Pologne (1811-1813), par le baron Bignon. (Suite et fin.) »

Il s’agissait de pousser en Pologne, et dans le duché et dans toutes les anciennes provinces devenues russes, au soulèvement national universel, d’organiser « une Vendée polonaise », de s’associer, en le dirigeant habilement, à ce mouvement résurrectionnel d’une race si naturellement électrisée. […] Mais parler et agir sont deux.

1136. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Lettres d’Eugénie de Guérin, publiées par M. Trébutien. »

Nous autres gens du moins beau monde, nous avons besoin qu’on nous parle clair et de savoir vite et avec netteté de qui il s’agit. […] Nous disions cela dimanche avec un Monsieur rempli d’esprit et de bons sentiments dormants, mais qui s’avoue coupable de ne pas agir comme il pense… » Notons au passage ces bons sentiments dormants !

1137. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. (Suite.) »

Il s’agit d’aller à Namur, et de là nous verrons le 15. […] Il s’agissait de remplacer M. de Boze : Bougainville, le traducteur de l’Anti-Lucrèce, était sur les rangs et allait passer.

1138. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand »

« L’envie, qui rarement avoue un mérite complet, a répondu qu’Amène manquait de cette force qui brise les difficultés nécessaires pour triompher des obstacles semés sur la route de quiconque agit pour le bien public. […] Il s’agissait, à la veille d’une guerre continentale, de se ménager la neutralité de l’Angleterre.

1139. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Préface » pp. 1-22

En tout cas, il s’agit ici de nos connaissances, et non d’autre chose. […] Tout historien perspicace et philosophe travaille à celle d’un individu, d’un groupe, d’un siècle, d’un peuple ou d’une race ; les recherches des linguistes, des mythologues, des ethnographes n’ont pas d’autre but ; il s’agit toujours de décrire une âme humaine ou les traits communs à un groupe naturel d’âmes humaines ; et, ce que les historiens font sur le passé, les grands romanciers et dramatistes le font sur le présent. — J’ai contribué pendant quinze ans à ces psychologies particulières ; j’aborde aujourd’hui la psychologie générale.

1140. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Gaston Paris et la poésie française au moyen âge »

Il le fait tranquillement, n’esquivant rien, n’exagérant rien, avec un désintéressement, une impartialité, une indépendance de jugement telle, que cette sorte de sacrifice ou plutôt (car il n’avait point à la sacrifier) d’oubli provisoire de la piété filiale en face de la science qui prime tout, m’a rappelé, je ne sais comment, la hauteur d’âme des vieux Romains mettant tout naturellement l’intérêt de la patrie au-dessus des affections de famille… Puis, tout à coup, après ce long, tranquille et consciencieux exposé qui n’eût point été différent s’il se fût agi d’un étranger, la voix du professeur s’altère et laisse tomber ces mots : … Moi qui vous parle, moi qui seul sais le respect et la reconnaissance que je lui dois, j’ai dû m’abstenir de les exprimer comme je les sens, autant pour être fidèle à cette modération qu’il aimait à garder en toutes choses, autant pour ne rien rire ici qui ne dût être dit par tout autre à ma place, que pour ne pas m’exposer à être envahi par une émotion trop poignante qui ne m’aurait pas laissé la liberté et la force de rendre à cette mémoire si chère et encore si présente l’hommage public auquel elle a droit. […] Nous connaissons plus de choses que les hommes des trois derniers siècles ; nous savons mieux qu’eux nous représenter des états d’esprit et de conscience différents du nôtre ; l’étude de l’histoire, la multiplicité des expériences faites avant nous, le cours du temps, même la vieillesse de la race, un certain affaiblissement des caractères et de la faculté de croire et d’agir, tout cela a développé chez nous la curiosité et l’imagination sympathique.

1141. (1890) L’avenir de la science « XII »

En résumé, il y a deux manières d’agir sur le monde, ou par sa force individuelle, ou par le corps dont on fait partie, par l’ensemble où l’on a sa place. […] Car rien n’est trop cher quand il s’agit de fournir un atome à la vérité.

1142. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre II : L’intelligence »

Des associations trop faibles individuellement pour raviver une idée passée, peuvent y réussir lorsqu’elles agissent ensemble. […] Il s’agit, pour l’artiste, de faire plaisir à la nature humaine, « d’accroître la somme de son bonheur. » Le premier but de l’artiste doit être de satisfaire le goût.

1143. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Marie-Antoinette. (Notice du comte de La Marck.) » pp. 330-346

Je ferai toutefois remarquer qu’il n’était nullement probable que Lauzun agît pour le compte de la cabale Choiseul, avec qui il était assez mal de tout temps ; mais les alentours de la reine avaient eu intérêt à le présenter sous ce jour pour le perdre définitivement. […] Au reste, lorsqu’il s’agit de ces particularités intimes et secrètes sur lesquelles il est si aisé d’avoir maint propos et si difficile d’acquérir une certitude, je crois qu’il est bon de rappeler le mot si sensé que disait un jour Mme de Lassay (fille naturelle d’un Condé) à son mari qu’elle entendait discuter à fond et trancher sur la vertu de Mme de Maintenon : elle le regarda avec étonnement et lui dit, d’un sang-froid admirable : « Comment faites-vous, monsieur, pour être si sûr de ces choses-là ? 

1144. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Saint Anselme, par M. de Rémusat. » pp. 362-377

Il avait l’imagination tendre et vive ; enfant, sa pensée se tournait naturellement aux choses célestes, et, dans ce pays de montagnes, il s’était accoutumé à les considérer comme les colonnes qui portaient le palais du Roi des mondes ; il ne s’agissait que de gravir pour y atteindre : Comme cette pensée roulait sans cesse dans son esprit, nous dit M. de Rémusat, qui se fait ici le traducteur excellent et l’humble interprète du premier biographe, il arriva qu’une nuit, il crut la réaliser. […] Il ne s’agissait plus que de savoir où il ferait ses vœux et prendrait l’habit : « Si je demeure au Bec, se disait-il, je n’y paraîtrai jamais rien, car la science de Lanfranc me primera. » L’amour-propre de l’esprit n’était pas mort en lui ; il se le reprochait : « Je n’étais pas encore dompté, disait-il plus tard en se souvenant de cette époque, et le mépris du monde ne régnait point encore en moi. » Il fit effort pourtant et résolut de soumettre sa détermination à l’avis de Lanfranc lui-même, lequel refusa de répondre sur-le-champ et le renvoya devant l’archevêque de Rouen.

1145. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — II. L’histoire de la philosophie au xixe  siècle — Chapitre I : Rapports de cette science avec l’histoire »

Il y a là, je le reconnais, des services réciproques : les religions agissent sur la métaphysique, surtout à l’origine ; mais plus tard la métaphysique agit sur la religion.

1146. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Les deux cathédrales »

Il ne s’agissait pour lui, ni de liturgie ni de symbolique : nul mystère de déchiffrement, nul doute d’interprétation, nul débat théologique ne pouvaient l’atteindre. […] Radicalement autre nous apparaît l’œuvre de Monet : saine, franche, vitale, réaliste, vivante Il ne s’agit plus avec lui de dogme ni de résurrection.

1147. (1936) Réflexions sur la littérature « 6. Cristallisations » pp. 60-71

Il aura d’ailleurs de la peine à définir ce sujet sous forme d’une « histoire » suivie : si la psychologie est la connaissance de l’homme individuel en tant qu’il sent, pense et agit, nous voyons que cette connaissance, extériorisée en livres, résulte de quatre lignées qui, au XIXe siècle, tantôt se coupent et tantôt divergent : les philosophes, les médecins, les moralistes et les romanciers ; et il va falloir sans doute (pensons à Tarde et à un livre comme les Fonctions mentales dans les sociétés inférieures de M.  […] Delacroix a choisi pour exposer la « théorie » de Stendhal une méthode analytique qui fausserait son sujet s’il s’agissait par exemple de Rousseau, mais qui ici, ayant pour effet de ramener l’exposé de Stendhal à celui de ses maîtres ou demi-maîtres, les idéologues, s’accepte parfaitement.

1148. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVIII et dernier. Du genre actuel des éloges parmi nous ; si l’éloquence leur convient, et quel genre d’éloquence. »

Ces milliers d’hommes sur lesquels il agit, réagissent sur lui. […] Faites agir ou penser les grands hommes ; vous verrez naître vos idées en foule ; vous les verrez s’arranger, se combiner, se réfléchir les unes sur les autres ; vous verrez les principes marcher devant les actions, les actions éclairer les principes, les idées se fondre avec les faits, les réflexions générales sortir ou des succès, ou des obstacles, ou des moyens ; vous verrez l’histoire, la politique, la morale, les arts et les sciences, tout ce système de connaissances liées dans votre tête, féconder à chaque pas votre imagination, et joindre partout, aux idées principales, une foule d’idées accessoires.

1149. (1890) Dramaturges et romanciers

Je ne vois ici au contraire que des facultés qui agissent isolément, des détails indisciplinés qui usurpent une place qui ne leur appartient pas, des conceptions qui se montrent et qui disparaissent, des idées qui se poursuivent capricieusement. […] Elle agit avec vaillance sans doute, mais elle agit aussi avec intelligence. Encore une fois, le nom de l’Église à laquelle appartient Sibylle importe peu : fût-elle protestante ou schismatique, elle aurait le droit d’agir comme elle agit, au nom de sa foi particulière, et la donnée de M.  […] Il y a mieux, la seule force qu’on voie agir en lui est celle de la liberté ; à chaque fois qu’il commet le mal, il agit froidement, après délibération, en parfait équilibre d’âme et en parfaite froideur de conscience, sans entraînement et sans ivresse ; ce n’est pas un de ces pécheurs sur qui le péché produit une intoxication comparable à celle du vin, c’est un pécheur maître de lui-même qui peut porter sans chanceler toute passion. […] Un tel travail ne peut s’opérer qu’à la condition que l’homme ne s’en mêlera pas, qu’il laissera agir en lui la nature, et qu’il attendra la volonté des dieux.

1150. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Appendice. — [Baudelaire.] » pp. 528-529

« Tange Chloen semel arrogantem… » Mais encore une fois, il ne s’agit pas de cela ni de compliments ; j’ai plutôt envie de gronder, et si je me promenais avec vous au bord de la mer, le long d’une falaise, sans prétendre à faire le Mentor, je tâcherais de vous donner un croc-en-jambe, mon cher ami, et de vous jeter brusquement à l’eau, pour que vous, qui savez nager, vous alliez désormais sous le soleil et en plein courant.

1151. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Appendice — Début d’un article sur l’histoire de César »

Il parle, il dicte, il agit, et toujours avec la même supériorité aisée ; élégant, éloquent, prodigue, le premier au Forum ou dans les soupers, futur roi du genre humain ou roi des convives, il a le génie d’Alcibiade, mais il y joint une ambition constante et fixe qu’Alcibiade n’avait pas.

1152. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre IV. De l’analogie. — Comparaisons et contrastes. — Allégories »

Je conseillais plus haut de décomposer le groupe en ses individus : il s’agit ici de réaliser l’idée même du groupe en une forme personnelle, vivante, individuelle.

1153. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 14, qu’il est même des sujets specialement propres à certains genres de poësie et de peinture. Du sujet propre à la tragedie » pp. 108-114

L’emportement n’excuse point le meurtre volontaire de sa femme, même suivant la morale de la poësie la seule dont il s’agisse ici et la plus indulgente de toutes.

1154. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « L’abbé Cadoret »

C’est exclusivement à ce socialisme de bonne foi que l’abbé Cadoret a voulu répondre dans son livre du Droit de César 15, et sa réponse, il l’a marquée de ce caractère de supériorité modeste et tranquille qu’aura toujours l’œuvre d’un prêtre quand il s’agira d’histoire, de doctrine et de tradition.

1155. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — V »

Il ne s’agit point d’abattre, mais au contraire d’élever quelque chose en quoi l’humanité trouve un plaisir pur. » Il haïssait le désordre.‌

1156. (1949) La vie littéraire. Cinquième série

Ils peuvent faire du mal ; on n’agit qu’à ce risque. […] Aussi bien s’agit-il du fondateur du réalisme, d’un ancêtre enfin. […] S’agissait de prendre ou de laisser. […] Il faut agir, peu importe le but, croire et agir. […] Et que Dieu te juge, si tu agis contre sa loi ! 

1157. (1869) Philosophie de l’art en Grèce par H. Taine, leçons professées à l’école des beaux-arts

La structure de leur esprit a enfermé leurs désirs et leurs efforts dans une enceinte bornée, celle que le plein soleil éclaire, et c’est dans cette arène, aussi illuminée et aussi circonscrite que leur stade, qu’il faut les voir agir. […] Il s’agit de paysans athéniens qui célèbrent le retour de la paix. « Quelle joie, quelle joie de déposer le casque et de laisser là fromages et oignons !  […] Ses généraux sont pour la montre : « Hors un seul que vous envoyez à la guerre, dit Démosthènes, les autres décorent vos fêtes à la suite des sacrificateurs. » Quand il faut équiper et faire partir la flotte, on n’agit pas ou l’on n’agit que trop tard ; au contraire pour les processions et les représentations publiques, tout est prévu, ordonné, exactement accompli comme il faut et à l’heure dite. […] De plus, les affaires dont il s’agit sont à sa portée ; car ce sont des intérêts de clocher, puisque la cité n’est qu’une ville. […] Moins artificiel, moins spécial, moins éloigné de l’état primitif, le Grec agissait dans un cercle politique mieux proportionné aux facultés humaines, parmi des mœurs plus favorables à l’entretien des facultés animales : plus voisin de la vie naturelle, moins assujetti par la civilisation surajoutée, il était plus homme.

1158. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vaugelas. Discours de M. Maurel, Premier avocat général, à l’audience solennelle de la Cour impériale de Chambéry. (Suite et fin.) »

Patru, qui prononçait comme nous Académie française quand il causait dans un salon ou dans une ruelle, s’il avait à haranguer en public, et devant la reine de Suède, par exemple, enflait la voix et disait avec emphase l’Académie françoise, comme il aurait dit l’Académie suédoise, et il n’en agissait de la sorte qu’après avoir pris avis de la docte Compagnie, qui se décidait ici pour la prononciation la plus forte comme étant plus oratoire et plus empreinte de dignité. […] La façon de questionner, quand il voulait s’éclaircir d’un doute, n’était pas indifférente : pour saisir l’usage au passage et le prendre sur le fait, il ne s’agissait pas d’aller demander de but en blanc à un courtisan ou à une femme du monde : « Comment vous exprimez-vous dans ce cas particulier ? […] Il continua toute sa vie de balancer les opinions des Anciens, de les équilibrer les unes par les autres, de dire : « Ceci est juste, cela ne l’est pas ; il y a un milieu ; dans le doute il est bon de s’y tenir. » — Mais ce n’est point avec ces balancements et ces alternatives qu’on agit sur le public et qu’on entre dans les esprits, surtout quand le style est aussi neutre et aussi peu tranchant que la pensée.

1159. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — I. » pp. 166-193

Dans les pages de ses Mémoires qu’elle y consacre, les émotions, vives encore, sont adoucies par la distance et fondues avec les jugements de date subséquente qui y interviennent : ici elle agit et pense jour par jour. […] Excellent homme, empressé, exalté, un de ceux que la Révolution saisit du premier coup et enleva dans les airs comme des cerfs-volants, jusque-là d’une grande utilité domestique, l’idéal du famulus, il voulut plus tard agir et penser par lui-même et perdit la tête dans la mêlée, — c’est l’esprit que je veux dire ; car Marat, pour comble d’injure, Marat, son ex-confrère en médecine et qui l’avait apprécié sans haine, le fit rayer de la liste fatale, comme simple d’esprit81. […] Elle l’est ; on la retrouve telle, sous sa philosophie et sa sagesse, par le besoin d’agir sinon de paraître, de faire jouer les ressorts sinon de s’en vanter.

1160. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la loi sur la presse »

Mais il ne s’agit point de cela : c’est surtout le silence obstinément gardé par les journaux intimidés ou mécontents, et qui y mettent, j’en conviens, une certaine malice, c’est leur silence sur ce qui se passe dans les Chambres et sur ce qui méritait le plus d’être signalé à l’attention publique, c’est cela qui est le mal. […] La pensée généreuse du chef de l’État veut supprimer les peines corporelles ; l’empereur l’avait déjà voulu, et avec une intention très-marquée, quand il s’agissait de la prison pour dettes ; il manifeste le vouloir de nouveau en matière de délits de presse ; le Prince qui, sur le trône, se souvient des jours de l’adversité sait ce que lui, homme de cœur et de pensée, a souffert dans une prison : Non ignara mali, miseris succurrere disco ; et il veut épargner cette même peine aux hommes de pensée, même à ceux qui se trompent ; et cette délicatesse de sentiment n’est pas comprise ; et à diverses reprises on s’est obstiné à réintroduire dans la loi ces peines corporelles : expulsées d’un côté, elles y rentraient de l’autre. […] Au lieu de cela, la nouvelle loi, en commençant par accorder beaucoup, par reconnaître à chaque citoyen un droit, a aussitôt agi cependant, par une sorte de contradiction subite, comme si elle avait affaire à des ennemis, comme s’il y avait à se défier de tout ce qui lient une plume.

1161. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mendès, Catulle (1841-1909) »

Nous retrouvons là le chef de groupe, grandi dans un cénacle, avec le clou d’une idée fixe enfoncé dans le crâne… Le grand défaut de Justice est d’être une création en l’air, tout comme s’il s’agissait d’un poème… À quoi bon une thèse lorsque la vie suffit ? […] Cette idée, voici comment, pour être clair, je la formulerais sous la forme d’un axiome : « La Justice absolue est, par sa nature même, essentiellement idéale et divine ; la Justice humaine ne peut et ne doit agir que d’une manière relative, et sans tenir compte de ce qui jetterait le trouble dans ses indispensables règles, car la société doit songer avant tout à sa conservation… » Telle est à peu près la situation de Valentin ; il a de toute façon et sous toutes les formes offensé les hommes et le devoir humain ; c’est Dieu seul qu’il a quelquefois essayé de satisfaire ; aussi est-ce seulement à Dieu qu’il peut demander la pitié, qui, dans l’ordre divin est la même chose que la justice. […] Il ne s’agit pas de tout ça !

1162. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur de Latouche. » pp. 474-502

Ce petit acte, où il s’agissait d’auteurs, d’acteurs et de journalistes, a été comme le germe de deux grandes comédies, Les Comédiens de Delavigne, et Le Folliculaire de Delaville. […] La voici ; il faut être bien averti en effet, pour deviner qu’il s’agit là-dedans du roi de Rome et de l’emblème tricolore : On remarque parmi les plus jolis dessins de M.  […] Il s’agit d’une cérémonie qui n’admet aucun retard ; et, malade ou non, à pied ou en litière, je paraîtrai à la procession.

1163. (1899) Esthétique de la langue française « La métaphore  »

Cependant il s’agit du mot latin lacertus, lequel veut dire lézard, et que les poètes ont maintes fois employé pour désigner le bras d’un héros ou d’un athlète.  » Mais s’il est surprenant déjà qu’une telle image ait été formée une fois, car elle est très étrange, quoi que très juste, et elle aurait pu, certes, ne jamais sortir du réservoir profond des sensations, quel étonnement de la voir périodiquement retrouvée, qu’il s’agisse de lézard ou de souris, au cours des siècles et des langues ! […] Michel Bréal  ; marche, s’il s’agit le plus souvent, et c’est notre avis, d’associations passives d’idées .

1164. (1913) La Fontaine « VII. Ses fables. »

« Apprenez, dit La Fontaine (qui, en général, indique lui-même cette démarcation que je trace en ce moment-ci), Apprenez que tout flatteur Vit aux dépens de celui qui l’écoute. » C’est une façon de nous dire qu’il s’agit simplement d’un flatteur et d’un imbécile qui est flatté, et non pas du caractère des animaux. […] Les qualités des animaux, pour y venir décidément, il les a vues ou cru les voir, et, en tout cas, il a agi comme un observateur poète, et les observateurs poètes ont cela de dangereux qu’ils ajoutent beaucoup à la réalité, mais ils ont cela de charmant tout au moins qu’une partie de la réalité, ils la voient, quand nous ne savons pas la voir, avec une puissance de vision, avec une force de perspicacité extraordinaires. […] Chaque castor agit ; commune en est la tâche : Le vieux y fait marcher le jeune sans relâche ; Maint maître d’oeuvre y court et tient haut le bâton.

1165. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre IV. Conclusions » pp. 183-231

Pour cela, il faut qu’il ait vécu avec une intensité particulière la vie de son peuple, l’espérance et la douleur de son époque ; il est l’aboutissant d’une infinité d’expériences personnelles ; la masse demeurerait inerte et muette s’il ne parlait et n’agissait pour elle, mais sa parole à lui ne serait que vanité si son amour n’avait pas deviné la masse. […] En participant ainsi, d’une façon quelconque, à l’action du principe, l’individu agit lui-même sur l’évolution ; grâce à un élément psychologique qui lui est particulier, et dont je parlerai bientôt, l’homme devient une cause après avoir été un effet. […] Si notre science contemporaine agit si peu, ou si mal, sur les mœurs, c’est qu’elle se contente trop souvent d’aligner des faits, sans beauté : elle ne va pas à l’âme.

1166. (1853) Histoire de la littérature française sous la Restauration. Tome I

Malheureusement, dans les trois phases dont il s’agit, la raison ne demeura pas dans les limites d’une sage réserve ; elle ne se souvint pas qu’elle était bornée. […] Enfin, dans les idées de M. de Bonald, il ne s’agit pas d’une noblesse fermée, mais d’une noblesse ouverte, dans laquelle toute famille qui s’élève, par des services rendus, de l’état privé à l’état public, a sa place marquée. […] On ne pensait pas, on regardait l’empereur agir, quand on n’agissait pas sous ses ordres. […] Il s’agit du Journal des Débats. […] Aucune loi ne lui est antérieure ; elle agit dans la première opération de l’entendement : par elle seule naissent toutes les existences.

1167. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff » pp. 237-315

— Il ne s’agit pas d’intérêt. […] Agissez comme il vous plaira. […] Maintenant il ne s’agit plus de réfléchir ; il faut t’occuper de ton mariage ; demain nous en reparlerons. […] Mais lorsqu’il s’agit de lui révéler le fatal événement, il faillit en perdre la tête. […] Mais il ne s’agit pas de cela aujourd’hui… Il s’agit d’un projet… La baruinia… la baruinia a envie de te marier.

1168. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) «  Chapitre treizième.  »

Il aime mieux l’imperfection qui se repent que la perfection qui s’abstient d’agir. […] S’agit-il d’un politique, il entrera dans ses conseils ; il peindra les événements qu’il a dirigés ou suivis. […] Il s’agit du droit d’insurrection pour la cause de la religion, auquel Bossuet oppose, outre les textes, les exemples innombrables d’obéissance aux princes persécuteurs, donnés par les chrétiens des premiers âges de l’Église ; il s’agit de la souveraineté du peuple, à laquelle Bossuet oppose la souveraineté de la raison. […] Il ne s’agit pas de juger cette querelle en théologien. […] Elle veut agir, se propager, devenir la règle et le fait.

1169. (1900) Quarante ans de théâtre. [II]. Molière et la comédie classique pp. 3-392

Ce sont les maîtres de la scène ; il ne s’agit pas de leur donner le ton simple et bon enfant de coquins ordinaires. […] Voyons comment il s’y est pris dans la pièce dont il s’agit. […] Car, qu’y a-t-il de plus inconséquent que de penser d’une façon et de parler ou d’agir d’une autre ? […] Pensez comme vous voudrez, ce détail intime ne me regarde pas ; mais parlez comme tout le monde parle, agissez comme tout le monde agit, faute de quoi, moi, qui soit tout puissante, je vous mets au ban des hommes civilisés, je vous déclare à tout jamais et irrémédiablement ridicule. […] Chez eux aussi, dit-on, chacun pense, parle et agit, comme soi, sans crainte du ridicule.

1170. (1892) Les idées morales du temps présent (3e éd.)

Il s’agit bien de se reposer, grand Dieu ! […] Il s’agit de déterminer les causes de l’adultère dans la bourgeoisie. […] Comment pourrions-nous agir sur les causes qui nous font bons ou mauvais, puisque nous en dépendons ? […] Il y a des croyants qui agissent mal malgré leurs croyances, et des incroyants qui agissent bien malgré leur incrédulité : et cette remarque assurément n’a rien de rare. […] Mais d’autres leur répondent que ce sont là des phrases creuses et qu’il s’agit de savoir pourquoi le bien est le bien.

1171. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LX » pp. 231-236

Une foule de personnes, qui donnent dans la réaction religieuse du jour, se mirent à désirer que le cœur en question fût précisément celui de saint Louis ; il ne s’agissait plus que de trouver des raisons.

1172. (1874) Premiers lundis. Tome II « La Comtesse Merlin. Souvenirs d’un créole. »

Nièce du général O’Farrill, ministre de la guerre sous Joseph, et parfaitement informée de tout le détail de ces temps mémorables, madame Merlin réfléchit dans ces pages les sentiments de son oncle et les siens propres, de manière à nous transporter aisément à l’époque et aux lieux dont il s’agit.

1173. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre premier. Du rapport des idées et des mots »

Il s’agit de substituer, par des approximations successives des expressions de plus en plus explicites à ces signes qui étaient plutôt l’étiquette que le miroir de la pensée : on ne peut plus se contenter de marquer la place des choses, c’est le temps de les y mettre effectivement.

1174. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » pp. 512-518

Office, toutes les fois qu’il s’agit d’accabler le Citoyen éclairé qui brave leur délire, & qui devroit, par cette raison même, être plus à l’abri de leurs manœuvres.

1175. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Restout » pp. 187-190

Il s’agit bien de toucher de son sceptre une femme charmante, adorée et qui se meurt de douleur !

1176. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 1, de la necessité d’être occupé pour fuir l’ennui, et de l’attrait que les mouvemens des passions ont pour les hommes » pp. 6-11

Il faut que l’esprit ait contracté l’habitude de mettre en ordre ses idées et de penser sur ce qu’il lit ; car la lecture où l’esprit n’agit point et qu’il ne soutient pas en faisant des reflexions sur ce qu’il lit, devient bientôt sujette à l’ennui.

1177. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 31, de la disposition du plan. Qu’il faut diviser l’ordonnance des tableaux en composition poëtique et en composition pittoresque » pp. 266-272

Le Brun, quoique dans la partie de la comparaison poëtique, la seule dont il s’agisse ici, Le Brun ait peut-être été aussi loin que Raphaël.

1178. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 50, de la sculpture, du talent qu’elle demande, et de l’art des bas-reliefs » pp. 492-498

Je ne prétend pas loüer l’Algarde d’avoir tiré de son génie la premiere idée de cette execution, ni d’être l’inventeur du grand art des bas-reliefs, mais bien d’avoir beaucoup perfectionné par l’ouvrage dont il s’agit ici, cet art déja trouvé par les modernes.

1179. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « XVII »

Le catalogue d’expressions banales que j’ai donné était peut-être un peu trop exclusif ; mais il s’agissait d’affirmer un principe, et un principe considérable, qui doit dominer l’art d’écrire.

1180. (1848) Études critiques (1844-1848) pp. 8-146

Il a entrevu des personnages et ces personnages n’ont rien fait ; il a voulu les entendre mais à peine ils ont parlé, le poète a expliqué les ressorts qui auraient pu faire agir ses marionnettes, il a montré leurs fils d’archal, mais il n’a rien mis en mouvement. […] Les Reisebilder, le Tambour Legrand, les Lettres sur l’Allemagne n’ont pas manqué de lecteurs ; ce n’est donc pas une présentation qu’il s’agit de faire au public. […] Êtes-vous sûr qu’il ne s’agisse pas uniquement de vous faire rire, et dans ce cas-là pourrez-vous bien avoir le courage de vous fâcher si fort ? […] Sainte-Beuve agissait sagement. […] Dans le système qu’il s’agissait de créer, Ronsard, du reste, n’était pas le seul mort qu’il fallut tirer du cimetière.

1181. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre VI. La parole intérieure et la pensée. — Second problème leurs différences aux points de vue de l’essence et de l’intensité »

Ses vêtements ne la cachent pas sans mouler sur elle leurs contours ; elle est visible et claire dans les expressions qu’elle s’est données et dont elle est le lien, la cause, la raison d’être ; comme un monarque asiatique, la pensée reste invisible ; elle agit par des représentants qui ont reçu d’elle mandat et puissance et dont l’accord révèle sa réalité. […] Or : 1° une moyenne représente mal les quantités différentes auxquelles on la substitue pour les commodités de la statistique, car elle ne dit pas quelle est leur distribution sur l’échelle numérique ; les quantités extrêmes, qu’elles soient en petit nombre ou en grand nombre, sont également annulées, et, dans le second cas, l’inexactitude est grave ; 2° s’il s’agit de qualités, comme pour le timbre, la qualité la plus commune représente encore plus mal l’ensemble des qualités hétérogènes. […] Qu’il s’agisse alors soit de réveiller un de ces lieux communs, soit de démontrer une idée nouvelle, l’homme qui veut convaincre ses semblables sera forcé de recourir à un nouveau langage ; sur ces intelligences engourdies, le langage usuel ferait trop peu d’impression. […] « Bien que mes doigts et mes mains soient immobiles, je sens, quand je pense, qu’ils agissent ; je vois intérieurement l’image qu’ils produisent ; je sens que ma pensée s’exerce et s’identifie avec ces mouvements que les yeux externes ne voient pas. » Témoignage de Ferd. […] Phrèn, le diaphragme (la membrane qui sépare le cœur des poumons) peut en poésie être un équivalent du « cœur » ou au pluriel, le siège de l’intelligence, le cerveau, puis l’intelligence ; thumos désigne ce qui se trouve dans la poitrine, à la fois le siège des émotions et ces émotions violentes mêmes, qu’il s’agisse de l’ardeur, du courage, de la colère.

1182. (1910) Études littéraires : dix-huitième siècle

Pour être dans la grande tradition et dans le vrai esprit classique, il ne s’agissait pas de les imiter, il s’agissait de faire comme eux ; il s’agissait de comprendre l’antique et de s’en inspirer librement ; et, au lieu de remonter à la première source, imiter ceux qui déjà empruntent, c’est risquer de faire des imitations d’imitations. […] Il existe une immense contrariété qu’il s’agit de résoudre, disent les philosophes ou les théologiens. […] Qu’on ne s’y trompe point : il ne s’agit que de vertu « politique », c’est-à-dire d’amour de la patrie, de l’égalité, de la frugalité. […] Homme intelligent, il le déteste parce qu’il est bête : « Pour former un gouvernement modéré, il faut combiner les puissances, les régler, les tempérer, les faire agir… c’est un chef-d’œuvre… Le gouvernement despotique saute pour ainsi dire aux yeux. […] Mais les choses agissent autour d’eux ; les affaires pèsent sur eux ; il faut « qu’ils aillent » ; seulement ils ne pourront qu’aller lentement et « qu’aller de concert », et c’est précisément ce qu’il nous faut60.

1183. (1898) Impressions de théâtre. Dixième série

Pour avoir ainsi méchamment agi, certes l’expiation a été dure ; mais ce n’est pas fini. […] Il a voulu agir de façon saisissante et rare et gagner l’admiration des hommes. […] Et ceux-là mêmes qui auraient agi comme moi l’auraient fait pour une autre fin. […] » À la bonne heure : il ne s’agit que de la Tour de Nesle. […] Il s’agit de lui trouver un mari.

1184. (1905) Propos littéraires. Troisième série

Malherbe, en effet, n’a agi que par répression et prohibition. […] Le crime de Faust lui sera pardonné s’il étudie, s’il travaille et s’il agit. […] Écrire est un acte, et nous n’agissons jamais que pour obéir à une passion, bonne ou mauvaise. […] Ces personnages, je regarde s’ils sont vrais : ils le sont souvent étonnamment ; s’ils agissent conformément à leur caractère, ce qui est une autre façon d’être vrai ; or ils agissent ainsi, le plus souvent, d’une manière que je trouve admirable. […] Peindre des hommes et des femmes qui agissent romanesquement, qui agissent sous l’influence de leur moitié d’âme qui est romanesque, laquelle, à certain moment donné, l’emporte sur l’autre, cela est donc tout aussi légitime que de peindre des êtres humains qui agissent d’après les mobiles de l’intérêt ou selon les suggestions de l’instinct.

1185. (1864) Physiologie des écrivains et des artistes ou Essai de critique naturelle

  Il va sans dire que, si le corps agit sur l’âme, l’âme agit sur le corps à plus forte raison, et parvient souvent à le gouverner. […] Bien entendu, il ne s’agit ici ni d’une théorie absolue, ni d’une démonstration didactique. […] Au seizième siècle, c’est l’Italie qui agit sur la France, par une sorte de greffe ou d’inoculation. […] Il s’agit de savoir si Ophélia s’est suicidée, ou non, et si elle est digne ou indigne d’être inhumée en terre chrétienne. […] Il s’agit donc simplement d’ajouter quelques indications nouvelles.

1186. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre deuxième. La connaissance des corps — Chapitre II. La perception extérieure et l’éducation des sens » pp. 123-196

Je me suis convaincu, par des recherches suivies, que le sentiment dont il s’agit ne se perd jamais entièrement. […] Ce n’est pas dans les parties sensibles auxquelles elle se propage à travers les cônes cornés et où elle agit sur nos nerfs, mais bien à quelque distance de notre peau… Si nous mettons un petit bâton de bois entre nos dents et que nous le tâtions avec elles, nous croyons le sentir entre nos dents ; c’est bien à la superficie des dents, où pourtant nous n’avons pas de nerfs et où partant nous ne pouvons rien sentir, que nous pensons sentir la résistance qu’il nous oppose. Au contraire, nous n’avons pas la moindre sensation de la pression exercée à la surface intérieure de la racine de la dent dans l’alvéole où elle est cachée ; c’est pourtant là que la pression propagée s’exerce effectivement sur la peau riche en nerfs qui entoure la racine dentaire, et c’est là seulement qu’elle agit sur les nerfs. » — Il y a plus : « ce n’est pas seulement à la surface des substances insensibles dont notre peau est recouverte que nous situons à tort l’endroit de la pression sentie, c’est aussi au bout d’un petit bâton que nous fixons entre le bout de nos doigts et un corps résistant, par exemple la surface d’une table ». […] — Chacun peut observer sur soi-même que, pour les faire, on imagine avec plus ou moins de netteté le pied dont il s’agit, et qu’on l’imagine visuellement, c’est-à-dire par les images de la sensation optique qu’il éveillerait en nous, si nous le regardions au même instant avec nos yeux ouverts. […] Ce sont les images de ces sensations qui la composent, et, en beaucoup de cas, nous les constatons en nous, par exemple lorsqu’il s’agit d’une partie de notre corps que nous ne pouvons observer avec nos yeux, et dont, par conséquent, la carte visuelle n’est pas nette. — Tel est l’intérieur de la bouche, que nous ne pouvons voir qu’avec une glace, le derrière de la tête, de la nuque, du tronc, des cuisses, que nous ne pouvons voir qu’avec deux glaces.

1187. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LA FAYETTE » pp. 249-287

., etc. » Le préservatif eût bien dû agir sur Ménage tout le premier. […] S’il s’agit d’un roman ou d’un poëte qu’on a mis en circulation le premier, on est plus chatouilleux encore : ces parrains-là ne haïssent pas le soupçon malin et ne le démentent qu’à demi. […] De quel duc s’agit-il ? […] Feuillet de Conches) ; il s’agit d’un souper chez la comtesse de Grammont, où se trouvaient Mme de Caylus, Cavoye, Valincour, Despréaux et Racine lui-même : « Votre amie Mme de La Fayette, écrit ce dernier, nous a été d’un bien triste entretien.

1188. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre I. De l’action »

De l’action I Tant qu’un caractère reste en lui-même, il n’est pas ; il faut qu’il agisse pour être. […] Il s’agit ici comme ailleurs de faire voir et comprendre l’objet, c’est-à-dire de marquer les petites circonstances par lesquelles notre observation le découvre, et de les rassembler sous une impression dominante par laquelle notre raison le concevra. […] Il ne s’agit pas ici d’en apporter une raison ; c’est assez que Quintilien l’ait dit. »161 Il est amusant de voir un poëte s’accuser et s’excuser d’être poëte, et demander à son vieux maître de rhétorique la permission d’animer ses personnages. […] Que ne sait pas un paysan, quand il s’agit d’un écu à gagner ou d’un cochon à vendre ?

1189. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIe entretien. Socrate et Platon. Philosophie grecque (1re partie) » pp. 145-224

Voilà pourquoi, quand il s’agit de philosophies surnaturelles, telles que celles dont nous allons vous entretenir, on a confondu le mot de sagesse avec le mot de science, et l’on a dit : La philosophie est l’amour ou le zèle de la sagesse. […] Pouvait-on appeler d’un autre nom que sagesse cette science qui enseigne à l’homme où il est, ce qu’il est, où il va, et comment il doit penser, agir, adorer, vivre, mourir et revivre ? […] Athéniens, vous aimez la gloire, et, si je voulais agir ainsi, vous ne devriez pas le souffrir ; vous devriez déclarer que celui qui recourt à ces scènes pathétiques pour exciter la compassion vous dégrade, et que vous le condamnerez plutôt que celui qui attend tranquillement votre sentence. […] On y retrouve ce double caractère de simplicité et de merveille qui est en général le signe de toute vérité, quand il s’agit des œuvres de Dieu.

1190. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIIe entretien. Madame de Staël. Suite. »

Constant était un homme d’un esprit trop supérieur pour qu’on pût s’en prendre à une femme de ses opinions, et que d’ailleurs le discours dont il s’agissait ne contenait absolument que des réflexions sur l’indépendance dont toute assemblée délibérante doit jouir, et qu’il n’y avait pas une parole qui dût blesser le premier consul personnellement. […] Penser fortement, sentir sincèrement, agir dignement, parler éloquemment, agir au besoin héroïquement étaient à ses yeux une même condition littéraire. […] Quand il s’agit de plaire au théâtre, l’art de se circonscrire dans un cadre donné, de deviner le goût des spectateurs, et de s’y plier avec adresse, fait une partie du succès ; tandis que rien ne doit tenir aux circonstances extérieures et passagères dans la composition d’un poëme épique.

1191. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 juillet 1885. »

En 1830, lorsque Chopin, et Berlioz, et Hugo, clamaient la douleur de vivre et la vanité d’agir, un Révélateur prodigieux, Stendhal, offrit aux âmes la salutaire vérité de son optimisme. […] De même encore, cette représentation consciente de l’Idée du Monde dans le Drame semble être faite au moyen de cette loi intérieure de Musique, qui agit, mais inconsciente, chez le Dramaturge, à la façon de cette loi, d’ailleurs inconsciente, de la Causalité, qui nous sert à l’Aperception du Monde de l’Apparence. […] Maintenant, si nous suivons avec attention la direction et le développement de ces motifs dans leur opposition mutuelle et dans leur caractère musical ; si nous laissons agir sur nous, pleinement, les détails purement musicaux constitués par les rapprochements, les séparations et les élévations de ces deux motifs ; nous suivrons, en même temps, un drame qui, dans son expression propre, contient tout ce que l’œuvre du dramaturge a pu nous donner seulement par le moyen d’une action complexe, et l’addition de personnages moins importants. […] Il s’agit d’accéder à une émotion essentielle, éternelle et non liée à une période historique particulière.

1192. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VI »

Il s’agit d’une allusion au récit oriental Akëdyseryll de Villiers de L’Isle-Adam, publié en juillet 1885 dans « La Revue contemporaine » puis en volume en 1986. […] Il s’agit d’un des plus importants textes théoriques de Wagner. […] Il s’agit du moment où le héros, accompagné de Gurnemanz se rend dans le temple du Graal. […] Il s’agit d’une réplique de Parsifal au premier acte.

1193. (1868) Curiosités esthétiques « I. Salon de 1845 » pp. 1-76

— Cet homme réussit toujours ses tableaux quand il ne s’agit que de bien peindre et qu’il a un joli modèle ; — c’est dire qu’il manque de goût et d’esprit. — Par exemple, dans le Martyre de saint Sébastien, que fait cette grosse figure de vieille avec son urne, qui occupe le bas du tableau et lui donne un faux air d’ex-voto de village ? […] Gleyre Il avait volé le cœur du public sentimental avec le tableau du Soir. — Tant qu’il ne s’agissait que de peindre des femmes solfiant de la musique romantique dans un bateau, ça allait ; — de même qu’un pauvre opéra triomphe de sa musique à l’aide des objets décolletés ou plutôt déculottés et agréables à voir ; — mais cette année, M.  […] Decamps — c’est pour cela que nous le classons dans les peintres d’histoire ; il ne s’agit pas ici de la matière avec laquelle on fait, mais de la manière dont on fait. […] Corot, du fond de sa modestie, a agi sur une foule d’esprits. — Les uns se sont appliqués à choisir dans la nature les motifs, les sites, les couleurs qu’il affectionne, à choyer les mêmes sujets ; d’autres ont essayé même de pasticher sa gaucherie. — Or, à propos de cette prétendue gaucherie de M. 

1194. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Geoffroy de Villehardouin. — I. » pp. 381-397

Au défaut d’un roi pour la commander (Philippe Auguste étant revenu de ce genre d’ambition sainte), l’entreprise s’annonçait donc comme des plus considérables ; il ne s’agissait que de l’organiser. […] Mais que fera ce bon doge aveugle et nonagénaire, ainsi croisé, en ces temps de rude guerre et où il s’agissait surtout pour les chefs de payer de leur personne ?

1195. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sénac de Meilhan. — I. » pp. 91-108

Le tout finit par le chapitre de rigueur sur la banqueroute, qui était à cette date le présage menaçant et le grand fantôme qu’il s’agissait de conjurer. […] Sous Louis XIV (il ne s’agit pas des oraisons funèbres), on ne se serait cru en droit de parler avec détail du mérite de ces hommes éminents qu’en étant soi-même du métier.

1196. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Guillaume Favre de Genève ou l’étude pour l’étude » pp. 231-248

Il s’agissait de comprendre un des termes mythologiques obscurs de cette pièce alexandrine, pour nous fort peu agréable, fort peu catullienne, et qui sent plutôt son Lycophron. […] Il n’eut pas su plus tôt de quoi il s’agissait, qu’il leur prouva qu’ils se trompaient tous les deux.

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