Dans ce joli pêle-mêle qui nous est si bien montré, dans cette confusion familière d’amis et d’ennemis autour de Henri IV un soir de bataille, la bonté se voit d’elle-même ; la politique aussi y trouvait son compte. […] Noces, fêtes, famille, enfants, amis, richesse, santé, pain, vin, plaisir, c’est elle qui nous les donne. […] Quand le soleil, sur les six heures du soir, commençait à perdre la force de ses rayons, on nous menait promener vers le champ des moissonneurs, et ma mère y venait aussi bien souvent elle-même, ayant toujours mes sœurs et quelques-unes de mes tantes avec elle… Elles s’allaient toutes reposer en quelque bel endroit d’où elles prenaient plaisir de regarder la récolte, tandis que nous autres enfants, sans avoir besoin de ce repos, nous allions nous mêler parmi les moissonneurs, et, prenant même leurs faucilles, nous essayions de couper les blés comme eux… Après la moisson, les paysans choisissaient un jour de fête pour s’assembler et faire un petit festin qu’ils appelaient l’oison de métive (c’est le mot de la province) ; à quoi ils conviaient non seulement leurs amis, mais encore leurs maîtres, qui les comblaient de joie s’ils se donnaient la peine d’y aller.
Chez Saint-Réal, l’amour de la reine Elisabeth pour le jeune prince son beau-fils, et de celui-ci pour elle, faisait la donnée principale et charmait les cœurs tendres ; le marquis de Posa, cet ami généreux de don Carlos, n’était qu’indique. […] Don Juan vint ensuite et, le serment prêté, il fit une profonde révérence à don Carlos, lui baisant la main malgré sa résistance : c’est que don Carlos voyait surtout en lui un camarade et un ami. […] On lui retira les gentilshommes de ses amis, on licencia sa maison ; on régla tout le détail et l’ordre de sa captivité.
J’ai souvent pensé que ce serait à un jeune homme plutôt qu’à un critique vieilli d’expliquer le Cid, de le lire à haute voix et de dire ce qu’il en ressent : je me suis donné, une fois, cette sorte de satisfaction et j’ai fait cette épreuve ; je me suis fait lire le Cid par un jeune ami : c’était lui qui me le commentait comme à vue d’œil par la fraîcheur, la vivacité des sentiments qui s’éveillaient, qui se levaient à tout instant en lui. […] Elle va donner de sa main Rodrigue à Chimène, et cependant elle aime Rodrigue, toute fille de roi et tout amie de Chimène qu’elle est ; mais elle est décidée, dût-elle en mourir, à immoler sa flamme au devoir, à l’honneur, au sentiment de sa propre gloire. […] Dans le drame espagnol, cette même infante qui a commencé par chausser à Rodrigue les éperons de chevalier, cette princesse tant respectée et admirée de lui, et qui lui voudrait un peu moins de respect avec un peu plus de tendresse, a une existence bien distincte, bien définie ; elle passe par des péripéties frappantes et qui intéressent ; elle sauve Rodrigue et le protège quand on le poursuit après la mort du comte ; elle a le temps de renaître à l’espérance lorsque lui-même, partant pour combattre les Maures à la tête de ses cinq cents amis, il la salue galamment à ce balcon de sa maison de plaisance, d’où elle l’a reconnu.
Un des dignes amis, témoins de ses derniers instants, écrivait à un autre ami peu de jours après sa mort : « Je ne sais si vous avez connaissance d’un fait bien remarquable qui a empreint d’un sceau de douleur l’un des derniers jours que Manuel a passés en ce monde. […] Deschanel a paru un peu insuffisant aux amis de l’auteur et peut-être à l’auteur lui-même.
Reinhold Dezeimeris a donnée de Pierre de Brach, le poète bordelais, ami de Montaigne. […] Malgré l’épuration sensible qui s’était faite dans notre poésie depuis Marot et l’aisance aimable qu’il y avait introduite, on n’était point décidément sorti de la fausse voie qui avait ramené notre langue poétique à une sorte d’enfance et qui semblait confiner notre invention dans un cercle de puérilités pédantesques : pour remettre les choses de l’esprit en digne et haute posture, il était besoin d’une entreprise, d’un coup de main vaillant dont Marot et ses amis n’étaient pas capables, de ce que j’appelle un coup de collier vigoureux ; car c’est ainsi que j’envisage cette poétique de Du Bellay et de Ronsard, poétique toute de circonstance, mais qui fut d’une extrême utilité. […] Ce fut le cas de Du Bellay et de ses jeunes amis.
Corneille s’en montra reconnaissant au point de donner à son jeune ami le nom touchant de père ; et certes s’il nous fallait indiquer, dans cette période de sa vie, le trait le plus caractéristique de son génie et de son âme, nous dirions que ce fut cette amitié tendrement filiale pour l’honnête Rotrou, comme, dans la période précédente, ç’avait été son pur et respectueux amour pour la femme dont nous avons parlé. […] Là, sans que mes amis prêchent leurs sentiments, J’arrache quelquefois des applaudissements ; Là, content du succès que le mérite donne, Par d’illustres avis je n’éblouis personne. […] La moralité de ses héros est sans tache : comme pères, comme amants, comme amis ou ennemis, on les admire et on les honore ; aux endroits pathétiques, ils ont des accents sublimes qui enlèvent et font pleurer ; mais ses rivaux et ses maris ont quelquefois une teinte de ridicule : ainsi don Sanche dans le Cid, ainsi Prusias et Pertharite.
Des mots entrecoupés de ses dernières pages le révèlent : à son enfant, à son mari, vieillard accoutumé à cet appui et incapable de faire un pas de plus dans la vie sans elle ; à sa jeunesse vainement altérée d’amour, consumée dans le feu des ambitions politiques ; à ces amis dont l’image la poursuivait et lui faisait seule regretter la vie s’ils vivaient encore, aspirer à la mort s’ils l’avaient devancée dans l’éternité. […] “Généreux peuple, malheureux peuple, criait-il, on te trompe, on te perd, on immole tes meilleurs amis ! […] Il s’approcha de l’instrument de mort, regarda froidement le couteau ruisselant du sang de son ami ; puis, se tournant vers le peuple et levant les yeux au ciel : “Voilà donc, s’écria-t-il, la fin du premier apôtre de la liberté !
Voltaire s’effare, écrit à tous ses amis, à l’Académie française : mais rien ne menace même son repos, il se rassure ; et cette alerte lui fait comprendre tous les avantages de la position. […] Mais ce même homme a aimé ses amis, même ceux qui le trahissaient, qui le volaient, comme ce parasite de Thieriot. […] Intéressé comme il s’est montré souvent, il abandonnait sans cesse à ses amis, à ses libraires, à ses comédiens, à quelque pauvre hère, le produit de ses œuvres.
Son champ d’expériences s’étant agrandi, il a dit, dans Bel Ami, la lutte sans scrupules pour la vie, c’est-à-dire pour l’argent, le pouvoir et le plaisir, dans le monde de la presse et de la politique ; puis il a touché les choses du cœur, dans des milieux plus délicats (Fort comme la mort). […] Flaubert. — Éditions : Des vers (1880), Charpentier ; Une vie (1883), Bel ami (1885), la Petite Roque (1886), etc., en tout 9 vol., V. […] France (né en 1844) ; le Crime de Sylvestre Bonnard (1881) ; Le Livre de mon ami (1885) ; Thaïs (1890) ; la Rôtisserie de la reine Pédauque (1893) ; Le Lys rouge (1894).
« Il vivait, écrit-il, en philosophe, avec quelques amis et ses livres ; il avait l’humeur agréable, point d’ambition, pas même celle de montrer de l’esprit. » Ce dernier trait contredirait ce que Boileau en a écrit : « Qu’il ne lui manquerait rien si la nature l’avait fait aussi agréable qu’il a envie de l’être. » Il est vrai que Boileau dit de l’auteur ce que d’Olivet dit de l’homme. […] C’est de cette sorte que nous nous parlons à nous-mêmes ou que nous causons avec nos amis. […] Si, par vanité ou faute d’esprit, nous ne savons pas l’y trouver, nos amis s’en chargeront.
Les injures qu’elle reçut de Boileau et de ce jeune monde lui furent, à lui, très sensibles ; il les ressentit en ami et en chevalier. […] Boileau attaqua, en effet, au début presque tous les amis de Huet, Ménage, Mlle de Scudéry, Chapelain, ce monde de l’hôtel Rambouillet et de M. de Montausier. […] Huet désire quelquefois visiter Paris et Ménage ; quel plaisir alors de chômer la fête avec son ami par quelque petit repas frugal, où l’esprit seul fasse la débauche !
Mme de La Vallière avait appris, par la confidence d’une amie, quelque chose des manèges de Madame et de son jeu avec le comte de Guiche ; elle ne le dit point au roi. […] La Vallière, timide, et qui avait promis le secret à son amie, continua de se taire, et le roi sortit de plus en plus irrité. […] Depuis les deux jours que je ne l’ai vu, le bruit de ma retraite s’est si fort répandu, que tous mes amis et mes proches m’en ont parlé.
À la veille de son début au théâtre, quand on allait représenter sa tragédie de Warwick (novembre 1763), il avait déjà, grâce à ses bons amis les auteurs, une réputation affreuse ; on racontait, en l’exagérant, l’histoire des couplets satiriques composés au sortir du collège : « Cette petite horreur, nous dit Collé dans son Journal, m’a déjà été confirmée par deux ou trois personnes, et je n’ai encore vu qui que ce soit qui ait contredit ou nié le fait. » Lorsque cette tragédie de Warwick, qui, malgré tout, avait fort bien réussi, fut reprise en janvier 1765, les ennemis s’arrangèrent si bien, que le cinquième acte fut hué : « Je n’ai jamais vu de ma vie, nous dit encore Collé, arriver un pareil échec à une reprise ; le contraire arrive plus ordinairement, les applaudissements redoublent au lieu de diminuer. […] Ami et précurseur d’André Chénier, il sentait tout ce qu’il y avait de faible, d’incomplet et de court dans le goût de La Harpe, lorsque celui-ci prétendait juger des vers. […] Il semblait, en effet, que, comme cet empereur romain qui voulait mourir debout, La Harpe se fût dit dans sa passion littéraire : « Il convient qu’un critique (même converti) meure en jugeant. » Depuis une quinzaine de jours que je vis avec La Harpe, je me suis demandé (à part les bonnes parties du Cours de littérature qui sont toujours utiles à lire dans la jeunesse) quelles pages de lui on pourrait aujourd’hui offrir à ses amis comme à ses ennemis, quel échantillon incontestable de son talent de causeur, d’écrivain, d’homme qui avait au moins, en professant, un certain secret dramatique, et qui savait attacher.
Rollin, dans ses vingt dernières années, passait souvent à Colombes d’heureuses saisons en compagnie du maréchal et de l’abbé d’Asfeld, ses amis. […] » À quoi Frédéric répondait avec un mouvement de cordialité, et sans ombre d’ironie, je le crois : « Monsieur Rollin, j’ai trouvé dans votre lettre les conseils d’un sage, la tendresse d’une nourrice, et l’empressement d’un ami ; je vous assure, mon cher, mon vénérable Rollin, que je vous en ai une sincère obligation… » C’est par tous ces côtés que Rollin était le type excellent du professeur et du maître d’autrefois, tenant en quelque chose encore de la mère et de la nourrice, et destiné lui-même à être surpassé en bien des points par ceux qu’il avait élevés. […] Guéneau de Mussy, en terminant une Vie de Rollin, a peint cette jeunesse qui succédait, et il a trouvé des accents où l’on reconnaît l’ami de Bonald en même temps que celui de Fontanes et de Chateaubriand : Où sont, s’écriait-il avec gémissement, où sont les éducations sévères qui préparaient des âmes fortes et tendres ?
L’émotion esthétique se ramenant en grande partie à la contagion nerveuse, on comprend que les puissants génies littéraires ou dramatiques préfèrent ordinairement représenter le vice, plutôt que la vertu. « Le vice est la domination de la passion chez un individu ; or, la passion est éminemment contagieuse de sa nature, et elle l’est d’autant plus qu’elle est plus forte et même déréglée. » Dans le domaine physique, la maladie est plus contagieuse que la santé ; dans le domaine de l’art, la reproduction puissante de la vie avec toutes ses injustices, ses misères, ses souffrances, ses folies, ses hontes mêmes, offre un certain danger moral et social qu’il ne faut pas méconnaître : « tout ce qui est sympathique est contagieux dans une certaine mesure, car la sympathie même n’est qu’une forme raffinée de la contagion. » La misère morale peut donc se communiquer à une société entière par la littérature même ; les déséquilibrés sont, dans le domaine esthétique des amis dangereux par la force même de la sympathie qu’éveille en nous leur cri de souffrance. « En tout cas, conclut Guyau, la littérature des déséquilibrés ne doit pas être pour nous un objet de prédilection exclusive, et une époque qui s’y complaît comme la nôtre ne peut, par cette préférence, qu’exagérer ses défauts. […] Son œuvre, toute pénétrée d’un haut désintéressement, est à la fois très personnelle et très impersonnelle : on ne sent nulle part quelqu’un qui songe à s’affirmer, mais il semble qu’on reconnaisse partout la présence d’un ami. Nous avons vu que, selon lui, nous devons sympathiser avec l’œuvre d’art comme avec les œuvres de la nature, « car la pensée humaine, comme l’individualité même d’un être, a besoin d’être aimée pour être comprise ; » jusque dans la lecture d’un simple livre soyons donc de bonne volonté : « l’affection éclaire » ; et il ajoute ces belles paroles, qu’on peut appliquer à son propre ouvrage sur l’art : « Le livre ami est comme un œil ouvert que la mort même ne ferme pas, et où se fait toujours visible, en un rayon de lumière, la pensée la plus profonde d’un être humain. » Alfred Fouillée 1.
Adolphe Lacuzon, Cubelier de Beynac et Adolphe Boschot et quelques amis signaient à la Revue Bleue (16 janvier 1904) le manifeste de l’Intégralisme. […] Fontanes, en son temps, paraissait un classique pur à ses amis ; voyez quelle pâle couleur cela fait à vingt-cinq ans de distance. […] Marc Sangnier et ses amis du Sillon d’un autre, s’opposent les jeunes rédacteurs de la Petite République, de l’Aurore, des Pages Libres, en politique et en littérature.
mon ami, quelle riche organisation vous possédiez ! […] Je me rappelle qu’un poëte lyrique et païen de mes amis en était fort indigné. […] En dehors de ses études et de ses représentations grotesques, il passait son temps à chercher un ami, et, quand il avait bu, ses yeux pleuraient abondamment les larmes de la solitude.
Béranger n’a été, quoi que vous puissiez dire, ni un sage et grand publiciste, ni un utile ami de la liberté ; mais il a rencontré dans son art l’accent lyrique, et il a su toucher la passion de la foule en plaisant au goût des habiles. […] Ô vous dont l’âme est épuisée, Ô mes amis, l’enfance aux riantes couleurs Donne la poésie à nos vers, comme aux fleurs L’aurore donne la rosée ! […] Sous le nom de Tula, que lui donnaient quelques amis, elle fut aussi célèbre que toutes les espérances de bonheur et de liberté dont se flattait alors l’Espagne.
Il assiste à la gloire de son ami avec un entier désintéressement. […] Les amis qui se glorifiaient autrefois de ses confidences sont perdus dans la foule des courtisans. […] Un panégyriste inconnu vaut mieux pour lui qu’un ami silencieux. […] Au milieu de cette cohue, que deviennent ses amis ? […] Le poète, livré à lui-même, consentira-t-il à voir dans l’ami qu’il a perdu un homme pareil à tous les autres ?
Nini Rigolet, ma nouvelle amie, m’apporta un concours précieux : elle savait ouvrir la porte ! […] Pourtant, quelquefois, c’est moi qui voulais absolument y aller, à cause de mon ami le curé. […] Ce commandant Gruau, vivant là, avec sa femme et ses enfants, était un ami de M. […] Catherine, je serai ton amie, et tu n’as pas besoin d’avoir peur de ces petites cruches-là. […] Il avait été le camarade de collège de mon père et c’est certainement l’ami qu’il a aimé avec le plus de tendresse.
Il s’agissait des deniers du collège de Louvain, dont Jansénius avait cru pouvoir appliquer une part à l’entretien de M. de Barcos, le neveu de son ami Saint-Cyran. […] Elles ont plus de rapports avec le Fils naturel qu’avec Adrienne Lecouvreur, ou avec l’Ami des femmes qu’avec Mademoiselle de Belle-Isle. […] Ami fidèle et sûr, on le choisissait entre vingt autres pour lui confier un dépôt dont l’honneur, dont la liberté, dont la vie d’un ami dépendaient. […] Il est de ceux qui ne donnent d’eux au public que leurs ouvrages ; et jusque dans l’intimité, nous savons d’autre part, au témoignage de ses amis, qu’il n’aimait pas à se livrer. […] Laboulaye s’en indigne, et, s’il l’osait, il injurierait cet imprudent ami.
Hochet comme de l’ami de cœur de Benjamin Constant ; il est les d’Hacqueville de cet homme célèbre. […] Sainte-Beuve l’a dit aux amis de Vinet. […] 23 févr. 47 : Cher ami. […] En vérité, le catholicisme a d’imprudents amis. […] N’a-t-il point trop aisément cédé aux amis de ses amis et même aux ennemis de ses amis ?
L'Université n’est pas toujours aussi intéressante qu’elle pourrait l’être ; les chefs n’ont jamais eu, depuis longtemps, ce cœur généreux, libéral, affectueux, ami désintéressé du bien, qui conviendrait dans la direction de la jeunesse, qu’avait, par exemple, le premier grand maître Fontanes, et dont l’effet moral se ferait aussitôt sentir ; ils ont été des administrateurs plus ou moins habiles et attentifs, des ministres plus ou moins accapareurs et ambitieux.
Nous n’avons pas besoin de renouveler ici l’expression de nos vœux et de notre entière sympathie pour ce noble esprit, judicieux, élégant, ami des lettres, nourri par elles de bonne heure, et l’ayant prouvé par deux ouvrages que ses Mémoires, dès longtemps écrits, devront un jour couronner.
Et ce n’est pas seulement à l’école ou au lycée, quand on fait ses devoirs par obligation, qu’on ne trouve rien à dire : plus tard, dans le inonde, on aime à causer, on veut écrire à de chers amis, on fait le projet de noter ses impressions dans un journal intime.
. — Mon ami le sergent de ville (1878). — Bonshommes (1879). — Ompdrailles ou le Tombeau des lutteurs (1879). — Par-devant notaire (1880). — Crête-Rouge (1880). — Eaux-fortes (1881). — L’Amour romantique (1882)
Ses lettres confidentielles, intimes et sublimes révélations à son ami le plus cher, montrent une résignation portée jusqu’à l’indifférence, en tout ce qui touche à la gloire éphémère des lettres… C’était une de ces âmes froissées par la réalité commune, tendrement éprises du beau et du vrai, douloureusement indignées contre leur propre insuffisance à le découvrir, vouées, en un mot, à ces mystérieuses souffrances dont René, Oberman et Werther offrent, sous des faces différentes, le résumé poétique.
De toutes les Brochures dont il a été le pere, la seule qui lui ait survécu est celle qui a pour titre, l’Ami des Filles.
Que je suis son ami intime ?
Je le dois à Georges Duval, qui, bien jeune alors, lui portait les épreuves de l’Ami du peuple à corriger, et qui l’étudiait à son insu dans l’abandon de sa vie intime. […] ” « Quelques rares amis visitaient Marat dans sa morne solitude : c’étaient Armonville, le septembriseur d’Amiens ; Pons de Verdun, poète adulateur de toutes les puissances ; Vincent, Legendre, quelquefois Danton ; car Danton, qui avait longtemps protégé Marat, commençait à le craindre. […] Il menaçait tout le monde, même ses anciens amis. […] XX Je dois beaucoup de ce récit à cet abbé Lambert, ami des Girondins, et introduit librement par eux dans la prison de la Conciergerie.
Mon cœur, resserré par les nouvelles de la maîtresse du logis, se fit si petit dans ma poitrine que je me sentis aussi morte que mon ami. […] On les délivre alors de leurs chaînes, on les laisse s’entretenir librement dans le cloître avec leurs parents, leurs amis, leurs femmes, et surtout avec les prêtres ou les religieux, de quelque couvent que ce soit, qu’ils demandent pour se préparer au grand passage. […] Enfin, après une heure d’entretien, nous étions bons amis, quoique je fusse le porte-clefs et elle la prisonnière. […] Premièrement, le petit chien Zampogna fut tout à fait guéri de sa jambe coupée et commença à japper un peu de joie autour de nous en gambadant sur ses trois pattes, devant la porte, comme pour me dire : Maître, sortons donc et allons chercher ceux qui manquent à la maison ; je puis à présent te servir et te conduire comme autrefois ; fie-toi à moi de choisir les bons sentiers et d’éviter les mauvais pas ; et il s’élançait sur le chemin qui descend vers Lucques comme s’il eût compris que ses deux amis étaient là-bas ; puis il revenait pour s’y élancer encore.
Une jeune fille de Genève, que madame Necker avait appelée auprès d’elle pour donner un objet aux premières amitiés de sa fille encore enfant, raconte ainsi les premiers épanchements de son amie : « Elle me parla avec une chaleur et une facilité qui étaient déjà de l’éloquence et qui me firent une grande impression. […] Son attitude (sur le char) était noble et modeste ; on apercevait bien qu’elle était contente d’être admirée, mais un sentiment de timidité se mêlait à sa joie et semblait demander grâce pour son triomphe ; l’expression de sa physionomie, de ses yeux, de son sourire, intéressait pour elle, et le premier regard fit de lord Nelvil son ami, avant même qu’une impression plus vive le subjuguât. […] Le baron de Staël, ami de Gustave III et ambassadeur de Suède à Paris, brigua et obtint la main de mademoiselle Necker. […] Il aurait su, ce peuple, qu’on apporta devant la fenêtre de Marie-Antoinette la tête de son amie.
Constant, Journal intime et lettres à sa famille et à ses amis, publ. p. […] Du gouvernement représentatif et de l’état actuel de la France, 1816, in-8 ; Washington. 1841, in-18 ; De la démocratie en France, 1849, in-8 ; Mémoires pour servir à l’histoire de mon temps, 1858-67, 8 vol. in-8 ; Discours académiques, 1861, in-8 : Histoire parlementaire de la France (discours prononcés aux Chambres de 1819 à 1848), 5 vol. in-8, 1863 ; Méditations sur l’état actuel de la religion chrétienne, 1866, in-8 ; Lettres de Guizot à sa famille et à ses amis,1884, in-8. […] Biographie : Adolphe Thiers (1797-1877), né à Marseille, avocat, arriva à Paris en 1820 ou 1821, avec Mignet, son ami de toute la vie ; il écrivit au Constitutionnel et aux Tablettes universelles ; de 1823 à 1827, il publia son Histoire de la Révolution française, œuvre facile et brillante, réhabilitation de l’esprit révolutionnaire contre la réaction légitimiste. […] Il ne fut pas réélu en 1857. — Œuvres, 1861-68, 9 vol. in-8 ; Lettres à un ami de collège, in-12, 1873 et 1884.
Un de nos amis et confrères à l’Académie, un de nos bons et très bons écrivains en prose, M. de Sacy, venant prendre séance à la place de M. […] Pour la première fois, D’ouïr sa voix ; Où rêveuse, l’amie Doucement obéie, S’appuyant à mon bras, Parlait tout bas ; Pensive et recueillie, Et d’une fleur cueillie Brisant le cœur discret, D’un doigt distrait, À l’heure où, sous leurs voiles, Les tremblantes étoiles Brodent le ciel changeant De fleurs d’argent.
Il ne faut pas entasser, trop prévoir ni pourvoir, mais jouir. « Hâte-toi, mon ami, tu n’as pas tant à vivre. […] Il aime les jardins, mais parmi eux il voudrait encore « quelque doux et discret ami. » Il loue la paresse et le somme ; « ajoutez-y quelque petite dose d’amour honnête, et puis le voilà fort. » Ajoutez aussi les curiosités et le vagabondage de l’esprit, le discours promené au hasard sur tous les sujets, depuis la bagatelle jusqu’aux affaires d’Etat et au système du monde20, vous aurez la vie qu’il nous propose en exemple.
— Secondement, pour servir et pour honorer le nom ami de M. […] Comptez les Grecs de la côte, les juifs de Samarie, ceux de Jérusalem, les Mutualis, amis ou ennemis de tous leurs voisins ; les Ansériés, tribu nomade, se glissant entre les groupes plus enracinés dans ces rochers, les Bédouins du désert, insaisissables par leur éternelle mobilité, les Arméniens, ces Génevois de l’Orient, tisseurs de tapis, brodeurs de soie, changeurs d’espèces monnayées, banque vivante de tout l’Orient, peuple qui s’enrichit d’industrie honnête, parce que l’industrie est travail, et que le travail règle et conserve les mœurs ; peuple plus épris d’ordre que de liberté, qui ne trouble jamais l’État par ses turbulences, comme les Grecs de Stamboul, qui n’intrigue point avec l’Europe et qui ne demande à l’empire ottoman que la liberté de son christianisme et la sécurité de son commerce.
La plupart du temps ceux qui disaient leur sentiment sur les ouvrages nouveaux étaient les amis ou les ennemis de l’auteur. […] Plus modéré dans sa propre cause que dans celle de son ami Racine, il ne se laissa pas engager dans la voie des polémiques virulentes et des diffamations injurieuses, comme il le fit dans l’affaire de Phèdre.
Une petite bourgeoise qui demeure sur le quai, au coin du Pont-Neuf, se met à sa fenêtre au soleil couchant : « On eût dit, écrit-elle à une amie, que le roi du jour, descendu de son char derrière ces hauteurs, avait laissé suspendu au-dessus d’elles son manteau de couleur rouge et orangée. […] Juliette et son Roméo sont un couple quelconque, des amis d’enfance ; Roméo élevé près de Juliette sous un faux nom : et quand nous le voyons, le doux, le tendre, le poétique enfant de Shakespeare est un « guerrier redoutable », un général vainqueur, enfin l’insipide héros cent fois revu.
Guys, l’auteur d’un Voyage de Grèce, était des amis de sa famille. […] Au commencement de 1793, il se fixa à Versailles, venant de temps à autre à Paris, visitant des amis à Passy, à Luciennes, à Saint-Germain.
J’écris une lettre ; elle est lue ensuite par l’ami à qui je l’ai adressée. […] En écrivant cette lettre, j’en ai possédé l’image visuelle, et mon ami a possédé à son tour cette même image en lisant la lettre.
Victor Le Clerc eut l’idée de me faire charger, avec mon ami Charles Daremberg, de diverses commissions dans Les bibliothèques d’Italie, en vue de l’Histoire littéraire de la France et d’une thèse que j’avais commencée sur l’averroïsme. […] Je consultai quelques amis, en particulier M.
Il les range sous trois titres : 1° Richesse, Pouvoir, Dignité et leurs contraires ; 2° Nos semblables : parents, amis, concitoyens, etc. […] Combien d’hommes chez qui l’amour de la famille, des amis, du pays, de l’humanité, paraît complètement impuissant, quand il est en lutte avec leur avarice ou leur ambition.
Bientôt aussi le talent de converser devînt le but d’une émulation vive et générale : on en vint plus tard à mettre par écrit les conversations des sociétés particulières, on les livra à l’impression : on envoya ses conversations à ses amis et à ses connaissances13. […] Tels furent les commencements de l’hôtel de Rambouillet ; tels furent les premiers amis, les premières sociétés de la marquise.
Il semble avoir pris tout aussitôt pour devise ce mot de Vauvenargues : « La familiarité est l’apprentissage des esprits. » Dans des conseils qu’il adressait à un jeune homme, Vauvenargues, développant cette même pensée, disait encore : Aimez la familiarité, mon cher ami ; elle rend l’esprit souple, délié, modeste, maniable, déconcerte la vanité, et donne, sous un air de liberté et de franchise, une prudence qui n’est pas fondée sur les illusions de l’esprit, mais sur les principes indubitables de l’expérience. […] Je ne dis pas que j’ai tout cela, mais je voudrais bien l’avoir ; et celui qui y parviendra sera mon ami et mon maître.
I Qu’est donc ce Fustel de Coulanges, dont le nom rappelle l’ami de Madame de Sévigné ? […] Il fut toute sa vie l’ami de saint Rémy, qui était un Gallo-Romain.
En 1772, Goethe, âgé de vingt-trois ans, habitait Wetzlar, dans les États prussiens, et il y était devenu l’ami d’un jeune homme comme lui, nommé Kestner, secrétaire de l’ambassade hanovrienne, lequel était, sinon fiancé, au moins lié de cœur avec mademoiselle Charlotte Buff, de la famille de M. […] Assurément Goethe fit bien de partir, mais s’il était resté pour troubler le ménage de son ami Kestner, il eût été un insensé ou un traître.
Mais il est plus libre et plus hardi quand il accuse les amis de ceux qu’il n’ose pas… accuser. À l’entendre, les amis des jésuites qui cherchèrent, hélas !
Ses amis cherchèrent à le détourner de faire l’éloge de Caton, ou voulurent du moins l’engager à l’adoucir ; il n’en fit rien. […] Il y parlait avec les plus grands égards de Cicéron, dont il était l’admirateur et le rival, et dont il feignait d’être l’ami.
Socrate a changé ce précepte, et a dit : faisons du bien à nos amis, et ne faisons point de mal à nos ennemis. […] La sagesse est la seule qui répande encore plus d’éclat sur ceux qui l’honorent que sur ceux qui sont honorés ; car admirer la vertu dans les autres, c’est déjà une preuve de vertu. » « Ô mes amis !
Le poëte, le législateur, n’en fut pas moins dans la suite vaincu par Pisistrate, ami des vers aussi, puisqu’il recueillit pour Athènes les chants homériques, mais habile surtout dans cet art ancien et toujours applicable de fonder le pouvoir absolu par la démocratie. […] Entouré d’amis qui lui conseillaient de prendre le pouvoir, il avait refusé en disant : « C’est un beau pays que la royauté ; mais ce pays n’a pas d’issue. » Et plus tard, amusant son repos avec ce charme de la poésie dont il avait appuyé ses lois, il répétait : « Si j’ai épargné ma patrie, et n’ai pas voulu m’en rendre maître, ni m’élever par la force, en déshonorant la gloire que j’avais obtenue d’ailleurs, je n’ai honte ni repentir de cette modération : au contraire, c’est le côté par où j’ai surpassé les autres hommes. » Le législateur d’Athènes, celui dont les lois, dans quelques maximes éparses, offrent encore de mémorables leçons, résista jusqu’à la fin à la lente usurpation de Pisistrate, dénonça ses menées populaires, protesta contre sa garde, et, enhardi par la vieillesse, vécut libre, même sous un maître qu’il avait pressenti et bravé.
L'impression qu’une pareille absence de dignité et d’élévation produit en France, même sur les amis du trône, est au-delà de tout ; il y a là une méconnaissance complète de l’esprit national, un oubli singulier du dégoût que l’on cause.
Lucien Muhlfeld Le bon poète, notre ami Ferdinand Hérold, n’abandonne pas l’artificiel des moyens âges.
Il y a déjà longtemps que Théophile Gautier avait dit de son ami : « L’hiver ne vient pas pour lui… ».
Collé ne les avoit point composées pour le Public, mais pour la récréation de ses amis, ou plutôt pour celle du Prince auquel il est attaché ; & quand on ne travaille que pour un Théatre de Société, il est très permis de céder aux idées d’autrui, quoique peu conformes aux principes.
Huet, Evêque d’Avranches, c’est au beau sexe qu’il faut en attribuer l’honneur ; & voici les preuves qu’il en donne : « Madame de la Fayette négligea si fort la gloire qu’elle méritoit, qu’elle laissa sa Zaïde paroître sous le nom de Segrais ; mais lorsque j’eus rapporté cette anecdote, quelques amis de Segrais, qui ne savoient pas la vérité, se plaignirent de ce trait, comme d’un outrage fait à sa mémoire.
Quelques amis lui en épargnerent la peine.
Cela est de son âge, il l’a tant vue, qu’il croit sérieusement, comme son ami Boucher, qu’il n’a plus rien à y voir.
On le disait riche, adoré des siens, admiré de ses amis, aimable, exempt d’affectation, naïf même. […] Son long poëme In memoriam, écrit à la louange et au souvenir d’un ami mort jeune, est froid, monotone et trop joliment arrangé. […] Le prince part avec Cyril et Florian, deux amis, obtient permission du bon vieux Gama, et, déguisé en fille, entre dans l’enceinte virginale, où nul ne peut pénétrer sous peine de mort. […] Nous montons quatre étages, nous trouvons un appartement verni, doré, paré d’ornements en stuc, de statues en plâtre, de meubles neufs en vieux chêne, avec toutes sortes de jolis brimborions sur les cheminées et sur les étagères. « Il représente bien », on peut y recevoir les amis envieux et les personnages en place. […] Qu’il est heureux parmi ses beaux livres, ses amis, ses chèvrefeuilles et ses roses !
Les sensations m’accablent… Il est des moments où les traits de mes amis, de mes parents, un lieu consacré par un souvenir, un arbre, un rocher, un coin de rue sont là devant mes yeux, et les cris d’un porteur d’eau de Paris me réveillent. […] mon unique ami, qu’ils sont malheureux ceux qui sont nés malheureux ! […] mon ami, je suis lié avec presque tous les littérateurs les plus distingués… Ma vanité est satisfaite… et avec cela le fond, la presque totalité de ma vie, c’est, je ne dirais pas le malheur, mais un chancre aride ; un plomb liquide me coule dans les veines ; si l’on voyait mon âme, je ferais pitié, j’ai peur de devenir fou… Depuis deux mois, toutes mes facultés de douleur se sont réunies sur un point. […] mes amis, à vous gloire éternelle, Quand on est pègre, le devoir avant tout. […] Les déséquilibrés sont, dans le domaine esthétique, des amis dangereux par la force de la sympathie qu’éveille en nous leur cri de souffrance.
Tu ne connais pas Philoctète, et Philoctète est mon ami. […] N’es-tu pas l’ami de tous les Grecs avant d’être l’ami d’un seul ? […] mes amis, quelle pauvreté d’imagination ! […] — Non, mon ami, Félix ne le voudrait pas ; il faut être raisonnable. » — La raison même. […] Il vient dire à son ami : « Prenez garde !
Alors il voulait l’épée, rien que l’épée, comme seule digne d’un gentilhomme ; bien longtemps après, à cinquante ans d’intervalle, et un an avant sa mort, il écrivait à l’un de ses amis de Provence : « Je suis toujours bien d’avis que l’épée est la vraie profession du gentilhomme ; mais que la robe fasse préjudice à la noblesse, je ne vois pas que cette opinion soit si universelle comme elle l’a été par le passé. […] L’orateur-académicien qu’on reçoit est là en personne ; il parle d’un mort qu’on a connu, devant sa famille, ses enfants, ses amis, là présents ; il est loué lui-même et quelquefois critiqué finement, lui en personne, lui sur le visage duquel on aime à suivre le reflet de cet éloge direct, ou de cette fine critique qui l’effleure à bout portant. […] On sait sa réponse à ce bon conseiller de Provence de ses amis, qu’il rencontrait tout triste chez le garde des sceaux Du Vair. […] L’année d’auparavant, en 1626, il adressait à l’un de ses amis, M. de Mentin, qui avait autrefois connu personnellement le prélat avant sa suprême fortune, du temps de son exil en Avignon, une lettre mémorable qu’il nous faut citer en grande partie ; car elle n’est pas aussi en lumière et aussi célèbre qu’elle devrait l’être. […] Une partie de ce jugement sévère sur les ministres prédécesseurs de Richelieu retombe nécessairement sur l’honnête garde des sceaux Du Vair, que Malherbe avait beaucoup connu, de qui même il était l’ami particulier, mais qu’il ne surfaisait pas.
Le lendemain de l’enterrement d’un homme célèbre, ses amis et ses ennemis se mettent à l’œuvre ; ses camarades de collége racontent dans les journaux ses espiègleries d’enfance ; un autre se rappelle exactement et mot pour mot les conversations qu’il eut avec lui il y a vingt-cinq ans. […] Rachel, sa seule amie, est là, et son égarement, ses cris, le tourbillon de désespoir dans lequel Dickens enveloppe ses personnages ont préparé la douloureuse peinture de cette mort résignée. […] Il aura envie de leur dire : Bons petits amis, continuez à être bien sages. […] En pliant sa serviette, il s’élèvera à des contemplations grandioses : « L’économie de la digestion, dira-t-il, à ce que m’ont appris certains anatomistes de mes amis, est un des plus merveilleux ouvrages de la nature. […] Il a chassé sa fille, qu’il croit complice de sa femme ; il défend qu’on s’occupe de l’une ni de l’autre ; il impose silence à sa sœur et à ses amis ; il reçoit ses hôtes du même ton et avec la même froideur.
Il nous a été communiqué par un des amis de M. […] Busnach avait prêté le volume qu’il admirait à son collaborateur et ami, M. […] Les deux amis passèrent quelques heures à étudier la question. […] Une amie m’a invitée. […] Ce plan nous a été communiqué par un des amis de M.
Les amis de M. […] Comment reçoit-elle, en présence de sa famille et de ses amis, une femme assez effrontée pour changer d’amant et de nom comme de robe ? […] La question est grave et veut être examinée religieusement ; car les amis et les disciples de M. […] Avant le lever du rideau, les amis officieux disaient d’une voix fière et triomphante : « Cette fois-ci, messieurs, vous serez bien étonnés : M. […] Hugo, en publiant ce dernier livre, a cédé aux conseils de ses amis, il doit se repentir dès à présent de sa docilité.
Car, pour plaire au premier, les vieux adolescents pessimistes et symbolistes y sont traités avec un généreux mépris, et, pour plaire au second, un vague esprit évangélique y circule, un Christ ami du monde moderne y apparaît, et l’aube des temps nouveaux y est saluée.
. — Le Livre de mon ami (1885). — Nos enfants, scène de la ville et des champs (1887)
Parmi les recherches qui conduisent l’esprit humain à la découverte de la vérité, les unes donnent la gloire et l’éclat de la vie ; les autres restent obscures ; mais toutes sont immortelles, — immortelles, même quand elles ne visent qu’à être utiles et qu’elles se renferment dans le cercle étroit des amis de la vérité ; immortelles surtout quand elles ont été, comme celles de notre confrère, éclairées par le rayon du génie.
Recherché, chéri, révéré de tous ceux qui le connoissent ; bienfaisant sans ostentation, religieux sans fanatisme, indulgent pour les opinions d’autrui, zélé pour ses amis, affable pour tout le monde, inviolablement attaché à tous ses devoirs ; on peut dire que ses titres Littéraires ne sont, aux yeux de ceux qui jouissent de sa société, que la plus foible partie de son mérite.
A juger de cette Traduction par les cent premiers Vers qui nous en restent, & que nous devons à ses amis, c’eût été un des meilleurs Ouvrages de ce genre.
C’étoit un trop bon personnage, Pour n’être pas de ses amis ; Souffrez qu’à son tour il repose, Lui, de qui les Vers & la Prose Nous ont si souvent endormis.
Retouche, retouche, mon ami.
Mon ami, si vous retournez au Salon, n’oubliez pas de comparer ce tableau de La Grenée avec l’Athénienne qui arrose des, fleurs, de Vien.
L’un d’un disait à Millerand, sur un ton qu’on ne peut pas définir : « Vous êtes donc l’ami de ce de Goncourt ? […] Et il travaillait un temps pour le prince, ornant alors ses travaux de bois, de belles et riches matières, et en faisant de somptueux objets d’art que collectionnait le prince, et dont il faisait cadeau aux daïmio, ses amis. […] Ainsi je sens parfaitement, au son de la voix de mes amis, les choses dites pour m’annoncer de vraies et positives bonnes nouvelles, et les choses dites pour m’être agréable, pour panser des blessures, les choses de gentille amabilité qui sont des compliments à côté de la vérité. […] Il ajoute que les joueurs d’aujourd’hui veulent avoir leur sang-froid, et à ces parties, il oppose la partie de jeu d’un de ses jeunes amis d’autrefois, qui avait joué, d’une seule haleine, quarante-six heures de suite. […] Dans la préoccupation d’un ami, dans sa mélancolie ils se figurent une baisse de son affection, un refroidissement ; et ce sont à ce sujet, d’absurdes circumvagations de la cervelle, et d’imbéciles imaginations.
» Mes amis ont voté ce matin pour Jacques. […] moi, je suis un journaliste vieux jeu, appartenant aux théories antiques… mais des amis à moi, des gens ne tenant pas à la littérature, m’ont déclaré que votre pièce les avait autant intéressés qu’un drame de Dennery. […] Des amis viennent me voir et s’exclament : « Oh cette salle, on ne peut s’en faire une idée ! […] Ce soir, dîner offert chez Marguery, par les amis du Grenier et autres lieux, à l’auteur de Germinie Lacerteux et de La Patrie en danger. […] Mon cousin Marin a donné, ces jours-ci, l’hospitalité pour les grandes manœuvres, à un de ses amis, à M.
» Ce que j’aime, ce n’est pas à combattre, c’est à boire avec des amis et des camarades, à voir pétiller dans le feu les branchages secs coupés en été, à faire rôtir des pois chiches sur les charbons, à faire griller les faines, à caresser la jeune Thratta pendant que ma femme est au bain. […] De toute la Grèce, de la Sicile et des îles, on en demandait à Pindare, Il y allait ou envoyait son ami le Stymphalien Enée pour enseigner au chœur la danse, la musique et les vers de son chant. La fête commençait par une procession et un sacrifice ; ensuite les amis de l’athlète, ses parents, les principaux de la ville, s’asseyaient à un banquet. […] Des hommes faits, afin d’être meilleurs amis, se prêtent leurs femmes ; dans un camp on n’est pas scrupuleux en fait de ménage, et souvent bien des choses sont communes. […] Philities, sociétés d’amis.
En chemin, nous rencontrions des amis, parmi lesquels se trouvait Théophile Gautier. […] Des zouaves et des mobiles ferment l’entrée de la ville, et retiennent en deçà du pont, mères, sœurs, parents, amis, maîtresses. […] Un de mes amis a présenté au général Guiod un ancien officier très capable. […] Autour du poète, à demi couchés sur un divan, des amis, parmi lesquels je reconnais Vacquerie. […] Décidément, je trouve mes amis trop supérieurs à l’humanité, et je sors de chez Brébant, presque colère !
Elle aimait à parler des années anciennes et à initier ceux qu’elle appelait ses jeunes amis aux confidences d’autrefois : « C’est une manière, disait-elle, de mettre du passé dans l’amitié. » C’est donc elle qui parle autant et plus que moi dans ce que je vais dire : « La première passion de Mme de Staël, à son entrée dans le monde, a été pour M. de Narbonne qui s’est très mal conduit avec elle, comme font trop souvent les hommes après le succès.
Alphonse de Lamartine Charles Nodier était l’ami né de toute gloire.
Daudet prenait plaisir à la lecture, s’échauffait sur l’intérêt des choses racontées sous le coup de l’impression, me sollicitait d’en publier des fragments, mettait une douce violence à emporter ma volonté, en parlait à notre ami commun, Francis Magnard, qui avait l’aimable idée de les publier dans Le Figaro.
Daudet prenait plaisir à la lecture, s’échauffait sur l’intérêt des choses racontées sous le coup de l’impression, me sollicitait d’en publier des fragments, mettait une douce violence à emporter ma volonté, en parlait à notre ami commun, Francis Magnard, qui avait l’aimable idée de les publier dans le Figaro.
Au reste, il aurait le droit de se reposer s’il le pouvait : son œuvre est dès maintenant complète et plus rien ne saurait augmenter l’admiration de ses « amis inconnus ». […] Il se vit sans amis, pauvre célibataire, Vieil enfant étonné d’avoir des cheveux gris. […] En même temps un elkovan (oiseau du pays) vient se poser sur sa main, et il croit que c’est l’âme de son amie. […] Blessé, il est soigné par son amie… Et, la guerre franco-allemande étant survenue pendant que M. […] Celui-ci, mieux connu, si le ciel l’eût permis, Eût été le meilleur de vos plus chers amis !
Un jour, Beppo, mis à la porte par la marquise Fideline, tombe sur son ami Troppa. […] Elle tâche d’exciter la jalousie de Troppa : — Oui, je sais, vous avez prêté votre maîtresse à votre ami. […] Dumas nous explique ces familiarités, ce ton de camaraderie et, d’autre part, le pacte conclu entre Lucien et ses amis ? […] À Paris il s’aperçoit, à l’attitude d’un ami, qu’il a fait sans le savoir une situation difficile à cette enfant. […] Julie dit à son ami : « Merci pour ton acte de maître !
ma bonne amie, comment pouvez-vous craindre que je vous sois infidèle ? […] Je ne serai tout à fait heureux, ma chère amie, que quand tu seras en ma possession. […] Les meilleurs amis de son talent craignirent alors pour lui que, comme il est si souvent arrivé, la nature même de son succès ne le gâtât. […] Grand admirateur et ami de Chateaubriand, avait-il, comme René, désiré les orages ? […] Sans doute, ne livrant de lui-même que son esprit à ses amis, il n’aura cru devoir que ses opinions au public.
Je m’étais présenté chez lui pour lui offrir un petit volume de vers de la part de deux amis absents. […] Candaule a montré à son ami Gygès les beautés secrètes de l’épouse ; donc Candaule est coupable, il mourra. […] » Ceux de mes amis qui possédaient un piano furent plus d’une fois mes martyrs. […] J’interrogeai les amis et les ennemis. […] J’ai un ami qui m’a plusieurs années tympanisé les oreilles de Berquin.
— Voir dans les Débats d’aujourd’hui (mercredi 24) l’allocution de Cousin à l’Académie des sciences morales, à propos du Spinoza de Saisset (ami de Jules Simon et la phrase sur la divine Providence (avec force inclinaisons de tète).
La raison en est facile à trouver ; c’est que la Postérité ne juge jamais d’un Auteur sur les éloges de ses contemporains & de ses amis ; elle le cite en personne devant son Tribunal, & ses Productions ne peuvent se soutenir à ses yeux que par leur propre mérite.
Quand Archiloque étoit las de s’exercer sur ses ennemis, il déchiroit impitoyablement ses amis & ses proches.
C’est là l’effet du talent de l’écrivain, mon ami. […] C’est vrai, mon ami ! […] Mais peut-on dire que la société fut mal inspirée en enfermant à vie le misérable, dans le sens criminel du mot, oui, le misérable qui, en récompense d’un jour de pardon, d’un dîner d’ami, d’une nuit de confiance, passe une heure ou une minute dans l’honorable indécision de cet assommeur ? […] Cette peinture évangélique de l’âme de l’évêque, âme chrétienne parce qu’elle est populaire, et populaire parce qu’elle est chrétienne, mon ami, est ce qu’on appelle un tableau de genre suspendu dans un vestibule pour prédisposer, par une bonne impression, les yeux, l’esprit, le cœur des lecteurs aux sentiments religieux et doux, qui sont l’édification de ce triste monde.
Mais voici la ruelle mondaine et pédante à la fois, et les précieuses ridicules : les mardis de la vicomtesse d’Auchy, qui lit un jour une paraphrase de saint Paul ; elle a pour amies Mme de Mosny qui apporte une fois un roman, Mme de Saintot, une ancienne actrice de la Foire, maintenant bas-bleu et fort écrivailleuse. […] Voiture que le service de Monsieur mena en Espagne, en Italie, écrivait des lettres aux amis qu’il avait laissés à Paris : il en écrivait de Paris aux amis qui s’en allaient aux armées ou en mission diplomatique. […] Vincent Voiture (1598-1648) eut pour protecteurs principaux et pour amis le comte d’Avaux et le cardinal de la Valette.
On les réunit ensuite sous le titre de Lettres de Louis de Montalte à un Provincial de ses amis et aux R. […] Il avait lu deux fois la Théologie morale d’Escobar343 ; et ses amis lisant les autres casuistes lui fournissaient des citations, qu’il vérifiait toujours scrupuleusement. […] Le plan que Pascal se proposait de suivre est connu dans ses grandes lignes, d’abord par la Préface de l’édition de 1670, on Etienne Périer l’expose tel que son oncle l’avait développé devant quelques amis vers 1658 ou 1659, puis par certains fragments qui se rapportent à l’ordre et aux divisions du livre. […] Son fameux ouvrage, intitulé Augustinus, fut publié en 1640 par ses amis.
Il en eut de si étranges dans la nuit du 10 novembre 1619, qu’au dire du même Baillet, si Descartes n’avait déclaré qu’il ne buvait pas de vin, on eût pu croire qu’avant de se coucher il en avait fait excès, « d’autant plus, ajoute naïvement le biographe, que le soir était la veille de Saint-Martin20. » Après quelques années passées soit dans des voyages, où il étudiait les mœurs, et par la vue de leur diversité et de leurs contradictions, se fortifiait dans son dessein de chercher la vérité en lui-même, soit à la guerre, où il s’appliquait tout à la fois à étudier les passions que développe la vie des camps, et les lois mécaniques qui font mouvoir les machines de guerre ; après quelque séjour à Paris, où il cacha si bien sa retraite que ses amis même ne l’y découvrirent qu’au bout de deux ans, il se fixa en Hollande, comme le pays qui entreprenait le moins sur sa liberté, et dont le climat, selon ses expressions, lui envoyait le moins de vapeurs. […] Il mangeait fort peu, à des heures réglées, sans jamais dépasser la quantité qu’il s’était prescrite, ni par des caprices d’appétit, ni par complaisance pour ses amis ; évitant les viandes trop nourrissantes, pour échapper à cette oppression des aliments dont parle Pascal, et préférant aux viandes les racines et les fruits. […] « Je me sentais vivre, dit-il, — il avait alors quarante ans, — et, me tâtant avec autant de soin qu’un riche vieillard, je m’imaginais presque être plus loin de la mort que je n’avais été en ma jeunesse. » Il mourait pourtant-moins de quinze ans après, ne causant pas moins de surprise que de deuil à ses amis, qui ne pouvaient comprendre qu’il fût mort sans l’avoir prédit. […] Mais à qui s’applique moins l’idée du naturel par excellence qu’à Montaigne, à cet homme occupé à se peindre, et par conséquent à se farder ; à s’analyser, et par conséquent à se prêter ou à se retrancher certains traits, par la subtilité même de son esprit, et par cette curiosité qui se crée un spectacle ; penseur à la suite d’autrui, à propos d’une lecture qui le pique ; qu’une idée ingénieuse attache tout un jour, et qu’une citation fait changer de chemin ; qui suspecte la nature universelle et ne se plaît qu’en la nature variable ; qui pense plus pour le plaisir d’écrire, qu’il n’écrit pour éclaircir ses pensées ; auquel ses amis reprochent d’épaissir sa langue, comme on reprocherait à un peintre d’empâter ses couleurs, par trop d’attention donnée au détail ?
La famille, les amis, la patrie, l’école, l’église, le groupe professionnel, l’état, l’humanité cherchent à nous façonner à leur guise et à nous imposer comme devoir ce qu’ils espèrent de nous. […] Tel négociant aura pour ses affaires une morale commerciale, une morale religieuse en ce qui concerne le culte, les paroles à prononcer en des circonstances précises, une morale mondaine qu’il emploiera avec ses amis, et bien d’autres encore. […] Tel homme qui applique à ses voisins une morale de commerce et de concurrence, exige volontiers d’eux qu’ils le traitent en ami, selon une morale de sympathie. […] Il est tout à fait impossible qu’une conception sociale ou morale nouvelle naisse et grandisse sans aberration, sans défauts de logique, sans que les efforts de ses amis n’entravent plus ou moins sa marche.
— ainsi l’annonce M. le marquis de Presles, le jeune et brillant gentilhomme qu’il a pris pour gendre, à son ami le duc de Montmeiran, un grand seigneur ruiné qui s’est fait soldat, comme les désespérés d’autrefois se faisaient moines. […] Ainsi, M. de Presles doit donner demain un grand dîner à ses amis du faubourg : Poirier fait monter le cuisinier, — un descendant de Vatel, s’il vous plaît ! […] Si bien que M. de Presles, désespéré de perdre sa femme, le jour même où il commençait à l’aimer et à la connaître, va se faire soldat, comme son ami Hector, si le Pont-grimaud, avec lequel il va se battre tout à l’heure, n’a pas l’esprit de le tuer, alors qu’il est si bien disposé à mourir. […] A l’acte suivant, nous sommes en soirée chez madame de Larsy, une des bonnes amies de Caliste.
Il lui disait qu’il n’avait pleuré que trois fois dans sa vie : une première fois, lorsqu’il avait eu son premier opéra sifflé ; une seconde fois, lorsque, dans une partie avec ses amis, il avait laissé tomber dans le lac de Garde une dinde truffée ; enfin la troisième fois, en l’entendant la veille. […] Puis sa parole va aux élections, et il empoigne amicalement Jourde, le directeur du Siècle, qui est là, sur le manque d’indépendance de sa feuille, sur son aplatissement devant les exigences des amis de Louis Blanc et autres. […] Il ne dormait pas, et pannotait jusqu’au matin, prenant ici un livre, là un papier, qu’au bout de très peu de temps, il envoyait derrière lui, sur le corps de Mme Villemain, couchée et dormant dans le lit conjugal, puis il passait à un autre livre, à un autre papier qui prenait bientôt le même chemin, en sorte que la pauvre femme confiait à une amie, que ses nuits étaient horribles, que ce n’était qu’une suite de sursauts, de peurs, de réveils brusques. […] Dimanche 3 septembre Turgan disait à Toto Gautier : « Vois-tu, pour gagner de l’argent, il ne faut pas être de ceux qui travaillent, il faut s’arranger pour être de ceux qui font travailler. » * * * — À la maison centrale de Melun, lors du changement de régime qui amena la suppression du tabac pour les détenus, des frères et amis jetaient par-dessus les murs des morceaux de pipes culottées, dont les détenus, à défaut d’autre chose, chiquaient la terre imbibée de nicotine.
Zola, mon ami, et moi-même peut-être, avons apportée à dans la peinture du bas de la société… » Et alors tout sera dit ! […] Sans les indiscrétions de quelques amis qui ont entendu la lecture des Frères Zemganno avant leur publication, le lecteur ne se serait jamais douté, en les lisant, qu’il allait y être question, à la fin, d’amour fraternel. […] Zola, son ami, n’aurait pas oublié. […] Il dit orgueilleusement ; « Mon ami, M.
Trois cents chevaliers, emmenez-les tous avec vous ; et à l’entrée de Zamora, seigneur, donnez-les-moi. » Un bien menu détail et assez curieux : ces trois cents amis de don Diègue et de Rodrigue se retrouvent en mainte autre circonstance dans les poèmes du Cid, et le chiffre a traversé la légende. Ces trois cents ont un peu grossi chez Guillem de Castro et chez Corneille, et sont devenus cinq cents de mes amis. […] Celui-ci les harangue : « Écoutez-moi, dit-il, amis, parents et vassaux de mon père ; gardez votre seigneur sans tromperie et sans artifice.
L’ami et le correspondant auprès de qui il s’épanchait pendant sa crise morale de 1810, le baron Monnier, lui avait représenté fort sensément le vrai de sa situation, en la dégageant autant que possible des irritations toutes personnelles qui venaient s’y joindre : « … N’accusez cependant personne, lui avait-il dit, des désagréments que vous avez éprouvés : ils étaient inhérents aux circonstances de votre carrière, et il faut bien moins vous en prendre aux hommes qu’à la nature des choses. […] En prononçant ce cruel adieu, mon cœur est oppressé ; il me semble que j’aime plus que jamais le petit nombre d’amis que je laisse en France… » Il laissait des amis non seulement dans le civil, tels que celui à qui il écrivait, mais aussi dans le militaire, et de vraiment intimes : je ne citerai que le général Guilleminot.
si l’on en excepte quelques amis inaltérables, la plupart de ceux qu’on se rappelle après dix années de révolution, consistent votre cœur, étouffent vos mouvements, en imposent à votre talent même, non par leur supériorité, mais par cette malveillance qui ne cause de la douleur qu’aux âmes douces, et ne fait souffrir que ceux qui ne la méritent pas. Enfin relevons-nous sous le poids de l’existence, ne donnons pas à nos injustes ennemis, et à nos amis ingrats, le triomphe d’avoir abattu nos facultés intellectuelles. […] Qu’elles sont précieuses ces lignes toujours vivantes, qui servent encore d’ami, d’opinion publique et de patrie !
. — Après le débarquement de l’armée à Louisburgh, ses amis le trouvèrent un jour endormi dans sa tente et manifestement très ennuyé par la canonnade. […] Là-dessus, ils lui firent des remontrances, mais en même temps ils accrurent ses craintes en imitant les gémissements des blessés et des mourants, et quand il demandait, ce qu’il faisait souvent, qui était tombé, ils lui nommaient ses amis particuliers. Enfin ils lui dirent que l’homme qui, en ligne, était le plus près de lui, venait de tomber ; aussitôt il sauta hors de son lit, s’élança hors de la tente, et fut tiré du péril et du rêve en trébuchant sur les cordes des piquets. — Après ces expériences, il n’avait point de souvenir distinct de ses rêves, mais seulement un sentiment confus d’oppression et de fatigue, et, d’ordinaire, il disait à ses amis qu’il était sûr qu’ils lui avaient joué quelque tour. » Le somnambulisme artificiel met l’esprit dans un état semblable.
Un besoin réel d’exercice intellectuel, une sincère admiration pour la belle intelligence de Voltaire animent Frédéric : mais c’est un homme pratique ; il « utilise » son illustre ami ; il fait corriger par lui son orthographe, ses solécismes, ses fautes de versification ; il a pour rien le meilleur maître de langue française qui existe. […] Quand, en 1743, Voltaire vint à Berlin chargé d’une mission officieuse de la cour de France qui voulait faire reprendre les armes à son infidèle allié, il fut outrageusement berné comme envoyé de Louis XV, délicieusement cajolé comme poète et philosophe, et ami personnel de Frédéric : par une de ces petites perfidies qui ne lui ont jamais coûté, le roi prodiguait caresses, offres, promesses pour décider Voltaire à rester, et sous main tâchait de le brouiller avec le ministère français pour lui rendre le retour impossible. […] Il y eut ainsi pendant quelque temps entre le roi et Voltaire une sourde guerre de mots aigres, toujours colportés et envenimés par des amis communs.
Les fragments qu’il en avait lus à ses amis, transcrits et répandus à la cour de Marguerite de Navarre, avaient excité une grande attente. […] Outre les amis que celui-ci avait dans le peuple, il était entouré d’émigrés de toutes les nations, qui lui servaient de garde particulière. […] Un complot se forma pour assembler le conseil général de Genève, à l’insu des syndics amis de Calvin, et des conseils inférieurs, où abondaient les émigrés.
Roland s’évanouit, quand il voit tomber mort son ami Olivier. […] C’est une amie ; le héros mourant songe avec inquiétude à ce qu’elle va devenir ; il ne veut pas qu’elle souffre en passant aux mains des mécréants, il lui parle, il lui fait ses adieux. […] Quand d’Holbach et ses amis, au siècle dernier, devenant des fanatiques à rebours, voulurent imposer autour d’eux une sorte d’athéisme obligatoire, Duclos, le philosophe, qui n’était guère chrétien, s’écriait avec humeur : « Ils en diront tant, qu’ils me feront aller à la messe. » On raconte qu’un avare, voyant l’Harpagon de Molière souffler une chandelle inutile, laissa échapper ce cri de joie : « Voilà une leçon dont je profiterai. » Leçon d’avarice tirée d’une pièce contre l’avarice !
C’est un récit qui a été fait à La Fontaine par un de ses savants amis fréquentant chez Mme de La Sablière, qui le tenait de certains religieux. […] Ceci : Je chercherai une matière très subtile ; je subtiliserai un morceau de matière que l’on ne pourrait plus concevoir sans effort, Quintessence d’atome, extrait de la lumière, Je ne sais quoi plus vif et plus mobile encor Que le feu… Car enfin… Voyez, La Fontaine s’anime, il discute, évidemment, comme chez ses amis. […] Celui-ci est un sot qui a bien failli mourir, car il a cru trouver un ami dans le chat et un ennemi dans le coq, alors que c’était tout le contraire.
Par ses maximes sur l’éternelle justice, la providence divine, la pitié pour les faibles, la punition des méchants, Eschyle est, avec Pindare et Sophocle, le poëte le plus moral de l’antiquité, le poëte ami du droit et de la vertu contre la force et le vice. […] On ne peut comparer cette œuvre posthume du poëte qu’à sa sépulture même, aux funérailles païennes que lui firent quelques amis, recueillant après une tempête son corps jeté au rivage, et le brûlant avec le bitume et l’encens sur un coin de bruyère déserte, au milieu de lugubres adieux, sans prières et sans espérance. […] Je le révèle ce bain homicide. » À cette vision de mort se mêle tout à coup un retour de poésie, un ravissant souvenir de Troie, dans la bouche de Cassandre : « Ô noces de Pâris, fatales à ses amis !
Mais la mort de ses parents le laissant maître de suivre ses goûts, « et persuadé, nous dit Fontenelle, qu’il n’y avait pas de meilleur séjour que Paris pour des philosophes raisonnables », il y vint habiter et se logea au faubourg Saint-Jacques, dans ce qu’il appelait sa cabane, avec son ami Varignon, à qui il constitua une rente de 300 livres par contrat, pour qu’il fût bien établi que des deux amis l’un ne dépendait pas de l’autre.
Le plus rébarbatif de tous, M. de Bonald, a dit : « Je crois que la poésie érotique est finie chez nous, et que, dans une société avancée, on sentira le ridicule d’entretenir le public de faiblesses qu’un homme en âge de raison ne confie pas même à son ami. […] Le Brun, l’ami d’André Chénier, et qui avait, par science et par envie de métier, tout ce qu’il fallait pour mesurer Parny, l’a appelé un demi-Tibulle : Parny, demi-Tibulle, écrivit mollement Des vers inspirés par les Grâces Et dictés par le sentiment.
C’est ainsi que, visitant, avec son ami Jean Reynaud, les mines du Hartz dans le Hanovre, tandis que l’un s’exaltait plutôt en poète devant les paysages, la physionomie des lieux et des habitants, et les sujets de description animée qu’il devait en rapporter, M. […] On sort du collège, et, à peine sorti, on a déjà choisi son point de mire, son modèle dans quelque écrivain célèbre, dans quelque poète préféré : on lui adresse son admiration, on, lui porte ses premiers vers ; on devient son disciple, son ami, pour peu qu’il soit bon prince ; on est lancé déjà ; à sa recommandation peut-être, un libraire consent à imprimer gratis vos premiers vers ; un journal du moins les insère ; on y glisse de la prose en l’honneur du saint qu’on s’est choisi et à la plus grande gloire des doctrines dont on a le culte juvénile : comment revenir après cela ?
Tous mes amis sont morts dans ce pèlerinage, Tombés dans le cercueil, hélas ! […] Je m’explique bien par là que les jeunes amis de M.
Les Chroniques de France, publiées en 1829, furent pourtant jugées, en général, comme une erreur honorable d’un talent élégiaque et intime, trop docile cette fois aux conseils de quelque ami, savant historien. […] Et maintenant, un soir, si le hasard rassemble Quelques amis encor du groupe dispersé, Qui donc reconnaîtrait ce que de loin il semble, Sur la foi du passé ?
Et qu’est-ce que Patrocle, dès qu’il apparaît, sinon son ami, son suppléant, un autre lui-même ? […] C’est un aspect essentiel que la critique, en parlant d’eux, doit s’attacher à éclairer ; et je rappellerai, puisque je les rencontre, ces paroles magnanimes en même temps que naïves de Sarpédon à Glaucus, au moment de l’assaut du camp : « O ami, si nous devions, échappés une fois aux périls de cette guerre, vivre à toujours exempts de vieillesse et immortels, ni moi-même sans doute tu ne me verrais combattre au premier rang, ni je ne t’appellerais à prendre ta part en cette lutte pleine d’honneur ; mais maintenant, puisqu’il est mille formes imminentes de trépas, qu’il n’appartient aux mortels ni de fuir ni d’éluder, allons, et risquons ou de perdre le triomphe, ou de l’obtenir !
quand on n’a examiné ceux qui nous entouraient que comme des instruments ou des obstacles, comment voir en eux des amis ? […] Les palmes du génie tiennent à une respectueuse distance de leur vainqueur ; les dons de la fortune rapprochent, pressent autour de vous, et comme ils ne laissent après eux aucun droit à l’estime, lorsqu’ils vous sont ravis, tous vos liens sont rompus, ou si quelque pudeur retient encore quelques amis, tant de regrets personnels reviennent à leur pensée, qu’ils reprochent sans cesse à celui qui perd tout, la part qu’ils avaient dans ses jouissances, lui-même ne peut échapper à ses souvenirs ; les privations les plus douloureuses sont celles qui touchent à la fois à l’ensemble et aux détails de toute la vie.
Emmanuel Des Essarts Qu’on proclame l’Aède éternisé parmi Les maîtres du grand Art radieux et prospère, J’adorerai Celui dont il fut dit : « le Père » Et dont nous disions, fils respectueux : « l’Ami », Mâle raison, courage ardemment affermi, Qui, de rares vertus immuable exemplaire, Vint embrasser Paris dans la chance contraire, Et ne sut ni vouloir ni souffrir à demi ; Être indulgent et bon, soulevant les poètes, Tel qu’on voit Apollon sur un socle romain Tenir un petit dieu d’ivoire dans sa main, Et qui, plein de pudeur en ses fiertés muettes, Voilait discrètement, hormis pour notre chœur, Le plus beau, le plus pur des diamants, son cœur ! […] Auguste Vacquerie Toi qu’on disait l’artiste ardent mais l’homme tiède, Le rimeur égoïste et sourd à tous nos cris, Le jour où l’Allemagne assiégea ce Paris Haï des nations parce qu’il les précède, Quand sachant que Paris difficilement cède Et que, criblé, haché, broyé sous les débris, Les obus n’obtiendraient de lui que son mépris, L’Allemagne appela la famine à son aide, Quand plusieurs étaient pris du goût de voyager, Toi qui dans ce moment étais à l’étranger, Chez des amis, avec une fille chérie, Dans un libre pays, au bord d’un lac divin, Pouvant vivre tranquille et manger à ta faim, Tu choisis de venir mourir pour la patrie.
Un notaire, qui est son parrain et l’ami dévoué de sa mère, est bien forcé de lui apprendre qu’il est enfant naturel ; il lui révèle, en même temps, le nom de son père, Jacques court à ce père, qui s’excuse comme il peut de ne l’avoir pas reconnu et lui refuse la main de sa nièce, par toute sorte de raisons tirées des lois du monde. […] Le comte de la Rivonnière a un fils dont il a fait son ami et son camarade.
Le livre commence par une préface sous forme de lettre adressée à un ami ; cette préface apologétique a pour objet d’excuser l’auteur, qui sent, malgré tout, l’inconvenance d’une publication romanesque dans les circonstances graves où il s’est placé et où il a tout fait pour placer son pays. […] L’auteur s’y souvient, mais à peu près ; les portraits de ses amis, il les force et les exagère.
Il faisait des couplets dans le goût de Coulanges ; il écrivait à ses amis des lettres en prose entremêlée de vers dans le goût de Chaulieu. […] Dangeau lui écrivait, à propos d’une lettre à Berwick qu’on trouvait remplie de délicates louanges : « Elles ont été du goût de tous les honnêtes gens qui sont à Marly. » Mais ce genre de vogue ne l’aurait mené qu’à être apprécié de ses amis et des sociétés qu’il égayait, et ne lui aurait pas même procuré une physionomie distincte dans la chronique du temps.
Seulement que les puissants montrent sur l’inconvénient d’avoir pour ami l’ours qui ne sait écraser qu’avec le pavé de la censure les allusions imperceptibles qui viennent se poser sur leur visage. […] Qui lui rendra le public du lendemain, ce public ordinairement impartial, ce public sans amis et sans ennemis, ce public qui enseigne le poëte et que le poëte enseigne ?
Je l’ai vu souvent les écrire joyeusement, sans se prendre le front une seule fois, sans se replier sur lui-même, sans cesser de causer avec nous, qui nous abattions sur lui comme des abeilles sur une grappe de raisin, qui bourdonnions autour de lui ; car il travaillait sa chambre pleine d’amis et… d’actrices, — ses sujettes de feuilleton, — qui, certes, ne l’induisaient pas au recueillement ! […] Sans sa vocation d’écrivain, il aurait été comme Théodore Burette, son ami, un professeur de rhétorique, et, clichés et ficelles !
Ce même Thompson a composé un éloge funèbre en l’honneur du lord Talbot, qui avait été son bienfaiteur et son ami. […] tandis qu’avec la nation tu pleures un ami et un père, permets à ma muse de verser sur la tombe de Talbot des vers sortis de mon cœur et dictés par la vérité.
« Ce fut la terre94 qui d’abord produisit l’homme, portant ainsi sa plus noble parure et voulant être la mère d’une race paisible et amie des dieux. […] La morale en est haute, il est vrai, l’accent austère et simple95 : « Plus que devant tout autre, rougis devant toi-même. — Honore ton père et ta mère, tes parents les plus proches ; et, parmi tous les autres, choisis, dans l’ordre de la vertu, le meilleur pour ton ami. » Ce sont là des maximes belles dans tous les temps ; une part d’enthousiasme s’y mêle.
C’est une citadelle qui a courageusement repoussé les assauts, et que la famine force enfin de se rendre. » « Une femme nous semble un peu moins jolie quand nous avons entendu contester sa beauté. » Je ne sais si l’auteur a raison de refuser aux femmes la faculté d’être amies entre elles ; il ne la leur refuse du reste que dans leur première jeunesse et quand une autre sorte de passion plus vive est en jeu.
. — Notre ami Drolichon (1898). — À Cocagne !
La fleur fraîche a péri, mais la feuille éternelle Verdoie, et tu souris, poète, et lu entends Chanter, échos amis de ta voix fraternelle, « Les joueurs de Syrinx épars dans le printemps ».
« Du Rhône aux Alpes et de la Durance à la mer, combien d’amis inconnus, se disait-il, accueilleront ces pages que je vais leur envoyer !
Autour d’un individu, il faut tracer, si l’on veut avoir de lui une idée suffisante, des cercles concentriques qui sont la famille, le groupe de ses amis et camarades, sa ville, sa province, sa nation, sa race.
Il se contenta de dire à ses amis : Si l’Auteur de cette Critique m’eût prévenu, je lui aurois donné de quoi grossir son Livre ; car j’ai pris beaucoup plus de choses des Italiens qu’il ne pense.
« Quand je dîne à Versailles, disoit-il à ses amis, il me semble que je mange à l’office : on croit voir des Valets qui ne s’entretiennent que de ce que font leurs Maîtres ».
Un jour, son ami Racan, à qui il venoit de réciter une Ode, lui ayant avoué de bonne foi, qu’il n’avoit pu en juger, parce que dans la récitation il avoit mangé la moitié des vers, il entre aussi-tôt en fureur, & lui répond : Ils sont à moi, puisque je les ai faits ; si vous me fâchez, je les mangerai tous.
Saint-Didier, [Ignace-François Limojon de] né à Avignon en 1668, mort dans la même ville en 1739, cultiva la Poésie Provençale avec succès, & auroit pu également réussir dans la Poésie Françoise, s’il eût eu plus de goût & des amis prompts à le censurer.
Il est vrai qu’il eût dû être plus modéré ; mais il faut distinguer les égaremens du goût, de ceux des sentimens : M. de Fontenelle fut toujours son ami, après avoir été son maître.
Quand tu es à cheval, les guinné ne peuvent pas faire leurs sottises car ils sont amis des chevaux ». (— Toi, commandant, tu ne l’as jamais remarqué ?
Le hasard lui fait entendre une causerie confidentielle de Raoul, son mari, avec un de ses amis intimes, et ces confidences lui prouvent, hélas ! […] Il a pour amis, pour alliés, pour soldats, pour sujets, tous ceux qui détestent Boris Godounof, et Boris est détesté de tout le monde. […] que ses amis se détournent de lui et évitent sa rencontre, dans la crainte de sollicitations et d’emprunts ; cela est vil et méprisable ; mais qu’y faire ? […] Je n’excuse pas les amis de Georges, mais je les comprends. […] J’ai lu avec attention son poëme de Bhagavat, que ses amis m’avaient vanté.
Lord Byron s’exila sous la même contrainte, et quand il partit, ses amis craignirent que la foule assemblée autour de sa voiture ne portât les mains sur lui. […] Il employait le reste de la journée, comme un méthodiste, à lire l’Écriture ou des sermons, à chanter des hymnes avec ses amis, et à s’entretenir de matières spirituelles. […] Le soir, auprès de son amie dont les aiguilles courent pour lui sur la laine, il lit ou écoute les bruits demi-assoupis du dehors. […] Mon ami, soyez un homme de bien ; soyez vertueux, soyez religieux, soyez un homme de bien. […] Il vit paisiblement au bord d’un beau lac, en face de nobles montagnes, agréablement retiré dans une maison élégante, parmi les admirations et les empressements d’amis distingués et choisis, occupé de contemplations que nul orage ne vient troubler, et de poésie que nul embarras ne vient empêcher d’éclore.
Médor le découvre et se charge courageusement de ce fardeau : un escadron s’approche : la frayeur sépare les deux amis. […] Une visite que l’Arabe fait au législateur prophète, m’a donné l’occasion de retracer en peinture, sur les voiles de sa tente, la plupart des incidents dont je recommande l’étude aux amis du simple et du vrai beau. […] Son Atayde ses amis n’étaient plus : il ne lui restait qu’un serviteur indien qui descendait chaque soir quêter dans l’ombre pour la nourriture de son maître. […] « Cher ami, dit Nisus, voici l’heure propice ! […] Il ne saura pas, alors que Nisus se livre à Volscens pour sauver la tête de son ami qu’on veut immoler par vengeance, il ne saura pas lui faire jeter ce cri si bien rendu par Lebrun.
Auguste tendoit simplement la main à Cinna, en lui disant : soyons amis. […] On m’enleve ce que j’aime, dit-il à son ami, & tu me défends les larmes ! […] On peut bien y faire gémir une mere, une soeur, un ami tendre ; mais si l’on est cet ami, cette mere, ou cette soeur, on ne fera point d’élégie, ou l’on s’y peindra foiblement. […] On se défie moins d’un concitoyen que d’un étranger, d’un ami que d’un concitoyen, &c. […] Mais Alexandre, enclin dès l’enfance à la rapine, fut le desolateur des nations, le fléau de ses amis & de ses ennemis.
Ton frère est quelquefois mauvaise tête ; il agit avec ses amis comme avec des étrangers. […] Quelques vieux amis, dévoués et discrets, l’avaient suivi dans cette retraite. […] Cela rappelle un mot historique de votre roi Frédéric II, ami de notre Voltaire. […] C’est une fête à laquelle on convie les parents et les amis. […] Duclos, le seul ami qu’il eût dans la colonie, venait d’être foudroyé par une attaque de choléra.
Voici ce qu’écrivait madame Émile de Girardin dans un de ses Courriers de Paris, à la veille du grand jour ; amie particulière de M.
Élevé en Suisse où il reçut une éducation libre, rêveuse et solitaire, que n’aurait pas désavouée Rousseau, devenu plus tard le disciple et l’ami de Bonnet, qui dès l’abord s’empara, comme il le dit, de toute son âme, et depuis transporté dans les différentes contrées du nord et sous le ciel de l’Italie, il dut garder dans le commerce des hommes les habitudes intellectuelles de sa vie première, et surtout un goût décidé pour l’étude de soi-même et des autres.
Et comme vous n’êtes pas la plus belle, on a honte de vous, un peu ; et lorsqu’on promène les autres par la ville, joyeusement endimanchés, on vous oublie à la maison, petite Cendrillon que vous êtes… Richesse de la Muse, ma chère, fille alitée de mon pins vieil ami, on est injuste avec vous.
Le fondateur de ce théâtre, qui s’est réservé la difficile tâche de le fournir de pièces et de jouer celles-ci avec des amis, est M.
Il étoit ami de Pélisson.
Le Huron, Lucile, Silvain, l’Ami de la Maison, sont des preuves que son esprit est précisement fait pour les bagatelles, sur-tout quand une Musique agréable vient relever un peu la fadeur de sa Poésie.
L'Abbé d'Olivet dit que Pélisson, passant par Pezenas, quatre ans après la mort de Sarasin, qui avoit été son ami, se transporta sur sa tombe & l'arrosa de ses pleurs.
Il invitoit les amis, les protecteurs de ce poëte à l’abandonner ; les magistrats à le punir, à faire un exemple des gens de lettres incrédules.
Mon ami, je suis trop heureuse, le bonheur m’ennuie… ……………………………………………………………………………………………… Ne trouvant donc rien ici-bas qui lui suffise, mon âme avide cherche ailleurs de quoi la remplir ; en s’élevant à la source du sentiment et de l’être, elle y perd sa sécheresse et sa langueur : elle y renaît, elle s’y ranime, elle y trouve un nouveau ressort, elle y puise une nouvelle vie ; elle y prend une autre existence, qui ne tient point aux passions du corps, ou plutôt elle n’est plus en moi-même, elle est toute dans l’être immense qu’elle contemple ; et, dégagée un moment de ses entraves, elle se console d’y rentrer, par cet essai d’un état plus sublime qu’elle espère être un jour le sien… ……………………………………………………………………………………………… En songeant à tous les bienfaits de la Providence, j’ai honte d’être sensible à de si faibles chagrins, et d’oublier de si grandes grâces… ……………………………………………………………………………………………… Quand la tristesse m’y suit malgré moi (dans son oratoire), quelques pleurs versés devant celui qui console, soulagent mon cœur à l’instant.
« Ô toi qui, couronné d’une gloire immense, laisses, du haut de ta domination solitaire, tomber tes regards comme le Dieu de ce nouvel univers ; toi, devant qui les étoiles cachent leurs têtes humiliées, j’élève une voix vers toi, mais non pas une voix amie ; je ne prononce ton nom, ô soleil !
* * * — Saint-Victor me contait ce mot d’un très illustre juif, auquel un ami demandait, à la fin d’un dîner où l’on avait largement bu ; demandait, pourquoi étant si riche, il travaillait comme un nègre à le devenir encore plus : « Ah ! […] C’était la chambre d’un ami, d’un élève en médecine, d’un interne d’hôpital d’enfants, lequel s’était voué à des recherches remontant des enfants aux familles, un homme du plus grand avenir, mort à Montpellier à vingt-cinq ans. […] Ils ont tous l’air de digérer le succès d’un ami. […] Il avait des amis, comme un particulier, Kisseleff, par exemple, qui entrait à toute heure, familièrement, dans la chambre de l’Impératrice. […] Il vient de battre pour le succès de son ami tous les cafés Tabourey du quartier Latin, ayant laissé, je ne sais où, Monselet un peu éméché, et qui en est à son second souper, et compte bien ne pas s’en tenir là.
, 1901, in-18. — Héros d’Afrique, Eugène Fasquelle, 1903, in-18. — Éva Tumarches et ses amis, id. […] Un vol. in-18, Paris, Société du Mercure de France, 1900. — Le Petit ami (ouvrage autobiographique et non roman), un vol. in-18, Paris, Société du Mercure de France, 1903. — Henri de Régnier, Étude biographique et littéraire, dans la collection Les Célébrités d’aujourd’hui, une plaquette, in-18, Paris, Sansot et Cie, 1904. […] Fasquelle, 1903. — Le Vieil Ami, un acte, (Théâtre Antoine 1904), E. […] Machen), La Plume, 1901, in-18. — Le Mariage de Don Quichotte, Juven, 1902, in-18. — Les Tendres ménages, Mercure de France, 1904, in-18. — Mon Amie Nane, Mercure de France, 1905, in-18. […] Œuvres. — L’Accueil, poème, Ollendorff, 1901, in-18. — Les Amis du Peuple, roman, E.
Jeanne d’Arc était considérée à la fois par ses amis et par ses ennemis comme en possession d’un pouvoir surnaturel. […] Tout ce qu’il faut, mais sans excès ; et vous saurez garder dans cette exécution la dignité d’un jeune ami à la fois respectueux et affligé. […] On acquiert bien des amis par vingt déboulonnements exécutés avec soin, mais que de haines ! […] Un louis donné à propos vous fera passer pour un bon camarade, pour un homme dont il y a profit à être l’ami. […] Voilà, mon cher ami, les premiers conseils que je vous donne, ou plutôt les idées que je soumets aux méditations de votre esprit précoce.
Des larmes humectèrent ses yeux et l’amie pleura. […] Calomnions, mes amis, calomnions toujours ! […] Nous sommes perdus, mes amis, si l’on se remet à aimer les belles mélodies ! […] Widmann, ami intime de Brahms, pour le prier de lui servir d’intermédiaire auprès de l’auteur du Requiem allemand. […] Je voudrais qu’auparavant vous lisiez ma petite brochure, Richard Wagner à Bayreuth ; mon ami Rée la possède.
La gaieté des amis de Ninon avait passé, en prenant un caractère plus licencieux, chez les courtisans du grand-prieur de Vendôme. […] Bientôt les souverains devinrent ses amis, et presque ses flatteurs. […] Aussi paraît-il que les amis d’Helvétius ne songeaient pas à faire une réputation à l’œuvre de leur disciple. […] Cet homme quitte la plume, et redevient ce qu’il est réellement, ami du calme, de la douceur, de la pitié. […] Nous nous applaudirons de voir la France si fertile en hommes éclairés et en amis du bien public.
De même l’esquisse du cercle des amis de Keats. […] Pour amis, de pauvres voleurs, pour livres des réglements sans signification. […] John Martin Crawford sera certainement bien accueillie de tous les lettrés, de tous les amis de la poésie primitive. […] Otso, l’ours, est « la Patte de miel des montagnes, l’ami des forêts, à la robe de fourrure ». […] C’est là un livre que tous les amis de la littérature seront certainement enchantés de lire.
Tantôt c’est un vice choisi dans les catalogues de la philosophie morale, la sensualité acharnée après l’or ; cette double inclination perverse devient un personnage, sir Épicure Mammon ; devant l’alchimiste, devant le famulus, devant son ami, devant sa maîtresse, en public ou seul, toutes ses paroles expriment la convoitise du plaisir et de l’or, et n’expriment rien de plus121. […] Tu es un homme fait pour faire des consuls129. » — Ailleurs le sénateur Latiaris amène chez lui son ami Sabinus, et s’indigne devant lui contre la tyrannie, souhaite tout haut la liberté, le provoque à parler. […] Les Pères entrent inquiets dans le temple d’Apollon ; depuis quelques jours, Tibère semble prendre à tâche de se démentir lui-même ; il élève les amis de son favori et le lendemain il met ses ennemis aux premiers postes. […] » Elle commande aux valets de parler haut ; elle fait ouvrir les portes toutes grandes à ses amis. […] Survient un ami de sir Dauphine avec une bande de musiciens qui jouent ensemble tout d’un coup, de toute leur force. « Oh !
Il continua, au témoignage de La Fontaine, « d’aimer extrêmement les jardins, les fleurs, les ombrages », et c’est lui qui retient ses amis pour assister aux féeries du soleil couchant. […] Ses lettres à son ami Boileau, à son fils Jean-Baptiste, d’une simplicité si vraie, respirent la plus rare beauté morale ; et quelle tendresse on devine sous cette forme prudente et contenue, imposée par la « politesse » du temps et par la pudeur chrétienne ! À la fin d’une lettre à Boileau, il fait cet aveu : « Plus je vois décroître le nombre de mes amis, plus je deviens sensible au peu qui m’en reste. […] Et pourtant il restait publiquement l’ami des jansénistes persécutés. […] Il était grand ami de Vauban.
La Communication a mes amis (Leipzig, 1850), préface à une édition allemande des premiers poèmes dramatiques, donne plus sommairement la même doctrine dès lors pleinement conçue. […] La Revue de Bayreuth (Bayreuther Blaetter) Analyse du numéro de mars 1885 1° La Rédaction consacre quelques lignes à la mémoire du comte Alexander von Schleisitz, ministre de la maison de Prusse, décédé le 19 février, depuis vingt ans un des amis les plus dévoués de Wagner et de la cause wagnérienne. […] Il cite un autre texte important Une communication à mes amis, paru en 1852 à Leipzig qui, avec la Lettre sur la musique, résume bien la théorie wagnérienne. […] Ami du peintre, il lui consacre une monographie en 1909 et Fantin-Latour l’a représenté à l’extrême gauche du tableau Les wagnéristes (1885). […] Celle-ci avait été élevée par Malwida Von Meysenburg, amie de Liszt et de Wagner.
— J’habitais Rome lorsque parut ce « rifacimento » ; nous le lûmes un soir, entre amis, et j’eus aussitôt l’impression désagréable de tons heurtés, d’une cacophonie. […] Benedetto Croce, pourtant si bienveillant pour son ami, y a touché, en passant, d’une façon très juste (La Critica, vol. […] Or, comme on a supprimé le truc trop facile des confidents, il faut recourir, pour l’exposition, aux amies et amis indiscrets, aux serviteurs bavards ; tout cela potine et caquette dans une salle de bal, autour d’une table à thé ou d’un jeu de puzzle (qui tend à remplacer le whist), ou entre deux coups de balais ; et puisque tout se passe « comme dans la vie », c’est par de longs méandres qu’on arrive au but ; c’est du temps perdu pour l’action, et c’est un éparpillement de comparses qui nuit à la psychologie des personnages essentiels. […] Ce mot est attribué à Platon ; mais à tort. — Mon ami, le philosophe Maurice Millioud, m’écrit à ce sujet : « Le mot n’est pas dans Platon.
Je revele les secrets d’un ami après sa mort ! […] Si je rapportois cela, sans qu’elle fût en état d’en convenir, ses amis qui sçavent ses sentimens, me soûtiendroient que cela est impossible ; cependant rien n’est plus vrai ; et, s’il m’est permis de citer un de mes vers traduit de l’iliade, il me semble que la divine voix frappe encor mon oreille . […] Mais quand un auteur sçait gré à ses amis de l’avertir de ses fautes, qu’il leur demande un compte exact de ce qu’ils entendent dire de son ouvrage, et que sa mauvaise humeur ne les fait pas repentir de leur sincérité ; alors la vérité ne lui échappe pas. […] Mes amis par un motif plus noble m’honorent de cette liberté, ils ne me ménagent point les expressions ; et presque tout le monde, ou par amitié, ou sous prétexte d’amitié, est en possession de me dire les choses les plus dures pour l’amour propre. […] mes amis, héros de la Grece, disciples du dieu Mars, Jupiter m’afflige d’une maniere bien cruelle.
Pie VII ne se réservait que le sanctuaire ; le pape temporel, c’était son ami Consalvi ; il m’aimait, et je le rends bien à sa mémoire. […] Ce père, mort jeune, l’avait confié à un sculpteur de ses amis, à Venise ; le jeune homme y avait appris les rudiments d’une sculpture grossière et purement industrielle ; il était né peu à peu de lui-même, comme naît le véritable génie, qui ne sort pas de l’école, mais de la nature. […] Gaspari nous reçut comme des amis inconnus ; et, pendant qu’il envoyait son fils chercher une maison pour nous dans quelque masure encore debout d’Athènes, une de ses filles, Athénienne, belle et gracieuse image de cette beauté héréditaire de son pays, nous servait, avec empressement et modestie, du jus d’orange glacé dans des vases de terre poreuse, aux formes antiques. […] LVII J’envoyai demander au bey turc Youssouf-Bey, commandant de l’Attique, la permission de monter à la citadelle avec mes amis, et de visiter le Parthénon.
Il se souvient qu’il a là une douzaine d’étudiants, ses amis, qui ont fantaisie de se battre pour quoi que ce soit, qui n’est ni la monarchie légitime, ni la royauté d’occasion de 1830, ni la république proprement dite, forme définie de gouvernement, mais un je ne sais quoi, qui s’appelle tantôt la démocratie, tantôt l’idéal, en réalité le drapeau rouge. Une voix l’appelle dans la nuit, c’est celle d’Éponine ; elle lui dit que ses amis l’attendent à la barricade. […] « D’ailleurs, qu’on ne l’oublie pas, les intérêts sont là, peu amis de l’idéal et du sentimental. […] Entre ces deux philosophies sociales, il n’y a pas de milieu : ou il faut rêver avec les utopistes actuels, ces Titans de l’absurde, des rêves tels que j’aimerais mieux croire à la quadrature du cercle et aux hallucinations apocalyptiques de Patmos qu’à la réhabilitation de la chair par Saint-Simon, ou à la mer de lait sucré, ou à l’accroissement physique de l’homme par l’allongement de la colonne vertébrale, c’est-à-dire par l’ignoble partie innommable du buste humain ; ou bien, faut-il le dire, à l’immense et universelle félicité de l’être à deux pieds sans plumes, de mon sublime ami Victor Hugo, qui, lui du moins, est hardiment spiritualiste et philosophiquement chrétien.
Coriolis de Naz, peintre et créole, prend pour maîtresse Manette Salomon, un modèle d’atelier, se trouve enlacé et opprimé par la juive, qui peu à peu s’est révélée en elle, la subit lâchement, renonce à ses amis, renonce au grand art, épouse tout en la détestant l’horrible maîtresse… C’est un homme avili, abruti, fini. […] Dans Charles Demailly, la rédaction du Scandale, surtout le forban de lettres Nachette ; Giroust le dessinateur, toujours plein de bière et obsédé par le moderne ; et la table du Moulin rouge : Masson, qui est sans doute Théophile Gautier ; Boisroger, qui ressemble à Banville ; Franchemont, qui rappelle Barbey d’Aurevilly Dans Manette Salomon, Chassagnol le noctambule, le toqué d’art, avec ses monologues ahurissants ; Garnotelle, le type inoubliable du peintre académicien, de la médiocrité correcte armée de savoir-faire ; la kyrielle variée des amis d’Anatole, depuis M. […] Les amis de MM. de Goncourt diront : Qu’importe si, en dépit des négligences et des incorrections, peut-être même avec leur aide, ils nous ont donné la sensation qu’ils voulaient ? […] Ce goût malsain s’explique si l’on considère que ce qui nous attache à un grand artiste, c’est ce qu’il a de particulier, ce sont ses qualités propres et vraiment originales, c’est-à-dire précisément celles qui, développées à outrance et sans contrepoids, deviendront des défauts aux yeux des critiques non prévenus et des esprits amis de la mesure ; mais les initiés ne s’en apercevront point, ou bien, comme ces défauts ne font qu’accentuer la marque personnelle par où ils ont été séduits, s’ils les sentent, ils les aimeront comme des qualités de plus en plus singulières.
Le premier aura cent amis contre un que se fera le second ; car pour un qui peut s’appliquer ce régime de santé et de longévité, il y en a cent qui ne peuvent qu’offrir à Dieu, en compensation de leurs offenses, le mérite de souffrances irréparables. […] Je reconnais le détachement du sublime martyr dans l’homme qui conseille à ses amis de ne point s’attacher à qui ne s’appartient plus, à qui ne peut donner ce qui n’est plus à lui. […] Périer, beau-frère de Pascal, on lit ce passage significatif : « Il y a une nouvelle théologie morale d’Escobar, et de casuistes comme Mascarenhas, Busembaum, etc., où il y a les meilleures choses du monde pour nous… Je perds beaucoup, et nos amis, que les jours n’ont que vingt-quatre heures 46. » Cette lettre, copiée sur l’original, sans nom d’auteur, est-elle de Pascal ? […] La sincérité de ces solitaires qui sont sans complaisance pour l’ouvrage de leur ami ; l’auteur qui s’en aperçoit et les en loue ; Pascal prié d’entreprendre un travail où Arnauld n’a pas réussi, et qui accepte la tâche par déférence et dévouement ; ce grand succès produit par des causes si pures ; où y a-t-il un plus bel exemple et un meilleur enseignement ?
Voici déjà notre chef de retour avec l’ordre du roi : ainsi, notre ami, bientôt tu vas être rendu à tes chers poissons, ou servir de proie aux chacals et aux vautours. […] l’ami, tu peux te vanter d’avoir vu de près la triste demeure de la mort. […] Vois l’aveugle rejeter, plein de terreur, loin de lui la couronne de fleurs dont une main amie vient de parer sa tête, et que, dans son erreur, il prend pour un odieux serpent. […] Là aussi était notre cabane de feuillage… Voici la demeure de la belle Vasanti, tendre amie de Sita, nymphe officieuse de ces bois antiques.
Au demeurant, il était ami des exercices, adroit aux armes, savant aux jeux, accort aux assemblées, et partout ingénieux, admiré pour son esprit, et redouté pour son courage. […] Il pria le président Jeannin, comme sien ami et comme agréé de plus par le roi, de l’accompagner dans le voyage qu’il avait à faire à Paris où l’appelaient tous les siens : « Il s’y achemina dès lors, raconte le président, avec environ deux cents chevaux et mille ou douze cents hommes de pied, toujours en intention de se mettre en sûreté et à couvert par un traité ; mais ses troupes, qui étaient petites d’entrée, grossirent par les chemins. » Il apprenait en même temps que de tous côtés dans le royaume, au bruit de l’attentat de Blois, des levées et des mouvements se faisaient en sa faveur ; la pensée de soumission s’affaiblit alors et fit place, dès qu’il y eut jour, au désir naturel de la vengeance.
Être homme de lettres comme on est avocat, comme on est médecin, ne vivre que de sa plume, ne relever que du public, des nombreux amis et des clients qu’on s’y est faite, quoi de plus noble et de plus honorable ? […] La nouvelle qui a obtenu le second prix, et qui a pour titre Le Chant des Hellènes, est une confession, ou du moins une confidence, celle d’une femme à une jeune amie qu’elle veut prémunir contre un travers dont elle n’a pas pu se garder elle-même. « Préserver son imagination de tout écart n’est qu’un simple calcul de bonheur pour une femme vertueuse » : cette épigraphe, empruntée à Mme Necker de Saussure, se trouve justifiée par le récit ; mais ce récit est facile, naturel, coulant, et n’a rien d’une prédication.
Son fils, le duc de Chevreuse, l’élève de Lancelot et l’ami de Fénelon, est une autre espèce de curieux, toujours dans les projets, dans les mémoires, dans le travail du cabinet, dans les entreprises nouvelles, dont il s’engoue, qu’il étudie à fond, mais qu’il ne mène pas toujours pour cela à bonne fin : on peut voir, sur son compte, ce que Saint-Simon et Fénelon, tous deux d’ailleurs pleins de respect pour lui, s’accordent à dire. […] Les amis de la reine, et lui-même le duc de Luynes, s’expriment sur son compte avec assez d’éloges.
Les caractères sont ceux du xviie siècle ; l’œil de l’enfant et l’œil du vieillard s’en accommodent également bien et s’y reposent ; rien d’aigu, rien de pressé et d’entassé ; il y a de l’espace et un espace égal entre les mots, l’air circule à travers avec une sorte d’aisance, la prunelle a le temps de respirer en lisant ; en un mot, c’est un caractère ami des yeux. […] Il faut, après cela, tirer l’échelle, ou, de dépit et de désespoir, faire comme un de mes amis, grand amateur de poésies populaires, se rejeter sur les Perrault de la Bibliothèque bleue à quatre sous.
Il est accueilli en ami ; on lui propose toutes sortes de jeux, la danse, le chant, les dés, les cartes : il préfère le jeu de conversation, des demandes et réponses sur des cas d’amour, en un mot, faire assaut de bel esprit. […] Jésus Au milieu de tous mes amis.
mon ami, quelle nuit ! […] Pinson fut inflexible : le nom d’Édon était le titre de noblesse de son restaurant. — Un républicain de nos amis, des plus dévoués à sa cause sous Louis-Philippe, et qui avait épousé une femme de la haute bourgeoisie, encore plus républicaine que lui, avait un beau-frère (mari de sa sœur) peintre en bâtiment, à qui il avait fermé sa porte ; c’était également par égard pour sa femme, que cette parenté désagréable eût embarrassée et choquée. — La vanité humaine, moyennant subterfuge, se retrouve partout.
Qu’il plaise à Gott ou qu’il ne lui plaise pas, nous ferons toujours de bonne besogne avec vous, et je vous promets de m’y mettre jusqu’au cou et de vous y servir en ami : je m’en vante et du grand vent. […] Voilà la façon de penser du plus sincère ami que vous ayez et qui s’appelle Louis de Bourbon. » Nous aurions dès ce moment, si c’était le lieu, à faire quelques remarques sur le style particulier de ce prince du sang, style médiocre, délayé, imagé pourtant, mais d’images volontiers basses et communes, comme de quelqu’un qui use avec un parfait sans gêne des plaisanteries courantes dans le populaire et jusque sur le théâtre de la Foire.
Quand on a rapporté la dépouille sanglante De son ami Patrocle, Homère, étais-tu là ? […] Alfred de Musset, que s’il jetait souvent à la face du siècle d’étincelantes satires comme la dernière sur la Paresse, que s’il livrait plus souvent aux amis de l’idéal et du rêve des méditations comme sa Nuit de Mai, il serait peut-être en grande chance de faire infidélité à son groupe, et de passer, lui aussi, le plus jeune des glorieux, à l’auréole pleine et distincte154.
J’ai vu dix fois, à la fondation d’un journal, dans le brouhaha de la première réunion de ceux qui « en seront », le futur secrétaire de rédaction se tourner vers un ami quelconque et dire, du ton désinvolte particulier à la profession : « Dis donc, un tel, tu veux faire les livres ? […] me disait un jour un ami.
Gramontbs Siegfried Clamant victoire en la liesse de l’été Le héros puéril fier de son jeune glaive Foule dans les gazons le dragon mort et lève Vers les arbres amis son bras ensanglanté. […] Aujourd’hui, ils seront les premiers à désirer s’effacer devant l’illustre compositeur qui est pour eux, tout à la fois, le plus vénéré des maîtres et le meilleur des amis.
Et dans cet ordre d’idées notons un recueil de lois et de coutumes du pays de Vermandois, composé au xiiie siècle par le bailli Pierre de Fontaines et qu’il appela Conseils à un ami. […] Et l’on acquiert une exacte notion de la vanité des hommes à voir un nommé Morin publier en 1662 les Pensées de Morin, tout comme ces Messieurs de Port-Royal allaient, après la mort de leur grand ami, survenue cette même année, imprimer les Pensées de Pascal.
Dans ce milieu que j’ai traversé, où j’ai des amis et tout naturellement des adversaires, le Naturalisme scientifique de l’école de Médan ne saurait être accepté tel quel. […] Dans ses rapports avec ses amis, il se montrait au contraire enthousiaste, exalté, et se passionnait facilement. […] Un écrivain réaliste se décide à tirer parti du moindre détail observé chez un ami, même chez un indifférent ou un ennemi juré. […] Son jardin, son cabinet de travail, ses amis peu nombreux, sa famille, quelques réunions chez l’éditeur Charpentier, sont les occupations qui l’absorbent et les distractions dont il jouit. […] Voilà comment mon illustre ami Alarcon, sans être encore un vieillard, peut se vanter d’avoir captivé deux générations de goûts bien différents.
La tradition a conservé de lui quelques autres impromptu du même genre, mais attachés à des anecdotes plus insignifiantes ; et tout concourt à nous représenter cette imagination riante et facile se jouant avec complaisance au milieu des grossiers objets de ses amusements, et l’ami futur de lord Southampton charmant les rustiques riverains de l’Avon par cette grâce animée, cette joyeuse sérénité d’humeur, cette bienveillante ouverture de caractère qui trouvaient ou faisaient naître partout des plaisirs et des amis. […] Les scènes où les amis de Timon s’excusent, sous divers prétextes, de venir à son secours, ne manquent ni de vérité ni d’effet. […] Le style passionné qui y règne, même dans ceux qui évidemment ne s’adressent qu’à un ami, a jeté les commentateurs de Shakespeare dans un grand embarras. […] Beaumont avait perdu son ami Fletcher, mais il conservait son talent, dont Fletcher avait plutôt affaibli que soutenu les effets. […] En 1707, un poëte nommé Tate donna comme son ouvrage un Roi Lear, dont il a, dit-il, tiré le fond d’une pièce de même nom, qu’un de ses amis l’a engagé à lire comme intéressante.
Grand capitaine quand il le faut, endurci aux fatigues, rapide, agile, inépuisable en combinaisons, il ne se laisse ni entraîner par le vertige des conquêtes ni arrêter par des scrupules d’homme civil et des remords d’humanité sur les champs de bataille : humain et clément le lendemain, charmant à ses amis, conciliant à ses ennemis, attentif à tous, fécond jusqu’à la fin en projets immenses, mais utiles à l’empire, qu’il était à la veille d’exécuter sans nul doute et d’accomplir jusque sous les glaces de l’âge.
« J’étais, me dit un jour un ami voyageur, D’un souvenir lointain ressaisissant la fleur, J’étais en Portugal, et la guerre, civile, Tout d’un coup s’embrasant, nous cerna dans la ville : C’est le lot trop fréquent de ces climats si beaux ; On y rachète Éden par les humains fléaux.
Que cette infortunée, qui n’est ni femme ni vierge, et qui pourtant n’est point coupable, soit la véritable Agnès, qui a trouvé moyen de courir les champs en laissant à sa place dans le donjon quelque amie complaisante, c’est ce que devine tout d’abord le lecteur qui sait tant soit peu son d’Arlincourt : mais c’est ce qu’Arthur ne saurait deviner ; et pourtant son cœur à tout hasard n’en préfère pas moins la proscrite de la vallée à l’héritière du château.
S’occupant d’abord de peinture, vivant avec plusieurs amis, poêles, peintres, sculpteurs, de la pure vie d’atelier, il en eut les préoccupations exclusives, le genre sans nuance, et, qu’il nous permette de le dire, quelques-unes des singularités extrêmes, en même temps que l’émulation sérieuse, les études sincères, l’ardeur et l’audace d’esprit.
Lettre d’un vieux ami de province81 5 mai 1840.
Mon ami le moraliste me saisit par un bouton et me dit : — Alors, elle vous enchante, vous, cette Exposition ?
Je ne suis pas assez sûr de la date exacte du Sonnet des voyelles pour avancer autrement qu’en hypothèse que Rimbaud a parfaitement pu écrire ce sonnet, non en province, mais à Paris ; que, s’il l’a écrit à Paris, un de ses premiers amis dans cette ville ayant été Charles Cros, très au fait de toutes ces questions, il a pu contrôler, avec la science, réelle et imaginative à la fois, de Charles Cros, certaines idées à lui, se clarifier certains rapprochements à lui personnels, noter un son et une couleur.
Comme son confrère et ami Maurice Bouchor, il se rue en cuisine… [La Vie littéraire (1891).]
Louis, malgré son peu de respect pour les mœurs, était ami des bienséances.
Un journal d’étudiants, Le Cri du quartier, a publié sous diverses signatures — particulièrement sous les signatures de mes amis Yves Michel et Édouard Guerber — de fières et conscientes déclarations.
Un de ses amis eut l’occasion de visiter le peintre J.
Deux amis de Racan, l’ayant sçu, résolurent de se donner un divertissement qui pensa devenir tragique.
si tout meurt avec nous, les soins du nom et de la postérité sont donc frivoles ; l’honneur qu’on rend à la mémoire des hommes illustres, une erreur puérile, puisqu’il est ridicule d’honorer ce qui n’est plus ; la religion des tombeaux, une illusion vulgaire ; les cendres de nos pères et de nos amis, une vile poussière qu’il faut jeter au vent, et qui n’appartient à personne ; les dernières intentions des mourants, si sacrées parmi les peuples les plus barbares, le dernier son d’une machine qui se dissout ; et, pour tout dire en un mot, si tout meurt avec nous, les lois sont donc une servitude insensée ; les rois et les souverains, des fantômes que la faiblesse des peuples a élevés ; la justice, une usurpation sur la liberté des hommes ; la loi des mariages, un vain scrupule ; la pudeur, un préjugé ; l’honneur et la probité, des chimères ; les incestes, les parricides, les perfidies noires, des jeux de la nature, et des noms que la politique des législateurs a inventés.
Ami La Tour, n’était-ce pas assez que Perronneau te dît, tu es le plus fort ?
Il est quelques vierges de Carle Maratte, que les amis de ce peintre soûtiennent approcher assez de la beauté de celles de Raphaël, sans qu’on puisse les accuser d’une exageration outrée.
Cependant les cabales à qui l’auteur et ses amis imputoient leur premiere chute étoient dissipées quand on les a représentées pour une seconde fois.
Veuillez être mon interprète auprès de nos amis de la Revue Blanche et me croire cordialement vôtre Maurice Barrès12 .
Je ne saurais dire l’impression que j’ai ressentie comme ami du Gouvernement, ce que j’ai pensé et souffert d’une pareille maladresse. […] La presse n’est point si ingrate qu’on se le figure : les générations nouvelles nées et grandies depuis ces vingt dernières années sont amies du suffrage universel et ne sont point ennemies du Gouvernement qui en est issu. […] Les familles, en général (sauf quelques exceptions bien rares), sont peu amies de la littérature.
Pour comble, Richelieu prenait ombrage de sa gloire, et de la même main qui en 1624 l’avait loué d’un style si délicat, lui écrivait en 1627, au plus fort de ses succès : « Je n’ai point celé à un de vos amis que je trouvais quelque chose à désirer en vos lettres, en ce que vous y mettez d’autrui ; craignant que la liberté de votre plume ne fit croire qu’il y en eût en leur humeur et en leurs mœurs, et ne portât ceux qui les connaîtraient plus de nom que de conversation à en faire un autre jugement que vous ne souhaiteriez vous-même11. » Est-ce à cause de cette indépendance d’esprit, ou de cet éclat qui le rendait si visible, que Balzac manqua l’évêché dont Richelieu l’avait quelque temps flatté ? […] Cela fit hâter le Prince, dont tous les amis de Balzac disaient merveilles, et qui parut en 1631. […] « Il n’y en a pas une seule dans le Prince », disaient ses amis.
Et souhaitons de retrouver, à Bruxelles, dans quelques semaines, tous nos amis wagnériens. […] Le poème entier a été terminé en 1852, et l’édition que Wagner fit tirer pour ses amis date du printemps de 1853 (Wagner, VI, 371 ; Glasenapp, 1, 360. […] Nous apprenons que nos amis wagnériens d’Angleterre, qui ont fait à la Revue Wagnérienne, depuis son début, un accueil si chaleureusement sympathique, vont, dans quelques mois, établir à Londres un Wagner-Journal.
Dans la lettre intitulée « Zukunftsmusik » n (tome VII, p. 125), qu’il adressait à un ami de France, Wagner expose comment il fut amené à concevoir l’œuvre qu’il devait réaliser ensuite. « L’artiste, dit-il, se voit parfois forcé d’employer, pour exprimer ses idées, un organe destiné, dès l’origine, à des buts différents du sien. […] A un ami français [Frédéric Villot] en guise de préface à une traduction en prose de mes poèmes d’opéra publiée en 1861, et qui résume toute sa pensée sur le lien entre les arts. Graveur né à Liège en 1809 et mort à Paris en 1875, Frédéric Villot était un ami de Delacroix et fut le conservateur de la peinture du musée du Louvre de 1848 à 1861.
Qu’on le remarque bien toutefois : alors même que Goethe n’avait pas encore subi l’influence de son ami, son réalisme était déjà une source de richesses, car l’observation chez lui n’était que le commencement de l’art, elle n’excluait pas le choix, le dessein, l’arrangement, la pensée enfin, c’est-à-dire la poésie. […] A-t-il consulté directement ou par ses amis les travaux de l’érudition allemande ? […] Ce voyant, quelqu’un de ses amis lui demanda quelle cause le mouvait à tourmenter ainsi son tonneau, auquel répondit le philosophe que, à autre office n’étant par la république employé, il tempêtait son tonneau en cette façon pour, entre ce peuple tant fervent et occupé, n’être pas seul cessateur et oisif. » Le réalisme, qui s’inquiète si peu des idées, fait souvent comme Diogène : plus l’activité humaine se multiplie dans tous les champs de la pensée, plus il tourmente son tonneau vide.
Un ami est un autre moi, mais pourtant il faut qu’il diffère de nous-même. […] Darwin avait pour intime ami le clergyman de son village, ce qui ne les empêcha pas d’être toute leur vie en divergence d’idées sur tout : « M. Brodie Junes et moi, dit Darwin, avons été des amis intimes pendant trente ans, et nous ne nous sommes jamais complètement entendus que sur un seul sujet, et, cette fois, nous nous sommes regardés fixement, pensant que l’un de nous devait être fort malade. » 36.
Berthelot, son ami et son compère, qui a fait en collaboration le livre que voici — deux têtes d’athées dans le même bonnet… de coton, — hélas ! […] Et nul ne sera Dieu que nous et nos amis. […] Le rat passe sa tête à travers le trou du fromage de Hollande dans lequel il grignote, pour jurer qu’il ira, quand on le voudra, au secours de Ratapolis bloquée « J’ai toujours été — dit-il — à la disposition de mon pays. » Ton pays, mon ami, ne pense point à toi !
Ainsi, il tombe comme un milan sur la femme de son meilleur ami, laquelle ne lui fait pas ombre de résistance, et après l’avoir possédée, il lui crache son mépris à la figure. […] Pour en empêcher la consommation menaçante, Feuillet imagine à la Trublet une amie, — invention touchante qui a tant touché qu’elle ne touche plus, — laquelle intervient fougueusement dans cet adultère en fermentation et en demi-bouteille, et, se posant comme la Sabine entre le Sabin et le Romain, étend les bras, et d’une main chasse à Londres le mari furieux, mais docile, pour faire pendant qu’il y sera la cure de sa femme, et de l’autre main elle amène son frère pour aide-médecin dans la cure qu’elle a entreprise. […] Ces gens-là sont très dangereux… Cependant la sœur et amie réussit dans sa cure.
Un collégien, dont l’enfance orpheline s’est écoulée à la campagne, s’éprend, à l’âge des premiers discours français, de la cousine d’un de ses amis, Madeleine d’Orsel. […] Elle est prise au piège de toutes les délicatesses qu’elle a eues pour Dominique malheureux, de toutes les paroles de conseil qu’elle lui a dites, de toutes les longues pensées qui n’avaient pour objet, croyait-elle, que de sauver un ami d’un amour impossible et mauvais. […] Vers le milieu du roman, Dominique discutant avec son ami Olivier, celui-ci lui crie, comme une prophétie : — Ta vie est tracée ; je la vois d’ici : tu iras jusqu’au bout ; tu mèneras ton aventure aussi loin qu’on peut aller sans commettre une scélératesse ; … veux-tu que je te dise tout ?
Il faut de l’argent au père pour continuer ses expériences qui seront demain la fortune : ses amis l’ont refusé ; il s’adresse à l’aînée de ses filles et lui demande ses 50,000 francs ; elle aussi refuse, car ces 50,000 francs c’est le moyen d’assurer le pain de la vieillesse de son père qu’elle sait ruiné. […] Quoi vraiment, messieurs, vous êtes des démocrates et des amis du peuple ! […] Peut-être y aura-t-il alors encore, après le désastre du système littéraire, un écrivain que le grand naufrage n’aura point emporté, auquel les amis de la littérature, presque également attirés et repoussés par lui, feront une place dans leurs bibliothèques.
Les railleries enveloppent jusqu’aux amis du célèbre tragique ; et, pour désigner qu’ils sont artificieux et timides, l’auteur les déguise en femmes, et les introduit en plaideurs femelles venant haranguer contre ses accusatrices. […] L’un vivait studieux et retiré dans un cercle d’amis littérateurs ; l’autre multipliait par son état et pour son art ses relations avec la grande, la moyenne, et la petite société. […] « Nous serons par nos lois les juges des ouvrages : « Par nos lois, prose et vers tout nous sera soumis : « Nul n’aura de l’esprit hors nous et nos amis. […] Arnolphe est jaloux par passion et par système ; mais du reste, homme honnête et libéral qui ne rencontre pas le fils d’un ancien ami sans l’aider de ses services, et lui ouvrir sa bourse généreusement. […] « Un ami qu’on implore ou refuse ou chancelle ; « L’argent est un ami toujours prompt et fidèle.
Une grave pensée gouvernait ce grand labeur. « Par l’intention de mes parents et de mes amis, j’avais été destiné dès l’enfance au service de l’Église, et mes propres résolutions y concouraient. […] Les glorieux chefs de la foi puritaine étaient condamnés, exécutés, détachés vivants de la potence, éventrés parmi les insultes ; d’autres que la mort avait sauvés du bourreau étaient déterrés et exposés au gibet ; d’autres, réfugiés à l’étranger, vivaient sous la menace et les attentats des épées royalistes ; d’autres enfin, plus malheureux que le reste, avaient vendu leur cause pour de l’argent et des titres, et siégeaient parmi les exécuteurs de leurs anciens amis. […] La conscience, ami, de les avoir perdus, usés pour la défense de la liberté, ma noble tâche, dont l’Europe parle d’un bord à l’autre. […] Ensuite il reprenait ses études jusqu’à six heures, et le soir s’entretenait avec ses amis. […] Quand un homme écrit pour le public, il appelle à son aide toute sa raison et toute sa réflexion ; il cherche, il médite, il s’enquiert, ordinairement il consulte et confère avec les plus judicieux de ses amis.
Il fallut à Montaigne le vide, l’ennui, les oisivetés de sa retraite et de sa tour, l’absence d’ami, et l’absence d’un ami. […] encore endormies A nos sourires jumeaux, Similitudes amies Qui brillez parmi les mots ! […] aux fuites habiles, aux chutes sans émoi Nulle des nymphes, nulle amie, ne m’attire Comme tu fais sur l’onde, inépuisable Moi. […] Quels secrets dans son cœur brûlent ma jeune amie ? (si les héroïnes de Racine avaient, au lieu de confidentes, des amies).
Au bout de quelque temps de ce voyage entre bons amis, le catholicisme se trouverait fort dépourvu et amoindri : il le sent, aussi n’accepte-t-il pas les avances, et il tire à boulets contre l’ennemi qui a beau se pavoiser de ses plus pacifiques couleurs.
« Elle parlait pourtant assez bien espagnol, nous dit l’auteur du récit, mais elle n’en prononça pas un mot.Il semble que dans les grandes douleurs, on revient à la langue naturelle, comme on se réfugie dans le sein d’un ami. » L’arrivée de la jeune Mercedès à Cadix, puis à Madrid où elle retrouve sa mère, sa famille ; l’état de la société peu avant l’invasion des Français ; les accidents gracieux qui formaient de légers orages ou des intérêts passagers dans cette existence de jeune fille, puis l’invasion de Murat, la fuite de Madrid, le retour, la cour de Joseph, et le mariage ; tels sont les événements compris dans ces deux premiers volumes de Souvenirs.
Nous nous livrons trop peu à l’admiration, pour n’avoir pas tout à craindre de la calomnie ; les amis, en France, abandonnent trop facilement, pour qu’il ne soit pas nécessaire de mettre une borne à la violence des ennemis.
. — Au lieu de sortir ce matin, après le déjeuner, je me mis à ciseler mon ziegenhain (corne de bois très dur où les étudiants gravaient alors les noms de leurs amis).
Pourtant il a des amis, Mendès tout le premier, Henri Roujon, Wyzewa, qui continuent à l’expliquer couramment.
Dans Lohengrin, fils de Parsifal, le grand-prêtre, ami de Séléné, se lève, et se tournant vers les vierges assemblées « dans le silence polaire », il leur dit : « Mes sœurs, comme ces soirs vont décidément à votre beauté !
Si ce généreux ami vivoit encore, il rendroit plus de justice à mes sentimens, & seroit le premier à s’élever contre l’Ecrivain qui lui fait les honneurs de m’avoir tiré d’une misere que je n’ai point éprouvée.
Moliere avoit des amis respectables, qui le consoloient des chagrins qu’il essuyoit.
M. de Voltaire a beau s'épuiser en raisonnemens, se consumer en recherches, pour prouver que celui dont il se glorifioit autrefois d'être l'Eleve & l'Ami, est véritablement l'Auteur des Couplets qui occasionnerent ses malheurs ; tous ses efforts seront inutiles, & ne produiront jamais que cette réflexion : Comment l'Auteur de tant d'Ouvrages, plus condamnables & plus odieux que ces mêmes Couplets, ose-t-il se déclarer si obstinément l'accusateur d'un homme plus malheureux que coupable, plutôt soupçonné que convaincu ?
L’altération syllabique, intérieure ou finale, n’est pas plus dangereuse : ni la soudure de l’article ou du pronom, loriot pour l’oriot, l’oriol (aureolum), ma mie pour m’amie ; ni casserole pour cassole ; ni palette (de sang) pour poëlette ; ni bibelot pour bimbelot ne sont des accidents graves dans l’évolution d’une langue.
Demain il quittera l’œuvre faite pour l’œuvre à faire ; il sortira de cette foule pour rentrer dans sa solitude ; solitude profonde, où ne parvient aucune mauvaise influence du monde extérieur, où la jeunesse, son amie, vient quelquefois lui serrer la main, où il est seul avec sa pensée, son indépendance et sa volonté.
Là une mère presse son enfant contre son sein ; d’autres s’exposent à périr pour sauver leurs amis ou leurs proches ; un mari tient entre ses bras sa femme à demi pâmée.
Quant aux tableaux dont l’état n’est pas certain en vertu d’une tradition constante et non interrompuë, il n’y a que les leurs et ceux de leurs amis qui doivent porter le nom sous lequel ils paroissent dans le monde.
L’invincible droiture qui était en lui, et qui l’avait empêché d’être gauchi par l’action funeste de son temps, le fit mourir chrétiennement, posant à un de ses amis nouvellement converti toutes les questions du catéchisme, écoutant les réponses, et, foudroyé d’évidence, ne faisant pas une objection.
Fat et gâté par la fortune, le baron poète a trop d’intérêts sérieux en tête pour songer à répondre à Modeste ; il laisse ce soin à son ami et serviteur, Ernest de la Brière, brave et honnête garçon que les fonctions de secrétaire particulier d’un ministre ont conduit à obtenir le poste de référendaire à la Cour des Comptes, et qui, pour s’élever plus haut, s’est réduit à la dure profession d’ami intime du poète Canalis. Chargé, près de cette illustration des fonctions de secrétaire bénévole, M. de Balzac nous montre Ernest de la Brière, dévorant en silence les traits d’égoïsme de son ami, et se dévouant patiemment à servir une gloire dont il a promptement entrevu tous les côtés postiches. […] Son ami, mieux inspiré, entame la correspondance et, pour débuter, il conçoit la fantaisie de faire de la morale à la jeune fille, et de lui remontrer combien une lettre adressée à un homme de lettres, qu’on ne connaît point, peut entraîner d’inconvénients. […] Les amis de la vérité se débattraient dans l’arène contre des lions, des hyènes et des chacals, au lieu de se peloter dans les petits journaux avec des chiens. […] Plusieurs amis, gens de choix, les attendaient à la taverne ; on se mit à table et la bonne humeur s’associa bientôt à la bonne chère.
Mais la demande a été faite d’un air si extraordinaire, que la maîtresse a dit à une amie : « Je ne sais pas, mais il me semble qu’elle ne reviendra pas. » En effet elle ne revenait pas, et le lendemain elle envoyait de Mantes, une lettre où elle disait, qu’ayant perdu ses économies, elle allait se jeter à l’eau, et qu’elle ne s’était pas noyée à Paris, parce qu’elle ne voulait pas être exposée à la Morgue. […] Puis il m’annonce gentiment, que mes amis veulent me donner un banquet, où chaque souscripteur recevra une médaille du profil, qu’a modelé, cet été, le sculpteur Charpentier. […] Cette contre-épreuve, qui vient de la vente Peltier, représente une femme vue de dos, retroussant d’une main par derrière sa jupe aux plis de rocaille, à côté d’une amie allongée sur le rebord d’une terrasse, où elle s’appuie de la main gauche, tandis qu’elle fait un appel de la main droite, à la cantonade. […] Le fond de la pièce, en regard de la baie ouvrant sur l’autre chambre, est comme une chapelle à la mémoire de l’ami Gavarni, renfermant une réunion de ses plus beaux dessins. […] Mais la curiosité grande des deux pièces, c’est la réunion, dans une vitrine, des portraits des littérateurs amis, des habitués du Grenier, peints ou dessinés sur le livre le mieux aimé par moi, et dont l’exemplaire est presque toujours en papier extraordinaire, et renfermant une page du manuscrit autographe de l’auteur.
À une époque où les gens de lettres forment une vaste société liée par les plus étroits rapports, juger ses amis, ses confrères, ses égaux ! […] Les amis de l’art ne perdent pas de vue ces courageux combattants, chez qui tout a son intérêt : la défaite comme la victoire. […] Lui et le comte F. de Gramont, son ami, se plaindront peut-être de ce qu’on ne les ait pas laissés à leur place parmi les poëtes. […] Elle est l’amie de Lamartine, la visiteuse assidue de ses tristesses et de son foyer délaissé. […] Ceux qui résistaient le plus à l’enthousiasme trop bruyant d’une cabale amie, ne pouvaient se défendre à leur gré de partager l’émotion générale.
Parmi ces divers écrits, j’ai publié dernièrement le traité de la Vieillesse, dédié à Atticus, mon ami ; et, comme c’est principalement à la philosophie que l’homme doit sa vertu et son courage, mon éloge de Caton doit aussi prendre place dans cette collection. […] Sa maison de campagne de Pouzzoles est encore le lieu de la scène : « J’étais à Pouzzoles en même temps que Hirtius, consul désigné, l’un de mes meilleurs amis, et qui cultivait alors, avec beaucoup d’ardeur, l’art qui remplit ma vie. […] Jamais, je vous en atteste, le souvenir de l’excellent ami, de l’invincible héros qui a illustré le nom des Scipions, ne quitte un instant mon esprit… « Je m’informai ensuite de son royaume, il me parla de notre république, et la journée entière s’écoula dans un entretien sans cesse renaissant… « Après un repas d’une magnificence royale, nous conversâmes encore jusque fort avant dans la nuit ; le vieux roi ne parlait que de Scipion l’Africain, dont il rappelait toutes les actions et même les paroles. […] Caton montre à ses jeunes amis que toutes les grandes âmes ont pressenti l’immortalité, et n’ont vu la véritable vie qu’au-delà du tombeau. » Il rappelle les arguments des philosophes socratiques, et toutes les meilleures preuves qui, dans les temps anciens, s’étaient offertes à la raison pour établir la sublime vérité enseignée par Platon et par son divin maître.
Le latin est trahi par ses meilleurs amis. […] Qu’est devenu le temps où Budée, pour écrire à ses amis, se servait de la langue d’Athènes ? […] Par cela seul que Ronsard et ses amis, au collège de Coqueret, se sont plongés dans Pindare, Anacréon, les tragiques athéniens, aussitôt les sujets de leurs poèmes, leur style, les mots qu’ils forgent attestent ce retour à l’hellénisme. […] C’est pour ces petites coteries littéraires qu’a été fait le vers de Molière : Nul n’aura de l’esprit, hors nous et nos amis.
Parents, amis, frères, amante même, finissent par se lasser de dévouement ou par s’épuiser de forces. […] « Ils appartiennent à Dieu, me dis-je ; Dieu m’a fait leur ami et non leur tyran. […] Un des combattants, le héros Arjoùn, à l’aspect de ses parents, de ses amis, de ses compatriotes, qu’il faut frapper dans cette guerre civile, sent défaillir en lui son cœur, et préfère recevoir la mort au malheur de la donner. […] Je suis le consolateur, le créateur, le témoin, l’immuable, l’asile et l’ami.
Mignet y a prononcé l’éloge de Jouffroy, mort il y a plus de dix ans, mais qui est encore assez présent par sa physionomie et par ses écrits au souvenir de ses amis et contemporains pour qu’on ait pu songer naturellement à le célébrer. […] Mignet a l’esprit naturellement peu porté à la métaphysique ; il la jugeait viande creuse dans sa jeunesse, et aujourd’hui il l’accepte volontiers toute faite de la main de ses amis.
Il dut à quelques amis de pouvoir s’évader dans une frêle embarcation et fut transporté à Alger. […] Arago, caractérisa heureusement l’intelligence à la fois forte et subtile de son ami, quand il la compara à la trompe, si merveilleusement organisée, dont l’éléphant se sert avec une égale facilité pour saisir une paille et pour déraciner un chêne. » Cela n’est pas tout à fait exact : Jeffrey n’a pas dit une telle chose ; c’est en parlant de la machine à vapeur et de ses merveilleux effets, et non de l’intelligence de Watt, qu’il a dit : « La trompe d’un éléphant qui peut ramasser une épingle ou déraciner un chêne n’est rien en comparaison. » Parlant de l’esprit de Watt, Jeffrey le peint plus délicatement : Il avait, dit-il, une promptitude infinie à tout saisir, une mémoire prodigieuse et une faculté méthodique et rectifiante pour tirer, comme par une chimie naturelle, quelque chose de précieux de tout ce qui s’offrait à lui, soit dans la conversation, soit dans la lecture.
« Vous faites, mon cher ami, l’arrière-garde de la belle littérature française, et il faut que vous ayez été aussi paresseux de corps que peu paresseux d’esprit pour n’avoir pas été de l’Académie. […] Les grands hommes n’ont jamais vécu dans les cercles de la bonne compagnie ; ils y paraissent, mais les entraves dont elle accable l’homme supérieur l’en écartent : il vit en famille, avec sa maîtresse (voilà la marque et le petit signe libertin du xviiie siècle, qui se mêle à tout), avec des amis particuliers ; il cherche la confiance, et il n’a pas besoin des petits succès de la société pour s’assurer de sa valeur… Ce qui ne peint pas moins M. de Meilhan que son moment de société, c’est que dans ce regret général qu’il exprime de voir les caractères s’effacer de la sorte, il trouve moyen de songer même à la disparition prochaine des grands fats et des Alcibiades qui vont chaque jour en diminuant ; il le dit d’ailleurs d’une manière piquante : Il est des genres dans la société qui se perdent ; c’est ainsi que certains poissons, après avoir longtemps abondé sur les côtes, disparaissent pour des siècles.
Lorsque Henri IV eut rendu aux Provinces-Unies tous les services qu’on pouvait attendre du meilleur et du plus sûr allié et ami, il jugea à propos que le président Jeannin fît, avant son départ, une recommandation de charité et de justice en faveur des catholiques du pays, ainsi molestés et opprimés : Je dois cela, disait notablement Henri IV, à la religion de laquelle je fais profession, et à la charité qui doit accompagner un roi très-chrétien, tel que Dieu m’a constitué. […] [NdA] Et puisqu’il est question de ces relations à demi amicales de Jeannin et de Sully, je citerai encore ce passage d’une lettre du président au cardinal Du Perron, écrite avant le voyage de Hollande : Notre Cour est ce qu’elle était à votre départ ; votre ami (Sully) y tient le haut bout, et surmonte tout le reste en autorité et crédit.
. — Ce n’est pas la bonne volonté pour Homère qui a manqué à Diderot, et, sans guère le lire, il a dû plus d’une fois en causer de près et par bouffées avec son ami l’Allemand Grimm, l’ancien élève d’Ernesti. — Celui qui l’a lu (j’entends toujours lu à la source), dans tout ce monde du xviiie siècle, ce n’est ni d’Alembert, ni Duclos, ni Marmontel, ni même le critique La Harpe, dont ce serait pourtant le devoir et le métier ; ce n’est pas même Fontanes, d’un goût si pur, mais paresseux. […] Ronsard y raconte à l’un de ses amis, Pierre Lescot, l’un des architectes du Louvre, comment dès son enfance il résistait à son père qui lui disait de renoncer à la poésie, et comment déjà le démon du rêve et de la fantaisie le transportait ; je crois bien qu’en la mettant à l’âge de douze ans, alter ab undecimo…, il antidate un peu sa jeune manie, pour la mieux peindre ; mais il exprime cela en jeune homme qui n’a pas cessé d’en être possédé au moment où il en parlef : Je n’avois pas douze ans, qu’au profond des vallées, Dans les hautes forêts des hommes reculées, Dans les antres secrets, de frayeur tout couverts, Sans avoir soin de rien je composois des vers.
Sire, et j’ose dire votre gloire, ne vous permettent pas de prolonger davantage l’ignominieuse agonie d’un frère sur le trône d’Espagne, exposé, dans un lieu si élevé, aux risées de vos ennemis et à la déconsidération de ses amis… Toute entrave qui nuirait au but que doit se proposer tout prince honnête homme me rend la place que j’occupe insoutenable. Je ne trouve pas mauvais que l’empereur la fasse occuper par un autre ; je resterai son ami et son frère dans la retraite, comme si la grandeur n’eût jamais existé.
Les mœurs espagnoles, les usages de Madrid et de la cour, les bizarreries et les monotonies de cette vie si nouvelle pour une Française et une amie des La Fayette et des Sévigné, y sont touchées avec une discrète ironie. […] Faites-les commander, prenez les officiers que vous voudrez ; et, en suivant l’armée ennemie pendant trois ou quatre jours, vous verrez ce qu’elle deviendra, et ce que vous pourrez faire sans vous commettre. » Le lendemain soir, au retour, Villars ramenant bon nombre de prisonniers qu’il avait enlevés, le maréchal lui dit : « Nous aurions été brouillés ensemble, si je ne vous avais pas donné un détachement pour suivre vos amis que vous ne sauriez perdre de vue. » En 1677, à la bataille de Mont-Cassel près Saint-Omer, commandant une réserve de cinq escadrons, Villars conseilla sur la droite des ennemis une charge qui, faite à temps, eût rendu la victoire décisive ; mais un ordre précis, apporté par l’aide de camp Chamlay, homme de confiance de la Cour, le força de s’abstenir et de se diriger ailleurs.
C’est lui qui, accosté, au milieu d’un groupe d’amis, par un philosophe soi-disant stoïcien ou cynique qui lui demandait arrogamment, au nom de sa barbe et de son manteau, de lui donner de quoi acheter du pain, répondait : « Qu’il soit ce qu’il veut, donnons-lui pourtant quelque chose, si ce n’est comme à un homme, du moins comme étant homme nous-mêmes… tanquam homines, non tanquam homini. » C’est là une charmante application encore du sentiment et du mot de Térence. […] Mais le christianisme en soi, dans son essence, dans sa valeur morale intrinsèque, ne dépend pas de formes plus ou moins historiques ou politiques, qui se sont souvent modifiées et qui peuvent se modifier encore ; et sans sortir des Évangiles mêmes, en les relisant, en reportant surtout sa pensée, comme je l’ai fait aujourd’hui, sur les discours de Jésus, sur cet incomparable Sermon de la montagne, le premier et le plus beau de tous, on est amené à dire avec un des amis de Pascal : « Quand il n’y aurait point de prophéties pour Jésus-Christ, et qu’il serait sans miracles, il y a quelque chose de si divin dans sa doctrine et dans sa vie, qu’il en faut au moins être charmé ; et que comme il n’y a ni véritable vertu, ni droiture de cœur sans l’amour de Jésus-Christ, il n’y a non plus ni hauteur d’intelligence, ni délicatesse de sentiment sans l’admiration de Jésus-Christ. » Cette conclusion, dont se contentaient d’honnêtes gens au xviie siècle, paraîtra peut-être encore suffisante aujourd’hui.
Alquier était ambassadeur, il avait eu à le remplacer pendant des absences et avait été admis à lire dans l’âme de cette fameuse reine Caroline, fille de Marie-Thérèse, l’amie d’Acton et des Anglais, notre ennemie jurée, une femme violente, capricieuse, passionnée, et qui a laissé dans l’histoire des souvenirs romanesques et sanglants. […] Reinhard écrivait à Gœthe, de Cassel, le 5 août 1811 : « Ce billet, mon très-honoré ami, vous sera remis par M.
présentement (1716), qui sache faire des vers marqués au bon coin. » Au même moment, il traite l’auteur du Diable boiteux comme un faquin du plus bas étage : « L’auteur, écrit-il, ne pouvoit mieux faire que s’associer avec des danseurs de corde : son génie est dans sa véritable sphère. » Réfugié à Bruxelles en 1724, il prie son ami l’abbé d’Olivet de lui envoyer un paquet de tragédies ; en voici la liste : elle serait plus complète et plus piquante, si Rotrou ne s’y trouvait pas : Venceslas, de Rotrou ; Cléopâtre, de La Chapelle ; Géta, de Péchantré ; Andronic, Tiridate, de Campistron ; Polyxène, Manlius, Thésée, de La Fosse ; Absalon, de Duché. […] Rousseau avait probablement attrapé ces lambeaux de métaphysique, sinon dans le commerce d’Alcée, du moins dans les livres ou les conversations de son ami M. de Crousaz.
L’éloquence dégoûtante, triviale, bouffonne, sanguinaire des prédicateurs de la Ligue n’appartient pas plus à la littérature que, sous la Révolution, les diatribes de l’Ami du Peuple ou les grossièretés du Père Duchêne. […] Entre les deux partis extrêmes, un parti de modérés, amis de la paix, de l’ordre et de l’union, sa forma et peu à peu éleva la voix.
Mais c’est déjà beaucoup que de voir s’ébaucher chez ce flatteur de Marino, cet ami de Voiture, ce docteur en titre de la société précieuse, chez l’auteur, pour tout dire, de la Pucelle, c’est beaucoup d’y voir s’ébaucher la formule de l’idéal classique, dans le rapprochement des deux termes qui la composent : souveraineté de la raison, et respect de l’antiquité. […] Il rentre à Paris en 1625, et s’y cache pendant deux ans à tous ses amis, pour sauver son temps et son indépendance.
J’ai toujours un peu de chagrin lorsqu’un bel écrivain a la petite faiblesse de désirer s’agréger à cette assemblée de sous-préfets, et quand c’est un ami je le lui dis franchement. […] Mais voilà un jugement bien sévère et qui va certainement désespérer notre respectable ami Prosper Bricolle !
On étudie l’homme pour en avoir une idée bien incomplète, mais encore une idée ; dans les psychologues, dans les moralistes, dans les philosophes, pour voir quelle idée générale il se fait de l’ensemble des choses et par conséquent quelles sont les tendances générales, très différentes, du reste, de son âme ; dans les historiens, pour voir ce qu’il a été aux différents temps, ce qui élargit et complète et fait plus vraie la notion qu’on peut avoir de lui ; en lui-même enfin, ce qui n’est qu’une façon de parler et ce qui veut dire qu’on regarde avec attention ses amis, ses voisins et les gens que l’on rencontre. […] Julien Sorel est avant tout un ambitieux ; mais il est aussi un amoureux, un rêveur, un poète, un ami et même un petit-maître.
S’il fut de cette école, une plus large fatalité de refléter tout ce qui l’environne, d’accaparer inconsciemment toutes les tendances a fait de lui (c’est sa personnalité, si l’on veut) un candide et très sérieux incohérent : symboliste par Mallarmé, impressionniste par sa fréquentation des peintres pointillistes, scientifique, philosophique, et même teinté du socialisme puéril qui court les rues, lorsque s’avérèrent scientifiquement mes Théories de philosophie et d’art, et aussi parce qu’un de ses amis s’occupe de sciences transcendantes — en même temps qu’il est pénétré inéluctablement de son hérédité sémite compliquant encore l’hétérogénéité, Il arrive enfin, après de prolixes et diffus articles, à cette déclaration éminemment neuve que le Rythme est en tout, à cette erreur scientifique que tout est cyclique, — et pour œuvre, il donna ce livre, les Palais nomades, qui trahit ses velléités de lui donner un lien méthodique, et où ce moderniste à outrance fait à chaque page surgir des souvenirs de Palestines et des Tribus, de Babylones et d’Afriques, parmi des gestes de Mages : et, pour le développement des Rythmes, en pressant les images en chaos et les mots et les phrases sans nul effet à satiété répétés, simplement il allongeait ou raccourcissait extraordinairement l’alexandrin, dont il a sainte horreur pour n’en comprendre pas la mathématique savante. […] Une Revue, les Écrits pour l’Art, qui continue son œuvre de droite et artistique propagande, dès 1887 se fondait par le dévouement ami de M.
Maurice Rollinat, qui l’a ressuscité, disent ses amis, le ressuscitera-t-il par la longueur du temps qu’il mettra à s’attendre ? […] Et, par ce genre d’exécution, il rappelait, je viens de le dire, Thomas Moore, l’ami de lord Byron, qui avait enchanté autrefois les salons de Londres avec ses Mélodies irlandaises.
Dumolard qui s’intitule le doyen des auteurs dramatiques et qui va faire ses visites en disant (comme au reste le disent tous les candidats) : « Je ne me présente que parce que mes amis m’y forcent : mais qu’y faire ?
Un de ses amis, allant à Versailles, rencontre sur la route un homme qu’on portait sur un brancard.
Si vous portez des talents supérieurs au milieu des passions humaines, vous vous persuaderez bientôt que ces talents mêmes ne sont qu’une malédiction du ciel ; mais vous les retrouverez comme des bienfaits, si vous pouvez croire encore au perfectionnement de la pensée, si vous entrevoyez de nouveaux rapports entre les idées et les sentiments, si vous pénétrez plus avant dans la connaissance des hommes, si vous pouvez ajouter un seul degré de force à la morale, si vous vous flattez enfin de réunir par l’éloquence les opinions éparses de tous les amis des vérités généreuses.
Un homme dans la fortune, fêté, adulé, entouré d’amis ; la ruine survient, et ce même homme se voit abandonné de tous.
C’est le Sagittaire que je fondai en juin 1900 avec l’appui des poètes romans et des amis de Paul Verlaine.
Il est néanmoins certain, et il sera prouvé que la guerre de Molière et de ses amis contre ce qu’ils appelaient les précieuses, a été fort malentendue dans le siècle dernier, qu’elle l’est toujours plus mal, à mesure que nous avançons ; il est de fait que l’unique intention de Molière a été d’attaquer les affectations et l’hypocrisie des Peckes (ou Pécores) provinciales et bourgeoises ; qu’il respectait, non pas l’hôtel de Rambouillet qui ne subsistait plus de son temps, mais les personnages qui en restaient, notamment le gendre de la marquise, ce duc de Montausier, dont il emprunta plusieurs traits pour peindre l’austérité de principes et de goût, et pour en orner le liant caractère de son Misanthrope.
Ce fut madame de Montespan qui la fit préférer à madame de Créqui, présentée par Lauzun ; mais ce fut madame de Scarron qui pressa madame de Montespan de solliciter pour l’amie commune chez qui elles s’étaient connues et liées l’une à l’autre.
Il étoit en effet son ami, &, connoissant en lui des talens décidés pour le Théatre, il dut l’exciter sans doute à s’élancer dans une carriere où il devoit figurer avec tant d’éclat.
Ce que je sais bien, c’est que, lorsque j’ai eu à m’occuper d’Hégésippe Moreau, je me suis enquis avec attention et intérêt de tout ce qui pouvait le faire aimer, estimer ; je me suis adressé aux amis de son enfance, à la fermière, à la personne qui le connut dans la petite imprimerie proprette où il passa quelques jours heureux.
Marot & ses amis arrivent sans aucun effort à la cime du roc.
mon ami, pourquoi n’étais-tu pas aux fêtes qu’on a données pour la paix qui vient de se conclure ?
Puis, le culte terminé, le prisonnier dûment raccompagné, les indifférents partis, nous avons rompu le pain dans une assiette, versé le vin dans un gros verre, et sans liturgie, avec le seul récit de saint Matthieu, nous, avons commémoré le plus grand don de l’histoire, nous unissant à nos parents dans l’espérance, à nos amis dans l’amitié profonde, à nos ancêtres dans la foi. » Mais, le plus souvent, les soldats calvinistes, trop isolés pour rien organiser, entrèrent dans la chapelle catholique.
» On ne peut douter qu’un prince ami de l’humanité, si on avait eu le courage de lui parler ainsi, avant qu’il entendît un de ses panégyriques, n’eût à l’instant congédié l’orateur, et que le peuple assemblé n’eût prononcé des imprécations contre le premier citoyen qui dans la suite oserait renouveler cet usage.
Croit-on qu’on aurait applaudi l’Ami Fritz à la Comédie-Française, il y a vingt ans ? […] Un de mes bons amis me faisait des confidences dernièrement. […] Erckmann-Chatrian ont exigé, dans l’Ami Fritz, une fontaine qui coulât ; M. […] Qu’il interroge mes amis, ils lui diront que je sais tomber très gaillardement. […] Talray lui-même, si son échec le contrarie, peut dire à ses amis qu’il a simplement voulu tenir une gageure.
» Et sa reconnaissance ira d’instinct vers la modeste amie qui possède ce qui manque aux déesses, même non dépourvues de tête et de bras : une physionomie ; dans les paupières cillées, des prunelles. […] Il est resté l’ami préféré de ma pensée ; la flamme de ses vers est tellement mêlée à ma vie, à ma jeunesse, à mes amours, à mes cris de liberté que je l’aime comme moi-même, et que je ne puis remonter le cours de mes années sans me rappeler, à chaque aurore, l’attrait divin de ses poésies. […] — Hugo, que le docteur Will, vieux poète allemand, saluait de ces mots, devenus historiques : « phus sêtes hune grand’boîte », eut été un bien plus grand poète encore — c’était du moins ce que prétendait mon ami Paul Arène — s’il était allé au café. […] — Je partage et j’approuve entièrement l’opinion émise par mon ami, M. […] J’approuve qu’on ait mis leur statue sur des places publiques ; mais je ne souffrirais pas leur buste dans mon cabinet, sur ma table de travail, à côté de la photographie de ma bonne amie.
C’est Béroalde de Verville qui donne son Moyen de parvenir : c’est Régnier ; ce sont ses amis qui remplissent le Cabinet satirique de leurs épigrammes ordurières. […] Puis, sentant approcher la mort, il adjura l’un de ses jeunes amis, fonctionnaire comme lui, Charles Perrault, de ne pas laisser tomber la querelle. […] Il semble aussi que, de leur ami Bayle, ce qu’il aimait, ce fut l’érudit, le curieux d’anecdotes et de particularités, le discuteur de questions saugrenues. […] Engagée par une amie dans l’étude de la philosophie de Descartes, et tout entière à la nouveauté des découvertes qu’elle y fait, des doutes ou des inquiétudes lui viennent. […] Car comment ne serait-il pas en lui-même étonné de la quantité de choses auxquelles il s’intéresse, et que ni La Bruyère ni ses amis, les grands défenseurs des anciens, ne soupçonnaient seulement ?
Non seulement les affections rendent la vie plus douce, mais il n’y a pas de poésie possible pour l’homme qui vit sans amis. […] Conseiller vigilant, il aperçoit le danger, il le signale à son ami, à celui qu’il chérit comme son enfant ; mais il est indulgent pour les fautes qu’il a prévues. […] Les hommes qu’il accuse de méchanceté ne seront bientôt pour lui que des amis sincères, mais sans pitié pour l’erreur. […] Dès qu’ils entrent en scène, dès qu’ils parlent, chacun croit les reconnaître et les accueille comme d’anciens amis. […] Puisqu’il désire venger son ami, il n’a pas besoin de s’exalter par le récit de ses exploits de garnison.
Dans l’une des deux armées est un jeune guerrier très brave de sa personne, mais qui, au moment de verser le sang de ses parents, de ses amis (car les deux armées sont composées d’amis et de parents), sent son courage l’abandonner. […] Que parles-tu d’amis et de parents ? […] Parents, amis, hommes, bêtes ou pierres, c’est tout un. […] priez vos amis de vous en faire ; associez-vous à tel ou tel parti ; donnez-vous à une coterie ; servez-la, elle vous louera. […] Parmi tant de noms qui se présentent en foule, je ne rappellerai que ceux de mes trois savants amis, MM.
Vinet n’a pas eu le même bonheur que Topffer ; il a vu son cher pays en proie aux violents, la culture de quinze années détruite en un jour, ses meilleurs amis dispersés ; il a bu tout le calice d’amertume dont était capable sa nature tendre, et il est à croire que, tout en sentant qu’il en souffrait et qu’il en mourait, sa belle âme en tirait un nouveau sujet de rendre grâces et de bénir.
Mais lisez madame du Hausset, et elle vous apprendra quels ministres étaient bien ou mal avec madame, et pourquoi ; ce que c’était que le petit abbé de Bernis, qui menait de front une poésie légère, une intrigue d’amour, une partie de chasse et une guerre désastreuse ; ce que c’était que M. de Choiseul qui le supplanta, grand seigneur, de fort bonne mine, si ami de madame qu’on le disait doublement ministre du roi, et de quelle honnête manière il décachetait les lettres avec un gobelet d’eau tiède et une boule de mercure ; vous y verrez comment Machault fut ingrat envers sa bienfaitrice qui avait payé ses dettes, et comment elle brisa cette créature infidèle ; vous y remarquerez surtout la disgrâce de d’Argenson, ministre ennemi de la marquise : ce jour-là, il y eut des évanouissements et des sanglots ; la femme de chambre apporta des gouttes d’Hoffmann ; le roi lui-même arrangea la potion avec du sucre, et la présenta de Voir le plus gracieux à madame.
Né avec des affections vives et tendres, passionné pour les vers, il eût été probablement poète, si la Révolution n’était pas venue ; l’un des premiers, il s’y jeta ; dès le 12 juillet, il était populaire, et depuis, journaliste et clubiste sans cesse haletant, il se vantait d’avoir toujours eu six mois d’avance sur l’opinion publique ; tour à tour ami de Mirabeau et de Brissot, il les dépassa dès qu’il les jugea trop lents, et ne s’arrêta qu’à Danton.
Fauriel sont invoqués par elle, et ingénieusement commentés ; quelques-uns même ont été traduits en vers par une plume amie.
Les députés, amis de M.
Mais aussi quelles amies il va choisir !
Il étoit trop ami de l’ordre établi dans toute société, pour se permettre aucune de ces déclamations indécentes que ses prétendus Imitateurs se sont si souvent permises.
M. l’Abbé Genay, Avocat en Parlement, Littérateur estimable, à qui nous aurions consacré avec plaisir un article dans cet Ouvrage, si sa modestie ne l’avoit empêché jusqu’à présent de livrer au grand jour de l’impression plusieurs excellens morceaux de Littérature, qui ne sont connus que de ses amis.
J’ai toujours eu les mêmes amis, à l’exception de Sophocle ; & même, en cessant de le voir, je ne l’ai point haï.
Mon ami, ce pauvre Hallé s’en va tant qu’il peut.
Avant que de s’affectionner à leurs sujets, avant, pour ainsi dire, que d’épouser leurs personnages, qu’ils consultent leurs amis : c’est le tems où ils en peuvent recevoir les avis les plus utiles.
Taine était, d’ailleurs, persuadé que l’art d’écrire s’enseigne, et il croyait très certainement à l’assimilation et à la démonstration technique du style, lorsqu’il adressait ces conseils à un ami, au sujet d’une jeune femme : « Il faut qu’elle se dise résolument et tous les matins : Je veux être écrivain.
— Va, vole, oui, vole, ami du chant, envole-toi ; mais parle bien bas, pour ne pas éveiller celui qui dort à côté et déchaîner sur moi ses jalouses colères. […] Il est attaché à son cheval, comme son ami Mazeppa, et se laisse emporter à travers le monde. […] Il le combla de largesses, il lui donna un château pour atelier, il l’appelait « son ami. » « Je te noierai dans l’or », lui dit-il un jour. […] Qu’on sache qu’après la vision que j’ai racontée, il me resta sur la tête une lueur miraculeuse qui a été parfaitement vue par le petit nombre d’amis à qui je l’ai montrée. […] Un grand repas terminait ces momeries sanglantes, « Le pénitent se met à table avec ses amis.
Je veux me donner aujourd’hui cette délectation de cœur et d’esprit, en me rappelant minutieusement les lieux et les jours où je connus pour la première fois ce poète ami, Victor de Laprade, auteur digne d’être nommé à côté de Boccace et de Pétrarque, digne d’avoir vécu à Florence dans le temps des néo-platoniciens d’Italie, avec lesquels il a tant de ressemblance. […] Si l’artiste ami regarde de là-haut ceux qui souffrent de leur génie, avec la compassion d’un homme qui a tant souffert du sien, qu’il jette un de ses regards sur cette demeure muette de Saint-Point, vide aujourd’hui de ceux qu’il aima tant, et qui ne cesseront de l’aimer eux-mêmes qu’en cessant de se souvenir. […] Je connaissais, par des fragments recueillis déjà dans des recueils ou dans la mémoire des amis communs, beaucoup des vers de Laprade.
3° J. van Santen Kolff : Considérations historiques et esthétiques sur le Motif de Réminiscence 4° Souvenirs sur Tichatscheku (mort le 18 janvier 1886 à Dresde, à l’âge de 79 ans) Il fut l’ami intime de Wagner, le dernier « chanteur d’opéra » et le premier « chanteur-artiste » du Maître. […] Emil Heckei, le célèbre propagateur et ami de Richard Wagner ; c’est le frère de M. […] Ami des préraphaélites Dante Gabriel Rossetti, John Everett Millais et William Holman Hunt, il écrivit à Oxford quelques tragédies néo-élisabéthaines, et publia à Londres, en 1860, Rosamond, « aquarelle de Rossetti traduite en vers ».
Desroncerets, surpris par l’échéance de ses cent mille francs, se souvient d’un vieil ami de Strasbourg, qui fermait sa bourse à l’inventeur, mais qui l’ouvrira à l’homme aux abois. […] Tenancier, le vieil ami de son père. […] Lucien promet à André le tout-puissant appui de son ami d’Estrigaud, et, tandis que le frère ira à la recherche de la commandite, sa sœur Aline restera, sous la garde de la marquise, dans cette maison d’adoption.
Il faut bien que j’emploie à quelque chose le loisir que le Roi nous donne… » Cela peut s’interpréter comme je vous l’ai indiqué. « Le roi nous donne des loisirs à Jannart et à moi, à Jannart parce qu’il l’exile, et à moi parce que je me crois obligé d’accompagner Jannart. » Cela peut s’interpréter ainsi ; mais je trouve l’explication un peu tirée et il y a peu de choses qui me paraissent plus formelles que cette façon de parler : « Les loisirs que le roi nous donne. » De même encore : ils veulent s’arrêter quelque temps à un certain endroit : « Nous accordâmes à cet ami qui nous avait hébergés un jour seulement. […] Vous ne jouez, ni ne travaillez, ni ne vous souciez du ménage ; et, hors le temps que vos bonnes amies vous donnent par charité, il n’y a que les romans qui vous divertissent. […] « Cependant faites bien mes recommandations à notre marmot et dites-lui que, peut-être, j’amènerai de ce pays [de ce pays-là, du Limousin] quelque beau petit chaperon [c’est-à-dire quelque jeune fille coiffée du chaperon] pour le faire jouer et pour lui tenir compagnie. » Ceci encore n’est-il pas tout à fait du ton d’un mari aimable, badin, un peu taquin aussi, écrivant à sa femme, pour la faire sourire, pour la faire gronder un peu et pour qu’elle lise la chose à ses amis en riant et en disant : « quel impertinent !
. — L’Ami Fritz. […] Le repas lui-même auquel il convie ses amis ne peut avoir la simplicité sommaire des repas de théâtres, car c’est là un des facteurs principaux du seul bonheur qu’il a connu jusqu’ici. […] Je prendrai un exemple dans l’Ami Fritz. […] Dans l’Ami Fritz, c’est sur la ligne optique que Sûzel vient se jeter dans les bras de Fritz. […] Il est clair que dans l’Ami Fritz, sans l’eau qui coule de la fontaine, la légende de Rébecca n’a aucune raison de se représenter à la mémoire de Sichel.
L’auteur de l’Art poétique, si fidèle ami du vrai, aurait dû rayer cette figure. […] La muse d’un de mes confrères s’est emparée de ce beau fait, et le public a lieu d’en concevoir d’heureuses espérances en apprenant qu’il est traité par un écrivain, l’élève et l’ami du célèbre Delille. […] Les souvenirs du parent, de l’ami, de l’épouse, que nous aurons perdus, nous tourmenteront d’autant plus cruellement que nous aurons négligé de leur rendre des tributs funéraires. […] Lebrun, autre ami de mes jeunes années, très rigoureux et très éclairé, fut de l’opinion de Delille ; je gardai donc ma fable et je n’en refondis que la versification. […] emporte avec toi la consolation de savoir que les mânes heureux attendent Pompée et ses amis, et que, dans le lieu le plus serein de l’Élysée, on garde une place à ton père.
mon ami, répondit l’illustre écrivain, comment voulez-vous que j’aie le temps d’observer ? […] Ami des primitifs, il donne aux humanités, parfois aux animalités (âne, chiens, canards) le premier plan. […] Parmi ceux qui modifient la réalité, les plus hardis sont peut-être les amis du fantastique. […] Son ami Brévannes, un viveur et un sage, l’opère un peu vivement de sa cataracte amoureuse. […] Tandis que les grands artistes nous font camarades d’admiration ou de pitié, eux nous font amis de compassion et d’intérêt.
Au-delà de tout « est la tombe muette, où l’on n’entend plus rien, ni le pas joyeux de son ami, ni la voix de son amant, ni le conseil affectueux de son père, où il n’y a plus rien, où tout est oubli, poussière, obscurité éternelle. » Encore s’il n’y avait rien ! […] Prouvez-moi coupable, séparez ma tête de mon corps ; nous nous quitterons bons amis, mais je dédaigne de devoir ma vie à votre pitié, monsieur, ou à celle de tout autre… Quant à vos grands mots, libre à vous, monseigneur, d’effrayer les petits enfants avec des diables peints. […] Car, dans le tombeau silencieux, les entretiens, la joyeuse démarche des amis, la voix des amants, les conseils affectueux d’un père, rien, on n’entend plus rien, il n’y a plus rien ; tout est oubli, poussière, obscurité éternelle ; et osez-vous bien, femme, souhaiter une pareille demeure ? […] C’est ton amie, — ton Amoret. Viens ici, pour mettre fin — à tous ces déchirements ; regarde-moi, mon ami bien-aimé, — j’ai oublié les souffrances, les chères peines — que j’ai souffertes pour l’amour de toi ; je veux bien — être encore ton amour.
Lévine et sa femme, Karénine, Anna, Wronsky, le prince Oblonsky et la princesse Dolly, la famille Cherbatky, les amis et les amies de tous ces gens, les enfants, les serviteurs et les paysans, font du roman contemporain de Tolstoï, une œuvre enchevêtrée et confuse, comble et embrouillée qui choque déjà toutes les règles d’unité et d’élaguement qui nous sont familières ; mais qu’est cette complication devant celle des trois gros volumes de La Guerre et la Paix où les vies complètes du prince André, du prince Pierre, de Nicolas Rostow, mêlées aux destins des membres de leurs familles, entourés d’une foule véritable de satellites, de connaissances, se poursuivent à travers de grandioses récits de batailles, de négociations, d’entrevues, dans lesquelles figurent tous les personnages célèbres du temps, à travers les scènes populaires, rustiques et sociales qui constituent toute l’histoire politique et intime d’un peuple ? […] Il est induit à tout percevoir avec la clarté précise et noire d’une illumination d’éclair, avec des yeux tout proches et étonnés de découvrir l’intime des choses, de connaître des âmes d’inconnus mieux que celle d’amis, de parler sur la vaste scène de la vie des dons d’interne et neuve pénétration, comme d’un être rénové et de sens intacts. […] Et ce tableau véridique si charmant du mariage ordinaire est loin encore des scènes familiales dans La Guerre et la Paix, de la vie de château et de palais des Rostow avec leurs enfants, leurs amis et leurs domestiques.
Mézeray, avant d’en plaisanter entre amis comme il faisait plus tard, commença par en être reconnaissant. […] Chaque portrait y est orné de quatrains ou épigrammes en vers de la façon de Jean Baudoin, de l’Académie française, ami de Mézeray.
Prié un jour par un de ses amis de Paris ou de Versailles d’être son témoin dans une affaire d’honneur, et, de plus, de lui prêter pour le combat sa terre de Belœil à la frontière de France, il s’empressa d’y consentir, et il écrivit à son intendant : « Faites qu’il y ait à déjeuner pour quatre, et à dîner pour trois. » De tels billets s’adressent moins à l’intendant qu’à la galerie. […] Une lettre piquante adressée à son ancien ami Ségur qui avait donné quelque adhésion aux premiers actes de la Révolution, nous montre le prince de Ligne à la date d’octobre 1790, dans le premier instant de son irritation et de sa colère : La Grèce avait des sages, dit-il, mais ils n’étaient que sept ; vous en avez douze cents à dix-huit francs par jour, … sans mission que d’eux-mêmes, … sans connaissance des pays étrangers, sans plan général, … sans l’Océan qui peut, dans un pays dont il fait le tour, protéger les faiseurs de phrases et de lois… Messieurs les beaux esprits, d’ailleurs très estimables, ont bien peu de talent pour former leurs semblables.
Tant qu’il ne fut question pour le roi que d’avoir près de lui une amie, « une personne confidente pour lui pouvoir communiquer ses secrets et ses ennuis, et recevoir d’elle une familière et douce consolation », il n’eut aucune objection à faire. […] Mais je crois, mon ami, que cette femme est morte, voire peut-être n’est pas encore née ni prête à naître ; et partant, voyons un peu ensemble quelles filles ou femmes dont nous avons ouï parler seraient à désirer pour moi, soit dehors, soit dedans le royaume ».
Pauvre comme il était, ce fut un de ses amis, un riche généreux, l’un des Crozat, qui paya ses bulles. […] Massillon fut reçu à l’Académie française le 23 février 1719, en remplacement de ce même ami, l’abbé de Louvois, qui lui avait déjà valu l’évêché de Clermont13.
Cette absence se prolongeant de la sorte, Linné apprit, non sans étonnement, qu’un perfide ami cherchait à en profiter pour lui enlever le cœur de sa fiancée ; il revint sans trop se presser, à temps encore pour déjouer cette machination anticonjugale, et il retrouva la jeune fille restée fidèle. […] Cependant Linné, qui payait de retour ses amis en nommant les plus jolies plantes de leurs noms, se vengeait assez innocemment de ses ennemis et adversaires en donnant leurs noms à des végétaux hérissés ou épineux.
c’est elle qui nous séduit, elle qui n’est que trouble et qu’agitation, qui ne tient à rien, qui fait autant de pas à sa fin qu’elle ajoute de moments à sa durée, et qui nous manquera tout à coup comme un faux ami, lorsqu’elle semblera nous promettre plus de repos. […] Tu arrêtes cette eau d’un côté, elle pénètre de l’autre, elle bouillonne même par-dessous la terre… Après tout, Bossuet est un orateur ; si peu qu’il cherche son art, il en possède et en connaît toute la pratique comme un Démosthène ; ce beau morceau, qui a l’air d’être brusque et soudain, il sait bien qu’il est beau, il le garde et le met en réserve pour le répéter dans l’occasion. — On remarque aussi, jusque dans ses sermons de la grande époque, des expressions non pas surannées, mais d’une énergie propre et qui n’est pas de l’acception commune : « Notre siècle délicieux, qui ne peut souffrir la dureté de la croix » ; pour notre siècle ami des délices. — « C’est vouloir en quelque sorte déserter la Cour que de combattre l’ambition. » Déserter, c’est-à-dire dévaster, rendre déserte (solitudinem facere). — « Il y a cette différence entre la raison et les sens, que les sens font d’abord leur impression : leur opération est prompte, leur attaque brusque et surprenante. » Surprenante est pris ici au sens propre et physique, et non dans le sens plus réfléchi d’étonner et d’émerveiller.
Santeul, le poète latin si fier de ses vers, si heureux de les réciter en tous lieux ou de les entendre de la bouche des autres, et qui aimait encore mieux qu’on dît du mal de lui que si l’on n’en avait rien dit du tout ; Santeul, qui dans une de ses plus grosses querelles écrivait à l’abbé Faydit, qui l’avait attaqué sur son épitaphe d’Arnauld : Je fais le fâché par politique, mais je vous suis redevable de ma gloire ; vous êtes cause qu’on parle de moi partout, et presque autant que du prince d’Orange ; vous avez rendu mes vers de l’épitaphe de mon ami plus fameux que l’omousion du concile de Nicée ; ceux des autres poètes sur le même sujet sont demeurés ensevelis avec le mort, faute d’avoir eu comme moi un Homère pour les prôner et les faire valoir ; — Santeul, qui était si fort de cette nature de poète et d’enfant qui tire vanité de tout, serait presque satisfait en ce moment. […] Il va par la rue Saint-Jacques chez ses amis les jésuites ; il s’arrête aux environs dans la boutique des libraires Thierry ou Cramoisy, chez qui sont en vente quelques-unes de ses pièces de vers publiées séparément en feuilles volantes avec images et vignettes : il expliquerait volontiers aux passants tout cela.
Il a laissé de son voyage une relation destinée à fixer ses souvenirs, à contenter ses amis, et dédiée à sa mère. […] Et cependant ce grand homme rapportait à la fortune tous les succès qu’il avait ; car, soit qu’il écrivît à ses amis de Corinthe, soit qu’il haranguât les Syracusains, il disait souvent qu’il savait gré à Dieu de ce que, voulant sauver la Sicile, il s’était inscrit sous son nom ; et dans sa maison, ayant érigé une chapelle à la Spontanéité (à ce qui vient de soi-même), il y sacrifia ; et la maison même, il la dédia au Génie sacré.
L’ami de Voltaire, le maréchal de Richelieu, arrivait en Allemagne pour commander l’armée française ; il y avait peut-être quelque chose à tenter de son côté. […] Nous pensons de même, et je ne saurais condamner en vous les sentiments que j’éprouve tous les jours… Il ne me reste que vous seule dans l’univers, qui m’y attachiez encore ; mes amis, mes plus chers parents sont au tombeau ; enfin, j’ai tout perdu.
parmi tous ces personnages très réels et très vivants, il n’en est pas un seul qui puisse être supposé celui que l’auteur voudrait être ; aucun n’a été soigné par lui à d’autre fin que pour être décrit en toute précision et crudité, aucun n’a été ménagé comme on ménage un ami ; il s’est complètement abstenu, il n’y est que pour tout voir, tout montrer et tout dire ; mais dans aucun coin du roman on n’aperçoit même son profil. […] Pourquoi ne pas avoir mis là un seul personnage qui soit de nature à consoler, à reposer le lecteur par un bon spectacle, ne pas lui avoir ménagé un seul ami ?
Je ne sais si vous y trouverez votre compte ; mais, en cas de succès, le produit sera pour ma petite amie. » Le libraire accepta. […] » J’aime à croire que La Bruyère pressentait, au contraire, la vogue possible de son livre et qu’il pensait bien faire à sa petite amie un véritable et solide cadeau.
Mme de Villars était bien sûre d’être lue avidement de ses amis de Paris dans tout ce qu’elle écrivait à l’adresse de Mme de Coulanges. […] Jusqu’à ce moment le roi crut y aller, pendant que tout Madrid savait dix jours auparavant qu’il n’irait point, et que les ministres l’avaient dit à leurs amis. » Voilà où ce noble pays était tombé ; et cette dissolution graduelle du gouvernement et de la société ne dura pas moins de vingt ans encore, autant que la vie de ce morne et languissant monarque, jusqu’à ce qu’un sang dynastique nouveau vînt y apporter quelque remède et quelque rajeunissement.
À côté des maîtres, ses confrères et ses amis, à côté des lumières de l’Université, desquelles toutefois il se distingue, que voit-il au premier rang ? […] C’est Lacordaire, c’est Ozanam, c’est M. de Montalembert, qui sont là en personne, au pied de la chaire, rendant hommage par leur présence à la liberté de l’enseignement, et d’un geste, d’un regard, s’il en était besoin, sachant calmer et contenir ceux de leurs amis plus jeunes qui se pressent derrière sur les gradins.
Louis Paris, frère du précédent, parlant sévèrement de Boileau, dans ses utiles études sur les Mystères, écrira tout couramment : « On ne nous accusera pas d’irrévérence quand nous dirons que le législateur du Parnasse, l’ami de Racine et de Quinault, n’avait pas lu le théâtre qu’il condamnait…..74 » Boileau, l’ami de Quinault !
Le ministre français près la Diète de Ratisbonne, M. de Verjus, recevait de Louvois l’ordre de répondre de la bonne sorte aux plaintes des Allemands, — c’est-à-dire de ne rien répondre à la Diète en corps, et de ne daigner s’expliquer qu’à l’oreille des amis en particulier : « Le droit de Sa Majesté est si bien établi par le Traité de Munster, qu’il ne sera rien dit pour le justifier. […] Ils pouvaient même donner à un traité une interprétation arbitraire : ainsi, lorsqu’ils voulurent abaisser les Rhodiens, ils dirent qu’ils ne leur avaient pas donné autrefois la Lycie comme présent, mais comme amie et alliée. » Il semblerait vraiment, à les voir agir, que Louis XIV et Louvois eussent étudié les Romains de plus près qu’ils ne l’avaient fait sans doute, et qu’ils eussent pris des leçons de cette politique tant vantée.
Aussi vous ai-je prévenu que mon savant vit seul ; il n’a pas d’enfants autour de lui qui l’interrogent et auxquels il faut faire une réponse à tout, une réponse quelconque, car ils en veulent une ; il n’a pas à parler non plus à ces hommes réunis qui sont plus ou moins comme des enfants ; il cause avec quelques amis, avec des chercheurs comme lui ; ils se communiquent leurs doutes, leurs espérances hardies, leurs ambitions droites et sobres, leurs joies austères : il n’y a jamais place pour le sourire. […] Quand on est meublé comme mon savant et mon critique, on n’invite pas les autres à venir chez soi ; on n’y laisse monter que les rares amis et les adeptes ; on n’aura rien, de bien longtemps, à offrir aux foules, aux auditoires, aux diverses sortes de publics.
Jules Pierrot, avait pour maître d’allemand un vieux gentilhomme d’outre-Rhin, un ancien élève et ami de Joseph II, un partisan de ses idées ; ils en causaient ensemble, plus encore que de grammaire et de langue allemande. Dans les visites que nous allions faire dans l’après-midi du dimanche à notre aimable et cordial professeur, il nous entretenait souvent de ces idées de réforme, de ces plans d’amélioration pour le sort du grand nombre, de ces rêves de bon et philanthropique gouvernement et de régime sensé, humain, égal pour tous, essentiellement moderne ; le souffle, qui lui était venu, le matin, de cet ancien ami de Joseph II, respirait dans ses paroles et arrivait jusqu’à nous ; il nous communiquait, tout pénétré qu’il était, une véritable inspiration de bienfaisance.
« Aussi quel soulagement — ajoute-t-il avec un soupir qui remercie —, lorsque je pus clore la série76, par le Docteur Pascal, pour lequel mon bon ami, le Dr Maurice de Fleury, m’a bâti de toutes pièces le rêve de haute conception médicale que je désirais y mettre ! […] Je fais lire ce passage au Dr Aviragnet, qui est un de mes amis, un garçon distingué autant qu’aimable.
Parmi les gens du monde, Mme de Rémusat, avec quelque diffusion et sans grande force de pensée, en a écrit de charmantes, qui sont d’un esprit éclairé, agile, fin connaisseur du monde : mais les plus originales, je crois, sont celles de ce Doudan947 qui vécut précepteur, puis ami, dans la famille de Broglie. […] Boissier (né à Nîmes en 1823), professeur au Collège de France et à l’École Normale supérieure : Cicéron et ses amis ; l’Opposition sous les Césars (1875) ; la Religion romaine d’Auguste aux Antonins (1874) ; Promenades archéologiques (1880-1886) ; la Fin du paganisme en Occident : 9 vol. in-18, Hachette.
A vingt-sept ans, Pierre Loti, qui a rêvé sur tous les océans et visité tous les lieux de joie de l’univers, écrit tranquillement, entre autres jolies choses, à son ami William Brown : … Croyez-moi, mon pauvre ami, le temps et la débauche sont deux grands remèdes… Il n’y a pas de Dieu ; il n’y a pas de morale ; rien n’existe de tout ce qu’on nous a enseigné à respecter ; il y a une vie qui passe, à laquelle il est logique de demander le plus de jouissances possible en attendant l’épouvante finale qui est la mort… Je vais vous ouvrir mon cœur, vous faire ma profession de foi : j’ai pour règle de conduite de faire toujours ce qui me plaît, en dépit de toute moralité, de toute convention sociale.
Ainsi abandonnons-nous un plaisir à un ami, même, par politesse, à un indifférent, et parfois à un adversaire déclaré, sans autre compensation que la joie de celui qui en profite à notre place. Une mère sacrifie son bien-être à ses enfants, un amoureux à son amie.
Mallarmé accepta de lui être présenté par l’entremise d’un ami commun : Emmanuel des Essarts. […] Ses passages obscurs n’ont pas manqué d’exercer l’ingéniosité des scoliastes, mais de toutes leurs versions contradictoires aucune n’a réussi à s’imposer et qu’importent après tous ces velléités d’élucidation, puisque, comme le reconnaît Coppée lui-même, ami de la clarté, « le charme des vers de Mallarmé, même lorsque leur sens se dérobe, agit en nous et nous pénètre à la façon d’une musique ou d’un parfum ».
Un jour qu’il se faisait lire quelque chose devant un de ses amis, celui-ci fit répéter au lecteur une phrase qui avait été mal prononcée […] Et comme l’ami répondit qu’il avait compris : « Alors, ajouta Pline, pourquoi faire recommencer ?
Portalis, durant l’exil qui suivit la proscription de Fructidor, âgé pour lors de cinquante-quatre ans, pouvait écrire à un ami en toute vérité : Je ne dis point la sagesse, mais le hasard du moins a fait que je n’ai appartenu à aucun parti, et qu’en conséquence j’ai toujours été mieux placé pour bien voir et bien juger. […] Portalis était de ces esprits sages, amis d’une tradition progressive et d’une innovation légitime, qui croient qu’on peut étendre, sans la briser, la chaîne du passé, et qui ne résistent que là où ils voient qu’elle ne s’y prête plus.
Portalis avait, pour ainsi dire, une mémoire d’aveugle : Je fus nommé secrétaire (du Conseil des Anciens) lorsque mon ami Portalis fut appelé à la présidence, a dit le général Mathieu Dumas, et j’eus de fréquentes occasions d’admirer son beau talent et sa prodigieuse mémoire. […] C’étaient les deux comtes de Stolberg, nourris de la fleur grecque et de l’esprit chrétien, philosophes et littérateurs éminents ; Jacobi, philosophe aimable, d’un sentiment délicat et pur ; d’autres encore moins connus ici, enfin une société douce mais grave : « Nous avons rencontré, écrivait-il à Mallet du Pan en avril 1798, de l’instruction et des vertus. » Dans une autre lettre à ce même ami alors réfugié à Londres, il a peint lui-même l’état calme et reposé de son âme en ces années d’attente, de conversation nourrie et de réflexion communicative : Il n’y a rien de nouveau en France, lui écrivait-il (24 juin 1798.)
Ce qu’il y a est à peu près inexprimable… Les amis mêmes de Michelet s’en attristent. […] Que nous concevons bien la tristesse des amis de Michelet !
Il préparait sa leçon huit jours à l’avance, idées, plan, style, métaphores, et jusqu’aux mots saillants ; il l’écrivait ; il la récrivait ; il l’apprenait par cœur ; il la répétait devant ses amis, devant les indifférents, devant tout le monde. […] Nous croyons le scepticisme à jamais invincible, parce que nous regardons le scepticisme comme le dernier mot de la raison sur elle-même. » Ses amis m’ont raconté qu’une fois, ayant entrepris de prouver la spiritualité de l’âme, il passa involontairement trois mois à décrire les nerfs, le cerveau, les effets moraux des blessures et des contusions cérébrales, à décomposer les actions de l’esprit, à comparer les deux ordres de faits, et qu’enfin, obligé de conclure, il déclara que la science n’était pas assez avancée et qu’on ne pouvait rien dire.
Elle est restée dans un coin, amie de la littérature, divorcée des sciences, au lieu d’être comme les philosophies précédentes, la science gouvernante et rénovatrice. […] Entre ceux-là on ne voit guère que de petites dissidences : l’un est plus orateur, l’autre plus critique ; celui-ci psychologue de fondation, et autrefois trempé dans la phrénologie ; celui-là homme du monde et littérateur ; un autre grand ami de Kant, un autre moins dédaigneux pour Hégel ; il n’y a là que des différences de lectures et de caractères. — D’autres causes de durée sont plus fortes.
Souvent l’un reconduit son ami ; arrivé, celui-ci reconduit l’autre, et ainsi de suite, eux toujours causant, avec une franche amitié et de la meilleure foi du monde, sans jamais disputer, tellement que chacun prend à l’occasion l’opinion de son adversaire et lui fournit des arguments. […] Le livre ne finit pas. » Son ami se leva et dit : « Peut-être. »
bien, mon ami, qu’ils te lisent. […] L’homme vrai doit faire ce sacrifice sans peine & sans effort, parce que l’homme vrai est par excellence l’honnête-homme & l’ami des hommes. […] Tout-à-la-fois docile & ferme, l’homme ami de la vérité cherche à éclairer les doutes, à résoudre les difficultés, & ce qu’on appelle des paradoxes, ne l’effarouche point ; car toute vérité a commencé par être un paradoxe. […] Tout genre est bon, tout genre lui est ouvert, pourvù que, dans son but, on voye plus l’ami de la vertu que celui de la gloire. […] mes amis, que chacun de nous aille de son côté.
Si l’on voit dans mon œil quelque larme furtive, Si l’on sent dans ma voix quelqu’écho déchirant, Chantez, amis !
Plus d’une fois il dépendit peut-être de Louis XVI, par une autre attitude, par un réveil d’énergie soudaine, par un élan électrique, de tirer de ces foules émues et flottantes les alliés, les amis secrets et honteux qu’elles recélaient.
Chacun apportait sa portion de zèle et de lumières ; l’un était chargé de l’histoire des finances ; l’autre, de celle du commerce ; un troisième, d’une histoire des États-généraux et des Parlements ; mais le plus inépuisable lecteur était sans contredit le digne abbé de Saint-Pierre que notre auteur aime à nommer en toute occasion son bon ami ; il y épanchait ses rêves bienveillants, y enfantait ses projets pleins d’espérance, et puisait dans les regards et jusque dans les sourires de l’amitié ses croyances les plus fermes à un bienheureux avenir.
C’est un plaidoyer d’ami en faveur de Dumouriez ; c’est un raisonnement à propos de sa vie ; les faits n’interviennent que comme des pièces justificatives d’un syllogisme.
Elle qualifia durement son ancienne amie et ajouta : — Elle a eu le toupet de faire écrire par un journaliste de quatre sous qu’elle était de bonne famille et qu’elle avait été institutrice … oh !
(Meurtriers pleins de gentillesse et de fantaisie quelquefois : on m’en a signalé un qui invite de temps en temps une de ses faciles amies à venir le voir « opérer » dans sa clinique, et qui lui offre, pour divertissement, le spectacle des pauvres filles endormies dont il taille les chairs secrètes.)
Charles Maurras Depuis l’apparition du Pèlerin passionné, et surtout depuis les retouches essentielles qu’il a faites à ce beau livre, Jean Moréas, mon maître et mon ami, m’est le signe vivant de la poésie nationale.
Paul Verlaine : Les Amies. — La Bonne Chanson.
Une circonstance déjà remarquée favorisa cette influence : à la tête du parti des mœurs était madame de Montausier, appelée à la cour de Louis XIV comme la représentante de la société des honnêtes femmes, avec laquelle le jeune monarque avait voulu se mettre en bonne intelligence, dont il voulait être l’allié, en attendant qu’il se sentit la force d’en devenir l’ami.
Il ne faut que lire, pour se désabuser, le Sonnet où l’impérieux Ronsard réfute ce bruit, en s’adressant à Dorat, son ami & son ancien maître.
Ils étoient la plupart ses disciples & ses amis en même temps, & l’on ne pouvoit guere être l’un sans l’autre.
Représentons-nous, dans Platon, un homme simple, modeste, frugal, de mœurs austères, bon ami, citoyen zélé ; mais très-mauvais politique ; aimant le bien, & voulant le procurer aux hommes ; parlant toujours d’eux, & les connoissant peu ; aussi chimérique dans ses idées, que notre vertueux abbé de Saint-Pierre, ou le célèbre misanthrope Génevois.
Ses amis jettèrent des fleurs sur sa tombe.
D’ailleurs le commerce entre la France et Constantinople est si grand, que nous connoissons bien mieux les moeurs et les usages des turcs par les relations verbales de nos amis qui ont vêcu avec eux, que nous ne connoissons ceux des grecs et des romains sur le recit d’auteurs morts, et à qui l’on ne sçauroit demander des explications quand ils sont obscurs ou trop succincts.
L’influence d’un ami aurait pu fort bien le détourner vers l’exubérance, vers l’exploitation intégrale de ses richesses. […] C’est qu’à partir de Salammbô, Flaubert fait prudemment écheniller ses épreuves par des amis et en particulier par Bouilhet. […] — Vous êtes, cher monsieur, confrère et ami, l’heureuse preuve que toute la critique n’en fait pas autant. […] Mais son livre enfin, c’est une pelletée de ciment apportée par un fort maçon, solide, tonitruant, ami du litre, à un bloc, le Bloc National. […] » disait, lors d’un charivari, cet ami qui tapait si fort sur un poêlon et qui n’a pas une figure à laisser la bière se boire elle-même.
Eh bien, cette nature à laquelle nous prêtons des sentiments presque humains, les uns ont conçu contre elle une sorte de haine violente, d’autres, au contraire, considèrent que la nature est pour nous une amie, une mère, une consolatrice. […] Et la ville est en fête, Munich est en réjouissances ; les bourgeois, les jeunes gens se promènent dans les rues, et le jeune Fantasio est assis dans une taverne avec son ami Spark. […] Il me fit un salut d’ami, Et, se détournant à demi, Me montra du doigt la colline. […] C’est une étrange vision, Et cependant, ange ou démon, J’ai vu partout cette ombre amie. […] Verlaine, dans l’intervalle, étant passé grand homme, plusieurs de mes amis l’invitèrent à dîner et me firent la grâce de me convoquer à ces agapes extra littéraires.
Si le même orateur n’éclate encore, Verrès ne rendra pas compte des rapacités meurtrières et des dissolutions de sa préture : le poète Archias, près d’être exilé, n’aura plus de patrie, si la tendresse du cœur de Cicéron ne réclame du génie tout le pouvoir, toutes les grâces de son élocution riche, pathétique, harmonieuse, pour consacrer, par sa divine prose, l’honneur de l’art des vers, et pour retenir dans les murs de Rome, son ami, qui fut celui des muses. […] On doit le louer surtout d’avoir conservé, malgré nos usages, le dénouement à machines, la volonté opiniâtre du héros trahi et longtemps infortuné ne devant céder qu’à celle d’un dieu, et même d’un dieu qui fut son plus cher ami. […] Les bontés du tyran pour Cinna, la rivalité de Maxime qu’il croit son ami, les fluctuations des volontés contraires, le développement des intérêts privés et publics, les alternatives du sort des personnages, soutiendront sans cesse les mouvements de l’esprit et du cœur, et prépareront à chaque acte, à chaque scène, de nouvelles émotions qui parviendront à leur comble au dénouement. […] « La crainte non corrigée, non épurée, nous fait regarder comme des maux insupportables les événements fâcheux de la vie, les disgrâces imprévues, la douleur, l’exil, la perte des biens, des amis, des parents, des couronnes, de la liberté, et de la vie. […] C’est ainsi qu’un fils meurtrier de son père, une sœur prête à égorger son frère, une mère homicide de son fils, un père dévouant ses enfants au couteau, un sujet immolant son roi, un roi tuant son ami, un amant sa maîtresse, c’est ainsi, dis-je, que de pareils sujets porteront en eux tous les éléments d’un noble et profond pathétique, et soulèveront dans l’âme du spectateur le combat de tous les sentiments les plus forts et les plus sacrés de la nature.
Il s’en est acquitté avec une bonne grâce et une dextérité de parole qui ne lui a pas fait défaut en d’autres circonstances plus graves et dans de vraies luttes, où il avait en face des adversaires : ici il n’avait en présence que des amis ou des curieux.
Les amis de Latouche ont, pendant des années, raconté à l’oreille des crédules toutes sortes de petites historiettes sur ce Chénier-Latouche.
. — Comme les héros des chansons de gestes voyaient le monde divisé en deux camps : les chrétiens, qui sont les bons, et les païens, qui sont les méchants ; ou comme saint Ignace, dans un de ses « exercices », partage l’humanité en deux armées : celle du bien et celle du mal, ou celle des amis des Jésuites et celle de leurs ennemis, ainsi pour l’esprit révolutionnaire la nation se divise exactement en prolétaires et en bourgeois.
Songez-y bien : s’il y a quelque fond de vérité dans cette oraison, un peu cynique et vantarde, d’un de mes amis : « Seigneur, épargnez-moi la souffrance physique ; quant à la souffrance morale, j’en fais mon affaire », l’anesthésie et l’antisepsie ont peut-être plus sérieusement amélioré la misérable condition humaine que n’avaient fait soixante siècles d’inventions.
Il y convoqua ses amis.
Virgile est l’ami du solitaire, le compagnon des heures secrètes de la vie.
« Je suis une force », criait-il, écrasant amis et ennemis, bouchant aux survenants la brèche qu’il avait lui-même ouverte.
Les protestants, de leur côté, disent que la vraie tradition de la Réforme est en France, que le salut de la France, c’est le salut du protestantisme, et le Comité protestant de propagande française, dans sa « Réponse à l’appel allemand aux chrétiens évangéliques de l’étranger », déclare : « Nous sommes résolus à marcher cœur à cœur avec nos frères d’Angleterre, et coude à coude avec nos amis d’Amérique, de la Suisse romande, de Hollande, des Pays scandinaves, ayant la certitude de représenter avec eux la tradition la plus pure de la Réforme du xvie siècle, cette qui entend unir toujours plus étroitement à la pitié évangélique la pratique de la justice, le respect de l’indépendance d’autrui et le souci de la grande fraternité humaine ».
Il avait pour ami ce célèbre Stilicon, qui fut douze ans le protecteur de son maître, et qui, las de régner au nom d’un fantôme qu’il méprisait, voulut enfin régner par lui-même, et périt.
Un vénérable ami l’avait initiée aux mystères du piétisme. […] Laborieusement, au prix des plus louches manœuvres, s’épouvantant tout le premier des spectres qu’enfante son souterrain travail, il crée à ses amis des sujets de colère et d’indignation contre lui, à lui-même des sujets de soupçons contre ses amis. […] Tout d’abord le remords vis-à-vis de son ami Saint-Lambert, amant légitime. […] Ministre d’Etat, ses proches amis sont à trembler qu’il ne brise tout, comme un jeune homme qui n’a pas fini ses coups de tête. […] Mon ami, mon ami, que puis-je vous dire ?
Comment trouver le temps de méditer, puis de m’approprier, ainsi qu’il l’eût fallu, un si grand nombre d’articles, même après avoir jeté au panier, sur la rapide inspection d’un ami, ceux qui ne méritaient pas d’être lus ! […] Avec cela, je n’ai pas besoin de rassurer nos amis d’Amérique. […] Aussi bien, préparons-nous, mon cher ami, J. […] Et méditez de nouveau, car elles vont très loin, les déclarations de notre grand ami George Moore à Frédéric Lefèvre (nouvelles littéraires, 14 novembre 1925). […] », me disaient les bonnes gens, « vous n’en finirez jamais… un homme de sentiment n’est pas un terrassier… il a des ailes… qu’il les étende, qu’il s’enlève, et tout obstacle, dominé, a disparu… » les amis sont terribles.
Que Caroline me réponde : Dites, vous la première amour De ce cœur qui devait un jour Battre pour l’empire du monde, Dites, n’a-t-il jamais dormi Sous les cerisiers de Valence, Aux temps d’ivresse et d’innocence Où vous l’appeliez votre ami, Quand le héros à son aurore, Si loin du zénith radieux, Brillait seulement à vos yeux D’une épaulette neuve encore ? […] Et puisqu’ici ces deux noms amis se rencontrent, notons en passant que, sous la Restauration, M. […] Béranger, qu’il sied si bien de nommer à côté d’un poëte qui fut son ami de jeunesse et de tous les temps, a dit, par un sentiment assez semblable, dans le refrain touchant d’un captif : Hirondelles de la patrie, De ses malheurs ne me parlez-vous pas ?
» Et quelle fraîcheur matinale et pure dans le couplet suivant, que tant de poëtes latins modernes ont travaillé à imiter sans l’atteindre : « Déjà la blanche violette fleurit, et fleurit le narcisse ami des pluies, et les lis fleurissent sur les montagnes ; mais la plus aimable de toutes, la fleur la plus éclose entre les fleurs, Zénophila, est comme la rose qui exhale le charme. […] » — Va, voie ; ô l’ami des Muses, envole-toi ! […] Mais de tels vœux et de telles plaintes, qui supposent si aisément l’infidélité de l’amante, sont trop ordinaires à tous les élégiaques antiques ; ce qui nous peut indiquer que l’amour de Méléagre pour Héliodora s’est élevé à quelque chose de plus particulier et de plus senti dans l’ordre du cœur, ce sont des accents comme ceux-ci ; il est à table avec ses amis, les coupes circulent, la joie déborde ; lui, il regrette celle qui, la veille, était à ses côtés : « Verse, et dis encore, encore, encore, A Héliodora !
Tous les gémissements les plus secrets du cœur humain ont trouvé leurs voix et leurs notes sur les lèvres et sur la harpe de ce barde sacré ; et, si l’on remonte à l’époque reculée où de tels chants retentissaient sur la terre ; si l’on pense qu’alors la poésie lyrique des nations les plus cultivées ne chantait que le vin, l’amour, le sang et les victoires des mules et des coursiers dans les jeux de l’Élide, on est saisi d’un profond étonnement aux accents mystiques du berger-prophète, qui parle au Dieu créateur comme un ami à son ami, qui comprend et loue ses merveilles, qui admire ses justices, qui implore ses miséricordes, et qui semble un écho anticipé de la poésie évangélique, répétant les douces paroles du Christ avant de les avoir entendues. […] C’était le convoi d’une jeune Arménienne que la peste venait de frapper dans Jérusalem, et que la famille, les amis, les voisins conduisaient au cimetière de sa communion, hors de la ville.
Et, dès lors, le veuf et sa jeune amie sentent entre eux ce cadavre. […] Dans l’isolement, il avait appris à se connaître lui-même, il s’était fait un ami de son propre coeur. » Indiana, c’est déjà Norah. […] — Les Idées de Madame Aubray et Denise, ces deux pièces d’esprit vraiment évangélique, nous veulent persuader que, dans de certaines conditions, un honnête homme peut et doit, en dépit de prétendues convenances, épouser une fille séduite, et séduite par un autre que lui Dans la Femme de Claude, un homme, après avoir prié Dieu, se met avec sérénité au-dessus des codes humains, et substitue son tonnerre à celui de Dieu même, dans la lutte engagée par la conscience contre les deux grandes puissances mauvaises qui perdent le monde moderne : la luxure et l’argent, ou, plus expressément, la spéculation financière L’Ami des femmes, la Princesse Georges, l’Étrangère, Francillon reposent sur la même conception du mariage que la Dame de la mer ou Maison de poupée Et si vous voulez des orgueilleuses, des insurgées démoniaques, Mme de Terremonde, et mistress Clarkson, et Césarine ne le cèdent point, ce me semble, à Hedda Gabler Bref, le théâtre de Dumas, comme celui d’Ibsen, est plein de consciences ou qui cherchent une règle, ou qui, ayant trouvé la règle intérieure, l’opposent à la règle écrite, ou enfin qui secouent toutes les règles, écrites ou non.
Comme l’ami Robin, dans la charmante chanson de Beaumarchais : Il est toujours, — il est toujours le même ! […] Le grand ami de M. […] Le jeune homme sérieux, « l’espoir du siècle », comme disait son ami Stendhal, qui se moquait de tous les pédantismes, n’était pas encore né, ou il était en bien bas âge… Il écrivait dans un journal de petites dames, — La Vie parisienne, — et c’est là que le Graindorge, qui pouvait s’appeler Graindepoivre, fut publié.
Un ami du grand artiste qui n’est plus, par admiration pour son génie, par piété envers sa mémoire, est devenu l’éditeur de cette œuvre inachevée. […] L’homme qui (dans Le Péché véniel) a trouvé la scène du tête-à-tête conjugal au sommet de la tour formant balcon, et a peint la pauvre Blanche, la main dans la main de son mari, se détournant du superbe Minotaure héraldique, dont le casque fermé a comme un rictus d’ironie, pour regarder ailleurs « en resvant à son ami absent », a certainement, dans la gerbe de ses facultés, les deux charmantes fleurs de la grâce attristée et de la rêverie chaste ; mais il les meurtrit dans ses mains, qui, comme celles de ses héros, finissent par être trop gantelées… La préoccupation artistique de Doré est si matérielle que c’est moins l’homme que l’armure, la femme que la robe armoriée, qui projettent chez lui l’orgueil ou la terreur. […] Quand Dutacq vivait, — Dutacq, l’ami de Balzac pendant toute sa vie, et qui est mort sans avoir pu réaliser le projet, galvaudé par d’autres depuis sa mort, d’éditer, comme on éditait au xvie siècle, toutes les pensées de Balzac, lesquelles, réunies dans un foyer commun, auraient envoyé un tel jet de son génie sur son génie que l’aspect en eût été peut-être changé, sous cette lumière inattendue, — Dutacq chercha comme il savait chercher, cet investigateur unique, cette activité merveilleuse, qui n’était pas seulement un homme actif, mais l’activité doublée, triplée alors par le fanatisme de l’admiration et de l’amitié.
Le prince de Ligne eut un fils qu’il aima tendrement, dont il fut le camarade et l’ami, qu’il conduisit au feu dès qu’il en eut l’occasion, et dont la mort, dans la première guerre de la Révolution, brisa son cœur33. […] Celui que Mme Du Deffand et Grimm faisaient d’abord quelque difficulté d’admettre comme de la pure race des esprits français, l’était si naturellement devenu, qu’écrivant en 1807 de Tœplitz à son compatriote le prince d’Arenberg, l’ancien ami de Mirabeau, et lui parlant de M. de Talleyrand, qui venait d’arriver : « Jugez, disait-il, de son plaisir d’être reçu par moi, car il n’y a plus de Français au monde que lui, et vous et moi, qui ne le sommes pas. » Et il disait vrai en parlant ainsi.
Un de ses amis, dans une préface ou avis au lecteur, le loue emphatiquement de ce travail d’ordonnance et de prétendue élégance, et estime qu’il n’a pas moins de mérite que le premier compositeur, par la raison « que ce n’est moindre louange de bien polir un diamant ou autre pierre fine, que de la trouver toute brute ». […] Cinq siècles et demi auparavant, le discours ou l’ordre du jour de saint Louis, cité par le scrupuleux Tillemont95, était en ces termes : Mes fidèles amis, nous serons insurmontables si nous demeurons unis dans la charité.
Je n’étais embarrassé que sur le choix… (Et après l’exposé de son idée d’imaginer une histoire sur les estampes :) Je ne sais, mon cher public, si vous approuvez mon dessein ; cependant il m’a paru assez ridicule pour mériter votre suffrage ; car, à vous parler en ami, vous ne réunissez tous les âges que pour en avoir tous les travers : vous êtes enfant pour courir après la bagatelle ; jeune, les passions vous gouvernent ; dans un âge plus mûr, vous vous croyez plus sage parce que votre folie devient triste ; et vous n’êtes vieux que pour radoter… Duclos n’avait pas tout à fait l’ironie de Platon : la sienne est rude et presque brutale. […] L’ami de La Chalotais allait chaque année reprendre pied sur sa terre celtique, et il ne s’en tenait que plus ferme ensuite dans les salons.
Fils de l’ami le plus intime du cardinal de Retz et de sa seconde femme, Mlle de Verthamon, de celle sous les auspices et d’après l’inspiration de laquelle Fléchier écrivit ses Grands Jours de Clermont, il avait vu la grâce et l’ingénieuse ironie présider à son berceau. […] Les nièces de M. de Chamillart évêque de Senlis, et leurs amies, se firent un malin plaisir d’assister à sa réception, du fond d’une tribune qu’on avait pratiquée dans un cabinet voisin : ce fut une grande nouveauté.
Il y mêle de l’ironie ; il a l’air de le railler, et c’est son meilleur ami, c’est lui-même qui se dédouble. […] Mais le roc qui vit à l’air depuis dix mille ans, où la lumière a tous les jours déposé et fondu ses teintes métalliques, est l’ami du soleil ; il en porte le manteau sur les épaules ; il n’a pas besoin d’un vêtement de verdure ; s’il souffre des végétations parasites, il les colle à ses flancs et les empreint de ses couleurs.
Cependant, tout en errant de porte en porte avec l’air d’abandon d’un mauvais sujet et là démarche incertaine d’un homme ivre, je me retrouvai tout à coup, sans le savoir, dans le marché aux comestibles… » Et quand, errant ainsi à travers la ville, il est venu à rencontrer une dame de qualité, Byrrhène, qui se trouve être une amie de sa famille ; quand cette dame, l’ayant conduit jusque chez elle et le voulant retenir pour hôte, essaye du moins de le mettre en garde contre l’hospitalité du vieux ladre chez qui il est descendu et dont la femme, lui dit-elle, est une magicienne du premier ordre et de la pire espèce, Lucius, à cette nouvelle inattendue, qu’il se trouve logé chez une magicienne, est saisi d’un plus violent désir de chercher précisément ce qu’on lui recommande defuir ; il ne sait que prendre, comme on dit, ses jambes à son cou pour courir de toutes ses forces au danger. […] Quelque coiffeur de ce temps-là, ami de la littérature comme il y en a toujours, aurait pu vraiment le faire copier en lettres d’or et l’exposer ensuite encadré dans sa boutique pour l’honneur du métier et l’édification des chalands.
Les amis de la favorite, voyant la reine paraître et espérer dans sa candeur reconquérir d’une seule fois tout le terrain perdu, y compris le point essentiel du conjungo, usèrent de l’arme, alors si en usage, du ridicule. […] L’indulgence que Marie Leckzinska eut pour Mme Du Deffand, l’amie de son cher président, et à laquelle il est fait allusion en un endroit avec bien de la délicatesse, a été généreusement récompensée.
La princesse écrit tantôt à Mme de Bombelles, tantôt à Mme de Raigecour, ses intimes amies ; elle cause sans réticence, avec familiarité, avec effusion et d’un ton dégagé, presque gai, presque leste, qui contraste singulièrement avec ce qu’elle raconte et avec tout ce qui l’entoure. […] Il a écrit à un de ses amis (M. de La Marck) en qui j’ai beaucoup de confiance et qui est un galant homme, très dévoué, une lettre explicative que l’on m’apporte à l’instant et qui me semble fort peu de nature à rien expliquer ni excuser.
Vialart, évêque de Châlons ; il les entendait raconter en dînant à l’archevêché, et lui-même au retour les rapportait à ses amis sans élever un seul doute. […] Il se trouvait à Rome (1825), et on l’y soigna extrêmement ; il s’y prêta avec complaisance, et même, à en croire ses amis, avec ferveur.
Je suis persuadé que si elle veut compatir à la faiblesse de l’âge et des circonstances, accoutumer sa fille à la regarder comme son amie, elle en aura toute satisfaction et la conduira par lettres sur bien des choses. […] Elle m’a bien répondu, et du ton de la persuasion, qu’elle en était bien sûre ; mais en même temps elle m’a montré évidemment que ses amis et sociétés lui tenaient lieu de tout. » Quoi qu’on puisse dire, de tels sentiments ainsi exprimés sont respectables, et on sera en droit désormais de conclure que l’abbé de Vermond, quels que fussent ses défauts personnels, valait mieux que la réputation qu’on lui a faite.
Nous avons là le minimum de ce genre de corruption diplomatique, et nous tenons l’information d’un ami, d’un admirateur, et jusqu’à un certain point d’un apologiste de M. de Talleyrand, et qui plaide en sa faveur les circonstances atténuantes. […] L’empereur, au lieu de me dire des injures, aurait mieux fait de juger ceux qui lui inspiraient des préventions ; il aurait vu que des amis comme ceux-là sont plus à craindre que des ennemis.
Écoutons Tacite, c’est ainsi qu’il commence son premier livre : XI « J’entreprends une œuvre riche en vicissitudes, atroce en batailles, déchirée en séditions, sinistre même dans la paix : « Quatre empereurs tranchés successivement par le glaive, trois guerres civiles, plusieurs guerres extérieures, quelques autres tout à la fois civiles et étrangères ; « Nos armes, prospères en Orient, malheureuses en Occident ; l’Illyrie troublée, les Gaules mobiles, la Grande-Bretagne conquise et perdue presque au même moment ; les races suèves et sarmates se ruant contre nous ; les Daces illustrés par des défaites et par des victoires alternatives ; l’Italie elle-même affligée de calamités nouvelles ou renouvelées des calamités déjà éprouvées par elle dans la série des siècles précédents ; des villes englouties ou secouées par les tremblements de terre sur les confins de la fertile Campanie ; Rome dévastée par les flammes ; nos plus anciens temples consumés ; le Capitole lui-même incendié par la main de ses concitoyens ; nos saintes cérémonies profanées ; des adultères souillant nos plus grandes familles ; les îles de la mer pleines d’exilés ; ses écueils ensanglantés de meurtres ; des atrocités plus sanguinaires encore dans le sein de nos villes ; noblesse, dignités, acceptées ou refusées, imputées à crime ; le supplice devenu le prix inévitable de toute vertu ; l’émulation entre les délateurs, non-seulement pour le prix, mais pour l’horreur de leurs forfaits ; ceux-ci revêtus comme dépouilles des consulats et des sacerdoces, ceux-là de l’administration et de la puissance de l’État dans les provinces, afin qu’elles supportassent tout de leur violence et de leur rapacité ; les esclaves corrompus contre leurs maîtres, les affranchis contre leurs patrons, et ceux à qui il manquait des ennemis pour les perdre, perdus par la trahison de leurs amis. » XII « Toutefois le siècle n’est pas assez tari de toute vertu pour ne pas fournir encore de grands exemples : « Des mères accompagnant leurs fils poursuivis, dans leur fuite ; des femmes s’exilant volontairement avec leurs maris ; des proches courageux ; des gendres dévoués ; la fidélité des serviteurs résistant même aux tortures ; des hommes illustres bravant les dernières extrémités de l’infortune ; l’indigence elle-même héroïquement supportée ; des sorties volontaires de la vie comparables aux morts les plus louées de nos ancêtres. […] Ses vices, qui sont à ses yeux le seul titre de gloire, ont renversé l’empire, même quand il était la créature et l’ami de l’empereur.
Et il recevait aussi, comme La Fontaine et comme Racine, l’influence de l’art antique par la conversation et la critique de son ami Despréaux, qui écartant résolument tous les Italiens et tous les Espagnols, comme trop brillants et trop « pailletés », détruisant l’autorité que l’illusion ou la complaisance de la génération précédente leur avait accordée aux dépens de la nature et de la pure beauté, proposait partout et toujours pour modèles les Grecs et les Latins, dont les œuvres contenaient toute la vérité, rendue avec toute la perfection que l’esprit humain était susceptible d’atteindre. […] On ne s’étonnera donc point que les meilleures pages que Boileau ait écrites sur la Querelle des anciens et des modernes, soient celles où il entre dans les vues de son adversaire : je veux parler de la lettre qu’il écrivit à Perrault en 1700, après que le grand Arnauld, leur ami commun, les eut réconciliés.
On voit Marion, Robin, leurs amis et amies manger du fromage, des pommes ou du lard, jouer aux petits jeux, pas toujours innocents, chanter de joyeuses et vertes chansons, goguenarder, cabrioler, danser, jusqu’à ce qu’une sorte de farandole les enlève de la scène.
Après le manifeste de Du Bellay, presque avec les Odes de Ronsard, apparut la Cléopâtre de Jodelle303, qui fut jouée par l’auteur et ses amis à l’Hôtel de Reims, devant Henri II. […] La date de 1552, si pompeusement célébrée par Ronsard et tous les amis de Jodelle, ne doit pas être acceptée par la critique comme celle d’une révolution dans l’art dramatique.
III Quelques-uns d’entre vous (dit le Père Monsabré dans sa première conférence), plus amis des spéculations qui font voyager l’âme au-dehors que des vérités qui la ramènent sur elle-même, trouveront peut-être que je me suis attardé à des matières de prône et de catéchisme : j’en suis fâché pour eux. […] Nos soucis, nos alarmes, nos terreurs, passés aux flammes d’une parole amie, ont été purifiés.
Il est, d’ailleurs, personnellement ami de plusieurs d’entre eux. […] Je ne sais pas si c’est détachement chrétien, ou comble d’orgueil, ou esprit de contradiction, ou crainte de déplaire à des amis envers qui l’on se croit engagé.
Henri est l’ami de Sergines ; il a juré de le marier à sa sœur, qui lui a avoué son amour. […] Maxime Gérard, qu’il a élevé avec une vigilance maternelle, le prend pour un protecteur et pour un ami.
Suard et un jeune talent viril, Mlle de Meulan (depuis Mme Guizot), au Publiciste ; Ginguené et ses amis les philosophes, dans La Décade. […] , celui-ci lui avait dit, en concluant d’un ton de maître : « Croyez-moi, c’est un conseil d’ami que je vous donne : renoncez aux dissertations, vous êtes né pour les opéras. » Quand Hoffman fut entré, en 1807, au Journal de l’Empire, Geoffroy put voir s’il avait prédit juste.
N’oublions pas non plus que, de même qu’en sa période littéraire M. de Chateaubriand eut Fontanes pour conseiller assidu et fidèle, il eut, pour sa polémique politique aux Débats, un ami, homme de goût, et sévère également, M. […] Car, disons-le à sa louange, M. de Chateaubriand, avec cette facilité qui tient à une forte et féconde nature toujours prête à récidiver, ne s’acharnait pas du tout à ses phrases quand un ami sûr y relevait des défauts.
[NdA] Ce recueil avait été imprimé en Prusse en 1750 et en 1752 ; mais ces deux premières éditions, toutes confidentielles, avaient été tirées à très peu d’exemplaires et destinées uniquement aux amis du roi. […] Ce héros goguenard est l’ami le plus tendre et le plus fidèle, et l’on sait que sa passion pour son pays était telle, qu’il se privait de tout pour avoir de quoi soulager les misères de ses sujets ou doter la Prusse d’institutions utiles. » 18.
… À quoi d’impérieux a-t-il obéi en se décidant pour la science, après avoir donné à ses amis, dans des confidences qu’ils n’oublieront jamais, la preuve des plus hautes aptitudes littéraires ? […] Quoique la science et la littérature ne soient pas intimement des amies, quel bon tour cependant ce serait de prendre Édelestand du Méril à la philologie !
Pour qui aime les correspondances, ces choses plus précieuses que les livres, pour qui a pratiqué seulement un peu celle de Voltaire, de la marquise Du Deffand, du prince de Ligne, des Mirabeau (l’ami des hommes et le Bailli), et même en ces derniers temps de Victor Jacquemont, pour ne pas parler de beaucoup d’autres, et qu’on s’en vient, alléché par les colleurs d’affiches et les reporters, enchantés d’avoir n’importe quoi à reporter pourvu que ça fasse : Pan ! […] Un écrivain épistolaire qui n’écrit que pour les deux yeux d’un ami ou les oreilles de quelques autres, est toujours un peu l’homme d’esprit dont le prince de Ligne parle quelque part, et qui doit avoir de l’esprit même au saut du lit et quand il n’a pas encore arraché le bonnet de nuit de sa tête.
Embarrassé par les témoignages positifs de l’Évangile sur les guérisons de Notre-Seigneur, il dit que tout l’Orient d’alors guérissait par l’emploi des pratiques religieuses, et que ce fut la joie de revoir son ami (à travers les pierres de son sépulcre probablement) qui ressuscita Lazare, quoiqu’il sentît mauvais déjà (mais c’était le chagrin peut être de ne plus voir son ami qui le faisait sentir mauvais ?).
Mon impétueux ami avait le tempérament de Broussais, et couvrait ma table de physiologistes auxquels je répondais par des métaphysiciens. […] Rengainez-la, mon cher ami, comme une épée ; la mode est passée d’emporter.
Ami de la pâle indigence, Sourire éternel au malheur ; D’une intarissable indulgence Aimante et visible chaleur : Ta flamme, d’orage trempée, Ne s’éteint jamais sans espoir ; Toi, tu ne m’as jamais trompée Lorsque tu m’as dit : Au revoir !
Mais, dans les premières années du règne de Louis XVI, à l’aurore des améliorations lentes tentées par Malesherbes et Turgot, le jeune ami des Trudaine avait conçu un rôle littéraire plus calme, plus recueilli, plus d’accord avec un loisir d’ailleurs assez voluptueux, une régénération de la poésie énervée du xviiie siècle par l’étude approfondie de l’antique, un embellissement ferme et gracieux de la langue, et une peinture naïve des passions et des faiblesses du cœur dans des cadres nouveaux.
Malgré les représentations de ses amis et les sarcasmes des autres étudiants, le bon Eugène se condamne à cette vie par amour pour la botanique, et cela dure quelque temps sans encombre ; mais enfin la nature se déclare ; une lente consomption s’empare du pauvre jeune homme qui s’en aperçoit à peine, puis qui tâche violemment de s’y soustraire.
Les grands hommes ne leur manqueront pas, elles peuvent le croire ; l’âge brillant des poëtes n’est peut-être pas fermé encore ; l’infatigable humanité n’a peut-être pas épuisé tous ses génies ; mais, en laissant à la Providence le soin de susciter les génies en leur temps, les générations nouvelles, en présence de ces tombes glorieuses dont elles sont appelées à sceller les pierres, doivent y contracter le saint engagement de ne pas s’arrêter dans la route de la civilisation et des lumières bienfaisantes, de rester probes, sincères, amies de tout progrès, de toute liberté, de toute justice.
La France ne peut être sauvée que par ce moyen, et les partisans de la liberté, les amateurs des arts, les admirateurs du génie, les amis d’un beau ciel, d’une nature féconde, tout ce qui sait penser, tout ce qui a besoin de sentir, tout ce qui veut vivre, enfin, de la vie des idées, ou des sensations fortes, implore à grands cris le salut de cette France.
En voici de littéraires : « Paul de Kock éclabousse la modestie et la pudeur pour faire rire. » « Tacite est merveilleux dans l’antithèse, lorsqu’il n’y est pas ridicule. » En voici de morales : « Peu aiment beaucoup ; beaucoup aiment peu. » « Un despote n’a pas d’amis. » « L’époux qui frappe sa compagne mérite-t-il le nom d’époux ?
Il me plaisait davantage de faire de longs séjours à Paris, dans cette capitale des sciences et des arts, où la vie est si douce et si noblement occupée, et où j’ai des amis excellents.
Quand on a été chartiste, on reste toujours ami des | textes et des documents.
Merrill fut d’abord le frère d’armes des premiers poètes symbolistes, et il reste l’ami de MM. de Régnier, Vielé-Griffin, Verhaeren et Retté.
Ce jugement d’un poète ami est le nôtre aussi.
Aussi, quand les amis de la famille lui font compliment de la précocité de ses talents littéraires, répond-il d’un air modeste : « Bah, chacun sa partie !
Nous ne rougirions plus alors de voir subsister parmi nous ces rivalités malignes, ces basses jalousies, ces cabales iniques, qui avilissent les talens & révoltent l’honnêteté ; on verroit s’anéantir l’esprit particulier, qui n’admet que ce qu’il approuve, qui n’approuve que ce qui le flatte ; chaque Littérateur trouveroit des amis dans les compagnons de sa carriere, & le Génie indigent n’auroit pas besoin de chercher des protecteurs, en rampant.
Gallus, Pollion, Horace, Virgile étoient amis.
Ses amis, ses parens, beaucoup de personnes de la lie du peuple, s’étoient avancés par son canal, & remplissoient les places les plus importantes.
Les deux poëtes se virent, se parlèrent, mangèrent plusieurs fois ensemble chez des amis communs.
Perrault que son ami M.
Juvenal promet à l’ami qu’il invite à venir manger le soir chez lui, qu’il entendra lire les vers d’Homere et de Virgile durant le repas, comme on promet aujourd’hui aux convives une reprise de brelan après le souper.
Despreaux auroit pû dire de l’actrice qui faisoit le personnage d’Iphigenie dans l’opera de Duché il y a vingt et un ans, ce qu’il a dit de l’actrice qui faisoit le personnage dans la tragédie de son ami.
Francisque, les recettes du Testament vous enflent, mon ami, vous gonflent !
Boileau épuisant sa malignité sur les méchants ouvrages, était d’humeur aimable dans le cours ordinaire de la vie ; Racine, criblant d’épigrammes les mauvais auteurs, demeurait d’humeur maligne dans son domestique, même à l’égard de son meilleur ami.
Lebesgue et ses amis.
Intimités, confidences d’amis qui s’estiment, paix et mystère à la table de leur foyer, qu’y eut-il là qu’on puisse comparer aux agapes littéraires d’aujourd’hui ?
Croyez-moi votre ami dévoué. […] Bourget qui fut son ami. […] L’ami du voleur de soleil). […] Les lettres de nos amies. […] On dit que la fièvre nous délivre des puces, et la misère de nos amis.
Ils ne pouvaient me pardonner, pas plus qu’ils ne pardonneront à mes amis Louis de Saint-Jacques et Maurice Le Blond, qui vinrent ensuite et mirent le fétiche en morceaux. […] Néanmoins, sauf cet ami, personne, dans la littérature, ne me soutint. […] Lionel des Rieux, qui écrit des épigrammes et demande qu’on brûle en place publique tous les poètes contemporains, sauf ses amis. […] Drumont et son ami Arthur Meyer retourneraient barboter dans l’égout natal. […] En effet, gouverner, c’est abuser de la crédulité des masses pour se faire entretenir, avec ses amis et connaissances, par les travailleurs.
. — J’ai profité de ces maîtres, dont je suis fier que quelques-uns soient mes amis. […] Ses sentiments sont des idées justes : loyauté, droiture, fidélité à ses amis, correction d’honnête homme. […] Et le bon Gil Blas confie son chagrin à cet ami si cher, lequel aussitôt prend un air « froid et rêveur » et le quitte brusquement. […] Ils voient de petits mausolées, avec des épitaphes : « Ci gît la fidélité d’un ami ! […] Ses amis, sur tous les tons, lui disent : « Laissez cela ; dédaignez.
Le livre fermé, nous n’avons pas seulement fait une délicieuse lecture, mais nous avons acquis des amis nouveaux. […] Qui que tu sois, ami lecteur, tu vas ressembler à l’un ou à l’autre de ces deux écoliers. […] Si, dans les régions les plus diverses, il s’est fait des amis de tous ceux qu’il a rencontrés13, en France il s’est fait des amis de tous ceux qui l’ont lu, et surtout des modestes, des humbles, des petits, de ceux qui aiment, par conséquent de ceux qui souffrent. […] « Mes amis, dit-il, mes amis, je… je… » Mais quelque chose l’étouffait. […] L’ami du très grand nombre n’est point du tout leur fait.
Lié avec tous les philosophes, ami de Mirabeau, pressentant de près une révolution dont les premières secousses feraient écrouler la religion dont il était le prélat, il étudiait la politique, qui allait appeler toutes les hautes intelligences à détruire et à réédifier les empires. […] En arrivant à Paris, il trouva dans le cœur et dans la bourse de ses amis les premiers vingt-cinq louis, base d’une fortune princière. […] XX À son arrivée à Paris, M. de Talleyrand, toujours et justement favori des femmes célèbres par leur goût pour l’élégance d’esprit, par leur beauté ou par leur génie, retrouva dans madame de Staël une amie capable d’apprécier son charme et son talent. […] Princes de l’Église, débris vivants de l’Assemblée constituante, amis encore vivants de Mirabeau, survivants des échafauds de la Convention, émigrés compagnons de sa proscription d’Amérique, membres dépaysés aujourd’hui du Directoire, dignitaires, maréchaux, généraux, ministres de l’Empire, royalistes de 1814, auxquels un mot de ce mort avait rendu le trône et la cour de deux rois ; courtisans de l’illégitimité d’Orléans, dont il avait ratifié l’avènement à la couronne pour franchir un abîme par un expédient ; plénipotentiaires de toutes les puissances, qui venaient honorer, dans ce plénipotentiaire de la nation et de la paix, cette diplomatie reine des rois, souveraineté de la raison, providence invisible des peuples qui régit le monde en le pondérant : tout cela, disons-nous, donnait à cette sépulture l’aspect d’un congrès plus que d’un cortège funèbre ; congrès posthume auquel il ne manquait que l’âme de tous les congrès de ce siècle.
Ami Lecteur, vous voilà bien en peine, Rendons les courts en ne les lisant point. […] La Chapelle en donna une plus agréable, qu’il enchassa dans une espêce d’histoire galante de ce Poëte, grossie de quelques anecdotes amoureuses, vrayes ou fausses, de la Cour d’Auguste, & des amis de Catulle. […] Ce monument de sa reconnoissance, le fit connoître d’Auguste qui le récompensa, ainsi que son ami Horace. […] Ce tendre ami de Virgile, l’est aussi de tous les lecteurs d’un goût délicat.
Mais Dieu, qui a, quand il le veut, tous les moyens de nous atteindre, Dieu, qui donne à sa Grâce divine toutes les formes humaines qu’il lui plaît, donna pour Féval à sa Grâce le visage d’un ami et d’un homme fait par l’esprit pour tout renverser comme la foudre, et qui se contenta de lui planter et de lui enfoncer doucement dans le cœur, pendant des années dont je ne sais pas le nombre, les racines de cette conversion que voilà maintenant fleurie et épanouie sur sa tombe ! Cet ami, Paul Féval l’appelle tout simplement Jean dans son livre, mais, en réalité, il s’appelait d’un nom qui deux jours fut célèbre. […] Mais, romancier jusqu’à sa dernière heure, Paul Féval, qui fut son ami, a voulu tailler un roman de plus dans l’étoffe de cette personnalité qui prête à tout, tant elle est vaste et contrastée ! […] Si le monastère n’a pas péri de ce mal intérieur qui lui dévorait les entrailles, c’est grâce à la piété de ses moines et au courage de ses commandants militaires, parmi lesquels il se rencontra un abbé, un abbé-capitaine, Geoffroy de Servon, ami de Duguesclin, qui, au plus noir de la guerre de Cent ans, fit de sa crosse une lance et fut exactement un héros.
Mais ce dernier le rappelle par lettres ; il lui remet en mémoire les vrais principes d’un homme de cœur ; il lui dit en le revoyant et en l’embrassant : « Mon ami, souvenez-vous de la principale partie d’un grand courage et d’un homme de bien, c’est de se rendre inviolable en sa foi et en sa parole, et que je ne manquerai jamais à la mienne. » Et il l’engage à aller à la cour de France pour y observer prudemment toutes choses et y découvrir le dessein des adversaires, sous air de se rallier à eux et de s’en rapprocher ; car Rosny a des frères ou des neveux qui sont alors des plus avant dans la faveur de Henri III. […] Vraiment elle parlera bien à vous, car on lui a dit que vous aviez une autre maîtresse. » Il allait céder et se rendre lorsqu’un ami, représentant le conseil de la raison, lui dit à l’oreille : « Monsieur, tournez votre cœur à droite, car là vous trouverez des biens, une extraction royale et bien autant de beauté lorsqu’elle sera en âge de perfection. » Rosny se déclara donc pour la plus douce, la plus modeste et la plus vertueuse, et qui se trouvait être la plus riche aussi.
Bonne et fidèle amie, sûre, vraie, droite, aisée à prévenir et à choquer, fort difficile à ramener ; grossière, dangereuse à faire des sorties publiques ; fort Allemande dans toutes ses mœurs, et franche ; ignorant toute commodité et toute délicatesse pour soi et pour les autres, sobre, sauvage et ayant ses fantaisies. […] Je serai toujours ravie de les apprendre par vous, madame, pour qui je me sens à cette heure, une véritable amitié fondée sur une grande estime. » Fière comme l’était Madame, il n’y avait pour elle, après une telle démarche et un rapprochement aussi pénible dans son principe, qu’à devenir l’amie intime et cordiale de Mme de Maintenon, ou son ennemie irréconciliable.
On sait du reste que Frédéric n’était pas le philosophe tout idéal et tout à la Marc Aurèle que les gens de lettres ses amis se hâtèrent de promettre un peu témérairement au monde quand il monta sur le trône ; mais il était réellement philosophe par goût, par bon sens, parce qu’il réduisait chaque chose à la juste réalité, et que, tout en faisant vaillamment son rôle et son métier de souverain, il se séparait à tout instant de cette destinée d’exception pour se juger, pour se regarder soi-même et les autres. […] Son ami d’Alembert était mort l’année précédente, « d’Alembert, auquel il n’y aurait aucun reproche à faire, disait Frédéric, si ce n’est sa trop grande complaisance pour Diderot, qui l’a entraîné au-delà des lois sages qu’il s’était prescrites. » Louis XVI avait lui-même invité le prince Henri à entreprendre ce voyage, et il l’accueillit bien.
D’Artagnan, de qui Villars avait rendu bon témoignage, bien que ce ne fût point pour lui un ami, fut nommé maréchal de France. […] Elle aimait sans doute en lui le fils d’un des contemporains et des adorateurs de sa jeunesse ; mais si ce fils n’avait pas eu du bon sens et de la solidité sous ses airs légers, s’il n’avait pas eu du fonds, elle ne lui aurait point été une si invariable amie et protectrice.
Intime ami de M. Lainé et son égal à l’entrée de la carrière, signalé comme lui à l’attention publique et aux honneurs du nouveau régime par le même acte de résistance au régime précédent, il sent bien vite quelle destinée différente ont faite à son ami ses talents d’orateur, et quelle disproportion de classement il en résulte entre eux dans l’opinion ; il en souffre, il s’abandonne tout bas au découragement et prend une part de moins en moins active aux discussions de la Chambre : J’en suis puni (écrivait-il à la fin de l’année 1814) par la perte de cette considération personnelle dont je jouissais il y a un an.
Son but est complexe ; c’est à nous, lecteurs et raisonneurs, qu’il laisse le soin de le dégager ; il se contente de le résumer de la manière la plus générale, lorsqu’il dit à celui de ses amis auquel il adresse le Journal de ses impressions : « Admets seulement que j’aime passionnément le bleu, et qu’il y a deux choses que je brûle de revoir : le ciel sans nuages, au-dessus du désert sans ombre. » Parti de Médéah dans la direction du sud, il va traverser le pâté de montagnes qui le sépare du désert, et il ne nous laisse rien perdre, chemin faisant, de la physionomie du paysage. […] La vallée du Chéliff, ou plutôt la plaine inégale et caillouteuse ravinée par le Chéliff, s’offre à nous avec son caractère d’aridité surprenante ; le peintre ici se montre tout à nu et nous rend le terrain dans sa crudité géologique, comme le ferait un Saussure qui saurait colorer aussi bien que dessiner : « Imagine (il s’adresse toujours à son ami) un pays tout de terre et de pierres vives, battu par des vents arides et brûlé jusqu’aux entrailles ; une terre marneuse, polie comme de la terre à poterie, presque luisante à l’œil, tant elle est nue ; et qui semble, tant elle est sèche, avoir subi l’action du feu ; sans la moindre trace de culture, sans une herbe, sans un chardon ; — des collines horizontales qu’on dirait aplaties avec la main ou découpées par une fantaisie étrange en dentelures aiguës, formant crochet, comme des cornes tranchantes ou des fers de faux ; au centre, d’étroites vallées, aussi propres, aussi nues qu’une aire à battre le grain ; quelquefois, un morne bizarre, encore plus désolé, si c’est possible, avec un bloc informe posé sans adhérence au sommet, comme un aérolithe tombé là sur un amas de silex en fusion ; — et tout cela, d’un bout à l’autre ; aussi loin que la vue peut s’étendre, ni rouge, ni tout à fait jaune, ni bistré, mais exactement couleur de peau de lion. » Après de telles pages, on n’a plus rien à demander au peintre pour le technique de son art : il s’est traduit en prose avec un ton égal à son objet.
Dans le drame espagnol, don Diègue parle d’une incursion des Maures des frontières, qui ont fait du butin et qui emmènent des prisonniers ; l’occasion s’offre de rendre un signalé service en leur coupant la retraite ; il s’agit de se mettre au plus tôt à la tête de cinq cents amis et parents, déjà rassemblés et convoqués à cette fin. […] Mme de Rambouillet et ses amis, si Corneille leur avait fait entendre ou même soupçonner seulement de pareilles choses ?
Elle pleura son amie d’enfance, Albertine, qui mourait ; elle eut Délie qui fut une autre amie pour elle ; mère, elle aima, elle pleura sur un berceau et fit de charmants récits et des prières.
Son ami, l’auteur des Iambes, et aujourd’hui du Pianto, a osé beaucoup : proférant des paroles ardentes, et d’une main qui n’a pas craint quelque souillure, il a fouillé du premier coup dans les plaies immondes, il les a fait saigner et crier. […] « Musset, a dit l’un de nos amis déjà cité, a l’affectation et la prétention de la négligence.
J’ignore s’il est quelqu’un de nos amis qui ait su garder, à travers les épreuves diverses, cette fleur de libéralisme primitif, de libéralisme pour ainsi dire platonique et en dehors de toute action, et cette tendresse extrême de conscience qui ne souffre examen ni doute à l’endroit des anciennes idoles ; s’il en est de tels, je les admire et je les envie. […] Avec ses amis hommes, il sera, dès qu’il le pourra, un honnête homme malheureux et presque attachant : tel il se dessinerait, je suis sûr, dans sa correspondance avec M.de Barante jeune alors, et dont le sérieux aimable l’invitait ; tel nous l’avons entrevu dans sa relation avec Fauriel, et nous n’avons pas omis, à son honneur, de le remarquer.
VIII Fénelon entremêlait à ces travaux et à ces devoirs de sa profession des correspondances intimes, pleines d’onction sainte et d’enjouement avec ses amis. […] Bossuet était pour lui plus qu’un ami, c’était un maître ; mais un maître chéri autant qu’admiré.
Il est, pour beaucoup, le poète par excellence, l’ami, le consolateur, presque le directeur de conscience. […] Citons un peu, au hasard, pour le plaisir : Pareille à toutes les femmes romanesques, Hélène s’occupait de la délicatesse des voluptés communes à elle et à son ami comme d’un souci de sentiment.
Ernest Lavisse dans l’admirable petit livre qu’il a consacré à son ancien chef et vénérable ami. […] , fierté des gloires militaires de la Révolution et de l’Empire, rêve d’une France libre, glorieuse et honorée parmi les hommes », cela composait une sorte de religion civique, commune alors à un très grand nombre de Français, et faite de très antiques bons sentiments, mais qui, naturellement, revêtaient les formes accidentelles propres à cette époque : on n’était pas clérical dans la maison ; on était de ces Parisiens qui, à l’endroit des « capucinades » officielles de la Restauration, retrouvaient les propos de la Satire Ménippée ; et, le samedi soir, on se réunissait entre amis, sous la tonnelle, pour chanter les premières chansons de Béranger.
Je présentai un jour à mon savant ami le Dr Daremberg l’Histoire de la philologie de Grœfenhan, pour qu’il en examinât la partie médicale. […] Le grand obstacle qui arrête les progrès des études philologiques me semble être cette dispersion du travail et cet isolement des recherches spéciales, qui fait que les travaux du philologue n’existent guère que pour lui seul et pour un petit nombre d’amis qui s’occupent du même sujet.
Littré père avaient au moins quelque mérite à l’être ; car ils étaient deux (deux qui valaient, certes, à eux seuls tous ceux qu’on a plus tard vus éclore), son fils d’abord, puis l’intime ami de son fils, celui à qui je dois ces détails, notre respecté confrère M. […] Je regrette cependant, comme vous, que ce grand et fidèle ami de la vérité se soit renfermé dans une école portant un nom déterminé, et ait salué comme son maître un homme qui, bien que considérable à beaucoup d’égards, ne méritait pas un tel hommage.
Par désir de se complaire l’une à l’autre, les deux puissances amies s’envoient des ambassades, s’offrent des fêtes, organisent des rencontres entre les grands personnages qui les représentent ; un rapprochement des deux littératures est la conséquence, quand il n’a pas été le prélude, de ces ententes cordiales. […] Aussitôt Charles IX et Henri III, mignons, raffinés et ligueurs, amis et ennemis de Richelieu, mousquetaires et frondeurs envahissent romans et drames ; l’école de Ronsard prête des rythmes aux romantiques, qui pétrarquisent et pindarisent comme les poètes de la Pléiade.
Le caractère d’Alexandre, aimable, prompt, mystique, ami du merveilleux, et qui est prêt à se refroidir du moment que le merveilleux fait place au positif, même au positif le plus avantageux, ce caractère est touché avec bien de la vérité, et d’autant mieux peint, qu’il l’est ici en action. […] Or, une armée, même en déroute, qui se disperse dans un pays ami, a de quoi se reformer vite à l’état de bandes.
Son capitaine Maupertuis, son ami Coëtquen, sont touchés en quelques traits heureux, et, en la personne de Maupertuis, il commence déjà à critiquer et à démolir la noblesse de ceux dont il parle, ce qu’il fera ensuite continuellement. […] Mais ce n’est que lors du mariage de son ami le duc de Chartres, le futur Régent, avec une des filles bâtardes de Louis XIV, que la curiosité de Saint-Simon s’avoue tout entière et se déclare : « Il m’en avait depuis quelques jours transpiré quelque chose (de ce mariage), et, comme je jugeai bien que les scènes seraient fortes, la curiosité me rendit fort attentif et assidu. » Louis XIV et sa majesté effrayante qui impose à toute sa famille, la faiblesse du jeune prince qui, malgré sa résolution première, consent à tout, la fureur de sa mère, l’orgueilleuse Allemande, qui se voit obligée de consentir elle-même, et qui nous est montrée, son mouchoir à la main, se promenant à grands pas dans la galerie de Versailles, « gesticulant et représentant bien Cérès après l’enlèvement de sa fille Proserpine » ; le soufflet vigoureux et sonore qu’elle applique devant toute la Cour à monsieur son fils, au moment où il vient lui baiser la main, tout cela est rendu avec un tour et un relief de maître.
Le Gazetier janséniste attaqua vivement les deux ouvrages, et Montesquieu plus violemment encore que Buffon : Montesquieu, aussitôt, prit la plume : Il a répondu par une brochure assez épaisse et du meilleur ton, écrivait Buffon à un ami (21 mars 1750) ; sa réponse a parfaitement réussi. […] après un travail d’un si grand nombre d’heures par jour, et une application si constante de l’esprit qui avait porté et soutenu tant de choses, il avait besoin de se détendre, et la parole allait alors en famille et entre amis comme elle pouvait.
Michaud, vous devez être content, il y a de l’esprit dans notre journal. » — « Oui, répondit l’ami de M. de Bonald, et c’est précisément ce que je n’y aime pas : il y a toujours quelque chose de satanique dans l’esprit. » On croit entendre M. de Bonald lui-même. […] Considérant la personne de l’Homme-Dieu dans tous ses états et toutes ses conditions, M. de Bonald dira : « Dans la famille, il est fils, il est parent, il est ami ; dans la société politique, il est sujet et même il est pouvoir ; dans la société religieuse, il est pouvoir et même il est sujet. » Cette antithèse de pouvoir et de sujet tient à la formule fondamentale de l’auteur ; mais comment ne pas l’oublier ici ?
Sans trop serrer de près les questions qui se rattachaient aux deux époques critiques de la vie du maréchal, j’avais entendu causer quelques-uns de ses amis, et j’avais été frappé du degré de chaleur et d’affection que tous mettaient à le défendre et à continuer de l’aimer. […] Le petit ouvrage qu’il publia en 1845, intitulé : l’Esprit des institutions militaires, et dont le maréchal Bugeaud disait que tout officier en devait avoir un exemplaire dans son porte-manteau, me le montra tel que ses amis me l’avaient fait entrevoir, mais avec une supériorité de vues et de lumières, une netteté d’exposition, une imagination même et une couleur de parole, tout un ensemble de qualités auxquelles bien peu certes auraient atteint parmi les maréchaux de l’Empire.
Un de ses amis que j’aime à citer souvent parce qu’en bien des cas il a rendu des jugements définitifs sous une forme qu’on ne retrouverait plus, M. […] Il était fait, dans l’ordre habituel et régulier d’un régime représentatif, pour figurer avec honneur dans les discussions, et peut-être de temps en temps dans les ministères, pour faire surtout ce rôle d’honnête homme en titre et d’Ariste qu’il faut que quelqu’un remplisse dans cette grande distribution des emplois, pour intervenir dans les grands cas au nom de la morale et de la vertu solennelle, pour ignorer les intrigues de ses amis, pour les servir peut-être, et à son insu toujours.
Devenu précepteur chez un fonctionnaire, il y défend avec rudesse ses amis politiques calomniés par un gentillâtre de campagne. […] Il se torture d’arguties, recommence sans cesse son infructueux examen de conscience, et se butte toujours à l’impossibilité d’éprouver une sensation forte et décisive, qui est le symptôme dernier de sa ruine morale : « Elle m’aime, écrit-il à un ami, et elle m’a dit qu’elle serait à moi, si je me reconnaissais le droit de, l’exiger.
Ami du P. […] M. l’Abbé Trublet, ami de l’Abbé de St.
) Le cavalier qui soignait mal son cheval — Le sage qui ne mentait jamais — L’homme qui avait beaucoup d’amis — L’ami indiscret.
Dubois, qui n’est plus à son tour le Dubois des Mémoires, Dubois qui n’est plus le fils du Clistorel de Brive-la-Gaillarde, le laquais Dubois, le proxénète Dubois, l’ami intime de la Fillon et de la Gourdan, Dubois le chafouin et la fouine, Dubois le méprisé, le vilipendé, l’avili, le roulé dans la fange par le talon rouge de Saint-Simon, qui ne craignait pas de s’embourber dans une pareille crotte, le Dubois enfin dont le portrait faisait face à la chaise percée dans la garde-robe de l’implacable duc, qui aurait voulu l’y étouffer, comme Clarence dans son tonneau de Malvoisie ! […] Saint-Simon, le duc de Saint-Simon, le plus altier des ducs, le féroce moraliste… contre les autres, l’austère janséniste, l’ami et le pénitent de Rancé, qui passait tous les ans un mois à la Trappe, se vautre, se dissout et s’escarbouille ainsi dans des effusions (comme il le dit) avec ce maraud et ce pied-plat de Dubois, de Dubois auquel il ne doit rien, malgré sa phrase sur « la solide grandeur et la décoration extérieure de sa maison » ; car ce n’est pas Dubois qui l’a nommé ambassadeur, c’est le Régent !
Il a, au reste, des amis très-bien disposés et très-dévoués au sein du Château, dans la personne même de la reine, si pieuse, et tout autour d’elle : l’atmosphère intime des Tuileries est plutôt propice à certaines concessions et serait capable de les inspirer.
Quand les parents aiment assez profondément leurs enfants pour vivre en eux, pour faire de leur avenir leur unique espérance, pour regarder leur propre vie comme finie, et prendre pour les intérêts de leurs enfants des affections personnelles, ce que je vais dire n’existe point ; mais lorsque les parents restent dans eux-mêmes, les enfants sont à leurs yeux des successeurs, presque des rivaux, des sujets devenus indépendants, des amis, dont on ne compte que ce qu’ils ne font pas, des obligés à qui on néglige de plaire, en se fiant sur leur reconnaissance, des associés d’eux à soi, plutôt que de soi à eux ; c’est une sorte d’union dans laquelle les parents, donnant une latitude infinie à l’idée de leurs droits, veulent que vous leur teniez compte de ce vague de puissance, dont ils n’usent pas après se l’être supposé ; enfin, la plupart ont le tort habituel de se fonder toujours sur le seul obstacle qui puisse exister à l’excès de tendresse qu’on aurait pour eux, leur autorité ; et de ne pas sentir, au contraire, que dans cette relation, comme dans toutes celles où il existe d’un côté une supériorité quelconque, c’est pour celui à qui l’avantage appartient, que la dépendance du sentiment est la plus nécessaire et la plus aimable.
Mes amis, dites-moi combien d’heures encore Peut durer son éternité ?
Quelques phrases au hasard : « Un ciel gris-perle avec des matités de cendre çà et là et des irisations de nacre vers le bas… Notre phoque familier allongeait sa tête de jeune chien entre les seins pointus et couleur de safran de ma petite amie, et parfois léchait doucement ses cheveux brillants d’huile.
La gloire qu’il pouvait espérer, c’était une gloire sévère, la même, si vous voulez, que son illustre ami M.
Autour de lui, ses amis ont triomphé, les uns par l’art, les autres par le mensonge de l’art.
Ces messieurs du protocole y songent, tandis que de bonnes âmes proposent qu’en révérence de tant d’amis couronnés, nous grattions les murs de nos monuments et l’Arc de Triomphe, pour en déloger quelques inscriptions suspectes et nous adjurent de voiler la nudité indécente du groupe de Rude que d’honnêtes et pieux regards ne sauraient contempler sans rougir… On sent bien à toutes ces controverses dont les journaux de l’époque sont pleins que nos dirigeants nous ont amenés à un point culminant de notre histoire.
Suivant son inspiration, sans autre but que de penser et de faire penser, avec un cœur plein d’effusion, avec un regard rempli de paix, il irait voir en ami, à son heure, le printemps dans la prairie, le prince dans son Louvre, le proscrit dans sa prison.
On peut s’imaginer, ajoute-t-il, que cela fut capable de les adoucir. » De quelque manière qu’on interprète la chose, il est certain que le Meun agit & fit agir tous ses amis, pour désarmer la colère des femmes.
Deux amis de l’Arioste, grands latinistes, l’exhortoient à se livrer à la poësie Latine, pour laquelle ils lui voyoient beaucoup de talent.
Non-seulement il s’étudiait à inspirer à ses amis un respect profond pour les œuvres des grands hommes, mais il voulait toujours qu’au lieu de se rebuter des défauts d’une production médiocre, on cherchât dans un livre, dans une gravure, dans le plus faible et le plus pâle essai, une étincelle de vie….
« Nous mourons et nous changeons à toute heure, écrit-il à un de ses amis, et cependant nous vivons comme si nous étions immortels.
Depuis la perte de notre ami commun, mon âme a beau s’agiter, elle reste enveloppée de ténèbres, au milieu desquelles une longue suite de scènes douloureuses se renouvellent.
Le conseil d’un ami peut bien nous faire supprimer quelques figures impropres ou mal imaginées ; mais il ne peut nous inspirer le genie necessaire pour inventer celles dont il conviendroit de se servir.
C’est aux ouvrages à se défendre eux-mêmes contre de pareilles critiques, et ce qu’un auteur peut dire pour excuser les endroits foibles de son poëme, n’a pas plus d’effet qu’en ont les éloges étudiez que ses amis peuvent donner aux beaux endroits.
» Toutes les souillures qu’il a contractées lui viennent du dehors ; c’est aux circonstances qu’il faut attribuer ses bassesses et ses vices : « Si j’étais tombé dans les mains d’un meilleur maître…, j’aurais été bon chrétien, bon père de famille, bon ami, bon ouvrier, bon homme en toutes choses. » Ainsi la société seule a tous les torts Pareillement, dans l’homme en général, la nature est bonne. « Ses premiers mouvements sont toujours droits… Le principe fondamental de toute morale, sur lequel j’ai raisonné dans mes écrits, est que l’homme est un être naturellement bon, aimant la justice et l’ordre… L’Émile en particulier n’est qu’un traité de la bonté originelle de l’homme, destiné à montrer comment le vice et l’erreur, étrangers à sa constitution, s’y introduisent du dehors et l’altèrent insensiblement… La nature a fait l’homme heureux et bon, la société le déprave et le fait misérable412. » Dépouillez-le, par la pensée, de ses habitudes factices, de ses besoins surajoutés, de ses préjugés faux ; écartez les systèmes, rentrez dans votre propre cœur, écoutez le sentiment intime, laissez-vous guider par la lumière de l’instinct et de la conscience ; et vous retrouverez cet Adam primitif, semblable à une statue de marbre incorruptible qui, tombée dans un marais, a disparu depuis longtemps sous une croûte de moisissures et de vase, mais qui, délivrée de sa gaine fangeuse, peut remonter sur son piédestal avec toute la perfection de sa forme et toute la pureté de sa blancheur. […] Incertaines, inutiles, elles ne sont qu’une pâture pour les disputeurs et les oisifs418. « Qui voudrait passer sa vie en de stériles contemplations, si chacun, ne consultant que les devoirs de l’homme et les besoins de la nature, n’avait de temps que pour la patrie, pour les malheureux et pour ses amis. » — À quoi bon les beaux-arts ? […] Il n’a pas de rôle à jouer, il n’est pas comédien. » — Sciences, beaux-arts, arts de luxe, philosophie, littérature, tout cela n’est bon qu’à efféminer et dissiper l’âme ; tout cela n’est fait que pour le petit troupeau d’insectes brillants ou bruyants qui bourdonnent au sommet de la société et sucent toute la substance publique En fait de sciences, une seule est nécessaire, celle de nos devoirs, et, sans tant de subtilité ou d’études, le sentiment intime suffit pour nous l’enseigner. — En fait d’arts, il n’y a de tolérables que ceux qui, fournissant à nos premiers besoins, nous donnent du pain pour nous nourrir, un toit pour nous abriter, un vêtement pour nous couvrir, des armes pour nous défendre En fait de vie, il n’en est qu’une saine, celle que l’on mène aux champs, sans apprêt, sans éclat, en famille, dans les occupations de la culture, sur les provisions que fournit la terre, parmi des voisins qu’on traite en égaux et des serviteurs qu’on traite en amis En fait de classes, il n’y en a qu’une respectable, celle des hommes qui travaillent, surtout celle des hommes qui travaillent de leurs mains, artisans, laboureurs, les seuls qui soient véritablement utiles, les seuls qui, rapprochés par leur condition de l’état naturel, gardent, sous une enveloppe rude, la chaleur, la bonté et la droiture des instincts primitifs Appelez donc de leur vrai nom cette élégance, ce luxe, cette urbanité, cette délicatesse littéraire, ce dévergondage philosophique que le préjugé admire comme la fleur de la vie humaine ; ils n’en sont que la moisissure.
Un mot redoutable, celui de citoyen, importé par Rousseau, est entré dans le langage ordinaire, et, ce qui est décisif, les femmes s’en parent comme d’une cocarde. « Vous savez combien je suis citoyenne, écrit une jeune fille à son amie. Comme citoyenne et comme amie, pouvais-je recevoir de plus agréables nouvelles que celles de la santé de ma chère petite et de la paix527 ? […] Nous préférions un mot d’éloge de d’Alembert, de Diderot, à la faveur la plus signalée d’un prince… Il était impossible de passer la soirée chez d’Alembert, d’aller à l’hôtel de La Rochefoucauld chez les amis de Turgot, d’assister au déjeuner de l’abbé Raynal, d’être admis dans la société et la famille de M. de Malesherbes, enfin d’approcher de la reine la plus aimable et du roi le plus vertueux, sans croire que nous entrions dans une sorte d’âge d’or dont les siècles précédents ne nous donnaient aucune idée… Nous étions éblouis par le prisme des idées et des doctrines nouvelles, rayonnants d’espérance, brûlants d’ardeur pour toutes les gloires, d’enthousiasme pour tous les talents et bercés des rêves séduisants d’une philosophie qui voulait assurer le bonheur du genre humain.
Job, Homère, Virgile, Le Tasse, Milton, Rousseau, et surtout Ossian et Paul et Virginie ; ces livres amis me parlaient dans la solitude la langue de mon cœur ; une langue d’harmonie, d’images et de passion ; je vivais tantôt avec l’un, tantôt avec l’autre, ne les changeant que quand je les avais pour ainsi dire épuisés. […] Et d’abord j’ai la conscience d’en avoir mérité beaucoup ; mais fussent-elles toutes injustes et amères, elles auraient été amplement compensées par cette foule innombrable de lettres que j’ai reçues de mes amis inconnus. Une douleur que vos vers ont pu endormir un moment, un enthousiasme que vous avez allumé le premier dans un cœur jeune et pur, une prière confuse de l’âme à laquelle vous avez donné une parole et un accent, un soupir qui a répondu à un de vos soupirs, une larme d’émotion qui est tombée à votre voix de la paupière d’une jeune femme, un nom chéri, symbole de vos affections les plus intimes, et que vous avez consacré dans une langue moins fragile que la langue vulgaire, une mémoire de mère, de femme, d’amie, d’enfant, que vous avez embaumée pour les siècles dans une strophe de sentiment et de poésie !
Oui, Celle-là (serais-tu perdu en une salle, spectateur très étranger, Ami) pour peu que tu déposes avec soumission, à ses pieds d’inconsciente révélatrice, ainsi que les roses qu’enlève et jette en la visibilité de régions supérieures un jeu de ses chaussons de satin pâle et vertigineux, la Fleur de ion poétique instinct n’attendant de rien autre la mise en évidence et sous le vrai jour des mille imaginations latentes : alors, par un commerce dont son sourire paraît verser le secret, sans tarder elle te livre à travers le voile dernier qui toujours reste, la nudité de tes concepts et silencieusement écrira ta vision à la façon d’un Signe, qu’elle est. […] Le jeune ami du marié qui va chercher la mariée ; et la jeune amie de la mariée qui va chez le mari.
Paul Alexis, est un de mes vieux amis, un garçon de grand talent que j’aime beaucoup. […] Le jour où l’analyse cruelle que mon ami M. […] Mon ami, très rouge, honteux d’avoir révolté la pudeur de toute une rédaction, consentit à supprimer l’alinéa. […] Vous êtes pâle, mon ami, avec la guillotinade qui termine votre roman. […] Ainsi donc, mes amis, il faut confesser notre impuissance : nous n’irons jamais à ce degré de vérité dans l’atroce.
Elle est plus difficile à constater, mais non moins certaine, non moins constante, et plus digne encore de l’attention du philosophe, quand nous sommes seuls avec nos souvenirs et nos pensées, sans compagnon d’aucune sorte ; l’homme qui lit ou écrit dans la solitude n’est pas seul, à vrai dire ; un livre est un ami qui nous parle et que nous écoutons avec attention ; le papier auquel nous confions notre pensée est un ami aussi, un ami discret et modeste, un confident patient qui nous écoute ; quand donc nous sommes vraiment seuls, bien souvent nous nous taisons, soit par prudence, soit par fatigue, soit tout simplement parce que parler nous semble inutile ; parler est inutile en effet, car la parole, ce précieux auxiliaire de la pensée, ne nous abandonne pas, si nous croyons renoncer à elle ; mais alors elle reste en nous, et nul autre que nous-même ne peut l’entendre. […] Déjà en effet l’homme qui parle six heures chaque jour est, de l’aveu de tous, amis ou ennemis, un bavard ; accordons-lui huit heures de sommeil ; il reste dix heures par jour pendant lesquelles il médite en silence, réduit, non sans regret peut-être, à la parole intérieure. […] Quel est celui dont l’imagination est assez puissante pour, en l’absence d’un ami, se représenter sa figure d’une manière aussi exacte que s’il était présent, bien qu’il ne passe pas un seul jour sans le voir ?
Le chef de la police secrète enlève au cadavre un grand morceau de peau, la fait tanner, puis transformer en porte-cigares et porte-cartes pour lui et quelques amis. […] Il montre le bâtiment à son ami et dit en souriant : « Voici le lycée de papa ». […] Deux amies de pension de bonne famille causent ensemble. […] Ses amis le reçoivent et il voudrait un peu se rafraîchir ; mais il n’y a pas encore à Leipzig de bière de Munich. […] On n’a qu’à passer en revue le cercle de ses amis et connaissances, pour remarquer que l’on commence à grisonner bien plus tôt qu’autrefois.
Tartuffe n’est-il pas un homme qui veut s’élever au-dessus de ses semblables, qui capte les héritages et les donations pour arriver à la puissance que donne l’argent, et n’y a-t-il nul rapport entre Tartuffe et Rodin et Bel Ami ? […] De telles gens ne sont ni parents, ni amis, ni citoyens, ni chrétiens, ni peut être des hommes : ils ont de l’argent. » — Il est ainsi. […] N’omettez pas non plus de vous dire que vous avez désormais en moi un ami chaud et de-qualité qui pourra vous être de quelque utilité en ce monde. […] « Il n’oublie pas de tirer avantage de l’aveuglement de son ami et de la prévention où il l’a jeté en sa faveur : tantôt il lui emprunte de l’argent, tantôt il fait si bien que cet ami lui en offre ; il se fait reprocher de n’avoir pas recours à ses amis dans ses besoins ; quelquefois il ne veut pas recevoir une obole sans donner un billet qu’il est bien sûr de ne jamais retirer ; il dit une autre fois et d’une certaine manière que rien ne lui manque, et c’est lorsqu’il ne lui faut qu’une petite somme. […] Le malade imaginaire veut marier sa fille avec un médecin pour avoir toujours un médecin sous la main, comme le dévot veut marier sa fille avec un ami de Dieu peut être toujours sous la main de Dieu, et l’un tartufie sa fille pour sanctifier sa maison et l’autre diafoirise la sienne pour assainir sa demeure.
Simone, qui a deux enfants, aime le docteur Le Jas, qui est marié, qui a des amis, les Luce (de Bruxelles) et l’abbé Stéphane Arnaud. […] Pour les amis d’un art exubérant, c’est peu de chose. […] Autour de la table, sous la pauvre lumière d’une lampe, ils forment une petite société d’amis vérifiés par le malheur. […] l’une et à l’autre, vous avez été mes petites amies les plus émouvantes. […] Il disait à ses amis : « On vient d’arrêter de Flotte ; est-ce parce que ses mains sentaient la poudre ?
Et tout naturellement, nous touchons à l’une des questions les plus brûlantes dont se tourmentent nos amis, la question flamingante. […] En eux seuls il sent des amis, pour eux seuls il réserve sa tendresse. […] Aussitôt nous devenons amis avec eux ; même nous oublions un peu que nous lisons un livre à la disposition de tout le monde. […] Mais les trois amis du collège Sainte-Barbe se laissaient séduire, Maeterlinck plus que les autres, par l’art de Stéphane Mallarmé. […] Je dois ici des remerciements à mon ami M.
Cette lettre qu’on lit dans une emphatique proclamation de la Société populaire de Montauban, mais qui s’en distingue par le ton, est datée du 25 prairial (13 juin), peu après l’arrivée du grand convoi de grains devant la rade de Brest : « Ce jour, ma chère amie, est pour moi un jour de joie, et je me hâte de te la faire partager. […] Parmi les Grecs, à peine ai-je trouvé un homme qui en fût révolté, et les prêtres, dont le fanatisme égale l’ignorance, se montraient nos plus grands ennemis. » À un moment où l’on apprend qu’ils ont reçu de leurs amis de Constantinople quelque somme d’argent, on semble changer de procédés à leur égard, ou plutôt la vexation se déplace ; les croyant riches, au lieu de les charger de pierres on les poursuit, on les agonise de demandes exigeantes ; c’est à qui mendiera près d’eux et leur arrachera quelques pièces de monnaie.
» J’arrache cette page d’aveu du calepin d’un ami. — Oui, c’est bien là, c’est à quelqu’une de ces jolies pièces qu’on va de préférence le soir où l’on n’est ni trop égayé, ni trop guindé ; après un dîner où l’on n’était pas seul, où l’on n’était pas plusieurs, on va voir la Quarantaine. […] En montrant de fort vilaines choses, il ne révolte pas, comme n’ont jamais manqué de faire nos amis les romantiques ; il donne le change en amusant.
Garnier de Pont-Sainte-Maxence, ayant recueilli les témoignages des amis, des parents, de la sœur du saint, la composa dans les deux ou trois années qui suivirent le meurtre, en strophes de cinq alexandrins monorimes, et la récita plus d’une fois aux pèlerins venus pour visiter le tombeau63. […] Point de sentimentalité du reste, ni de mélancolie : la joie domine et dans l’âme et dans la parole de Joinville ; mais il a dans l’occasion, sur les misères de ses amis ou de ses compagnons, des expressions de tendresse et de piété, fines comme le sentiment qui un moment attrista sa belle humeur.
Un de mes amis qui a fait la campagne de 1870 en qualité de lieutenant, qui depuis est entré dans l’Université, et que je n’hésitais point à juger beaucoup plus intelligent que les trois quarts de nos commandants de corps, me disait l’autre jour : « Je n’ai jamais commandé plus de deux cents hommes. […] Et le nouveau secrétaire d’État, Michel Le Tellier, écrivit à Gassion cette lettre que M. le duc d’Aumale ne cite pas et n’avait pas à citer, et dont les termes me paraissent très significatifs : Monsieur, la bonne part que vous avez eue en la gloire de la bataille de Rocroy a été publiée si hautement et est si connue de tout le monde, qu’il n’a pas été besoin que vos amis se soient mis en peine de faire savoir à la reine de combien de valeur et de prudence a été accompagnée la conduite que vous avez tenue en cette occasion si importante, etc.
Aussi tous les lettrés de l’époque furent-ils ses amis. […] Villon faisant son testament à la veille d’être pendu, léguant à un ivrogne son muid certainement vide, à un vicaire sa maîtresse ; à un ami trop gras deux procès ; narguant la mort et s’amusant à décrire son squelette ; puis se félicitant d’avoir sauvé sa pel par une requête en grâce faite à propos, montre beaucoup de verve et d’originalité.
Dans la Nouvelle Héloïse, c’est la femme qui périt par accident, juste à temps pour ne pas tomber dans les bras de son ami ou dans une profonde désespérance. […] Il était l’ami des novateurs ; il avait corrigé les épreuves de l’Emile qui fut à son apparition un ouvrage séditieux ; il prévenait Diderot des perquisitions dont son logis était menacé.
Cependant il vivait trop de la vie brillante, dissipée, mondaine, de la vie de plaisirs, et, à peine âgé de vingt-huit ans8, il se disait lassé et vieilli : Quant à la vie que je mène, écrivait-il à un ami (janvier 1785), c’est un drame si ennuyeux, que je prétends toujours que c’est Mercier qui l’a fait. […] Ses amis (car il en eut) assurent qu’en s’emparant ainsi du sceptre, il n’en était nullement orgueilleux au fond : « Ne se considérant que comme une combinaison heureuse de la nature, convaincu qu’il devait bien plus à son organisation qu’à l’étude ou au travail, il ne s’estimait que comme un métal plus rare et plus fin. » C’était sa manière de modestie.
Toutefois, quelque incomplet que soit le manuscrit, son existence démontre que les Mémoires annexés aux lettres n’ont pas été fabriqués, qu’ils ont été bien réellement écrits par la célèbre actrice, à la sollicitation d’un ami, d’un teinturier, d’un éditeur dont le nom est resté inconnu. […] J’avais espéré découvrir dans les Papiers de Bélanger, acquis par le Musée de la Ville de Paris, à la vente Dubrunfaut, quelques nouvelles copies de lettres d’Adanson, de Noverre, de Beaumarchais, etc., donnant des détails circonstanciés sur la chanteuse ; mais, sauf quatre lignes d’une lettre de « l’ami Moyreau », je n’ai rien trouvé que les éléments d’une curieuse biographie de Bélanger, et des réflexions, des projets, des mémoires de l’amant de Sophie sur le goût, sur l’établissement d’échaudoirs, sur le prix du cuivre, sur les enterrements des condamnés révolutionnaires.
« Gans prêche le christianisme, écrit-il à un de ses amis en 1823, et cherche à convertir les fils d’Israël. […] Et c’est pendant cette agonie de supplicié qu’il écrivait avec sa gaieté à’ rebours : « Je suis heureusement de fort bonne humeur ; dans mes nuits d’insomnie, ma fantaisie me joue les plus belles comédies et les plus jolies farces du monde. » Et ailleurs : « On m’a pris mesure pour mon cercueil et mon nécrologe ; mais je meurs si lentement que cela devient fastidieux pour mes amis et pour moi-même. » Heine a mis toute une coquetterie d’ancien à tomber correctement, un joli sourire sur ses lèvres blanches.
Non, dit Anthime : que n’ajoute-t-il que Fulvie et Mélanie l’ont condamné sans l’avoir lu, et qu’il est ami de Fulvie et de Mélanie. Arsène , du plus haut de son esprit, contemple les hommes, et dans l’éloignement d’où il les voit, il est comme effrayé de leur petitesse : loüé, exalté, et porté jusqu’aux cieux par de certaines gens qui se sont promis de s’admirer réciproquement, il croit avec quelque mérite qu’il a, posséder tout celui qu’on peut avoir, et qu’il n’aura jamais : occupé et rempli de ses sublimes idées, il se donne à peine le loisir de prononcer quelques oracles : élevé par son caractère au-dessus des jugements humains, il abandonne aux âmes communes le mérite d’une vie suivie et uniforme, et il n’est responsable de ses inconstances qu’à ce cercle d’amis qui les idolâtrent ; eux seuls savent juger, savent penser, savent écrire, doivent écrire ; il n’y a point d’autre ouvrage d’esprit si bien reçu dans le monde, et si universellement goûté des honnêtes gens, je ne dis pas qu’il veuille approuver, mais qu’il daigne lire : incapable d’être corrigé par cette peinture qu’il ne lira point.
Le fer libérateur, qui perceroit mon sein, Déjà frappe mes yeux et frémit sous ma main, …………………………………………………… Et puis mon cœur s’écoute et s’ouvre à la faiblesse, Mes parents, mes amis ; l’avenir, ma jeunesse, Mes écrits imparfaits ; car à ses propres yeux. […] À quelque noir destin qu’elle soit asservie, D’une étreinte invincible il embrasse la vie, Et va chercher bien loin, plutôt que de mourir, Quelque prétexte ami pour vivre et pour souffrir.
Il n’a trouvé, enfin, en Galilée, qu’un pauvre caractère, qui n’avait rien de ce qui fait le grand homme quoiqu’il fût un formidable mathématicien, un de ces êtres infirmes qu’on punit maternellement, comme un vieil enfant plein de génie, mais aussi d’obstination et de désobéissance, en lui donnant pour noir cachot un palais Italien, au centre d’une belle terre italienne de douze arpents sur laquelle il pouvait promener ses soixante-quinze ans et ses gouttes, en y ajoutant pour geôliers son ami, l’archevêque de Sienne, et ses propres filles, à lui, Galilée, ses filles qu’il adorait, deux religieuses qui lui parlaient de Dieu, ce dont il avait très probablement grand besoin. […] sont d’avoir trop aimé… non pas les femmes, mais les sommets, comme de Laprade, « n’ayant pas — dit-il — l’habileté de son ami Sainte-Beuve, qui se met d’abord dans les vallées pour bondir sur les sommets ensuite (sic) » ; sauteur cauteleux que ce Sainte-Beuve, dont Chasles (fantaisie dernière !)
mon ami, tout de même, le général André a soixante-cinq ans sonnés ! […] En face du Vieux Cordelier et de l’Ami du peuple se sont dressés les Actes des Apôtres. […] En vain Maurras, Barrès et quelques autres de ses amis, moins connus, s’évertuaient-ils contre cette incroyable injustice, une des plus fortes de l’histoire littéraire. […] Il apparaît comme un génie encyclopédique aux regards des timides provinciaux, amis de l’ordre, respectueux du désordre que délèguent à la Chambre et au Sénat, les temps troublés. […] Un écrivain tel qu’Henri Rochefort est suspect même à ses partisans et amis, qui craignent qu’il ne se retourne contre eux à un moment donné, ce dont il ne se privera certes pas.
Les amis et les admirateurs de M. de Tocqueville, en le perdant, ont été saisis en effet d’une crainte : c’est qu’il ne fût pas assez dignement loué, et que sa renommée sérieuse ne resplendît point suffisamment.
— Or, voilà que depuis peu, à trente-cinq ans d’intervalle, ses amis se sont avisés, un matin, de réveiller son nom comme celui d’un poëte candidat naturel à l’Académie : il a certes pour cela les titres suffisants ; c’est un général qui, au début de sa carrière, a remporté une victoire : comme Jourdan devenu bonhomme en vieillissant, il a eu sa journée de Fleurus.
A propos de l’enlèvement des tableaux et des statues, contre lequel il se déchaîne avec plus d’emportement qu’il ne sied au compatriote et à l’ami de lord Elgin, « Il est certain, dit-il, que les Français ne ressemblaient nullement à ces peuples dont le génie créa les premiers chefs-d’œuvre de l’art ; au contraire, le prototype classique de Bonaparte dans cette circonstance fut ce Mummius, consul romain qui dépouilla violemment la Grèce de ses trésors, dont lui-même et ses compatriotes étaient incapables d’apprécier le véritable mérite. » Cette mauvaise humeur de l’historien se mêle même aux éloges que lui arrache une admiration involontaire.
Les anciens avaient des hommes pour amis, et ne voyaient dans leurs femmes que des esclaves élevées pour ce triste sort.
C’est l’écho de ces pensées, souvent inexprimables, qu’éveillent confusément dans notre esprit les mille objets de la création qui souffrent ou qui languissent autour de nous, une fleur qui s’en va, une étoile qui tombe, un soleil qui se couche, une église sans toit, une rue pleine d’herbe ; ou l’arrivée imprévue d’un ami de collège presque oublié, quoique toujours aimé dans un repli obscur du cœur ; ou la contemplation de ces hommes à volonté forte qui brisent le destin ou se font briser par lui ; ou le passage d’un de ces êtres faibles qui ignorent l’avenir, tantôt un enfant, tantôt un roi.
Homme, il faut qu’il sache ce qu’il doit à l’homme ; citoyen, il faut qu’il apprenne ce qu’il doit à la société ; prêtre, négociant, soldat, géomètre ou commerçant, célibataire ou marié, époux, fils, frère ou ami, il a des devoirs qu’il ne peut trop connaître.
Ami, s’il te faut ma liberté pour te sauver, l’honneur, prends-la.
Et je doute qu’après ce portrait, si peu chargé et si peu fidèle, de cet heureux de la gloire, on continue de nous donner ce triple Gascon, qui gasconnait avec ses amis, avec les femmes, avec Dieu même, pour le modèle des rois français.
Gramont est un homme de race militaire, et la virilité de sa pensée donne souvent à l’accent de sa poésie quelque chose de stoïquement inconsolable, d’un effet très pénétrant et très nouveau… Sorti d’un père vendéen, ami de Talmont et de Charette, ce fiancé de l’épée, à qui l’épée a manqué, victime fière et pure de la fidélité du souvenir, nous dit dans ses Chants du Passé tous les veuvages de sa jeunesse : Je comptais retrouver cette épouse de fer Que de ma destinée une erreur a disjointe.
. — Je crois prévoir que mes amis, au lendemain de ma mort, me traiteront de saint : c’est le genre de considération que je préfère.
S’il passe une partie de sa longue vie à la cour des tyrans de Syracuse, maîtres bons ou mauvais, généreux ou cruels, mais toujours amis des arts, s’il n’a rien du caractère héroïque d’un Eschyle, que nous voyons cependant aller aussi chercher asile à Syracuse, Simonide, du moins, avait senti en poëte cette gloire des armes qu’il ne partageait pas.
Il voyait son meilleur ami se frapper5, et ce n’est pas ce jour-là qu’il songea au suicide. […] Qu’un ami de Fontanes, et très respectueux de ses conseils, les ait eues, cela marque une liberté d’esprit dont il y a peu d’exemples en littérature. […] Certaines circonstances le conduisirent à faire avec un ami un voyage à Naples (1811). […] Il les lisait à ses amis. […] Hugo pleure la fille d’un de ses amis, Claire P.
Opprimés, enserrés dans le réseau rigide de l’organisation normande, ils ont beau avoir été conquis, ils n’ont pas été détruits ; ils sont sur leur sol, chacun avec ses amis et dans sa commune ; ils font corps, ils sont encore vingt fois plus nombreux que leurs vainqueurs. […] Ceux-ci, sans élection populaire ni désignation d’en haut, le trouvent tout fait et tout reconnu dans le propriétaire important, ancien habitant du pays, puissant par ses amis, ses protégés, ses fermiers, intéressé plus que personne par ses grands biens aux affaires de la commune, expert en des intérêts que sa famille manie depuis trois générations, plus capable par son éducation de donner le bon conseil, et par ses influences de mener à bien l’entreprise commune. […] Ce n’est plus un ami de cœur à qui l’on confie ses menus désirs, ses petites peines, une sorte de directeur affectueux et tout humain ; ce n’est plus un roi dont on essaye de gagner les parents ou les courtisans, et de qui on espère des grâces ou des places : on ne voit en lui que le gardien du devoir, et on ne lui parle pas d’autre chose.
Laissez cela à notre ancien ami Eugène Sue, qui a étudié les trivialités de la populace toute sa vie pendant que vous étudiiez les mondes dans les étoiles ! […] Fantine avait tout de suite perdu de vue Favourite, Zéphine et Dahlia ; le lien brisé du côté des hommes s’était défait du côté des femmes ; on les eût bien étonnées, quinze jours après, si on leur eût dit qu’elles étaient amies ; cela n’avait plus de raison d’être. […] Jamais, depuis son enfance, depuis sa mère, depuis sa sœur, jamais il n’avait rencontré une parole amie, un regard bienveillant.
Alfred de Vigny », disait-on à l’Académie759 ; s’il en excluait ses amis, ce n’était pas pour y admettre le public, et laisser déborder son cœur dans ses livres. […] Je ne finirais pas si je voulais nommer tous ceux qui à côté d’eux, disciples, amis, indépendants, firent de beaux vers, et se firent un nom. […] Il a le don de rapetisser, d’enniaiser tous les grands sujets, quand il y touche : la religion, par son Dieu des bonnes gens, ami de la joie et tendre aux mauvais sujets, par son agaçante conception d’un christianisme de pacotille qui met à l’aise tous les instincts matériels, par ses curés bénisseurs et bons vivants dont la perfection suprême est de ne pas être des gêneurs ; — le patriotisme, par un chauvinisme de méchant aloi, par l’exploitation fastidieuse de la gloire napoléonienne, avilie, vulgarisée, réduite aux puériles légendes de la redingote grise et du petit caporal ; — l’amour, par une sentimentalité frelatée, un mélange de grivoiserie et d’attendrissement qui exclut à la fois l’intensité de la passion sensuelle et la hauteur du sentiment moral ; — la morale, par une étroite et basse conception de la vie, mesquine dans la vertu, mesquine dans la jouissance, bien aménagée en un confortable égoïsme sans excès et sans danger.
Il est tout simple que la verdoyante Écosse, qui conserve, toute fraîche et toute vivante, la tradition de ses clans et de ses petites guerres civiles, et où il reste mille traces du Moyen-Âge qui n’est pas remplacé pour elle, ait donné au monde un génie conteur et original, ami des traditions merveilleuses et des peintures du Moyen-Âge. […] Qu’on voie dans cette poésie chrétienne le bruit qui accompagne la chute de tout ce qui s’écroule, le dernier soupir d’un mourant, les vives clartés que jette une lumière qui s’éteint, ou, si l’on veut, le dernier chant du cygne, je le conçois : mais y voir la vie, c’est-à-dire à la fois la vie du Christianisme et la vie du poète, une foi véritable, une communion de l’un avec l’autre, comme le doux repos de l’enfant dans les bras et sous les baisers de sa mère, ou comme la conversation d’un ami avec son ami, voilà ce que je ne puis admettre.
Ils viennent par petits groupes irréguliers, gais et dispos, saluant leurs amis sur la route. […] Ils ont considéré, non sans étonnement, la soubrette jusqu’alors occupée des rubans de son corsage fripés par son bel ami le garde-française, et, pleins d’un beau rêve, dévorés du désir des cimes, ils ont violemment saisi Dorine, Fanchon ou Marinette, et l’ont forcée à lever la tête, sans lui prendre le menton. […] Glasenapp devient un ami de la famille ce qui lui permet d’avoir accès à des documents de tout premier ordre mais qui le conduisent à rédiger une version « officielle », controlée par Richard et Cosima eux-mêmes.
Personne n’a puisé plus d’ivresse dans un regard, plus de miel dans un sourire, plus d’enchantement dans un soleil, plus de rêverie dans une nuit d’été, plus d’enthousiasme heureux ou pieux dans le spectacle d’une montagne, d’une vallée, d’une mer, et, faut-il le dire, plus de gaîté oublieuse quelquefois dans l’épanchement communicatif d’une table d’amis laissant déborder la saillie de leur esprit comme l’écume de leurs verres, et remettant les tristesses de la vie ou de la mort à demain. Personne aussi, j’en suis sûr, n’a autant joui de ses amis, famille adoptive, parenté de l’âme, public intime, qui ne sont ni si perfides, ni si indifférents que le disent les cœurs tristes, et que je n’ai jamais, au contraire, trouvés si fidèles et si consolateurs que dans l’infortune. […] … Ainsi de nos pères, de nos mères, ainsi de nos enfants, ainsi de nos amis, ainsi de nos contemporains, ces parents de temps auxquels nous nous attachons par contiguïté de berceau, par voisinage de sépulcre ; êtres aimés que nous espérions devoir nous survivre, et dont nous voyons les rangs s’éclaircir prématurément autour de nous, et nous laisser seuls de nos dates comme des traîneurs de la vie, dépaysés dans des générations inconnues !
Aussi la comtesse disait-elle à Mme Vauquer, en l’appelant chère amie, qu’elle lui procurerait la baronne de Vaumerland et la veuve du colonel comte Picquoiseau, deux de ses amies, qui achevaient au Marais leur terme dans une pension plus coûteuse que ne l’était la maison Vauquer. […] Nous serons toujours amis. » Rastignac est tenté, mais non corrompu encore. […] Quelque temps après un ami de sa famille lui propose de visiter avec lui les bords de la rivière.
Les amis de Corneille s’en émurent. « Andromaque a bien l’air des belles choses », disait Saint-Evremond ; « il ne s’en faut presque rien qu’il n’y ait du grand. » L’admiration sincère pour le nouveau chef-d’œuvre perce dans cette réserve d’un des plus fermes amis de Corneille. […] Le pardon de Cinna change le plus mortel ennemi d’Auguste en un ami dévoué, et lui rend plus léger le poids de l’empire. […] L’heure de se retirer étant venue, je sortis avec un Français, ami fort ancien de cette famille, qui, à peine dans la rue, me dit : « Savez-vous ce que vous venez de faire ?
Méthode de bonheur qu’il n’a pas eu beaucoup de peine à s’appliquer, — lui, le Pangloss, car il est Pangloss, que les circonstances ont dorloté depuis sa naissance jusqu’à sa mort, — mais qu’il appliquait à ses amis et connaissances. […] Un ami, de plus de passion qu’il n’en eut jamais, se fit, dans un désespoir d’amour, sauter la cervelle, et, sous la dictée de ce coup de pistolet, Gœthe, dont le destin était de ne jamais écrire que sous la dictée de quelqu’un ou de quelque chose, partit du Werther, et à l’homme passionné qui fut son ami il mêla son moi, à lui, ses affectations, ses puérilités, son sentimentalisme, sa froideur et jusqu’à son grec. […] Je trouve très beau à notre Balzac, rencontré, pendant les trois jours de juin sur les ponts où il pleuvait des balles, par un ami qui lui reprochait de n’être pas préoccupé des malheurs publics et de la Révolution, de répondre comme il répondit : « Mon cher, je fais en ce moment une chose plus difficile qu’une révolution, c’est le mariage de M. de Vandenesse avec mademoiselle de Mort-sauf », Seulement, pour revenir à Gœthe, son rêve, à lui, ne fut jamais une absorption.
Paul Desjardins Mon cher Ami, Je désire vous offrir ce livre, parce que vous êtes celui de mes amis de lettres dont je me sens le plus près : non par le talent, hélas ! […] J’ai un ami excellent, que nous appellerons Jacques, si vous le voulez bien. […] » Mon ami Jacques n’a d’ailleurs pas l’occasion d’appliquer son ingénieux système sur des terrains bien riches ; en effet, il ne s’occupe de politique qu’en qualité d’électeur, et, s’il a déjà passé plusieurs fois du rouge au blanc ou du blanc au rouge, personne ne s’en est aperçu. […] Ce sceptique d’aujourd’hui, en effet, ne connaît que ses amis de la veille, ne tient compte que de leurs opinions, ne se soumet qu’à leur jugement, n’ambitionne que leurs suffrages, méconnaissant et dédaignant ceux qui devraient être, ceux qui sont ses véritables frères. […] Un philosophe qui met en scène des courtisanes et des hommes de plaisir, qui invente le Demi-monde, l’Ami des femmes, et M.
On noterait encore de ces strophes qu’on aime à retenir, dans l’ode adressée par Denne-Baron Aux Mânes d’Octavie Devéria, sœur des célèbres peintres ; cette jeune femme, morte peu après le mariage, dans tout l’éclat de la beauté et entourée du charme des arts, a bien inspiré le poète ami : Des chœurs de l’Hyménée à peine tu déposesq, Ta chevelure encor sent l’haleine des roses Dont il te couronna comme un ciel du matin… Properce occupa de bonne heure M.
Nous voyons que M. de Lamartine se justifie dans les journaux amis d’avoir écrit un seul vers durant ce dernier voyage, et même depuis longtemps : nous avons en conséquence à lui faire réparation de l’en avoir soupçonné.
Et puis surtout les œuvres de ses amis lui rendaient la tâche difficile : après Racine et La Bruyère, après Bossuet, après La Fontaine et Molière, après Pascal et Corneille, comment soutenir l’infériorité des modernes ?
Revient alors son petit ami d’enfance, Louiset.
Qui ne se montre ami des vices devient ennemi des hommes.
Elle était aussi bonne amie, et elle obligeait tout le monde. » Mademoiselle de Montpensier, qui certes n’était point une précieuse, s’est plu, dans son histoire allégorique de la princesse de Paphlagonie, à faire le portrait de la marquise de Rambouillet, d’après les témoignages des personnes de la cour qui l’avaient particulièrement connue.
On lit depuis long-temps sur les degrés du Trône d’où ils dispensent les réputations : Et la Prose & les Vers, tout nous sera soumis ; Nul n’aura de l’esprit, hors nous & nos amis.
On pourrait observer à La Fontaine que notre maître n’est pas toujours notre ennemi, qu’il ne l’est pas lorsqu’il veut nous faire du bien et qu’il nous en fait ; que Titus, Trajan furent les amis des Romains et non pas leurs ennemis ; que l’ennemi de la France était Louis XI, et non pas Henri IV.
Le néologisme & les phrases de collège défiguroient le style, & l’on sentoit un peu trop que dans la distribution des éloges & du blâme, ils distinguoient leurs amis de leurs ennemis.
» Vainement aussi l’hospitalité des villages, la lumière amie des foyers, les alarmes des sages vieillards, les adieux inquiets des paysans se concertent pour refouler son élan ; à ces invitations du repos et de la sécurité, il jette sa réponse hautaine : « Excelsior !
Un de mes amis fut le témoin oculaire de l’avanture que je vais raconter.
On l’avait déjà dit, du reste, parmi ses amis, que Taine s’était définitivement arraché à la littérature pour se donner, cervelle, tripes et boyaux, à la science, à la grande science, à la science austère.
C’est un carbonaro, un humanitaire, un philosophe, un révolutionnaire qui se bat pour la Révolution, fait des livres, car il faut toujours faire des livres dans l’école Hugo, et devient ministre, pour introduire au pouvoir la Révolution qu’il n’y introduit pas ; puis, comme toujours, accusé de trahison par ses amis, les autres Chevaliers de l’Esprit, qui n’ont point, eux, de ministère, finit par mourir de son ministère et de cette calomnie, comme un petit garçon, et non point comme un grand homme.
Delacroix n’est pas un peintre, mais un journaliste ; c’est du moins ce qui a été répondu à un de nos amis, qui s’était chargé de leur demander une petite explication à ce sujet.
il les méprise ; ses amis ?
Il eût mieux valu dire que sa valeur n’était rien à son humanité ; qu’empereur il fut modeste et doux ; que maître absolu, il donna, par ses vertus, des bornes à un pouvoir qui n’en avait pas ; qu’il n’eut point de trésor, parce qu’il voulait que chacun de ses sujets en eût un ; que les jours de fêtes, il empruntait la vaisselle d’or et d’argent de ses amis, parce qu’il n’en avait point lui-même ; qu’il fut humain en religion comme en politique ; et que, pendant tout le temps qu’il régna, tandis que les autres empereurs, persécuteurs des chrétiens, lui donnaient l’exemple d’une superstition inquiète et féroce, il ne fit jamais, dans ses États, ni dresser un échafaud, ni allumer un bûcher.
Il eut l’âme d’un guerrier, et il aima la pompe et la mollesse ; il fut humain dans sa législation, et barbare dans sa politique ; il pardonna des injures, et fit égorger ses parents et ses amis ; il donnait par humanité, et laissait piller les provinces par faiblesse.
Les amis du poëte Lucain, ceux qui dans l’étude des lettres cherchaient encore la liberté, le culte des vertus anciennes et l’espoir de l’avenir, sont réunis à Rome près de la veuve du poëte, restée fidèle à son nom et à son amour.
Ils aimaient leurs amis, leurs disciples, les sages du passé, du présent et de l’avenir ; les hommes, non, ou fort tranquillement. […] Je demande à Gorgias et à ses amis : « Qu’est-ce que c’est que la rhétorique ? […] — À ton aise, gracieux ami. […] Sais-tu l’histoire, cher ami ? […] — Je n’en crois rien du tout, mon très reconnaissant ami.
Vous êtes les amis naturels des arts, parce que vous êtes, les uns riches, les autres savants. […] Je me rappelle qu’un de mes amis, garçon de mérite d’ailleurs, coloriste déjà en vogue, — un de ces jeunes hommes précoces qui donnent des espérances toute leur vie, et beaucoup plus académique qu’il ne le croit lui-même, — appelait cette peinture : peinture de cannibale ! A coup sûr, ce n’est point dans les curiosités d’une palette encombrée, ni dans le dictionnaire des règles, que notre jeune ami saura trouver cette sanglante et farouche désolation, à peine compensée par le vert sombre de l’espérance ! […] Raphaël a décoré des murs immenses ; mais il n’eût pas fait si bien que lui le portrait de votre mère, de votre ami, de votre maîtresse. […] Horace Vernet : Vous n’avez qu’un temps à vivre, Ami, passez-le gaiement.
Sur l’homme tout a été dit, avec précision et tact, par ses amis, une élite, de sorte que son portrait extérieur nous est convenablement connu. […] Adversaires et amis dépassent la juste mesure. […] Et l’amie ordonne au conducteur de mener la voiture à une fête foraine, proche de là. […] Qu’a fait l’amie ? […] Ce sonnet Remémoration d’amis belges en donnent un exemple curieux.
Perpétuel objet de déception pour ses amis, le professeur de Genève devait après sa mort décevoir encore ses nombreux admirateurs. […] Claude Larcher, son ami, et l’abbé Taconet, son oncle, sortent d’auprès de lui. […] Il ne se livrait qu’à ses amis dans l’intimité, et, pour le connaître à fond, il fallait savoir sa vie. […] mon ami, n’est-ce pas là la foi et le salut promis à la foi ? […] Ses meilleurs amis le renoncent ou le combattent ; l’un d’eux, philosophe depuis célèbre, M.
Ici les documents deviennent plus nombreux Molière se fixe ; et Lyon désormais est le quartier général où la troupe, après chaque campagne, viendra chercher le repos et retrouver les applaudissements, l’accueil ami du public familier. […] Des amis de Molière persuadent à Monsieur, frère du roi, de prendre la troupe sous sa protection. […] Il prêtait, il donnait ; ses droits d’auteur, pour l’ordinaire, il en faisait présent aux comédiens, à quelque ami besoigneux, comme Thiriot, à quelque jeune écrivain d’espérance ; d’Arnaud, Marmontel, La Harpe. […] Je suis comme saint Pacôme, qui, récitant ses matines sur sa chaise percée, disait au diable : Mon ami, ce qui va en haut est pour Dieu, ce qui tombe en bas est pour vous. […] Quelques amis zélés, quelques prôneurs intéressés ne pouvaient empêcher qu’on y jugeât l’homme très sévèrement, et ses œuvres très librement.
Si je n’appuie pas, si je ne chasse pas les impressions et les distractions survenantes, si je ne laisse pas à mes souvenirs le temps de se préciser et de se compléter, ils restent presque tous à l’état latent ; ce qui survit et ce qui émerge, c’est un fragment sur dix mille, la représentation vague de ma marche à tel moment dans la rue, ou de mon arrivée dans la maison, ou de l’attitude de l’ami que je suis allé voir. — Mais cela suffit ; ce lambeau conservé me tient lieu du reste ; je sais par expérience que, en concentrant sur lui mon attention, j’en ressusciterais plusieurs semblables de la même série ; il est dorénavant pour moi la représentation sommaire du tout. — Il en est de même pour le déjeuner que j’ai fait auparavant, pour la lecture qui a employé les premières heures de ma matinée ; de sorte qu’avec trois substituts abréviatifs je remonte en un clin d’œil jusqu’à mon lever, c’est-à-dire jusqu’à un incident séparé par dix heures du moment où je suis. […] J’ai cité l’histoire de Balzac qui décrit un jour, chez Mme de Girardin, un cheval blanc qu’il veut donner à son ami Sandeau et qui, plusieurs jours après, persuadé qu’il l’a donné effectivement, en demande des nouvelles à Sandeau. […] La plupart des légendes, surtout les légendes religieuses, se forment de la sorte. — Un paysan dont la sœur était morte hors du pays m’assura qu’il avait vu son âme, le soir même de cette mort ; examen fait, cette âme était une phosphorescence qui s’était produite dans un coin, sur une vieille commode où était une bouteille d’esprit-de-vin. — Le guide d’un de mes amis à Smyrne disait avoir vu une jeune fille apportée en plein jour à travers le ciel par la force d’un enchantement ; toute la ville avait été témoin du miracle ; après quinze heures de questions ménagées, il fut évident que le guide se souvenait seulement d’avoir vu ce jour-là un petit nuage dans le ciel. — En effet, ce qui constitue le souvenir, c’est le recul spontané d’une représentation qui va s’emboîter exactement entre tel et tel anneau dans la série des événements qui sont notre vie.
« — Et qu’en feriez-vous, s’il vous plaît (ce fut la question de ses deux amis parlant à la fois) ? […] Tous mes livres sont là sous ma main ; il m’en faut peu, car je suis depuis longtemps bien convaincu de la parfaite inutilité d’une foule d’ouvrages qui jouissent encore d’une grande réputation… » (Les trois amis ayant débarqué et pris place autour de la table à thé, la conversation reprit son cours. […] Il était mort entouré de sa femme, de ses enfants, de ses amis ; il s’éteignit dans la prière et dans l’espérance.
La nature se fait un plaisir d’avoir beaucoup d’amis et de parents, elle se glorifie d’un rang et d’une naissance illustres, elle est complaisante envers les grands, elle flatte les riches, elle applaudit à ses semblables : mais la grâce aime jusqu’à ses ennemis, et ne s’enfle point du grand nombre de ses amis ; elle ne fait cas ni du rang, ni de la naissance, si une plus grande vertu ne les accompagne ; elle favorise le pauvre plutôt que le riche ; elle s’intéresse plus à l’homme innocent qu’à l’homme puissant ; elle partage la joie de l’homme sincère, et non celle du trompeur, et elle exhorte toujours les bons à rechercher avec ardeur les qualités les plus parfaites, et à se rendre semblables au Fils de Dieu par leurs vertus. […] Mais les saints de Dieu, tous les fidèles amis de Jésus-Christ, ont méprisé ce qui flatte la chair et ce qui brille dans le temps ; toute leur espérance, tous leurs désirs, aspiraient aux biens éternels.
Tandis que le bon cardinal se démène ainsi tout le dimanche et perd ses peines, le preux chevalier messire Jean Chandos, l’ami et le conseiller du prince de Galles, gentil et noble de cœur, et de « sens imaginatif », profite de la trêve pour côtoyer l’armée des Français ; et de même fait du bord opposé messire Jean de Clermont, maréchal de France, et, se rencontrant, ils se prennent de paroles comme deux héros d’Homère. […] Mais toujours il s’agenouilloit par devant lui et lui disoit : « Bien cher Sire, ne veuillez faire trop maigre chère de ce que Dieu n’a aujourd’hui voulu consentir à votre vouloir, car certainement Monseigneur mon père vous fera tout honneur et amitié qu’il pourra, et s’accordera à vous si raisonnablement que vous demeurerez bons amis ensemble à toujours.
Il se plaît encore et réussit fort bien à un comique plus sérieux et contenu, à un comique d’humour, comme dans Mon ami Wolf. Ce Wolf est un original qui, s’étant laissé aller un soir d’ivresse à faire une confidence indiscrète à un ami qu’il n’avait jamais vu jusque-là, va le forcer le lendemain matin à se couper la gorge avec lui pour que le secret ne soit plus partagé.
s’il les fallait pour sauver la vie du roi, je vous dirais : Mon ami, coupez-les-moi tous les deux ; c’est un si bon maître ! […] La joie était grande parmi les ennemis de sa maîtresse ; on la voyait chassée dans la journée, on voyait tout le tripot dispersé, anéanti, écrasé, et chacun, se forgeant à son gré sa chimère la plus agréable, voyait le ministère présent succédé par lui ou par ses amis.
Un saint et naïf ermite, ami du curé de Lignières, intercepte, par un zèle aveugle, les lettres qui arrivent de l’évêché : l’abbé Célestin apprend son interdiction avant d’avoir su l’accusation portée contre lui et tombe foudroyé. […] C’est le sentiment qu’exprime, dans le Livre de mon ami, sans l’éprouver assurément dans sa plénitude et même sans savoir exactement ce qu’il dit, le pauvre petit abbé Jubal, récitant ce lieu commun ecclésiastique, que les ministres du Seigneur sont autant au-dessus des ministres des princes que Dieu est au-dessus des plus grands rois.
Le plaisir que m’a procuré celle-ci toutefois et mille fois, émise en conversation, résulte du haut-le-corps, chez des amis hommes de grande administration ou d’État, en conséquence, aguerris, qui s’impose comme immédiat acquiescement à une vérité évidente, dont le hasard fit que personne ne s’occupât encore. […] Quel honneur avivé de bonne grâce me fit mon ami, de trois jours et toujours, l’historien York Powel, de Christ Church.
D'éclairer l'homme sur sa dignité ; de lui faire aimer ses devoirs les plus pénibles ; de réprimer les égaremens d'une raison indocile ; d'enchaîner les mouvemens des cœurs corrompus ou près de se corrompre ; de faire, en un mot, de tous les hommes une société d'amis ou de freres, une seule & même famille. […] En un mot, elle oblige l'Homme à se regarder comme ennemi de lui-même, au moment qu'il se montre le plus l'ami des autres Hommes, si ses motifs ne sont pas aussi nobles que ses actions.
Lanjuinais, Mme de Staël, Ducis, Lemercier, Chénier lui-même, Carnot, Benjamin Constant, Béranger, M. de Latouche, « mon brave et infortuné ami Carrel » ; tous sont invoqués comme témoins justificatifs de cette fameuse brochure. […] Confiez donc les premières places de l’État aux véritables amis de la monarchie légitime.
Il en parle avec un sens très-juste et très-fin dans cette belle lettre à M. de Corcelles : « Comme vous, mon cher ami, je n’ai jamais eu beaucoup de goût pour la métaphysique, peut-être parce que je ne m’y suis jamais livré sérieusement, et parce qu’il m’a toujours paru que le bon sens amenait aussi bien qu’elle au but qu’elle se propose ; mais néanmoins je ne puis m’empêcher de reconnaître qu’elle a eu un attrait singulier pour plusieurs des plus grands et même des plus religieux génies qui aient paru dans le monde, en dépit de ce que dit Voltaire, que la métaphysique est un roman sur l’âme. […] Et cependant M. de Tocqueville est certainement un des amis les plus sérieux, les plus éclairés, les plus sincères que la démocratie ait eus de notre temps.
C’est pour avoir éveillé cette légion d’espérances endormies que Shelley presque vieux d’un siècle, est encore, parmi nous, le plus réel, le plus proche et le meilleur des amis. […] Mais à côté de cet attachement, nous admettons mille patries, partout où nous nous augmentons, partout où nous sommes heureux, partout où règnent la justice et la beauté, mille patries parce que nous avons mille vies, incessamment diverses, sans cesse renouvelées, parce que nous nous adaptons à tous les milieux ; partout où nous trouvons de la bonté, de l’intelligence, de la simplicité, nous sommes chez nous ; partout où des cœurs fraternels s’approchent du nôtre, partout où nous sommes entourés de compagnons et d’amis, nous disons : « Je suis au milieu des miens. » Si ma patrie m’est inclémente et qu’une autre patrie m’attire, que m’importent les longs siècles d’histoire ?
On peut écrire pour une catégorie, pour une minorité, pour une coterie même, et pour trois amis si l’on veut. […] Nous avons bien compris et bien aimé Henri Conscience, comme un ami véritable.
Il est un personnage surtout, depuis cinquante ans, vénérable aux amis de la liberté, et que M. de Carné n’aborda jamais qu’avec une sorte d’ironie méprisante qui sied mal à une intelligence si grave, si morale, et si faite pour honorer tant de constance dans une grande cause.
Ami de M. de Choiseul, ennemi du ministère d’Aiguillon et de la maîtresse favorite, il eût pu dire aux approches du danger, comme Saint-Simon à la nouvelle de la mort de Monseigneur : « La joie néanmoins perçoit à travers les réflexions momentanées de religion et d’humanité par lesquelles j’essayois de me rappeler. » A nos yeux comme aux siens, est-il besoin d’en avertir ?
Hommes la plupart habiles, cultivés, réputés amis de l’ordre, quelques-uns éminemment vertueux, ils triomphaient sans peine d’une masse déjà indifférente, avide surtout de la vie privée et des jouissances domestiques, que la Terreur avait blasée sur ses droits, et qui repoussait le fantôme du jacobinisme à tout prix.
Lerminier, doué comme il l’est d’une intelligence vaste et progressive, tendant, comme il le fait, à une œuvre d’avenir où un si beau rang l’attend et où il convie en toute occasion avec tant d’ouverture de cœur ses contemporains amis et les générations plus jeunes dont il est un des maîtres, M.
» Est-il donc impossible de concevoir un genre de comédie où le poète, loin de disparaître derrière ses personnages, se tiendrait cache sous leur masque, prompt à intervenir à tout moment dans leurs paroles et dans leurs gestes par un feu roulant d’allusions malignes, d’épigrammes lancées contre ses adversaires, de conseils sagement fous donnés à un public ami ?
Quand Alceste s’indigne des médisances où se complaisent Célimène et ses amis, on lui objecte ses propres sentiments et sa propre conduite.
Il fut guillotiné le 5 avril 1794, avec Danton et ses amis ; — OEuvres, 1828, 2 vol. in-8.
Étudiant à l’Université de Louvain, en guise de début, il fonda, avec quelques amis, un petit journal : La Semaine, qui ne tarda point à être supprimé par l’autorité académique.
Il nous quitte pour Cambo et ses amis craignent qu’il n’en revienne plus.
Là, sans que mes amis prêchent leurs sentimens, J’arrache quelquefois leurs applaudissemens ; Là, content du succès que le mérite donne, Par d’illustres avis je n’éblouis personne.
Les conseils de ses amis ne peuvent-ils pas l’élever où les forces de son génie n’auroient pû le porter.
Pour citer un contemporain de Quintilien, Juvenal dit à un de ses amis qu’il invite à souper, que durant le repas on lira quelque chose des plus beaux endroits de l’iliade et de l’éneide.
Pontmartin, à son tour, qui se croit, entre amis, un Sainte-Beuve chrétien, — qui est bien chrétien, mais qui n’est pas Sainte-Beuve, — aurait, lui, en sa qualité de chrétien, une doctrine… s’il savait fermement s’en servir.
Après avoir tâté l’opinion sur son ami Carrel, il l’a prudemment remise, cette édition, dans sa poche… Chose mélancolique, d’ailleurs, qu’après quelques années, en se retournant, on s’aperçoive que ce qu’on Croyait du talent n’était que de l’influence, et l’influence, de l’illusion !
Dans ses autres écrits de polémique, il montra, dit passionnément Heine, « à l’admiration de ses amis, l’empennure bigarrée de ses ailes quand la flèche était déjà dans le cœur de ses ennemis !
Il est bien un peu payen aussi, et de famille payenne, par-dessus le marché, ami de son temps, mais il est épris d’une chrétienne qu’il veut faire accepter par les siens.
C’est un ami plutôt.
Malgré ses liaisons avec les Parnassiens, qui sont presque tous ses amis, et quoiqu’on porte toujours un peu sur sa pensée la peine de ses intimités, quoiqu’il ait même payé son passage chez Lemerre de l’obole de quelques sonnets, évidemment M.
Rochereuil a eu la preuve de la complicité du geôlier avec les voleurs de la ville, et, comme il l’a menacé de le dénoncer s’il ne lui obéissait pas, il a exigé de lui des sorties que le geôlier épouvanté lui accorde toujours… C’est ainsi que Rochereuil et son ami l’abbé Goujet, qui ont des complices parmi les ministres et les maréchaux de l’Empereur, peuvent partir un soir pour l’assassiner, à la tête de son armée.
La seconde montrait une férocité généreuse dont on pouvait se défendre ou par la force ou par la fuite ; l’autre barbarie est jointe à une lâche férocité, qui au milieu des caresses et des embrassements en veut aux biens et à la vie de l’ami le plus cher.
La tâche de l’ami de la vérité est de rechercher les débris utiles qui en subsistent, et peuvent servir à de nouvelles et plus solides constructions. […] Je viens, au contraire, soldat dévoué de la philosophie, ami commun de toutes les écoles qu’elle a produites, offrir à toutes des paroles de paix. […] Et dans ces tableaux il y a de l’éclat et du coloris ; le paysage y est éclairé d’une belle lumière, comme si le Poussin avait guidé la main de son ami. […] Je n’ai donc aucun motif pour garder la fidélité à un ami. […] Telle est la grande et sainte image de la liberté et de l’égalité, qui a fait battre le cœur de nos pères, et celui de tout ce qu’il y a eu d’hommes vertueux et éclairés, de vrais amis de l’humanité.
Sans doute il joue un peu avec elle comme avec une amie point trop farouche, encore que sinistre. […] dit mon ami l’idéaliste ! […] La veillée funèbre de Homais et du curé Bournisien auprès de madame Bovarv est un ressouvenir de la mort du jeune Le Poitevin, ami de l’auteur. […] On découvre la vapeur, nous chantons Vénus, fille de l’onde amère ; on découvre l’électricité, nous chantons Bacchus, ami de la grappe vermeille ! […] Jean Rousseau et un de ses amis essaient d’en porter autant en voulant marcher de leur pas ordinaire205 !
Jules Lemaître a loué, dans les Lettres à un ami, les vieux bonapartistes, ceux qui menèrent et goûtèrent la vie parisienne avant 1870, des anecdotes qu’ils savent raconter, et des années enviables dont ils demeurent les témoins. […] Géant soudain, j’eusse été pour la France un Gulliver délicieux, ami du petit président, amoureux de la présidente. […] Dans la logique de ce Gulliver il y a un monde nouveau à découvrir, une Amérique amie dont l’autre lui a dessiné sur la mer, comme on écrit sur du sable ou de l’eau, l’apparence et le symbole. […] Un de ses amis s’étonna de la lacune. […] Le hasard a fait que le deuxième ami, puis le troisième, ont été plus ou moins en rapport avec les personnages qui font le sujet du premier récit.
Ainsi, dans un mystère, Amis, qui est lépreux, demande tranquillement à son ami Amille de tuer ses deux fils pour le guérir de la lèpre, et Amille répond plus tranquillement encore90. […] Prenez un fabliau, même dramatique ; lorsque le chevalier pénitent, qui s’est imposé de remplir un baril de ses larmes, meurt auprès de l’ermite, il ne lui demande qu’un don suprême : Que vous mettiez vos bras sur mi, Si mourrai aux bras mon ami. […] Lorsque l’archevêque Becket vint en France, il fit son entrée dans la ville avec deux cents chevaliers, quantité de barons et de nobles, et une armée de serviteurs, tous richement armés et équipés ; lui-même s’était muni de vingt-quatre costumes ; deux cent cinquante enfants marchaient d’abord, chantant des chansons nationales ; puis les chiens, puis les chariots, puis douze chevaux de charge, montés chacun par un singe et un homme ; puis les écuyers avec les écus et les chevaux de guerre ; puis d’autres écuyers, les fauconniers, les officiers de la maison, les chevaliers, les prêtres ; enfin, l’archevêque lui-même avec ses amis particuliers. […] Mon très-chier ami débonnaire, Vous m’avez une chose ditte Qui n’est pas à faire petite Mais que l’on doit moult resongnier.
Qu’y avait-il donc de commun entre les quatre amis ? […] La Fontaine, vendu par la disparition ou l’éloignement de ses anciens amis à son vrai tempérament, n’écrit plus guère que des Contes ; et quels Contes, si l’on songe qu’il a passé la soixantaine ! […] … J’en parlais un jour à Mme de B… qui est de vos amies, et qui en vérité a regret à votre raison. […] Chateaubriand]. — La préparation du livre des Maximes. — On le communique aux amis [Cf. […] Satires I, V, VIII, et Épîtres III, V, VI] sur la plupart de ses adversaires ; — et sur deux au moins de ses illustres amis. — Son indépendance entière de situation, d’humeur, et de goût ; — sa liberté de jugement [Cf.
Nous commençâmes par faire travailler sur notre projet deux molla (on appelle ainsi les prêtres et docteurs mahométans), et à intéresser tous nos amis dans notre dessein. […] La relation de mon illustre ami était de quatorze mains de papier, et cependant elle était abrégée en tant d’endroits, que c’était une pièce informe. […] Allaverdy-Kan34, qui était le généralissime des armées de ce grand conquérant, son grand ami et favori, prit pour sa tâche le bâtiment du pont, qui est une très-belle pièce d’architecture. […] Enfin, le premier ministre, soit qu’il fût plus ami de l’équité que les autres, comme cette manière d’agir noble et désintéressée qu’il avait toujours fait paraître auparavant le donnait à conjecturer, soit qu’il craignît qu’à son défaut quelque autre prît la parole, ce qui l’eût rendu criminel, puisqu’il lui appartenait de parler le premier, et qu’il le venait de faire lorsqu’il avait opiné si fort au désavantage de Sefie-Mirza ; ce premier ministre, dis-je, rompit le silence et commença à dire: « que véritablement, sur l’assurance infaillible que l’on aurait que le fils aîné d’Abas II ne serait plus en état de recevoir la couronne, l’assemblée pourrait, sans injustice, passer à l’élection du second fils ; mais, puisque maintenant Aga-Mubarik les assurait fortement que Sefie-Mirza n’avait perdu ni la vie, ni la vue, sans délibérer davantage, il le fallait élire: c’est pourquoi il lui donnait de tout son cœur sa voix et ses vœux, et protestait qu’il fallait tout de ce pas lui aller présenter le diadème et l’empire. » Les autres seigneurs, à ces paroles, perdirent courage, et n’eurent plus la force de soutenir bien ce qu’ils avaient commencé mal.
On saura qu’Indiana a amené de Bourbon avec elle une femme de chambre, ou plutôt une amie d’enfance qui ne l’a jamais quittée, une vraie créole, une vive et piquante Indienne, Noun.
Pensées On me permettra de terminer ce volume comme j’ai fait déjà pour quelques-uns des volumes précédents, je veux dire par quelques Pensées familières qui s’adressent moins au public des lecteurs qu’à des habitués et à des amis.
Les romantiques eux-mêmes et leurs amis, s’ils étaient là, ne devaient pas être de cet avis du tout ; le nouveau confrère, déjà couronné par d’autres victoires en rase campagne, et qui leur arrivait à l’assaut sur le théâtre d’élite où ils n’ont guère eu qu’un pied, avait de quoi les inquiéter d’abord, et la cause ne leur semblait pas tout à fait commune.
On sort du collège, et, à peine sorti, on a déjà choisi son point de mire, son modèle dans quelque écrivain célèbre, dans quelque poëte préféré : on lui adresse son admiration, on lui porte ses premiers vers ; on devient son disciple, son ami, pour peu qu’il soit bon prince ; on est lancé déjà ; à sa recommandation peut-être, un libraire consent à imprimer gratis vos premiers vers ; un journal du moins les insère ; on y glisse de la prose en l’honneur du saint qu’on s’est choisi et à la plus grande gloire des doctrines dont on a le culte juvénile : comment revenir après cela ?
Éludiez Pascal, et la vie intense des acteurs de la comédie théologique qu’il dénonce à l’opinion des mondains : observez le père jésuite de la Quatrième Provinciale, doux et accueillant, ami des gens curieux, expert en logique, à cheval sur les textes et les autorités, n’ouvrant qu’avec révérence la Somme des péchés du père Bauny, « et de la cinquième édition encore, pour vous montrer que c’est un bon livre », et les écrits du P.
Il n’a pas « éreinté », en de minces plaquettes, ses maîtres, ses concurrents ou ses amis.
de deux amis qui se revoient après une longue absence.
Dans une parabole bizarre, un intendant est loué pour s’être fait des amis parmi les pauvres aux dépens de son maître, afin que les pauvres à leur tour l’introduisent dans le royaume du ciel.
Qu’on lise les Mémoires de sa vie ; on y applaudira à la générosité de ses bienfaits, répandus sur les Littérateurs qu’il se croyoit obligé d’attaquer dans ses Ecrits ; on y apprendra qu’il a été le bienfaiteur de Liniere, qui ne cessoit de déclamer contre lui ; qu’il donna des secours à Cassandre, dont il estimoit peu les talens ; qu’il se réconcilia avec Perrault, en oubliant ses calomnies ; qu’il rendit justice à Boursault, en reconnoissant son mérite qu’il avoit trop méconnu ; qu’il conserva au célebre Patru sa Bibliotheque, en l’achetant plus cher qu’il ne vouloit la vendre, & en lui en laissant la jouissance ; qu’il osa refuser le paiement de la pension que lui faisoit Louis XIV, en disant à ce Prince, qu’il seroit honteux pour lui de la recevoir, tandis que Corneille, qui venoit de perdre la sienne, par la mort de Colbert, se verroit privé de ses bienfaits : ce qui valut à ce dernier un présent de deux cents louis ; qu’il eut un grand nombre d’amis dans les rangs les plus élevés, comme parmi les plus célebres Littérateurs de son temps, & qu’il les conserva toute sa vie.
Mais ouvertement il se présenta comme artiste, se fit appeler Shiyó dans la société de poésie, et fut ami de Kikakou, célèbre poète de ce temps.
Si le fait est vrai, ce ne fut qu’avec des amis intimes.
Il reçut les complimens de ses amis sur le succès de son poëme dans ses jardins enrichis de marbre : mais un seul exemple ne conclut pas.
D’ailleurs, Auguste étoit tenu de faire un bon usage de son autorité naissante pour la mieux établir, et par consequent de ne la confier qu’à des ministres amis de la justice, et qui se servissent de leur pouvoir avec pudeur.
», une plaisanterie dont ses amis riaient, c’est-à-dire tout le monde, mais dont moi seul je ne riais pas, car je sais trop que rien n’est impuni pour l’esprit qui se permet tout, et je connais la tyrannie d’une seule mauvaise pensée.
Quand il parle des académiciens en particulier : « Voilà — dit-il à l’ami auquel il a dédié sa relation — ce que j’avais à vous dire des morts — (il n’en dit pas grand-chose, allez !)
Du moins il y a une jolie anecdote dans ses Mémoires où il raconte que son père, homme de cape et d’épée, comme tous les cadets des maisons nobles, avait déchiré les manchettes d’un de ses amis qui les lui avait prêtées (adorable pauvreté des officiers français, qui ont une paire de manchettes à plusieurs !)
Quand, enfant affolé de l’insurrection, il se nomma lui-même procureur général de la hideuse lanterne, puis tout à coup se cabra de peur devant l’incendie qu’il avait allumé avec son falot, comme le petit polisson du coin d’un bois qui l’incendie avec une allumette et qui se sauve ; quand, toujours gamin, mais gamin tremblant pour le coup, — car le génie de Camille Desmoulins est voué autant à la peur qu’aux larmes, — il se laisse corriger ses épreuves du Vieux Cordelier, comme un devoir, par le terrible Robespierre ; quand tout à coup il fait volte-face contre son ancien ami Brissot, qu’il avait tant vanté, et, girouette lasse de tourner dans du sang, ne veut pas en avoir tant au pied, c’est éternellement et partout sa sensibilité que MΜ.
Tout ami des Encyclopédistes qu’il fût, l’abbé Galiani n’en partagea jamais les niaises idées de perfectibilité et la baveuse philanthropie.
Martin emprunte la traduction, se servait du bâton avec avantage, car un jour, trouvant son meilleur ami d’enfance, vieux et assis à l’orientale, sur ses talons, au bord d’un chemin : « Qui, vieux, ne sait pas mourir, ne vaut rien », dit l’aimable sage, et il frappa en perfection le trop vivant bonhomme, tant la Chine, jusque par la main de ses sages, a l’habitude de badiner avec le bambou !
Il n’a rien omis de toutes les diverses déclarations du comte de Chambord, à ses amis en particulier et à tous les Français en masse, depuis 1848 jusqu’en 1879, et il a opposé au Syllabus, dont le prince reconnaît verbalement l’autorité souveraine, des opinions et des déclarations qui en sont la négation explicite ; et non seulement il a cité en détail ces paroles, qui sont déjà des actes, mais il a prouvé qu’avec l’éducation que le dernier des rois de France a reçue il devait nécessairement les prononcer.
Ses amis de ce temps-là, devenus maintenant ce que Balzac, qui agrandissait tout, appelait des maréchaux littéraires, se sont souvenus et ont parlé de lui comme de vieux maréchaux de l’Empire auraient pu parler du jeune Marceau, quoiqu’il ne fût, ni par le mérite ni par la jeunesse, un Marceau littéraire quand il mourut.
Qu’importent, en effet, les quelques lettres en déshabillé qu’un homme fatigué écrit, entre le Reisebilder et l’Intermezzo, par exemple, à un éditeur ou à un ami, — ne confondons pas !
Il se remit de tous ses intérêts à un de ses amis. […] Plusieurs écrivains le secondèrent de leur plume, de leurs amis, de leurs protecteurs. […] Son caractère doux & liant lui procura de vrais amis. […] Le célèbre du Cange mandoit sur cela quelque chose de très-sage à un de ses amis. […] L’abbé de Saint-Cyran, inconsolable de la perte de son ami, revint en France.
À trente ans, il déclara à ses parents et à ses amis qu’il se sentait dans toute la plénitude de forces que le ciel accorde aux hommes, et que « l’horizon de toutes les choses divines et humaines (la vérité) lui apparaissait enfin comme d’un point culminant d’où l’on voit l’univers ». […] Socrate est un lutteur, Confucius est un ami ; Socrate est un railleur, Confucius est un consolateur ; on sort de la conversation de Socrate réduit au silence mais aigri et humilié ; on sort de la conversation de Confucius convaincu, édifié et charmé. […] « Il est grave quand il représente, affable et bon avec tous, d’humeur toujours égale avec ses amis.
Sa divinité fut reconnue dans toute la Sicile, il la proclama lui-même. « Amis, qui habitez les hauteurs de la grande ville baignée par le blond Acragas, écrit-il au début d’un de ses poèmes, zélés observateurs de la justice, salut ! […] M. de Maistre a dit très naïvement : « Pour sentir les beautés de la Vulgate, faites choix d’un ami qui ne soit pas hébraïsant, et vous verrez comment une syllabe, un mot et je ne sais quelle aile légère donnée à la phrase feront jaillir sous vos yeux des beautés de premier ordre. » (Soirées de Saint-Pétersbourg, 7e entretien.) Avec ce système-là, et surtout avec le secours d’un ami qui ne soit pas helléniste, je me charge de trouver des beautés de premier ordre dans la plus mauvaise traduction d’Homère ou de Pindare indépendamment de celles qui y sont.
Mais le sceptique qui prêche le paradis et l’enfer, auxquels il ne croit pas, au peuple qui n’y croit pas davantage, ne joue-t-il pas un rôle mille fois plus équivoque. « Amis, laissez-moi la jouissance de ce monde-ci, et je vous promets la jouissance de l’autre. » Voilà certes une bonne scène de comédie. […] Les sages qui vont à la réalité ont l’air d’être ses ennemis ; et les charlatans qui s’en tiennent aux lieux communs sont de droit ses amis. […] Gœthe, l’ami d’un grand-duc, aurait pu se voir en France poursuivi devant les tribunaux ; le traducteur de Feuerbach n’a pas trouvé d’éditeur qui osât publier son livre.
Naturellement, il est toujours question de « sainte majesté », de « femmes divines », d’« iniques sentences », de « laver l’outrage », de la « glace des âmes », des « plaines d’azur du ciel »… Nous retrouvons aussi tout le bataillon de nos vieux amis : l’heure d’ivresse, qui rime avec tendresse, les saphirs et les zéphirs, courroux et jaloux, les flammes et les âmes, les armes et les alarmes… Quant aux changements de sens qu’a subis le texte de Wagner en passant par les mains de M. […] Hoffart de Munich achève un buste colossal de Wagner en marbre de Carrare ; le buste sera placé dans une niche de la maison Heckel, à Maanüeitn, eu Wagner a reçu pendant quelque temps l’hospitalité de son ami Emil Heckel. […] Il a été successivement augmenté et enrichi de plusieurs acquisitions fort intéressantes et précieuses, entre autres : le Ring des Niblungen, imprimé en 1853 à petit nombre d’exemplaires et seulement pour les amis de Wagner.
dont la renommée dure encore dans ce bas monde et durera autant que ce monde lui-même ; « “L’ami de mon cœur, et non de ma fortune, est là sur la plage déserte, tellement embarrassé de trouver sa voie que l’effroi lui fait rebrousser son chemin ! […] Combien de fois, en voyageant à pied dans ces montagnes, n’ai-je pas été étonné et attendri par la rencontre inattendue d’un de ces monuments invocatoires dans des sites inaccessibles aux pas des voyageurs, mais non à la pieuse commémoration des veuves, des fiancées, des enfants, des frères, des amis ! […] « Trois fois », dit-il, « je passai mes bras derrière elle pour la serrer contre mon cœur, et trois fois mes bras vides revinrent frapper ma poitrine. » Cette âme est celle d’un musicien de ses amis qui lui chante un des vers amoureux de la jeunesse de Dante : Amour, qui dans le cœur me parles !
Collombet, son ami, qui devait l’accompagner dans ce voyage : « Nous écririons de conserve deux volumes in-8o qui auraient pour titre : Voyages sur les scènes de la Bible et du Nouveau Testament. À lire l’ouvrage de Keith, écrivain protestant qui fait concorder le récit biblique avec les mœurs actuelles de la Palestine, on dirait que la Bible a été écrite d’hier ; rien n’est changé dans l’aspect des lieux, dans les habitudes des personnages, dans les coutumes, les superstitions de ces peuples primitifs que Keith a visités ; mêmes fêtes, mêmes repas, et c’est cette ressemblance qu’il nous faut saisir après lui. » Les deux amis devaient sans doute en tirer d’autres conséquences. […] La timidité des âmes délicates, qui est aux plus beaux sentiments ce que la mousse est aux plus belles roses, qu’elle préserve en les voilant, l’éloigna des coteries, des sociétés retentissantes, de toutes les farandoles de vanité qui se donnent la main, et le retint entre sa famille, quelques amis, et plus tard, — quand ceux qui aiment l’Église surent le bon soldat que l’Église avait en sa personne, — quelques nobles et grandes relations qui lui restèrent toujours fidèles.
Vous vous rappelez aussi certainement comment c’est la brusque révélation qu’Albertine connaît l’amie de Mlle Vinteuil et par conséquent qu’elle peut être pour lui la source de craintes infinies, qui déclenche ou plutôt qui fixe l’amour du narrateur pour elle : Les mots : « Cette amie, c’est Mlle Vinteuil » avaient été le Sésame, que j’eusse été incapable de trouver moi-même, qui avait fait entrer Albertine dans la profondeur de mon cœur déchiré. […] Quoiqu’en pense mon ami — je ne sais si j’arriverai cette fois à le convaincre — il y a là une révolution ; il y a là tout au moins une réforme intellectuelle, dont on peut à peine encore soupçonner la fécondité. […] La guerre survint avant que j’aie pu le voir ; car dès ce moment, il menait une vie très retirée et ne recevait plus guère que ses anciens amis. […] Il s’était battu en duel avec Jean Lorrain et je le revois voulant entrer de force en pleine nuit chez un de ses amis et abrutissant la porte, et la concierge derrière la porte, de coups de poing impératifs. […] Son dévouement pour ses amis, sa générosité étaient admirables ; il avait toujours à chacun quelque chose à demander pour un autre.
Ce dernier ouvrage placé en tête de l’édition que Naigeon a donnée des œuvres de son ami, peut être considéré comme un livre original de Diderot. […] Nicolas Martin, un peu parce que j’ai l’honneur de le compter au nombre de mes amis, mais beaucoup aussi à cause de l’intérêt sérieux qu’il a voué à la littérature poétique d’outre-Rhin. […] Sans parents, sans amis, pour ainsi dire seul sur la terre, n’ayant point encore aimé, j’étais accablé d’une surabondance de vie. […] Huber, ami de Mme de Charrière, traduisit Gessner et quelques autres poètes allemands. […] préservez-moi, préservez ceux que j’aime, Frères, parents, amis, et mes ennemis même Dans le mal triomphants, De jamais voir, Seigneur !
Voilà une question bien propre à troubler tout sincère ami du progrès…. […] Je ne saurais dire pour mon compte à quel point je me suis senti souvent rebuté, choqué, jusque dans les plus belles pages d’amis bien éloquents, en voyant cet abus extrême qu’on fait aujourd’hui des grands hommes et tous ces demi-dieux despotiques qu’on inaugure en marbre ou en bronze sur le corps saignant de l’humanité qu’ils ont foulée.
Abernethy, à la suite d’une blessure à la tête, il parlait toujours français. » En d’autres cas, la même réviviscence a été observée pour d’autres langues. « Un célèbre médecin de mes amis, dit encore le même auteur, m’apprend qu’ayant un jour la fièvre, mais sans aucun délire, il répéta de longs passages d’Homère, chose qu’il ne pouvait faire étant bien portant. » Un autre, qui, en santé, était fort mal doué pour la musique et avait presque oublié la langue gaélique, chantait, étant malade, des chansons gaéliques, et cela avec une grande précision, quoique la mélodie fût difficile et qu’auparavant il fût tout à fait incapable de les chanter. […] Enfin il avait oublié le nom de ses parents, de ses amis ; il ne se rappelait que le sien, celui de ses enfants, et le symbole de la Trinité.
L’instinct dit à ce groupe humain à peine formé : « Réunis-toi à d’autres groupes pareils pour te protéger contre les éléments comme corps, contre les agressions et les injustices des hommes iniques et forts, comme être moral et libre. » De là l’association fondée alors sur la réciprocité des services : tu me sers, je te sers ; tu me défends, je te défends ; tes ennemis sont mes ennemis ; tes amis sont mes amis.
Un vieux jardinier qui le rencontre, un de ses amis, le cache avec Cosette dans sa hutte ; puis Valjean invente une histoire pour faire recevoir et élever Cosette par ces nonnes ; puis il se fait sortir du couvent dans une bière pour tromper la police, enfin enterrer sur la foi d’un ivrogne chargé de le réveiller. […] III Pendant ce temps, Cosette enfermée grandit et embellit à l’ombre du couvent, et Valjean jardine avec son ami.
Que de raisons, tirées souvent de bien loin, et bien injurieuses aussi au caractère de Despréaux, n’a-t-on pas invoquées pour rendre compte du silence qu’il a gardé sur son ami ! […] Ils firent bien tous les deux de ne pas l’écouter : mais cela doit nous aider à ne pas calomnier son silence, d’autant qu’il n’a pas été plus complaisant pour lui-même que pour son ami.
Jean Moréas ne veut pas qu’on appelle ses amis des décadents. […] Tout au contraire, je crois avoir suffisamment prouvé par des extraits que, dans son admirable Traité de poésie, M. de Banville a préconisé toutes les réformes rythmiques que nous avons le courage de réaliser, en ce moment, mes amis et moi.
Les plans de campagne se faisaient dans cette petite chambre à six ou sept chaises dont parlent les biographes, où Malherbe s’entretenait tous les soirs avec ses jeunes amis, Maynard entre autres et Racan, qui devaient laisser quelques vers dignes du maître. […] Il cédait alors, aimant mieux s’avouer vaincu par sa propre discipline que de l’éluder ; et tantôt il allait se délasser dans cette menue poésie, biffée par lui, où il avait pourtant la faiblesse de vouloir exceller ; tantôt il se retrempait dans de vigoureux entretiens avec ses amis, où, en disputant de cet idéal qu’il n’avait pu atteindre, il reprenait des forces pour le poursuivre de nouveau.
… Marchant à la mort, il meurt à chaque pas Il meurt dans ses amis, dans son fils, dans son père ; Il meurt dans ce qu’il pleure et dans ce qu’il espère ; Et, sans parler du corps qu’il faut ensevelir, Qu’est-ce donc qu’oublier, si ce n’est pas mourir ? […] Tes amis, ta sœur et ta mère Sont dans ton cœur.
Fabre son ami. […] On y trouve beaucoup de latinisme, parce que l’auteur avoit d’abord écrit en latin les trois premiers volumes de son ouvrage, & qu’il ne les publia en françois qu’à la priére de ses amis.
Il me semble néanmoins facile de concevoir, malgré nos habitudes contraires, que ce trait, emprunté de la vie commune, est plus propre que la description la plus pathétique à faire ressortir la situation du héros de la pièce, d’un vieux guerrier couvert de gloire, fier de ses droits héréditaires et de son opulence antique, chef naguère de vassaux nombreux, maintenant renfermé dans un dernier asile, et luttant avec quelques amis intrépides et fidèles contre les horreurs de la disette et la vengeance de l’empereur. […] Racine ne pouvant, comme Euripide, présenter aux spectateurs Hippolyte déchiré, couvert de sang, brisé par sa chute, et dans les convulsions de la douleur et de l’agonie, a été forcé de faire raconter sa mort ; et cette nécessité l’a conduit à blesser, dans le récit de cet événement terrible, et la vraisemblance et la nature, par une profusion de détails poétiques, sur lesquels un ami ne peut s’étendre, et qu’un père ne peut écouter.
L’homme de réflexion n’est vraiment maître de sa réflexion que lorsqu’il n’a pas besoin pour réfléchir d’imaginer un ami ou un auditoire ; la conscience morale n’est en pleine possession d’elle-même que lorsqu’elle se voit telle qu’elle est réellement, personnelle, rationnelle et discursive. Qu’un écolier, pour mieux réfléchir, évoque l’image d’un ami qui l’écoute, cela est d’un âge où la raison s’essaye et se forme ; et, de même, la voix de la conscience ne se fait vraiment entendre que dans la jeunesse de l’humanité ou chez les hommes dont on dit qu’ils restent éternellement jeunes ; la parfaite maturité de la raison se passe de ces illusions.
Il commence par nous représenter deux pigeons qui sont des frères, qui sont du même colombier, qui sont des amis d’enfance, enfin qui sont des frères, et puis, peu à peu, il est tellement attendri par son sujet que c’est à des amants qu’il songe et c’est à des amants qu’il s’adresse dans son épilogue. […] La Fontaine n’a pas beaucoup aimé le chien ; en général, il lui donne un rôle de serviteur zélé, un peu servile, un peu courtisan et pas trop sympathique ; mais la tendresse de La Fontaine pour les animaux s’est étendue, en quelque sorte, et a dépassé les limites qu’il observait lui-même, et peut-être que Lamartine, malgré tout son génie et tout son cœur, n’aurait pas fait, sans La Fontaine, ces admirables vers sur le chien, compagnon et seul ami de l’homme : Ô mon pauvre Fido, quand, mes yeux sur les tiens, Le silence comprend nos muets entretiens.
Professeur à l’université de Salamanque, Luis de Léon, sur l’accusation d’avoir traduit pour un ami le Cantique des cantiques, fut persécuté par le saint office, et subit cinq ans de pénitence et de prison. […] Le poëte adresse à un ami cette majestueuse complainte, où la grandeur est décrite sans emphase, et le néant des efforts humains déploré sans faiblesse : « Ces champs, ô douleur !
M. d’Alton-Shée, son ami et son parent, venait le visiter une fois par semaine.
Mais Athénaïs et Valentine sont des amies d’enfance ; elles se tutoient, elles se promèneront ensemble devant tous avec une familiarité dont Athénaïs sera plus fière encore qu’elle ne pourrait l’être de se voir la première et sans rivale.
Barthélemy, qui se surpasse tous les jours dans la satire spirituelle et éclatante, n’a fait que poursuivre un rôle où lui et son ami Méry étaient depuis longtemps des maîtres.
Espèce de colombe messagère entre les deux amis, Trilby arrive un soir chez le poète, porté sur un rayon du couchant ; et, avant la nuit, il repart avec le message du retour ; surtout il est bien prémuni contre les dangers du voyage : N’erre pas à l’aventure, Car on en veut aux Trilbys.
André Chénier et Bernardin de Saint-Pierre, seuls, demeurent tout à fait à part : vrais et chastes poètes, artistes exquis et délicats, aimant le beau en lui-même, l’adorant sans autre but que de l’adorer, le cultivant avec mollesse, innocence et une ingénuité curieuse, ils étonnent et consolent à l’extrémité de ce siècle, comme des amis qu’on n’attend pas ; ils gardent discrètement et sauvent dans leur sein les dons les plus charmants de la Muse, aux approches de la tourmente sociale.
Si, pour comble de malheur, c’était au milieu des dissensions politiques qu’une femme acquit une célébrité remarquable, on croirait son influence sans bornes alors même qu’elle n’en exercerait aucune ; on l’accuserait de toutes les actions de ses amis ; on la haïrait pour tout ce qu’elle aime, et l’on attaquerait d’abord l’objet sans défense avant d’arriver à ceux que l’on pourrait encore redouter.
Plus sérieux étaient les amis de Ninon et Saint-Evremond.
Ce corps eut une enfance, une jeunesse, un âge mûr souvent, une vieillesse parfois ; il fut un homme, lit partie d’une famille, naquit et vécut dans une patrie, eut tels parents, tels amis, tels contemporains ; la carrière de cet être fut mêlée d’infortunes et de joies, de hasards et d’habitudes ; il subit et exerça des influences spirituelles ; il reprit l’œuvre artistique à un point donné et en porta le progrès à tel autre point ; cette entité intellectuelle dont on a désigné d’abord la configuration totale et générale, avec toutes ses acquisitions et toute son innéité, eut une évolution, fut jetée dans le compromis de résistances et d’adaptations qu’est la vie, fut fait d’originalité et d’imitation comme tout individu vivant, mêla sa tâche de redites et de trouvailles.
C’est un des écrivains qui a eu le plus de ce qu’on appelle amis ; mais il est mort, en 1731, abandonné de tout le monde.
Albalat a coloré avec soin et en vain une petite image d’Epinal à compartiments étanches. » Le malheur, c’est que ma description a été faite — mes amis le savent — sous la dictée et d’après les détails exacts d’un bon observateur qui arrivait du mont Saint-Bernard, bouleversé par ce spectacle.
Malgré les différences qu’on a cru voir entre le de Maistre qui parle à cet être abstrait et sans visage, le public, et le de Maistre qui parle à ses amis ou à ses enfants, aux visages qu’il aime, il y a pour le vrai critique le de Maistre de toutes les Correspondances dans le de Maistre des Œuvres, et j’en atteste particulièrement les Soirées de Saint-Pétersbourg !
Fréron eut pour lui le Roi Stanislas de Pologne et sa fille Marie Lecsinska, cette chaste et noble Reine de France qui, du fond de son abandon et de son oratoire, ne pouvait pas grand-chose pour les amis qu’elle protégeait.
II Et ceci dépasse de beaucoup la personnalité du comte de Fersen, si touchante qu’elle soit, et il en est peu d’aussi touchantes… Venu de Suède en France et grand seigneur dans son pays, ami de Gustave III, de ce seul Roi de battement de cœur royal qu’il y eût alors en Europe, le comte Jean-Axel de Fersen, officier supérieur en Suède, le devint en France, croyant servir la Suède encore en servant la France, tant la France et la Suède, de temps immémorial, étaient unies.
Avec cette profondeur de tendresse qui lui fut sa Fatalité, avec sa rêverie amoureuse de la mort, même dans la vie la plus intense de sa gloire, avec cette fantaisie si noire qui plaça de si bonne heure dans sa chambre le cercueil où il se rêvait et coupa dans le combat même, sur la tête d’un ami, des cheveux pour en tapisser ce cercueil, Nelson, le Mélancolique intrépide, est bien du pays de Shakespeare et méritait certes, le coup de pinceau shakespearien.
Avec cette profondeur de tendresse qui lui fut sa Fatalité, avec sa rêverie amoureuse de la mort, même dans la vie la plus intense de sa gloire, avec cette fantaisie si noire qui plaça de si bonne heure dans sa chambre le cercueil où il se rêvait et coupa, dans le combat même, sur la tête d’un ami, des cheveux pour en tapisser ce cercueil, Nelson, le Mélancolique intrépide, est bien du pays de Shakespeare et méritait, certes !
Vous pouvez tourner les pages du Ramayâna les unes après les autres, et vous n’en trouverez pas une seule qui rappelle en énergie et en vérité l’épisode du Koran, par exemple, où les amies de la femme de Putiphar, qui ont commencé à blâmer l’amour honteux de la belle égyptienne pour son esclave, ne s’aperçoivent pas qu’elles se coupent les doigts avec leurs couteaux, dans leurs rêveries, en le regardant servir à table, affolées qu’elles sont déjà de l’éclatante beauté de Joseph.
Il avait deux à trois amis à des points assez distants dans le pays, et qui possédaient quelques bouquins comme on en a à la campagne.
Blafard et douceâtre écrivain, élégant, mais à la manière des Incroyables de son temps, appliquant aux matières philosophico-médicales la rhétorique effacée de son ami Garat, Cabanis, malgré une médiocrité foncière, a laissé un sillon profond que d’autres ont fécondé, et a exercé une influence décisive sur l’enseignement en France, tel qu’il est encore aujourd’hui.
Charles de Rémusat, le philosophe, — qui n’était pas seulement qu’un philosophe, mais un homme politique et un vaudevilliste, ce que j’estime infiniment plus (on a publié dernièrement quelques-unes de ses chansons), — Charles de Rémusat a voulu, par égard pour lui-même sans doute, que le mot de « philosophique » se retrouvât dans le titre d’un drame qu’il avait composé moins pour le théâtre et le grand public que pour se faire plaisir à lui-même, à sa famille et à ses amis.
Il n’y a que lui qui puisse être vexé, mécontent et quinaud, car cela ne le grandit pas d’entrer si pleinement et si ras dans la peau de son ami Vacquerie.
Maurice y gambadait (au bal), joyeux comme un grelot, Venant y rencontrer Joseph le matelot : Ami, lui dit Armand, tu conviendras, j’espère, Qu’on passe à la campagne un temps assez prospère, N’est-on pas mieux ici que sur le pont mouvant, En pleine mer, battu des vagues et du vent ?
« Prenez acte de ceci, — a-t-il dit à ses amis, — que je meurs en libre penseur », c’est-à-dire sans souci de Dieu, de l’âme et de sa destinée.
On a bientôt fait cette analyse : un moraliste, un romancier, une tête d’observateur, qui épouse une actrice comme un Jocrisse amoureux, et qui, fou d’ennui, le devient positivement et physiologiquement, parce qu’un de ses amis en journalisme, traître et voleur, fait autographier les lettres confidentielles qu’il écrivait à sa femme avant de l’épouser, et dans lesquelles il se lâchait de plaisanteries contre les hommes qu’il estimait le plus et pressait le plus sur son cœur, — c’est là tout le roman, étreint en quelques mots, de ces Hommes de Lettres, qu’il vaudrait mieux appeler Les Intimes littéraires.
Mazarin le fit appeler, lui fit des reproches de ce qu’il traitait si mal ses amis, et lui donna sur-le-champ une abbaye de quatre mille livres.
Tous ceux que j’ai rencontrés, parents et amis, aussi bien qu’indifférents, je les crayonne tels qu’ils me sont apparus. […] Encore, les trois écrivains dont je viens de citer les noms n’étaient-ils pas des amis pour les Goncourt. […] Un autre de mes chers amis, Eugène-Melchior de Vogüé, a consacré des pages de tout premier ordre au roman russe. […] Or ce régime, les amis des Lettres ne doivent pas se lasser de le répéter, est d’une criante injustice. […] Ses plus chers amis ou bien ont été guillotinés, ou bien sont proscrits comme lui.
Colbert, ami des Arts & du bien public, qui répandoit sur les Savans les bienfaits de son Maître, jusques dans les contrées les plus éloignées, devint le protecteur de Racine. […] Il eut le bonheur d’être le contemporain & l’ami de Boileau Boileau ! […] Une lecture rapidement faite, avec toute la chaleur de l’amour-propre, à des oreilles peu exercées, à des amis complaisans, à de prétendus connoisseurs, à des esprits prévenus, à des sots même aussi vains que Midas, laisse-t-elle la liberté de remarquer les défauts d’un ouvrage ? […] Ce Ministre s’étant retiré seul à Ruel le soit même du mauvais succès de sa pièce, envoya chercher Desmarests qui soupoit avec Petit son ami.
. — C’est l’ami ni ardent ni faible. L’ami. — C’est l’aimée ni tourmentante ni tourmentée. […] Ses amis rassemblaient ses manuscrits, de leur mieux, et les publiaient, comme des œuvres posthumes…18. […] Car nous fûmes son ami et le restons de loin… » Et dans ce petit poème de Parallèlement, Laeti et errabundi : On vous dit mort, vous. […] Il entra ensuite en relations avec Ménélick, devint l’ami du ras Makonnen et travailla à l’introduction d’armes européennes en Abyssinie.
Jamais Rousseau n’a eu de juge plus équitable ni d’ami plus fervent.
Je fais mon métier avec conscience, avec goût même ; mais il y a des moments où les tracas de cette boutique me font regretter, comme le barreau à Cicéron, les champs, le loisir des Muses et les entretiens d’amis à Tusculum.
Tancrède, on se le rappelle comme un héros qu’on aurait connu, comme un ami qu’on aurait regretté.
L’embaucheur, payé à tant par homme qu’il recrute et à tant par pouce de taille au-dessus de cinq pieds, « tient ses assises dans un cabaret, régale » et fait l’article : « Mes amis, la soupe, l’entrée, le rôti, la salade, voilà l’ordinaire du régiment » ; rien de plus, je ne vous trompe pas, le pâté et le vin d’Arbois sont l’extraordinaire787. » Il fait boire, il paye le vin, au besoin il cède sa maîtresse : « après quelques jours de débauche, le jeune libertin qui n’a pas de quoi s’acquitter est obligé de se vendre, et l’ouvrier, transformé en soldat, va faire l’exercice sous le bâton ». — Étranges recrues pour garder une société, toutes choisies dans la classe qui l’attaque, paysans foulés, vagabonds emprisonnés, gens déclassés, ; endettés, désespérés, pauvres diables aisément tentés et de cervelle chaude, qui, selon les circonstances, deviennent tantôt des révoltés et tantôt des soldats.
Si l’auteur anonime du traité de poematum cantu et viribus rithmi, que je crois être Isaac Vossius, parce que ses amis me l’ont dit, et parce que cet ouvrage est rempli des préventions en faveur de la Chine et des chinois, que tout le monde sçait bien avoir été particulieres à ce sçavant homme ; si, dis-je, cet auteur avoit pû entendre les opera de Lulli, et principalement les derniers, avant que d’écrire le traité dont je parle, il n’auroit pas dit, comme il l’a fait, que la musique moderne n’avoit rien, ni de la force, ni de l’énergie de la musique ancienne.
Dans ces circonstances, Monsieur Despreaux, pour dire poetiquement que malgré le goût regnant, il s’attachoit à l’étude de la morale préferablement à celle de la physique, sentiment très-convenable à un poete satirique, écrit à son ami, qu’il abandonne aux recherches des autres plusieurs questions que cette derniere science traite.
Pline le jeune qui avoit été disciple de Quintilien, écrit à un de ses amis qu’il a honte de lui raconter ce qu’avoient dit les orateurs qu’il venoit d’entendre, et de l’entretenir des diminutions de voix efféminées, dont leur déclamation étoit remplie.
je pense qu’on ne peut jamais savoir parfaitement qu’une seule langue ; c’est la sienne propre : encore cela est-il rare ; et je me souviens que Despréaux avait fait une espèce de dialogue satirique contre les versificateurs latins modernes, qu’il supprima de son vivant, pour ne point blesser trois ou quatre latinistes de ses amis, et surtout de ses admirateurs, qui avaient pris la peine de mettre en vers latins son ode sur Namur ; ouvrage d’ailleurs si faible et si défectueux, que les traductions même, toutes latines qu’elles sont, ne paraissent pas au-dessous de l’original.
Les amis de cet écrivain justement regretté me pardonneront d’avoir soumis son ouvrage à un sévère examen.
Elle est particulièrement incroyable de la part de l’auteur des Idées de Madame Aubray, du livre adorable des Filles repenties, de l’ami de M.
Mais il est bien probable que le livre qu’il écrivait tous les soirs et dont le mystère transpira, sans nul doute, dans les indiscrétions de ses amis, l’investit d’une certaine importance personnelle.
Amédée Renée, qui a si bien compris la comtesse Mathilde, cette forte amie de Grégoire VII, a compris non moins bien cet homme qu’elle portait avec Dieu dans son âme… Il a vu le grand homme dans le cœur de la grande femme ; superbe milieu pour le regarder !
Ils avaient réellement des éditions ailleurs que sur leurs couvertures, et, comme Sosie, Fournier était l’ami de tout le monde.
Il avait organisé des duels splendides au premier et au dernier sang, élargissant devant la mort la personnalité humaine, et entraînant des tourbillons d’amis dans un cercle chevaleresque de dévouements et de dangers.
Les uns sont les amis de Μ.
Byron s’est composé son masque comme un acteur… un masque de ruffian, de bandit, de grand coupable, presque d’assassin, comme il en mettait un à ses héros, et il l’ôtait avec ses amis pour en rire (voir ses lettres à Hobhouse et à Moore).
Taine fut un ami de La Mettrie, et qu’il a soupé chez d’Holbach, très hardi quand les domestiques étaient partis.
… Feuchtersleben, au nom teutonique, comme son ami Grillparzer, qui révoltait jusqu’au gosier saxon de lord Byron ; Feuchtersleben fut un Allemand de la vieille roche.
Fût-elle seule, une telle pièce sacrerait un homme poète… Quand mon ami (qu’on me passe cette fierté !)
Ce sont encore La Voix d’un ami qui est l’ardeur de l’amour introduite dans le sentiment le plus calme, L’Esclave et l’Oiseau, Le Secret perdu, La Jeune comédienne.
Et ailleurs, poursuivant sur le même turlututu la même fantaisie : Sans les jeux de la fantaisie, Chers amis, que serait la vie ?
Malgré les frères et amis, qui ne le vantent pas, malgré une fortune qu’on dit considérable, — une fortune à payer des condottieri, s’il en voulait, — et la bassesse des journaux toujours prêts à la réclame, Laurent Pichat avait la distinction d’être obscur, et pour moi, qui aime les distinctions et qui l’avoue sous ce régime d’égalité républicaine, celle que j’aime le plus, par ce temps de gloires insultantes, c’est l’obscurité !
[Le Pays, 31 janvier 1864] I L’ami auquel le comte Alfred de Vigny avait commis le soin de cette publication dernière, ne l’a fait précéder ni d’une notice ni d’une préface.
Ainsi encore, quand Berthaud et son ami Martel sont menacés de périr dans la tempête, en face de tout le village de Plaurach, assemblé sur le rivage, et qu’Autren, l’homme de cœur du livre, qui prouve son cœur en se tuant, comme Werther et Stenio, se jette à l’eau pour sauver son rival, pourquoi le vaisseau de Bernardin de Saint-Pierre, dans Paul et Virginie, vient-il projeter sa grande ombre sur la barquette de M.
Écoutez cette plainte fatiguée : « Toutes les personnes, écrit Gogol à un de ses amis, toutes les personnes qui lisent, en Russie, sont persuadées que l’emploi que je fais de ma vie est de me moquer de tout homme que je regarde et d’en faire la caricature… » Bientôt cette société qu’il avait blessée par cette suite de caricatures qui forment les divers Chants de son poème des Ames mortes, les fonctionnaires de cette Chine de fonctionnaires, dont il avait dit les bassesses les petitesses, le néant, l’aristocratie puérile, les femmes, les prêtres, tout se souleva contre lui.
», l’auteur l’ayant mise là, nous dit-il, toujours en capitales : « seulement pour lui-même (égoïste, val) et quelques-uns de ses amis ».
S’il a des amis parmi ceux qui s’intitulent les néo-chrétiens, il n’est pas l’un d’eux. […] Les amis de M. […] Cependant un de tes amis était là, qui épiait son heure… Ou peut-être n’as-tu pas été coupable. […] Celui qui parle est un ami et un père plutôt qu’un mari. […] Les amis de M.
Fernande, la femme de Jacques (dans le roman de ce nom), s’est éprise d’un amour adultère pour l’ami de son mari. […] » « Ne maudis pas ces deux amants, dit Jacques parlant de sa femme et de son ami. […] « — L’amour dont nous parlons ici n’est pas dans l’Évangile, ma pauvre amie. […] Voici comment il réprimandé ses amis : « Eh quoi ! […] Si un autre que ton ami le juge t’eût pris ici sur le vol de la montre, tu étais un homme arrêté.
Lui contester son infaillibilité, dont, au fond, et même quand il évite de la proclamer, il est toujours convaincu, cela ne vous fait pas de lui un ami. […] Toute l’économie du rôle qu’il joue devant ses amis et devant lui-même serait ruinée par cette contradiction déplorable et ridicule. […] Un roi philosophe, antichrétien et ami des philosophes, il a cherché cela toute sa vie et a mis toute sa vie à s’apercevoir qu’il ne l’avait pas trouvé et à déplorer de ne l’avoir trouvé jamais. […] L’une des deux était-elle « étrangère » ou amie de l’étranger, ou cosmopolite ? […] Briand lui-même, qui a dû la défendre contre les attaques de ses propres amis, et à M.
» disaient ses amis. « Le Patriarche, dit Grimm, a manqué d’une vertu cardinale, à savoir de la prudence, en se mêlant indiscrètement de la vilaine affaire de M. de Morangiès. » — « Il n’y a que Voltaire, écrit Mme du Deffand à Walpole, qui ait un bon style ; mais, hélas ! […] Vous savez que d’ailleurs je n’étais point leur ami. […] Le Parlement osa désobéir au cardinal de Richelieu et refusa d’enregistrer la déclaration évidemment excessive par laquelle le roi qualifiait de criminels de lèse-majesté tous les amis et domestiques de Monsieur qui l’avaient suivi dans sa retraite de Lorraine. […] Damiens, autant qu’il pouvait être quelque chose, était janséniste, disait du mal des Molinistes et de ceux qui refusaient les sacrements, et qu’il avait conçu son crime depuis l’exil du Parlement ; l’attentat de Damiens fut un avantage pour les Jésuites et leurs amis. […] Oublions tout cela, mes amis.
Étant la source de tout avancement et de toute grâce, il est naturel qu’il regorge ; dans notre société égalitaire, celui d’un mince député, d’un médiocre journaliste, d’une femme à la mode, est plein de courtisans sous le nom de visiteurs et d’amis. — D’ailleurs ici la présence est d’obligation ; on pourrait dire qu’elle est une continuation de l’ancien hommage féodal ; l’état-major des nobles est tenu de faire cortège à son général-né. […] De Paris à l’Isle-Adam, à Villers-Cotterets, au Frétoy, à la Planchette, à Soissons, à Reims, à Grisolles, à Sillery, à Braine, à Balincourt, au Vaudreuil, le comte et la comtesse de Genlis promènent ainsi leur loisir, leur esprit, leur gaieté, chez des amis qu’à leur tour ils reçoivent à Genlis Un coup d’œil jeté sur les dehors de ces maisons suffirait pour montrer que le premier devoir en ce temps-là est d’être hospitalier, comme le premier besoin est d’être en compagnie218. […] Sauf en quelques maisons princières, il n’est pas grand en meubles de campagne : on laisse cet étalage aux financiers. « Mais il est prodigieux en toutes les choses qui peuvent donner des jouissances à autrui, en chevaux, en voitures, en tables ouvertes, en logements donnés à des gens qui ne sont point attachés à la maison, en loges aux spectacles qu’on prête à ses amis, enfin en domestiques beaucoup plus nombreux qu’aujourd’hui. » — Par ce frottement mutuel et continu, les nobles les plus rustiques perdent la rouille qui encroûte encore leurs pareils d’Allemagne ou d’Angleterre.
Cette législation spéciale s’appelle discipline ; les hommes qui composent nos armées sont extraits par différents modes, coercitifs ou volontaires, de la population jeune du pays ; ces hommes reçoivent une modique solde pour enlever toute excuse au pillage, cet abus de la force dans le pays ami, cette stérilisation des ressources dans les pays conquis ; ces hommes reçoivent des armes de différente nature, selon les corps distincts dans lesquels ils sont enrôlés ; ces hommes reçoivent une éducation militaire conforme aux différents usages que le général se propose de faire de leurs armes distinctes dans la proportion numérique de ces différentes armes pendant ses campagnes : infanterie, cavalerie, artillerie, génie, baïonnettes, fusils, canons de campagne, canons de siège, passages des ponts, transports militaires, ambulances ou hôpitaux suivant l’armée. […] Les Russes la mettent en batterie et tirent confusément sur leurs soldats et sur les nôtres, s’inquiétant peu de mitrailler amis et ennemis, pourvu qu’ils se débarrassent de nos redoutables cavaliers. […] “Vous allez perdre, lui dit Lannes, celui qui fut votre meilleur ami et votre fidèle compagnon d’armes.
. — « Ne crains rien, c’est une troupe amie qui vient à toi sur ce rocher. […] Elles veulent lui persuader qu’il a encore des amis, dans ce ciel même qui l’a terrassé. […] Ô Dieu qui aimes la jeunesse, reçois avec bonté ces dons d’un éphèbe ami de la règle et du devoir !
Même de son temps, le roi s’est laissé aller à faire la fortune des amies et des amis de sa femme : à la comtesse de Polignac 400 000 francs pour payer ses dettes, 800 000 francs pour la dot de sa fille, en outre, pour elle-même, la promesse d’une terre de 35 000 livres de rente, et, pour son amant, le comte de Vaudreuil, 30 000 livres de pension ; à la princesse de Lamballe, 100 000 écus par an, tant par la charge de surintendante qu’on rétablit en sa faveur, que pour une pension à son frère136.
À force d’amis et de protection, il ne leur en a coûté que 48 livres. » — Défense de puiser de l’eau de la mer et des sources salées, à peine de 20 et 40 livres d’amende Défense de mener les bestiaux dans les marais et autres lieux où il y a du sel, ou de les faire boire aux eaux de la mer, à peine de confiscation et de 300 livres d’amende. — Défense de mettre aucun sel dans le ventre des maquereaux au retour de la pêche, ni entre leurs lits superposés. […] Entre ces mains ignorantes et partiales, ce n’est pas l’équité qui tient la balance, c’est l’intérêt privé, la haine locale, le désir de vengeance, le besoin de ménager un ami, un parent, un voisin, un protecteur, un patron, un homme puissant, un homme dangereux.
» V Tantôt on la poussait, par je ne sais quel engouement contre nature, à s’armer pour le démembrement de l’empire ottoman en faveur d’un pacha d’Égypte, ci-devant marchand de tabac à Salonique, ami des Anglais, révolté contre le sultan son maître ; à donner ainsi, aux dépens de la Turquie, notre alliée naturelle, un empire arabe aux Anglais, pour doubler ainsi leur empire des Indes, et à livrer, d’un autre côté, l’empire ottoman, affaibli d’autant, à la Russie ; politique à contresens de tous les intérêts de la France, que M. […] Ils inventèrent pour la France ce qui n’avait jamais été inventé avant eux en diplomatie, l’alliance avec les petites puissances, c’est-à-dire l’alliance de la force avec la faiblesse, l’alliance de la grandeur avec la petitesse, l’alliance de quarante millions d’hommes avec des puissances de trois ou quatre cent mille sujets, l’alliance d’un budget d’un milliard avec des indigents et des nécessiteux qui ont à peine de quoi solder la sentinelle veillant à leur porte ; alliance qui compromet sans cesse les grands États dans la cause des petits, sans que les petits États aient d’autres secours à porter aux grands que leur faiblesse et leur insignifiance ; alliance qui donne pour ennemis éventuels à la France l’Angleterre, la Russie, la Prusse, l’Autriche, et qui lui donne pour amis Bade ou Turin !
Il faut avoir des amis partout, dit le peuple, même en prison ; n’est-ce pas vrai, monsieur ? […] CLV La foule de leurs amis se pressait à la porte de la ville ; on sortait de toutes les maisons et de toutes les boutiques pour leur faire fête ; les fenêtres étaient garnies de jeunes filles et de jeunes garçons qui jetaient des œillets rouges sur les pas des bœufs, sur le ménétrier et sur le char ; nous en étions tout couverts ; on battait des mains et on criait : Bravo !
Quand Lavater et Basedow s’enflammaient devant lui, l’un pour sa régénération du Christianisme, l’autre pour ses plans philanthropiques, Goethe écoutait ses amis, et se recueillait dans le doute. […] Lisez, dans Minutius Félix, l’admirable entretien d’Octavius et de ses amis au bord de la mer, et jugez si le Christianisme n’a pas débuté par là.
Tristan Derème a répondu dans L’Ère nouvelle : Je rencontrai, hier matin, mon ami M. […] On le voit d’autant moins que le Midi, à défaut de grands poètes, a produit de grands prosateurs, notamment Montaigne et Fénelon, périgourdins, Pierre Bayle, ariégeois comme Gautier (et Gautier lui-même, plus grand en prose qu’en vers), Pascal, auvergnat, Massillon et Vauvenargues, provençaux, Stendhal, dauphinois, etc… L’esprit méridional, ami des sonorités claires et des rythmes allègres, semblerait même a priori moins apte à la prose qu’à la poésie.
J’ai eu des prix, j’ai eu des amis qui ont fait campagne pour moi, j’ai fait quelques visites, et je me suis aperçu que les membres de ces jurys n’étaient ni plus, ni moins consciencieux que les éditeurs, les électeurs, les médecins, et pas plus injustes que Dieu qui distribue au petit bonheur la beauté, l’intelligence et la fortune. […] Je ne connais qu’à peine Alain-Fournier et j’avais, plus proche de moi, des amis, des enfants de la maison que j’habite, où je ne suis rien qu’un lecteur qui demande à ne pas s’embêter en lisant un livre, mais qui se laisserait volontiers aller à préférer celui-ci ou celui-là parce qu’on le connaît mieux 1.
J’ai eu depuis des maîtres autrement brillants et sagaces ; je n’en ai pas eu de plus vénérables, et voilà ce qui cause souvent des dissidences entre moi et quelques-uns de mes amis. […] Notre professeur, l’excellent abbé Duchesne, nous donnait des soins particuliers, à moi et à mon émule et ami de cœur, Guyomar, singulièrement doué pour ces études.
Mais un autre événement, survenu deux ans plus tard, devait attirer l’attention du célèbre musicologue belge François Fétisbk à qui la lecture de l’ouvrage Opéra et Drame, paru en 1852, et de la Communication à mes amis servant de préface aux trois poèmes d’opéra de Richard Wagner, avait fait entrevoir un monde de perversité et d’horreur. […] 2° Philippe de Hertfeld Souvenirs du Comte de Gobineau Notes intéressantes sur le seul homme qui fut un véritable ami. du maître pendant ses dernières années, et, surtout, de nombreux fragments de lettres, lettres écrites par Gobineau à M. de Hertfeld.
Ce sera même une succession d’événements, car ces rapports annuels de 1846 à 1856, « que les conseils bienveillants de quelques amis des lettres ont engagé l’auteur à réimprimer », comme il nous le dit dans sa préface, ont tous plus ou moins produit leur effet à leur date quand ils furent lus en séance publique d’Académie, — ce genre de solennité dont nous sommes friands encore par un reste de nos anciennes mœurs. […] Quitte à ne pas être entendus partout, je m’imagine qu’on y préférerait ceux de Byron, de Byron l’ami de Jackson pourtant, de Byron qui cultivait l’art de la boxe, mais qui était un trop grand poète pour la chanter !
Après le départ du général Bonaparte, Friant, sous son vieil ami Kléber, contribua à la victoire d’Héliopolis et à la reprise du Caire, cet acharné et sanglant assaut.
. — Un art ingénieux et délicat règne insensiblement dans la distribution du recueil, dans l’ordonnance et le mélange des matières, dans ces petits couplets personnels jetés comme des sonnets entre des pièces d’un autre ton, et surtout dans ce soin scrupuleux de faire revenir tous les noms des amis et anciens bienfaiteurs comme on ramène les noms des héros au dernier chant d’un poëme.
comme pour se rassurer dans les ténèbres et se fortifier contre lui-même ; vainement il montre de loin à son amie, dans le ciel sombre, la double étoile de l’Âme immortelle et de l’Éternité de Dieu ; vainement il fait agenouiller sa petite fille aînée devant le Père des hommes, et lui joint ses petites mains pour prier, et lui pose sur sa lèvre d’enfant le psaume enflammé du prophète : ni la Prière pour Tous si sublime, ni l’Aumône si chrétienne, ne peuvent couvrir l’amère réalité ; le poëte ne croit plus.
L’on se sent entraîné par lui comme par un ami, un séducteur ou un maître.
Les animaux qui courent dans les bois et s’ébattent dans les prairies sont les amis des nymphes qui vivaient dans les hêtres et dormaient au bruit des fontaines.
Le mot mer évoque pour un jeune Parisien l’idée de la saison joyeuse et du grand soleil, de la libre vie en plein air, de l’expansion irréfrénée de l’énergie musculaire, des jeux d’après-midi sur la plage et des danses du soir au casino, des bruyantes parties de bain ou de pêche aux crevettes : pour le pêcheur, la mer, c’est le mystérieux ami et le terrible ennemi, le pain d’aujourd’hui et la mort de demain : toute la destinée roule dans ces vagues.
La seconde édition de ce livre devait de précieuses corrections à mes amis : MM.
L’ami de la raison doit aimer l’humanité, puisque la raison ne se réalise que par l’humanité… Ô univers, ô raison des choses, je sais qu’en cherchant le bien et le vrai je travaille pour toi. » Il croit à l’obligation de se sacrifier pour les fins de l’univers, telles qu’il nous a été donné de les concevoir.
Vous vous étonneriez que celui-ci ne joue point du couteau, mais je vous prierais de considérer que l’autre tape sur sa bonne amie, et que les sentiments du trio sont admirables de simplicité et de brutalité farouche.
Il y a des rivalités, des haines littéraires ou artistiques qui divisent les amis du beau autant et plus que les autres hommes.
Le devoir de servir ma famille et mes amis contrarie mon devoir d’être juste envers tous.
Dans cette foule amie, Jésus avait évidemment des préférences et en quelque sorte un cercle plus étroit.
Car il avait le signe qui, chez le poète comme chez le savant ou le philosophe, est la première marque du génie : l’égale absence d’esprit d’imitation et d’esprit de contradiction, la non-attention à la galerie, l’incurie du public, la superbe et souriante et presque inconsciente insouciance de plaire ou déplaire : Il disait à lui-même et à son amie : Quant au monde, qu’il soit envers nous irascible Ou doux, que nous feront ses gestes ?
Il rappelle le précepte du Vinci : « Observer les taches des murailles, la cendre du foyer, les nuages, les fanges, et autres choses de cette espèce pour y trouver invenzioni mirabilissime et infinite cose. » Et voyez comme naïvement et lâchement il se traduit la leçon célèbre : « Le maître savait bien que le hasard — comme l’a démontré jadis l’éponge d’Apelles — est toujours l’ami de l’artiste ingénieux.
Quelquefois amis, plus souvent rivaux, leurs deux écoles divisaient l’art et le génie de la Grèce.
Il vit comme un ermite ; il ne connaît plus ni amis ni ennemis ; il n’aperçoit aucune différence entre un corps inanimé, un chat, un chien, un oiseau de proie qui se trouve sur sa route ; le roucoulement de ses pareils ne lui fait pas plus d’impression que tout autre bruit ; la femelle n’accorde aucune attention au mâle, le mâle à la femelle ; la mère ne fait pas attention à ses petits.
Votre justice ne peut être que cette justice immanente, dont on parle sans y croire, parce qu’en effet les hommes sont quelquefois punis par où ils ont péché ; mais ce n’est qu’un hasard, qui n’a jamais effrayé les coquins ; ils n’ont pas plus peur de la justice immanente que de la justice éternelle ; peut-être même, dans son mystère, l’éternelle leur inspire-t-elle plus d’effroi que l’immanente, et c’est bien le cas de rappeler ce fameux dîner où Voltaire avait convié ses amis, Diderot, Helvétius, d’Alembert, d’Holbach, toute l’Encyclopédie.
Au sortir d’un autre sermon, la vérité arracha à ce célèbre acteur cet aveu humiliant pour sa profession : « Mon ami, dit-il, à un de ses camarades qui l’avoit accompagné, voilà un orateur, & nous nous ne sommes que des comédiens. » Un jeune homme, qui se destine à la chaire, doit former sa déclamation sur tout ce qu’on raconte de celle de ces grands hommes, les imiter en tout, excepté dans les défauts qu’on leur a reprochés.
quand vous m’écrivez, dit Ovide à un ami qui lui mandoit que Médée ou quelque autre piece de la composition de ce poëte étoit fort suivie, que le théatre est plein lorsqu’on y danse notre piece, et qu’on y applaudit à mes vers.
Elle l’a sacrée non pas seulement reine de beauté — les hommes suffisaient pour ce sacre-là — mais elle l’a sacrée, comme une « ingénuité céleste », et elle était, elle, en ingénuité, plus que l’égale de son amie, car l’ingénuité du génie (le plus grand ingénu que je sache) s’ajoutait à l’ingénuité de son âme… Femme d’esprit par-dessus le génie, qui manque d’esprit quelquefois, Mme de Staël, qui pouvait dialoguer avec Rivarol, n’a peut-être pas eu dans toute sa vie la cruauté d’une épigramme à se reprocher.
. — Alors, le pauvre ami, aussi malheureux que le pauvre amant, meurt d’un désespoir, compliqué, il est vrai, d’un fort anévrisme, et c’est ainsi que Mme Gustave Haller prouve du même coup la puissance de l’amitié chez son héros, et chez elle, la puissance de l’invention et de la pensée !
Dans un de ses romans (l’un des plus longs et des plus travaillés), elle a montré cette volonté, continue et indépendante, en se séparant bravement des frères et amis, ces enchaînés d’opinion qui voudraient enchaîner tout le monde au nom de la liberté, sur une des questions qui tiennent le plus au cœur de la Démocratie, et que cette recommenceuse éternelle de révolutions et de questions révolutionnaires a recommencé d’agiter !
Montesquieu, dont nous avons beaucoup parlé parce qu’il a longtemps empêché Tocqueville de dormir, et surtout parce que ses amis ont prétendu qu’il le ressuscite, Montesquieu ne lui a pas donné cette phrase courte, ingénieuse, imagée, qui sent l’épigramme, il est vrai, mais qui nous réveille en nous piquant et nous enlève par le trait à la monotonie.
Il était « le sage ami de la médiocrité », comme dit médiocrement Walkenaër, avec la platitude de la sagesse.
Un livre que j’ai signalé quand il parut et qui a manqué à ses promesses en s’interrompant, le livre du Père Olivier, le dominicain, avait été entrepris pour la purification historique d’un homme que Voltaire lui-même : Notre ami Drolichon, qui n’est pas une bête !
Quoique fort entichée de noblesse, cette marquise a compris qu’il y avait un mariage à faire entre son fils et mademoiselle Caroline Adam, et elle s’aide, pour arriver à la réussite de ce beau projet, d’un certain baron, sigisbé discret de sa jeunesse, ami ou plutôt parasite de Μ.
Vacquerie s’appelle lui-même : « le bon Samaritain des crapauds, l’ami intime des colimaçons et le galant des araignées ».
Écoutez cette plainte fatiguée : « Toutes les personnes, — écrit Gogol à un de ses amis, — toutes les personnes qui lisent, en Russie, sont persuadées que l’emploi que je fais de ma vie est de me moquer de tout homme que je regarde et d’en faire la caricature… » Bientôt, cette société qu’il avait blessée par cette suite de caricatures qui forment les divers chants de son poème des Âmes mortes, les fonctionnaires de cette Chine de fonctionnaires dont il avait dit les bassesses, les petitesses, le néant, l’aristocratie puérile, les femmes, les prêtres, tout se souleva contre lui.
Il est donc redoutable ou du moins pourrait l’être, et voilà pourquoi nous voulons vous parler de cet homme qui, si on laissait faire ses amis, deviendrait relativement puissant, en raison de ses affectations et de ses impuissances.
Mais nous disons que sa thèse est rude à soutenir, même vis-à-vis de ses amis intellectuels.
Balzac lui-même, le plus grand et le meilleur de tous, qui amis tout le monde de son temps dans l’immense cercle de sa Comédie humaine soit dans les romans, sous des noms supposés, soit sous les vrais noms, dans ses préfaces, n’a pas, que je me rappelle, écrit une seule fois le nom de Brucker.
Toujours frères et amis, Michelet et Quinet, ces historiens de la démocratie et de la libre pensée, qui se sont fait trente ans pendant l’un à l’autre, comme le fifre et le tambour sur le même panneau d’une salle à danser, se sont improvisés également les historiens de la nature pour avoir lu, de hasard, quelques bouquins d’histoire naturelle.
je connais, en ce moment, des fils, qui ne sont pas des monstres, et qui disent avec une familiarité révoltante : « mon ami », quand ils parlent à leur père, et, ce jour-là, ces imbécilles de pères les trouvent charmants !
Il y eut longtemps de ce juif-là dans d’Aubigné, dur même quelquefois et intuitif comme un prophète, quand, par exemple, il sentait chanceler le protestantisme de son ami et de son maître.
Esprit ouvert, cœur ouvert, main ouverte à tous les amis !
Honoré de Balzac2 I On s’occupe beaucoup de Balzac, et, amis ou ennemis, on s’en occupera longtemps encore, car, à trois pas d’une tombe, une grande gloire est presque une importunité.
Tout à coup, 1830 éclata, et quelques jours après qu’on eut bu à cette coupe de Circé révolutionnaire, le journaliste Brucker, transformé en… farouche et en garde national, demandait, à Vincennes, la tête de M. de Peyronnet, avec lequel, par parenthèse, il s’est lié plus tard ; cette tête poétique qui fait de beaux vers et qui, en envoyant son portrait à son ennemi mortel devenu son ami jusqu’à la mort, écrivait ce quatrain tourné avec la grâce qui n’empêche pas d’être un homme d’État, en terre de France : J’entends encor l’hymne infernal, (Il faut bien dire que c’était La Marseillaise pour ceux qui ne la reconnaîtraient pas à l’épithète).
Ses amis ont eu la bonté d’apprendre au monde que le talent de l’auteur de Tolla faisait sortir de terre les testaments et les donations, et que, comme Burke et Chatham, il avait trouvé des duchesses de Marlborough qui, par fanatisme d’admiration, avaient versé sur sa tête la corne d’abondance de toute une fortune !
D’ailleurs, indépendamment de l’Oracle de la Revue des Deux-Mondes dont il était l’Alexandre, c’étaient les amis de M.
Élevée au couvent, dans la communauté de Bérulle, elle y a laissé une amie d’enfance qui vient de prononcer ses vœux et qui incessamment lui rappelle dans ses lettres cette vie de cloître au sein de laquelle elle, Éliane, a passé les premières années de la sienne, et dont, âme pieuse et profonde, elle a emporté le regret.
Mais à des maux extrêmes, ô ami, les dieux ont donné pour remède la ferme hardiesse de l’âme.
Eux-mêmes, ses plus chauds amis d’autrefois, qui ont mal fait la digestion de ses dîners, ne prononcent plus son nom que pour le désigner narquoisement au choix du bureau de bienfaisance poétique de la Société des Gens de Lettres. […] Castille, il est vrai, reconnaissait que le style de son ami ne valait pas celui de madame Sand ; — bien plus, il ajoutait avec une sorte d’orgueil que l’école soi-disant réaliste, dont M. […] Courbet de confier à l’un de ses nombreux amis ce rôle de pitre. […] Elle ne peut être Mélusine sur les planches ; en revanche, elle redevient tout à fait serpent dans la coulisse, disent ses amies intimes. […] Barbara aura beau faire : le talent de son ami, je devrais dire de son modèle, le dépassera éternellement de plusieurs têtes.
Il ne fut pas moins l’ami que le protecteur de Virgile & d’Horace. […] Un Monarque, ami des Arts & digne de leurs hommages, François I, les appellait autour de son trône. […] Hamelot de la Houssaie trouva peu d’Emules parmi nos contemporains ; le respectable Auteur de l’Ami des Hommes trouvait encore moins de rivaux parmi nos prédécesseurs. […] Peut-être, leur disait-il, auriez-vous eu moins d’amis ; mais, à coup sûr, vous eussiez trouvé plus de lecteurs. […] Le gracieux Lafosse, les deux savans Boulogne, toujours amis, quoique freres & rivaux, tenaient un rang distingué parmi les excellens Peintres du dernier siecle.
Briand lui-même, qui a dû la défendre contre les attaques de ses propres amis, et à M. […] C’est ce que l’auteur de ces lignes s’efforçait récemment il expliquer, contre son ami Halévy, à propos de la Décadence de la Liberté. […] Pascal promit d’essayer : quelques jours après il apportait à ses amis la première Provinciale. […] » Et ni l’un ni l’autre ne nous empêchent de tenir à nos idées et à nos amis. […] Bossuet, dans la Politique tirée de l’Écriture sainte, rappelle que Jésus a eu une pensée particulière pour son pays, et qu’il a pleuré en annonçant la ruine de Jérusalem comme en perdant son ami Lazare.
& vos amis seroient d’avis que vous fissiez de votre bon gré ce que le plus grand effort de vos ennemis ne sauroit vous contraindre de faire ? […] On peut avoir un parti par son mérite, par la chaleur & le nombre de ses amis, sans être chef de parti. […] Cependant on dit également, faites-moi la grace, faites-moi la faveur de recommander mon ami. […] Un héros dans une tragédie dit qu’il a essuyé une tempête, qu’il a vû périr son ami dans cet orage. Il touche, il intéresse s’il parle avec douleur de sa perte, s’il est plus occupé de son ami que de tout le reste.
On apprit qu’il avait à Paris des amis puissants et des admirateurs : on admira aussi, sans bien comprendre. […] Le fait télépathique que les occultistes rapportent le plus souvent avec des variantes qui ne varient guère est celui-ci : un ami est en Europe et son ami est en Afrique : un jour l’ami qui est en Afrique apparaît à celui qui est resté en Europe ; plus tard on vérifie l’heure que l’on a notée et l’on trouve qu’au moment même de l’apparition l’ami lointain mourait. […] Il y a longtemps qu’un ami n’est venu nous voir, et nous avons, depuis quelques jours, pensé vingt fois à cette absence insolite. […] Mais si cet ami ne venait pas, en aurions-nous moins pensé à lui ? […] Ce colley, qui pourtant n’avait été soumis à aucun dressage, était d’une intelligence remarquable : il reconnaissait, au pas, à l’odeur, à je ne sais quoi, un visiteur ami à travers la porte fermée, et, longtemps avant sa venue quotidienne à heure fixe, il manifestait une réelle impatience.
Nous apercevons, en effet, dans la presque totalité des corps naturels, une faculté manifeste de perception et même d’élection, en vertu de laquelle ils se joignent aux substances amies et repoussent les autres (90). […] Pour se calmer lui-même, il étudiait Racine ou même Delille ; il se façonnait à l’impartialité du portraitisme, au milieu même de la bataille qu’il livrait, avec ses amis, aux formes surannées du style et de la pensée. […] L’eau vivante, au contraire, est une compagne et une amie. […] Au temps de Rabelais et avant, c’est pour les femmes que Clément Marot écrivait ; et pour qui, sinon pour les femmes, furent donc composés le poème de la Parfaite Amie et tous ces discours sur l’amour où s’évertuaient les poètes galants d’avant Ronsard ? […] On lisait et on lisait même Rabelais chez la Reine de Navarre ; c’était un ami de la maison.
« Un jour, elle est avertie par un de ses amis que deux sicaires ont formé le projet de se rendre à l’île d’Elbe pour assassiner Napoléon. […] Et douze bourgeois pacifiques, amis de l’ordre et de la régularité des mœurs, rapporteront un verdict d’acquittement. […] Ses amis en ont décidé autrement. […] C’est de cette encre que Barbey écrit à ses amis quelques lignes sans prétention. […] Les meilleurs amis de l’écrivain s’étonnent et déplorent qu’un défenseur de la foi se complaise à de pareilles peintures.
L’ambassadeur américain455, homme pratique, explique à Washington avec une ironie grave la jolie parade académique et littéraire qui précède le tournoi politique et public. « Les discours sont lus d’avance dans une petite société de jeunes gens et de femmes, au nombre desquelles se trouve ordinairement la belle amie de l’orateur ou la belle dont il désire faire son amie ; et la société accorde très poliment son approbation, à moins que la dame qui donne le ton au petit cercle ne trouve à blâmer quelque chose, ce qui naturellement conduit l’auteur à remanier son œuvre, je ne dis pas l’améliorer. » Rien d’étonnant si, parmi de pareilles mœurs, les philosophes de profession deviennent des hommes du monde.
Dieu l’a créée infatigable, inépuisable, innombrable dans les végétations, moins nombreuse, moins palpable, moins fourmillante dans les animaux, excepté les insectes, parce que l’intelligence les anime, et que la nourriture plus recherchée leur manquerait dans leurs pâturages terrestres ; mais il leur mesure les aliments et l’intelligence à proportion de leurs masses, de leurs besoins ; entre eux et l’homme il a placé la barrière des langues qui se parlent, mais qui ne se comprennent pas entre elles, excepté les animaux domestiques, premiers esclaves et tendres amis de l’homme. […] Je dois cette incomparable description de la forêt vierge à mon éloquent et studieux ami M.
Cependant je vis une larme mouiller ses yeux sans regard, en caressant son ami estropié, le pauvre Zampogna. […] Partez, mon enfant, j’aurai soin de ceux qui restent. » CXXXV À ces mots, qui nous firent tressaillir comme un coup de tonnerre, nous nous relevâmes tous les trois de la poussière, et nous vîmes debout devant nous notre seul ami sur la terre, le père Hilario.
C’est-à-dire qu’ils ou elles s’habillent — ce qui ne laisse pas de leur donner un assez vif plaisir — ils ou elles s’habillent « pour sortir ». « Nous sortons ce soir. » Cela signifie : « Nous allons voir Guitry ou Lavallière ou Polaire. » Car ce qui intéresse nos contemporains, cher ami, ce n’est pas le théâtre, ce sont les acteurs et les actrices, leurs relations et leurs meubles, leurs amants et leurs maîtresses, leurs jupons et leurs chaussettes. […] Mon cher ami, il ne faut pas se plaindre tant que nous pouvons tous les deux — et quelques autres avec nous — lire au coin de notre feu Bel-Ami dans le texte.
Hermann n’a vécu qu’avec lui-même, sa famille et quelques amis. […] Je ne me tiendrai pour apostat que le jour où des intérêts usurperaient dans mon âme la place des choses saintes, le jour où, en pensant au Christ de l’Évangile, je ne me sentirais plus son ami, le jour où je prostituerais ma vie à des choses inférieures et où je deviendrais le compagnon des joyeux de la terre, Funes ceciderunt mihi in praeclaris !
— « En attendant, amis, où dit-on qu’Athènes est située ? […] C’est maintenant un juge sévère, qui recherche et qui interroge, — « Où as-tu laissé l’élite de tes amis, ceux qui se tenaient debout à ton côté ; Pharandacès, Susas, Pélagon, Datamas et Agdabatas, Psammis, Susicanès qui, pour te suivre, partit d’Echbatane ?
Il tue par mégarde son ami, le jeune Hyacinthe, en lançant le disque avec lui : image du printemps que le disque solaire de l’été torride dessèche dans sa fleur, comme en se jouant. — Qu’il est terrible encore lorsqu’il renverse sous ses traits rapides les douze enfants de Niobé autour de leur mère ; ou quand, au premier chant de l’Iliade, embusqué sur la plage, comme un chasseur d’oiseaux de mer, il décime, pendant neuf jours, de ses flèches, le camp des Argiens ! […] En avant, marche la Déesse, pareille à une reine conduisant des princesses amies dans le palais qu’elle leur a fait préparer.
C’était lui qui disait : Il n’est chasse que de vieux chiens et châsse que de vieux saints ; et quoiqu’il n’aimât pas les nouveaux venus de la sainteté, il était l’ami de saint François de Sales, sur le conseil duquel il fit des romans. […] Agathon, l’ami d’Euripide, alla à Dodone consulter Loxias.
Un ami sévère à contenter, des ennemis à confondre, des envieux à punir, étaient autant d’aiguillons qui animaient son courage et ses travaux. […] Je vous en conjure encore, méfiez-vous de ces législateurs enthousiastes : opposez-leur toujours les anciens et Racine : opposez-leur ce grand axiome de son digne ami, ce principe qui paraît si simple et qui est si fécond, rien n’est beau que le vrai.
Le cardinal de Bernis, l’ami de Voltaire et la bouquetière de madame de Pompadour, ne pouvait pas se déshonorer, mais l’archevêque de Séville, le grave et profond cardinal de Solis, avait, lui, un honneur à perdre, un noble passé à sacrifier, et il perdit l’un et sacrifia l’autre en acceptant de son gouvernement la mission de faire nommer un pape s’engageant d’avance et par écrit à la destruction des Jésuites. […] Ô mes enfants, chers amis de la Compagnie qui n’est plus !
L’auteur, dans sa dédicace à Flaubert, son maître et son ami, dit-il, l’appelle « un livre de colère et de pitié », et il a raison, c’est bien cela… Seulement, la colère et la pitié n’y sont pas comme elles y pourraient être. […] Alphonse Daudet, dont l’esprit aurait toujours raison s’il n’avait pas d’amis littéraires, a très bien su voir qu’il y avait un magnifique roman qui dormait, enveloppé dans une grande question d’histoire agitée souvent par des penseurs, mais laissée là par des artistes… et il l’a traitée dramatiquement.
Il y a plus de vingt ans que j’ai l’honneur de la connaître et que j’ai affaire à elle ; que, dans mes études de Port-Royal, j’ai occasion de la rencontrer à chaque instant, de me dire et de me redire en quoi elle diffère par le caractère et le tour d’esprit de sa sœur la mère Angélique, la grande réformatrice du monastère ; que j’ai l’habitude de recourir à ses lettres, à celles dont il existe à la Bibliothèque impériale et à l’Arsenal des recueils manuscrits, pour y chercher la suite et le détail des relations qu’entretenaient avec le dedans de Port-Royal les amis du dehors, les ci-devant belles dames plus ou moins retirées du monde, telles que Mme de Sablé, le ci-devant frondeur M. de Sévigné, oncle de la spirituelle marquise.
S’il avait été père, il eût été homme à répondre comme cet utopiste moderne à un ami qui, après une longue absence, lui demandait d’abord : « Comment va ta fille ?
André Chénier, qui, je le crois bien, songeait en ce moment au poëte Le Brun, son ami, dont il ne pouvait concilier le talent et le caractère, s’écriait : Ah !
Prenez un fabliau, même dramatique : lorsque le chevalier pénitent qui s’est imposé de remplir un baril de ses larmes, meurt auprès de l’ermite, il ne lui demande qu’un don suprême : Que vous mettiez vos bras sur mi, Si mourrai au bras mon ami.
Huguenot, helléniste, gaulois et bourgeois, ami des bons contes, et passionné pour la langue française, entre ses continuels voyages et ses travaux philologiques, il trouva le temps d’écrire de mordants et spirituels traités, avec une verve et une verdeur de style fort remarquables.
Rédacteur (1843), puis directeur (1848) de l’Univers, il se fit le serviteur de l’Église catholique, serviteur sans défaillance et sans complaisance, impérieux aux amis, injurieux aux adversaires.
Je l’ai demandé aussi à l’un de ses intimes amis, le fidèle témoin et associé de ses premiers efforts, M.
II L’esprit scientifique et la méthode de l’histoire littéraire Conférence faite à l’Université de Bruxelles Mesdames, Messieurs, Lorsque Boileau se constituait le défenseur des anciens contre Perrault et ses amis, le docte Huet déniait à ce poète si médiocrement érudit qu’il eût qualité pour le faire, et lui disait en le voyant s’échauffer : « Monsieur Despréaux, il me semble que cela nous regarde plus que vous. » J’ai peur, Mesdames et Messieurs, qu’en venant discourir ici sur la méthode scientifique moi dont la culture et l’étude sont entièrement littéraires j’ai peur que mes deux illustres compatriotes qui sont ici, le mathématicien Poincaré et le biologiste Le Dantec, ne me tirent par la manche et ne me disent : « Mon cher collègue, cela nous regarde plus que vous. » Ce n’est qu’avec beaucoup de discrétion et de réserves que j’ose transporter cette notion de méthode scientifique à l’histoire littéraire, et il faut d’abord que je précise brièvement en quel sens et dans quelle mesure nous osons prétendre que nous faisons du travail scientifique.
Tout ce que je voudrais, à propos de ce souvenir, de cette carte de visite poétique adressée à quelques amis et à un petit nombre de lecteurs d’élite, ce serait de marquer dans la littérature contemporaine la place d’un poète auquel il me semble qu’on n’a pas jusqu’ici rendu pleine justice.
Française, elle l’est par la clarté, par la concision, par la netteté si franche des termes qu’elle emploie, par une science de composition, par un amour de l’ordre et de la règle qui, très rigoureusement, procèdent du xviie siècle ; originale, nui ne le lui a contesté ; ç’a été le grand éloge et le grand reproche que lui ont sans cesse adressés ses amis et ses ennemis ; nouvelle, j’insiste là-dessus ; elle a été, elle est, elle restera étonnamment nouvelle et primesautière ; ceci est sa gloire, la meilleure et la plus vraie, dont rien ne peut la déshériter.
On ne saurait rendre l’ampleur et le procédé habituel de cette poésie, si on ne l’a entendue dans son récitatif lent et majestueux ; c’est un flot large et continu, une poésie amante de l’idéal et dont l’expression est toute faite aussi pour des lèvres harmonieuses et amies du nombre.
Tel est le cas du sentimental déçu, de l’homme sociable devenu ennemi de la société (Rousseau) ; de l’ami des hommes devenu misanthrope à leur contact.
Jaloux de donner à cet Ouvrage le degré de perfection & d’utilité dont il est susceptible, d’après nos propres réflexions, d’après celles de nos amis & de plusieurs personnes distinguées qui s’intéressent à la cause que nous défendons, nous n’avons épargné ni soins, ni recherches, pour le rendre digne des suffrages nationaux & étrangers.
Pour mieux constater le droit, il ouvrit une école gratuite avec deux de ses amis, M. de Coux et l’abbé Lacordaire.
On lit dans la Correspondance, à propos de deux livres d’amis, ces paroles : « L’un a le charme et l’autre la force.
La méthode que pratiqua Sainte-Beuve et le but qu’il poursuivit sont indiqués suffisamment dans un article sur Chateaubriand jugé par un ami intime, dans le tome III des Nouveaux Lundis.
Royer-Collard, cet ami original et ironique de la routine, était, à tout prendre, un sagace et noble esprit.
Say et ses amis, MM.
Il lui est permis, sur tout lorsqu’il peut alléguer quelque expérience favorable à son sentiment, de combattre ces principes avec aussi peu de pudeur que s’il attaquoit un systême de quatre jours, un de ces systêmes qui n’est encore cru que par son auteur et par les amis de l’auteur, qui même cessent de le croire dès le moment qu’ils sont brouillez avec lui.
Celui d’ Hospes ne perd-il pas une partie de la dignité qu’il a en latin, où il signifie un homme lié avec un autre par l’amitié la plus intime, un homme lié avec un autre jusqu’à pouvoir user de la maison de son ami comme de la sienne propre, quand on le rend en françois par le mot d’ hôte, qui signifie communément celui qui loge les autres, ou qui loge chez les autres à prix d’argent.
Je connais un poète qui a copié de sa main, pour les faire lire à un ami, quatre colonnes consacrées à son livre dans un feuilleton ; mais il avait retranché le blâme.
Jules Simon et Saisset, traités respectueusement et affectueusement « de maîtres et d’amis », nous avons naturellement pensé que le Rationalisme contemporain allait, sans être un aigle, avoir beau jeu du bec et des griffes contre le mysticisme pris à partie, pour l’exécuter mieux et plus vite, dans la personne de Saint-Martin.
Ce qui lui manque, c’est donc le plus important, c’est l’intuition, l’observation, le principe net et subjuguant qui empêche de se méprendre sur la pensée d’un livre et d’un homme, et à la lueur duquel les amis se reconnaissent, — et les ennemis aussi, malgré la ruse de guerre de leurs perfides applaudissements !
Les amis et les admirateurs de Banville (car il y en a), les puritains passionnés du style pour le style, les haïsseurs de la cheville, les sacrificateurs à la rime sévère, tous les hommes qui aiment la langue comme un beau vase, dût-on ne mettre rien dedans, trouveront ici leur théorie de la forme et du travail volontaire un peu compromise.
Salammbô, — pour laquelle les amis de l’auteur ont tiré tellement les cordes de toutes les grosses cloches qu’ils les ont cassées et qu’elles ne sonnent plus, — Salammbô est tombée définitivement dans le plus juste oubli.
Nous la délivrerons : et redevenue maîtresse d’elle-même, ce n’est ni en amante lointaine, ni en étrangère, ni en exilée qu’elle nous apparaîtra, mais en amie de tous les jours, heureuse d’être aimée au gré de notre désir.
Deux amis se promènent. […] Deux amis sortent de cette petite boutique. […] Mais (en philosophie) on arrive à s’entendre même avec ses amis, et même avec ses alliés. […] Mais il n’a pas pour lui les amis de ses ennemis. […] Il n’a même pas pour lui tous les amis de ses amis.
Vous en trouverez les preuves dans les Mémoires pour la vie de Malherbe, par son disciple et ami Racan, ou bien encore dans les Historiettes de Tallemant. […] J’ai apporté seulement à l’exécution de mon sujet une connaissance assez passable de ce qui y était nécessaire… Ce fut plutôt un essai, … pour voir si cette espèce de poésie, condamnée comme impossible par nos plus fameux écrivains, était une chose véritablement déplorée, et si la théorie, qui ne m’en était pas tout à fait inconnue, ne me servirait point à montrer à mes amis, par mon exemple, que sans avoir une trop grande élévation d’esprit on pouvait la mettre heureusement en pratique. […] Mais, tous ou presque tous, ils étaient amis de Boileau, à commencer par le plus fameux et le plus considéré du parti, celui que l’on saluait alors du nom du « grand Arnauld ». […] Neveu des Corneille, il était en cette qualité l’ennemi-né de Racine, dont il ne devait pas perdre une occasion de médire ; l’ennemi par conséquent de tous les amis de Racine, qui n’en avait pas de plus familier ni de plus cher que l’auteur des Satires ; et enfin, et par suite encore, l’ami de tous leurs ennemis. […] Mais quand, en revanche, Boileau, dans L’Andromaque de son ami Racine, critiquait les « défauts » du caractère de Pyrrhus — qu’il trouvait trop semblable encore à un héros de Mlle de Scudéri, — cela servait à Racine pour mieux peindre, sous des traits plus naturels et plus vrais, l’Achille de son Iphigénie.
Notons, du reste, qu’à la France comme à la Grèce il était conduit par son grand ami Goethe, qui aimait autant l’une que l’autre. […] Méfiez-vous de tous ceux qui parlent beaucoup de leur justice… Mes amis, je ne veux pas que l’on me mêle à d’autres et qu’on me confonde avec eux… C’est avec ces prédicateurs d’égalité que je ne veux pas être mêlé et confondu. […] « Mais, mon ami, tu me parles là de trois actions, au lieu d’une, car ton jugement : cela est bien ainsi, est un premier acte. » Et cet acte est arbitraire ou, au moins, n’est pas contrôlé. […] Ce que vous cherchez chez le prochain, c’est quelqu’un qui vous supporte, parce que vous ne savez pas vous supporter vous-même, et quelqu’un qui vous aime, parce que vous ne savez pas vous aimer assez et comme il faut. « Je voudrais que toute espèce de prochains et les voisins de ces prochains vous devinssent insupportables ; car alors il faudrait que vous fissiez de vous-même un ami et un ami au cœur fort et débordant. » Mais vous allez chez les autres pour dire du bien de vous, les amener à en dire et, de ce que vous les entendez en dire, en penser davantage. […] Et, pour le dire entre nous et dans mon cas particulier, je ne veux me laisser empêcher ni par mon ignorance, ni par la vivacité de mon tempérament, d’être compréhensible pour vous, mes amis, bien que ma vivacité me force, pour pouvoir m’approcher d’une chose, de m’en approcher rapidement.
. — Ceux à qui vous devez le jour, reprit Crésus, sont nos amis, et c’est parmi des amis que vous vous trouvez ici. […] Un homme peut épouser plusieurs femmes, et quand il vient à mourir, il s’élève entre elles de grands démêlés, soutenus avec chaleur par leurs amis, pour décider laquelle a été le plus tendrement aimée du défunt.
Quand nos amis les plus sûrs s’accordent à nous conseiller un acte important, les sentiments qu’ils expriment avec tant d’insistance viennent se poser à la surface de notre moi, et s’y solidifier à la manière des idées dont nous parlions tout à l’heure. […] Dire qu’un certain ami, dans certaines circonstances, agirait très probablement d’une certaine manière, ce n’est pas tant prédire la conduite future de notre ami que porter un jugement sur son caractère présent, c’est-à-dire, en définitive, sur son passé.
Entouré d’amis illustres, Ballanche vécut au centre même du mouvement des idées ; il étudia tous les systèmes avec curiosité, avec sympathie ; mais aucune école n’exerça d’influence directe sur ses idées, et il n’appartint jamais qu’à sa propre inspiration. […] Ce fut au milieu d’un tel cercle d’amis que Ballanche essaya sa jeune imagination. […] Sous l’un ou l’autre de ces deux titres, l’œuvre de Ballanche paraîtra au complet et dans l’ordre qu’il avait réglé, c’est le devoir le plus sacré et la consolation de ses amis. […] Des goûts et des travaux qui n’ont eu pour confidents que ses amis attestent que ses puissantes facultés s’exercèrent sur les sciences physiques comme dans le monde de la psychologie et de l’histoire. […] Aussi laisse-t-il, outre ses grands et illustres attachements, toute une jeune famille d’amis et de disciples dont la piété pour sa mémoire est vraiment religieuse et dont les souvenirs les plus encourageants se rapportent à lui.
Aussi, et presque à ses débuts, de bons juges ne s’y étaient-ils pas mépris : « Buchez et ses amis, raconte Sainte-Beuve, avaient remarqué au sein de l’école romantique la haute personnalité de M. de Vigny et avaient tenté de l’acquérir » ; et il résista, continue le critique, — ayant trop d’orgueil, et de juste orgueil, pour être jamais d’une autre école que la sienne, — « mais il fut amené dès lors à s’occuper de certaines questions sociales plus qu’il ne l’avait fait jusque-là » [Cf. […] Pailhès, Mme de Chateaubriand, Bordeaux, 1887 ; et Chateaubriand, sa femme et ses amis, Paris, 1896. […] Guillois, Le Salon de Mme Helvétius, Paris, 1894 ; et le même : La Marquise de Condorcet, Paris, 1896] ; — ou chez la veuve de Condorcet, devenue l’intime amie du tribun Mailla-Garat ; — et ils maintenaient à toute outrance contre Chateaubriand, Mme de Staël et le Premier Consul, — les plus purs principes de l’Encyclopédie [Cf. […] Peyrat, Béranger et Lamennais, 1861 ; — Arthur Arnould, Béranger, ses amis et ses ennemis, Paris, 1864 ; — Jules Janin, Béranger et son temps, Paris, 1866 ; — Brivois, Bibliographie de l’œuvre de Béranger, Paris, 1876 ; — Legouvé, « Notice », en tête du Béranger des écoles, 1894. […] — Observations à ce sujet ; — et qu’avec d’autres qualités, plus lyriques, — sa méthode est substantiellement analogue à celle d’Augustin Thierry ; — mais son inspiration sensiblement plus catholique ou moins hostile à l’Église. — C’est ce qui rend plus surprenant que ces premiers volumes n’aient pas tiré tout de suite Michelet de pair ; — et que les « romantiques » n’aient pas reconnu d’abord en lui l’un des plus grands d’entre eux. — Mais d’autres travaux, à ce moment même, le détournent de l’histoire pittoresque, — vers la philosophie de l’histoire ; — en même temps que son ami Quinet ; — et sa nomination au Collège de France, 1837, — les précipite ensemble tous les deux dans la politique militante.
L’Autriche encore, qu’elle contemple aux abois à Wagram, attendant l’issue des batailles pour se déclarer amie du vainqueur ? […] Quant à l’Autriche, dont elle n’est qu’un démembrement en Silésie, il n’y a aucune guerre, aucune négociation où la Prusse ne lui ait été ou amie infidèle ou ennemie acharnée.
« Fais-moi donc la grâce, sans renoncer à la compagnie de ces jeunes gens de ne pas oublier non plus un ami qui t’est bien dévoué. […] « — L’homme injuste sera donc l’ennemi des dieux, et le juste en sera l’ami.
À beaucoup d’égard, nous préférons la piété amusante et spirituelle de Pierre Camus, l’ami de François de Sales, à la tenue raide et guindée qui est devenue plus tard la règle du clergé français et a fait de lui une sorte d’armée noire à part du monde et en guerre avec lui. […] A la fin, se réveillant et serrant la main du jeune homme : « On voit bien, mon ami, lui dit-il, que ces hommes-là ne font pas oraison. » Le mot m’est dernièrement revenu à l’esprit, à propos de certains discours.
On sait aussi la cour de lettrés dont s’était entouré le surintendant Fouquet qui trouva en eux ses amis les plus fidèles et ses défenseurs les plus vaillants. […] Le même Voltaire, loin d’être pensionné par les grands seigneurs, leur prête de l’argent qu’ils ne daignent pas rendre, et c’est lui alors qui les tient ; il est bien plus que leur favori ou leur ami : il est leur créancier ; il a barres sur eux.
J’espère que nous l’emmènerons en Égypte, ou à Chypre, ou chez les Hyperboréens, ou plus loin encore, et qu’il nous dira enfin quels sont ses amis, et ses trésors, et ses parents, puisqu’un dieu nous l’a envoyé. » — Cependant Bacchus, qui sourit toujours, murmure une incantation ; et voici le vaisseau livré aux prestiges et aux sortilèges. […] Après douze mois, les Heures, aux pieds délicats, te ramèneront Adonis, tel que le voici, des rives de l’intarissable Achéron ; les Heures amies, les plus lentes entre les Déesses, mais les plus désirées, car toujours elles apportent quelque don aux mortels… — Que Cypris se réjouisse, puisqu’elle a son jeune époux !
Ainsi, je rencontre un jour dans la rue un ami que je n’ai pas vu depuis longtemps ; la situation n’a rien de comique. […] On se rappelle ce dialogue entre une mère et son fils dans les Faux Bonshommes : « Mon ami, la Bourse est un jeu dangereux.
L’abbé Le Dieu était un ecclésiastique estimable, laborieux, auteur par lui-même de quelques ouvrages sur des matières théologiques ; il fut attaché à Bossuet à partir de l’année 1684, et resta auprès de lui près de vingt ans, les vingt dernières années de la vie du grand prélat, en qualité de secrétaire particulier et avec le titre de chanoine de son église cathédrale ; mais il ne faut point voir en lui auprès de Bossuet ce qu’était l’abbé de Langeron pour Fénelon : ce n’était point un ami, mais un domestique dévoué et fidèle.
Au lieu de cela, placez-vous à la frontière, dans un pays encore français, n’ayez nulle chance de rencontrer dans un salon le soir l’écrivain que vous avez jugé le matind, de le rencontrer, lui ou l’un de ses amis intimes, de ses proches par le sang ou par le cœur, et vous pouvez avec convenance en parler comme d’un ancien, comme d’un mort, sans embarrasser votre pensée dans toutes sortes de circonlocutions, en appelant faux ce qui est faux, puéril ce qui est puéril, en entrant dans le vif de la pensée à tout coup.
Ce rôle, la Revue des Deux Mondes, nous l’espérons bien, ne s’en départira pas désormais, et l’effet même de ces violences extérieures devra être de l’y faire viser de plus en plus : dire assez la vérité même à ses amis, ne pas dire trop crûment la vérité même à ses ennemis (avec de tels agresseurs cela mènerait trop loin), en un mot, ne pas trop oublier l’agrément, même dans la justice.
Jetez les yeux sur une foule nombreuse ; combien de fois ne vous arrive-t-il pas de rencontrer des traits dont l’expression amie, dont la douceur, dont la bonté vous présagent une âme encore ignorée, qui entendrait la vôtre, et céderait à vos sentiments !
Il semble que des succès éclatants offrent des jouissances d’amour propre, à l’ami de la femme célèbre, qui les obtient ; mais l’enthousiasme que ces succès font naître a peut-être moins de durée, que l’attrait fondé sur les avantages les plus frivoles.
C’est sans doute parce qu’il a été souvent mal pratiqué que de bons esprits s’en sont défiés, et que mon cher et vénérable ami d’Amérique l’assimile à une torture.
Dans le chapitre : La Mouche et l’Araignée, cherchant comment elle peut être amenée à la faute, il n’ose imaginer que deux cas : si elle tombe, — c’est qu’une perfide amie avait résolu de la faire tomber, la pauvre petite ; — ou c’est que, de très bonne foi, elle voulait, la chère enfant, servir les intérêts de son mari… Et pour elle Michelet imagine des fractions de responsabilité morale.
Quant à vous, femmes, répandez vos cheveux sur vos épaules, afin que les amis de Pedanius puissent, s’ils le désirent, essuyer leurs mains. » — Les auteurs ont voulu nous mettre sous les yeux la vie élégante sous Néron, et la vie néronienne elle-même.
Victor Hugo Vous avez fait un grand poème, mon ami.
Edmond Pilon La bonne Vierge-Vénus et la Vénus-Marie Se penchent, se désolent, sanglotent et prient Sur ton tombeau plus blanc que celui des colombes, De l’Olympe, du Pélion, du Paradis, Des anges, des satyres et des séraphins prient Pour le pauvre homme bon et le poète parti Vers les églises d’encens et les riches prairies Où la harpe entremêle à la flûte fleurie Des rythmes de prière à des chansons d’orgie ; Ta vie toute pareille à celle du pèlerin, Dont la violente jeunesse grisée d’amour et de vin Avance peu à peu vers la prière des anges, Aboutit — ô Verlaine — à ce tombeau étrange Bâti des impuretés de ta jeunesse ardente Et des strophes liliales de tes poèmes chrétiens ; Te voici, à présent, couché dans la prairie ; Mais la rouge passiflore à la fleur de Marie Enlace, malgré tout, sa passion orgueilleuse Aux tiges de la pensée et des fleurs religieuses Que placeront des amis, que sèmeront des fidèles Et que planteront de beaux anges avec leurs ailes… La couronne d’épines et la couronne de roses, Le bâton de Tannhauser et la houlette des fêtes Que Watteau dessina, pour toi, voici deux siècles, S’emmêlent sur ton ombre tourmentée et posent Leur symbolique trophée au bord de ton silence… Verlaine, ton tombeau est un tombeau étrange Que veillent à la fois les amours et les anges… [La Vogue (15 juin 1900).]
Francesco Andreini, par exemple se faisait annoncer par son valet de la manière suivante : « Tu diras que je suis le capitaine Spavente de la vallée infernale, surnommé l’endiablé prince de l’ordre de la chevalerie ; Trismégiste, très grand bravache, très grand frappeur, très grand tueur ; dompteur et dominateur de l’univers, fils du tremblement de terre et de la foudre, parent de la mort et ami très étroit du grand diable d’enfer. » Dans La Prigione d’Amore (la Prison d’Amour), de Sforza Oddi nell’academia degli Insensati detto il Forsennato (membre de l’académie des Insensés, surnommé le Furieux), comédie récitée à Pise par les étudiants, pendant le carnaval de 1590, le rôle du capitan est très développé, et se termine par le récit suivant, qui pourra servir de spécimen.
« Tu as acheté ma maîtresse sous couleur qu’elle fût ma sœur, dit-il à son valet, et j’ai acheté ma sœur croyant acheter une maîtresse. » Polipo revient donc à Flavia, qui lui a montré de la tendresse et du dévouement, et qui se trouve être la fille d’un voisin et ami de Polidoro.
Quant à l’intolérance proprement esthétique, elle ne se rencontre guère que dans les écoles artistiques et littéraires, les chapelles, les cénacles qui décernent aux artistes amis ou dissidents des brevets de talent ou de sottise.
Et pourtant la nature est toujours la même, il est peu probable qu’elle ait commencé dans ce siècle à créer des esprits amis de la logique.
S’il est un lieu commun démenti par les faits, c’est que le temps des révolutions est peu favorable au travail de l’esprit, que la littérature, pour produire des chefs-d’œuvre, a besoin de calme et de loisir et que les arts méritent en effet l’épithète classique d’amis de la paix.
L’affreux village de Medjdel a sans doute conservé le nom et la place de la bourgade qui donna à Jésus sa plus fidèle amie 399.
À la façon dont elle le reçoit, on devine qu’elle le récompense : — « Tu n’en seras pas moins traité en ami dans cette demeure ; à défaut de toi, un antre nous eût apporté cette nouvelle.
Quand la santé résiste aux souffrances physiques, le courage apprend bientôt à les mépriser, surtout quand il est soutenu par l’idée de Dieu, par l’espérance d’une autre vie ; mais j’avoue que le courage m’abandonnait en voyant succomber sous mes yeux des amis, des compagnons d’armes, qu’on appelle, à si juste titre, la famille du colonel, et qu’il semblait ici n’avoir été appelé à commander que pour présider à leur destruction.
Ayant eu récemment l’honneur d’être appelé « niais » par plusieurs écrivains et critiques distingués, et même un peu par mon illustre ami M. de Lamartine11, je tiens à justifier l’épithète.
Notre ami et médecin M. le docteur Millard, dont la science est aussi sûre que la main, a bien voulu faire devant nous une dissection, et, comme on dit, une démonstration du cerveau : c’est une opération des plus délicates, et j’ajoute un spectacle des plus intéressants.
Seulement, disons-le, en nous résumant sur le grave ouvrage, vis-à-vis duquel nous voulons nous montrer plus juste que les amis de M.
Qui parlera d’Un An dans le Sahel dans quelques années, excepté, entre eux, les amis auxquels il aura été adressé ?
Mais il lui faut pour cela des hommes sérieux et non des flatteurs… Nous considérons avant tout comme notre véritable ami celui qui nous apprend à nous garder de ce que nous craignons le plus au monde : le vague vide et l’appréciation insuffisante de nos concurrents dans le domaine matériel et intellectuel.
Vous ne trouverez pas dans l’histoire de notre littérature deux écrivains qui soient ainsi comme anglicisés ; et je ne parle pas de ce qu’il emprunte à ses amis le Genevois Rousseau, les Allemands Grimm et d’Holbach, les Italiens Galiani, Riccoboni, Goldoni et tutti quanti. […] Si, comme le dit Flaubert lui-même, — un peu lourdement, — dans la très curieuse Préface qu’il a mise aux dernières chansons de son ami Louis Bouilhet, si « les accidents du monde, dès qu’ils sont perçus, vous apparaissent comme transposés pour l’emploi d’une illusion à décrire, tellement que toutes les choses, y compris votre existence, ne vous semblent pas avoir d’autre utilité », c’est-à-dire, si vous considérez le monde, la nature, la vie, l’homme enfin comme des choses qui seraient faites pour l’art, et non plus l’art comme une chose qui serait faite pour l’homme, vous êtes artiste, au sens entier du mot, dans la force et dans la profondeur du terme.
Mais c’est un ami délicieux… un père adorable, d’une tendresse, d’une inquiétude, d’une anxiété, d’une indulgence ! […] C’est ainsi qu’il est « libéral » aux yeux de quelques-uns de ses amis. […] Il consiste à montrer aux adversaires qu’ils ne voient pas la vérité, et aux amis qu’ils la défendent mal. […] C’est là être ami de Rousseau, mais, comme on disait jadis, ami jusqu’aux autels, et même un peu en deçà. […] Mme de Staël s’y rangeait par tendresse pour ses nouveaux amis.
Un ami, confident de mes goûts naissants, me fit don, je crois bien pour se moquer, de l’Iris exaspéré. […] Or, ce meuble est inconfortable pour y dormir et quantité d’amis y trouvent l’occasion de fréquentes visites. […] Ces deux vaillants, sur le point de contempler Dieu, se communient avec une fleur, cette âme de l’univers : Le Chevalier de Gloire ayant fiché en terre ; Devant leurs yeux, la croix de son épée, Ils tendirent au ciel l’hommage de leur gant : Et le ciel l’accepta d’un long regard aimant Qui mit sur le fer une lumière Puis l’un, dans ses doigts, saisissant Une pâquerette à la blanche couronne d’hostie, Il la porta aux lèvres de l’ami Pour qu’il eût goût, en trépassant, Du pain de vie, Et l’autre, jusqu’à sa blessure haussant Le menu calice d’une fleur d’or, Il le porta aux lèvres de l’ami, L’ayant empli d’une goutte de son sang. […] Ce lyrisme a la passion du mouvement, la haine de l’anecdotique, le souci de la fusion parfaite entre l’idée et l’image, la soif de l’idéalisme, d’un idéalisme sensibilisé et ami de la vie. […] La forme a presque toujours de lourdes défaillances, et pourtant le génie de la langue d’oïl rayonne alors au-delà des frontières parce que le lai de l’Ombre comme les récits de Marie de France, Amis et Amille avec le Chevalier au Cygne, et la Berthe du confus Adenet aussi bien que l’adroit et précis Cligès de Chrestien, — propagent autour d’eux le grand songe celtique et cette délicatesse, cette élégance mentale qui sont le fait traditionnel de la culture et de l’instinct français.
Que si nous avions le droit de dire quel pourrait être, à notre gré, le style du drame, nous voudrions un vers libre, franc, loyal, osant tout dire sans pruderie, tout exprimer sans recherche ; passant d’une naturelle allure de la comédie à la tragédie, du sublime au grotesque ; tour à tour positif et poétique, tout ensemble artiste et inspiré, profond et soudain, large et vrai ; sachant briser à propos et déplacer la césure pour déguiser sa monotonie d’alexandrin ; plus ami de l’enjambement qui l’allonge que de l’inversion qui l’embrouille ; fidèle à la rime, cette esclave reine, cette suprême grâce de notre poésie, ce générateur de notre mètre ; inépuisable dans la variété de ses tours, insaisissable dans ses secrets d’élégance et de facture ; prenant, comme Protée, mille formes sans changer de type et de caractère, fuyant la tirade ; se jouant dans le dialogue ; se cachant toujours derrière le personnage ; s’occupant avant tout d’être à sa place, et lorsqu’il lui adviendrait d’être beau, n’étant beau en quelque sorte que par hasard, malgré lui et sans le savoir ; lyrique, épique, dramatique, selon le besoin ; pouvant parcourir toute la gamme poétique, aller de haut en bas, des idées les plus élevées aux plus vulgaires, des plus bouffonnes aux plus graves, des plus extérieures aux plus abstraites, sans jamais sortir des limites d’une scène parlée ; en un mot, tel que le ferait l’homme qu’une fée aurait doué de l’âme de Corneille et de la tête de Molière. […] C’est après l’avoir dûment close et terminée, qu’à la sollicitation de quelques amis probablement bien aveuglés, il s’est déterminé à compter avec lui-même dans une préface, à tracer, pour ainsi parler, la carte du voyage poétique qu’il venait de faire, à se rendre raison des acquisitions bonnes ou mauvaises qu’il en rapportait, et des nouveaux aspects sous lesquels le domaine de l’art s’était offert à son esprit. […] Chez un peuple ami des spectacles, l’attention est plus vivace qu’on ne croit.
Deux pères jésuites tourmentèrent Montesquieu à son lit de mort pour obtenir ces corrections, mais il refusa de les leur remettre et les confia à deux de ses amies, mesdames d’Aiguillon et Dupré de Saint-Maur, en leur disant : « Tout pour la religion si l’on veut, — pour les jésuites rien. » On ajoute qu’il répondit au prêtre qui lui apportait le viatique, et qui lui répétait : « Comprenez-vous, monsieur, combien Dieu est grand ? […] J’avais, il est vrai, lu souvent dans l’inimitable Correspondance de Voltaire, quelques phrases très-succinctes et presque très-dédaigneuses sur ce prétendu Esprit des Lois, qu’il appelait avec raison, comme son amie madame du Deffant : De l’esprit sur les lois.
Héritier de l’esprit de Rabelais et de Montaigne, ami, dit-on, de quelques libertins comme Bernier, il estime la nature toute bonne et toute-puissante. […] En 1643, il fonde avec les Béjart et quelques amis l’Illustre Théâtre, qui tombe en déconfiture.
Fénelon, ultramontain, ami des Jésuites, avait la faveur de la cour de Rome : Bossuet, gallican, eut besoin d’avoir évidemment raison, et surtout d’avoir de son côté la peur qu’inspirait le roi. […] Cet abbé de ruelles, faiseur de vers latins aimables et de vers français coquets, assidu a l’hôtel de Rambouillet dans ses derniers beaux jours, intime ami de Mme et de Mlle Deshoulières, ce bel esprit d’Église qui est un des intermédiaires par où l’on passe de la préciosité de 1650 à celle de 1715, fit en sa maturité un prédicateur estimé et décent, un excellent évêque, zélé, charitable, doux.
Alexis, d’abord emprisonné avec son père, s’était échappé sur un vaisseau jusqu’à Ancône ; rencontrant les croisés qui s’acheminaient vers Venise, les amis qui l’avaient accompagné lui dirent : « Voici une armée toute trouvée : que ne vous en servez-vous pour aller reconquérir le trône de votre père ? […] Enfin, à son premier retour d’Angleterre, ce Malebouche qui le calomnie auprès de sa maîtresse, et ce fidèle ami, si évidemment imité de celui de l’amant dans le Roman de la Rose, me font croire que si le fond des aventures est vrai, l’imitation du poëte à la mode a dû y ajouter.
Mais il a donné lieu à tous les faux jugements portés par des amis, et par des ennemis également aveugles. […] Avant de remonter au temple, le vieil ami de Titurel veut consacrer son nouveau maître comme roi du Saint-Graal.
Bailey, plus d’objections à faire aux termes de « faculté » dans les occasions ordinaires qu’à l’habitude qu’a l’un de mes amis de mesurer les distances avec une exactitude suffisante par le nombre de ses enjambées. Mais l’investigation méthodique des faits de conscience demandant autant d’exactitude et de précision que n’importe quelle recherche de physique ou de mathémathiques, la méthode des facultés lui ressemble à peu près, comme le calcul de mon ami ressemble à un plan trigonométrique dressé avec soin.
Montluc s’en revient à pied pendant la plus grande partie du chemin, continuant de porter son bras en écharpe, « ayant plus de trente aunes de taffetas sur lui, parce qu’on lui liait le bras avec le corps, un coussin entre deux ; souhaitant la mort mille fois plus que la vie, car il avait perdu tous ses seigneurs et amis qui le connaissaient. » Il rentre en sa maison, est deux ou trois ans à s’y guérir, et plus tard, quand la guerre se réveille et qu’il reprend le service, il croit avoir tout à faire et à recommencer sa carrière comme le premier jour.
Le temps de la gloire pour Montluc est fini ; à la veille de la mort de Henri II dans ce malheureux tournoi, et la nuit même qui précéda le coup fatal, Montluc raconte qu’étant chez lui, en sa Gascogne, il eut un songe qui lui représentait, avec toutes sortes de circonstances frappantes, son roi mort et tout saignant, et il s’éveilla éperdu, la face tout en larmes, racontant aussitôt son pronostic à sa femme et, le matin, à plusieurs amis.
Cela bien entendu, elle veut le vrai dans l’éducation dès le bas âge : « Point de contes aux enfants, point en faire accroire ; leur donner les choses pour ce qu’elles sont. » — « Ne leur faire jamais d’histoires dont il faille les désabuser quand elles ont de la raison, mais leur donner le vrai comme vrai, le faux comme faux. » — « Il faut parler à une fille de sept ans aussi raisonnablement qu’à une de vingt ans. » — « Il faut entrer dans les divertissements des enfants, mais il ne faut jamais s’accommoder à eux par un langage enfantin, ni par des manières puériles ; on doit, au contraire, les élever à soi en leur parlant toujours raisonnablement ; en un mot, on ne peut être ni trop ni trop tôt raisonnable. » — « Il n’y a que les moyens raisonnables qui réussissent. » — Elle le redit en cent façons : « Il ne leur faut donner que ce qui leur sera toujours bon, religion, raison, vérité. » Dans un siècle où sa jeunesse pauvre et souriante avait vu se jouer tant de folies, tant de passions et d’aventures, suivies d’éclatants désastres et de repentirs ; où les romans des Scudéry avaient occupé tous les loisirs et raffiné les sentiments, où les héros chevaleresques de Corneille avaient monté bien des têtes ; où les plus ravissantes beautés avaient fait leur idéal des guerres civiles, et où les plus sages rêvaient un parfait amour ; dans cet âge des Longueville, des La Vallière et des La Fayette (celle-ci, la plus raisonnable de toutes, créant sa Princesse de Clèves), Mme de Maintenon avait constamment résisté à ces embellissements de la vérité et à ces enchantements de la vie ; elle avait gardé son cœur net, sa raison saine, ou elle l’avait aussitôt purgée des influences passagères : il ne s’était point logé dans cette tête excellente un coin de roman. « Il faut leur apprendre à aimer raisonnablement, disait-elle de ses filles adoptives, comme on leur apprend autre chose. » Et de plus, cette ancienne amie de Ninon savait le mal et la corruption facile de la nature ; elle avait vu de bien près, dans un temps, ce qu’elle n’avait point partagé ; ou si elle avait été effleurée un moment, peu nous importe, elle n’en était restée que mieux avertie et plus sévère.
Je voudrais, en vérité, qu’un des amis particuliers de M. du Camp, Théophile Gautier, par exemple, fût un jour et dans quelque temps de l’Académie, pour lui apprendre comment les choses se passent dans cette abominable maison qu’il se figure comme une caverne et un repaire de Burgraves.
Le général de Flers, nommé ensuite général en chef, était un homme de trente-six ans, de naissance noble, qui avait servi sous Dumouriez, et que recommandait l’honorable capitulation de Bréda ; ami de la Révolution, mais froid, renfermé en lui-même, et déjà débordé, il n’eut que le temps de rendre à l’armée qui s’essayait un éminent service ; puis, destitué, dénoncé comme traître, il alla périr à Paris sur l’échafaud.
Gœthe n’était point, en général, l’ami de la poésie politique, mais il faisait une notable exception pour Béranger.
Aussi n’y eut-il aucun ami, et outre le scandale d’un divorce (qu’il avait causé)…, ses faits et gestes s’y bornèrent à diriger l’espionnage de tout ce qui se passait en Russie, dans le sens qu’il croyait convenir le mieux aux idées de l’Empereur et du duc de Bassano, mais faisant en même temps germer de plus en plus dans les cœurs polonais la défiance et le mécontentement contre Ja France.
Nous ne le voyons quasi qu’en buste, pas tellement en buste pourtant que nous n’apprenions de lui que jeune homme, avocat instruit et plein d’espérances, très grand et beau garçon (ce qui ne gâte rien), il eut l’agrément d’être sur le pied d’ami et de familier ou de chevalier auprès de cette fameuse comtesse de Lamotte, l’un de ces jolis et affreux monstres, de ces harpies à tête de sirène comme en engendra la corruption avancée du XVIIIe siècle.
Il est bon que la conscience intérieure que chaque talent porte naturellement en soi prenne ainsi forme au dehors et se représente à temps dans la personne d’un ami, d’un juge assidu qu’on respecte ; il n’y a plus moyen de l’oublier ni de l’éluder.
Ses amis assurent, qu’il aurait écrit contre son opinion ; qu’il l’aurait et désavouée et combattue ouvertement, sans confier à personne le secret de ses efforts, s’il avait cru que ce moyen pouvait servir à faire triompher la cause de cette opinion même.
Tout peintre, poète, romancier d’une lucidité exceptionnelle devrait être questionné et observé à fond par un ami psychologue.
Il laisse ses amis guerroyer dans la Muse française et dans le Globe 723 .
Le personnage que nous jouons, par nécessité ou par goût, ce que nous livrons de nous-mêmes au public, c’est rarement nous tout entiers, et, comme dit Balzac, « nous mourons tous inconnus. » Tel qui, dans son journal, sème l’outrage et la révolte ; tel qui, moitié par tempérament, moitié sous la pression des circonstances, a fait de la démagogie sa carrière, est l’homme le plus doux, le meilleur ami, le père de famille le plus tendre et plus dévoué.
Mis en liberté sous caution, ayant, à l’aide de ses amis, payé ses dettes, il se résolut de quitter Paris avec ses associés, laissant le champ libre aux troupes qui accaparaient la faveur publique.
Au second acte, Arlequin rentre avec Diamantine ; tous les deux respirent une odeur qui les surprend, quand le rôtisseur arrive, demande à Arlequin s’il est content du dîner qu’il a mangé ; Arlequin croit qu’on lui parle de celui que son ami lui a donné, il en fait l’éloge.
Dominant ses amis de son immense supériorité, il veillait et priait.
Voilà une ébauche bien faible de mon rêve ; je crois pourtant qu’aucun caractère ne s’abaisserait dans un tel rôle, simplement compris et nettement accepté ; dans tous les cas, je demande pardon à ceux ou plutôt à celui des amis absents à qui je m’adresse, de m’être ainsi laissé aller à l’exprimer : car tout cela, ne le devinez-vous pas ?
Même dans nos rapports avec les animaux, nous subissons encore une logique commune, qui est plutôt, il est vrai, sensitive qu’intellectuelle : le commerce avec les animaux, amis ou ennemis, n’en est pas moins une interprétation de signes, conséquemment un phénomène de logique sociale.
Tout glorieux de ses nouvelles idées, il envoya sa fameuse préface au docteur Arnauld, son ami, son ancien maître, dont il briguoit le suffrage.
Cependant, mon collègue et ami M.
On voit, du reste, par son Voyage en Hollande, que, s’il n’était pas ami du déplacement, lorsqu’il se déplaçait, il mettait son temps à profit pour se rendre compte, non des particularités pittoresques, mais des choses utiles : mœurs, coutumes, produits, revenus, industrie, établissements publics, etc.
Par exemple, le Poussin a bien pu dans son tableau de la mort de Germanicus exprimer toutes les especes d’affliction dont sa famille et ses amis furent penetrez, quand il mourut empoisonné entre leurs bras ; mais il ne lui étoit pas possible de nous rendre compte des derniers sentimens de ce prince si propres à nous attendrir.
D’ailleurs, dans le cas qui nous occuper, les amis comme les adversaires de l’égalitarisme pensent trouver intérêt à le représenter comme né des systèmes.
Cousin était alors entraîné si loin, qu’il oubliait sa chère méthode psychologique, seule différence qui le séparât encore « de ses amis, de ses maîtres, des chefs de la philosophie, du siècle. » Il établissait a priori la philosophie de l’histoire et l’histoire de la philosophie38.
La philosophie allemande moderne est le comble de l’absurdité ; les religions chrétiennes sont abominables aux esprits justes et aux amis de l’humanité. […] Les lettrés, et parmi eux ses amis même, ne l’ont pas pris au sérieux. […] Il parle des précédentes œuvres de Stendhal comme « de vingt volumes extrêmement spirituels. » — Mérimée, ami personnel de Stendhal, lui a consacré une petite étude que quelques-uns ont prise, si je ne me trompe, pour un éloge, et où Mérimée, avec des adresses cruelles d’ironie serpentine, nous représente, en somme, son ancien ami comme un sot un peu grotesque. […] Les hommes nourris de Bossuet, de Racine, de La Rochefoucauld, de La Bruyère, de Montesquieu, et, si l’on veut, de Duclos, saluèrent Stendhal comme un ami. […] Ainsi procédait, dans le même temps, son ami Émile de Girardin, avec une désinvolture beaucoup plus cavalière et qui décidément chez lui est suspecte.
Tout le monde, à l’abbaye, n’était pas de si douce humeur ; son ami et compagnon dévoué, Michel Germain, tête chaude de Picard, s’en allait faire une scène, chez lui, à Adrien de Valois, un savant hargneux qui avait attaqué La Diplomatique. […] Pendant trois semaines, il attendit la mort avec sérénité, se faisant lire les Écritures, prenant congé de tous ses amis par un mot affectueux, par un conseil salutaire. […] Il ne ménage pas là-dessus les admonestations à son ami Rocca, trop sceptique et trop économe : « C’est par ces misères-là, écrit-il, qu’on s’introduit. » Aussi de quel œil jaloux surveille-t-il la concurrence ! […] Pour un diplomate, il est trop étonné, trop étourdi, quand les amis sur qui il avait compté tournent en ennemis ; un habile homme n’a pas de ces violentes surprises, rien ne lui est tout à fait imprévu. […] Il en fait les complices d’un vol impudent, quitte à leur donner des regrets et à les faire quitter leurs dangereux amis après la fourberie : mais c’était avant qu’il fallait les emmener.
Quel ne devait pas être le génie de Varius, dont Virgile, à ses débuts, avouait la supériorité, qu’Horace proclamait à son tour le premier parmi les épiques, et qui, poète tragique en même temps, composa une tragédie de Thyeste extrêmement admirée de Tacite et de ses amis ? […] Quand un penseur excellent que sa modestie avait laissé dans l’ombre vient de mourir, sa situation n’est pas plus mauvaise, elle peut même être meilleure que pendant sa vie, s’il a parmi les critiques un ami autorisé et puissant qui se charge du soin de sa gloire. […] Spencer : rien ne m’est plus aisé que de comprendre qu’à une autre époque ces hommes seraient morts tous les trois avec toute leur musique en eux et connus seulement de leurs amis pour des personnes remarquables par la force et l’originalité du jugement et du caractère. […] Ce qui fait les grands hommes, mon ami ? […] Grâce à l’épigramme de Racine, le monde se souviendra toujours que « Leclerc et son ami Goras » ont fait une Iphigénie.
Flot d’amis renaissants ! […] Il y a de cela quelque dix ans, quand nous eûmes l’audace de poser la question, les amis de Flaubert crièrent au scandale, pour ne pas dire au blasphème. […] Dans l’œuvre d’un artiste de qui l’on sait, par ses confidences ou par le témoignage de ses amis, qu’il était ce que nous appelons un « névropathe », on cherche, avec une curiosité malsaine, les traces ou les preuves de sa « névropathie ». […] — Qu’importe comment on s’amuse, pourvu que l’on s’amuse, nous répondent ici les amis de l’auteur, M. […] Cette jeune femme, autrefois amie de la sienne, et accueillie, puis chassée par elle, se venge ainsi du bienfait et de l’injure à la fois.
On lit dans la Correspondance à propos de deux livres d’amis, ces paroles9 : « L’un a le charme et l’autre la force. […] Sur l’ordre inspiré de Dom Marc, son jeune ami, qui est tout sainteté et prière, il se dénoncera aux juges de la terre ; en plein office, devant le peuple assemblé, il crie son crime. […] Ce livre, naïvement dédié aux « enfants perdus de Bohème » à ses « bons amis les ratés », est du reste des plus médiocres. […] « C’est là ce que tu trouveras dans le dictionnaire, ami lecteur. […] Les « deux livres d’amis » auxquels fait allusion Ghéon et dont parle Flaubert dans cette lettre sont Jack, d’Alphonse Daudet, et Son Excellence Eugène Rougon, de Zola.
S’il se résigna enfin à faire mieux que l’École des maris, remercions-en Boileau, qui eut plus d’une fois à combattre ses scrupules, et qui sommait son ami, au nom de la postérité, dont nul autre, dans ce temps de merveilles, n’eut plus que Boileau le secret. […] Pour Philinte, c’est encore Molière donnant à quelque ami les conseils d’une raison aimable et indulgente.
II Un jour, à Bayreuth, sortant d’une représentation du premier acte de Tristan et Isolde et gravissant avec un ami la montée au-dessus du théâtre, plus spécialement que de coutume poignés l’un et l’autre du spectacle qui venait de se clore, et silencieux, je considérais les champs environnants et un paysan laboureur qui à ce moment traversait la route, conduisant un couple de bœufs et tranquille d’indifférence ; la placide nature de ces champs et le plus placide passage de ce paysan laboureur faisait aux passionnements du drame récent une antithèse, et, comme à un nouveau drame, je fus ému… Etait-ce donc de l’art, la réalité de cette nature, autant que la fiction de ce drame ? […] Et, aujourd’hui, parmi les récréations de bords marins, ce dessein d’offrir, aux amis qui m’ont suivi, ce testament de mon wagnérisme.
Bombourg l’entend, et lui crie avec ironie : « Rends-toi vite, Beaumanoir ; je ne te tuerai pas, mais je ferai de toi un présent à mon amie, car je lui ai promis que, sans mentir, aujourd’hui je te mettrai dans sa chambre jolie. » Là-dessus c’est à qui vengera Beaumanoir de l’insulte : Bombourg tombe frappé à mort.
Après s’en être pénétré et en s’engageant sur les pas de l’excellent initiateur dans ces expéditions de fatigue et de plaisir, plus d’un visiteur des hautes cimes, au tournant d’un roc, au reflet d’un glacier, à l’humble vue d’une clôture, se surprendra à dire comme pour un compagnon absent et pour un ami qui nous a devancés : « Töpffer, où êtes-vous ?
La maison qu’on a habitée était si belle, les hommes si bons, les amis si sûrs, les femmes si sincères et si touchantes !
Mais en ce qui est du journal, ce qui amusait véritablement Mme de Maintenon (elle le dit et ce devait être, elle flatte peu, même ses amis), ce qui lui rappelait ce qu’elle avait oublié et qui l’obligeait parfois à rectifier quelques-uns de ses souvenirs, n’est-ce donc rien pour nous, et ne devons-nous pas savoir gré à celui qui nous met à même d’avoir comme vécu à notre tour en ce temps-là ?
Saint-Amant, en effet, avait une grande attache et un culte pour cette reine, Marie de Gonzague, née princesse de Nevers, et qui sur son trône agité et vacillant se ressouvint toujours avec affabilité de ses amis de France.
Sans avoir été lui-même à Louis-le-Grand, il avait eu peut-être dans les élèves quelque ami particulier qui l’avait tenu au courant.
Celui-ci avait trente-huit ans, lorsque le duc de Beauvilliers, nommé gouverneur du jeune prince et chargé en chef de son éducation (1689), ne l’accepta qu’à la condition d’avoir cet aimable ami pour collaborateur, et de se l’associer intimement dans cette tâche délicate.
Je lis, dans les Recueils divers que des témoins dignes de foi et amis du prince ont publiés de ses vertus, des détails tels que ceux-ci : « Ce grand prince ne faisait pas seulement sacrifice de son argent, mais encore de sa personne, particulièrement les jours de jeûne qu’il observait dans la dernière exactitude.
… Ce sont là des pages élevées, fermes, vigoureuses de ton, philosophiques de fond, irréprochables, à offrir aux amis comme aux ennemis ; je n’en sais pas en français de plus belles.
Il suffit que « tout uniment et avec des paroles claires, honnêtes et bien disposées, dans une période sonore, et par le cours naturel d’un récit amusant, l’auteur peigne ce que son imagination conçoit et qu’il fasse comprendre ses pensées sans les embrouiller ni les obscurcir : « Tâchez aussi, se fait-il dire par un interlocuteur de ses amis, qu’en lisant votre histoire, le mélancolique s’excite à rire, que le rieur augmente sa gaieté, que le simple ne s’ennuie pas, que l’habile admire l’invention, que le grave ne la méprise point, et que le sage se croie tenu de la louer.
Monselet (car ici je l’appellerai monsieur), a donc voulu réhabiliter Fréron ; il n’est pas le premier qui l’ait tenté ; je me rappelle, il y a bien des années, avoir entendu là-dessus, à l’Athénée, une leçon de notre ami Jules Janin qui fit précisément la même tentative.
Pendant ces travaux où il faisait preuve d’habileté pratique et de connaissance des détails, il avait l’œil aux grands événements qui se déroulaient et qu’il considérait de haut et d’ensemble comme d’un belvédère, ou mieux encore comme du centre d’une fournaise ; car la Suisse, en ces années d’occupation et de déchirement, devenue un champ de bataille dans toute sa partie orientale, offrait « l’aspect d’une mer enflammée. » Jomini y suivit de près les fluctuations de la lutte, les habiles manœuvres de Masséna pendant les sept mois d’activité de cette campagne couronnée par la victoire de Zurich, les efforts combinés de ses dignes compagnons d’armes, les Dessolle, les Soult, les Loison, les Lecourbe : ce dernier surtout « qui avait porté l’art de la guerre de montagne à un degré de perfection qu’on n’avait point atteint avant lui. » Mais, s’il estimait à leur valeur les opérations militaires, il ne jugeait pas moins les fautes politiques, et ce qu’il y avait de souverainement malhabile et coupable au Directoire à avoir voulu forcer la nature des choses, à avoir prétendu imposer par décret une unité factice à treize républiques fédérées, à s’être aliéné une nation amie, à avoir fait d’un pays neutre, et voué par sa configuration à la neutralité, une place d’armes, une base d’opérations agressives, une grande route ouverte aux invasions.
Il fit paraître en 1806, sans nom d’auteur, des Essais de Morale et de Politique, qu’appuyèrent fort ses amis, Fontanes notamment dans le Journal de l’Empire.
Sa maladresse n’avait rien de bien grave, mais l’on nous regardait et je lui dis avec un peu d’impatience : “Mon ami, fais donc attention, nous ne pourrons plus aller nulle part”.
Les gradations de la pensée, les nuances du sentiment, ont besoin d’être approfondies par la méditation ; et ces paroles agréables qui s’offrent en foule aux poètes italiens pour faire des vers, sont comme une cour de flatteurs qui dispensent de chercher, et souvent empêchent de découvrir un véritable ami.
Achille n’est pas seulement la force héroïque : c’est le jeune fils d’une déesse, le plus beau des Grecs, qui, outragé, pleure comme un enfant dans le sein de sa mère ; qui sur la grève solitaire chante avec la lyre en contemplant la mer immense ; qui console son ami affligé avec un accent aussi tendre et aussi ému que celui d’une jeune mère : « Pourquoi pleures-tu, Patrocle, comme une enfant qui ne sait pas encore parler, qui court après sa mère afin qu’on la prenne, la tire par sa robe, et l’arrête, et la regarde en pleurant pour être portée dans ses bras ?
Il sait Les Disciples à Saïs et les Fragments de Novalis, les Biographia litteraria et L’Ami de Samuel Coleridge, le Timée de Platon, les Ennéades de Plotin, les Noms divins de saint Denis l’Aréopagite, l’Aurora du grand Jacob Böhme : c’est lui qui nous l’apprend dans son Introduction.
Dans le parti du cardinal on l’appelait l’ami la Franchise, quolibet violent, qu’on n’eût pas infligé à qui n’aurait rien fait d’équivoque.
* * * Wilde fit son entrée, à l’heure dite, accompagné du Stuart Merrill, négociateur de l’affaire, et d’un ami personnel, un compatriote, ignorant notre langue, qu’il négligea de nous présenter.
L’Italie donna le nom de divin à ce poëme et à son auteur ; et quoiqu’on l’eût laissé mourir en exil, cependant ses amis et ses nombreux admirateurs eurent assez de crédit, sept à huit ans après sa mort, pour faire condamner le poëte Cecco d’Ascoli à être brûlé publiquement à Florence, sous prétexte de magie et d’hérésie, mais réellement parce qu’il avait osé critiquer Dante.
« Nul n’aura de l’esprit hors nous et nos amis. » C’est dans le fait de cette coalition secrète que le snobisme trouve sa force.
La mieux appropriée tient dans cet impératif : « Sois en harmonie avec toi-même. » Flaubert, qui se crut peut-être attiré vers l’action et qui se confina dans l’idée, sut conclure vers sa vingtième année à ce précepte dont il livre le talisman dans une lettre à son ami Le Poittevin : « Sibi constat », tel est, dit-il, citant Horace, l’état du sage.
Fussent-ils nos amis, nos femmes, nos enfants, Ne voyez que leur crime, et gardez vos serments.
De même, quand Oreste et Pilade entrent en scène, Oreste disant : « Oui, puisque je retrouve un ami si fidèle ».
Des prosateurs célèbres ont eu pour amis des juges très compétents qui n’avaient jamais écrit une ligne.
Il se nomme Jacques et il est amoureux ; il se nomme Albert et il pleure sur l’abandon de sa meilleure amie ; il se nomme Dominique et des embarras de fortune lui rendent difficile la résignation nécessaire à la vieillesse qui s’annonce.
Le tonnerre de Dieu d’un charretier, — si l’on me permet de donner un exemple, — est à peu près l’équivalent du sacrebleu d’un petit bourgeois ; et devers Belleville ou Montmartre, on dit d’un ami qu’il est f… avec le même sentiment de commisération que l’on dit en un autre endroit « qu’il n’en échappera pas. » Et c’est bien plus qu’une distinction de rhétorique, c’est une nuance de psychologie, si l’on considère, après le pouvoir propre, la valeur relative des mots.
Parti d’abord pour le continent, avec un jeune lord dont il pouvait plus tard redevenir l’ami, mais ne voulait pas être le compagnon inégal, il avait vu la France et l’Italie en amateur passionné des lettres, écrivant la langue des Romains comme un érudit du seizième siècle et avec la pensée mélancolique d’un moderne.
Je ne serois pas étonné qu’un peuple sensé, mais moins ami des regles, s’accommodât de voir l’histoire de Coriolan distribuée en plusieurs actes. […] Je n’ai pas voulu perdre cette occasion de remercier sincerement mon critique, et de lui apprendre que depuis ses réflexions sur mes ouvrages, il a un nouvel ami dont il ne se doutoit peut-être pas. […] Antiochus est le plus cher ami de Titus, lié depuis plusieurs années avec elle par cette amitié même, l’unique confident de leur passion, et par conséquent les voyant tous les jours l’un et l’autre. […] Tout ce que j’ai dit jusqu’ici, monsieur, doit vous mettre au fait de ce qui m’a fait soupçonner que Coriolan, tel que je l’arrange et affranchi des unités, pourroit plaire à un peuple sensé, mais moins ami des regles. Vous vous recriez d’abord qu’un peuple sensé ne sauroit ne pas être ami des regles.
Et, Dieu merci, la rose sentie par plusieurs ne perd pas son parfum, l’ombre d’un jardin peut abriter bien des amis, un ruisseau peut calmer bien des soifs, un air pur enivrer bien des poitrines, un concert dans une salle sonore et vaste charmer bien des oreilles, un joli visage ou un beau tableau attirer bien des regards sans se déflorer. […] Un des personnages du même Musset compare la voix de son amie à un bon génie Qui porte dans ses mains un vase plein de miel. […] Ces défauts, qui n’ont pas toujours été compris des amis de l’antiquité, tenaient à la nature même des langues anciennes. […] Le choc est d’autant plus violent que le sens de la phrase permet moins de s’arrêter entre les deux mots, ou que la voyelle du second mot est moins sourde : par exemple, cet hiatus : l’oiseau apparaîtra , est plus dur que cet autre : l’oiseau ami de l’homme, parce que la syllabe ap porte un accent tonique secondaire, tandis que la première syllabe d’ami n’en porte pas. […] Hugo dans le vers fameux : De chemin, mon ami, suis ton petit bonhomme, mais de l’inversion expressive, dont fourmille la langue de V.
Nulle sorte de poète n’est plus rare : il faut vivre à l’écart dans les vraies maisons de jadis, à la lisière des bois gardés par les seules ronces, au milieu des ormes noirs, des chênes ridés et des hêtres à la peau douce comme celle d’une amie très aimée ; l’herbe n’est pas un gazon vain tondu pour simuler le velours des sofas : on en fait du foin, que les bœufs mangent avec joie en cognant contre la crèche l’anneau qui attache leur licou ; et les plantes ont une vertu et un nom : Dans les bois vous trouverez la pulmonaire dont la fleur est violette et vin, la feuille vert- de-gris, tachée de blanc, poilue et très rugueuse ; il y a sur elle une légende pieuse ; la cardamine où va le papillon aurore, l’isopyre légère et le noir ellébore, la jacynthe qu’on écrase facilement et qui a, écrasée, de gluants brillements ; la jonquille puante, l’anémone et le narcisse qui fait penser aux neiges des berges de la Suisse ; puis le lierre-terrestre bon aux asthmatiques. […] C’est par des causeries, par de petites remarques doucement sarcastiques qu’il apprenait à ses amis l’art de jouir de la turpitude, de la bassesse, du mal. […] Maurice Barrès, aux dernières lignes de la préface des Taches d’encre : « Et peut-être qu’après m’avoir été un agréable entretien cet hiver avec des amis bienveillants, elle me sera plus tard un agréable souvenir, la brochure un peu fanée que je relirai en souriant, tandis que la sœur infirmière, avec onction, me tendra la douce tisane promise au bon poète devenu mûr. » Après quatorze ans, la brochure est fraîche comme au premier jour et M. […] , Pauv’ vieux, va… Si qu’on s’rait amis ? […] A l’œuvre mauvaise, médiocre ou nulle, le silence seul convient, et, contrairement à l’opinion d’Edgar Poe, j’affirme que la plupart des chefs-d’œuvre même ont besoin pour être compris, à l’heure où ils éclosent, de la charitable glose d’une intelligence amie.
Les dérivés du second ordre sont ami, amitié, amical, amicalement, qui ajoûtent à l’idée primitive du sentiment de bienveillance, l’idée accessoire d’un juste fondement, sans distinction de sexe ; & ce fondement étant raisonnable, rend ce sentiment éclairé, sage, modéré, &c. […] Si nous les mettons maintenant en parallele, nous verrons de nouvelles idées accessoires & analogues modifier l’une ou l’autre de ces deux idées fondamentales : les mots amant & ami expriment les sujets en qui se trouve l’une ou l’autre de ces deux passions. […] Amant & ami sont des noms concrets ; amour & amitié des noms abstraits ; amoureux & amical sont des adjectifs ; amoureusement & amicalement sont des adverbes. […] Les mots ennemi, inimitié, sont des mots compo sés, qui ont pour racines élémentaires les mots ami & amitié, assez peu altérés pour y être reconnoissables, & le petit mot in ou en, qui dans la composition marque souvent opposition, voyez […] Ainsi ennemi signifie l’opposé d’ami ; inimitié exprime le sentiment opposé à l’amitié.
Renan, et même Flaubert et Taine, veuillez remarquer qu’ils ont tous pâti de n’être presque jamais considérés, par leurs amis ou leurs détracteurs, comme des artistes. […] Moréas, avant de mourir, disait à un ami : il n’y a pas de romantisme, de classicisme… c’est idiot… je voudrais pouvoir t’expliquer… Il n’y a pas de grand siècle, et il n’y a pas de siècle sot.
Le charmant poète Gray qui, dans sa solitude mélancolique de Cambridge, étudiait tant de choses avec originalité et avec goût, écrivait à un ami en 1760 : Froissart (quoique je n’y aie plongé que çà et là par endroits) est un de mes livres favoris : il me semble étrange que des gens qui achèteraient au poids de l’or une douzaine de portraits originaux de cette époque pour orner une galerie, ne jettent jamais les yeux sur tant de tableaux mouvants de la vie, des actions, des mœurs et des pensées de leurs ancêtres, peints sur place avec de simples mais fortes couleurs.