Horace voudrait non des talents d’oisifs, d’amateurs et de gens du monde, mais une éducation pratique, utile, qui menât à une carrière, à une profession, et qui fît des hommes instruits comme il l’entendait, c’est-à-dire armés pour lutter avec toutes les capacités de l’époque : « Les gens qui touchent à tout ne produisent rien de bon.
En changeant peu à peu d’horizon, Sismondi porte, dans ses vues dernières, sa parfaite bonne foi, son bon sens, cette cordialité qui élève et qui touche.
On le comprend maintenant de reste, et, toutes choses bien pesées et examinées, il ne doit plus, ce me semble, rester un doute dans l’esprit de personne : Vaugelas avait sa raison de venir et d’être ; il eut sa fonction spéciale, et il s’en acquitta fidèlement, sans jamais s’en détourner un seul jour ; il reçut le souffle à son moment, il fut effleuré et touché, lui aussi, bien que simple grammairien, d’un coup d’aile de ce Génie de la France qui déjà préludait à son essor, et qui allait se déployer de plus en plus dans un siècle d’immortel renom ; il eut l’honneur de pressentir cette prochaine époque et d’y croire.
Ce sens s’est évanoui dès qu’on a voulu le toucher du doigt.
Le roi fut convaincu et surtout touché : vixit præsentia famam.
Aussi définira-t-il l’ode par la forme qui est tout ce qu’il en peut toucher ; il en notera la « magnificence des mots », les « figures audacieuses » ; il dira : Son style impétueux souvent marche au hasard ; Chez elle un beau désordre est un effet de l’art.
Quand toute la bureaucratie serait touchée par la Sorbonne, il resterait ce qui échappe à celle-ci, à savoir l’élite et à savoir la rue.
Théodore de Banville Avec son jeune visage apollonien, et son menton ombragé d’un léger duvet frissonnant que n’a jamais touché le rasoir, rien n’empêcherait ce jeune poète d’avoir été le prince Charmant d’un des contes de Mme d’Aulnoy, ou mieux encore d’avoir été dans la Sicile sacrée, à l’ombre des grêles cyprès et du lierre noir, Damoitas ou le bouvier Daphnis, jouant de la Syrinx et chantant une chanson bucolique alternée, si ses yeux perçants et calmes, et sa lèvre féminine, résolue, d’une grâce un peu dédaigneuse, n’indiquaient tous les appétits modernes d’un héros de Balzac.
Si quelques Alexandrins, comme Porphyre et Longin, réunissent la philologie et la philosophie, ces deux mondes chez eux se touchent à peine ; la philosophie ne sort pas de la philologie, la philologie n’est pas philosophie.
Le peintre peut rechercher la dimension musicale en essayant de toucher tous les sens et la plus grande gamme d’émotions.
La pierre de touche de la connaissance, c’est la prévision.
Ce portrait de Chamfort par Chateaubriand est admirable de touche et de vie, et je ne sais vraiment pourquoi l’illustre auteur l’a rétracté et désavoué depuis : Chamfort, disait-il, était d’une taille au-dessus de la médiocre, un peu courbé, d’une figure pâle, d’un teint maladif.
C’est que les faits du clergé le touchent, et qu’en cette matière l’intérêt personnel l’avertit de ne pas s’en remettre à la théorie pure.
Là-dessus Saint-Victor se met à proclamer sa catholicité d’artiste et de lettré, à dire qu’il lit avec un plaisir énorme les débats de l’affaire Mortara, pris d’un intérêt passionné pour tout ce qui touche à la mythologie.
On ne devrait pas laisser les cuistres toucher à des organismes aussi délicats que le langage : du moins pourra-t-on désormais leur enseigner que les « tropes » sont une branche de la psychologie générale et qu’il faut réfléchir très longtemps avant que d’oser couper en deux morceaux et tailler à arêtes vives un bloc verbal que l’esprit humain laisse volontairement informe.
Il emploie à changer le moins possible toutes les ressources de son intelligence. « C’est ainsi que la plupart des inventions primitives, celles de l’habillement, celles qui touchent à l’alimentation, ont eu pour but, par des modifications artificielles des circonstances ambiantes, de permettre à l’homme de conserver ses dispositions organiques, son aspect, ses habitudes, en dépit de certaines variations contraires naturelles des mêmes circonstances31. » Les hommes, en passant d’un climat chaud dans un climat froid, se sont couverts de fourrures, et non d’une toison comme certains animaux ; les tribus frugivores ont transporté avec elles le blé dans toute la zone de cette céréale ; l’homme primitif, en fuyant devant les gros carnivores, au lieu de développer des qualités extrêmes d’agilité et de ruse, comme tous les animaux désarmés, a inventé les armes.
Je n’ai garde de prétendre y suppléer aujourd’hui et dans une lettre ; mais je tiens à vous dire tout de suite quelques mots sur les deux points auxquels vous avez touché en m’écrivant.
Après une route longue et pénible, elle arrive dans une cabane ; la fatigue l’accable, la soif la dévore ; un paysan, touché de compassion, lui présente un peu de lait : au moment où elle le porte à ses lèvres, un enfant, qui l’a regardée pendant quelques instants avec attention, lui arrache la coupe, et s’écrie : C’est la sorcière d’Orléans.
. — Selon la nature des sensations reproduites, il comprend : 1° Les images proprement dites, ou images visuelles ; 2°Les sons intérieurs, qui se divisent en : paroles intérieures, autres sons ; 3° On peut réunir dans une même subdivision les images des autres sensations, sensations de l’odorat, du goût, du toucher, du sens musculaire, du sens vital, qui sont toujours plus ou moins mêlées les unes aux autres.
Vous savez ce qu’il a été pour Fouquet ; vous savez non seulement ce qu’il a été pour Fouquet au moment de la disgrâce de ce ministre, mais ce qu’il a été plus tard, car voici qui, pour mon compte, me touche peut-être encore plus que l’Elégie aux Nymphes de Vaux, c’est, dans le Voyage en Limousin, ce fameux passage de La Fontaine sur La Fontaine lui-même s’arrêtant devant la cellule où avait été enfermé Fouquet.
La rage soulevée venait confirmer ce fait, que Zola avait touché juste en attaquant le vieux principe spiritualiste et dualiste, en s’affiliant au mouvement profond d’émancipation de la pensée moderne vis-à-vis de la philosophie traditionnelle directement issue du christianisme.
L’aphasique devient incapable de retrouver le mot quand il en a besoin ; il semble tourner tout autour, n’avoir pas la force voulue pour mettre le doigt au point précis qu’il faudrait toucher ; dans le domaine psychologique, en effet, le signe extérieur de la force est toujours la précision.
Une seule chose le pourrait consoler : c’est que le reste de la société, quand vous y touchez, ne paraît pas valoir mieux que lui.
Les exploits d’un conquérant peuvent occuper notre esprit, mais ils touchent très peu notre ame.
Il ne s’agit point ici de toucher à des propriétés qui sont sacrées, soit qu’elles aient été des acquêts, ou des dons, mais de prendre sur les revenus des plus riches, pour secourir les indigens, & de ne pas laisser un abbé commendataire jouir lui seul d’un lot qui, bien partagé, feroit la fortune de plus de trente ecclésiastiques, mais il s’agit de récompenser les officiers d’une maniere digne de leurs peines, & de maintenir la discipline sans donner dans des excès de sévérité ; mais il s’agit d’abréger les procédures, soit civiles, soit criminelles, de diminuer les épices, & le nombre de ces gens faméliques, qui ne travaillent qu’à ruiner les plaideurs ; mais il s’agit de simplifier la perception des deniers, de réduire les traitans à des profits médiocres, pour qu’ils ne deviennent pas le scandale & la ruine d’un pays, par leur luxe & par leurs déprédations ; mais il s’agit d’être ferme dans le bien qu’on entreprend, & de n’écouter que la justice & la vérité. […] Nous touchons plus aux Français qu’aux Romains ; & combien de magnifiques traits ne lit-on pas dans les Annales de la France. […] Il est bon qu’il reste en Europe un fond de cette grosse franchise qui plaisoit tant autrefois, & que les manieres ne touchent point à l’essence des diverses nations. […] Si l’on s’avisoit de vouloir seulement proposer ce que vous dites, ces gros abbés qui vous paroissent aussi matériels que ce qu’ils digerent, deviendroient dans un clin d’œil théologiens, casuistes, orateurs, pour vous prouver qu’on ne peut toucher à leurs revenus sans prendre l’encensoir, & sans se rendre coupable de tous les sacrileges. […] Ce qu’il y a de fâcheux, c’est que les meilleurs ouvrages sont susceptibles de ridicules, & que le sublime même n’en est pas éloigné, par la raison que les extrémités se touchent, & qu’une parodie n’est jamais meilleure que lorsqu’elle prend pour sujet une chose grave ou majestueuse, ainsi qu’on le remarque à l’égard des tragédies qu’on travestit quelquefois de la maniere la plus plaisante.
Ici nous touchons à un des points vulnérables de cette merveilleuse intelligence : le défaut de sens critique. […] Lamartine, George Sand, Lamennais avaient été touchés. […] Il faisait dire à Corneille : Ne touchons à ce temps que par notre mépris, Et auparavant, en guise de conseil Je voudrais aujourd’hui parler en citoyen, Comme jadis, soldat de Brute ou de Pompée, Chez les Romains j’aurais porté l’épée. […] Ces prières étaient des conversations en face de Dieu sur ce qui nous touchait, elle et moi, de plus près. […] Venez dans nos royaumes ; la mer qui les touche vous apportera des perles sur la rive, et vous caresserez, quand vous voudrez, sa verte chevelure sans la mettre en colère. » Chœur des bergers « Dans notre pays le soleil se couche comme un fantôme fatigué qui a gagné sa journée ; le pin y verdit sur le mont, le bouleau dans la forêt ; là le mage est noir, la bise murmure, la feuille morte sanglote à notre seuil ; et puis la chaumine soupire, la grotte pleure, l’Océan mène paître dans l’orage ses troupeaux démuselés ; vous aurez faim, vous aurez soif, et il n’y a rien auprès de nous que nos chiens pour nous garder. » Le Christ « J’aime mieux que le pays des rois le pays où la chaumine soupire, où la grotte pleure, où la feuille sanglote. » Après la rencontre sur le chemin du Calvaire, l’Ahasvérus du poète commence son odyssée fantastique.
Cela fait comme une série de coffres emboîtés les uns dans les autres ; le plus large est la définition première, et le plus petit est le dernier attribut ; chaque coffret plus grand enferme un coffret plus petit, et nous ne pouvons en toucher un qu’après avoir ouvert tour à tour, tous ceux qui l’enferment. — Remarquez le point difficile de l’opération. […] Il s’est rencontré sur notre chemin des sensations, celles du toucher, de l’odorat et du goût, dans lesquelles nous n’avons pu distinguer les sensations élémentaires, et tout ce que nous a permis l’analogie, c’est de penser qu’il y en avait.
Les Abeilles agissent alors comme le pinceau du poil de Chameau avec lequel il suffit de toucher d’abord les anthères d’une fleur et ensuite le stigmate d’une autre pour assurer la fécondation. […] Mais nous touchons ici à un problème très compliqué : car les naturalistes n’ont pas encore défini, à la satisfaction les uns des autres, ce qu’on entend par progrès organique.
Vous, du moins, vous êtes le regard de la jeune tendresse, un doux éclair qui caresse, je ne sais quoi qu’on adore, qui passe et que l’on croit garder, une femme en pétales qui s’effeuille au toucher, et qui renaît sous l’ardeur du désir qui la presse. […] Guy Lavaud est un poète, un pur et exquis poète, la puissance et le souffle qui lui font peut-être défaut sont remplacés ici par une délicatesse de touche et un sens affiné des symboles, peut-être unique dans notre littérature.
Nous touchons ici à l’origine la plus profonde de ce monarchisme que lui reprochait Flaubert. […] Il dit encore : « Dans les portraits des Jacobins, de Robespierre, de Bonaparte, mon analyse préalable est toujours rigoureusement déterministe et ma conclusion terminale rigoureusement judiciaire… » Il conclut : « Plus une école est déterministe, plus elle est rigoureuse en morale. » Je me souviens d’avoir éprouvé, après la lecture de cette lettre, un poignant serrement de cœur à l’idée que ce livre avait touché dans ce maître si respecté, si aimé, une blessure cachée. […] Je ne crois pas que jamais il ait accordé à un journaliste une interview, ni qu’il se soit permis une confidence qui touchât à son existence intime. […] Quand il décrit, dans Madame Bovary, le pharmacien Homais s’éprenant d’enthousiasme pour les chaînes hydroélectriques Pulvermacher, Flaubert s’exalte devant la cocasserie de son bonhomme. « Il en portait une lui-même », dit-il, « et le soir, quand il retirait son gilet de flanelle, Mme Homais restait tout éblouie devant la spirale d’or sous laquelle il disparaissait, et sentait redoubler ses ardeurs pour cet homme, plus garrotté qu’un Scythe et splendide comme un mage. » Lisez la période à voix haute, vous trouverez qu’elle est puissamment nombrée, mais l’illusion de la vraisemblance est touchée.
« Une multitude immense était accourue avec des lumières, et, quand on sut qu’Agrippine était sauvée, cette foule s’agitait et se groupait pour se féliciter mutuellement, quand l’aspect d’une troupe d’hommes armés, marchant dans une attitude menaçante, la dispersa de tous côtés. » XLVI « Anicétus, ayant investi la maison de campagne de sentinelles, et brisé la porte, arrête tous les esclaves qui s’offrent à lui jusqu’à ce qu’il touche à la chambre à coucher d’Agrippine.
Du dernier livre de poésie, ou de philosophie, ou d’histoire qui vient de paraître ; du dernier tableau qui vient de déceler un pinceau puissant, une touche neuve à l’exposition ; du dernier marbre qui palpite encore du coup de ciseau, ou qui sent encore la caresse de la main de son sculpteur, dans la galerie ou dans le jardin statuaire des Champs-Élysées.
Ce sont les racines aériennes des épiphytes (aroïdées), qui vivent sur les cimes, en plein air, qui se passent fort bien d’emprunter leur nourriture à la terre et sont comme une seconde forêt par-dessus la première, qui s’attachent à demeure aux plus fortes et aux plus hautes mères branches, et retombent droit comme un fil à sonde, tantôt isolément, tantôt en paquets, s’arrêtant ici à moitié chemin du sol, finissant ailleurs par y toucher et par y enfoncer leurs radicules. » XXII « Le taillis de la forêt vierge change d’un endroit à l’autre.
Il eut des jours difficiles et souffrit d’autant plus qu’il apportait dans la mêlée des compétitions féroces une âme déjà touchée de la grave songerie orientale.
Sully-Prudhomme, trop fidèle à ses habitudes d’analyse, procède méthodiquement, divise ce qu’il faudrait ramasser, étudie successivement les sensations du goût, de l’odorat, de la vue, de l’ouïe et du toucher Puis, cette description du bonheur de tous les sens à la fois, il fallait qu’elle fût ardente, caressante, enveloppante, voluptueuse ; qu’il y eût de la flamme, et aussi de la langueur, de la mollesse et quelquefois de l’indéterminé dans les mots Or, M.
Apprenant l’allemand, il y a quelques années, je fus frappé de la clarté de style de ce Werther qui m’avait si fort touché dans ma jeunesse.
Évidemment, la science ne pouvait exercer une telle séduction que sur des gens très ignorants, car c’est le propre du savoir humain lorsqu’il est raisonnable, de voir les limites de son maigre royaume ; mais pour cette génération française de la fin de l’Empire, la science était une fatalité tangible, une divinité souverainement bienfaisante, qu’il suffisait de toucher pour être sauvé.
L’existence de l’âme et de Dieu était pour lui plus certaine que celle de tout ce qu’il voyait et touchait.
Mais je vous prie de considérer, à présent que Richard Wagner n’a pas seulement doté sa patrie de chefs-d’œuvre nationaux : il a donné le branle à l’universelle logique de la scène en ce qui touche la musique, Or, je ne vois, malheureusement, pas qu’on s’y soit abandonné jusqu’ici franchement.
Il y a de la bonne humeur dans sa colère. « L’orage touche à sa fin, compagnons !
Ceux qui entendaient le récit du Saint-Gral chanté par lui dans Lohengrin, étaient touchés et saisis de cette grande, noble et puissante simplicité, comme d’un miracle vraiment vécu. » 5° Communications Analyse du numéro III 1° Hans von Wolzogen ; Tristan et Parsifal (suite) Pour arriver à Monsalvat, Wagner devait traverser un troisième monde : celui de la métaphysique.
On touche aux catastrophes ; on est en pleine réalité humaine.
Emportés par une subite fièvre généreuse, ils cessèrent être réalistes : ils perdirent ainsi le pouvoir de toucher les âmes un peu délicates.
Dans Tannhaeuser et Lohengrin, le sujet, nettement légendaire, touche cependant à l’Histoire et comporte certaines déterminations de dates : d’un côté, par la présence de Henri l’Oiseleur, de l’autre, par le tournoi poétique de la Warthourg et la confusion volontaire que Wagner a faite de son héroïne avec Sainte Elisabeth de Hongrie.
Dans cette contemplation, tombait, un jour, un vers de Virgile, dit tout haut par un camarade : ce vers le touchait, le remuait.
Nous touchons ici à la façon dont M.
Qu’importait donc à l’Europe que la cour, le clergé, les parlements, la noblesse, le peuple se donnassent en France telle ou telle égalité, ou telle ou telle supériorité réciproque, qui ne touchait en rien aux intérêts personnels ou matériels des différents États du continent ?
On lui parle de ses triomphes et des captifs qu’elle a faits ; ce mot seul touche à l’endroit sensible de son âme ; sa passion se réveille, elle rompt le silence.
Je conviens cependant qu’il y a dans le viol et la prostitution un grand motif de curiosité pour le parterre et la certitude de toucher bien vivement le cœur des femmes sensibles.
Elle paraissait assez jeune et de taille raisonnable, témoignait avoir de l’esprit, déguisait son nom, et venait de plaider en séparation contre son mari : toutes qualités de bon augure [vous voyez dans quel sens parle La Fontaine] et j’y eusse trouvé matière de cajolerie, si la beauté s’y fût rencontrée ; mais sans elle rien ne me touche. » Il ne sera plus question de la comtesse que quand on la quittera à Port-de-Piles, quand elle montera dans un carrosse campagnard qui l’emmènera dans son petit castel.
Pour l’instant, tout à ce travail de préparation, tout au scrupule d’une formation littéraire sérieuse, tout à la recherche du beau, et par la forme pure qui plaît, et par l’idée de vérité qui touche, je ne me laisserai pas emporter par le tourbillon du siècle, ni tenter par le désordre universel, cet orgueil de vouloir devancer les saisons que la Providence a fixées aux mondes, ce défaut dont vous savez bien que la société souffre, s’énerve et s’anémie.
Ensuite la virilité, quand la société produisit successivement la Renaissance, la Réforme, la Philosophie : c’est l’âge de la monarchie, mais c’est l’âge aussi des savants, des artistes et des philosophes ; c’est le seizième et le dix-septième siècle, l’âge de Raphaël et de Luther, de Shakespeare et de Galilée, de Molière et de Leibniza : art, poésie, science, philosophie, rien ne sort encore bien ostensiblement de la conception de la terre considérée comme un lieu d’épreuves menant à l’enfer ou au paradis ; et pourtant qui ne sent qu’on touche déjà à la limite de cette idée ? […] Pour rappeler encore le souvenir des mythes antiques, cette femme de la Régence, n’est-ce pas Ève qui touche à l’arbre de la science avec une ardeur insensée ?
Ce sont les Saint-Simon, les Fourier, les Lamennais, les Ballanche, les Quinet, les Victor Cousin, les Auguste Comte, tous soit pénétrés, soit touchés au moins d’esprit religieux, tous convaincus de la nécessité d’une direction morale bien et fortement organisée, et tous en vérité, quoique plus ou moins, nés directeurs de conscience. […] Gagnon et créateur de Julien Sorel, fait toucher du doigt. […] Administration et politique se touchent par tant de points et s’entrelacent par tant de liens qu’il n’est pas si facile de les séparer. […] C’est un Protée qui communique sa nature à tout ce qu’il touche, et qui rend Protées eux-mêmes tous les objets qu’il regarde. […] Et le moment où il touchera cet étrange capital, il ne le sait pas, il ne peut pas le savoir, il ne le prévoit jamais.
. — Encore touché, dit-il ! […] Il touche même quelquefois des appointements qui varient de 70 à 125 francs par moi— il n’est ni nourri, ni couché, ni blanchi ; il ne reçoit d’étrennes que lorsqu’il songe à s’en donner. […] Cependant, trois mois après, — un samedi, — le dernier du carnaval, et comme nous regrettions avec mélancolie de ne pas pouvoir le graisser, on nous apporta une lettre dans laquelle nous étions convoqués, comme créancier du journal, à venir toucher 75% de notre créance. — Ah ! […] On peut le dire sans exagération, c’est une tête couronnée que la mort vient de toucher.
Or, ces deux opinions peuvent sembler au moins discutables, mais, pour Dumas fils, elles veulent dire : « Comment, quand il y a un Dumas, un Hugo oserait-il aviser de toucher au théâtre et au roman, d’écrire un Hernani ou une Notre-Dame de Paris ? […] D’ailleurs, la lumière de la vraie gloire ne rend-elle pas éternel ce qu’elle a touché de son rayon ? […] Après une pénible navigation de douze heures, ils touchèrent terre. […] Du doigt, je touche à peu près l’endroit où je suis maintenant.
J’ai eu pour objet, je le répète, non d’échafauder un système ni de caresser des vanités nationales, mais uniquement d’éclairer une situation, de faire toucher du doigt quelques-uns des sophismes qui nous entourent et d’appeler l’attention sur un problème qui nous touche d’assez près. […] Ce n’est pas le Gallo-Romain qui se retrempe dans ce bain de nature et de barbarie, c’est au contraire le Franc qui se latinise… Nous touchons ici à un phénomène du plus vif intérêt et qui donne vraiment la clef de l’histoire française. […] Il nous a rendus impropres à nous laisser toucher par la vérité, en nous isolant du monde par une solide enveloppe de sophismes, et incapables de pénétrer la réalité du monde, en développant notre mépris pour les choses authentiques et vraies par elles-mêmes.
Beauzée Articles de l’Encyclopédie Compilation établie à partir de l’édition numérisée de l’ARTFL Beauzée, articles de l’Encyclopédie FORMATION Formation (Grammaire) FORMATION, s.f. terme de Grammaire, c’est la maniere de faire prendre à un mot toutes les formes dont il est susceptible, pour lui faire exprimer toutes les idées accessoires que l’on peut joindre à l’idée fondamentale qu’il renferme dans sa signification.
Et enfin et surtout, — je ne parle qu’au point de vue de la littérature, — si l’on aspirait au naturel, et qu’on y tendît sans y pouvoir atteindre ; si l’on s’était trompé jusqu’alors sur les moyens d’y toucher ; les Provinciales étaient ensemble le signal et le modèle attendus. […] C’est ce que voit enfin celui qu’on appelle encore en ce temps-là le grand Arnauld. « Plus je me souviens d’être chrétien, écrit l’un, plus je me sens éloigné des idées qu’il (Malebranche) nous présente » ; et le second, à son tour : « Plus j’avance dans ce travail (c’était également une Réfutation du Traité de la nature et de la grâce), plus je suis touché des renversements que ces imaginations métaphysiques font dans la religion. » Mais vous avez mis bien du temps à vous en apercevoir, ô grand docteur ! […] Mais si la première s’est déterminée et, comme disait Aristote, a reconnu sa vraie nature dans les chefs-d’œuvre de Corneille, la seconde hésite entre deux ou trois directions ; — on sait où est la source des larmes ; — on ignore encore l’art de toucher celle du rire. — Thomas Corneille [1625 ; † 1709] cherche le succès dans la complication romanesque des aventures ; — Philippe Quinault [1635 ; † 1688], dans l’alliage d’un réalisme de détails qui sent son origine populaire ; — et d’une fadeur de galanterie qui fait prévoir ses opéras ; — Paul Scarron [1610 ; † 1660], dans ce que Molière appellera la turlupinade, ou dans l’énormité de la caricature, à moins que ce ne soit dans l’obscénité. — Tous les trois continuent d’ailleurs d’emprunter leurs modèles à l’Espagne. — Dom Japhet d’Arménie, 1652, est une adaptation d’une comédie de Moreto ; — Les Rivales, 1653, ne sont qu’une reprise des Pucelles de Rotrou, qui passent elles-mêmes pour être empruntées à Lope de Vega ; — Le Charme de la voix, 1653, est une imitation d’une comédie de Moreto. — Il semble que tous ces auteurs aient « des yeux pour ne point voir » et « des oreilles pour ne point entendre » ; — et c’est ce qui fait que tout ce théâtre n’a, en un certain sens, d’intérêt que pour les curieux. […] Marty-Laveaux, V, 147] : « Je ne craindrai pas d’avancer que le sujet d’une belle tragédie doit n’être pas vraisemblable » ; — et Racine lui répond : « Il n’y a que le vraisemblable qui touche dans la tragédie » [édit. […] Les dernières années de Fénelon. — Une fois tombées les espérances qui l’avaient soutenu pendant quinze ans, — il ne s’abandonne pas lui-même ; — et au contraire il en accepte l’anéantissement comme un décret de Dieu sur lui [Cf. sa Correspondance, années 1712, 1713, 1714]. — Son mot au duc de Chaulnes : « Ô mon cher duc, mourons de bonne foi » [mars 1712] ; — et on peut dire qu’à dater de moment, il ne fait plus que se préparer passionnément à la mort. — Il essaie bien de se distraire ; — et compose sa Lettre sur les occupations de l’Académie française, 1714 ; — peut-être aussi retouche-t-il ses Dialogues de l’éloquence ; — et son Traité de l’existence de Dieu. — Il continue encore de combattre les restes du jansénisme ; — et administre admirablement son diocèse. — Mais il est touché à mort ; — et d’année en année, presque de mois en mois, rien n’est un plus beau spectacle que son dépouillement successif de lui-même.
On y parle un langage exquis, très propre à tout bafouer en badinant et à tout détruire sans avoir l’air de toucher à rien. […] Elle touchait à un jardin qu’il avait dessiné et auquel il travaillait lui-même, aidé de quelques amis. […] Il y a une question qui domine toutes les autres : — question nationale puisque de cette énigme dépend le salut de notre patrie ; — question sociale, puisqu’une France humiliée, diminuée, décadente, ne pourra jamais imposer sa règle de justice et de bonté à l’assentiment de l’univers ; — question qui touche aux plus vives et plus chères susceptibilités du citoyen, puisque les événements quotidiens de la politique atteignent, par des touches incessantes et répétées, la plaie, encore fraîche, de notre orgueil meurtri ; — question militaire, puisqu’une, armée inemployée, perpétuellement déçue dans son espérance et frémissante de son inaction, risquerait de perdre son éclat et sa trempe, comme un sabre qui demeure trop longtemps au fourreau ; — question littéraire même, puisque nous n’avons pas le droit, jusqu’à nouvel ordre, de parler haut à l’Europe et que notre littérature semble condamnée aux pornographies et aux gaudrioles, ordinaire gagne-pain des vaincus ; — question universelle enfin, puisque l’humanité aura reculé de dix siècles en arrière, si une violation flagrante du droit des gens se consacre par notre misère et se prescrit par l’interminable délai de nos revendications. […] Chailley-Bert nous définit ce sentiment, avec un accent d’admiration significative, dans une page qu’il faut citer : Je touche ici à un côté du caractère hollandais qui approche du sublime. […] Si tu persistes à nier, il va t’arriver pire. » L’interrogatoire touchait à sa fin.
On touche ici le fond de l’homme ; car pour expliquer cette conception, il faut considérer la race elle-même, c’est-à-dire le Germain et l’homme du Nord, sa structure de caractère et d’esprit, ses façons les plus générales de penser et de sentir, cette lenteur et cette froideur de la sensation qui l’empêchent de tomber violemment et facilement sous l’empire du plaisir sensible, cette rudesse du goût, cette irrégularité et ces soubresauts de la conception, qui arrêtent en lui la naissance des belles ordonnances et des formes harmonieuses, ce dédain des apparences, ce besoin du vrai, cette attache aux idées abstraites et nues, qui développe en lui la conscience au détriment du reste.
Le vénérable fils de M. de Sèze a remué ses souvenirs de quatre-vingts ans pour me prouver l’inexactitude de détail de mon récit en ce qui touche son père.
s’écrie le poète, déjà touché à son insu, qu’entendis-je !
Au printemps, la petite, qui touchait à ses treize ans, et qui avait grandi jusqu’à la taille de sa tante, commença à craindre de s’éloigner seule de la maison pour aller sarcler le maïs ou cueillir les feuilles de mûrier.
CXCVI Ma voix, qu’il reconnut, lui ôta le doute, et il s’élança à son tour vers moi de toute la longueur de sa chaîne rivée au mur dans le fond de la prison ; elle était juste assez longue pour que le bout de nos doigts, mais non pas nos lèvres, pussent se toucher.
CCL Après ce miracle, je m’endormis comme si une main divine avait touché ma paupière et calmé mon pauvre cœur.
Peut-être sa main débile, qui n’a pas été façonnée pour l’effort, ne peut-elle jamais parvenir à tendre assez puissamment la corde de l’arc pour que la flèche du vers atteigne le but et touche l’âme en la charmant, comme le trait invisible de l’archer qui déchire l’air en le traversant et qui résonne à l’oreille en perçant le cœur ?
Je récite les psaumes avec cœur, je passerais, si je me laissais aller, des heures dans les églises ; la piété douce, simple et pure me touche au fond du cœur ; j’ai même de vifs retours de dévotion.
… » des voix de jeunes hommes s’ajoutent, que la vie a touchés, et qui se lamentent, moins adorants hélas !
L’exécution d’une épouse ou d’une concubine était et est encore un accident ordinaire dans le régime des harems ; mais on ne touche pas à la mère absoute, quoi quelle fasse, de tout châtiment.
Je n’y toucherais que pour le décorer sur la terre.
Elle tombe à faux en ce que les grandes époques littéraires ne sont quelque chose que par les points où elles ne se touchent pas ; et véritablement il y a peu de justice et de générosité à opposer tous les grands écrivains morts que les temps ont lentement produits, aux écrivains d’une seule époque qui est à peine au quart de son période.
Aussi, alors même que les théories de la psychologie ne peuvent pas suffire comme prémisses au raisonnement sociologique, elles sont la pierre de touche qui seule permet d’éprouver la validité des propositions inductivement établies.
Château-Thierry est, comme vous le savez, une ville de Champagne qui touche de très près à l’Ile-de-France, sur la limite même de l’Ile-de-France et de la Champagne.
La poésie narrative, la poésie descriptive, qu’il faut appeler la poésie pittoresque pour lui donner un nom honorable, et elle le mérite chez lui, la poésie dramatique, la poésie élégiaque, la poésie philosophique, il a touché à tout cela avec infiniment de talent dans chaque genre.
… » Hagiographe singulier et inattendu, toucherait-il à ce sujet d’une main chrétienne ou impie ?
Les hommes interprètent les choses douteuses ou obscures qui les touchent, conformément à leur propre nature, et aux passions et usages qui en dérivent.
L’écolier a des doutes en ce qui concerne la prononciation à cause de l’iotacisme (en quoi il n’a pas tort), et en ce qui touche les règles grammaticales à propos de certaines formes — par exemple le plus-que-parfait avec simple redoublement, sans augment — usitées par son professeur, et non par les classiques. […] Mais on peut admettre que Rousseau ait plus violemment remué certaines passions, plus directement touché les points sensibles de la masse. […] Qu’importe qu’il ait eu l’horreur des révolutions et qu’il ait taxé d’imprudente folie l’idée de toucher aux institutions séculaires d’un grand royaume comme la France ? […] Même pour ce qui touche Fichte, M. […] De bons lettrés avaient été impressionnés par cette thèse ou, pour mieux dire, par ce mythe, qui touche à son déclin.
Par exemple, étant donné le son continu produit par un diapason vibrant, on touche légèrement les petites lames, ce qui arrête leur vibration ; aussitôt le son cesse. […] Or, tous ces cas s’accordent en un point, à savoir que l’objet qui se couvre de rosée est plus froid que l’air qui le touche.
Mais le cher souvenir, feuilleté comme un livre, Nous fait dans le passé tout doucement revivre, Même quand nous touchons au sépulcre glissant ; Et qui donc vous a dit que la Mort éternelle Nous garde à tout jamais endormis sous son aile, Puisque nous revivons encore en vieillissant ? […] Je ne suis pas, en principe, l’ennemi déclaré de ce que vous appelez le « vers libre », le « vers décadent » ; si l’on est doué d’une extrême finesse d’oreille, d’une très grande délicatesse de touche, on en peut, à l’occasion, tirer d’excellents effets ; mais force m’est bien de reconnaître que, les trois quarts du temps, ce vers, ou soi-disant vers, n’est que de la prose rimée ou assonancée.
Ce dernier, esprit réfléchi, sérieux, qui aimait à faire le tour des questions, travaillait à compléter son instruction première en lisant de nombreux ouvrages d’histoire et même de science, Rossetti ne s’intéressait guère à l’histoire que parce qu’elle touche à la poésie, et dédaignait la science : « Que m’importe, disait-il, si c’est la terre qui tourne autour du soleil ou le soleil autour de la terre ! […] Quelque inexprimables que soient ses sujets, qu’il erre en plein ciel ou eu pleine nuit, ou qu’il écoute les paroles de la bouche d’ombre, il tend toujours à se rapprocher de la forme matérielle, à expliquer l’invisible par ce qu’on peut voir et l’intangible par ce qu’on peut toucher. […] La curiosité, aujourd’hui, n’est plus le simple désir de savoir et d’élargir sans cesse le cercle de ses connaissances : elle est un besoin presque maladif, en tout cas tyrannique, de pénétrer certains secrets, de toucher à certaines anomalies de la nature dont jusqu’à présent on ne s’était guère inquiété, d’aborder de préférence des problèmes très circonscrits et de peu d’intérêt pratique, mais toujours choisis parmi les plus inquiétants, parmi ceux dont la solution demeure obstinément impossible. […] Un jour, arrive un jeune lieutenant au cœur tendre, qui, touché par ses malheurs, entreprend de la guérir.
A son inthronisation, il eut un projet qui malheureusement ne réussit point ; c’étoit de faire signer un corps de doctrine où, sans toucher aux opinions de Baïus, de Jansénius & de Quesnel, telle vérité seroit prescrite & telle erreur condamnée. […] Qui t’ha donné ne loy ne privilège D’aller toucher & faire tes massacres Au cabinet des saintes muses sacres ? […] Il fut, ajoute-t-on, très-mal à son aise tout le temps de cette confrontation ; les commissaires furent même touchés de son état, & jugèrent qu’il y auroit de la cruauté à continuer la conférence. […] Les académiciens les plus riches sont accusés, dans cette pièce, d’avoir les mains avides de jettons, d’être plus touchés de ce petit gain que du progrès de la langue, & d’avoir même refusé leurs suffrages à des récipiendaires, parce qu’ils les jugeoient capables de diminuer leur profit par leur assiduité.
On n’osait pas dire en face au duc de Nivernais : « Vous êtes trop heureux que nous ayons un ministère si inhabile » ; on lui disait du moins : « Vous êtes en ce moment plus habiles que nous. » Il touche et fait sentir cela avec beaucoup de tact et de bonne grâce dans un passage d’une de ses lettres, le dernier que nous citerons (toujours au comte de Choiseul) : Je dois vous dire, entre nous, que cette paix, qu’on critique peut-être à Paris, passe ici pour un chef-d’œuvre d’habileté de notre part.
Et quel motif peut réunir des gens d’esprit, sinon le désir d’agiter ensemble les questions majeures Depuis deux siècles en France la conversation touche à tout cela ; c’est pourquoi elle a tant d’attraits.
VIII Quand Rousseau touche à la question des gouvernements, il devient plus inintelligible encore ; il est impossible de tirer de ses divisions, subdivisions, pondérations, un seul mode de gouvernement applicable.
« En ce qui touche Torquato », écrivit le duc, le 22 mai 1578, à son ambassadeur à Rome, « mon intention est que vous lui disiez qu’il est libre de faire ce qui lui conviendra, et que s’il veut revenir vers nous, nous serons nous-mêmes satisfaits de le recevoir.