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1250. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XIX. M. Cousin » pp. 427-462

que dans les arts, et surtout dans l’art de penser et d’écrire, une manière convenue, une imitation quelconque, plaisent naturellement à l’homme, pris en masse, et ne troublent pas ce singe humain qui n’est un homme que dans de sublimes distractions, nous aurons une explication très satisfaisante du succès actuel de la Mme de Longueville de M.  […] « Richelieu lui-même, — dit-il dans un style de faiseur de romances sous l’Empire, — ne fut point insensible à ses charmes, il s’efforça de lui plaire, mais ses hommages ne furent point accueillis. » Nous ne savons pas à quel point ce terrible muguet de Richelieu assouplit et inclina ses vertèbres de tigre pour faire accepter ses hommages, mais, s’il eut envie de cette Marion Delorme titrée (et pourquoi pas ?

1251. (1898) Les personnages de roman pp. 39-76

Grâce à lui, ils ont la ressource des beaux coups d’épée, des mots braves, de certaines façons cavalières de sortir d’une difficulté, qui plaisent infiniment à tant de bonnes gens emprisonnés et emmurés dans la perpétuelle incertitude. […] Ma fenêtre est ouverte, et je me plais à entendre le roulement du tonnerre et à voir la lumière des éclairs.

1252. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre IV. Conclusions » pp. 183-231

Ces retards ne sont pas uniquement le fait de la réalité en soi, ainsi qu’on se plaît à le dire et à le ressasser aux idéalistes ; non, les difficultés inhérentes à la réalité (par exemple la contiguïté) sont une force normale, à comprendre dans les données du problème ; si cette force n’existait pas, nous serions dans la pensée pure, il n’y aurait pas d’évolution, mais réalisation subite et intégrale de l’idéal, sans effort, et partant sans mérite. […] La méthode positiviste a cru trouver ces causes, et toute biographie « sérieuse » se plaît à énumérer les ancêtres du grand homme, à dépouiller leur linge et leur casier judiciaire, à décrire le paysage de la province d’origine et les rues de la ville natale, à silhouetter les premiers maîtres et à ressusciter la première maîtresse ; tout cela est fort bien, très joli en théorie ; mais on aurait beau résumer l’histoire du monde à propos d’un individu, que tous ces faits ne seraient jamais que des explications post rem, plausibles en général quoique souvent contradictoires.

1253. (1773) Discours sur l’origine, les progrès et le genre des romans pp. -

Elles prodiguent les bienfaits à qui sait leur plaire ; elles prodiguent les crimes pour se venger de qui les offense. […] Qu’il soit vraisemblable, il sera toujours vrai ; qu’il plaise, on lui permettra toujours d’instruire.

1254. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXI. »

La Renaissance, ne visait pas si haut ; son poëte n’était qu’un artiste ému qui plaisait à l’imagination, sans exalter les courages. […] Et, chose remarquable, bien que le langage et le rhythme de Ronsard offrent çà et là des beautés savantes, ce qui plaira le plus en lui, c’est quelque retour fortuit de langage expressif et simple.

1255. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — George Sand, Valentine (1832) »

Bénédict, spirituel, instruit, ironique et né ennuyé comme les jeunes gens de ces dernières générations, a rapporté, à vingt-deux ans, sous le toit rural, un cœur ambitieux, mécontent, un besoin vague de passion et d’action, le dégoût de tout travail positif, des talents d’ailleurs, des idées, surtout des désirs, un sentiment très-vif et très-amer de son infériorité de condition et des ridicules de ses bons parents ; il n’épargne pas, dans son dédain, sa jolie et fraîche cousine Athénaïs qui n’aspire qu’à lui plaire.

1256. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « BRIZEUX et AUGUSTE BARBIER, Marie. — Iambes. » pp. 222-234

Et l’autre sœur, qui, plus brave et aventurière, émancipée de bonne heure, s’est ruée dans les hasards du monde, dans le tourbillon et la fange des capitales, qui n’a eu peur ni des goujats des camps, ni des théâtres obscènes, ni des rues dépavées, et qui, le front débarrassé de vergogne et la grosse parole à la bouche, s’est faite honnête homme cynique, n’espérant plus redevenir une vierge accomplie, ne la prenez pas trop au mot non plus, je vous conseille ; ne croyez pas trop qu’elle se plaise à cette corruption dont elle nous fait honte, à cette nausée éructante qu’elle nous jette à la face pour provoquer la pareille en nous, à cette lie de vin bleu dont elle barbouille exprès son vers pour qu’il nous tienne lieu de l’ilote ivre et qu’il nous épouvante ; osez regarder derrière l’hyperbole étalée et échevelée par laquelle, égalant la luxure latine, elle divulgue sans relâche et le plus effrontément la plaie secrète de ce siècle menteur, tout plein en effet de prostitutions et d’adultères ; osez percer au delà de cette monstrueuse orgie qu’elle déchaîne en mille postures devant nous, — et vous sentirez dans l’âme de cette muse une intention scrupuleuse, un effort austère, un excès de dégoût né d’une pudeur trompée, une délicatesse dédaigneuse qui, violée une fois, s’est tournée en satirique invective, une nature de finesse et d’élégance, que l’idéal ravirait aisément et qui ne ferait volontiers qu’un pas de la Curée au monde des anges.

1257. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Charles Nodier après les funérailles »

L’intérêt public, celui du monde proprement dit celui du peuple même ; on l’a vu aux funérailles de Nodier cet intérêt d’autant plus touchant ici qu’il est plus désintéressé, éclate de toutes parts ; le nom de celui qui n’a rien été, qui n’a rien pu, qui n’a exercé d’autre pouvoir que le don de plaire et de charmer, ce nom-là est en un moment dans toutes les bouches, et tous le pleurent.

1258. (1823) Racine et Shakspeare « Chapitre II. Le Rire » pp. 28-42

Le riche Voltaire se plaît à clouer nos regards sur la vue des malheurs inévitables de la pauvre nature humaine.

1259. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XXI. Le littérateur chez les peintres » pp. 269-282

Le plus louable critique, en ce sens, demeurera Huysmans, qui, il y a douze et quinze ans, sonnait la gloire d’artistes qu’on croit trop, ici ou là, avoir découverts hier… Ces bons écrivains pratiquent la bonne méthode ; avec le minimum de préjugés, ou avec des préjugés qui me plaisent, ils disent le sentiment qui devant tel tableau les retint ; leur dire vaut par la délicatesse de leur tact, et la grâce de leurs racontars les plus philosophes intercalent quelques théories d’ensemble, intéressantes puisqu’ils sont intelligents.

1260. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre III. Éducation de Jésus. »

La légende se plaît à le montrer dès son enfance en révolte contre l’autorité paternelle et sortant des voies communes pour suivre sa vocation 142.

1261. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre VII » pp. 56-69

Il croit que ce mot, chez les Romains, s’entendait principalement de la science de la conversation et du don de plaire en bonne compagnie ; que les Grecs ont abusé de cette connaissance, et que les seuls Romains, même en Italie, en ont connu le vrai et le légitime usage.

1262. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXII » pp. 222-236

Les admirateurs du génie de Molière ont besoin de chercher des excuses à son Amphitryon, dans son désir immodéré de plaire au prince qui Pavait subjugué par sa gloire et ses bienfaits, dans la corruption générale qui demandait au poète comique de faire rire le public aux dépens des époux malheureux, peut-être même dans l’espèce d’héroïsme auquel le poète avait voulu s’élever en se rangeant du côté des rieurs, lui à qui les désordres de sa femme avaient couté tant de larmes amères.

1263. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXIII » pp. 237-250

Les murs auraient amplement contenu Toute sa vie…………………………… Au fond du temple on eût vu son image, Avec ses traits, son souris, ses appas, Son art de plaire et de n’y penser pas… J’aurais fait voir à ses pieds, des mortels, Et des héros, des demi-dieux encore, Même des dieux : ce que le monde adore Vient quelquefois parfumer ses autels.

1264. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — II. La versification, et la rime. » pp. 257-274

Telle, dans des canaux pressée, Avec plus de force élancée, L’onde s’élève dans les airs ; Et la règle, qui semble austère, N’est qu’un art, plus certain de plaire, Inséparable des beaux vers.

1265. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre neuvième. »

Cette critique de Lamotte n’est peut-être pas sans fondement ; mais que dire contre un poète qui, par le charme de sa sensibilité, touche, pénètre, attendrit votre cœur, au point de vous faire illusion sur ses fautes, et qui sait plaire même par elles ?

1266. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre II. Mme Le Normand »

II Le moyen de trouver cela bon, s’il vous plaît ?

1267. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame Du Deffand »

C’est une raisonneuse dans un petit corps lacé de poupée, que cette duchesse de Choiseul ; une raisonneuse comme le xviiie  siècle en faisait, une affectée dont le bas de soie tirait furieusement sur le bleu, et c’est peut-être la raison pour laquelle elle plaira à ce siècle-ci ; car tous les pédantismes sont plus ou moins chers au xixe  siècle, qui a la fatuité du sérieux, mais pour moi, j’en demande pardon, c’est la raison d’une souveraine déplaisance.

1268. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Gustave D’Alaux »

D’un autre côté, d’Alaux est un esprit qui nous plaît.

1269. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « La Bible Illustrée. Par Gustave Doré »

Eh bien, je me plais à le reconnaître, il y a là un nombre donné de choses ineffaçablement frappantes, qui s’imposent au souvenir quand la vision qu’on en a eue n’est plus !

1270. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Milton »

Mais c’est justement ce qui m’en plaît… C’est le livre de l’amour et de la réflexion solitaires.

1271. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Théophile Gautier. » pp. 295-308

Gautier n’y fût juste ce qu’il a été dans son roman d’aujourd’hui du Capitaine Fracasse, c’est-à-dire un faiseur d’images inanimées, quoiqu’elles parlent et se remuent, et qui passent devant nous sans nous intéresser ni nous plaire, à travers un style que ses amis peuvent appeler un tour de force ou de souplesse, mais que je hais comme un parti pris.

1272. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre IX. Suite des éloges chez les Grecs. De Xénophon, de Plutarque et de Lucien. »

Depuis peu de temps la grâce avait introduit dans les ouvrages des artistes ces formes douces et arrondies, et cette expression de la nature, qui plaît dès qu’on peut la connaître.

1273. (1773) Essai sur les éloges « Morceaux retranchés à la censure dans l’Essai sur les éloges. »

On ne peut douter que les deux oraisons funèbres de Le Tellier, où Fléchier et Bossuet le représentent comme un grand homme et comme un sage, le jour et le lendemain qu’elles furent prononcées, n’aient été fort applaudies à la table et dans l’antichambre de Louvois, qui était son fils, et qui était tout-puissant ; mais si elles avaient été lues à ceux qui avaient suivi la vie entière de Le Tellier, qui l’avaient vu s’élever par degrés, et qui, si l’on en croit les mémoires du temps, n’avaient jamais vu en lui qu’un courtisan adroit, toujours occupé de ses intérêts, rarement de ceux de l’État, courant à la fortune par la souplesse, et l’augmentant par l’avarice, flatteur de son maître, et calomniateur de ses rivaux ; si elles avaient été lues à Fouquet dans sa prison, à ce même Fouquet dont Le Tellier fut un des plus ardents persécuteurs, qu’il traita avec la basse dureté d’un homme qui veut plaire, et qu’il chercha à faire condamner à mort, sans avoir cependant le bonheur cruel de réussir ; si elles avaient été lues en Allemagne, en Hollande, en Angleterre, à toutes ces familles de Français que la révocation d’un édit célèbre, révocation pressée, sollicitée et signée avec transport par Le Tellier, fit sortir du royaume, et obligea d’aller chercher un asile et une patrie dans des contrées étrangères ; qu’auraient pensé tous ces hommes, et des oraisons funèbres, et de l’éloquence, et des orateurs ?

1274. (1880) Une maladie morale : le mal du siècle pp. 7-419

Il ne peut supporter les regards des hommes et se plaît à se retirer dans les bois. […] Renouvelant l’expression de René sur le retour de la saison des tempêtes, il se promet plus « de ravissement » de l’hiver que des beaux jours, et il se plaît à en tracer le tableau. […] « Je te l’avoue, écrit-il à son confident, je me plais dans mon malheur. […] A Dieu ne plaise que je confonde le régime de la Terreur et le régime du gouvernement impérial ; que je place sur la même ligne leurs intentions, leurs œuvres respectives. […] Il se plaît aussi à contempler à minuit, de sa fenêtre, le spectacle de la nature.

1275. (1892) Essais sur la littérature contemporaine

Mais… il était noble, quoique depuis moins longtemps qu’il ne se plaisait à l’imaginer, et de moins haute origine. […] À Dieu ne plaise, au moins, que je médise ici de la théologie ! […] Et s’il est possible que l’imitation de la réalité familière suffise quelquefois à nous plaire dans le roman, c’est que nous le lisons seul à seul. […] Il s’agit d’emporter le suffrage du public des « premières », ce public parisien par excellence, dont je ne dirai jamais autant de mal qu’en pensent les auteurs dramatiques eux-mêmes ; auquel je conviens qu’il n’est pas facile de plaire ; mais, en revanche, à qui l’on ne plaît qu’au détriment de la nature et de la vérité. […] Die Sprache als Kunst : ce titre d’un livre allemand me plaît.

1276. (1899) La parade littéraire (articles de La Plume, 1898-1899) pp. 300-117

Et parmi ces rares personnes, il me plairait de retenir surtout MM.  […] Ce qui me plaît, ce qui m’enchante, dans la poésie de Maurice Magre, c’est qu’elle a une raison humaine, je dirai presque une raison sociale. […] Paul Fort de la mettre en ballade, s’il lui plaît. […] Mais on ne peut nier, toutefois, la beauté plastique de certains passages : Autrefois je tirais de mes flûtes légères Des fredons variés qui plaisaient aux bergères, Et rendaient attentifs, celui qui dans la mer Jette ses lourds filets, et celui qui dans l’air Dresse un piège invisible et ceux qui d’aiguillons Poussent parmi les champs les bœufs-creuse-sillons. […] Ce sont là des sonates verbales que l’on se plaît à entendre intérieurement à certaines minutes pathétiques, quand le crépuscule confond les formes et nous enveloppe de ses brumes montantes, tandis que nous sentons dans nos cœurs le flot lourd des mélancolies indécises, et d’autant plus amères qu’elles sont inexpliquées.

1277. (1933) De mon temps…

Il connaissait autant de pauvres diables que de têtes couronnées, mais, si cosmopolite qu’il fût, il demeurait cependant, comme il se plaisait à le dire, « le plus Parisien des Romains et le plus romain des Parisiens ». […] Moréas, qui ne négligeait pas « sa gloire » et savait fort bien tirer parti des circonstances, avait demandé à Maurice Barrès et à moi de signer les invitations à ce banquet qu’il avait provoqué et organisé lui-même avec un certain sens pratique de la réclame qui s’alliait en lui, je me plais à le reconnaître, avec une haute et stricte conscience littéraire. […] Ce Crépuscule des dieux d’Elémir Bourges me causa une forte impression que le temps n’a pas affaiblie et que je retrouve, chaque fois que je feuillette les pages de ce livre qui a exercé sur moi une influence que je me plais à reconnaître. […] Celle de Paris lui plaisait également et il faisait à Paris de fréquents séjours qui, vers la fin de sa vie, le fixèrent à Saint-Cloud qu’il ne quittait plus guère que pour sa résidence ardennaise du Caillou-qui-Bique. […] Il se plaisait à déconcerter son interlocuteur par un accueil d’une froideur calculée ou d’une causticité presque agressive.

1278. (1896) Le livre des masques

Il nous enlace et nous emporte où il lui plaît, jusqu’au fond des abîmes où tournoie « le cadavre décomposé de l’agneau d’Alladine », — et plus loin, jusque dans les obscures et pures régions où des amants disent : « Que tu m’embrasses gravement… — Ne ferme pas les yeux quand je t’embrasse ainsi… Je veux voir les baisers qui tremblent dans ton cœur ; et toute la rosée qui monte de ton âme… nous ne trouverons plus de baisers comme ceux-ci… — Toujours, toujours ! […] Pourtant, puisque c’est un devoir strict de toujours sacrifier le mort au vivant et de donner au vivant, par un surcroît de gloire, un surcroît d’énergie, le résultat de ce vote me plaît, — et nous aurions peut-être dû, nous qui nous sommes tus, parler. […] Il sait observer, combiner, déduire ; ses romans, ses drames, ses poèmes sont des constructions solides dont l’architecture pondérée plaît par la savante symétrie des courbes, toutes dirigées vers un dôme central où l’œil est sévèrement ramené. […] De sincérité nulle, caractère de femme, de fille, nativement méchant et même féroce, Rimbaud a cette sorte de talent qui intéresse sans plaire. […] Plairait-elle pas, mieux que de protectrices et fructifères déductions, à l’auteur du Recordare sancta crucis, cette oraison : « Le Christ apparaît ici-bas la plus aimante, la plus absorbée figure de l’éternelle substance, elle embaume de toutes les vertus ; elle a les bleus dulcifiants, les jaunes brûlés et clairs de la topaze ou du chrysanthème, les ensanglantements des gloires futures.

1279. (1805) Mélanges littéraires [posth.]

En vain le génie même s’efforcerait de braver à cet égard les opinions reçues ; l’orateur est l’homme du peuple, c’est à lui qu’il doit chercher à plaire ; et la première loi qu’il doit observer pour réussir, est de ne pas choquer la philosophie de la multitude, c’est-à-dire, les préjugés. […] Tous les peuples ont une musique ; le plaisir qui naît de la mélodie du chant a donc son fondement dans la nature : et il y a d’ailleurs des traits de mélodie et d’harmonie qui plaisent indistinctement et du premier coup à toutes les nations ; il y a donc du réel dans le plaisir musical : mais il y a d’autres plaisirs plus détournés et un style musical particulier à chaque peuple, qui demandent que l’oreille y soit plus ou moins accoutumée ; il entre donc dans ce plaisir de l’habitude. […] Cependant, malgré cette prononciation barbare et ce renversement de la mélodie et de la mesure, l’harmonie des vers latins nous plaît, parce que, d’un côté, nous ne pouvons détruire entièrement celle que le poète y a mise, et que, de l’autre, nous nous faisons une harmonie d’habitude. […] Du temps de la république romaine, où il y avait peu de lois, et où les juges étaient souvent pris au hasard, il suffisait presque toujours de les émouvoir, ou de les rendre favorables par quelque autre moyen : dans notre barreau il faut les convaincre : Cicéron eût perdu à la grand’chambre la plupart des causes qu’il a gagnées, parce que ses clients étaient coupables ; osons ajouter que plusieurs endroits de ses harangues qui plaisaient peut-être avec raison aux Romains, et que nos latinistes modernes admirent sans savoir pourquoi, ne seraient que médiocrement goûtés. […] Ainsi, pour réussir après lui, s’il est possible, dans cette carrière épineuse, il faut nécessairement prendre un ton qui ne soit pas le sien ; il faut de plus, ce qui n’est pas le moins difficile, accoutumer le public à ce ton, et lui persuader qu’on peut être digne de lui plaire en se frayant une route différente de celle par laquelle il a coutume d’être conduit : car malheureusement le public, semblable aux critiques subalternes, juge d’abord un peu trop par imitation ; il demande des choses nouvelles, et se révolte quand on lui en présente.

1280. (1868) Curiosités esthétiques « V. Salon de 1859 » pp. 245-358

D’ailleurs, vous n’y perdrez rien ; car existe-t-il (je me plais à constater que vous êtes en cela de mon avis) quelque chose de plus charmant, de plus fertile et d’une nature plus positivement excitante que le lieu commun ? […] Je suis convaincu que ce tableau a un charme tout particulier pour les esprits délicats ; je jurerais presque qu’il a dû plaire plus que d’autres, peut-être, aux tempéraments nerveux et poétiques, à M.  […] Aussi grand que les grands, aussi habile que les habiles, pourquoi nous plaît-il davantage ? […] Je cherche à creuser tout ce que je vois d’aimable en lui, et j’y trouve je ne sais quelle ambition mondaine, le parti pris de plaire par des moyens acceptés d’avance par le public, et enfin un certain défaut, horriblement difficile à définir, que j’appellerai, faute de mieux, le défaut de tous les littératisants. […] Ma seule consolation est d’avoir peut-être su plaire, dans l’étalage de ces lieux communs, à deux ou trois personnes qui me devinent quand je pense à elles, et au nombre desquelles je vous prie de vouloir bien vous compter.

1281. (1882) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Deuxième série pp. 1-334

Il parcourt donc de point en point l’histoire de Madeleine, telle à peu près, il faut bien le dire, qu’il lui plaît de la composer. […] Les autres appelez-les comme il vous plaira, Marianne, Élise, Henriette même, c’est toujours un peu la même ingénue ; nommez-les Dorine, Nicole, Toinon, c’est toujours un peu la même soubrette. […] J’ai souffert, je crois, tout ce qu’il plaît au sort de nous faire souffrir, et j’étais né d’une sensibilité peu commune. […] — Vous plairait-il d’achever ? […] Ne doutez pas que ce soit par là qu’ils plaisent, mais réfléchissez aussi que c’est par là qu’ils ont jeté la critique d’art dans une voie dangereuse.

1282. (1825) Racine et Shaskpeare, n° II pp. -103

Je réponds : telle est la puissance de l’art dramatique sur le cœur humain, que quelle que soit l’absurdité des règles auxquelles les pauvres poètes sont obligés de se soumettre, cet art plaît encore. […] malgré cette règle absurde, les tragédies faites par des hommes de génie plairaient encore. […] 4º À moins qu’il ne soit question de peindre les changements successifs que le temps apporte dans le caractère d’un homme, peut-être trouvera-t-on qu’il ne faut pas, pour plaire en 1825, qu’une tragédie dure plusieurs années. […] C’est cependant à ceux-ci qu’il faut plaire, à ces êtres si fins, si légers, si susceptibles, toujours aux aguets, toujours en proie à une émotion fugitive, toujours incapables d’un sentiment profond.

1283. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre IV. Des Livres nécessaires pour l’étude de l’Histoire. » pp. 87-211

L’auteur écrit certainement de génie ; il a de la force & de la chaleur ; il n’a pu manquer de plaire aux spéculatifs. […] Le savant Cardinal que nous venons de nommer a traité le même sujet ; mais il a trop pensé à plaire, & il a rabaissé la majesté de l’histoire par une pureté de style trop étudiée. […] Mais le style n’ayant pas ces graces qui plaisent à l’imagination, cet ouvrage a été plus acheté que lu. […] On trouve très-souvent de petits détails domestiques, qui amusent seulement la curiosité, & des foiblesses qui ne plaisent qu’à la malignité.

1284. (1859) Moralistes des seizième et dix-septième siècles

S’il plut, ce fut moins par ce qu’il a de vraiment admirable que par des accessoires auxquels le goût de son époque attachait grand prix. […] Le moyen de s’étonner qu’ils nous plaisent ! N’est-ce pas ainsi qu’on nous plaît dans la société ? […] Comme on l’a dit, ce qui plaisait surtout dans Montaigne c’était son air cavalier ; en le lisant, on se savait bon gré d’en savoir autant que lui. […] Que je sache donc, s’il vous plaît, ce que vous pensez de nos vertus en général.

1285. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) «  Poésies inédites de Mme Desbordes-Valmore  » pp. 405-416

Je hais ses pleurs, sa grâce ou sa colère ; Ses fers jamais n’entraveront mes pas. » Il parle ainsi, celui qui m’a su plaire… Qu’un peu plus tôt cette voix qui m’éclaire N’a-t-elle dit moins flatteuse et moins bas : « Vous qui savez aimer, ne m’aimez pas !

1286. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Cette devise roumaine lui était devenue familière, et elle, si pauvre, si dénuée, elle se plaisait à la répéter quelquefois ; elle la pratiqua toujours.

1287. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Appendice à l’article sur Joseph de Maistre »

Enfin, monsieur, voyez si cette idée vous plaît : je n’y tiens qu’autant qu’elle vous agréera pleinement. » Et dans cette même lettre datée de Turin, 19 décembre 1819, on lit : « On ne saurait rien ajouter, monsieur, à la sagesse de toutes les observations que vous m’avez adressées, et j’y ai fait droit d’une manière qui a dû vous satisfaire, car toutes ont obtenu des efforts qui ont produit des améliorations sensibles sur chaque point.

1288. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. A. Thiers : Histoire de la révolution française — I. La Convention après le 9 thermidor. »

En assistant à tant de catastrophes inévitables, en voyant passer et s’accomplir sous ses yeux ce grand drame de la Révolution, où la fatalité plane comme dans une tragédie d’Eschyle, toute âme honnête se plaît, dans le calme de la raison et de la conscience, à imaginer un rôle de conciliation, de justice et de miséricorde, rôle inutile et sublime, que nul n’à rempli, que nul ne pouvait remplir, mais dont à cette distance et par une illusion bien permise on ose se croire capable, si les destins recommençaient.

1289. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre II. Des tragédies grecques » pp. 95-112

L’esprit philosophique rend plus sévère sur l’emploi du temps ; et loin que les peuples à imagination exigent de la rapidité dans les tableaux qu’on leur présente, ils se plaisent dans les détails, et se fatigueraient bien plus tôt des abrégés.

1290. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre IX et dernier. Conclusion » pp. 586-601

Sans doute on ne peut se promettre avec certitude de marcher sans faiblesse dans cette noble carrière ; mais ce qu’on peut, ce qu’on doit à l’espèce humaine, c’est de diriger tous ses moyens, c’est d’invoquer tous ceux des autres, pour répéter aux hommes, qu’étendue d’esprit et profondeur de morale, sont deux qualités inséparables ; et que, loin que la destinée vous condamne à faire un choix entre le génie et la vertu, elle se plaît à renverser successivement, de mille manières, tous les talents qui voguent au hasard sans ce guide assuré.

1291. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre II. — De la poésie comique. Pensées d’un humoriste ou Mosaïque extraite de la Poétique de Jean-Paul » pp. 97-110

Car, pour s’élever jusqu’à cet humour dont je vous parle, le comique… comprenez bien ce raisonnement, je vous prie, le comique venant à passer de la région objective où l’ombre et la lumière se découpent nettement sous les rayons du soleil plastique, dans la région subjective… écoutez bien ceci, je vous conjure ; dans la région subjective où tout vacille et danse aux romantiques clartés de la lune ; le comique, dis-je, doit, pour s’élever jusqu’à l’humour, produire au lieu du sublime ou de la manifestation de l’infini… soyez attentif, s’il vous plaît, une manifestation du fini dans l’infini, c’est-à-dire une infinité de contraste, en un mot une négation de l’infini173.

1292. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre I. Malherbe »

Au fond il n’y a guère que l’expression propre et directe qui lui plaise.

1293. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre IV. La langue française au xviie  »

Le monde, par raison et par mode, s’affranchissait de la tradition ancienne et ne reconnaissait que l’usage actuel : ainsi tout terme suranné était absolument proscrit ; il ne restait plus à la disposition de l’individu à qui il plaisait de l’utiliser.

1294. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Richepin, Jean (1849-1926) »

Mais je serais bien étonné s’ils ne trouvaient pas de quoi s’y plaire… Il est délicieux, il est exquis, ce premier acte ; tout parfumé de l’odeur des blés qu’on coupe, tout égayé des chansons qui voltigent dans l’air, tout illuminé de poésie.

1295. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XXIV. Conférence sur la conférence » pp. 291-305

Laurent Tailhade, l’une des dernières fois qu’il batailla contre le Muffle, je suis sûr que le conférencier ne parle pas pour instruire mais pour plaire.

1296. (1890) L’avenir de la science « VI »

À Dieu ne plaise que nous cherchions à rabaisser ces nobles et utiles fonctions qui préparent des esprits sérieux à toutes les carrières ; mais il convient, ce semble, de distinguer profondément la science de l’instruction et de donner à la première, en dehors de la seconde, un but religieux et philosophique.

1297. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Préface »

Une société où la distinction personnelle a peu de prix, où le talent et l’esprit n’ont aucune valeur officielle, où la haute fonction n’ennoblit pas, où la politique devient l’emploi des déclassés et des gens de troisième ordre, où les récompenses de la vie vont de préférence à l’intrigue, à la vulgarité, au charlatanisme qui cultive l’art de la réclame, à la rouerie qui serre habilement les contours du Code pénal, une telle société, dis-je, ne saurait nous plaire.

1298. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « VIII »

Au dix-huitième siècle, Pradon fut porté aux nues, et Campistron plaisait autant que Racine.

1299. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre IV. Mme Émile de Girardin »

Seulement, nous l’avouons, nous, avec franchise, la femme de cette politique, de cette histoire et de toute cette littérature, quoiqu’elle soit protégée et même éclairée par la merveilleuse distinction de son être, par la formidable finesse de femme qui n’est jamais dupe des grosses choses du temps ; et quoiqu’elle sache très bien plonger toujours sa longue épingle au point juste où il faut la plonger, la femme nous plaît moins alors en ces sujets, et nous paraît beaucoup moins elle !

1300. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Édouard Fournier »

Eh bien, nous avons voulu avoir le cœur net de cette inquiétude, et nous avons ouvert ces petits livres (voyez-les, s’il vous plaît), qui font encore si joliment, en ce moment, leurs petites affaires !

1301. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Paix et la Trêve de Dieu »

C’est la conscience et l’orgueil de la liberté humaine, se posant envers et contre tous, et, si cela lui plaît, même contre Dieu !

1302. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Histoire de la Révolution »

Grue ou cabestan, ou de quelque nom qu’il vous plaise de le nommer, Hippolyte Castille a été construit pour nous transporter à travers soixante ans d’histoire, non comme des voyageurs avec lesquels on discute et on peut s’entendre, mais comme des ballots, ficelés et paquetés, avec lesquels il n’y a pas de discussion.

1303. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Femmes de la Révolution » pp. 73-87

et ce fut ainsi que se réalisa une fois de plus le beau mot de Balzac l’ancien sur la France : « La France est un vaisseau qui a pour pilote la tempête. » Évidemment, en présence de ces événements et de ces immensités, l’écrivain peut se tenir dispensé du maigre travail des biographies, ou, s’il lui plaît d’en faire encore, ce ne doit pas être pour mesurer la grandeur des hommes, mais pour montrer leur petitesse, et la montrer avec l’implacable exactitude d’un niveau.

1304. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame de Créqui »

— une mère avec d’aimables filles qui paraîtront presque ses sœurs, un cercle de jeunes femmes amies honnêtement enjouées… partout où il y aura de l’aisance, de l’instruction, de la culture, des mœurs sans maussaderie avec le désir de plaire », la bonne compagnie recommencera et l’atticisme sortira de ses cendres.

1305. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXVIII. M. Flourens »

La fleur littéraire, qui n’est parfois qu’un brin de muguet, insinue son parfum dans ces livres de nomenclatures et de descriptions anatomiques qui devraient être si secs et parfois st nauséabonds pour tout ce qui n’a pas l’ardente et féroce curiosité du savoir, et cette petite odeur qui surprend là, mais qui plaît partout, invite les esprits les moins enclins à la science à prendre ces livres et à les ouvrir.

1306. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « L’abbé Maynard »

Langue sans nom d’humilité volontaire, que Vincent, ce grand artiste en abaissements, s’était faite, et dont il nous a donné toute la rhétorique dans un seul précepte ravissant : « Entre deux expressions, — disait-il, — retenez toujours la plus brillante pour en faire un sacrifice à Dieu dans le fond de votre cœur, et n’employez que celle-là qui, moins belle, ne plaît pas tant, mais édifie. » L’humilité est, je crois, en effet, le caractère de sainteté de Vincent de Paul encore plus que l’amour ; personne, même parmi les saints, n’a eu cette soif de bassesse ; personne n’a dit comme cet homme : « Donnez-moi encore ce verre de mépris ! 

1307. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Victor Cousin »

Il avait enfin cette parole sonore et ce grand geste qui plaisent à la foule même quand elle en rit, et qui ont fait de lui… cette personnalité incomparable, soit dans la rue, soit à l’Académie, qu’il est impossible de confondre avec celle de personne, et qui s’appelle Cousin !

1308. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « José-Maria de Heredia »

Elles se plaisaient à goûter les vins blancs, rouges, paillets, de Candie, de Ribadavia, de Guadalcanal et de Manzanilla, dans ces frêles verreries de Cadahalso où persiste la nerveuse gracilité des formes orientales.

1309. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « Mme Desbordes-Valmore. Poésies inédites. »

Nous ne saurons rien, il est vrai, de ce qui plaît à la curiosité, cette faculté puérile qui veut tout savoir, sous prétexte que rien n’est insignifiant dans la vie !

1310. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Soulary. Sonnets humouristiques. »

La bouche seule me plaît dans tout cela, car, je l’ai dit, elle est amère.

1311. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Auguste Barbier »

À toi l’art d’embellir la vie Et de ne montrer que l’objet Qui vous reluit et qui vous plaît !

1312. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XIX. Panégyriques ou éloges composés par l’empereur Julien. »

Accessible aux étrangers, sensible aux prières de ceux qui l’emploient, jaloux de plaire aux meilleurs citoyens, juste avec tous, il s’occupe également de tous les intérêts.

1313. (1892) Les idées morales du temps présent (3e éd.)

Renan aime à s’illusionner sur les défauts de ceux-là même qui ne lui plaisent pas. […] Bourget, ceux dont il se plaisait à suivre l’influence sur la génération nouvelle, Baudelaire, Flaubert, Stendhal, M.  […] On lui en veut de sa conversion au renanisme : il est un sous-corrupteur, il tue, lui aussi, et chaque semaine, s’il vous plaît, la joie, l’action, la paix de l’âme, la certitude de la vie morale. […] Lemaître, que cette dernière destinée est celle qui lui plairait le mieux ; de là des préoccupations qui semblent d’un homme beaucoup plus corrompu qu’il ne l’est probablement. […] Dans ce xv iie  siècle que des esprits généralisateurs se plaisent à voir gouverné tout entier par la philosophie de Descartes, M. 

1314. (1905) Promenades philosophiques. Première série

Mais il est bon qu’elle soit rare, car elle ne laisserait pas que d’être déprimante, si on finissait par s’y plaire uniquement. […] Ne vous plairait-il pas que l’année nouvelle fût pareille à quelqu’une de ces dernières années ? Le M. — Non, monsieur, non, cela ne me plairait guère. […] Le M. — Je crois bien, mon cher monsieur, et plût à Dieu que cela fût possible ! […] Voulez-vous plaire à tout le inonde ?

1315. (1930) Physiologie de la critique pp. 7-243

Brunetière, dans sa mauvaise humeur, ajoute que Racine et Molière ont été parfois superficiels à cause des salons et des femmes, parce qu’ils ont voulu plaire. […] si vous enlevez aux écrivains le désir de plaire, et ensuite sans doute aux femmes et aux hommes, croyez-vous que votre république lacédémonienne en aura meilleure figure ? Évidemment il ne faut pas chercher à plaire par tous les moyens, mais une littérature où l’on ne chercherait pas d’abord à plaire, même, comme dit Boileau, si on est serpent ou monstre odieux, serait-elle bien française ? […] Mallarmé n’a fait de la poésie que pour préciser l’essence de la poésie, il n’est allé au théâtre que pour chercher cette essence du théâtre, qu’il lui plaisait de voir dans le lustre. […] Taine se plaisait à y voir une manière d’appliquer à la critique la méthode des naturalistes.

1316. (1836) Portraits littéraires. Tome II pp. 1-523

Et sous quel prétexte s’il vous plaît ? […] Madame de Soubise me plaît moins que le reste du recueil. […] Le mouvement inexpliqué, le mouvement sans la philosophie, plaira tout au plus à la populace. […] Un roi qui se plaisait aux doctes entretiens de Jacques Collinn et de Pierre Duchâtelo, qui rivalisait avec Léon X pour la protection des arts, un tel roi pouvait bien se plaire aux vulgaires débauches. […] À Dieu ne plaise que j’entreprenne l’analyse individuelle des cinquante-deux acteurs qui se partagent les deux cent mille francs de M. 

1317. (1892) Portraits d’écrivains. Première série pp. -328

« Le monde n’est pas si bête et si méchant que nous autres pauvres gens nous plaisons à nous le figurer. […] Et d’autre part ceux dont la nature est vulgaire se plaisent, afin de rabaisser la poésie et l’idéal, à les englober avec le romanesque dans une même dénomination méprisante. […] Plaire est un don, mais qui ne va pas sans le désir de plaire. […] Daudet que cette sorte de coquetterie naturelle qui fait qu’on veut plaire à tout le monde et qu’on se rend aimable à tous. […] Sardou d’élève de Scribe ; et plût au ciel qu’il appliquât docilement les leçons d’un tel maître !

1318. (1864) Le roman contemporain

Il plaît par ce qu’il a de général. […] Ce caractère plaît en même temps par ce qu’il a d’individuel. […] Feydeau est le Gérôme de la littérature ; ceux qui se plaisent à certaines toiles effrontées du peintre peuvent se plaire aux livres du romancier, ou du poète, si l’on veut absolument que M.  […] L’esprit humain se plaît aux découvertes, et c’était une découverte. […] L’esprit humain se plaît aux découvertes, et c’était une découverte.

1319. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre III. La Révolution. »

Tout cela peut s’arranger ensemble, et l’un n’empêche pas l’autre. » Soyez galant, adroit, délié ; plaisez aux femmes ; « ce sont les femmes qui mettent les hommes à la mode » ; plaisez aux hommes ; « une souplesse de courtisan décidera de votre fortune. » Et il lui cite en exemple Bolingbroke et Marlborough, les deux pires roués du siècle. […] Vit-on jamais pareil désir et pareil art de plaire ? […] On n’a jamais vu en Angleterre une plus copieuse et une plus véhémente analyse, une si pénétrante et si infatigable décomposition d’une idée en toutes ses parties, une logique plus puissante, qui enserre plus rigoureusement dans un réseau unique tous les fils d’un même sujet : Quoiqu’il ne puisse arriver à Dieu ni bien ni avantage qui augmente sa félicité naturelle et inaltérable, ni mal ou dommage qui la diminue (car il ne peut être réellement plus ou moins riche, ou glorieux, ou heureux qu’il ne l’est, et nos désirs ou nos craintes, nos plaisirs ou nos peines, nos projets ou nos efforts n’y peuvent rien et n’y contribuent en rien), cependant il a déclaré qu’il y a certains objets et intérêts que par pure bonté et condescendance il affectionne et poursuit comme les siens propres, et comme si effectivement il recevait un avantage de leur bon succès ou souffrait un tort de leur mauvaise issue ; qu’il désire sérieusement certaines choses et s’en réjouit grandement, qu’il désapprouve certaines autres choses et en est grièvement offensé, par exemple qu’il porte une affection paternelle à ses créatures et souhaite sérieusement leur bien-être, et se plaît à les voir jouir des biens qu’il leur a préparés ; que pareillement il est fâché du contraire, qu’il a pitié de leur misère, qu’il s’en afflige, que par conséquent il est très-satisfait lorsque la piété, la paix, l’ordre, la justice, qui sont les principaux moyens de notre bien-être, sont florissants ; qu’il est fâché lorsque l’impiété, l’injustice, la dissension, le désordre, qui sont pour nous des sources certaines de malheur, règnent et dominent ; qu’il est content lorsque nous lui rendons l’obéissance, l’honneur et le respect qui lui sont dus ; qu’il est hautement offensé lorsque notre conduite à son égard est injurieuse et irrévérencieuse par les péchés que nous commettons et par la violation que nous faisons de ses plus justes et plus saints commandements, de sorte que nous ne manquons point de matière suffisante pour témoigner à la fois par nos sentiments et nos actions notre bon vouloir envers lui, et nous nous trouvons capables non-seulement de lui souhaiter du bien, mais encore en quelque façon de lui en faire en concourant avec lui à l’accomplissement des choses qu’il approuve et dont il se réjouit831. […] La force, c’est là leur trait, et celui du plus grand d’entre eux, le premier esprit de ce temps, Edmund Burke. « Prenez Burke à partie, disait Johnson, sur tel sujet qu’il vous plaira ; il est toujours prêt à vous tenir tête. » Il n’était point entré au Parlement, comme Fox et les deux Pitt, dès l’aurore de la jeunesse, mais à trente-cinq ans, ayant eu le temps de s’instruire à fond de toutes choses, savant dans le droit, l’histoire, la philosophie, les lettres, maître d’une érudition si universelle qu’on l’a comparé à lord Bacon.

1320. (1926) La poésie pure. Éclaircissements pp. 9-166

Non que nous entendions rompre, ce qu’à Dieu ne plaise, avec les théoriciens de la poésie-musique, nos alliés naturels et invincibles contre les théoriciens de la poésie-raison. […] Non qu’il ait compris, ce qu’à Dieu ne plaise ! […] Il appelle tout cela « poésie-raison », et préfère de beaucoup la « poésie-musique » — encore un de ces méchants mots qu’il se plaît à forger ! […] Aux américains d’apprécier, comme il leur plaira, la critique de M.  […] « on ne peut trouver de poésie nulle part quand on n’en porte pas en soi. » la poésie construit avec peu de matière, avec des feuilles, avec des grains de sable, avec de l’air, avec des riens. les mots des poètes conservent du sens, même lorsqu’ils sont détachés des autres, et plaisent isolés comme de beaux sons.

1321. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre III. — Du drame comique. Méditation d’un philosophe hégélien ou Voyage pittoresque à travers l’Esthétique de Hegel » pp. 111-177

L’importance nationale qu’avaient les anciens héros, a également cédé la place à l’importance toute personnelle du chevalier susceptible, qui fait le bien parfois, mais pour plaire à sa dame, et plus souvent, au nom de cette divinité, lave dans des flots de sang précieux une offense imaginaire à son honneur200 En somme, la tragédie a perdu sa base substantielle et vraie, qui est la guerre des Dieux, c’est-à-dire des sentiments à la fois généraux et généreux de l’âme humaine., dans le for intérieur de la Famille et de la Société. […] À Dieu ne plaise ! […] Ce sera fini en moins d’une demi-heure ; mais quand tu auras vu celles-là de tes propres yeux, tu pourras juger en conscience pour toutes celles qu’il te plaira d’ajouter, et je t’assure bien que tu n’en diras pas autant que je pense en faire.

1322. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre III. Ben Jonson. » pp. 98-162

Que plaît-il au sénat que l’on fasse ? […] Seigneur, ce qu’il vous plaira, vous le pouvez. […] or some innocent out of the hospital that would stand with her hands thus, and a plaise mouth, and look upon you ?

1323. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVe entretien. Alfred de Vigny (2e partie) » pp. 321-411

Assez d’autres se chargeront de juger et de critiquer les acteurs ; moi je me plais à dire ce qu’ils avaient à vaincre, et en quoi ils ont réussi. […] Soufflez-moi votre lampe, s’il vous plaît. […] — Beaucoup de philosophes embrassent sa cause et la plaident, comme des avocats généreux celle d’un client pauvre et délaissé ; leurs écrits et leurs paroles aiment à s’empreindre de ses couleurs et de ses formes, leurs livres aiment à s’orner de ses dorures gothiques, leur travail entier se plaît à faire serpenter, autour de la croix, le labyrinthe habile de leurs arguments ; mais il est rare que cette croix soit à leur côté dans la solitude. — Les hommes de guerre combattent et meurent sans presque se souvenir de Dieu.

1324. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (2e partie) » pp. 315-400

Plût à Dieu, s’écria Goethe, que nous ne fussions tous rien de plus que de bons manœuvres ! […] Voilà ce qui ne me plaît pas. » VIII Un jour je lui dis : « J’ai toujours été étonné de l’idée de ces savants qui semblent croire que la poésie ne sort pas de la vie, mais des livres. […] — C’est un bon arc, dis-je, la forme surtout m’en plaît, et elle me servira désormais de modèle.

1325. (1893) Du sens religieux de la poésie pp. -104

Il me plaît d’affirmer ici mes certitudes, il me plaît d’espérer que d’ici, par vous, elles pourront rayonner. […] Et telle est la vraie cause du grand mouvement actuel dans les arts, mouvement idéaliste ou mystique, tel qu’il nous plaira de le nommer.

1326. (1856) Jonathan Swift, sa vie et ses œuvres pp. 5-62

est-elle restée, pour plaire à son adorateur, dans ces hautes régions romanesques, ou descend-il pour elle à agir avec une fin moins séraphique, ou pour tout concilier, associent-ils les livres et l’amour ? […] Prendre au sérieux le monde et les grandeurs du monde, la vie et les occupations de la vie, la science, la politique, les passions, les plaisirs ; se plaire dans cette mêlée, désirer et craindre avec emportement, voilà un des penchants de l’âme humaine, une des habitudes de sa pensée, et le mouvement perpétuel du monde en découle. […] On s’élève vers un autre de ces asiles par la certitude d’une vie meilleure et infinie, qui réduit celle d’ici-bas à une courte épreuve, indigne de nous intéresser outre mesure, indigne surtout de nous plaire : « Et comment, dit l’Imitation de Jésus-Christ, peut-on aimer une vie remplie de tant d’amertumes, sujette à tant de calamités et de misères… Mon âme, repose-toi toujours dans le Seigneur, par-dessus toutes choses et en toutes choses, parce qu’il est le repos éternel des saints56. » Mais une âme, ulcérée et incapable de ces pensées pacifiques, cherche le détachement du monde dans cet autre asile où on le méprise pour lui-même, sans avoir besoin de contempler, pour l’avilir, quelque chose de plus grand ou de meilleur que lui.

1327. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 octobre 1885. »

cherche-toi une amante, à qui tu plaises. Alberich Si je ne te plais point, pourtant, je te saisis ferme. […] de maintes, bien je plais à une : d’une seule, ne me goûterait aucune.

1328. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Bossuet et la France moderne »

Louis-le-Grand, le Roi-soleil, apparaît à la lumière de l’histoire, bien différent du monarque idéal que la légende et la flatterie se plurent à créer. […] Écoutons encore le clairvoyant Saint-Simon : « Les louanges, disons-mieux, la flatterie lui plaisait à tel point, que les plus grossières étaient bien reçues, les plus basses encore mieux savourées. […] La souplesse, la bassesse, l’air admirant, dépendant, rampant, plus que tout, l’air de néant sinon par lui, étaient les uniques voies de lui plaire…81 » Bossuet comprit mieux que personne de quel moyen il fallait user pour conquérir la confiance du roi.

1329. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine, Jocelyn (1836) »

C’est un véritable sonnet psychologique, fait pour plaire à Reid, à Stewart, à M. […] Jocelyn n’est bien souvent que Lamartine à peine dépaysé, ayant légèrement romancé et poétisé ses souvenirs, ayant reporté de quelques années en arrière son berceau, comme cela plaît tant à l’imagination et au cœur ; car l’enfance d’ordinaire est si belle, si fraîche en nous de souvenirs, qu’on s’arrangerait volontiers pour avoir vécu homme durant ce temps.

1330. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DÉSAUGIERS. » pp. 39-77

Je viens de relire la deuxième des Lettres d’un Voyageur, par George Sand, où se trouve cet hymne enthousiaste : « A Dieu ne plaise que je médise du vin ! […] Publiant en 1808 son premier recueil de chansons, il toucha, dans sa préface, quelque chose de ces horribles scènes dont il avait été témoin et victime ; mais, chez les êtres vivement doués et qui ont été désignés en naissant d’une marque singulière, la nature au fond est si impérieuse, et elle donne tellement le sens qui lui plaît à tout ce qui vient du dehors, qu’il y voyait plutôt un motif de s’égayer désormais et de chanter : « Permettez-moi, disait-il au lecteur de cette préface, de payer à la Gaieté, ma généreuse libératrice, un hommage que l’ingratitude la plus noire pourrait seule lui refuser ; daignez m’entendre, et vous en allez juger.

1331. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Quelques documents inédits sur André Chénier »

On ne se figure pas jusqu’où André a poussé l’imitation, l’a compliquée, l’a condensée ; il a dit dans une belle épître : Un juge sourcilleux, épiant mes ouvrages, Tout à coup, à grands cris, dénonce vingt passages Traduits de tel auteur qu’il nomme ; et, les trouvant, Il s’admire et se plaît de se voir si savant. […] On se plaît à ces moindres détails sur les grands poëtes aimés.

1332. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIe entretien. La passion désintéressée du beau dans la littérature et dans l’art. Phidias, par Louis de Ronchaud (1re partie) » pp. 177-240

Personne ne l’arrête pour lui tendre une main banale dans la foule, il parle à peu de passants ; mais quand il en rencontre par hasard un qu’il goûte ou qu’il aime, il revient sur ses pas, et il l’accompagne en sens contraire de sa route, comme quelqu’un à qui il est égal d’aller ici, ou là, et de perdre des pas ou du temps, pourvu qu’il ne perde rien de son cœur, de son esprit et de son goût pour ceux qui lui plaisent. […] et plût aux Dieux que je n’eusse été qu’un pauvre émondeur de saules sur les rives du lac ou du Mincio, dans cette laiteuse Lombardie, Bresse de l’Italie ! 

1333. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXIXe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin (2e partie) » pp. 321-384

Cet accompagnement me plaît, quoiqu’il me distraie un peu. […] Je m’y plairais toujours, d’autant qu’à chaque endroit ce sont des souvenirs d’enfance, et tu sais comme ce passé fait plaisir.

1334. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIVe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 257-320

Lors même que M. de Lamartine aurait écrit en son propre nom, et comme l’expression de ses propres impressions, ce qu’il n’a écrit que sous le nom d’Harold ; lors même qu’il penserait de l’Italie et de ses peuples autant de mal que le supposent gratuitement ses adversaires, le fragment cité ne mériterait aucune des épithètes qu’on se plaît à lui donner. […] Sa figure aussi douce qu’intelligente, ses yeux bleus, ses cheveux blonds, sa taille souple, sa physionomie heureuse sous un voile de mélancolie paisible, plaisaient aux regards impartiaux.

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